A65 Web
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Prendre le chemin de
l’anormalitéPA R L A Ë T I T I A M O R E AU, P R ÉS I D EN T E D E L A S C A M
SOMMAIRE
Manon Ott
Erratum
Une erreur de chiffre s’est Caméra au poing
(levé)
glissée dans Astérisque 64,
page 31, dans une question à
Damien Couvreur concernant
la rémunération des auteurs 12 PORTR AIT
S
et autrices de doublage et
sous-titrage : le tarif de 6 €
antiago du Chili, décembre 2019. Dans la nuit
la minute mentionné dans
la question est hélas très loin
Utopies de radio noire, un immense slogan projeté sur la façade d’un
immeuble brave un État policier de retour, si tant est
des tarifs planchers proposés 16 TRIBUNE
par les associations profes- qu’il ait un jour disparu. « No volveremos a la norma-
sionnelles. lidad, porque la normalidad era el problema », « Nous
Cf. l’étude en ligne www.
scam.fr/detail/articleld/6517
Nulla dies sine Gallica ne reviendrons pas à la normale car la normalité était
22 WWW
le problème ». Voilà comment avec plusieurs mois
d’avance, les Chiliens, ou plutôt certains d’entre eux,
Directeur de la publication
Hervé Rony La traduction audiovisuelle dans le tumulte des violentes émeutes qui ont secoué
Secrétariat de rédaction
sans langue de bois le pays, ont tracé la voie. Ne pas reprendre le chemin
Cristina Campodonico 24 ÉTUDE de la normalité quand celle-ci est anormale. La phrase
Stéphane Joseph fait aussi sens pour nous aujourd’hui. Il serait facile,
Delphine Gancel
le journaliste ?
Direction artistique
Catherine Zask du moins de notre pays. Ces maux étaient là, en germe,
latents ou déjà en ébullition. Le virus a joué un rôle de
Maquettiste 26 POINT DE VUE
Anne Drezner catalyseur, de révélateur, il n’a rien provoqué d’autre
que la maladie et la mort. C’est déjà bien assez.
Le goût de l’audio
Photogravure
DiscNewmeric
Impression Frazier
tirage 9 000 exemplaires
30 ÉTAT DES LIEUX
N ous vivons au rythme d’un déconfinement aux
contours flous, assorti de la menace d’un nouveau
confinement en cas de rebond de l’épidémie. Pas de retour
Astérisque est édité Palmarès des Prix à la normale donc. Or, la normalité pour des centaines
par la Société civile des
auteurs multimedia.
34 ACTION CULTURELLE d’auteurs et d’autrices depuis une vingtaine d’années,
N° 65 – juillet 2020
tous répertoires confondus – de la radio à l’écrit, en pas-
Les Étoiles 2020
ISSN 2256-6872
Société civile à capital sant par le journalisme, la photo et le documentaire –,
variable. 36 ACTION CULTURELLE ce sont des revenus en baisse, des statuts de plus en
RCS Paris, D 323 077 479
APE 923A plus précaires et la nécessité de cumuler des activités
Scam
La Scam en chiffres pour boucler les fins de mois. L’hybridation des statuts
5 avenue Velasquez 38 R APPORT D’ACTIVITÉ a gagné du terrain : auto-entreprenariat choisi ou imposé,
75 008 Paris Agessa, salaires, revenus accessoires, etc. Le résultat est
01 56 69 58 58
[email protected] qu’ils n’entrent dans aucune case.
www.scam.fr
4 É D I TO R I A L 5
Un statut en berne,
pas tomber les auteurs, qu’elles rediffusent der à aucun licenciement », précise-t-elle. liers qui rentrent mal dans les aides d’État et
leurs œuvres mais aussi qu’elles ne gèlent Mais ce n’est pas la même chanson pour correspondent mal aux critères prédéfinis. »
pas les projets déjà signés et repassent les documentaristes ou les podcasteurs et Tiens, tiens… Plume, micro, caméra : même
commande ». producteurs indépendants. « Tournages combat, évidemment. Eux aussi, à défaut
D es films et des séries. Des docs aussi, Hormis peut-être pour l’écrit, photographier, cinquante, mais aujourd’hui, avec le numé- suspendu, l’auteur ne touche pas un cen- « Avec des profils aussi différents, on ne Quand un livre ou un album paraît, il faut
des visites virtuelles dans les musées et enregistrer, capter le monde, le filmer impose rique, il nous faudrait pouvoir effectuer time malgré des mois de préparation. Et rentre dans aucune case », renchérit Laëtitia une chaîne de bonnes fées pour le présenter
des lectures : classiques, poésies, premiers de mettre le nez dehors : « À part photogra- 300 tirages pour survivre. Une boîte comme quand le tournage est terminé, encore faut-il Moreau, à la tête de la commission écriture au monde, des éditeurs et des libraires
romans, BD et philo. Des podcasts en boucle phier sa chambre ou ses chaussures, pour YellowKorner vend à 5 000. » pouvoir monter le film. « Et là, elles ne sont et formes émergentes qui regroupe une vaste pour le défendre, la presse pour le mettre
et des récits radiophoniques en rêvant, nous, le confinement a immédiatement signifié Bénédicte Van der Maar dénonce un pas du tout vertueuses » et proposent du variété de talents. Elle aussi recourt à la méta- en avant. « Pour les jeunes auteurs, c’est
en rangeant, en bricolant, en cuisinant… un arrêt total de la production », remarque « manque de volonté politique » de la France, chômage partiel au réalisateur au travail : phore du « couteau suisse » : la plupart des la double peine. » Un ouvrage porté par-
On n’aura sans doute jamais consommé Bénédicte Van der Maar. En parallèle, elle quand l’Allemagne, avec Düsseldorf pour « Pour le coup, on bosse gratis ! » auteurs surnagent dans une économie de fois pendant plusieurs années, s’il n’est pas
autant de « culture » que pendant le confine- a vu la publication de ses reportages suspen- capitale européenne de la photo, mise La difficulté, commune à de nombreux survie, qui compte sur le circuit des salles défendu, sombre dans le cimetière des
ment, le principal loisir et la meilleure alliée due sine die, des expositions annulées et, déjà depuis longtemps sur la photo contem- auteurs, reprend Lise Blanchet, c’est la grande de cinéma et des festivals – tous à l’arrêt œuvres sans destin, au risque de créer de
à défaut de traîner en terrasse ou dans les dans le même souffle, des ventes de photos poraine. « Il faut défendre l’œuvre des vivants, variété de statuts : pigistes, intermittents (pour depuis la mi-mars. « En faisant le tour, j’ai graves dommages, financiers mais aussi
sous-bois. Mais quand la Scam a interrogé contemporaines, inscrites au catalogue d’une pas seulement celle des morts », bataille- l’audiovisuel), autoentrepreneurs, auteurs réalisé que cette catégorie d’auteurs, parmi psychologiques, chez leurs auteurs. « Je vois
les présidentes et présidents des différentes grande maison d’enchères, en disparaître t-elle. « J’espère que la Covid éveillera les indépendants, etc. Début mai, le gouverne- les plus fragiles, ne sont même pas en beaucoup de découragement, d’à-quoi-
commissions, tous ont relevé le paradoxe soudainement, jusqu’à la fin de l’année : consciences et nous aidera à construire un ment a prolongé les droits des intermittents mesure de prouver que leurs revenus ont bon… J’ai déjà entendu de jeunes auteurs
cruel entre ce festin de sons, d’images et Pas reportées… annulées , insiste-t-elle. marché sécurisé. Le numérique, c’est comme jusqu’à janvier 2021. Pour les autres, les baissé. » Sur le papier, poursuit-elle, plusieurs me dire, cette fois je lâche », assure Benoît
de lettres et la désolation semée dans leur le feu : c’est extraordinaire mais ça peut employeurs font preuve d’une créativité sans pourraient prétendre à un fonds de soutien, Peeters qui redoute qu’au passage de cette
secteur par ces deux mois suspendus. Ce qui lui inspire deux réflexions. tuer », conclut-elle joliment. limite pour réduire leurs charges, payant les mais « la grande diversité de leurs sources de crise se perdent des auteurs singuliers, des
« Avec ces deux mois, on a basculé plus vite Ce que vit la photo résonne aussi chez les journalistes en droits d’auteur ou honoraires : revenus fait qu’ils ne sont éligibles à aucun. voix uniques.
