These KAppoh UGB14042018
These KAppoh UGB14042018
These KAppoh UGB14042018
THÈSE
pour obtenir le titre de
Docteur en Informatique
Présentée par
Appoh KOUAME
SYSTÈME DE GESTION DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE DANS UNE
PLATEFORME WEB SOCIAL ET SÉMANTIQUE : UNE APPROCHE BASÉE
SUR UNE ONTOLOGIE VISUELLE
JURY :
Président de jury : Cheikh Talibouya DIOP, Professeur titulaire, Université Gaston Berger de
Saint-Louis, Sénégal
Directeur de thèse : Moussa LO, Professeur titulaire, Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal
Co-encadrant : Jean Baptiste LAMY , Maître de conférences, HDR, Université Paris 13, Bobigny,
France
Rapporteur : Engelbert MEPHU NGUIFO, Professeur titulaire, Université Clermont-Ferrand
Auvergne, France
Rapporteur : Mouhamadou THIAM, Maître de conférences, Université de Thiès, Sénégal
Rapporteur : Lina Fatima SOUALMIA, Maître de conférences, HDR, Université de Rouen, France
Examinateur : Michel BABRI, Professeur titulaire, Institut National Polytechnique F. Houphouet
Boigny de Yamoussoukro, Côte d’Ivoire
Examinateur : Konan Marcellin BROU, Maître de conférences, Institut National Polytechnique F.
Houphouet Boigny de Yamoussoukro, Côte d’Ivoire.
Dédicaces
– Above all, humanity (mankind) is the very first need of the world.
– La centralité sur l’espèce humaine, sa persistance, sa préservation et sa pérennisation, tel est le but
de la somme des intelligences émanant des hommes, de toute action anthropique (adresse, technicité
et science).
– Lorsqu’il s’agit d’un art sauveur (salvateur) de la vie, négliger d’apprendre est un crime surtout pour
un faiseur ou pratiquant de santé. Samuel Hahnemann (1755-1843).
– Inférence :
Dans le monde, on n’a pas que des faits objets. On a encore un autre type de "faits" en termes
d’implications ou de glissements (entailments en anglais). Le pourquoi des choses et ce qu’elles
engendrent : moteur de l’évolution (et de développement). Un lien inné inébranlable existe toujours
entre trois choses : abduction, déduction et induction. "Déduction valide" est une règle d’inférence
au sens d’Aristote pour contrer les sophistes devenus moins sages (sophiste détourné de son sens
originel).
– Aucune communication n’est possible sans une iconicité minimale préférable à image. Peirce C S.
Remerciements
Je tiens à remercier en premier lieu, Prof. Moussa LO, Recteur de l’Université Virtuelle du Sénégal
(UVS), pour la confiance qu’il a placée en moi et de l’opportunité qu’il m’a offerte de faire cette thèse.
Pendant l’encadrement, ses sages conseils m’ont beaucoup appris. Je lui suis amplement reconnaissant et
ce de façon distinguée.
Je remercie Prof. Jean Baptiste LAMY pour m’avoir encadré. Il a fait montre de sa disponibilité
que ce soit durant mes deux séjours au Limics (Laboratoire d’Informatique Médicale et d’Ingénierie des
Connaissances en e-Santé) à l’Université Paris 13 de Bobigny (France), lors de son premier séjour au
Sénégal ou à distance de Yamoussoukro, d’Abidjan et de Saint-Louis avec Paris. Il a été à l’écoute de
mes questionnements nombreux. Il s’est très vite intéressé à l’avancement de mes travaux. Sa compétence,
sa rigueur scientifique, sa clairvoyance, son esprit éclairé, ses conseils et encouragements, et surtout ses
appoints m’ont suffisamment appris. Il est pour beaucoup dans le résultat final de cette thèse. Il m’a formé
dans ce travail de chercheur où il m’a donné de l’assurance et la confiance en soi, une autonomie certaine.
Je lui témoigne ma gratitude.
Je remercie Dr. Gaoussou CAMARA (Université de Bambey au Sénégal) pour ses conseils, son esprit
de secoureur, sa rigueur scientifique et son soutien indéfectible dont il a fait preuve dans les moments
difficiles. Merci Gaoussou.
Je tiens à remercier le jury scientifique, qui me fait l’honneur d’avoir examiné et rapporté ces travaux
de recherche consignés dans ce manuscrit. Je remercie également tous les membres du jury d’avoir accepté
d’assister à la présentation de ce travail.
Je remercie les responsables de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) à Dakar pour la prise
en charge en partie de mes deux premiers déplacements au Sénégal de quatre (4) mois pour séjours de
mobilité de recherche. En particulier, je remercie Mme Fabar SANE de l’AUF pour son soutien tout au
long de ces séjours à l’UGB de Saint-Louis.
Je remercie le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de Côte d’Ivoire et
l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire, à travers l’Appui à la modernisation et à la réforme des Universités
et Grandes écoles de Côte d’Ivoire (AMRUGE-CI) / C2D 2015, au compte duquel j’ai été admis à une
bourse pour un séjour de recherche de deux mois à Paris.
Je remercie la Direction Générale de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouet-Boigny (INP-
HB) de Yamoussoukro, Côte d’Ivoire.
Je dis merci aux responsables du Centre d’Excellence Africain en Mathématiques, Informatique et
Technologie de l’Information et de la Communication (CEAMITIC) de l’UGB pour l’appui financier obtenu
en six mois de mobilité de recherche en vue de finaliser ma thèse de doctorat. Aussi dois-je noter que le
déplacement et le séjour des jurés ont été également pris en charge par ce centre.
Je remercie tous les enseignants chercheurs de Limics de l’Université Paris 13 et particulièrement Prof.
Sylvie DESPRES pour son soutien. Je peux compter sur sa rigueur dans l’analyse des problèmes et ses
très nombreuses connaissances. Je lui témoigne ma gratitude.
Je remercie les Professeurs Cheikh Talibouya DIOP, Michel BABRI, Souleymane OUMTANAGA,
Konan Marcellin BROU pour leurs conseils et soutiens.
Je remercie les enseignants-chercheurs de l’Unité de formation et de recherche Sciences Appliquées et de
Technologie (UFR-SAT) de l’UGB de Saint-Louis et particulièrement Prof. Mamadou SY, Prof. Ousmane
THIARE et Prof. Aliou DIOP, Prof. M MBAYE, Dr. Fatou S KAMARA, Dr. F NDIAYE et les autres.
Je dis merci à Ibrahima NDIAYE des services financiers et à Baboucar NDOYE des services adminis-
tratifs de l’UFR-SAT, puis à Tayib FALL du CEAMITIC, tous de l’UGB, pour leur sympathie et bonne
cohabitation.
Merci à Dr. Sadouanouan MALO de l’Université Nazi Boni (UNB) de Bobo-dioulasso, Burkina Faso,
qui m’a apporté son soutien lors de son séjour à l’UGB par ses encouragements.
Je remercie Prof. O HILI et Prof. B YAO de l’INP-HB pour leurs conseils pleins de sagesse et d’en-
couragements.
Merci à l’endroit de mes deux collègues du programme projet "Plateforme web pour le partage des
connaissances communautaires ouest-africaines" porté par Prof. M LO, notamment, feu P Fary DIALLO
(Que son âme repose en paix), Dr. Yaya TRAORE (Université Ouagadougou 1 Prof. Joseph KI-Zerbo,
Burkina Faso) avec qui nous avons partagé des moments intéressants mais aussi les moins bons.
Mes remerciements s’adressent aux autres collègues D MBOUP, C BERE, Aly N NGOM, BABACAR,
OUSMANE pour leurs soutiens et leur enthousiasme à partager leur culture scientifique. Il en va de même
pour Guidedi KALADZAVI (Lecturor from Maroua’s University in Cameroon).
Je remercie les acteurs du Programme National de Promotion de la Médecine Traditionnelle (PNPMT)
au Plateau (Abidjan) dont principalement Le Directeur coordonnateur Dr. Ehoulé KROA, médecin attaché
de recherche, pour leur facilitation.
Au Sénégal, je remercie les tradipraticiens, praticiens de la MT (PMT) de la région de Saint-Louis
et de Podor en passant par Richard Toll et Dagana pour leur collaboration et adhésion au projet. Parmi
eux, je salue notamment Alassane Oumar BA à Figo, Président des PMT du département de Podor et
Alassane SY à Saint-Louis. Merci.
Je remercie les PMT de Côte d’Ivoire à travers MM Assamoi KOUADIO à Abobo (commune d’Abidjan)
et Brahima KONE, Président de la FTSN-CI, pour leur collaboration.
Je remercie Dr. E V A GBODOSSOU de la Prometra à Dakar, Dr. D SEYE à l’hôpital régional de
la ville de Saint-Louis et Dr. A Dorothée ABOU à la Formation sanitaire urbaine du Plateau (Abidjan),
tous médecins, pour leurs conseils.
Je dis merci à Beugré M AMESSAN (Abidjan, Côte d’Ivoire) et à Mamadou P SAMBA (Saint-Louis,
Sénégal) dans leur rôle bien tenu de traducteur et d’aiguilleur lors des visites de terrain chez les PMT.
Mes remerciements s’adressent aux collègues enseignants du Département de formation et de recherche
Math-informatique (DFR-MI) de l’INP-HB, notamment K A TOURE, I LOKPO, B T GOORE, N BLE,
T L TANOH, J LUE, R GNENESSIO, A L ASSALE, A BONZOU, M TAHA, K KOUAME, KIMOU,
KADJO, ...
Je remercie toute la famille à Abidjan, à Yamoussoukro, à Bondoukou, à Tanda, à Tiédio et partout
ailleurs (Canada, USA, ...).
Je remercie mes frères et sœurs, oncles et tantes, cousins et cousines, nièces et neveux.
A l’endroit de Adama APPOH, M ABO, M SOW, N NIASSA, M V THIAW, Rachel GORE K, YTO
T, Mémé API, A DIA, J AHOU, J AKA et BOZOU, je leur dis merci pour leurs soutiens.
De manière équivalente, cette liste pourrait s’allonger et être décrite aussi canoniquement. Ainsi, à tous
ceux que je n’ai pas nommés ici, ce travail vient en témoignage de ma reconnaissance pour leurs soutiens
multiples.
Avant-Propos
Une ontologie est une expression d’une "vision du monde" sous forme d’un réseau de concepts pour
les besoins d’un traitement automatique. Dans cette optique, Tom Gruber affirme : "une ontologie est une
spécification formelle explicite d’une conceptualisation". Cette définition a donné suite à une succession
d’autres par différents auteurs dans le monde informatique. Cette pensée s’inscrit dans une autre plus large
de l’ontologie considérée comme la partie de la philosophie qui a pour objet l’étude de l’être en tant que
être, celle qui étudie les propriétés générales de l’être au sens d’Aristote. Pour en arriver à un traitement
automatique, il est donc mis en évidence l’objet d’étude consistant en une description approfondie d’une
situation, de sorte à permettre à la machine d’atteindre une sémantique plus aboutie, nous éloignant du
bruit et du silence : la précision maximale sur fond d’intelligibilité sémantique par la machine à même de
nous éloigner des ambiguïtés du langage naturel et des erreurs à une échelle communautaire minimale. On
arrive depuis presque deux à trois décennies, à mettre ainsi en lumière le sens des objets décrits, intelligibles
à la machine. Du coup l’intercompréhension entre communautés d’agents humains et machines est devenue
une réalité.
A l’échelle du web, sous le vocable de web de données, le réseau des hyperliens entre pages web est
étendu par un réseau de liens entre données structurées via lequel des agents automatisés accèdent plus
intelligemment au sens, à la signification de ces données prises comme ressources. Ceci a valu le terme de
web sémantique par Tim BERNERS-LEE, co-inventeur du Web et Directeur du W3C.
En général, l’on décrit une réalité sémantiquement valide dans un domaine de discours. Alors, il en
résulte deux entités que sont le décrivant d’une part et d’autre part le décrit ou "individu ou instance".
Via une ontologie formelle intégrant un système de représentation de connaissances, ces deux entités sont
transposées en machine avec un niveau sémantique largement supérieur à celui qu’offre habituellement une
base de données relationnelle (ontologie légère). Ce sont donc les réseaux sémantiques et les frames qui
seront révolutionnés par les langages piliers de la compréhension de l’information par la machine. Parmi ces
langages fondamentaux comptent RDF(S)/XML et OWL (une des logiques de description-LDs ou DLs).
Ce présent travail embrasse une innovation de taille portée sur la sémantique iconique ajoutée à la pré-
cédente qui est terminologique. Ceci débouche bien entendu à un amorçage de langage iconique de plantes
médicinales, avec une esquisse de remède iconique pour la médecine traditionnelle (MT) de l’Afrique de
l’ouest. Ce langage s’appuie sur une approche d’ontologie visuelle, une composante de l’ontologie de do-
maine de la MT, ontoMEDTRAD. Avec pour support les TIC, cette contribution est le socle du cadre
collaboratif véritable pour les experts praticiens de la MT (PMT) en majorité ne sachant ni lire ni écrire,
tel que le propose SysMEDTRAD utilisant ontoMEDTRAD dans une contexture de plateforme web social
et sémantique. Dotés de cet outil, ces PMT sont affranchis des barrières linguistiques (langues locales
et officielles) dans la pratique de l’art médical traditionnel. De manière graduelle, au terme d’une sé-
rie de validations d’ontoMEDTRAD, il sera disponible une mémoire organisationnelle et structurante
des connaissances et expériences de la MT. Ainsi, la forte perte due au caractère fortement oral de la
transmission de ces connaissances devra connaître un frein certain. L’utilisation de SysMEDTRAD induit
inévitablement une augmentation des offres de soins de santé primaires par la MT, en plus de celles éma-
nant de la médecine moderne (MM). Ce travail vient en renforcement de tout ce qui est fait en matière de
modernisation de la MT de l’Afrique de l’ouest particulièrement. Il s’agit en conséquence d’une valorisation
plus explicite de cette MT.
Dans ce domaine, les difficultés rencontrées et non les moindres, sont multiples (MT taboue et fortement
tacite, réticence des PMT). Cependant, elles ont pu être levées grandement. Des facilitations, grâce aux
programmes nationaux de promotion de la MT (e.g : PNPMT de Côte d’Ivoire), d’ONG de la MT (e.g :
Prometra au Sénégal), d’associations et fédérations de PMT ivoiriennes et sénégalaises, n’ont pas fait
défaut. En partie, des appuis académiques et/ou financiers relèvent de l’École doctorale "Sciences et
technologies" de l’UGB à Saint-Louis (Sénégal), de l’AUF à Dakar, du laboratoire de recherche LANI
et du CEAMITIC de l’UGB, du programme AMRUGE-CI 2015 (C2D) et du laboratoire de recherche
LIMICS de l’Université Paris 13 (France). Bien évidemment, notre démarche a aussi compté.
Résumé
La médecine traditionnelle (MT) africaine est vue comme un système complémentaire de santé à la médecine
moderne (MM). Elle a l’avantage d’être plus facile d’accès, moins coûteuse et plus adaptée aux spécificités locales. On
note dans la MT, l’absence de partage et de conservation des connaissances médicales : la majorité des praticiens
de la MT (PMT) parlent des langues locales non codifiées et beaucoup d’entre eux gardent leur savoir secret.
Pour faciliter la préservation de ces connaissances et la communication entre PMT, nous cherchons à concevoir
SysMEDTRAD, un système basé sur une ontologie de domaine de la MT et une ontologie d’approche visuelle
intégrant un langage iconique. Ce travail de recherche est porteur d’une solution innovante pour les PMT, non
seulement leur permettant de manière continue de contribuer à la modernisation et à la valorisation explicite
de cette médecine, mais également les dotant d’un outil pour pratiquer leur art de guérisseur. Plus précisément,
ce travail a porté sur la construction d’une ontologie de domaine dénommée ontoCONCEPT-Term entièrement
terminologique. Il inclut aussi un langage iconique amorcé permettant d’identifier les plantes médicinales. Les
recettes et les remèdes traditionnels ont une représentation diagrammatique. Ce langage devra s’étendre tout en
suivant le cadre d’une approche d’ontologie visuelle, ontoICONE. Cette ontologie visuelle permettra de transcender
les barrières liées à l’illettrisme, à l’oralité et aux multiples langues locales au nombre de 1127 d’Afrique de l’ouest,
où a lieu ce projet de partage de connaissances web communautaire. ontoICONE est en partie terminologique
et iconique. La partie terminologique est commune avec ontoCONCEPT-Term. ontoICONE et ontoCONCEPT-
Term forment ontoMEDTRAD. Pour construire notre ontologie, nous nous sommes inspirés principalement des
méthodologies de construction d’ontologies notamment Diligent, NeOn et OntoForInfoScience. Nous avons combiné
de multiples sources d’informations et de connaissances, à savoir des rencontres répétées avec les PMT de différentes
régions, des travaux publiés en biosciences (MT, Ethnobotanique) couvrant la sous région ouest Africaine, des sites
web, des ouvrages livresques, l’observation (jardins botaniques visités), des structures nationales (PNPMT), des
ONG (Prometra), des associations et fédérations de PMT (Côte d’Ivoire, Sénégal). Nous avons identifié trois cas
d’utilisation principaux : identifier la maladie à partir des symptômes et signes du patient ; prescrire le remède
(recettes abstraite et physique : ingrédients et mode de préparation) ; préparer le remède et l’administrer au patient.
La richesse de la MT, son caractère tacite et tabou, et la complexité de la représentation visuelle, nous ont
conduit à adopter une approche de construction progressive s’appuyant sur les règles sémiologiques notamment la
similarité visuelle, l’association sémantique et la convention. Dans les ressources médicinales, les plantes représentent
plus de 60 % des traitements traditionnels de santé. Nous avons donc choisi d’amorcer l’iconisation par le concept de
Plante en concevant un langage iconique partant des propriétés morphologiques de la plante en s’appuyant sur des
sources botaniques. Nous avons rassemblé un jeu de données comprenant 22 plantes et 31 remèdes antipaludéens,
et nous avons vérifié que notre langage iconique permettait bien d’identifier ces 22 plantes, à l’aide d’un outil
logiciel d’apprentissage et de classification (Weka). Ce langage a été présenté aux PMT lors de la première étape de
validation. La prochaine se focalisera sur la validation définitive et globale de ontoMEDTRAD et surtout l’adoption
d’une véritable ontologie visuelle. Elle intègre aussi le déploiement de ontoMEDTRAD (ontoICONE) dans une
plateforme Wiki sémantique (via Virtuoso), afin de rendre opérationnel SysMEDTRAD. En perspectives, les T-Box
et A-Box d’une ontologie formelle seront complétées par G-Box, une partie graphique comprenant les icônes et leur
structure (ontoMEDTRAD). Aligner l’ontologie visuelle à d’autres existantes (MT et MM) et donner une stature
de référence régionale voire mondiale à cette ontologie de domaine de la MT africaine ne seront pas en reste.
Mots clés : médecine traditionnelle, Afrique de l’ouest, plantes médicinales, langage iconique, approche d’on-
tologie visuelle, icône, iconème, graphisme, santé, patient, praticien de la médecine traditionnelle, connaissance,
représentation des connaissances, ontologie, sémantique iconique, ontoMEDTRAD, SysMEDTRAD.
I
Abstract
Traditional medicine (TM) is seen as a complementary health system to modern medicine (MM). This TM has
the advantage of being easier to access, cheaper and more adapted to local specificities. However, African TM suffers
from the lack of sharing and preservation of medical knowledge : the majority of practitioners speak local languages.
They use non-codified languages, and many of them keep their knowledge secret. To facilitate knowledge preserva-
tion and communication between practitioners of TM (TMP) we aim at designing SysMEDTRAD, a system based
on a domain ontology of TM and a visual ontology integrating an iconic language. This research work brings an
innovative solution for practitioners of TM, not only to allow them to contribute continuously to the modernization
and the explicit improvement of this medicine, but also to equip them with a tool to practice their healing art.
More precisely, this work has focused on the construction of a domain ontology referred to as ontoCONCEPT-Term
entirely terminological. It also includes an iconic language started on identifying medicinal plants. Traditional re-
cipes and remedies have a diagrammatic representation. This language will have to be extended while following the
princple drawn by a visual ontology approach, ontoICONE. Via this visual ontology, we can trenscand the barriers
related to illiteracy, orality and the many local languages to the number of 1127 in West Africa, where this commu-
nity web knowledge sharing project takes place. ontoICONE is partly terminological and iconic. This terminological
part is common with ontoCONCEPT-Term. Those two entities ontoICONE and ontoCONCEPT-Term form on-
toMEDTRAD. To build our ontology, we took inspiration from ontology construction methodologies, especially
Diligent, NeOn and OntoForInfoScience. We have combined multiple sources of information and knowledge on TM,
including repeated meetings with TMP in different regions, published works in biosciences (TM, ethnobotanics)
covering the West African sub-region, websites, books, observation in botanic gardens, national structures of TM
(PNPMT), NGOs (Prometra), associations and federations of TMP (Côte d’Ivoire, Sénégal). We identified three
main use cases : identifying the disease from the patient’s symptoms and signs ; prescribing the remedy (determining
the abstract and material recipes : its ingredients and how to prepare it) ; preparing the remedy and administering
it to the patient.
The richness of TM, its tacit and taboo nature, and the complexity of the visual representation, have led us to
adopt a progressive construction approach based on semiotic rules namely visual similarity, semantic association and
convention. In medicinal resources, plants represent more than 60% of TM’s treatments. We have therefore chosen
to initiate iconization with the Plant concept by designing an iconic language from the morphological properties
of the plant based on botanical sources. We have collected a dataset of 22 plants and 31 antimalarial remedies,
and we have verified that our iconic language allows us to identify these 22 plants, using an automatic learning
and classification tool (Weka). This iconic language was presented to TMP during a first validation step. The next
step will focus on the definitive and global validation of ontoMEDTRAD, and mostly the adoption of a real visual
ontology (ontoICONE). It also integrates the deployment of ontoMEDTRAD (ontoICONE) into a semantic wiki
platform, such as Virtuoso, in order to have SysMEDTRAD being operational. In perspectives, the T-Box and
A-Box of a formal ontology will be completed by G-Box, a graphic part including the icons and their structure
(ontoMEDTRAD). Align the visual ontology with existing ones (TM and MM) and give a regional and worldwide
reference stature to this domain ontology of African TM will be not left out.
Keywords : traditional medicine, West Africa, medicinal plants, iconic language, visual approach, icon, iconem,
graphic design, health, patient, traditional medicine practitioner ; knowledge, knowledge representation, ontology,
iconic semantic, ontoMEDTRAD, SysMEDTRAD.
II
Liste des symboles
CODESRIA Council for the Development of Social Science Research in Africa (Conseil pour le dévelop-
pement de la recherche en sciences sociales en Afrique)
GO Gene Ontology
III
MT Médedecine Traditionnelle (en anglais TM)
NCIT National Cancer Institute Thesaurus
OBO Open Biomedical Ontologies Foundary
OIL Ontology Interchange Language
OMS Organisation Mondiale de la Santé (en anglias WHO)
ORSTOM Office de la recherche scientifique et technique Outre-Mer
OWL Web Ontology Language
PMT Praticien de la MT (en anglais TMP)
PNPMT Programme National de Promotion de la MT
PO Plant Ontology
PROMETRA Organisation non gourvernementale de promotion de la MT
PSO Plant Structure Ontology
RAE Réseau Africain d’Ethnobotanique (en anglais AEN)
RAMEAU Répertoire d’Autorité-Matière Encyclopédique et Alphabétique Unifié
RDF Resource Description Framework
RDFS RDF Schema
RTO Ressources Terminolgiques et ontologiques
SNOMED-CT Systematized Nomenclature of Medicine – Clinical Terms
SPARQL SPARQL Protocol and RDF Query Language
SUMO Suggested Upper Merged Ontology
SWRL Semantic Web Rule Language
TIC Technologies de l’Information et de la Communication
TM Traditional Medicine
TMP Traditional medicine practitioner
TO Trait Ontology
UML Unified Modeling Language
UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (Organisation des Na-
tions Unies pour l’Education, la Science et la Culture ; Organe (démembrement) de l’Or-
ganisation des Nations Unies (ONU))
VCM Visualisation des Connaissances Médicales
W3C World Wide Web Consortium
WHO World Health Organization
XML Extensible Markup Language
YAMATO Yet Another More Advanced Top-level Ontology
IV
Liste des figures
V
5.6 Vues synoptiques succinctes de la spécification des besoins à l’implémentation de la solution
en machine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.7 Description algorithmique de l’UC1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
5.8 Description algorithmique de la première partie (UC2a) de l’UC2 . . . . . . . . . . . . . . 110
5.9 Description algorithmique de la deuxième partie (UC2b) de l’UC2 . . . . . . . . . . . . . . 112
5.10 Description algorithmique de l’UC3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
5.11 Description algorithmique de l’UC3 (suite et fin) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
5.12 Concepts de la MT qui découlent de l’UC1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
5.13 Diagramme des classes Partie 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
5.14 Principales classes et relations d’ontoMEDTRAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
5.15 Liste des classes sous Protégé de ontoMEDTRAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
5.16 Liste des classes avec le nombre d’individus ou d’instances par classe de ontoMEDTRAD . 131
5.17 Liste des propriétés de ontoMEDTRAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.18 Classes pour iconisation ontoMEDTRAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.19 Mise en relief des propriétés d’iconisation (Plante) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
5.20 Copie écran montrant l’exécution d’Hermit et l’expressivité de ontoMEDTRAD . . . . . . 134
6.1 Impact du moment d’unité dans la reconnaissance d’une image iconique . . . . . . . . . . 144
6.2 Treize (13) critères attributs de description des 22 plantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
6.3 Poids des attributs des plantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
6.4 Six (6) critères candidats à l’élagage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
6.5 Paramétrage de JRIP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
6.6 Illustration de la classification à 100% des 22 espèces de plantes . . . . . . . . . . . . . . . 149
6.7 Mise en relief de la relation entre plante et les sept (7) critères . . . . . . . . . . . . . . . 150
6.8 Relation de la Plante avec chacun des sept (7) critères hissés en classes . . . . . . . . . . . 150
6.9 Cinq (5) iconèmes pour le critère silhouette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
6.10 Exemple d’assemblage d’iconèmes pour l’icône d’une plante . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
6.11 Icône de la plante Azadirachta indica A. Juss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
6.12 Extraction de ontoMEDTRAD montrant la classe Plante et les classes dérivées des critères
pour la représentation iconique des espèces de plantes médicinales . . . . . . . . . . . . . . 155
6.13 Relations sémantiques entre Plante et les classes pour la représentation iconique . . . . . . 155
6.14 Code source en python pour la création des icônes des 22 espèces de plantes médicinales
antipaludiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
6.15 Relation ternaire entre Recette, Plante et Partie de plante . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
6.16 Modèle de recette exhaustif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
6.17 Représentation diagrammatique de la recette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
6.18 Représentation formelle de la recette en vue de son iconisation . . . . . . . . . . . . . . . . 162
6.19 Esquisse d’icône de la recette mTRecipe01 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
6.20 Représentation diagrammatique succincte du remède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
6.21 Représentation formelle du remède en vue de son iconisation . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
6.22 Esquisse d’icône du remède rmd01 basé sur la recette mTRecipe01 . . . . . . . . . . . . . 166
6.23 Diagramme pour le langage iconique des remèdes et recettes . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
6.24 Diagramme pour le langage iconique intégrant les maladies à partir des remèdes et recettes 168
6.25 Forme canonique répondant aux trois cas d’utilisation pour l’iconisation des recettes et
remèdes partant des Plantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
VI
6.26 Forme canonique répondant aux trois cas d’utilisation pour l’iconisation des recettes et
remèdes partant des Ressources Médicinales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
VII
Liste des tableaux
2.1 Exemple de nom botanique (nom scientifique) d’une plante selon Linné . . . . . . . . . . . 17
2.2 Comparaison des connaissances modernes (contemporaines) et traditionnelles . . . . . . . 24
3.1 Quelques définitions des concepts donnée, information et connaissance par neuf (9) auteurs 36
3.2 Typologie des connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.3 Exemple de syntaxe, sémantique et de raisonnement en LPO partant du pseudo langage
naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.4 Description de chacune des cinq (5) étapes de Diligent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.5 Description de chacun des neuf (9) scénarios de NeOn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.6 Illustration des étapes en neuf (9) scénarios de ontoForInfoScience . . . . . . . . . . . . . . 63
3.7 Correspondants en SNAP et SPAN de BFO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.8 Propriétés d’une partie d’un objet suite à sa subdivision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.9 Traduction d’une phrase du langage naturel au langage iconique . . . . . . . . . . . . . . . 71
VIII
5.18 Groupe 8 des erreurs relatives aux axiomes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
5.19 Groupe 9 des erreurs relatives à la définition de concepts équivalents . . . . . . . . . . . . 127
5.20 Classification des erreurs par cause . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
5.21 Liste des figures des copies d’écran sous Protégé du contenu en partie de ontoMEDTRAD . . . . 129
5.22 Métrique de ontoMEDTRAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
IX
Table des matières
1 Introduction générale 1
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.5 Contributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.5.1 Idée maitresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.5.1.1 Fondement de notre travail de recherche : ontoCONCEPT-Term et ontoI-
CONE de ontoMEDTRAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.5.1.2 Structure fondationnelle d’une ontologie d’approche visuelle . . . . . . . . 7
1.5.1.3 Plateforme web sémantique et social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.5.2 Publications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.6 Plan de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
X
2.4.1 Comparaison des connaissances natives et occidentales . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.4.2 Caractéristiques propres à la MT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.5 Organisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.5.1 Acquisition et transmission des connaissances et savoirs de la MT . . . . . . . . . . 26
2.5.2 Ressources médicinales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.5.3 Récolte des ressources médicinales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.5.4 Forces et faiblesses de la MT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.5.4.1 Forces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.5.4.2 Faiblesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.6 Prédisposition organisationnelle et solutionnelle de capitalisation des connaissances . . . . 31
2.7 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
XI
3.3.2.2 Hypothèse du monde ouvert (OWA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.3.2.3 Continuants et occurrents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.3.2.4 Processus et évènement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.3.2.5 Objets fluents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.3.2.6 Objets homéomères et objets anhoméomères . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.3.3 Conclusion sur les méthodologies existantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.4 Représentation des connaissances et ontologies existantes dans des domaines connexes . . 69
3.4.1 Travaux relevant de la MT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.4.2 Travaux relevant de la MM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
XII
5.5.3 Modélisation conceptuelle (UML) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
5.5.4 Diagramme UML des classes relativement à ontoCONCEPT-Term . . . . . . . . . 119
5.6 Concepts présents dans des ontologies ou ressources déjà existantes . . . . . . . . . . . . . 120
5.7 Formalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
5.7.1 Choix de l’outil de modélisation ontologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
5.7.2 Typologies des erreurs dans les ontologies de fondement existantes . . . . . . . . . 122
5.7.2.1 Catalogue de 33 écueils communément rencontrés dans la construction des
ontologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
5.7.2.2 Classification des erreurs par cause . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
5.7.3 Résultat : ontoCONCEPT-Term . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
5.8 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
6 Vers une ontologie visuelle : construction d’un langage iconique pour les plantes mé-
dicinales, les recettes et les remèdes 136
6.1 Position de ontoICONE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
6.2 Périmètre de notre travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
6.3 Construction d’un langage iconique pour les plantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
6.3.1 Extraction d’un jeu de données (31 remèdes et 22 plantes) . . . . . . . . . . . . . . 138
6.3.2 Définition des critères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
6.3.3 Définition des valeurs des critères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
6.3.4 Sélection des critères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
6.3.5 Dessin des iconèmes et choix des couleurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
6.3.6 Assemblage des iconèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
6.4 Génération automatique des icônes de plantes à partir de l’ontologie ontoMEDTRAD (ontoCONCEPT-
Term) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
6.4.1 Lien ontologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
6.4.2 Programme en python (attachement procédural) pour la génération des icônes de
plantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
6.5 Remarque importante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
6.6 Iconisation de la recette et du remède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
6.6.1 Parties utilisées de la plante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
6.6.2 Recette et Ingrédient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
6.6.3 Remède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
6.6.4 Langage diagrammatique pour les recettes et les remèdes . . . . . . . . . . . . . . . 166
6.7 Généralisation de l’iconisation des remèdes et recettes pour l’ensemble des maladies . . . . 167
6.8 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
6.9 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Bibliographie 178
XIII
Chapitre 1
Introduction générale
Sommaire
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.5 Contributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.6 Plan de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1
1.1 Introduction
Les connaissances actuelles peuvent se décomposer en connaissances traditionnelles locales d’une part
et en connaissances universellement et scientifiquement prouvées d’autres part. Les secondes sont souvent
originaires du monde occidental ou orientées par celui-ci. Sur elles, se focalise la majorité des recherches
à présent. Cependant, de plus en plus, des connaissances natives, endogènes et locales voire aborigènes
ou encore naturelles attirent l’attention des scientifiques [49] [139] [150] [244] [245]. En occurrence, la
biomimétique s’inspirant du mimétisme du vivant, est en éclosion. Elle vise à répondre à de nouvelles
perspectives et à de nouveaux besoins humains. En réalité, le capital naturel a toujours servi de levier
d’amorçage à la science 1 . En clair, ce capital n’a jamais fait défaut, mais dans un rôle apparaissant souvent
très passif : apport de "matières à moudre" à la science.
