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CFGC 2023 – Prix René HOUPERT AJCE, vol.

41 (1)

Durabilité d’un béton de laitier activé au carbonate


de sodium
Patrick Azar1
1 LMDC, Université de Toulouse, INSA-UPS Génie Civil

RESUME Ce travail se focalise sur la durabilité d’un liant alcali activé à base de laitier activé au
carbonate de sodium (AAS). Les propriétés étudiées sont dans un premier temps les propriétés
mécaniques et de transfert (porosité et coefficient d’absorption d’eau) puis, dans un deuxième
temps, les propriétés de durabilité. Des performances équivalentes à un CEM III/C ont été
mesurées vis-à-vis de la résistance à la compression, la porosité, l'attaque à l'acide nitrique et aux
sulfates externes. L’AAS a présenté de meilleures performances vis-à-vis de l’attaque aux
chlorures et de plus faible résistance à la carbonatation. Une étude plus précise de l’effet de la
carbonatation sur des pates AAS a montré que le pH de stabilisation relativement élevé est
probablement dû à l’effet tampon des alcalins provenant de l’activateur.

Mots-clefs laitiers de haut fourneau, carbonate de sodium, liant alcali-activé, durabilité,


carbonatation

I. INTRODUCTION
Les matériaux alcali activés sont une catégorie de liants caractérisés par l'activation d'un
précurseur (laitier de haut fourneau, cendres volantes, métakaolin) par un activateur alcalin
(hydroxyde, silicate, carbonate, sulfate de sodium/potassium), ce qui conduit au durcissement du
mélange selon des cinétiques plus ou moins rapides. Ces liants peuvent réduire les émissions de
CO2 jusqu'à 80 % par rapport au ciment Portland (OPC) conventionnel (McLellan et al., 2011).
L'activation par le carbonate de sodium (Na2CO3) présente l'avantage d'être moins nocive pour la
santé car l'activateur est une poudre ajoutée au liant et non une solution hautement alcaline
comme les hydroxydes et les silicates. Cependant, le laitier (GGBS) activé par le carbonate de
sodium (AAS-Na2CO3) attire moins l'attention en raison de sa prise prolongée et de sa faible
résistance mécanique à jeune âge (Bakharev et al., 1999). L'AAS-Na2CO3 a été principalement
étudié en termes de formulation, d'état frais et de résistance à la compression (principalement sur
du mortier et de la pâte). Cependant, seules quelques études portent sur leur durabilité et des
données supplémentaires sont nécessaires pour étudier le comportement à long terme de ce
matériau avant toute application industrielle et standardisation.
Selon la littérature, le béton fabriqué avec du laitier activé par le silicate de sodium (AAS-Na2SiO3)
présente une forte résistance à la pénétration des ions chlorure en raison de la capacité élevée des
produits de réaction à lier les ions chlorure (Ke et al., 2017; Ma et al., 2016). De plus, l'AAS-
Na2SiO3 a montré une meilleure résistance aux attaques chimiques, telles que les acides (y
compris nitrique, acétique, chlorhydrique, sulfurique et propionique), que le OPC (Bernal et al.,

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2012; Koenig et al., 2017). L'AAS-Na2SiO3 exposé à des attaques au sulfate de sodium a également
surpassé les matériaux OPC (Bakharev et al., 2002; Komljenović et al., 2013) et les OPC substitués
par du laitier (CEM II, CEM III) ) (Diaz Caselles et al., 2021; Komljenović et al., 2013). En revanche,
dans les matériaux mélangés avec du GGBS, une augmentation du remplacement du OPC a
entraîné une diminution de la résistance à la carbonatation (Cyr, 2013; Divsholi et al., 2014; Lye et
al., 2016). Les études limitées sur la durabilité de l'AAS-Na2CO3 semblent aller dans la même
direction, mais les données sont encore insuffisantes pour caractériser correctement le
comportement à long terme de tels liants. Ainsi, cette étude vise à étudier la durabilité d'un béton
AAS-Na2CO3 évalué par une approche performancielle. L'AAS a été comparé à un béton CEM
III/C (à teneur en GGBS comparable au AAS). Tout d'abord, la résistance à la compression et la
porosité des matériaux ont été étudiés. Ensuite, la durabilité a été examinée en termes d'attaques
chimiques (acides et sulfates), de résistance aux chlorures et à la carbonatation. Une étude plus
détaillée a été menée pour comprendre l'effet de la carbonatation sur le pH du AAS-Na2CO3.

