SEANCE 4 DEMANDE DE MONNAIE

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SEANCE 3 : DEMANDE DE MONNAIE

3. 1 OBJECTIFS DE LA SEQUENCE
Objectif général :
A l’issue de cette séance, vous serez capable d’exposer les différentes analyses de la demande
de monnaie.
Objectifs spécifiques :
Au terme de cette séance, vous devez être capable de :
• expliquer les motifs de détention de la monnaie par les agents économiques;
• présenter les variables qui influent sur la demande de monnaie;
3. 2 CONTENU DES APPRENTISSAGES
La monnaie est en relation de concurrence et de complémentarité avec d’autres actifs. Il est
important de rappeler qu’il existe deux (2) types d’actifs : les actifs réels (biens et services
réels) et les actifs financiers (monétaires et non monétaires).
-actifs monétaires : monnaie fiduciaire, scripturale et quasi-monnaie….
-actifs non monétaires : actions, obligations, ….
Les agents non financiers détiennent de la monnaie appelée « encaisses monétaires ».
On peut distinguer trois grandes approches théoriques de la demande de monnaie :
• L’approche classique et néoclassique ;
• L’approche keynésienne ;
• L’approche monétariste.
3. 2. 1 L’approche classique et néoclassique de la demande de monnaie
1) La vision classique de la monnaie
Pour les classiques, les agents économiques détiennent de la monnaie parce que celle-ci
permet d’effectuer des transactions.
La monnaie n’est pas demandée pour elle-même, mais parce qu’elle permet d’acquérir des
biens. Elle est uniquement l’intermédiaire des échanges. Elle est un voile en ce sens qu’elle ne
modifie pas l’échange. La valeur de la monnaie, c’est donc celle des biens qu’elle permet
d’acheter.
La monnaie n’a aucune influence sur l’économie réelle. Elle est neutre. La quantité de
monnaie en circulation influe uniquement sur le niveau des prix, mais elle n’affecte le niveau
de la production. Cette approche est qualifiée de dichotomie en ce sens qu’elle sépare la
sphère réelle et la sphère monétaire.
Parmi ces classiques, Jean Baptiste Say (1767-1832), John Stuart Mill (1806-1873) et le
théoricien néoclassique Walras (1834-1910).
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2) L’équation quantitative d’Irving Fisher


Fisher formalise l’idée d’une liaison entre la quantité de monnaie en circulation et le niveau
de prix, d’où l’appellation « l’équation quantitative de la monnaie (TQM)». MV = PY
Où M désigne la quantité de monnaie en circulation, P le niveau général de prix, Y le volume
des transactions et V la vitesse de circulation de la monnaie.
La vitesse de circulation de la monnaie, comme on l’a indiqué dans la séquence précédente,
est le nombre de paiements qu’effectue la monnaie durant une période donnée.
L’idée de « l’équation des échanges » sous-tend que : dans le total de l’ensemble des
échanges d’une année, le total de la monnaie payée a une valeur égale à la valeur totale des
biens achetés. Le total de la monnaie payée dépend de la quantité de monnaie (M), mais une
même unité de monnaie pouvant servir plusieurs fois, il convient de prendre en compte
également sa vitesse de circulation (V), soit M.V.

A partir de cette équation, les classiques posent deux (2) hypothèses à court terme:
• V dépendant des habitudes de paiement et du fonctionnement des institutions
financières est stable à court terme.
• Y ne dépend pas de la quantité de monnaie, mais dépend des facteurs réels à long
terme c’est à dire l’emploi des facteurs de production. Par conséquent, pour Y donné,
si M s’accroît, P s’accroît.
Donc à court terme, ∆V=0 et ∆Y=0 d’où =>Théorie classique de
l’inflation.
Un accroissement de la quantité de monnaie en circulation est donc lié à un accroissement des
prix. Le stock de monnaie ne fait que modifier le niveau des prix sans avoir d’influence sur
l’économie réelle.
Conclusion : a) l’inflation est un phénomène monétaire ; b) à court terme, la monnaie n’a pas
d’influence sur l’économie réelle ; c) à long terme, la monnaie n’influence que les Prix.
3) La demande de monnaie de l’école de Cambridge
L’équation quantitative de la monnaie de Fisher sera ensuite reformulée par l’école de
Cambridge sous la forme d’une demande de monnaie.
Pour cette école, la demande de monnaie résulte de la volonté des individus de détenir des
liquidités leur permettant d’effectuer des transactions.
Parmi les auteurs de cette école, on peut citer : Alfred Marshall (1842-1924) et Arthur Cecil
Pigou. Ils ont transformé l’équation de Fisher en une fonction de demande de monnaie liée au
Revenu. Ils introduisent la notion d’encaisses réelles (M/P) et la notion de vitesse revenu
(k=1/v).
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D’où on peut écrire :