Fort de ce capital natif, dès l’aube de l’humanité, l’homme a appris à connaître les ressources natu-
relles, et notamment les plantes, pour se nourrir, puis à en cerner les vertus thérapeutiques [10]. Ce volet
thérapie concerne la médecine. De la médecine hippocratique (d’Hippocrate à -5e siècle) en passant par
celle de Paracelse (+15e siècle) [73], plusieurs médecines ont contribué à l’établissement de la médecine dite
traditionnelle (MT). Cette dernière, jusqu’à nos jours, continue de constituer un vivier non négligeable [49]
[51] [126] [196] pour la médecine conventionnelle notamment la médecine moderne (MM). Très présente
de par ses progrès scientifiques remarquables et ses retombées en terme d’offre de soins de santé, cette
MM est actuellement lancée dans une course vers les technologies de pointe. Relevons également qu’au
fil du temps et selon les espaces, la MT revêt une apparence de persistance et de transcendance. Loin de
remplacer la MM, ou d’être oblitérée par elle, elle ne donne aucune impression de disparaître. Le Président
de l’ONG Prometra (Dakar) dit au sujet de la MT : "Qu’elle ait existé jusqu’à maintenant, justifie son
efficacité et tout l’intérêt qu’il convient de lui porter" [133]. A l’initiative de l’OMS, avec l’avènement
des soins de santé primaires en 1978 [210] [240], lors de la Conférence internationale d’Alma-Ata (actuel
Almaty au Kazakhstan), il a été motivé l’intérêt d’intégrer la MT dans les systèmes de santé nationaux
des pays du tiers monde, suite au constat de la non couverture médicale de l’ensemble des couches des
populations par l’offre de la médecine conventionnelle. La MT constitue un patrimoine culturel pour les
populations autochtones qui la pratiquent depuis des lustres (des temps les plus reculés). L’ambition pour
la MT est d’en faire un système complémentaire de santé plutôt qu’un substitut des offres de soins issues
de la MM. Elle n’a pas non plus pour objectif de copier la MM.
Dans ce travail, notre contribution vise à favoriser l’augmentation du potentiel des soins de santé
primaires par la MT, pour les populations africaines et plus particulièrement celles de quinze (15) pays
de l’Afrique de l’ouest. Dans cette zone, foisonnent de nombreuses cultures, incluant différentes aires
linguistiques, diverses sources ou ressources naturelles d’ordres végétal, minéral et animal. Il y a aussi une
grande variabilité morphologique pour une même espèce vivante (animale ou végétale) selon la région,
l’habitat et/ou le climat.
1.
http ://www.cnrtl.fr/definition/science (consulté en 2014) ; Selon CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales de
Nancy/France), par science, il faut entendre la somme de connaissances qu’un individu possède ou peut acquérir par l’étude, la réflexion
ou l’expérience ; Plus spécifiquement, c’est la connaissance approfondie des choses dans ce qu’elles sont ou encore celle des règles et des
techniques propres à une activité. En outre, de la même source, la science est l’ensemble structuré de connaissances qui se rapportent
à des faits obéissant à des lois objectives (ou considérés comme tels) et dont la mise au point exige systématisation et méthode. On a
les sciences dures formelles, axiomatiques, abstraites (mathématiques, informatique, statistiques, actuariat, ...), les sciences abstraites
et concrètes (biologie, physiques, ...) et les sciences dites non exactes notamment les humanités (anthropologie, sociologie, ...). D’autres
classifications existent.
2
Pour les acteurs de premier rang de la MT, il n’existe quasiment pas de cadre collaboratif (flexible). La
conception d’un tel cadre collaboratif passe nécessairement par la création d’un environnement approprié
et propice pour ces acteurs que sont précisément les praticiens de la MT (PMT). Un tel environnement
devrait s’appuyer sur les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), qui sont les outils
de référence pour la valorisation de l’information. En clair, au sens de Dieng R [80], il s’agit de constituer
un fond organisationnel de connaissances et d’expériences accumulées durant plusieurs décennies voire des
siècles, dans le domaine de la MT africaine. L’organisation de ces connaissances nécessite une approche
classificatoire ontologique afin de mieux les représenter dans une compréhension commune à la commu-
nauté des PMT. Le monde bien qu’étant unique est décrit de façon multiple et très souvent compris
pareillement. Décrire ce monde de manière formelle peut être un préalable à la compréhension consen-
suelle par les humains. Dans cette optique, en s’appuyant sur les technologies du web sémantique [100]
[151], l’intelligibilité sémantique de ce monde par la machine est rendue possible. Ce cadre d’échanges sous
forme de plateforme web vient alors faciliter la collaboration entre les PMT.
Comment allons-nous nous y prendre afin de permettre à ces guérisseurs de partager, de co-construire
et de co-enrichir cette plateforme quand plus de la moitié (65 %) [135] d’entre eux ne savent ni lire, ni
écrire dans les quatre (4) langues officielles (le français, l’anglais, l’espagnol et le portugais) ? En plus,
cette même majorité des PMT s’exprime dans des langues locales différentes et non écrites en général. Ces
PMT appartiennent à des cultures aux us et coutumes variés.
Pour répondre à cette question, notre travail de recherche vise la Gestion de la MT dans une
plateforme web social et sémantique selon une approche basée sur une ontologie visuelle
(iconique). Cette approche associe des icônes aux principaux concepts de l’ontologie terminologique au
plan des utilisations.
En effet, il est indispensable de réfléchir à un langage non-textuel, et constant d’un pays à un autre, à
même de transcender le multilinguisme accentué et très caractéristique de cet espace régional. Ce multi-
linguisme constitue une barrière dans la communication entre personnes. Cette difficulté est d’importance
variable pour chacun des pays de cette sous région africaine. Par exemple, en Côte d’Ivoire, il n’y a pas
de langue qui s’impose parmi la soixantaine existante. Après le français (écrit), nous avons trois langues
locales, à savoir le Baoulé, le Bété et le Dioula, qui sont les plus utilisées. Au contraire, au Sénégal, le
Wolof est une langue locale qui tend à s’imposer, venant après le français. Selon le pays, les langues locales
ont un nombre variable se situant entre 2 et 80 en général, et jusqu’à 527 au Nigeria [148]. Leur nombre
total est estimé à 1127 pour l’ensemble de l’Afrique de l’ouest.
Nous projetons alors, à partir d’une ontologie de domaine de la MT de l’Afrique de l’ouest, baptisé
ontoMEDTRAD, de construire un langage iconique selon une approche d’ontologie visuelle. Ce langage
prend appui sur une partie d’ontoMEDTRAD qui est ontoICONE. Ce projet est ambitieux et sera réalisé
méthodiquement et en plusieurs étapes, le présent travail constituant la première étape.
1.2 Contexte
Nos travaux de thèse entrent dans le cadre du projet [232] "Mise en place d’une plateforme web social et
sémantique pour le partage des connaissances des communautés ouest-africaines" 2 piloté par Prof. Moussa
LO. Il s’agit d’amener ces communautés caractérisées par des activités socioculturelles et professionnelles, à
partager leurs connaissances au moyen d’outils parmi lesquels les technologies du web social et sémantique
sont présentes. Cette plateforme Web sémantique centrée sur une base de connaissances ontologique devra
2. http ://www.unesco.org/new/fileadmin/MULTIMEDIA/HQ/ED/pdf/SenegalGastonBergerFR.pdf consulté en 2013
3
s’étendre à ces différentes communautés des localités urbaines et rurales de la sous région ouest-africaine.
Les moyens d’accès envisagés sont multiples, notamment via l’Internet par la téléphonie mobile.
Plus spécifiquement, comme déjà mentionnée, la communauté concernée dans le présent travail de
recherche est celle de la MT, où notre solution comprend une approche d’ontologie permettant l’utilisation
d’icônes. Ainsi, au moyen d’un langage iconique, l’ensemble des concepts terminologiques afférents à la MT
devront être iconisés sinon, l’être en grande partie. L’aspect visuel permettra au tradipraticien (ou PMT)
de s’affranchir des barrières linguistiques, dans l’exercice de son art de guérisseur. Les PMT, experts du
domaine de la MT et composant notre endogroupe, constituent un centre d’intérêt important à prendre
en compte à toutes les grandes étapes charnières du projet vu le caractère consensuel souhaité.
L’importance et l’urgence de ce travail ne sont plus à démontrer : depuis plusieurs années, l’hégémonie
de la MM laisse peu de place à l’expression des MT et à l’utilisation naturelle des plantes médicinales.
Ces pratiques ancestrales sont désormais menacées de disparition. Cet état de fait est aggravé par la
mondialisation (économie mondiale) qui déstructure de plus en plus les populations des pays en voie de
développement (PED) et conduit à un bouleversement global des valeurs et des ressources. Les jeunes
générations se tournent alors désormais de plus en plus vers les valeurs occidentales, délaissent celles de
leurs aînés et notamment celles portées par la MT.
Depuis l’époque de l’informatique des gros systèmes centralisés, des mainframes jusqu’à celle de l’infor-
matique ubiquitaire actuelle, les progrès réalisés dans ce domaine sont évidents. En ce début de troisième
millénaire, les TIC via les applications web et le web lui-même ne cessent d’augmenter en capacité. Ceci
constitue une motivation supplémentaire pour intégrer ces TIC dans l’organisation de la MT de l’Afrique de
l’ouest. L’ensemble formé par les ontologies, le web sémantique et les langages de programmation orientée
objet, offre un cadre technologique adéquat pour :
1.3 Problématique
L’Afrique de l’ouest est l’une des parties du monde où le taux de natalité est le plus élevé [56]. On y
note un état de pauvreté aggravant pour les couches sociales en surpeuplement. S’agissant de la MM, la
répartition des infrastructures sanitaires et surtout de soins de santé, est notoirement inégale au regard des
ratios des populations avec les espaces géographiques ou tout simplement de la densité (nombre d’habitants
par km2 ) ou encore de la concentration des masses. La médecine à domicile est quasiment absente. On
constate également un manque de médecine de proximité et une insuffisance du personnel soignant dont
principalement les médecins [135]. Ce personnel est beaucoup plus concentré au niveau des métropoles
[165], un peu moins dans les autres zones urbaines et beaucoup moins dans les zones rurales. De plus, les
coûts élevés, parfois prohibitifs et dispendieux, des offres de soins de santé même primaires rendent l’accès
à la MM, difficile et inéquitable.
Du coup, parallèlement à l’utilisation de la MM, les populations font appel à la MT pour répondre à
leurs besoins en soins de santé. Selon l’OMS [175] et à travers d’autres sources notamment [51], [201] et
[210], la proportion de la population ayant recours à la MT est estimée à 80%. Cependant, le patrimoine
culturel constitué par la MT se perd du fait du caractère oral de la transmission des connaissances d’une
4
part, et d’autre part du vieillissement des PMT alors que l’espérance de vie actuelle est autour de 60 ans
[56]. Nous relevons comme principaux moyens de transmission des connaissances, la descendance, la lignée
et l’innéisme [136].
Dans les pays de cette partie Ouest Africaine, les PMT travaillent sans une véritable communication
entre eux. Aussi relevons-nous une absence totale de mécanismes et d’outils de préservation des savoirs,
des connaissances, des pratiques et des expériences dans ce domaine. A leur mort, les PMT disparaissent
avec les savoirs et les savoir-faire tacites et professionnels accumulés durant des décennies.
A ce titre, leur créer un cadre d’échange, d’acceptation mutuelle, de collaboration constitue un chalenge
majeur. Ce cadre se veut un incubateur de capitalisation et de mutualisation durable du patrimoine formé
par les connaissances et expériences de la MT. C’est une mémoire organisationnelle [100], qui une fois
réalisée, sera utilisée et enrichie par les principaux acteurs, les PMT. Quant aux usages offerts aux autres,
notamment patients, chercheurs, médecins de la MM, enseignants en TIC et en Biosciences, et apprenants,
différents paliers de restrictions sur leurs possibilités d’intervention pourraient être définis. Cependant, la
pérennisation de ces savoirs nécessite aussi de faire face à la dégradation de l’environnement naturel, les
sources médicinales étant à plus de 50 % végétales [10] [136]. Les connaissances ainsi mémorisées auront
un sens non seulement pour l’historique, mais également pour la pratique des soins de santé, si toutefois le
couvert floristique et faunique, c’est à dire le réel perçu et vivant d’où est assorti le matériel brut de travail
du PMT, continue d’exister. En conséquence, ce couvert se doit d’être préservé et régénéré au moyen de
mécanismes et techniques dont pourra tenir compte notre mémoire en terme d’extension.
Au total, quelle est l’approche solutionnelle appropriée bénéficiant d’une intelligibilité sémantique par la
machine et permettant de doter ces PMT d’un cadre pérenne d’échange et de partage de leurs connais-
sances, pratiques et expériences de l’art médical traditionnel ?
Sans nul doute, à terme, notre travail est à même d’apporter ici, une réponse substantielle et une contri-
bution forte à la modernisation et à la revalorisation de la MT africaine.
1.4 Objectifs
L’objectif principal de cette thèse est de construire une ontologie de domaine de la médecine tradition-
nelle (MT) comprenant une base de connaissances et un module de concepts iconisés (concepts représentés
par des icônes) selon un langage iconique s’appuyant sur une ontologie d’approche visuelle. Cela consiste
à élaborer des concepts terminologiques ou des termes conceptuels de l’ontologie suivis de leur représenta-
tion visuelle en s’appuyant sur un langage iconique de nature compositionnelle. Dans ce langage, les icônes
seront construites en assemblant plusieurs éléments (couleurs, pictogrammes, partie d’icône ou iconèmes,
etc). Ce langage facilitera l’exploitation de la plateforme par les PMT, qui sont en grande partie illettrés.
Les icônes conçues devront donc être propres à la MT et reconnues comme telles. Cette ontologie de la
MT, avec sa couche iconique, est ensuite destinée à être utilisée dans des outils de gestion de la MT.
Ce travail s’inscrit dans un projet de plus grande ampleur, en trois étapes :
– Étape 3 : utiliser les outils du web social et sémantique (par exemple un Wiki et plus spécifiquement
Virtuoso) comme technologie support, devant permettre aux PMT d’être assistés dans leurs tâches
de guérisseur.
5
Ce travail de thèse se concentre sur les étapes 1 et 2, l’étape 3 constituant une perspective future
proche.
Au regard de ce qui précède, un certain nombre de méta-préoccupations auxquelles une ontologie de
domaine de la MT comme celle qui fait l’objet de notre travail de recherche est en mesure de répondre,
sont manifestes. Ce sont :
1.5 Contributions
1.5.1 Idée maitresse
Rendre intelligibles à l’ordinateur les connaissances présentes dans une base de connaissances nécessite
l’utilisation d’une terminologie codée.
Construire une ontologie d’approche visuelle, notre préoccupation essentielle, est donc un défi au regard
de la complexité visuelle et de ce qui précède. Pour venir à bout de ce problème, nous allons construire une
ontologie formelle terminologique au sens habituel, sur laquelle devra s’adosser l’ontologie d’approche vi-
suelle. La première ontologie, ontoCONCEPT-Term, et la seconde, ontoICONE, forment ontoMEDTRAD,
une ontologie de domaine de la MT. ontoMEDTRAD elle-même est la principale composante du système
intégral envisagé : SysMEDTRAD. Ce dernier devra intégrer une plateforme web social et sémantique.
Le langage iconique principalement de nature compositionnelle se base sur ontoICONE, et fera corres-
pondre à un concept donné de ontoCONCEPT-Term une icône.
La structure de ontoMEDTRAD est illustrée par la figure 1.1. La couche A représente l’ontologie
de la MT via les termes (concepts terminologiques). La description des concepts et des relations séman-
tiques entre ces concepts est d’ordre hiérarchique (taxinomique), associatif (horizontal) et composition-
nel. La couche B comprend les icônes en correspondance associative à un sous-ensemble des concepts de
ontoCONCEPT-Term (tous les concepts n’ont donc pas une icône). Ici, on privilégie la fonction iconique
d’ontoICONE (car elle détient une partie terminologique en partage avec ontoCPNCEPT-Term).
6
Figure 1.2 – Correspondance sémantique entre termes/concepts et icônes/concepts
Figure 1.3 – Architecture simplifiée de la plateforme web social et sémantique : cadre basique d’échange
et de partage
L’approche visuelle consiste à construire d’abord une ontologie de domaine avec des concepts et re-
lations entre eux, et ensuite à représenter par une icône chacun des concepts et relations à travers un
langage iconique. La figure 1.2 donne une démonstration d’une situation idéale structurant une ontologie
d’approche visuelle.
Dans SysMEDTRAD, la plateforme dans sa quintessence est formée d’une base de connaissances issue
de l’ontologie. On a accès aux données primitives, axiomatisées, définies, instancielles et inférentielles. Cet
accès est opéré via des interfaces dont seules celles des acteurs principaux PMT et patient, cités ici dans
l’ordre de leur importance contextuelle, sont mises en relief à travers la figure 1.3.
7
ainsi qu’un langage diagrammatique pour présenter des recettes de remèdes à base de plantes et ces
remèdes. De plus, le langage iconique a été relié à l’ontologie, de sorte à pouvoir générer automatiquement
les icônes à partir de la description formelle des plantes dans l’ontologie.
1.5.2 Publications
Nous avons réalisé quatre publications :
8
Chapitre 2
Sommaire
2.1 Analyse de la MT : Nécessité de capitaliser et de pérenniser les savoirs . . . 10
2.2 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.3 Fondement historique, origine et évolution de la MT . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.4 Traits caractéristiques de la MT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.5 Organisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.6 Prédisposition organisationnelle et solutionnelle de capitalisation des connais-
sances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.7 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
9
Dans ce chapitre, nous allons présenter la médecine traditionnelle (MT) de l’Afrique de l’ouest à
travers ses caractéristiques et son organisation. Pour cela, nous nous sommes fondés sur des recherches
bibliographiques, la documentation obtenue de structures agrées de santé publique et d’organisations non
gouvernementales, les rencontres de terrains avec une cinquantaine (50) de PMT en Côte d’Ivoire et une
soixantaine (60) au Sénégal. L’observation et les ressources en ligne complètent cette liste de sources
documentaires non exhaustive pour asseoir notre analyse.
Nous nous focaliserons sur les préoccupations pouvant mener à des possibilités de solutions informatiques
en vue d’améliorer l’organisation de la MT et son intégration dans les systèmes nationaux de santé et
d’augmenter le volume des offres de soins de santé primaires en complément à celles de la MM, dans les
pays d’Afrique de l’ouest.
10
la résurgence d’anciennes maladies (e.g. : Ebola en Guinée Conakry en 2013) et l’apparition de nouvelles.
Nous pouvons préciser que la médecine conventionnelle est d’abord faite par et pour les pays occidentaux
et les patients ayant un mode de vie sédentaire et urbain : cela correspond au profil des patients recrutés
dans les essais cliniques, et aux patients "ciblés" par les laboratoires pharmaceutiques.
D’autre part, nous avons la médecine non conventionnelle dont les soins relèvent des produits naturels
ayant subi moins de transformations (notamment chimiques). Ce domaine progresse (plus lentement que
celui de la MM) avec des pratiques beaucoup moins structurées voire informelles ou semi-formelles. Toutes
les sources médicinales sont utilisées notamment végétales, minérales et animales et surnaturelles. Pour
faire face aux soins de santé, nombreuses sont les populations à travers tous les continents, et singulièrement
dans les pays en développement ou en voie de développement, qui continuent de se référer à ce type de
médecine.
A ce dernier niveau, deux sous-types de médecine sont à distinguer, l’un plus usité dans les pays déve-
loppés, qui est la médecine complémentaire ou parallèle, ou encore alternative ou douce (complementary
and alternative medicine), et l’autre dit médecine traditionnelle (MT) beaucoup plus pratiqué dans les
pays en développement (Afrique, Asie et Amérique du sud). En Asie, et principalement en Chine, la MT
représente 40% des soins de santé primaires (au regard de la pyramide sanitaire) administrés [173]. En
Afrique de l’ouest, pour cette même catégorie de soins, 80% de la population a recours à cette MT regrou-
pant des techniques et connaissances appelées pharmacopée traditionnelle [175]. Ce type de soins concerne
un sous domaine de la santé et cible plus spécifiquement l’être humain. Il donne lieu à un ensemble étendu
de connaissances et de pratiques. Il est simplement dénoté par la MT avec des déclinaisons africaine,
chinoise, indienne. . .
En Afrique de l’ouest, en matière de MT, le principal vecteur de transmission des connaissances,
lorsqu’elles ne sont pas tenues secrètes, est l’oralité, marquée d’une importance indubitable dans les us et
coutumes. Manifestement, lorsqu’un PMT décède, c’est toute la somme de ses expériences acquises qui
disparait. Une politique nouvelle doit permettre de disposer dans ce domaine, d’une base de connaissances
(BC) et d’expériences évolutive pour atténuer cette perte. C’est ce à quoi s’attelle notre travail par la
création d’une mémoire collective de la MT, comme socle d’un héritage pour les générations nouvelles.
Cette mémoire est une capitalisation progressive des connaissances de la MT de l’Afrique occidentale. Du
secret à l’ouverture, du tacite à l’explicite, de la perte des connaissances à leur persistance du fait en
partie du renouvèlement et de l’enrichissement du fond organisationnel constitué, du caractère fortement
propriétaire des informations et concepts à leur désincarnation [100], donnent de la voie à une souplesse
infinie pour les habilités des acteurs en matière de réutilisation et de contribution.
2.2 Définitions
2.2.1 Médecine traditionnelle
Selon la définition officielle de l’OMS [173] [175], "la médecine traditionnelle (MT ou TM en anglais
traditional medicine) se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui
impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies
spirituelles, de techniques et d’exercices manuels, séparément ou en association pour soigner, diagnostiquer
et prévenir les maladies ou préserver la santé". Plusieurs autres définitions se rapprochant de la précédente,
existent. Parmi elles nous en donnons trois autres :
– Pour l’UNESCO [231], la MT est un concept qui déborde largement le champ de la santé pour se
11
placer au niveau socioculturel, religieux, politique et économique. Elle peut être considérée comme
"un système de prise en charge du malheur (biologique ou non), qui s’appuie sur des théories du
corps, de la santé, de la maladie et de la guérison ancrées dans l’histoire des cultures et des religions
qui ont construit et construisent un pays". On peut dire qu’il existe presque autant de médecines
traditionnelles que de cultures.
Les catégories du PMT auxquelles les différents auteurs s’accordent sont [9] [14] [21] [72] [85] [133] [136] [150]
[172] [178] [192] : Accoucheuse traditionnelle, Diététicien traditionnel, Herboriste, Naturothérapeute, Phy-
tothérapeute, Psychothérapeute, Rebouteur traditionnel, Ophtalmologue traditionnel, Médico-droguiste
traditionnel, Kinésithérapeute traditionnel, Acuponcteur, Phlébotomiste.
Le phlébotomiste est un tradipraticien qui pratique principalement les techniques de saignée corporelle
du malade (patient) en vue de le soigner.
Nous pouvons remarquer que certaines fonctions qui existent en MM existent aussi en MT (e.g :
ophtalmologue). Bien entendu, les modes opératoires de prise en charge du patient sont très différents.
En plus de ce qui précède, par opposition aux fonctions cosmologiques, il existe les spiritualistes (ou noo-
logiques) qui soignent les patients principalement par les rites (religieux ou non) ou à partir de rites. Dans
cette classe sont logées plusieurs fonctions de guérisseurs PMT, notamment : Devin, Exorciste, Féticheur,
Occultiste, Prophète, Ritualiste, Voyant, Prêtre (musulman ou non), Sorcier.
12
Nous relevons que le cas de sorcier est typique, car il peut également rendre malade, jeter ou lancer
des sorts, faire usage des sciences occultes.
Un PMT peut avoir ou exercer dans plus d’une spécialité ou catégorie. Également, il peut avoir plusieurs
titres spiritualistes. Il peut à la fois assurer des fonctions cosmologiques et spiritualistes.
Le Komian est un féticheur, dans l’ethnie Agni en Côte d’Ivoire, pouvant prédire les évènements
importants (malheur ou bonheur). Il est consulté pour trouver la cause d’une maladie, pour protéger
contre certains malheurs [136].
2.2.3 Ethnopharmacologie
L’ethnopharmacologie se définit comme "l’étude scientifique interdisciplinaire portée sur l’ensemble
formé de matières d’origine végétale, animale ou minérale et des savoirs ou des pratiques s’y rattachant, que
les cultures vernaculaires natives mettent en œuvre pour modifier les états des organismes vivants à des fins
thérapeutiques, curatives, préventives ou diagnostiques" [81]. C’est donc une approche transdisciplinaire
qui s’intéresse aux connaissances des populations concernant la recherche, la préparation et l’utilisation
de remèdes médicinaux traditionnels.
Elle est formalisée en trois étapes que sont :
– (a) terrain ;
– (b) laboratoire ;
– (c) retour sur terrain.
L’étape (a) est concentrée sur le recensement des savoirs thérapeutiques.
L’étape (b) porte sur les activités en laboratoire visant à évaluer l’efficacité thérapeutique des remèdes
traditionnels.
Et enfin, l’étape (c) est axée sur les programmes de développement de médicaments traditionnels
préparés avec des plantes cultivées ou récoltées localement.
Ainsi, l’ethnopharmacologie apparaît comme un programme logique et rigoureux pour proposer un
accès aux soins avec des médicaments à base de plantes, produits du terroir et issus des savoirs locaux. En
outre, elle peut être vue comme un regard croisé ou une synthèse plus intéressante entre la vision d’une
représentation du monde dans une culture donnée (ethnologie), et l’étude objective des propriétés théra-
peutiques de substances (pharmacologie) naturelles au laboratoire [49]. Guidée par les usages empiriques
des plantes, l’étude éthnopharmacologique a apporté à l’humanité plus de 60 % de ses médicaments quoti-
diens (en pharmacie d’origine végétale). Fondamentalement, à la croisée des sciences de l’homme et de la
nature, l’ethnopharmacologie développe des méthodologies originales, alliant tradition et modernité [92].
