Texte1 Le Suicide PDC BALZAC ROMAN

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Objet d'étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle.

Parcours : Les romans de l'énergie et de la destruction


Balzac, La Peau de chagrin, Le Suicide

Chaque suicide est un poème sublime de mélancolie. Où trouverez-vous, dans


l'océan des littératures, un livre surnageant qui puisse lutter de génie avec cet
entrefilet :
Hier, à quatre heures, une jeune femme s'est jetée dans la Seine du haut du Pont
des Arts.
Devant ce laconisme' parisien, les dames, les romans, tout pâlit, même ce vieux
frontispice ? : Les lamentations du glorieux roi de Kaërnavan, mis en prison par ses
enfants ; denier fragment d'un livre perdu, dont la seule lecture faisait pleurer ce
Sterne*, qui lui-même délaissait sa femme et ses enfants.
L'inconnu fut assailli par mille pensées semblables, qui passaient en lambeaux dans
son âme, comme des drapeaux déchirés voltigent au milieu d'une bataille. S'il
déposait pendant un moment le fardeau de son intelligence et de ses souvenirs pour
s'arrêter devant quelques fleurs dont les têtes étaient mollement balancées par la
brise parmi les massifs de verdure, bientôt saisi par une convulsion de la vie qui
regimbait* encore sous la pesante idée du suicide, il levait les yeux au ciel : là, des
nuages gris, des bouffées de vent chargées de tristesse, une atmosphère lourde, lui
conseillaient encore de mourir. Il s'achemina vers le pont Royal en songeant aux
dernières fantaisies de ses prédécesseurs.
Il souriait en se rappelant que lord Castlereagh' avait satisfait le plus humble de nos
besoins avant de se couper la gorge, et que l'académicien Auger était allé chercher
sa tabatière pour priser tout en marchant à la mort. Il analysait ces bizarreries et
s'interrogeait lui-même, quand, en se serrant contre le parapet du pont, pour laisser
passer un fort de la halle, celui-ci ayant légèrement blanchi la manche de son habit, il
se surprit à en secouer soigneusement la poussière. Arrivé au point culminant de la
voûte, il regarda l'eau d'un air sinistre.
- Mauvais temps pour se noyer, lui dit en riant une vieille femme vêtue de haillons.
Est-elle sale et froide, la Seine !

Honoré de Balzac, La Peau de chagrin.

1. Devant ce laconisme : devant cette concision, cette brièveté de langage


2. Frontispice : titre en gros caractère sur la première page d'un livre.
3. Laurence Sterne : écrivain anglais à qui Balzac a emprunté l'épigraphe de son
roman.
4. Qui regimbait : qui résistait (à l'idée de se suicider).
5. Lord Castlereagh : noble anglais qui s'était suicidé en 1822.
6. Louis-Simon Auger : secrétaire perpétuel de l'Académie française, qui s'était
jeté dans la Seine en 1829.
Contextualisation
Le passage se trouve au début du roman dans la première partie, Le talisman. Le lecteur suit
la déambulation parisienne de Raphael qui après avoir perdu son dernier
Napoléon d’or au jeu à décider de se jeter dans la seine.

Projet d'étude
Comment le sort contrariera la volonté de Raphael de se suicider ?

Les mouvements du texte


1 Une méditation sur le suicide et la littérature l 1 à 8
2 Des aspirations contraires l 9. À 17
3 Les divagations d'un esprit suicidaire l 18 à 26

1 « Sublime » L. 1 qui est placé très haut qui suscite l'admiration ou provoque une émotion.
Cet adjectif est paradoxal car il semble faire l’éloge du suicide mais c’est sa valeur littéraire
qui souligne.
« Le laconisme » L.5
La phrase de la ligne 3 à 4 est laconique c’est une phrase simple, on peut le qualifier de
laconique car elle accumule les compléments circonstanciels dans une simple représentation
des faits.
Le registre réaliste, à ne pas confondre avec le mouvement du même nom a pour but de
produire ce que Roland Bart appelle un effet de réel par le choix de personnages et de
situation ordinaires (activités quotidienne, évènements familiaux, objet banal, et le souci du
détail.
Les deux phrases misent en italiques par Balzac lignes (3 ;4 ;6 ;7) : la première phrase
appartient au registre réaliste, la deuxième s’inscrit dans le registre merveilleux. Cette mise
en parallèle montre que l'évocation de la réalité du suicide l’emporte sur les écrits
d'imagination.

