Jhydr 0000-0001 1998 Act 25 2 5568

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Journées de l'Hydraulique

1 -Apport de la modélisation de la pluie en débit pour la


connaissance de la ressource en eau et la prédétermination des
crues
Jacques Lavabre, Patrick Arnaud, N. Folton, J.M. Masson

Résumé
La disponibilité actuelle de moyens de calcul puissants et les bases de données géographiques permettent d'aller au-delà des
simples statistiques pour résoudre les problèmes hydrologiques d'évaluation de la ressource en eau et de prédétermination des
crues. Associées à des générateurs de pluie, des modélisations de la pluie en débit sont à même de générer de longues
chroniques continues de débit et des hydrogrammes de crue. Ces chroniques sont alors disponibles pour aborder différentes
problématiques : confrontation ressource-besoin, règles de gestion d'une retenue d'eau, crue de projet ... L'utilisation de
modèles simples laisse entrevoir de réelles possibilités de régionalisation et d'intégration dans des systèmes d'information
géographique ainsi que des possibilités de simulation des impacts liés aux activités anthropiques.

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Lavabre Jacques, Arnaud Patrick, Folton N., Masson J.M. 1 -Apport de la modélisation de la pluie en débit pour la
connaissance de la ressource en eau et la prédétermination des crues . In: L'école française de l'eau au service du
développement mondial. Congrès de la Société Hydrotechnique de France. 25èmes journées de l'hydraulique. Chambéry, du
15 au 18 septembre 1996. Tome 2, 1998;

https://www.persee.fr/doc/jhydr_0000-0001_1998_act_25_2_5568

Fichier pdf généré le 26/10/2020


APPORT DE LA MODELISATION DE LA PLUIE EN DEBIT POUR LA CONNAISSANCE
DE LA RESSOURCE EN EAU ET LA PREDETERMINATION DES CRUES

J. LAVABRE,P. ARNAUD etN. FOLTON


CEMAGREF Aix en Provence
J.M. MASSON
Groupe hydrologie de l'UMR 5569, Université de Montpellier
RÉSUMÉ

La disponibilité actuelle de moyens de calcul puissants et les bases de données géographiques


permettent d'aller au-delà des simples statistiques pour résoudre les problèmes hydrologiques
d'évaluation de la ressource en eau et de prédétermination des crues. Associées à des générateurs de
pluie, des modélisations de la pluie en débit sont à même de générer de longues chroniques
continues de débit et des hydrogrammes de crue. Ces chroniques sont alors disponibles pour
aborder différentes problématiques : confrontation ressource-besoin, règles de gestion d'une retenue
d'eau, crue de projet ... L'utilisation de modèles simples laisse entrevoir de réelles possibilités de
régionalisation et d'intégration dans des sytèmes d'information géographique ainsi que des
possibilités de simulation des impacts liés aux activités anthropiques.

I. INTRODUCTION

La loi d'orientation, d'aménagement et de développement du territoire affiche, comme il se doit, un


souci de respect du territoire. Elle définit en outre un schéma des espaces naturels et des risques
pour assurer la préservation et la valorisation des ressources patrimoniales, avec un objectif de
réduction des risques. L'Eau est bien sûr concernée dans cette démarche : eau milieu vivant, eau
vecteur, eau ressource renouvelable mais aléatoire, eau et ses pénuries, eau et ses excès ...

Bien gérer la problématique de l'eau, implique une connaissance aussi parfaite que possible de la
disponibilité de la ressource, de sa variabilité, des phénomènes extrêmes ..., et autant que faire ce
peut proposer des scénarios prospectifs pour l'analyse du risque et la gestion des crises, dans
un avenir où les effets anthropiques sont mal maîtrisés (changement climatique, occupation de
l'espace ...).

Et on peut faire le constat que, malgré le développement des puissances de calcul, la disponibilité
d'outils tels que les modèles numériques de terrain, l'imagerie satellitale, la technicité hydrologique
n'évolue que très lentement et l'ingénierie reste dépourvue d'outils hydrologiques susceptibles
d'aborder l'ensemble des problèmes posés.