Présidente de la commission des images dans l’ère numérique qu’au cours des vingt acteurs de l’image animée : avec le virus qui c’est illégal et n’équivaut pas du tout à un Ils ne rentrent pas dans les dispositifs mis La réponse ? un statut d’auteur, enfin, une
fixes, Bénédicte Van der Maar évoque un dernières années », avec l’hyperconsom- isole les équipes et les assigne à domicile, salaire en termes de protection. en place… » bonne fois. Qu’on s’appuie sur le rapport
« arrêt total ». Brigitte Chevet, pour la commis- mation culturelle en ligne. « En photo, on « les tournages ont été suspendus », résume « Il y a des contrevenants partout et cette La solution, à ses yeux, est de créer enfin un Racine. « Qu’on arrête de considérer que
sion du répertoire audiovisuel, « l’incertitude et avait déjà largement vécu cette crise. Mais Brigitte Chevet dont un 52 minutes qui crise va encore accroître la précarisation : statut simplifié d’auteur-autrice qui réponde la culture relève d’une consommation gratuite
l’angoisse ». Benoît Peeters (Écrit), des « livres elle rend encore plus urgent de protéger les devait être lancé mi-mars a été renvoyé des boîtes de prod vont fermer, des médias à cette réalité, comme le préconise le rap- et interchangeable. L’incurie de nombreuses
mort-nés » et le découragement. Lise Blanchet œuvres et de modifier notre écosystème. » « à juillet-si-tout-va-bien » – un documentaire se regrouper encore davantage et, au final, port Racine, rendu en janvier au ministre de années se paie aujourd’hui au prix fort. Nous
(Journalistes), la « précarisation accentuée » du Il est devenu commun aux maisons d’édition de ce format, c’est un an de travail qui part il y aura moins de travail. Le métier de jour- la Culture. « Il faut faire de cette crise une ne sommes plus dans le temps de l’analyse,
métier et, Karine Le Bail (Répertoire sonore), « d’emprunter » une photo sans la payer pour en poussière. naliste était déjà difficile, il le sera encore occasion d’avancer, traduire ce moment mais dans celui de l’urgence », martèle-t-il.
des « stratégies de survie » mises à mal orner la couverture d’un livre – celle qui, bien « On se prépare un été angoissant… C’est plus », prédit-elle. douloureux en gains concrets. Créer une Depuis le début du déconfinement, tribunes
et des projets déprogrammés. Pas mieux souvent, le fera mieux vendre. Et à la presse le flou le plus absolu. Les auteurs déjà fragiles Karine Le Bail se heurte aussi à cette grande case pour les incasables. » et pétitions interpellent les autorités pour leur
chez Laëtitia Moreau (Écritures et formes de diffuser un cliché sans penser un instant le sont encore plus, ils n’ont plus les moyens variété de situations à la commission réper- Tous le savent et le redoutent : le temps demander de réagir au plus vite pour sauver
émergentes) qui espère juste que cette « crise à en rémunérer le photographe, expose-t-elle de refaire leur cagnotte », prévient-elle. Très toire sonore, avec des auteurs autoentrepre- perdu ne se rattrape guère, ne se rattrape l’art lyrique, les théâtres, les musées, l’édition
douloureuse » déclenchera une réaction en évoquant ces milliers de photos volées, vite, la commission audiovisuelle a fait voter neurs payés à l’œuvre, qui n’ont pas touché plus. « La plupart des festivals ont été annu- et les libraires… Le public donne raison aux
énergique sur le statut de l’artiste-auteur. jamais payées à leurs auteurs. « Aujourd’hui, un fonds d’aide d’urgence à l’image et au un centime depuis le début du confinement. lés ou reportés sine die, or pour les jeunes signataires : les lecteurs se sont jetés sur les
Au-delà de leur amer constat, tous avancent 90 % des diffuseurs suppriment les métadon- son. La Scam a fait appel à la solidarité « Et pourtant, la radio restera comme un des auteurs Jeunesse, comme en BD d’ailleurs, librairies dès le 11 mai, dopant les ventes de
mille idées pour sortir du naufrage et parer nées de nos images et on ne récupère rien. » des diffuseurs pour qu’ils reprogramment grands médias du confinement avec un ce sont les festivals et les interventions en livres : +233 % en une semaine (11-17 mai)
les prochains coups. Car la débrouille et les Inadmissible, et économiquement invivable. des documentaires afin d’aider les auteurs immense besoin d’écouter des informations milieu scolaire qui permettent de tenir, de en valeur et +178 % en volume. Bien mieux
budgets d’équilibristes sont légion dans ces « Il faut arrêter cette gratuité de la photo. » à engranger des droits. « Mais on a eu et des histoires. » se faire connaître et rémunérer », rappelle que l’an dernier à la même époque. Un
mondes où, pour survivre, on se doit souvent C’est devenu vital pour nos métiers, sinon très peu de retours », avouait-elle mi-mai. « Ceux qui ont des contrats de grille, avec Benoît Peeters, président de la commission véritable cri d’amour.
d’opérer avec plusieurs cordes à son arc tout s’arrête. Des solutions techniques existent, « La Grande Vadrouille, c’est bien, mais des émissions fixes, ont leur salaire maintenu de l’écrit qui parle de « perte sèche ». Pour
et de jouer les « couteaux suisses », comme qui permettent de tatouer chaque pixel d’un il existe aussi beaucoup de docs très appré- même quand elles ont été déprogrammées lui, l’impact est particulièrement douloureux
le soulignent certains d’entre eux. cliché afin d’en préserver son identité. « Tron- ciés du grand public. » Elle en appelle aux – notamment sur les antennes de Radio pour les auteurs Jeunesse.
qué, copié, recadré, il garde son ADN. » grandes chaînes pour qu’elles « ne laissent France, engagées de plus à ne procé- « Les auteurs de l’écrit ont des revenus irrégu-
8 É TAT D ES L I EU X C OV I D -19 9
Statistiques
d’un désastre
photo Catherine Zask
annoncé
PA R P H I L I P P E B A I L LY,
F O N DAT EU R D E N PA CO N S EI L
Des liens renforcés avec le public, mais (à titre de comparaison, les ventes de de recettes de billetterie (hors ventes de la perte totale de chiffre d’affaires pour Aux premières heures du confinement,
une situation économique profondé- supports numériques ne dépassaient confiserie, boissons et merchandising). les professionnels (recettes de billette- les sites Web des principaux quotidiens
ment dégradée. Maintes fois souligné pas 900 M€2 en 2018). Du côté de la production de films de rie, contrats de cession de spectacles, ont vu leur audience doubler ou tripler,
depuis le début de la crise sanitaire, Le constat est analogue dans l’édition, cinéma, plusieurs dizaines de tournages locations de salle, recettes annexes sans éviter, on l’a vu, le plongeon des
le paradoxe devient plus palpable après que les librairies ont dû baisser se sont interrompus le 16 mars (150 de bar, sponsoring, etc.) causée par recettes publicitaires. Reste pour la
et mesurable, au fur et à mesure que leurs volets jusqu’au 11 mai et alors que selon certaines estimations) et le pro- l’interruption forcée des activités […] presse à tabler sur la conversion en
paraissent les statistiques d’activité pour le numérique représente encore moins tocole sanitaire défini pour leur reprise du 1er mars jusqu’au 31 mai 2020 ». abonnés digitaux d’une partie signifi-
le premier trimestre. de 5 % des ventes de littérature3 : d’après pendant la phase de déconfinement Les modalités retenues pour le décon- cative de ces lecteurs.