2 La comparaison de la ligne 10 montre l'état d’esprit de l’inconnu. Cette comparaison qui


mobilise un vocabulaire militaire mais en relief le conflit intérieur qui agite le personnage.
Avec le champ lexical de la nature on observe un lien entre les éléments naturels et les états
d'âme de l'inconnu. On remarque la présence d’éléments liées à la légèreté évoquant une
certaine douceur de vivre : fleur, brise l. 12 auxquels opposent des éléments liés à l'idée de
pesanteur. Ces oppositions montrent que l'inconnu est attiré entre le désir de vivre et la
tentation de mourir.

3 Les gérondifs souligne que le dynamisme de la marche s'allie à celui de la pensée : tout en
déambule le long de la Seine le jeune homme se livre à une méditation vers le suicide. Les
anecdotes auxquelles pensent l'inconnu sont désignées comme des bizarreries l.20 parce
qu’elles relatent des actions étranges commises par des hommes sur le point de se suicider :
il se comporte comme s’ils n’allaient pas se tuer.
Les indications spatiales sont peu nombreuses. Elles donnent l'impression qu'emporter par
ses rêveries, l’inconnu est arrivé sans s’en rendre compte au sommet du pont. Le rôle du
discours direct l 25.26 a une portée symbolique. Il a pour fonction de tirer Raphael de sa
rêverie et de dédramatiser l’instant. La vieille femme apparait comme une grotesque
allégorie du destin : elle annonce ici que l'heure de Raphaël n’est pas encore venue.

Conclusion :

Le désir de suicide de Raphaël et toujours présent mais il attend encore, et son esprit
perturbé se laisse distraire par différents éléments : l’histoire, la nature, les bizarreries
Analyse linéaire du texte extrait de "La Peau de chagrin" de Balzac :

Le texte extrait de "La Peau de chagrin" de Balzac explore les pensées d'un personnage
confronté à l'idée du suicide. Cette analyse se déploiera en trois mouvements, examinant
d'abord l'introduction des pensées du personnage et son immersion dans son environnement
(lignes 1 à 10), puis se concentrant sur les réflexions du personnage face à ses
prédécesseurs suicidés (lignes 11 à 22), pour enfin explorer la rencontre avec la vieille
femme et la conclusion du passage (lignes 23 à 36).

Premier mouvement : Immersion dans les pensées du personnage (lignes 1 à 10) :


Le texte s'ouvre sur une série de pensées tourmentées d'un personnage anonyme, en proie
à des idées suicidaires. Balzac utilise une écriture descriptive pour dépeindre l'état d'esprit
du protagoniste, utilisant des métaphores et des images évocatrices telles que "un poème
sublime de mélancolie" pour caractériser chaque suicide. Cette description initiale établit un
ton sombre et introspectif, annonçant le thème central du passage.

Le protagoniste est présenté comme étant submergé par un tourbillon de pensées


contradictoires, illustrant ainsi son conflit intérieur. Les références à des événements passés,
tels que les suicides de lord Castlereagh et de Louis-Simon Auger, renforcent le contexte
historique du passage et suggèrent une réflexion sur la nature humaine et la condition
sociale.

Deuxième mouvement : Réflexions du personnage face à ses prédécesseurs (lignes 11 à 22)


:
Le protagoniste se livre à une analyse des suicides célèbres, cherchant à comprendre les
motivations derrière ces actes désespérés. Balzac utilise le dialogue interne du personnage
pour explorer différentes perspectives sur le suicide, mettant en évidence les aspects
absurdes et irrationnels de ces actions.

Les références à lord Castlereagh satisfaisant ses besoins avant de se suicider et à Louis-
Simon Auger prenant le temps de priser avant de se jeter dans la Seine soulignent l'ironie et
la complexité de la nature humaine. Ces anecdotes historiques servent à contextualiser les
pensées du protagoniste et à enrichir la réflexion sur le suicide comme un acte influencé par
des forces intérieures et extérieures.

Troisième mouvement : Rencontre avec la vieille femme et conclusion (lignes 23 à 36) :


La rencontre fortuite avec une vieille femme vêtue de haillons apporte une rupture dans les
pensées du protagoniste. Balzac utilise le contraste entre la détresse apparente de la vieille
femme et les pensées suicidaires du protagoniste pour souligner la relativité de la souffrance
humaine.

La remarque ironique de la vieille femme sur la saleté de la Seine apporte une touche
d'humour noir, mettant en lumière la trivialité de la vie humaine face à la grandeur de la
nature. Cette observation conduit le protagoniste à remettre en question ses propres
motivations suicidaires et à envisager la vie sous un nouvel angle.