Depuis quelques années, le Cemagref - notamment les unités de recherche en hydrologie d' Antony
et d'Aix-en-Provence - s'est investi dans des recherches sur la modélisation de la pluie en débit afin
de mettre à disposition de la communauté hydrologique des outils performants d'utilisation facile.
Nous
écoulements
reportons
de crue
ici lesdes
résultats
bassinsdeversants.
ces recherches pour la connaissance de la ressource en eau et des

II. LA MODÉLISATION : INTÉRÊT POUR LA PRÉDÉTERMINATION DES DÉBITS

Quel que soit leur degré de sophistication, les méthodes hydrologiques ont au moins un point en
commun : elles ne peuvent se passer de l'information des réseaux de mesure, et leurs performances
sont étroitement liées à la disponibilité des chroniques d'informations (dans le temps et dans
l'espace).

349
La modélisation des phénomènes reste empirique (y compris pour les modèles dits physiques) et
fait essentiellement appel à des techniques numériques : statistiques, modèles stochastiques,
modèles déterministes ... L'ensemble de ces techniques reste tributaire de l'information disponible,
notamment les statistiques simples effectuées sur une variable unique (la pluie maximale annuelle
de durée une heure, le débit maximal annuel de pointe de crue ...) qui sont, par construction,
fortement dépendantes de l'échantillon étudié. L'exemple de la chronique des débits de crue du
bassin versant du Bevinco à Lancone (Haute-Corse) est assez éloquent : les deux événements
observés en 1993 et 1994 se distinguent nettement de la chronique 1974-1992 (figure 1). Une loi
de probabilité à décroissance exponentielle représentait correctement les débits de la chronique
1972-1992 ; le débit de crue de fréquence décennale était estimé autour de 60 m3/s (figure 1,
graphique gauche). Il apparait bien plus délicat d'avancer une estimation de ce quantile à l'examen
de l'échantillon 1972-1994 (figure 1, graphique de droite).

Résultats de la Résultats des


modélisations
modélisation \

Crues 1993-1994

Observations Observations

Période de retour (an) Période de retour (an)

Figure 1 - Bassin versant du Bevinco à Lancone (Haute-Corse). Distribution de fréquence des débits maxima
annuels (graphique gauche : période 1972-1992 ; graphique droit : 1972-1994) et résultats des modélisations

Il semblerait que des modèles à peine plus compliqués puissent se départir des problèmes liés à
l'échantillonnage. Ainsi, les résultats obtenus par une modélisation de la pluie en débit associée à
un générateur stochastique de pluies horaires sont à l'évidence bien moins sensibles à
l'échantillonnage : les distributions de fréquence calculées sur les chroniques 1974-1992 et 1974-
1994 sont tout à fait comparables (figure 1, graphique de droite).

La méthode qui peut être jugée lourde au pas horaire, se simplifie au fur et à mesure que la durée
étudiée est plus longue. Des chroniques continues de pluies peuvent être simulées. Associées à une
modélisation de la pluie en débit, elles génèrent des chroniques continues de débit, disponibles
pour prédéterminer les situations de crise, étudier les règles de gestion d'un ouvrage de stockage ...
Remarquons aussi, que le passage par un modèle de transformation de la pluie en débit, offre la
possibilité de simuler l'impact d'activités anthropiques : reforestation, urbanisation, incendie de
forêt, évolution climatique ... Certes les marges d'incertitude sont encore trop fortes, mais des
éléments de réponse peuvent être apportés contrairement à une stricte approche statistique.

