Retour Aux Sources - Le Plan de Dieu
Retour Aux Sources - Le Plan de Dieu
Retour Aux Sources - Le Plan de Dieu
Introduction
Même une lecture superficielle des Ecritures nous permet de nous rendre compte rapidement que l’Eglise
primitive n’était ni un bâtiment ni une " dénomination " au sens traditionnel que beaucoup d’entre nous
avons connue. C’était plutôt un réseau d’individus si flexible qu’il était capable de satisfaire aux besoins des
milliers de convertis qui s’ajoutèrent à l’Eglise au fil des jours après la Pentecôte. Ce " réseau de gens "
organique, adaptatif et flexible constituait une communauté unique. Mais que faisait donc ces gens
ensemble ? Selon quels principes agissaient-ils ?
N’avez-vous jamais été tenté de demander à un frère ou une sœur: " Pourquoi es-tu là ? " L’Eglise
d’aujourd’hui ressemble souvent à une organisation à la recherche d’un but et non ayant un but. Pourquoi
vous rencontrez-vous ? Pourquoi sommes-nous ici ? Quel événement, quelle expérience ou quel but tenons-
nous en commun qui nous unisse ensemble d’ " une seule âme " ? Les croyants du Nouveau Testament
savaient pourquoi ils étaient ensemble, et ceci était exprimé dans Actes 2:46 ainsi: " Jour après jour, d’un
commun accord, ils se retrouvaient dans la cour du Temple ; mais c’est dans leurs maisons qu’ils
rompaient le pain et qu’ils prenaient leurs repas dans la simplicité, la cordialité et la joie.". Les
premiers croyants du Nouveau Testament possédaient une " unité d’âme ", " une singularité de but " qui
caractérisaient leur vie commune. Ils savaient pourquoi ils existaient et pourquoi ils se réunissaient. C’étaient
des gens de l’incarnation de Dieu, de la croix, de la résurrection et du Saint-Esprit. Et toi ? Pourquoi es-tu
là ? Dans quel but t’es-tu joint à l’édifice de Dieu ? Pourquoi te réunis-tu avec ce groupe de frères et de
sœurs ?
Dieu a donné des enseignants à l’Eglise dans le but " d’équiper les saints pour l’œuvre du ministère. "
(Ephésiens 4:11-12). Les assemblées primitives considéraient l’enseignement comme une priorité; comme
quelque chose qui requérait de la persévérance et de la consécration. Mais nos assemblées ne doivent pas
devenir des « clubs d’enseignement », des « clubs de débats » ou des « clubs d’étude » qui gravitent autour
d’un courant doctrinal ou d’une dogmatique particulières. Les enseignements d’une assemblée n’ont
d’autorité et ne s’imposent au chrétien, que s’ils représentent le vrai sens et l’enseignement limpide des
Écritures ; qui elle-même nous enseigne la vie en communauté.
Dieu a été capable d’accomplir à travers la mort et la résurrection de Christ et notre communion avec Lui,
ce que les efforts des hommes à travers les siècles n’ont jamais réussi à accomplir : une communion
authentique. Et c’était dans cette communauté, cette véritable " koinonia " (2Cor9 :13, et autres) que les
frères et sœurs des assemblées primitives se partageaient leurs vies mutuellement. Ils partageaient les repas
ensemble dans les maisons des uns et des autres, ils priaient ensemble, enduraient la persécution ensemble,
adoraient ensemble et, certaines fois, mouraient ensemble. Ils préféraient la compagnie des autres croyants
par-dessus toutes les autres.
« koinonia » évoque une communion intime. Dieu a créé l’homme pour qu’il entretienne une communion.
L’Église, le corps de Christ (et non le mariage !), est l’épitomé de la communion humaine, un corps fait pour
la communion. L’Église est une communion fraternelle. Il n’a jamais été question que le mot "église"
désigne un « truc » (bâtiment, club, etc.), un lieu où des personnes isolées entrent, écoutent et
ressortent aussi seules qu’en entrant. L’Église est un lieu de communion. Ce qui manque à notre monde
aujourd’hui, c’est une fraternité d’hommes et de femmes qui entretiennent entre eux une vraie communion.
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Pourquoi est-elle absente de beaucoup de rassemblements ? Les « chrétiens » vivent chacun leur vie
isolément, décidés à empêcher les autres de les approcher de trop près afin de voir réellement qui ils
sont. Quand vous leur demandez comment ça va, ils répondent : « Très bien, merci. » Souvent ça ne va pas
du tout. Il faut mettre fin à cette hypocrisie, en revenant aux sources. Dieu sera au milieu de nous, à condition
que nous renversions les barrières d’individualisme, derrière lesquelles nous nous abritons, que nous allions
au-devant de nos frères, que nous priions avec eux et que nous soyons honnêtes les uns avec les autres.
