Dictionnaire Des Hiéroglyphes (IA b22006862)
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https://archive.org/details/b22006862
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DICTIONNAIRE
DES
HIÉROGLYPHES
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propriétés littéraires. /
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HIÉROGLYPHES
PAR
Camille DUTEIL.
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PREMIER VOLUME.
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A BORDEAUX,
Chez Charles LAWALLE, Libraire, allées de Tourna, 20.
1839
PRÉFACE.
de traduire une
« pliquer le sens composé et de les traduire en quelque sorte, que
Mais n’y a guère lieu d’espérer que nous puissions jamais recom-
« période. il
la Nature et les
poser ce dictionnaire, si ce n’est peut-être en étudiant bien
«
». Cet auteur avait
« propriétés des choses
qui en forment les éléments premiers
sans
monuments qui ont échappé aux temps et aux barbares
« et sur cette foule de
Nature pour recomposer
pour nous qui n’avons pas assez étudié
la
« aucun fruit
mystérieuse de l’Egypte.
avec l’opinion des anciens, touchant l’écriture
(2) Chap. 4.
à ,
vj PRÉFACE.
amis de la science m’aider à lire dans le livre de la Nature que la plupart des sa-
vants négligent aujourd’hui !
(2) Pour ne pas invoquer ici les témoignages d’Hérodote , de Diodore de Sicile , etc. nous citerons
.
Roll.n que tout le monde connaît.
Dans son Histoire des Egyptiens, chap. v,
page 99, cet auteur qui
avait compulse les auteurs anciens dit La loi en Egypte :
( ) assignait à chacun son emploi qui le perpé-
tua, t de pcre en On ne
fils. pomx.it en avoir deux ni changer de
profession. Et je le demande d'ailleurs
les prétendus titres du prétendu Imaï sont-ils compatibles quel
? est le cumulard qui , en France osera,
,
,
rij
PRÉFACE.
Le système de M. Champollion ne
auteur ne diffère en rien d’essentiel de la
« La langue égyptienne, dit cet (1),
la cour de cassation?
raire ,
grec on ne
monde a la prétention de savoir le latin et le ,
l’hébreu le sanscrit ou
peut pas décemment se poser comme érudit à moins qu’on ne sache le copte ou ,
Et comment cette langue qu’on parlait encore dans les premiers temps de l’ère
fait ,
supposer un miracle car l’expérience et l’étude nous démontrent que
, les lan-
« s’est rencontrée même sans les causes qui hâtent la barbarie et le déclin social.
« meurent avant l’extinction même des races qui les ont parlés L’érudition
« moderne nous atteste que dans une contrée de l’immobile Orient où nulle in-
le copte tout aussi bien que les savants d’aujourd’hui, n’étaient pas assez avancés
pour apprécier cette langue sublime que nous ont conservée les liturgies ;
qu’Ho-
pollion qui affirme que les hiéroglyphes qu’il traduit au moyen du copte lui ont
le brave La Tour d’Auvergne prouva que le bas-breton était la langue des druides et même la langue
primitive et universelle.
phes.
Cet auteur divise l’écriture sacrée en trois classes de caractères bien tranchés (1) :
Les caractères figuratifs sont ceux (2) « qui expriment précisément l’objet dont
« ils présentent à l’œil l’image plus ou moins fidèle et plus ou moins détaillée ;
« ainsi
Les caractères tropiques ou symboliques (3) sont un nouvel ordre de signes au-
quel on fut obligé de recourir dans l’impossibilité où l’on était d’exprimer les idées
abstraites par des caractères figuratifs. « (4) On procéda à la création des signes
« tropiques ,
1° par synecdoche en peignant la partie pour le tout ;
mais la plupart
« des signes formés d’après cette méthode ne sont, au fond, que de pures abré-
« signifiait boeuf ;
une tête d’oie
(2) Logo cit. Tout ce qui se trouve entre guillemets est extrait de la Grammaire égyptienne.
(5) Voyez Grammaire égyptienne, page 25.
PRÉFACE.
« objet qui avait quelque similitude réelle ou généralement supposée avec l’objet
« par un chacal,
« parce que ce fonctionnaire sacerdotal devait veiller avec sollicitude sur les
« mes en employant, pour exprimer une idée, l’image d’un objet physique n’ayant
« convention, avec l’objet même de l’idée à noter. D’après cette méthode, fort
(1) Pourvu toutefois que ces abréviations ne représentassent pas, la première, une tête de vache, et
(ô) M. Champollion, ou pour mieux dire Horus-Apollon, est ici dans le faux, et la raison qu’il donne
PRÉFACE. XJ
« vague de sa nature ,
une plume d autruche
« signifiait justice ,
parce que ,
disait-on ,
toutes les plumes de cet oiseau sont
TT
« qui la composent sont d’un usage bien plus fréquent que les deux premiers
« dans les textes hiéroglyphiques de tous les âges, ont reçu la qualification de
« phonétiques parce qu’ils représentent en réalité, non des idées, mais des sons
« ou des prononciations.
(2) Ici M. Champollion laisse agir son imaginative et appuie la valeur énigmatique du premier uræus
cier la fidélité. Cet auteur n’échafaude son système qu’avec des pétitions de principe.
xij PRÉFACE.
« et non un syllabaire.
« voix ou une articulation par l’imitation d’un objet physique dont le nom en
« langue égyptienne parlée avait pour initiale la voix ou l’articulation qu’il s’agis-
Une bouche,
appelée pu) (
rô )
en prétendu égyptien, sera l’R de l’écriture sacrée ;
ainsi des
autres.
te ter indifféremment :
PREFACE. Xll]
« pülG (rime) ».
Le nombre de ces différents caractères qui servaient à noter une même voix
dit cet auteur, fixé d’avance et consacré par l’usage; il ne pouvait nullement dé-
pendre du caprice d’un scribe d’en introduire de nouveaux dans le texte, et il est
évident, selon lui, que la plupart de ces homophônes furent adoptés « (1) pour
les, etc., les Egyptiens furent obligés d’employer une méthode phonétique, qui
consistait à représenter les différentes syllabes qui entrent dans un nom propre
par des objets physiques dont les noms en langue égyptienne commençaient par
ces mêmes syllabes, et en les plaçant côté à côté ou au-dessous les uns des autres
selon leur ordre, ils parvenaient ainsi à rendre phonétiquement un nom ou une
idée qui n’aurait pu l’être par la méthode ordinaire (2), ayant soin de renfermer
dans un cartouche ces nouveaux hiéroglyphes, afin qu’on ne les confondît pas
(2) Pour bien comprendre ce système supposons qu’il s’agisse d’écrire en hiéroglyphes phonétiques
labe Ca, et en mettant à côté ou au-dessous un tonneau qui serait l’expression de la syllabe ton, nous
parviendrions ainsi à écrire hiéroglyphiquement le nom propre Caton. Ce même nom pourrait s’écrire
en peignant une cage à côté de laquelle serait une tonnelle. On comprendra facilement que les homo-
phones n’auraient pas besoin ici d’être fixés d’avance ni consacrés par l’usage, ils seraient limités par la
quantité d’objets physiques qui , en français, ont un nom commençant par les syllabes ca et ton.
, , , , ,
xiv PRÉFACE.
Alors, concevant l’alliance naturelle (1) des caractères phonétiques et des ca-
l’écriture sacrée. D’ailleurs, la simplicité de ces deux modes d’écriture (2) serait
pour moi un cachet d’antiquité qui pourrait me faire souscrire à un système hié-
c’est par la notation des voix et des articulations que procède la méthode
égyptienne.
une première lettre des mots qui n’ont pas été formés par une agrégation de lettres
est impraticable comme le dit fort bien M. Seguier de Saint-Rrisson (4). Pourquoi
les Egyptiens auraient-ils donc préféré se servir de leurs hiéroglyphes plutôt que
de leur alphabet? cela s’explique, il est vrai, en admettant que les hiéroglyphes
sont une écriture mystérieuse, inventée par les prêtres, afin de cacher leur doc-
trine qui ne devait être révélée qu’aux initiés, en supposant que ces mêmes prêtres
(1) Ce système justifie effectivement l’emploi des caractères figuratifs et des caractères tropiques; car
(
en nous servant encore d’hiéroglyphes français )
on pourrait rendre phonétiquement l’idée de moulin
par la peinture d’un mouton avec celle d’un lingot d’or ou d’argent. Mais la peinture d’un mouton pou-
vant se confondre avec celle d’un agneau, comme la peinture d’un lingot peut se confondre avec celle
d’une barre, il s’ensuit que la peinture d’un moulin, caractère figuratif de moulin, sera préférable, et
que les caractères phonétiques ne seront employés que lorsqu’il y aura impossibilité de faire autrement,
(2) Le système d’écriture phonétique que nous avons présenté est aussi simple que celui de l’écriture
idéographique. Un homme qui ne saurait pas lire l’écriture alphabétique dès l’instant qu’il sera prévenu
de la convention syllabaire, lira notre écriture phonétique si les figures sont exactement dessinées, tout
(3) Je dois prévenir mes lecteurs que cette méthode phonétique n’est point celle des Egyptiens : c’est
la méthode des Chinois. Je ne l’ai présentée que pour faire entrevoir cette vérité : En archéologie un
système peut être ingénieux et simple, et cependant être faux. C’est l’application qui en est la véritable
pierre de touche.
PRÉFACE. xv
hasarder le secret de l’Etat dans les dépêches qu’ils sont obligés de confier à des
mains étrangères.
Mais M. Champollion partage l’opinion du savant Zoëga et pense comme lui (1)
« que cette écriture est celle des monuments publics, connue et pratiquée par la
« bituelle des textes relatifs à toutes les matières, objets spéciaux des sciences
l’écriture alphabétique.
Autrefois, pour faciliter la connaissance des lettres et surtout pour en faire re-
tenir le nom (
a, bé, cé, dé, é, ef, etc. ), on peignait au-dessous un âne, un bélier
uu célébrant (
prêtre disant la messe ), le démon (
être fantastique ), une étable
un effrayé (
enfant épouvanté ) ,
etc. Le magister qui enseignait les lettres expli-
quait les figures, et comme le nom de chacune d’elles commençait précisément par
l’image d’un bélier par exemple, se rappelait à l’instant même que le nom de la
lettre qui surmontait cette figure était bé, première syllabe du mot bé-lier. Bientôt
on perdit de vue le véritable motif qui avait engagé les pauvres magisters de nos
pères à placer des figures sous les lettres pour aider la mémoire des enfants ,
on
trouva ridicules ces alphabets gothiques dont les figures n’avaient aucun rapport
les unes avec les autres, et qui d’ailleurs paraissaient fautifs, on s’imagina de les
perfectionner en créant des alphabets où il n’y entrerait que des figures d’animaux
(1) Introduction ,
page xn.
;
xvj PRÉFACE.
bouclier, un casque une figure étant toujours acceptée pourvu que son nom com-
mençât par la lettre sous laquelle elle était placée, et qu’elle entrât dans la série
qu’on avait choisie. Ces alphabets, si en vogue aujourd’hui, ne sont d’aucune uti-
lité pour les enfants, car ils ne peuvent servir à leur rappeler le nom des lettres.
moire des enfants et leur faire retenir d’une manière facile et agréable le nom des
lettres dénommées selon l’ancienne ou la nouvelle méthode (1); ces braves gens ne
doutent nullement que la peinture d’un arc ou d’un cheval ne rappelle d’une ma-
maintiens que la Grammaire égyptienne ne nous fera pas lire les hiéroglyphes.
En effet :
« sont absolument, ainsi que les caractères figuratifs et les caractères tropiques,
« que des images d’objets physiques plus ou moins développés (2), et d’ailleurs une
« d’un objet réel, d’être pris dans leur acception figurative, et en d’autres cas, dans
candide est en droit de s’attendre qu’une méthode certaine lui sera donnée pour
reconnaître à priori ces différentes classes de caractères dans tous les textes
(4) M. Champollion ,
il est vrai , a donné un tableau renfermant tous les hiéroglyphes phonétiques dont
, , , , , ,
PRÉFACE. XVlj
Et cependant si Ton jette les yeux sur la dernière ligne de l’inscription de Ro-
sette (1), dans laquelle cet archéologue distingue par la couleur rouge, bleue, et
position respective n’est pas ce qui a pu les lui faire distinguer, car dans cette
la valeur exprimée en letires coptes est incontestablement reconnue (a) : mais ce tableau contient-il seu-
lement les hiéroglyphes ordinairement employés comme phonétiques ou contient-il aussi des hiéroglyphes
figuratifs et tropiques qui, lorsqu’on les emploie comme phonétiques ont cette prétendue valeur alpha-
(
Introduction ,
page xvm) que les caractères phonétiques forment en réalité les trois quarts au moins de
chaque texte hiéroglyphique se trouve en contradiction avec la plupart des textes qui ne contiennent pas
un sixième de caractères hiéroglyphiques appartenants aux deux cent soixante du tableau. Dans le se-
cond cas, le reproche que j’adresse à la Grammaire égyptienne reste mérité; et alors à quoi servent
ces notes (page 58) affectées aux caractères phonétiques et tropiques lorsqu’ils deviennent figuratifs,
et aux caractères figuratifs lorsqu’ils deviennent tropiques ou phonétiques? Avant tout, M. Champollion
aurait dû nous donner un tableau général des hiéroglyphes divisés en caractères ordinairement figuratifs,
tropiques, et phonétiques ; et en outre la valeur alphabétique des caractères figuratifs et tropiques lorsque
extraordinairement ils deviennent phonétiques. Ce vice capital de la Grammaire égyptienne n’a point
ces trois quarts de caractères qui sont phonétiques et ce quart qui ne l’est pas? à quoi les reconnaitr a-t-on?
Sont-ce les mêmes qui sont tantôt phonétiques et tantôt idéologiques , ou bien existe-t-il entre eux une ligne
tracée de séparation? voilà ce que la Grammaire égyptienne devrait nous dire et ce qu’elle ne nous dit pas.
(a) Ce tableau des caractères hiéroglyphiques, dont la valeur en lettres coptes est incontestablement reconnue au dire
de M. Champollion, pourrait donner matière à bien des discussions. Je ne veux point demander pourquoi le signe figu-
la notation de la voix i ou de la diphthongue ei et ensuite (page 43) celle de l’articulation s; je ne veux pas chicaner
sur les différentes valeurs d’un même signe phonétique comme articulation, car les défenseurs de M. Champollion pour-
raient à toute force le justifier en alléguant les dialectes coptes qui sont confondus dans l’écriture sacrée à peu prés comme
,les dialectes grecs le sont dans l’Iliade. Je me contenterai ipi de faire observer à mes lecteurs que toutes les fois qu’on
parle du copte comme langue antique de l’Egypte, il s’agit d’une langue qui se divise en trois dialectes, savoir : le
confondre, se sont conservés depuis Jacob jusqu’à S. Pacôme. J’adresserai aussi cette petite question aux partisans du
système que je combats : Comment 3H. Champollion est-il parvenu à reconnaître d’une manière incontestable les diffé-
lorsque lui-même est contenu (page 5) que ce sont des formes géométriques ou plutôt des caractères, images d’objets
peu reconnaissables pour nous qui sommes si étrangers à tant de détails égyptiens, et auxquels il n’ose donner aucun
nom en français?
,
xviij PRÉFACE.
« pouvait être lu tout aussi couramment qu’un traité d’algèbre qui offre, comme
« un texte égyptien, un mélange continu de caractères phonétiques et idéogra-
« phiques ».
Comparons :
Dans un traité d’algèbre les mots qui composent la phrase sont séparés ;
dans
espace ne différencie les divers groupes phonétiques qui forment les mots. Dans un
traité d’algèbre les signes dé abréviation et les chiffres ne peuvent jamais être des
lettres; les caractères employés déjà comme figuratifs et comme tropiques dans
un texte sacré peuvent devenir phonétiques dans ce même texte. Les lettres
séparées des lettres qui composent les mots de la phrase, et en outre on pousse
majuscule ou l 'italique; dans les hiéroglyphes rien ne distingue les caractères figu-
ratifs et les caractères tropiques des caractères phonétiques avec lesquels ils sont
mêlés. Or n’est-il pas naturel de penser que là où rien n’est distingué, tout est
ou tout idéographique?
Il est évident, selon M. Champollion, ’que la plupart des homophones furent in-‘
ou en lignes horizontales.
Je ne vois rien d’évident dans tout cela que la nécessité d’expliquer comment il
peut se faire que dans un texte hiéroglyphique où l’on ne trouve pas quelquefois
deux caractères qui se ressemblent, il s’en trouve néanmoins les trois quarts de
ques des Coptes. Si ces homophones avaient été inventés pour cet arrangement
prétendu ,
il
y aurait deux espèces de caractères bien tranchés : caractères affectés
simple inspection des textes sacrés suffit pour le démentir. Cette création dé homo-
phones ne peut donc devoir naissance qu’à l’envie démesurée qu’auraient eue les
pour faire tomber juste une inscription, a soin de proportionner la force des let-
démentir cette hypothèse, car dans les inscriptions verticales on trouve souvent la
dernière ligne qui ne descend pas jusqu’à la fin de l’espace tracé par l’encadre-
ment (2), et dans les inscriptions horizontales on trouve parfois une ou plusieurs
ordre constant n’était gardé dans l’arrangement des caractères phonétiques com-
posant un nom ou les mots d’une phrase. Ainsi, au lieu de placer les caractères
hiéroglyphiques qui composent en copte le nom de Tibère César, les uns à la suite
des autres dans une inscription horizontale, ou les uns sous les autres dans une
inscription verticale, on pouvait, dans l’un et l’autre cas, l’écrire avec les hiéro-
glyphes, à peu près comme si nous l’écrivions ainsi avec nos caractères :
TIB
È
RE
CA
ÉSr (1)
ou de toute autre manière, cela dépendait du goût ou du caprice d’un scribe qui,
pour bien encadrer les caractères, choisissait d’abord ceux qui lui convenaient
dans la série des homophônes, et ensuite les plaçait dans l’ordre qui lui paraissait
textes sacrés. Il faut avouer que les Egyptiens de M. Champollion étaient bien
maladroits.
Pour moi qui ne vois dans tous ces hiéroglyphes que du figuratif et du tropi-
que, je m’explique les différentes positions des caractères sacrés les uns par rap-
deux ou de plusieurs caractères, parvenaient à rendre une idée unique qui, pour
Cette figure
n’est autre chose que la représentation d’un vase destiné à contenir l’eau sacrée,
l’eau du Nil recueillie pendant le débordement; c’est enfin une espèce de bénitier
qui, étant toujours sensé rempli d’eau, exprime tropiquement l’idée d’EAu, le con-
(1) Cette manière d’écrire rappelle la fameuse inscription : Ici est le chemin des ânes.
^ ,
PRÉFACE. xxj
Si l’on place ces deux figures l’une sous l’autre dans cet ordre,
l’eau sous le vase, on indique par là que l’eau, toujours sensée contenue dans ce
même vase ,
s’en est écoulée, et que par conséquent le bénitier est à sec (1).
alors c’est l’eau qui surmonte le vase, qui déborde : ce groupe signifiera inonda-
tion, débordement.
C’est ce qui fait qu’on retrouve si souvent ces deux groupes dans les textes
hiéroglyphiques; car le premier servait à indiquer la rentrée du Nil dans son lit,
ce n’est plus un groupe; ces deux hiéroglyphes signifient eau et Nil, eau du Nil.
\ -yx >
vww\
nous aurons alors Nil et eau, Nil de l’eau, ce qui ne présente aucun sens raison-
nable. Aussi dans les textes sacrés ne trouve-t-on jamais ces deux symboles placés
dans cet ordre; car, pour qu’ils pussent signifier quelque chose, il faudrait tra-
duire le vase par eau, ainsi que le caractère iconographique ce qui ferait alors
eau, eau; eau double. Mais pourquoi employer deux caractères différents lorsqu’il
re
(1) Voir Traité du Zodiaque de Dendérah, l partie, note 12.
xxij PRÉFACE.
Pour rendre cette idée, eau double, les Egyptiens employaient la peinture de
ou bien encore deux caractères iconographiques de l’eau, mais alors toujours pla-
/WvW
On disait en Egypte que l’eau était double lorsque le Nil était à plein bord.
y-
ces vases signifieront eau, eau, eau (eau triple). On disait en Egypte que l’eau
était triple lorsque le Nil était débordé : ces trois vases signifieront donc débor-
dement, tout aussi bien que le vase seul surmonté du caractère iconographique
de l’eau. Horus-Àpollon nous dit (1) que les Egyptiens notaient l’idée de débor-
dement en peignant trois vases; il pouvait ajouter que cette même idée était sou-
vent rendue aussi par trois ibis, trois crocodiles, ou trois caractères iconographi-
ques de l’eau.
Veau. C’est ainsi que le débordement est indiqué dans le Zodiaque circulaire de
Dendérah par les hiéroglyphes placés devant le premier génie de la Balance (1).
ibis
|
JL. alors.
étoile
Dans ce même Zodiaque le plein bord du Nil se trouve désigné par deux vases
devant le troisième génie de la Vierge. Ici, au lieu de deux vases ronds et vus de
côté, on a représenté le plan de deux vases carrés, dans lesquels on figure ordi-
mais que la petitesse des hiéroglyphes a fait omettre dans cette circonstance ;
f
est (phonétique) est.
ik étoile alors.
(1) Les hiéroglyphes placés devant les génies du Zodiaque circulaire de Dendérah sont la notation
idéographique des paroles que prononcent ces mêmes génies; c’est ainsi que dans nos vieilles estampes
les paroles que débite un personnage sont écrites dans une flamme qui sort de sa bouche. Quoique le
(2) Dans le Traité du Zodiaque de Dendérah, où j’ai donné déjà la traduction de ces hiéroglyphes,
j’ai pris pour un bihoreau à manteau noir, ardea nycticorax, de Linnée, cet aigle d’Abyssinie. Je m’em-
presse de reconnaître mon erreur et d’expliquer ici pourquoi cet aigle est le symbole de l’abîme. Les
Egyptiens appelaient Abym ou Abys l’eau éternelle, infinie ,
et principe de tout, dans laquelle ils suppo-
saient le monde plongé. (
Voyez SYSTÈME DU MONDE ). Ils plaçaient les sources du Nil (
voyez NIL ) à
la cataracte du sud , c’est-à-dire à l’une des ouvertures du ciel de cristal qui correspondent aux quatre
points cardinaux. Ils s’expliquaient le débordement du Nil au solstice d’été, par l’attention que Dieu
avait de lever tous les ans à cette époque la pèle céleste pour donner issue à l’eau de Y Abym, qui conte-
nait de toute éternité les germes créateurs, lesquels en se déposant sur le sol de l’Egypte fécondaient
,
xxiv PRÉFACE.
Ce que je viens de dire doit faire comprendre que ce n’était point le caprice
combinaison des caractères idéographiques pour exprimer une idée unique consti-
tue dans les textes égyptiens la grande difficulté pour les comprendre ;
et il m’ar-
Si toutes les difficultés que présente le système Champollion pour lire les hiéro-
glyphes se bornaient là, on pourrait encore ne pas trop se récrier; mais « (1)
« comme la plupart des voyelles médiales sont habituellement omises dans les
outre « (2) on avait contracté l’habitude d’omettre souvent les voyelles I et E qui
« terminent une foule de mots de la langue égyptienne, telle qu’elle a été écrite
cette terre sacrée, Piert (voyez Sphinx). Osiris, Apis, et Abym, sont une et. même chose : c’est la
grande mer qui enveloppe le monde; aussi disait-on que le Nil était un écoulement d’Osiris (a).
L ’ aigle d’Abyssinie, oiseau qui s’élève le plus haut dans les airs ,
et qui, pour me servir des expres-
sions poétiques des Egyptiens , effleure de ses ailes étendues le cristal azuré du ciel et boit l’eau pure de
V Abym pour conserver son immortalité (6); l’aigle devint le symbole de Y Abym, d 'Apis (c), et d’Osiris.
seau qui le porte; Aig, eau, l, élevée ou divine (eau du ciel). Les Latins appelaient Y aigle, aquila
racine l
re
,
aqua ,
eau. Diodore de Sicile ( d ) nous apprend que le Nil ,
qui était un écoulement de Y Abym
(a) Plutarque ,
Traité dTsis et d’Osiris.
(b) Inscription du grand aigle au temple d’AiG à Esné. Cette inscription explique le proverbe Aquilœ senectus qu’on
appliquait aux vieillards qui conservaient leur vigueur en buvant beaucoup. Voyez Y Hautontimorumenos de Térence et
(c) C’est pour cela que sur les représentations d’Apis les Egyptiens gravaient un aigle. Voyez Caylus, Antiquité
égyptienne, tome 1 er ,
planche xii.
(
d) Liv. 1, chap. 36.
,,,
PRÉFACE. xxv
« par les Coptes (1) », comment saura-t-on précisément quelles seront les voyelles
besoin qu’il en a pour trouver un sens quelconque clans les textes hiéroglyphiques
qu’il prétend traduire; il s’appuie par analogie sur la méthode des hébraïsants
modernes qui, ne voyant que des consonnes et des aspirations dans un texte hé-
breu non ponctué, le lisent selon la tradition des Massorettes. Mais est-il bien
certain que les rabbins sachent lire l’hébreu? ne paraît-il pas absurde qu’un texte
ait jamais pu être écrit sans voyelles, et qu’enfin, lorsque certaines voyelles se
trouvent omises, il n’y ait pas eu un motif qui les ait fait omettre, et par suite
une méthode facile et certaine pour les substituer dans la lecture (2)? Abandon-
(1) M. Champollion prétend (Introduction, pageix) que les voyelles médiales ne furent substituées
dans les textes qu’après l’adoption de l’alphabet copte qui remplaça les caractères hiéroglyphiques
lorsque les Egyptiens eurent embrassé le christianisme; alphabet qui, d’ailleurs, n’est autre que l’al-
bétique avant l’adoption des caractères coptes; c’est ce qui résulte du travail consciencieux de ce savant
de deux cents ans avant l’ère chrétienne. M. de Sacy, en recherchant les groupes de caractères qui
dans ce texte ,
devaient correspondre à peu près aux noms propres qui se trouvent dans le texte grec
et en comparant les lettres informes de l’écriture vulgaire des Egyptiens avec les lettres hébraïques,
est parvenu à retrouver dans ce texte infernal les noms d'Alexandre, d'Alexandrie, de Ptolémée
d'Arsinoë, et d'Epiphane, le tout sans aucune omission de voyelles médiales. C’est pour n’avoir pas
après lui ,
M. Ackerblad , se sont vus arrêtés dans la lecture du texte intermédiaire de l’inscription
de Rosette. Quant à M. Champollion , avec l’absence des voyelles et beaucoup de ca/actères symbo-
liques, il est parvenu à lire ce texte couramment : on peut voir un échantillon de son savoir-faire,
page oè»7.
(2) Quoique ce ne soit point ici le lieu d’exposer et de justifier la méthode que j’emploie pour la
lecture d’un texte hébreu; comme je donnerai dans les notes de cet ouvrage plusieurs mots hébraïques
hiéroglyphiques, je pense qu’il ne sera pas inutile de faire entrevoir à mes lecteurs le motif qui fit
omettre par les Hébreux certaines voyelles médiales dans les textes, et le moyen que j’emploie pour
les restituer sans avoir recours à l’ imbroglio massorétique. Et d’abord je commencerai par déclarer que
je partage l’opinion des savants qui, depuis Origène jusqu’à l’abbé Barthélemy, ont reconnu des
voyelles dans l’alphabet hébreu ;
je diffère seulement avec eux sur le nombre ,
car je n’en compte que
D
xxvj PRÉFACE.
nant cette difficulté, je demanderai encore pourquoi l’absence des voyelles mé-
diales dans les mêmes mots écrits en caractères phonétiques dans les textes sacrés
cinq :N,i,n,’,y,A,u,E,i,o;et pour cette lettre n que ces mêmes savants prétendent corres-
pondre «à l’e muet, je la considère comme correspondant parfaitement à notre aspirée, h. Maintenant
Je tâcherai ici d’être d’accord avec le bon sens, puisque je n’ai pas le bonheur de l’être avec S. Jé-
rôme (ci).
est donc inné chez lui. Croire que ses idées sont les meilleures, vouloir les faire adopter par tout le
monde, chercher tous les moyens possibles pour les éterniser, c’est une manie qui fut, est, et sera.
Avant l’invention de l’imprimerie, pour que les idées écrites fussent conservées et répandues on les
gravait sur marbre et on les exposait sur la voie publique : car alors la solidité de la matière et l’expo-
pendieuse et demandait beaucoup de temps. Aussi les auteurs d’autrefois, quoique bavards, selon toute
probabilité, comme ceux d’aujourd’hui, furent-ils forcés de rendre leurs idées avec le moins de mots
possibles; de là le style concis et par suite sentencieux de l’antiquité (b). D’un autre côté, pour ména-
ger encore la dépense . on abrégea certains mots lorsqu’on présumait que les premières lettres qui en-
traient dans leur composition, ou même les seules initiales, suffisaient pour les rappeler à l’esprit du
lecteur. Ce sont ces abréviations si fréquentes sur les monuments antiques de la Grèce et de l’Italie que
Parmi les différents modes d’abréviations il en est un surtout dont on ne tient pas compte, mais qui
Comme une consonne ne peut être exprimée qu’avec le concours d’une voyelle, on en affecte une à
chaque consonne pour la dénommer, en la plaçant soit avant soit après. Ainsi la lettre D est appelée
dé; celle-ci, F, est appelée ef, etc. Lorsque dans un mot une consonne est précédée ou suivie d’une
*
(a) Ce saint personnage qui reconnaissait des voyelles dans l’alphabet hébreu pensait que l’absence de voyelles médiales
dans certains mots provenait de ce que ces mêmes mots avaient été prononcés différemment selon les temps et les lieux,
et que cette diversité de prononciation était précisément ce qui avait fait adopter la méthode de ne pas écrire les voyelles
douteuses, laissant ainsi à chaque peuple la faculté de les substituer selon l’usage établi chez lui. (Voyez S. Jérôme,
lettre 126 ).
(b) Du temps de Ménandre, cette mode de graver et d'exposer des sentences sur la voie publique et surtout dans les car-
refours des bourgades d’Athènes existait encore; aussi, comme le remarque fort bien M me Dacier, dans sa traduction
de Plaute, le type du campagnard était-il de débiter des proverbes et des sentences à tout propos.
que possède Bordeaux dans une salle ténébreuse où ils sont entassés pêle-mêle, fut arrêté par une inscription française
abrégée que nous trouvâmes sur un monument placé devant la boutique d’un fabricant de tombeaux funèbres.
; ,
PRÉFACE. xxv ij
ne se trouve pas constante comme dans les mêmes mots écrits avec les caractères
hébraïques dans la langue d’Israël? car, selon M. Champollion, tantôt on les voit
chaque consonne est suivie précisément de la voyelle qui lui est affectée ,
si l’on voulait écrire ce mot
avec le moins de lettres possibles, on pourrait se borner aux trois consonnes DCD (a). Le mot OCCUPE ne
pourrait s’abréger que de cette manière OCCUP. : Il ne faut pas confondre ces abréviations avec les jeux
Les Grecs employaient parfois ce mode d’abréviation. On trouve souvent le nom d’Alexandre écrit
ainsi :
AlsEXîANAM
ALEXANDRS.
à la consonne P (R) ,
on voit évidemment qu ’Alexandrs est ici pour Alexandros (b).
Ce mode d’abréviation, assez rare chez les Grecs et les Latins, était très-usité chez les Orientaux, et
(
le papyrus étant fort cher) fut employé dans l’écriture courante comme dans celle des monuments.
Exemple : La voyelle N, qui correspond à notre A, était appelée par les Hébreux alef (al, grande ef,
voix), et par les Grecs alpha, nom qui, décomposé par les racines de la langue sacrée, donne la même
signification. Pour écrire le nom de cette voyelle en hébreu on ne se sert que de trois lettres : tfitt (ALF)
et on le prononce comme s’il était écrit ALEF. La voyelle manquante est précisément la voyelle n (E)
affectée par les Hébreux à la consonne s (F); voyelle qu’ils faisaient précéder lorsqu’il s’agissait de dé-
Un autre exemple servira à montrer la différence de mon système avec celui des hébraïsants, qui adop-
Les Egyptiens appelaient le Dieu unique, le seul que reconnaissaient les initiés, d’un nom qui a tra-
() A\i milieu du pont de Bordeaux, sur les deux terre-pleins des parapets, on trouve écrit en mosaïque les initiale* du
nom de l’ingénieur qui a présidé à sa construction : M. Charles Deschamps. Aussi disait-on en plaisantant : Le pont de
Bordeaux n’est pas solide, car il a déjà cédé au milieu. CD.
() A l’époque où ces abréviations étaient en usage, les lettres doubles n’étaient pas connues. Aussi X2 est-il dans le
un tableau d ’Herculanum. A l’époque où remonte l’inscription que nous avons citée, l’oméga (œ) n’était pas non plus
usité; ainsi la consonne P (R) était dite j>o, et non pas p», comme dans nos grammaires. De la différence de voyelle
affectée à la consonne R chez les Grecs et chez les Latins, et de la position de ces mêmes voyelles, provient la différence
de la prononciation finale de ce nom chez les deux peuples : Alexandros et Alexander, qu’on écrivait primitivement
Alexanders, la consonne R étant appelée er par les Latins, comme dans nos écoles. Les Celtes, qui l’appelaient re,
xxviij PREFACE.
et tantôt on ne les voit pas; ainsi le nom de Bérénice se trouve écrit dans un
Un homme accroupi, les mains tendues vers le ciel, est l’image de l’homme qui prie , et se traduit par
homme priant; l’épervier, symbole de l’élévation et par suite du Très-Haut, se traduit par Dieu; un
lièvre, symbole de l’audition (b), se traduit par écoute : ces hiéroglyphes doivent donc se traduire par
Homme priant Dieu éeoute et comme lorsqu’il s’agit de Dieu, qui est la ronté par excellence, écouter
est synonyme d’exaucer, nous traduirons ces hiéroglyphes par
Dans l’abréviation des symboles, au lieu de peindre un épervier tout entier pour transmettre hiéro-
glyphiquement l’idée d élévation ou de Dieu, on se contenta de peindre une
’
aile d’épervier, l’aile éten-
due de cet oiseau étant précisément ce qui lui donne la faculté de s’élever dans les airs. Une aile
d’épervier devint donc dans la suite, comme l’épervier lui-même, le symbole de l’élévation et de Dieu.
En Egypte on rappelait un précepte aux initiés en leur rappelant seulement le nom des objets qui
servaient à le peindre hiéroglyphiquement, et cela pour que les profanes ne pénétrassent pas l’idée vé-
ritable enveloppée dans l’écriture mystérieuse. C’est ainsi que les préceptes de Pythagore, élève des
prêtres égyptiens, ne peuvent être compris que de ceux qui connaissent la valeur des symboles qu’il
rappelle ,
comme Ne : vous asseyez point sur le boisseau, ne plantez pas de palmier, etc. (c). Ainsi , lors-
qu’on disait que les Thébains ne reconnaissaient d’autre dieu que le Cnef (d ,
c’est-à-dire l’aile d’oiseau
ou d' épervier, comme cette aile d’épervier est le symbole du Très-Haut, du Dieu unique ,
c’est comme si
Ton avait dit : Les Thébains ne reconnaissent qu’un seul Dieu, TEtre Suprême. Or Plutarque nous a con-
(«) Ces hiéroglyphes se trouvent gravés sur la plinthe d’un Apis en bronze ayant appartenu à Caylus et font partie
d’une inscription qu’on trouve, Antiquité égyptienne, tome vi, planche iv, fig. 11, dont le sens total est: Homme vic-
time, sa voix juste qui coule vers Dieu s’élève. Homme priant Dieu écoute; en d’autres termes: Le cri de l'innocence
persécutée s’élève vers Dieu, et Dieu exauce sa prière. Ces hiéroglyphes calqués sur la planche de Caylus sont ce que
M. Champollion appelle hiéroglyphes réduits, qui, dans tous leurs détails, se trouvent ainsi rendus en s£ns contraire sur
(b) « Lorsque les Egyptiens veulent rendre l’idée d'ouïe avec leurs caractères hiéroglyphiques, ils peignent un lièvre ».
(
Plutarque, Propos de table, liv. iv, 5 e question ).
(c) Aussi Plutarque dit-il (Traité d’Isis et d’Osiris) que les préceptes de Pythagore sont en tout semblables aux hié-
cartouche (l) Brnice et dans un autre (2) Bernic, le tout avec variation d’homo-
phônes.
« puisqu’un très-grand nombre de mots égyptiens, étant formés des mêmes con-
te sonnes disposées dans un ordre semblable, expriment cependant des idées très-
« différentes ».
ensuite estropié ce nom sur les abraxas en l’écrivant en caractères grecs KNUPHI (a) ,
parce qu’ils ont
substitué, non pas les voyelles hébraïques affectées aux consonnes j (N) et (F) par les Egyptiens, et
qui sont l’une et l’autre n (E) précédant la consonne (b), mais bien les voyelles affectées par les Grecs
Tous les savants qui se sont évertués à chercher sous quelle forme les Egyptiens représentaient leur
dieu Cnef ou Knuphi ne se sont jamais avisés de le représenter sous la forme d’une aile d’oiseau. Et ce-
pendant , s’ils avaient fait attention que sur les abraxas où sont représentées une ou trois ailes unies on
trouve presque toujours sur le revers le nom de Knuphi écrit en grec, ils auraient pu arriver par là au
véritable symbole du grand dieu des initiés. Ainsi s’évanouit la fameuse étymologie de Koclier, qui fait
dériver le nom de Cneph ou Cnuphis du copte flQïqj (noufi) (bon), auquel il joint le X article (cl) :
(a) KNOY4>L
(b) Cnef se prononce absolument comme s’il était écrit KENÉF ou QÜENÉF. Je n’ai pas substitué la première voyelle
parce que je voulais me trouver d’accord lettre pour lettre avec Plutarque, et en outre, comme je fais correspondre la
lettre hébraïque 3 à notre consonne c, j’aurais craint que mes lecteurs ne prononçassent cenéf, comme s’il avait été écrit
senéf.
(c) La consonne N s’appelle vu ou va en grec (nu). IJ ne faut pas croire que « soit une diphthongue, écrite ainsi par
abréviation pour ou; c’est une lettre antique correspondant parfaitement à notre voyelle u, prononcée, il est vrai, ou,
comme chez les Italiens. C’est ce qu’attestent les inscriptions de Lacédémone ;
et pour la consonne elle s’appelle <?i (phi).
(d) De elymol. nominum Cnuphis aliorumque, apud Miscellan. observât, nov. T. u, pag. 70.
XXX PRÉFACE.
« (1) Le premier semble avoir été d’affecter tel caractère de son, plutôt que ses
« autres homophônes, à la notation spéciale de tous les mots qui, dérivant d’une
tif; mais voici une quatrième classe de caractères qui vient encore compliquer le
système déjà si obscur des Egyptiens. Je ne parlerai pas du premier moyen em-
ployé pour fixer l’esprit du lecteur sur la valeur des mots devenus amphibologiques
par l’absence des voyelles médiales et finales, moyen dont l’existence n’est qu’une
l’inutilité, pour ne rien dire de plus, des nouveaux caractères que l’auteur appelle
caractères déterminatifs. Et pour cela on n’a qu’à s’adresser cette question : Pour-
quoi les Egyptiens qui avaient une multitude de caractères notant les voix omet-
taient-ils parfois les voyelles dans leur écriture phonétique? évidemment c’était
pour abréger cette même écriture ou pour arranger leur texte d’une manière sy-
métrique. Mais lorsqu’un mot écrit avec les consonnes seulement pouvait présenter
pas les voyelles qui auraient positivement fixé le sens du mot, plutôt que d’inventer
d’une manière très-claire ce qui était exprimé d’une manière obscure avec les
Dans la seconde on manquait le but pour lequel on avait inventé les caractères
omises, rien n’indique qu’on se soit jamais avisé d’employer des mterminatifs pour
en faciliter la lecture : les Massorettes ont tout bonnement mis des points-voyelles
toutes les fois qu’ils ont cru devoir fixer la prononciation d’un mot à leur
manière.
quoi donc des déterminatifs dans cette circonstance ? ce ne peut être que pour le
remplissage.
Ce qu’on trouve de plus curieux dans tout le système, ce sont les noms pho-
nétiques abrégés (2). Dans ces abréviations non-seulement les voyelles manquent,
mais encore la plupart des consonnes sont omises; quelquefois même une seule
voyelle ou une seule consonne suffit pour rendre un nom qui, sans abréviation,
aurait nécessité, pour être transcrit, une certaine quantité de caractères phonéti-
ques, même en omettant les voyelles médiales et finales; et cependant dans cette
« abréviations qui existent en grande abondance dans les textes de toutes les épo-
« ques », ont été d’une immense ressource pour M. Champollion, toutes les fois
lion, qu’on essaie, comme M. Arago (2), de composer les hiéroglyphes de la langue
française en suivant le système prétendu des Egyptiens que pour chacune des
;
figuratifs, comme serait, par exemple, la balance, qui noterait phonétiquement l’ar-
veut, comme serait un taureau pour peindre la force, un âne pour peindre X entê-
noter figurativement toute idée d’un objet qui peut être rendu par la peinture
lidèle de ce même objet : deux hommes qui se seraient bien entendus à cet
égard et qui auraient étudié pendant dix ans leurs conventions, lors même que
dans leur écriture ils sépareraient toujours le tropique, le figuratif, et le phoné-
tique, s’ils avisaient de vouloir correspondre entre eux avec cette même écriture,
vient qu’il sera permis d’omettre ou de ne pas omettre tout ou partie des voyelles
médiales ou finales, si l’on ajoute, pour éclaircir cette manière d’écrire, des ca-
ractères déterminatifs qu’on pourra mettre ou omettre à volonté, si l’on écrit les
PRÉFACE. xxxiij
mots rendus avec ces hiéroglyphes phonétiques tantôt en plaçant les mêmes hiéro-
glyphes à côté les uns des autres, tantôt au-dessous les uns des autres, et le plus
souvent partie à côté et partie au-dessous dans un même mot, si les groupes de
caractères phonétiques qui composent les mots ne sont point séparés les uns des
d’abréviations seulement :
quoique ici les bases de cette écriture soient bien
donne que des aperçus, je maintiens qu’il n’existe pas d’homme dont la tête soit
avoir existé.
M. Champollion ,
se voyant arrêté dès les premiers pas lorsqu’il voulut appliquer
son système à la lecture des hiéroglyphes, fut obligé d’abord de lui donner de
de lui donner une élasticité telle qu’on peut avec ce système faire dire aux hiéro-
glyphes, à peu près comme au son des cloches, tout ce qui vient dans l’imagina-
tion. M. Champollion a fait comme Ptolémée : cet astronome ne pouvant avec son
bandonner, il lui adjoignit les épicycles qu’il combina, entassa, multiplia, entre-
croisa, pour expliquer les différentes marches des astres retardataires; et il finit
enfin par faire de ce même système un véritable chaos qui justifie la plaisanterie
d’Alphonse (1).
E
,
xxxiv PRÉFACE.
lisait pas les hiéroglyphes, et que par conséquent il ne peut pas nous les faire lire.
figure (1)
6
comme notant l’articulation P (R) (2), et cela parce qu’elle est la représentation
d’une larme qui se dit en copte piUG. Je ne conteste pas que cette figure n’ait
beaucoup de rapport avec les larmes argentées qu’on place sur les catafalques et
sur les draps mortuaires, mais était-ce bien une larme que les Egyptiens voulaient
larme prétendue :
M. Champollion, qui ne s’est point avisé d’en faire un lacrymatoire, nous dit que
c’était un vase en terre cuite « dont la destination fut de contenir des matières so-
« lides, telles que des pains, des viandes, des fruits, etc. ». Notre première figure
n’est donc plus ici une larme, qui n’est pas une matière solide, c’est alors un pain,
un fruit ,
ou un morceau de viande. Page 53 nous trouvons une figure
a ces deux consonnes liquides s’échangent d’habitude l’une pour 1 autre », et qu en hiéroglyphes on
que M. Champollion appelle un encensoir (1), et dans laquelle se trouve une larme,
peut être ici que la représentation de la fumée. Or, puisque « (2) le principe fon-
« voix ou une articulation par l’imitation d’un objet physique dont le nom en lan-
ce gue égyptienne parlée avait pour initiale la voix ou l’articulation qu’il s’agissait
tendue larme une valeur incontestable comme lettre, puisqu’il ne savait pas au
placée sur le fourneau d’un encensoir, est toujours peinte en jaune dans les textes
coloriés (3). Ce que je viens de dire ici pour l’hiéroglyphe qui noterait l’articula-
tion P (R) dans l’écriture primitive des Egyptiens je pourrais le dire de presque
toutes les figures qui entrent dans le tableau dont nous a gratifiés M. Champollion ;
donc, la classe des hiéroglyphes les plus importants pour la lecture des textes sa-
i
crés lui étant totalement inconnue, il s’ensuit que M. Champollion ne pouvait pas
les lire. MM. les Professeurs de collèges, qui pour la plupart enseignent ce qu’ils
ne savent pas, pourraient bien m’objecter que ce n’est pas un motif pour que
M. Champollion ne puisse pas nous enseigner à les lire : à cet égard je m’en ré-
haute admiration.
Enfin admettons, pour en finir, que la valeur comme lettre des hiéroglyphes
tablement reconnue, ainsi que la vérité du système, j’en reviens toujours à mon
Modius.
xxxvj PRÉFACE.
dire : M. Champollion ne pouvait pas lire les hiéroglyphes, car il s’y prenait au
rebours. « On reconnaîtra, dit cet auteur (1), dans quelle direction marchent les
« sont tournées les têtes des figures d’hommes et d’animaux ou les parties saillantes,
« anguleuses, renflées, ou courbées, des objets inanimés qui font partie de l’ins-
« cription », et, cette observation faite, on doit, selon lui, lire l’écriture sacrée
de droite à gauche lorsque les têtes des figures d’hommes, d’animaux, ainsi que
les parties saillantes, anguleuses, etc., sont dirigées vers la droite, et de gauche
à droite lorsqu’elles sont dirigées vers la gauche. Dans les textes sculptés et dans
Pour comprendre ici que notre auteur se trompe il n’est pas nécessaire de savoir
Il semble que ,
contradictoirement à l’opinion bien arrêtée de fauteur de la
Grammaire égyptienne, il est naturel de suivre dans la lecture des textes sacrés
Voyons si, jugeant par analogie, cette présomption ne se transformera pas en cer-
titude.