III. L’ESTIMATION RÉGIONALE DE LA RESSOURCE EN EAU

III. 1. Cadre de l’étude


La Loi sur l'Eau de 1992 pose les bases d'une gestion concertée de l'eau : SDAGE, SAGE, débits de
référence d'étiage ... La norme pour l'instruction des dossiers d'autorisation ou de déclaration des
rejets et des prélèvements en rivière (décret 93-742 de mars 1993) est le débit mensuel d'étiage de
fréquence quinquennale sèche (QMNA5). Les débits réservés des cours d'eau à l'aval des
aménagements s'expriment comme un pourcentage du débit annuel moyen ou module (décret 84-

350
512 de juin 1984). Les dispositions prises par le législateur posent toutefois le problème de la
connaissance de ces débits de référence en tout point du réseau hydrographique du territoire. Le
débit de quelques cours d'eau est certes connu au droit des stations de jaugeage. Mais l’hydraulicité
reste une inconnue pour la majorité d’entre eux. Confrontées à ce problème, les DIREN des régions
Corse, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur ont souhaité disposer d'une méthode
d'estimation régionale.

•III.2.
La zone
Les traitements
d'étude et les
des
données
données pluviométriques et débitmétriques
La zone d'étude actuelle concerne trois régions : Languedoc-Roussillon, Corse et Provence-Alpes-
Côte d'Azur, soit 13 départements (50 000 km2 environ). La climatologie de cette zone est
extrêmement contrastée : du climat méditerranéen côtier au climat de haute montagne. La
pluviométrie annuelle moyenne varie dans une fourchette de 500 à 2000 mm, ce qui induit une
variabilité hydrologique marquée :
- le module est de l'ordre de 5 1/s/km2 près de la côte ; il atteint plus de 70 1/s/km2 pour les bassins

- le
de QMNA5
montagne.
varie de 0 à plus de 1 0 1/s/km2.

La quasi totalité de l'information hydrologique existante a été traitée : 276 bassins versants (94 %
ont une superficie inférieure à 1000 km2 et pour 44 % d'entre eux la surface est inférieure à 100
km2), environ 600potentielle.
l'évapotranspiration stations pluviométriques et une quinzaine de points de mesure de

• Le calage du modèle pluie-débit


Le modèle retenu (GR2M) fonctionne au pas de temps mensuel. Ce modèle, de type conceptuel, est
réglé par deux paramètres (Makhlouf et al., 1994 ; Lavabre et al., 1996). Les valeurs de ces deux
paramètres sont déduites d'une période d'apprentissage durant laquelle sont comparés les débits
observés et ceux calculés par le modèle grâce à la seule connaissance des pluies de chaque mois. A
travers ces valeurs, on vise bien sûr à réduire l'écart entre débits observés et débits calculés.

III.3. Performances de la modélisation


L'ensemble de l'information a été traité par le logiciel LOIEAU. Pour chacun des bassins versants
pour lesquels une chronique de débits était disponible, le logiciel a assuré, à partir des données
pluviométriques locales, le calcul des pluies mensuelles du bassin et leur transformation en débit
par GR2M. Bassin par bassin, le logiciel a optimisé les valeurs des deux paramètres afin de
reproduire au mieux les débits observés. Les figures 2 et 3 comparent les modules et débits
mensuels d'étiage de fréquence quinquennale de la chronique observée à ceux de la chronique
simulée par le modèle (pour la région Languedoc-Roussillon). C'est, en fait, les performances du
modèle qui sont présentées quant à sa capacité de restituer correctement les débits de référence.

Figure 3 - Comparaison des débits d'étiage de fréquence quinquennale


Figure sur
2 - les
Comparaison
séries calculées
Exemple dedesla région
modules
par leLanguedoc-Roussillon
modèle
calculés(période
sur les séries
de calage).
observées et sur les séries observées et sur les séries calculées par le modèle
(période de calage). Exemple de la région Languedoc-Roussillon

351
Les modules sont très bien reproduits ; le coefficient de détermination du nuage de points (valeur
observée, valeur simulée) est pratiquement égal à l'unité. Bien que des écarts soient notables sur les
QMNA5, le modèle n'entraîne pas de biais systématique ; le coefficient de détermination du nuage
de points (QMNA5 observé, QMNA5 simulé), atteint 0,91.