L’Eglise du Nouveau Testament était un milieu qui débordait de la grâce de Dieu. Ces premiers
croyants étaient un peuple " gracieux ", c’est-à-dire que leurs vies débordaient de la grâce de Dieu. "
Sommes-nous un peuple plein de la grâce ? " (Ne pas confondre grâce et permissivité ou relativisme).
Est-ce que la grâce de Dieu déborde en nous et à travers nous en faveur de ceux qui nous entourent? Nous
devons redécouvrir l’importance d’être une communauté qui donne dans un esprit de sacrifice afin de
pourvoir aux besoins existant au sein du corps des croyants de notre assemblée, et au-delà, aux besoins des
croyants dans le corps plus large.
Pour ne pas travailler contre Dieu, pour vivre la plénitude de cette « koinonia », nous devons nous atteler à
étudier son plan, et faire toutes choses selon le modèle biblique.
A.- L’EXIGENCE DE DIEU : Dieu demande que nous nous conformions à ses directives.
Lorsque Moïse construisit le Tabernacle au désert, Dieu lui avait dit de le faire exactement suivant le modèle
révélé sur la montagne. (Ex. 25. 9, 40 ; 26. 30 ; 27. 8 ; Hébr. 8. 5). Et Moïse obéit à l’Eternel.
Lorsque Jésus-Christ commença à bâtir son Eglise, Il avait son plan. Il n’a certainement pas pu envisager de
construire au hasard, d’autant plus qu’il était l’architecte par excellence. Ce plan Il l’a communiqué aux
constructeurs, c’est-à-dire aux apôtres, soit par son enseignement oral, soit après son départ, par les
directives transmises par le Saint-Esprit (Jn. 16.13; Act. 13.2; 15.28) et que les apôtres ont fidèlement
suivies. Les églises que nous discernons à travers les écrits des apôtres (Actes et épîtres) sont donc
des églises construites selon le plan de Dieu, des églises qui correspondent à son idée, à sa volonté.
Les groupements religieux nés de l’évolution historique de ces églises primitives vers un type différent, ne
pourront plus prétendre à cette conformité au plan de Dieu. L’idée que l’Eglise devrait évoluer au cours
des siècles sous la conduite du Saint-Esprit est inconnue des apôtres. Elle n’a d’ailleurs été introduite
dans l’Eglise catholique qu’au début du XIXe siècle par J.A. Moehler1 ; au contraire, les apôtres parlent de «
la foi transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude. 3) et demandent aux chrétiens de ne « pas aller
au-delà de ce qui est écrit » (1 Cor. 4. 6).
Dans le livre des Proverbes il est écrit : « N’ajoute rien à ses paroles de peur qu’il ne te reprenne et que tu
ne sois trouvé menteur » (Pv. 30. 6). « J’ai reconnu, dit l’Ecclésiaste, que tout ce que Dieu fait durera
toujours, qu’il n’y a rien à y ajouter et rien à en retrancher » (Eccl. 3. 14). Cela ne serait-il plus vrai au
temps de la Nouvelle Alliance ? Cette Ecriture sainte « inspirée de Dieu et utile pour enseigner, persuader,
reprendre et former à la justice afin que l’homme de Dieu se trouve pourvu de tout et propre à toute
bonne œuvre » (2 Tim. 3.16-17, trad. Maredsous) (Ainsi, l’homme de Dieu se trouve parfaitement préparé
et équipé…PVV) ne serait-elle plus suffisante en passant du plan individuel au plan collectif, de celui de «
1 L'Eglise catholique — comme la plupart des grandes églises — repose sur l'axiome hégélien que tout ce qui est, devait être. E. Brunner
critique très pertinemment ce principe de « tolérance historique » en disant que « si tout ce qui est historique est accepté sans critique
simplement parce que c'était et que c’est devenu, nous n'aboutissons qu'à des contradictions. Alors il nous faut approuver à la fois l’Eglise
catholique et le protestantisme, à la fois l'Ancien régime et la Révolution, en même temps la foi et le nihilisme, il faut dire en même temps
à tout oui et non. » Dogmatik III, p. 78.
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l’homme de Dieu » à celui de l’« Eglise du Dieu vivant » ? Le Seigneur n’avait- il pas promit aux apôtres que
l’Esprit Saint les conduirait dans « toute la vérité » (Jn. 16. 13).