Dans l’analyse cambridgienne, la demande de monnaie Md est une fonction du PIB en volume
Y et du niveau des prix P ainsi que d’un coefficient k.
- k exprime le rapport entre la quantité de monnaie demandée et la valeur des biens et services
existant dans l’économie. Il mesure donc le nombre d’unités monétaires nécessaires pour
réaliser une unité d’échange. Par conséquent, k est égal à l’inverse de la vitesse de circulation
de la monnaie.
- k est une fonction décroissante de la vitesse de circulation de la monnaie : plus la vitesse est
importante, moins il est nécessaire de détenir de la monnaie.
- k est une fonction croissante du volume d’activité Y.

Les encaisses réelles représentent les encaisses déflatées du niveau général des prix, c'est-à-
dire le pouvoir d’achat de ces encaisses.
Pigou expose que si le niveau des prix augmente, les agents vont chercher à maintenir leurs
encaisses réelles de façon à ce que leur pouvoir d’achat ne varie pas, la demande de monnaie
va donc s’accroître. Les agents vont ainsi accroître la part de leur revenu qu’ils détiennent en
encaisses monétaires : c’est l’effet d’encaisse réelle ou effet Pigou. Ces agents rationnels ne
sont pas victimes d’illusion monétaire.
L’illusion monétaire est le comportement qui consiste à confondre accroissement des
encaisses monétaires et accroissement du pouvoir d’achat. En période de hausse des prix,
l’accroissements des encaisses monétaires n’implique pas un accroissement du pouvoir
d’achat.
3. 2. 2 L’approche Keynésienne de la demande de monnaie
Keynes distingue trois (3) motifs de détention de la monnaie : un motif de transaction, un
motif de précaution et un motif de spéculation.
a) Motif de transaction
La monnaie est le seul actif qui permet d’effectuer des transactions/les dépenses courantes
sans coût de transformation, ce qui est différent pour d’autres actifs (or, immobiliers, titres,
…).
Cette demande de monnaie est une fonction croissante du revenu global : DM=f+(Y). Cela
signifie que si le revenu augmente, la demande de monnaie s’accroît en fonction de la valeur
de l’élasticité de la demande de monnaie par rapport au revenu, de la synchronisation entre les
recettes et les dépenses et du laps de temps entre la perception de deux revenus.
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La demande de monnaie en vue des transactions est aussi appelée demande globale de
trésorerie. Dans le langage keynésien, elle exprime la préférence pour la liquidité.
b) Motif de précaution
Les agents peuvent également détenir des encaisses pour faire face aux dépenses imprévues et
se prémunir contre l’avenir. Les encaisses de précaution sont constituées en raison de
l’incertitude qui pèse sur les revenus futurs et sur les dépenses futures. Elles dépendent du
revenu et du laps de temps entre la perception de ces revenus. Plus le revenu augmente et plus
la période s’écoulant entre la perception de deux revenus est importante et plus l’encaisse de
précaution augmente. DM=f+(Y).
Les demandes d’encaisses de transaction et de précaution varient donc avec le revenu.
Toutefois, la demande d’encaisses de précaution varie en sens inverse de la demande
d’encaisses de transaction quand l’activité économique se réduit. En effet, si l’activité
économique se réduit, la demande d’encaisses de transaction diminue, alors que la demande
d’encaisses de précaution augmente chez les entreprises et les ménages qui deviennent
méfiants vis-à-vis de l’avenir.
A court terme, le revenu étant stable, la demande de monnaie de transaction et de précaution
est stable.
c) Motif de spéculation
Les agents économiques détiennent enfin des encaisses spéculatives pour pouvoir intervenir
sur les marchés financiers et acheter des titres, par exemple des obligations, lorsque le prix de
ces titres est favorable.
Ils doivent arbitrer entre garder des liquidités parce qu’ils estiment que l’achat de titres est
pour l’instant défavorable (risque d’une perte en capital/moins-value) et acheter des titres
lorsqu’ils anticipent un gain en capital.
L’arbitrage entre détention d’encaisses de spéculation et achats de titres dépend du taux
d’intérêt actuel et du taux d’intérêt anticipé, étant donné que la valeur des titres varie en sens
inverse du taux d’intérêt : Rendement=Coupon/Prix ou Cours=Rendement nominal/i
Lorsque le taux d’intérêt augmente, la valeur des titres diminue. Si le taux d’intérêt actuel est
très haut, une majorité des agents anticipe une baisse de ce taux, ils vont donc acheter des
titres car si les taux d’intérêt diminuent, les cours des titres monteront. Par conséquent, les
encaisses de spéculation vont diminuer car les agents achètent des titres.
D’où : DM=f-(i)