S’agissant des grands médias, les pertes Livres Hebdo, le chiffre d’affaires a entraîne un surcoût évalué à 30 %, en finement (fermeture prolongée pour les Pour les services de musique en ligne
de recettes publicitaires ont commencé plongé de 33 % au mois de mars, et de plus des limitations que la distanciation salles de spectacle, et annulation de payants (Deezer, Spotify, etc.), l’usage,
à être quantifiées : fin mars, après deux 11 % sur l’ensemble du premier trimestre. impose sur un plan artistique. Quant à tous les festivals programmés avant à l’inverse, est allé décroissant puisqu’ils
semaines de confinement seulement, le Un quart des maisons d’édition4 estiment la production audiovisuelle, Thomas septembre) conduiront peut-être à revoir sont souvent utilisés pendant les trajets
recul était de 9,7 % pour la télévision, qu’elles perdront plus de 40 % de leur Anargyros indiquait le 27 avril qu’une sensiblement ce chiffre à la hausse. quotidiens.
par rapport à la même période de chiffre d’affaires sur l’année 2020, « centaine de tournages avaient été S’agissant de l’environnement local Les principaux bénéficiaires sont donc
2019, de 10,3 % pour la radio, de complète le SNE après une enquête arrêtés en fiction, documentaire ou (hôtels, restaurants, etc.), le Prodiss plutôt à aller chercher du côté de la SVoD.
12,5 % pour la presse écrite, et même auprès de 250 d’entre elles5. spectacle vivant », rien que pour les estimait en 2017 ces retombées à 1€, Lancé le 7 avril, Disney+, à titre d’exemple,
de 17 % pour le cinéma, soit un manque Pour les professionnels du cinéma et de sociétés membres de l’USPA dont il est pour 1€ de chiffre d’affaires dans le avait conquis au bout d’une semaine
à gagner déjà supérieur au total à la production audiovisuelle, la suspen- le président, ajoutant que « chaque mois secteur du spectacle vivant musical et près de 7 % des Français (données NPA
130 M€. Le repli s’est accentué au sion des tournages s’est ajoutée à la d’arrêt représente une perte potentielle de variétés. Conseil / Harris Interactive). Mais, faute
mois d’avril, à tel point qu’au 1er mai, mise à l’arrêt des salles. Du scénariste de 100 M€ de chiffre d’affaires6 ». Il est difficile d’être exhaustif, au-delà, d’avoir pu mener à bien la transposition
l’IREP1 prévoyait une chute de 23 % à l’exploitant en passant par les pro- Évaluer les conséquences de la fermeture dans l’évaluation des dommages colla- de la directive SMA, le chiffre d’affaires
1
Institut de recherches et d’études publicitaires
pour l’ensemble de l’année (près de ducteurs, les distributeurs et la filière des salles de concert ou de théâtre, et téraux de la Covid-19. Mais au moins généré ne se traduira pas, à ce stade au
2
Panorama des industries culturelles et
créatives 2019 ; https://www.culture.gouv.fr/
2 Mds€ perdus) « sous réserve de la technique, c’est l’ensemble de la branche de l’annulation des festivals programmés peut-on avoir en tête les creux à prévoir moins, en obligations de financement de
Media/Medias-creation-rapide/EY-France-
réouverture quasi complète de l’éco- qui a durement subi les conséquences avant le mois de septembre est plus dans les recettes de la redevance pour la création pour les leaders du secteur Creative-Panorama-des-ICC-2019.pdf
nomie en septembre », ce qui n’est pas de la crise sanitaire. complexe : celles-ci forment un ensemble copie privée (faute d’achat significatif (Netflix, Amazon et Disney+). 3
https://www.sne.fr/app/uploads/2019/
acquis à ce stade. Concernant les salles de cinéma, le de cercles concentriques, de la mise à d’électronique grand public pendant le Sur un terrain non marchand, enfin, on 06/RS19_Synthese_Web01_VDEF.pdf
Pour la presse s’y sont ajoutées la fer- ministre de la Culture a indiqué travailler l’arrêt des équipes employées par ces confinement) et dans celles du COSIP peut citer encore le lien renforcé pendant 4
https://www.cnews.fr/culture/2020-05-
meture de nombreux points de distribu- à une réouverture « début juillet ». En lieux ou manifestations, aux artistes (faute de TSA sur les billets non vendus le maintien à domicile entre les artistes 05/les-ventes-physiques-de-livres-en-chute-
tion, due à la Covid, et la crise – plus admettant même que celle-ci se fasse et techniciens qui voient leur saison pendant le confinement, et avec l’effet et leur public, via les réseaux sociaux. libre-en-ce-debut-dannee-953807
structurelle celle-là – ayant conduit à sans contrainte d’espacement réduisant sévèrement amputée, en passant par report sur 2021 du chiffre d’affaires Mais parce que la culture ne peut vivre 5
https://www.sne.fr/actu/impact-de-la-
la mise en redressement judiciaire de la jauge utile, et sans réticence des les retombées sur l’économie locale perdu par les chaînes). seulement d’amour et d’eau fraîche, crise-sur-les-editeurs-le-sne-devoile-les-resultats-
du-sondage-realise-aupres-de-ses-membres /
Presstalis. L’information est d’autant plus spectateurs à en reprendre le chemin, (1 450 communes bénéficiaient de Au final, et presque de façon tautolo- on mesure plus que jamais l’aspect
6
https://www.lesechos.fr/tech-medias/
inquiétante que les recettes d’abonne- on peut estimer à 55 millions au moins l’implantation d’une salle de spectacle gique en période de maintien obligé critique des mesures de soutien public
medias/coronavirus-les-societes-de-
ments et de vente au numéro repré- le nombre d’entrées qui manqueront à ou d’un festival de musiques actuelles au domicile, les gagnants sont, forcé- déjà annoncées (« l’année blanche » production-audiovisuelle-sont-dans-
sentent encore 5,2 Mds€, soit plus de l’appel en 2020 (sur la base des chiffres en 2012). ment, à chercher du côté des services pour les intermittents notamment) et de limpossibilite-de-reprendre-les-tournages-le-11-
la moitié du chiffre d’affaires du secteur 2019), et à plus de 400 M€ la perte Fin mars, le Prodiss évaluait à « 590 M€ dématérialisés. celles qui seront encore à prendre. mai-plaide-thomas-anargyros-1198483
10 É TAT D ES L I EU X C OV I D -19 É TAT D ES L I EU X C OV I D -19 11
Audiovisuel :
quelles priorités
législatives
après la Covid ?
PA R H E R V É R O N Y, D I R E C T E U R G É N É R A L D E L A S C A M
Manon Ott
Caméra au poing
(levé)
PA R A N N E C H AO N, J O U R N A L I ST E
photo Raffard-Roussel
14 M ANON OT T PORTR AIT M ANON OT T PORTR AIT 15
profondes, ciselées par un vocabulaire précis. Le groupe, De cendres et de braises était d’ailleurs, à l’origine, son tra- laient, ça ne fonctionnait pas et qu’il valait mieux reprendre
donc, et l’engagement – elle dit « la lutte », utilisant à dessein vail de thèse en sociologie, même s’il est aussi devenu un la scène, en les installant en demi-cercle. »
16 TRIBUNE TRIBUNE 17
Utopies de radio
Alors que le débat démocratique se sait dégradé, les audiovi-
PA R DAV I D C H R I S TO F F E L , P O È T E, P R O D U C T EU R R A D I O, M U S I CO LO G U E E T CO M P O S I T EU R D ’O P ÉR A S PA R L ÉS
suels publics ne seront en mesure de rompre le cercle vicieux
qu’en osant faire confiance à la création pour permettre
l’expression de l’utopie, et la formulation de ce à quoi pourrait
Le cercle vicieux est clair : ressembler un monde meilleur.
