Unodc 2020 Cybercriminalité Et Covid19
Unodc 2020 Cybercriminalité Et Covid19
Unodc 2020 Cybercriminalité Et Covid19
PRINCIPALES EVALUATIONS
Contexte
1 . Ce briefing donne un bref aperçu des menaces de cybercriminalité dans le contexte de la pandémie de
COVID19. Il a été élaboré à partir de comptes rendus confidentiels obtenus des services d’application
de la loi de l’ONUDC, de partenaires des gouvernements, des ONG, des universités, des médias, des
sources publiques et du secteur privé dans le monde entier, au début du mois d’avril 2020. Des
recommandations sont formulées à la fin de chaque section thématique.
2. Des mesures globales de distanciation sociale sont maintenant en place dans le monde entier. Cela a
mené à une augmentation significative de l’utilisation des technologies de communication en ligne
par les autorités publiques, les entreprises comme les particuliers. Nombreux sont ceux qui ne sont
pas familiers avec l’utilisation des technologies en ligne à ce stade. Cela offre aux cybercriminels la
possibilité d’exploiter un vaste réseau de cibles attrayantes et vulnérables. Si l’on ajoute à cela
Section Cybercriminalité et Lutte contre le Blanchiment d’argent de l’ONUDC Vienne, le 14 avril 2020
l’enseignement et le travail à distance, il existe davantage d’utilisateurs de l’Internet, qui sont moins
bien informés des menaces et sont susceptibles de prendre plus de risques en ligne à la maison, qu’au
travail ou à l’école.
3. Les cybercriminels ont fait évoluer leur criminalité de sorte à exploiter les nuances sociales, juridiques
et psychologiques associées au COVID19. Les délinquants sexuels en ligne ciblent de manière proactive
les enfants confinés qu’ils soient de nouveaux utilisateurs d’internet ou plus habitués. en. Il s’agit
notamment des délinquants qui cherchent à préparer1 et à extorquer des faveurs sexuelles d’enfants
pris individuellement2, jusqu’à une infiltration plus large dans les cours en ligne3 désormais appelée
« Zoom-bombing ».
4. Les cybercriminels exploitent de plus en plus la peur liée au virus COVID19 : ils proposent de faux
remèdes à la vente sur Internet et fraudent en vendant des désinfectants pour les mains et des
équipements de protection individuelle (EPI), des médicaments ou des produits d’hygiène inexistants.
Les autres fraudes comprennent l’offre de services tels que des conseils en investissement douteux (y
compris dans les crypto-monnaies) et des conseils et diagnostics médicaux erronés. Un important site
de pornographie en ligne a proposé un abonnement gratuit aux utilisateurs d’un pays, augmentant
ainsi les risques de téléchargement de logiciels malveillants et de sextorsion.
5. Les personnes âgées, qui sont souvent moins sensibilisées aux risques en ligne, sont particulièrement
ciblées par les cybercriminels pour télécharger, faire suivre des liens infectés par des rançongiciels à
travers des spams sur le COVID19 et diffuser des informations erronées à leurs amis et à leur famille.
Les cybercriminels continuent de chercher à extorquer leurs victimes en prétendant connaître – et
révéler - l’utilisation présumée de la pornographie en ligne par la victime.
6. Le Business Email Compromise4 (comptes de courrier électronique compromis par le hameçonnage
qui se font passer pour un haut fonctionnaire de l’organisation cible) continue de recourir à l’ingénierie
sociale, renforcée par l’urgence accrue de la pandémie, pour encourager le mouvement de fonds vers
une banque criminelle, un compte en devises ou un compte en crypto-monnaies, ou est utilisé pour
obtenir des données sensibles à des fins malveillantes, y compris l’espionnage.
7. Les forums Darknet continuent de vendre des données compromises – y compris celles de hauts
responsables et de célébrités. Les criminels qui sont nouveaux dans la « cybercriminalité » recherchent
des conseils auprès d’autres criminels sur la meilleure façon d’exploiter la pandémie COVID19 à des
fins lucratives. Certains cybercriminels ont cherché à dissuader d’autres cybercriminels de cibler les
hôpitaux et les laboratoires de test de vaccins par des attaques par Déni de Service Distribué (DDoS)
et par des rançongiciels. Les pédophiles prédateurs continuent à discuter pour savoir quels sites de
réseaux sociaux et de partage de photos sont susceptibles de leur donner plus facilement accès à des
enfants à abuser. Les délinquants continuent également de discuter de la meilleure façon d’identifier
et échapper aux agents de police infiltrés en ligne.
