Pr Sentation Troubles Anxio-d Pressifs 16-11-2022 (1)

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Troubles anxiodépressifs

chez l’enfant et
l’adolescent
Cours IFSI Saint-Nazaire 16 novembre 2022
Mme Noémie BIGER-JOUAN (IDE)
Dr Géraldine LHUILLIER (pédopsychiatre)
Plan
 Présentation des intervenantes
 Présentation de l’unité SHAdo du CHSN
 Cas cliniques
 Spécificités des troubles anxiodépressifs chez
l’enfant et l’adolescent
 Axes de prise en charge
 Spécificités du rôle infirmier en soins
pédopsychiatriques
Présentation des intervenantes
Présentation de l’unité SHAdo
du CHSN
Cas clinique
Solène,16 ans

Passage aux urgences


psychiatriques en décembre 2021
Quels sont les signes clinique du syndrome
anxio-dépressif chez Solène ?
Signes cliniques du syndrome anxio-
dépressif
 Figée physiquement, regarde fixement
 Répond de manière laconique, temps de latence dans les réponses
 Difficultés de réflexion
 Chute des résultats scolaires
 Désintérêt
 Irritabilité, colère, intolérance à la frustration
 Repli social
 Douleurs physiques
 Asthénie
 Troubles du sommeil
 Difficultés de concentration
 Troubles de l’appétit
 Pleurs
Critères diagnostiques de l’état
dépressif majeur selon le DSM-5
A. Au moins 5 des symptômes suivants ont été présents durant la même période de deux semaines et
représentent un changement par rapport au fonctionnement précédent : au moins un de ces symptômes
est soit (1) une humeur dépressive, soit (2) une perte d'intérêt ou de plaisir.
Remarque : Ne pas inclure les symptômes qui sont clairement attribuables à une autre condition médicale.
 Humeur dépressive présente la plus grande partie de la journée, presque tous les jours, comme signalée par
la personne (p. ex., se sent triste, vide, désespérée) ou observée par les autres (p. ex., pleure). (Remarque :
Chez les enfants et les adolescents, peut être une humeur irritable).
 Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir pour toutes, ou presque toutes, les activités, la plus grande
partie de la journée, presque tous les jours (signalée par la personne ou observée par les autres).
 Perte de poids significative en l'absence de régime ou gain de poids (p. ex., changement de poids
excédant 5 % en un mois), ou diminution ou augmentation de l'appétit presque tous les jours. (Remarque :
Chez les enfants, prendre en compte l'absence de l'augmentation de poids attendue.)
 Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
 Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (observable par les autres, non limités à un
sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).
 Fatigue ou perte d'énergie presque tous les jours.
 Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque
tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable d'être malade).
 Diminution de l'aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par la
personne ou observée par les autres).
 Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan
précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider.
Critères diagnostiques de l’état
dépressif majeur selon le DSM-5
B. Les symptômes entraînent une souffrance cliniquement significative
ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans
d'autres domaines importants.
C. L'épisode n'est pas imputable aux effets physiologiques d'une
substance ou d'une autre affection médicale.
D. L'apparition de l'épisode dépressif majeur n'est pas mieux expliquée
par un trouble schizoaffectif, une schizophrénie, un trouble
schizophréniforme, un trouble délirant, ou un autre trouble du spectre
schizophrénique et un autre trouble psychotique.
E. Il n'y a jamais eu d'épisode maniaque ou d'épisode hypomaniaque.
Spécificités des troubles
anxiodépressifs chez l’enfant et
chez l’adolescent
1. Dépression
Eléments historiques

 Phénomène dépressif : développement normal


 Diagnostic fréquent aujourd’hui : 10% des
consultations
 Diagnostic pourtant longtemps nié :
 Réticences à reconnaître une souffrance chez l’enfant
 Modèles de dépistage : dépression mélancolique de
l’adulte
 XIXe siècle : rares tableaux mélancoliques décrits
1. Dépression
Eléments historiques
 Reconnaissance du diagnostic après la seconde guerre
mondiale
 Spitz et la dépression du nourrisson
 Identification de dépression masquée
 1971 : 4e congrès de l’union européenne des psychiatres
« Etats dépressifs de l’enfance et de l’adolescence »
 Enjeu de Santé Publique :
 1995 : 1ère conférence de consensus sur les états dépressifs des
enfants pré-pubères
 HAS 2014 : prise en charge de la souffrance psychologique à
l’adolescence
1. Dépression
Epidémiologie descriptive