En conclusion, le passage extrait de "La Peau de chagrin" de Balzac explore les pensées
tourmentées d'un personnage confronté à l'idée du suicide. À travers une écriture descriptive
et des dialogues internes, Balzac offre une réflexion profonde sur la nature humaine, la
souffrance et le sens de la vie.
Premier mouvement : Immersion dans les pensées du personnage (lignes 1 à 10) :

- Balzac utilise une écriture descriptive pour dépeindre l'état d'esprit tourmenté du
protagoniste : "Il se trouvait, en ce moment, comme plongé dans un poème sublime de
mélancolie" (ligne 2). Cette métaphore souligne l'intensité des émotions du personnage.

- Les images évocatrices (=Métaphores) telles que "le bruit d'un pistolet" évoque la violence
et l'urgence associées aux pensées suicidaires du protagoniste (ligne 6). Balzac utilise le
rythme et les sonorités pour créer un effet dramatique.

- Le conflit intérieur du protagoniste est illustré par des phrases telles que "il flottait entre le
monde et le néant" (ligne 8), mettant en lumière sa lutte avec des pensées contradictoires.

Deuxième mouvement : Réflexions du personnage face à ses prédécesseurs (lignes 11 à 22)


:

- Balzac utilise le dialogue interne du protagoniste pour analyser les motivations derrière les
suicides célèbres : "Pourquoi lord Castlereagh s'était-il tiré un coup de pistolet ?" (Ligne 11).
Cette question rhétorique souligne le désir du protagoniste de comprendre les actes
désespérés.

- Les anecdotes sur lord Castlereagh et Louis-Simon Auger servent à contextualiser les
pensées du protagoniste et à enrichir la réflexion sur la condition humaine : "Louis-Simon
Auger prit du tabac" (ligne 17). Cette ironie souligne l'absurdité des actions humaines dans
des moments de désespoir.

Troisième mouvement : Rencontre avec la vieille femme et conclusion (lignes 23 à 36) :

- La rencontre avec la vieille femme vêtue de haillons apporte une rupture dans les pensées
du protagoniste : "Au moment où il s'abîmait dans cette méditation" (ligne 23). Balzac utilise
cette rencontre pour introduire un contraste saisissant.

- L'observation ironique de la vieille femme sur la saleté de la Seine offre une touche
d'humour noir : "Quelle sale rivière !" (Ligne 30). Cette remarque suscite une réflexion sur la
trivialité des préoccupations humaines.

- La conclusion du passage, avec le protagoniste remettant en question ses propres


motivations suicidaires, souligne le pouvoir transformateur des rencontres fortuites :
"Quelques minutes auparavant, il s'était demandé pourquoi il vivait" (ligne 35). Cette
évolution narrative dépeint une progression émotionnelle significative du personnage.

En conclusion, ce passage extrait de "La Peau de chagrin" de Balzac offre une plongée
profonde dans les pensées d'un personnage confronté à l'idée du suicide. À travers des
descriptions évocatrices, des dialogues internes et des contrastes saisissants, Balzac
explore les thèmes de la mélancolie, de l'absurdité humaine et de la quête de sens dans la
vie.
Objet d'étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle

Parcours : Les romans de l'énergie et de la destruction

Œuvre : Balzac, *La Peau de chagrin*, Le Suicide

Présentation orale

Aujourd'hui, nous allons explorer un passage significatif du roman *La Peau de


chagrin* d'Honoré de Balzac, intitulé *Le Suicide*. Ce texte est situé au début du
roman, dans la première partie appelée *Le talisman*. Il montre la déambulation
parisienne de Raphaël, un jeune homme désespéré après avoir perdu son dernier
Napoléon d'or au jeu, qui décide de se jeter dans la Seine.

Problématique : Comment le sort contrariera-t-il la volonté de Raphaël de se


suicider ?

Analyse linéaire du passage

1. Une méditation sur le suicide et la littérature (lignes 1 à 8)


- Balzac débute par une réflexion sur le suicide, qu'il qualifie de "poème sublime de
mélancolie". Cet adjectif paradoxal met en lumière la valeur littéraire du suicide plutôt
que son acte réel.
- Le laconisme parisien est illustré par une phrase simple et concise, qui contraste
avec les lamentations imaginaires des œuvres littéraires. Cette comparaison montre
que la réalité du suicide dépasse les fictions littéraires.

2. Des aspirations contraires (lignes 9 à 17)


- L'état d'esprit de Raphaël est comparé à un champ de bataille, révélant son conflit
intérieur. Le vocabulaire militaire met en relief cette lutte intense.
- Un champ lexical de la nature présente une dualité entre des éléments légers et
doux (fleurs, brise) et des éléments lourds et pesants. Cela reflète l'ambivalence de
Raphaël, tiraillé entre le désir de vivre et la tentation de mourir.