A cet effet, C’est une technique permettant la codification des savoirs dont la transmission est fortement
orale. Dans un tel domaine, la reconnaissance du métier de guérisseur traditionnel par la MM, est difficile
et non systématique.
Terme employé par écrit pour la première fois en 1967 par Efron [35], l’ethnopharmacologie porte
de manière spécifique sur l’observation, l’identification, la description et l’investigation expérimentale des
ingrédients et leurs effets. Il n’en demeure pas moins des médicaments traditionnels obtenus à partir des
combinaisons de ces ingrédients [2].
Les fonctions et services de l’ethnopharmacologie occupent une place prépondérante dans l’industrie du
médicament et de l’innovation thérapeutique [35].
La démarche ethnopharmacologique consiste à s’intéresser aux relations existant entre les médicaments
et les manières de se soigner qui sont propres à chaque ethnie. Il s’agit précisément de mieux connaître
13
les remèdes traditionnels pour améliorer la santé. Pluridisciplinaire donc, l’ethnopharmacologie s’inscrit
dans le champ de la recherche pharmaceutique et participe à l’innovation thérapeutique en soins de santé
à l’échelle de tous les besoins. L’ethnopharmacologique est connexe à la psychopharmacologie qui elle,
de caractère plus transversal, étudie les psychotropes 1 . Ainsi, cette psychopharmacologie comprend en
partie la pharmacopée traditionnelle d’une part et d’autre part l’ethnobotanique dont nous donnons une
description succincte dans les paragraphes qui suivent.
2.2.5 Ethnobotanique
Contracté de l’ethnologie et de la botanique, l’ethnobotanique est l’étude des relations entre l’homme
et les plantes. Son domaine d’étude implique une large gamme de disciplines depuis les recherches archéo-
logiques sur les civilisations anciennes jusqu’à la bio-ingénierie contemporaine. L’étude ethnobotanique
laisse entrevoir le rôle de certaines plantes dans la construction de l’être humain au fur et à mesure de son
évolution vers l’âge adulte [234]. Elle participe à la création de l’identité humaine.
Le terme ethnobotanique est pour la première fois introduit par le botaniste américain J. Harshber-
ger autour de 1895-1896 [60]. C’est une discipline qui interfère sur plusieurs autres, mettant en liaison
l’humain et la plante [1]. Bien que les plantes médicinales aient toujours constitué l’intérêt principal de
l’ethnobotanique, cette dernière s’intéresse également à d’autres produits dérivés de la nature comme les
aliments, l’utilisation des plantes dans des cérémonies rituelles, la coloration d’objet de tout genre, les
fibres de plantes, les poisons, les engrais, la construction de matériels de maison, les ménages, les pirogues,
les ponts (bois et lianes), les bateaux, etc. Nous pouvons citer entre autres les disciplines en partie incluses
dans l’ethnobotanique notamment la botanique, la biochimie, la pharmacognosie (étude des médicaments
provenant de substances animales ou végétales), la toxicologie, la médecine, la nutrition, l’agriculture
1. Produits ou substances chimiques ayant un effet sur le psychisme en matière de médicament. Qui agit chimiquement
sur le psychisme. [Le Grand Robert].
14
(agronomie), l’écologie, l’évolution, la religion comparative, la sociologie, l’anthropologie, la linguistique,
la cognition, l’histoire et l’archéologie [2].
L’enthobotanique est une discipline interprétative et associative qui recherche, utilise, lie et interprète
les faits d’interrelations entre les sociétés humaines et les plantes en vue de comprendre et d’expliquer la
naissance et le progrès des civilisations, depuis leurs débuts végétariens jusqu’à l’utilisation et la transfor-
mation des végétaux eux-mêmes dans les sociétés primitives ou évoluées. Elle n’étudie, en eux-mêmes, ni
les plantes, ni les sociétés humaines, ni les Hommes. Elle est une des deux branches de l’ethnobiologie,
l’autre étant l’ethnozoologie [209]. En rapport à ce qui précède, la paléobotanique s’intéresse uniquement
aux fossiles des végétaux permettant de retracer les grandes étapes évolutives et historiques de ces végétaux
(généalogie des formes vivantes).
2.2.6 Phytothérapie
Le mot phytothérapie provient de deux mots grecs "phuton" et "therapeia" qui signifient respective-
ment "plante" et "traitement" [57]. Plus explicitement, le préfixe Phyto d’origine grecque indique une
relation avec les plantes. Thérapie signifie un traitement médical ou thérapeutique. Ceci implique simple-
ment et nettement le terme "soigner avec les plantes". La phytothérapie est donc l’utilisation thérapeutique
des plantes. Elle repose sur une pratique millénaire basée sur un savoir empirique qui s’est transmis et
enrichi au fil d’innombrables générations. La phytothérapie est également une méthode thérapeutique qui
utilise l’action des plantes médicinales. Une spécificité de cette thérapie est la mycothérapie [113] [177]
qui consiste à un traitement médical par les champignons ou par les substances sécrétées par les champi-
gnons (végétaux non ligneux). Dans ce travail nous ne ciblons pas les champignons (la mycothérapie).
On distingue deux types de pratique de la phytothérapie [211], l’un traditionnel et l’autre moderne,
respectivement encore qualifiés de phytothérapie traditionnelle et phytothérapie moderne.
Très ancienne, cette pratique est basée sur l’utilisation de plantes selon les vertus découvertes empirique-
ment. Cette phytothérapie traditionnelle est considérée comme une MT et encore massivement employée
dans les pays en voie de développement (en développement), selon l’OMS [211]. C’est une médecine non
conventionnelle du fait de l’absence d’étude clinique et scientifique.
Elle s’appuie sur les avancées scientifiques qui recherche des extraits actifs des plantes (ou drogues)
[57] [211]. Les extraits actifs identifiés sont standardisés. Cette pratique conduit aux phytomédicaments
et aux médicaments pharmaceutiques selon la règlementation en vigueur dans chaque pays.
15
– La thalassothérapie contractée thalasso, est une médecine douce reconnue depuis l’antiquité. Elle
renferme un usage thérapeutique par bains de mer, en environnement et climat marins (eau de mer,
de boue ou d’algue, de sable et d’autres substances extraites de la mer).
– La balnéothérapie (hydrothérapie) comprend la thalassothérapie. Elle est plus générale et désigne
l’ensemble des soins effectués par des bains généraux ou locaux (d’eau douce, de boue ou d’algue, de
sable et d’autres substances extraites de la mer). Par extension, la balnéothérapie peut s’appliquer
aux bains solaires et aux rayons ultraviolets ou infrarouges. En somme la balnéothérapie comprend
l’ensemble des soins, traitements et cures où des bains sont utilisés.
– L’argilo-thérapie africaine (dans certaines régions de la côte d’ivoire) qui offre des soins curatifs et
préventifs à base d’argile (massage, pose d’argile sur entorse, ...).
16
Description d’une plante : Neemier ou margousier ou encore "arbre à
pharmacie" (d’Afrique de l’ouest)
famille genre espèce descripteur
(nom du botaniste, auteur de la description)
Meliaceae Azadirachta indica A. Juss
TABLEAU 2.1 – Exemple de nom botanique (nom scientifique) d’une plante selon Linné
Pour le vivant, le nom scientifique contient toujours au minimum deux termes à savoir le genre et
17
l’espèce (genre suivi de espèce dans la nomenclature). Dans le cas d’une telle limitation à ces deux mots,
on parle de nom binomial (e.g : Azadirachta indica pour le neemier).
2.2.10 Recette
Le terme recette (recipe en anglais) est utilisé dans plusieurs domaines notamment en gastronomie
culinaire (cuisine), en musicologie (partitions musicales), en commerce et trésorerie financière (recettes
et dépenses), en linguistique (genre de texte discursif, récit, ordre, formulaire figé, plan, loi, conseils et
horoscopes) [4], en médecine [150], en gestion de projet (recette comme étant le test de conformité de
l’ouvrage à la demande formulée dans le dossier validé de conception générale relatif à la spécification des
besoins ou cahier de charges) [131], etc.
Ici, le terme recette est essentiellement propre à la MT (médecine traditionnelle). Intrinsèquement, la
recette est l’ensemble formé de parties utiles de ressources médicinales (e.g : végétal (ou plante), animal,
minéral) [134] en vue de soigner un patient, de lui apporter des soins de santé. La recette est souvent
rendue plus exhaustive en lui rajoutant le mode de préparation.
La recette est dite mono-spécifique [171] lorsqu’elle découle d’une seule plante. C’est à dire, les parties
utiles composant la recette, sont toutes d’une seule plante. La recette est dite multi-spécifique lorsqu’elle
émane de plus d’une plante. Généralement dans ce cas, le nombre de plantes dans un mélange ou une
mixture est limité à 4 ou 5 au maximum.
2.2.11 Remède
Par remède (remedy en anglais) [150], l’on entend, toute substance utilisée pour guérir une maladie,
un mal dont souffre un patient. Ce qui guérit un mal moral. Tout ce qui sert à prévenir un malheur,
une difficulté, à les faire cesser. "Un médicament est toute substance ou composition présentée comme
possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que
tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal, en vue d’établir un diagnostic médical ou
de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques" selon [57]. Le médicament est un remède mais
tout remède n’est pas un médicament surtout quand remède s’accorde comme un moyen, une solution face
à une difficulté ou à un problème donné. Zerbo et al [247] parlent de recette médicamenteuse en adressant
le remède ou le médicament traditionnel.
18
Figure 2.1 – Processus de clarification de signes et de symptômes d’une maladie
Dans le cadre de nos travaux, une attention particulière raisonnée porte sur la représentation des
remèdes traditionnels de la MT à base de plantes médicinales. Ainsi, le remède est à base d’une recette
(voir chapitres 5 et 6). Il comprend par essence une recette avec une forme de fin de préparation, un
ou plusieurs modes d’administration (et l’indication de la maladie à traiter). Les formes de remèdes sont
multiples. On a les liquides (lotion, décoction, sirops, potion), les solides et galéniques, la poudre, la patte
ou pommade, les formes de vapeur et de gaz, ... On a aussi comme remède, le MTA (section 2.2.7).
En MT, une ressource médicinale en général et en particulier une plante peut être utilisée pour traiter
une ou plusieurs maladies, et un ou plusieurs symptômes (ou signes). Dans un cadre plus général, le signe
19
est l’objet central d’étude scientifique pour la sémiologie ou la sémiotique. Cette science a un apport
indispensable dans le langage iconique à construire.
Un syndrome est l’ensemble des symptômes et des signes d’une maladie qui peuvent être manifestés
par un patient. Signe et symptôme constituent également des indices de la Maladie.
Toutes sortes d’indicateurs peuvent être assorties de ces facteurs touchant et conditionnant l’état
sanitaire d’une personne prise individuellement, et également d’une population.
20
Figure 2.2 – Déterminants ou facteurs de l’état de santé humain des plus englobants aux plus spécifiques
Nous avons ainsi l’évolution chronologique des grands courants de la médecine de l’humanité à travers
la figure 2.3, où le sens de la flèche indique deux éléments à savoir :
Néanmoins quelques relents ou traces d’inspirations existent en gros entre tous ces courants.
Il convient de noter le caractère persistant et transcendantal dans le temps et l’espace, de la MT, depuis
l’antiquité jusqu’à nos jours. Nous mentionnons cela, car les actes administratifs plus tard après les indé-
pendances africaines pour la reconnaissance de la MT, existent. L’amorce d’intégration de cette médecine
dans les systèmes de santé nationaux sont récents (environ 20 ans après 1978, l’année de proclamation de
la conférence internationale d’Alma-Ata).
La figure 2.4 donne une illustration de l’évolution temporelle des civilisations marquée par les quatre
dernières grandes époques : Antiquité, Moyen âge, Époque moderne et Époque contemporaine. Cette
illustration est en rapport avec les courants de médecines du passé et de maintenant (voir figure 2.3).
Comme le montre la figure 2.3, des mutations de courants thérapeutiques vont s’observer beaucoup
plus rapidement dès la fin du moyen âge et donc à l’entame de l’époque moderne. Ce constat est justifié par
le développement de nouvelles ramifications de courants dénotées par les médecines moderne, scientifique,
complémentaire et de haute technologie.
Exceptées la médecine antique et celle du moyen âge, tous les autres types de médecine sont actuelle-
ment en usage. Cela correspond à la partie marquée par l’entour plus épais en couleur noire (voir figure
21
Figure 2.3 – Grands courants de l’évolution de la médecine de l’humanité
2.3). Dans cet enclos et au même titre que la MT, les autres courants de médecine peuvent être dupliqués.
La duplication faite de la MT se justifie par l’objet que cette médecine constitue pour notre travail de
recherche. Néanmoins, il est utile de préciser que cette duplication n’est pas une copie "égalitaire" dans le
temps.
A ce titre, la notation "MT =⇒ MT" traduit implicitement deux états de la MT. Elle est explicitée
à travers :
E1 (t1 , MT) =⇒ E2 (t 2 , MT) où E1 et E2 sont deux états de la MT respectivement aux dates (périodes
ou époques) : t1 et t 2 . Nous notons que ( t1 ≼ t 2 ) pour signifier "t1 est avant t 2 ".
Ainsi, s’ajoute aux significations du sens de la flèche sus-citées, celle traduisant le temps qui court.
L’implication récursive d’un courant de médecine à lui-même n’est qu’apparente. A deux dates très dis-
tantes, éloignées ou séparées (e.g : d’au moins une trentaine d’années), un courant ne peut observer ou
conserver le même état. D’une date à une autre, l’état d’un même courant de médecine a forcément changé
par le fait de facteurs liés à la nature, à l’action anthropique, à l’intelligence et à l’innovation, à l’ingéniosité
et à l’ingénierie des acteurs (humains).
Cette succession chronologique des quatre dernières périodes de l’histoire est partagée par la plupart
des historiens français 3 .
Nous notons que la MT chinoise (MTC) n’est pas occidentale. Elle fait donc partie de la MT telle que
décrite dans ce paragraphe.
3. http ://fr.wikipedia.org/wiki/Antiquité, 2013
22
Relativement à ce chapitre, dans ce qui suit, la MT que nous décrivons le plus est celle de l’Afrique et
singulièrement celle de l’Afrique de l’Ouest.
Les sciences modernes (orientées occidentales) et les savoirs autochtones (locaux) représentent des
systèmes de connaissances différents, en raison de leurs antécédents et fondements, de leurs valeurs, de
leurs principes d’organisation et des habitudes d’esprit des détenteurs de ces connaissances. A ces deux
champs de la connaissance, on pourrait ajouter les compétences et procédures des acteurs (communautés
d’acteurs) suivies des environnements contextuels respectifs. En plus, il est bon de savoir pour chaque
côté, c’est à dire d’une communauté à l’autre, comment la connaissance est utilisée.
L’ultime défi est de trouver la reconnaissance mutuelle et le respect de travailler ensemble de manière
complémentaire pour améliorer le bien-être de notre humanité et le développement durable de la planète
entière. L’entrée de l’ensemble des pays dans les sociétés du savoir ne doit pas être une recommandation
vaine. De cette façon, assurément, les approches scientifiques contemporaines s’augmenteraient avec une
vision plus globale, incluant à la fois les dimensions spécifiques d’ordres psychologique, social et cultu-
rel. Dimensions, parmi lesquelles certaines auparavant sont considérées comme extérieures à la logique
scientifique [244].
23
Champs de la connaissance
Connaissances natives locales Connaissances de la science moderne
(indigenous knowledge) axée occidentale (modern and western
science knowledge)
Frontière Connaissances locales : Elles sont enracinées Connaissances universelles et globales :
géographique et dans une communauté particulière ; C’est un Produites dans les institutions scientifiques
culturelle ensemble d’expériences générées par des modernes et certaines entreprises
personnes vivant dans les communautés. industrielles, elles transcendent les limites
géographiques terrestres. Ce type de
connaissances a la même vérité dite "vérité
universelle" peu importe où il se trouve.
Degré de Connaissances tacites : connaissances Connaissances explicites : Les connaissances
désincarnation indigènes sont intégrées et incarnées dans les résultent de procédures rigoureuses de
création par l’observation, l’expérimentation
personnes qui les génèrent et les utilisent ; Il
et la validation ;
est donc difficile de saisir et de codifier ce
Ces procédures pourraient être spécifiées et
type de connaissances non formelles.
mises facilement en instructions
opérationnelles ou stratégiques.
Moyen de Transmission orale des connaissances : les Transmission orale, écrite, scolaire et
transmission connaissances sont rarement enregistrées sous académique : la connaissance est produite et
forme écrite. Elles sont transférées par est soigneusement documentée. Ainsi, elle
imitation ou démonstration. peut être enseignée par le système éducatif
formel d’office.
Niveau théorique Par expérience : les connaissances sont Méthode scientifique, théorique,
et expérimental dérivées de l’expérience, de l’essai et de expérimentale, formelle et mathématique : La
l’erreur. Il est testé au fil du temps dans le connaissance est dérivée d’hypothèses et de
"laboratoire social de survie" des méthodes scientifiques. Des études ont été
communautés locales. faites dans des laboratoires ou avec des
modèles scientifiques ou mathématiques.
Niveau de Marque Connaissances empreintes de valeurs sociales Absence de valeurs spirituelles : Les
spirituelle et et spirituelles : la spiritualité est d’une attitudes, les croyances et les dimensions
sociale dimension importante et inséparable des culturelles sont séparées du processus de
connaissances. La subjectivité joue un rôle. création des connaissances. L’objectivité est
La nature est vénérée comme étant la mère et l’approche essentielle. La nature doit être
la fournisseuse de toute chose et de tout être. conquise et/ou maitrisée.
Niveau d’approche Approche holistique et globalisante : Approche systémique et comparative : Ce
systémique L’humanité est considérée comme faisant système de connaissance décompose la
partie de la nature.
matière pour étude, en plus petites
La tendance naturelle pour l’équilibre est le
composantes afin d’atteindre la profondeur et
thème central de la connaissance.
la partie cachée des faits du sujet étudié.
Niveau de partage Très faible partage des connaissances : Grande ouverture et partage à l’échelle :
communicationnel connaissances éparpillées mais individualisées communication grandement ouverte
et sectaires par communautés clés ou par (révolutions et progrès industriels, TIC-web,
familles ou par personne, et ce des années universités), partage des connaissances,
durant. davantage de volonté d’ouverture et de
partage.
24
Dans ses principes de soins en santé humaine, la MT aborde les dimensions morale, culturelle, sociale
et environnementale du patient. On parle alors de bien-être intégral [22].
La MT est souvent à l’origine de découvertes en MM (médecine conventionnelle) [49]. Cela passe par
l’analyse des principes actifs présents dans les plantes utilisées pour les remèdes (pharmacognosie) [196]
[214].
En MM, la majorité des médicaments sont des produits de synthèse obtenus souvent suite à une longue
chaîne de production jonchée d’activités scientifiques (biologie et principes actifs des plantes médicinales,
adjonction d’excipients). Les fonctions de médecin et de pharmacien sont distinctes, exercées par des corps
de métiers afférents différents même s’ils doivent travailler de manière concertée. La biomédecine s’est
émancipée depuis longtemps de la religion.
En MT, le mode opératoire de la prise en charge d’un patient est différent de celui de la MM. Le PMT
exerce à la fois les fonctions de "médecin" et de "pharmacien" [136]. Il détecte la maladie sur le patient
et le traite en lui administrant les soins sous forme de recettes ou de remèdes appropriés, et ce, quelques
fois extemporanément (e.g : La première des quatre catégories (I, II, III et IV) de MTA à base de plante
[13] sous recommandation OMS). Il lui revient donc de confronter les symptômes (relevés) du patient et
de les comparer aux signes de la maladie explorée. A ce type de diagnostic, il rajoute un autre d’ordre
métaphysique (invisible) en plus de certains déterminants socio-culturels et environnementaux [22]. En
général, la prescription du PMT est à l’état de recette (d’ingrédients, ...). Il en va de même pour les
remèdes dits MTA en majeur partie.
L’échange entre patient et PMT est bidirectionnel, se démarquant nettement de la position hautement
dominante (ou de rôle tout puissant) du médecin moderne [133]. En somme, la MT vise un traitement
holiste et exhaustif du patient (corps physique, âme, esprit, environnement social et culturel). Une des
caractéristiques de la MT est ainsi sa connexité intrinsèque et extrinsèque avec le social et le culturel.
Cette MT reste encore inféodée aux croyances religieuses (Dieu des païens, Christianisme et Islam, ...)
[83].
La MT se voit comme dernier recours pour la grande majorité des cas, là où les symptômes du patient
persévèrent après l’intervention achevée de la MM [83].
Le concept de maladie en Afrique est approché de manière globale. Ce n’est pas l’approche plus
spécifique de l’occident. Cette approche globale se base essentiellement sur la sensibilité et la pensée
consciente des adultes plus imprégnés d’animisme [201]. La maladie reconnue comme un dérèglement
d’une ou de plusieurs parties du corps humain, est selon les sociétés africaines, un désordre, un déséquilibre
qualitatif et quantitatif entre toutes les composantes de l’Homme [133].
Les ressources médicinales et le matériel de travail du PMT, sont primitifs. Ces ressources sont utilisées
dans leur naturalité, contrairement en MM où elles subissent des transformations chimiques véritables en
termes de plusieurs procédés successifs.
Parmi les PMT, l’on constate plus de personnes âgées et une dominance du genre masculin sur le
féminin au regard des listes des PMT (au Sénégal et en Côte d’Ivoire) que nous avons établies lors des
visites de terrains. Au Burkina, c’était purement par observation lors d’un bref séjour.
En général, une femme PMT travaille avec son mari.
Au regard de ce qui précède, entre MM et MT, les modes opératoires sont nettement différents. Ceci
rend difficile la réutilisation diligente et automatique des ontologies ou des ressources terminologiques et
ontologiques (RTO) existantes en MM pour notre conception en MT. En conséquence, les ontologies de
fondement pourraient servir de modèles de données dans nos constructions futures. En outre, selon Kepler
J (1543, gravitation autour du soleil) et Newton I (1687, mouvement de corps), le modèle a été vu comme
25
lois et principe respectivement. En tant qu’abstraction de la réalité, il est plus vu comme un moyen de
production et d’exposition de connaissances [146] de nos jours.
2.5 Organisation
L’organisation décrite de la MT vise essentiellement les ressources et les acteurs dans le domaine de
discours afférent. Elle englobe les connaissances autour de ces ressources notamment médicinales en vue
de leur capitalisation.
– par la famille (lignée ou descendance) [133] [136] : père à fils (fille), de mère à fille (fils) ou par les
relations d’alliance : belle-mère, beau-père, beau-frère, belle-sœur, mari, co-épouse, marâtre, etc ;
– par apprentissage de plusieurs années auprès de guérisseurs compétents, en dehors du cercle familial
[136] ;
– par l’achat d’une recette jugée efficace après le traitement d’une affection donnée [136] ;
– par la promotion des personnes prédisposées dans des écoles (rares) de traditpraticiens de santé ;
– par le fait d’avoir été ancien malade guéri par un remède traditionnel ou dont le mal a été atténué
(apaisé) par un remède traditionnel ;
– par innéisme (dans ce cas, on parle de transmission par les esprits bienveillants) [72] ;
– par observation de comportements d’animaux domestiques ou non, et dans un champ plus large par
observation de phénomènes biologiques de la nature (plante, rapport entre animaux souffrants et
plantes). Par exemple, dans son cheptel, l’observation régulière des bovins faite par le peule (peul,
peuhl ou peuhle) [15] [123] dans leur état maladif ou lorsque leur santé n’est pas au beau fixe ;
– etc.
26
boa, python 5 , ...) ;
-les volailles (pintade, poulet, canard, pigeon, ...) [133] ;
-les mammifères [150] (singe, chèvre, mouton, antilope, lion, panthère, buffle, gazelle, éléphant, pan-
golin, rhinocéros, tigre, écureuil volant, cerf, ...) ;
-les oiseaux (pigeon, tourterelle, tisserin, calao, touraco, coucal du Sénégal, francolin, aigle, figrette
garzette, héron garde bœuf, milan noir, ombrette africaine, cisticole, hirondelle, martinet, engoulevent
à longue queue, hirondelle, caille, effraie des clochers, petit-duc à face blanche, faucon lainier, baza
coucou, épervier de hartlaub, autour unibande, élanion blanc, ...), selon Koué et al [134] ;
-les autres : araignée et certains insectes, mollusques et crustacés (escargot ..), certains poissons
(huile), mille-pattes, ...
Il faut noter qu’il existe des animaux à la fois reptiles et mammifères.
Selon KOUE et al [134], quarante quatre (44) espèces aviaires issues de seize (16) familles d’oiseaux
de huit (8) ordres sont souvent utilisées dans la MT, par le peuple Gouro en Côte d’Ivoire.
Comme le nom scientifique ou botanique des plantes, celui des animaux existe et suit une classifica-
tion similaire relevant du règne animal.
Nous avons également l’usage courant de parties d’animaux (les dents, la carapace, le coquillage,
les griffes, les cornes, la queue séchée, les plumes, les écailles, les sabots, la peau sèche, le pelage,
le sang, ...) ou de ressources d’origine animale (miel, graisse, lait, œuf, toile d’araignée, excrément,
huile animale, ...).
– Les ressources végétales notamment les plantes constituent de loin le lot le plus important et imposant
de l’ensemble des recettes thérapeutiques traditionnelles. Nous faisons ici l’économie de détailler les
espèces végétales utilisées, étant donné qu’elles sont les plus diversifiées et les plus utilisées en MT.
Nous sélectionnerons au chapitre 6 un échantillon de 22 plantes médicinales anti-paludéennes pour
l’amorçage de notre langage iconique.
Presque toutes les parties de la plante médicinale sont utilisées : feuilles, racines, écorces, tiges et
tronc, bourgeons, sève, épines, fleurs, fruits, tubercules, graines et pépins. Ces parties sont préparées
à l’état frais ou à l’état sec.
Exploitées habituellement à partir des peuplements sauvages, les plantes médicinales ne sont cultivées
par les guérisseurs que lorsqu’elles deviennent rares ou pour répondre aux cas d’urgence [136].
27
qui fait la récolte depuis la veille, pendant la récolte et de savoir se tenir en terme d’orientation (points
cardinaux, soleil ou lune).
2.5.4.1 Forces
À partir de la bibliographie [14] [22] [49] [133] [136] [178] [238] et des observations menées, nous
dégageons un certain nombre de forces de la MT :
– proximité géographique : Il n’y a pas de localité rurale sans MT. Il existe toujours un PMT au sein
d’un village ou juste à sa proximité. Au niveau urbain, on trouve quelques PMT plus concentrés aux
abords des marchés. La MM demeure essentiellement urbaine ;
– proximité et accessibilité culturelles : La MT fait partie intégrante de la culture africaine. Elle est
étroitement liée au contexte socioculturel et aux convictions métaphysiques d’une population locale.
Le guérisseur et son patient partagent les mêmes modes de vie, le même contexte social, le même
langage et les mêmes conceptions étiologiques. Le guérisseur est parfaitement intégré dans le milieu
social où il exerce. De plus, le PMT est très souvent agriculteur. Il vit au rythme des travaux agricoles
et partage les préoccupations de ses malades. Le guérisseur prend parfois les malades en charge à son
domicile ou à proximité de son domicile (hospitalité remarquable au niveau rural). Par conséquent
le patient est plus réceptif aux consignes du PMT ;
– caractère naturel des substances : Les PMT puisent directement dans la nature les médicaments
auxquels ils ont recours. Les excipients sont très négligeables ou eux-mêmes naturels également.
Ce qualificatif pourrait s’étendre aux liants, apaisants, adjuvants, conservateurs, colorants, arômes,
épices, ... ;
– moins d’effets secondaires : La MT produit moins d’effets secondaires que la MM. Les médicaments
sont naturels. Il y a même des usages extemporanés de remèdes traditionnels ;
– niveau populaire de prise en charge : Chaque habitant rural connaît les vertus thérapeutiques d’une
plante. La connaissance des plantes médicinales fait partie de la culture populaire. Des plantes pour
soigner certains maux légers sont connues de manière populaire et utilisées pareillement (médecine
traditionnelle populaire) ;
– coût des soins de santé accessibles (abordables) : Le coût des traitements est modeste, abordable et
à la portée de tous. La souplesse des modalités de paiement est un paramètre crucial. Souvent la
MT ne nécessite pas d’achat d’ordonnances ; Dans certaines localités, le patient doit faire un don
ou un rituel suite à sa guérison ; Ceci n’est pas le cas en MM plus couteuse, avec des consultations
payantes fixées depuis 1994 pour la plupart des pays d’Afrique noire. La MM est moins accessible
par l’ensemble des couches sociales ;
– médecine holiste : La culture africaine considère l’homme comme un tout indivisible intégrant le
cosmos, la matière et l’esprit. L’équilibre humain est la résultante de facteurs d’influences réciproques
entre le corps physique, l’esprit, les croyances et l’environnement familial (et communautaire) ;
– MT plus efficace sur certaines maladies : Certaines maladies sont rapidement traitées notamment le
28
paludisme, les plaies de ventre, les hémorroïdes, la stérilité, l’impuissance sexuelle, la maladie de la
fontanelle (bébé) . . . ;
– traitement des maladies mystiques : La MT traite des cas de maladies mystiques non accessibles à
la MM (jet de mauvais sort, sorcellerie, crétinisme cérébral, débilité mentale, certaines folies) ;
– encadrement psychologique : La MT pallie aux insuffisances de la MM sur le plan de l’encadrement
psychologique. Le patient est également entouré par le soutien familial ;
2.5.4.2 Faiblesses
Plusieurs insuffisances de la MT sont notoires dans la bibliographie [14] [51] [133] [136] et également,
de nos observations durant les visites effectuées auprès des PMT dans leur art de traitement des patients.