Je suppose d’abord, pour bien être compris, qu’il s’agisse de faire déterminer
sens dans lequel on doit lire l’écriture sacrée des Brahmes ou les inscriptions an-
tiques de la Chaldée : la seule inspection des manuscrits suffira pour la fixer à cet
égard. En effet, comme elle trouvera nécessairement quelques lignes qui ne seront
pas remplies, voyant dans le chaldéen que les portions de lignes écrites sont à
droite, elle en conclura que ces caractères ont été écrits en allant de droite à
gauche, comme l’hébreux ou l’arabe, et que par conséquent on doit lire le stran-
gèle comme on lit la plupart des écritures orientales; pour le sanscrit, comme les
portions de lignes se trouvent à gauche, elle en conclura par cela même qu’on l’a
écrit et qu’on doit le lire dans le même sens que le grec et le français. Il en serait
de même pour toutes les écritures, tant anciennes que modernes, s’il s’agissait de
Et maintenant ,
si nous trouvons un texte hiéroglyphique disposé en lignes ho-
rizontales et dans lequel une ou plusieurs lignes ne sont pas remplies (chose assez
rare, mais qu’on peut trouver (1) ), la portion écrite de ces mêmes lignes se trouve
être à gauche lorsque la direction des figures est à droite, et à droite lorsque les
figures sont profilées à gauche ; d’où nous pouvons conclure par analogie que l’on
doit lire les textes hiéroglyphiques dans le sens indiqué par les figures, ou, pour
Dans les textes en colonnes verticales, pour s’assurer que le principe est vrai,
on n’a qu’à jeter les yeux sur les tables hiéroglyphiques du Zodiaque de Dendérah.
On concevra tout d’abord que la lecture de ces tables doit commencer par la plus
grande colonne, celle qui est la plus près des différentes figures d’ER (2), attendu
dernières l’espace tracé par l’encadrement laisse apercevoir des vides à la fin. Or,
dans ces différentes tables, la direction des figures s’accorde parfaitement avec
(2) Les figures de femmes qui soutiennent le Zodiaque circulaire de Dendérah sont la représentation de
l’élément de I’Air , du genre féminin en langue sacrée et en langue égyptienne. Voir Traité du Zodiaque
re
de Dendérah ,
l partie , note 5.
(5) En dehors des colonnes de la quatrième table du Zodiaque circulaire de Dendérah on trouve des
,
xxxviij PRÉFACE.
cien (1). Peu importe, disent ses partisans, puisqu’il est fondé sur le granit de
Rosette.
amener un homme, quel que fût d’ailleurs son génie, à la lecture et à l’interpré-
tation de tous les textes sacrés, et par suite à la création d’une Grammaire égyp-
tères soient perdus : on retrouve un monument bien conservé sur lequel est inscrit
mot à l’inscription grecque, ce qui fait supposer par analogie que l’inscription hé-
braïque correspond aussi mot pour mot aux deux autres, eh bien, je le demande,
pourrait-on avec ce monument parvenir à lire et comprendre tous les textes bi-
tion latine (2), s’il manque sur le monument mutilé un bon tiers du texte hébreu (3),
à la première table et en font partie. Dire pourquoi on les a mis là au lieu de les mettre à la suite de la
tème. Il n’y a que la prétendue interprétation d’un obélisque par un maladroit faussaire (a) qui vienne
(2) La position des noms propres dans le texte démotique de l’inscription de Rosette ,
comparée à la
(3) Un bon tiers du texte hiéroglyphique manque dans la célèbre inscription de Rosette.
(a) Cette traduction nous a été conservée par Ammien Marcelin. « Il est aisé de voir que l’imposteur maladroit qui a voulu
« faire croire qu’il entendait et traduisait les hiéroglyphes d’un obélisque, Hermapion n’a fait qu’adapter à un ancien
« roi et copier le style emphatique, les protocoles, les formules ordinaires, la langue des inscriptions bien postérieures
« consacrées à la gloire des Ptolémées : c’est comme si l’on donnait à Pharamond les titres de Louis XIV. Cette prétendue
« traduction est faite à plaisir, et aussi fausse que l'inscription égyptienne d’Osiris, rapportée par Théon de Smyrne,
J’ai dit et je crois avoir prouvé que M. Champollion n’entendait rien aux hié-
roglyphes. Je prouverai aussi jusqu’à l’évidence, dans le corps de cet ouvrage, que
mes de certains caractères sacrés pour donner une apparence de vérité à ses tra-
que leur créateur laissait vagabonder son imagination pour trouver des phrases
(1) M. Champollion qui parle (Introduction, page viii) des phrases incohérentes de Kircher, remplies
de mysticisme à la fois ridicule et obscur, traduit ainsi une portion de ce qu’il appelle la dédicace du grand
L’Horus femelle, le soutien de son père, l’aînée fille du mari de sa mère, Amon-Ra.
Harsaphès.
Celui qui décore Thèbes, comme la montagne solaire du ciel, par des monuments considérables.
Qu’entendait-on par cette montagne solaire du ciel?
Sur le temple d’Edfou il retrouve cette inscription relative au dieu Hath que je n’ai pas l’honneur de
connaître (c) :
Glorification au dieu Phré, l’âme vivante d’Osiris, dame vivante de la maison Thentamoun.
N’est-ce pas se moquer du public?
Si l’on doit juger de la clarté et de l’importance des textes sacrés pour l’étude de l’histoire et de la
même patron, il faut avouer que c’est bien vouloir perdre son temps que de s’occuper de l’étude des
hiéroglyphes.
Pauvres Egyptiens, ce n’était pas assez que Cambyse livrât aux sables du désert
la terre sainte sur laquelle doit reposer le trône lumineux d’iEsou lorsqu’il viendra
juger les vivants et les morts, il fallait encore que, sans égard à la cherté du
« les longues inscriptions sculptées sur les murailles du palais des rois, et contenant le détail circonstan-
« cié des expéditions militaires, le poids des pierreries et des divers métaux imposés à l’ennemi ,
l'enu-
« mération des animaux domestiques, celle des denrées et des objets d’art que les pays conquis devaient
« capitale des Pharaons, a donné du contenu de ces textes historiques une analyse surprenante par son
« exactitude. L’historien romain semble avoir écrit en ayant sous les yeux une traduction littérale de
« ces antiques textes :
je les ai retrouvés dans les décombres du palais de Karnac ».
Mais est-il bien certain que ces vénérables prêtres, rusés comme de vieux charlatans, n’aient pas
cherché dans cette circonstance à se jouer de la crédulité de Germanicus pour donner de l’importance à
leur pays et se rendre intéressants en feignant d’expliquer à un héros l’histoire d’un héros imaginaire?
Mox visit ( Germanicus ) veterum Thebarum magna vestigia : et manebant structis molibus litterœ
Ægyptiœ, priorem opulentiam complexæ : jussusque é senioribus sacerdotum patrium sermon em interpre-
legebantur et indicta gentibus tributa, pondus argenti et auri, numerus armorum equorumque ,
et doua
templis ,
ebur atque odores, quasque copias frumenti et omnium utensilium quœque natio penderet, aut
Malgré le certificat délivré par M. Champollion à Tacite, je déclare qu’il ne peut pas exister de pa-
histoire, mais pas du tout : à Solon ils la racontèrent d’une certaine manière (a); à Hérodote c’est tout
inscriptions hiéroglyphiques de monuments, c’étaient toujours des annales manuscrites qu’ils citaient
PRÉFACE. xlj
La terre d’Egypte était appelée Cous (1) par les Egyptiens, et eux-mêmes dans
comme source de leur histoire. Les prêtres de Thèbes ne montrèrent point à Hérodote le palais de
à Hécatée ,
lesquels représentaient trois cent quarante-cinq grands prêtres qui s’étaient succédé de père
en fils (a).
Lorsque Manéthon ,
prêtre égyptien, se chargea, par ordre de Ptolémée Philadelphe, d’écrire l’his-
extraire les faits historiques qu’on prétend y trouver encore relatés? et pourquoi préférait-il se servir
(
Voyez Bélier ).
De tout cela j’en conclus que les prêtres égyptiens se moquèrent de Germanicus, et que M. Champol-
(1) Cous en langue égyptienne D'D (eus) signifie un vase. Or la terre d’Egypte, étant comme un vase
destiné à contenir l’eau pure de l’abym, c’est-à-dire l’eau du débordement, prit le nom de vase par
excellence, et ensuite par extension ce même nom cous (vase) finit par signifier le limon, la terre va-
cous ,
servait à transmettre l’idée de terre (l’Egypte. C’est ainsi qu’on retrouve le nom d’Egypte sur
l’inscription hiéroglyphique de la pierre de Rosette; mais dans les hiéroglyphes du bon temps l’idée de
terre d’Egypte est rendue par une lionne couchée ou par un sphinx (voyez Sphinx).
(2) Cousian, décomposé par la langue sacrée, signifie divin enfant de la terre (cous -terre, i- divin,
an - enfant ) (d).
(c) En grec le mot %*! signifie vase, conge (mesure de liquide), et en même temps peut signifier poussière, terre, et
(d) Ce nom d'enfant de la terre fut le nom adopté par les peuples primitifs pour désigner un habitant de la plaine;
l’habitant des montagnes était dit enfant du ciel. Nos habitants des landes s'appellent encore Cousiots ( ot comme an si-
par Ptolomée et Cossium vasatum par Ausone. Le mot cousin, qui signifie maintenant un parent plus ou moins éloigné,
signifiait primitivement compatriote ou compagnon. Nous appelons indifféremment nos Landais des Cousiots ou des
Parents.
; , ,
xlij PRÉFACE.
c’est en Egypte seulement qu’on peut retrouver les annales de son enfance; car
l’écriture primitive, écriture et langage qu’on retrouve sur les monuments qui ont
bétique qui ,
au moyen de vingt-deux caractères ,
servait à la transcription de la
langue vulgaire des Egyptiens : cette langue, du temps des Pharaons, était ce que
(1) Les premiers chrétiens qui retrouvaient les mystères de leur religion expliqués sur les temples de
figures que les Egyptiens appelaient Marim et Iesou dans la langue mystique, ont été mutilés avec un
ciseau ,
de telle sorte qu’on ne retrouve que la tête des deux personnages, et cela parce que, selon toute
probabilité ,
il s’y trouvait des hiéroglyphes qui auraient pu ,
comme certains abraxas attribués aux
disciples de Basilide, faire reconnaître dans l’ancien collège des prêtres de Tentyris ce qu’on appelle des
hérésiarques.
(2) La Genèse de Moïse n’est qu’une traduction en langue égyptienne vulgaire de la Genèse de Thout.
J’ai trouvé sur un Pi de la Bibliothèque nationale les deux premiers chapitres de la Genèse de Thout,
avec un commentaire expliquant cette même Genèse écrite en langue et en caractères sacrés; aussi
pourrai-je expliquer clairement la fameuse création qui a paru si absurde à tant d’érudits et à S. Augus-
Le mot Egypte, en latin Ægyptus, en grec AirYIITO’S ( Aigyptos) indique, non pas la terre d’Egypte, mais le
fleuve de l’Egypte lorsqu’il est débordé. Homère appelle le Nil Aïywrc;, nom qui ne convient qu’au débordement ,
comme
l’indique sa décomposition Aïy-eau, vit -divine consécratrice t -de la vie ( eau sainte de purification , eau sainte
du baptême ) c’était l’eau pure de l'abym, l’eau du débordement, qui avait la propriété de laver les souillures du corps
et de l’âme. Par extension on donna à la terre que recouvre YAigypt, le nom d’Egypte (voyez Nil). F aigle d’Abyssinie,
que nous avons vu être le symbole de l’abym, était appelé par les Grecs Alyvmôs, dont la racine première n’est pas yv4-,
comme on le prétend dans nos dictionnaires. La constellation de Y Aigle est appelée indifféremment parHesychius Agor
et Aigyptos.
, ,
PRÉFACE. xliij
qui ,
au moyen de vingt-cinq caractères, servait à la transcription de la langue pri-
mitive ou sacrée, conservée par les prêtres dans les mystères (1*).
représenté.
Ces deux dernières écritures sont mêlées sur les monuments sculptés : sur les
et de la langue primitive. Mais ici, pour bien faire comprendre la différence qui
existe entre ces deux écritures qui se confondent dans les textes sacrés, je vais
reprendre une inscription du Zodiaque circulaire de Dendérah que j’ai déjà expli-
quée, et dans laquelle se trouve un caractère de l’écriture sacrée que j’ai désigné
(phonétique) est.
ik étoile alors.
(1) Les prêtres ont toujours eu une langue mystique ou sacrée : la langue vulgaire des Egyptiens devint
(2) Les écritures qu’on retrouve sur les bandelettes des momies contiennent généralement ou le thème
astrologique de l’individu qu’elles enveloppent, ou un certificat de bonnes vie et mœurs pour servir
devant qui de droit à la résurrection générale, ou enfin des invocations magiques pour éloigner le mau-
vais principe ,
c’est-à-dire la corruption du corps qu’elles étaient chargées de conserver sain et sauf
Cette figure
lettres , et qui correspond à notre consonne B. Sur les papyrus cette lettre est
ainsi rendue :
GD CH Nil Nil .
plein bord du Nil.
phallus . génération.
devons prononcer ce mot VIT, nom du phallus en langue sacrée. Les amateurs de la massore le pro-
(a) C’est ainsi que dans nos écoles le nom de cette même lettre, en grec /SSï*, est prononcé BÊTA, tandis que les
Grecs anciens et les Grecs modernes prononçaient et prononcent VITA, racine VIT.
PRÉFACE.
cette lettre est employée pour exprimer l’idée du verbe être dans l’écriture hiéra-
tique.
cette figure
ZI
pour rendre l’idée du verbe être dans les groupes hiéroglyphiques, figure qui n’est
prendre les lettres orientales, et surtout les lettres hébraïques qui ne sont autres
3
(1) Voyez Court de Gebelin ,
Monde primitif, planche tv.
(2) Ibidem.
,
rivj PRÉFACE,
J
ainsi figurée dans les caractères d’Esdras dont se servent encore les rabbins,
n
et enfin réduite à cette forme dans l’hébreu carré (2).
Pour ce qui est des caractères hébraïques, qu’on fait remonter au temps de
Si l’on pouvait avoir quelque doute sur le lien qui unit le ctéis et le phallus, il
serait levé par la lettre B appartenante aux caractères alphabétiques qu’on pré-
cette lettre exprime l’idée de génération et par suite d’ existence, je pourrais encore
invoquer le témoignage des cabalistes qui, ayant conservé quelques idées tradition-
(2) Loco citato planche xv. Les Etrusques se servaient indifféremment de ce caractère et du caractère
grec.
PRÉFACE. xlvij
Sur les papyrus des momies c’est très-souvent la croix ou to non ansé (
lettre
correspondante à notre T )
qui sert à exprimer l’idée d’ existence ou de vie. Cette
Pour donner dès à présent à mes lecteurs une idée précise de la langue et de
raisonner deux racines de cette langue sacrée qui feront comprendre le rapport
Les voyelles, qui seules expriment une voix ou un son, peignent, consi-
dérées seules dans l’écriture sacrée, des idées positives, comme homme, femme,
soleil, etc.
Les consonnes, qui ne peuvent être exprimées qu’avec le concours d’une voyelle,
et qui ne sont pour mieux dire que des signes modifiant des voix, ne peignent,
considérées seules dans cette même écriture, que des idées relatives, comme géné-
homme, soit en face, soit en profil, avec ou sans barbe; c’est l’écriture naturelle.
force de l’âge, et que la peinture d’un homme avec barbe peut se confondre avec
la représentation d’un vieillard, comme celle d’un homme imberbe peut se confondre
re
(1) Voyez Kircher, OEdip. Ægypt. tome n, partie l ,
page 553.
(3) La voix A est le nom onomatopique de l’homme, car c’est la première voix que fait entendre
l’homme en naissant ,
et celle que lui arrache toujours une douleur ou une joie : c’est ce qu'avait entrevu
Lamprias ,
aïeul de Plutarque. (Voyez Plutarque, Propos de table
e
2 question).
;
xlyiij PRÉFACE.
avec celle d’un enfant, pour rendre d’une manière précise l’idée d’A (
homme fait
)
on peignit un homme armé, car il n’y a que l'homme fait, l’homme dans la force de
l’âge, qui puisse porter les armes, et par conséquent cette représentation ne pou-
vait plus se confondre avec celle d 'enfant ou de vieillard c’est l’écriture naturelle
perfectionnée.
Pour abréger, au lieu de peindre un homme tout entier avec ses armes, on se
contenta, pour rendre l’idée d’A, de peindre une tête d’homme casquée; c’est l’écri-
fait.
C’est du casque ou coiffure militaire des différents peuples que dérivent les dif-
férentes formes adoptées par eux pour rendre l’idée d’A, comme on pourra s’en
mon Etude de la langue sacrée. Ici je prie mes lecteurs de vouloir bien me croire
a
dérive du casque à cimier
(,
1
réduit au simple trait.
,
PRÉFACE. xlix
Si dans les hiéroglyphes on trouve la figure d’un homme suivie de celle d’un
par extension I’inventeür, celui qui invente, qui crée. Ce même groupe peut signi-
Si au lieu des figures symboliques nous substituons les lettres qui en dérivent,
ab
qui signifie en langue sacrée : père, inventeur, chef, maître, et seigneur (1).
on traduira ce groupe par génération de l’homme, ce qui est engendré par l’homme,
î’enfant, et par extension tout ouvrage fait par la main de l’homme. La racine
ba
signifie en langue sacrée enfant, fils, petit (2), faible, esclave, et par extension
Dans mon Traité du Zodiaque de Dendérah (4) j’ai donné une idée de l’origine
Si dans un texte on trouve la figure d’un homme suivie de celle d’un arc, on
(1) En hébreu 3N (ab) signifie père, chef, maître, et inventeur. La langue hébraïque étant, comme
je l’ai déjà dit, la langue vulgaire des Egyptiens au temps des Pharaons, elle doit nécessairement avoir
conservé mieux que toute autre les racines pures de la langue sacrée.
La racine
ad
signifie voyageur en langue sacrée (1).
da
signifie soleil (2) et cheval (3).
velopper ici d’une manière large et lumineuse les principes qui m’ont amené à la
(2) Dans le culte primitif I’homme s’était mis exclusivement sous le patronage du soleil ; c’était cet
astre qui lui ayant fait le don de l'intelligence dirigeait toutes ses pensées et toutes ses actions. La femme
était sous le patronage de la lune : aussi la voix E signifiant femme dans la langue sacrée ,
De signifie
mouvement de la femme ou lune, comme Da signifie soleil. Diane, nom donné par les Celtes à la lune
nouvelle, est par contraction pour Deian (De -lune, i- divine, an - enfance) , divine enfance de la lune,
la lune vierge. A son premier quartier elle prenait le nom de Déianir (Déjanire), lune nouvelle, mais
avec le soleil. ^
(5) Dans la langue enfantine dada signifie un cheval. Lorsque le fils d’Hyslaspe fut élu roi des Perses
par la ruse de son écuyer qui fit hennir son cheval avant celui de ses concurrents ,
il prit le nom de
Darius en commémoration de l’animal auquel il devait l’honneur d’être assis sur le trône. La première
L’homonymie de soleil et de cheval en langue sacrée fit que le cheval par rébus fut le symbole du
soleil. Aussi sur les antiques médailles des Gaules trouve-t-on toujours un cheval sur le revers des mon-
naies qui portent pour effigie l’image du soleil sous la forme d’un homme à cornes de bélier, et ces
PRÉFACE. lj
(langue sacrée des mystères je tâcherai de lever tous les doutes, aidé par les
tableaux paléographiques ,
car dans cette science nouvelle il faut parler aux yeux
de la langue sacrée, un exemple est nécessaire pour préciser la différence qui existe
entre eux.
Lorsque les premiers hommes voulurent donner un nom aux animaux, ils firent
d’abord ce que font encore les petits enfants : ils imitèrent le cri de ces mêmes
animaux; ainsi, par exemple, un agneau fut appelé bai, ou bei, ou mai, ou mei; ce
rents bêlements de 1’
agneau. Le bélier ayant la voix plus forte, pour distinguer dans
de b aaî ,
beeî, maaî, et meeî, désignèrent le bélier. La lettre L étant une consonne
(1) L’existence de cette langue ne peut pas être problématique : la Genèse nous dit d’une manière
explicite qu'il fut un temps où les hommes n’avaient qu’un seul langage. Platon, qui avait étudié en
Egypte > P^te de cette langue naturelle. Les Pythagoriciens prétendaient que leur maître l’avait étu-
diée ,
et il est hors de doute qu 'Homère en avait connaissance (a).
(2) La voix I en langue primitive signifie Dieu. Pour matérialiser l’idée de Dieu (
le Très-Haut ) ,
les
premiers hommes dressèrent verticalement les troncs équarris des arbres les plus élevés, tels que 1e
chêne ,
le pin , et le peuplier ;
dans la suite on remplaça ces troncs d’arbres par des obélisques de granit :
telle est l’origine des menhirs celtiques dont l’antiquité remonte aux premiers âges. Lorsqu’on voulut
peindre l’idée d’I (Dieu), on figura sa représentation matérielle, un menhir; de là l’origine de la lettre I.
(a) C’est précisément cette langue qu’Homère appelle la langue des dieux et qu'il distingue de la langue des hommes.
Aiya/fflv’ — (
IXiaf . A )
.
« Celui que les dieux appellent Briarée et tous les hommes Egéon ».
Il s agit ic>. du fils de Neptune ou de l’abym, d’Egéon, géant aux cent bras, de la mer dont les fleuves forment les
bras, et qui est fille de la grande mer qui enveloppe le monde; l’eau étant du genre masculin en égyptien et en langue
sacrée. La racine première du nom d'Egéon, en grec Aigaiôn, se trouve être Aig, eau. Pour ce qui est du nom de
Briarée décomposé par la langue sacrée, il signifie forte puissance puissance indomptable, la mer, à laquelle il n’ap-
,
lij PRÉFACE.
au lieu de baaî, beeî, maaî et meeî, on écrivit baal, beel, maal et meel, ou bien
bal, bêl, mal et MÈL, qu’on prononçait cependant baî, beî, maî et meî.
Comme le bélier, chef d’un troupeau, marche toujours à la tête, dans les hiéro-
son nom onomatopique servit à exprimer dans la langue première l’idée de chef, de
maître, et de guide. Aussi baal et beel, qualifications qui précèdent toujours le nom
de la divinité chez les Orientaux (1), correspondent à seigneur dans notre langue.
Maî, le mois de mai, signifie le mois du maître (2); dans le mot maître lui-même
La lettre 1 est une consonne qui peint l’idée relative d’élévation. Son origine est la même que celle de
l’I
(
il ne s’agit ici que de la minuscule latine 1 ;
dans mon Etude de la langue sacrée je démontrerai que
la forme de cette consonne dans les alphabets anciens et modernes est toujours l’abréviation d’un sym-
bole de l’élévation). La lettre 1 est précisément la lettre que les Latins appelaient magna littera, et qui
remplaçait dans leur écriture l’i long lorsqu’ils voulaient marquer la quantité; aussi écrivaient-ils
Cnef ,
l’aile cl’épervier. L ’iouda (’) ,
I égyptien, dérive de la peinture du Cnef , ainsi que le lemda (b) ,
L
égyptien; c’est pour cela qu’on trouve souvent en égyptien (hébreu) le b pour 1’* long, exemple :
btri (tsltsl) signifie cigale les rabbins lisent tselatsal, et moi tsitsî; or, comme tsîtsîiiiiiiitsîiiii est
précisément le chant de la cigale (b), je dis que bitb's est le nom onomatopique de l’insecte chéri des
(1) Baal-Phégor ,
Beel-Zéboub.
(2) On écrivait autrefois : le mois de may. Les Romains appelaient ce même mois maius, du mot majus
pour magnus dans l’ancienne latinité. Ce nom lui aurait été donné par Romulus, si nous en croyons
l’histoire ,
en l’honneur des sénateurs et des nobles appelés majores : toujours est-il que dès la plus haute
antiquité ,
au premier jour de ce mois, les clients paraient de fleurs et de rameaux verts la porte de leurs
patrons, usage qui s’est encore conservé dans nos campagnes, où l’on plante des maïs devant la porte des
autorités constituées. Les anciens considéraient le mois de mai comme malheureux pour le mariage, et
(b) C’est à ce chant, qui consiste dans les différentes modulations de la voix I (Dieu en langue sacrée), que la cigale
doit sa consécration à la divinité et l’enthousiasme traditionnel que les Grecs avaient conservé pour sa musique monotone.
Anacréon a célébré sur sa lyre l’amie des muses, l'élève d'Apollon, la douce prophétesse de l’été; et les nobles Athéniens
portaient, comme signe de distinction, une cigale d’or dans leurs cheveux. Ce sont des cigales d’or qu’on a trouvé dans
le tombeau de Childéric.
, ,
PRÉFACE. liij
la racine première est maî (1). Enfin notre mot mâle, qui désigne le sexe le plus
L’agneau, dont les noms onomatopiques sont bai, bei, mai et mei, ou bal, bel,
blesse ), et de mel, qui en latin signifie miel ( douceur J, racine première de melon
dans notre langue. Toutes les syllabes qui dérivent du nom onomatopique de
I’agneau sont brèves, celles qui dérivent du nom onomatopique du bélier sont
longues ;
c’est ainsi que nous nous rendrons toujours raison de la quantité en re-
Nous venons de voir les noms onomatopiques du bélier, maintenant je dis que
valeur symbolique.
Le bélier est le symbole du chef, du maître, et du guide; toute racine qui, dans
la langue sacrée, signifiera chef, maître, et guide, sera un des noms mystiques du
maîtresse à la maison, ce qui devait nécessairement occasionner des querelles et par suite le divorce;
car les anciens ne voyaient de bonne union que lorsqu’il y avait égalité parfaite de pouvoir entre la
femme et le mari. Aussi les premières paroles de la nouvelle mariée à son époux étaient-elles : Ubi tu
Caius et ego Caia ; là où tu seras maître, moi je serai maîtresse. Aujourd’hui ce n’est plus cela ;
la femme
doit obéissance à son mari (a).
(1) Maî - seigneur, tre -trois fois, trois fois chef, chef suprême. La racine finale tre est par inversion
celtique pour ter : aussi les Celtes disaient-ils tertre pour terter ( terre sur terre, élévation, montagne );
ils disaient encore Jssi pour Isis (
la nature ). La connaissance de la loi des inversions celtiques est de la
plus haute importance lorsqu’il s’agit de décomposer les mots de la langue française avec les racines de
la langue sacrée. Le mot latin magis-ter répond parfaitement à notre mot maî-tre. La racine maî se
retrouve encore dans maison, en latin domus, par la même raison que maî-tre répond à dom-inus.
frapper.
li Y PRÉFACE.
homme grand, le maître, le chef; AL est encore un nom mystique du bélier (3).
AR et AL, qui signifient bélier, sont aussi les noms de la divinité (4), puisqu’ils
démontrerai dans mon Etude de la langue primitive en traitant de l’origine des lettres.
comme je le
le lion étant devenu dans les hiéroglyphes des
En égyptien nu (ari) signifie quelquefois lion,
(2)
agneau ou bélier tire son étymologie du nom mystique AR on : figurait aux trois
crihait la victime (
) ,
même table une tête de bélier décharnée. 11 ne faut pas confondre l’ara avec Yaltare,
angles de cette
grec x,As signifie bélier, et ce nom n’est qu’une contraction de xü,u t, seigneur, maître, chef.
(o) En
seigneur; dans le latin ali-enus, enfant de
dans ALI, qui, chez les Musulmans, signifie
(6) Ce nom se retrouve
primitives, Y étranger, le pauvre, et le
voyageur, étaient con-
Dieu; étranger, parce que, dans la simplicité des mœurs
mœurs hospitalières des premiers âges, qui permet-
sidérés comme sacrés, comme protégés par Jupiter vengeur; de là les
PRÉFACE. lv
signifient seigneur et maître, tout aussi bien que baal, nom onomatopique du bé-
lier. Les racines AR et AL étant synonymes dans la langue sacrée, on peut s’ex-
l’une pour l’autre dans les langues orientales, lorsque ces mêmes consonnes sont
'
précédées de la voyelle A.
simple observation, durent nécessairement précéder les noms mystiques qui sont
symbolique d’un animal quelconque, et qui, pour être fixée, demande une étude
lui-même; puis ce même nom onomatopique servit à rendre l’idée abstraite dont
l’animal était le symbole, avant qu’on ne se fût avisé de créer le nom mystique ;
ainsi baî ou bal signifia bélier et chef, avant que ar ne signifiât chef et bélier. Mais
comme le bélier était plus souvent employé dans l’écriture primitive comme sym-
bole que dans une acception figurative, de là baî ou bal finit par signifier plutôt
chef que bélier : c’est ainsi seulement qu’on peut se rendre raison d’un fait qui
voir, que le premier est presque toujours employé en langue sacrée pour exprimer
une idée symbolique, tandis que le second est affecté à la dénomination de l’idée
sacrée (le taureau étant le symbole de l’eau), tandis que ALEF (grande voix),
(1) Le nom onomatopique du taureau est mô ou mou; dans la langue enfantine le taureau est encore
appelé un wioumou. Le taureau dont les mugissements imitent ceux de la mer, le taureau qui était con-
sidéré en Egypte comme un animal indomptable et le plus fort de tous les animaux, devint le symbole
de l’élément le plus terrible et auquel rien ne résiste, de Veau du débordement de Vabym voy. Apis) (a).
(
(a) Voilà pourquoi on immolait des taureaux noirs à Neptune. Il ne faut pas confondre le taureau avec le bœuf, qui
lvj PRÉFACE.
la langue sacrée. Si l’on voulait chercher l’étymologie raisonnable de tous les mots
qui composent notre langue française, il faudrait connaître toutes les langues
mortes et vivantes, .et une seule peut les remplacer, c’est la langue des mystères.
gloriam civitatis meœ ) avec le gascon (1). Cherchons-] a d’abord avec les racines
Le mugissement du taureau lui valut son nom mystique ALEF (al -grande, ef -voix) (a). La racine
égyptienne la (mu), prononcée mou, signifie eau, l’i (u) étant la voyelle affectée au a (m); d’où in
(mu) dont on a fait ensuite ma (mum), prononcé moum, et qui signifie encore eau, mot qui, vu la
l’écriture hiératique, exprime l’idée relative de force, et se trouve ainsi figurée sur les monuments :
c’est-à-dire par la peinture iconographique de Veau. C’est de cette peinture iconographique que dérive
AA/
et de I’m dont nous nous servons encore.
A/s,
La valeur symbolique du taureau servira à expliquer le mot Bosphore (passage du taureau). Le tau-
reau étant le symbole de la mer, c’est comme si l’on disait passage de la mer.
(1) M. Sédail, à propos de poésies gasconnes, lues dans une assemblée solennelle de l’académie de
Bordeaux, a émis le vœu qu’un dictionnaire conservât cet idiome qui se perd tous les jours, et dans
n’ait pas été prise en considération par Messieurs de l’académie de Bordeaux : on dirait que les corps
(a) en égyptien signifie taureau, héros, et conquérant ; c’est ce qui a fait croire à Court de Gcbelin que la figure
de l'alef U dérivait de la tête d’un taureau. Les Phéniciens, au rapport de Plutarque, appelaient un taureau un alpha
(
Propos de table , liv. ix, question lie). Ce nom mystique entre aussi dans le nom français de l'animal (barrus) dont
le cri est si fort qu’il servit à désigner chez les Romains le cri (barritus que jette une armée au moment de l’attaque,
c’est-à-dire de l’éléphant, racines premières el -grande, EPH-vora:. En égyptien éléphant se dit ^’S (fil), f -voix,
PRÉFACE. lvij
lune (1); bégay signifiera donc fille de la lune c’est-à-dire poule; car, dans l’an-
tiquité, la poule était consacrée à la lune, comme le coq était consacré au soleil.
Or, comme la poule, lorsqu’elle vient de pondre, fait entendre un chant saccadé,
de là vient que nos ancêtres appelèrent bégay (poule) celui qui saccadait les mots
en parlant (2), et de bégay on a fait bégayer et bègue. En gascon bégay signifie poule,
d’où le nom d’une rue de Bordeaux qu’on appelle encore la rue Begayre, parce
qu’autrefois c’était dans cette rue que se tenait le marché de la volaille. Ah!
Je sens que ces quelques notions de la langue sacrée ne peuvent donner qu’une
bien vague idée de langue des mystères, qui sera à l’archéologie ce que la bous-
ture égyptienne qui dérivent les unes des autres, et auxquelles, M. Seguier de
(1) Gay est un nom celtique qui signifie lune. Au sixième jour de la lune ,
lorsqu’on célébrait les noces
de cet astre avec le soleil, les Bardes, dans leurs hymnes, l’invoquaient en l’appelant ô Gay ! excla-
O Gay!
(2) Cet exemple servira à prouver dès à présent ce qu’a dit Platon dans son Cratyle, savoir : que les
noms tirent leur origine de la nature (a), et non de l’arbitraire comme le prétend Aristote dans ses
Catégories. Ainsi, par exemple, mô ou mou étant le nom onomatopique du taureau, qui est le symbole
et enfant , ette signifiera petite ou fille, mouette veut dire fille de l’eau. Dans muet ,
mu pour mou signifie
taureau, et signifie petit et enfant, muet veut dire petit taureau; effectivement les sons inarticulés du
sourd-muet , lorsqiéil est agité par quelque passion violente ,
ressemblent aux mugissements du taureau.
(5) Ce savant a eu la bonté de me confier un manuscrit intitulé : Examen d’un passage du cinquième
livre des stromates de S. Clément d’ Alexandrie , concernant les écritures égyptiennes. Il résulte de cet
examen qu’il est impossible de séparer les trois écritures, qui dérivent les unes des autres, et qui se
(a) rk oyô/uctTx.
,
lviij PRÉFACE.
Mes études sur les papyrus et les monuments égyptiens m'ont amené à recon-
fût attachée; X alchimie fauri sacra famés) a enfanté la chimie, c’est aux souffleurs
que nous devons les principales découvertes dans cette science de faits; et chez
un peuple dont le génie inquiet voulait toujours aller au delà des bornes que Dieu
lui avait assignées, la panacée doit être pour le moins sœur de la médecine (1).
tacherai à expliquer les principaux symboles qui ont trait à Tastrologie seulement,
confondent souvent dans les textes sacrés. Ainsi nous venons de voir qu’un caractère hiératique se trouve
de la pierre de Rosette les noms propres sont en caractères démotiques, tandis que tout le reste du texte
est en caractères sacerdotaux, dits premières lettres.
(1) En Egypte, les savants ne s’occupaient que de la recherche du remède universel; quant à l’étude
de la médecine proprement dite , elle était abandonnée à tout le monde , et tout le monde s’en occupait.
Chez les Egyptiens chacun est savant médecin par-dessus tous les autres hommes, car ils sont de la
race de Pæon, dit Homère, Odyss., chant iv, vers 231 -32. Tous les Egyptiens passent pour être méde-
cins : ovç p Iv y àp
. ’ A.iyuTtziovç 'Kà.vzuç la.zpo\j<; àxovopev elvca, dit Plutarque dans le traité où il cherche à prou-
ver que les bêtes ont l’usage de la raison. Les Egyptiens étaient autrefois dans la Grèce ce que sont
(a) Ils employaient aussi les bains de vapeur dont on se sert encore dans l’Orient. Faire suer, dit un papyrus médical
c’est la conservation de la santé, boire l’or liquide c'est la conservation de la vie. Les Perses considéraient aussi l’eau
et le cresson, qui est un dépuratif, comme la boisson et la nourriture des sages; et leur remède pour toutes les maladies
était l’exercice qui provoque la sueur. (Voir Xénophon, Histoire de Cyrus, liv. 1.)
, ,
PRÉFACE. lix
et dès ce premier pas dans les sciences égyptiennes je démontrerai que les anciens
égyptien et que son origine remonte à plus de huit mille cinq cents ans; qu’à cette
époque l’Egypte était habitée et même civilisée, et qu’enfin depuis cette épouvan-
table antiquité son climat n’a pas changé (2). Je ne fais point de systèmes; et que
(1) C’est précisément sur la loi de la précession des équinoxes, appelée par les Egyptiens mouvement ré-
trograde du ciel des fixes, que roule toute l’astrologie. La révolution complète du ciel des fixes était com-
prise ,
selon eux ,
dans une période de 24000 ans ,
compte rond , ce qui fait 12000 ans pour la moitié de
la révolution, appelée la grande année de la terre. Cicéron, in Hortensio donne à cette grande année
de la terre 12854 ans, ce qui, pour la révolution totale, donne le chiffre de 25708 ans, qui ne diffère
du chiffre 25812 ,
adopté par l’astronomie actuelle ,
que de 104 ans.
Nos astronomes prétendent que la rétrogradation des points équinoxiaux n’a pu être reconnue que par
Hipparque ,
sur les observations des principales étoiles du zodiaque faites 300 ans avant l’ère chrétienne
par Aristille et Timocharis, parce qu’autrefois on ne s’occupait point à déterminer la position des
rai ici de faire observer que les Egyptiens ne composaient pas leurs constellations d’une multitude d’é-
toiles ,
comme nos astronomes ;
dans leurs constellations zodiacales il n’entrait que des étoiles de pre-
mière ,
de seconde ,
et tout au plus de troisième grandeur, lorsqu’on ne pouvait pas faire différemment
et qu’enfin une étoile suffisait pour fixer la position d’un symbole, exemple : dans la constellation
actuelle des Poissons, IV. est une étoile de troisième grandeur; c’est précisément celle qui unit les ru-
bans auxquels sont attachés les deux poissons. Dans le zodiaque égyptien c’est la seule étoile qui entre
dans la constellation dont il s’agit («), et la position des deux poissons est déterminée dans ce zodiaque
par les deux dernières étoiles du carré de Pégase. Il résulte de là que le zodiaque égyptien diffère du
nôtre , et que ,
vu le petit nombre d’étoiles bien apparentes qui composaient les constellations de ce
zodiaque ,
déterminer la position d’une constellation c’était déterminer la position d’une des trois ,
qua-
tre ,
cinq ,
et six étoiles ,
dont elle était composée.
(2) M. Arago, dans sa savante Notice sur l’état thermométrique du globe terrestre (b), a démontré
qu’en deux mille ans la température générale de la masse de la terre n’a pas varié de la dixième partie d’un
degré, et que la température moyenne de la Palestine ne paraît pas avoir changé depuis le temps de Moïse.
La lecture des symboles du zodiaque nous démontrera que le climat de l’Egypte n’a pas varié depuis
() Cette étoile de troisième grandeur joue un grand rôle dans l’astrologie : Cicéron l’appelle nodus, et Germanicus
alligamentum luteum. Lorsque l’équinoxe du printemps correspondit à cette étoile, les astrologues alexandrins procla-
m’importe à moi que le monde ait quelques mille ans de plus ou de moins? mais
je dirai pourquoi on ne lui en donne que quatre mille à la naissance de Jésus (1).
Ce que j’annonce ici a besoin, pour être cru, d’être prouvé mathématiquement; aussi
« lant la mémoire des temps passés, j’en fais un juste rapport à l’état présent,
(1) Jésus et Mithra n’ont jamais existé; l’un et l’autre sont le résultat de bévues astrologiques. Le
berceau du christianisme se trouve dans l’école d’Alexandrie : aussi accusait-on les chrétiens, et non
pas Jésus, comme on le prétend dans les évangiles ,
d’y avoir puisé tous leurs mystères. Je soumettrai tout
au calcul ,
sauf les trente-trois ans et quelques mois de la vie de Jésus. Mais on voit bien que celui qui
fit le roman de Jésus a voulu faire vivre son héros autant que l’homme le plus célèbre pour les Alexan-
les charlatans en avaient la recette; elle consiste à trouver un compère adroit. Vespasien, à Alexan-
drie, guérissait les aveugles et les boiteux avec les mêmes ingrédients que Jésus (a).
(2) Il ne faut pas confondre l’archéologie avec les travaux de ces misérables antiquaires qui , après
qui n’expliquent rien, sont les jocrisses de la science. Je m’en servirai pour égayer la matière.
(a) Per eos menses, quibus Vespasianus Alexandriæ statos æslivis flatibus dies, qt certa maris opperiebatur, multa
miracula evenere, quls cœli favor, et quædam in Vespasianum inclinatio numinum ostenderetur. Ex plebe Alexandrina
quidam, oculorum tabe notus, genua ejus advoivitur, remedium cœcitatis exposcens gemitu ;
monitu Serapidis dei,
respergere oris excrcmento. Alius manum léger, eodem deo auctore , ut pede ac vestigio Cœsaris calcaretur, orabat.
Vespasianus primo inridere, adspernari, atque illis instantibus, modo famam vanitatis metuere : modo obsecratione ip-
huinariâ superabiles forent. Med ici varié disserere : Huic non exesam vim luminis, et redituram, si pellerentur obstan-
tia : illi elapsos in pravum artus, si salubris vis adhibeatur, posse integrari. Id portasse cordi deis, et divino ministerio
principem electum : denique patrati remedii gloriam penes Cœsarem; inriti ludibrium penes miseros fore. Igitur Ves-
pasianus cuncta fortunæ suæ patere ratus, nec quidquam ultra incredibile, lælo ipse vultu, erectâ quæ adstabat multi-
tudine, jussa exsequitur. Statim conversa ad usum manus, ac cæco reluxit dies. Vtrumque ,
qui interfnere ,
nunc quoque
C Corn.
. Taciti historiarum lib. iv. Cap. lxxxi.
(
; -
PRÉFACE. lxj
« j’ose croire, et je vois les sages concourir à ce sentiment, que les jours d’aveu-
« glement sont écoulés et qu’il est temps désormais que la lumière revienne ».
Dans l’initiation aux mystères d ’lsis (la Nature), le gardien de la porte de fer
(1) C’est-à-dire l’intelligence ou la raison. C’est le run (mnh) menh des Egyptiens, la partie de
l’homme qui pense et qui raisonne, c’est le mens des Latins et le Noü? des Grecs, la partie enfin qui est
L’homme, à l’exclusion de tous les animaux et de la femme même (a), était le seul être doué de raison,
et l’intelligence ou la raison par le soleil. Les anciens pensaient que les douleurs de l’enfantement étaient
causées par le retard que mettait la lune à envoyer l’âme dans le corps de l’enfant lorsque la terre avait
terminé sa besogne, c’est-à-dire lorsque le corps était parfait : aussi dans ces moments critiques les fem-
mes invoquaient-elles à grands cris la chaste Lucine les hommes qui désiraient avoir des garçons invo-
quaient de leur côté le soleil qui donne l’intelligence. Le nom du soleil chez les Celtes était godard ( god
Dieu ,
ard-fort) ,
le Dieu fort, Hercule ;
de là vient qu’on appelle encore aujourd’hui un godard le mari
dont la femme est en couche. L’intelligence, ou la raison, était représentée hiéroglyphiquement par une
flamme, l’âme ou la vie par une croix, et le corps par un mort ou une tête de mort. C’est ce qu’on retrouve
dans les mystères, avant la grande initiation qu’on appelait régénération, le récipiendaire restait-il
pendant trois jours, sans boire ni manger, enveloppé dans un drap mortuaire (c).
() Le galant Anacréon lui-même n’accorde pas la raison aux femmes : Dieu, dit-il, ne leur donna que la beauté ; il
est à présumer que du temps d’Anacréon il n’y avait pas encore de femmes savantes.
« Enfin le puissant Hercule parut, son image (son Ame), car pour lui-meme (son intelligence) il se réjouit dans les
« fêtes avec les dieux immortels et possède Hébé au joli pied ». L’EVSu>\ov, Yimage, l’idole, se confond avec le
et où elle était punie ou récompensée suivant la conduite qu’elle avait tenue sur la terre. (Voyez Nécromancie ).
(c) Les francs-maçons se servent, dit-on, d’un drap mortuaire dans l’initiation au grade de maître.
, , ,
lxij PRÉFACE.
même gardien, qu’il faut, avant de faire les trois pas (1), secouer la poussière de
ses vêtements c’est-à-dire les préjugés de la terre; car, avec les hiéroglyphes et
L’ÉTERNEL.
(4) Dans presque toutes les initiations modernes on fait avancer le candidat par trois pas, après lesquels
il est irrévocablement acquis à l’ordre. Les mystères modernes, qui ne sont qu’une tradition exténuée
accompagné de deux acolytes ayant comme lui la tête recouverte d’un masque de chacal que les Grecs
prirent pour un masque de chien ( voyez Cha.cal), n’empêchait point le récipiendaire de monter les
trois degrés, mais il l’empêchait de retourner sur ses pas. 11 s’appelait "Dlp (qrbr) qerber, ce qui veut
dire introducteur , maître des cérémonies ; d’où les Grecs ont fait KépCepos ,
Cerbère le chien à triple tête
gardien de la porte des enfers, qui accueillait en les caressant les âmes qui entraient, mais qui dévo-
rait celles qui voulaient sortir. On m’a dit que nos francs-maçons appellent leur cerbère le frère ter-
rible.
s-
i
,
DICTIONNAIRE
DES
HIEROGLYPHES.
£>@€
ANE et ANESSE.
L’ane en liberté tourne toujours le derrière au vent; cette remarque que firent
les Egyptiens (1) lui valut primitivement l’honneur d’en être le symbole.
(i) Cette remarquer fut faite non-seulement par les Egyptieps, mais encore par tous les peuples de
dant la nuit ,
lâchent un ane et remarquent comment il se place pour paître. Cet ane est pour eux
une girouette vivante qui leur indique à coup sûr l’endroit d’où vient le vent quelque faible qu’il soit
espagnole à Bordeaux.
t
, ,
2 DICTIONNAIRE
Son nom onomatopique est hia (1) et ses principaux noms mystiques sont az ou
L’anesse, plus sensible encore que Fane à l’impression de Y air (4), devint prin-
(1) La consonne L remplaçant dans l’écriture démotique I long , représenté par hi , hia , se transforme
en la, ou lah , ou las; c’est la racine du verbe égyptien hn ? (lah), être tardif, paresseux, et celle de
(2) La racine az ou as se retrouve dans le mot gascon aze, qui signifie encore un âne. Dans le mot
âne lui-même, qu’on écrivait primitivement asne, dans le latin asinus et agaso (a), dans l’égyptien pu
(azn) azen, qui signifia primitivement ânon, et auquel par extension on a fait signifier oreilles;
l’âne étant un animal possesseur de longues oreilles, le mot az lui-même finit par signifier oreilles et
servit chez les Celtes à dénommer l’animal qui en possède de longues, comme l’âne, c’est-à-dire le
(
coup de vent ) ;
bourrique (
femelle de l’âne ) ,
qu’on devrait écrire bourique ; dans l’adjectif bour-
(il) Les chevaux partagent aussi la manie de 1’ ane, mais surtout les juments lorsqu’elles sont en chaleur.
Les bergers qui remarquèrent ce phénomène, et qui ne prenaient pas toujours la nature sur le fait,
s’imaginèrent, lorsqu’ils voyaient arriver le produit de la liberté et de l’amour, que c’était le vent qui
avait fécondé leurs cavales; de là ces chevaux, fils du Zéphyr, dont la vigueur et la légèreté semblaient
confirmer cette noble origine (b). On remarque encore dans l’espèce humaine que les enfants de l’Amour
(a) Agaso, dans l’ancienne latinité, répond à asinarius (ânier). Ce nom, décomposé par la langue sacrée, signifie
ag, maître, as, âne, le maître de l’âne. Ag, signifiant maître, signifie aussi bélier; aussi retrouve-t-on cette racine
dans aÿnus ,
«</neau ,
qui signifie petit bélier ou enfant du bélier.
qu’exacte :
DES HIÉROGLYPHES. 3
cipalement le symbole du vent. Du reste, comme Y air ou le vent, qui n’est autre
chose que Y air agité, se trouve du genre féminin en égyptien et en langue sa-
crée, I’anesse dut être préférée à I’ane pour en être l’expression hiéroglyphique.
