La Traduction Des Protéines
La Traduction Des Protéines
La Traduction Des Protéines
I. Introduction
Chez les Procaryotes, il y a environ 15 000 ribosomes et 200 000 ARNt impliqués dans la
traduction. Cela peut aller jusqu’à 35% de la masse sèche de la cellule. La vitesse de synthèse est
de 15 à 20 acides aminés par seconde.
Le lieu de synthèse des protéines a été mis en évidence par Paul Zamecnick dans les années 1950,
en détectant les ribosomes visibles au microscope électronique.
1. Le code génétique
a) Expériences
Dans le déchiffrage du code, les chercheurs ont réalisé une première expérience où on synthétise
artificiellement des chaînes de polynucléotides
répétés, puis on regarde les acides aminés
correspondants :
– une chaîne poly U est utilisée pour
donner des polypeptides
(phénylalanine)
– une chaîne poly C donne des
polyprolines
– une chaîne poly A donne des polylysines
– une chaîne poly G ne donne rien car elle
forme des dimères.
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Une 2ème expérience consiste à mettre dans le même tube de l'aminoacyl-ARNt + des ribosomes +
de la matrice et de voir si les ribosomes se fixent sur la matrice et si on obtient des acides aminés.
Ils en obtiennent.
Cela démontre que chaque acide aminé est codé par un code à 3 lettres mais la séquence est
encore inconnue : on sait que pour faire une thréonine il faut 1A et 2C mais on ne sait pas dans
quel ordre.
Une 3ème expérience consiste à faire la 1ère synthèse chimique de polynucléotides de séquence
définie formée de répétition. En regardant les acides aminés obtenus, on connaît alors quel acide
aminé correspond à quel séquence. Cependant, on ne sait pas exactement où le ribosome se fixe
sur la séquence puisqu'il n'y a pas de codon de départ. La traduction peut donc être décalée.
Mais en recoupant cette expérience avec la précédente, par déduction on trouve la séquence de
chaque acide aminé.
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Les acides aminés (leur code à 3 lettres) est à connaître.
c) Universalité
Le code génétique est (généralement) commun à toutes les espèces. (de la bactérie aux
mammifères en passant par les plantes).
Il a été établit très tôt dans l'évolution : dès l'apparition des premiers êtres vivants.
Cependant, chez certains organismes il existe de toutes petites variations : les codons stop ne sont
pas lus.
Les synonymes des différents codons ne sont pas utilisés avec exactement la même fréquence.
Chez les différentes souches d'E.Coli, on voit ainsi des variations de fréquences d'utilisation des
différents codons.
Ces différences ne sont pas anodines : la fréquence du codon est associé à la disponibilité de l'ARN
de transfert. Ainsi, si on introduit dans une bactérie une séquence qui est rare chez elle, elle aura
du mal à la traduire.
Ce processus de codons rares est utilisé par la bactérie pour réguler ses spécificités.
Certains organismes utilisent donc préférentiellement un codon pour coder un acide aminé.
Si on utilise la bactérie pour utiliser des protéines, on doit faire attention aux codons qui sont donc
rares chez E. Coli :
– Arg
– Lys
– Leu
Le code génétique est dégénéré, mais non ambigu : 1 codon code malgré tout toujours pour 1
acide aminé (ou pour un stop!).
Le codon AUG est toujours le codon qui marque le démarrage de la traduction. Il code pour une
méthionine et code donc aussi pour les méthionines intra-cellulaires.
Quand des chercheurs modifient un codon, alors les acides aminés sont tous identiques sauf ceux
qui ont été changés.
A cette époque, on savait que le message était lu de 3 en 3 mais on ne savait pas exactement dans
quel sens ou si les lectures étaient chevauchantes.
Aujourd'hui on sait que sur un ADN double brin il y a 6 phases de lectures possibles. (3 phases
possibles pour chaque brin)
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2. Le cadre de lecture
Le cadre de lecture est la phase qui détermine quel est l'ensemble des 3 nucléotides lus
comme codons. Le cadre ouvert de lecture (ORF) correspond à une séquence nucléotidique dont la
traduction entraîne la synthèse d'un enchaînement continu d'acides aminés jusqu'à la rencontre
d'un codon STOP.
En bio-informatique, on peut utiliser des ORF virtuelles : elles remplissent les paramètres
nécessaires pour considérer qu'elles peuvent coder mais on n'a pas encore la preuve
expérimentalement que c'est le cas.