Au nombre de ces faiblesses, nous avons constaté celles-ci :
– cadre moins hygiénique de la MT : Le respect scrupuleux des règles d’hygiène lors du conditionnement
et de la conservation des produits de la MT, est insuffisant ;
– faible contrôle des effectifs des PMT : Il y a un nombre élevé de faux PMT, de charlatans, de faux
médicaments. Le nombre incontrôlé de PMT résulte d’un faible niveau organisationnel de la MT en
général ;
– existence d’effets secondaires des thérapies traditionnelles : il arrive que les effets secondaires ne
soient pas connus. Certains effets peuvent faire émerger des cas de complication graves ;
– diagnostic approximatif car souvent non clinique : la rigueur de mesure de la MM est ici absente ;
– jet de mauvais sort par la pratique d’un certain aspect du fétichisme : Des PMT ont la capacité de
faire le mal par l’usage de l’aspect mystique de la MT dans certains contextes situationnels ;
– amertume et/ou senteur nauséabonde de certains remèdes : L’amertume et le relent de certains
remèdes proviennent des plantes ayant servi à les obtenir. Cet état de fait rend difficile la prise de
certains médicaments traditionnels ;
– préparation des médicaments parfois contraignante : La préparation de certaines recettes peut s’avé-
rer complexe et pénible (écraser les plantes, les faire bouillir pour l’obtention des décoctions) ;
– absence de règlementation et de contrôle de la MT pour régir les actes médicaux traditionnels : bien
qu’il existe une amorce de règles d’éthiques normatives (milieu urbain et rural) et de sanctions (Côte
d’Ivoire, Sénégal, Burkina Faso, Mali, Ghana, Togo, Bénin, ...) ;
29
– manque de maitrise de la toxicité de certaines plantes : Certaine parties potentiellement toxiques de
plantes médicinales ne sont pas totalement supprimées ;
– inefficacité de certains traitements : Quand la maladie n’est pas bien identifiée à travers ses signes et
les symptômes du patient, on arrive souvent à des traitements inefficaces. Il y a également le manque
de spécialité fortement reconnue ou de discipline où excelle le PMT ;
– absence de plateau technique : il est difficile de définir un plateau technique à l’instar de celui de la
MM ;
– pratique de l’avortement avec risque de complication : Pour avorter, des plantes sont utilisées avec
l’imprécision de dosage. Ce qui relève le niveau de risque ;
– absence ou rareté de chirurgie en MT : Les maladies, notamment celles nécessitant une chirurgie, ne
sont pas traitées couramment par la MT ;
– Insuffisance de formation des PMT : les instituts ou écoles de formation des PMT sont rares jusque-
là ;
– iatrogénie : Il existe des erreurs de diagnostique et de traitement thérapeutiques au niveau du PMT.
Des erreurs médicales commises par le patient ou par son entourage, existent aussi ;
– absence de précautions ou manque de rigueur dans l’observation des précautions propres à la consom-
mation de remèdes de MT issus de la phytothérapie [14]. Ce constat ressort d’une majorité écrasante
de personnes interrogées (159/200) par Konan [133] ;
– existence de pratiques médicales secrètes de la MT : Elles peuvent engendrer des erreurs médicales
(iatrogénie) ; Ici, il arrive des cas où les interrogations ou/et dialogues bidirectionnels ne soient pas
tenus ;
– manque de communication, de partage des connaissances et expériences entre PMT : l’absence de
partage des connaissances médicales traditionnelles est notoire. La transmission est amplement orale
sans possibilité de capitaliser ces savoirs traditionnels. Le mode de transmission très oral de l’art de
la MT ne constitue pas un gage de garantie pour son exercice par les générations futures ;
– acquisition (ou apprentissage) de la MT non ouverte à tous : Elle est faite par lignée, par innéisme.
Les écoles en la matière, sont en nombre très insignifiant (une (1) à l’est de la Côte d’ivoire, une (1)
au Sénégal) ;
30
80% selon le pays) 6 .
Partant de la collaboration entre les entités MT et MM distinctes, en essais pilotes dans certains
pays (Côte d’Ivoire, Sénégal, ...) et dans l’optique de sa généralisation projetée [59] [215], il appert de
nombreuses difficultés afférentes à adresser en vue de parvenir à des solutions idoines. Au sens de [213],
quelques unes de ces difficultés sont :
– les messages contradictoires entre les différents acteurs (préjugés, dénigrement) ;
– le refus mutuel, l’intolérance, le manque de confiance réciproque et la non acceptation de l’autre ;
– l’esprit mercantile de certains PMT et patients également, sur certains des produits traditionnels
des PMT (quand bien même leurs coûts sont faibles par rapport à ceux pratiqués en MM) ;
– l’absence d’un cadre définitionnel flexible et rigoureux des tâches de la MT vis à vis de la MM et
réciproquement ;
– la stigmatisation voilée de la MT (PMT et patient) à travers la consultation hermétiquement cachée
des personnes aisées par le PMT (note : Des citadins ou personnes d’une certaine aisance, ancrés
totalement dans la modernité occidentale, ayant régulièrement abandonné les coutumes africaines
éprouvent des difficultés liées à l’abjection (la honte) à aller se faire traiter à la MT au grand jour,
surtout lorsqu’ils n’ont pas eu de satisfaction avec la MM. Ainsi, ils font recours à la MT "à la
sauvette", par la contrainte du mal dont ils souffrent).
31
à écrire des PMT. A terme, ce fond organisationnel plus qu’une mémoire pourra constituer un outil de
pérennisation de l’exercice de l’art médical de la MT.
De la traduction en lettre de nos réflexions, devra résulter un outil relevant des TIC à même de contri-
buer à l’amélioration organisationnelle de la MT en matière de gestion, de sauvegarde et de capitalisation
des connaissances. Ceci débouche sur deux visions parallèles et salvatrices.
D’une part, il faut sauvegarder les connaissances, les savoirs et les expériences de la MT en mettant en
place un fond organisationnel de la mémoire supporté par les technologies du web sémantique. Ce cadre
d’échange et de partage des connaissances pour les PMT doit prendre en compte leur statut majoritaire-
ment illettré. Globalement, cette solution permettra aux générations futures de PMT de disposer de ces
connaissances et également de les enrichir.
D’autre part, vu que la matière première du PMT est constituée de ressources végétales, minérales et
animales, ce fond organisationnel pour la pratique de l’art de guérisseur traditionnel prend tout son sens
si ces mêmes ressources ne disparaissent pas de l’environnement naturel. Ce qui signifie que ces ressources
sont préservées, pérennisées et disponibles pour être utilisées dans l’exercice du PMT. Plus simplement,
considérées comme matériel de base du travail du PMT, ces ressources doivent continuer d’exister. In
fine, les connaissances sauvegardées en mémoire machine ou au niveau humain par différentes techniques
d’acquisition ou d’apprentissage n’auront de sens véritable que si on peut les appliquer effectivement et
ce de façon durable. Cette application effective nécessite donc que le matériel vivant de la nature soit
préservé.
Ce sont là deux visions qui permettent de véritablement pérenniser de génération en génération l’art du
guérisseur. Cependant, la sauvegarde en terme de préservation des espèces de la faune et de la flore centrée
sur ces ressources médicinales n’est pas l’objectif poursuivi dans cette thèse. Ce travail se concentre sur la
première vision se rapportant au cadre d’échange entre PMT via les TIC et principalement les ontologies.
Il s’agit globalement du fond organisationnel de mémoire des connaissances et pratiques de la MT en vue
de les pérenniser et de les utiliser.
2.7 Synthèse
Au fil des années, la MT africaine connaît une évolution certaine mais jusque-là considérée comme
faiblement positive au regard du progrès net de la MM (opération laser, chirurgie à distance via les TIC,
assistance respiratoire et cardiaque, augmentation du contenu technologique des dispositifs cliniques ..).
L’état de l’art de la MT, axé sur les faiblesses de celle-ci, n’est pas en marge de cette assertion.
Toutefois, le regain d’intérêt suscité en MT, est le fait en partie des coûts de consultations en soins de
santé de la MM, même primaires, instaurés depuis les années 1994 en Afrique de l’ouest. Aussi, les coûts des
produits pharmaceutiques et de consultations en MM n’ont cessé d’augmenter jusqu’à ce jour. La cherté
de cette MM d’une part et d’autre part la répartition inégale par nombre d’habitants des infrastructures
de soins dans les espaces habités (métropoles, capitales, villes, communes, bourgs, villages, campements),
constituent les motifs principaux de l’inéquité d’accès à la MM par l’ensemble des couches sociales. En
plus de la croissance galopante de la population dans cette sous région ouest-africaine, la pauvreté est
manifestement accentuée. Conséquemment, une frange importante estimée à 80% des populations des
pays en développement et surtout d’Afrique [175] [210] a recours à la MT parallèlement à la MM.
Relativement à la MT africaine, de nombreux problèmes sont préoccupants, et ce, dans un environ-
nement sous régional à la fois multi-cuturel et multilinguiste. L’absence de mémoire de sauvegarde et de
partage des connaissances et expériences de la MT est l’une des non moindres difficultés. Venir à bout de
32
ces difficultés nécessite de poser effectivement les piliers de la capitalisation et de la pérennisation du
patrimoine formé par ces connaissances et expériences.
Après analyse de cette problématique, plusieurs facteurs sont à l’origine de ce manque de capitalisation.
Parmi ces derniers, les plus importants sont le caractère fortement oral de la transmission des savoirs de
cette MT et le manque de communication et d’échange entre les PMT. Au fond, la racine du problème
réside à la fois dans l’illettrisme de la majorité de ces acteurs (centraux) et le fait qu’ils s’expriment dans
des langues (locales) différentes. En revanche, en Chine, ce problème est surmonté par l’utilisation d’une
langue unique avec le même langage et la même écriture (le Kanji). Ainsi, la codification des connaissances
de la MT chinoise (MTC ou Traditional Chinese Medicine (TCM)) en savoirs, en est facilitée. De plus, de
nombreux acteurs chinois dont l’État, sont impliqués et participent fortement à la MTC. En 1956, quatre
(4) premières universités de la MTC furent ouvertes dont une à Pékin (Beijing), une à Chengdu, une à
Shanghai et la dernière à Canton (Guangzhou). Actuellement, il existe plusieurs universités et collèges
dévolus à l’enseignement des savoirs de la MTC, avec 4% des hôpitaux dévolus à la pratique de l’art
médical traditionnel [44].
Au regard des problèmes relevés, l’exercice contrôlé de la MT africaine avec des moyens adéquats,
pourrait être très bénéfique pour les populations qui en font usage.
Pour y contribuer, nous proposons de construire un langage iconique qui devra s’intégrer dans une
plateforme web. Un tel langage s’adosse sur une approche fondée sur une ontologie visuelle, ontoICONE,
dans laquelle des représentations sous formes d’icônes ou de pictogrammes, seront en correspondance
avec des concepts terminologiques contenus dans une ontologie ontoCONCEPT-Term. Notre ontologie
de domaine de la MT africaine, ontoMEDTRAD renferme alors les deux composantes ontologiques
ontoCONCEPT-Term et ontoICONE.
Dans notre travail, l’utilisation d’icônes vise à résoudre les problèmes posés par l’illettrisme et les
barrières de langues. L’utilisation d’une ontologie a pour objectif une spécification et une description plus
fine et approfondie de la MT conférant une sémantique formelle et permettant un enrichissement continu
par les experts PMT du fond organisationnel constitué. Avant notre apport de réponses idoines à ces
préoccupations, dans les chapitres suivants, nous allons dresser un état de l’art sur les représentations de
connaissances, les ontologies et les méthodologies de leur construction, les ontologies du domaine médical
et de la MT (chapitre 3), puis sur les représentations iconiques (chapitre 4).
33
Chapitre 3
Sommaire
3.1 De "donnée" à "connaissance" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.2 Représentation des connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.3 Construction d’une ontologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.4 Représentation des connaissances et ontologies existantes dans des domaines
connexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
34
La représentation 1 [62] est le fait de rendre sensible en terme d’appréhension, de saisie, d’intelligence,
un objet ou un concept, même absent, au moyen d’une image, d’une figure, d’un signe, ou d’un autre objet
[101]. Il s’agit d’un processus par lequel l’on renvoie à une réalité extérieure, secondaire. La représentation
constitue un système d’interprétation des réalités du domaine du discours. Dans le monde courant et
presque dans toutes les sciences, nous avons des formes communes et d’autres très diversifiées, de la
représentation.
La représentation des connaissances (parfois appelée ingénierie des connaissances (IC) [58]) est une
branche de l’informatique et de l’intelligence artificielle qui vise à représenter, structurer, organiser et
formaliser les connaissances, de sorte à en faciliter l’usage par un humain mais aussi à en rendre l’utilisation
possible par une machine. Plusieurs moyens sont utilisés pour la représentation des connaissances dans le
contexte du web de données ou web sémantique. Nous pouvons citer (par ordre croissant de formalisation)
les taxonomies, les thésaurus et les ontologies. A ce titre, les ontologies constituent un support indispensable
du web sémantique. A leur tour, elles sont supportées par des logiques de descriptions (LDS ou .
Pour le partage communautaire, la sauvegarde et la représentation organisationnelle des informations
et des connaissances, les ontologies sont parmi les outils les plus utilisés actuellement. L’enrichissement
sémantique continu et sa formalisation dans les ontologies au moyen de langages formels de plus en plus
expressifs et décidables, permettent en particulier d’assurer des recherches d’informations ou de connais-
sances plus précises de sens et d’en diminuer le silence et le bruit. Tant qu’il est vrai que le bon compromis
entre expressivité et performance est à rechercher.
3.1.1 Donnée
Souvent dans le langage courant, et même dans la littérature scientifique, "donnée" et "information"
sont utilisés comme des synonymes [93], alors que ces termes sont sémantiquement différents. Ils ne sont
pas synonymes [230]. Une donnée est un élément d’information. Atomique, elle constitue la représentation
de l’information sous forme conventionnelle en vue de son traitement par l’homme (ou par la machine).
Elle est non interprétée et non mise en contexte. "102" en est un exemple. Il a une absence de signification
particulière.
D’un point de vue sémiotique ou sémiologique, une donnée peut être considérée comme la réduction
syntaxique d’un signe [94].
3.1.2 Information
Une information est une donnée interprétée, à laquelle un sens est associé. Elle est une donnée avec
une sémantique (sens, significations) correspondante. Autrement dit, l’information peut être considérée
1. http ://daimon.free.fr/mediactrices/representations.html consulté en 2013
35
Auteurs Donnée (data) Information Connaissance (knowledge)
Choo, Detlor, et Faits et messages Données ayant une Croyances vraies et justifiées
Turnbull, 2000 signification
Davenport, 1997 Simples observations Données avec pertinence et Informations valables de l’esprit
but humain
Davenport et Ensemble de faits Message destiné à changer Expérience, valeurs, connaissances
Prusak, 1998 distincts la perception du récepteur et informations contextuelles
Fatimah Sidi, 2009 Texte qui ne répond Texte qui répond quand / Texte qui répond comment /
pas à la question où / qui / quoi dans pourquoi dans l’espace du
dans l’espace du l’espace du problème problème
problème
Nonaka et Takeuchi, Flux de messages Engagements et croyances créés à
1995 significatifs partir de ces messages
Quigley et Debons, Texte ne répondant Texte qui répond aux Texte qui répond aux questions
1999 pas aux questions questions qui, quand, quoi pourquoi ou comment
d’un problème ou où
particulier
Shannon (1916-2001) Message auquel est rajouté
le contexte, transmis avec
certaine une incidence
entropique (*)
Spek et Spijkervet, Symboles non encore Données avec sens Capacité d’attribuer un sens
1997 interprétés
Wiig, 1993 Faits organisés pour décrire Vérités, croyances, perspectives,
une situation ou une jugements, savoir-faire et
condition méthodologies
(*) : L’entropie est la mesure de l’incertitude quant à la nature d’un message (en communication). Elle
mesure le degré de désordre d’un système par rapport à son état initial probable. En thermodynamique,
grandeur qui mesure la dégradation de l’énergie d’un système au sens de CNRTL.
TABLEAU 3.1 – Quelques définitions des concepts donnée, information et connaissance par neuf (9)
auteurs
36
comme la sémantique d’une donnée, et donc, de la réduction syntaxique d’un signe. Par exemple, "225 52
99 79 23" est une donnée. Cependant, "tél :+225 52 99 79 23", un numéro de téléphone à l’international,
est plus qu’une donnée. C’est bien de l’information.
3.1.3 Connaissance
On définit la connaissance comme ce qu’on a appris par l’étude ou par la pratique [230]. La connaissance
constitue une notion au sens unique et aux définitions multiples, à la fois utilisés dans le langage courant.
Elle est objet d’étude poussée. La connaissance est le résultat d’une réflexion sur les informations analysées
en se basant sur trois points : (1) ses propres idées, expériences et valeurs, puis sa propre expertise ; (2)
le point de vue ou avis d’autres personnes consultées pour l’occasion (contexte) et (3) l’expertise de ses
pairs.
La connaissance est une information comprise et maitrisée. Elle s’intéresse à l’aspect pragmatique
d’utilité et d’utilisation de l’information donnée. Elle peut être tacite ou explicite. Sémiotiquement, elle
est assujettie à la pratique effective accordée à un signe (signifié). Elle traduit une interprétation d’éléments
factuels du monde (discours du domaine ou domaine du discours).
Un savoir constitue un ensemble organisé de ces connaissances. Entre savoirs, nous pouvons distinguer
des savoirs théoriques fondamentaux, des savoir-faire et compétences en vue d’apporter une solution tant
au plan conceptuel qu’opérationnel (concret ou pratique).
Certaines connaissances sont subjectives et d’autres objectives [194]. Par exemple, un pianiste de re-
nommée internationale dans un opéra à Paris d’une part et d’autre part devant des indiens autochtones en
forêt amazonienne, nous laissent entrevoir, totalement opposés deux niveaux d’appréciation des connais-
sances détenues par ce pianiste. Il n’en demeure pas moins des données, informations et connaissances
afférentes à l’art de ce pianiste [79]. Nous en tirons deux conclusions : l’audience de l’opéra de Paris saura
apprécier à sa valeur le talent et les connaissances du pianiste. Ce sont des connaissances objectives. Toute
autre audience telle que celle de la forêt amazonienne ne pourra pas apprécier le talent du pianiste à sa
valeur. On parle de connaissances subjectives ou absentes.
La connaissance peut donc être couplée soit au contexte, soit aux individus concernés, ou à la fois aux
deux. Au contraire, les tautologies en logique propositionnelle sont des éléments de connaissance qui sont
toujours vrais ou toujours faux. A étant une proposition, [ (¬A → A) → A ] est toujours vraie.
Nous donnons une typologie des connaissances dans le tableau 3.2, inspiré de la littérature [199].
A ces types de connaissances, orthogonalement, nous pouvons ajouter quatre (4) autres catégories et
qui peuvent donc être utilisées en combinaison [199] :
– Connaissance factuelle : elle est purement relative au fait du monde. Il est vérifiable par des expé-
riences et des méthodes formelles ;
– Connaissance tacite : C’est une connaissance implicite, "inconsciente", qui peut être difficile à ex-
primer sous forme de mots ou d’autres représentations ; Par exemple, le PMT (en terroir Bron ou
Abron de Bondoukou en Côte d’Ivoire) qui casse la patte d’un poulet et y pose un garrot traditionnel
avant de commencer le traitement de la fracture du pied d’un patient. La guérison du poulet sera
celle du patient ;
– Connaissance préalable (antérieure) : Elle est indépendante de l’expérience ou des preuves empiriques
évidentes. Par exemple on a : "tous ceux qui son nés en 2000 ont aujourd’hui plus de 16 ans" ;
37
Types de connaissances Fondamentaux Description
Connaissance déclarative Concepts, objets, faits. C’est le « quoi » au sujet d’un problème donné.
Cette description inclut des déclarations
simplifiées qu’on peut affirmer comme étant
vraies ou fausses. Il en résulte une liste d’états
décrivant exhaustivement chaque objet ou
concept sous forme de triplet (objet, attribut,
valeur).
Connaissance procédurale Politique, règles, stratégies, C’est le comment au sujet d’un problème donné.
agendas, procédures. Ce type de connaissances fournit des orientations
sur la façon de faire quelque chose.
Connaissance heuristique Règles, astuces, métiers. Ici, la description est plus superficielle, empirique
au regard de la finalité computationnelle. Elle
provient directement de l’expert du domaine du
problème posé. Le capital descriptif tiré relève de
l’expérience de l’expert.
Méta-Connaissance Vision, connaissance sur les Il s’agit de décrire la connaissance du savoir en
autres types de remplacement d’un champ plus étendu
connaissances et comment notamment la connaissance de la connaissance.
les exploiter. Ce type de connaissance est utilisé pour choisir
d’autres connaissances qui sont les mieux
adaptées pour résoudre un problème. Les experts
l’utilisent en vue d’améliorer l’efficacité de la
résolution de problèmes, et orientant leur
raisonnement dans le domaine le plus
prometteur.
38
– Connaissance postérieure : Elle est dépendante de l’expérience ou de la preuve empirique, comme
"X est né en 1990".
Le besoin humain et le but institutionnel façonnent et forment le tissu de l’organisation. Ce tissu est
incarné par donnée, information et connaissance, trilogie sur laquelle il repose également.
Remarque : Sagesse
39
Figure 3.1 – Sémantique et implication inférentielle sur énoncés en représentation des connaissances
L’organisation des objets du monde en catégories constitue une part indispensable de la RC. En grande
partie, les raisonnements se fondent sur les catégories à travers les informations qui leur sont spécifiques,
bien que toutes les interactions portent sur des objets individuels. Cette organisation catégorielle du
domaine de discours passe par la réification du monde. Cette réification consiste à tout considérer comme
« chose ». Par exemple la couleur verte d’un objet, sa peau lisse, sa forme ronde, son diamètre approchant
les 30 cm, sa chair rouge, ses pépins noirs et sa présence au rayon des fruits permettent d’inférer qu’il
s’agit d’une pastèque, et qu’elle pourrait être utile pour réaliser une salade de fruits [225].
Idéalement, une bonne représentation doit apporter une réponse ou une résolution presque immédiate,
valide et cohérente du problème pour lequel elle est conçue. Elle doit donc être transparente, concise,
complète et doit permettre un accès rapide à l’information, selon une démarche procédurale.
Une représentation doit être fondée sur quatre aspects :
– lexical (syntaxe) : quels sont les symboles autorisés pour représenter objets et relations ?
– structurel : quelles sont les contraintes d’arrangement de ces symboles ?
– procédural : comment créer et modifier l’information ?
– sémantique : comment associer un sens aux descriptions formelles ?
Après la RC, une seconde étape consiste à utiliser les connaissances formalisées dans un système
opérationnel. Pour y parvenir, Bachimont [27] prône certains engagements (explicités en section 3.2.11.1)
qui sont plus que nécessaires.
40
FOL : First order logic ;
RDF(S) : Resources description framework (schema) ;
KL ONE (Well known knowledge representation system) dans la tradition des Réseaux sémantiques et des Frames.
Figure 3.2 – Aperçu chronologique sur les outils et langages pivots conjointement utilisés pour la repré-
sentation des connaissances et ontologies
Divers moyens s’appuyant sur des méthodes, des technologies et des techniques, existent pour représen-
ter les connaissances. Il faut entendre par là, toutes sortes de schémas d’organisation partant des simples
listes alphabétiques ou faiblement structurées (listes d’autorité, glossaires, dictionnaires, nomenclatures,
RAMEAU 2 , etc) [195] [237] à des schémas classificatoires hiérarchiques (plans de classement, classifications
générales ou spécialisées, taxinomies, etc) [11] [116] [152] [153] [189] [237] ou encore à des organisations
incluant des relations non-hiérarchiques (thésaurus, réseaux sémantiques, ontologies, etc.)[30] [36] [63] [64]
[69] [76] [182] [224] et frames [26] [63] [182] [224], portant sur toutes sortes d’objets allant des documents au
sens classique du terme (textes, images fixes et animées, enregistrements sonores, etc.) jusqu’à l’ensemble
des phénomènes concrets ou abstraits (objets, évènements, processus, etc) et avec des buts et des objectifs
diversifiés notamment : retrouver, enseigner, produire de nouvelles connaissances, communiquer, découvrir
des connaissances cachées ou implicites, appliquer des traitements spécifiques et appropriés, ou ad hoc etc
[195].
C’est dans les années 1970 [26] qu’ont été développées les premières approches de RC, selon deux
branches distinctes notamment les représentation à base logique et celles à base non logique.
Les premières sont fondées sur une formalisation à base logique pour capturer et désambiguïser les
faits du monde. Les logiques de descriptions (LDs ou DLs) constituent une variante, un sous ensemble ou
encore un fragment décidable [121] [122] de la logique de premier ordre (logique des prédicats ou calcul
des prédicats). En particulier, les DLs se limitent à des relations unaires ou binaires alors qu’en logique de
premier ordre l’on a des relations (prédicats) ayant n-arité (avec n≥1). Pour cette catégorie de RC dénotée
par la famille des DLs, les réseaux sémantiques suivis des KL-ONE [45] ont été des précurseurs.
Les langages de représentation des connaissances à fondement logique ont évolué au fil du temps, et
ont abouti au langage OWL2 (Ontology Web Language). Un aperçu chronologique est donné à la figure
3.2.
41
Figure 3.3 – Niveaux de formalisation des langages et formes de représentation des connaissances : De
l’informel au formel
Les secondes concernent les représentations à base non logique. Ces dernières ont été souvent déve-
loppées en s’appuyant sur des notions plus cognitives dérivées d’expériences sur le rappel de la mémoire
humaine et sur l’exécution humaine des tâches (par exemple, les structures de réseau et des représen-
tations). Elles sont applicables dans différents domaines et sur différents types de problèmes. Leur base
inférentielle est nettement plus faible que celle des représentations à approche logique (classique).
De tout ce qui précède, nous relevons effectivement deux mondes en matière de formalisme qui se côtoient
sans s’opposer vertement, dans un but unique d’améliorer sans cesse la sémantique formelle. Ces deux
mondes s’enrichissent l’un de l’autre également.
La figure 3.3 donne un aperçu plus détaillé selon le degré de formalisme (ou de formalisation) de
certains langages et formes de RC toutes approches confondues.
Pour la RC, les langages naturels sont à tout point de vue un départ indispensable de tout outil
(formalismes et langages non naturels). A ce titre, le double sens de la flèche bleue exprime l’ultime but
de convergence sémantique recherchée de l’ensemble intégral des outils, formalismes et langages à des fins
d’utilisations (et d’usages) par les agents humains et pour les machines "intelligentes".
Dans les sous-sections suivantes, nous verrons les principales approches, des plus simples aux plus
complexes.
42
Un terme est une représentation de concept (sous forme de mot ou groupes de mots). Quand un concept
est représenté par plus d’un terme, on parle de cas de termes synonymes ou alias [186]. En contrôlant un
vocabulaire, on limite la disparité d’indexation entre auteurs (table alphabétique de mots ou de thèmes
d’un livre).
3.2.2 Taxonomies
"Taxinomie" ou "taxonomie" signifie science de la classification, et plus particulièrement, de celle
des formes vivantes selon [117]. Une taxonomie 4 est une collection de termes de vocabulaire contrôlés
organisés en structure hiérarchique [11]. Chaque terme dans une taxonomie est dans une ou plusieurs
relations parent-enfant à d’autres termes dans la taxonomie. Il peut y avoir différents types de relations
parents-enfants dans une taxonomie (e.g : partie à tout, genre-espèce, type-instance) , mais la bonne
pratique limite toutes les relations parent-enfant à un seul parent à être du même type [186] . Certaines
taxonomies permettent la poly-hiérarchie, ce qui signifie qu’un terme peut avoir plusieurs parents. Cela
signifie que si un terme apparaît en plusieurs endroits dans une taxonomie, alors c’est le même terme. Plus
précisément, si un terme a des enfants à un endroit dans une taxonomie, alors il a les mêmes enfants dans
tous les autres endroits où il apparaît.
Une taxonomie a une signification supplémentaire par rapport au vocabulaire contrôlé, par l’intermé-
diaire de la signification du lien hiérarchique. Dans une "taxonomie" traditionnelle, le sens est la généra-
lisation / spécialisation ou "est une sorte de". De nos jours, le mot "taxonomie" est utilisé pour désigner
d’autres types de hiérarchies ayant des significations différentes pour les liens (par exemple, une partie
de, un sujet plus large que, une instance de). Les taxinomies négligées n’identifieront pas explicitement la
signification du lien, et peuvent mélanger différentes significations. La plus grande des taxonomies orga-
nise environ dix millions d’espèces vivantes ou éteintes, dont beaucoup sont des coléoptères, en une seule
hiérarchie. Les bibliothécaires ont développé une taxonomie de tous les champs de connaissances, encodée
dans le système Dewey (Classification décimale de Dewey) [225].