8. En plus des cybercriminels traditionnels, des groupes de Menace Persistante Avancée (Advanced
Persistent Threat (APT) continuent d’évoluer et d’exploiter la pandémie. Les APT continuent de cibler
les infrastructures critiques nationales, notamment les hôpitaux et les laboratoires de développement
de vaccins, par des attaques par logiciels malveillants, par des rançongiciels et par DDoS. La motivation
de ces attaques n’est pas simplement basée sur le profit, car les logiciels malveillants donnent souvent
accès à des identifiants de connexion et à d’autres informations sensibles ayant une valeur de
renseignement.
9. Le succès d’une grande partie de la cybercriminalité liée au COVID19 repose sur les attaques de
hameçonnage par courrier électronique comme vecteur initial d’infection. Lorsqu’une personne clique
sur un lien ou un document, le compte est compromis. La compromission peut être visible pour la
victime mais, le plus souvent, elle est dissimulée et permet au criminel d’établir et de maintenir un
accès à long terme au compte, à l’organisation et aux système informatique qui y sont relatifs. Outre
la collecte d’informations sensibles, l’acteur APT peut altérer des sites web, modifier le détail de
1
https://www.esafety.gov.au/parents/big-issues/unwanted-contact
2
https://www.esafety.gov.au/key-issues/image-based-abuse/take-action/deal-with-sextortion
3
https://tcrn.ch/3buz3gW
4
https://www.trendmicro.com/vinfo/us/security/definition/business-email-compromise-(bec)
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documents, supprimer des données et diffuser des informations erronées.
10. L’ONUDC recommande aux gouvernements et au secteur privé de multiplier des campagnes de
sensibilisation du public qui soient culturellement adaptées et faciles à comprendre. Les hotlines
(numéros d’urgence) de signalement anonyme d’abus sexuels d’enfants en ligne sont une facette
essentielle de la réponse. Nous recommandons également de continuer à appliquer rigoureusement
les mises à jour de sécurité et de faire régulièrement la sauvegardes des informations.
11. Dans de nombreux pays, le personnel de police spécialisé dans la lutte contre la cybercriminalité a été
détourné des enquêtes sur les infractions de cybercriminalité pour soutenir les mesures
gouvernementales contre l’épidémie de COVID19 telles que la mise en quarantaine. Des fonctionnaires
spécialistes sont également tombés malades. Les capacités devraient encore se réduire dans les
semaines à venir, réduisant ainsi la capacité des États à faire face aux nouvelles menaces croissantes de
la cybercriminalité.
1 2 . Dans plusieurs pays, les procédures d’enquête et les procédures judiciaires sont perturbées par la
nécessité de mener ces activités en personne, ce qui n’est pas possible en raison des mesures de santé
publique locales. D’autres pays ont rapidement adoptés des procédures judiciaires en ligne.
13. La désinformation et les informations erronées concernant le virus continuent de se propager,
essentiellement par le biais des réseaux sociaux et des services de messagerie cryptés. Les entreprises
promotrices des réseaux sociaux, également confrontées au travail à distance, luttent pour faire face à
la quantité d’informations erronées, à la manière d’appliquer systématiquement les politiques internes
et à l’impact de la législation locale.
14. La désinformation et les attaques contre les Infrastructures critiques nationales sapent la confiance du
public et réduisent l’efficacité des mesures de sécurité publique.
15. L’ONUDC recommande que les procédures judiciaires se poursuivent en ligne lorsque cela est
possible, tout en veillant à ce que les normes et standards internationaux, le respect de la légalité et
la primauté du droit soient maintenus.
16. Nous recommandons également que les entreprises promotrices des médias sociaux déploient
davantage d’efforts pour contrer la propagation de l’« infodémie » COVID19, tout en protégeant la
liberté d’expression. La science basée sur des faits doit être au cœur de la réponse au COVID19 – nous
avons tous un rôle crucial à jouer à cet égard.