Cet évangile qu’il faut retenir tel que l’apôtre Paul l’a annoncé sous peine d’avoir cru en vain (1 Cor. 15. 1-
2), ces anathèmes lancés contre quiconque, fût-il ange ou apôtre Paul en personne, annoncerait un autre
évangile que celui qui avait été prêché (Gal. 1. 7-9) ne concernent-ils que l’aspect individuel du salut ?
N’appelons-nous pas l’ensemble des écrits canoniques de la Nouvelle Alliance « Nouveau Testament »? Et
avons-nous oublié une des règles les plus élémentaires du droit que nous rappelle l’apôtre Paul : « Frères,
quand un testament est établi en bonne forme, bien que fait par un homme, personne ne l’annule ou n’y
fait d’adjonction » (Gal. 3. 15) ? Nous permettrons-nous cette liberté à l’égard du Testament de Dieu? Ne
craignons-nous pas qu’un jour Jésus nous reprenne comme Il a repris les pharisiens : « Vous abandonnez le
commandement de Dieu et vous tenez à la tradition des hommes. Vous rejetez bel et bien le
commandement de Dieu pour garder votre tradition » (Mc. 7. 8-9) ? Et tous les beaux systèmes que nous
avons échafaudés ne risquent-ils pas de tomber sous le verdict implacable que le Seigneur leur rappelle : «
C’est en vain qu’ils me rendent un culte, ils enseignent des doctrines qui ne sont que préceptes humains»
(Mt. 15.9 citant És. 29. 13).
Oui, craignons que toutes ces constructions humaines ne tombent un jour sous le jugement de la parole du
Maître : « Celui qui me méprise et qui ne reçoit point mes paroles, a pour juge la parole même que j’ai
annoncée ; ce sera elle qui le jugera au dernier jour » (Jn. 12.48).
Faudrait-il croire que Dieu n’aurait pas été capable de construire, dès le départ, l’Eglise telle qu’il la
voulait? Si son idéal avait été le système organisé, hiérarchisé et cléricalisé que nous trouverons sous le nom
d’ ’’Eglise’’ au bout de quelques siècles, pourquoi ne l’aurait-Il pas mis en place immédiatement ? L’Eglise
actuelle correspondrait-elle mieux à la volonté de Dieu et aux besoins des hommes que l’Eglise primitive ?
Mais alors il faudrait avouer que les hommes, avec leurs artifices et leur politique, sont plus compétents pour
arranger les affaires de Dieu que Dieu lui-même !
Pourquoi aurait-il fallu changer quoi que ce soit au plan initial de Dieu ? Dieu ne change pas. L’homme
reste le même devant Lui à travers les siècles et les civilisations différentes : pécheur, privé de la gloire de
Dieu (Rom. 3.21), incapable par lui-même de faire le bien et de se sauver.
Le Salut lui est accordé aux mêmes conditions : par la foi qui saisit la justification que lui offre la grâce
de Dieu. Les facteurs de progrès dans la vie nouvelle restent les mêmes : la prière, la foi, la communion
fraternelle. Tous les éléments essentiels de la vie spirituelle demeurent donc inchangés. Pourquoi l’Eglise
aurait-elle dû évoluer ?
L’histoire de vingt siècles de christianisme n’a-t-elle pas prouvé que la formule de l’église primitive
était la seule qui convienne à tous les temps et tous les lieux, celle qui s’adapte avec le plus de souplesse
aux conditions les plus diverses,2 qui résiste le mieux aux persécutions3 et réserve le maximum de possibilités
à l’épanouissement de la vie spirituelle ?
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Chaque fois que l’homme s’est cru plus intelligent que Dieu, qu’il a élaboré un système
religieux « mieux adapté à la psychologie de l’homme »4, plus conforme à l’esprit de notre temps, au lieu
de suivre simplement le modèle néotestamentaire, son essai s’est soldé, à plus ou moins brève échéance,
par un échec dû à une difficulté imprévue.
Toutes les hérésies et toutes les déviations de l’Eglise sont nées de l’abandon des Ecritures
et du modèle d’église qu’elles nous présentent. Clément d’Alexandrie le disait déjà : « On devient hérétique
quand on ne se soumet pas aux Ecritures. Il faut nécessairement qu’ils fassent de très grandes chutes ceux qui
abordent de très grandes choses, s’ils ne tiennent pas la règle de vérité qu’ils ont reçue de la Vérité elle-même. » « A
mesure que nous avançons dans les siècles, la lumière et la vie commencent à décroître dans L’Eglise. Pourquoi? Parce
que le flambeau de l’Ecriture commence à s’obscurcir et que les lueurs trompeuses des autorités humaines
commencent à les remplacer. » (J.H. Merle d’Aubigné.)5
Docteur en théologie. Il enseigne des théories révolutionnaires qui suscitent de violentes controverses et
plusieurs condamnations successives. Il perd brutalement ses soutiens après la publication en 1380-1381 de
son traité sur l'Eucharistie (De eucharistia), dans lequel il conteste la doctrine de la transsubstantiation6.