3.2.3 Thésaurus
Les thésaurus 5 datent des années 1990. Un thésaurus est une collection de termes organisés hiérarchi-
quement. Il forme un ensemble de ressources lexicales. Contrairement aux taxonomies, les thésaurus (ou
thésauri) [11], ne sont pas seulement hiérarchiques. Ils constituent un élargissement des taxonomies en
intégrant, au-delà des relations hiérarchiques, d’autres propriétés [189]. Un thésaurus a d’autres types de
liens : terme plus large (boarder)/plus étroit (narrow) / relatif à (relative) / top (resp. BT/NT/RT/TT)
[36], qui ressemblent beaucoup aux liens de généralisation / spécialisation. En fait, ces liens ne sont pas
vraiment différents de ceux d’une taxonomie. Un autre UF (Used for) est une relation synonymique liant
un terme et ses synonymes [116]. Les relations entre les descripteurs peuvent être de plusieurs types :
équivalent, hiérarchique, associatif. Elles peuvent s’avérer des plus floues mais pas les moins intéressantes
pour le système d’indexation [152] [153]. Un thésaurus intègre un répertoire de vedettes-matière comme
par exemple le répertoire d’autorité-matière encyclopédique et alphabétique unifié (RAMEAU) [200]. Pour
exemple de thésaurus, on a MeSH (Medical Subject Headings) 6 de référence dans le domaine biomédical
construit par le NLM (U.S. National Library of Medicine).
4. www.getty.edu/research/publications/electronic_publications/intro_controlled_vocab/what.pdf consulté en 2014
5. www.getty.edu/research/publications/electronic_publications/intro_controlled_vocab/what.pdf consulté en 2014
6. http ://mesh.inserm.fr/mesh/ consulté en 2014
43
Une recommandation ISO pour les thésaurus existe : ISO 25964 7 . Elle est en deux parties : la première
partie porte sur "Information and documentation", publiée en 2011 et la seconde sur "Interopérabilité
avec d’autres vocabulaires", publiée en 2013.
– un seul domaine non vide (domaine pouvant avoir plus de deux valeurs contrairement à la LP) ;
– des fonctions et relations sur ce domaine.
Le langage de cette logique comporte plusieurs catégories : les termes qui représentent les éléments du
domaine ou des fonctions sur ces éléments, des relations qui relient des termes entre eux et les formules
qui décrivent les interactions entre les relations grâce aux connecteurs (quantificateurs y compris). "II
y a un seul langage pertinent pour représenter l’information, qu’il soit déclaratif ou procédural, c’est la
LPO", selon Glannesini et al [102]. La syntaxe de la LPO est une indication relativement claire de la
sémantique sous-jacente au monde (théorie des modèles ou théorie de la sémantique formelle qui relie les
7. http ://www.niso.org/schemas/iso25964 consulté en 2014
44
expressions aux interprétations 8 ). Le parti pris sémantique de toute représentation logique est celui d’une
vue relationnelle du monde.
Les prédicats sont sémantiquement interprétés comme dénotant des relations entre des individus ou
objets ici appelés constantes. La quantification, la prédication et la référence constituent les ingrédients
essentiels de toute sémantique logique. Il en résulte de puissantes variations expressives : interprétations
extensionnelles versus interprétations intensionnelles. Même s’il existe différentes notations syntaxiques
pour la LPO, chacune d’elles est rigoureusement définie et il est facile de passer de l’une à l’autre. Tout
élément notationnel dépourvu d’une sémantique y est exclu. Toute formule d’elles est sémantiquement
pertinente. Cette vision est partagée par [112]. Les principaux symboles en LPO sont :
– les variables : x, y, z, ... ;
– les constantes : A, a, b, c, ... (*) ;
– les fonctions : f, g, h, ... ;
– les termes : variable, constante ou fonction n-aire appliquée à n termes comme arguments : a, x, f(a), g(x, b),
... ;
NB : De ce qui précède, les constantes en (*) sont des fonctions 0-aire, et les prédicats en (**) dits
prédicats 0-aire. Un modèle est pris pour spécifier un état possible du monde. L’analyse sémantique se
réduit à déterminer si oui ou non un énoncé "arbitraire" canonique décrit correctement le monde ; Ou, en
théorie des modèles, si la phrase (statement) est vraie ou non dans le modèle en question. La LPO offre
deux possibilités prédicat et objet pour représenter les catégories. Chacune de (1 ) et (2 ) l’exprime bien :
La LPO est indécidable bien qu’elle permet de représenter des connaissances, y compris celles com-
plexes. Une logique est décidable s’il existe un algorithme qui permet de savoir pour chaque formule si elle
est une tautologie (c’est-à-dire si elle est toujours vraie), dans une durée finie. Par conséquent, la LPO ne
permet pas d’automatiser des raisonnements sur les connaissances de manière satisfaisante.
Le tableau 3.3 donne un exemple de LPO.
45
Langage naturel LPO
La variable x est un homme, la variable y est une Homme(x), Plante(y),
plante. La constante Socrate est un Homme Homme(Socrate)
Tout homme est mortel, ∀x, Homme(x) ⇒ Mortel(x),
Socrate est un homme. Donc Socrate est mortel. Homme(Socrate) ⇒ Mortel(Socrate)
"Il existe un x gentil tel que pour tout y, x est
∃x Gentil(x) ∧∀y Amis(x, y)
ami avec y" (énoncé complexe ou composé).
TABLEAU 3.3 – Exemple de syntaxe, sémantique et de raisonnement en LPO partant du pseudo langage
naturel
un vocabulaire. De son évolution, émergent trois directions principales : interface graphique de la LPO,
système diagrammatique pour la LPO, formalisme de RC et de raisonnement basé sur les graphes.
Un GC est un graphe fini, connecté, bipartite. Deux types de nœuds sont utilisés dans ce réseau
sémantique : Concept et Relation conceptuelle (attribut relationnel) aux formalismes respectifs rectangle
et ellipse. Les seuls liens acceptables sont celui d’un concept vers une relation conceptuelle ou celui de la
relation conceptuelle vers un concept. De plus, un GC peut inclure un concept qui est un autre GC.
Contrairement à la plupart des notations pour la logique, les GC peuvent être utilisés avec une gamme
de précision continue : à des fins formelles. Ils sont sous tendus fortement par la logique classique dite
formelle. Cependant les GC peuvent également être utilisés de manière moins flexible et moins disciplinée
en voulant tenir compte de l’imprécision et de l’ambiguïté des langues naturelles [219] [220].
Les relations dans les GC sont seulement binaires [217]. Ce formalisme partage certaines imperfections
avec les réseaux sémantiques. Individu et concept (catégorie) sont syntaxiquement et sémantiquement
assignés aux mêmes symbologies graphiques dans le formalisme des GC.
– les nœuds étiquetés par des constantes de concepts (représentant des catégories taxonomiques) ;
– les nœuds étiquetés par des constantes d’objets (représentant des instanciations des concepts ou des
propriétés des concepts).
Un réseau sémantique est taxinomique et compositionnel. Quatre types d’arcs connectent ses nœuds :
– les arcs d’héritage aussi appelés liens "est un" (is a ou is-a) ;
– les arcs de composition et d’attributs appelés liens "a" (has a) ;
– les arcs d’instanciation également appelés liens "sorteDe" (is a kind of ou ako) ou " membre de" ;
– les arcs transversaux (non hiérarchiques, horizontaux) : les autres relations.
46
La logique est la base naturelle pour spécifier un sens pour ces structures de réseaux sémantiques.
Cependant, ces deux structures ne comprennent que quelques fragments de cette LPO et non l’entièreté
de celle-ci [45]. Elles contiennent des ambiguïtés sur les constances de concepts et d’objets. Cela limite les
inférences.
Introduit par Minsky [167], les frames (cadres), sont issus des réseaux sémantiques, mais plus struc-
turés. De la structuration basée en partie sur l’approche orientée-objet, ces frames sont des granules de
connaissances plus importantes que les nœuds d’un réseau sémantique. Ils représentent une collection de
slots (listes à attributs) qui sont autant de propriétés pour décrire et caractériser. Ils peuvent être assignés
par des valeurs ou par des liens vers d’autres cadres [26], [63], [64], [182]. A ces slots sont associés les fillers
(valeurs ou contenus de champs) de type déclaratif. Ce type peut être procédural ou méta-donnée. Un
frame a qualité d’enregistrement (méta-données et données).
Les LDs sont plus expressives que la LP, mais moins que la LPO. Les LDs exploitent, en général, des
sous-ensembles décidables [121] [122] de la LPO. Ces logiques ont été créées dans le but de surmonter les
ambiguïtés des anciens systèmes, par exemple ceux à base de réseaux sémantiques. Les LDs sont donc
un compromis entre expressivité et décidabilité. Elles apparaissent comme le formalisme adéquat pour
représenter les connaissances aujourd’hui [167].
Les LDs incluant des constructions très expressives nécessitent des techniques de raisonnement avan-
cées. En particulier, le raisonnement dans les LDs doit prendre en compte les axiomes d’inclusion générale,
les rôles inverses, les restrictions de nombre, la fermeture réflexive-transitive des rôles, et les constructions
fixes pour les définitions récursives. Les LDs ont été introduites dans le but de fournir une reconstruction
plus formelle de systèmes de frames et de réseaux sémantiques. Au départ, la recherche s’est concentrée
sur la subsomption (taxonomie hiérarchique) d’expressions conceptuelles.
9. LICEF : Laboratoire en informatique cognitive et environnements de formation ; http ://www.licef.teluq.ca/ consulté
en 2014
47
Figure 3.4 – Bloc fragmentaire constitué des Logiques de description de la logique des prédicats (LPO)
Après que soit soigneusement analysé le compromis entre l’expressivité et la souplesse du raisonnement
et que bien expérimentée la portée de l’applicabilité des techniques d’inférence correspondantes, alors il s’en
est suivi un changement d’orientation dans la recherche théorique sur le raisonnement en LDs. L’intérêt
s’est porté sur les LDs relatives aux langages de modélisation utilisés dans la gestion de base de données.
En outre, la découverte de relations strictes avec des logiques modales expressives a stimulé l’étude des
LDs dites très expressives [26].
Une caractéristique distincte des LDs est l’accent mis sur un service central à savoir le raisonnement :
permettant de déduire des connaissances implicitement représentées à partir de celles qui sont explicitement
contenues dans la base de connaissances. Les LDs prennent en charge les modèles d’inférence qui se
produisent dans de nombreuses applications de systèmes intelligents de traitement de l’information, et
qui sont également utilisés par les humains pour structurer et comprendre le monde : la classification
des concepts et des individus. Les langages de ces LDs peuvent être alors considérés comme le noyau des
récents systèmes de représentation des connaissances, prenant en compte à la fois la structure de la base
de connaissances et les services de raisonnement associés.
La recherche dans le domaine de la représentation des connaissances et du raisonnement est générale-
ment axée sur des méthodes en vue de fournir des descriptions de haut niveau d’abstraction du monde.
Ces descriptions sont utilisés efficacement pour construire des applications intelligentes. Dans ce contexte,
"intelligent" se réfère à la capacité d’un système applicatif, de trouver à partir de ses connaissances expli-
citement représentées, des conséquences implicites [167].
3.2.9.1 Syntaxe
Les LDs sont des notations construites pour faciliter la description des catégories à travers leurs défi-
nitions et propriétés. Leur évolution part des réseaux sémantiques en réponse à l’exigence de formaliser ce
que signifient les réseaux tout en conservant la structure taxonomique comme principe organisateur. Dans
les LDs, le principal système d’inférence repose sur la subsomption et la classification. Il y a également la
consistance et la cohérence déterminant si critères et axiomes d’appartenance sont logiquement satisfiables
(ou satisfaisable).
Les éléments de base de la représentation sont caractérisés comme des prédicats unaires, dénotant des
ensembles d’individus, et des prédicats binaires, dénotant des relations entre individus. En exemples, on
48
a : Adulte(s) et marié(x,y).
Les LDs reposent sur trois notions de base : les concepts représentant des classes (ensemble d’objets),
les rôles (relations liant deux objets) et les individus (objets incarnés par les classes qu’ils instancient).
Pour décrire ces éléments, deux structures sont utilisées : T-Box et A-Box comme le stipulent [25], [26],
[120] et [169].
– La T-Box (boîte terminologique) comprend la description des concepts et des rôles. Cette description
est structurée à l’aide du lien hiérarchique sorteDe (parfois appelé est-un). Deux concepts particuliers
figurent d’office dans la T-BOX : le concept le plus générique (anything, noté ⊤) et le concept le
plus spécifique (nothing, noté ⊥).
– La A-Box (boîte assertionnelle) est constituée des individus, de leur description et des règles qui leur
sont attachées (axiomatisation).
Les inférences reposent sur la reconnaissance d’instances de concepts à partir de leur définition, la
détection des concepts plus généraux ou plus spécifiques, et la classification ordonnant les concepts dans
la hiérarchie.
Un axiome est une proposition qui est vraie mais non démontrée, et dont on tire des conséquences
logiques, par opposition à un théorème qui est une proposition mathématique démontrée. Nous parlons
d’axiome pour indiquer qu’un énoncé est donné, et non dérivé d’autres énoncés.
Dans l’approche courante de la définition des concepts, on part des deux concepts fondamentaux
l’universel et l’absurde respectivement Thing (⊤) et Nothing (⊥). Après ces deux concepts clés, vient la
création des concepts et des rôles dits primitifs ou atomiques. A ce stade, aucun constructeur n’est utilisé.
Les constructeurs entrent en jeu chaque fois qu’il s’agira de créer des concepts et des rôles non atomiques.
Ils s’appliquent ainsi aux concepts atomiques et rôles atomiques pour engendrer d’autres concepts et rôles
plus complexes. Cette application est faite par conjonction, par disjonction, par négation, par combinaison
de quantification et de restriction numérique et par la composition de rôles. La liste des constructeurs est :
{⊓, ¬, ⊔ , ∃ ,∀, o}. Pour compléter la syntaxe, on rajoute d’autres symboles se rapportant aux éléments
suivants :
.
La liste de ces symboles de l’alphabet est donc {⊓ , ⊔ , ∃, ∀, ¬ , ⊤ , ⊥ , ≡ , = , . , = , ≤ , ≥ , ⊑ , o }
⊤ : concept le plus général, concept universel (Thing) ;
⊥ : concept impossible, absurde (Nothing) ;
⊑ : subsomption ;
⊓ : intersection ou conjonction de concepts ;
⊔ : union ou disjonction de concepts ;
≡ : équivalence de deux concepts ;
49
.
= : égalité définitoire d’un concept complexe, dit défini également ;
¬ : négation ou complément d’un concept ;
o : composition de rôle ;
= , < , > : symboles d’égalité et d’inégalité mathématiques, (NB : ≥ est déduit de : > et = ) ;
. : application d’un rôle sur un concept, avec C un concept et r un rôle, l’application de r à C s’écrit : r.C ;
∃ : quantificateur existentiel, ∃ r.C est la classe des x tel qu’il existe une relation de type r entre x et un individu
de la classe C ;
∀ : quantificateur universel, ∀ r.C est la classe des x tel que, pour tout y avec une relation de type r entre x et
y, y est un individu de la classe C ;
Étant donné A, C, D des concepts, r un rôle et n un nombre entier, alors ¬A, C ⊔ D, C ⊓ D, ∀ r.C,
∃r.C, ≥ n r et ≤ n r sont des concepts.
Par convention, les noms des concepts commencent par une majuscule (e.g : Personne, Homme, Plante
et A) et ceux des rôles et des individus par une minuscule (e.g : estFils, estParent et r sont des rôles ;
neemier est un individu de Plante).
"Homme ⊑ Personne" et "Homme ⊓ Femme ⊑ ⊥ " sont des exemples simples de T-Box ;
3.2.9.2 Interprétation
Un monde particulier est appelé une interprétation. En LP, le sens des formules est uniquement fixé
par les valeurs des variables.
En LPO, le sens des formules dépend aussi du sens des fonctions et des relations. Ce sens est fixé par
une interprétation. Il en est de même pour les LDs.
Une formule est valide (tautologie) si elle est vraie quelque soit l’interprétation (si toute interprétation
est un modèle).
∨
Par exemple : Personne(x) ⇒ Homme(x) Femme(x) est une tautologie (toujours vraie).
Une formule est consistante (ou satisfiable) s’il existe une interprétation dans laquelle elle est vraie.
Par exemple : Homme(x) avec Homme(Joseph) un élément d’interprétation.
Une formule est insatisfiable (ou inconsistante) s’il n’existe pas d’interprétation dans laquelle elle est
vraie (e.g : Homme(x) ∧ Femme(x) ) dans un domaine de discours d’humains où personne n’est en même
temps femmes et hommes.
3.2.9.3 Signature
La signature S de la LD est définie par le triplet < CON C, ROL, IND > où CON C, ROL, IND sont
des ensembles resp. des concepts, des rôles et des individus (ou instances).
– à chaque ai ∈ IND, .I ( ai ) = ai I ∈ ∆I
– à chaque Ci ∈ CON C, .I ( Ci ) = Ci I ⊆ ∆I
– à chaque relation binaire ri ∈ ROL, .I ( ri ) = ri I ⊆ ∆I x ∆I
50
– . I (⊤) = ⊤ I = ∆I
– . I (⊥) = ⊥ I = ø
– Si A ⊑ C alors AI ⊆CI
– Définition de classe : rdfs :Class et rdfs :subClassOf définissent une hiérarchie de classes ;
– Définition de propriétés : rdfs :domain et rdfs :range définissent le domaine et la portée (range) d’une
propriété RDF. Une hiérarchie de propriétés peut être définie avec rdfs :subPropertyOf ;
– Définition de type de données : rdfs :Datatype définit un type de données. rdfs :Literal correspond
à un littéral ; les type de données disponibles en XML peuvent être utilisés pour les littéraux ;
– Définition d’instances : les instances sont définies en RDF par un triplet (i, rdf :type, C) où i est
l’instance et C est la classe. La définition peut être complétée par des triplets (i, p, v) indiquant la
valeur v d’une propriété p pour l’instance i ;
– Noms et descriptions des entités : ils peuvent être définis avec les propriétés rdfs :label et rdfs :com-
ment, respectivement.
10. https ://www.w3.org/TR/rdf-schema consulté en 2017/
51
3.2.11 Ontologies formelles
3.2.11.1 Définition
En philosophie, l’Ontologie (avec O majuscule) signifie la théorie des objets et leurs liens. Cette théorie
fournit des critères pour distinguer différents types d’objets (concrets et abstraits, existants et inexistants,
réels et idéaux, indépendants et dépendants) et leurs liens (relations, dépendances et prédication) [65].
En informatique, une ontologie définit formellement un ensemble commun de termes et de concepts
qui sont utilisés pour décrire et représenter un domaine. Une ontologie est spécifique au domaine, et
elle est utilisée pour décrire et représenter un domaine de connaissance. Elle contient des termes et les
relations entre ces termes. Il existe un autre niveau de relation exprimé en utilisant un groupe spécial de
termes : propriétés. Ces termes de propriété décrivent diverses caractéristiques et attributs des concepts,
et ils peuvent également être utilisés pour associer différentes classes ensemble. En ayant les termes et
les relations entre ces termes clairement définis, l’ontologie encode la connaissance du domaine de telle
manière que cette connaissance soit comprise par un ordinateur. C’est l’idée de base de l’ontologie. Une
ontologie est une représentation de propriétés générales de ce qui existe dans un formalisme permettant
un traitement automatique. A ce titre, on peut déceler pour les ontologies les buts soutenus :
– communication entre machines et humains : intégrer du sens dans les informations manipulées par
les machines ;
Selon Sassi et al [216], ces buts sont considérés comme des couches communicationnelles portées par
des communautés d’hommes et/ou de machines.
Un terme est un mot ou une expression de la langue naturelle qui désigne un (des) concept(s) :
cat (anglais), chat, greffier, miaou sont des termes qui désignent le concept de chat. Plusieurs termes
synonymes dénotent le même concept. Un terme ambigu est un terme qui dénote des concepts différents.
Un concept (parfois appelé classe) est une idée que l’on se fait de quelque chose. La représentation
mentale générale et abstraite d’un objet donne suite à un concept, manifestation de cette idée. Pour un
concept donné, il est possible d’y référer plusieurs instances ou individus distincts.
Une ontologie nous aide à décrire les faits, les croyances, les hypothèses et les prédictions sur le monde
en général, ou dans un domaine donné en vue de satisfaire un certain nombre de besoins. Toute activité
humaine spécialisée développe son propre jargon (langue de spécialité) sous la forme d’une terminolo-
gie et d’une conceptualisation associée spécifiques. L’existence de tels jargons entraîne des problèmes de
compréhension et des difficultés à partager des connaissances entre les acteurs de l’entreprise, entre les
services d’une entreprise, et aussi entre les entreprises d’une industrie aux métiers différents. Ce constat
peut s’étendre à moult industries.
Une ontologie comprend donc tout ce à quoi il faut penser dans un domaine, tous les objets de pensée
d’un domaine. La façon d’y penser ou d’en parler indique le type ontologique de l’objet (ou des objets).
En exemple, un docteur n’est pas un objet physique, c’est le rôle académique "docteur" tenu par un objet
physique appelé "être humain". Ainsi, il faudra soigneusement décider, d’une part, si l’on retient la notion
de "docteur" dans l’ontologie du domaine et, d’autre part, quelle est la manière d’être de la notion de
"docteur" pour lui donner le type ontologique qui lui revient [27] [58] [75].
Traditionnellement, la logique étudie le discours dans sa capacité à dire le vrai. Elle s’efforce de dégager
les formes ou manières de dire qui permettent de déterminer la vérité du discours indépendamment de sa
52
matière, c’est-à-dire ce qui est dit. Mais un discours vrai est un discours qui est conforme à ce qui est.
C’est ainsi que la logique entretient une forte proximité (connexité) avec l’ontologie où les lois permettant
de dire le vrai reviennent à des lois caractérisant ce qui est. Si bien qu’élaborer une ontologie peut être
compris comme la construction d’une théorie logique du monde. La plupart du temps, les termes utilisés en
langage naturel ont plusieurs significations, et dans une ontologie nous avons la possibilité de contraindre
l’interprétation sémantique de ces termes et de leur fournir une définition formelle.
Le concept d’ontologie peut avoir plusieurs définitions selon le type de l’ontologie et son utilisation.
Dans notre cas, nous définissons une ontologie comme un quadruplet (C, R, I, A), où C est l’ensemble
des concepts de l’ontologie, R l’ensemble des relations entre les concepts, I l’ensemble des instances et A
l’ensemble des axiomes. Les ontologies s’appuient sur des LDs pour l’expression des axiomes. Le
choix de la LD dépend du niveau d’expressivité utilisés par l’ontologie, c’est à dire des connecteurs utilisés
dans les axiomes de l’ontologie.
Selon T Gruber, "Une ontologie est une spécification formelle explicite d’une conceptualisation parta-
gée" [107]. S’inspirant de cette définition, selon N Guarino [109] [110] et via [104], en intelligence artifi-
cielle, une ontologie représente un artefact d’ingénierie constitué d’un vocabulaire utilisé pour construire
une réalité, accompagnée d’un ensemble d‘hypothèses implicites concernant la signification des mots et du
vocabulaire.
Les ontologies peuvent exprimer des axiomes et des restrictions, avec un niveau d’expressivité impor-
tant. Cette expressivité élevée rend les ontologies difficiles à créer, à entretenir et à gérer.
Définir une ontologie est une tâche de modélisation entreprise à partir de l’expression linguistique des
connaissances. Les ontologies ont souvent une grande et complexe structure, dont le développement et
l’entretien provoquent certains problèmes à la fois conceptuels et sémantiques. Pour cela, lors du cycle
de développement comprenant l’élicitation, la conceptualisation, formalisation et l’opérationnalisation, un
triple engagement est nécessaire au sens de Bachimont [27]. Ainsi, nous notons :
Plusieurs types d’ontologies sont à distinguer [75], selon le degré d’abstraction et de généralité du
domaine conceptuel couvert par leurs descriptions. Ce sont :
1. Les ontologies fondationnelles (Top level ontologies ou Upper-level ontologies) : Encore appelées
ontologies de fondement, elles sont le niveau le plus élevé (abstrait) structurant les connaissances
avec des catégories dont l’organisation repose sur des réflexions philosophiques, des fondamentaux
et l’essentiel. Elles expriment des conceptualisations valables dans différents domaines. Elles servent
de pilier pour les ontologies noyau et celles de domaine.
53
Au moins (5) cinq fonctions leur sont généralement attribuées : (a) améliorer l’interopérabilité séman-
tique, (b) fédérer des ontologies de domaines, (c) faciliter le processus de conception des ontologies de
domaine, (d) améliorer la qualité, l’utilisabilité et la ré-utilisabilité, la maintenance et l’évolutivité,
(e) aider aux choix implicites de conceptualisation dans les ontologies de domaine avec un cadre de
comparaison (e.g : engagements ontologiques).
Ce type d’ontologie décrit des concepts très généraux comme l’espace, le temps, la substance, la
matière, les objets, les processus, les évènements, les actions, etc, au sens des dix catégories d’Aristote
(384-322 av.JC) [30] [69] [76]. Il traite de concepts ne dépendant pas d’un problème ou d’un domaine
particulier. Ce sont des concepts fondamentaux et ouverts. En théorie, elles doivent trouver consensus
à de vastes communautés d’utilisateurs. Ce type d’ontologies est fondé sur la théorie de la dépendance.
Son sujet est l’étude des catégories des choses qui existent dans le monde, ou encore des choses à partir
desquelles plusieurs autres émergent. A travers [50], [96], [97] et [99], on pourrait traiter des questions
de perdurants (occurrents) propres aux processus et d’endurants (continuants) propres aux objets
matériels et leur propriétés de dépendances temporellles (atemporelles et intemporelles) et spatiales.
A ces traitements, on peut inclure l’ordre de dimensionnalité de la représentation (inversement de
l’interprétation) [161]. Exemples d’ontologies fondationnelles (cf Ontobee 11 ) : GFO (General Formal
Ontology), OBO (Open Biological and Biomedical Ontology or Open Biological Ontologies), DOLCE
(Descriptive Ontology for Linguistic and Cognitive. Engineering), BFO (Basic Formal Ontology),
YAMATO (Yet Another More Advanced Top-level Ontology), SUMO (Suggested Upper Merged
Ontology), GO (Gene Ontology), PO (Plant Ontology), PSO (Plant Structure Ontology), PATO
(Phenotype And Trait Ontology), PROTON 12 , CYC 13 , ...
2. Les ontologies noyaux (Core-domain ontologies) : Aussi appelées ontologies génériques [235], elles
fournissent les concepts structurants du domaine et décrivent les relations entre ces concepts. En
médecine par exemple, on trouve des concepts de diagnostic, de signe, de structure anatomique et
de relations comme celles liées à la localisation d’une pathologie sur une structure anatomique. Ici
les concepts sont les plus généraux et transverses. On peut y trouver des concepts à lois génériques
et pratiques. Entre le concept de base lié au concept universel Top (⊤ ) et les individus du monde
concerné, la hiérarchie peut ne pas être importante (suffisamment creusée) comme l’est celle des
ontologies fondationnelles. Le nombre de concepts ou de classes intermédiaires est faible. Ces deux
dernières affirmations sont à nuancer car un domaine très riche sémantiquement et en concepts
pourrait particulièrement les contrarier.
Voici deux exemples d’ontologie noyau :
– La décomposition d’une discipline en sous-disciplines : la médecine moderne peut être décomposée
en cancérologie, psychiatrie, pédiatrie, pneumologie, épidémiologie, ... ;
– La médecine en général et les différentes approches : médecine conventionnelle, médecine tradi-
tionnelle africaine, médecine traditionnelle chinoise, médecine alternative.
Chaque sous-discipline peut ensuite être l’objet d’une ontologie de domaine. En somme, les concepts
d’ontologie noyau sont moins généraux que ceux des ontologies de fondement mais plus généraux
que ceux des ontologies de domaine.
54
Figure 3.5 – Racines RDF(S) des constructeurs de base pour OWL
3. Les ontologies de domaine : Elles décrivent les concepts d’un domaine précis, tels qu’ils sont
manipulés par les professionnels ou les praticiens dans ce domaine d’activités humaines. Bien entendu,
les deux premières catégories d’ontologies constituent un support indéniable (en terme de méta
descriptions) pour les ontologies de domaines. Cependant, la distinction entre ontologie noyau et
ontologie de domaine n’est pas toujours très nette.
4. Les ontologies de bas niveau : C’est un type d’ontologies pour qualifier celles d’application et
celles de tâche.
En général, les trois premiers types sont les plus fréquents [75] [88].
Le langage OWL (Web Ontology Language, standardisé par le W3C, World Wide Web Consortium)
est l’un des plus utilisés pour formaliser les ontologies. OWL peut prendre en charge un grand nombre de
LDs différentes (transformations structurelles). Il existe également de nombreux outils adaptés à OWL,
dont l’éditeur Protégé. OWL peut s’enregistrer sous différents formats (e.g : RDF/XML, OWL/XML).
La syntaxe de OWL est la résultante croisée de transformations structurelles inspirées et héritées des
syntaxes de XML, RDF, RDFS d’une part et d’autre part de celle des LDs comme le démontrent Dave
et al via [74]. Les constructeurs de base de OWL pour l’information de typage tant pour les classes que
pour les propriétés observent le principe de spécialisation inhérente à la subsomption comme le montre la
figure 3.5. Cela permet la compatibilité de OWL avec RDFS et RDF.
En terme de comparaison entre RDFS et OWL, soutenue des sites 14, 15 , OWL est un langage plus
riche que RDFS. Aux notions définies par RDFS, OWL ajoute les propriétés de classe équivalente, de
propriété équivalente, d’identité de deux ressources, de différence de deux ressources, de contraire, de
symétrie, d’asymétrie, de transitivité, de réflexivité, d’irreflexivité, de cardinalité, de propriété fonctionnelle
ou inversement fonctionnelle, de propriété inverse, permettant ainsi de définir des rapports complexes entre
des ressources.