Il faut bien se garder de confondre dans les textes sacrés I’anesse avec Fane, car
I’anesse se traduit toujours par vent, et Fane se traduit par vie. Au reste, il est
sont généralement forts et spirituels , tandis que les résultats d’un mariage de raison sont presque toujours
rachitiques et bornés. Nos pères appelèrent bastards les enfants de l’amour illégitime ,
mot qui décom-
,
posé par les racines de la langue sacrée, signifie bas -enfant, t -vie ard -fort , enfant d'une forte vie ,
enfant vigoureux. La qualification de bastard n’était pas autrefois une injure : on appelait le beau Dunois
M. le Bastard (a).
(1) Tout le monde a entendu parler des anciennes et célèbres armes de la ville de Bourges, lesquelles
étaient un âne assis dans un fauteuil. En voici l’origine : la ville de Bourges , entourée de toute part par
des rivières et des marais ,
n’était accessible que du costé où elle estait battue du vent de sudwest dit la
,
Chronique; aussi, pour rendre cette ville inexpugnable , Philippe-Auguste ordonna-t-il, en 1190, de
fortifier cet endroit qui estait auparavant de très- facile accès ; on flanqua cette partie de la ville de puis-
santes murailles, munies de gros et de puissants remparts, descouvrant de cette partie bien avant dans le
pays, et on mit de côté une grosse et haute tour (la tour de Berry) dont on peut descouvrir jusqu’à quatre
lieues. Fortifiés de la sorte, MM. les habitants de Bourges n’eurent plus à craindre de surprise, et voulant
symboliser leur sécurité ,
ils assirent un ane, emblème de la vie ,
dans un fauteuil, emblème du repos.
(a) Beau ou mieux bel dans le moyen âge, devait répondre à vigoureux et non pas à jeune : aussi bel dans cette cir-
constance doit dériver du nom onomatopique du bélier, et devrait s’écrire bêl ;
c’est ce qu’on pourrait inférer des portraits
du beau Dunois, qui ne le représentent point comme un Adonis.
, ,
4 DICTIONNAIRE
la valeur allégorique des figures gravées sur un vase égyptien que Caylus a placé
présente le pain salé, symbole de la vie terrestre (2), à un homme à tête de croco-
est un tronc d’arbre desséché, symbole de la mort terrestre. Cette allégorie repré-
Les savants s’accordent à nous dire que I’ane était un animal immonde chez les
er
(1) Caylus, tome 1 ,
Antiquités étrusques, planche xxix.
(2) Le pain qui nourrit l’homme est aussi un des symboles de la vie ; c’est pour cela que les boulan-
gers romains plaçaient sur un âne les pains qu’ils venaient offrir tous les ans à leur patronne Vesta
(déesse du feu) (a). Les Egyptiens mettaient l’empreinte d’un âne lié (b) ou celle d’une croix sur les pains
propitiatoires symboles de la vie éternelle lesquels étaient sans levain (germe de corruption) et sans
sel marin (écume de Typhon) ni sel gemme (symbole des misères de cette terre) (c). Ces pains étaient
l’unique nourriture des initiés lorsque le soleil se trouvait dans la constellation du Bélier (voyez Bélier).
() Plutarque, Traité d’Isis et d'Osiris. L'âne lié était le symbole du sacrifice de la vie de ce monde, qui conduit
à la vie éternelle.
(c) Les Egyptiens regardaient la mer avec horreur, car c’est elle qui tue ou, pour mieux dire, qui engloutit à l’é-
quinoxe d’automne Osiris ou l’écoulement d Osiris, c’est-à-dire le débordement ou l’eau sacrée : aussi les Egyptiens ap-
pelaient-ils la mer Typhon, nom qu’ils donnaient en général à tout ce qui était pernicieux. Le sel était appelé l’écume de
Typhon, et quiconque aurait goûté du sel marin était considéré comme impur; le sel qu’on employait en Egypte était
le sel gemme, et encore les initiés ne s’en servaient-ils que par pénitence. Dans l’initiation aux mystères d’Isis on nour-
rissait avec du pain très-salé le récipiendaire pendant les épreuves préparatoires, et ce pain était le symbole de la vie
terrestre, qui est remplie d’amertume. A la naissance d’un enfant mâle, le père lui mettait un grain de sel dans la
bouche en lui disant : On ne naît que pour souffrir. Par extension le sel gemme, symbole des misères de ee monde,
devint celui de la sagesse qui aide à les supporter; de là cette expression antique : un homme salé, pour dire un
DES HIÉROGLYPHES. 5
Egyptiens (1); c'est une erreur grossière. L’ane, symbole de la vie. devint même
quelquefois la représentation matérielle de celui qui la donne, de Dieu (2). Les
sanctuaire de Jérusalem les mystères qu’ils avaient empruntés aux Egyptiens (3),
(1) La plupart des animaux qu’on prétend avoir été considérés comme immondes par les Egyptiens
étaient précisément des animaux vénérés : tel était, par exemple, le porc, symbole de l’agriculture
( voyez Porc ).
(2) Az ou As, qui signifie ane et vie, finit par signifier Dieu. C’est ainsi qu’il faut traduire cette racine
lorsqu’il s’agit des douze azes ou douze grands dieux Scandinaves dont Odin était le chef, ainsi que des
azones égyptiens ptN (azun), qui étaient Sérapis, Bacchus, et Osiris, selon Psellus, et qui, selon moi,
sont Iaho, Isis, et Osiris. Le mot azone ne vient pas de « privatif et de Çwvïj, zone, contrée, région,
comme on l’a prétendu; il vient de l’égyptien azun, qui signifie Dieu, principe, I’Etre Suprême ( intel-
ligence universelle) ,
qui, existant de toute éternité dans I’abym (chaos des Grecs) ,
était représenté chez
jumart couché, comme les dieux d’Epicure, sur le symbole de Yabym figuré par trois caractères icono-
graphiques de l’eau
on doit toujours le traduire par ü'rhn (alhim). C’est V esprit ou le souffle de Dieu qui se mouvait sur les
eaux avant la création, selon la Genèse de Thout. Ce jumart était appelé d>tn (azim) par les Egyptiens,
ce qui signifie Dieu des eaux ou de l’abym. Aussi le Pentateuque des Samaritains commencait-il ainsi : In
Az et As, signifiant Dieu, se retrouve en français dans le mot hazard (haz -Dieu, ard -fort), le Dieu
puissant. Les astres étaient considérés comme des divinités sous le règne de l’astrologie ,
etc. ,
etc.
(5) Eiffi yàp t« twv Eêjoaîwv puer ripix o'poiwTa zk r otç pvarjjjOtotj rwv Atyoïmcov.
Les mystères hébraïques sont en tout semblables aux mystères égyptiens, nous dit Clément d’Alexandrie
(a) Le jumart est un animal qu’on prétendait naître de l’accouplement d’un taureau, symbole de Veau, et d’une ànesse,
symbole du vent; il était sans cornes, mais son ongle était fendu. Malgré tout ce qu’en a dit Cardan, je pense que
le taureau et l’ànesse sont des animaux d’espèce trop différente pour qu’ils puissent engendrer ensemble; et jusqu’à ce qu’on
me fasse voir un jumart, je le considérerai comme un être mystique, de même que la licorne et le satyre, quoique pour
l’existence'de ce dernier nous ayons l’autorité de S. Augustin et même le témoignage des Parisiens, qui virent dans une
foire l’homme à cornes de bélier que le Maréchal de Beaumanoir avait trouvé, en 1599, dans la forêt du Maine, et
dont, avant la grande révolution, on lisait encore l’épitaphe gaillarde dans le cimetière de la paroisse de Saint-Corne.
\ A ,
6 DICTIONNAIRE
et dans ce sanctuaire Dieü était représenté sous la forme d’un ane (1). Tacite pré-
sume que cette vénération pour I’ane venait de ce que cet animal avait fait dé-
couvrir une source d’eau aux juifs pendant qu’ils étaient errants dans le désert.
Plutarque partage à cet égard l’opinion de Tacite (2), mais comme l’Exode nous ap-
prend (3) que ce fut Dieu lui-même qui enseigna à Moïse le moyen de faire jaillir
l’eau du rocher, et qu’il. n’y est nullement question cTane, il s’ensuit que pour ac-
article de la Loi (4), dans le sanctuaire du temple de Jérusalem les Cohens ado-
raient, sous la forme d’un ane, le Dieu fort et jaloux, qui punit V iniquité des pères
(1) Effigiem animalis (asini), quo monstrante , errorem sitimque depulerant, pénétrait sacr avéré.
(
Taciti historiarum lib. v.)
e
(2) Plutarque, Propos de table, liv. iv, 5 question.
von-souffle, un -principe, le Dieu puissant, principe de la vie ; d’ alhiboroun on a fini par faire Aliboron,
qui est maintenant un des noms grotesques de I’ane (a). La racine p (un), qui signifie principe, peut
aussi signifier Dieu, comme étant le principe de tout; c’est pour cela que l’unité (un) était le symbole
matérielle de Dieu, c’est-à-dire du menhir celtique. L’ane, symbole de Dieu, donna son nom à l’unité,
qui en était aussi le symbole les Latins appelaient asinus et les Grecs ovoç, le coup de dé qui n’amenait
:
(6) Azan, décomposé par la langue sacrée, signifie az -Dieu, an -fils, fils de Dieu. Les Arcadiens, qui
DES HIÉROGLYPHES. 7
c’était la victime la plus agréable qu’on pouvait lui offrir (1). Les Hyperboréens,
fête des anes qu’on célébrait encore au commencement du treizième siècle (2).
l’idée de vie, un des caractères distinctifs de Fane, qui sont le phallus (3)
on célébra annuellement des fêtes funèbres, selon Pausanias. Les Arcadiens avaient une telle vénération
pour Pane qu’ils en améliorèrent l’espèce : aussi les roussins d’Arcadie sont-ils encore en réputation.
(1) On immolait généralement aux différentes divinités leurs propres symboles; c’est ainsi que le tau-
reau ,
symbole de Veau, était immolé à Neptune; le bélier, symbole du chef, à Jupiter; le porc, sym-
bole de l’ agriculture à Cérès; et l’âne, symbole de la vie, à Priape. On immolait aussi Y âne à Mars,
dieu de la guerre, dans le même sens mystique que l’allégorie égyptienne dont j’ai déjà parlé.
(2) Il faut rechercher l’origine de la fête des ânes dans le culte primitif, et non dans le christianisme ;
(5) L’ane est de tous les quadrupèdes celui qui a reçu de la nature le phallus le plus long et le plus
Priape, dieu de la génération. Osiris, c’est-à-dire Yabym, Veau du débordement qui féconde l’Egypte,
était aussi personnifié par un homme à phallus d’ANE en érection.
La statue de ce même Osiris qu’on promenait dans les fêtes des Pamulies (a) était distinguée par un
(a) Les Pamulies étaient les rogations qu’on faisait au solstice d’été pour obtenir un débordement heureux , c’est-à-
8 DICTIONNAIRE
et la croix (1) ;
phallus d’une longueur triple à celle du phallus ordinaire : Tùv §s tüv TzxpvlUôv éoprùv ayovreç ,
Samp upnzoa
çpa^Xixèv où < üyoàpLK npoTidsvzca v.al nepiyspovaiv où z'o àt'Sotov zpntoCkùaiôv iaziv àpyjn yùp o 0£Ôj, àpyn §è i:â.acf.
tm yovipw 7roXX«7rX«<7taÇet r oSè txùrvg , nous dit Plutarque dans son Traité d'Isis et d’Osiris. Les statues d’Osi-
ris étaient, ainsi que celles de Priape, en bois de figuier, car cet arbre était consacré à Yabym; aussi
’
était-il appelé i arbre d’Osiris, d'Vdïjd (cnusiris) ,
cenusiris, prononcez kenousiris ou kewysiris (a). Plu-
tarque prend le kenousiris, qu’il écrit yevompig, pour le lierre; il se trompe : c’était le figuier l’arbre
primitif, selon les Egyptiens, celui dont le fruit servit de première nourriture à l’homme, et que les
Grecs, les Latins, et les Celtes, ont pris ensuite pour le chêne. Le fruit du figuier ayant la propriété,
selon les papyrus médicaux, de fortifier l’homme, de là vint que les athlètes en firent leur principale
nourriture.
Du phallus, symbole de la vie, dérive, comme je l’ai démontré dans la Préface (page xliv), la lettre
B de l’écriture hiératique ,
qui sert à exprimer hiéroglyphiquement l’idée du verbe être. Cette lettre
appelée par les Egyptiens n’3 (vit) et par les Grecs /3st« (vita), noms qu’on a fini par prononcer beth
et bêta ,
se trouve rendue dans les textes hiéroglyphiques purs par sa figure première ,
qui est I’ane. De
la prononciation vicieuse beth et bêta découle l’étymologie de bête, qui, dans notre langue, exprime
l’idée de tout animal qui n’a pour lui que la vie et qui ne possède pas l 'intelligence (b); par suite bête est
(1) L’ane a deux bandes noires qui se croisent sur le garrot; l’une suit la colonne vertébrale dans
que Pane ait une croix noire sur le dos à cause de l’ânesse de Bethphagé qui porta Jésus-Christ à Jéru-
salem ,
comme on nous l’assure dans la fleur de la vie des Saints ; les ânes d’aujourd’hui sont ce qu’ils
dans l’abréviation des symboles à rendre l’idée de vie absolument comme le phallus.
Les longues oreilles de Pane auraient pu passer aussi pour un de ses caractères distinctifs, mais comme
le lièvre ,
symbole de Vouie dans les hiéroglyphes ,
possède des oreilles bien plus longues que Pane ,
eu
(a) Le nom d ’Osiris en égyptien est D'VDl (üsiris), l’I (u), étant prononcé ou on disait Ousiris, d’où les Grecs ont
fait Onpts. Mais comme la cinquième voyelle 1 (u), qui dans la numération égyptienne vaut 5, était le symbole de
tout ce qui est, de la Nature, et de Dieu, comme le proclamaient les prêtres égyptiens et leur disciple Pythagore
(voyez Plutarque sur i’Ei du temple de Delphes), 1 (u) et ’ (i) furent synonymes, cette dernière voyelle signifiant
Dieu qui est aussi tout ce qui tst. Aussi les prêtres égyptiens, quoiqu’ils écrivissent Usiris prononçaient Isiris ou
Hysiris , comme l’avait très-bien remarqué Hellanicus. (Voyez Plutarque, Traité d’Isis et d’Osiris ).
c’est ainsi qu’est figurée la croix pectorale d’un Canobe, dont Kircher nous a
Par abréviation ,
cette même croix phallique se trouve ainsi rendue
sur les jetons astrologiques et sur les obélisques des premiers âges (2).
du lièvre. Horus-Apollon (a), qui n’y regardait pas de fort près, prend Y oreille de lièvre pour une]oreille
de taureau (b) ,
et M. Champollion ,
qui adopte sans examen tout ce que dit Horus-Apollon lorsqu’il ne
contrarie pas son système , a eu l’attention de citer textuellement la bévue de cet ancien (c).
ancien. Cet obélisque fut probablement enlevé à la Haute-Egypte par les Ptolémées pour embellir la ville
la plus haute importance pour l’astronomie, aient été déplacés pour servir à l’embellissement des places
publiques de certaines capitales où ils figurent grotesquement sur un piédestal corinthien. On se moque
aujourd’hui de l’ignorance des Romains qui prirent le cadran solaire de Catane pour s’en servir ,
sans
faire attention qu’il ne pouvait pas convenir à la latitude de Rome; mais que dirait-on d’eux s’ils
(a) Horus-Apollon, soit qu’on désigne par ce nom un auteur ou, ce qui est plus probable, un dictionnaire hiéro-
glyphique grec, n’est pas infaillible. Je n’hésiterai pas à le combattre toutes les fois que ses assertions contrarieront
(b) Horus-Apollon ,
liv. 1 er ,
hiéroglyphe xliv.
2
! ,
10 DICTIONNAIRE
symbole de Dieu; mais dans cette acception le fhallus est représenté vertical (1)
sence de l’un et de l’autre dans les tombeaux, en les considérant comme symboles
(i)'Les phallus verticaux qu’on dressait sur le parvis des temples de Syrie ,
parmi lesquels on en trou-
vait ayant jusqu’à trois cents brasses de hauteur, comme nous l’apprend Lucien (a) ,
sont l’expression
Dieu. On en plaçait deux côté à côté pour désigner les deux principes qui constituent la divinité toute
l’élément du feu éternel qui doit régénérer le monde, portait le tau ansé sur sa poitrine. Des initiés
expliquèrent exactement ce symbole à Théodose lorsqu’il fit la purification du temple de Sérapis pour
le convertir en église chrétienne (b). Cette croix portait chez les Egyptiens le nom de L7NUoy (omnual)
omenual, ce qui veut dire omen -présage (c), ual -grand, le grandsigne ; car c’était le tau ansé qui devait
apparaître dans les airs, à la fin du monde, lorsque Ylesou primitif viendrait juger les vivants et les
morts. Les Hébraïsants lisent ce nom, au moyen de leurs points massorettes, Himmanouel dont on a fait
Emmanuel ,
nom sous lequel Isaïe a signalé le rédempteur (ci). Omenual était le mot de passe des initiés
égyptiens. Que cherches-tu? demandait le Qerber à l’initié qui voulait entrer dans le sanctuaire: La
lumière répondait-il. — Que désire l’homme pur ? — Omenual (le grand signe, symbole de la vie éter-
nelle ) .
— Passe !!!
chap. 26, confirment tous la -valeur hiéroglyphique du tau ansé, et Rhodigiorus, liv- 10, chap. 8, nous apprend que
d ) Isaïe, chap. vu, vers. 14. S. Mathieu, dans son Evangile, chap. 1, vers. 23, traduit Emmanuel par Dieu avec
(
nous.
, ,
«
DES HIÉROGLYPHES. 11
de résurrection (1). Leur présence indique d’une manière positive que la tombe où
ils se trouvent est celle d’un initié à des mystères d’origine égyptienne ,
tels que
L’anesse ,
symbole du vent dans l’écriture hiéroglyphique, comme nous l’avons
déjà vu, est toujours figurée libre, soit debout, soit accroupie. Debout, on la re-
accroupie, on la représente les oreilles droites et la queue relevée, dans une po-
sition enfin qui détermine d’une manière toute particulière sa valeur symbolique (3).
Les Egyptiens appelaient Typhon (4) tous les fléaux en général qui désolaient
(1) Tout ce qu’on retrouve dans les tombeaux antiques est un symbole de vie et par conséquent de ré-
phalliques, les croix, les graines de trèfle, d'héliotrope et de bluet, comme aussi les statuettes de Té-
thys tenant dans ses bras le soleil et la lune sous la figure de deux enfants à la mamelle , et enfin la fi-
gure de la lune elle-même représentée sous la forme d’une femme nue écartant les cheveux ,
sym-
boles des ténèbres, qui cachent son visage ,
symbole de son disque ;
et quant à la femme tenant dans ses
(2) « L’ane prend quelquefois une figure hideuse en relevant les lèvres et en mettant les dents à dé-
« couvert, ce qui lui arrive toutes les fois que quelque chose le blesse dans son harnois, et bien d’autres
« fois sans qu’on puisse deviner ce qui le détermine à faire cette figure que l’on donne pour le symbole
« de l’ironie » ( Encyclopédie, au mot Ane. ). Ce qui détermine I’ane ,
et surtout I’anesse , à faire cette
grimace ,
c’est précisément le vent lorsqu’on les force à lui tenir tête, ce qui ne leur convient pas plus
(B) L’âne et sa femelle sont les plus venteux de tous les animaux.
Préface (a) j’ai dit que le chant de la cigale fut le motif qui fit consacrer cet insecte à la divinité. Le
12 DICTIONNAIRE
leur pays; et comme parmi tous ces fléaux , les plus terribles sont les vents pério-
diques du sud et de l 'ouest, qui apportent, pendant les mois d’avril et d’août, des
»
chat , dont tous les miaulements sont aussi les noms purs de la divinité en langue sacrée , devint le sym-
bole de cette langue (a), et fut considéré comme un être privilégié et même comme un être divin. Le nom
de la Nature étant Ieaou en langue primitive , ce nom signifie tout ce qui est , absolument comme celui
de Ieoua, ainsi que tout nom composé de cinq voyelles (b). Si au nom de Ieaou on ajoute la consonne
m, qui peint l’idée relative de force, nous aurons mieaou (la forte nature), nom qu’il faut prononcer
simplement miaou ,
absolument comme les chats; c’est pour cela que dans la principale inscription de la
table isiaque ,
où ce nom se trouve inscrit, la voyelle e n’est pas mise à son rang ,
on l’a placée au-dessus
de Ta entre parenthèses (c) : c’est ainsi qu’on s’explique la vénération des Egyptiens pour les chats. Dans
toutes les maisons il s’en trouvait un qui faisait l’office de chapelain; c’était le pénale vénéré de toute la
famille , la place d’honneur lui était réservée au foyer domestique, et à sa mort on lui faisait de pompeu-
ses funérailles ;
les chats étaient pour les initiés de véritables professeurs de langue sacrée, du moins
quant à la prononciation. Paris possède dans son musée égyptien la momie de Sothi le chat et voici
l’explication de ce surnom, telle que je l’ai traduite de l’écriture sacerdotale : A lui fut le sublime hon-
neur de prononcer exactement le nom sacré de la puissante Nature (lequel est mieaou), c’est ce qui lui
valut le surnom glorieux de chat; il était employé comme saint dans les conjurations de la disette (d). Lors-
que le chat est poursuivi et acculé, il se retourne furieux pour lancer cet anathème Fû ou Fut ! qui en
langue sacrée signifie mauvais principe ou Typhon; lorsque nous voulons chasser le chat, nous lui disons
(a) La loi étant écrite en langue sacrée, les jurisconsultes égyptiens, qui devaient approfondir cette langue plus que
tout autre initié, portaient comme signe de distinction un sceptre sur lequel était figuré un chat ou une tétedec/iaf. La
religion chrétienne renouvelée des Egyptiens nous représente S. Yves, curé et avocat breton, mort en 1303 selon la lé-
gende, toujours accompagné d’un chat. A propos de ce quadrupède intéressant, Henri Etienne (
apologie pour Héro-
dote, tomel) a fort bien remarqué que le chat est le symbole des gens de justice : aussi S. Yves est-il le patron des
chats et des avocats, comme S. Hubert celui des chiens et des chasseurs. La belle Freya des Scandinaves, déesse de la
b
( )
Les noms composés des cinq voyelles signifiant tout ce qui est, quel que soit d’ailleurs leur ordre, expriment l’idée de
Dieu ,
qui est tout ce qui est. Voilà pourquoi les hymnes égyptiens ,
qui consistaient dans l’énonciation des différents noms
de la divinité, se composaient du son des voyelles prononcées de suite. Démétrius de Phalère (de elocutione) nous donne
à entendre que ces voyelles étaient au nombre de sept, il se trompe: les Egyptiens n’en reconnaissaient que cinq. Les
dans la composition des noms mystiques de Dieu : c’est ainsi qu’on les a retrouvés à Milet, àPathmos, à Laodicée, sur la pla-
que d’un tombeau à Versay, et enfin tels qu’on les retrouve encore sur quantité d’abraxas et même de jetons astrologiques.
(c) Dans la première partie de mon Etude de la langue sacrée je ferai lire cette inscription.
(d) Les conjurations de la disette ne sont autre chose que les Pamulies dont nous avons déjà parlé : c’étaient des
rogations dans lesquelles un coryphée, comme devait être Sothi, invoquait en langue mystique la Nature et les éléments
pour obtenir uu heureux débordement. Ces rogations avaient lieu au solstice d’èlé, et comme on pensait que la divinité
et les éléments ne pouvaient être exorables que lorsqu’ils étaient invoqués par leur nom véritable ,
et le chat seul possédant
la faculté de prononcer exactement ces différents noms, on conçoit de quelle importance devait être, en Egypte, un homme
qui miaulait dans la perfection ,
comme feu M. Sothi dont nous avons l’avantage de posséder les reliques.
, ; , ;,
DES HIÉROGLYPHES. 13
émanations putrides et des chaleurs étouffantes qui occasionnent une grande mor-
anathématisés par un chat, ils allaient dévotement se purifier; lorsqu’une fille avait été traitée de Fox
par un chat ,
qu’on considérait comme un prophète ,
il était rare qu’elle trouvât à se marier (a), car dans
cette circonstance Fut se traduit par coquine. Les prêtres, qui avaient en horreur les filles de mauvaise
vie ,
les appelaient Fut-en (mauvais principe fille) ,
fille du mauvais principe, filles de mauvaises mœurs ;
mais comme le s (F) égyptien a été souvent rendu par la consonne P dans beaucoup de langues (il n’y
a point de lettre correspondante à notre P en égyptien), de Fut-en on a fait Put-en, d’où Putain,
qualification qui a toujours été prise en mauvaise part : les prostituées égyptiennes se donnaient le nom
de ttubs (flgsh) felges (6) ,
qui veut dire danseuses, d’où les Grecs ont tiré leur verbe yetyiv w, je folâtre
Fou, dérive notre mot fou, qui correspond à féroce, méchant , scélérat, et qu’il nefautpas confondre
avec Fol, qui désigne un aliéné (c). C’est aussi la racine première d’un animal puant, de la fouine, de
latin futo, qui se traduit par réfuter. Le s (F) des Egyptiens étant considéré comme correspondant à
notre lettre P, la racine Fuse change en Pu, d’où Pus, humeur engendrée par la putréfaction ;
Pou,
vermine qu’engendre la malpropreté. Fut se transformant en Pur se trouve racine première de Putois ,
(1) Consulter à cet égard Dapper, Maillet, fVansleb, Pluche, et les Mémoires de la Commission d’Egypte.
() On dit encore en plaisantant, dans nos campagnes, à une jeune fille qui, marchant sur la queue d’un chat, lui
fait crier Fut! Tu ne te marieras pas cette année. La superstition égyptienne explique le sens de cette singulière prophétie.
() Les filles publiques, réunies en communauté, qu’on trouve encore en Egypte comme au temps des Pharaons, por-
tent le nom d 'Aimées ou d'Almeh, nom primitivement égyptien, corrompu par la prononciation vicieuse des Arabes.
nnSy(oLMH), oleme, signifie en égypt'en fille nubile, qualilé essentielle pour exercer l’infâme métier de prostituées.
Les Massorettes, qui ont adopié la prononciation vicieuse des Arabes, lisent rtoSy , almah ; et comme c’est précisément
le nom qu’Isaie donne à la mère d'Emmanuel, les chrétiens veulent qu’PQ^y signifie vierge. Les juifs, dèsle temps de Justin,
soutinrent avec raison que ce mot ne devait pas se traduire par mtfâvos (vierge), mais bien par viSviç (jeune fille). Voy.
Dial. c. Tryph., n. 43 ,
page 139.
(c) Fol, décomposé par la langue sacrée, signifie F-voix, O -soleil, 1 -grand , voix du soleil grand, en d’autres ter-
mes, prophète. Les aliénés étaient considérés eomme les enfants chéris de Dieu chez les peuples primitifs, c’étaient
des inspirés ;
de là vient la vénération que les Arabes du désert conservent encore pour les fols mais comme géné-
ralement les fols sont méchants, fol et fou devinrent synonymes. C'est ainsi qu’il ne faut pas confondre mou, nom onoma-
topique du taureau, et qui signifie eau, avec mol qui, décomposé par la langue sacrée, signifie M-force, O-soleil
L-grand ,
force du grand soleil , c’est-à-dire la chaleur qui fond, qui liquifie. Ainsi il faudrait dire: le feu rend le fer
mol et la pluie rend la terre mou. Le feu amollit le fer et la pluie rend la terre mouvante.
(d) Cette expression à laqnelle on attribue une idée sale vien de Fou, mauvais principe , et tre inversion celtique
pour ter ,
trois fois. Foutre veut donc dire triple coquin.
, ) , , ) ,,
U DICTIONNAIRE
on avait soin de peindre en rouge I’anesse qui en était le symbole : de là vint que
les Grecs qui n’y regardaient pas de très-près, contondant I’anesse avec I’ane ,
nous disent que les Egyptiens consacraient les ânes rouges à Typhon 1).
Dans la mythologie égyptienne il est question d’une certaine Aso, reine d’Ethio-
pie (2), qui s’associa avec Typhon ( le mauvais principe pour combattre Osiris
son nom par les racines de la langue sacrée (3), n’est autre que le vent du sud qui
poussant les nuages vers l’Egypte, les empêche de s’amonceler sur les montagnes
teur. De ce nom vient notre mot bourrique, femelle de I’ane : wp*, lu iaqash parles Hébraïsants, finit
La couleur rouge affectée généralement à I’anesse, symbole du vent, ne viendrait-elle pas de cette
observation faite par les anciens sur l’aspect du disque solaire à son coucher?
T vcfüva. Si, v.’kÔ'jto; piv oùôsv vsMTOjOt’Çetv Sici to t rjv I<rtv eù p.«).a fvlcizzeaOca y.od Tzpooéyjiv èyy.pax&ç syovcccj
(2)
vent de l’est et non pas vent du sud. Du reste, voici le nom des vents égyptiens qui correspondaient aux
(a) La voix O, qui signifie soleil en langue sacrée, signifie aussi midi; de même que midi en hébreu signifie quel-
quefois soleil, n fera briller ton innocence comme un flambeau, dit David (Psaume xxxvi, vers. 6), et ta justice
DES HIÉROGLYPHES. 15
Ces quatre vents se divisent en deux mâles Bor et Azor, et deux femelles Azur et Azo. Bor et Azur
prince déchu ,
joue encore un grand rôle ,
ainsi que la bonne fée Azurine.
(1) La sécheresse pour l’Egypte, pays où il pleut très-rarement, doit être considérée comme le résul-
doivent y occasionner des pluies et des arcs-en-ciel ; mais comme ces mêmes vents empêchent les nuages
à Dieu que l’arc céleste, signe de son alliance avec la terre, sera aussi le gage de la promesse qu’il a faite de
ne plus noyer les âmes vivantes avec les eaux de l’abym. Si les philosophes du dix-huitième siècle, qui se
permettaient de railler tout ce qu’ils ne pouvaient pas comprendre, avaient su que la Genèse, d’origine
égyptienne, doit être lue en tenant compte du climat de Cous, et qu’enfin pour les Cousians, l’arc-en-
ciel, présage d’un faible débordement, était un symbole de sécheresse, ils ne se seraient pas extasiés mali-
(
a ) Le vent du nord était le vent par excellence chez les Egyptiens, c’était celui qui nettoyait leur ciel, d'où iy3 en
égyptien finit par signifier nettoyer. Ce vent ayant la même propriété en grec, de là vient qu’Homère ,
Odyss., chant v,
(i>) Le vent d’est ayant la même propriété que le vent du nord était considéré, eu égard à sa force, comme un génie
femelle, qui seconde Bor. Azur, prononcez azour, signifie vent d’Orient, qui, nettoyant le ciel, lui rend sa couleur
azurée.
(c) Azo était la Gorgone égyptienne la digne compagne de Typhon. Toutes les religions , filles du culte égyptien , dési-
gnent le midi comme étant la partie du monde habitée par le Diable. Le Psalmiste nous parle du Démon méridional ;
Non timebis ab incursu et demonio meridiano. T. de Bostres (Coll. 880), ainsi que Simplicius et Théodose, nous ap-
prennent que meridianam partem malo tribuunt manicliœi.LesV erses, dans le Boundesh ,
nous représentent Ahriman se
réfugiant vers le midi. Le vènt de sud, sous le nom de Norof chez les Grecs et de Notus chez les Latins, n’était pas re-
présenté comme un bon principe. On peut voir le portrait de ce vent dans Ovide ( Métamorph liv. 1) : le Notus est appelé
le terrible Autan par nos poètes.
(d) Azor, symboliquement représenté par une anesse rouge, lorsqu’il ôtait considéré comme étant du genre féminin ,
suite la disette qu’on attribuait au mauvais principe (1). D’après cette même my-
thologie, les soixante-douze conjurés, ou mieux les soixante-douze concubines
de Typhon qui s’associèrent avec lui pour combattre Osiris, s’expliquent par les
vents qui soufflent des soixante-douze parties de la terre, selon la division qu’en
La terreur que les vents de sud et d'ouest inspiraient aux Egyptiens finit par
s’étendre jusqu’à I’anesse rouge des hiéroglyphes, qui en était le symbole, puis
enfin jusqu’aux anesses mêmes, dont le poil était une couleur approchante du
rouge. C’est ainsi que le mauvais principe personnifié sous la figure d’un homme à
chevelure rouge , vomissant des flammes et entouré d’aspics, symboles de la mort (3),
cieusement sur ce que Dieu se servait précisément du signe précurseur de la pluie pour indiquer qu’il
fi
Il n’y a que l’Egypte qui puisse* considérer V arc-en-ciel comme symbole de sécheresse.
(1) Jablonski a très-bien développé cette allégorie dont Plutarque lui avait donné l’idée ;
mais lorsque
(2) Horus-Apollon ,
liv. 1 ,
chap. ik.
DES HIÉROGLYPHES. 17
inspirait une telle terreur que son image même finit par inspirer de la crainte, et
qu’enfin les hommes qui avaient le malheur d’avoir les cheveux rouges furent con-
sidérés comme des réprouvés. Les fanatiques précipitaient les ânes roux, et prin-
bien mériter du bon principe en accablant d’injures leurs compatriotes qui avaient
les cheveux de la même couleur (1); à Idithya on brûlait vifs ces mêmes hommes
qu’on appelait Typhoniens et leurs cendres tamisées étaient jetées au vent pour
et de Lycopolis, qui étaient les peuples les plus ignorants, et par conséquent les
plus fanatiques de l’Egypte, confondant dans leur zèle contre Typhon, ane et
même entendre le son d’une trompette, parce qu’ils y trouvaient quelque rapport
dération dans les mystères de Phtha (4) : à elle seule appartenait l’honneur de por-
(4) En égyptien nus (FThA), F -voix ou fils (b), ThA-Dî'eit, fils de Dieu. Phtha, Sérapis, et Jésus,
(a) Les hommes roux, insultés à chaque instant par les dévots égyptiens, comme nous l’apprend Plutarque ,
durent être
en guerre ouverte avec eux, par suite devenir peu traitables pour tout le monde, et enfin justifier ce dicton absurde
aujourd’hui : Tous les poils rouges sont méchants. C’est ainsi que les bossus ,
les borgnes , et les boiteux ,
sont généralement
spirituels, malins, et caustiques, et cela parce qu’ils sont toujours obligés d’être en garde contre les railleries du prochain.
(b) F , consonne qui exprime en écriture sacrée l’idée relative de voix, exprime aussi l’idée d’émission de souffle et d’e-
mission de vie (le souffle et la vie étant considérés comme une et même chose). Le fils étant l’émission vivante du père,
la consonne F finit, en écriture sacerdotale, par rendre l’idée de fils. Voilà pourquoi le verbum Dei et le filius Dei se
confondent dans les mystères du christianisme : c’est le Rédempteur, le Phtha de ftfemphis, qui devait purifier le monde
avec le feu du ciel. L’Iesoü de Thébes et de Sais était représenté hiéroglyphiquement par un homme vêtu de blanc (vê-
tement de lin, symbole de pureté ) ayant comme Typhon une chevelure rouge, mais tenant au lieu d’aspics (symboles
de la mort )
le Tau anse (symbole de la vie éternelle )
et un rouleau de papyrus (livre du destin). Aussi disait-on en
Egypte qu’un homme à chevelure rouge (il s’agit de figures hiéroglyphiques) était tout bon (si c’était la représentation
3
, , , , ,
18 DICTIONNAIRE
sont un et même personnage (a); c’est le rédempteur qui, selon les Egyptiens, doit régénérer le monde
par le feu lorsque le solstice d'été correspondra à Vu des Poissons ,
car les anciens astrologues de la Haute-
Egypte commençaient leur année solaire à partir du solstice d'été (b). Mais les astrologues alexandrins
qui, de même que les mages de la Perse et les devins de la Chaldée, commençaient leur année à partir de
l'équinoxe du printemps ,
crurent ,
lorsque cet équinoxe correspondit à cette même étoile ,
que la fin du
monde était imminente. On n’a qu’à lire philosophiquement le commencement du second chapitre de
l’Evangile de S. Mathieu pour se convaincre qu’il appartenait spécialement aux astrologues d’annoncer,
dans son plus grand éclat correspondant aux étoiles de seconde grandeur, finit par disparaître totale-
ment; la période moyenne de ses variations étant de 53k jours selon Cassini (c); et voici sur quoi je
fonde mon opinion : D’après tous les passages (c!) relatifs à celte étoile que virent les mages de S. Ma-
thieu (e) ,
afin que la prophétie d’Isaïe (/) fût accomplie ,
il paraîtrait que cet astre qui devait illuminer la
seconde grandeur, quelque part qu’on fasse aux hyperboles du protévangile de Jacques et aux exagéra-
me Epître aux Ephêsiens. D’un autre côté, la changeante de la Baleine dut fixer
tions d’Ignacè dans sa 19
l’attention des astrologues dont les regards étaient toujours attachés sur Vu des Poissons ,
la longitude de
manière toute particulière, c’est ce passage: Et prodibit Stella ab oriente , quæ est Stella Messiœ ,
et
oriente versabitur dies quindecim (/i). Lalande nous dit (i) que la changeante de la Baleine dans la période
de ses variations parait de seconde grandeur pendant l’espace de quinze jours, et diminue ensuite jus-
qu’à sa disparition totale. Cette étoile miraculeuse est encore appelée Mira par les astronomes.
(a) Hiesus , Hésus ou Esus le rédempteur futur des Celtes, était ordinairement représenté par un jeune homme
à cheveux plats ayant le modius de Sérapis sur la tête, tenant dans ses mains le papyrus (livre du destin) de Yle-
sou de Sais, et enfin porté sur le vent qui n’était pas représenté par une anesse chez les Druides, mais par une tête
d'enfant à la face bouffie, placée entre deux ailes, absolument semblable aux chérubins de nos églises. On peut voir
une statuette d ’Hiésou dans le troisième volume des Antiquités gauloises de Caylus ,
planche lxxxviii , fig. m. On
doit avoir trouvé cette statuette dans quelque tombeau où elle avait été mise comme symbole de résurrection. Sur une
des faces d’un monument gaulois trouvé dans les fondements du nouvel autel de Notre-Dame de Paris on voit Esus
sous la figure d’un jeune homme abattant avec sa hache l’arbre, symbole de la vie terrestre.
(e) Cliapit. n ,
vers. 2.
(f)
Isaïe, chap. lx, vers. 6.
(g) Testant, xn Patriarcharum. Test. Levi 18. ( Fabric. cod. pseudepigraph. v, pag. 584 et seq. J
(i
)
Astronomie ,
tome ,
page 209.
, ,
DES HIÉROGLYPHES. 19
teur était représenté dans les sanctuaires faisant son entrée dans le monde porté
Horus-Apollon prétend (1) que Fane était, chez les Egyptiens, le symbole d’un
ignorant, d’un homme qui n’avait point étudié l’histoire et qui n’avait jamais voyagé.
Cette valeur hiéroglyphique pouvait être admise par les Grecs d’Alexandrie; mais
il est certain quelle ne fut jamais adoptée par les hiérogrammates de Memphis et
de Thèbes. Comment supposer, en effet, que des prêtres qui se faisaient une loi
de ne point sortir de leur pays et qui méprisaient les étrangers et leurs histoires
croix, abréviation hiéroglyphique de Fane, était pour eux un talisman qui avait la
éloigner les fantômes et conjurer le danger. Sur leurs pains sacrés ils mettaient
toujours l’empreinte d’un ane lié ou celle d’une croix, et certes ce n’eût pas été
un hiéroglyphe qu’on aurait pu traduire par ignorance ou stupidité, que des prêtres
superstitieux auraient placé sur les pains azymes qu’ils n’osaient pas toucher avec
le fer (2), et dont ils ne goûtaient qu’après un long jeûne et de fréquentes ablu-
Je dois faire remarquer ici un fait de la plus haute importance pour l’étude de
(!) Horus-Apollon ,
hiéroglyphe xn.
(2) Le fer était le métal consacré au mauvais principe. Les Egyptiens, selon Manéthon, appelaient
même le fer l’os de Typhon, car c’est avec le fer qu’on fabrique l’instrument qui sert à couper et par suite
ntpi ïffiS. y.ai ôtjipiS. ) Les prêtres égyptiens auraient cru commettre un sacrilège s’ils avaient coupé avec
un couteau le pain azyme, symbole de la vie éternelle, et même le pain ordinaire , symbole de la vie
terrestre : on rompait toujours le pain en Egypte. Cette superstition se conserve encore dans la bonne
société ,
celle de faire une croix avant que d’entamer le pain se conserve dans nos campagnes.
; ,
20 DICTIONNAIRE
même animal ainsi , dans les hiéroglyphes purs de la Haute-Egypte, 1’ane ne re-
monuments qui remontent aux règnes des Ptolémées, qu’on trouve des rébus et
ce qui rend cette écriture tellement arbitraire que, pour moi, je la considère
comme étant indéchiffrable (1). Cependant, sur des monuments postérieurs aux
Ptolémées, et qui sont dus à la munificence romaine (2), on trouve, mais dans la
les composent ont une valeur identique avec ceux qui remontent aux temps des
Pharaons.
RÉCAPITULATION.
Dieu (3).
pris ,
et cependant cette inscription a servi de base à tous les systèmes hiéroglyphiques modernes.
bretteurs déterminés. Des temples où furent réunis le grandiose des maîtres du monde, le goût hellé-
devinrent le lot des Egyptiens superstitieux. Quantité de monuments qu’on attribue à Sésostris et à ses
(5) Je dois déclarer que je ne l’ai jamais retrouvé ayant cette valeur sur aucun monument égyptien ;
cependant j’ai la certitude que le grand Pan ou le Dieu principe de la génération des êtres, qu’ALiiiBO-
j\oun, en un mot, était réprésenté dans les sanctuaires de Thèbes sous la forme d’un ane. Les Etrus-
ques, qui adoraient aussi Alhiboroun, le représentaient sous la forme d’un homme à tête d’ANE ayant
deux corps, dont un de satyre, lesquels figuraient les deux principes qui constituaient la divinité
)
DES HIÉROGLYPHES. 21
Le phallus ,
abréviation hiéroglyphique de I’ane, se traduit par vie ou gêné-
toute entière dans le culte primitif. La partie postérieure des deux corps était mise à découvert pour rap-
mais pour ce qui est de I’Alhiboroun d’Israël, il paraîtrait, d’après ce que dit Tacite, que c’était pure-
car il parlait d’après le témoignage des contemporains qui avaient pénétré dans le Saint des Saints lors-
que Jérusalem tomba au pouvoir de Titus. Si TAlhiboroun d’Israël avait été un composé hiéroglyphique
comme celui des Etrusques, Pompée eût reconnu l’image d’une divinité dans le sanctuaire des juifs lors-
à un Romain qui avait toujours vu la divinité représentée sous une forme humaine, que c’était pour les
(
Tacit histor. lib.v, cap. ix).
.
Le témoignage unanime de l’antiquité signale la tête û’ane comme la principale idole des juifs (b). Le
savant Morin (c) pense que cetîe prétendue tête d’ANE n’est autre chose que Yurne dans laquelle était con-
servée la manne ,
et cela parce que cette urne qu’on appelait chômer en hébreu se confond facilement
avec chamor, qui signifie ane ; de telle sorte qu’on les a pris l’un pour l’autre dans le premier livre de
Samuel ,
chap. 16 vers. 20 , ; ce qui d’ailleurs semblerait être confirmé par la forme de l’urne elle-même
dont le ventre rond et les deux anses ne figurent pas mal une tête d’ANE. Le ministre Jurieu ( d n’est pas
(a) Cette figure se retrouve sur un vase étrusque dont Caylus nous a donné le dessin et le développement (
Antiquités
étrusques , tome n ,
planche xxxiv )
: « L’explication d’un sujet pareil dépend de trop de choses ignorées, nous dit l’au-
« par le plat que porte la femme qui suit immédiatement le monstre , et qui indique au moins une cérémonie religieuse,
« On retrouve fréquemment dans les dessins étrusques des plats pareils à celui-ci, et qui ne sont point portés sans dessein ».
principe.
(l>) Les gnostiques représentaient aussi sous la forme d’un ane ou d’un homme à tête d’ANE, le génie suprême qui pré-
(c) Dissert, octo in quibus multa sacra et profana antiq. monum. explicantur.
(d) Histoire critique des dogmes et des cultes bons et mauvais de l’Eglise, depuis Adam jusqu’à Jésus-Christ.
, , ;
22 DICTIONNAIRE
ration lorsqu’il est horizontal et par Dieu générateur lorsqu’il est vertical (1).
et, surmontée de l'aspic se mordant la queue (3), elle peut signifier Dieu, mais le
de son avis. Les Chérubins avaient, selon lui, quatre faces, savoir: d’homme, de lion d’aigle , ,
et de
bœuf, desquelles faces il n’a pas été difficile de faire une tête d’ANE, surtout de celle de bœuf si l’on
change les cornes en longues oreilles. Je ne partage point l’opinion de ces savants et je m’en tiens tout
bonnement à ce qu’on dit. D’ailleurs les juifs ne furent pas les seuls qu’on accusât d’adorer une tête d’ANE.
les gentils accusèrent les premiers chrétiens d’une semblable idolâtrie : ne serait-ce pas parce qu’ils ado-
raient la croix qui est une abréviation hiéroglyphique de I’ane ?
Les Manichéens adoraient une tête rouge qu’ils appelaient Bouphmetous les Templiers, qui avaient
puisé leurs dogmes en Orient, passaient aussi pour adorer la tête dorée d’un être mystérieux. Je crois
toujours peinte en rouge, et quelquefois en jaune, dans les textes coloriés, et qui était le symbole de
I’intelligence universelle dans les mystères (o). Le jumart ,
que M. Champollion prend pour un veau, est
précisément ce même veau d’or, symbole de TÉtre Suprême, que les Hébreux se fabriquèrent dans le dé-
(1) Les Grecs et surtout les Romains ont rendu l’idée de Dieu générateur avec le phallus horizontal ,
mais ayant soin alors de le représenter ailé. On retrouve ce phallus ailé sur quantité de monuments en
Italie : c’est l’idée de Dieu représenté par le Cnef ( aile d’oiseau ) ,
unie à l’idée de génération représentée
par le phallus.