Ainsi, en rejetant ce qui fait le cœur du « sacrifice de la messe » et en déclarant l'homme impuissant à faire
son salut, Wyclif rejette indirectement toute la doctrine du catholicisme romain sur le sacrifice.
Théologien, universitaire et réformateur. Il prononce des sermons contre « les erreurs du catholicisme », où
il préconise une réforme de l'Église. Avec d'autres, il prêche le retour à une Église apostolique, spirituelle et
pauvre Il s’oppose aux indulgences. Il avait enseigné que le salut, don de la grâce divine, est reçu par la foi,
sans les œuvres de la loi; puis que ni titre ni position, si élevés soient-ils, ne peuvent rendre un homme
agréable à Dieu sans la sainteté de la vie7. Humblement et avec grand courage, il maintint qu'il était prêt à
rétracter ce qui, dans son enseignement, pourrait être contraire aux Ecritures, mais qu'il ne pouvait renier ce
qu'il savait être conforme à la Parole de Dieu. Le 27 juin 1415, ses écrits sont condamnés comme hérétiques8.
Au XVIe siècle : La Renaissance humaniste du XVIe siècle a exhumé la Bible. La Réforme religieuse est née
de la redécouverte de la Parole de Dieu, seule norme de la foi et de l’Eglise. « Sola scriptura » (l’Ecriture
seule) fut l’un des principes directeurs de toute la Réformation.
Luther. 1483-1546
«Nous vivons à une époque de persécution du christianisme (Mt. 24.9). L’Eglise multitudiniste, par sa constitution, est incapable de lui
résister parce qu’elle n’a pas de noyau. » W. Ninck : Christl. Gemeinde heute, p. 274-275.
Lorsque, par exemple, les communistes ont étendu leur souveraineté sur les pays slaves de l’Europe centrale, ils ont laissé une liberté
relative aux petites églises, s’étant aperçu que, contrairement aux grandes, celles-ci ne leur disputaient ni le pouvoir, ni la grande masse,
ni l’argent.
4 Relire dans Dostoïevsky : Les Frères Karamazov : La Légende du Grand Inquisiteur.
5 L'Autorité des Ecritures, p. 88.
6 André Vauchez, Histoire du christianisme, t. 6 : Un temps d'épreuves (1274-1449), Desclée / Fayard, chap. VI (« Contestations et hérésies dans
l'Eglise latine »)
7 John Huss and his Followers», Jan Herben (1926).
8 Gervais Dumeige, Textes doctrinaux du magistère de l'Église sur la foi catholique, Karthala Éditions, 1993.
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Il a souvent affirmé cette autorité suprême de la Parole de Dieu. « Tous les articles de foi sont suffisamment
établis dans la Sainte Ecriture afin qu’on n’en établisse aucun de plus »9. C’est pourquoi on ne peut contraindre
personne à croire quelque chose si ce n’est par la Sainte Ecriture qui est proprement de droit divin » 10.
L’acte révolutionnaire de Luther a été de placer l’autorité de l’Ecriture au-dessus de celle de l’Eglise. « La
Parole de Dieu est incomparablement au-dessus de l’Eglise... » Écrivait-il11 (église entendue comme le système
humain catholique romain).
