Etat Sociale DISS

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Introduction

En temps de crise, telle que celle provoquée par le Covid-19, les États sont fortement sollicités. Et la
responsabilité principale incombe à l'État et à son pouvoir régalien. Les États touchés ont réagi
différemment mais pour un seul objectif : lutter contre le virus. Les stratégies mises en place par
chaque État témoignent d’une réorientation presque radicale dans leurs modes d’intervention
quotidienne. En un mot, le Covid-19 bouleverse les priorités.

Cette crise mondiale a été exceptionnelle à la fois par sa nature et par l'ampleur de ses répercussions
sociales et économiques à l'échelle internationale. Les impacts au niveau national ont été sévères, en
raison des faiblesses et fragilité structurelles préexistantes dans certains modes de gestion de certains
secteurs, ce qui a exacerbé les difficultés rencontrées par notre pays, notamment en raison du retard
accumulé dans la mise en œuvre de grands projets sociaux.

Dans cette optique, et face aux dangers du Covid-19, les orientations royales, les programmes
gouvernementaux et les stratégies contenues dans le nouveau modèle de développement ont tous mis
l'accent sur les programmes sociaux comme priorité des politiques publiques au Maroc. Une attention
particulière a été accordée à l'établissement d'un État social pour toutes les composantes de la société
marocaine.

Au XIXe siècle, le concept d'État social est apparu dans le langage politique, notamment avec
Bismarck, qui l'a introduit dans un contexte spécifique. Initialement, il était destiné à mettre en place
une protection sociale afin de contrer l'influence politique croissante du parti social-démocrate, qui
était alors interdit, et à intégrer le mouvement ouvrier allemand. Cette définition, qui se limitait à la
protection sociale au départ, a ensuite été élargie pour inclure quatre piliers essentiels de l'État social :
la protection sociale, la réglementation des rapports de travail (telles que le droit du travail et la
négociation collective), les services publics et les politiques économiques de soutien à l'activité et à
l'emploi (telles que les politiques budgétaires, monétaires et commerciales, ainsi que celles relatives
aux revenus).

Ces piliers de l'État social font face à d'importants défis qui freinent le développement social au sein
de notre pays, une réalité dont chacun est conscient. En réponse, le Maroc a lancé d'ambitieuses
réformes, réalisé des progrès significatifs et adopté des politiques économiques prometteuses,
susceptibles d'avoir un impact positif tant sur le plan économique que social.

Face à ces constats, une problématique cruciale se pose : quels sont les défis à surmonter pour
concrétiser les fondements de l'État social au Maroc ? Et quelles mesures sont actuellement mises en
œuvre avec rigueur et objectivité pour instaurer un changement social majeur ?

Pour répondre à cette problématique, un plan en deux parties est nécessaire : la première partie
consiste à décrire les défis rencontrés dans la mise en place des piliers de l'État social au Maroc, tandis
que la seconde partie aborde les mesures concrètes entreprises par le royaume pour établir les bases de
l'État social.

Partie I : défis de la mise en place des programmes sociaux et la concrétisation de l’Etat sociale
au Maroc

Plusieurs défis peuvent menacer le système de protection sociale au Maroc, et entravent bel et bien la
concrétisation de l’État sociale. Parmi ces défis, le déficit social se démarque en premier lieu. Ce
déficit, qui affecte la population, représente un facteur potentiel d'instabilité sociale. Il peut
compromettre la cohésion nationale et constituer un obstacle sérieux aux transformations économiques
du pays. Ce déficit se manifeste à travers diverses disparités, notamment en termes de revenu. De plus,
l'accès aux services sociaux de base tels que les soins de santé et l'éducation reste inégal, ce qui
contribue à perpétuer les inégalités sociales et économiques.

S’agissant du second défi, il est relatif à la faiblesse et l’incapacité de répondre à la demande des
citoyens en termes de soins en raison de la masse population qui connait une transition démographique
accélérée. En effet, la couverture et la généralisation de la protection sociale est un défi global et n’est
pas spécifique à l’économie nationale.