Si on a une séquence avec plusieurs codons STOP, ça n'est pas une phase ouverte.
Il n'y a pas de ponctuation dans le code génétique : tous les codons sont lus, aucun n'est sauté.
Chez E.Coli, le codon d'initiation peut être GUG. Dans ce cas, c'est pourtant une méthionine qui est
incoporée. (UGG peut aussi être utilisée)
La sélénocystéine est un 21ème acide aminé qui peut être incorporée pour un codon UGA. Le
codon UGA dans ce cas n'arrête pas la traduction, celle-ci va continuer.
C'est un UGA particulier désigné dans la séquence qui jour ce rôle, tous les codons UGA ne le font
pas : ce sont juste des UGA dans les sélénoprotéines qui le font.
C'est l'ARNt de sélénocystéine qui s'occupe de ce transfert.
Ce processus est utilisé par certaines protéines pour réguler le taux de synthèse de la forme longue
d'une protéine.
Le ribosome peut aussi remonter en arrière au niveau du codon STOP. On a dans ce cas un
décalage de -1. La lecture a alors lieu sur le cadre de lecture d'une autre protéine.
On a alors synthèse d'une protéine de fusion : le début de la traduction est issue d'une protéine A
et la fin de la traduction est issue d'une protéine B. Cette protéine est alors clivée et par
maturation on obtient les 2 protéines séparées.
Le processus de traduction est coûteux et ce mécanisme permet de le réguler.
On parle de Fr ameshift -1 ou +1.
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II. Les partenaires de la traduction
1. L'ARN de transfert
Crick propose le fait qu'il existe des molécules « adaptateurs » qui fixerait d'un codé l'acide aminé
et de l'autre côté de lire le message sur le messager.
Aujourd'hui on sait que cet adaptateur agit avec le ribosome.
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UN ARNt est propre à UN acide aminé. La boucle D est une région variable dont la taille varie de 3
à 21 acides aminés. Cette taille variable montre qu'elle jouerait un rôle dans la reconnaissance de
l'enzyme qui va apporter l'acide aminé correspondant à l'anti-codon correspondant.
On nomme les ARNt en fonction de l'acide aminé qu'ils codent.
En solution dans la cellule, il y a une interaction qui se forme entre les boucles libres.
Les interactions sont des liaisons hydrogènes entre les bases.
Il y a aussi des interactions hydrophobes et avec l'ARN 23S pour stabiliser l'ARNt dans le ribosome.
La structure est en double hélice pour certaines parties et d'autres plus complexes.
Un grand nombre de gènes codent pour des ARNt : plusieurs gènes peuvent coder des ARNt (il n'y
a pas qu'un seul gène).
Ces gènes sont organisés sous forme mono ou polycistronique.
Certains gènes de ces ARNt sont organisés dans des opérons (exemple : opéron rrnB).
L'opéron code l'ARNr 16S et un petit ARNt-Glu, 2 autres ARN ribosomiques.
Tout l'opéron est transcrit en même temps : au fur et à mesure de la traduction, il y a déjà des
hydrolyses et des modifications.
Dès que le transcrit commence à apparaître, il commence déjà à se structurer : les ARNt sont des
structures très organisées qui dès qu'elles sortent de l'ARN polymérase sont organisées.
La biosynthèse et la maturation des ARNt se fait en plusieurs étapes :
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On les désigne par l'acide aminé qu'elles lient.
Elles assurent la liaison covalente entre l'acide aminé et leur ARNt spécifique.
Il existe 2 classes I et II chez tous les organismes qui diffèrent dans leurs structures.
Plusieurs étapes :
Étape 1 :
Activation de l'acide aminé par fixation d'un groupement AMP.
Étape 2 :
Il y a un transfert de l'acide aminé sur l'ARN.
Ce transfert a lieu sur le groupement hydroxyl 2 (classe I) ou 3' (classe II) de l'ARNt.
Plusieurs codons peuvent signifier un acide aminé : tous les codons ne sont pas associés avec le
même ARNt. Cependant, des codons qui varient dans le 3 ème nucléotides peuvent utiliser le même
ARNt.
ARS reconnaît un ARNt spécifique et le charge avec son ARNt correspondant.
La fidélité de la traduction dépend beaucoup de la fidélité de l'enzyme.
Au niveau de l'ARNt :
Comment l'ARS reconnaît le bon ARNt ?