En face de Tetzel qui proclamait qu’« il faut enseigner aux chrétiens que l’Eglise maintient, comme articles certains
de la vérité catholique, plusieurs points qui ne se trouvent pas dans le recueil de la Sainte Ecriture » (17e thèse contre
Luther), Luther affirmait : « Il ne faut en rien se préoccuper des lois humaines, du droit, de l’ancienne origine, des
traditions et habitudes : que cela ait été institué par le pape ou l’empereur, le prince ou l’évêque, que la moitié de la
terre ou le monde entier l’ait respecté, que cela ait duré un an ou mille ans ! Parce que l’âme humaine est chose
éternelle, au-dessus de tout ce qui est temporel, c’est pourquoi elle ne doit être régie et touchée que par la Parole
éternelle. Car c’est chose exécrable de gouverner les consciences devant Dieu, par le droit humain ou d’anciennes
traditions. C’est pourquoi il faut agir en ces choses suivant l’Ecriture et la Parole de Dieu. »12
« C’est la Parole de Dieu qui pose les articles de foi, et nul n’a le droit de nous en imposer d’autres, pas mêmes
les anges. »13
Cette autorité de la Parole de Dieu est autant valable pour les questions d’église que pour celles qui
intéressent le salut individuel : « La chrétienté primitive, affirmait Luther, est seule la vraie Eglise. »14 « La vraie
Eglise doit être celle qui se tient à la Parole de Dieu... C’est pourquoi vous ne devriez pas nous dire : Eglise, Eglise,
Eglise ! Vous devriez nous convaincre que vous êtes l’Eglise. »15
« On doit contredire pape et conciles pour sauver la Sainte Écriture. L’Eglise a jugé et condamné les
hérétiques par la Parole de Dieu... Elle n’est pas maîtresse de la Parole, elle s’est soumise à la Parole de Dieu, afin
qu’elle entende Christ seul et fasse la volonté de celui qui l’a envoyée, qu’elle soit une élève de cet homme, de sa
Parole et de son enseignement. A cause de cela elle sera maîtresse sur toutes choses, et c’est d’après cette Parole
qu’elle a décidé que cette doctrine est juste, telle autre fausse, que celui-ci est un hérétique... »16
Zwingli. 1484-1531
Zwingli, après s’être perdu dans les dédales de la philosophie pendant huit années dit : « A la fin j’en
vins — conduit par la Sainte Ecriture et la Parole de Dieu — à me dire : il faut que tu laisses tomber tout cela et que
tu apprennes la pensée de Dieu en toute pureté dans sa simple Parole. »17
Calvin. 1509-1564
9 Articles contre l’Ecole de Satan... (Ed. Weimar), 30.II, 424. Cette édition de Weimar, celle à laquelle on se réfère habituellement aujourd’hui,
est désignée dans les références par l’abréviation W. A. (Weimarer Ausgabe) suivie du numéro du tome et de la page (quelquefois la ligne
est indiquée après le N° de la page). Sauf exceptions (références à l'édition d'Erlangen ou d’Enders) nous nous conformons à cette habitude.
10Disputât. Acta (avec le Dr Eck), 5 juillet 1519.
11 De la Captivité babylonienne de l'Eglise (1520), W. A. 6, 560, 33.
12 Scliriften 'zur Neuordnung der Gemeinde, des Gottesdienstes und der Lehre.
13 Articles de Smalkalde (1537).
14 Vom Papsttum zu Rom (1520).
15 Cité par J. Lortz : Die Reformation in Deutschland (Herder Verlag, Freiburg), 4e éd., p. 394.
« Nous lui soumettons notre jugement et intelligence comme à une chose élevée par-dessus la nécessité
d’être jugée. »19
« Tout accord qui se fait hors de la Parole de Dieu est une faction d’infidèles et non point consentement
de fidèles. »20.
Ce sont ces principes que les confessions de foi de la Réforme ont fixés : « Nous croyons que la Parole
qui est contenue dans ces livres a Dieu pour origine, et qu’elle détient son autorité de Dieu seul et non des
hommes. Cette parole est la règle de toute vérité et contient tout ce qui est nécessaire au service de Dieu et à
notre salut ; il n’est donc pas permis aux hommes, ni même aux anges, d’y rien ajouter, retrancher ou
changer. Il en découle que ni l’ancienneté, ni les coutumes, ni le grand nombre, ni la sagesse humaine, ni les
jugements, ni les lois, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne peuvent être opposés à cette
Ecriture sainte, mais qu’au contraire, toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées d’après
elle. »21.
« Nous rejetons de tout notre cœur tout ce qui ne s’accorde pas à cette règle infaillible. »22
Quant à la Réforme anglicane elle a précisé dans le sixième des « 39 articles de religion » qui constitue la
charte de l’Anglicanisme : « La Sainte Ecriture contient tout ce qui est nécessaire au salut, de telle manière que
tout ce qui ne s’y lit pas ou qui ne peut être prouvé d’après elle ne saurait être exigé de quiconque, ni
imposé comme un article de foi, et il ne saurait être estimé requis et nécessaire au salut. »
Ainsi l’ensemble de la Réforme affirme sa volonté de retourner aux sources de la foi, à la Parole de Dieu, là
où l’eau est encore claire et pure. « Le mouvement profond et permanent de la Réformation, c’est le recours, le
retour à cette divine autorité... l’autorité souveraine, plénière et infaillible de la Sainte Ecriture.» (P. Courthial.)23
« Les réformateurs étaient conscients du fait que la forme néotestamentaire de l’ekklésia était la forme normative de
l’Eglise. » (Brunner.)24
Car, ces réformateurs bien que porteurs de reveil, n’étaient pas infaillibles dans leurs raisonnements.
La preuve :
Luther.
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-Luther détestait la pratique de l’interaction participative de tous les membres dans l’église comme
prévu dans 1 Corinthiens 12-14.