Analyse
a. La pandémie de COVID19 pose un défi mondial sans précédent à l’ensemble de la société. Nombreux
sont ceux qui ont transféré leurs activités physiques vers des opérations en ligne, tout comme les
criminels. La cybercriminalité devenant de plus en plus complexe et les victimes de plus en plus
nombreuses, les forces de l’ordre de certains pays sont orientées vers d’autres fonctions. L’impact
économique de COVID19 ajoute une couche de complexité supplémentaire pour le public et pour le
gouvernement. Une tempête parfaite de cybercriminalité potentielle se déclare.
b. Si la crise de COVID19 et les menaces de cybercriminalité liées à cette crise sont mondiales, les réponses
doivent également l’être : la lutte contre la cybercriminalité dans une juridiction donnée réduit les
risques partout dans le monde. Des informations sur de nouvelles menaces et de nouveaux types de
criminalité comme l'analyse COVID19 d’Europol (Europol’s COVID19 analysis ) et l Évaluation de la
Cyber menace par INTERPOL (INTERPOL’s Cyber Threat Assessment) doivent continuer à être partagées
au niveau international sans délai. Les hotlines (numéros d’urgence) pour le signalement des abus
sexuels d’enfants en ligne sont un outil essentiel pour permettre au public de contrer la menace.
c. Compte tenu de la pression probable sur les forces de l’ordre, proactives comme réactives, nous
estimons que la capacité à enquêter activement sur la cybercriminalité sera mise à l’épreuve à court
terme – en particulier dans les pays dont les ressources étaient limitées avant la pandémie. Les
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cybercriminels, y compris les groupes APT, continueront à exploiter cette situation. Il convient de
renforcer la communication au public des arrestations réussies ou des perturbations au sein des
cybercriminels qui ont cherché à exploiter la crise actuelle. Des opérations ayant un grand impact,
comme le récent démantèlement, par les Pays-Bas, de quinze opérateurs de DDoS en une semaine5,
contribuent à montrer l’impact visible et à rappeler aux cybercriminels que les opérations se poursuivent
partout dans le monde. Les opérations proactives d’infiltration en ligne contre les acteurs à haut risque
de la cybercriminalité doivent se poursuivre. Contre toutes attentes, les cybercriminels peuvent prendre
plus de risques en ligne car ils ont l’impression que la probabilité de détection a été réduite. Les enquêtes
des services répressifs spécialisés doivent donc se poursuivre au même rythme.
d. La diplomatie publique et la sensibilisation sont essentielles à la prévention et doivent renforcer
l’autonomie des groupes vulnérables, en particulier les enfants et les personnes âgées. Les mesures
contre la désinformation et les informations erronées doivent fournir des informations évaluées,
crédibles et utiles : cela doit être fait de manière transparente et responsable.
e. Toutes les mesures adoptées pour lutter contre la cybercriminalité doivent continuer à être
proportionnées, légales, responsables et nécessaires. La technologie est utilisée par de nombreux
gouvernements pour évaluer, identifier et localiser les patients potentiels de COVID19. Ce travail
essentiel doit rester à l’étude, avec une supervision claire, pour veiller à ce que les mesures de
surveillance soient retirées une fois l’objectif de contrôle de l’épidémie atteint. Il est maintenant temps
de renforcer la cyber-confiance du public et de travailler ensemble pour faire face aux menaces les plus
pressantes de notre époque de renforcer la confiance au niveau international.
f. Ce n’est pas le moment de désinvestir dans des services spécialisés dans la lutte contre la
cybercriminalité. La capacité et les moyens de lutte contre la cybercriminalité sont des éléments
essentiels pour protéger les infrastructures critiques nationales, assurer la sécurité des enfants en ligne,
donner des moyens d’action à l’industrie, sécuriser les hôpitaux et soutenir la relance économique après
le COVID19.
g. Le personnel de l’ONUDC spécialisé dans la lutte contre la cybercriminalité est disponible, 24 heures sur
24, 7 jours sur 7, partout dans le monde, pour assister les États membres dans la lutte contre la
cybercriminalité. Les ressources de diplomatie publique de l’ONUDC sont disponibles sur le site
https://www.unodc.org/unodc/en/covid-19.html et comprennent des liens à une session Instagram
Live avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse, des conseils en matière de protection
cybernétique pour (le personnel des Nations Unies) et l’évènement iSEEK Live sur le cyber de tout le
Secrétariat des Nations Unies.
FIN
5
https://www.zdnet.com/article/dutch-police-take-down-15-ddos-services-in-a-week/
Section Cybercriminalité et Lutte contre le Blanchiment d’argent de l’ONUDC Vienne, le 14 avril 2020