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– des nucléotides spécifiques dans le bras accepteur et dans le bras anticodon
– les nucléotides de l'anticodon lui-même (nucléotides modifiés, anticodons, boucles...)
De plus il y a la lecture par le ribosome de la séquence.
L'ensemble de ces mécanismes fait que le taux d'erreur est très bas : 10-4
2. Le ribosome
a) Généralités
Le ribosome est une particule nucléo-protéique de 2500 kDa pour un diamètre de 20nm.
Il est composé de 2 sous-unités : une petite et une grande.
Le S est le coefficient de sédimentation.
Le ribosome est constitué de 2/3 d'ARN et 1/3 de protéines.
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Un tunnel du polypeptide traverse le ribosome et est une surface formée par les domaines I à V de
l'ARN 23S.
Ce tunnel hydrophobe protège la chaîne en cours d'élongation avant de sortir.
Il est en contact avec le PTC qui est le lieu de formation de la liaison peptidique.
b) Assemblage
Entre la petite et la grande sous-unité, il y a un sillon : des ponts ARN vont se former entre les 2
sous-unités. Ces ponts sont flexibles et sont capables de communiquer pour la coordination des
mouvements des 2 sous-unités lors de la traduction.
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Le processing se fait dès le démarrage de la transcription : dès que les zones sortent de l'ARN
polymérase, elles sont traduites et adoptent des conformations particulières.
Les modifications se regroupent essentiellement au niveau des sites de décodage et du PTC.
Aujourd'hui, on connaît 80 modifications sur les ARNr dont des isomérisations en pseudo-uridine,
des addition de méthyl, carbonyl, thio.
Il y a un certain nombre de modifications dont on ne connaît pas la nature.
Assemblage de la sous-unité50S :
les groupes sont moins bien distingués : on distingue 4 groupes de protéines mais ils sont moins
bien caractérisés.
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La polarité 5' → 3' n'est pas caractérisée non plus.
D'autres éléments comme les ions peuvent contribuer à la stabilité de l'ensemble.
e) Régulations
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– Un niveau global où il y a codage pour les ARNr. Les ARNr ne sont jamais libres et régulent
leur propre synthèse.
Cas de L4 :
L'interaction se fait en amont du S10.
(Opérateur transcriptionnel)
Régulation par un mécanisme de piège.
Cas de S15 :
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La séquence de régulation peut adopter une structure
– en 2 tiges boucle
– en pseudonoeud
Dans la configuration tige boucle, la séquence est accessible et le ribosome peut se fixer dessus :
cet assemblage avec le ribosome lance la traduction : le pseudonoeud est déstabilisé.
Quand il y a excès de S15, la protéine S15 se fixe sur l'ARN et il ne peut plus y avoir de traduction,
le pseudonoeud se fige.
L'activité peptidyl transférase (liaison de 2 liaisons peptidique) n'est pas catalysée par une enzyme
particulière mais par le ribosome qui est une structure particulière : c'est donc un ribozyme.
On peut voir le site PTC grâce à la puromycine qui va se lier spécifiquement sur ce site.
Si l'appariement est parfait, alors pour 61 codons, il faudrait 61 ARNt différents or ce n'est pas le
cas car 1 ARNt peut reconnaître plusieurs codons différents.
Il peut y avoir un flottement sur la 3ème base du codon qui peut varier (ce ne sont pas des
appariements W-C classiques) ; en revanche, il ne peut pas y avoir de
flottement sur les 2 premières bases (ce sont des liaisons H de type W-C)
Il y ainsi minimum 32 ARNt différents chez E.Coli.
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a) Le Wooble
b) Site de décodage
Si l'appariement est correct comme c'est vérifié par le 1 er et 2ème nucléotide alors il y a un
changement de conformation : 2 nucléotides de l'hélice vont changer. Cela va permettre
l'établissement de liaisons H avec l'anticodon de l'ARNt et avec le codon sur l'ARNm
Ce changement de conformation va permettre l'envoi d'un signal vers l'autre sous-unité.
Les 2 structures importantes se situent dans l'hélice 44.
c) Streptomycine
La chaîne polypeptidique est synthétisée à partir de son extrémité N-terminale vers son extrémité
C-terminale.
Howard Dintzis extrait un réticulocyte qui assure la synthèse d'hémoglobine (chaîne a et b globine)
Son expérience démontre que la synthèse se fait progressivement du N vers le C terminal.