Luther et les autres réformateurs dénoncèrent violemment les anabaptistes pour la pratique de l’interaction
participative de tous les membres dans l’église. Les anabaptistes croyaient que c’était le droit de chaque
chrétien de pouvoir parler dans une réunion. Ce n’était pas seulement le domaine du « clergé ». Luther était
si opposé à cette pratique qu’il disait qu’elle venait du « tréfonds de l’enfer » et ceux qui se rendaient
coupables de cette pratique devraient être mis à mort. À l’époque de Luther, cette pratique était connue
comme le « Sitzrecht » - « le droit de la personne-assise »25. Luther annonça que « le Sitzrecht venait du
tréfonds de l’enfer » et était une « perversion de l’ordre public. .. une atteinte au respect de l’autorité. ». En 20 ans,
plus de 116 lois furent adoptées en terres germaniques à travers toute l’Europe faisant de « l’hérésie
anabaptiste »26 un crime capital. En outre, Luther estima que si l’église entière administrait publiquement
la Cène du Seigneur ce serait une « confusion déplorable. »27 Dans l’esprit de Luther, une personne doit
assumer cette tâche: le pasteur.
- Luther n’a pas utilisé le mot « prêtre » pour désigner les nouveaux membres du clergé de la
Réforme, mais certains aspects du ministère était essentiellement le même.
Luther n’a pas aimé utiliser le mot prêtre pour définir les nouveaux ministres protestants. Cependant, il n’y
eut pas beaucoup de changement entre le prêtre catholique et le pasteur protestant. Pendant la Réforme,
le « prêtre » fut transformé en « prédicateur », en « ministre », et enfin en « pasteur. » Beaucoup ont soutenu
à juste titre l’idée que le pasteur protestant n’est rien de plus qu’un prêtre catholique légèrement
réformé. (Ils parlent de la charge et non de l’individu.)
Zwingli.
-Il voit un seul pouvoir qui doit être uni : - temporel (le roi sur Terre) - éternel (Dieu au ciel).
Dans un premier temps, il pense que l'Église doit par tous les moyens (politiques, militaires, etc.), gagner la
Confédération suisse à la Réforme28. En 1531 : affrontements entre catholiques et protestants. Zwingli
accompagne ses troupes en tant qu'aumônier. Il est blessé puis tué. La réforme en Suisse arrête son
expansion. Pour lui, l'église visible doit être intégrée dans la société. Le magistrat chrétien avait le droit et la
responsabilité de déterminer les formes externes de la vie et du culte ainsi que de gouverner la république
chrétienne. Le magistrat travail avec le « prophète » qui explique et proclame les Écritures pour le bien de
toute la communauté.
-Il a laissé noyer les anabaptistes qui s’opposaient à sa pratique de «l’aspersion d’enfant ».
Le conseil de la ville de Zurich avait réagi, suite entre une discussion entre Zwingli et les anabaptistes, et
ordonné par un décret du 17 janvier 1525, après une discussion publique, le baptême des enfants non
baptisés dans la semaine, et le baptême des nouveau-nés dans les huit jours qui suivent leur naissance. Les
anabaptistes refusèrent. Le conseil de Zurich les fit arrêter et ordonna qu'ils soient noyés dans le lac. La
sentence disait avec un humour sinistre : "ils ont péché par l'eau, qu'ils soient punis par l'eau"29.
05-03.
29 André Gounelle, Le Christianisme au vingtième siècle, n°289, 19 janvier 1991.
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Calvin.
- Il croyait que l’Église réformée (son église) était la véritable Église et il n’y avait pas de salut en
dehors de celle-ci.
Calvin persuada un anabaptiste nommé Herman de quitter les anabaptistes (qu’il considérait comme une
secte), et de rejoindre l’église réformée. Il écrivit ce qui suit, qui a une résonance étonnante avec la façon
dont les catholiques de l’époque parlaient de l’Eglise catholique romaine: « Herman est, si je ne m’abuse, de
bonne foi retourné à la communion de l’Église. Il a avoué que hors de l’Église il n’y a point de salut, et que la véritable
Eglise est avec nous. Par conséquent, c’était une défection quand il appartenait à une secte séparée d’elle »31.
- Il croyait qu’il était acceptable de fustiger ses adversaires les affublant de noms vicieux.
Calvin a traité ses critiques avec mépris, les qualifiant de « porcs », « ânes », « racaille », « chiens », « idiots »
et « bêtes puantes ». Dans cette veine, Calvin a dit du grand dirigeant anabaptiste, Menno Simons : « Rien
ne pourrait être plus fier, ni plus impudent que cet âne. »32. Sabastian Castellion, un ami de Calvin qui l’a exhorté
à se repentir de son intolérance, a fait cette remarque choquante: « Si le Christ lui-même venait à Genève, il
serait crucifié. Car Genève n’est pas un lieu de liberté chrétienne. Il est dirigé par un nouveau pape [Jean Calvin], mais
un qui brûle des hommes vivants tandis que le pape à Rome les étrangle d’abord »33.