là où les canons à dépêches Il ne s’agira pas ici de dire que les médias sont les seuls
responsables de tous les maux de la société. Les audiovi-
saturent, les médias suels publics sont le résultat de choix politiques, dont tous
traditionnels se sentent pris au les citoyens sont théoriquement complices. Nous sommes
collectivement coupables de laisser leurs succès d’audience pourquoi, au lieu de se concevoir comme une institution fermée
piège d’une hyper-simplification s’imposer comme le motif de fierté principale des chaînes
de radio publiques, de ne pas nous faire les comptables
ou comme un rempart aux décryptages condescendants (ou
infantilisants), il est urgent que la pédagogie s’inverse et que
de leurs stratégies. de la diversité des voix, des tons, des formats, des genres
musicaux et radiophoniques que nos antennes diffusent.
les médias publics ouvrent leurs antennes aux voix citoyennes.
documentaire sur une chaîne nationale bénéficie d’une valeur solstice, mais aussi à chaque équinoxe, les programmes pourraient Devant de telles propositions, il y a toujours des gens hautement
minutaire bien supérieure à celle d’un documentaire diffusé sur penser l’auditeur dans son rapport à la nature, plus que dans ses responsables pour dire qu’il y a là « à boire et à manger ». Ce
une radio locale, au point que la répartition des droits d’auteur problèmes de consommation. qui est vrai. Et c’est pourquoi la radio se démocratisera à partir
amplifie la hiérarchie des auteurs en respectant les inégalités de du moment où l’on prendra un peu plus de temps pour chercher,
poids économique des diffuseurs. Les évolutions technologiques ne sont pas seulement des opportu- entre nous, ce qu’il y a vraiment à « boire » et ce qu’il faut vraiment
nités marchandes, elles sont aussi des outils de « re-paramétrages « manger ».
Juridiquement, la chose est entendue : le diffuseur rémunère les expressifs », et donc autant de moyens d’imaginer de nouvelles
auteurs dont les œuvres sont diffusées sur son antenne, la somme temporalités de vie, des variations énonciatives spécifiques aux Comme il ne saurait venir en renfort de l’existant, un Fonds de
qu’il verse à la société est fonction de son chiffre d’affaires qui, fait jours de la semaine, par exemple. L’épanouissement de la dis- soutien à la création et à l’invention sonore ne sera vertueux
du marché, est lui-même lié à sa quantité d’audience. Si l’on hérite cordance des temps suppose un désenclavement intégral des que s’il ouvre la perspective d’hétérotopies radiophoniques et,
de Beaumarchais l’idée d’un droit d’auteur qui associe l’auteur au conflits d’intérêts sur la transparence ont fait de la vérité un chèque voix du passé, à commencer par un accès universel aux archives pour ce faire, d’économies sonores parallèles, en permettant
succès de son œuvre, ouvrir la réussite des œuvres à des critères de cavalerie. Puisqu’il faut des falsificateurs pour faire vivre les sonores, élargies à tous les acteurs qui œuvrent sans but lucratif. une décentralisation intégrale des territoires de création, par une
moins quantitatifs, c’est-à-dire plus résistants aux logiques concurren- professionnels du fact checking, il n’est plus d’actualité de demander intelligence territoriale aux formats adaptés et adaptables. Pour-
tielles, devrait donc passer par une vision plus mutualisée du droit aux audiovisuels publics de déconstruire une à une les fausses Si on peut toujours regretter que la radio publique ait drastiquement quoi ne pas imaginer, par exemple, des résidences à itinérance
d’auteur et, pourquoi pas, plus assurantielle. Et s’il fallait chercher nouvelles produites pour auto-alimenter les canons à correction diminué les heures dédiées à la création depuis quelques années, variable d’éducation aux médias et à l’invention sonore, sous des
le bien commun dans un calcul des probabilités, de même que les des dépêches, mais de développer des écosystèmes éditoriaux on doit d’abord se rappeler que les créneaux choisis étaient des modalités re-discutables par les bénéficiaires au cours de la mise
mutualistes d’une société d’assurance se prémunissent collectivement suffisamment alternatifs pour couper court aux logiques perverses créneaux marginaux. Soutenir et défendre les audiovisuels publics en œuvre des projets soutenus. Penser l’auteur en mouvement et
contre les risques de catastrophe naturelle, on pourrait imaginer dans lesquelles nous a enfermés le jeu méritocratique d’économie consiste donc à exiger d’eux une variation des formats de radio la notion d’œuvre en devenir, suivant des cadres de production
un système de valorisation des risques pris par les auteurs. Sitôt, mixte du « ils nous bluffent, mais on vous les décrypte ». d’art et d’essai à tous les maillons de la chaîne et, par consé- non pré-établis. Ainsi, pourront se multiplier les ponts entre radios
la curiosité de tous serait piquée : à quoi pourra bien ressembler quent, la lecture journalistique de l’exercice radio. L’information associatives, webradios scolaires, artisans de podcasts, chaînes
une création audiovisuelle rémunérée au risque ? La logique manichéenne qui oppose naïvement bon grain et n’est ni l’ADN des radios de service public ni leur unique mission. nationales par des échanges de programmes aux archives mises
mauvaises graines se diffuse à tous les niveaux du casting dans La pluralité inconditionnelle des genres radiophoniques, suppose en commun et à la disposition de tous. Car, s’il doit abonder
Dans un monde idéal, un invité de Radio Campus Tours devrait le défilé des « bons clients » sur les plateaux (radio ou télé). Tout en une telle ouverture des critères de radiogénie que les questions dans le sens d’une nouvelle écologie des voix, ce Fonds pourra
recevoir autant de droits d’auteur que s’il était invité dans une nourrissant le réductionnisme des noms prestigieux, un bon client d’éducation aux médias sont inséparables de l’éducation par devenir un levier pour faire advenir le plus important : une égalité
émission de France Inter. Dans un monde pré-idéal, tous les invi- n’est jamais qu’un invité qui consent (et, en plus, met de l’ardeur) l’art, de l’éducation populaire, c’est-à-dire de la production : en du temps de parole entre journalistes et poètes.
tés devraient savoir qu’ils sont potentiellement juridiquement des à obéir au format, à concourir à la méritocratie des discours remédiant à toute infantilisation dans les ateliers radio, il s’agira
auteurs. Si bien que, dans le monde réel, nous courons à notre qui réduit trop souvent le débat à un concours de grandes (ou d’horizontaliser toute forme de radiophonie à venir. « Dé-mâcher » Car cet exercice d’utopie ne serait pas complet sans une profonde
perte chaque fois que nous omettons de le leur dire et de les belles) gueules. le propos et, contre l’injonction à la lisibilité maximale (qui est évolution des modes de gouvernance… Il pourrait s’agir de donner
inciter à faire valoir leurs droits d’auteur. En plus d’une question de le corollaire de la trivialité grandissante des enjeux), faire confiance à un auteur la possibilité de réécrire la grille de France Inter une
répartition des richesses collectives, ce partage des consciences Amateur ou professionnel, l’auteur d’une parole creuse révèle que à la complexité jusqu’à ouvrir l’imaginaire d’invention du futur journée par mois ou d’organiser une préemption citoyenne des
peut changer le ton de la démocratie : en tant que co-auteur, c’est tout le contexte qui est en perte de consistance. Pour remettre seraient alors la priorité du média training énonciativement éco- ondes en confiant la direction des chaînes à des jurys citoyens.
l’invité peut être associé au contrat de communication engagé de la responsabilité collective dans la pertinence générale des responsable. Nos médias publics devraient être exemplaires au
avec l’intervieweur et l’auditoire. Entendu dans ces termes, être débats, faut-il imaginer des dispositifs inédits ? Maintenant que point que leurs formats devraient sidérer de pertinence les manières
auteur est la conséquence d’une sensibilité citoyenne à l’expression des journalistes de service public jouent leur propre rôle dans d’engager le débat public et par suite, naturellement, de s’imposer
plus qu’une compétence, un métier ou la privatisation de pratiques une fiction produite par Canal+ (Baron noir), que se passerait-il aux délibérations démocratiques.