Un troisième défi majeur concerne la capacité à fournir des prestations de qualité et à combler les
lacunes existantes dans le système national de protection sociale. Cela englobe plusieurs aspects,
notamment la qualité, l'équité et l'ampleur de la couverture des risques pour les populations
bénéficiaires du secteur formel. Il s'agit également de garantir une répartition équitable des ressources
humaines et des infrastructures, en particulier dans le domaine des services de santé. En outre, des
mesures d'accompagnement sont nécessaires pour renforcer les capacités du personnel médical. Cela
comprend l'intensification des programmes de formation et le renforcement des compétences des
professionnels de la santé. Il est essentiel de renforcer les capacités médicales nationales et de
remédier au déficit de personnel médical en ouvrant le secteur de la santé aux compétences étrangères
et à l'investissement étranger. En capitalisant sur les expériences réussies, il est possible d'améliorer
l'efficacité du système de protection sociale et de fournir des services de santé de qualité à l'ensemble
de la population.

Sans oublier qu’un défi clé réside dans la mobilisation des ressources financières nécessaires et assurer
la durabilité et la soutenabilité du financement du système de protection sociale, notamment pour
couvrir les coûts croissants et des soins de santé et ceux relatif à la réforme de système de santé, y
compris les dépenses liées à la technologie médicale avancée et aux médicaments coûteux, comme
souligné par le Wali de la BAM. Mobiliser des ressources financières considérables pour élargir la
couverture sociale et garantir la viabilité à long terme du système constitue donc un enjeu crucial. Une
approche stratégique et une gestion rigoureuse des ressources financières disponibles est nécessaire
pour relever ce défi et assurer la pérennité et l'efficacité du système de santé.

Dans ce sens, toujours se pencher vers un emprunt national n’est pas une solution à court et long
terme. Aussi, l’État doit impérativement accélérer le chantier de la révision de sa politique
actionnariale à travers l’opérationnalisation de l’agence des participations de l’Etat et la restructuration
de certains établissements et entreprises publiques marchands.

Ensuite, l’intégration du secteur informel dans l’économie organisée apparait comme un outil et une
nécessité pour améliorer les recettes de l’Etat, créer un cadre sain de compétitivité des entreprises et
faire face à une concurrence déloyale. L’efficacité de la réforme fiscale apaisera le déficit public et
participera d’une façon indirecte au financement de l’Etat sociale

Le dernier défi est celui de l’accélération du processus de la régionalisation avancée avec une
déconcentration effective et une levée des réticences qui la retardent. Il s’agit d’un véritable transfert
de pouvoirs et de moyen aux régions et garantir des politiques sectorielles dynamiques pour lesquelles
les régions disposent d’avantage comparatifs dans le cadre des visions stratégiques à moyen et long
terme.

S’ajoutant à tous ces préalables, le défi de la réforme de l’administration catalyseur de toutes réformes,
la légifération rapide dont se base toute nouvelles stratégies et approches, les compétences humaines
nécessaires et capables de tourner la roue de ce train de changements, et la nécessité de rendre le
Maroc un pays totalement numérique à l’horizon de 2025, doivent être prises en comptes afin de
consolider tout acquis

La question de l’ancrage des avancées démocratiques et de développement dans notre pays, en tant
que passerelle vers la transformation de l’économie nationale et la promotion de dignité et de justice
sociale, ne saurait aboutir sans poursuivre les sacrifices, sans faire preuve de créativité et d’innovation
et sans une mobilisation collective responsable de toutes les composantes de la société marocaine.

Partie II : l’Etat sociale au Maroc : mesures appliquées :

La notion de l’État social a été largement utilisée par le gouvernement en lui consacrant toute une
partie dans son programme. Et depuis lors, elle revient comme un leitmotiv dans la littérature officielle
et les interventions publiques. La notion englobe l’instauration d’un revenu minimum de dignité,
l’aide aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap, la protection sociale et le
développement du capital humain. Au Maroc nous sommes en face d’un « État social à minima » plus
large que la protection sociale, plus réduit que ce que préconise la définition extensive.

L'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), lancée en 2005 par Sa Majesté le Roi
Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, représente l'un des premiers efforts dans la lutte contre les
inégalités et la première pierre angulaire de jeter les bases de l’État social. Elle est conçue comme un
projet stratégique visant à atténuer les importantes disparités socio-économiques, à promouvoir
l'intégration économique des populations les plus vulnérables, et à préserver leur dignité. Au cours de
ses phases I et II, entre 2005 et 2011, l'initiative a défini plusieurs programmes d'action, notamment :
Le Programme 1 de l'INDH vise à combler le déficit en infrastructures et services sociaux de base
pour lutter contre les disparités sociales et territoriales. Quant au Programme 2, il s'attaque au soutien
des populations vulnérables en proposant des mesures d'accompagnement et de réinsertion socio-
économique. Le défi de l'emploi est au cœur du Programme 3, avec des actions visant à améliorer
l'employabilité des jeunes et à créer des opportunités d'emploi, tout en favorisant la création de valeur
au niveau local. Enfin, le Programme 4 met l'accent sur l'impulsion du capital humain des générations
montantes à travers des thématiques prioritaires telles que la santé maternelle et infantile, la nutrition,
l'enseignement préscolaire et l'épanouissement scolaire, contribuant ainsi à la réforme des secteurs de
la santé et de l'éducation.