14. https ://www.w3.org/TR/owl-ref/ consulté en 2017
15. www-igm.univ-mlv.fr/~dr/XPOSE2009/Le Web 3.0/technologies.html consulté en 2017
55
3.3 Construction d’une ontologie
Les méthodologies et méthodes de construction d’une ontologie formelle et quelques principes généraux
fort afférents sont ici abordées.
La norme I3E 17 1074-1995 [70] est une description du processus et des étapes pour développement de
logiciel très reconnue en terme de choix conceptuel, technique et opérationnel. Cette norme, selon [91],
repose sur quatre (4) éléments que nous notons E1 , E2 , E3 et E4 .
– E1 : Modèle de cycle de vie de développement : Il s’agit du choix des modèles de cycles de vie
appropriés.
– E2 : Gestion globale du processus de développement : Une coordination générale des activités de
développement permet de dégager une vue synoptique de leur déroulement et l’état d’avancement
des travaux afférents depuis l’initiation du projet en passant par le management et le contrôle. C’est
une sorte de tableau de bord avec des indicateurs de performance du déroulement du programme de
développement du logiciel.
– E3 : Stratégie de conduite et d’orientation du développement : Sont ici concernés, le pré-développement,
le développement et le post-développement.
56
S’agissant du cas spécifique de développement d’une ontologie, c’est de préciser, les justifications en
terme de besoins d’une ontologie et le cadre dans lequel cette ontologie future va être développée et
déployée (installée et utilisée). Il y est compris l’examen de sa possible intégration dans d’autres
systèmes. Dans les domaines où il existe une ontologie, il est possible d’exprimer les différents
modèles conceptuels correspondant à différents cahiers de charges applicatifs en termes de sous-
ensembles ou de spécialisation de cette ontologie [187]. Pour un domaine de discours, à l’image
d’une base de données (ontologie légère), il existe toujours un fond de schéma conceptuel de
données à partir duquel une ontologie prend forme.
– (b) le développement : Il vise la production logicielle telle que attendue à travers trois étapes :
définition des moyens nécessaires pour développer l’application attendue partant de la conception
à réalisation du logiciel, ensuite la conception et enfin l’implémentation dans les langages de
programmation prévus à cet effet. Cette étape est très déterminante.
57
Très clairement et de façon pragmatique, dans son application à la construction d’une base de données
applicative, la norme I3E 1074-1995 devient encore plus accommodante qu’à la construction d’une ontologie
en général. Elle peut cependant être appelée dans les méthodologies de construction d’ontologie de domaine.
Seulement en certains points pour la construction d’ontologies fondationnelles et noyau, elle pourrait être
intéressante. Cela est à juste titre, car les ontologies de domaine sont plus promptes à des applications
concrètes que celles de type noyau ou fondationnel. Dans notre travail, nous intègrerons cette norme dans
notre démarche.
L’ontologie idéale est celle émanant des parties prenantes qui seraient à la fois experts du domaine,
experts de l’ingénierie ontologique et potentiels utilisateurs. Cela assurerait la consistance et la validation
de l’ontologie construite. Hélas, cette situation où les parties prenantes disposeraient d’un tel cumul de
connaissances et d’expertises distinctes, est rare. Du coup, nous devons envisager une construction d’onto-
logie multi-expertise ou pluridisciplinaire (sans exagération) autour des connaissances du domaine circons-
crit. En outre, la dispersion géographique des acteurs (parties prenantes) impliqués dans la construction
d’une ontologie peut en constituer un écueil ou un obstacle important, surtout quant à son développe-
ment normal. Et pourtant, il faut minimiser les coûts relatifs à la consommation de ressources de tout
ordre/genre dans cette construction. La réduction des pertes de temps et des lourdeurs sont visées, y
compris celle du nombre des déplacements des acteurs de construction (centrée utilisateur) vers un bureau
physique fixe.
La raison d’être de DIstributed, Loosely-controlled and evolvInG Engineering of oNTologies (Diligent)
se trouve dans ce qui précède. Elle est porteuse d’une solution idoine à la question de la bonne méthodologie
de développement d’une ontologie quelle que soit la localisation des acteurs répartis en différents endroits
ou lieux géographiques. Il s’agit clairement de prendre en compte la collaboration à distance et en temps
réel via un Chat-Room (outils collaboratifs, messagerie, google mail, ...) pour le partage d’espace web où
les documents de travail (en entrée, en cours et en sortie), sont disponibles et accessibles. Quelles que
soient la typologie des acteurs et celle de leur domaine d’expertise, un meilleur canal de communication
leur est offert, avec pour but ultime de participer activement à la construction de l’ontologie. Partager,
échanger et discuter les points de vue pour obtenir un arrêt consensuel est une réalité dans laquelle les
aspects manuel et automatique sont bien rythmés et emboités. Diligent décrit les dispositions adéquates,
l’outillage et le langage qui doivent jalonner le cycle processuel de construction de l’ontologie en cinq (5)
étapes (cf tableau 3.4 et figure 3.6 [77]).
La capitalisation des expériences nécessite de corriger les faiblesses relevées, et s’agissant des forces,
de les renforcer, puis si possible de les dresser en référence, suite aux modifications introduites par les
utilisateurs et le management général (conseil central). Tout ceci est mené de façon consensuelle et dé-
mocratique. Le conseil central, doté d’outils appropriés, endosse la responsabilité de la qualité et de la
maintenance de l’ontologie en construction. Le détail des étapes de la méthodologie est de mise. L’origi-
nalité de la méthodologie est de faire porter le focus par les utilisateurs sur l’usage de l’ontologie dans
son état d’amorçage initial (avec peu de concepts, en général les fondamentaux). Concernant l’ontologie,
son enrichissement en concepts nouveaux est fait tout le cours de son développement et de son cycle de
vie. Un tableau de bord disponible mais plus utilisé par le conseil central, donne un aperçu synoptique ou
un aperçu à vol d’oiseau (birds-eye View) de l’ensemble du processus des activités (entrée, déroulement,
58
5 Étapes Description
1 Construire Ontologie initiale de petite taille (nombre de concepts, ...) ;
Cette première version de l’ontologie est consensuelle. On est conscient de la non
couverture du domaine de discours par cette ontologie. Appelons-la, A.
2 Adapter A est disponible et est utilisable par les acteurs. Pendant l’utilisation de A, d’autres
localement propositions allant dans le sens de la couverture du domaine sont engendrées.
Comme le changement est très caractéristique de toute organisation entreprise
(nouvelles directives et exigences, besoins nouveaux, but institutionnel, changement des
utilisateurs, du personnel, évolution des ontologies locales) ; Cette utilisation nous
amène à un travail de comparaison des concepts de notre environnement ou de
l’ontologie locale si elle existe, ou d’autres ressources terminologiques et ontologiques
(RTO) avec A.
Les autorisations de modification passent par des requêtes pilotées par un tableau de
bord de contrôle géré par un conseil d’administration. Ce tableau de contrôle recevant
les demandes de modification de l’ontologie partagée A, il faut ensuite examiner les
modifications ou adaptations possibles pour ne pas mettre en biais la réalité du
domaine de discours et non plus celle de son environnement local.
3 analyser Détecter les similarités entre l’ontologie locale et A ;
Examiner les demandes (argumentées avec des exemples et contre-exemples, classer les
arguments, tracer les discussions) de modifications des utilisateurs.
Procéder à des modifications avec un vote démocratique consensuel (acceptées ou
rejetées), appuyées par un autre argumentaire.
Tracer les discussions et mettre à jour structures canoniques et particularités.
Une décision équilibrée qui tient compte des différents besoins des utilisateurs et qui
répond aux exigences évolutives de l’utilisateur, doit être trouvée.
4 réviser Réviser régulièrement l’ontologie A par le conseil central de contrôle (dans toute
décentralisation, il y a un minimum de centralisation pour éviter le chaos) ; Ce conseil
révise régulièrement l’ontologie partagée A, de sorte à éviter que les ontologies locales
emmènent l’ontologie partagée en construction hors du domaine de discours objectivé
(objectif initial).
Par conséquent, le conseil devrait avoir une participation équilibrée et représentative
des différents types de participants impliqués dans le processus.
5 mettre à jour Sortie de la version de l’ontologie et mise à jour des ontologies locales
localement
59
Figure 3.6 – Illustration des cinq (5) phases de la méthodologie Diligent
sortie) de construction de l’ontologie. Diligent n’impose aucun formalisme de présentation des concepts et
relations de l’ontologie. Le processus méthodologique de Diligent est illustré via la figure 3.6[77].
Cette méthodologie NeOn (cf tableau 3.5 et figure 3.7 [53]) de construction d’ontologie comprend 9
étapes (en scénarios ou scénarii). Comme Diligent, NeOn étend les On-to-knowledge et Methontology,
deux méthodologies plus fermées aux activités de conceptualisation, de formalisation et d’implémentation.
Nous faisons remarquer que l’activité de conceptualisation est centrale pour l’ensemble des 9 étapes de
NeOn, car elle intervient pour chacune des 7 étapes (de la 2ème à la 8ème ) de NeOn.
60
9 Étapes (Scénarios) Description
1 De la spécification à la mise en Spécifier les besoins de construire une ontologie ;
œuvre Spécifier les exigences en attente (questions de compétences) de
l’ontologie et les moyens dont il faut disposer en vue de la
construire : à partir "de rien" ou à partir d’ontologies existantes ;
Ontology requirements specification document (ORSD) traduit en
français par "document de spécification des besoins pour
ontologie" en terme de cahier de charge qui en résulte
principalement ;
Il s’agit aussi d’une ontologie avec une collaboration en réseau des
acteurs impliqués ; Ce qui vaut le dénominatif d’ontologie de
réseau soutenu par NeOn.
2 Réutiliser et réorganiser les Réutiliser et réorganiser (re-ingénierie) les ressources
ressources non-ontologiques non-ontologiques de sorte à leur donner un format ontologique.
3 Réutiliser les ressources Réutiliser totalement ou en partie (quelques modules ou quelques
ontologiques déclarations) une ou plusieurs ontologies existantes (d’ici, il est
possible d’aller aux étapes 5 et 6).
4 Réutiliser et réorganiser les Réutiliser et réorganiser les ressources ontologiques existantes qui
ressources ontologiques passe par une profonde structuration avec la technique de reverse
ingéniering ; On part ainsi du niveau d’implémentation au niveau
conceptuel et formel avant de redescendre dans l’implémentation
(courbe de soleil).
5 Réutiliser et fusionner les Réutiliser les ressources ontologiques existantes (étape 3).
ressources ontologiques Particulièrement cette étape où il est question de fusion,
s’applique lorsqu’on est en présence de la réutilisation de
plusieurs ontologies existantes ; Les opérations d’alignement des
ontologies peuvent s’avérer nécessaires.
6 Réutiliser, fusionner et En plus de l’étape 5, on fait usage de la technique de reverse
réorganiser les ressources ingéniering pour la restructuration.
ontologiques
7 Réutiliser des modèles de patron L’utilisation des patrons de concepts des ontologies existantes
de conception de l’ontologie permet un gain de temps de conception et de développement.
(ODP* )
8 Restructurer les ressources Cette restructuration de l’ontologie réseau en construction peut se
ontologiques décliner aux sous activités :
(1) modulariser l’ontologie (différents modules) ;
(2) élaguer des branches de la taxonomie non nécessaires ;
(3) étendre l’ontologie par de nouveaux concepts et relations (en
largeur et en profondeur) ;
(4) spécialiser les branches qui exigent plus de granularité
incluant des concepts et des relations de domaine plus spécialisés
(taxinomie approfondie).
9 Localiser les ressources Cette phase s’adresse aux différents langages des ontologies
ontologiques existantes à arrêter et leur traduction possible vers la langue
principale de l’ontologie en construction (multilingue).
* ODP : Ontology Design Pattern
61
Figure 3.7 – Illustration des étapes en neuf (9) scénarios de NeOn
Figure 3.8 – Reparcours des étapes pour l’atteinte d’un niveau de stabilité suffisant pour nos modèles
62
9 Phases Description
1 Évaluation des besoins Définir les besoins.Questions de compétence, critère, cahier de charge, définir ou
en ontologie faire un inventaire des moyens ou ressources dont on aura besoin.
2 Spécification de Spécification structurelle de l’ontologie, réutilisation d’ontologie existante ou
l’ontologie construire partir de rien.
3 Acquisition et extraction Collection des informations avec les procédés de recherche de l’information utilisés.
des connaissances
4 Conceptualisation Affiner et rendre atomique l’ensemble des concepts et des relations entre concepts.
5 Fondement ontologique Ontologie de base.
6 Formalisation de Développement à proprement dit de l’ontologie au moyen de langage formel (OWL).
l’ontologie
7 Évaluation de Indicateurs d’évaluation : validation, satisfaisabilité et consistance, respect du cahier
l’ontologie des charges.
8 Documentation Une documentation sanctionne chaque étape. En plus, on a le document bilan qui
sanctionne l’ontologie construite (prête à l’emploi).
9 Publication de ontologie prête à l’emploi.
l’ontologie
63
Remarque
A travers ces trois méthodologies, spécifiquement pour l’évolution de l’ontologie, il s’agit au minimum
de supprimer, ajouter, déplacer, renommer, fusionner, diviser un concept ou/et une relation au sens de
Sassi et al [216]. Cette transformation est rythmée par les besoins humains et le but institutionnel, eux-
mêmes tellement influencés par des réseaux complexes de contextes que toute formalisation doit être faite
avec soin et humilité [94].
L’hypothèse du nom unique UNA (Unique Name Assumption) signifie que deux concepts avec des noms
différents sont nécessairement distincts. Les ontologies (OWL) ne font pas cette hypothèse. Cela implique
que deux concepts avec des noms différents peuvent malgré tout être considérés comme équivalents. De
notre expérience, l’UNA est plus adaptée à de nombreux problèmes d’ingénierie qui utilisent des ontologies
comme solutions (e.g : le modèle PLIB (Parts LIBrary), GUI (Globally unique identifier traduit en français
par identifiant universel globalement unique) [40] [188]). En revanche, sur le Web, l’UNA est souvent
considérée comme moins plausible.
L’hypothèse du monde ouvert OWA (Open-World Assumption) signifie que tout ce qui n’est pas
préalablement spécifié est possible et peut être vrai ou faux [243]. OWA est notamment utilisée dans des
bases de connaissances, soutenue par des axiomes. Le contraire est l’hypothèse du monde fermé (Closed-
World Assumption, CWA) [243] : tout ce qui n’est pas connu comme vrai dans la base de données ou de
connaissances est considéré comme faux. Les ontologies adoptent généralement l’approche OWA. Donnons-
en une illustration :
2. "Jean est un citoyen d’Israël". En plus, on dispose de l’axiome : "Une personne ne peut seulement
qu’être un citoyen d’un seul pays". Jean est-il américain ?
Ici, la réponse est à la fois non, avec CWA et avec OWA.
64
3.3.2.3 Continuants et occurrents
Le terme changement appliqué au monde n’a de sens qu’avec le constat de changement de son contenu.
Chacun des éléments formant ce contenu, constitue bien un système de nature et de complexité variées.
Peuplant ainsi ce monde, ces éléments ne changent pas tous de la même manière.
Aussi note-t-on que le monde est en plus peuplé par les moult échanges ou interactions entre ces
systèmes. Aucun de ces systèmes n’est isolé, c’est à dire, sans connexion à un autre. Cet état de fait nous
amène à une description catégorielle (canonique) prenant en compte les types de changement basiques qui
sous-tendent l’ensemble de ces systèmes ou sujets existants (choses, objets individuels) et leurs interactions.
Nous présentons un exemple traduisant des sujets, acteurs ou participants, et les échanges possibles entre
ces derniers (le tout décrivant des processus). Il s’agit de l’édification d’une maison : La construction
d’une maison est un processus aboutissant au sujet maison. Ce processus est une succession d’interactions et
d’échanges entre autres sujets. Les constituants de la maison connaissent d’autres échanges interactionnels
jusqu’à ce que ce sujet maison habité et maintenu, disparaisse un jour (par exemple 60 ans après).
A l’analyse de ce qui vient d’être décrit, il ressort une projection représentative d’un domaine de
discours pouvant faire l’objet d’un travail d’ingénierie ontologique. Cette ingénierie est foncièrement basée
sur une classification catégorielle des objets individuels à même d’aider à une interprétation de ce domaine.
Pour cela, la compréhension voire l’entendement plus avancé de ce domaine nous amène à une ap-
préhension plus approfondie basée sur quelques concepts catégoriels pour une catégorisation adéquate et
valide. Ces concepts sont continuant et occurrent. Notons que les premiers nommés sont les sujets, les
objets, les porteurs ou encore les participants des seconds. En parlant d’occurrent, il faut y voir temps,
processus et évènement. Les types de dépendances entre continuants et occurrents ne seront pas en reste
dans ce qui va suivre.
Les continuants (choses ou objets) persistent dans le temps ; Par conséquent, on les appelle aussi les
endurants [96] [97]. Un continuant existe dans son ensemble à chaque instant de son existence. Il peut subir
un changement : c’est-à-dire que ses propriétés peuvent varier à différents moments ou dans le temps, bien
que son identité reste fixe. En conséquence, en respectant sa stature dans son ensemble, un continuant
est une entité dépendant du temps. Au fil de ce temps, il peut acquérir ou perdre certaines de ses parties
selon certaines propriétés de l’ensemble de ses parties ou partiellement. Ces composantes ou parties sont
plus spatiales que temporelles. Pour exemples, on a : la chaise, mon crayon, l’ami Doha Dakrome, la cité,
les USA (Union de 13 pays en 1776, puis aujourd’hui de 51 pays depuis 1969) [225] ;
Les occurrents sont tout ce qui se passe ; Ils se produisent dans le temps ; Ils sont aussi appelés
perdurants [34] [50] [99]. Un occurrent n’est pas présent à tout moment dans son ensemble. Il est sujet à
plus de changements (notables). Il dispose beaucoup plus (voire totalement) de parties temporelles qui ont
des propriétés différentes selon le temps. Il est possible qu’il dispose de parties spatiales également mais
pas toujours. Les propriétés d’un occurrent peuvent être intemporelles. C’est le cas d’un second occurrent
qui a obligatoirement lieu, car impliqué ou déclenché par un premier quoi qu’il en soit. Par conséquent,
certains des occurrents sont des entités indépendantes du temps. Quand il commence, il se déroule. Par
exemple, on a : vie d’un être, battement du cœur, voyage, éruption, fabrication de charbon de bois. En
outre, on a aussi l’existence d’un occurrent dans un continuant à l’instar du battement de cœur au sein
d’une personne qui respire.
Une telle approche du monde constitue le fondement de BFO, une ontologie générale inspirée par
une autre d’ordre biomédical notamment OBO. Au plan des catégories fondationnelles (top-level), BFO
est compatible avec l’ontologie DOLCE. BFO comprend deux principales sous ontologies dénotées par
SNAPshot (SNAP) et SPANning (a period of time, SPAN) portant sur les continuants et les occurrents
65
SNAP SPAN
Objects Processes, Events
Continuants (endurants) Occurrents (perdurants)
Un occurrent implique nécessairement des continuants [98]. Au premier plan de ces continuants, on a
les objets acteurs ou participants (actifs de l’occurrent). Au second rang, on a les continuants non acteurs
(passifs de l’occurrent). Et enfin, on a les continuants qui ne sont pas du tout concernés par un occurrent
donné. Aucun occurrent ne peut exister sans continuants [206].
Un processus commence et finit (open-ended). En clair, il a un début et une fin. Il n’est pas ponctuel.
Il est homogène. Il peut être expérimenté. Ses propriétés n’ont pas de fin intrinsèque. Des exemples de
processus sont :
– Les activités humaines comme la marche, la nage, la conduite de charrette, la conduite d’un autocar,
jouer au piano, pousser une brouette, éplucher des pommes de terre, écrire ;
– Les phénomènes naturels comme la pluie, la marrée haute, la photosynthèse, la circulation du sang,
l’écoulement d’une rivière, l’érosion, la révolution de la terre.
Un évènement est le fait qu’une chose se passe. L’évènement ne change pas. Il est indivisible. Pour
sa bonne compréhension, on le définit également par rapport au processus. Pour cela, l’évènement est vu
comme une seule occurrence d’un processus (a single occurrence of a process). Il est exhaustif et ponctuel
dans un processus. Chacune des affirmations "Achat de voiture" et "calcination du bois" constitue un
processus. Chacun de e1 et e2 dénotant respectivement "Voiture achetée" et "bois en train d’être calciné"
constitue un évènement. e1 est instantané (Tdebut = Tfin) et e2 défini selon un intervalle temporel
(Tdebut < Tfin). On a différentes perceptions en classification hiérarchique de processus et évènement
dans [99] :
– Le premier point de vue défendu par Mourelatos [164] et autres : Processus et Évènement sont des
sous catégories disjointes de Occurrent ;
– Le second groupe de même point de vue que celui de Moens et Steedman [163] et autres, soutient
(1) : Processus ⊑ Évènement ;
– Un troisième groupe de même point de vue que Sowa, stipule (2) : Évènement ⊑ Processus.
Dans notre modélisation, nous optons pour la classification des catégories disjointes de Processus et
Évènement, sous classes de Occurrent.
66
Une partie de beurre (Beurre) est du beurre b ⊂ Beurre ∧ partOf (p, b) ⇒ p ⊂ Beurre
Exemples de propriété intrinsèque de Beurre (PInt k ∈ PInt ∧ b ⊂ Beurre ∧ partOf (p, b) ⇒ k(p) = k(b)
ensemble de ce type de propriétés) : ex : saveur,
blancheur
Exemples de propriété extrinsèque de Beurre (PExt k ∈ PExt ∧ b ⊂ Beurre ∧ partOf (p, b) ̸⇒ k(p) = k(b)
ensemble de ce type de propriétés) : ex : poids
Par fluent [225], il faut entendre une chose ou un objet qui a un état variable. Il "coule". Il change
tout le temps. Il s’oppose à statique. Par la sublimation de l’espace et du temps en tout objet physique
existant, on arrive à reconsidérer ce dernier comme un évènement généralisé. On peut pour cela considérer
USA comme un évènement ayant débuté en 1776 sous la forme d’une union de 13 états, et qui est toujours
en cours, sous la forme actuelle d’une union de 51 États. On a également des fluents d’états pour décrire
les propriétés qui changent comme population et président assignées à USA, notées respectivement :
Population(USA) et Président (USA). En outre T1(egal(President(USA), Barack Obama), 2010 ap.JC)
est une assertion qui traduit le fait suivant : Le président des États-Unis était Barack Obama en 2010.
En dehors de la composition chimique, selon Aristote, des parties des animaux, les unes sont "incompo-
sées" ; ce sont celles qui se divisent en homéomères, comme les chairs en chairs. Les autres sont composées :
ce sont celles qui se divisent en anhoméomères ; Par exemple, la main ne se divise pas en mains, ni le vi-
sage en visages. On généralise cette idée en parlant, dans le premier cas, d’entités ou d’objets homéomères
("noms non comptables") en considération de leur nom terminologique, occultant ainsi l’estimation
individuelle, et dans le second, d’entités ou d’objets anhoméomères ("noms comptables") [43] [225].
Cette généralisation va au-delà du règne animal.
Nous avons dans la conception des ontologies la question de relation hiérarchique, de relation composi-
tionnelle ou partitive et de relation horizontale souvent observables, avec les axiomatisations possibles, de
classes primitives, de classes définies possibles (classes auxquelles on a donné une définition propre souvent
utilisant une ou des classes primitives).
Nous avons substances, éléments, espace et temps se rapportant aux objets adressés. En premier lieu,
on a les substances : chair, fer, bois, ... ainsi que quelques-unes de leurs propriétés comme la couleur.
Viennent ensuite les "éléments" qui ont servi de principes à l’ancienne physique : terre, air, feu, eau ; c’est
ce que A J Greimas appelle le "figuratif abstrait" [43]. Enfin, on a espace et temps. Une partie du temps
est un temps. Une partie de l’espace est un espace. En outre, conjointement, l’espace et le temps décrivent
les 4 dimensions [161] propres à un objet réel interprété via une représentation.
Les propriétés intrinsèques d’un objet appartiennent à la substance (substrat) même de l’objet plutôt
qu’à l’objet en soi. Lorsqu’on coupe une instance de matière en deux, les deux morceaux obtenus conservent
les mêmes propriétés intrinsèques (densité, saveur, point d’ébullition, couleur, appartenance, odorat,..). A
l’inverse, les propriétés extrinsèques, telles que le poids, la longueur, la forme, ... ne sont pas conservées
dans les parties découlant d’une subdivision. Le tableau 3.8 donne une illustration de formalisation de ces
propriétés.
67
La propriété intrinsèque d’une chose est une propriété qui lui est essentielle. Cette chose peut perdre son
identité lorsque change une telle propriété.
Il est bon de noter qu’il est difficile pour moult choses, objets de perdurer identiquement et pareillement
à son état antérieur dans le temps [148]. L’exception est faite sur par exemple des objets abstraits et
atemporels (e.g : symbole mathématique "+", lettre d’un alphabet), qui n’ont aucune influence ni du
temps ni de l’espace. En outre, ce symbole "+" pourrait-il changer un jour ? D’ampleur moindre, cette
exception porte aussi sur des objets intemporels pour une période donnée. Une période pendant laquelle,
ces objets temporels restent invariants parce que transcendant le temps et l’espace.
1. La base sur laquelle, nous entreprenons nos activités, nous menons nos réflexions (à travers moult
organisations), toute une vie ou via plusieurs cycles de vie, est soutenue par des fondements très
souvent ignorés ou passés sous silence par nous-mêmes. Malgré le bâti considérable, nous avons du mal
à définir les fondements consensuels pour tout existant. La raison d’intérêts divergents favorable (ou
profitant) au profit, tient-elle ? En outre, est-il possible d’avoir une vue d’ensemble consensuelle sur
les découvertes de "nouvelles" planètes, de "nouveaux" individus ? Nous avons encore du mal à définir
ce à partir de quoi l’existence commence. Qu’en est-il du but ultime du monde ? Est-ce préserver la
vie aussi longtemps que possible et particulièrement pour l’homme, inclure le rallongement constant
de l’espérance de vie active suivi de conditions humaines conséquentes ?
2. Jusque-là, il n’existe pas de socle des connaissances et des savoirs qui soit universellement partagé.
3. Au plan des machines, universellement et pour tous, l’on ne dispose pas d’un fond organisationnel
de mémoire suffisant pour stocker et cumuler des connaissances, et qui soit partagé par tous (à la
fois) : agents humains et agent machines.
4. Atteindre zéro ambiguïté en machine est un objectif poursuivi par nos modélisations et formalisations
machine. Cependant, nos formalisations d’une certaine complexité ne sont-elles pas entachées par
cette ambiguïté innée des langages naturels (dans lesquels nous pensons) ?
5. L’absence d’un système classificatoire universel fondamental est à noter. En cela, les classifications,
loin d’être fondées sur la logique pure, sont l’expression d’un consensus établi dans des groupes do-
minants [195]. Elles résultent d’une suite de décisions d’ordre moral, politique et autre, qui contribue
à des moments donnés à valoriser un point de vue et à faire le silence sur un autre. Comme présen-
tées par Cote [69], on peut noter les dix (10) classes ou catégories 18 , 19 d’Aristote qui ne sont pas
adoptées.
Fort de tout ce qui précède, pour toute approche de construction d’ontologies formelles, il nous revient
soit de faire un choix raisonné portant sur une des méthodologies existantes ou à en combiner, soit à
procéder à un choix inspiré des méthodologies existantes. Cependant, un atout capitalisable existe : les
phases spécification des besoins, conceptualisation, formalisation, implémentation, maintenance et évolu-
tion sont présentes dans la plupart des méthodologies de construction de ces ontologies. En ce qui nous
18. https ://philosophie.cegeptr.qc.ca/wp-content/documents/Catégories.pdf consulté en 2015
19. Substance, Quantité, Qualité, Relation, Lieu, Temps, Position, Possession, Action, Passion
68
concerne, nous procéderons à un choix inspiré des méthodologies existantes basée sur Diligent, NeOn et
ontoForInfoScience.
69
Figure 3.10 – Icônes de VétoMed
et d’acteurs, et de sources. La technique de collecte employée ne met pas l’accent sur le fait que les PMT
sont pour la plupart illettrés. Ils définissent un outil collaboratif entre les acteurs de la MT et ceux de la
MM. Le formalisme de représentation des connaissances utilisé, est le GC, dont la sémantique et la syntaxe
entre concept et individu/constante d’objet sont très réductrices voire soumises à l’intuition de celui qui
exploite le graphe. Kamsu n’a pas utilisé le formalisme OWL. Il aborde les concepts de plante, de parties
de plante utilisées, de maladie traitée, de symptôme et signe, de diagnostic, de modes d’administration. Il
traite singulièrement du malaria. La distinction entre signe et symptôme est nette.
En Côte d’Ivoire (C.I.), Brou [48] a construit VetoMed, un système expert à base d’icônes qui traite des
connaissances de la MT accompagnées par des représentations visuelles notamment des images visuelles.
La base de connaissances comprend 134 faits et 66 règles. L’association d’icônes correspondant à des faits
détermine d’autres faits. Réciproquement, étant donné un fait, il existe la possibilité de lister ses causes.