La trappe à la liquidité est le niveau du taux d’intérêt en dessous duquel la préférence pour la
liquidité est telle qu’aucun achat de titre ne se réalise.
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La demande globale d’encaisses monétaires dépendra donc à la fois du revenu et des taux
d’intérêt.
𝑀𝑑 = 𝑀𝑡, 𝑝 + 𝑀𝑠 = 𝐿(𝑌, 𝑖)

Md=demande globale d’encaisses ; Mt, p=demande d’encaisses de transaction et de


précaution ;
Ms=demande d’encaisses de spéculation.
d) Les apports de Baumol et de Tobin :
Le raisonnement keynésien sur la demande de monnaie a été enrichi par les apports de
William Baumol (1952) et de James Tobin (1958).
Baumol va montrer que la demande de monnaie en vue de transaction va aussi dépendre du
taux d’intérêt dans la mesure où garder des encaisses de transaction importantes génère un
coût d’opportunité. En effet, ces encaisses de transaction auraient pu être placées et générer
un revenu. Dès lors, si le taux d’intérêt s’élève, le coût d’opportunité s’élève, les agents
réduisent leurs encaisses transactionnelles pour effectuer des placements. La demande de
monnaie pour un motif de transaction est ainsi une fonction décroissante du taux d’intérêt.
Ainsi, selon Baumol, même en se limitant au motif de transaction, il est possible de faire
apparaître une influence du i sur la DM, dès lors que l’on prenait en compte les coûts de
transaction.

Cm=Encaisses moyennes

b=coût de transaction=coût de conversion des titres en monnaie


T=le volume des transactions.
Selon Tobin, si l’on intègre l’incertitude, la prise en compte du motif de spéculation devenait
compatible avec l’extension du modèle keynésien de la demande de monnaie.
Il va enrichir l’analyse relative à la détention d’encaisses de spéculation en utilisant l’analyse
des choix de portefeuille. Il montre que si les rendements des actifs sont incertains, les agents
ont intérêt à détenir de la monnaie. Détenir de la monnaie permet de limiter les risques liés au
caractère incertain des rendements des actifs. La demande de monnaie spéculative dépend
donc des taux d’intérêt mais aussi de l’incertitude quant au rendement des actifs.
3. 2. 3 L’approche monétariste de la demande de monnaie
Contrairement à Keynes qui postule que seuls les titres rentrent en concurrence avec la
monnaie, Milton Friedman de l’Ecole de Chicago et Chef de file du monétarisme,
considère que la monnaie entre en concurrence avec de nombreux autres actifs.
Il intègre dans l’analyse le patrimoine et sa traduction en longue période, le revenu
permanent.
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La demande de monnaie est la recherche de la part optimale de la monnaie au sein du