expressives. Quand la responsabilité des dires redeviendra col- si la matinale de France Info était, tout un hiver, présentée par un
lective, la réponse aux infox ne consistera plus dans une traque auteur de fiction ? Est-ce que chacun ne serait pas autrement citoyen Partout
aux mauvais émetteurs, mais dans la prolifération d’espaces de si, un jour dans sa vie, il était tiré au sort pour animer un débat ? L’heure est certainement trop grave pour écarter les scénarios
recherche collective de la vérité. vraiment nouveaux ou idéaux. Concrètement, qu’est-ce qui pourrait
Les audiovisuels publics réellement souhaitables devraient être au Jusqu’où créer ? concourir à « dé-privatiser » les fonctions éditoriales ? Les exemples
moins assez collaboratifs pour ne pas enfermer la vérité dans des Par définition, l’invention s’arrête où commence le calcul de peuvent être plus ou moins fantaisistes : confier, chaque semaine,
logiques de frontières qui, en surlignant la coupure entre les dires rentabilité. Quand l’auditeur est pris pour une part de marché, la réécriture du conducteur à une compositrice ou à un composi-
rigoureux et les fausses nouvelles, bloquent la liberté d’expression les manières de s’adresser à lui sont littéralement comptées. En teur ; faire des trêves régulières d’identification des chaînes pour
dans un esprit de sérieux qui ne garantit même plus la vitalité de s’émancipant des recettes du privé, en sortant des logiques purger tous les tics de posture liés à leurs particularismes et, sur
la pensée, en tournant au cercle vicieux : les décrypteurs tirant de mercato, le service public doit commencer par inventer ses toutes les antennes publiques, lancer un détimbrage aléatoire des
maintenant un profit médiatique de la circulation des infox, les propres critères de succès et, pour ce faire, investir son propre voix comme antidote au culte de la personnalité généralisé par
rythme. S’il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée et si l’hyper-peopolisation des programmes. Bref, il s’agit de multiplier
le manque de temps est l’excuse systématique pour justifier le peu les moyens pour assurer une présence régulière et fréquemment
de création sur les antennes, pourquoi la radio continue-t-elle de impromptue de voix différentes et multiplier l’intervention surprise
faire comme s’il n’y avait qu’une saison par an ? En repensant de nouveaux genres radiophoniques sous-usités : confrontations
ses propres saisonnalités avec des grilles renouvelées à chaque d’archives, gameplays, reconstitutions historiques.
Elias, Magritte et Pingusson
« Quelques jours avant le confinement,
au Mémorial des martyrs de
la déportation à Paris, construit
par Georges-Henri Pingusson.
Elias remontait les marches et j’ai cru
voir Magritte sans son chapeau. »
L
partir vite et glaner les informations en deur du chargement), recon-naissance issue d’un service public et d’une histoire d’un document (image ou carte) de a présence d’une équipe se perçoit
cours de route. La stratégie de la tortue de caractère systématique (Gallica n’a multiséculaire de culture descendante. Gallica, un « outil participatif » permet constamment dans Gallica et contri-
a donné à Gallica la victoire du long pas océrisé tous ses livres anciens), Instrument de référence, elle doit garantir aux internautes de le géolocaliser ou bue à créer une communauté d’intérêt ou
terme — si tant est que la compétition soit dimensionnement des serveurs (la forte l’unicité des sources (dans leur forme de corriger les données suggérées par de complicité. Une équipe restée inven-
achevée. Rareté des doublons, références fréquentation de Gallica, durant le confi- stricte d’origine) et la stabilité du format les algorithmes. Si le côté ludique est tive durant la période de confinement,
plus fiables (sur les dates, mais aussi nement, a souvent bloqué les requêtes). (pour les consultations futures) afin que privilégié dans sa présentation (« de quoi imaginant chaque jour des jeux pour les
les noms des auteurs, ou sur la distinction Si l’on s’en tient aux strictes nécessités les informations soient vérifiables à tout se lancer quelques défis amusants »), enfants, rendant hommage aux soignants,
de dormir. Six millions de documents en De ce point de vue, Gallica apporte une Jeanneney, à l’époque président de sauvegarder les requêtes, télécharger un celui d’autres cultures (en l’occurrence
pyjama : de quoi bénir l’insomnie. Et le solution performante. Le tri et l’affinage la BnF, relève le « défi » lancé par ce document ou un rapport de recherche, du Bénin en 2019) offre également à des
confinement, vécu ces derniers temps, progressif des résultats, quoique encore qui s’appelait encore Google Print. C’est se tenir informé des apports congruents artistes des possibilités expérimentales
n’a fait qu’aggraver l’addiction ! approximatifs, épargnent les feuilletages alors le choix du droit d’auteur contre par un flux RSS, mettre en ligne ses qui inscrivent le fonds historique dans
fastidieux. Et la fonction de recherche une conception du fair use proche du découvertes sur les réseaux sociaux… la création contemporaine. L’opportunité
Le bon artisan est celui qui forge lui- par proximité est étonnante d’efficacité ! piratage organisé. À la fois lieu déma- Pour le reste, il faut se laisser porter par de tester les nouvelles fonctionnalités
même ses outils : les outils informatiques Quelques progrès sont encore à réaliser, térialisé (un site accessible à tous) et les suggestions de la page d’accueil qui, ou celle de proposer un projet visant
ont besoin d’être configurés pour être notamment sur l’affichage et le classe- espace d’accueil physique (certains dois-je l’avouer, m’ont toujours paru plus à améliorer le site, sont tout aussi impor-
efficaces. On juge de leur qualité ment des occurrences d’un terme dans documents ne sont communiqués qu’en ludiques qu’opérationnelles. Du moins tantes pour l’ouvrir à ses utilisateurs sans
à la diversité et à la finesse des critères les résultats, mais l’outil est en perpétuel salle de lecture), la BnF s’adapte mieux permettent-elles de faire rebondir de dénaturer sa vocation première.
de recherche, mais aussi aux possibilités développement. aux différents stades de protection des façon aléatoire la recherche. Internet,
qu’ils offrent de s’adapter à nos requêtes,
de les personnaliser en fonction de
nos besoins, de les mémoriser et de
L es différences d’approche se sont
accentuées entre les deux biblio-
thèques numériques. La recherche géné-
documents. L’option patrimoniale s’y
oppose nettement à l’exploitation com-
merciale. Si les principes juridiques ont
qui permet de savoureux vagabondages
au fil de sa toile d’araignée, a redé-
couvert la sérendipité, face cachée
T el est le défi posé à Gallica. À une
époque où le nombre de grands
lecteurs diminue, où la sacralisation de
les enrichir en permanence. Même s’il rale présente encore des faiblesses dans depuis évolué, la différence est encore de la recherche qu’il est enfin permis la culture n’a plus de raison d’être, il faut Catherine Zask
reste une marge de progression, c’est un Gallica, plus efficace dans la recherche flagrante sur plusieurs points, notamment d’assumer ! trouver un équilibre entre une vocation
atout de Gallica parmi les bibliothèques avancée. Sur Google, en revanche, sur les possibilités d’appropriation et de patrimoniale (pour laquelle la BnF est
numériques existantes. cette dernière est désormais bien cachée partage d’un outil.