• Régionalisation des paramètres du modèle et performances


Le report cartographique (non reproduit ici ; Cemagref, 1996) des deux paramètres du modèle
pluie-débit montre une certaine organisation spatiale, qui fait nettement apparaître l'influence des
régimes hydrologiques. C'est un excellent résultat dans la mesure où l'on remarque qu'un modèle
paramétré par seulement deux coefficients permet de simuler des chroniques continues de débits
mensuels.

• Performances du modèle après régionalisation


Comme précédemment, nous comparons, figures 4 et 5, les modules et QMNA5 des séries
observées et des chroniques simulées par le modèle utilisé avec les paramètres régionaux. Les
résultats se dégradent mais restent très corrects :
- explication de 95 % de la variance des modules ;
- le pourcentage d'explication est de 75 % pour les QMNA5.

Figureetrégionalisées).
4 - Comparaison
sur les séries Exemple
calculées
des modules
deparla lerégion
modèle
calculés
Languedoc-Roussillon
régionalisé
sur les séries
(valeurs
observées Figure
les(valeurs
séries
5 - Comparaison
observées
régionalisées).
et sur
desExemple
les
débits
sériesd'étiage
decalculées
la région
de fréquence
par
Languedoc-Roussillon
le modèle
quinquennale
régionalisésur

III.4. Le logiciel LOIEAU

• Présentation du logiciel
Le traitement de l'information pluviométrique et hydrométrique disponible a permis de dégager une
méthodologie opérationnelle de génération de chroniques de débits mensuels. De plus, la
régionalisation de la méthode permet son utilisation sur l'ensemble de la zone d'étude. L'utilisation
de cette méthode a impliqué toutefois le développement d'un outil informatique pour effectuer
l'ensemble des opérations nécessaires au calcul. Ceci est assuré par le logiciel LOIEAU dont
l'écriture sous WINDOWS offre une excellente convivialité à l'utilisateur (Lavabre et al., 1997).

A partir des bases de données cartographiques, climatologiques et hydrologiques incorporées au


logiciel, LOIEAU propose une démarche automatique, tout en laissant à l'utilisateur la possibilité
d'intervenir à chaque étape de calcul :
- les limites d'un bassin versant quelconque peuvent être tracées à l'écran à l'aide de la souris ou
lues dans un fichier ;
- calcul de la surface et de l'évaporation mensuelle moyenne ;
- choix d'un poste pluviométrique, ou intégration automatique pour estimer la pluviométrie
mensuelle durant la période de génération choisie par l'utilisateur ;
- possibilité d'intervenir sur le paramétrage automatique du modèle pluie-débit, proposé par
LOIEAU ;

352
- génération d'une chronique mensuelle de débits ;
- outre la restitution du fichier des débits mensuels, LOIEAU effectue les statistiques de l'ensemble
des variables afin d'estimer le module et le débit mensuel d'étiage de fréquence quinquennale ;
- pour un site jaugé, LOIEAU propose un contrôle des performances de la modélisation par
comparaison graphique.

• Utilisation
Outre l'estimation des débits de référence, LOIEAU offre d'autres possibilités :
■=> pour un bassin versant dont les écoulements sont mesurés, LOIEAU permet :
- la reconstitution des données manquantes,
- l’extension des chroniques de débits mensuels,
- l’examen de la représentativité du bassin versant dans son environnement régional grâce à
l’examen des paramètres du modèle,
- la possibilité d’utilisation en prévision de débits mensuels après avoir contrôlé les perfor¬
mances lors des années précédentes ...
■=> utilisable
en tout point
: du réseau hydrographique, l’utilisateur dispose d’une chronique de débits mensuels

- pour toute confrontation ressource-besoin,


- pour l'étude de la faisabilité d’une retenue d’eau,
- pour appréhender les variations saisonnières et interannuelles de la ressource en eau dans le
cadre de l'élaboration d’un SAGE ...

• Evolution à court terme


Deux niveaux d'évolution peuvent être distingués : l'amélioration des performances du logiciel, en
étroite liaison avec la disponibilité de banques de données géographiques, et l'extension
géographique de la zone d'application.