(2) La croix est toujours une abréviation hiéroglyphique de I’ane et jamais de I’anesse ,
quoique cette
dernière ait aussi une croix sur le dos. Je ne peux pas m’expliquer pourquoi le phallus étant déjà une
abréviation de I’ane ,
la croix n’ait jamais été considérée comme abréviation de I’anesse dans les textes
purs dubon temps. Sous les Ptolémées et dans la Basse-Egypte il paraîtraitque cette distinction a eu lieu,
et voilà peut-être pourquoi on accusait les chrétiens d’adorer le Dieu des ténèbres ,
le mauvais principe,
rouge; cependant elle désigne toujours soit le vent du nord, soit le Vent de Yest.
L’anesse debout signifie vent pestilentiel. Quand elle est coloriée en rouge, on
peut la traduire à coup sûr par Azo (vent du sud), et lorsqu’au fond rouge sont
mêlées des teintes jaunes et brunes, cette même anesse se traduit par Azor (
vent
f anesse se trouve comme symbole isolé, dans les zodiaques astrologiques par
,
exemple, il faut, pour connaître exactement sa valeur, tenir compte du signe sous
vinité toute entière dans le culte primitif, doit se traduire par Dieu. Ce symbole, du reste ,
ne se retrouve
point sur les monuments; pour rendre cette même idée les Egyptiens se servaient du basilic ,
symbole
de la vie , et de I’aspic ,
symbole de la mort , entrelacés autour d’un sceptre ailé (
voyez Sceptre ) , ce qui
APIS (1).
(1) On devrait dire Abis comme les Phéniciens (3N (ab), père ou fécondateur, v (is), il est); car
il n’y a point de consonne correspondante à notre P en égyptien, comme je l’ai déjà dit, page 15. Le
dagesh, tant fort que doux, n’est encore qu’une invention des Massorettes. S. Jérôme nous dit à propos
du second chapitre d’Isaïe, vers. 5 : P litteram sermo hebraïcus non habet , sed pro ea grœco $ utitur. Il
répète la même remarque dans son commentaire sur la fin du onzième chapitre de Daniel ,
en faisant
tandum autem, quod cum P litteram hebræus sermo non habeat , sed pro ipsa utantur Ph cujus vis grœ-
cum $ sonat ,
in isto tantum loco apud Hebræos scribatur quidem Phe et legatur P. Les LXX d’ailleurs
ont toujours rendu par un $ le 2 des Hébreux, excepté pour les noms de Donna (Ftrusm) que je lis Fe-
Futhifer, et qu’ils ont rendu par Uezsfp-nç (Putiphar. Genèse xxxix, 1). Si ,
préférant juger par analogie,
qu’ils distinguent par trois points W' pour rendre notre consonne P. Les Ethiopiens n’ont reçu le P dans
leur langue que pour écrire et prononcer les mots grecs et coptes qui sont entrés avec le christianisme
dans leurs versions de l’Ecriture sainte et dans leur liturgie. Æthiope s, œque ac Hebrœi et Chaldœi, lit-
Si je dis qu’il n’existe pas de consonne correspondante à notre P dans l’alphabet égyptien (
hébreu )
composé de vingt-deux lettres, je ne prétends pas pour cela dire qu’il en soit de même pour l’alphabet
sacré qui se compose de vingt-cinq caractères. Sur les monuments écrits en langue sacrée, qu’il ne faut
qui exprime l’idée relative de consécration, et voici pourquoi : Dans l’antiquité on consacrait les mal-
faiteurs à la divinité ,• et cette consécration consistait à les pendre devant son simulacre. L’effet immédiat
de la pendaison étant l’érection phallique du patient et l’éjaculation au moment de la mort, les anciens
trouvaient dans ce supplice une image sensible du jeu de la nature, dans lequel, pour me servir du
;
DES HIÉROGLYPHES. 25
La matière-principe était, selon les dogmes du culte primitif, Veau éternelle qui
langage symbolique, la mort est la porte de la vie; car, selon la philosophie égyptienne, la mort
n’est autre chose que la désunion des principes organiques par la putréfaction qui ,
combinant de nou-
veau ces mêmes principes, leur redonne la vie. Amen amen ,
dico vobis, nisi granum frumenti cadens
in lerram mortuum fuerit, ipsum solum manet ; si autem mortuum fuerit ,
multum fructum offert (a).
De la potence ou du phallus dérive la lettre P de tous les peuples qui en ont fait usage. C’est ainsi que
r
Celui-ci
n
n’est encore qu’une potence à deux poteaux. Le P des manuscrits grecs dérive du phallus post
ejaculationem ,
P
La consonne B qui exprime en écriture sacrée l’idée relative de génération, dérivant aussi
,
du
phallus (6) ,
on s’explique pourquoi le B et le P se confondent souvent dans l’écriture comme dans la
prononciation.
Pour ce qui est du w , c’est une consonne égyptienne qui n’a point de correspondante en grec ni en
latin (c) aussi tous les anciens traducteurs l’ont-ils rendue par un 2 ou un S
;
, absolument comme s’il
(c) La figure du V dérive de la peinture de la mâchoire inférieure de l’homme dont les dents sont mises à découvert. Le
mot W , qui sert à dénommer cette lettre en hébreu, signifie dent. Les dents, qui servent à broyer
les aliments, étaient
en Egypte le symbole de la vie animale ou terrestre aussi les Egyptiens juraient-ils par leurs dents, c’est-à-dire par
leur vie. Il paraîtrait, d’après le New Voyage ,and Description of the isthmus of America, by Lionel Wafer, que les
Américains de l’isthme de Darien, prés de Panama,
avaient aussi le même serment qu’ils considéraient comme le plus
redoutable. Du reste, le W exprime en écriture sacrée l’idée de vie ordinaire, vie terrestre, vie animale, tandis que
le D, dérivant de la peinture du basilic, symbole de la lumière, exprime aussi l’idée de vie, mais de vie céleste, de vie
intelligente.
4
,
26 DICTIONNAIRE
avaient servi à Y intelligence universelle pour former le monde que les Egyptiens
représentaient comme un œuf plongé dans une mer infinie qu’ils appelaient Abym
ou Abys (1). L’existence de cette mer leur était révélée par la couleur bleue qu’on
tous les ans au solstice d’été par la cataracte du sud, venait inonder l’Egypte
pour y déposer les molécules de matière à l’état primitif destinées à féconder la terre
sacrée. Cette mer idéale, source du Nil selon les Egyptiens, était en grande vénéra-
tion chez eux, tandis qu’ils avaient en horreur la mer proprement dite qu’ils considé-
raient comme le résultat d’un feu intérieur qui, ayant brûlé la terre, avait donné
s’était agi du d. Telle est aussi la valeur que je crois devoir lui donner dans le mot (abis) ,
quoique
je sache fort bien que rhw ne devait pas se prononcer comme rfao* Mais quelle était la véritable pro-
nonciation du ? Les Hébraïsants veulent qu’on le prononce comme le sch des Allemands ou le ch fran-
çais : contre cette opinion nous avons Moïse Maimonide et Salomon Isaaki ;
le premier, voulant écrire
p^N”, pour le premier mot; ici le ch français, au lieu d’être rendu par un w ,
est exprimé par deux *,
emprunté ce dogme aux Egyptiens. Les druides, qui conservèrent aussi le culte primitif, représentaient
le monde sous la forme d’un œuf entouré d’un cercle d’or pour figurer le zodiaque; ils disaient dans le
langage figuré que cet œuf avait été formé par la hâve de deux serpents ,
le basilic et l’aspic, symboles
des deux principes qui constituent Y intelligence universelle ; ils représentaient cet œuf plongé dans l’eau
pour figurer la position du monde dans Y abym. Plus tard cette représentation matérielle d’un système
auquel ils attribuèrent des propriétés aussi merveilleuses que ridicules. (Voyez P lin. lib. xxix, cap. S).
(2) Les Egyptiens croyaient que le ciel était bleu parce qu’on voyait à travers son cristal l’eau de
l’a&ym qui enveloppe le monde : ils n’avaient pas eu l’avisement de reconnaître que cette couleur
bleue était due à l’air qu’ils considéraient comme incolore. Le soleil et la lune qui roulaient sur la
DES HIÉROGLYPHES. 27
L'eau éternelle et infinie, Xabym ou grande mer qui enveloppe le monde, était
sinie (2),
La vie universelle (4-) et X intelligence suprême (5) existant de toute éternité dans
cette eau de Xabym (matière-principe) constituaient avec elle tout ce qui est, c’est-
(6) Virgile, dans son exposition du système da monde, emprunté à Pythagore qui avait puisé ses
La Genèse place la vie universelle, Y esprit, ou le souffle de Dieu, non pas dans la matière-principe ,
mouvait sur la face des grandes eaux. L’idée de placer la vie universelle à la surface de Yinfini est un
coup de pinceau sublime de l’antiquité pour peindre Dieu. Voltaire semble avoir voulu rendre cette
même idée dans sa Henriade, chant vii, où, après avoir parlé de la marche des astres, il dit :
L’homme qui possédait seul Y intelligence tandis que tous les autres animaux ne possédaient que le
une image de Dieu, et non pas parce qu’ils se figuraient que Dieu avait un nez, une bouche, des
,
28 DICTIONNAIRE
Apis, étant un taureau noir (5), symbole de 1 ’abym, sous la langue duquel devait
se trouver l’image d’un scarabée ailé (6), symbole de la vie universelle et de Yintel-
oreilles, etc.; car ils étaient trop sensés pour admettre une pareille niaiserie qui laisserait’dans l’incerti-
tude sur la question de savoir quelle est la race dans l’espèce humaine qui ressemble plus particulière-
ment à Dieu.
(1) L’hermaphroditisme était, selon les Egyptiens, la qualité spécifique de vie universelle qui se
reproduisait elle-même; ils représentaient cette vie sous la figure d’une femme ayant les parties sexuelles
de l’homme lorsqu’ils voulaient la personnifier, mais hiéroglyphiquement la vie universelle était repré-
sentée par le scarabée, insecte hermaphrodite ou considéré comme tel par les Egyptiens; et même
quelquefois par le limaçon considéré aussi comme étant un être hermaphrodite.
(3) L’homme étant le seul animal qui possède l’ intelligence , et l’intelligence ayant son siège dans le
cerveau, une tête d’homme devint le symbole de l'intelligence ; puis l’initié étant un être sacré, la tête
(5) Vide Herodot. Thaï. cap. 28. Strab. lib. 17. Plin. lib. vm, cap. 46.
(6) Pline nous dit (loco cit.) : Nodum apis sub linguâ habet ,
quem cantharum Ægyptii appellant. Ce
. , ,
DES HIÉROGLYPHES. 29
ligence suprême que les Egyptiens considéraient comme existantes dans Yabym,
tre eux pour ce qui est des autres symboles ou signes qui servaient à caractériser
le taureau sacré. Nous parlerons bientôt de ces différents symboles qui viendront
confirmer la valeur hiéroglyphique d’APis, mais avant nous allons nous attacher
au symbole principal ,
c’est-à-dire au scarabée.
garrot (2).
Le judicieux Caylus pense que cette position du scarabée, qui contrarie le dire
des historiens, vient de ce que Y artiste n'ayant pas voulu que ce symbole fût caché,
remplace le scarabée.
(1) Cette figure est celle d’un apis en bronze décrit par Caylus Antiquités égyptiennes tome i
, ,
30 DICTIONNAIRE
un lieu qui fût visible. L’opinion du savant antiquaire est confirmée par la table
Isiaque, dans laquelle on voit le scarabée ailé ou son équivalent, le disque ailé du so-
leil placé, non pas sur le garrot d’APis, mais au-dessus d’APis, car le scarabée,
principal symbole qui détermine la valeur du taureau noir devait être nécessaire-
ment retrouvé au premier coup d’œil sur la table Isiaque, ce qui eût été assez
difficile si, dans cette table, on avait placé le scarabée ailé ou le disque solaire ailé
L’ aigle, qui devait se trouver sur la croupe d’APis selon Hérodote (1), et qu’on
retrouve effectivement sur les figurines à la place assignée par l’historien, était,
comme nous l’avons déjà dit, le symbole de Veau céleste ou abym, et par consé-
quent une répétition hiéroglyphique du taureau noir (2). L 'aigle n’étant qu’une
(2) La réunion de plusieurs symboles ayant la même valeur était très-usitée chez les Egyptiens lorsque
les hiéroglyphes devinrent une écriture mystérieuse , et cela afin que les initiés qui ne pouvaient pas
avec eux d’autres symboles dont la valeur ne leur était pas étrangère. C’est ainsi que le taureau ,
Y aigle
et le lion trois symboles de Y abym (a), ne signifient réunis que ce qu’ils signifiaient chacun en particu-
lier, c’est-à-dire la grande mer ou matière-principe. Si au taureau, à Y aigle, et au lion, réunis, on ad-
(a) Le taureau noir, Y aigle, et le lion, sont trois symboles de Yabym ou grande mer qui enveloppe le monde. Ce-
pendant le taureau noir désigne plus particuliérement la grande mer en général, Y aigle représente Yabym qu’on aper-
çoit à travers le cristal du ciel, et le lion est le symbole de ce même abym, mais lorsqu’il est répandu sur la terre, c’est-
à-dire celui du débordement; car les Egyptiens, comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, pensaient que l’eau du Nil était
un écoulement de la grande mer par la cataracte du sud dont I'intelligence suprême levait tous les ans la pèle pour
féconder la Terre Sainte avec cette eau divine , lorsque le soleil était parvenu au solstice d’été.
, ,
DES HIÉROGLYPHES. 31
Suprême.
Un autre symbole dont les auteurs ne parlent pas , mais qu’on retrouve sur
presque toutes les figurines d’xpis, c’est le disque solaire placé entre ses cornes.
Le disque solaire, placé entre les cornes du taureau qui figurent alors le crois-
auquel présidait la lune, était appelé ciel de la nuit ou ciel femelle; et l’on rendait
(1) Ce symbole composé se trouve sur un tableau mithraïque où le soleil et la lune personnifiés sont
déjà représentés (voir Origine des cultes de Dupuis, planche xvii). La voyelle O ,
dérivant de la peinture
du disque solaire, exprime hiéroglyphiquement l’idée de soleil; la voix O signifie soleil, et par exten-
sion jour et lumière en langue sacrée. La voyelle U , dérivant de la peinture du croissant de la lune
peint hiéroglyphiquement l’idée de lune; la voix U signifie lune, et par extension nuit et ténèbres, en
langue sacrée. Le soleil et la lune unis expriment hiéroglyphiquement l’idée de ciel tout entier; la racine
OU en langue sacrée signifie ciel (a) : sur les abraxas on retrouve souvent ces deux voyelles, comme
aussi le disque solaire et le croissant de la lune; c’est le nom du ciel en langue sacrée ou sa représentation
hiéroglyphique ,
auquel les sup erstitieux disciples des Egyptiens attribuaient des vertus merveilleuses.
Aussi retrouve-t-on souvent le symbole hiéroglyphique ou le nom sacré du ciel entouré de l 'aspic qui se
(a) C’est la racine première de OYPAN02, nom du ciel chez les Grecs.
,
32 DICTIONNAIRE
la lune au-dessous ;
mais lorsqu’il s’agissait de bien déterminer que le disque était celui du soleil, alors
même qu’on ne pouvait pas le représenter radié, comme, par exemple, lorsqu’on
Puis lorsqu’il fut bien convenu que les cornes d’APis figureraient
,
le croissant de la
lune on s’attacha par originalité à imiter dans le symbole composé du ciel, les
cornes d’un taureau, plutôt que de figurer le croissant même de la lune. De là vint
de forme quadrangulaire qui devait se trouver sur le front du taureau noir (1); mais
comme les figurines ne nous offrent sur le front d’APis qu’un triangle argenté,
Caylus a cru devoir corriger le texte de l’historien grec (2), correction inutile lors-
(2) Caylus ,
Antiquités égypt. ,
tome 4 ,
page i5 ,
propose de remplacer W.ôv retpàywvov par lew.'ov ri
, ,
DES HIÉROGLYPHES. 33
le nom sacré du soleil que les Egyptiens voulaient retrouver sur le symbole vivant
Ici j’ai besoin, pour justifier mon assertion, de traiter de l’origine de la lettre
O et des motifs qui ont altéré sa forme primitive à laquelle pourtant on est revenu.
La voix O signifiant soleil en langue sacrée, comme je l’ai déjà dit, pour rendre
en écriture primitive l’idée d’O ou de soleil, on peignit son disque radié (1) ou
rptywvov. Sans chercher ici jusqu’à quel point cette correction peut être admise grammaticalement par-
lant, je profiterai de cette circonstance pour rappeler aux érudits combien on doit être circonspect
(1) Le disque radié du soleil était employé dans l’écriture primitive lorsque la voix U, qui signifie lune
en langue sacrée ,
était rendue dans cette même écriture par le disque de la lune, et non par son crois-
sant d’où dérive la figure de notre voyelle U. Du disque radié dérive la lettre O qu’on retrouve ainsi
sur les monuments égyptiens et dont les rayons se réduisent souvent à trois.
ter au temps de Moïse (b). Dans ces mêmes inscriptions la voyelle O est reproduite aussi sous cette forme
5
U DICTIONNAIRE
non radié. C’est de la peinture du disque solaire non radié que dérive la figure de
la lettre
O?
mais comme la difficulté de la gravure sur marbre ou sur bois obligeait les écri-
vains, qui n’employaient dans l’enfance de l’art qu’un mauvais poinçon d’airain,
à
esquiver autant que possible la ligne courbe en lui substituant la ligne brisée le
,
gone irrégulier
du temple d’Apollon, à Amyclès (1), dont l’origine remonte à trois mille ans. La
difficulté de la gravure, qui fit altérer par les sculpteurs grecs la forme primitive
de la lettre O, fit aussi altérer cette même forme par les autres peuples. Dans
les anciennes médailles orientales on trouve l’O réduit au triangle ou représenté
ainsi :
et la partie
D
courbe est remplacée par des lignes brisées dans les inscriptions phé-
niciennes,
9
(1) Cette inscription, découverte par l’abbé Fourmont, est écrite en boustrophédon ;
elle était destinée
à conserver le nom des prêtresses du temple. On trouve la gravure de cette inscription dans le Monde
primitif de Court de Gebelin ,
planches ix et x.
DES HIÉROGLYPHES. 35
Caylus (1), s’appuyant sur la théologie des Egyptiens qui comparaient, au dire
de Plutarque (2), la nature divine à un triangle rectangle dont un des côtés re-
du concours de Y intelligence et de la matière, pense qu’il n’y avait rien de plus sim-
ple que de réunir ces grandes idées dans le bœuf Apis, symbole d’Osiris, et de placer
sur son front ce triangle mystérieux, plutôt qu’une tache carrée dont la forme n’a
conteste pas que les Egyptiens n’aient représenté I’Être qui est tout ce qui est par
fût parce qu’ayant les trois côtés et les trois angles égaux, ce triangle était le
(4) Le triangle équilatéral est une voyelle de l’alphabet sacré qui exprime en écriture sacerdotale
l’idée de Dieu grand, fort, et immortel. J’ai déjà dit dans la Préface, page li, que la voix I signifiait Dieu
en langue primitive ,
et que la figure de l’I dérivait du menhir, symbole du Très-Haut, dans le culte pri-
mitif. J’ai expliqué (Préface, page xxvii) pourquoi le cnef, aile d'épervier, était le symbole de Y élévation
chez les Egyptiens, et par conséquent de Dieu ou du Très-Haut, et enfin j’ai dit que du cnef dérivait F»
(I égyptien de l’alphabet profane ou hébraïque). La première forme de l’I dérivant du menhir est plus
antique que celle de F* dérivant du cnef; aussi la forme de l’I dérivant du menhir se retrouve-t-elle
I exprimant en écriture sacrée l’idée de Dieu, pour rendre l’idée de Dieu grand on plaça un I sur un
autre I.
L’I supérieur n’étant là que pour exprimer l’idée de grandeur attachée à l’I inférieur qui exprimait
l’idée de Dieu ,
cet I supérieur finit à la longue par se réduire en un simple point; et comme l’idée d’I ou
, ,
36 DICTIONNAIRE
triangle argenté placé sur le front d’APis soit précisément le symbole de TÊtre
de Dieu emporte toujours avec elle l’idée de grandeur, les prêtres égyptiens avaient toujours l’attention
les deux I
en firent leur magna littera, qui dans les inscriptions correspond effectivement à l’I long ;
aussi retrouve-
t-on écrit Mllitia pour militia, Piso pour Piso, etc. Cet I long se confond avec la consonne L, qui ex-
prime l’idée relative d'élévation en écriture sacrée. Les Egyptiens, pour peindre l’idée de Dieu grand,
CNEF.
Pour exprimer l’idée de Dieu fort on plaçait deux I côté à côté ; mais afin d’indiquer que ces deux 1
H
Les Egyptiens en faisaient autant lorsqu’il s’agissait d’exprimer l’idée de Dieu fort avec deux cnefs ;
Enfin, pour exprimer l’idée de Dieu grand et fort en écriture sacrée , on plaçait deux I côté à côté ,
unis par un trait sur lequel reposait un troisième I qui rappelait l’idée de grandeur.
ou notre grand I.
, ,
DES HIÉROGLYPHES. 37
Les Egyptiens, pour exprimer l’idée de Dieu grand et fort, se servaient aussi de trois cnefs, deux
Les Hébreux ensuite substituèrent dans leurs abraxas F* au cnef pour rendre la même idée.
On trouve dans les abraxas hébraïques une petite croix, symbole de la vie, au-dessous des >, parce que
lef Dieu grand et fort est le principe de Y existence; on retrouve aussi cette croix dans la lettre primitive
L’idée de Dieu grand et fort était encore rendue par trois I placés de cette manière :
ici les deux I côté à côté peignent d’abord l’idée de force et comme ils sont placés au-dessus de l’I prin-
cipal qui exprime l’idée de Dieu, ils rappellent en même temps l’idée d 'élévation ou de grandeur. Les
Grecs inclinèrent les deux I supérieurs pour joindre leur base au sommet de l’I principal ; de là vient leur
nisme, il serait absurde de l’attribuer aux jésuites, à moins qu’on ne fasse remonter l’institution de leur ordre au
déluge.
() La voyelle U, dérivant du croissant de la lune et exprimant l’idée de lune en écriture primitive, fut ainsi ren-
due lt par les graveurs forcés de remplacer par des lignes brisées la courbe primitive; puis enfin elle fut réduite à cette
, , , ,
38 DICTIONNAIRE
Dieu grand , fort et immortel, est toujours représenté reposant sur sa base.
A
Puis enfin lorsqu’il fut bien convenu que trois I unis exprimeraient en écriture sacrée l’idée de Dieu
ou de cette manière :
X
mais le plus souvent comme on les voit sur les trois
A grandes perles du collier qui soutient la croix
Sur les antiques abraxas on retrouve aussi les trois cnefs placés et unis de la même manière
attributs. Comme le cercle abréviation de l’aspic qui se mord la queue, devint aussi symbole de l’i'm-
mortalité, si l’on avait pu avec trois lignes droites égales former un cercle, alors on n’aurait pas eu besoin
de l’aspic se mordant la queue pour adjoindre à la valeur symbolique du triple I l’idée d’immortalité ;
mais comme avec trois lignes droites égales on ne peut former qu’un triangle équilatéral, il s’ensuivit
que le triangle équilatéral formé par trois I, symboles du Dieu grand et fort, rappelant autant que
forme Y. Les copistes ayant négligé l’I intérieur dans le ^ latin qui correspondait à Y grec, de là vient qu’on retrouve
dans les textes des anciens auteurs SVLLA pour Sylla, MÂXVMVS pour maximus, etc. Il ne faut pas croire que Sal-
luste, par exemple, ait voulu écrire Sulla par originalité, au lieu d’écrire Sylla comme Cicéron, le tout pour se con-
servir du triple I des Latins, plutôt que d’employer celui des Grecs.
DES HIÉROGLYPHES. 39
Nous avons retrouvé le symbole du soleil que Pline (1) et Ammien Marcellin (2)
nous signalent comme une marque distinctive d’APis. Ces mêmes auteurs veulent
qu’une tache blanche en forme de croissant (3) se retrouve encore sur le flanc droit
phique de la lune , se retrouve effectivement, non sur les figurines d’APis qui sont
toutes recouvertes d’une housse qui le cache, mais sur les médailles d’Adrien et
d’Antonin Pie frappées en Egypte, comme aussi sur Tapis d’un marbre du cabinet
nie (4).
Ainsi donc apis, symbole de Dieu, était un taureau noir, symbole de Yabym ,
ayant 1° l’image d’un scarabée ailé sur la langue, laquelle image était le symbole
la croupe, et qui était le symbole de Yeau céleste; 3° le disque solaire placé entre
possible l’idée du cercle par la manière dont étaient placés les trois 1 ,
le triangle équilatéral devint la
lettre symbolique et mystique qui peignit l’idée de Dieu grand, fort et immortel. Dans l’alphabet
puissance ,
qui ne valent ou ne font cependant qu’un seul et même I (Dieu) ,
mais auquel sont adjointes
(3) Candicanti macula in dextro latere ac cornibus lunœ, xe/>«roeiSoOç (Plin. loco cit.).
(4) Cette housse de cérémonie était, au dire de Plutarque, dans son Traité d’Isis et d’Osiris, en lin
et de couleur noire ;
c’était autrement dit un drap mortuaire dont on recouvrait ce simulacre d’APis , à
40 DICTIONNAIRE
symbole composé du ciel; 4° une tache blanche triangulaire ou carrée sur le front,
langue sacrée et par conséquent symbole du soleil; 5° enfin la figure d’un crois-
De tous ces symboles que les historiens nous donnent comme étant les signes ca-
I’Etre Suprême. On peut retrouver Yaigle sur le taureau noir, symbole de Yabyrn (1),
travail (2), taureau et bœuf qu’il faut bien se garder de confondre avec apis, sur
Les Egyptiens voulaient aussi retrouver dans leur apis vivant le signe de la fa-
culté génératrice (3), car Dieu, dont il était le symbole, avait engendré ou ar-
rangé tout ce qui est, c’est-à-dire s’était engendré ou arrangé lui-même. Le signe
phyre (4), dans la grosseur des testicules et dans la longueur de la verge. Sur les
images d’APis c’est bien par des parties génitales hors nature qu’on indique la fa-
phallus et cette grosseur démesurée des testicules ne pouvant provenir que d’un vice
conséquent attesté que son impuissance. Et puis où trouver un taureau qui eût
les parties génitales d’une grosseur proportionnée à celle qu’on donne à apis sur la
(2) Voyez Boeuf. Dupuis a cru qu’APis n’était autre que la représentation vivante du taureau cé-
leste seconde constellation du zodiaque. Ce courageux savant dont les explications symboliques sont
généralement adoptées par la science s’est trompé tout aussi bien que les docteurs qui en ont fait d’APis
table Isiaque ou dans les figurines? D’ailleurs, comme il eût été trop difficile à la
les prêtres égyptiens qui avaient bien étudié la nature demandèrent au taureau,
destiné à devenir apis, Findice certain de la vertu prolifique, et cet indice le voici :
Lorsque le taureau devient pubère, le poil qui se trouve entre les cuisses, à
poil s’étend en largeur sur les cuisses, plus le taureau est vigoureux (2).
I’Être Suprême, le signe de la faculté génératrice , observèrent donc dans leur choix
que le jeune taureau qu’ils devaient offrir à la vénération du peuple eût autant que
parler d’un certain arrangement de poil sur les parties postérieures d’APis, crut qu’il
(1) Pour ce qui était des signes caractéristiques, tels que le scarabée et Y aigle qui devaient se trouver
sur la croupe, je partagerais volontiers l’opinion de Diderot : Comme il eût été assez difficile , nous dit
cet encyclopédiste (a), que la nature eût rassemblé sur le même animal tous ces caractères, il est à pré-
sumer que les prêtres pourvoyaient à ce que l’Egypte ne manquât pas d’ apis ,
en imprimant secrètement ci
quelques jeunes taureaux les marques requises; et s’il leur arrivait de différer beaucoup de montrer au
peuple le dieu apis, c’était apparemment pour ôter tout soupçon de supercherie. Mais cette précaution
n’était pas fort nécessaire; les peuples ne font-ils pas dans ces occasions tous leurs efforts pour ne rien voir ?
(2) Si par ce rebroussement du poil on peut juger d’une manière certaine de la vigueur génératrice
du taureau ,
par ce même rebroussement, qui indique aussi la puberté de la génisse, on peut juger,
même avant la gestation , de ses qualités comme bonne ou mauvaise nourrice. Cette remarque a été
faite par nos paysans comme par les prêtres égyptiens, et sur cette donnée dont il s’est attribué la dé-
couverte, un simple jardinier, François Guenon, est parvenu, après avoir comparé les rapports qui
existent entre le rebroussement du poil et la quantité de lait que fournit chaque espèce de vache , à
déterminer d’une manière précise quelle quantité de lait une vache quelconque peut donner par jour,
et cela, à la simple vue de l’animal, comme il le dit lui-même dans son Traité des vaches laitières,
où il expose son système. Le Comice agricole de Bordeaux et la Société centrale agricole d’Aurillac lui
observation soutenue avait conduit à des résultats si précieux pour l’économie rustique, s’est même
crue obligée à lui décerner une mention honorable.
6
42 DICTIONNAIRE
était question des grands poils de la queue, qui, selon lui, devaient être dou-
bles (1); cependant, comme l’ont remarqué tous les antiquaires, on ne trouve rien
de caractéristique dans la queue d’APis, tel qu’il nous est représenté sur la table
Isiaque ou par les figurines. Porphyre (2) et Macrobe (3), en nous donnant le
lorsque le premier nous dit que les poils de tout le corps de Mnevis se dirigeaient
sorte qu’il était tout hérissé. On conçoit que Porphyre et Macrobe amplifient et
qu’il ne pouvait être question que du poil de la partie postérieure de ces diffé-
rents taureaux symboliques, car, s’il en eût été autrement, Mnevis et Bacis eus-
Lorsque j’ai dit qu’APis était un taureau tout noir, sauf les deux taches blanches
placées l’une sur le front et l’autre sur le flanc droit, je suivais le signalement
donné par Hérodote (4). Cependant je ne crois pas que cette uniformité de cou-
leur dans le poil ait toujours été regardée comme une condition expresse dans le
choix des différents taureaux qui se sont succédé comme symboles de Dieu à
Memphis. Strabon (5) nous dit qu’APis était de diverses couleurs, et Lucien (6),
qu’il était bigarré : si nous consultons la table Isiaque, où le blanc est distingué
du noir par un placage d’argent, nous voyons qu’APis a seulement la tête, le cou,
et la croupe, noirs, tandis que le reste du corps est tout blanc. Ces deux couleurs
aux ténèbres dont on voulait retrouver l’expression sur le symbole vivant de tout ce
DES HIÉROGLYPHES. 43
qui est? car enfin apis n’était, comme l’avait fort bien entrevu Elien (1), qu’un as-
qui, ne pouvant être compris que par les initiés, demeuraient inintelligibles pour
peuple un taureau vivant comme symbole de Dieu, plutôt que la statue d’un tau-
reau avec des signes caractéristiques qui auraient déterminé sa valeur? Cette
question qui n’a jamais été soulevée va nous conduire à expliquer le culte des
On voulait que le taureau, symbole de Dieu, fût vivant pour rappeler l’idée
de vie universelle, une des trois parties qui constituaient la divinité toute entière
selon les Egyptiens. Cette vie universelle, dirigée par Yintelligence suprême qui
scarabée mais comme cette vie existait dans la matière et que le scarabée ailé était
dans la bouche d’APis, ce symbole n’étant pas visible, la sagesse sacerdotale crut
devoir exiger que le taureau divin fût vivant pour rappeler cette idée principale.
Tous les animaux vivants que les Egyptiens nourrissaient dans leurs temples
étaient autant de symboles composés qui rappelaient l’idée de tout ce qui est,
c’est-à-dire de Dieu. Ainsi le crocodile, par exemple, qui était considéré comme
symbole du mauvais principe à Tentyris, et comme celui du débordement à
Coptos (2), devint par extension dans cette même ville celui de la matière-pripcipe
du Nil n’étant autre chose, selon les Egyptiens, que l’écoulement de cette eau
U DICTIONNAIRE
sur le crocodile sacré comme sur apis, et qui exprimaient symboliquement l’idée
Le crocodile,
disque et croissant qui forment, comme nous l’avons déjà vu, le symbole composé
du ciel. Quelquefois même on représentait le crocodile sacré avec une tête
localité, se figurèrent que le symbole vivant adopté par leur nome était le seul
qui représentât effectivement I’Être Suprême qui est tout ce qui est fanatiques
fous, puis ils finirent par se haïr cordialement et quelquefois même ils en vinrent
(0 Vépervier peut être le symbole de Y élévation ou celui du soleil (voyez Epervier); mais dans
cette circonstance il est celui de Y élévation, d’où dérive le cnef (a), symbole du Très-Haut ou de
Y intelligence suprême.
DES HIÉROGLYPHES. 45
jusqu’à se battre pour la plus grande gloire de leurs animaux sacrés; tandis qu’aux
jeux des initiés, tous n’adoraient que la divinité unique du culte primitif, compo-
sée des trois principes (1), mais seulement sous des formes symboliques qui dif-
La valeur d’APis comme symbole de Dieu n’était connue que des initiés qui,
confondaient pas avec le simple taureau noir, symbole de Yabym ; mais pour la
bordement n’était dû, selon leur croyance, qu’à un écoulement de cette eau infinie
qui s’échappait tous les ans au solstice d’été par la cataracte du sud pour féconder
la terre sainte, Y eau du Nil étant de même nature que Y eau de Yabym , apis devint
Les Egyptiens disaient qu’APis était l’image d’Osims : mais Osiris n’était autre
chose que Yabym ou matière-principe (2). Le Nil, qui ne lut d’abord considéré
(2) Osiris ou Yabym personnifié était toujours représenté noir, [j.eluyzpoiç 6 éalpiç il était, comme
nous le dit Plutarque, le principe de toute puissance humide, de toute cause productrice de l’eau, de
toute génération et tout germe productif : O i §è uominpoi t«v lepéav, où pôvov rov veîTov ôatpiv •/.aXoO'riv
àXkà Ocr ipiv p.sv v.Ttlwç K7r«<7av rùv ùypoizo.io-ii àpyjiv y. ai 50vap.iv, air t'av ysvs'crecog GTzépp.a-oç oÙGiaii vofuÇovrEçJ
rov Si Oaipiv au tzkIl'j p.s^ayp/pouv ys yovivai p.uôoîoyoüotv, ôr i irâv uSo tp -/.ai yüv zai tp.àrta /.ai vsyu pE^at'vEi p.iyvuuE-
vov, -/.ai rwv vswv Oyporjjç ÈvoOoa itpé/ji ràc vpiyjnç peÀaivaç. (Plutarq. Traité d’Isis et d’ Osiris chap. 13).
Osiris étant le symbole personnifié de la matière-principe , Isis celui de la vie universelle, et Cnef celui
de Y intelligence suprême, leur réunion composait IEOUA, c’est-à-dire tout ce qui est (a), Dieu. Les prê-
(a) Ce nom d’IEOUA, dont nous avons fait jeova, était en Egypte le nom sacramentel le nom terrible que l’Initié
ne prononçait jamais devant un profane; il signifie en langue sacrée Dieu qui est tout ce qui est, en voici la raison :
, , ,
46 DICTIONNAIRE
que comme un écoulement d ’Osiris (1), fut ensuite considéré comme étant Os iris
lui-même, puis enfin on finit par ne donner le nom d 'Osiris qu’au débordement.
Apis, considéré comme symbole du débordement par les prêtres mêmes qui fini-
était réputé le fruit miraculeux d’une vache privilégiée, fécondée par le feu céleste
et par une opération divine (2). Ce feu céleste n’était autre que celui du soleil qui
que le tiers de la divinité unique selon les Egyptiens : mais de même que l’idée abstraite d’une des trois
dimensions ramène toujours à l’idée positive d’un corps, de même l’idée d’Osmsou de Veau infinie dans
laquelle la vie et Yintelligence étaient inhérentes rappelait l’idée de tout ce qui est ,
de Dieu.
les voyelles qui seules expriment une voix ou un son, peignent, considérées seules en écriture sacrée, des idées posi-
tives; A-homme, E -femme, I-Dieu, O-soleil, XS-lune. Les consonnes qui ne peuvent être exprimées qu’avec le
concours des voyelles ne peignent, considérées seules dans cette même écriture, que des idées relatives; B j génération,
G - commandement F -voix, P- consécration, etc. Les consonnes, en un mot, ne font que modifier l’idée positive
rendue par les voyelles, comme les articulations ne font que modifier les sons. Exemple : A signifiant homme,
P signifiant consécration, AP signifiera homme-consécration, Y homme qui consacre, le consécrateur, c’est la racine
première d’APollon. PA signifiera consécration-homme , celui qui est sacré, le consacré, le saint, Yinitié. Le superlatif
se formant en langue sacrée parla répétition, PAPA signifie saint saint ou très-saint, et comme il n’y a rien de plus
saint pour un fils que son père, PAPA signifiepére en langue sacrée. On voit par cet exemple que les idées positives, c’est-
à-dire tout ce qui existe ne peut être rendu que par des voyelles, soit seules, ou combinées entre elles, ou modifiées par
les consonnes. Si donc nous prenons les cinq voyelles AEIOU et que nous les considérions comme ne formant qu’un seul
mot ou n’exprimant qu’une seule idée positive, ce mot signifiera tout ce qui est, Yunivers, parce que tout ce qui esta
besoin pour être dénommé en détail du concours d’une ou de plusieurs voyelles modifiées ou non modifiées par les con-
défini par les Egyptiens celui qui est tout ce qui est pour donner à Dieu un nom qui portât avec lui la définition de
parla réunion des cinq voyelles, il s’agissait de Dieu, on intervertit l’ordre naturel des voyelles qui est AEIOU (ordre na-
turel que j’expliquerai dans mon Etude de la langue sacrée) pour mettre à la première place la voyelle I, qui signifie
est. Cette explication du nom IEOUA sert à comprendre cette belle sentence que j’ai retrouvée inscrite sur l’épaule droite
d’un sphinx colossal de granit rose : Homme, sois humble; celui qui veut être le premier parmi ses frères devient le dernier
devant Dieu, son nom terrible (qui n’est pas inscrit, mais qui est IEOUA) enseigne au superbe sa place. En effet ,
la
voyelle A, qui signifie homme et qui se trouve la première dans l'ordre naturel des voyelles ,
est rejetée à la dernière dans
DES HIÉROGLYPHES. 47
darde ses rayons avec le plus de force lorsqu’il est parvenu au solstice d’été,
époque où le Nil déborde. L’ opération divine c’était la levée de la pèle céleste par
Les prêtres d’APis étaient au nombre de cent (1), parce que le Nil qui déborde
au solstice d’été, et qui rentre dans son dit quelques jours après l’équinoxe d’au-
berges (2).
Lorsque les prêtres d’APis, après la mort d’un taureau sacré, trouvaient un veau
(2) In totum autem revocatur intrà ripas in libra (a) centesimo die (Plin. lib. S , cap. 9 ). Lorsque le
débordement du Nil cessait, l’Egypte ne laissait pas pour cela d’être inondée car il ne faut pas se
figurer la section transversale de l’Egypte comme nous offrant une courbe concave au milieu de laquelle
ainsi que celle de la plupart des vallées partagées par un fleuve qui les inonde et où l’on voit que le
sol est mis à découvert dès que les eaux sont au niveau des berges. La coupe transversale de l’Egypte
nous offre au contraire une courbe légèrement convexe.
ayant dans sa partie supérieure une profonde échancrure qui est le lit même du Nil dans ses basses
eaux; de là vient que le Nil, quoique rentrant dans son lit à l’équinoxe d’automne, n’empêche pas
que .l’Egypte ne reste inondée, et celte inondation cesse graduellement, soit par l’écoulement des
eaux que les canaux conduisent dans le Nil, soit par l’évaporation, ce qui demande près de trois mois
pour que le sol le plus bas de l’Egypte soit entièrement desséché; c’est ce qui fait que désormais nous
distinguerons Y inondation de l’Egypte d’avec le débordement du Nil, et nous dirons : le Nil est débordé
depuis le solstice dété jusqu’à l’équinoxe d’automne, et l’Egypte est inondée depuis le solstice d’été
48 DICTIONNAIRE
quatre mois avec du lait (1). Le Nil qui se trouve le plus bas possible au solstice
sensible qu’un mois avant l’équinoxe du printemps, le Nil, considéré comme majeur
lorsqu’il était à pleins bords, était considéré comme étant dans l’enfance avant
cette époque, et sa croissance ayant lieu à partir du mois qui précédait l’équinoxe
du printemps jusqu’au solstice d’été, les prêtres nourrissaient son symbole vivant
Apis était ensuite conduit par les prêtres qui l’avaient allaité, dans une ville
quarante jours qu’une nourriture légère; c’était ce qu’on appelait le jeûne cTapis.
Le dernier jour, les prostituées (3) pouvaient le voir et lui adresser leurs vœux en
découvrant les parties du corps que la pudeur oblige de cacher. Le Nil qui dé-
borde au solstice d’été continue à croître pendant quarante jours, époque à laquelle
il reste stationnaire pour décroître ensuite et rentrer dans son lit vers l’équinoxe
d’automne. Ce n’était donc qu’après quarante jours, à partir du solstice d’été, que
l’on pouvait être fixé sur la crue des eaux fécondatrices, crue que les Egyptiens
devaient nécessairement désirer voir s’étendre jusqu’au désert, et c’était pour cela
qu’on y conduisait apis comme pour lui enseigner la limite à laquelle devaient
était à Nilopolis, parce qu’on désirait que le débordement parvenu jusque là n’eût
plus de force pour s’étendre sur le désert, phénomène qui ne pouvant être dû qu’à
une trop forte crue, était d’aussi mauvais augure pour la récolte qu’une crue trop
(2) Diodor. Sicul. lib. 1. Cette ville, appelée par les Grecs Nilopolis, était appelée par les Egyptiens
Nuno (Nun -Nil, O -ville). Hérodote l’appelle ville d’épis et la place, ainsi que Marée sur les confins
(5) Diodore ne dit point que les femmes qui venaient adorer apis fussent des prostituées mais l’ex-
DES HIÉROGLYPHES. 49
faible. Les prostituées, les Fulens ou filles du mauvais principe (1), auxquelles on
comme pour lui demander d’être fécondées, étaient les représentantes de Nephthis,
épouse stérile de Typhon laquelle ne pouvait être effectivement fécondée que par
son adultère avec Osiris que représentait le taureau sacré. Nephthis, comme l’in-
dique son nom (2), n’est autre que le désert qui, profitant de l’époque où le Nil
débordé se trouvait près de lui, était alors sensé implorer son action fécondatrice.
La couronne de mélilot, laissée par Osiris sur la couche de Nephthis, était le té-
Apis ayant terminé sa quarantaine dans la ville du Nil, ses prêtres le condui-
saient par eau à Memphis (3), dans la barque sacrée (4) où était dressé un pa-
teur de l’Egypte, était logé dans le temple de Phtha, le futur rédempteur qui devait
aussi régénérer le monde avec le feu éternel. En avant du temple était le prome-
noir d’APis se dirigeant de l’est à l’ouest; des colosses de douze coudées de hau-
les écuries du taureau sacré (5); le peuple tirait des présages de l’affection mar-
(2) Plutarque, dans son Traité cl’Isis et d’ Osiris, chap. 18, a parfaitement expliqué cette allégorie,
et pour ce qui est du nom de Nephthis que les Egyptiens donnaient au désert et au rivage maritime, il
signifiait dans leur langue vulgaire ce qui est dispersé, ce qui est répandu , la poussière , le sable ;
racines
— yBJ (
NEPHTH - IS ).
(4) Celte barque sacrée était comme les Qewpiosç des Grecs, et de même que la vcâiç uah/.uivia des
Athéniens, elle était conservée par le soin qu’on avait de remplacer les planches pourries par des
planches neuves.
(5) Pline (
lib. 8, cap. 46), qui appelle les écuries d’Aris, délabra (temples), nous dit que les
appelaient ces écuries waubn, telamim , ou intôn telamou; racines: iàr\, mettre en suspens, et
,
D’o ou la ,
eaux; ce qui doit décider de la crue des eaux.
7
50 DICTIONNAIRE
quée (Tapis pour l’une ou l’autre de ces deux écuries. En effet, lorsque le symbole
chée du Nil, on croyait pouvoir en augurer que le débordement ne s’étendrait pas fort
loin; c’était tout le contraire lorsque le taureau sacré allait ruminer de préférence
dans l’autre. C’était aussi pour éviter les présages sinistres d’un débordement
excessif ou d’une crue presque nulle que les prêtres d’xpis surveillaient leur tau-
reau sacre qu ils tenaient prisonnier dans son promenoir car apis échappé pouvait
,
aller vagabonder vers le rivage du Nil ou dans les campagnes voisines du désert.
La plus célèbre des fêtes égyptiennes était celle qui durait pendant sept
d’APis (1) ou pour mieux dire en honneur de X apparition du Dieu (2). Le Nil dé-
borde vers le solstice d’été, et cette époque de l’année est encore fêtée en Egypte.
Deux patères, l’une d’or et l’autre d’argent, étaient jetées solennellement, le pre-
tournoiement d'eau qu’on appelait la phiole (3) ou X entonnoir : c’étaient les offrandes
dont il est le bienfaiteur. On prétendait que pendant les sept jours que durait la
fête, les crocodiles, oubliant leur férocité, ne faisaient de mal à personne (4) :
marchant; force est donc alors aux crocodiles de rester dans le lit du fleuve jus-
qu’à ce que l’élévation des eaux au-dessus des berges soit assez considérable, ce
qui demande à peu près huit jours; aussi les prêtres égyptiens disaient-ils que
(2) OeoyciviK.
(5) Plin. lib. 8, cap. 46. Les Egyptiens appelaient ce tournoiement d’eau nnsx, la pbiole.
DES HIÉROGLYPHES. 51
Dans les temps primitifs (1), lorsqu’un faible débordement suffisait pour fécon-r
der toute la terre d’Egypte, on désirait que son niveau ne s’élevât pas jusqu’à
sentait Nephthis (le désert) qu’on ne voulait pas voir fécondée. Plus tard, lorsque
le sol d’Egypte se fut exhaussé par les dépôts successifs de limon, comme il fal-
lait, pour que toute l’Egypte fût recouverte par le débordement que ce même dé-
bordement fût assez considérable pour parvenir jusqu’à la lisière du désert, alors
vache rousse, symbole de Nephthis, qu’on tuait immédiatement après l’avoir fait
On désaltérait apis avec l’eau d’un puits destiné à cet effet, et l’on avait le plus
grand soin d’empêcher que le taureau sacré ne bût dans le Nil dont il était le
symbole; car apis ne devait pas être autophage. Plutarque prétend (4) que l’eau
(1) J’appelle temps primitifs ceux qui ont précédé le règne de Sésostris, c’est-à-dire qui sont anté-
dote (
Clio . cap. 140 et Euterp. cap. 45), que les Egyptiens n’avaient jamais sacrifié de victimes hu-
maines ;
mais comme Hérodote juge les Egyptiens primitifs par les Egyptiens de son temps, son assertion
ne doit pas infirmer les témoignages de Plutarque, de Diodore de Sicile, et d’Àthénée, qui nous as-
surent qu’ anciennement les Egyptiens sacrifiaient des victimes humaines pour apaiser la divinité; on
suppose même que cette coutume barbare n’aurait été abolie que sous le règne d’Amasis, 570 ans
avant notre ère. Voyez d’ailleurs Mythologie de Banier, tome iv, page 277.