 Une des pathologies les plus fréquentes à l’adolescence


 Prévalence en fonction des critères pris en compte dans
les études : 0,4 à 8,3%
 Adolescents : 4-5%
 Enfants < 1%
 Quels sont les facteurs de risque de dépression chez
Solène ?
Facteurs de risque de dépression

 Problématiques éducatives et violences intrafamiliales


 Moqueries de la part de ses pairs, harcèlement scolaire
 Difficultés dans les apprentissages
 Confinement
 Quelle est la principale complication à surveiller ?
RISQUE SUICIDAIRE

Evaluer les facteurs de protection +++


1. Dépression
Epidémiologie analytique
 Individuels :
 Sexe
 Antécédents somatiques
 Antécédents psychiatriques
 Sexualité à l’adolescence

 Familiaux :
 Antécédents parentaux : dépression / addictologiques /
pathologies psychiatriques
 Quid de la dépression périnatale ?
 Carences éducatives et difficultés socio-économiques
1. Dépression
Epidémiologie analytique
 Environnementaux
 Exposition à des évènements de vie stressants / maltraitance
précoce
 Selon la sensibilité à la dépression
 Liés au déclenchement plus qu’à la récurrence
 Importance de la répétition des évènements de vie négatifs
 Interactions gènes-environnement
 Variante dans le gène de la sérotonine : 5-HTTLPR
 S’exprime en présence des évènements de vie stressants ou de
maltraitance précoce
 Facteurs protecteurs :
 Styles cognitifs positifs, bonnes compétences sociales, qualité du
soutien familial et support amical
1. Dépression
Chez l’enfant

 Diagnostic d’épisode dépressif chez l’enfant identique à


l’épisode dépressif chez l’adulte dans le DSM-V (hormis
deux particularités) et la CIM-10
 Peu bénéfique en pratique clinique de calquer la
symptomatologie dépressive de l’adulte chez l'enfant
 Polymorphisme des symptômes
1. Dépression
Chez l’enfant : 3 axes à retenir
 Symptômes classiques (rares)
 Jeux, dessins marqués par la morbidité, la dévalorisation
ou le désintérêt
 Défenses maniaques ou hypomaniaques (troubles du
comportement avec agitation, agressivité envers lui-
même ou autrui)