IV. SHYPRE : SIMULATION D'HYDROGRAMMES POUR LA PRÉDÉTERMINATION


DES CRUES

IV. 1. Présentation de la méthode


SHYPRE est conçue pour travailler aux pas de temps journalier et horaire. Les deux modèles sont
connectables, ce qui offre la possibilité, par exemple, de traiter le problème de gestion d'une
retenue en continu au pas journalier, et d'aborder le fonctionnement en crue de la retenue à faible
pas de temps. SHYPRE associe une génération stochastique des pluies aux pas journalier et horaire
et une modélisation déterministe de la pluie en débit. Ainsi, outre la résolution des problèmes de
connaissance et de gestion de la ressource en eau superficielle, la méthode permet d'aborder, par
génération de scénarios hydrologiques, la distribution temporelle des crues et leur distribution de
fréquence (du courant à l'exceptionnel).

IV.2. La modélisation stochastique des pluies


Les développements actuels des recherches sur la thermodynamique de l'atmosphère et les
processus de génération des pluies ne permettent pas encore d'envisager une modélisation physique
opérationnelle. L'ingénierie fait appel aux statistiques et aux probabilités, pour construire des
modèles stochastiques de génération. Ces modèles sont généralement articulés en trois phases :
i) identification des variables structurantes de la pluie, indépendantes les unes des autres,
ii) identification des lois de probabilité qui représentent au mieux leur distribution de fréquence,
iii) simulation de longues chroniques par construction à partir des variables structurantes générées.

Un simulateur de nombres aléatoires génère des nombres dans l'intervalle ]0 1[ qui sont identifiés à
une probabilité ; l'introduction de cette probabilité dans la loi de probabilité inverse permet alors de
générer une réalisation de la variable.

353
De nombreux auteurs proposent des structures de génération des pluies journalières. Nous avons
retenu un modèle à cinq variables : durées sèches, durées humides, hauteurs de pluie journalière
selon que le jour pluvieux est isolé ou situé au centre ou aux extrémités de la séquence pluvieuse.
Le calage d'un tel modèle à partir d'une chronique d'observation de pluies journalières ne pose pas
de problème particulier.

La construction d'un modèle de génération de pluies horaires est un plus délicate. F. Cemesson
(1993), et P. Arnaud (1997) ont développé un modèle à huit variables : le nombre d'épisodes
pluvieux par an (un épisode pluvieux comporte un total journalier qui excède 20 mm), le nombre
de périodes pluvieuses par épisode, la durée sèche entre deux périodes pluvieuses, le nombre
d'averses par période, la durée et l'intensité des averses, le rapport entre l'intensité horaire maximale
et l'intensité de l'averse et sa position dans l'averse.

L'étude d'une cinquantaine de postes pluviographiques du pourtour méditerranéen français a


permis de déterminer les lois de probabilité théoriques qui représentent au mieux les distributions
de fréquence des différentes variables descriptives du modèle. Pour le calage des lois les plus
transformation
sensibles à l'échantillonnage,
adimensionnelle des
les variables
échantillons
initiales.
ont été préalablement agglomérés après une

Le modèle génère des hyétogrammes de pluie horaire, desquels sont extraits les pluies maximales
de différentes durées pour chacun des événements simulés. On approche ainsi, de manière
empirique, les distributions de fréquence des pluies. On notera, figure 6, la bonne adéquation du
modèle aux échantillons de pluie de durée 1, 3 et 24 heures, pourtant non pris en compte
directement par la modélisation, et le comportement surexponentiel des distributions de fréquence.
Ce comportement résulte de la structuration des averses au sein d'un épisode pluvieux (phénomène
de persistance), alors que la loi des averses, calée sur un très grand échantillon (10 000 valeurs), est
strictement exponentielle. Bien sûr, il y a quelque part une limite physique, liée à la
thermodynamique, que le modèle ne prend pas en compte.