- Il croyait que Dieu n’a pas créé tous les êtres humains sur un pied d’égalité, mais a créé certaines
personnes pour la damnation éternelle.
Cette idée est connue comme « la double prédestination. » Selon ce point de vue, Dieu crée certains pour
les sauver et d’autres pour les envoyer en enfer. Quand bien même cette idée ne sera pas choquante pour
certains, l’idée que Dieu a sciemment créé certains individus afin de les maintenir éternellement dans les
souffrances de l’enfer est non Biblique. Selon Calvin, « la prédestination par laquelle Dieu adopte certains à
l’espoir de la vie, et adjuge les autres à la mort éternelle, aucun homme vraiment pieux ne se hasarderait à simplement
la nier . . . Par la prédestination, nous entendons le décret éternel de Dieu, par lequel il a décidé avec lui-même ce qu’il
voulait qu’il arrive à chaque homme. Tous ne sont pas créés sur un pied d’égalité, mais certains sont prévus pour la
vie éternelle, d’autres pour la damnation éternelle; et, en conséquence, comme chacun a été créé pour l’une ou l’autre
de ces fins, nous disons qu’il a été prédestiné à la vie ou à la mort. »34. Le chapitre 21 du livre III de Jean
Calvin L’Institution de la religion chrétienne a pour sous-titre « De l’élection éternelle, par laquelle Dieu a
prédestiné certains au salut, et d’autres à la destruction. »
citation sur Menno Simons, voir The Secret of the Strength (Le secret de la Puissance) par Peter Hoover, p. 63; Calvin, IV, 176;EDH XII, 592.
33 Cité dans How the Idea of Religious Toleration Came to the West (Comment l’idée de la tolérance religieuse venue en Occident) par Perez Zagorin,
double prédestination. Par exemple, Charles Spurgeon (Spurgeon preaches on Rom 9 in sermon No 327) et Charles Simeon (Simeon, Charles: Horae
Homileticae Vol. 1: Genesis to Leviticus. London, 1832-63, S.) ont rejeté ce point de vue. Question de dire que la Bible est toujours au-dessus des
paroles d’un homme.
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Mais attention ! Baissez cette machette, si vous vous préparez à leur « trancher la tête » ! Car, de tels
hommes ont servi le Seigneur en leur temps, avec leurs limites. Même s’ils ont défendu des opinions
qui feraient dresser les sourcils de la plupart des évangéliques aujourd’hui, cela ne bouleverse ni ne nie les
idées précieuses qu’ils ont apportées au corps du Christ.
Près de nous.
Au XIXe siècle une réaction se dessine : « Ce sont de tristes protestants que les protestants selon Luther, ce sont
de tristes protestants que les protestants selon Calvin. Les seuls protestants dignes de ce nom, ce sont les protestants
selon la Bible » écrivait le comte A. de Gasparin.35 Les hommes du Réveil veulent revenir au modèle
apostolique auquel les conduit la Parole de Dieu.36
Au XXe siècle les plus grands théologiens de l’Eglise réaffirment l’autorité souveraine de la Parole de Dieu.37
Cependant, depuis le XVIe siècle, le mouvement de retour aux sources s’est continué aussi en dehors des
églises « officielles ». Par le moyen d’hommes (et de beaucoup de femmes !) tels que Wesley, Darby, G.
Muller, Spurgeon, etc..., au travers de mouvements de l’Esprit tels que les Réveils (réveil morave, de Genève
et de France, du Pays de Galles,...) les contours de l’Eglise primitive reparaissaient de plus en plus
clairement. Plus près de nous deux mouvements orientaux ont prouvé l’extraordinaire dynamisme et la
vitalité de la formule d’église biblique : après quelques années de ministère, l’évangéliste hindou Bakht
Singh38 a vu se former plus de quatre cents églises aux Indes et au Pakistan. En Chine, le « Petit troupeau »
né du ministère de Watchman Nee a fait surgir quelque six cents églises du type apostolique et — ce qui
est plus important — ce sont ces églises qui ont le mieux résisté à la persécution39. On pourrait encore
penser à ces assemblées évangéliques dont plus d’une centaine naissent annuellement dans la catholique
Italie ou au mouvement Mykiokai qui a pris au Japon une extension considérable. Son initiateur Kanzo
Utchimura a « reconnu dans l’Ekklésia du Nouveau Testament une communauté de croyants foncièrement différente
de tout ce qu’il avait appris à connaître dans l’Occident sous le nom d’Eglise... Il aspirait à une communauté chrétienne
de croyants qui soit constituée uniquement par la foi en Christ et maintenue par le Saint-Esprit... Il est très significatif
que la foi d’Utchimura corresponde exactement à ce que Paul enseignait... Ce mouvement indique clairement la
direction que devra prendre l’Eglise protestante dans l’avenir. » (E. Brunner.)40
Une Eglise qui n'accepte pas cette autorité ne peut revendiquer le titre d’Eglise chrétienne (p. 17) ; l'unité chrétienne dépend de la
reconnaissance de cette autorité (p. 19).