II. MATERIAUX ET METHODES


L'AAS a été fourni par Ecocem (composition chimique du laitier donnée dans le tableau 1). Ce
liant est principalement composé de laitier et d'un système d'activation dont le composant
principal est le carbonate de sodium (99,5% Na2CO3) de Solvay. Les ciments de référence sont un
CEM III/C 32,5 N-LH/SR CE PM NF (Eqiom) contenant 82% de laitier et un CEM III/B 42,5 N -
LH/SR CE PM NF (La Malle) contenant 71% de laitier. Leur composition chimique est indiquée
dans le tableau 1. Les granulats utilisés proviennent du nord-ouest de la France, Sablières
Palvadeau - Les Douêmes. Ils sont concassés (silice et quartz) et ont une taille comprise entre 0 et
20 mm. Les proportions des mélanges de béton sont présentées dans le tableau 2, le nom de
chaque mélange de béton étant le type de ciment utilisé suivi du rapport eau/liant.
Les essais réalisés, les procédures associées et la durée de cure sont indiqués dans le tableau 3.

TABLEAU 1. Composition chimique des matériaux


Mass (%) SiO₂ Al₂O₃ CaO MgO Fe₂O₃ K₂O Na₂O TiO₂ SO₃
GGBS 37,3 10,7 43,0 6,5 0,20 0,35 0,23 0,70 0,10
CEM III/C 31,2 10,2 47,0 6,0 0,90 0,63 0,51 0,54 2,6
CEM III/B 30,0 9,48 48,8 2,7 2,8 - 0,50 0,48 2,9

TABLEAU 2. Formulation des bétons pour les essais mécaniques et de durabilité (kg/m3)
Liant Granulats Eau Adjuvant E/L*
AAS 425 1725 170 1,1 0,4
CEM III/C 0.4 425 1808 170 0,9 0,4
CEM III/B 0.55 425 1640 234 - 0,55
CEM III/C 0.5 375 1807 187,5 - 0,5
CEM III/B 0.5 375 1807 187,5 - 0,5
* le Eau/Liant (E/L) a été calculé en utilisant l'eau effective (eau disponible pour participer à l'hydratation du liant) et le
liant correspondait à la totalité de la poudre sèche ajoutée.

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TABLEAU 3. Procédures des tests sur béton


Class d’exposition Indicateurs généraux XC XS, XD XA XA
Attaque au
Porosité accessible à Migration accélérée Attaque à
Carbonatation sulfate de
Test effectué Résistivité l'eau et coefficient et diffusion naturelle l'acide nitrique
naturelle sodium
d'absorption d'eau des chlorures (HNO3)
(Na2SO4)
NF P 18-459 NF EN 12390- NF EN 12390-11
Norme XP P 18-481 XP P18-482 SIA 262/1
NF EN 13369 10 NT Build 492
Durée de cure en
conditions scellés 90 et 180 90 4, 5 (AAS) 90 90 90
(jours)
Propriétés Vitesse de Profondeur de Expansion
ρ ε et WAC Dnss et Dnssm
mesurées carbonatation dégradation longitudinale
Unité Ω.m % mm/année0.5 m2/s mm %
Echéances de 90 et 180 1, 3, 6, 12 et 24 60 jours après 7, 14, 28, 35, 42,
90 jours 90 jours
mesure jours mois cure 56, 70, 84 jours

Des échantillons de pâte AAS et CEM III/C ont été préparés avec un rapport E/L de 0,4 pour
étudier l'effet de la carbonatation sur le pH. Les échantillons de référence ont été conservés dans
des conditions de cure endogène et les autres échantillons ont été durcis pendant 5 jours avant
d'être concassés (Dmax = 5 mm) et soumis à une carbonatation naturelle et accélérée à 1% de CO2.
Les échantillons ont été broyés afin d'assurer leur carbonatation complète, des tests préliminaires
ayant montré que le front de carbonatation dépassait 5 mm dans les pâtes AAS et CEM III/C après
1 mois de carbonatation. A différentes échéances (1, 4,5 et 12 mois), des échantillons ont été
prélevés et broyés à 80 µm. 10 g de pâte broyée ont ensuite été immédiatement mélangés à 10 mL
d'eau ultra-pure. La solution obtenue a été agitée à 300 rpm pendant 5 min avant de mesurer le
pH à l'aide d'un pH-mètre. Cette méthode a été inspirée de l’étude de Wang et al. (Wang et al.,
2021) La méthode a été validée avant d'être utilisée. La solution interstitielle a été extraite d'un
échantillon de pâte scellé à l'aide d'un dispositif à haute pression après 45 jours. Le pH a été
mesuré et comparé au pH obtenu par suspension de poudre, ce qui a donné des résultats
similaires. Des analyses SEM/EDX ont été réalisées sur des échantillons de pâte broyée AAS après
4,5 mois.