(5) Le taureau noir étant le symbole de Y eau infinie qui enveloppe le monde et dont un écoulement fé-
lion (voyez Lion) étant le symbole du débordement fécondateur, une lionne était le symbole de la terre
fécondée par ce même débordement (voyez Sphinx). Un taureau roux (couleur de Typhon ) était le sym-
bole de Veau marine que les Egyptiens avaient en horreur, et une vache rousse était celui de la terre
(4) Aéyovzca §k v.oà z'ov Aîrtv sx ypéc/.zoç iSiov zzoz i'Çsu toü Ss N silov TZKVzÛTaxmv «Tretpyetv ,
où p.iKpov riyovp.i'jovç zb
ùSatp Slx zbv y.poxbSsOov ûç èvioc vogIÇovœiv, oùiïèv yàp ouzo, zip-v AiyuTTTiojç ,
wç ô Nsîloç ,
àXkÿ mcdveiv Soysï -/.ai
p.clh(7Z(x 7TOÏutjapxicK'j 7rotS£v zb Neilüov viïvp r: ivop.evov. Où foùïovzçu tov oùrwç syjtv ,
oùSs szvzoùç , àXl.à
52 DICTIONNAIRE
trop gras, parût avoir la partie divine de son être accablée sous le poids de la
privait de boire l’eau du Nil qui était considérée en effet comme un écoulement
pas plus à l’eau du Nil qu’à celle des autres fleuves, je considère la raison donnée
par Plutarque comme étant aussi peu admissible que celle fondée sur cette
allégation absurde, savoir, que l’eau du Nil était considérée comme immonde par
dont le Nil était un écoulement; car c’étaient toujours leurs propres symboles
qu’on immolait aux différentes divinités (1). Ces sacrifices de taureaux noirs, faits
voit assommer un autre (2). Hérodote, en nous parlant des taureaux qu’on sacri-
fiait en Egypte, semble contredire cette assertion que des taureaux noirs étaient
immolés à apis, lorsqu’il nous dit (3) que les prêtres, qui avaient seuls mission de
choisir les victimes, rejetaient comme impur tout taureau sur lequel se trouvait un
seul poil noir. Mais il faut observer qu’Hérodote, qui ne parle et qui ne pouvait
re
(1) Voyez l note de la page 7.
(2) Apis, traité en Dieu mais continuellement surveillé, étant en outre effrayé par les sacrifices de
cher en liberté sa nourriture dans les campagnes que de se voir retenu par un prêtre qui d’ailleurs
pourvoyait à tous ses besoins; aussi est-ce au taureau de Memphis que Plutarque compare Cléomène
retenu ,
malgré lui ,
en Egypte, où il jouissait cependant de toutes les douceurs de la vie. (
Voyez
Plutarq. Vie d’ Agis et de Cléomène).
DES HIÉROGLYPHES. 53
que les sacrifices expiatoires offerts au mauvais principe pour apaiser sa colère.
Or, comme Typhon était roux c’étaient des taureaux roux qu’on immolait à cette
« quelque malheur doit arriver à ceux qui offrent ce sacrifice , ou à l’Egypte entière
« puissent-ils retomber sur cette tête ! » et la tête de la victime était ensuite portée
sur la place publique pour être vendue aux marchands grecs qui étaient marins et
considérés par conséquent comme enfants du mauvais principe, ou bien elle était
peut mettre en doute qu’il n’y eût plusieurs divinités auxquelles on immolait des
taureaux, puisque Hérodote lui-même nous dit (2) que la manière d’enlever les
jusqu’à ce que nous puissions nous convaincre que des sacrifices de taureaux noirs
ont été offerts à Yabym ou à ses symboles Osiris et apis, on peut être autorisé à
croire dès à présent que la couleur de la victime était toujours en rapport, chez
les Egyptiens comme chez les Grecs, avec celle affectée à la représentation ma-
térielle de la divinité qu’on voulait implorer (3).
(
Euterpe ,
chap. 59. )
(2) H ii rîvi eÇodpecr iç twv ip&v v.ed n y.avciç , «lin irspi «11o Ipôv crœt xctrsoTïjxe.
(
Euterpe, chap. 40. )
(5) Les principes fondamentaux de la religion grecque ayant été empruntés à la religion égyptienne,
comme Hérodote en convient lui-meme : 2 %e 8 ov Sè y.« i <k«hz« t« ovvop.«z« züv 3 ewv sÇ AtyÙ 7rrou èlnlvde éç ~nv
È11«§« (Euterpe, chap. S0), les rites, partie essentielle du culte, durent conserver une grande analo-
gie chez les deux peuples. Or nous voyons que les Grecs immolaient des victimes noires aux divinités
noires et des victimes blanches aux divinités blanches : c’est ainsi (
Iliacl . chant m) qu’un agneau blanc
est immolé au Soleil et une jeune brebis noire à la Terre. On sacrifiait des taureaux noirs à Neptune
( Odyss chant ni ) représenté avec une chevelure noire ou azurée (r.v«vo%ahnç) parce qu’il était la
personnification du noir empire de la mer (a). C’étaient des beliers et des brebis noirs qu’on immolait à
(a) Les Egyptiens qui regardaient la mer avec horreur, et qui la considéraient comme l’empire du mauvais principe,
ne durent pas fournir aux Grecs l’idée de leur Neptune, divinité très-irritable, mais ayant du reste d’excellentes qua-
lités. Aussi Hérodote (Euterpe, chap. 50), qui nous donne la nomenclature des divinités que les Grecs avaient prises
54 DICTIONNAIRE
statue d’APis aux cornes dorées, recouverte d’un voile noir en lin (1); c’était une
pompe funèbre où l’on déplorait la mort du Dieu qu’Hérodote n’ose pas nom-
mer (2). Dans la soirée du dernier jour (3), les prêtres, revêtus de leurs habits
l’inexorable Proserpine.
(2) Hérodote (Euterpe, chap. 129 et suiv.), en nous racontant l’histoire ridicule de Mycérinus et de
sa fille ,
nous parle de la statue d’une vache qu’on voyait encore de son temps dans le palais de Sais.
ment recouvert d’un voile de pourpre (« Sè fiovç zà piv alla xazaxéxpvnzai foivixzw si pan ) , le col et la tête ,
seules parties apparentes, étaient recouverts de lames d’or très-épaisses (tôv aùyzva Sè xa i z-nv xzyalriv
rien ,
sortait tous les ans du palais où elle était déposée pour être exposée au grand jour, à cette même
époque où les Egyptiens pleuraient la mort du Dieu qu’il ne lui est pas permis de nommer (èxipzpzzai Sè
èv. toü oixrjpazoç àvà iràvza zà zzsa' ènzàv zùnZMVzai oi AlyÙTtzioi zôv oùx àvopaÇip.Evov Gsôv lit èy.sïi èni zoloùzm
npviypazL, zozzon y.ai zi/v (3 oüv èxfêpovtn zç Totpûç). Il n’y a pas de doute que le Dieu dont il s’agit ici ne fût
Osiris ,
le débordement personnifié, seul Dieu égyptien qui fût annuellement mortel. Quant au quiproquo
d’Hérodote qui prend pour une vache le taureau symbolique de Sais, cet historien n’ayant pu déter-
miner le sexe de cette représentation symbolique, puisque, à l’exception de la tête et du col, elle était
Mycérinus. Plutarque ,
qui adresse son Traité d’Isis et d’Osiris à Cléa ,
prêtresse d’Isis ,
nous dit que c’était
un taureau, symbole d ’ Osiris (|3oüv qà.p ôtripiSog ziv.ova vop.i'Çouo-tv), qu’on promenait pendant quatre jours,
à partir du 17 Athyr, époque de la disparition d’Osiris ( Sib privé? ÀOùp àfaviaOüvai tôv ôo-tptv Iz-yov cuv ) ,
et
pour ce qui est du voile de pourpre qui recouvrait la statue d’APis dans le palais de Sais ,
au lieu du voile
noir, tel que le signale Plutarque, il n’y a point de difficulté, car le rouge, consacré à Typhon, était
(5) Plutarque nous dit que c’était la nuit du 19 Athyr qu’avait lieu cette procession vers la mer; mais
il se trompe évidemment, car cette procession funèbre qui durait quatre jours, à partir du 17, devait
ailleurs que chez les Egyptieus, et qui sont Junon, Vesta, Thémis, les Grâces, les Néréides, les Dioscures, et Neptune,
pense que cette série de divinités est d’origine pélasgienne, à l’exception de Neptune que les Grecs avaient emprunté
aux Lybiens.
,
DES HIÉROGLYPHES. 55
sacerdotaux, descendaient vers la mer portant dans l’arche sainte le canobe d’or,
dans lequel ils recueillaient les dernières eaux du débordement : avec cette eau
forme du croissant de la lune, puis le peuple alors s’écriait qu ’Osiris était retrouvé .
Cette image du croissant de la lune, recouverte des voiles sacrés, était ensuite
portée en triomphe par les prêtres en remontant le cours du fleuve. Le Nil rentre
dans son lit à l’équinoxe d’automne; c’était alors qu’on pleurait la mort d ’Osiris,
nèbre durait quatre jours; c’était, nous dit cet historien, parce qu’on déplorait
verdure, car les feuilles des arbres commencent à tomber à cette époque (1).
poussées par les vents du nord vers les montagnes qui sont au delà du tropique,
solstice d’été; et comme il est à présumer que là se trouvent aussi les sources du
Nil, les pluies enflent le fleuve qui se répand alors sur l’Egypte. C’était pour figu-
rer matériellement ce phénomène que les prêtres pétrissaient avec de la terre dé-
trempée dans l’eau du débordement une figure ayant la forme du disque lunaire,
tion (2). Le peuple s’écriait alors qu’ Osiris était retrouvé, pour dire que la cause
du débordement était reconnue. Pour figurer la marche des vapeurs qui devaient
(
1
)
lied yàp rà TzevOoTjpevoc t iaac/.pa ,
7rpwTov pèv ô NeîXoç àizoldv:w» xcd Ûttovoo’twv ,
Ssvrepov Ss là. fîopuu 'tevsvp.cerce
à.Tïoyop.vMtnç ,
àp.a rri tmv (fuz 6iv •1/0,6 'rrjTi Trnny.c'.îizcc covl’koppooivmv.
56 DICTIONNAIRE
en suivant les bords du Nil, et l’on portait à l’extrémité d’un long bâton doré le
Y air (1). Dans les temps antérieurs à la domination des Perses, et même posté-
accroupi, débarrassé du voile funèbre avec lequel il avait déjà été exposé à l’équi-
sous l’espace qui se trouve entre les Gémeaux et le Cancer, placé là comme sym-
du Dieu qu’on transportait sur un radeau (4) jusqu’au temple de Neith, appelée
et le phallus étant apparent, il ne peut y avoir de doute sur le sexe de ce symbole. Au lieu du disque
solaire qui, placé entre les cornes du taureau, est, comme nous l’avons vu, le symbole composé du
ciel, on trouve une étoile entre celles du taureau accroupi dans le Zodiaque de Dendérah. Cette étoile
DES HIÉROGLYPHES. 57
Nuit (2). Les portes de bronze, portes de deuil et d 'oubli (3), qui ne s’ouvraient
que dans cette triste solennité, grondaient alors sur leurs gonds pour laisser entrer
missements jusqu’à ce que les prêtres d’APis aient pu lui trouver un successeur (4 )
était le symbole ne devait plus, après la mort du taureau divin venir désormais
l’abattement dans lequel cette mort plongeait les Egyptiens, de donner cent talents
Malgré l’attachement frénétique des Egyptiens pour leur apis, malgré toute la
vivre au delà d’un terme fixé, passé lequel ses ptêlres le noyaient dans une fon-
à ses jours en se précipitant dans les flots. Vingt-cinq ans étaient le terme de la vie
d’APis, comme on peut l’inférer d’un passage de Plutarque (7). Le motif qui enga-
(1) Le coryphée dont il s’agit ici portait comme marque distinctive une baguette d’ivoire à la main,
ce qui fit que les Grecs prétendirent qu’il remplissait les fonctions de Mercure. Les croque-morts ,
cory-
phées des pompes funèbres, portent aujourd’hui à leur boutonnière la baguette d’ivoire, insigne de leurs
lugubres fonctions.
(2) L’initié, gardien du temple de la Nuit, avait la tête recouverte d’uu masque de chacal que les
présentant de Cerbère.
(5) H<jïca xcà xûxvtov. Plutarq. Traité d’Isis et d’Osiris, chap. 13.
( )
(6) Hune bovem certis vitæ annis (ultra quos nefas est eum vivere ) mersum in sacerdotum fonte
èvtauTwv é’Çn xpôvov 6 kmç. (Plutarq. Traité d’Isis et d’Osiris, chap. 29. )
8
,
58 DICTIONNAIRE
geait les prêtres égyptiens à se défaire de leur Dieu après vingt-cinq années de
service était fondé, comme nous le dit Ammien-Marcellin (1), sur les principes
d’une science cachée. La mort, selon Arnobe, était le prix réservé à l’imprudent
initié qui aurait révélé ce mystère; aujourd’hui on pourrait le dévoiler sans crainte,
mais à regret je suis forcé de dire que je n’ai pu même en soupçonner le sens.
n’était autre que la représentation vivante du taureau zodiacal cet auteur nous
signe influent sur la durée de la vie, selon les dogmes astrologiques, chaque signe
tière des trente degrés du signe ou de la partie du zodiaque mesurée par chacun
des douze signes. On trouve dans Saumaise (3) la table des anaphores pour le
de vingt-cinq ; c’est par la même raison que la lune, qui a son exaltation au signe
du taureau, donne aussi ce nombre de vingt-cinq. Or, comme cette même lune
cinq ans de durée ou influait pour vingt-cinq ans dans la durée de la vie humaine
fluence de son patron le taureau céleste, ne devait vivre que vingt-cinq ans; et
d’une science réputée positive. Le savant Jablonski (4) a remarqué à ce sujet que
DES HIÉROGLYPHES. 59
ramenait le soleil et la lune en conjonction au même point du ciel à peu près par
nous dit Dupuis, étant un emblème sacré relatif aux périodes luni-solaires et à
vements célestes, apis avait la même durée que la période de vingt-cinq années
ainsi le retard de plusieurs années que mettaient quelquefois les prêtres d’APis
pour trouver un successeur au taureau sacré lorsqu’il mourait avant ses vingt-cinq
ans révolus, et cela parce qu’ils voulaient conserver l’égalité dans la période des
apis. C’est bien dommage pour ces ingénieuses explications que le vigoureux apis
n’ait jamais eu aucun rapport avec le taureau zodiacal , qui est un bœuf ou tau-
reau bistourné (1). Le véritable motif de la noyade d’APis sera aussi difficile à
auteurs prétendent, Horus-Apollon entr’autres, que ce fut parce que cet astre se
trouve avoir son exaltation dans le signe du taureau céleste : ce n’est point là la
cause de cette consécration dont nous parlent les Grecs; c’était parce qu’APis,
toute cause productrice de l’eau (3), et que la lune était considérée aussi comme le
principe de toute puissance humide; car, selon les expressions du poète Alcman, la
rosée qui rafraîchit la terre desséchée par les ardeurs du soleil était fille de cet
(2) L’emplacement où se trouvait cette fontaine, appelée par Pline fontaine des prêtres, et par
Solin (cap. 52), fontaine sacrée, était mis en Egypte, du temps même où l’on y trouvait encore des
apis, au nombre des choses introuvables et des énigmes insolubles;' Stace (
Sylv 11. 2) prie Isis de
astre (1). Ce fameux taureau céleste dans lequel la lune avait son exaltation a fait
faire bien des contre-sens aux Grecs qui ont voulu pénétrer les allégories égyp-
tiennes ;
c’est ainsi que nous les voyons prendre Isis
(
la Nature )
pour une per-
cornes de taureau, ce qui faisait allusion, selon eux, à l’exaltation de la lune dans
ce signe du taureau céleste, tandis que ces cornes de taureau entre lesquelles se
n’étaient, comme nous l’avons déjà vu (2), qu’un symbole composé, équivalent à
Il me reste à parler de la manière dont apis rendait ses oracles. Je serai bref,
car il ne s’agit ici que de croyances ridicules. Nous avons déjà vu que l’affection
marquée d’APis pour l’une ou l’autre chambre placées aux deux extrémités de son
promenoir était regardée comme le présage certain d’une forte ou d’une faible
crue du Nil. Le Dieu manifestait aussi l’avenir d’un individu par la manière dont
(1) Le mouvement des révolutions de la lune, nous dit Plutarque (de la face qui parait sur la lune,
chap. 27), excite des haleines tempérées, des rosées, et des vapeurs légères, qui s’étendent partout
et qui suffisent à la nourriture des plantes.... Tw go)m rü? mpKfopâç aûpaç rk izapupap-zü-j àzpép.a xai Spoaovg
le Nil débordant au solstice d’été, ce signe était sous l’influence de la lune et avait pour génie Her-
aquatiques ,
et pour couleur le noir.
tenait à la manière dont le taureau sacré recevait la nourriture qui lui était offerte se trouvait être la
DES HIÉROGLYPHES. 61
Tibère (1). Les prêtres égyptiens prédirent à Eudoxe qu’il serait célèbre par sa
science, mais que sa vie serait de courte durée, parce qu’APis avait léché son
manteau (2) :
je soupçonne fortement que cette prédiction n’a été faite qu’après
coup. Les petits enfants dont apis aimait à se voir entouré dans les fêtes solennel-
les qui lui procuraient les plaisirs de la promenade étaient les interprètes avoués
du représentant d 'Osiris ; on prenait pour les oracles du Dieu les paroles sans
suite qu’ils échangeaient entre eux en dansant autour de lui, ainsi que les vers
détachés qu’ils chantaient en son honneur (3). On recevait encore d’une manière
plus particulière les oracles d’APis; après l’avoir interrogé, on approchait l’oreille
acceptait comme réponse du taureau sacré les premières paroles qu’on entendait
RÉCAPITULATION.
Apis, taureau noir, symbole de Xabym ayant dans sa bouche le scarabée ailé,
àmoun ( belier blanc J à Thèbes, Souq (crocodile) à Coptos, etc. Pour les pro-
fanes, apis n’était qu’un taureau noir, symbole de Xabym ou grande mer, dans
(1) Il paraîtrait que l’on consultait ainsi non-seulement apis, mais en général tous les animaux sacrés.
faisait un pieux devoir de nourrir un crocodile sacré : un jour, comme il n’avait pas voulu recevoir de
62 DICTIONNAIRE
homme appelé Osiris, ayant sur sa tête deux grandes plumes d’épervier et un
Nil, la partie pour le tout; et enfin ce même apis finit par n’être que l’expression
ou du Nil ou du débordement qu’on le retrouve sur des médaillons allaité par Isis
(la Nature ).
qu’on trouve sur le garrot dans les figurines, ou placé au-dessus du taureau noir
dans les bas-reliefs et dans les peintures. Le plus souvent c’est le nœud ailé,
Malgré les hypothèses les plus séduisantes, malgré les systèmes les plus bril-
lants, apis n’a aucun rapport avec le taureau zodiacal qui est un bœuf bondissant
DES HIEROGLYPHES. 63
ASPIC.
L’aspic est un serpent dont la morsure occasione une mort prompte, mais sans
gné d’une légère moiteur; celui qui en est mordu expire, semblable au vieillard
qui s’éteint ou à l’homme fatigué qui s’endort (2). Cléopâtre, prévoyant, après la
bataille d’Actium, quelle aurait bientôt besoin d’avoir recours au suicide, fit es-
sayer sur des esclaves l’effet des poisons et des reptiles; convaincue par sa propre
expérience que la morsure de I’aspic procurait la mort la plus douce, ce fut celle
(i) L’aspic était considéré cependant par les Egyptiens comme un serpent tyru (nesh), c’est-à-
dire mortel ou qui cause une mort violente. Le mot ïim correspond au nex des Latins ,
le étant souvent
rendu par x.
(!2) Plutarque ,
Vie d’Antoine.
(5) Plutarque, ibid. Démétrius de Phaîère, exilé dans la Haute Egypte par Ptolémée Philadelphe,
avait déjà employé le même moyen pour échapper à l’ennui de l’exil et au dégoût de la vie.
(4) L’aspic était surnommé, eu égard à sa valeur symbolique, (ocshub), terme de la vieillesse
lui-même.
(5) En grec ce mot s’écrit Gür, I’yj étant ici pour deux i, et ce nom se prononce comme chez les Grecs
modernes, Tint; c’est la racine du mot QHr (thêta), nom qu’on donne à la lettre grecque majuscule
0, qui dérive de la figure du bouclier Àaniç et dont la minuscule 3" dérive de la peinture de I’aspic ,
Àcnrfç, comme je le démontrerai, en traitant de l’origine des lettres, dans mon Etude de la langue
sacrée.
(6) y*x (tsits) était principalement le nom qu’on donnait en Egypte à 1’ aspic qui surmontait le bonnet
du souverain pontife. Les Hébreux donnèrent ensuite ce nom à la lame frontale d’or du grand prêtre
sur laquelle était écrit le nom du Très-Haut. Ce nom étant onomatopique n’a pas de racine qui signifie
64 DICTIONNAIRE
thermüt ou THERMUTi (1), et enfin son nom le plus usité en langue sacrée est
MISIS (2).
ce serpent quelle lançait contre les scélérats et les impies pour se venger, car les
Sages de l’Egypte proclamaient que la pratique de toutes les vertus pouvait seule
procurer à l’homme une longue vie; et comme parmi les vertus, la piété filiale est
sans contredit la première, rappeler cette vertu c’est comme si on les eût toutes
figure qu’on donnait plus particulièrement le nom d’Isis Thermuti ou d’Isis Thi-
TAMRO (6).
Les Grecs qui adoptèrent les divinités égyptiennes, tout en rejetant la multi-
Rhée (7), par une jeune femme d’une beauté sévère, nue jusqu’à la ceinture,
comme Jupiter, et tenant dans les mains soit le globe du monde que les antiquaires
(7)
appellent la pomme de Pâris, soit un sistre, soit un tambour que les savants pren-
'p £
«.
,
DES HIÉROGLYPHES. 65
nent pour un miroir (1), soit enfin un aspic, telle que nous la représente un
Cette même divinité portait chez les Romains le nom d’ÂLMA Venus; c’est elle
que Lucrèce invoque dans son poème de La nature des choses (3).
La valeur symbolique de I’aspic nous donne dès à présent la clef d’un passage
historique transmis par Plutarque dans le langage figuré des Egyptiens. Cet auteur,
dans le Traité de la fausse honte, nous dit : On raconte qu’Isis avait envoyé à
nature ayant donné à Bocchoris la crainte de la mort qu’il avait toujours devant
les yeux, cette même crainte le forçait à juger impartialement , quoiqu’il fût d’un
naturel violent et emporté, et cela soit qu’il craignît d’être assassiné par ceux qui
auraient été en butte à son caprice (4), ou bien soit qu’il appréhendât d’être privé
(1) Le tambour et le sistre ont la même valeur symbolique, c’est pour cela que dans un ancien ta-
(2) Caylus ,
tome iv, planche lxi ,
fig. 1. La belle statue trouvée à Milo en 1820, qu’on prend géné-
ralement pour une Venus victrix est une Rhée (la Nature, mère des dieux); elle tenait dans sa main
gauche le globe du monde. Le fragment de cette main tenant une sphère s’est retrouvé avec la statue,
ce qui n’a pas empêché M. Millingen de proposer aux futurs restaurateurs un bouclier que cette statue
tiendrait avec les deux mains, et cela sur l’autorité d’une pierre gravée d’origine équivoque.
(k) Les rois égyptiens, soumis à la loi comme le dernier des citoyens, surveillés par les deux castes
nobiliaire et sacerdotale, pouvaient être déposés de leur vivant ou jetés à la voirie après leur mort.
9
)
66 DICTIONNAIRE
des honneurs de la sépulture lorsque les actes de sa vie seraient jugés après sa
mort (1).
L’aspic d’Isis ,
qui punissait les débauchés et les impies ,
devint par cela même
le symbole de la vengeance divine ou pour mieux dire de sa justice (2). Aussi les
Grecs mirent-ils I’aspic entre les mains de Némésis et des Furies. C’était avec des
le symbole du remords.
Le noir, le vert, ou le vert relevé de bleu, sont les couleurs qui lui sont affec-
tées. Aussi le vert était-il la couleur de deuil chez les Egyptiens concurremment
Les Egyptiens n’ont jamais eu pour leurs rois nationaux, qui n’étaient proprement dit que des juges,
la même vénération qu’ils avaient pour leurs animaux sacrés : aussi Tertullien qualifie-t-il avec raison
(1) La privation de sépulture entraînait l’anéantissement de l’âme. Tout homme dont le cadavre avait
susciter ;
il était mis au rang des morts que Dieu ne connaît plus. Quant à Bocchoris ,
c’était le Salomon
de l’Egypte. Plutarque ( Vie de Démétrius nous a conservé un arrêt de ce roi. Cet arrêt, quoi qu’en
honneur à un commissaire de police. C’est de cet arrêt qu’on a tiré le conte intitulé : Le cas de conscience.
cendants de Mahomet portent le turban vert en signe de deuil du prophète, et eux seuls parmi les Turcs
DES HIÉROGLYPHES. 67
Pour peindre la mort naturelle du soleil mort que les Egyptiens fixaient à l’é-
comme cet homme est le symbole du soleil mourant, alors on a soin de le repré-
senter assis dans un bateau et ne pouvant soutenir le sceptre céleste qu’il tient
dans la main.
Cette figure symbolique ne se trouve que dans les grands zodiaques où le luxe
représenté en pi thermique.
68 DICTIONNAIRE
11 ne faut pas confondre I’aspic entourant le disque solaire ou placé sous le dis-
o
ou l’étoile qui est aussi le symbole du soleil.
d &
Dans ce dernier cas le groupe hiéroglyphique indique le moment où le soleil
nèbres mortelles commencent à blesser la lumière vivifiante. C’est ainsi que dans
ce même Zodiaque de Dendérah le solstice d’été est désigné par le soleil person-
nifié, tenant le sceptre céleste, la tête surmontée d’une étoile que va mordre
I’aspic (1).
C’est ainsi qu’on retrouve encore sur les jetons astrologiques ce même aspic
radiée (2).
(1) Ce symbole détermine dans ce Zodiaque le solstice d’été du quatrième état du ciel ,
correspondant
DES HIÉROGLYPHES. 69
"1
Quelquefois Yabym, ou grande mer qui enveloppe le monde, est figuré simple-
ment par le caractère iconographique de l’eau; alors la néoménie est ainsi repré-
sentée :
W
Quelquefois aussi on supprime le caractère hiéroglyphique de Yabym, et cela
surtout dans les hiéroglyphes cursifs des papyrus; alors la néoménie est repré-
_TY.
Ce dernier groupe hiéroglyphique étant répété très-souvent dans les thèmes ho-
tn i MW\
où la difficulté que présentait la gravure sur le granit et sur le marbre a forcé les
Ces groupes doivent se traduire par néoménie, absence de lune, nuit sans lune
et ténèbres profondes (1). Mais comme les Egyptiens comptaient leurs mois lunaires
(i) Les Egyptiens donnaient au groupe composé de I’aspic sur la lune, le nom de tptn (edsh), eclesh ,
70 DICTIONNAIRE
symboles fut indispensable pour comprendre l’écriture sacrée des Egyptiens, prend
ce groupe,
dureté des pierres ou d'autres corps et pour percer les matières dures, et qui , par
conséquent, exprime le verbe éprouver et par suite le verbe approuver (1). Puis, pour
prétendue,
ayant soin ici comme dans tous les passages à l’appui de renforcer la queue de
dTs
ou du moins que la queue soit aussi grosse que la tête. Cette petite supercherie ne
pouvait être reconnue à moins qu’on ne remontât comme nous à la figure première
de cette abréviation, chose que M. Champollion était loin de présumer. Mais si,
des savants qui ont donné des copies d’autant plus exactes des hiéroglyphes qu’ils
tion de la figure donnée par l’auteur de la Grammaire égyptienne. Caylus (1), qui
nous la donne telle qu’il l’a copiée sur les monuments, termine la queue de I’aspic
en pointe ,
telle quelle doit se terminer.
Le bon Kircher lui-même, qui du reste n’était pas très-scrupuleux lorsqu’il s’a-
gissait d’altérer les caractères sacrés, ne s’est pas avisé de toucher à celui-ci. Il
glyphique que je traduis par temps ou époque (2) de la néoménie. Cette inscription
Il faut bien compter sur la crédulité du monde savant pour donner, comme
que cet archéologue avait assisté à ces prétendues épreuves des matières dures.
J’en appelle au bon sens : est-il nécessaire d’avoir un instrument ad hoc pour con-
pas pour indiquer le plus ou moins d’adhérence des molécules dans le granit ou
(2) Une étoile ou le disque solaire se traduit par jour, an, ou époque .
, ;
72 DICTIONNAIRE
à son extrémité frappante pouvait-il servir à percer les matières dures? enfin, en
vette de M. Champollion ne pouvait pas offrir la solidité d’un pic ou d’un ciseau,
outils plus simples et par conséquent plus naturels. Si nous consultons les monu-
ments, nous ne trouverons jamais cette prétendue éprouvette entre les mains
qui contiennent, non pas des noms propres, mais des dates, je démontrerai lar-
tienne.
queue
vient que ce symbole en est l’expression, et non parce que le serpent en se dé-
pouillant de sa peau semble rajeunir, ce qui faisait croire aux anciens, au dire
des Grecs et des Latins, que le serpent était immortel. Les sages de l’Egypte
étaient trop bons observateurs de la nature pour admettre une pareille niaiserie;
d’autres ont cru que le serpent se mordant la queue était symbole de I’immortalité
parce qu’il représente un cercle qui n’a ni commencement ni fin; mJTs alors on
eût mis un cercle, ce qui eût été bien plus exact, car la tête de 1’ aspic présente
rarement représenté formant un cercle parfait, peu importe pourvu qu’il se morde
DES HIÉROGLYPHES. 73
IEOUA, qui est tout ce qui est se trouve désigné en hiéroglyphes par la représen-
tation des quatre éléments réunis qui expriment l’idée de toute chose , et par con-
séquent celle de I’Être Suprême qui est tout ce qui est. L’eau est ici représentée
par une écrevisse (1), le feu par un chien (2), l’air par un oiseau, et la terre par
Dans le second, l’idée de Dieu grand et fort est représentée par trois ailes
d’épervier unies (Y) qui en langue sacrée expriment le nom de I’Être Suprême.
cercle.
tères sacrés de certains rois égyptiens qui avaient par leurs vertus mérité d’être
considérés comme des dieux sur la terre. Horus-Apollon prétend au contraire que
c’était le nom des mauvais rois (4); une pareille erreur n’a pas besoin d’être ré-
10
V
, ,
n DICTIONNAIRE
trouve sur le soleil personnifié (le plus souvent homme à tête d'épervier ).
avec Taspic qui se mord la queue. Ce basilic, dont l’image en or surmontait la tête
des divinités égyptiennes au dire d’Horus-Apollon (1), et que je n’ai retrouvé que
X éternité (2).
en un mot de I’initiation ;
aussi les initiés portaient-ils à l’annulaire de la main
cœur à l’annulaire. Cet anneau rappelait à l’initié ses devoirs et le rendait sacré
aux yeux du peuple. Le grand prêtre, après avoir initié et sacré un Pharaon, lui
i
sacre des rois de France qui, après avoir été oints avec la sainte ampoule, rece-
(1) Horus-Apollon ,
hiérogl. 1.
(2) Horus-Apollon ,
qui ( loco cit.) lui donne cette valeur, nous dit que les Egyptiens appelaient ce
serpent oùgaîoç, d’autres disent urœus, les Egyptiens l’appelaient ’miN (aurei), racines tin (aur ou or)
lumière, et *n (ei) vie ; lumière vitale. La contrée au centre de laquelle était située la ville appelée par
les Grecs Daphné, contrée qui se trouve à l’orient du Delta , et où l’on adorait le basilic vivant comme
représentant I’Etre Suprême ,
s’appelait en égyptien ’ntik (
aurai ) , nom qu’on donnait aussi à la ville
de Daphné : racines , tin lumière ’n pays; c’est-à-dire contrée ou pays de la lumière. Nous avons en
DES HIÉROGLYPHES. 75
l’union intime qui doit régner entre le roi et son peuple, à ce que prétend l’auteur
de mariage. Il servait à leur rappeler, comme aux initiés, la sainteté de leur état
et à les rendre inviolables aux yeux des hommes, car l’adultère était puni de mort
en Egypte. La femme qui s’était laissé séduire était noyée dans le Nil, et l’on cre-
vait les yeux à son complice (1). La moindre privauté qu’on se serait permise au-
près d’une femme mariée était punie d’un certain nombre de coups de fouet (2).
Les filles, en revanche, jouissaient de la plus grande liberté. On conçoit qu’il était
de toute nécessité, dans un pays assez débauché d’ailleurs, d’avoir une marque
distinctive qui -servît à reconnaître les femmes d’avec les filles, cette marque était
l’anneau nuptial.
L’anneau des initiés était d’or, celui des femmes mariées était en argent, et les
de la main gauche.
Cet anneau, symbole de consécration, fut adopté par les peintres et les
sculpteurs romains pour désigner les personnages qu’on avait divinisés après leur
mort ;
mais au lieu de donner à cet anneau la forme d’un aspic qui se mord la
queue, ils se contentèrent de graver I’aspic comme cachet sur une bague romaine.
C’est ainsi qu’on a retrouvé les statues des empereurs Auguste et Claude déguisés
en Jupiter ou en Apollon, ainsi que plusieurs autres personnages dont le nom est
donnait mille coups de fouet au séducteur : Et §s tiç -k "kdtjaç p.or/j.\jau.i rôv ixèv avSpa pàêdoiç xûixç T:'kn^à.<;
la pëavetv sxéievov ,
frjç Si yuvouy.'oç r>jv pïvu xoloëoûuôca. Les supplices ont pu varier selon les temps ou les
nomes, mais toujours est-il que l’adultère était sévèrement puni en Egypte.
(2) Il est vrai que le coupable pouvait, après sa condamnation, entrer en marché avec le mari, et
moyennant un présent se soustraire à la flagellation, qui n’était pas une plaisanterie, car c’était le
trouve jamais sur les statues des divinités; en effet, le sculpteur voulait indiquer
n’en était pas moins sacrée, l’individu représenté ayant été divinisé par un plé-
prétendu que le sculpteur avait voulu désigner par là la qualité d’augure dont
regardé de plus près, il aurait vu que ce ne pouvait être le lituus qu’on avait
voulu désigner, car la forme du lituus est constante, et celles des aspics qui se
trouvent sur les différents anneaux n’ont pas de forme arrêtée. Sur la bague
Enfin, si les sculpteurs avaient voulu désigner par cet anneau la qualité
d’augure, il faudrait supposer qu’il y avait aussi des auguresses, car ce même
anneau se trouve au doigt de plusieurs statues de femmes dans ces mêmes bronzes
Minotaure, tableau retrouvé dans les fouilles de Résine, le héros athénien est re-
présenté avec une bague à l’annulaire, laquelle est décorée aussi de Vaspic; le
peintre voulait-il désigner par là la dignité d’augure romain dont aurait été re-
DES HIEROGLYPHES. •
77
entre les mains d’Isis; on le retrouve également entre les mains des différentes
divinités égyptiennes; il sert même à les faire reconnaître (1), mais alors cet
étant la qualité spécifique des dieux, lorsqu’on s’avisa de leur donner une forme
humaine, on crut devoir les représenter avec I’aspic pour qu’il n’y eût pas d’équi-
voque; en effet, un être immortel pouvait seul jouer avec le reptile dont la mor-
principe aussi les Egyptiens représentaient-ils Typhon avec des jambes terminées
en aspic et tenant des aspics dans ses mains (3). Sur la table égyptienne (4) le génie
du mal est représenté avec une tête de crocodile ayant le glaive symbole de la
mort, en guise de phallus, symbole de la vie, comme sur le vase égyptien dont
ténèbres )
on trouve Typhon représenté avec deux têtes d’ASPics,
(4) Montfaucon ,
tome 2.
78 DICTIONNAIRE
et dans le temple d’Esné c’est un aspic jambe qui figure le mauvais principe
(1).
Sur les monuments antérieurs aux Romains, Typhon est le plus ordinairement
représenté en pi thermique.
basilic (2),
tout ce qui est selon les Egyptiens, et qui réunit par conséquent en elle les deux
principes, le bien et le mal, la vie et la mort, la lumière et les ténèbres : ces deux
serpents gravés dans la haute antiquité sur le fronton d’un temple indiquaient que
ce temple était consacré à la divinité unique, soit qu’on l’adorât sous le nom mys-
térieux dTEOUA (Dieu) ou d’IEAOU (la Nature). L’aspic et le basilic unis étant
devenus 1 enseigne connue d’un édifice sacré, on les plaça ensuite sur les temples
des divinités subalternes, puis enfin on les mit sur les édifices publics, et ces
deux serpents peints sur une muraille finirent par équivaloir à cette inscription
banale qu’on retrouve si fréquemment sur les édifices solitaires de nos grandes
(1) Le serpent f^ru) qui tenta la première femme est ainsi représenté sur les monuments égyptiens
car ce ne fut qu’après la malédiction de Dieu qu’il perdit les jambes. Sur les monuments chrétiens des
premiers siècles ce serpent est ordinairement représenté avec une tête d’homme.
double propriété d’endormir ceux qui étaient éveillés et d’ éveiller ceux qui étaient
il indique d’une manière positive que celui auquel elle appartient est mort naturel-
Un homme à tête d’ASPic, s’avançant, les poings fermés, dans une attitude me-
cés lorsqu’il conseille aux mauvais poëtes de peindre deux serpents en tête de leurs écrits pour em-
pêcher que la critique ne les salisse.
Mejite !
(1) L’effet du venin de I’aspic aurait suffi pour en faire le symbole du sommeil ,
en même temps que
celui de la mort. Aussi les poëtes lui donnent-ils toujours l’épithète de somnifera.
80 DICTIONNAIRE
porter, après avoir échappé à quelque maladie où les avait précipités leur impru-
dence, le plus souvent la gourmandise, et cela afin d’avoir sans cesse sous les
yeux l’image qui, leur rappelant un danger passé, les rendait très-circonspects
pour l’avenir.
serpents, me réservant néanmoins d’en donner une idée dans les notes, lorsque
hiéroglyphiques que je traduirai. Je me borne donc ici à faire observer que I’aspic
est le seul serpent auquel on ne donne jamais une tète fantastique dans les textes
sacrés, tandis que le basilic est souvent représenté avec une tête de Sérapis,
Je m’étais fait une loi de ne point parler dans ce premier ouvrage, consacré
mort, pour conserver une éternelle jeunesse, pour rajeunir au besoin, en un mot,
Tout le monde a entendu parler des psylles ; ce sont des charlatans qui possè-
dent un secret héréditaire pour guérir les morsures des serpents et pour manier
les reptiles les plus venimeux sans crainte d’en être mordu. Les psylles étaient
, , ;
DES HIÉROGLYPHES. 81
connus dès la plus haute antiquité : on les voit encore aujourd’hui en Egypte
ils la font tomber en catalepsie en lui crachant dans la gueule, puis ils la réveillent
ensuite en la prenant par la queue et en la roulant fortement dans les mains. C’est
dans les fêtes religieuses que la corporation des psylles se fait particulièrement
distinguer : on voit ces énergumènes, presque nus, portant dans leur besace des
vipères, les enlacer autour de leur cou, de leur bras, et s’en servir en guise de
ceinture. Ils forcent même ces reptiles à les mordre sans craindre l’effet de leur
venin, qui cependant sur tout autre individu provoquerait immédiatement des nau-
rer tout crus ces mêmes serpents. On remarque que le serpent le plus intrépide fuit
le psylle si celui-ci n’a pas le talent de l’arrêter en imitant le cri d’amour mais
le serpent, quelque agile qu’il soit, dès que le psylle lui a mis la main dessus,
paraît engourdi. On a publié que les psylles ne faisaient leurs tours qu’avec des
serpents apprivoisés, c’est une erreur : le premier serpent venu leur est bon. On
croit généralement qu’ils ont la précaution d’arracher les dents canines des vi-
pères, ou du moins de crever les vésicules qui contiennent le venin; c’est encore
une erreur mise en crédit par des voyageurs qui veulent tout expliquer à la pre-
mière vue : la vipère hajé dont les psylles se servent de préférence pour faire
leurs tours, et qui ne les mord pas à moins qu’ils ne la forcent à mordre, se jette
avec fureur sur tout ce qu’on lui présente, et des animaux soumis à l’expérience
ont démontré que la vipère, si patiente entre les mains du psylle est tout aussi
Les psylles forment une secte à part en Egypte; les plus considérés, c’est-à-
dire ceux qui imitent le mieux le cri d’amour, sont employés par les gens riches
(1) C’étaient probablement des vipères tombées en catalepsie qui servaient de verge à Moïse, à son
frère, et aux magiciens du Pharaon, en présence duquel ils faisaient assaut de miracles (Exode,
chap. vu, vers. 10); mais la verge d’Aaron dévora toutes les autres.
il
;
82 DICTIONNAIRE
pour purger leur maison des serpents dangereux qui peuvent s’y introduire, les
On n’a jamais pu obtenir des psylles leur secret-, ils affirment tous avec effron-
terie que la faculté de jouer avec les serpents venimeux est le privilège naturel de
leur race, et ils prétendent que celui qui n’est pas fils d e psylle ne pourra jamais
parvenir à manier impunément une vipère. La même raison fut donnée au cheva-
lier Bruce par les habitants du Sennaar, qui sont tous psylles. Plusieurs gens du
peuple, nous dit cet intrépide et judicieux voyageur (1), prétendaient qu’ils avaient
mais le fait est qu’ils savent tous le secret de garantir une personne des morsures
plusieurs de ceux qui avaient été baignés et préparés pour une saison ,
faire à peu
près les mêmes choses gue les gens qui étaient naturellement invulnérables. On me
donna les drogues nécessaires. Je me préparai plusieurs fois dans le dessein d’en
qu’ils disaient toujours que le charme ne réussirait pas sur moi, parce que j’étais
crus pas devoir m’y exposer. Il est à regretter que M. Bruce ne nous ait pas fait
des reptiles, et surtout qu’il n’ait pas expérimenté sur un animal quelconque la
vertu de ce bain. Il paraîtrait que l’habitude où sont les Arabes de mâcher, dès
leur jeunesse, une certaine racine pour se garantir du danger qui suit ordinaire-
ment la morsure des cérastes (2), finit par incorporer chez eux la vertu de cette
se trouve toujours la plante qui neutralise l’effet du venin. C’est une vérité à
DES HIÉROGLYPHES. 83
laquelle on ne fait plus attention aujourd’hui, parce que notre médecine se base
plutôt sur des systèmes brillants que sur une sage expérience :
plus on étudie les
avec profusion les plantes venimeuses et salutaires, où chaque citoyen, plus que
Le suc du sycomore, figuier d’Egypte (2), était le remède employé pour arrêter
(1) Tÿ 7r).stOT
« fépei Çdàtûpoç a.povpu
’Av0/3w7tmv. (
Hom. Odyss. ch. 4. )
(2) J’ai déjà parlé du figuier d'Egypte dans une noie de la page 8, de ce fameux kenysiris que Plutar-
étant sans dentelure se trouve avoir un grand rapport avec celle de cet arbrisseau. Voilà pourquoi les
ceintures de feuilles de figuier dont Adam et Eve couvrirent leur nudité, après leur désobéissance, res-
semblent sur les monuments byzantins à une ceinture de lierre. Le sycomore (nnpty) est le plus produc-
tif de tous les arbres; son tronc donne du fruit et il en produit trois et quatre fois l’année. C’était du
fruit de cet arbre dont se nourrissait le premier homme dans le paradis terrestre, et ce figuier produi-
sant un bon fruit sans culture était appelé l 'arbre de vie, symbole de l'instinct ou de l 'innocence (a). Le
pommier, au contraire ,
ne donnant à l’état sauvage qu’un fruit acide qui a besoin d’être amélioré par
la culture ,
était dit l'arbre de la science et devenait le symbole du bien et du mal. Les prêtres égyptiens
prétendaient que l’instinct abandonne l’homme en raison de la science qu’il acquiert ,
et que si l’homme
civilisé ne vit que peu de temps, c’est parce qu’il contrarie à chaque instant la Nature. Si le premier
homme s’en était lenu à l’instinct supérieur que lui avait départi la Divinité , disent les commentateurs
de la Genèse de Thout , il serait resté immortel, car cet instinct lui aurait toujours fait distinguer,
bien mieux encore qu’aux animaux, la nourriture qui lui était salutaire, d’avec celle qui pou-
(a) Plutarque, Traité d’isis et d’Osiris, chap. 15, nous (lit que la feuille de figuier peignait hiéroglyphiquement
yptKpovn') : à moins que par ce roi il n’entende Osiris et par le climat méridional du monde la cataracte du sud,
par où s’échappe l'eau de Yabym, j'avoue que je ne comprends pas ce qu'il a -voulu dire, et j’atteste que je n’ai jamais
trouvé la feuille de figuier signifiant roi ou sud. Mais je suis parfaitement d’accord avec lui lorsqu’il ajoute :
devait avoir des rapports avec Yabym principe d'humidité, et par suite de vie, et surtout avec le phallus, abréviation
U DICTIONNAIRE
l’effet du venin des reptiles; il suffisait pour cela de laver immédiatement la plaie
avec le lait d’une figue verte, de même que les Arabes aujourd’hui arrêtent l’effet
tron. Mais lorsque le venin avait produit une partie de son effet, alors on faisait
figuier, concrété au soleil, entrait comme base (1). Je n’oserai pas affirmer que ce
la science il était devenu mortel comme les animaux qui n’ont qu’un instinct très-borné. Adam ayant
transmis le mal de la science à sa postérité , de là vient que notre vie est si courte ,
car plus que notre
premier père nous dévorons le fruit empoisonné. Le sycomore, dont le fruit avait servi de première
nourriture à l’homme , et qui était un remède souverain contre la morsure des reptiles ,
méritait donc le
de ceux qu’on regrettait et qu’on voulait voir renaître (a). Le figuier d’Egypte, arbre de vie était aussi
le symbole de la vie humaine; et lorsque l’Evangile (b) nous parle du figuier stérile maudit par Jésus,
cette allégorie s’explique par la malédiction divine qui doit frapper, au jour du jugement ,
tout homme
dont la vie ne porte pas de fruits ,
c’est-à-dire qui n’est pas utile à ses semblables. On attribuait au figuier
comme à tous les arbres saints, la propriété de préserver de la foudre (c). Le sycomore était vénéré par
les Athéniens qui lui donnaient le nom de figuier sacré (d). L’acacia (ntmy) était appelé aussi par les
Egyptiens l’arbre de vie, mais il était le symbole de la vie future : c’est toujours Y acacia qu’on retrouve
comme arbre de vie sur les abraxas, et une branche de cet arbre était placée sur le cercueil ,
dans les cé-
(4) La figue entrait généralement dans tous les contre-poisons des anciens. Voici la recette de celui
de Mithridate : 2 figues, 2 noix, 20 feuilles de rue, 1 grain de sel, le tout pilé ensemble et pris le
matin à jeun.