 RUPTURE AVEC L’ETAT ANTERIEUR


1. Dépression
Chez l’enfant : facteurs et comorbidités

 Facteurs favorisants :
 Perte
 Dépression parentale
 Comorbidités :
 Troubles du comportement
 Troubles hyperkinétiques
 Troubles anxieux
1. Dépression
Chez l’enfant : évolution
 Il existerait un risque plus élevé de persistance des symptômes
dépressifs à l’âge adulte chez la fille.
 Des risques évolutifs vers d’autres troubles comme le trouble des
conduites ou des consommations toxicomaniaques peuvent
apparaître durant la préadolescence (11-13 ans) et plus
généralement à l’adolescence.
 L’antécédent de dépression dans l’enfance, altérerait le
fonctionnement social chez le jeune adulte comparé au groupe
témoin.
 A court terme, le risque suicidaire serait onze fois plus élevé chez les
enfants qui présentent un trouble dépressif dans l’enfance versus
une autre pathologie mentale.
1. Dépression
Chez l’adolescent : diagnostic
● Diagnostic clinique du fait de la variabilité des symptômes même si
plusieurs échelles (BDI, CDI, CDRS-R, ADRS...)
● Psychopathologie de l'adolescence : travail psychique de deuil qui
fait le lit de la vulnérabilité dépressive : « Nous oscillons donc sans
cesse chez l'adolescent entre la dépressivité non pathologique,
crise organisatrice, et la dangerosité incontestable qu'elle
représente » (Vaneck 1978)
● Etude Marcelli 1990
● Intérêt d'une classification psychopathologique : syndrome de
menace dépressive, dépression d'infériorité, dépression d'abandon,
dépression psychotique/mélancolique
● EDM (dépression unipolaire, trouble bipolaire)
● Troubles dépressifs persistants
1. Dépression
Chez l’adolescent : signes spécifiques
 Ralentissement psychomoteur : à la fois moteur et idéique, avec une
expression mimique pauvre et une gestualité ralentie. Le visage est
rarement triste et abattu comme chez l’adulte.
 Humeur dépressive : rarement exprimée directement comme chez l’adulte.
L’adolescent rapporte davantage un manque d’entrain, d’intérêt ou de
plaisir, un certain ennui ou une morosité.
 Retrait social familial et affectif, isolement du groupe de pairs.
 Irritabilité, manifestations d’impulsivité, d’agitation ou de colère souvent
présentes. Recours à l’agir.
 Asthénie, perte d’énergie et de plaisir.
 Dévalorisation et sentiment d’indignité plus fréquents que l’adulte, le
sentiment de culpabilité est moins fréquent.
 Désespoir.
1. Dépression
Chez l’adolescent : signes spécifiques
 Sentiment de souffrance.
 Idées de mort fréquentes allant jusqu’au désir de mort ou de suicide.
 Difficultés d’attention et de concentration entraînant souvent des
difficultés scolaires voire un décrochage.
 Faible recherche de soutien social par rapport à l’adulte, et même
tendance à refuser les aides proposées ou à y être hostile.
 Perturbation de l’alimentation (avec des comportements anorexiques
et/ou boulimiques) pouvant donner lieu à une perte ou une prise de
poids.
 Troubles du sommeil avec tendance à l’hypersomnie et cauchemars.
 Symptomatologie psychotique dans les formes sévères, plus volontiers
un syndrome hallucinatoire.
 Plaintes somatiques (céphalées, troubles digestifs, préoccupations
corporelles jusqu’à la dysmorphophobie) qui sont parfois le premier
motif de consultation.
1. Dépression
Chez l’adolescent : mélancolie
 Ensemble des symptômes de l’EDM exacerbés
(aréactivité aux stimuli agréables, anhédonie généralisé,
humeur dépressive marquée, culpabilité massive ou
inappropriée)
 Plusieurs formes cliniques
 Mélancolie stuporeuse
 Mélancolie anxieuse
 Mélancolie délirante
1. Dépression
Chez l’adolescent : comorbidités
 Risque SUICIDAIRE
 Troubles anxieux
 Troubles du comportement, TOP (mode de défense ?)
 TCA
 Abus de substances
 Traits de personnalités pathologiques (pas pertinent
avant 15 ans)
1. Dépression
Chez l’adolescent : évolution
 Durée : 7 à 9 mois
 Rémission dans 90% des cas
 Récurrence entre 50 et 70% en 5 ans
 Risque d'évolution de la dépression unipolaire vers une dépression
bipolaire : 1 à 20% selon les études (4,9 ans en moyenne entre EDM et
épisode maniaque ou hypomaniaque)
 Facteurs prédictifs d'un trouble bipolaire :
 Caractéristiques cliniques (survenue rapide des symptômes, présence de
signes psychotiques congruents à l'humeur, ralentissement psychomoteur)
 Antécédents familiaux de troubles bipolaires
 Virage hypomaniaque sous traitement
2. Troubles anxieux
Fréquence et types
 Fréquence la plus élevée des troubles psychiatriques de l’enfant et
l’adolescents (6%)
 A différencier du trouble de l’adaptation
 On distingue :
 Le trouble anxieux de séparation
 Le mutisme sélectif
 Les phobies spécifiques
 L’agoraphobie
 L’anxiété sociale
 Le trouble anxieux généralisé
 Le trouble panique
 L’état de stress aigu
 L’état de stress post traumatique
2. Troubles anxieux
Complications

 Retentissement fonctionnel (scolaire, relationnel, familial)