III. RESULTATS

A. Propriétés d’usage des bétons


Les bétons AAS, CEM III/C 0.4, CEM III/C 0.5 et CEM III/B 0.5 avaient des affaissements de 20, 16,
17 et 15 cm, respectivement. Pour le CEM III/B 0.55, le mélange de béton était très fluide et avait
un affaissement supérieur à 20 cm. Le tableau 4 montre la résistance à la compression des
différents bétons, mesurée sur des cubes de 10 cm, durcis dans des conditions scellées ou
conservés dans des conditions naturelles de séchage à l'extérieur.
Les résultats ont montré que :

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- A un rapport E/L équivalent de 0,4, le béton AAS a une résistance inférieure à celle du
CEM III/C. Elle a tout de même atteint plus de 40 MPa à 28 jours et a continué à
augmenter avec le temps, atteignant plus de 60 MPa à 1 an.
- A un jeune âge (4-5 jours), l'AAS a présenté une résistance assez élevée en comparaison
avec d'autres liants, ce qui est peut-être attribuable au faible rapport entre la quantité
d'eau et de liant dans le mélange.
- A des âges plus avancés (comme après 1 an de stockage en conditions extérieures sous
abri), l'AAS peut être considéré comme "équivalent" au CEM III/B avec un rapport
eau/liant de 0,525 ou au CEM III/C avec un rapport eau/liant de 0,43

TABLEAU 4. Résistance en compression jusqu’à 2 ans des bétons conservés en conditions scellées ou
en cure endogène pendant 4 ou 5 jours (selon la formule), suivie d’une conservation en condition
extérieure sous abri.

Résistance à la compression (MPa)


Conditions scellées Conditions extérieures sous abri
age CEM III/C CEM III/C CEM III/B CEM III/B CEM III/C CEM III/C CEM III/B CEM III/B
AAS AAS
(jours) 0.4 0.5 0.5 0.55 0.4 0.5 0.5 0.55
4/5 (AAS) 29.7 29.8 22.7 20.9 14.6 - - - - -
28 45.0 52.6 41.0 52.7 46.2 - - - - -
36 46.0 54.7 41.2 53.4 47.4 44.2 49.7 41.3 48.1 37.5
97 55.1 57.5 48.4 60.3 52.9 53.7 57.3 43.4 51.8 41.3
188 60.7 63.2 50.6 65.1 57.1 57.3 61.5 43.6 56.0 42.7
371 63.9 69.1 51.7 67.1 60.2 58.6 64.2 43.5 59.2 45.9
737 66.9 72.2 54.9 71.8 - 60.8 66.2 46.0 58.8 -

B. Durabilité des bétons


L'étude de durabilité a été réalisée sur la base d'une approche performancielle, en se basant sur le
béton CEM III/C 0.4 comme référence. Toutefois, pour la carbonatation, plusieurs références ont
été utilisées. Le tableau 5 présente un aperçu de tous les tests de durabilité effectués sur l'AAS et
le CEM III/C 0.4.

TABLEAU 5. Résumé des résultats des essais effectués sur AAS et CEM III/C 0.4.
Cure (jours) AAS CEM III/C 0.4
fc28 MPa 28 45.0 52.6
fc90 MPa 90 55.1 57.5
Porosité % 90 14.1 14.6
Resistivité Ω·m 90 645 396
Diffusion naturelle Cl x10 -12 m /s
2 90 0.25 0.48
Migration accélérée Cl x10-12 m2/s 90 1.01 1.16
Carbonatation naturelle mm/année .5 5 (AAS). 4 8.3 5.9
Acide nitrique pH=4 mm 90 0.28 0.26
Sulfates (Na2SO4) % 90 0.03-0.07 0.05