Syntesim ,
et vulgata satis medicamina visit
(a) Ou a cru que les anciens Egyptiens employaient le bois de sycomore dans la construction de leurs cercueils parce
qu’il est incorruptible, c’est une erreur qui semble justifiée par la conservation des cercueils de momies. Le sycomore,
exposé dans un endroit humide, se corrompt comme tout autre bois, et la conservation des cercueils n’était due qu’à
leur position dans un hypogée à l’abri de l’air et très-sec. Les expériences du chevalier Bruce (voyez Voyage aux
sources du Nil, tome 5, page 7) oht démontré cette erreur; c’était parce que le sycomore était le symbole de la vie
(b) Matthieu ,
chap. xxi, vers. 18 et suiv. ; S. Marc ,
chap. xi ,
vers. 12 et suiv-
DES HIÉROGLYPHES. 85
soit en se frottant avec du lait de figues que les psylles de nos jours parviennent à
raons n’avaient pas d’autre secret. Le figuier n’est pas le seul arbre qui jouisse de
rieur. Je ferai remarquer que le serpent ne se trouve jamais sur le figuier, et que,
comme lorsqu’il est entre les mains des psylles (1). Yoilà pourquoi le paysan qui
porta I’aspic à Cléopâtre avait recouvert ce reptile dangereux avec des figues et
des feuilles de figuier car tout autre fruit ou toutes autres feuilles n’auraient of-
Cléopâtre qu’après avoir été irrité par elle avec un fuseau d’or.
que sur la foi des papyrus où cette recette se trouve avec d’autres qui ont la pro-
priété de rajeunir et même de rendre immortel; n’ayant pas été à même de faire
(
Fragment de Serenus Samonicus rapporté dans l’Histoire
de la médecine de Le Clerc. )
Je pense que les pilules des bramines, antidote souverain contre la morsure des serpents, et dont le
colonel Fullarton, qui s’en était procuré par l’entremise du missionnaire Swartz, a reconnu l’efficacité
au siège de Carrore, doivent être à peu près comme les pilules égyptiennes; cependant l’effet n’est pas
le même : celles-ci devaient être laxatives, tandis que celles des bramines produisent l’effet d’un nar-
pents, mais encore les taureaux les plus furieux qui, du moment où ils étaient attachés de court à un
figuier , devenaient doux et patients comme des bœufs domptés; de là le proverbe égyptien : C’est le tau-
ont même soin de faire boire du vinaigre à la volaille qu’ils se proposent de manger de suite.
e
(Voyez Plutarque, Questions de table ,
liv. 6, 10 quest. )
86 DICTIONNAIRE
d’expérience à cet égard, je n’ose affirmer son efficacité; mais voici contre le ve-
nin des reptiles les plus dangereux un remède dont je peux répondre :
Prenez 125 grammes d’huile d’olive fine, un litre de vin blanc, mettez-y une
forte pincée de son de froment, un peu de sel, et une poignée de liber de frêne;
faites bouillir, passez dans un linge, et cette liqueur qu’on peut conserver aussi
longtemps qu’on voudra est un remède souverain contre le venin de toute espèce
de reptiles.
Lorsqu’on vient d’être piqué et qu’on a le remède sous la main, il suffit, après
avoir lavé la plaie avec de l’eau tiède, d’y appliquer une compresse imbibée dans
verre d'heure en heure. Enfin, si le malade est enflé, il suffit de suivre le même
traitement, mais il faut alors avoir soin de placer sur les parties enflées des cata-
sauver. Il arrive souvent que des personnes mordues par des vipères et n’ayant
été guéries qu’avec des palliatifs éprouvent un malaise général, une inquiétude-
fébrile, et même quelquefois des nausées, lorsque arrive l’époque où elles ont été
calement, mais je dois prévenir que ce remède, qui ne produit aucun effet sur les
personnes qui n’ont pas été mordues, les remettra d’abord dans l’état où elles
étaient lorsque le venin agissait avec le plus de force sur elles avant qu’on ait
cette recette, tous les paysans qui se sont adressés à lui, et bien souvent lorsqu’ils étaient abandonnés
par nos Esculapes campagnards, qui cependant ne les abandonnent qu’à l’agonie. Je dois à l’amitié
dont il m’honore le remède que je publie.
,
DES HIÉROGLYPHES. 87
traliser le venin des reptiles. Le lieutenant Willam Paterson nous affirme (1) qu’un
fermier du cap de Bonne Espérance, qui avait été mordu au pied par un
kouseband (serpent jarretière), s’était guéri en trempant son pied dans de l’eau
froide où l’on avait mis beaucoup de sel. Le docteur Sjde (2) avait éprouvé que
l’huile était le meilleur remède contre les piqûres des scorpions, et il n’en em-
ployait pas d’autre. Je trouve dans un Dictionnaire de botanique (3) que pour les
marc sur la plaie ; et le lieutenant Smith ayant eu son domestique mordu par un
RÉCAPITULATION.
L’aspic
L’aspic entre les mains d’Isis devient par extension le symbole de la justice
divine.
(1) Quatre Voyages dans le pays des Hottentots et la Cafrerie en 1777, 78, et 79 ,
par le lieutenant
(2) Ibid.
H
88 DICTIONNAIRE
symbole de I’immortalité lorsqu’on le trouve entre les mains d’une divinité per-
L’aspic devient par extension le symbole du sommeil lorsqu’il est enlacé avec
sidère comme génie de la mort naturelle ou des ténèbres, mais jamais lorsqu’on le
violente. Le Typhon à tête d’ASPic était un génie révéré, quoique redouté, auquel
on élevait des temples. On lui offrait des sacrifices pour le rendre favorable ;
tout
le monde désirait avoir affaire à lui, car, puisqu’il faut mourir, une mort douce est
préférable à toute autre. Ce génie n’avait pour ennemi en Egypte que les cher-
u
DES HIÉROGLYPHES. S9
BALANCE.
La balance est le symbole de la justice divine.
La balance égyptienne
par des cordons aux extrémités d’un fléau en équilibre dans une châsse , la balance
qui, ayant beaucoup de rapports avec un joug, fit que les Grecs et les Latins lui
en donnèrent le nom (2). Sur les papyrus on trouve cependant quelquefois toutes
(t) a'JTNa
(
maznim ) , balances.
(2) Zvyb; chez les Grecs et jugurn chez les Latins signifie joug et par extension balance.
12
90 DICTIONNAIRE
retrouvait pas sur les monuments égyptiens; ils se trompent : la balance, sym-
bole de justice divine, se trouve sur la plupart des monuments, et même on la
J’ai dit que la balance était pour les Egyptiens le symbole de la justice divine;
en voici la raison :
trois royaumes fédérés, gouvernés par des rois électifs. Tous les ans, au solstice
juger en dernier ressort les différends qui s’élevaient entre les rois, les nomes, et
les villes (2). Ces trente députés qui juraient de ne point avoir égard aux demandes
des rois si elles leur paraissaient injustes, tenaient pendant un mois leurs séances
(2) Bossuet, dans son Discours sur l’histoire universelle, nous présente ces trente juges comme une
compagnie qui jugeait tout le royaume, de telle sorte qu’ils étaient les seuls juges de l’Egypte; on con-
cevra facilement que ces trente juges, eussent-ils été trente Dandins exploitant la justice nuit et jour,
er
n’auraient jamais pu suffire pour vider tous les procès de l'Egypte. Diodore (liv. 1 , sect. 2) les com-
pare (
encore n’est-ce que pour la justice de leurs arrêts) à l’aréopage d’Athènes et au sénat de Sparte.
Je crois devoir plutôt les comparer aux pylagores (a) qui se réunissaient dans le temple de Cérès Am-
(a) Les pylagores étaient les députés des villes grecques qui discutaient les intérêts généraux des républiques fédérées
DES HIEROGLYPHES. 91
entre les pâtes du sphinx de Djizé autour de Xariel (1). Chaque député présidait
à son tour (2), et c’était sur la lecture des mémoires présentés par les parties
qu’ils prononçaient leurs sentences (3), en se conformant pour la forme aux huit
codes de Thout, et pour le fond à leur seule conscience. Lorsque les voix étaient
jugement : on mettait les mémoires des parties dans les plats de la balance placée
sur Xariel, et le mémoire qui pesait le moins, qui montait vers le ciel, que Dieu
attirait vers lui, gagnait son procès; tandis que celui qui tombait vers la terre, et
Ce jugement de Dieu semble absurde, cependant il était fondé sur cet axiome
phictyonide aux Thermopyles ou dans le temple d’Apollon à Delphes, considéré comme centre du
monde ,
pour y concilier les intérêts divers des républiques fédérées de la Grèce, ou mieux encore aux
assemblées des druides qui se réunissaient tous les ans à Maintenon , centre des Gaules (a), pour
juger en dernier ressort les causes nationales des différents cantons et punir au besoin les rois et les
vergobrètes.
(1) L’ariel est un bloc de granit sur lequel on proclamait les nouveaux rois devant les ordres as-
semblés. Il doit, se trouver encore entre les pâtes du sphinx de Djizé et avoir neuf coudées de hauteur.
(2) La session durant un mois, le mois égyptien étant de trente jours, chaque député présidait une
séance.
(3) On concevra que si ces trente députés ne permettaient pas à de verbeux avocats (et il
y en avait
en Egypte) de venir embrouiller les affaires pour éclairer leur justice, ce n’était pas parce qu’ils crai-
gnaient la fausse éloquence qui éblouit les esprits et émeut les passions, car de vieux juges ne sont pas
impressionnables; c’était tout bonnement par la raison qui fait qu’on ne permet pas en France aux pé-
(a) César, dans ses Commentaires, liv. vi, chap. xii, nous dit : Ii (druides) certo anni tempore in finibus Carnutum,
quœ regio totius Galliœ media habetur, considunt in loco consecrato. Hue omnes undique qui controversias habent,
conveniunt, eorumque judiciis decretisquè parent. J’ai cru pouvoir déterminer la position de ce lieu sacré ,
centre de
la Celtique et situé sur les confins du pays de Chartres, à Maintenon, ville située entre Chartres et Dreux ( Druidum
civitas ). La vaste plaine, recouverte de monuments druidiques, qui se trouve derrière le château, semble confirmer
l’opinion que c’était là où les druides tenaient une fois par an, la main de justice.
, , ,
92 DICTIONNAIRE
égyptien : bon droit est concis, fraude est verbeuse (1). Homère fait allusion à cette
protège, et sa piété envers les dieux milite en sa faveur-, mais, de l’autre, l’inexo-
rable Pallas, qui favorise le fils de Pelée, invoque contre le fils de Priam les lois
déploie ses balances d’or, place dans les bassins les destinées d’Achille et d’Hector,
et le bassin d’Hector descendant vers les enfers, Apollon même l’abandonne (2).
chez les auteurs les plus anciens. Job, fort de sa conscience, s’écrie dans son
désespoir : Que Dieu me pèse dans la balance de sa justice , et qu’il reconnaisse mon
(1) On comprend de quelle importance pouvaient être pour les plaideurs non-seulement la concision
des mémoires présentés, mais encore la manière dont ils étaient transcrits; aussi les scribes égyptiens
qui confectionnaient des grosses comme nos avoués, grossoy aient-ils consciencieusement.
(5) \ rri^N yi’i ptx »jtn» 3 ’jSpttn (chap. xxi, vers. 6). La Vulgate traduit : Àppendat me in sta-
tera justa ,
et sciât Deus simplicitatem meam.
,
DES HIÉROGLYPHES. 93
la balance dans laquelle sont pesées les bonnes et les mauvaises actions est tou-
(1) Deux génies, le génie de la lumière (homme à tète d’épervier) et le génie des ténèbres (homme
à tête de chacal ) ,
se tiennent ordinairement près des plateaux de la balance d'éternelle justice , où sont
ciel). On retrouve parmi les sculptures du moyen âge de pareilles représentations, plus ou moins
caractéristiques, telle est le jugement dernier figuré sur le chapiteau d’une colonne dans l’église
Saint - Eutrope ,
à Saintes: on sait qu’à l’époque où cette église fut construite, les bons moines
n’accordaient l’absolution qu’aux pénitents qui étaient légers devant Dieu; et pour se rendre léger il
fallait se placer dans la sainte balance du couvent et fournir en argent ou en présents quelconques ,
un
poids égal au moins à celui de son individu. Mais rien n’égale la confession dans la balance japonaise :
« Lorsqu’un Japonais, tourmenté par sa conscience, veut obtenir le pardon de ses péchés, il se rend
« sauvages encore. Ceux-ci s’emparent du pénitent, et, pour le préparer à la confession, le lour-
« mentent par tous les genres de mortifications et d’austérités qu’ils peuvent imaginer. Ils l’exténuent
« des montagnes et des précipices. Ce qu’il y a de plus terrible c’est que le pénitent est obligé, sous
a peine de mort, de subir toutes les mortifications qu’il plaît aux hermites de lui imposer; et s’il lui
« arrive de manquer en quelques points aux devoirs qui lui sont prescrits, les hermiles impitoyables le
u suspendent par les mains à un arbre qui donne sur un précipice et le laissent dans cet état. Lorsqu’il
« a eu assez de force pour soutenir ces premières épreuves, on le conduit à travers de sentiers impra-
« ticables ,
dans une campagne où il est obligé de rester pendant un jour et une nuit, les bras croisés
« et le visage appuyé sur ses genoux. Si la gêne d’une pareille posture le force à chercher quelque
« soulagement, de grands coups de bâton, appuyés par les hermites vigilants, avertissent le malheo-
« reux pénitent de son relâchement : il faut qu’il emploie tout le temps qu’il passe dans cette attitude
« gênante ,
à faire une revue exacte de toutes les fautes dont il s’est rendu coupable. Le temps prescrit
« pour cet examen étant expiré, il faut qu’il marche avec les mêmes fatigues, jusqu’à ce qu’il arrive
a sur la cime d’un rocher, lieu destiné pour la confession. Dans le sein de ce rocher est une grosse
« barre ,
à l’extrémité de laquelle pend une balance; les hermites mettent le pénitent dans un des bas-
« sins, et dans l’autre un contre-poids pour tenir la balance en équilibre : ils la poussent ensuite hors
« du rocher, de manière qu’elle demeure suspendue en l’air au-dessus d’un précipice. C’est dans cette
« situation que le pénitent, plus mort que vif, doit faire à haute voix une confession exacte et sincère
« de tous ses péchés. Si les hermites s’aperçoivent qu’il déguise quelques circonstances, ou qu’il se
« trouble dans le dénombrement de ses fautes, ils donnent à la barre un certain mouvement qui fait
« balance qui reste vide ; qu’à mesure que le pénitent confesse un péché, le bassin vide penche vers le
« a achevé sa confession ,
les deux bassins se trouvent en équilibre ». (
Dictionnaire des cultes religieux ,
au mot : Confession. )
94 DICTIONNAIRE
La balance étant en Egypte l’instrument qui, dans les affaires douteuses, ser-
de Dieu consistait dans le duel (1), I’épée, instrument qui servait à transmettre
aux hommes la volonté de Dieu dans une cause où les voix étaient partagées, de-
vint le symbole de la justice divine; c’est pour cela que les Latins représentaient
indifféremment Thémis tantôt avec une balance à la main, tantôt avec une épée.
Dans les armes actuelles de France, Iepée sert de pied à la balance, et notre
( druides a bello abesse consueverunt ), choisissaient leur chef parmi les plus puissants de l’ordre, et
lorsque plusieurs concurrents se présentaient avec des titres égaux, on nommait alors le souverain
pontife à la pluralité des voix, et même quelquefois on faisait battre les concurrents, c’est-à-dire qu’on
s’en référait pour le choix au jugement de Dieu, car c’est ainsi que je pense devoir entendre ce passage .
(2) La pierre cubique, qui joue un si grand rôle dans la maçonnerie moderne, était en Egypte le
symbole de la justice légale, et la pierre brute était le symbole de la justice naturelle. Dans l’antiquité
primitive c’était sur des pierres brutes, telles que nos Dolmens, que siégeaient les juges qui ne con-
naissaient d’autres lois que celles du talion. Mais, lorsque la société fut régie par des coutumes tradi-
la porte ou dans la cour (a) d’un roi, devint le tribunal où l’on venait implorer sa justice, c’est-à-dire
(a) Les rais, entourés de leurs conseillers, rendant la justice dans la cour de leur palais ou devant la porte de leur
palais ,
de là l’origine de cour royale et de sublime porte. Bealus vir qui implevit desiderium suum ex ipsis ! non con-
DES HIÉROGLYPHES. 95
pour figurer la coudée telle que les Grecs représentèrent ensuite Némésis, déesse
l’application de la loi. Ces pierres cubiques sur lesquelles on répandait l'huile symbole de consécration
étaient considérées comme sacrées : devenues symbole de la justice légale par opposition aux pierres
brutes, symbole de la justice naturelle, on s’explique pourquoi les Egyptiens disaient que le second
Thout ,
architecte sublime, avait le premier taillé la pierre brute, pour dire que le second Thout était le
'
Qpvv t xp éÇ sùvrjyt Teprtvioç iimoxx Nsfftwp
Ex 5 èlBàv ,
v.xr xp eÇer s ici Çeot oïui HOoiaiv ,
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àjroariXSovTE? xleifxroç '
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*
t'ÇEcx.Ev , Qeôfiv priarup àrà^avroç
Lorsque Jésus, dans l’Evangile (Math. cap. xvi, vers. 18 ), dit à Simon qui fut surnommé Céphas (Joann.
cap. i, vers. 42), nom qui, en langue araméenne, signifie pierre taillée, pierre prête à être mise en
œuvre, pierre cubique enfin : Puisque tu es Pierre, c'est sur cette pierre que je bâtirai mon église; c’est
comme s’il avait dit : Puisque tu es juste, c’est sur ta justice que je fonderai ma nouvelle société. Et ce
du Dieu vivant.
(1) On voit une Némésis ainsi représentée au musée des antiques à Paris ( salle
de Pallas n° 318).
(2) Ce symbole
n’est pas le seul qui exprime hiéroglyphiquement l’idée de justice humaine, la grande plume d’ ibis
que sur certains planisphères célestes le crocodile remplace la balance. (Voir Montfaucon, tome 2,
page 350.
96 DICTIONNAIRE
Les trente députés des trois royaumes, dont la mission était de concilier les dif-
férends qui s’élevaient entre les états fédérés, afin d’empêcher les guerres civiles
en Egypte, faisaient seuls usage de la balance de justice lorsque les voix étaient
partagées sur une question, ce qui arrivait souvent; car, malgré toute leur im-
partialité, chaque député devait naturellement soutenir les droits de ses compa-
triotes. Mais, dans les tribunaux ordinaires, la balance n’intervenait pas; la voix
indécis.
Ce que j’ai dit au sujet des trente députés que tous les historiens s’accordent à
considérer, sur la foi de Diodore, comme des juges composant Y unique tribunal
de l’Egypte entière , pourra paraître très-suspect aux lecteurs qui veulent plus que
reçue ;
mais on conçoit que je ne peux pas consigner les passages de l’écriture
ces trente juges si célèbres, sans m’exposer ici à paraître jouer le rôle de Sgana-
relle (1) en faisant jouer celui de Géronte à mon lecteur. Pour montrer cependant
combien il faut se tenir en garde contre les assertions des historiens grecs lors-
qu’il s’agit des coutumes de l’Egypte, je vais faire connaître ce qu’était réellement
le fameux tribunal ou Von jugeait les morts. Bossuet, admirateur des institutions
« rant, de laisser son nom en estime parmi les hommes; et, de tous les biens
« humains, c’est le seul que la mort ne peut nous ravir. Mais il n’était pas permis
« en Egypte de louer indifféremment tous les morts; il fallait avoir cet honneur
(2) Lib. 1 ,
sect. 2.
« par un jugement public. Aussitôt qu’un homme était mort, on l’amenait en ju-
« gement. L’accusateur public était écouté. S’il prouvait que la conduite du mort
« sance. Toute l’Egypte était noble, et d’ailleurs on n’y goûtait de louanges que
« celles qu’on s’attirait par son mérite ». Je commencerai par faire observer
qu’Hérodote ne parle nullement de ce tribunal ou Ton jugeait tous les morts sans
distinction, puisque tout le monde était noble en Egypte, comme l’admet l’évêque
de Meaux. Un seul tribunal ne devait pas suffire, car il est absurde de supposer
le juge d’instruction, il lui fallait bien un jour au moins pour instruire le procès
d’un défunt. Nous devons donc admettre que l’Egypte était couverte de tribunaux
de ce genre, car, pour une ville de cent mille âmes, il en fallait au moins six
aurait-il été le seul historien qui en eût fait mention? Ce Grec, comme la
plupart des voyageurs qui n’étudient que superficiellement les coutumes d’un
peuple, a pris pour une coutume générale une cérémonie particulière, c’est-à-
dire la canonisation des saints personnages qu’on supposait dignes par leurs
vertus de devenir, après leur mort, des intercesseurs puissants auprès de la Divi-
nité. En Egypte comme à Rome, avant d’embaumer, aux frais du public, les restes
mortels d’un individu qu’on devait considérer comme un être qui fut quelque chose
de plus qu’un homme (1), et surtout avant de le déposer dans les tombeaux sa-
crés (2), on avait soin de s’informer scrupuleusement de tous les actes de sa vie.
(2) Èv Ipÿai d-nx-pat ( loco cit.). Ces tombeaux sacrés, ou plus littéralement ces cellules étaient prali-
13
, ,
98 DICTIONNAIRE
et le tribunal qui jugeait les morts, semblable en tout au sacré collège présidé par
le pape, décidait en dernier ressort si l’on devait l’admettre comme Saint (1).
(1) 11 arrivait souvent que le tribunal qui jugeait les morts canonisait des individus qui n’étaient
rien moins que des modèles de vertu; mais le crédit de la famille faisait fermer les yeux sur les vices
du défunt. Ces Saints de contrebande furent très-communs lorsque l’Egypte se trouva sous la domina-
tion des Perses, et sous les Ptolémées on finit même par canoniser les rois de leur vivant (a). Cependant
surmonté du papillon symbole de Y âme (b), dans lequel était le caractère de Yabym ,
qui, par
extension, est le symbole des ténèbres, avec ce caractère sacerdotal d qui se traduit par est (c).
d’un réprouvé tandis que pour les véritables Saints on mettait, au lieu du caractère de Yabym, eelui
se traduit par : ame — Lumineuse elle est, c’est-à-dire l’âme qui anima ce corps est celle d’un Saint. La sen-
(a) La fameuse pierre de Rosette n’est autre chose que l’acte de canonisation de Ptolémée Epiphane.
(b) C’est un petit papillon de nuit dont le nom mystique en langue sacrée est pin ou pid (p -consacré, 1 -divine,
v-lune) consacré à la sainte lune, séjour de l’âme, selon la croyance du culte primitif. Ce papillon était par con-
séquent le symbole de Yâme. Les Grecs donnaient à Psyché, Yâme personnifiée, des ailes de papillon piu, comme ils
donnaient à Y Amour, symbole de l 'intelligence, des ailes d’épertn'er. Toutes les fables antiques sur Y Amour et Psyché
s’expliquent par l’union de T intelligence et de Yâme qui, jointes à la matière, composent l’étre semblable à Dieu,
c’est-à-dire Yhomme.
(c) Voyez Préface, page xlv.
, ; ,
DES HIÉROGLYPHES. 99
Les rois et les grands pontifes, les noyés (1) et tous ceux qui mouraient des
suites de la morsure d’un animal sacré, étaient de droit considérés comme des
bienheureux et aptes par cela même à devenir des Saints; mais, pour les autres
morts, on les embaumait sans examen lorsqu’ils laissaient de quoi à subvenir aux
ils sortaient toujours victorieux, pour peu que leurs parents aient eu soin de
Comme chaque particulier conservait chez lui les momies de ses ancêtres, et
qu’il n’aurait pas voulu garder celle d’un réprouvé, il mettait à l’eau, lors du
nageait, c’était une preuve que le défunt était un élu; si, au contraire, le gabar
était englouti dans Yabym (3), on considérait alors le mort comme un damné, et
l’on se félicitait d’être délivré, par l’entremise d’Osiris, d’un cadavre qui, à la ré-
(1) Le noyé dont le cadavre surnageait était considéré comme un saint personnage, par cela même
que Yabym ne l’avait pas englouti. Ceux qui étaient noyés en punition de leurs crimes, comme la
femme adultère par exemple, étaient jetés dans le Nil avec une pierre au cou, et s’il arrivait que par
une circonstance fortuite le cadavre du supplicié, au lieu de rester englouti dans les grandes eaux
tin ,
dans ses Confessions, nous dit que les Egyptiens appelaient leurs cercueils des gabbaras je pense
que ce nom a été estropié par les copistes. Nous donnons le nom de gabare à un petit bâtiment large et
plat ,
qui sert à traverser les rivières.
(5) De là ,
l’expression : tomber dans l’abîme. Tout homme dont le cadavre était englouti par les
eaux du débordement ne devait pas ressusciter, son âme était morte et tombait dans le néant (enfer des
Egyptiens) : aussi le Psalmiste demande-t-il souvent à Dieu que son âme ne soit pas plongée dans les
grandes eaux, c’est-à-dire anéantie. Le cadavre qui était sorti victorieux de l’épreuve prenait le nom
de n'nn (mmie), mumie, moumie, dont nous avons fait momie, racines dq eaux (a), et n> par inversion
pour *n ,
vie ,
vivant ,
ressuscité c’est-à-dire vainqueur des eaux.
(4) On conçoit que dans la terrible solennité de la résurrection il n’aurait pas été très-flatteur de voir
100 DICTIONNAIRE
Lorsqu’on trouve sur les monuments une momie placée sous Voxyrinche,
Y 1
le lion étant aussi le symbole du débordement (1), ce groupe indique alors que
c’est un bienheureux,
dont le cadavre surnagea lorsqu’il fut plongé dans les grandes eaux.
Je dois demander pardon à mes lecteurs d’être sorti de mon sujet, mais il était
donner maintenant, de faire comprendre que les trente députés n’étaient pas trente
juges ordinaires, et pour cela j’ai cru devoir, au sujet du tribunal où l’on jugeait
cette mortification, faisaient-on subir au mort, dont la mémoire était tant soit peu suspecte, l’épreuve
des grandes eaux.
DES HIÉROGLYPHES. 10 J
les morts, démontrer aussi que les assertions de Diodore ne doivent pas être
COISTELL4TEOI DE LA BALA1CE.
Il
y a 8600 ans que le solstice d’été correspondait aux étoiles qui sont au
nent à la 13 e station, selon les données astrologiques du moyen âge (2). Ces
étoiles, dans les catalogues arabes (3), sont appelées Garphr, ce qui ne signifie
pas voiles, comme on le prétend, mais bien inondation (4); c’est un nom qui,
s’étant conservé dans les mystères de la cabale, a été adopté depuis par les as-
tronomes arabes. Ce sont ces étoiles qui, placées entre Y épi et l’étoile d 'Ioan (5),
(4) La racine de ce nom est rpj (grf), gerph ou garph, qui en égyptien signifie rompre les digues,
(3) Ioan ,
dont les Latins ont fait Janus signifie divin soleil nouveau ou divine enfance du soleil (i-di-
vin ,
o-soleil ,
AN-enfant) ;
le soleil prit le nom à' Ioan au solstice d’été, lorsque les Egyptiens commen-
cèrent leur année solaire à partir de ce solstice et enfin le soleil conserva le nom d'Ioan depuis le
solstice d’été jusqu’au solstice d'hiver. Le solstice d’Iiiver en langue sacrée s’appelle lesou, ce qui veut dire
sa force pour remonter vers le nord : par extension on donna au soleil le nom d’ lesou , à partir du
solstice d’hiver jusqu’au solstice d’été. Ioan était appelé le baptiseur, parce que le Nil déborde au solstice
d’été, et que les eaux pures de Yabym avaient la propriété, selon les Egyptiens, de laver les souillures
du corps et de l’àme. Le Nil d’ailleurs , lorsqu’il était débordé, prenait le nom d ’lordan (i-divine, or-
lumière, D-mouvement, AN-enfant, enfant du divin mouvement de la lumière, parce que le Nil aug-
mente ou diminue en proportion de la croissance ou de la décroissance des jours (a) ). De 1 ’loan égyp-
(a) Les juifs, chassés d'Egypte par Aménophis, et s’étant établis dans la Palestine, donnèrent à une petite rivière
que les pluies font parfois déborder, le nom pompeux de Jourdain, comme Andromaque donna, selon Virgile, la
Egypte ,
parle du Jourdain : Wfî hti ]T1* n\P O N51V té? tnj ptyy>
p — Ecce (Behemoth) absorbebit fluvium ,
et
non miràbitur : et habet fiduciam quod influât Jordanis in os ejus (Job, cap. XL ,
vers. 18). Si par Jourdain on
doit entendre la rivière de la Palestine, alors il faut admettre que dans ce Jourdain il existait, du temps de Job des
102 DICTIONNAIRE
8600 ans que l’Egypte était civilisée, et que les trente députés se réunissaient
pendant trente jours, à partir du solstice d’été, pour concilier les intérêts des
royaumes unis. Il y a 8600 ans que les astronomes égyptiens divisèrent le zodiaque
à-partir du solstice d'été, c’était précisément l’époque où se tenaient les états gé-
Sur les zodiaques dus au ciseau grec et à la munificence romainq, mais dont la
disposition fut dirigée par les astrologues de la Haute Egypte, qui avaient con-
servé pures les traditions de la valeur symbolique des signes, on voit toujours
sur (1)
tien on a fait S. Jean-Baptiste dont on célèbre encore la naissance au solstice d’été, comme on célèbre
celle A’Iesou dont on a fait Jésus au solstice d’hiver. Les Egyptiens commençaient leur année solaire
au solstice d’été la naissance de S. Jean-Baptiste précède de six mois la naissance de Jésus. Ioan étant le
nom qu’on donnait au soleil, à partir du solstice d’été jusqu’au solstice d’hiver, soleil dont la force dimi-
l’Evangile Joann cap. ni, vers.) qui fait dire à S. Jean-Baptiste en parlant de Jésus : Ilium oportet
(
crescere me autem minui. L’étoile d ’loan ou de Janus est précisément l’a de la balance actuelle ,
étoile
,
qui se trouve sur l’écliptique. Crislolaiis dans son quatrième livre des apparences du ciel, la plaçait ante
,
pedes Virginis : àarrjp (ïavou) np'o rwv tzoSmv rrjç n apdé'jov. (Plutarq. Par ail. chap. 9.)
ou sous (1)
la balance grecque, le soleil de justice figuré par un disque dans lequel se trouve
la justice personnifiée.
appuyant ses deux pâtes de devant sur le plan d’un vase carré dans lequel est figurée
de l’eau agitée,
balance, à l’époque où nous reporte le premier état du ciel selon l’astrologie (4). On
trouve dans les zodiaques de la cabale que Kircher (5) et Dupuis prennent pour
des zodiaques égyptiens, mais dont la cabale avait emprunté l’esprit aux traditions
(4) Aussi la balance portait-elle chez les Egyptiens comme chez les Hébreux ,
lorsqu’il s’agissait de la
constellation, le nom de ’JîNcn ( mmazni^, prononcez moumazni, racine première Mou-raw. Voyez
(5) Voir Kircher, OEdip . , tome ii, part. 2% pag. 160, 206 ,
et 207.
104 DICTIONNAIRE
perche graduée qui servait à mesurer les crues du Nil. La position de Yhomme
dont elle servait à obtenir la mesure, fut placée aussi par les premiers astronomes
JUSTICE DIVINE ,
DÉBORDEMENT,
sont les garphr de la vierge, Yloan ou l’« de la balance actuelle, et l’T ed ou bril-
Le serpent que tient Ophiuchus, et qui lui a valu le nom de serpentaire, est une hydre, symbole
(1)
de Veau. Dans la sphère égyptienne, Yhydre s’étend depuis les garphr jusqu’au capricorne, et cette
hydre au lieu d’être tenue par un homme (a) comme dans la sphère grecque ,
est surmontée d un
, ,
ibis, symbole de l’eau du débordement (voyez Ibis). Les Maures figuraient dans leur sphère (b) un sei-
le symbole de V égalité des jours et des nuits , et par suite de l’équinoxe d’automne;
puis il reporte son origine aux temps voisins du déluge et avant que l’Egypte fût
reconnu que le zodiaque remonterait tout au plus à 3000 ans, en admettant l’ex-
plication que Pluche nous donne des symboles. Dupuis, qui voit, comme Pluche,
un emblème naturel de l’égalité des jours et des nuits dans la balance zodiacale,
mais qui attribue l’invention du zodiaque aux Egyptiens, fait de cette même balance
le symbole de l’équinoxe du printemps, ce qui reporte à 16000 ans l’origine du
zodiaque. Les savants veulent à toute force que la balance, qui sert à égaliser les
poids pour les comparer entre eux, soit un symbole naturel d’égalité. Chez les Egyp-
tiens, l’idée légalité ne fut jamais rendue par une balance; pour exprimer hiéro-
glyphiquement cette idée, ils traçaient deux lignes droites égales l’une sous l’autre,
absolument comme nos géomètres (1); et dans les textes hiéroglyphiques des der-
peut surmonté d’une cigogne ou d’une grue. Les Grecs donnent ordinairement à Ophiuchus l’épithète
d’aigléis, aiglaer, et aiglêtos (a), dont la racine première aig signifie eau en langue sacrée ,
car l’épithète
sagittaire, comme symbole du débordement, parce que, lors de l’invention du zodiaque, le solstice
trois mois ,
le débordement durait alors pendant un temps égal à celui que mettait le soleil à parcourir
14
;
106 DICTIONNAIRE
La cabale (1) fait de la balance une constellation qui unit le règne de Dieu à
celui de l 'homme, et qui sert à déterminer Yheure natale du monde. Comme les
mystères de la cabale ne sont au fond que les mystères astrologiques des Egyp-
tiens, il faut, pour comprendre ce qu’ont voulu dire ici les cabalistes, connaître
bole, et comme ils lisaient parfaitement cette écriture primitive, devenue ensuite
aux garphr, et qu’il y avait par conséquent un mouvement rétrograde dans le ciel
vement, ils crurent reconnaître que la révolution complète du ciel des fixes était
comprise dans une période de 24000 ans (3). C’est sur la connaissance de cette
loi que roule toute l’astrologie égyptienne. Les astrologues prétendirent que la
durée ou la vie du monde était comprise dans cette période de 24000 ans, ils di-
visèrent cette vie en deux règnes, celui de Dieu et celui de I’homme : on enseignait
dans les mystères de la haute initiation qu’au premier moment où Dieu commença
leil et les étoiles avaient alors été créés, et que Dieu employa les six temps (4) de
partibus twv o-ùyxoao-t» factam, eamque esse natalem mundi. (Scaliger. A ’ot. ad Manil. L. 1 , vers.
125 ).
(précession des équinoxes), s’opère en 25812 selon Lalande, en 25920 d’après Delambre, et nos mo-
dernes astronomes (Biot, Francœur, et Arago) lui donnent 25867 ou 68 années de durée.
(4) Dans la Genèse de Thout , le mot temps est exprimé par une étoile qui signifie jour, an, ou époque
quelconque déterminée. Moïse a traduit Yétoile par ni’ (iom) ioum, mot égyptien qui signifie jour, temps,
durée. Les six temps du règne de Dieu ou de la création, que les Perses appellent les six mille de Dieu
son règne à arranger le monde tel qu’il est, pour en céder ensuite le gouverne-
ment à X homme quil avait fait à son image (1), cession qui eut lieu lorsque le
jusqu’à la fin du monde, pendant six temps comme celui de Dieu, c’est-à-dire
jusqu’à ce que le solstice d’été corresponde au zéro du belier. Alors le ciel usé se
brisera, et Dieu reprendra son empire pour s’occuper, pendant six autres temps,
les symboles placés dans le zodiaque y avaient été mis par Dieu lui-même qui
avait tiré l’horoscope du premier homme avant de lui céder l’empire de la terre.
c’était toujours avec des planisphères célestes, qui représentaient l’état du ciel
dont Dieu s’était servi pour tirer la bonne aventure d’Adam, qu’ils tiraient celle
des imbéciles qui avaient foi dans leurs jongleries. De là vient que, selon les
dogmes astrologiques, celui qui est né dans le mois de la balance, doit être consi-
ciel des fixes, le solstice d’été ne corresponde plus au zéro de ce signe. On s’ex-
plique maintenant pourquoi la balance est le lien qui unit le règne de Dieu à celui
aux six temps du règne de l’homme appelés par eux les six mille du Diable ( Pétiâré ou unuiugy ) ,
ne
sont pas six jours, comme l’ont cru les Septante et la Vulgate, c’est un laps de temps égal à celui qu’a
mis le solstice d’été pour parcourir la moitié du zodiaque, à partir du zéro du belier, de telle sorte
que chaque jour de la création se trouve être un jour de 2160 ans. Comme les jours de la création sont
déterminés par le mouvement rétrograde du ciel des fixes, et que le commencement de ces jours avait
lieu à partir du dernier degré ou de la {in d’une constellation que parcourait un solstice ou un équi-
noxe ,
voilà pourquoi la Genèse dit : “tro< ov ipa *n*i aiy ’rm et fut le soir et fut le matin ( qui fut ) le joui-
premier ; au lieu de dire : et fut le matin et fut le soir (qui fut) le jour premier, comme elle l’aurait dit
nécessairement s’il s’était agi d’un jour ordinaire où le matin précède toujours le soir.
(1) J’ai déjà expliqué dans une note de la page 27, ce que les Egyptiens entendaient en disant que
108 DICTIONNAIRE
au zéro de la balance, que le règne de Dieu fut terminé, et que celui de Y homme
devint un signe d’umoN : aussi, dans les anciens manuscrits et même dans les an-
ciens livres imprimés trouve-t-on bonheur écrit ainsi : bon -v heur, la balance
chez eux commençant au solstice d'été, comme le solstice d'été dans les sphères
posons qu’on voulût connaître quel est aujourd’hui (15 juillet 1840) l'âge
(1) L’an 40 ( 1840) est précisément l’année à laquelle les mauvais payeurs renvoyaient leurs créan-
ciers, parce que les mauvais astrologues avaient prédit que la fin du monde aurait lieu à cetle époque.
savoir s’il sera célèbre dans l’histoire. Lorsque le 4® temps du règne de l'homme sera fini, disent les pa-
pyrus , la face du monde changera. Les cabalistes ont entendu par là que le inonde devait être renou-
velé, et ont cru pouvoir fixer à cette époque le jugement dernier, tandis qu’en bonne astrologie le
inonde ne doit finir que dans 4320 ans (a). Les astrologues égyptiens entendaient par renouvellement
de la face du monde un renouvellement moral. Si nous faisons attention à l’inquiétude générale des
esprits qui rêvent un nouvel avenir, à ce volcan moral qui agite la société, et qui semble prêt à faire
(2) Dans les derniers temps, les astrologues égyptiens déterminèrent la rétrogradation du nœud
équinoxial à raison d’un degré par 72 ans; c’est ce que je crois pouvoir inférer d’une stèle bilingue qui
(a) Dans un ouvrage publié en 1731 et réimprimé en 1828, ayant pour titre : Conjectures sur la fin prochaine du
monde ,
on trouve les passages suivants : — En 1790 : Ira Dei super terram (
la colère de Dieu sera sur la terre ) ;
— en
1800 : A paucis cognoscitur (le Christ sera connu de peu de personnes) ; — en 1840 : Pastor non erit (
il n’y aura plus
de pasteur).
DES HIÉROGLYPHES. 109
il
y aurait 8640 ans et 24 jours que le règne de l'homme a commencé, et 21600
ans que Dieu fit le vide dans les eaux de l’abym (1).
tion, le solstice d'hiver dans ces mêmes planisphères correspond au zéro du belier;
et comme c’est au solstice d’hiver que le soleil remonte vers le nord, tandis qu’il
descend vers le sud à partir du solstice d’été, voilà pourquoi les anciens astrologues,
qui avaient toujours égard à l'état du ciel que représentaient leurs planisphères,
RÉCAPITULATION.
La balance
(1) Pour ceux qui désirent connaître les époques du monde, calculées d’après les principes de l’astro-
logie égyptienne, en admettant que le nœud équinoxial rétrograde d’un degré en 72 ans, voici un
tableau dont je peux garantir l’exactitude à MM. les chronologistes. Quant aux quatre âges dans
lesquels se subdivise le règne de l’homme, j’ai pris les données fournies par le Zodiaque circulaire de
3e Epoque (
âge d’airain ) 2304
Epoque (âge de fer) 741 g
Nous sommes à présent 1840 dans l’an 21600, à partir du premier moment de
( ) la création; dans
l’an 8640, à partir du règne de l’homme ( les astrologues comptent toujours à partir de cette époque ).
Il
y a 5096 ans que nous sommes dans l’âge de fer, et la fin du monde n’arrivera , selon les calculs in-
faillibles de la bonne astrologie, que dans 4520 ans, ce qui doit tranquilliser ceux qui craignent le
retour des comètes.
110 DICTIONNAIRE
graduée,
La balance grecque,
ou bien entre les mains de la justice comme dans le Zodiaque d’Esné, indique
d’une manière positive que le monument sur lequel elle se trouve n’est pas d’une
époque très-reculée, et qu’il remonte tout au plus aux premiers temps de la do-
mination romaine.
;
BELIER.
Le belier, chef d’un troupeau, marche toujours à la tête.
du GUIDE.
Son nom onomatopique est baaî ou maaî (1), et ses noms mystiques les plus 1
était pour les Thébains le symbole vivant de Intelligence suprême (3). Cette divi-
nité portait le nom cI’Amoun (4) et se confondait avec le Cnef (5), qui était aussi le
pour le belier venait de ce que cet animal avait servi de guide à Bacchus lorsque
(2) ns (ari) signifia lion, lorsque le lion devint le symbole du chef et du maître; mais dans les
hiéroglyphes purs le lion n’a jamais eu cette valeur (voyez Lion). Le nom du lion en égyptien est tv* ?
(
nsh ) ,
d’où les poètes grecs ont tiré — lion.
(5) Le belier blanc étant le symbole de la suprême lumière ou de I’intelligence suprême était aussi le
Divinité selon les dogmes du culte primitif, puisqu’elle se composait de I’intelligence suprême, de la
(4) Amoun ou Amun (|wn), dont les Grecs firent ig g wv, . . comme nous l’apprennent Plutarque et Dio-
dore, signifie en langue sacrée dm (am) a«ie, p (un) principe, le principe de la vie.
(5) Voyez Préface, page xxvij. Les noms mystiques du belier étaient donnés très-souvent au Cnef;
tel est, par exemple, celui de S’N (ail), le Cnef n’étant autre chose qu’une aile d’épervier. Le nom
mystique du belier bni (
ram )
était donné aussi à Vépervier, symbole de I’intelligence suprême. Les
chrétiens, en faisant d’une espèce de pigeon le symbole de cette même intelligence, lui donnèrent le
nom de Ramier. C’est notre Saint Esprit qui fait partie de la trinité (
intelligence ,
vie ,
et matière )
armée (1). On voit ici que la fable du belier de Thèbes est absolument la même
que celle de I’aliboroün de Jérusalem (2). Lorsqu’on voulait personnifier Amoun,
Thèbes portaient, comme insigne de leur puissance, une coiffure ornée de deux
cornes de belier (4), et les nobles seuls avaient le droit de placer la corne de
(3) Les statues d’AMoim étaient en pierre blanche , et les cornes de belier dont on décorait la tête du
Dieu avaient exactement la forme des fossiles que nous appelons des cornes d’Ammon. On ne saurait
croire combien les cornes d’ Artimon étaient recherchées en Egypte; on prétendait que Dieu les avait
mises dans la terre pour que l’homme „ en les retrouvant, se rappelât la fin du monde et le jugement
dernier qui doit arriver, selon la haute astrologie, lorsque le solstice d’été aura dépassé la constellation
du belier. Par suite on attribua aux cornes d’Ammon la propriété de procurer des songes divins (voyez
Pline, liv. 37, chap. 10). Les nécromants s’en servaient pour entrer en communication directe avec
Diec ,
lorsqu’ils suspectaient la bonne foi des ombres qu’ils interrogeaient.
chef intelligent : de ce dernier nom on a fait Rhamsès. A Tyr le roi portait le nom de Iram, i- divin ,
ram- belier, c’est-à-dire divin-maître. Le roi de Thèbes était considéré comme le prince le plus puis-
sant de l’Egypte ,
même avant que Sésostris eût réuni toute l’Egypte sous la domination d’un seul.
(3) La corne de belier qui ornait le casque d’un noble était l’insigne de sa puissance ; casser la corne
d’un noble c’était le dégrader: Omnia cornua peccatorum confringam, et exultabuntur cornua justi
(
Psal. 74 ,
vers. 11 ). Un noble était appelé ont (
ram ) ,
c’est-à-dire maître. Dans le moyen âge où ,
tout
noble était chevalier , les éperons étaient le signe caractéristique de la noblesse. Cependant il paraîtrait
que la corne égyptienne fut conservée par nos pères comme expression symbolique de la puissance no-
biliaire ;
mais, au lieu de placer cette corne sur le casque , ils la placèrent sur le chanfrein du destrier ; de
là ces licornes telles qu’on les retrouve sur les anciennes armoiries ,
notamment sur celles d’Angleterre.
DES HIÉROGLYPHES. 113
Les conquérants, les législateurs, et les chefs de colonies, étaient représentés
en Egypte avec les attributs de la puissance royale; voilà pourquoi Bacchus et
CONSTELLATION DU BELIER.
Il
y a 8600 ans que le solstice d! hiver correspondait à l’« actuel des poissons.
Dans les temps primitifs, les Egyptiens, ainsi que tous les autres peuples, com-
mençaient leur année solaire à partir du solstice d’hiver (1). Les astronomes égyp-
tiens, qui figurèrent dans le zodiaque les symboles dont l’astronomie se sert
encore,
peignirent dans la première division un
belier parce qu’il était le
premier de tous
les signes et par conséquent le
chef du troupeau zodiacal. Plus
tard, quoique, par
la précession des équinoxes, le solstice d’hiver
ne correspondît plus au belier
les
astrologues qui avaient plus égard à
leurs planisphères représentant
le premier
état du ciel qu’à l’état de leur ciel même, considérèrent toujours le belier
comme le premier des signes (2); la cabale ayant
transmis à l’astronomie la cou-
tume de considérer le belier comme la première des constellations, de là
vient
que de nos jours encore on commence
par le relier lorsqu’il s’agit
de donner
la nomenclature des signes du zodiaque.