1000 t
900 - 24 heures
800 -
700 -

600 - 6 heures
500 -
400 -
300 -
200 - 1 heure
100 -
Période de retour (an)

10000

Figure 6 - Poste pluviographique de Felce (Haute-Corse). Distribution de fréquence des pluies


de 1, 6 et 24 heures obtenues par simulation (les points représentent les observations).

354
IV.3. La modélisation de la pluie en débit
La vocation opérationnelle de la méthode a conduit notre choix vers des modèles simples et
robustes, de transformation de la pluie en débit. Bien que la précision des résultats soit importante,
elle ne doit pas inciter à une surparamétrisation des modèles qui serait préjudiciable à un transfert
des informations vers des bassins versants non jaugés. Il est clair que l'objectif poursuivi vise le
développement d'une méthode applicable pour des bassins versants jaugés ou non. La méthode,
notamment pour le calage des modèles de crue, se heurte à la parcimonie de l'information pluie-
débit à faible pas de temps. Ceci peut être partiellement résolu par le transfert d'information
journalière vers la modélisation des débits de crue ; ce qui implique toutefois une certaine analogie
de conception du modèle journalier et du modèle horaire.

• Les modèles GR
La structure des modèles GR (Michel, 1991) est identique au pas journalier et au pas horaire. Dans
leur version à trois paramètres, ces modèles de type à réservoir, impliquent le calage d'un paramètre
de production et deux paramètres de transfert.

Le modèle au pas journalier a été largement utilisé (sur 300 bassins versants environ). Arnaud
(1997) a étudié, à partir d'un calage sur 17 bassins versants de la zone méditerranéenne française,
la possibilité
résultats intéressants
de couplage
: des versions journalière et horaire. Cette confrontation aboutit à des

i) les performances du modèle horaire ne sont pas altérées si on retient le même paramètre de la
fonction de production journalière et horaire,

ii) le taux de remplissage du réservoir qui règle la production journalière est un bon descripteur de
l'état hydrique du bassin. Cette information peut être utilisée lors du couplage des deux pas de
temps. Il est à remarquer que cette information est extrêmement intéressante car tous les modèles
de crue se heurtent à l'initialisation des réservoirs. On entrevoit ici une application intéressante
pour les modèles de prévision de crue, qui pourraient être avantageusement initialisés par
l'information d'un modèle journalier,

iii) le modèle horaire, en utilisation pour la prédétermination des débits, n'est que peu sensible à un
des paramètres de transfert (le temps de montée de l'hydrogramme unitaire). Dans la conception du
modèle, ce paramètre reproduit le décalage temporel entre la pluie et les écoulements. Il n'est pas
étonnant que les performances intemporelles (en prédétermination) du modèle ne soient pas
altérées,

iiii) des recherches supplémentaires restent encore nécessaires pour prédéterminer le dernier
paramètre en absence d'information horaire.

• Modélisation dérivée de la théorie de l’hydrogramme unitaire


L'association d'une fonction de production simple : coefficient d'écoulement, fonction du Soil
Conservation Service (SCS), modèle d'infiltration de Horton ... à un hydrogramme unitaire est
largement utilisée pour construire des hydrogrammes de projet. La simplicité de la méthode se
heurte toutefois à la définition d'un temps caractéristique, dont le choix influence sensiblement les
résultats. Dans notre approche, la disponibilité de formes multiples de hyétogrammes évacue en
partie ce problème. D'autre part, comme en témoigne la figure 7, ces méthodes simples ne
reproduisent que très approximativement la réalité.

355
Il apparaît que ces faibles performances sont en grande partie liées à l'hypothèse de linéarité de
l'hydro gramme unitaire. On peut pallier à ceci, sans complication majeure, en introduisant de la
non-linéarité. Nos recherches nous ont conduit à modifier automatiquement la forme de
l'hydrogramme unitaire en fonction de l’intensité de la pluie. On aboutit ainsi à un modèle simple à
seulement deux paramètres dont les performances se rapprochent du modèle GR3H à trois
paramètres (figure 7).