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Certaines caractéristiques des deux bétons sont quasiment identiques : la porosité accessible à
l'eau, la résistance à l'attaque par l'acide nitrique et la résistance à l'attaque externe par le sulfate
de sodium. Bien que la résistance du béton AAS soit légèrement inférieure à celle du CEM III/C
0.4 à 90 jours, il peut toujours être considéré comme un béton C35/45 (sur la base de la résistance à
la compression à 28 jours), tout comme le CEM III/C 0.4. En revanche, les propriétés liées à la
diffusion et à la migration des chlorures sont améliorées pour le béton AAS. Par rapport au CEM
III/C 0.4, la résistivité du béton AAS est supérieure de 63 %, et les coefficients de diffusion
naturelle et de migration accélérée des chlorures sont plus faibles. Par contre, des cinétiques de
carbonatation supérieures ont été mesurées dans le AAS.

C. Carbonatation du béton
La figure 1 montre les cinétiques de carbonatation de tous les bétons conservés en extérieur sous
abri pendant 1 et 12 mois, en fonction des résistances à la compression. Cette méthode de
conservation correspond à celle utilisée dans la mesure du test de carbonatation naturelle. Il
convient de noter que la cinétique de carbonatation est identique pour les deux échéances, car elle
a été déduite de toutes les mesures de profondeur de carbonatation effectuées entre 1 et 12 mois
(la pente de la régression linéaire de la profondeur moyenne de carbonatation a été tracée en
fonction de la racine carrée du temps).
Il existe une relation linéaire assez claire entre les taux de carbonatation et la résistance à 1 mois,
qui est moins nette à 12 mois. Cette relation montre qu'une augmentation de la résistance est
accompagnée d'une diminution significative de la cinétique de carbonatation. Cependant, la seule
résistance ne peut pas expliquer cette diminution, d'autres facteurs doivent être pris en compte,
tels que la réserve de chaux du système.
Le béton AAS a montré des cinétiques de carbonatation comprises entre les bétons CEM III/B et
CEM III/C, avec un effet important du rapport eau/liant. Ainsi, du point de vue de la
carbonatation : un béton AAS avec un rapport eau/liant de 0,40 serait similaire à un béton CEM
III/B avec un rapport eau/ciment compris entre 0,50 et 0,55 ; ou similaire à un béton CEM III/C
avec un rapport eau/liant compris entre 0,40 et 0,50.
Dans l'AAS, la portlandite n'est pas l'un des produits de réaction et les C-(N)-A-S-H sont
caractérisés par un rapport Ca/Si (=1,0) plus faible par rapport au béton OPC (entre 1,7 et 2,0)
(Lothenbach and Gruskovnjak, 2007; Puertas et al., 2006). Cela signifie qu'il y a moins de Ca
disponible dans ces matériaux pour capturer le CO2 et aucun effet tampon de pH associé ne
pouvait être fourni, ce qui a conduit à une résistance inférieure à la carbonatation. En fait, dans
une structure en béton armé sans ajouts d'OPC, la carbonatation n'a pas d'effet néfaste direct sur
les propriétés du matériau. L'effet négatif de la carbonatation est plutôt la diminution du pH dans
le matériau provoquant la corrosion. Dans l'AAS, malgré le taux de carbonatation élevé, leur
teneur élevée en alcalins (provenant de l'activateur) pourrait avoir un effet tampon de pH et
provoquer une stabilisation plus élevée du pH après la carbonatation. Ainsi, la carbonatation peut
ne pas entraîner une forte diminution du pH tout en assurant la passivation de l'armature.

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FIGURE 1. Vitesse de carbonatation des bétons en fonction des résistances à la compression à 1 et 12


mois. Bétons conservés à l'extérieur sous abri après 4 ou 5 jours de cure (selon la formule).

D. Effet de la carbonatation sur le pH du AAS


Les mesures de pH obtenues par suspension de poudre de pâte sont présentées dans le tableau 6.

TABLEAU 6. pH des échantillons de pâte AAS et CEM III/C après cure en conditions scellées et
carbonatation (naturelle, carbonatation accélérée à 1 % de CO2) obtenue par suspension de poudre en
solution.