15
, , , ,
114 DICTIONNAIRE
bâtons l’un blanc symbole du jour, et l’autre noir, symbole de la nuit
H
de longueur égale (1), parce qu’à cette époque la longueur des jours est égale à
celle des nuits. Pour exprimer, d’après le même principe, le solstice d’hiver ,
ils peignaient deux bâtons, l’un noir et l’autre blanc, mais le noir ayant une
'
Al
;
parce qu’à ce solstice, la longueur des nuits est double de celle des jours. Dans
un zodiaque de la cabale (2), où le belier est remplacé par un amoün homme à
(
cornes de belier), cet amoün tient dans ses mains les deux bâtons de longueur
car tous les zodiaques cabalistiques représentent le premier état du ciel après la
création que l’astrologie fait remonter à 8600 ans, c’est-à-dire à l’époque de l’in-
zéro du belier, les cabalistes ont eu soin, dans le planisphère dont il s’agit, de
atlas, planche 5), se trouve dans les planches correspondantes au mot Zodiaque.
DES HIÉROGLYPHES. 115
qu’ils ont placé agenouillé précisément sur la ligne qui sépare le signe du belier
parce que, au solstice d’hiver , le soleil est le plus bas possible; c’est par la même
raison que les cabalistes, dans le planisphère dont nous avons parlé, représentent
agenouillé I’amoun placé sur la ligne qui sépare le belier des poissons. Le belier
lever, parce que, au solstice d’hiver, le soleil reprend sa force pour remonter vers
le nord. Ce belier est placé en sens inverse des autres signes, le cancer ex-
cepté (1), parce que, dans le premier état du ciel, le soleil retournait sur ses pas
pour remonter vers le pôle boréal lorsqu’il était arrivé au zéro du belier.
signe du belier.
T
Les étoiles qui déterminent la position du belier dans le zodiaque égyptien
sont l’« des poissons et les Péiades. Hygin (2) nous apprend que les anciens as-
précisément à leur position, comme division du zodiaque primitif, que cet amas
de petites étoiles doit la haute considération et le rôle important qu’il joue dans la
(2) Hygin. lib. 2, cap. 22, et lib. 5, cap. 20. Les Péiades que nos astronomes placent sur le cou du
taureau étaient placées à la queue par les anciens astrologues (Théon, page 155), et en général par
mythologie grecque et romaine (1). Les deux premières étoiles de la tête du bé-
lier, appelées dans les catalogues arabes al-sheratein ou al-sheratan (2), forment
avec la précédente de la base du triangle actuel (3) le triangle céleste des anciens
astrologues. Ce triangle, surnommé igné dans les livres cabalistiques, n’est autre
ainsi figurée au-dessus des premiers degrés du belier, parce que, selon les
qui remonte à la plus haute antiquité, comme nous l’atteste Hipparque (5) en
solstice d'hiver, devint par suite le symbole de ce même solstice et fut employé
offrent différents états du ciel, tel que le Zodiaque circulaire de Dendérah, par
exemple, où sont indiqués les quatre âges du monde; aussi trouve-t-on dans ce
et au 17 e degré du capricorne pour le 4e . Mais toutes les fois que le belier était
employé comme symbole du solstice d’hiver, on plaçait sur sa tête le disque so~
symbole composé du ciel (1), afin qu’on ne confondît pas le belier céleste, symbole
petit belier dans ces zodiaques prenait le nom d’agneau, quoique ce ne fût pas
mais été placé par aucun peuple comme symbole hiéroglyphique dans le zodiaque;
aussi Hyde (2) observe-t-il que les différents noms du belier, tels que al-hamel
chez les Arabes, teleh ou thala (3) chez les Hébreux, emro chez les Syriens, et
kusi chez les Turcs, désignent toujours un agneau déjà fort et ayant des cornes.
jambe de cheval blanc qui détermine toute la partie du zodiaque où, pour le pre-
(4) C’est par homonymie que le cheval fut consacré au soleil et devint par extension symbole de la
lumière. Voyez note de la Préface, page 1.
118 DICTIONNAIRE
mier état du ciel, le jour triomphe dans sa marche de la nuit, c’est-à-dire depuis
le solstice d’hiver correspondant au zéro du belier, signe dans lequel les astro-
zéro de la balance, signe dans lequel ces mêmes astrologues plaçaient la dégra-
postérieure,
* -
La création ayant été terminée avec les six temps du règne de Dieu, c’est-à-
pourquoi tous les astrologues s’accordent à dire que lors de la création, ou plus
lieu du ciel , ce qui lui valut le nom de Mesomphalos que lui donne Nonnus (3).
selon les dogmes astrologiques des Egyptiens, lorsque le solstice d’été, parvenu au
zéro du belier, aura fait le tour du zodiaque et accompli ainsi la grande période
de 24-000 ans, étaient des vérités qu’on ne présentait jamais que sous le voile
de l’allégorie. Aussi les initiés disaient-ils en langage mystique que la fin de toute
chose terrestre et la résurrection de toute chose céleste devaient avoir lieu lorsque
/Toan (
soleil du solstice d'été dont nous avons fait S. Jean-Baptiste )
aurait rejoint
(2) Les astrologues cabalistes distinguaient plusieurs créations : la plus fameuse, la primitive, celle
pour laquelle on avait la haute autorité d ’Esculape et qu’on appelait l’égyptienne, était précisément
celle qui remontait à la balance. ( Vide Scalig. Not. ad Manil. lib. i , vers. 125 ; Scholiast. Tetrabibl.
Ptolern. ).
création (2), en vertu du mouvement rétrograde du ciel des fixes, devint aussi le
symbole du solstice d'été (3). On se servait généralement de cette vierge pour in-
diquer sur un zodiaque le solstice d’été correspondant aux différents états du ciel
terminés les quatre âges du inonde, l 'âge d’or ayant duré pendant tout le temps
à Hermes, et à Mercure. On s’explique alors pourquoi Mercure se trouve, dans les pierres gravées qui
servaient d’amulettes , tantôt monté sur le relier, tantôt à côté du belier, et quelquefois même portant
une tête de belier dans sa main. Ces pierres gravées étaient des tessères qu’on donnait aux initiés
d’Eleusis , comme dans les premiers temps du christianisme on donnait aux nouveaux baptisés un agnus
Dei en cire. Fuit consuetudo dandi baptizatis in cerâ consecratâ imagines agnis cælestis (Guilell. Duran-
(2) Le solstice d’été correspondait au zéro de la balance lorsque Dieu céda à l’/iomwiel’empiredelaterre.
du lion, et n’ayant duré que 1080 ans, c’est par une vierge tenant Orus blanc ou
d’argent
o*
que se trouve indiqué le commencement de cette époque.
L’âge d’airain, dont la durée fut de 2304 ans, ayant commencé lorsque le
solstice d’été correspondit au 15 e degré du lion, c’est encore par une vierge
Enfin, Y âge de fer, qui doit durer 7416 ans, ayant commencé lorsque le solstice
d’été fut arrivé au 17 e degré du cancer, c’est par la vierge guerrière (2) tenant
(1) Raban Maure ( Comment, in Judith.) compare ces cymbales à de petites bouteilles (
phiolæ parvis-
simæ) ,
et Pline (lib. 23, cap. ult.) à des cuisses ( coxendicibus).
(2) Dans les textes hiéroglyphiques cette vierge est toujours représentée avec la coiffure militaire.
Cette vierge militaire est placée sous le lion dans le Zodiaque de Dendérah ,
parce que le cancer se
trouve précisément ,
dans ce zodiaque ,
sur la tête du lion ( voyez Cancer ).
;
Egyptiens, pour préciser l’époque à laquelle le monde doit finir, disaient dans
car la fin du monde doit arriver, comme nous l’avons déjà dit, lorsque le solstice
représenté par la vierge, qui se trouve placée entre le belier et les pojssons,
dans les zodiaques représentant l’état futur du ciel lors de la fin du monde et le *
belier zodiacal couché , tel qu’on le voit dans le Zodiaque circulaire de Dendérah,
se trouvant alors aux pieds de la vierge, ce belier semble être le produit dont la
Les Egyptiens disaient encore dans ce même langage mystique : Lorsque l’union
fin du monde arrivera lorsque le solstice d’été, représenté par la vierge, corres-
plutôt ici d’un divorce que des noces de la vierge et de /'agneau dont nous parle
l’Apocalypse.
sera répandu, le règne de Dieu commencera ; pour dire : Lorsque le solstice d’été
que l’expression mystique du phénomène céleste qui, dans 4320 ans, doit déter-
122 DICTIONNAIRE
ont avancé cetle fin prétendue du monde j’expliquerai au mot Boeuf les erreurs
On rencontre encore dans la Haute Egypte, à l’entrée des temples, les statues
colossales du belier zodiacal ayant devant lui la vierge, symbole du solstice d’été.
On trouve dans Montfaucon (1) la gravure d’un monument égyptien qui paraît
remonter seulement aux derniers temps de la domination des Perses, et qui nous
soleil de justice éternelle prêt à brûler le belier zodiacal , trois fois répété, sur trois
bûchers composés chacun de dix bûches. Les trois bûchers font allusion aux trois
décans, et le nombre de bûches aux dix degrés dans lesquels se subdivise chaque
décan, le tout est supporté par sept vases qui font allusion aux sept planètes. A
droite sont les élus qui tendent avec confiance leurs mains vers le soleil de justice;
sur leur tête se trouvent les symboles de la vie, tels que Y ibis (2) et le scara-
bée (3). A gauche sont les réprouvés, hommes sans tête (4), qui tournent le dos
Haute Egypte ,
le scarabée ( scarabœus thebdicus ) qui est le premier animal qu’on trouve vivant lorsque
le Nil abandonne les terres qu’il a inondées, est encore regardé comme un emblème de résurrection.
(4) Les réprouvés , ceux-là qui doivent être condamnés à Y anéantissement lors de la résurrection gé-
nérale , étaient représentés décapités. Les peuplades sauvages de l’Amérique employaient la même
,
Cette idée de la fin du monde qui doit arriver, selon les principes de la haute
astrologie, lorsque le belier zodiacal sera consumé par le solstice d’été, est rendue
par le belier mort qu’on retrouve sur les monuments, et surtout par les têtes
décharnées de belier
qu’on plaçait aux angles de l’autel où l’on conservait le feu sacré de Pht ha (1).
Sur le bandeau de toutes les portes d’entrée des tombeaux sacrés de Eiban-
el-Molouk on trouve un disque jaune, symbole du soleil, dans lequel est figuré
un amoun (
homme à tête de belier )
qui, dans cette circonstance, remplace le
du soleil de justice suprême qui doit se lever lorsque le solstice d’été correspondra
au zéro du belier.
était consacrée, adorant le soleil de justice qui doit le rappeler à la vie et le faire
jouir de la béatitude céleste pendant les six temps du nouveau règne de Dieu.
expression symbolique pour représenter les vaincus tués à la guerre. (Voyez Mémoires des Sauvages
(1) Le même principe astrologique fit que les Grecs placèrent des têtes décharnées de belier sur la
frise des temples. La victime étant consumée , il ne reste que les ossements décharnés et blanchis : aussi
les architectes avaient-ils soin de sculpter toujours en marbre blanc, ou du moins en pierre blanche,
ces têtes décharnées de belier.
, , , ,
m DICTIONNAIRE
Quelquefois aussi ce soleil de justice est représenté par un disque jaune dans
suprême (1).
belier, surmonté du disque solaire placé entre deux basilics, symboles de la lu-
mais seulement sur les monuments qui ne sont pas antérieurs à la domination
romaine.
l’autel de Phtha un belier lorsque le soleil entrait dans la constellation qui porte
sel gemme étant celui des misères de la terre (4), le pain salé devenait alors le
symbole de la vie terrestre qui est remplie d’amertume. Le pain sans sel, au con-
traire, était le symbole de la vie céleste qui doit être exempte de tribulations. Le
(4) Voyez note 2 de la page 4. Le sel étant le symbole des misères de la terre le sel répandu était en
Egypte d’un fort mauvais présage. Cette superstition s’est conservée jusqu’à présent, et j’ai connu un
esprit fort qui pâlissait lorsqu’on renversait une salière devant lui. Socrate avait foi dans les présages
de l’éternument ;
tous les sages ici-bas ont un grain de folie.
, ;, , ,
levain germe et symbole de corruption n’entrait pas non plus dans la composi-
tion de ce pain mystique dont les initiés faisaient leur unique nourriture pendant
Les initiés portaient sur leur poitrine, suspendu par une belier e, le belier
mystique
Pluche veut que le belier ait été placé dans la première division du zodiaque
née où les brebis mettent bas mais alors il me semble qu’il eût été plus rationnel
Dupuis, qui fait du belier le signe de X équinoxe d’automne, nous dit que « le
« Nil rentrant dans son lit peu de temps après cet équinoxe, le sol nouvellement
« découvert ne présente qu’un limon gras qui n’a point encore de consistance
« après la retraite des eaux, suivant Diodore; et, pendant ce temps, l’Egyptien
« voyait croître l’herbe verte, et les troupeaux pouvaient déjà y trouver une
« abondante pâture. On lâchait donc les troupeaux, et leur entrée aux pâturages
« fut marquée dans les deux par l’image d’un belier ou du chef du troupeau ».
À cela je répondrai que les Egyptiens ne furent jamais des peuples pasteurs, mais
bien des peuples agriculteurs et que, à l’exception des porcs, il est impossible
RÉCAPITULATION.
Le BELIER ,
se traduisent par chef, maître, guide, ou même quelquefois par roi, lorsque le
et par juge suprême lorsqu’on voit au-dessous le bras plié figurant la coudée.
Le belier courant,
debout,
ou accroupi,
reg ardant derrière lui, se traduit par constellation du belier. Une tête de belier
est sur les monuments égyptiens l’abréviation du belier zodiacal , et les cornes de
BELIER
T
peuvent devenir l’abréviation du même symbole, mais seulement dans les hiéro-
glyphes cabalistiques.
Le belier ayant sur sa tête le disque solaire entre les cornes de taureau
ligence. Lorsqu’on trouve un homme bleu à tête de belier, le bleu étant la couleur
de Yabym qu’on aperçoit à travers le cristal du ciel, cet homme auquel on adjoint
ordinairement un symbole de la vie universelle , tel que la croix ansée, est alors
Dans le triangle (1), symbole du Dieu grand, fort, et immortel, chaque coté est
affecté à l’un des trois principes qui composent la divinité toute entière.
À
//
INTELLIGENCE.
128 DICTIONNAIRE
BOEUF.
Le boeuf qui, chez les Egyptiens, labourait les terres, battait le blé, voiturait
les récoltes, faisait tourner les roues hydrauliques qui transportaient les eaux du
Nil dans les canaux destinés à l’irrigation des terres, le boeuf, travailleur par
Il 11e faut pas confondre le boeuf avec le taureau, comme la plupart des sa-
vants (1). Le taureau, animal indomptable (2), était pour les Egyptiens, selon sa
couleur (
3 ), le symbole de l’élément auquel rien ne résiste, c’est-à-dire de Y eau
(1) J ai trouvé souvent cette phrase : Le bœuf Apis était un vigoureux taureau; c’est absolument
comme si l’on disait : Ce cheval hongre est un vigoureux étalon.
(2) On peut dompter le cheval entier, mais pour le taureau, dès qu’il est pubère, il devient intrai-
table ;
ni force ni douceur ne peuvent rien sur lui.
(5) Un taureau roux consacré à Typhon , et qu’on immolait à cette divinité malfaisante (roù? nvppoùç
ment représentée par une vache noire. Lorsque le Pharaon (Genèse, chap. xu, vers. 2 et suiv. ) songea
qu’étant auprès d’un fleuve, il voyait sept jeunes vaches, belles et grasses, qui en sortaient et qui
furent bientôt dévorées par sept autres vaches, maigres et laides, qui en sortirent aussi; la vache étant
d’Egypte qui sortirait pendant sept fois de dessous les eaux du débordement, belle et grasse de limon
tandis que sept autres fois elle en sortirait maigre et stérile , ce qui , en définitive ,
annonçait sept an-
nées d’abondance suivies de sept années de disette. En outre, les vaches maigres dévorant les vaches
grasses signifient clairement que le superflu des années d’abondance serait absorbé par les années d«
disette.
(a) II est à remarquer que le taureau noir est précisément le symbole de l’eau rouge ,
car telle est la couleur des eaux
du Nil lorsque ce fleuve déborde; tandis que le taureau roux est au contraire lc symbole de l’eau noire, selon l’épithete
est très-difficile de les distinguer l’un de l’autre dans les textes hiéroglyphiques.
Sur les monuments dus au ciseau grec on peut observer cependant que le taureau
iSR
mais il vaut mieux s’en rapporter au sens de la phrase symbolique, lorsqu’on tra-
duit, qu’à cette observation qui pourrait souvent induire en erreur. Comme les
symboles affectés au taureau tel que le disque solaire entre les cornes, par
exemple, peuvent aussi être affectés au boeuf, ces symboles ne servent nullement
symbole
finit par devenir celui du labourage dans les derniers temps, c’est-à-dire vers la
fin du règne des Ptolémées, mais seulement dans la Basse Egypte (2), et le
(2) Horus-Apollon (a), qui donne ordinairement aux hiéroglyphes la valeur arbitraire qu’ils avaient
dans la Basse Egypte, considère cependant le boeuf et les abréviations symboliques du boeuf comme
symboles du travail.
(
a ) Liv. ii, hiéroglyphe 17.
17
, ; ,
130 DICTIONNAIRE
travail fut alors symboliquement représenté par un âne (Y). Dans les hiéroglyphes
purs l’idée de travail étant exprimée par l’image d’un boeuf, l’idée de labourage
lorsque le boeuf eut la même valeur symbolique dans la Basse Egypte, il fut aussi
à Cérès.
(4) Philon (a), s’appuyant sur un proverbe (l’Alexandrie : Tlâv Sixvoîyov pirpav ovou, àXki feiç npoSartp-
et la brebis comme celui du profit, la valeur symbolique de la brebis étant fondée sur le double sens
du mot npoêarov qui signifiait chez les Grecs d’Alexandrie brebis et profit ; car ils donnaient parfois à
npiêarov la signification de n po6aa-iç, c’est-à-dire le produit qu'on retire des troupeaux. On voit par là
tuait une écriture hiéroglyphique qui a beaucoup de rapport avec nos rébus, tandis que l’écriture hié-
roglyphique pure est une science fondée sur l’observation de la nature ou sur des conventions qui
pouvaient convenir à toute l’Egypte. Ainsi le boeuf qui, dans la Basse Egypte, servait à labourer les
terres, tandis que dans la Haute Egypte il ne servait qu’à traîner les fardeaux, pouvait bien être le
symbole du travail dans ces deux contrées : mais il ne pouvait pas être pour les Thébains le symbole
du labourage.
(3) Ert et ses inversions Ter et Tre sont les noms mystiques de la terre fertile, c’est-à-dire de
V Egypte, tantôt représentée sous la figure d’une femme, la tête couronnée de trois gerbes, tantôt sous
celle d’une vache noire, et le plus souvent sous celle d’une lionne couchée (voyez Sphinx). Il paraît que
le culte d’ERT, comme celui d’Isis, s’était autrefois répandu jusque dans la Germanie. (Tacit. fier-
mania ).
qui consiste dans son ascension lorsqu’il remonte vers le nord, en définitive, le
soleil surmontant le travail n’est autre que le soleil parvenu au solstice d’été. Ce
Mais si, au lieu d’un simple épervier, on trouve Yépervier avec la coiffure royale,
cet épervier désigne alors le soleil royal, c’est-à-dire le soleil qui doit éclairer le
(1) Quelquefois ce basilic, dans lequel est enfilé le tau ansé, se trouve accroché par la queue au
disque solaire ;
±
c’est ainsi qu’on le retrouve sur les obélisques de Louqsor.
(2) Le sceptre des rois égyptiens avait la forme du Pedum, car ils étaient considérés comme étant
132 DICTIONNAIRE
rend iconographiquement l’idée de roi et par extension celle de royauté. Le bras
ces deux symboles ainsi placés expriment l’idée de travail royal. Par travail
d’astrologie.
Lorsqu’on voit sur les obélisques, où il s’agit toujours d’astrologie (1), Xépcr-
(1) Les obélisques sont des monuments astrologiques, et non pas des monuments historiques, comme
l’ont prétendu Diodore, Hermapion, Champollion, etc. Si les obélisques étaient des monuments histo-
riques, je demanderais 1° pourquoi les Egyptiens préférèrent-ils graver les grands événements qu’ils
voulaient transmettre à la postérité sur les faces étroites des obélisques plutôt que de les consigner
avec leurs écritures symboliques sur les parois des temples et des palais? 2° pourquoi les Egyptiens qui
tenaient tant à la symétrie, comme nous l’attestent tous leurs monuments, plaçaient-ils toujours côté
à côté deux obélisques de grandeur inégale, car tels étaient les deux obélisques d’Héliopolîs qu’Auguste
fit enlever, les obélisques de Louqsor, etc.? 3° pourquoi sur certains obélisques, l’obélisque d’Hélio-
polis par exemple, trouve-t-on les mêmes hiéroglyphes reproduits sur les quatre faces? et 4° enfin
pourquoi ,
si les obélisques sont des monuments spécialement affectés à reproduire des faits historiques
pourquoi, dis-je, trouve-t-on tant d’obélisques sur lesquels on ne voit ni lettres ni hiéroglyphes?
Pline (
lib. 36 ,
cap. 8 )
attribue l’invention des obélisques à un certain Mythrès ,
roi d’Héliopolis :
Promus omnium id instituit Mythrès; quia in solis urbe regnabat , somnio jussus ,
et hoc inscriptum est
et auquel il fut ordonné en songe d’élever un obélisque précisément parce qu’il régnait dans la ville
du soleil, ne ressemble-t-il pas beaucoup à un personnage allégorique? L’obélisque était appelé par
, , ,
on doit traduire ces hiéroglyphes par soleil de Dieu et lumière éternelle surmon-
les prêtres égyptiens rayon (a) ou doigt du soleil; lorsque Auguste fit transporter à Rome les deux obé-
lisques d’Héliopolis ,
qu’il fit dresser l’un dans le grand Cirque et l’autre dans le Champ de Mars ,
il
consacra le dernier au soleil, comme l’indique l’inscription : Cœs. D. F. Augustus Pont. max. Imp. XII.
cos. XL Trib. Pot. XV. Ægypto in potestatem populi rom. redact. SOLI DONUM DEDIT. Lorsque
Constance fit transporter à Rome le grand obélisque dit de Ramsès que Constantin avait déjà enlevé à
Héliopolis et qu’il destinait à l’embellissement de sa nouvelle capitale, cet obélisque, placé dans le
grand Cirque à côté de celui qu’Auguste avait déjà fait élever, fut consacré au soleil , l’obélisque d’Au-
guste étant déjà consacré à la lune. Cassiodore, qui nous apprend cette particularité ,
ajoute que sur ces
obélisques on y trouve des figures chaldaïquesqui marquent les choses sacrées des anciens Egyptiens. Or,
comme dans le bas empire on appelait tout caractère astrologique des caractères chaldaïques, et que les
choses sacrées des anciens Egyptiens n’étaient autres que les dogmes astrologiques ,
il s’ensuit que Cassio-
dore, dont le témoignage a été rebuté par la plupart des savants, se trouve être, selon nous, celui qui a
rencontré le plus juste un sujet des obélisques. D’un autre côté, si l’on considère, comme le chevalier
Bruce ,
la projection constante vers le nord des pavés qui entourent les obélisques ,
la grandeur des carreaux
de granit parfaitement uni qui les composent, leur nivellement et leur solidité , on ne peut s’empêcher
de reconnaître avec le savant voyageur qu’ils furent destiaés à faire des observations astronomiques.
Si l’on mettait à découvert le pavé de Louqsor, on y trouverait des preuves irrécusables de ce fait.
probable que cet obélisque fut destiné à vérifier les calculs d’Eratosthènes, comme le pense le chevalier
Bruce, que d’admettre qu’il fut destiné à conserver à la postérité le souvenir de quelque grand événe-
ment puisque
,
cet obélisque est tout uni , sans aucune espèce de lettres ni d’niéroglyphes. De tout cela
qu’on me permette dès à présent de conclure que les obélisques sont des monuments astronomiques
comme je le prouverai plus tard en expliquant leur destination, et non pas des monuments destinés à
(a) Pline nous dit que le mot obélisque signifie rayon en égyptien. Soit que ce mot vienne du grec o£i\o; broche) ou
(
134 DICTIONNAIRE
Cette phrase obligée qu’on retrouve sur presque tous les obélisques (1) au-
colonnes hiéroglyphiques sur chaque face de l’obélisque (2), n’est que l’exorde
naturel des prédictions astrologiques touchant les événements qui doivent signaler
la fin du monde. La fin du monde doit arriver, comme nous l’avons déjà vu,
lorsque, par le mouvement du ciel des fixes, le solstice d’été correspondra au zéro
du belier; alors le ciel de cristal, où sont attachées les étoiles qui servent à me-
surer ce mouvement, sera brisé, et le soleil, survivant seul à la débâcle univer-
selle, triomphera par conséquent du ciel et de la terre dont la vie est déterminée
par la grande révolution du ciel des fixes. Ainsi, dire que le soleil triomphe du
mouvement rétrograde du ciel des fixes, c’est dire que le soleil triomphe de la vie
étant alors posés sur le cartouche. Cette séparation des symboles ne change rien
ici au sens de la phrase (3), et les différents hiéroglyphes qui peuvent se trouver
(1) Ces hiéroglyphes ne se trouvent pas sur certains obélisques, tel que celui d’Héliopolis par
exemple; cependant ori y trouve toujours Yépervier couronné surmontant d’autres symboles qui revien-
nent, pour le sens, à ceux dont nous parlons.
(2) L’obélisque de Louqsor, qui est à Paris, ayant sur chacune de ses faces trois colonnes d’hiéro-
glyphes, chacune de ces colonnes est surmontée des symboles dont il est ici question.
symbole de Yâme ,
reposant sur le cartouche où est écrite la sentence du mort dans le papyrus que
tient le scribe céleste (voyez page 98, note 1 ),
DES HIÉROGLYPHES. 135
Le lion
sera l’abréviation du lion tout entier et exprimera, comme lui, l’idée d’eau en gé-
se traduit avec les hiéroglyphes qui sont au-dessous, absolument comme s’il était dans le cartouche :
(1) La face de cet obélisque, maintenant dressé sur la place de la Concorde à Paris , est tournée vers
(2) On donne toujours aux symboles isolés leur valeur hiéroglyphique la plus générale : ainsi lï&is ,
qui est aussi le symbole de Yabym recouvrant la terre d’Egypte, c’est-à-dire du débordement et par
, , , , ,
136 DICTIONNAIRE
se traduiront par eau , eau, c’est-à-dire eau double. Or nous avons vu (1) que les
Egyptiens disaient que l’eau était double lorsque le Nil était à plein bord ou prêt
à déborder ; et comme tout ce qui rappelait en Egypte l’idée de plein bord du Nil,
rappelait aussi l’idée de solstice d’été, car c’est à ce solstice que le débordement
commence, par extension, les deux têtes de lion peuvent exprimer l’idée de solstice
d’été.
afin de désigner l’eau triple (a), ou qu’il soit placé sur le vase sacré comme on le trouve devant le
car alors cet ibis exprime l’idée d’eau surmontant le vase absolument comme le caractère iconogra-
phique de l’eau
d’un fort débordement tandis que Yibis, oiseau faible et timide, sera au contraire celui d’un faible
débordement ; le débordement ordinaire étant figuré par le caractère iconographique de l’eau ; bien
Le sceptre
Le CHACAL
règne des ténèbres. Or, le règne des ténèbres ayant commencé en même temps que
celui de l 'homme, c’est-à-dire lorsque le solstice d’été correspondit au zéro de la
par opposition à celui de Dieu, était dit le règne des ténèbres, du mal, ou d’Ahrîman; et c’est à partir
de la balance que les ténèbres pénétrèrent dans le monde , selon le Gjâvidân Chrâd c’est-à-dire le livre
18
, , ,
138 DICTIONNAIRE
ténèbres au solstice d’été. suivent ensuite les prédictions apocalyptiques des as-
trologues de la Thébaïde.
Quelque difficulté qu’offre la traduction des hiéroglyphes qu’on retrouve sur les
grands monuments ,
tels que les obélisques, lorsqu’on n’est pas familiarisé avec
les expressions astrologiques des Egyptiens; j’ai cru néanmoins devoir traduire un
pour faire comprendre plus tard l’erreur astrologique à laquelle est due l’origine
CONSTELLATION DU BŒUF.
i V ci • *
. »
l’orge et le blé vers la fin d’octobre, et l’on continue pendant tout le mois de
novembre : en décembre et janvier on sème les lupins, les fèves, le lin, le riz,
etc. ;
puis en mars on récolte déjà les orges et les blés; de telle sorte que, dans
la fertile Egypte, il n’y a pour l’agriculteur qu’un mois de repos celui de février
Comme la température de l’Egypte n’a pas varié depuis 8600 ans, et que la
du solstice d’hiver qui correspondait alors au zéro du belier, dut être considéré
par les premiers astronomes comme le mois du repos. Ces mêmes astronomes qui
ou couché.
Le boeuf est le symbole du travail lorsqu’il travaille ou lorsqu’il est sensé ira-
DES HIÉROGLYPHES. 139
pas ;
mais si l’on représente le boeuf bondissant, dans les pâturages , c’est alors le sym-
les zodiaques égyptiens, est-il toujours représenté j oyeux, et non pas furieux ,
le boeuf courant est représenté tournant la tête, afin d’indiquer par là, d’une ma-
nière positive, qu’il ne court pas pour frapper, mais seulement pour courir.
et cette position indique qu il est absolument libre; car ce n’est pas sous le joug
UO DICTIONNAIRE
trouve sur le revers, ce boeuf paraît être représenté au moment où, furieux il
Mais il est une remarque à faire; c’est que le boeuf, lorsqu’il est contrarié ou en
colère porte toujours la queue basse et ne l’agite pas, ce qui est tout le contraire
des rétrogriffes ,
tels que le lion, le tigre, le chat, etc. Ainsi, dès l’instant où l’on
représente, comme sur les médailles d’Antonin, le boeuf agitant sa queue c’est une
à la place du boeuf zodiacal tout entier. Mais comme les cabalistes savaient fort
bien qu 'une tête de boeuf était l’abréviation du boeuf, symbole du travail, et non
alors, pour bien déterminer que cette tête de boeuf était l’abréviation du boeuf
(
Virg. Georg. lib. m. )
(2) Origine de tous les cultes. Atlas, pl. vi. Voyez aussi les planches correspondant au mot Zodiaque.
, , , ,
bondissant dans les pâturages ils ont représenté au-dessus Pan, le dieu des ber-
expression plus simple et plus naturelle que celle du boeuf bondissant pour rendre
qui avait pu déterminer les inventeurs des symboles à représenter le boeuf couché
rer s’il était boeuf ou vache (3); les Grecs, dis-je, n’osèrent pas changer l’attitude
du boeuf zodiacal, tandis que les prêtres de la Haute Egypte, qui avaient conservé
la valeur symbolique de ce même boeuf, purent, sous les Romains, varier son
attitude en lui faisant toujours exprimer la même idée. Le boeuf couché ou, pour
(
Virgil. Eglog. ii. )
(2) Aratus ,
v. 166.
142 DICTIONNAIRE
Au lieu d’un boeuf tout entier, les cabalistes se bornaient généralement à pein-
dre une tête de boeuf dans la seconde division du zodiaque; de là vient l’abrévia-
tion dont nos astronomes se servent encore pour indiquer le signe du boeuf.
Les étoiles qui déterminent la position du boeuf dans le zodiaque égyptien sont
qu’on retrouve sur les zodiaques égyptiens, me paraît suffisante pour démontrer
que ce boeuf ne peut pas être un taureau. D’ailleurs, les bourses du boeuf dans
bole de l’époque à laquelle les vaches mettent bas, comme le veut Pluche, ni
comme l’a prétendu Dupuis. Dans le premier cas on aurait mis une vache avec
son veau dans le second ce ne pourrait être qu’un boeuf; car le taureau étant un
(1) Sur le Zodiaque rectangulaire d’Ësné on trouve autour du boeuf sept étoiles qui font allusion aux
sept Pléudes.
(2) Cette étoile rouge de première grandeur, est considérée comme l’a d’Orion dont rigel n’est que
le /3. La brillante de l’épaule droite d’Orion était surnommée bellatrix étoile guerrière, à cause de sa
couleur, qui est aussi celle delà planète de Mars. C’était précisément cette étoile, et non pas rigel,
qu’il plaise à MM. les Astronomes d’ordonner qu’on ait à dire désormais : la cons-
Origine du Mifliraïsine.
Les Sages de tous les pays qui aspiraient à devenir les législateurs de leur pa-
trie venaient en Egypte étudier les lois et s’instruire dans la religion. Lycurgue
ainsi qu’on s’explique les rapports frappants qu’un savant moderne a retrouvés
Les astrologues égyptiens, qui étaient en même temps les chefs du culte, n’ac-
geux qui subissaient les plus rudes épreuves pour pénétrer leurs mystères, et
que (2) qu’ils expliquaient ces mêmes mystères, de telle sorte que l’initié devait,
pas sur le boisseau, etc. nous dit Plutarque, et cet auteur, n’en déplaise aux Champollioniens, a dit
une grande vérité. Il faut connaître la valeur des symboles que Pythagore rappelle, pour comprendre
le sens allégorique de ses sentences. Ainsi le modiuc
ou ce que les
. O
JL
Grecs ont pris pour un boisseau, est un vase en terre cuite que les Egyptiens appelaient
gardai, et dans lequel on conservait le feu; c’est en définitive un fourneau. Sérapis, le Vulcain égyp-
IU DICTIONNAIRE
pour s’instruire avec fruit, commencer d’abord par bien s’identifier avec ce lan-
gage ,
chose assez difficile pour celui qui n’y était pas habitué dès son enfance.
Si nous admettons que Zerdusht , Zerdoust ou Z oroastre (1) ait existé et soit
lateur des Perses a puisé sa religion dans les dogmes astrologiques des Egyptiens?
Nous y retrouvons Ormuzd et Ahriman les deux principes qui constituent la di-
vinité toute entière dans le culte primitif ; la création du monde pendant les six
constellation de la balance ;
la fin du monde au bout des six temps ou six mille du
feu éternel qui doit régénérer le monde et dont les vierges sacrées conservaient
l’emblème ,
à Memphis ,
sur l’autel de Phtha ; enfin tous les dogmes et tous les
Mihr ou Mithra (2) n’était point une divinité particulière adorée par les Perses,
représenté sous la forme d’un homme dans l’âge mûr arec une forte barbe, le sol-
stice d’hiver étant représenté par un enfant , \’ équinoxe du printemps par un jeune
jugement dernier devant arriver lorsque le solstice d’été, représenté par Mithra
Phtha sur l’aulel triangulaire à tête, de belier : le gardai en écriture hiéroglyphique exprime l’idée du
feu (le contenant pour le contenu). Si l’on représente un homme s'asseyant sur vn gardai, croyant
s'asseoir sur un siège c’est l’emblème d’un imprudent ou d’un étourdi. Or, Pythagore en disant à ses
disciples en langage allégorique : Ne vous asseyez pas sur le gardai c’est comme s’il avait dit : Agissez
(1) 7joroastre, nom inventé par les Grecs pour rendre celui de Zerdusht, comme le prétend
Hyde (
Historia religionis veterum Persarum, cap. xxiv), n’aurait-il pas pour racine les mots grecs
mot, y ajoutèrent un 6 et en firent mithra, comme du nom Mihr-idad, amour de la justice, ils firent
Mithridate.
DICTIONNAIRE
DE
S
HIEROGLIEHES
I
, , , , ,
une tête de belier, comme on le voit dans une main votive en bronze retrouvée
vine (2), car c’est à la fin du monde et après la résurrection générale que Dieu
jugera les vivants et les morts. On voit ici que le Mihr ou Mithra des Perses rem-
plit les fonctions de la vierge céleste, symbole du solstice d’été dans les zodiaques
égyptiens, lorsqu’elle sert à déterminer les différents états du ciel (3); et cela est
si vrai que du temps d’Hérodote, époque où la religion des Perses conservait des
rapports plus directs avec la religion des Egyptiens, Mihr ou Mithra était repré-
senté non pas par un homme barbu, mais par une jeune femme la vierge céleste
(2) Toutes les parties de la main avaient une valeur symbolique chez les Egyptiens, grands ama-
teurs de la chiromancie. La main constituait un monde : le pouce, symbole de la force , était consacré
à-dire à l’eau de Vabym, etc. Ces trois doigts levés signifiant intelligence , vie universelle , et matière
infinie, qui composent I’Etre qui est tout ce qui est, exprimaient donc l’idée de IEOUA (Dieu).
V index levé
indiquant Yunitè et par suite I’Étre unique rend aussi l’idée de Dieu. La membrane interdigitale qui se
rend l’idée de justice. Le Mithra d’Herculanum exprimant avec ses deux mains l’idée de Dieu et de
146 DICTIONNAIRE
thraïsme, qui florissait encore dans les premiers temps de l’ère chrétienne, doit
naissance aux bévues de certains mages qui formèrent une secte à part. Le mi-
Nous avons vu que le Mithra barbu remplissait, dans le culte astrologique des
Perses, les mêmes fonctions que la vierge céleste dans les zodiaques égyptiens. Ce
symbole du solstice d’été ayant sous ses pieds la tête du belier zodiacal indique
alors que le règne de Dieu doit recommencer selon les principes de la haute astro-
logie, le Mithra barbu sur le belier est donc l’expression symbolique du phéno-
mène céleste qui doit déterminer la fin du monde. Les sectateurs de Zoroastre de-
vaient peu redouter cette catastrophe, puisque aujourd’hui nous en avons encore
pour plus de 4000 ans avant que le solstice d’été corresponde à 1’ « des poissons :
aussi les Perses durent-ils s’attacher aux biens de cette terre dont la jouissance
Mais plus tard il paraîtrait que des mages étant allés en Egypte pour approfon-
dir la science dans la terre classique de l’astrologie, leur attention se porta prin-
cipalement sur les obélisques où ils savaient que les prédictions sur la fin du monde
tandis que les prêtres égyptiens ne commençaient cette même année sacerdotale
qu’au solstice d’été, nos apprentis astrologues prirent Yépervier couronné des obé-
(1) Je ne présente ce fait que comme une hypothèse, et de même que le physicien qui, étudiant les
pour le boeuf du zodiaque ; de cette bévue ils crurent pouvoir inférer que ,
selon
les Egyptiens maîtres passés dans la science des mouvements célestes, la fin du
monde devait arriver lorsque Y équinoxe du printemps aurait triomphé du boeuf zo-
diacal ,
c’est-à-dire lorsqu’il aurait dépassé cette constellation, en un mot, lorsqu’il
correspondrait aux Pléiades. Forts de cette observation, ils retournèrent dans leur
patrie pour prédire en langage mystique que c’était le sang du boeuf, et non pas
le sang du belier ,
qui devait régénérer le monde.
changement moral dans tonte la secte des Mithriaques. La fin du monde paraissant
imminente, ils ne durent plus s’attacher aux biens de la terre, toutes leurs pen-
à cette vie, devenant un principe religieux, les mortifications durent en être les
ne s’est jamais appuyé, mais qui étant considérées par les Mithriaques comme
autant de moyens de salut, durent séparer alors complètement leur secte de la
La peur ne raisonne pas; et, quoique la fin du monde se fît toujours attendre,
jours imminente du monde à leurs enfants qui, à leur tour, la transmirent aux
leurs; et c’est ainsi qu’une secte absurde, anti-sociale, et méprisée (3), se per-
tome xvi, page 283), et Théolog. cérém. et morale de Zoroastre. Zend-avesta , tome m, page 601.
(3) La persécution et le mépris engendrent le fanatisme. Les juifs, haïs et persécutés par tous les
peuples, sont restés fidèles à la loi de leurs pères; mais aujourd’hui , et surtout en France , où les juifs
sont citoyens, l’indifférence religieuse gagne les fils d’Israël; et si quelques-uns se soumettent encore
à certaines pratiques superstitieuses de leur religion ,
c’est plutôt par respect humain que par con-
viction.
, ,,
148 DICTIONNAIRE
thriaques avait lieu à X équinoxe du printemps tandis que celle des Mirhagans de
Perse ne commençait qu’au solstice d'hiver (1). D’ailleurs, les monuments mithria-
potu maximè.
,
pression d’un équinoxe, époque où la longueur des jours égale celle des nuits (1).
D’un autre côté, comme Mithra était représenté sous la figure d’un jeune homme,
d’hiver, par un adolescent X équinoxe du printemps, par un homme d’un âge mûr
Le monde devant être régénéré par le feu, et le feu étant symboliquement repré-
senté par un chien (2), on retrouve sur tous les bas-reliefs mithriaques le chien
(2) J’ai dit dans une note de mon Traité du Zodiaque de Dendérah : « Le chien est le symbole de la
« chaleur: on donna d’abord le nom de chien à l’étoile (sirius) qui, par son lever, annonçait le dé-
« bordement, parce qu’elle faisait l’office du chien qui prévient son maître; mais comme cette étoile ne
« se levait que dans le temps de la plus forte chaleur, c’est-à-dire au solstice d’été, le chien qui repré-
« sentait cette étoile devint par extension le symbole de la chaleur. Telle est du moins l’explication
« qu’on peut donner de cette valeur symbolique du chien, en suivant l’opinion de Plutarque dans son
« Traité d’Isis et d’Osiris. Cependant il paraîtrait que ce ne fut pas ce motif; les Egyptiens avaient re-
« marqué que le chien a l’estomac si chaud qu’il peut digérer même les os ,
et que ses excréments pris
u intérieurement produisent par leur causticité l’effet d’un aphrodisiaque puissant, égal au moins à la
<t cantharide. Les docteurs égyptiens se servaient même de ces excréments pour en faire la base de
« leur pierre à cautère ; c’est pour cela que le chien devint le symbole de la chaleur, et par suite du feu
« (la cause pour l’effet) ». Cerbère accompagne toujours Sérapis , dieu du feu, et Zoroastre qui avait
établi le culte du feu chez les Perses leur avait expressément recommandé d’avoir de la vénération pour
les chiens qui en sont le symbole (
voyez Hyde ,
de veter. Pers. Relig. cap. 1 ). Hérodote nous apprend
(
Clio, chap. 140) que les mages considéraient le meurtre d’un chien comme un crime aussi énorme
que l’homicide.
, , , , , , ;
150 DICTIONNAIRE
de Dieu; aussi les Mithriaques qui avaient cru que le règne de Dieu allait arriver
Je reviendrai, dans le cours de cet ouvrage, sur les autres symboles que nous
offrent les bas-reliefs mithriaques, ne voulant pas entrer ici dans des détails qui
n’était, d’ailleurs, que de donner une idée générale du sens mystique de ces mo-
numents que j’invoque à l’appui de mon opinion.
Une observation encore pour en finir avec Mithra : on trouve sur les bas-reliefs
qui représentent ce mythe, tantôt sept pyrées tantôt sept étoiles tantôt sept
flammes, toujours placés entre le soleil et la lune. Ces pyrées, ces étoiles, ou ces
flammes, ne font pas allusion aux sept planètes [ 3), comme l’a cru le savant Dupuis,
mitif, au zéro du boeuf zodiacal. On conçoit facilement quel rôle important les
(1) C’est-à-dire lorsque le solstice d’été correspondit au zéro de la balance. Aussi les Perses disaient-ils
(2) C’est ce qui explique la raideur du serpent qu’on trouve toujours sur les bas-reliefs mithriaques.
Le serpent symbole de
, la mort étant représenté mort c'est la mort de la mort ou Y immortalité.
(3) Les planètes des anciens étaient le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, et Saturne
mais comme sur tous les monuments mithriaques on y retrouve le soleil et la lune personnifiés , on
n’aurait dû mettre que cinq étoiles s’il s’était agi des planètes et non des Pléiades ,
car autrement c’eût
été un double emploi pour la lune et le soleil ; et il est à remarquer qu’on n’a jamais employé une étoile,
n’ayant jamais admis que la lune fût un feu', puisqu’ils la considéraient comme une terre.
, ;
Origine du Christianisme.
Les juifs, avides d’argent et avares de leur peine, furent toujours des brocan-
teurs (1). Peu jaloux de fertiliser le sol ingrat de la Palestine, ils affluèrent en
nation mercantile obtint, à prix d’argent, les privilèges réservés aux compagnons
d’Alexandre (2).
Les Ptolémées, protecteurs des sciences, attiraient dans leur capitale les savants
de toutes les nations, qui importèrent avec eux leur entêtement, leurs croyances,
et leurs systèmes. Alexandrie devint alors le théâtre des disputes religieuses, et,
pour soutenir son opinion, chaque parti en appela aux monuments de l’antique
Les juifs, en contact avec les païens, finirent par adopter en partie les opinions
des philosophes grecs (3); ils se mêlèrent dans les disputes, des sectes se formè-
rent, et l’unité d’Israël fut rompue. Ce fut alors que les juifs traduisirent leurs livres
tînt au texte de la loi, mais la plupart voulurent, à l’exemple des Egyptiens, se jeter
A cette même époque, des astrologues alexandrins reconnurent, par l’étude des
(1) L Evangile nous représente le temple de Jérusalem comme une bourse de commerce on y trouvait
des marchands et des changeurs de monnaie. Jésus les chassa à coups de fouet
et renversa leurs tables
(Matlh. cap. xxi, vers. 12). Je suis allé quelquefois dans leur synagogue et
j’y ai retrouvé tout le
brouhaha de la bourse. Il avait peut-êlre raison ce Chinois qui soutenait que les montagnes peuvent
changer de place, mais que l’esprit d’un peuple ne change jamais.
(5) On retrouve les idées de Platon chez les plus anciens rabbins et même les propres expressions du
philosophe; aussi, sous les princes Hasmonéens, il intervint un décret qui défendît aux juifs la lecture
des livres grecs (voyez Bibliothèq. critiq. de Sainjore chap. 34).