Plus récemment, ce programme grandiose de réformes a été couronnée, de prime abord, la réforme du
secteur de la santé s’inscrit dans le cadre d’un projet d’envergure visant à généraliser la protection
sociale à l’ensemble des citoyennes et des citoyens, lancé par Sa Majesté Mohammed VI en 2020.
dont le coût global s’élève à près de 51 milliards de dirhams, et dont le déploiement se décline selon 4
axes et se fera d’une manière progressive sur une période de 5 ans. D’emblée, la généralisation de la
couverture médicale obligatoire ( AMO ) en faveur de 22 millions de bénéficiaires additionnels, vient
ensuite la généralisation des allocations familiales qui bénéficieront à près de 7 millions d’enfants en
âge de scolarité, en faveur de 3 millions de familles, l’élargissement de la base d’adhérents au régime
de retraite au profit de la population active, et enfin la généralisation de l’indemnité pour perte
d’emploi au profit de toute personne ayant un emploi régulier.

Cette nouvelle approche dans la gestion des programmes d'aide aux familles à faible revenu vient en
application des directives royales qui ont mis l’accent sur l'urgence de réformer l'offre sociale des
programmes d'assistance. Par une véritable réforme des régimes et programmes sociaux actuellement
en vigueur, afin de jeter les jalons d’un nouveau cheminement en matière d’action sociale, basé sur la
qualité, une plus grande précision dans l’élaboration des programmes, la généralisation des procédures
de suivi et d’évaluation d’impact, l’incitation à l’innovation et la réalisation de résultats. Ainsi,
l'inscription au Registre National de la Population (RNP) pour obtenir un « identifiant civil et social
numérique » est une étape essentielle précédant l'enregistrement au Registre Social Unifié (RSU).
Cette démarche permet de calculer l'indice social et économique des familles (Score Social) en
fonction duquel les individus et les familles sont éligibles pour bénéficier des différents programmes
de soutien mis en place par l’État, avec en tête « AMO-Tadamoun » et le reste des programmes de
soutien.

Cependant, la réussite du chantier de généralisation de la protection sociale dans son volet couverture
médicale est conditionnée par la mise à niveau du système national de santé pour qu’il soit à même de
répondre efficacement aux besoins croissants des citoyennes et des citoyens en services de santé de
qualité. Pour y parvenir, et selon les recommandations du NMD, Des réformes en urgence ont vu le
jour, la plus pertinente est cette de la santé, un projet de loi-cadre n°06-22 relatif au système national
de santé, a été adopté en Conseil des Ministres du 13 juillet 2022 et il intègre la feuille de route
globale pour la réforme du secteur de santé. L’objectif général de la nouvelle réforme est de « faciliter
l'accès des citoyens aux services de santé, d'améliorer la qualité de ces services et d'assurer une
répartition égale et équitable de l'offre de soins sur l'ensemble du territoire national. La refonte
profonde du système national de santé, notamment à travers l’amélioration de l’offre de soins, la mise
en place d’une politique innovante et incitative en matière des RH et l’identification et l’évaluation des
filières de soins.

Ces ambitions, ainsi, portées par notre pays ne peuvent être concrétisées sans un capital humain
renforcé et mieux préparé pour l’avenir et qui constitue le socle de la consolidation de l’Etat social.
Ceci passe, essentiellement, par l’impulsion de la qualité du système éducatif et d’enseignement
supérieur, la consolidation du système de protection sociale et le renforcement de l’accès à l’emploi. A
cet égard, la réforme du système éducatif au titre de la période 2022-2026 constitue un chantier
stratégique qui vise à réaliser une renaissance éducative à même d’offrir à l'enfant les conditions
adéquates pour achever sa scolarité obligatoire et développer ses compétences et ses capacités. Pour ce
faire, ladite feuille de route repose sur trois axes majeurs à savoir : l’enseignant, l’étudiant et les
établissements d'enseignement. Dans le même sillage, les pouvoirs publics ont poursuivi la mise en
œuvre des mesures visant le renforcement de l’égalité des chances et la réduction des disparités entre
les sexes ainsi par milieux géographiques et socio-économiques et ce, dans le cadre des programmes
d’appui social à la scolarisation (programme TAYSSIR, un million de cartables, des bourses
d’internats et cantines scolaires,).