 Persistance à l’âge adulte
 Trouble dépressif (intrication++)
 Risque suicidaire
 Abus de substance
Axes de prise en charge
Prise en charge
 Objectifs de soins :
 Urgence et court terme :
 Protéger de la crise suicidaire
 Diminuer les symptômes
 Eviter le repli social et la rupture scolaire
 A moyen et long termes :
 Favoriser la résilience
 Limiter les rechutes et les récidives
 Hospitalisation :
 Risque de passage à l’acte
 Retentissement fonctionnel ou somatique sévère
 Contexte socio-familial défavorable
Psychothérapies
 Pierre angulaire du traitement
 Psychothérapies d’inspiration analytique
 Les plus répandues en France
 Modification du cadre psychanalytique strict (années 60-70)
 Thérapies cognitivo-comportementales
 Rééducation des schémas cognitifs négatifs
 Thérapies de groupe
 Participent au processus d’individuation
 Rarement en monothérapie
 Thérapies familiales
 Dysfonctionnement familial : FDR important
 Analytique, systémique, thérapie brève
Place du traitement médicamenteux

 Jamais en 1ère intention


 sauf symptomatologie sévère
 ou risque suicidaire important

 En 2ème intention
 si réponse à la psychothérapie insuffisante
 ou aggravation de la symptomatologie
Choix du traitement médicamenteux
 Antidépresseurs :
 ISRS
 Fluoxétine (Prozac) : seul antidépresseur qui a l’AMM dans la dépression
chez l’adolescent et l’enfant > 8 ans
 Sertraline (Zoloft) ou Fluvoxamine (Floxyfral) : indication pour les TOCs > 6/8
ans
 Effets secondaires
 Céphalées, insomnies, nausées, douleurs abdominales
 Levée d’inhibition
 Virage maniaque
 Syndrome sérotoninergique
 Troubles sexuel

 Tricycliques
 Clomipramine (Anafranil) : TOC > 10 ans
Choix du traitement médicamenteux

 Antihistaminique
 Hydroxyzine (atarax) : manifestations d’anxiété >3 ans
 Neuroleptiques
 Hors AMM, uniquement en deuxième intention (dépression
mélancolique++)
 Lithium
 Dépression bipolaire
 Benzodiazépines
 EXCEPTIONNEL (maximum 2 à 4 semaines)
Traitements physiques

 Electroconvulsivothérapie :
 Pas de donnée sur l’efficacité
 HAS : indication en cas de dépression résistante au traitement
 rTMS :
 Bonne efficacité en cas de résistance au traitement
 Autres recherches nécessaires
 tDCS :
 Traitement sûr, tolérable, acceptable
 Recherches nécessaires
Spécificités du rôle infirmier en
soins pédopsychiatriques
 D’après vous, quelles sont les spécificités du rôle
infirmier en pédopsychiatrie ?
Rôle IDE en pédopsychiatrie

 Accueil, importance d’établir une relation de confiance


 Accompagnement à la vie quotidienne (intra)
 Activités thérapeutiques, importance du média (jeu++)
 Observation clinique, travail d’investigation
 Importance des notions de transfert et contre-transfert
 Surveillance et repérage du risque suicidaire
 Entretiens soignants (écoute active, réassurance,
reformulation)
 Entretiens en binôme (avec médecin, psychologue…)
Rôle IDE en pédopsychiatrie
 Délivrance/surveillance des traitements
 Efficacité
 Effets secondaires
 Soins divers (BS, pst, suivi glycémie)
 Travail avec la famille
 Travail partenarial (scolarité ++, partenaires éducatifs, de la
protection de l’enfance, du médico-social…)
 Echanges en équipe pluridisciplinaire formels et informels

 Réflexion sur le projet de soin global qui doit s’articuler avec


la réflexion sur un projet de vie adapté aux capacités et aux
besoins de l’adolescent
Conclusion
Conclusion
 Importance du contexte socio-familial et de la dynamique
développementale dans la souffrance de l’enfant et l’adolescent
 Différencier les états dépressifs réactionnels et transitoires (maladie,
deuil, rupture) des états dépressifs caractérisés (durée et intensité
des symptômes)
 Psychothérapie toujours en première intention
 Soins psychiques = notion de temporalité
 La prise en compte de la souffrance psychique est nécessaire dans
tous les services de soins = prise en charge de la personne dans sa
globalité
Merci pour votre attention !

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