GR3H

lodèle simplifié SCS+HU


■O 50

fréquence

Figure 7 - Bassin versant du Rimbaud. Distribution des coefficients de Nash, obtenus par calage
événementiel des modèles GR3H, SCS+HU, et le modèle modifié à deux paramètres.

Les avantages de cette modélisation se situent dans l’approche simplifiée des paramètres.
L’utilisation de la fonction de production du SCS permet une détermination immédiate du
paramètre de production du modèle de crue grâce à la seule information journalière. Et des critères
physiques simples : surface du bassin versant, longueur du plus long axe drainant, pente des drains
..., facilement accessibles avec un modèle numérique de terrain, permettent d’approcher le
paramètre de l’hydrogramme unitaire.

IV.4. Les diverses utilisations de la méthode


La gestion journalière de la ressource en eau superficielle peut être avantageusement abordée grâce
aux chroniques de débits simulés sur de très longues durées (pas de limite de calcul). L’impact de
multiples scénarios de gestion peut ainsi être apprécié. Il est clair que la disponibilité de chroniques
d’informations facilite la mise en oeuvre. En absence d’information, la méthode est applicable par
transfert d’information des sites jaugés voisins. On ne peut que redouter, sans pouvoir réellement
l’apprécier, une marge d’incertitude plus grande.

Pour la connaissance des débits de crue, la méthode génère de multiples scénarios d'hydrogrammes.
Cette procédure évite la construction d'hydrogrammes synthétiques de projet, plus ou moins
représentatifs de la réalité et la controverse de leur calage en fréquence. La méthode propose aussi
une nouvelle approche de la distribution de fréquence des débits (débits instantanés, débits moyens
sur différentes durées, débits seuils ...) qui est utilisable pour le calcul des débits sur l'ensemble de
la plage de fréquence : du courant à l'exceptionnel. Le transfert d'information journalière vers les
modèles horaires permet de pallier, en partie, à la faible disponibilité de chroniques pluie-débit à
faible pas de temps. Les systèmes d'information géographique (géologie, occupation de l’espace,
modèle numérique de terrain) sont un support intéressant de régionalisation de la méthode, qui est
actuellement mise en oeuvre pour l'étude de synthèse des débits de crue de la Corse

356
V. CONCLUSION

Affirmer que les pluies génèrent les écoulements des bassins versants ne représente pas une
avancée hydrologique notable. Les techniques hydrologiques courantes n'ont pourtant qu'une
utilisation limitée et restrictive de l'information pluviométrique. La puissance des moyens de
calcul, la disponibilité d'information géographique, ouvrent de nouvelles perspectives à la
modélisation de la pluie en débit.

La note présente différents outils (LOIEAU, SHYPRE) qui permettent d'aborder les problèmes de la
disponibilité régionale de la ressource en eaux superficielles, de la gestion des retenues d'eau au pas
journalier, de la prédétermination des débits de crue par simulation de scénarios d'hydro grammes.
L'approche régionale (menée sur la façade méditerranéenne française), garantit une robustesse
certaine à ces approches. L'intérêt méthodologique de ces méthodes se situe dans des modélisations
moins sensibles à l'échantillonnage que de simples statistiques et susceptibles, de prendre en
compte l'impact des activités anthropiques. En outre, ces techniques de simulation proposent une
approche originale pour la prédétermination des débits de crue sur l'ensemble de la plage des
fréquences.

Malgré leur rusticité (et cela est aussi certainement un avantage), ces méthodes ont un avenir
certain en relation avec les systèmes d'information géographique, pour développer des outils
conviviaux utilisables par l'ingénierie.

REMERCIEMENTS

Le transfert des résultats de recherches dans des applications opérationnelles a été possible grâce à
l'initiative des DIREN des régions Corse, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Outre le soutien financier, leur implication a été permanente tout au long du développement des
études. Nous tenons à remercier particulièrement Ch. Pasquier, Cl. Millo, R. Claudet, G. Le Gac et
Cl. Benech pour leur étroite collaboration.

357
BIBLIOGRAPHIE

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