patrimoine. Patrimoine=monnaie + actions + obligations + capital physique, ….
Le patrimoine d’un agent est la valeur de l’actif correspondant au revenu que l’agent
percevra durant toute sa vie et qui est, en quelque sorte, son revenu moyen de longue période,
son revenu permanent.
L’agent va donc déterminer son encaisse monétaire compte tenu de son revenu permanent et
des rendements anticipés des actifs concurrents de la monnaie. Il va arbitrer entre différents
actifs.
Ce patrimoine peut être composé de différents actifs parmi lesquels Friedman distingue des
actifs non humains et des actifs humains. Les actifs non humains sont composés d’actifs
monétaires, d’actifs réels et d’actifs financiers. Les actifs monétaires (détention d’encaisses
monétaires) sont un des choix possibles dans la constitution du patrimoine.
Selon Friedman, un agent ne détient de la monnaie qu’en vue des transactions. La détention
de la monnaie est justifiée uniquement par le fait qu’elle rend un service dans l’échange.
Les actifs réels (immobiliers, biens, …) procurent un revenu qui est lié à l’éventuelle plus-
value résultant d’une variation de leur prix. Les actifs financiers (obligations, actions)
procurent eux aussi un revenu.
Chaque individu est plus ou moins compétent et a la capacité de louer ses services (son
travail) contre rémunération. Il est donc créateur de revenu.
L’agent va alors comparer les rendements des différents actifs afin de déterminer la
composition, la structure optimale de son patrimoine, à savoir celle qui lui permettra de
maximiser son utilité.
Ainsi chez Friedman, la monnaie entre en concurrence avec tous les actifs composant le
patrimoine et produisant un revenu et pas seulement, comme chez Keynes, les titres pour le
motif de spéculation. Par exemple, si les rendements des obligations ou des actions baissent,
la demande de monnaie augmente.
Enfin, pour Friedman, si la demande de monnaie à court terme peut être instable, en revanche,
elle est stable à long terme.
Conclusion
La demande de monnaie relève de la théorie de la demande d’actifs. Elle dépend de la
richesse des individus et des rendements anticipés des autres actifs, comparés à celui de la
monnaie. Pour une période donnée, la demande de monnaie dépend :
− Revenu permanent (Yp) ;
− Rendement anticipé de la monnaie (rm) ;
− Rendement anticipé des actions (ra) ;
− Rendement anticipé des autres titres (rb) ;
− Taux d’inflation anticipé (P*).
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3. 3 RECAPITULONS :
Les théories économiques s’affrontent au sujet de la demande de monnaie. Pour les classiques
et les néoclassiques, la demande de monnaie est exclusivement transactionnelle.
Keynes distingue trois (3) motifs de détention de la monnaie : un motif de transaction, un
motif de précaution et un motif de spéculation. Nous détenons de la monnaie soit pour
effectuer des transactions, soit pour prévoir des achats ultérieurs, soit enfin pour spéculer. En
revanche, la monnaie entre en concurrence avec les titres pour les keynésiens, et avec tous les
actifs composant le patrimoine de l’agent pour les monétaristes. Si cette demande de monnaie
est instable chez les keynésiens en raison des anticipations des agents, en revanche, à long
terme, elle est stable pour les monétaristes.
3. 4 EXERCICES D’AUTOEVALUATION
1. Quels sont les types d’encaisses ?
2. Expliquer les termes brièvement les termes suivants : Demande de monnaie, encaisses de
transactions, encaisses de précaution, et encaisses de spéculation.
3. Si constate une baisse marquée de la Vitesse de circulation de la monnaie à long terme. Que
peut-on déduire ?
5. Demande de monnaie : Ld = L1 (PIB)+ + L2(i)- ;
6. La situation à long terme d’une Economie est décrite par l’équation de la théorie
quantitative de Fisher. On suppose que :
• la vitesse de circulation est constante et égale à 4 ;
• la Masse monétaire est égale à 2000 ;
• le PIB réel (Y) est égal à 4000.
a) Calculez le niveau des prix correspondant ?
b) Vérifiez l’égalité entre la partie monétaire et la partie réelle.

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