, ,
monuments, que, selon la haute astrologie, ce n’était pas le sang du boeuf qui
du belier, au zéro duquel correspond Ylesou (1) dans les zodiaques astrologiques
qui représentent le premier état du ciel. Ils se rendirent compte alors de l’erreur
depuis 2000 ans, et à leur tour nos Alexandrins voulurent déterminer astrologi-
quement l’époque de la grande catastrophe. Ils étaient dans la bonne voie; mais,
J
de Y équinoxe du printemps (3), tandis qu’elle était, pour les prêtres égyptiens, le
(1) Iesou, en langue sacrée, signihe divine force du ciel ou solstice d’hiver, parce que c’est au solstice
d’hiver que le soleil reprend sa force pour remonter vers le nord. Les savants dérivent le nom de Jésus
(musho), mot auquel on fait signifier ô mpioç auzeplct, fondé sur ce passage de saint Matthieu : «ùro?
yùp a wasi tov lào-j «ûroO ùk'o tüv ùp.apTi5>v «ùtûv (Evang. i. 21) ; mais alors Samson signifierait aussi Sau-
veur, puisqu’il est dit qu’il reçut ce nom parce que «Oro? cr.pÇtzcu ow<r«i tov iopccriï ex %etp'oç $ù>torîp.
(
Jud. xin. 5). Dans les zodiaques astrologiques qui représentent toujours le premier état du ciel ,
Ylesou
ou le solstice d’hiver correspond au zéro du belier. Cet Iesou symboliquement représenté par un enfant
de Dieu, et cela par le mouvement du ciel des fixes précessions des équinoxes) , cet Iesou était appelé
(
Ylesou sacré ou oint, surnom que les Grecs ont traduit par xptarb;, de là Jésus-Christ, car le xpiarô? des
Grecs ne correspond nullement au rwn (msIiie), Messie des juifs, comme on l’a prétendu.
Horus-Apollon (Hiérogl. ni) nous apprend qu’une jeune femme était le symbole de 1 année, ou,
(2)
(a) C’est ainsi que le nom de Jésus se trouve écrit dans le Talmud.
(b) Le solstice d'hiver étant représenté par un enfant, \’ équinoxe du printemps 1 était par un jeune homme, le solstice
d’été par un homme et équinoxe d’automne par un vieillardt, Cependant les astrologues égyptiens se servaient
fait ,
l’
le plus souvent de la vierge ou d’un homme à tête de chacal (voyez Chacal) pour indiquer le solstice d été sur leur
zodiaque.
;, , ,
symbole du solstice d’été ( 1), ils crurent pouvoir annoncer que la fin du monde était
changeante de la baleine.
Dans le langage mystique, cette fin du monde dut être proclamée en disant :
Iesou (2); la vierge vient d’écraser la tête du serpent (3); le règne de Dieu est
Ces prédictions qui faisaient hausser les épaules aux initiés égyptiens furent
Quelque hardie que paraisse cette opinion, elle est confirmée par l’écriture
sacerdotale que nous conservent les monuments dont l’origine est évidemment
(1) L’année sacerdotale ne commençait en Egypte qu’au solstice d’été et la vierge, première constel-
lation que le solstice d’été entama à partir du règne de l’homme ,
devint, pour les Egyptiens, le symbole
(3) Le génie de la mort et des ténèbres était symboliquement représenté par un aspic chez les Egyp-
tiens (
voyez Aspic) , c’est la fameuse couleuvre des Perses qui parut dans le monde à partir de la constel-
lation de la balance pour y régner avec l’homme jusqu’à l’avénement de Dieu, c’est-à-dire, selon l’as-
trologie égyptienne, jusqu’à ce que le solstice d’été corresponde au zéro du belier. La vierge étant le
symbole de Y équinoxe du printemps ,
selon les Alexandrins, lorsque cette même vierge, par le mouve-
ment du ciel des fixes, eut dépassé le belier, leurs astrologues crurent que le règne des ténèbres était
fini; et comme c’était elle qui déterminait alors l’époque où commençait le règne de la lumière, on
figura la mort des ténèbres en représentant Y aspic écrasé par la vierge. Les Indiens ,
dans leurs tableaux
mystiques, représentent aussi la vierge écrasant le mauvais principe mais représenté par un guerrier
noir ou bleu avec favoris et moustaches ,
tenant un sabre ensanglanté dans les mains.
20
; ,
,
154 DICTIONNAIRE
rielles que je pourrai présenter plus tard (1), essayer de prouver que Jésus n’a
Dire que Dieu s’est fait homme n’est-ce pas dire : Dieu n’est pas immuable Dieu
s’est dégradé; Dieu a menti (2)? Si la stupidité humaine pouvait émouvoir la colère
Et cependant, si Jésus a existé, Jésus était plus qu’un homme ; car, s’il ne fut
pas rare, dans l’antiquité, de voir dresser des autels à des rois et à des empereurs
vivants, tous ces autels se sont écroulés après leur apothéose; la flatterie peut
elle renverse l’autel de l’idole pourrie, et ne lui laisse que le sépulcre (3). Si un
Alexandre n’a pu, malgré toute sa gloire, soutenir longtemps le rôle de divinité
(2) « Si Dieu se métamorphosait, il prendrait une forme plus parfaite ou moins parfaite; or il est
« qui est absurde : il est impie d’admettre qu’il se change en quelque chose de moins parfait , car Dieu
« ne peut se dégrader; d’ailleurs, il paraîtrait sous une autre forme que la sienne, il mentirait ,
parce
« qu’il paraîtrait ce qu’il ne serait pas. Il faut donc conclure de là qu’il demeure dans sa forme simple
Koci vüv Sxrnep à.yùyipoi SptxnzTKi twv tepwv x«t twv Bwptwv àn «<r<7« trOivreç ovS èv àXk » rà pvn fiecTcc xctt rovç
(3)
T CKfOVÇ éyjovaw.
(
Plutarq. Traité d’Isis et d’Osiris, chap. n).
(4) Quant aux autres miracles sur lesquels s’appuie la religion chrétienne , tels que la résurrection
des morts, la délivrance des possédés, et la guérison des paralytiques, ils ne prouvent, selon moi ,
que
la friponnerie des faiseurs et la simplicité de ceux qui les acceptent sans examen. Si Dieu est immuable
si Dieu est tout-puissant , a-t-il donc besoin de renverser l’ordre qu’il a établi pour manifester sa volonté
aux hommes?
DES HIÉROGLYPHES. 155
Les Evangiles, les Actes, et les Epîtres des Apôtres, sont les seuls garants de
l’existence de Jésus. Sans discuter ici l’authenticité de ces livres (1), sans m’éton-
(1) « Le savant Dodvvel convient que les livres qui composent le Nouveau Testament n’ont paru en
« public qu’au moins cent ans après le Christ (a). Si la chose est certaine, comment pouvoir s’assurer si
« ces livres existaient avant ce temps? Par suite ces livres ne furent qu’entre les mains des gens d’église
« jusqu’aux troisième et quatrième siècles, c’est-à-dire à la merci de quelques hommes dont l’intérêt
a et l’esprit de parti réglèrent toujours la conduite, ou qui n’eurent ni la probité ni les lumières requises
« pour découvrir la vérité et pour la transmettre dans sa pureté originelle. Ainsi chaque docteur fut à
« portée de faire des livres saints ce que bon lui semblait; et lorsque, sous Constantin, les chrétiens
« se virent soutenus par l’empereur, leurs chefs furent les maîtres d’adopter ou de faire adopter comme
« authentiques, les livres les plus conformes à leurs propres intérêts, et de rejeter comme apocryphes
« ceux qui ne s’accordaient point avec la secte dominante. — Mais, au fond, quand même nous serions
«sûrs de l'authenticité des livres que l’Eglise adopte aujourd’hui, nous n’aurions pourtant d’autres
« garants de l’autorité des écritures que les écritures elles-mêmes : or est-il une histoire qui ait le
« droit de se prouver par elle-même ? peut-on s’en rapporter à des témoins qui ne donnent d’autres
« preuves de ce qu’ils avancent que leur propre parole? Cependant les premiers chrétiens se sont rendus
« à l’avantage de la religion. Ces pieux faussaires n’ont-ils pas attribué des ouvrages à Jésus-Christ lui-
« même et aux apôtres, ses successeurs? n’avons-nous pas de leur façon des vers sibyllins qui ne sont
« dans l’Ancien et le Nouveau Testament? s’il eût plu aux Pères de Nicée de regarder ces prophéties
« comme divinement inspirées, qui les eût empêchés de les insérer dans le canon des écritures? et pour
« lors les chrétiens ne manqueraient pas de les regarder comme des preuves indubitables de leur reli-
« quelle confiance pouvons-nous avoir dans les livres qui nous restent d’eux? pouvons-nous même nous
« flatter d’avoir les livres tels qu’ils ont été originairement écrits? comment distinguer aujourd’hui le
« vrai du faux dans des ouvrages dans lesquels nous voyons l’enthousiasme , la fourberie, et la crédulité,
« crédulité des peuples y trouvait son intérêt, il parviendrait à faire croire au bout de quelques siècles
« que les aventures de Don Quichotte sont très-vraies, et que les prophéties de Nostradamus ont été
« inspirées par la Divinité même. A force de gloses, de commentaires, d’allégories, on trouve et l’on
« prouve tout ce que l’on veut; quelque frappante que soit une imposture ,
elle peut, à l’aide du temps ,
« de la ruse, et de la force, passer à la fin pour une vérité, dont il n’est plus permis de douter. Des
« fourbes opiniâtres, et soutenus par l’autorité publique, peuvent faire croire tout ce qu’ils veulent à
(a) Voici ses propres paroles: Latitabant enim usque ad rescentiora ilia, seu Trajani, seu etiatn fortasse Adriani,
156 DICTIONNAIRE
lier du silence de£ auteurs contemporains (1), j’admettrais que Jésus a existé, si
son existence comme homme n’avait pas été contestée dès l’origine même du chris-
tianisme. En effet, nous voyons qu’on fait convenir à un prétendu S. Jean, sur-
nommé l évangéliste disciple bien-aimé de Jésus (2), que de son temps il existait
des séducteurs qui ne confessaient point que Jésus-Christ fût venu dans la chair
(1) « Inutilement encore invoquerait-on le témoignage des historiens qui en parlent ou' que l’on fait
« parler (a), tel que Josèphe. Outre que cet historien écrivait près de cent ans après le temps où l’on
« fait vivre Christ, tous les savants conviennent aujourd’hui que le passage où il est question de Christ
« a été interpolé par une pieuse fraude, et qu’il n’est pas de Josèphe. Quant à Tacite, lequel, près de
« cent vingt ans après la mort de Christ, nous parle du chef de la secte orientale des chrétiens, qui
« s’était établie à Rome avec les Isîaques , avec les mystères de la déesse de Phrygie, etc., il dit ce qu’en
« disaient les chrétiens, sans s’être donné la peine de faire des recherches et un examen critique d’une
« chose qui ne l’intéressait guère et qui ne pouvait entrer dans le plan de son histoire. Il semble n’avoir
« Christ, dit-il, qu’on débitait avoir été mis à mort sous Ponce-Pilate. Tacite, par là, ne prouve pas plus
« tien, il eût dit qu’on assurait qu’il avait régné en Egypte, et qu’il y avait été tué par Typhon son
« frère. Il est arrivé à Tacite à peu près ce qui arriverait à un historien français qui ,
par occasion
« aurait à parler d’une secte indienne, laquelle depuis plus de cent ans se serait établie en France
« d’abord très-obscurément, et qui, cent ans après, commencerait à être plus connue et persécutée,
« s’il nous disait qu’ils s’appellent Bramines, du nom d’un certain Brama qui a, dit- on, vécu dans
« l’Inde. Nous garantirait-il pour cela l’existence de Brama? Il faudrait que Tacite eût fait des re-
« n’a jamais eu l’intention de faire Tacite , la question étant trop peu importante pour lui ».
(2) L’Ioan d’hiver comme I’Ioan d’été ne sont que deux mythes. S. Jean l'évangéliste ,
qu’on fête le
27 décembre, était, au dire de l’Evangile, le disciple qui reposait sur le sein de Jésus pendant la cène.
solstice d'hiver dans les zodiaques astrologiques représentant le premier état du ciel.
(a) Il est constant, dit Fauste apud, Augustin. L. 23 et 33), que les Evangiles n’ont point été écrits par J. C. ni
(
par les apôtres, mais, longtemps après eux, par des hommes inconnus « qui, jugeant bien qu’on ne les croirait pas,
« parce qu’ils racontaient des choses qu’ils ne savaient pas, mirent à la tête de leurs livres les noms de quelques apô-
<t très, les autres les noms de quelques hommes apostoliques, assurant que ce qu’ils avaient écrit, ils l’avaient écrit
c’est-à-dire ait existé comme homme (l). Y a-t-il aujourd’hui quelqu’un qui nie
un de ses amis à ne pas croire les imposteurs qui prétendent que ce grand homme
et l’autre pour origine une erreur astrologique, durent avoir nécessairement, dans
leur esprit, leurs rites, et leurs symboles, des rapports frappants qui n’échap-
pèrent point aux païens. Aussi les premiers chrétiens furent-üs accusés par eux
de n’être, comme les Mithriaques, qu’une secte d’adorateurs du soleil sous le nom
de Christ (3). Les Pères de l’Eglise qui ont eu l’avisement de nous faire voir la
ressemblance qui existait entre les deux cultes, soit pour les traditions sur la
naissance de Jésus et de Mithra soit pour les consécrations mystiques; ces Pères,
dis-je ,
n’ont pu disculper la religion chrétienne ,
accusée d’être une doublure de
pour
(1) figurer sous le nom de Mithra cet ineffable mystère (4).
La tradition fait naître Jésus 4000 ans après la création du monde : à la nais-
sance de Jésus, le monde était âgé de 4868 ans selon Josèphe, de 4964 ans
selon la Yulgate, de 5564 ans selon les Septante, de 5656 ans selon le texte hé-
breu, et enfin de 6352 selon les Samaritains. Sur quoi se fonde la tradition pour
(2) L’homme sans éducation est un animal d’un esprit paresseux et par conséquent crédule, il ne se
fatiguera point à chicaner l’existence d’un mythe, il préfère croire. J’ai connu un bourgeois campa-
gnard qui croyait fermement à l’existence de Mayeux et de Robert-Macaire.
(3) Alii plané humaniùs et verisimiliùs soient credunt Deum nostrum. (Tertull. Apologet.)
(4) Vide Tertull. Apologet. et de coronâ. — Justin. Apologet. lib. 2, et Dialog. cum Tryph.
,
158 DICTIONNAIRE
tendirent que leur rédempteur était né 4000 ans après la création, car ils admet-
taient, comme les Egyptiens, 2000 ans pour que le nœud équinoxial rétrogradât
d’un signe (1); et les chrétiens ignorants se sont approprié sans façon le calcul
ments du onzième siècle. Le temple étant, comme je l’ai déjà dit (2), la représen-
tation matérielle du ciel où Dieu règne éternellement , Ventrée du temple figure alors
Ventrée du ciel.
dire lorsqu’il correspondit aux Pléiades, ou, en langage mystique, lorsque le sang
du boeuf fut répandu, les Mithriaques crurent que le règne de Dieu commençait et
(!) Les Egyptiens donnaient 24000 ans à leur grande période, ce qui fait 66 ans ,66 pour un degré
ou 666 ans pour un décan en négligeant la fraction : 666 est un nombre apocalyptique. Les Chaldéens
qui crurent que le nœud équinoxial ne rétrogradait d’un degré que tous les 100 ans, donnaient à leur
grande période 36000 années de durée et 18000 ans au règne de l'homme. Ces 18000 ans constituent pré-
cisément la grande année d’Héraclile. Toutes les grandes périodes ne sont dues qu’à la connaissance de
la précession des équinoxes reconnue dès la plus haute antiquité, et certains savants supposaient encore
dans le !7 me siècle, en se fondant sur la tradition, que la révolution de notre pôle autour du pôle de
l’écliptique ne s’opérait qu’en 36000 ans. (Voyez Discours et Tables de la déclinaison du soleil, par
r
DICTIONNAIRE
DES
HIEROGLYPHES
PI
II
, ,
figurer sur cette même porte le boeuf égorgé par Mithra (1), ou plus simplement
langage mystique, lorsque le sang du belier fut répandu; les chrétiens, dis-je,
durent, pour être conséquents avec leurs principes astrologiques, placer la porte
belier et celle des poissons, ou bien figurer sur cette même porte le belier égor-
gé (3) ,
ou plus simplement encore une tête de belier décharnée (4).
Sur la façade d’une église romane (5) j’ai retrouvé au-dessus de la grande
porte d’un côté, la tête de boeuf, abréviation du boeuf zodiacal sur laquelle se
(1) Si les Mithriaques , au lieu de représenter Y équinoxe du printemps sous la figure d’un jeune homme ,
l’avaient représenté, comme les chrétiens, sous celle d’une vierge , ce serait la vierge qui égorgerait le
boeuf. Il paraîtrait que leur contact avec les chrétiens leur fit aussi adopter cette personnification de
Y équinoxe du printemps; c’est ce qu’atteste le Mithra femelle, ailé comme la vierge de nos zodiaques,
(2) Les Egyptiens admettaient seulement comme bridées les constellations zodiacales dépassées par le
gémeaux. Les Mithriaques admirent comme brûlées toutes les constellations dépassées par Y équinoxe du
des Mithriaques, reçus plus tard par les Hellènes, firent qu’ils y placèrent aussi des têtes décharnées de
boeuf; de là vient que les têtes décharnées de boeuf et de belier sont, en architecture, l’ornementation
(3) On trouve souvent le belier ou Yagneau égorgé sur la grande porte de nos temples.
(4) Je n’ai jamais retrouvé la tête décharnée de belier sur les temples chrétiens. Les premiers chré-
tiens auraient-ils reconnu qu’une constellation ne pouvait être brûlée que par le solstice d’été? c’est
probable, car le christianisme ayant pris naissance en Egypte se trouve être, parmi toutes les religions
qui ont pour mère l’astrologie , celle qui a le mieux conservé la pureté du langage mystique.
une tête de belier, abréviation du relier zodiacal, surmontée d’un adorante (élu
vent appartenir qu’au mithraïsme, car, selon les Mithriaques, le règne de Dieu avait
représenté par un jeune homme, et ils admettaient, d’ailleurs, que le ciel fut ouvert
comme on trouve aux deux extrémités du grand arc de cette même porte, d’un
côté, Amoun (3) qui remplace le belier (4), et de l’autre, Atergatis rem-
(5) qui
place les poissons (6), ces deux symboles nous indiquent que le temple dont il
de toutes les autres par leur détachement des choses d’ici-bas, existait encore par
Pour démontrer que Jésus n’est qu’un mythe astrologique, je pourrais m’ap-
(1) Fig. 1. Ce Mithra ou S. Michel est mutilé; il ne reste de bien conservé que les jambes et une
partie de la lance.
(2) Fig. 2.
(3) Fig. 4.
(4) Voyez Belier. Un Amoun remplace ordinairement le relier dans les zodiaques astrologiques de la
cabale.
(5) Fig. 5.
(6) Voyez Poissons. Sur les zodiaques de la cabale une Atergatis remplace ordinairement les
poissons.
(7) Les monuments religieux du moyen âge ont, comme les temples égyptiens, leur écriture symbo-
lique. Les figures qu’on
y retrouve, grotesques aujourd’hui, avaient pour nos pères une signification
hiéroglyphique qui s’est perdue; notre ignorance nous fait supposer qu’elles sont le résultat du caprice
des architectes. Autant vaudrait admettre, comme certains érudits, que les hiéroglyphes des Egyptiens
ne sont que des ornements bizarres dus à l’imagination extravagante de leurs prêtres car, enfin, : si l’on
admet comme monuments astrologiques les zodiaques d’Esné et de Dendérah, pourquoi considérer les
zodiaques de nos églises byzantines comme des monuments dus à la routine et sans portée scientifique?
, , , .
puyer, comme Dupuis (1), sur le fameux passage d’Abulmazar (2); je pourrais
encore, compulsant les Vèdas, les Pourân-as et les Soûtras retrouver notre
vert que la vierge, assise sur le boeuf, tient dans ses bras (3), tantôt comme un
guerrier vert monté sur l’éléphant céleste (4) et décochant sa flèche divine contre
le serpent Calengam, symbole du mal (5). Mais, pour ne pas répéter ce que Du-
Selon mon système, Ylesou sacré, symbole du solstice d’hiver primitif, dut être
« busdam nationibus nominatum Jesum , significantibus ÈÇ« (a), quem nos græcè Christum discimus )>.
(5) PLANCHE I ,
fig. 3.
(b) Cet éléphant céleste se compose d’un groupe d’élus arrangés de manière à figurer le corps, les
(5) Comme l’Apollon des Grecs qui tua à coups de flèche le serpent Python.
(6) Ce Ptolémée suimommé Soter II, mieux connu sous le nom de Lathure était fils de Ptolémée
Evergète II ,
dit Physcon ,
qui plus que ses prédécesseurs avait encouragé les sciences et les lettres. Ptolé-
mée Lathure ,
jouet de l’ambition de sa mère Cléopâtre , fut relégué par elle dans l’ile de Cypre. 11 n’en
revint que dix-huit ans après, lorsque celle-ci fut assassinée par son fils puîné, Alexandre ,
qu’elle prê-
21
162 DICTIONNAIRE
d ’tm siècle à l’époque où la chronologie fait remonter notre ère, de telle sorte que
nous sommes astronomiquement dans l’année 1940 de J. C.; ce qui concorde par-
faitement avec le Talmud qui fait de Jésus l’élève d’un membre du sanhédrin, Josua
ben Perachja, avec lequel il fut en Egypte pour apprendre la magie (1). Or, il est
férait à Lathure. Quoique l’horreur qu’inspira aux Egyptiens le parricide d’Alexandre eût fait rappeler
Ptolémée VIII, ce Ptolémée ne laissa pas d’être considéré par eux comme un prince méprisable, et cela
parce qu’il s’entendit avec les juifs pour opprimer sessujets. Ouç v.xiroi pi Suvvôévreç èx rvg xvxypxyijç à^xm'o-ai ,
tô paov è<f
èccvToîç àircchifovcri’ npotjéxpovae yxp xùzoîg Six riva; IouSxïxxç imxooplxg , nous dit Porphyre dans
un fragment conservé par Eusèbe.
(I) Josua filius Perachja et itfit* (Jésus) Alexandriam Ægypti profecti sunt ittf* (Jésus ) ex illo tem-
pore magiam exercuit , et Israëlias ad pessima quœvis perduxit (Sanhedr. f. 107, 2. ), Le Talmud n’est
Celse (
Orig cont. Cels.
. 1. 28) fait dire à un juif que Jésus s’étant mis en service pour un salaire en
Egypte, avait su y apprendre quelques tours de magie, et qu’à son retour il s’était orgueilleusement
donné pour Dieu: xxi (léyei’) pzt ovzog ((ô iyjc'oüç) Six mvixv eig Xiyvnzo-J piuOxpvnaxg ,
y.xxil Suvxpsrijv rivcov-
7res pxOsig ,
sçp xïg Pdyvzczioi a£p.vvvovzxi, in xvrjlOev, èv zxïg Suvxpeai péyx cfpovüv ,
y.xl Si xùzxg 0£ov xvzôv xvriyopîvae.
Parmi les évangélistes il n’y a que S. Matthieu qui nous parle de la fuite en Egypte (cap. n, v. 14
^
pour que la prédiction d’Osée (cap. xi, v. 2) fût accomplie : Ex Ægypto vocavi filium meum. Le silence
des autres Evangélistes ne serait-il pas le résultat d’une pieuse altération? Dans un manuscrit des
Evangiles de S. Jean, conservé dans les archives de l’ordre du Temple, manuscrit qu’on pourrait, au
besoin, faire remonter à l’époque de la recension byzantine, on trouve ce passage (Evang. vi, traduction
et ils disaient : Celui-ci n’est-il pas Jésus , fis de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère com- ,
ment peut-il dire : Je suis descendu du ciel? est-ce parce qu’il a habité avec les Grecs qu’il vient ainsi con-
verser avec nous ? qu’a de commun ce qu’il a appris des Egyptiens avec ce que nos pères nous ont appris ?
Dire que Jésus avait habité parmi les Grecs pour s’instruire avec les Egyptiens, c’est donner à entendre
d’une manière explicite qu’il sortait d’Alexandrie. Les païens qui admettaient l’existence de Jésus, re-
trouvant dans les rites des chrétiens toutes les cérémonies de l’Egypte, prétendirent que leur législateur
voulant plus être considérés comme une secte d’Isiaque corrigèrent ensuite leurs Evangiles ,
et biffèrent
tout ce qui pouvait rappeler leur origine égyptienne. Or, voici comment la Vulgate écourte le passage
de S. Jean que j’ai cité plus haut (Evang. chap. vi, v. 41, 42. Traduction de l’abbé Valard) : Alors
les juifs murmurent contre lui de ce qu’il avait dit : Je suis le pain descendu du ciel. — N’est-ce pas là,
disaient-ils, le fils de Joseph, nous connaissons son père et sa mère, comment donc dit-il : Je suis des-
difficulté qu’il avait puisé toute sa science en Egypte. Voici ce qu’on retrouve à cet égard dans le Levi-
tikon , livre qu’ils attribuent à S. Jean l’évangéliste : Moïse, élevé au plus haut degré de l’initiation chez
les Egyptiens, profondément instruit des mystères physiques, théologiques, et métaphysiques des prêtres,
.
démontré que Josua ben Perachja vivait précisément un siècle avant l’ère chré-
tienne (1).
du règne de Dieu ,
et par conséquent de la fin du monde, époque à laquelle ce règne
cette fin prochaine du monde annoncée de la manière la plus explicite (2). Les
transporta l'initiation et ses dogmes chez les Hébreux. Chef et conducteur d’un peuple ignorant ,
peu pro-
la religion (à). Bientôt les passions et les intérêts de ces lévites altérèrent la loi de Moïse; et les traces
commençaient à s’en effacer lorsque Jésus de Nazareth parut sur la scène du monde : pénétré d’un esprit
tion scientifique, politique, et religieuse, et avec eux l’esprit saint et la puissance théocratique ,
il
revint en Judée et y signala les nombreuses altérations que la loi de Moïse avait subies entre les mains des
erreurs qui en étaient le produit et l’aliment; ils se liguèrent contre leur redoutable adversaire : mais les
temps étaient accomplis. Jésus dirigeant le fruit de ses hautes méditations vers la civilisation et le bonheur
du monde , déchira le voile qui cachait aux peuples la vérité : il leur prêcha l’amour de leurs semblables ,
l’égalité en droit de tous les hommes devant le père commun; consacrant enfin par un sacrifice divin les
dogmes célestes qu’il avait transmis , il fixa pour jamais sur la terre ,
avec les Evangiles ,
la religion écrite
dans le livre de la nature et de l’éternité. Il résulte de tout cela que, l’existence de Jésus fût-elle démontrée ,
le berceau du christianisme se trouve être en Egypte, où l’initiation conservait sous le voile de l’allégo-
(2) Erit enim tune tribulatio magna qualis non fuit ab initio mundi usque modo, neque fiet..... —
Statim autem post tribulationem dierum illorum, sol obscur abitur , et lima non dabit lumen suum, et
stellæ codent de cœlo et virtutes cœlorum commovebuntur. — Et tune parebit signum filii liominis in
cælo : et tune plongent omîtes tribus terræ : et videbunt filium liominis venientem in nubibus cœli ci im
virtute multà, et majestate. — Et mittet Angelos suos ciim tuba et voce magna : et congregabunt electos
ejus à quatuor ventis, à summis cœlorum usque ad termines eorum. — Ab arbore autem fici discite para-
bolam : cùm jam ramus ejus tener fuerit et folia nata ,
scitis quia propè est œstas : — lta et vos cùm
videritis hœc omnia ,
scitote quia propè est in januis. — Amen dico vobis, quia non prœteribit generatio
(a) Strabon (
Geogr 1 iv. xvi ,
page 1104, édit, de 1707) nous apprend que Moïse ,
l’un des prêtres égyptiens ,
en-
seigna que cela seul était la divinité qui compose le ciel , la terre , tous les êtres, enfin ce que nous appelons le monde ,
V universalité des choses, la nature. Telle est effectivement l’idée que la haute initiation se faisait de 1E0UA.
,
164 DICTIONNAIRE
chrétiens qui se considéraient comme des élus exilés sur la terre attendaient donc
de jour en jour, avec la plus vive impatience, le rédempteur céleste qui devait les
placer à sa droite (1); et comme des fléaux, tels que la guerre, la famine, et la
hœc, donec omnia hœc fiant. (Matth. Evang. cap. xxiv, v. 21 , 29, 30 , 31 , 32 , 33 et 34). S. Marc fait
parler Jésus à peu près dans les mêmes termes (cap. xiii, v. 30). Et vos estote parati quia quâ liorâ non
putatis filius hominis veniet (Luc. Evang. cap. xn, v. 40 ). Amen , amen dico vobis quia venit hora, et
nunc est , quando mortui audient vocem filii Dei, et qui audient , vivent (Joan. Evang. cap. v, v. 24).
Domini Ecce judex ant'e januam assistit (Jacob. Epist. cap. y, v. 7 et 9) , etc.
ne la voyait pas arriver, et cela même dans les premiers temps du christianisme; c’est ce qu’on pour-
rait inférer de ce passage de la seconde épître de S. Pierre : Hoc primum scientes, quod venient à novis-
simis diebus, in deceptione illusores, juxta proprias concupiscicntias ambulantes. — Dicentes : Ubi est
promissio, aut adventus ejus? ex quo enim patres dormierunt , omnia sic persévérant ab initio créa-
etmille anni sicut dies unus (vide cap. m, v. 5 , 4 et 8). Il paraîtrait, d’après Lucien, que l’arrivée duré-
dempteur était toujours renvoyée par les premiers chrétiens au mois de Mesori, mois dans lequel les
Egyptiens célébraient la fête d ’Harpocrate représenté comme l’Iesou des zodiaques, sous la figure d’un
enfant dont Isis était accouchée au solstice d’hiver (voyez Plutarque, Traité d’Isis et d’Osiris, chap. 11
et 12). L ’Harpocrate des Egyptiens n’est autre que Yloan d’hiver dont les chrétiens ont fait leur S. Jean
évangéliste qui reposait sur le sein de Jésus pendant la cène. Cet Harpocrate se confond avec Ylesou lors-
qu’on les considère, l’un et l’autre, comme symboles du solstice d’hiver, mais avec cette différence que
Yloan ne peut jamais devenir par extension, comme Ylesou, le symbole du soleil, à partir du solstice
d’hiver jusqu’au solstice d’été, comme cela a lieu pour Yloan d’été (voyez note 5 de la page 101). On
sera peut-être étonné de voir que les chrétiens aient assigné aux mythes égyptiens sanctifiés par eux,
des jours de fête qui concordent parfaitement avec les principes de l’astrologie, alors même qu’ils
considéraient ces mythes comme des personnages ayant réellement existé. Mais tout cela s’explique
naturellement, lorsqu’on sait que notre calendrier sacerdotal est l’œuvre des Alexandrins. Les évêques
de Rome, trop ignorants pour savoir à quelle époque de l’année on devait célébrer la naissance de
sion des patriarches d’Alexandrie, tout en leur contestant la prééminence. Léon I, surnommé le Grand
et sanctifié plus tard parce qu’il avait persécuté les sectes orientales, avouait à l’empereur Marcien que
l’indication des fêtes mobiles avait toujours été un privilège exclusif de l’Eglise d’Alexandrie. « C’est
« pourquoi ,
ajoute-t-il, à propos de la réforme du calendrier, les Pères de l’Eglise ont toujours passé
« sur les erreurs et ont délégué à l’évêque d’Alexandrie le soin de marquer les fêtes ,
parce que les
« Egyptiens semblent avoir eu de tout temps le don du calcul ». En conséquence, lorsque 1 évêque
d’Alexandrie avait indiqué au siège apostolique les jours des fêtes mobiles, l’Eglise de Rome les notifiait
en écrivant à toutes les Eglises les plus éloignées.
. ,
DES HIÉROGLYPHES. 1 65
peste, devaient être les avant-coureurs de la grande catastrophe (1), les premiers
les païens les regardaient-ils comme des hommes funestes, et leur rencontre était
même considérée par eux comme étant d’un fort mauvais augure (2).
Les premiers chrétiens, l’esprit toujours tendu vers la béatitude céleste, étaient
en général ,
des visionnaires qui méprisaient les biens de la terre et la puissance
temporelle. Ce mépris engendra chez eux la charité et l’humilité, vertus que leurs
Lorsque 1
’
équinoxe du printemps correspondit à l’« des poissons (4) ,
quelques
eux, la vierge était déjà mère de VIesou sacré, le sang du belier venait d’être répandu,
la résurrection des morts allait arriver, et le jugement dernier ne devait plus se faire
veut cet Evangile , ne dut faire aucune impression sur les initiés qui, instruits dans
les mystères de la haute astrologie, savaient fort bien que c’était le solstice dété,
et non pas X équinoxe du printemps, qui, parvenu à l’« des poissons, devait déterminer
ter foi à ces prédictions de la fin prochaine du monde; persuadés que le grand juge
allait bientôt arriver, l’unique soin de ces premiers croyants fut de se mettre en
état de grâce; les biens de la terre n’étant plus, à leurs yeux, que des biens éphé-
mères ,
ils les abandonnèrent sans regret pour pleurer dans la solitude sur leurs
(3) L’idée de la fin prochaine du monde fut une des principales causes de la propagation du chris-
(4) Il
y a environ 1940 ans.
,
166 DICTIONNAIRE
fautes passées, pour faire pénitence de leurs péchés, et pour mériter enfin, par
plupart juifs, volontairement séparés des autres hommes, reçurent de leurs com-
patriotes le nom de Nazaréens (1), concurremment avec celui d ’Ebionites (2); car
stupide et par conséquent la plus crédule de toutes les populaces. Les Nazaréens
maine étendit son sceptre de fer sur l’Orient (3) : alors les jours de désolation
Jérusalem livrée à l’arbitraire des préteurs, le temple profané, et, par-dessus tout,
l’impossibilité de se soustraire au joug imposé par les maîtres du monde, tout dut
faire penser aux juifs qu’un miracle seul pouvait relever de sa ruine la maison de
Jacob, et ceux qui avaient encore espoir dans le Dieu de leurs pères, crurent alors
que le Messie promis par les prophètes allait arriver : or, comme le Messie devait
(1) Le nom de Nazaréens qu’on donna aux premiers chrétiens, était une expression déjà employée dans
l’Ancien Testament pour signifier une personne distinguée et séparée des autres par quelque chose d’ex-
traordinaire ,
comme par sa sainteté, par sa dignité ,
ou par ses vœux ;
la Genèse nous dit (xlix , 26) que
Joseph était nazaréen (hj) entre ses frères, car il était distingué et séparé d’eux par sa dignité. Le Naza-
3° à éviter de toucher les morts de peur d’en être souillé. Le nom de Nazaréen, donné aux premiers
partie de sa vie selon les évangélistes, pour que la prophétie de je ne sais quel prophète fût accomplie :
quoniam Nazarœus vocabitur (Matth. Evang. 11 , 23), il est plutôt à présumer que les évangélistes ont
fait de Nazareth le domicile politique de Jésus pour se rendre compte du nom de Nazaréens que por-
dénomination d’ Ebionites ,
de même que les républicains de 93 acceptèrent la dénomination de sans-
culottes que l’aristocratie leur avait donnée par mépris; et plus tard ,
pour relever le nom d' Ebionite , on
supposa l’existence d’un certain Ebion qui aurait été chef de cette secte à laquelle il avait laissé son nom
venir à' Egypte (1) et qu’il devait être le fils d’une vierge (2), les Nazaréens repri-
rent courage et ils annoncèrent que leur lesou, qui remplissait les conditions re-
quises, était le véritable Messie dont on attendait la venue. La secte des Nazaréens
prit alors une certaine consistance, mais les juifs de Jérusalem, trop positifs même
dans leurs espérances, ne crurent pas devoir baser leur salut sur la protection
d’un mythe étranger, et ils rejetèrent les rêveries des Nazaréens pour s’attacher à
de mieux, l’homme le plus apte à remplir les fonctions de libérateur, quelques juifs
qui ne subsista pas longtemps, car le tétrarque ne répondit pas aux espérances
qu’on avait fondées sur lui. Les Nazaréens cependant attendaient toujours, avec
une foi constante, et la fin du monde et X arrivée du rédempteur ; méprisant les biens
d’ici-bas, ils avaient, les uns pour les autres, une charité illimitée; considérant la
puissance comme un fardeau , ils avaient pour leurs chefs une obéissance aveugle
et une vive reconnaissance, enfin ils avaient dans leurs prophètes ou illuminés la
gens les fripons font vite leur chemin (3) : aussi s’en trouva-t-il bientôt qui se mi-
rent à leur tête, abondèrent dans leur sens, commencèrent leurs écritures, et en
Nous avons vu que les Nazaréens ou Ebionites n’étaient que des juifs réfor-
(5) « Les chrétiens méprisent tout, nous dit Lucien dans la mort de Pérégrinus . ils considèrent tous
« les biens comme étant communs à tous ; s’il se trouve quelque imposteur parmi eux qui sache pren-
« dre ses mesures et profiter de l’occasion, il s’enrichit promptement en se jouant de leur crédulité...
(4) Lucien nous représente Pérégrinus (loco cit .) comme s’étant fait initier aux mystères des chrétiens
lorsqu’il était dans la Judée : « mais ajoute-t-il
, ,
Pérégrinus leur montra bientôt qu’ils n’étaient que des
« interprétait les écritures et en composait lui-même, de telle sorte que les chrétiens finirent par le re-
« garder non-seulement comme leur législateur, mais encore comme un Saint ». Pérégrinus était un
philosophe cynique.
168 DICTIONNAIRE
mes (1) ou, si l’on veut, gâtés par l’astrologie alexandrine. Ces Nazaréens conser-
vaient, d’ailleurs, avec la plus religieuse exactitude, tous les rites prescrits par la
loi de Moïse ,
et avaient toujours la plus grande confiance dans les antiques pro-
phéties d’Israël. Or, comme les prophéties représentent toujours le Messie comme
un homme puissant de la race de David (2), les faiseurs d’évangiles, amalgamant la
firent de Ylesou sacré des zodiaques un homme de la race de David , fils de Dieu,
fils d’une vierge, Verbe et seconde personne de la Trinité (3). Ils donnèrent à ce
personnage imaginaire qui était venu, non pas pour détruire la loi de Moïse,
mais pour l’accomplir, un caractère calqué sur celui que la tradition donnait à
Josué (4) qui, successeur de Moïse, avait déjà accompli la mission de ce législa-
teur en établissant le peuple de Dieu dans la terre promise (5). Comme tout en-
voyé de Dieu devait prouver sa divine mission par des actes surnaturels, les
évangélistes attribuèrent à Jésus des miracles qui avaient cours parmi les char-
(1) Nec disciplina ilia apud eos, alla quarn judaïsmus reformatas ,
sea cum fide in Messiam , seu Chris-
que des dissidents, les anathématisaient trois fois par jour dans leurs synagogues ( vide S. Hieromjm.
in Tsaiam ,
cap. v, vers. 18).
(2) Fide Dan. vii, 4, 27, et Mich. 4, 7. Les premiers chrétiens ne considéraient généralement Jésus
Hœres. 7, n. 2. Hœres. 28, n. 1. Hœres. 30, n. 2. 18. Theodor. Hœret. fab. L. 2, c. 1 et 2. Dans les actes
sicut et vos scitis vide cap. n, vers. 22). Origène, dans son Traité contre Celse, distingue deux sortes
(
d’Ebionites; la différence de cro) ance‘en ce qui touchait la divinité de Jésus, divisa les chrétiens dès
r
leur origine.
(3) Dans le cours de cet ouvrage, nous démêlerons tout cet imbroglio : le fils de l’homme, seconde per-
sonne de la trinité , ne doit pas se confondre avec le Ferbe ou fils de Dieu qui est Iesu ou force motrice
de l'univers , force qui se renouvelle à chaque fin de la vie du monde. J’expliquerai bientôt ces diffé-
& ^ ^
'
C “ mrae/e SMSetC ° mrae
exorcismes de ce saintrh
' contre les
homme. ( Vide Hieronym. épis, lib. 3 , de Hüanonis ).
22
(
, ,
170 DICTIONNAIRE
ter pourtant celle des Nazaréens. Les premiers chrétiens, confondus avec les juifs
nemis des hommes et des dieux, et comme les sectaires du mauvais principe ; on
les haïr et l’on finit par les persécuter. Mais les Nazaréens, per-
commença par
suadés que tout ici-bas allait bientôt finir, étaient trop familiarisés avec l’idée de
au martyre ,
et leur constance dans les supplices ébranla l’imagination de leurs
de prosélytes dans l’Occident si, mieux avisés, quelques chrétiens n’avaient fini
des hérétiques.
chancelante, tant qu’elle
Comprenant que la puissance impériale serait toujours
ne furent pas de son avis. Les empereurs appuyant ensuite de leur autorité le
christianisme arrangé par les Pères de Nicée, cette religion étendit rapidement
nisme, si charitable et si doux, toujours présenté par ses historiens comme ayant
conquis le monde avec sa divine morale, doit son triomphe à la terreur (1).
Mystère de la Trinité.
logie ,
suffisent pour en donner la clef. Soit, par exemple , le mystère de la Trinité
que la philosophie satirique du dix -huitième siècle considère comme une absur-
dité révoltante, mise en crédit par de stupides fripons, je dis que ce mystère est
(1) Ouvrez le code Théodosien, vous y trouverez les édits de Constantin, de Constant, de Valenti-
nien, de Théodose, d’Arcadius, et de Théodose le jeune, qui vous montreront comment on convertissait
primitivement les païens. Le code Justinien nous atteste que leurs successeurs tyrannisèrent , comme
eux ,
les consciences ,
et dans la dernière lutte du paganisme mourant on ne trouve que Julien qui n’ait
172 DICTIONNAIRE
lui.
Dieu est tout ce qui est, son nom est IEOUA (1).
Dieu est tout ce qui est, il se compose donc de matière de vie, et d intelligence.
par une colombe, qu’on appellera I’Esprit Saint (4), Dieu se composant de matière,
Les Egyptiens admettaient qu’on pouvait concevoir la matière sans vie et sans
intelligence, c’est-à-dire inerte, tandis que la vie ne peut être conçue sans le
la matière ,
la matière peut donc être considérée comme la mère de la vie, non
On l’appelait aussi simplement l'homme : la matière était représentée par un vieillard caduc qui
(2)
ne reste qu’un souffle de vie, parce que, s ans intelligence et presque sans vie, le
radote, et auquel il
vieillard caduc n’est que matière. Les Egyptiens représentaient la matière-principe par un homme noir,
appelé Osiris. Le Père éternel des chrétiens n’étant que la matière personnifiée, on s’explique enfin
femme appelée Isis. Le Fils étant la vie et la vie étant aussi sym-
représentaient sous celle d’une jeune ,
Filius ,
immensus Spiritus Sanctus. — Æternus Pater ,
œternus Filius ,
œternus Sanctus Spiritus.
pas parce quelle la crée puisqu’elles sont coéternelles, mais parce quelle la met
au monde parce qu’elle manifeste son existence et c’est dans ce sens que les
premiers chrétiens ont dit : Le Père (la matière) n’est ni créé ni engendré, et le Fils
(la vie) est engendré (manifesté), mais non pas créé par le Père (1),
mais elle ressort de ce même mouvement (2). U intelligence procède donc de la ma-
tière et de la vie, et c’est dans ce sens que le christianisme a proclamé que I’Esprit
Saint (
l’intelligence )
n’est ni créé ni engendré par le Père la matière et le Fils
( )
(
la vie), mais qu’il procède de tous les deux (3).
Il homme étant le seul animal qui puisse modifier sa nature et celle des êtres
dire ce qui régit le mouvement de la matière; Y homme est donc, comme Dieu, un
(1) Pater à nullo est factus, nec creatus, nec genitus. — Filids à Pâtre solo est , non factus, nec
creatus, sed genitus ( vide symb. Quicumque). Le Père étant appelé simplement I’Homme, le Fils du Père
prit aussi le nom de Fils de l’Homme.
(2) Pour bien comprendre ici ce que veulent dire les Egyptiens dont je ne suis que le très-humble in-
terprète qu’on se figure un corps en mouvement. Nous ne pouvons pas d’abord décider
,
si ce corps est mu
pai un mouvement qui lui est propre ou par une force qui lui aurait été
, communiquée. Le mouvement
de la matière ne nous manifeste donc pas l’existence de Y intelligence
dans ce corps ou ce qui régit le
cit. ).
(4) Celte faculté de l’homme a été reconnue et définie par un philosophe moderne : « Chez les êtres in-
« férieurs à l’homme, les faits sont l’exacte expression des lois, et celles-ci peuvent dès lors être déduites
« rigoureusement de ceux-là jamais l’ordre ne souffre aucune altération.
: Il n’en est pas ainsi de
« 1 homme , ses actes ne sont pas tous, à beaucoup près, l’expression de ses lois; il le sait, il en a la
« conscience invincible; et cette discordance, qu’on ne remarque qu’en lui, tient à ce que sa nature
« a de plus grand à 1 intelligence et à la liberté inséparable de l’intelligence. Car
,
de la liberté naît le
« pouvoir que lui seul possède parmi les êtres connus de nous ,
le pouvoir de violer ses lois et de porter
« volontairement le désordre en soi-même ». (Lamennais, Esquisse d’une philosophie; Préface, p. xvm).
,
174 DICTIONNAIRE
Voyez Beuer ,
page 119.
(4)
, , , , , ,
vel lesu qu allaite la derniere. Les chrétiens d’Egypte qui comprenaient la va-
,
leur de ce tableau ,
ont eu soin de mutiler le premier lesu d’Hermonthis ,
afin
ment par un scarabée noir (3), et cela parce que cet insecte dépose la semence
dans la bouze qu il arrondit ensuite en la poussant à reculons. La sphère que roule
ce qui lui valut le nom de Verbe. H homme fils de Dieu, émanait aussi d ’Osiris,
mais, comme on le voit dans les mêmes tableaux mystiques, il n’émanait pas de la
Le second Iesu ou le nouveau Verbe qui doit remplacer Xlesu ou le Verbe ac-
,
(1) La vie du monde se divisait en deux règnes, le règne de Dieu et le règne de l’homme; le
règne de
l’homme se subdivisait en quatre âges : âge d’or , âge d’argent , âge d’airain , et âge de fer; et le règne de
Dieu ne se subdivisait qu’en trois âges âge de la matière
:
, âge de la vie, et âge de l’intelligence.
(2) OSs voùç 6 0so? àppevomloç <5v Çùyj j<re Aiyov èrspov voùv Snpiovpyôv.
tuel, était appelé Phtha à Memphis, et Uies (1), anagramme de lesu, en langue
sacrée. C’est précisément ce nouveau Verbe qui doit à la fin du monde purifier et
trologues égyptiens prétendaient que les étoiles fixes ont une tendance à se réu-
nir, et que de cette réunion doit résulter le feu céleste qui embrasera l’Univers.
RÉCAPITULATION.
(1) Dans les mystères d’Eleusis (voyez Proclus, liv. v), le Verbe futur était connu sous le nom de
Uies.
p* P p p
p P p p HT.
V. J
W i CD féV
p 3‘ P
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P 52 3
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