La mise en place de la feuille de route 2022-2026 s'inscrit dans la continuité des efforts de réforme
éducative au Maroc et repose sur deux références stratégiques à long terme, à savoir la loi-cadre 17-51
et le nouveau modèle de développement du Royaume, ainsi que sur une référence stratégique à moyen
terme définie par le programme gouvernemental, visant à réduire de manière significative le taux
d'abandon scolaire et à augmenter le niveau d'acquisition des compétences de base des apprenants à
70%, par rapport au taux actuel de 30%. Ses objectifs incluent la réduction d'un tiers du taux de
déperdition scolaire, l'amélioration de la qualité des acquis et des apprentissages en augmentant le taux
d'acquisition des compétences de base des apprenants à deux tiers, et en veillant à ce que la moitié
d'entre eux bénéficie d'activités parascolaires.

Ainsi, jeter les bases d’un État sociale solide consolidé, capable de faire face aux bouleversements ne
doit pas se contenter du minima. dans cette perspective , diverses dispositions ont été mises en place
dans le cadre du nouvel élan donné à l’emploi en prenant en compte les différentes tranches d’âges et
les spécificités de chaque domaine, la poursuivre les programmes initiés, à travers notamment la mise
en œuvre du programme « Awrach », au cours des années 2022 et 2023, et l’encouragement les
initiatives des jeunes entrepreneurs dans le domaine agricole et poursuivra la mise en œuvre du
programme « Intelaka », outre le programme « Forsa » consistant à soutenir les initiatives
individuelles, via un accompagnement et une formation tout au long des phases de réalisation du
projet.

Conclusion :

Tout en tenant compte des évolutions des contextes nationale et internationale, et conformément aux
Hautes Orientations Royales et aux engagements du Gouvernement, La Loi de finances pour l’année
2023 accorde une attention particulière au renforcement des fondements de l’État social. Elle a mis en
avant quatre objectifs, la relance de l'économie nationale à travers le soutien de l'investissement, la
consécration de l’équité territoriale ainsi que le rétablissement des marges budgétaires pour assurer la
pérennité des réformes. Ainsi que la LF 2024 s’est fixé des objectifs prioritaires dans le cadre de La
poursuite de la consolidation des fondements de l’État Social. Le gouvernement maintient donc le cap
qu’il s’est fixé depuis son investiture. Ce qui n’est pas chose facile, vu le contexte dans lequel ce
dernier a pris en main la gestion des affaires publiques. Le Chef du gouvernement le confirmera, lui-
même, à l’occasion de son passage devant le Parlement en Octobre 2022 « afin de répondre aux
aspirations existantes, nous nous trouvons au sein du gouvernement, face à une équation
complexe composée, d’une part, des retombées des crises et défis survenus et, d’autre part, d’un
legs lourd de dossiers en suspens. Ceci ne nous fait pas pour autant perdre de vue notre boussole
». Ladite boussole présente trois repères : les orientations royales, des recommandations pertinentes du
NMD et les aspirations des Marocains et leurs priorités.

Ainsi, la poursuite de la mise en œuvre du chantier de la généralisation de la protection sociale et le


renforcement du rôle de l’État dans la réduction des disparités sociales, les réformes de l’enseignement
et de la santé et la promotion de l’emploi sont autant de chantiers dans lesquels le gouvernement s’est
pleinement investi durant les deux dernières décennies et qu’il compte poursuivre avec autant de
détermination pour l’année prochaine.

Le financement de ces réformes représente un défi majeur dans la garantie de sa pérennité. Pour
assurer un financement adéquat, il est nécessaire de trouver des sources durables et suffisantes.
Cependant, cela peut être complexe, car les ressources financières ne sont pas tombées du ciel et
doivent être allouées de manière efficace pour répondre aux besoins croissants de la population en
matière de santé d’éducation, de service publique…etc

Par ailleurs, il est important de noter que le financement de ce chantier de grande ampleur ne peut pas
reposer uniquement sur les ressources publiques. Il est également nécessaire d'explorer d'autres
sources de financement, telles que les partenariats public-privé, les assurances privées et les
contributions des bénéficiaires de services de santé.

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