24 ÉTUDE ÉTUDE 25
La traduction
Les jeunes sont particulièrement touchés par
la faiblesse des rémunérations : « Je ne connais
personne qui pratique le tarif syndical », ironise « Il y a une quinzaine
Madeleine Lombard, jeune traductrice-adaptatrice
de 29 ans. Mais l’ancienneté ne préserve pas
d’années on vivait
audiovisuelle sans
davantage de l’érosion des revenus : débutants
correctement de notre
ou chevronnés, les traductrices et traducteurs
subissent uniformément la tendance imposée par
les laboratoires. Professionnelle expérimentée
Une étude diligentée par plus difficile. Ce qui fait l’attrait du métier, en
particulier une très grande liberté, est contre-
balancé par une insécurité croissante vis-à-vis viennent alourdir le travail, sans toujours faire
la Scam met en lumière des laboratoires. » La conséquence est que les l’objet d’une rémunération spécifique. Quand
traductrices et traducteurs de l’audiovisuel ont elles sont à la charge de la traductrice ou du
la dégradation des tendance à accepter plus de commandes, et donc traducteur, les opérations de conformation ne
à augmenter leur temps de travail. Ils sont 79 % font ainsi « toujours » l’objet d’une rémunération
conditions de travail et à déclarer travailler le week-end et seulement complémentaire que dans 7 % des cas. À l’opposé,
52 % à s’accorder plus de trois semaines de 40 % répondent « jamais ».
de rémunération des vacances par an. 18 % se contentent même de
traductrices et traducteurs
deux semaines de congés annuels.
D ans ce contexte financier précaire, le ver-
sement de droits alloués par les sociétés
« Je ne connais
mandé de 30 euros la minute, contre 44 % en 40 000 et 60 000 euros nets par an. services de VOD/SVOD, typiquement Netflix, ou
deçà de 25 euros la minute. Pour le sous-titrage des plateformes de partage, également grands
en exploitation télévisuelle, seulement 5 % Mais au global, le revenu moyen reste corrélé pourvoyeurs de travail pour les traductrices et
imprimeur qui s’exprime en première page, cela n’est cer- opérerait à la façon d’un agent contagieux. Et le socialisme vérité. En 1897, même si l’on parle de mensonge ou de fausse du « terrain », le lieu même de l’enquête et de son ambition
tainement pas un hasard. On ne saurait mieux manifester cher à M. Marx ne ferait qu’aggraver la situation, aux dires de nouvelle, la quête de la vérité n’est pas l’argument premier politique. Bly était en mesure de dénoncer d’insupportables
pour qui travaillaient nos chers confrères du quotidien en Fouillée. Car la misère avancée par les tenants du socialisme avancé par les journalistes. Il figure par exemple à quatre conditions sociales parce qu’elle les avait vécues. Elle était
vogue. Tout simplement, pour le tirage. Tel est peut-être pour expliquer, voire excuser, cette terrible situation n’est reprises dans l’article suivant signé, cette fois, Jean Jaurès. devenue elle-même, clandestinement, tantôt ouvrière en
ici, le premier nom donné au « public », cette foule anonyme pas la cause originelle. Non. Le journalisme est bel et bien L’auteur qui vise d’autres objectifs, se présente comme usine ou à la mine, tantôt malade en asile, etc. Elle inventait
impossible à connaître jadis, si ce n’est par les chiffres de le véritable instigateur de « l’atmosphère morale troublée, « député et publiciste ». De fait l’élu socialiste de 38 ans, ne l’investigation en immersion, avec à la clé le scandale et l’inter-
vente. Un feuilleton sanglant était à l’origine de ce « record orageuse, fiévreuse […] de cet état électrique perpétuel [de fondera L’Humanité que sept ans plus tard. « Il ne me paraît pellation politique. Bref, elle était ce « témoin-ambassadeur »
d’audience ». L’affaire Troppmann, ou la chasse au serial killer. la démocratie] », accuse Fouillée dans la Revue des deux pas possible de régler et de “moraliser” la presse, réplique dont parle la politologue Géraldine Muhlman. Celle qui convie
Huit personnes d’une famille alsacienne, les Kinck, assassi- mondes, en 1897. Là encore la charge n’est pas sans rappeler Jaurès aux souhaits de Bérenger. Elle est un reflet de l’état lecteurs et lectrices à découvrir si ce n’est l’inaccessible,
nées par un ouvrier mécanicien, Jean-Baptiste Troppmann. des réquisitoires plus contemporains. social ; et c’est celui-ci qu’il faudrait transformer […] » Et en tout cas « le caché ». On a appelé cela, le journalisme
Cinq mois de gros titres. De la découverte des cadavres d’ajouter : « Sans l’intervention de la presse qui par sa diversité, coup de force (stunt journalism), dirigé contre l’état de fait.
à Pantin, à l’exécution du coupable, aucun détail sanglant Et Bérenger d’annoncer une vaste enquête dans toute désagrège et désorganise toutes les opinions, les préjugés Préfiguration du journalisme muckraker, ou fouille-merde,
ne fut épargné au lecteur. Ce que M. Gassigneul confirme la presse de l’époque. haineux resteraient à l’état de bloc. » Si la presse agissait dans ainsi que l’avait baptisé le président Théodore Roosevelt face
à sa manière, dans les premières lignes de son triomphant le même sens, elle supprimerait toute vérité. Le pluralisme, à une autre femme journaliste Ida Tarbell. Cette dernière
édito : « jamais crime n’a excité à ce point, émotion et curio-
sité ». Une formule – comme on le sait désormais – promise
au succès. Mais à trop chercher la vente en surmultiplié,
P remières questions : « Estimez-vous que la presse française
ne remplit pas son office légitime ? Et quels remèdes ver-
riez-vous à ces maladies du journalisme ? » Bérenger précise :
comme on dirait maintenant, garantirait ainsi grâce à des
journalistes médiateurs, la possibilité démocratique. Voilà qui
(là encore) n’est pas sans écho. Avec ce but ultime, conclut
s’en était prise à la Standard Oil de John D. Rockefeller. On
lui doit les lois antitrust américaines. À l’instar de Bly, Tarbell
fut remarquée en France, en particulier pour son « travail
on a pris le risque d’exaspérer. Le « petit reporter » inventait « Vous apparaissent-elles comme incurables et constitutives, le député journaliste engagé, de parvenir à la « dissolution minutieux, conduit sans haine, mais aussi sans égards ni
parfois l’horreur « encore plus » sordide, le scandale « encore ou croyez-vous que tout en conservant à la presse son entière du régime capitaliste ». Un journalisme de combat donc qui ménagements ». Implicitement, le journalisme à la française
plus » croustillant. La fausse nouvelle pouvait fréquenter liberté, on lui rendrait sa vraie fonction d’éducatrice sociale travaille pour une cause. reconnaissait ainsi ses différences. Plus adepte du style,
le crapoteux. Une aubaine pour « ceux d’avant », les tenants par une organisation plus logique et des mœurs plus sévères ? » parfois moins soucieux des faits, mais toujours dans cette
d’une presse d’opinion politique et littéraire. Ces derniers
qui se voyaient maintenant dépassés, ringardisés par ces
journaux qui n’évoquaient plus les batailles parlementaires
Bérenger souhaitait l’instauration d’un « Conseil de l’Ordre
du journalisme ». Un tel discours évoquait le journalisme
d’opinion qui depuis longtemps déjà s’était forgé tout un
E t en 1897, l’époque n’en manque pas. Les révoltes ouvrières,
l’explosion au grand jour de l’affairisme, le choc des
idéologies et plus globalement le bouleversement mondial
vision du travail du reporter : « qui n’est pas de faire plaisir,
non plus du tort, il est de porter la plume dans la plaie »,
comme le disait Albert Londres. Dénoncer. Pas d’hésitation
ou théâtrales, y allaient de leur mépris, voire de leur haine système de représentation, une hiérarchie. Avec d’un côté, des techniques, de l’économie, etc. À maints égards les pas- entre « le voile ou un peu de lumière. À d’autres le voile ! »
à longueur de colonnes. Car la presse n’œuvrait plus pour « un grand journalisme que distinguerait sa dignité, et de serelles existent avec les jours que nous traversons. En tout clamait le grand reporter.