AAS CEM III/C


Age 1 mois 4.5 mois 12 mois 1 mois 4.5 mois 12 mois
Conditions scellées 13.3 - 12.9 13.1 - 12.8
Carbonatation naturelle 12.1 11.5 11.5 11.7 10.3 9.9
Carbonatation à 1% CO2 10.8 10.8 10.7 8.9 8.9 8.1

Les échantillons AAS et CEM III/C conservés dans des conditions scellées ont maintenu un pH
élevé d'environ 13. La carbonatation naturelle a entraîné une stabilisation du pH de la pâte AAS à
11,5 après 4,5 et 12 mois. Cependant, dans la pâte CEM III/C, la carbonatation naturelle a fait
chuter le pH à une valeur inférieure de 9,9 après 12 mois. De même, lors de la carbonatation
accélérée à 1 % de CO2, la diminution du pH était plus faible dans la pâte AAS (10,7) que dans la
pâte CEM III/C (8,1) après 12 mois. Le pH de stabilisation élevé dans la pâte AAS est
probablement dû au tamponnage du pH de la phase hydrotalcite et à la teneur élevée en alcalins
de l'activateur. Les résultats des analyses EDX réalisées pour étudier l'effet de la carbonatation sur
le C-(N)-A-S-H (filtrage par élimination des points ayant un rapport Ca/Si > 2) sont présentées
dans la figure 2. Après 4,5 mois, le rapport Na/Si a évolué vers des valeurs plus faibles (0,45)
après carbonatation naturelle des échantillons et carbonatation a 1% de CO2 (0,36) par rapport à
ceux conservés en condition scellée (0,62). La carbonatation n'a pas provoqué de diminution
remarquable du Ca/Si (figure 2).

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1.8 Conditions scellées


Carbonatation naturelle
1.6 Carbonatation à 1% CO2
1.4
1.43
1.2 1.29 1.33

1.0
0.8
0.6
0.62
0.4
0.45
0.36
0.2
0.0
Ca/Si Na/Si

FIGURE 2. Moyenne Ca/Si et Na/Si de l'analyse ponctuelle EDS de la pâte AAS après 4,5 mois
conservée en condition scellée et carbonatation naturelle et accélérée à 1% de CO2. Les barres d'erreur
correspondent à l’écart-type.

Les caractérisations de la microstructure sont en accord avec la modélisation thermodynamique


de la carbonatation des C-(N)-A-S-H dans l'AAS-Na2CO3 (Ke et al., 2020), où trois étapes ont été
distinguées. Une première étape correspond à la perte des charges Na+ en inter-couche, un pH
élevé supérieur à 13,2 a été prédit. La deuxième étape correspond à la perte de la charge Ca2+
inter-couche. Le rapport Ca/Si commence à diminuer et le pH a chuté à des valeurs autour de
12,0. Les valeurs de pH se sont stabilisées à une valeur de 12,0 pendant la décomposition de
l'hydrotalcite carbonatée, puis diminuer jusqu'à des valeurs supérieures à 10,3 jusqu'à
l'épuisement complet du gel de type C-(N)-A-S-H. Après l'épuisement complet du gel de type C-
(N)-A-S-H , le pH diminue pour atteindre des valeurs plus basses autour de 7,9.
Dans le matériau AAS, même après la carbonatation, le pH de stabilisation élevé pourrait assurer
une protection de l'armature et ne pas provoquer sa corrosion, induisant ainsi un risque limité de
corrosion de l'armature.

IV. CONCLUSION
L'AAS-Na2CO3 a montré des performances comparables à celles du CEM III/C avec le même
rapport E/L en termes de porosité accessible à l'eau, d'attaque par l'acide nitrique et d'attaque
externe par les sulfates. L'AAS a présenté une meilleure résistance aux chlorures mais a eu des
cinétiques de carbonatation relativement élevées. Bien que la vitesse de carbonatation de l'AAS
soit élevée, son impact sur le pH du matériau est moins important que celui du CEM III/C, qui
présente des baisses de pH plus faibles. Cela suggère que les baisses de pH induites par la
carbonatation dans l'AAS peuvent être insuffisantes pour provoquer la dépassivation et la
corrosion des armatures. Pour déterminer les effets de la carbonatation sur les armatures dans les
AAS, des échantillons de mortier armé ont été testés dans différentes conditions (cure endogène,
carbonatation naturelle et carbonatation au CO2 à 1 %) à l'aide d'essais électrochimiques non
destructifs afin d'évaluer l'état de corrosion des armatures.

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