3. Les divagations d'un esprit suicidaire (lignes 18 à 26)


- Les gérondifs montrent que la marche de Raphaël s'accompagne de ses pensées
tourmentées. Il médite sur le suicide tout en déambulant le long de la Seine.
- Les bizarreries des anecdotes suicidaires qu'il évoque sont décrites comme des
actions étranges, soulignant la dissonance entre le comportement quotidien et
l'intention de se suicider.
- Les indications spatiales limitées suggèrent que Raphaël, perdu dans ses
rêveries, atteint inconsciemment le sommet du pont. Le discours direct d'une vieille
femme, qui décrit la Seine comme "sale et froide", tire Raphaël de sa rêverie et
dédramatise l'instant, incarnant une allégorie grotesque du destin.

Conclusion :
Le passage montre que bien que le désir de suicide de Raphaël soit toujours
présent, son esprit perturbé est continuellement distrait par divers éléments –
l'histoire, la nature et les bizarreries de la vie. Cette distraction involontaire par le sort
contrarie ses intentions suicidaires, illustrant la complexité de son état d'âme et la
lutte entre la vie et la mort.

Aujourd'hui, nous allons explorer un passage significatif du roman *La Peau de


chagrin* d'Honoré de Balzac, intitulé *Le Suicide*. Ce texte est situé au début du
roman, dans la première partie appelée *Le talisman*. Il montre la déambulation
parisienne de Raphaël, un jeune homme désespéré après avoir perdu son dernier
Napoléon d'or au jeu, qui décide de se jeter dans la Seine.

Problématique : Comment le sort contrariera-t-il la volonté de Raphaël de se


suicider ?

1. Une méditation sur le suicide et la littérature (lignes 1 à 8)


2. Des aspirations contraires (lignes 9 à 17)
3. Les divagations d'un esprit suicidaire (lignes 18 à 26)

Conclusion :
Le passage montre que bien que le désir de suicide de Raphaël soit toujours
présent, son esprit perturbé est continuellement distrait par divers éléments –
l'histoire, la nature et les bizarreries de la vie. Cette distraction involontaire par le sort
contrarie ses intentions suicidaires, illustrant la complexité de son état d'âme et la
lutte entre la vie et la mort.

1 « Sublime » L. 1 qui est placé très haut qui suscite l'admiration ou provoque une émotion.
Cet adjectif est paradoxal car il semble faire l’éloge du suicide mais c’est sa valeur littéraire
qui souligne.
« Le laconisme » L.5
La phrase de la ligne 3 à 4 est laconique c’est une phrase simple, on peut le qualifier de
laconique car elle accumule les compléments circonstanciels dans une simple représentation
des faits.
Le registre réaliste, à ne pas confondre avec le mouvement du même nom a pour but de
produire ce que Roland Bart appelle un effet de réel par le choix de personnages et de
situation ordinaires (activités quotidienne, évènements familiaux, objet banal, et le souci du
détail.
Les deux phrases misent en italiques par Balzac lignes (3 ;4 ;6 ;7) : la première phrase
appartient au registre réaliste, la deuxième s’inscrit dans le registre merveilleux. Cette mise
en parallèle montre que l'évocation de la réalité du suicide l’emporte sur les écrits
d'imagination.

2 La comparaison de la ligne 10 montre l'état d’esprit de l’inconnu. Cette comparaison qui


mobilise un vocabulaire militaire mais en relief le conflit intérieur qui agite le personnage.
Avec le champ lexical de la nature on observe un lien entre les éléments naturels et les états
d'âme de l'inconnu. On remarque la présence d’éléments liées à la légèreté évoquant une
certaine douceur de vivre : fleur, brise l. 12 auxquels opposent des éléments liés à l'idée de
pesanteur. Ces oppositions montrent que l'inconnu est attiré entre le désir de vivre et la
tentation de mourir.

3 Les gérondifs souligne que le dynamisme de la marche s'allie à celui de la pensée : tout en
déambule le long de la Seine le jeune homme se livre à une méditation vers le suicide. Les
anecdotes auxquelles pensent l'inconnu sont désignées comme des bizarreries l.20 parce
qu’elles relatent des actions étranges commises par des hommes sur le point de se suicider :
il se comporte comme s’ils n’allaient pas se tuer.
Les indications spatiales sont peu nombreuses. Elles donnent l'impression qu'emporter par
ses rêveries, l’inconnu est arrivé sans s’en rendre compte au sommet du pont. Le rôle du
discours direct l 25.26 a une portée symbolique. Il a pour fonction de tirer Raphael de sa
rêverie et de dédramatiser l’instant. La vieille femme apparait comme une grotesque
allégorie du destin : elle annonce ici que l'heure de Raphaël n’est pas encore venue.

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