l’élite, l’entre-soi de l’époque. La loi de 1882 avait introduit l’autre, un petit journalisme méprisable », comme le résume cas, la plupart des journalistes signataires, comme Georges
l’instruction obligatoire, le peuple savait désormais lire et
écrire. La presse d’information de masse était née – sous
l’égide de la loi de 1881 –, et par définition, l’ambition du plus
l’historien Christian Delporte. Or, « le méprisable » était alors
sur le point de balayer « le digne ». « En 1888, pour la première
fois, les ventes d’un quotidien dépassèrent le million d’exem-
Clemenceau, Max Nordau, Maurice Talmeyr ou Émile Zola,
ont célébré la liberté. L’auteur du « J’accuse » en a même fait
une condition sine qua non : « la vérité ne peut être que par
B ien, nous revoici aujourd’hui. Vous les voyez sur la table
ces figures – trop – rapidement évoquées ? Il y a là quelques
fondamentaux du métier comme de sa critique. Le reportage.
grand nombre chevillée dans les lignes de plomb. Avec elle, plaires », constate l’historien Gérard Noiriel. L’interpellation la liberté », assène-t-il. Seule voix dissonante, celle de Raymond L’engagement. La rigueur. La puissance de l’argent. La séduc-
dans le même temps, en contrepoint presque indissociable, de la Revue bleue a fait mouche. Toute la planète éditoriale Poincaré. Le futur président de la République écrit ces mots : tion du plus grand nombre… Qu’est-il advenu de tout cela ?
la critique, la polémique, la colère. L’acte de naissance de s’est sentie mise en demeure d’avoir à répondre. À la une de « La confiance instinctive et superstitieuse en l’information Vous êtes songeurs. À quoi bon ce rappel historique. Il est vrai
cette défiance consignée noir sur blanc, existe bien. C’est nombreux quotidiens du moment, le questionnaire est évoqué typographiée s’en va peu à peu mais sûrement […] L’ouvrier, que désormais, les images, les informations nous parviennent
une revue, habituée à débattre des idées, qui vint interroger, tantôt sur un ton moqueur, tantôt avec le plus grand sérieux. le paysan commencent à se dire qu’un article de journal n’a en un clin d’œil, que la statistique a puissamment redéfini
le but et les méthodes de cette presse nouvelle. Le 4 décembre Comme un matériau historique de premier plan, des signa- pas plus d’importance qu’une conversation tenue dans un l’information, que nombre de citoyens ne se reconnaissent
1897 dans la Revue bleue, Henry Bérenger, un intellectuel, tures restées historiques à maints égards vont définir enfin, café. » Eh oui, déjà ! Un signal faible, dirait-on de nos jours. plus dans les images de l’information, qu’au pays de Bly et
rédigeait une apostrophe intitulée « Les responsabilités de par écrit, ce qu’est ce journalisme que certains décrient, et Et les femmes journalistes, existaient-elles ? Pour qui tra- Tarbell, on parle de faits alternatifs… Le désarroi, au moins
la presse contemporaine ». « Il y a, écrit-il, une crise de l’école, qui est pourtant massivement lu. Alors pour qui travaillaient vaillaient-elles ? 1897, la même année que le question- le malaise, sont bien là. Mais pour qui travaille le journaliste ?
il y a une crise du Parlement, il y a une crise de la presse. les journalistes ? Place cette fois, aux coupables eux-mêmes, naire Bérenger, voit la naissance du journal La Fronde. Même si les sondages successifs de La Croix pointent une
Tout le monde le sait, et tout le monde en discute […] Nous les journalistes, qui vont surtout évoquer le « pourquoi » ils Remarquable acuité, modernité de ce journalisme de lutte perte de crédibilité, d’autres, comme ceux des Assises du
voudrions que la crise de la presse contraignît tous les intel- sont à la tâche. face aux injustices subies par les femmes. Sous la houlette journalisme de Tours, affirment que les journalistes demeurent
lectuels à réfléchir sur les conditions faites au journalisme de Marguerite Durand, « elles ont l’impertinence de faire utiles. Mieux, lors d’une série de rencontres entre citoyens
contemporain et sur les moyens de l’améliorer. » Les accents
de modernité de ces quelques lignes surprennent. C’est qu’est
ici posé, il y a plus de cent vingt ans, un acte d’accusation
L a troupe de ces gens de plume est éclectique. Ils sont
sinistres ou glorieux. Un antisémite notoire sera le premier
à être publié. Le patron de la Libre parole, Édouard Drumont,
œuvre de leur cerveau », affirmait l’éditorial du 9 décembre.
Bataille déjà conduite pour le droit à l’avortement avec Melle
Séverine, revendication d’une condition qui ne soit plus
et journalistes, une douzaine de médias a posé le principe
d’une co-construction de l’information. Il ne s’agirait alors
plus de travailler « pour » mais « avec ». Comme si à l’ère
demeuré presque intact à travers le temps. Ce qui est aussi lâche dans un sarcasme : « Maintenant que les députés n’osent celle de ménagère ou de courtisane avec Marie Anne de numérique, il avait fallu plus de cent vingt ans au journaliste
rassurant que navrant. Bérenger interroge : « Qu’est-ce qu’un plus parler de rien à la Chambre, ce n’est que par le journal Bovet, au moins ces journalistes-là ne s’interrogeaient guère pour descendre de son piédestal, et plus de cent vingt ans
journaliste dans un journal ? » et l’on entend : « Pour qui tra- que les Français apprennent ce qui se passe, ont les moyens sur la finalité de leur emploi. Cette « nouvelle femme, une au citoyen, pour acquérir les savoir-faire du journaliste.
vaille-t-il ? À quoi sert-il ? » En pleine affaire Dreyfus, « les de se faire une opinion, peuvent avoir l’illusion de vivre journaliste », comme le dit le critique des médias W. Joseph
scandales de Panama, poursuit Bérenger, l’affaire Vacher, sous un gouvernement libre […] La presse, quelle que soit Campbell, c’est principalement aux États-Unis qu’on l’a
celle du docteur Laporte, semblent prouver que la presse, la cause qu’elle serve, […] est la seule qui puisse donner vue investir peu à peu les colonnes des grands quotidiens.
par ses informations hâtives et retentissantes, égare l’opinion aux hommes la joie profonde d’entendre parler librement Autant d’exploits, de défis lancés par la jeune Nellie Bly dont
publique, l’affole au moment même où elle la renseigne et des choses qui les intéressent. » Voilà pour l’anti-dreyfusard les journaux français ont salué en 1889 un tour du monde
l’informe ». Un sociologue ombrageux était passé par là. Dans Drumont. Beaucoup d’autres parleront de l’actualité et de resté fameux car réalisé en soixante-douze jours. Moins que
sa mise en cause en effet, Bérenger s’appuyait sur les travaux l’opinion. Depuis les années 1880, rapporte Gérard Noiriel, Phileas Fogg, le héros inventé par Jules Vernes. L’écrivain
d’Alfred Fouillée. Agrégé de philosophie, ce dernier croyait le mot actualité s’était en effet « répandu dans le discours français que Bly avait rencontré, félicita « l’intrépide ». Ce
aux « idées-forces ». Selon lui, comme la presse d’information public. Chaque jour, les quotidiens de masse imposaient succès international montre assez le lien indissociable entre
parlait des crimes, de la corruption, et qu’elle n’hésitait pas désormais les sujets dont tout le monde devait débattre et le « comment » et le « pour qui » travaillaient les journalistes.