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2. Les étapes
a) L'initiation
En faisant un gradient de sucrose dans un tube à essai, et en récoltant les différentes fractions
ribosomiques obtenues, alors on a les différents constituants des ribosomes avec les sous-unité et
les facteurs.
Les facteurs IF1 et 3 se lient à la petite sous-unité. Le codon initiateur est le codon AUG.
Comment le ribosome fait la différence entre une méthionine interne et un codon initiateur ?
Cela est possible grâce au positionnement de la sous-unité 30S qui doit se fixer uniquement au
niveau de l'AUG initiateur.
Il existe des séquences consensus situés en amont du codon initiateur : ce sont les séquences de
Shine Dalgarno.
La séquence SD + le site AUG correspond au site de fixation du ribosome.
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Le site A est toujours bloqué par le IF1.
Cette situation est unique à l'initiation : les codons entrent normalement par le site A.
Des complexes ternaires entre par le site P et causent la séparation des facteurs.
L'ARNt lié à sa méthionine initiatrice est apporté par l'IF 2GTP fMET. C'est uniquement pour la
méthionine initiatrice que ce processus est utilisé.
Lorsque l'ARNt est formylé alors la méthionine est en position d'initiation alors que l'ARNt n'est
pas formylé s'il s'agit d'une méthionine intrapeptidique.
L'incorporation de l'ARNt sur la méthionine se fait par la même enzyme : aminyacyl ARNt
synthétase.
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b) Élongation
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Mécanisme de décodage
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La translocation
c) La terminaison
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3. La différence entre les procaryotes et les eucaryotes
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– Les ARNt sont différents, chez les eucaryotes il n'a pas de formylation.
– Il y a plus de facteurs de transcription chez les eucaryotes (plus complexe)
– Chez les eucaryotes, il n 'y a pas de séquence de Shine Dalgarno. La purine en -3 et le G en
+4 sont très important pour une bonne efficacité.
L'opéron lactose :
Sur l'ADN il y a le promoteur et opérateur avec le séquence de terminaison de la transcription.
Lac Z code pour la Bêta galactosidase et
Lac Y code pour la perméase
Lac A code pour la transacétylase.
Chaque séquence possède son codon STOP et sa séquence Shine Dalgarno.
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Chez les eucaryotes il y a 3 ARN polymérase contre une chez les procaryotes.
Chez les eucaryotes, il y a :
– mise en place d'une coiffe. La coiffe est une liaison très particulière. C'est la guanylyl
transférase qui transfert un guanine avec une modification au niveau d'un azote : il y a une
méthylation.
– mise en place d'une queue poly A se fait par la poly A polymérase.
Ce sont 2 modifications qui sont nécessaires pour le transport, l'efficacité de la transcription et la
protection des ARN.
La coiffe lie un facteur eIF-4E, ce qui permet la circularisation de l'ARN et joue un rôle dans
l'efficacité de synthèse. Les messagers sont donc bien circulaires.
Chez les procaryotes, en amont de l'AUG initiateur il y a le site de fixation du ribosome. C'est la
séquence de Shine Dalgarno.
Chez les eucaryotes, la mise en place du ribosome se fait au niveau de la coiffe. Il y a un balayage
jusqu'à l'AUG. La majorité des petites sous-unités vont se fixer et la traduction peut commencer.
Si on est dans un contexte favorable, il y a fixation de l'ARNt sur l'AUG, puis fixation de la grosse
sous-unité sur la petite sous-unité.
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60S pour former le complexe d'initiation.
EIF2GTP permet la fixation au niveau de la coiffe. La petite sous unité va progresser grâce à eIF4A
(hélicase) jusqu'à un AUG. Si le contexte est favorable, alors elle s'arrête de scanner et se lie pour
amorcer la traduction.
Si le contexte n'est pas favorable alors les ribosomes vont continuer à scanner jusqu'à atteindre un
autre AUG favorable.
Certains ARNm de virus vont détourner la machinerie cellulaire.
Les virus ont une structure IRES qui permet l'accrochage de la petite sous-unité sur cette structure.
Il n'y a pas de complexe de coiffe. Ce virus va inhiber la traduction coiffe dépendante et activer la
transcription par IRES.
A la sortie du tunnel, la protéine va avoir une conformation.
Elle possède :
– une conformation
– un adressage
– des modifications
– des dégradations (informations qui déterminent sa vie)
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