Par exemple, la conjonction additive d’une icône d’un animal avec celle du feux implique l’icône de la
fièvre. L’icône de l’animal de la figure 3.10 peut être améliorée de sorte à être plus générique et prendre en
compte l’ensemble des animaux. Celle présente sur cette même figure exclut une bonne frange des animaux
comme la volaille. Naturellement, une prégnante disparité de forme visuelle existe entre celle du poulet et
celle d’une vache. Étant de conception intuitive, certaines icônes présentées manquent de consistance. Il
n’y a pas d’ontologie à proprement parler, ici : la base de connaissances résulte davantage d’un système
expert (règles et faits).
Behou [37] en C.I., a réalisé des travaux avec une approche d’apprentissage fondée sur une ontologie
de la MT. Aussi bien la définition que la mise en œuvre des aspects visuels et iconiques sont très limitées.
Zulazeze et al [249] ont réalisé des travaux de construction d’ontologie sur la MT hors Africaine. C’est
précisément la MT de la Malaisie sur les plantes. Il a construit une ontologie détaillant les principales
parties de la plante proche de notre vision. Cependant, dans cette ontologie, les fleurs et la sève ne
sont pas décrites dans les parties de plante. Cette description reste toujours limitée quant aux autres
ressources notamment minérales et animales utilisées en MT. Il n’aborde pas d’approche visuelle pour la
représentation iconique des connaissances.
Kuicheu et al [138] abordent une ontologie d’icônes, IcOnto en MT au Cameroun, en définissant l’icône
b d’un concept X via X(a, b), a étant le terme de X. En terminologie, le marquage distinctif entre X et
a est difficile à percevoir. Le langage iconique utilisé est limité en définition. Dans ce système icOnto, on
a la possibilité de passer par la traduction d’une phrase en langage naturel à une phrase iconique dans le
langage iconique. Pour exemple, on a en langage naturel : "Prenez cinq (5) poignées de centella et faites
bouillir avec quatre verres d’eau puis buvez un verre de décoction le matin, un verre à midi et un verre le
soir". Cette phrase a pour équivalent en langage iconique, la phrase iconique comme le montre la figure
dans le tableau 3.9.
70
Langage naturel (français) Prenez cinq (5) poignées de centella et faites bouillir
avec quatre verres d’eau puis buvez un verre de
décoction le matin, un verre midi et un verre le soir
Langage iconique icOnto
Dans cette phrase iconique, une photo réaliste désignant la plante apparait dans les icônes. Du coup,
les constituants de cette phrase ne sont pas au même niveau sémantique et structurel, encore moins en
avoir la même base descriptive. En toute évidence, la sémantique telle que définie laisse la place à une
marge intuitive trop grande pour l’utilisateur en vue d’interpréter les icônes, puis la phrase iconique. Il
manque un alphabet clairement défini. En plus, les règles de traduction du langage naturel au langage
iconique ne sont pas explicites. Dans cette traduction, Kuicheu ne dit pas s’il utilise un interpréteur. De
plus nous relevons que centella est un genre de plantes qui comprend plus d’une cinquantaine d’espèces 24 :
cela n’est pas assez précis pour identifier la plante sans ambiguïté.
Yoruba Traditional Medicine (YTM) au Nigeria, a été l’objet de travaux menés par Omotosho et al
[172]. Une ontologie formelle sur la MT a été réalisée par cette équipe. Cette description ne prend pas
en compte tous les types de ressources médicinales. Celle qui est faite est focalisée sur les plantes mais
partiellement. Les principaux concepts sont plante, parties des plantes, les parties utilisées (écorce, racine,
feuille, tige, fruit et plante entière, ...) symptôme, signe, maladie. Il n’a pas tenu compte du caractère
analphabète des guérisseurs qui auront du mal à utiliser cette ontologie une fois à terme et mature.
L’approche d’ontologie visuelle n’est pas envisagée dans les travaux d’Omotosho et al.
Pratheeba et al [197], ont démarré un projet de système expert sur la MT hors Afrique, au Sri Lanka.
Ce système est fondé sur une ontologie des plantes (indiennes) de la MT. Il ne vise pas un langage iconique.
Plusieurs autres travaux d’ontologie en MT asiatique surtout chinoise (TCM : Traditional Chinese
Medicine) ([184] [226]) existent mais en général ne traitent pas d’ontologie visuelle. Dans les ontologies
utilisées, la description simultanée des principales ressources constituées par les plantes, les animaux, et les
minéraux des recettes médicales traditionnelles, est très réduite. Les travaux sur les plantes sont dominants.
Les concepts couramment traités sont maladie, plante, partie de plante, signe et symptôme.
Nous avons dans notre étude fait presque abstraction des ressources métaphysiques en les notifiant
simplement sans les aborder en profondeur. Les sorties de terrain et de brousse pour aller en contact avec
les guérisseurs font l’objet de mention dans peu de travaux et dont pour beaucoup d’entre eux, leurs auteurs
se sont contentés des dispositions invariantes dans la description des ethnobotanistes en biosciences sur la
MT. La description tabulaire donne fréquemment les termes de colonnes suivantes : nom scientifique de
la plante, famille scientifique, partie utilisée de la plante, nom local de la plante, maladie traitée, mode de
fabrication, mode d’administration, origine ou pays d’origine. Une telle description des pratiques de la MT
peut en conséquence s’avérer superficielle et réductionniste, loin de révéler l’aspect holiste de traitement
d’un patient. Cet aspect holiste (cf sections 2.4.2 et 2.5.4.1 du chapitre 2) est bien très caractéristique de
cette MT.
24. http ://www.theplantlist.org/1.1/browse/A/Apiaceae/Centella/ consulté en 2017
71
Figure 3.11 – Syntaxe de l’alphabet de base du langage iconique VCM
Le projet "VCM" de Lamy est un langage iconique pour l’accès aux connaissances sur le médicament et
aux guides de bonnes pratiques cliniques. Une ontologie visuelle est validée sur la MM. L’objectif principal
est la facilité d’apprentissage et la vitesse de lecture du praticien [140] [144]. La syntaxe iconique se fonde
sur trois bases iconiques notamment décrites dans la figure 3.11. Ces bases sont :
– formes géométriques : rond (absence de pathologie), carré (pathologie ou maladie), carré et triangle
associés.
– couleurs : marron (antécédent étiologique), orange (risques futurs à encourir), vert (sous traitement),
rouge (état actuel) et bleu (test en cours).
– autres icônes : des symboles en termes d’instrument (ex : seringue), de patient, d’estomac, de croix
(médicament), de prélèvement (récipient en tube), ...
Le langage iconique VCM (Visualisation des Connaissances Médicales) cible principalement les pra-
ticiens de la MM. Il est validé par un consortium de médecins. De plus, la sémantique du langage VCM a
été formalisée par une ontologie OWL [143].
Miria C et al à travers [67], ont réalisé AGUIA (Autonomous graphical user interface assembly for
clinical trials semantic data services). C’est un système graphique, une application web frontale conçue à
l’origine pour gérer les données cliniques, démographiques et biomoléculaires des patients recueillies lors
d’essais cliniques au centre de cancer MD Anderson au Texas (USA). AGUIA utilise un formalisme web
sémantique, un cadre de description de ressource (RDF) et une base de connaissances de bas en haut. La
mise en œuvre de tous ces aspects a pour outil support, S3DB (Simple Sloppy Semantic Database) en
72
qualité de point de départ pour l’assemblage d’interface du client. S3DB contient G-box avec 11 éléments
graphiques. La construction des icônes sur la base des onze (11) autres n’est pas clairement définie.
3.5 Synthèse
Les ontologies, presque deux à trois décennies après leur apparition, sont aujourd’hui incontournables
pour l’organisation des connaissances investies d’un ancrage sémantique consensuel. Elles contribuent éga-
lement à la capitalisation évolutive des connaissances. Ces ontologies peuvent répondre à de nombreux
besoins et objectifs, surtout grâce à l’intégration en leur sein de possibilités d’axiomatisation et d’utili-
sation de systèmes raisonneurs inférentiels. Elles sont utilisées relativement à une communauté d’experts
à l’instar de celle des PMT qui nous préoccupe dans ce travail. Plus précisément, nos besoins portent
principalement sur le partage et la pérennisation des connaissances et expériences de la MT. Dans la ligne
de réflexion conduisant nos activités de recherche, nous considérons les ontologies comme des repré-
sentations de connaissances s’insérant dans les systèmes d’information en vue de leur apporter une
dimension sémantique qui leur faisait défaut jusqu’ici. Nous nous intéressons beaucoup plus aux ontolo-
gies de domaine (définies comme une représentation formelle et validée par les experts de ce domaine). Il
importe alors ici l’identification des entités conceptuelles (concepts et relations) pertinentes de ce domaine
et de leur sémantique. Ces ontologies sont bâties sur la base d’un niveau conceptuel intégrant à la fois
les connaissances terminologiques d’un domaine et l’expression de la sémantique de celui-ci. Elles doivent
conserver leur indépendance vis-à-vis des usages opérationnels spécifiques à une application donnée.
Vu les caractéristiques toutes particulières de la MT, et du fait de l’existence dans ce domaine que
d’ontologies embryonnaires, il ne nous semble pas indiquer la réutilisation automatique des ontologies et
RTO existantes. De même, les ontologies et RTO existantes de la MM ne peuvent être réutilisées telles
quelles à cause des différences importantes entre MT et MM. En revanche, les politiques de ces ressources
(ontologies et RTO), leurs stratégies, leurs méthodologies et méthodes de construction nous seront d’une
grande utilité.
L’iconisation de concepts est une partie importante de notre travail. Au regard des solutions à apporter,
cette approche visuelle n’est pas en marge des ontologies formelles. Pour cela, dans le chapitre suivant,
nous abordons des stratégies de représentation visuelles. En outre, l’aspect visuel étant analogique, il est
nécessaire d’y asseoir une sémantique sans ambiguïté et intelligible par la machine. Ce que les ontologies
formelles terminologiques rendent possible.
73
Chapitre 4
Sommaire
4.1 Importance de l’icône . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.2 Définition et constance de l’icône . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.3 Icône et communauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
4.4 Étude et décomposition des icônes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.5 Exemples de langages iconiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.6 Langages iconiques formalisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.7 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
74
Par langage, nous comprenons un système de signes permettant la communication. En général, c’est
tout moyen d’expression, de communication et d’instruction à base de signes. On pourrait par exemple
citer le langage humain, le langage animal, le langage informatique, le langage des panneaux de circulation
routière, le langage gestuel, le langage olfactif. En réalité, nous communiquons par nos sens. En la matière,
au cours de son histoire, l’homme a développé certains sens au détriment d’autres, soit volontairement,
soit involontairement.
Ici, l’homme est placé au centre de la communication à travers deux communautés d’agents : celle des
agents humains dont il fait partie et celle des machines. Ceci met en relief trois types de communication
comme identifiés en section 3.2.11.1 du chapitre 3.
Basé sur une aire linguistique et sociale, le langage utilisé par l’homme dit langage naturel, est bien la
manière de parler et de s’exprimer. C’est une forme de langage qui n’est pas celle des machines. Depuis
l’apparition de l’ordinateur (aux environs de 1950), au moins cinq (5) générations de langages afférentes
(1GL, 2GL, 3GL, 4GL, 5GL) existent. Inspirés ou conçus sur le modèle de factorisation modulaire, les
quatre (4) dernières générations de langages (2GL, 3GL, 4GL, 5GL) sont superposables via une transfor-
mation structurelle (translation) au langage machine binaire (la 1GL). Il en va de même d’une génération
à la suivante (ou à l’autre).
Tous les langages écrits sont à différentes échelles de formalisme fondé sur une théorie (intuitive,
axiomatique ou axiomatique formelle) [154].
Dans notre environnement de vie, tout ce qui est de l’entendement humain est décrit sous le triptyque
sujet verbe complément. Ceci traduit bien le fondement des langages du web sémantique s’appuyant sur un
réseau de termes de concepts représentant le sens d’un champ d’informations qui incarne une interprétation.
Pour obtenir un langage visuel, il est difficile de suivre l’ensemble des principes de construction d’un
langage écrit avec un alphabet assujetti à des sons phoniques en correspondance avec les objets du monde,
bien qu’il s’agit des mêmes objets auxquels ce langage visuel fait référence. En conséquence, dans le cadre
du domaine de la thérapie traditionnelle, cible de notre travail, il faut noter l’existence d’un réseau où
collaborent un nombre non défini au préalable et même illimité de concepts et termes référant ces objets.
Alors établir une icône par concept via le langage iconique s’avère non aisé. En plus, cette difficulté croît
quand on doit doter la machine (ordinateur), de l’intelligibilité sémantique des icônes.
Après une présentation de l’icône sous un aspect sémiologique (sémiotique), il s’en suit un état de l’art
des langages iconiques (formalisés et moins formalisés).
75
d’interdiction dans les zones d’industries chimiques, de circuit de production d’électricité (moyenne et
haute tension) et de déchets nucléaires toxiques, les symboles et signes d’autorisation et d’avertissement
relatifs aux issues de secours des salles de masse et lieux populaires (amphithéâtre, toilettes publiques,
stades, podiums, ascenseurs, parking), les consignes sur la flore et la faune classées, les réseaux sociaux
(Facebook, Twiter, Instagram) et le web, les bandes dessinées (presse et TV), les vues symboliques et
synoptiques via Google Earth (à l’échelle), les signes de centres et apparats religieux [137], les vitraux
d’église, les logos et ceux accompagnant les marques déposées de fabrique et les sociétés, les fascicules
et ouvrages scolaires et académiques, les véhicules de transport et de déplacement (voiture, camion, car,
train, métro, trameway, bus, bateau, avion, ...) tant pour le conducteur/pilote (tableau de bord) que pour
le simple usager passager, les indications flottantes pour la navigation marine, le monde des peintres, les
dessins sur les habillements et les vêtements (chaussures, pagne et tissu africains, asiatiques, occidentaux),
consignes, signes et dessins dans l’hôtellerie et tourisme, dessins et signes sur les monuments et dans les
musées, sur les meubles et façades d’immeubles, sur les couverts (cuisine, restauration, ..), dans les centres
commerciaux (des plus insignifiants aux hypermarchés), etc.
Les premières apparitions de pictogrammes et d’icônes d’information se sont faites de manière sectorielle
à savoir dans le tourisme pour les déplacements humains, et dans l’industrie pour les machines et les
produits. En somme, l’image en général et surtout celle miniaturisée à l’échelle de pictogramme ou d’icône
devient omniprésente. Pendant de longues périodes avant l’époque contemporaine, pour lutter contre
l’analphabétisme et l’isolement, l’image a eu toute son importance pour véhiculer l’information [159]. A
l’époque contemporaine, le texte même quand il est dominant, continue d’être parfois agrémenté d’images
(journaux, livres, ..).
Après la télégraphie, émerge une nouvelle forme de communication à grande vitesse fondée sur les
évolutions des sociétés (au plan démographique, culturel et économique). L’intra exode est augmentée de
l’inter exode. L’usage à grande échelle, de plus en plus croissant de l’image iconique et pictographique se
fonde sur l’impérieuse nécessité de communiquer toujours plus rapidement (les icônes sont lues plus vite
que le texte) et plus largement (les icônes peuvent être comprises au-delà des frontières [28] et barrières
linguistiques).
A cela, il faut rajouter les raisons liées aux mutations sociales : une frange importante des populations
illettrées soit transitoirement, durablement ou à vie, est fortement demandeuse de son intégration dans
la société urbaine. Certaines catégories des personnes handicapées par exemple aphasiques ne sont pas en
reste.
Sortir et même s’éloigner le plus possible de l’analyticité du texte par l’émergence d’un message plus
laconique et synthétique inonde notre quotidien. Ce message est présenté comme un pur stimulus [233]
s’inscrivant dans l’obtention des résultats attendus qui satisfont le mieux les objectifs. L’image iconique
peut incarner un tel message également quand elle est établie selon un certain nombre de règles clé. Ainsi, sa
représentation endosserait davantage un caractère de spontanéité sémantique pour un groupe d’utilisateurs
donné (communauté des PMT par exemple). Indubitablement, les images et les icônes de toute sorte
foisonnent sur les interfaces homme-machines et sur le web. Le rôle joué par l’informatique en particulier et
par les TIC en général, est crucial. En somme, l’informatique et Internet facilitent énormément l’utilisation
et la diffusion des icônes aujourd’hui.
76
4.2 Définition et constance de l’icône
Nous intéressons à définir une icône et un langage iconique et ensuite à mettre en exergue leur propriété
immanente.
77
Figure 4.1 – Caractère persistant et inchangé de l’icône
Toute perception par la vue est renvoyée en une image ou représentation mentale. C’est à partir de cet
instant que l’interprétation commence. Pour D Le Breton, la perception 2 n’est pas une coïncidence, mais
une interprétation. Les images iconiques fixes sont celles concernées par nos travaux présents. Les images
mobiles ou filantes en sont exclues. Ainsi, nous nous limiterons ici aux icônes visuelles, et nous laisserons
de côté les icônes sonores ou gestuelles.
78
Représentation du concept (image, image
Concept
iconique, image pictographique)
carrefour giratoire
centre de santé
79
Représentation du concept (image, image
Concept
iconique, image pictographique)
configuration de téléphone
portable
restaurant à mets
danger de mort
interdiction de fumer
toilettes publiques
paludisme
80
...
Figure 4.2 – Extraction d’un langage iconique pour les personnes handicapées aphasiques
sujets. Ces derniers suite à l’écoute de la centaine de phrases prononcées, doivent faire correspondre chacune
d’elles avec une ou plusieurs icônes. "je voudrais aller au fauteuil.", "merci.", "je voudrais me brosser les
dents." et "j’ai froid." sont quatre (4) exemples de ces phrases. Les scores obtenus de l’interprétation des
icônes varient entre 0 et 100%. C’est une technique simple qui prouve la possibilité de développer un
langage iconique dans une communauté donnée. Pour se faire une idée plus nette des icônes en rapport
de correspondance à une suite de phrases, une extraction de ce langage iconique est donnée en illustration
par la figure 4.2. C’est également une technique simple de validation d’un langage iconique.
L’icône peut revêtir un caractère universel [159]. Elle permet donc d’atteindre une certaine universa-
lité via la ressemblance. Cette icône elle-même, éventuellement associée à son apprentissage, nous permet
d’arriver à une compréhension commune et consensuelle de la réalité qu’elle dénote. Une même icône pré-
sente partout et accessible de partout permet également de partager la sémantique de l’information qu’elle
véhicule au plan universel. A ce titre, les icônes sont à même de transcender les barrières linguistiques
dans une communauté.
Mon expérience personnelle m’a montré qu’un illettré à qui on a appris à utiliser un téléphone portable
81
(mobile), ou, plus encore et clairement, tout individu à qui l’on a appris à utiliser les icônes de l’interface
d’un téléphone mobile, arrive par la suite à se les approprier parfaitement (e.g : artisan rural de mon
village qui n’a pas connu l’école). Même en changeant de téléphone, peu importe la marque, il arrive à en
faire un bon usage, à s’en servir.
Des individus illettrés ou non ayant des aires linguistiques différentes ou même avec des courants
culturels distincts, de milieux de vécus totalement différents, et qui manifestement n’ont aucune base
linguistique commune, arrivent à communiquer par le biais des icônes, des images, des pictogrammes (e.g :
signes dans les domaines scientifiques surtout en mathématiques et physiques, médecine, botanique, etc).
La standardisation des icônes dans certains domaines est très avancée et obéit à des normes ISO
[233] : signes de panneau de circulation, signes des aéroports, signes des centres hospitaliers, signes de
restaurations et hôteliers, signes agricoles, signe de sécurité, signes des issues de secours dans les bâtiments
et les immeubles etc.
Cette force de l’image en général et de l’icône à travers le (ou un) langage iconique en particulier, peut
devenir également sa faiblesse si elle n’est pas soutenue d’une part par un certain nombre de principes
dans sa construction et dans son utilisation, et d’autre part par l’apprentissage aux fins de préserver sa
sémantique au fil du temps.
L’analogie (ou la ressemblance) spontanée entre l’icône et son référent, doit être de mise. A l’endroit
des destinataires, est également visée la spontanéité de la reconnaissance de l’icône dénotant ce référent.
Il faut comprendre que celui à qui l’icône est renvoyée doit également recevoir un stimilus réactif (effet
manifeste mais silencieux, effet visible ou vif dans le changement de comportement). Admettons cela sous
le vocable de réactivité dans une tâche donnée.
4. http ://www.surlimage.info/ecrits/semiologie.html consulté en 2015
82
Types Fonction Description et exemple Catégorie de signe Relation à priori
Peircéens entre signifiant et
de signe :
signifié
(trichotome)
indice contiguïté de L’indice est un signe qui entretient un lien le signifiant est sur le identité (totale ou
faits physique avec l’objet qu’il indique. E.g : la même plan de réalité partielle)
fumée pour le feu ou encore les nuages pour que son objet
la pluie ; montrer le paquet de cigarette (référent).
pour demander une cigarette, grattement à
la porte permettant de comprendre que le
chien manifeste d’entrer, signe symptôme
d’une réalité complexe, bouton de furoncle,
percevoir la queue du lion camouflé, le lion
arrêté en face à 50 m de soi.
symbole fonctionnent Le symbole entretient avec ce qu’il le signifiant n’a pas aucune relation de
ressemblance
par représente une relation arbitraire, de rapport autre que
(symbole établi par
convention conventionnelle. Le signe symbolique rompt conventionnel avec
pure convention, par
toute ressemblance et toute contiguïté avec son objet (référent).
loi, par habitude
la chose exprimée. E.g : le drapeau d’un
culturelle) pour
pays africain, deux symboles en MM dont
référer un objet
l’un exprimant la masculinité ou l’autre la
féminité, la langue et le signe linguistique
(syntaxe et lexique), le calcul
mathématique.
icône similitude L’image est classée sous cette catégorie du le signifiant ressemble analogie,
fait qu’il y a un rapport d’analogie entre le à son objet (référent). ressemblance
signifiant et le référent. Les signes iconiques
sont des représentations analogiques
détachées des objets ou phénomènes
représentés. e.g : l’icône d’une plante.
83
Figure 4.3 – Triangle sémiotique de base selon Peirce
Cette analogie repose sur une convention apprise préalablement codant en correspondance associative
l’icône et son objet. Le signe a un lien conventionnel avec son objet ou est reconnu à partir d’une norme
apprise. C’est même le cas des langages oraux et écrits. Les trois types de signes de Peirce ont chacun
leurs avantages, mais le signe iconique est préférable lorsque l’on recherche l’universalité.
NB : En outre, autour de ces trois types percéens de signe (indice, symbole et icône), il manque un
consensus entre sémioticiens (Peirce, Hegel, Wallon, Jung ...) selon [31]. En lieu et place de ces trois types
peircéens (indice, symbole et icône), certains de ces sémioticiens excepté Peirce lui-même, parlent encore
de signal, indice, icône, symbole, signe et allégorie [31]. Cette contradiction nous réconforte dans notre
choix : icône. Nous admettons ainsi icône pour supplanter l’ensemble de ces termes (signal, indice, icône,
symbole, signe et allégorie). Icône est donc suffisamment acceptable pour le langage iconique envisagé dans
le cadre de nos travaux.
Relativement à son alphabet, les symboles de la langue française (langue parlée et écrite), ne sont
pas des images. Nous parlons de terme quand le symbole est utilisé. Ce sont ces termes, les signifiants
que nous dressons "canoniquement" en classes (concepts axiomes avec consensus) en LDs, inspirés des
symboles logiques et mathématiques.
Selon Peirce C S, un signe a trois dimensions de compréhension à savoir son objet, son icône et son
interprétant. Saussure en a une perception double : signifiant et signifié. Nous optons pour le signe Peircien
pour son aspect plus pragmatique.
84
Figure 4.4 – Triangle sémiotique Signifié Signifiant Référent de Peirce : Signes graphique et terminologique
– le référent est un objet concret ou abstrait de la réalité observable. Il a des caractéristiques propres. Il
peut devoir son existence à l’assemblage d’autres objets. Il peut être immatériel comme un sentiment,
une émotion, un concept abstrait (une vitesse, liberté, grandeur, ...). Peuvent être substitués au
terme référent les éléments objet, fait, individu, observable. Ce sont des continuants (endurants) et
occurrents (perdurants).
– Le signifié est le sens qu’on donne aux choses. Il est une abstraction qui se rapporte au référent
faisant partie de la réalité. On peut parler du monde mental ou du concept. C’est l’idée qu’on se fait
de quelque chose de tangible ou d’immatériel. Le signifié fait partie de la réalité subjective. Il peut
être remplacé par idée, interprétant, modèle mental. C’est le concept [236], l’image mentale, une
représentation générale et abstraite d’un objet jouant le rôle de relais entre le signifiant et l’objet.
– Le signifiant dit aussi representamen, est une chose de la réalité objective qui a la fonction de
représenter, de dénoter un référent. Selon la figure 4.4, on a le signe graphique (croquis ou icône
d’arbre) ou le signe terminologique (arbre) qui représente spécifiquement un arbre et symbolise le
concept "arbre". Le signe renvoie indirectement à la réalité par l’intermédiaire du signifié.
Pour Peirce, "un signe est quelque chose qui tient lieu pour quelqu’un de quelque chose sous quelque
rapport ou à quelque titre" dans [118] de Heon. Sur la figure 4.4, via l’exemple de la plante, le signifiant
symbolique et terminologique est "arbre" et le signifiant graphique et iconique, "silhouhette arbre" (un
pictogramme).
L’analogie poursuivie par Peirce entre le signe iconique et son référent, constitue un support solide
à celle de Carlos [52] qui considère la trilogie de stratégies de représentation dans les icônes. Ces trois
stratégies sont :
La similarité visuelle (ou analogie) est la stratégie qui semble la plus appropriée pour représenter
iconiquement des concepts concrets, c’est à dire des objets matériels. S’agissant des concepts abstraits
(pensée, processus, activité, ...), la règle d’association sémantique est plus appropriée à appliquer, suivie
de la règle de convention arbitraire.
85
Lois de la théorie de la Expression Élément de
Gestalt connaissance de forme
(GestaltThéorie) de base
Toute icône ou tout iconème est réalisé par application d’au moins une de ces trois règles.
86
4.4.4 Propriétés des icônes
Sur la base des trois (3) types de signe (tableau 4.3) et des cinq (5) lois du gestaltisme (tableau 4.4),
cinq (5) critères importants sont à faire observer par l’icône lors de sa conception. En tant que propriétés,
ces critères sont aussi qualifiés de normes d’intérêt de l’image iconique [159]. Ce sont simplicité/complexité,
pragmatisme iconique, familiarité, sens et distance sémantique.
– familiarité de l’icône : elle concerne sa fréquence dans l’environnement quotidien de l’utilisateur afin
d’en mesurer son apprentissage (assimilation) par ce dernier ;
– sens : c’est celui donné à l’icône traduisant sa reconnaissance spontanée (ou ce après apprentissage) ;
– distance sémantique : elle exprime le caractère relationnel et fermé (hermétique) qui lie l’icône à
l’objet qu’elle représente (dénote). Il y a notoirement le degré d’évidence de la reconnaissance de
l’objet par l’intermédiaire de l’icône. On parle de similarité. Ici, c’est une distance qu’on voudrait
faire tendre vers zéro[159].
– En 1906, le suisse Ferdinand de Saussure, un linguiste, a initié une sorte de langage iconique dé-
nommée image fonctionnelle ou signe-fonction à but de science générale des signes, avec les apports
concertés du scientifique mathématicien Shannon, et de l’anthropologue Lévi-Strauss et toute la lin-
guistique. La sémiotique prend en considération la manière dont les signes sont utilisés pour désigner
les choses et les états du monde [233].
– Le langage Bliss [147] est une sémantographie [46], composée d’une centaine de symboles pictogra-
phiques et d’idéogrammes (inspirés du chinois Kandji) et des symboles arbitraires lors des années
1942 à 1965. Bliss eût la ferme volonté d’aboutir à une langue universelle au sens du rêve d’un
symbolisme également universel de Leibniz. Bliss créa l’iconicité comme l’organisation structurelle
de l’expression reflétant le contenu. Dans cette organisation, chaque signe doit ressembler à la chose
à laquelle il renvoie. Contrairement à son prédécesseur Wilkins, Bliss vise un langage qui n’exige au-
cun apprentissage. Cependant, les symboles graphiques ne peuvent pas représenter certains concepts
abstraits (comme la négation) sans faire appel à des conventions qui doivent être apprises. Face au
caractère universel assigné au langage Bliss, l’impasse a pris le dessus. Son utilisation a fortement
87
Figure 4.5 – Isotype de Neurath (1882-1945), un exemple de symboles et de combinaison symbolique
diminué d’échelle pour se limiter aux enfants souffrant d’IMC (infirmité moteur cérébrale).
– International System Of Typographic Picture Education (ISOTYPE), traduit en français par Sys-
tème International d’Éducation par les Images Typographiques) [28] [183] fonctionne pareillement
au langage de Bliss, mais les icônes sous forme de pictogrammes sont plus représentatives des objets
représentés. Ces icônes ont des traits caractéristiques des objets qu’elles représentent (voir figure
4.5).
– Comme mentionné précédemment, Brangier [46] a proposé un langage iconique pour des personnes
aphasiques en vue de rompre avec l’isolement médical et relationnel du patient. Pour une idée plus
nette des icônes en rapport de correspondance à une suite de phrases, une extraction de ce langage
iconique est donnée en illustration en figure 4.2.