« La signification pratique de l’autorité du témoignage biblique, écrit-il, consiste en ceci : que la communauté accepte de répondre devant
lui, comme devant l’instance suprême, de toute sa vie, de sa discipline et de son culte, de sa confession de foi et de sa doctrine, de sa
prédication et de son enseignement, de même que de ses prises de position dans la vie des peuples et des états, qu'elle lui accorde à tout
moment sa place comme source et norme de toute conservation et de tout renouvellement. » Karl Barth : Die Shrift und die Kirche (Evang.
Verlag., Zollikon, 1947), p. 15.
Emil Brunner, de son côté, affirme avec force le caractère normatif de la communauté primitive pour l'Eglise de tous les temps:
« La communauté chrétienne du Nouveau Testament... est la communauté-type. C'est en elle qu'a été formé le témoignage originel de
la Bonne Nouvelle, le Nouveau Testament, qui a fait d'elle, siècle après siècle, la communauté canonique et normative. C'est elle qui juge
toute église particulière et tout mouvement, c'est elle aussi qui les justifie toujours à nouveau. » E. Brunner : Eglise et Groupes, p. 43.
« L’idée de l’Ekklésia de Paul, que l’historien appelle utopique est cependant ce qui doit être, pour tous les temps, la norme de la
communauté de foi des chrétiens conscients d'avoir leur seul fondement en Jésus-Christ. » E. Brunner : Dogmatik III, p. 64
38 «Daniel Smith : Bakht Singh, un Prophète de Dieu aux Indes (Ed. Mission « Service Amical », 5023 Bieberstein, Suisse, ou « Voix de
Conclusion
Par-dessus nos efforts, les inspirant même, il doit y avoir l’amour qui était en Christ, un amour véritable qui
se manifeste dans les égards que nous aurons les uns pour les autres, dans le soin que nous prendrons les
uns des autres, dans le courage de nous dire la vérité les uns aux autres, et dans le désir de ne laisser aucun
se perdre. Dans ses dernières exhortations, Jacques indique la marche à suivre :
« Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’est égaré loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène, sachez que
celui qui ramène un pécheur de la voie où il s’était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une
multitude de péchés. » (Ja 5:19-20)
« Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez
guéris. La prière agissante du juste a une grande efficacité. » (Ja 5:16)
Pour vivre réellement en communion avec nos frères et sœurs, nous devons pouvoir leur parler ouvertement
de nos difficultés, prier les uns pour les autres afin d’être éclairés bibliquement et de trouver des solutions
à nos problèmes. Cela exige que nous laissions tomber les masques, que nous cessions de vouloir paraître
ce que nous ne sommes pas, pour nous montrer tels que nous sommes. En confessant nos fautes, en
partageant nos peines et en priant les uns pour les autres, nous vivrons dans la lumière et la vérité de Dieu.
Immanquablement alors, la grâce du Dieu de vérité, le Dieu qui aime la vérité, se répandra sur nous en tant
qu’individus et en tant que famille chrétienne. Nous formerons une communauté authentique qui attirera
des personnes à Christ.
41 La chrétienté est ce système politico-religieux né des efforts des empereurs Constantin et Théodose au IVe siècle, qui a dominé l’Europe
durant tout le Moyen Age et s’est prolongé jusque dans les temps actuels. Le fondement de la chrétienté est l'union de l'Eglise et de l’Etat,
une de ses caractéristiques essentielles, le fait que tous les habitants des pays christianisés sont «chrétiens». Voir à ce sujet G. Millon :
Combats pour l'Eglise, p. 51, (Ed. Mil Ion, rue Vauban, Mulhouse 68).
42 V. P. Courthial : Autorité de l'Ecriture Sainte et Ministère de l'Eglise » in Revue réformée N° 58 (1964-2), pp. 26-37.
F. Gonin : « Parole de Dieu et Ecriture sainte » in Alliance évangélique (oct. 1964), pp. 6 ss.
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