à sombrer dans la pornographie, c’est elle qui propageait ces les personnages que tout le monde devait connaître ». En Certes, il s’agissait de faire de Bly l’héroïne de ses propres
« idées » devenues alors forces destructrices. La presse, disait- produisant de « l’information » pour le plus grand nombre, les papiers. Mais le reportage supposait bel et bien une impli-
il, « glorifie les actes illégaux », « les images coloriées [déjà] journalistes affirmaient travailler à l’édification, de la démo- cation physique. Il fallait « aller y voir ». Un enjeu quasi vital
des assassinats engendrent un vertige homicide ». La presse cratie. Dans un tel office, un mot prend toute son importance : pour Bly. C’était aussi et surtout une garantie de vérité. Celle
30 É TAT D E S L I E UX É TAT D E S L I E UX 31
Cette évolution, encore en cours, est le fruit « Une des raisons pour lesquelles le livre
Prix Jean-Marie Drot Prix Charles Brabant Prix Anna Politkovskaïa Prix Roger Pic Prix de l’Œuvre expérimentale Prix Émergences
Claude Guisard pour l’ensemble de l’œuvre Madeleine Leroyer Sandra Reinflet Randa Maroufi Marin Martinie
Françoise Romand Numéro 387 VoiE.X, artistes sous contraintes Bab Sebta Template Message
Little Big Story, Arte, 2019 2019 Barney Production, Mont Fleuri EnsAD, 2018, animation
Prix décerné en mars 2020 à Créteil, Production, 2019 Prix remis le 7 décembre 2019
dans le cadre du Festival international au Centquatre-Paris, dans le cadre
Prix de l’Œuvre audiovisuelle de films de femmes de la 4e édition de L’Open Factory
Stéphane Manchematin Mention spéciale Prix Roger Pic
et Serge Steyer Nicolas Boyer Prix de la vulgarisation
L’Esprit des lieux Cent-huit vues sans Mont Fuji Val so Classic
Les Films de la pluie, Ana Films, 2018 Mention spéciale Hans Lucas, 2019 Interlude Mention Prix Émergences
Prix Anna Politkovskaïa Prix remis le 21 septembre 2019 Corentin Laplanche-Tsutsui
Alexandra Pianelli à Avignon, dans le cadre du Frames Râ226
Le Kiosque Web Vidéo Festival EnsAD, 2018
Prix Découverte audiovisuelle Les Films de l’œil sauvage, 2020 Prix Pierre et Alexandra Boulat
Christophe Yanuwana Pierre Axelle de Russé
Unti�, les origines Dehors
Sonore Ardèche Images, Hans Lucas, 2018 Prix Vidéastes Prix Nouvelles écritures
Bérénice Media Corp, 2018 Prix de l’Œuvre institutionnelle Prix remis le 5 septembre 2019 Charlie Danger Camille Ducellier
Prix pour l’ensemble de l’œuvre Anne-Sophie Emard à Perpignan, dans le cadre du festival Les Revues du Monde Chef·fe
Hélène Hazera F comme fleuve Visa pour l’image Prix remis le 8 octobre 2019 à Paris, UPIAN, 2019, websérie
Dersu & Uzala, Centre Hospitalier dans le cadre du Festival Médias Prix remis le 24 janvier 2020 à Biarritz,
Grand Prix du documentaire Sainte-Marie, 2019 en Seine dans le cadre du Smart Fipadoc
national
Prix de l’Œuvre sonore Valérie Müller Prix Mentor
Amandine Casadamont Danser sa peine Lionel Jusseret
Chasseurs Chrysalide Productions, 2019 Mention spéciale Home
France Culture, 2019 Prix remis le 25 janvier 2020 à Biarritz, Prix de l’Œuvre institutionnelle 2019
dans le cadre du Fipadoc Anne Kunvari Prix remis le 21 novembre 2019 Journalisme
Mon enfance au CADA à la Scam
Candela, Association Philia, 2019 Prix Christophe de Ponfilly
Prix Découverte sonore pour l’ensemble de l’œuvre
Fanny Lacrosse Claude Guibal
Prix international de la Scam
Naufrage en pleine terre
Elvis Sabin Ngaïbino
INSAS, ACSR, RTBF, 2019
Makongo
Makongo Films, 2020
Prix décerné en mars 2020 à Paris, Prix Scam de l’investigation
dans le cadre du Cinéma du réel Éric Quintin
Prix du podcast documentaire Images fixes et écrit et Marie-Pierre Raimbault
Maëlle Sigonneau Religieuses abusées, Écrit
et Myriam El Kotni Prix du Récit dessiné l’autre scandale de l’Église
Im/patiente (« Je dois m’inquiéter ? ») Frédéric Pajak Dream Way Productions, Prix François Billetdoux
Nouvelles Écoutes, 2019 Manifeste incertain, volume 8. Arte France, 2018 Hélène Gaudy
Prix remis le 20 octobre 2019, Cartographie du souvenir Prix remis le 14 mars 2020 au Touquet, Un monde sans rivage
dans le cadre du Paris Podcast Festival Les Éditions Noir sur Blanc, 2019 dans le cadre du Figra Actes Sud, 2019
36 AC T I O N C U LT U R E L L E AC T I O N C U LT U R E L L E 37
La Scam en chiffres
Extraits du rapport d’activité
et de transparence 2019
disponible sur www.scam.fr
Les auteurs et autrices • 35 829 ayants droit ont bénéficié les ressources en ligne (Ina
de la Scam d’une répartition en 2019, soit 78 % Mediapro, Tënk…), la salle de
• Au 31 décembre 2019, la Scam des membres. visionnage sont appréciés des
compte 46 110 membres dont auteurs et autrices, comme les
628 canadiens et 3 281 belges. Les œuvres déclarées permanences juridiques, fiscales,
• La proportion de femmes est • 235 573 œuvres audiovisuelles sociales et Brouillon d’un rêve ;
de 37 % et celle des moins ont été déclarées au répertoire de ou encore la vingtaine d’ateliers
de 50 ans est de 40 %. la Scam en 2019 soit une hausse professionnels.
• En 2019, 1 853 auteurs et autrices de 66,4 % due aux œuvres des • 137 événements ont été organisés
ont rejoint la Scam. vidéastes du web. par les auteurs et les autrices en
• Le répertoire de la Scam salle de projection Charles Brabant.
Les perceptions de droits est désormais constitué de
• En 2019, la Scam a collecté 1 136 918 œuvres audiovisuelles. L’action sociale
110 millions d’euros de droits • 14 332 déclarations d’œuvres En 2019, la Scam a attribué
d’auteur (+ 4,2 % après la baisse radiophoniques ont été enregistrées 2 625 534 € au titre de l’action
en 2018). en 2019 (+16,7 %). sociale à 2 567 auteurs et autrices :
• Les perceptions 2019 se • 12 121 auteurs et autrices de • 2 547 734 € au titre
composent à 69 % d’encaissements l’écrit ont bénéficié d’une répartition de la contribution senior à
au titre des exploitations de l’année au titre de la copie privée, de 2 524 bénéficiaires ;
en cours. Elles seront majoritairement la reprographie et du droit de prêt. • 77 800 € au titre du fonds
versées aux auteurs et autrices en de solidarité à 43 bénéficiaires.
2020. Les actions culturelles • 91 dossiers de retraite ont été
• Les chaînes de télévision • En 2019, la Scam a consacré régularisés.
(historiques, TNT, thématiques 2 597 305 € aux actions
et locales) constituent toujours culturelles (+1,9 %). Ce budget est Le conseil juridique
la première source de perception principalement alimenté par une En 2019, la direction juridique
avec 51 % des droits collectés. partie des sommes perçues au titre a traité 1 926 demandes de
de la copie privée sur les ventes conseils par courriel, approfondies
Les répartitions de droits de supports vierges. par 821 rendez-vous.
• Avec un montant de 103,10 millions • Les bourses Brouillon d’un rêve
d’euros, les sommes réparties représentent 29 % des dépenses
aux ayants droit sont stables. culturelles. 1 685 candidatures ont
• Plus de 57 % des sommes versées été déposées au sein des différents
en 2019 correspondent à des répertoires et 149 bourses ont été
exploitations de l’année 2018. attribuées.
• 81,9 % des droits répartis • Le Festival des Étoiles
concernent l’audiovisuel, 7,3 % du documentaire au Forum
la radio, 4 % les exploitations Web des images a franchi le cap
(+ 47,1 %), 3,8 % l’écrit, 2,8 % des 5 000 spectateurs.
les journalistes, et 0,2 % les images • La Maison Agnès Varda de
fixes. la Scam a accueilli 2 613 visites
en 2019. L’espace de travail,
Covid Selfie par Julien Donada