– Le langage iconique médical VCM de Lamy [141], il intègre trois types de primitives graphiques :
couleurs, formes géométriques (rond, carré, triangle) et pictogrammes (formes plus complexes). Ce
langage iconique permet de représenter les principaux concepts médicaux : symptôme et diagnostic
du patient, antécédents médicaux, risques futurs, traitements, examens, ... VCM a été utilisé dans
plusieurs applications médicales : dossiers patients hospitaliers et en médecine générale, consultations
de guides de bonnes pratiques cliniques ou de documents listant les propriétés des médicaments,
moteurs de recherche médicaux, ... Ce langage n’a pas pour objectif de remplacer le texte (comme le
cherchait Bliss), mais plutôt d’enrichir le texte pour faciliter le repérage et le filtrage visuelle pour
faciliter la recherche d’information dans un texte. Une évaluation sur un petit groupe de médecins
a montré que VCM permettait d’accéder deux fois plus rapidement à l’information, tout en faisant
deux fois moins d’erreurs [142].
88
Figure 4.6 – Structure générale de l’ontologie iconique de VCM
Relativement aux travaux de Lamy [143], VCM est formalisé et validé. Il est fondé sur trois types de
primitives (cf figure 4.6) : pictogrammes, couleurs et formes géométriques. La formalisation se fait à l’aide
de trois (3) ontologies : une ontologie des icônes qui décrit les icônes et leurs composants, une ontologie
du domaine avec les concepts représentés par les icônes, et une ontologie de correspondance qui fait le lien
entre les deux précédentes. Cette dernière ontologie ne contient pas d’entité nouvelle, mais uniquement
des contraintes portant sur la relation "icône représente concept / concept est-représenté-par icône".
4.7 Synthèse
Dans ce chapitre, nous avons présenté les icônes et les langages iconiques à différents stades de for-
malisation. Parmi ces langages, celui de Lamy connait un niveau de formalisation suffisant, et est validé
dans le domaine de la MM. Nous avons vu que les icônes ont une dimension "universelle". Elles rendent
possible la communication au-delà des barrières linguistiques et de l’analphabétisme. Cette dimension
universelle serait très utile dans le contexte de la MT, car nous avons montré au chapitre 2 les difficultés
rencontrées dans cette MT : l’insuffisance de formation des PMT, la perte des connaissances à la mort d’un
PMT, l’absence de cadre d’échange sur les connaissances et expériences, et tout cela, dans un contexte
d’analphabétisme important, de multilinguisme (1127 langues locales) et de transmission orale.
En conséquence, nous nous donnons pour objectif de construire un langage iconique dans le domaine
de la MT. Puisque notre objectif est l’universalité, nous utiliserons au maximum des signes iconiques pour
la définition de notre langage iconique. Notre centre d’intérêt étant principalement le traitement d’un
patient, nous avons jugé utile de démarrer l’amorçage de ce langage iconique par les plantes, ressources les
plus significatives utilisées en MT pour l’offre de soins de santé primaires. Le grand nombre de concepts, et
notamment d’espèces de plante, utilisés en MT justifie que nous nous orientons vers un langage iconique
et non vers une simple collection d’icônes indépendantes.
La complexité de l’image et de la construction du langage iconique d’une part, et la nature même du
domaine de santé humaine (via la MT), une question délicatement sensible d’autre part, imposent une
construction progressive, incrémentale, rigoureuse et consensuelle. De plus, afin de formaliser le
langage iconique à concevoir, nous l’adosserons sur une ontologie formelle de la MT. Ce travail aboutira
donc à une approche d’ontologie visuelle.
89
Chapitre 5
Sommaire
5.1 Présentation et architecture globale du système envisagé : SysMEDTRAD . 91
5.2 Notre méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.3 Étapes de construction de notre ontologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.4 Spécifications des besoins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.5 Conceptualisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
5.6 Concepts présents dans des ontologies ou ressources déjà existantes . . . . . . 120
5.7 Formalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
5.8 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
90
Nous cherchons à construire un cadre idéal pour les praticiens de la MT (PMT), afin de partager,
mutualiser, co-construire et sauvegarder les connaissances, les acquis et expériences de la MT. Nous appel-
lerons ce cadre SysMEDTRAD, pour système de gestion des connaissances de la médecine traditionnelle.
Sa composante principale sera ontoMEDTRAD, une ontologie de la MT. Cette ontologie comprendra une
partie terminologie, ontoCONCEPT-Term, et une partie iconique contenue dans ontoICONE. Le cha-
pitre actuel a pour objet ontoCONCEPT-Term, et la composante iconique fera l’objet principalement du
prochain chapitre.
Cette ontologie constituera l’épine dorsale fournissant la référence des objets et leur sens pour la
communication entre les machines, et également entre ces dernières et les humains (notamment les tradi-
praticiens, PMT). L’adhésion au projet de cet endogroupe de PMT est garantie par leur implication en
amont, au milieu et en aval dans tout le processus. C’est avec tact que cette adhésion a permis également
de faciliter les entretiens en profondeur et de façon étendue malgré la réticence et le caractère réservé très
manifeste dont certains PMT ont du mal à se défaire. A l’instar des bases de données, une fois l’onto-
logie en phase d’utilisation et répondant aux fonctionnalités applicatives initiales pour lesquelles elle est
construite, la possibilité de l’émergence de nouvelles fonctionnalités est grande.
Une ontologie définit les termes et concepts (sens) utilisés pour décrire et représenter un domaine de
connaissance. La compréhension de chaque concept dans une ontologie est d’importance capitale en vue
de le définir rigoureusement et d’en investir la sémantique idoine. Il s’agit par cette nouvelle technique
mettant en avant la sémantique des objets modélisés, de permettre aux machines d’aller au-delà des formes
classiques de comparaison de ces objets dans leur manipulation et recherche, pour prendre désormais
en compte leur sens. Cependant, l’ontologie vue comme une taxonomie ou une terminologie à l’image
d’un dictionnaire intelligible par l’ordinateur, même vraie, peut entrainer des bribes d’incompréhension.
Toute la sémantique du réel ne peut pas être vidée ni en machine ni humainement, elle nécessiterait une
description considérable voire infinie. L’enrichissement sémantique se veut alors continuellement graduel.
Cette étanchéité de la sémantique se fortifie et se complexifie avec des conventions sociales, historiques et
culturelles pesantes. En outre, le niveau sémantique atteignable dite formelle actuellement permet déjà de
répondre à de nombreuses attentes (applicatives).
Enfin, la MT présente des caractéristiques particulières : il s’agit d’un savoir fortement tacite et gardé
secret par les PMT. Très peu de travaux ont porté sur la modélisation de la MT, en dehors d’ontologies
restées embryonnaires. En comparaison avec la MM (chapitre 2), nous avons deux formes de médecine qui
diffèrent beaucoup dans les concepts qu’elles manipulent. Pour toutes ces raisons, la réutilisation automa-
tique des ontologies et RTO existantes de la MT ou de la MM ne semble pas être indiquée. En revanche,
leurs politiques, leurs stratégies, leurs méthodologies et méthodes de construction peuvent nous être utiles.
Dans la suite du chapitre, nous indiquerons les éventuels concepts réutilisés dans ontoMEDTRAD et les
RTO et ontologies dont ils sont issus.
91
5.1.1 Cartographie globale des acteurs et des utilisateurs
Les acteurs principaux sont les PMT et les patients. Les PMT ont un rôle de première ligne. L’objectif
des cas d’utilisation relatifs aux PMT est essentiel. L’acteur patient jouent un rôle secondaire. Selon le
statut du patient (personne âgée, mineur, femme en état de grossesse), ou son état lié à la gravité de la
maladie, le patient peut être accompagné par une personne (entourage humain) : le garant. Cet acteur
suppléant est optionnel. Ce dernier peut apporter des réponses en compléments des indices (symptômes,
signes), de la maladie, des soins reçus qui sont propres au patient. Nous nous concentrons véritablement
aux cas d’utilisations de ces principaux acteurs. Bien avant, le tableau 5.1 montre la cartographie des
acteurs et utilisateurs.
Les PMT sont les porteurs des connaissances de la MT dont nous cherchons à construire l’ontologie
ontoMEDTRAD. Les résultats qui découlent des travaux liés aux experts du domaine de la communauté
des PMT devront constituer une base à partir de laquelle doivent émerger plusieurs applications à même
de faire également face aux attentes des acteurs secondaires.
En conséquence, nous nous focalisons sur les PMT et le patient, et principalement sur les PMT, acteurs
avec lesquels nous avons eu plusieurs rencontres physiques et déterminantes.
92
Catégories Acteurs Description de la fonction dans
SysMEDTRAD
PMT Dépositaires des connaissances de le MT.
Premiers bénéficiaires du système pour
l’exercice de l’art médical traditionnel ([19]
amélioré en 5.1)
Acteurs principaux Patient Le patient est interrogé et ausculté par le
(primaires) PMT, pour déterminer la maladie. Le patient
est bénéficiaire via l’amélioration de l’offre de
soins de santé de la MT.
Garant ou Entourage Patient Selon le degré ou la gravité de la maladie du
patient, ou encore de l’état du patient
(personne âgée, enfant, femme en grossesse en
état critique), il est accompagné par une
personne adulte, responsable.
Expert ontologiste (ingénierie Maintenance de ontoMEDTRAD
des connaissances et des
ontologies formelles)
Acteurs secondaires Expert en web sémantique et Déploiement de ontoMEDTRAD dans un wiki
type 1 (Expert en wiki triplestore sémantique
informatique et TIC)
Infographistes expert, designer Amélioration des icônes
Botaniste Connaissances de la botanique (plantes), bien
qu’elle n’en constitue pas la source principale
Acteurs secondaires Faunisticien Connaissances de la faune physique des
type 1 (Experts mais animaux
pas en informatique et
TIC)
Médecins de la MM Pour la validation (en plus de celle des PMT)
Enseignants (TIC, Biosciences, Utilisateurs finaux
...)
Acteurs secondaires Apprenants (Étudiants, ...) Utilisateurs finaux
type 2 (simples
utilisateurs)
Grand public (usages Utilisateurs finaux
populaires, ...)
93
Figure 5.1 – Vue synoptique et architecturale de SysMEDTRAD
94
Figure 5.2 – Fond organisationnel des connaissances et des expériences continu de la MT pour les PMT
L’étape de conceptualisation d’un point de vue hautement générique comprend la spécification des
besoins. Ainsi, on a les sous-étapes afférentes suivantes :
– l’expression de besoins : cibler et circonscrire le domaine du discours, spécifier les besoins ;
– les questions de compétences (questions pilotes) : définir le but de l’ontologie ;
95
– les procédés de recherche et d’acquisition de données, des informations et des connaissances au-
près des experts. On peut citer entre autres les entretiens et interviews, la revue documentation
et l’exploitation des résultats de travaux de référence (publications et thèses), utilisation ontologies
existantes, séminaires de sensibilisation et ateliers de formation et des techniques d’élicitation ;
– l’énumération des termes et leur assignation aux concepts ou vice versa. Cela va du glossaire des
termes, du diagramme des concepts et des relations au dictionnaire plus détaillé des concepts.
De façon concrète, nous adopterons un processus itératif (avec des aller-retour) pour consolider la
définition de chacun des termes recensés et qui émergent du domaine de discours. Cette définition consiste
à assigner à chaque terme une fonction ou rôle dans l’ontologie future. Ceci motive le centre d’intérêt du
concept portant le terme. A cela, il faut ajouter qu’il s’agit précisément d’assigner à un terme une seule
des quatre (4) catégories considérées dans une ontologie formelle : classe (ou concept), relation, propriété,
individu. Notons cet ensemble TO . On a donc : TO = { classe, relation, propriété, individu }.
De manière progressive et itérative, les aller-retour consistent à combiner ou croiser les avis recueillis
auprès des acteurs (notamment les experts PMT, lettrés ou illettrés) qui sont les dépositaires des connais-
sances de la MT. A ce titre, des interview réalisés ont été repris avec le même PMT sur le même sujet à
des périodes d’intervalle de 4 à 6 mois, puis croisés.
D’autres sources ont été utilisées, nous les donnons dans l’ordre d’utilisation. Nous avons les sources
écrites en médecine et biosciences (publications, thèses, documentation des programmes nationaux de
promotion de la MT, de la documentation des ONG, ouvrages de librairies, ...). Nous avons aussi les
sources web. Nous avons spécifiquement des sources en botanique (physicalité et morphologie des plantes).
L’analyse croisée et le recoupement de plusieurs sources est une façon de s’assurer du bon choix fait d’une
assignation de terme à un concept. Cela concourt à une vérification et aide à déterminer le terme de
préférence ou le plus consacré dans le domaine de discours, puis ceux de second rang, pour un concept
donné. Par exemple en MT, le terme "Plante" (Plant en anglais) est préféré à celui de "Végétal" bien
qu’on s’adresse généralement aux ressources végétales.
Une fois que l’assignation des classes aux termes ou des termes aux classes est faite (en rapport à une
interprétation minimale), nous passons à la pré-représentation à travers un diagramme de classes UML.
Tout ceci permet d’avoir une première vue synoptique des classes et une idée plus nette de la façon dont
se fera leur projection dans l’ontologie à partir de ce diagramme de classes. Il convient de noter que ce
diagramme n’est pas complet, en particulier toutes les propriétés n’y figurent pas. Le plus important
sur ce diagramme, ce sont les classes et leurs noms, puis les relations de classes (subsomption en terme
d’héritage, et association entre classes d’individus).
Après la phase de conceptualisation, vient l’étape de formalisation, qui est réalisée au moyen d’un
éditeur d’ontologies (comme Protégé). Plusieurs sous-étapes sont à noter lors de la formalisation, sans
ordre précis :
– La hiérarchisation des classes sous forme arborescente (structure taxinomique) : Une fois que les assi-
gnations de termes sont faites, ceux qui sont devenus des classes vont subir un rangement hiérarchisé
par la technique combinatoire des approches de top-down et du bottom-up ;
– La hiérarchisation des relations sous forme arborescente : Comme pour la hiérarchie de subsomption
de classes (structure taxinomique), nous faisons de même pour les relations possibles entre classes ;
– La définition des classes définies (abouties) et des classes équivalentes : Nous faisons la distinction
96
Figure 5.3 – Cycle de vie de construction d’ontologies (prototype général)
Est un axiome, tout énoncé vrai manifestant un intérêt pour ce qui est décrit dans le domaine de
discours. La liste des axiomes ne peut jamais être exhaustive. Certains sont évidents et ne nécessitent
pas d’être transcrits. Quand il y a lieu de les formaliser, il faut le faire de sorte à soutenir par exemple
la définition d’une classe (classe définie par opposition à une classe atomique ou primitive). Les classes
primitives sont dites évidentes ou atomiques. Elles s’appuient en réalité sur des axiomes dont la notation, la
transcription ou la spécification n’est pas nécessaire (trivial et vrai). Les axiomes à marquer s’apparentent
à des règles de gestion relatives aux entités de l’ontologie. Les axiomes peuvent avoir un but descriptif, et
alors restreindre ou contraindre une classe, une relation, une propriété, un individu, ...
Avec axiome comme une des catégories possibles dans TO , TO déjà défini, devient alors : TO = {
classe, relation, propriété, individu, axiome }.
L’étape de formalisation consiste à transcrire ce qui précède dans un langage plus formel (tel que OWL)
que celui utilisé lors de la conceptualisation (tel que UML).
Notre méthodologie se fonde sur les prototypes de cycle de vie (cf figures 5.3 et 5.4) inspirés de
Methontology et surtout de ses points communs avec NeOn, Diligent et OntoforInfoScience.
97
Figure 5.4 – Cycle de vie de construction d’ontologies (inspiré de Methontology) en phase avec NeOn,
Diligent et OntoforInfoScience
les décisions prises ou les résultats issus des activités précédentes. Ceci concourt à maintenir la cohérence et
le consensus. Les activités supports (acquisition des connaissances de multiples sources dont principalement
des experts du domaine, intégration, documentation, évaluation et configuration du management) ont lieu
tout le long de l’exécution des activités de développement.
La figure 5.5 présente un récapitulatif des étapes de construction pragmatique d’une ontologie, qui sont
compatibles avec les figures 5.3 et 5.4. Au regard de cette même figure, excepté l’étape de circonscription
(flexible) du domaine du discours pour l’initialisation du projet de construction d’ontologie, le sens des
symboles à trois têtes de flèches (dont deux plus petites en arrière, et une plus grande en avant), exprime
l’insistance sur les aller-retour, les emboitements cohérents et logiques. L’avancement est important, mais
il est obtenu avec cette possibilité de retour en vue de mieux aiguiller ou raffiner les solutions prises à
chaque étape en cours pour entamer la prochaine. Après l’activité de peuplement de la ligne 3 (de la figure
5.5), nous avons l’exploitation (par la communauté des potentiels acteurs utilisateurs), la maintenance
(l’évolution). Cette approche de développement concourt à assurer un consensus et une consistance cer-
tains à notre modèle. Des sauts sont possibles mais sur la base d’une évidence notoire des éléments de
l’étape sautée. Dans le cadre d’un projet de développement complexe d’ontologie, il y a lieu de respecter
méticuleusement les étapes et même d’y revenir. Dans ce contexte, il n’est pas toujours aisé ou même
possible d’enregistrer l’exhaustivité des actes posés et des activités menées. A ce titre, on est tenu par une
traçabilité en les décrivant succinctement et pour l’essentiel.
98
Figure 5.5 – Schéma récapitulatif des étapes de construction pragmatique d’une ontologie
Pré-conceptualisation
Nous appliquons notre méthodologie de construction à la MT, notre domaine de discours et de connais-
sances, dans le tableau 5.2.
99
Domaine de discours Secteur : Médecine et santé humaine ; Domaine : MT Afrique de l’ouest ;
Principaux experts de connaissances : PMT.
Typologie des acteurs PMT, experts du domaine de la MT, Traducteurs (guide-interprètes) ;
Patient (et entourage humain) ;
Experts de domaines annexes : botaniste (physiologie et morphologie des plantes)
pour la phase d’amorçage du langage iconique, puis après, faunisticien (physiologie
et morphologie des animaux) ;
Expert en informatique / TIC et dessin : Ingénierie ontologique et de connaissances,
Infographiste, ingénieur expert en Wiki sémantique ;
Enseignant, Étudiant et population.
Sources d’information Ressources Experts de domaines et Traducteurs ;
Ouvrages (livres) biosciences (MM et MT), publications, thèses, ... traitant de la
MT ;
Documentation des programmes nationaux de promotion de la MT, des ONG, ...,
Sources web, Observation ;
Visite de terrain (jardin botanique), sites ou centres de MT (des PMT), étalage de
ressources médicinales au marché, étalage à domicile ;
ouvrages (livres) sur la description flore et faune.
Elicitation Réunions de sensibilisation pour adhésion, ateliers de formation et rencontres
d’entretien, traduction par des interprètes entre le français et les langues locales, des
aller-retour chez les experts à chaque niveau de notre construction.
Cycle de vie Spécification, contrôle assurance qualité, management, Elicitation, conceptualisation,
intégration, formalisation, implémentation, maintenance (évaluation peut être
répartie à chaque fin d’étape), évaluation, documentation
Pratique de l’art médical par le PMT Patient - Indice (symptôme et signe) - maladie - Ressource médicinale (Végétal
(Plante), Animal, Minéral) - Recette - Remède.
Type de collaboration Réparti et distribué avec les outils (téléphones/mobiles, internet, messagerie, ...).
identification des concepts (classes) UML (Diagramme des classes).
Ontologies existantes fondationnelles Ontologies fondationnelles et noyau : OBO, PO, PSO ... ;
et noyau, et celles (non de référence Spécificités de la MT sur l’utilisation directe des ressources naturelles (plantes,
en général et au stade d’embryon) de animaux, minéraux) pour les soins de santé primaires ; Prise en charge du patient en
la MT de quelques auteurs isolés MT se démarquant de celle en MM. Difficulté d’utiliser des ontologies de domaine
émanant de la MM (Cf Caractéristiques propres à la MT du chapitre 2 ; Description
détaillée des cas d’utilisations du chapitre 5) ; ontologies de la MT de différentes
régions du monde au stade d’embryon (Travaux relevant de la MT du chapitre 3).
détermination et définition des OWL (Protégé 5.0).
classes
arrangement taxinomique OWL (Protégé 5.0).
Relations Propriétés associatives entre entités.
Propriétés Propriétés littérales propres à l’individu lui-même.
Taxinomie (Systématisation) Nom scientifique des ressources végétales et animales détectées comme sources
médicamenteuses de la MT.
Peuplement de l’ontologie inscription des individus propres à chaque classe.
Rencontre des acteurs experts à Approche épistémologique en vue d’aiguiller mieux et consensuellement la
certaines étapes pilotes de la construction, partage des résultats.
construction
Banc d’essai et évaluation, détection Sélection des attributs-valeurs par l’outil logiciel d’apprentissage et de classification
des erreurs et les corriger WEKA (cf section "6.3.4 Sélection des critères" du chapitre 6).
Inventaire et émergence de formes de WEKA (classification supervisée), InkScape (cf section "6.3.5 Dessin des iconèmes et
plante, des parties de plantes au vu choix des couleurs" du chapitre 6).
de la diversité des descriptions
botaniques (physicalité/morphologie),
iconèmes
100
Class SubClass Description (commentaire ou remarque)
Type de PMT (genre, âge et Ils sont différemment abordés selon le genre, l’âge et le milieu
habitat) (urbain-capitale, quartier huppé ou populaire, urbain simple, rural,
campagne)
Profile ou type professionnel Herboriste (les plus nombreux) ; accoucheuse (matrone)
Magico-religieux combinant a et b avec a (animisme, coran, bible)
et b (plante, argile blanche, tissus blanc, noir et rouge, ...)
Information Expérience du PMT De tous les âges après 16 ans.
contextuelle Pratiques de l’art de guérir Observation d’une consultation d’un patient (enfant, adulte,
personne de troisième âge, femme, homme), d’une préparation des
médicaments (faire des décoctions principalement, usage de canari
et de grosses marmites en aluminium chez Assamoi),
administration de remèdes,
Concept de faire un canari (mise des ingrédients de ressources
médicinales dans un canari à taille variant entre 10 à 30 cm
facilement transportable)
Renommée du PMT Degré de référence en matière d’offre de soins de santé primaires,
diminution de risques iatrogènes
PMT lettré ou illettré, niveau Selon le niveau scolaire, il y a nécessité de traduction ou pas (d’une
scolaire langue à une autre, que la langue soit locale ou officielle)
Promptitude et habilité à Localisation, niveau d’expertise du PMT, hospitalisation rarissime
prendre en charge le patient
PMT exerçant seul ou avec une La plupart des PMT exerce seul, en groupe (quelques rares fois) ou
équipe en famille.
Appréciation et niveau Il arrive que certains PMT de grande renommée soient non
favorables à l’ouverture et donc réticents à la collaboration.
d’acceptation de collaboration
La sensibilisation pour l’ouverture doit être continue.
avec d’autres PMT, avec la MM,
avec la recherche scientifique,
avec autres partenaires de santé
Environnement d’exposition des Air libre, étalage (empaquetage ou attachement par cordon),
ressources médicinales (RM) ou magasin de vente, centre médical traditionnel, au marché rural ou
des produits MTA (médicaments urbain ; MTA (moins de transformation chimique subie ou à l’état
traditionnels améliorés) de recette physique avec les ingrédients empaquetés) en milieux
provenant des RM cités et quelques fois en pharmacie de la MM.
Exercice professionnel ponctuel Allier l’exercice de l’art médical traditionnel avec des activités hors
(secondaire) ou continu de la MT (commerce d’autres produits, travaux champêtres). Il
existe des PMT qui en font leur seul métier, la MT.
Type de traitement Prévenir et/ou traiter la maladie (type préventif et/ou curatif de
soins de santé)
Détection des symptômes et des Selon le PMT, les tests cliniques sont effectués en entrée seulement
signes de maladie et acceptation ou en sortie seulement de traitement, ou encore en entrée et en
de test cliniques de la MM sortie de traitement. Ils peuvent être carrément refusés, ou peu
importe.
Attitude du PMT une fois la Choix possibles du PMT :
maladie déterminée -Traiter effectivement la maladie car sûr de son expertise ;
-Tenter le traitement ;
-Avouer son incapacité de traiter la maladie ;
-Faire un référencement médical à un autre PMT ou à la MM.
101
Class SubClass Description (commentaire ou remarque)
période/temps de collecte de Disposition temporelle et physique, attitude comportementale avant
et pendant la période de collecte : aube, nuit, midi, jour, minuit, ... ,
la RM et administration
Information et indication points cardinaux, éviter le mensonge et avoir des
directe ou fabrication du pensées positives (état d’esprit).
contextuelle
remède pour traiter la Cela se rapporte au PMT, et selon le cas au patient et à son
maladie, par administration entourage immédiat (amis et famille).
Il existe moult collectes sans disposition particulière de temps et
d’attitude.
En général, les ressources végétales (Plantes) sont collectées et
utilisées en MT à partir de leur état de maturité. Ce qui est
différemment appliqué aux animaux et leurs parties : poule, poussin,
coq, agneau, bélier, mouton, ...
Aucun critère véritable n’existe pour les minéraux : sable, argile,
eau, ...
NB : Les couleurs sont en nombre restreint en langues locales et en
MT : noir, blanc, rouge/orange, vert ...
Etat de maturité de la RM L’état où la plante dispose des principes actifs nécessaires à même de
pouvoir être utilisés pour soigner.
surtout quand elle est vivante
Il en est presque similaire pour les ressources animales (principes
(Plantes, animaux)
actifs).
RM populaire ou rare Passer des commandes, plantes en voie de disparition (réchauffement
climatique), RM en abus de consommation. Implanter des jardins
botaniques personnel ou communautaire, des jardins de plantes rares
ou en disparition.
Circuit de collecte et Circuit généralement court un (1) à deux (2) intermédiaires. En
d’approvisionnement en RM pleine brousse, jardins botaniques, ventes des ressources brutes au
marché (rural ou urbain).
Temps de réception -Prendre un rendez vous
d’interview du PMT, visites -Tenir compte de la durée de la réception
-Choisir la période où ils sont plus réceptifs
de terrain (jardin botanique
-Pour le visiteur (que nous sommes) : rencontre gratuite ou imposé à
ou centre de floristique) avec
payer un franc symbolique ou une somme donnée, ou simplement un
reprise
pourboire. (Ceci peut conditionner la prochaine visite).
102
5.3 Étapes de construction de notre ontologie
Cette section émerge de la précédente et même pourrait s’y inclure. Cependant, l’intérêt de sa mise en
évidente ici, est de la valoriser davantage.
Nous résumons nos étapes issues de Diligent, de NeOn et de ontoForInfoScience (Section 3.3.1 du
chapitre 3), au nombre de neuf (9). Ces étapes ou phases sont plus ou moins communes à ces trois (3)
méthodes et compatibles en parties avec la norme I3E 1074-1995 (Section 3.3.1 du chapitre 3). Elles
constituent le socle de notre démarche méthodologique, vu la nature du domaine de notre projet de
recherche.
– Étape 1 : Spécification des besoins
Pour la construction de l’ontologie, sont largement suffisantes les raisons déjà évoquées dans le chapitre
1, introductif, auxquelles se rajoute celle qui suit : il n’existe pas d’ontologie de référence en MT africaine.
Il en existe à l’état embryonnaire (cf chapitre 3) tant au niveau terminologique qu’au niveau iconique
(icOnto de Kuicheu).
Ces questions se rapportent à la spécification des besoins. L’ontologie ontoMEDTRAD a deux niveaux
de réponse : le premier terminologique et le second iconique. A chaque niveau plusieurs applications
sémantiques peuvent être réalisées : constitution d’un fond organisationnel continu des connaissances, des
pratiques et expériences de la MT. Ces ontologies à travers SysMEDTRAD vont constituer le support
principal d’un cadre d’échange sous forme de plateforme web social et sémantique entre PMT et leur
permettre d’exercer leur art de guérisseur. Ces derniers seront aidés par l’usage du langage iconique une
fois celui-ci à terme.
Cette phase implique l’acquisition de connaissances. Elle comprend la sélection des matériaux à étudier
(sur le domaine) et la sélection des méthodes pour extraire les connaissances. Ces activités mélangent
souvent différentes méthodes, comme : l’analyse textuelle des livres et des documents, et l’extraction
manuelle et/ou automatique des termes (concept et propriétés). Du point de vue terminologique, nous
avons utilisé les procédés visant les échanges et interviews avec le PMT par des rencontres physiques, des
réunions, une documentation riche en MT relavant des programmes nationaux, ONG (Prometra), travaux
scientifiques en biosciences, le web et des ouvrages. Du point de vue iconique, nous avons utilisé des
techniques de catégorisation afin de mettre en relief les critères-attributs et valeurs permettant d’amorcer
l’ontologie visuelle (langage iconique) par le concept de plante (en justification par les cas d’utilisation).
Chaque concept à iconiser peut constituer un travail considérable. Ainsi par exemple la représentation
iconique visuelle de la plante dépasse le cadre de la MT pour aborder de manière dense la physicalité des
plantes traitée par la morphologie en botanique. Pour l’émergence et la rétention de critères attributs et
valeurs, nous avons fait usage d’un outil automatique d’apprentissage et de classification Weka (cf section
6.3.4 "sélection des critères" du chapitre 6). Ce sont ces attributs qui seront conceptualisés et puis après
formalisés en classes dans ontoMEDTRAD.
– Étape 4 : Conceptualisation
103
Le point de vue d’intérêt majeur de notre travail consistant à traiter un patient, nous a amenés à la
définition de trois cas d’utilisation dominants notamment UC1 : diagnostiquer la maladie sur le patient,
UC2 : déterminer le remède et UC3 : préparer le remède et l’administrer. Ainsi se signale le point de
départ de notre modélisation conceptuelle. La description de ces cas d’utilisation nous conduits à asseoir
les concepts et les relations fondamentaux à partir desquels nous allons étendre (élargir) le champ des
concepts et le spectre relationnel. A ce titre, nous avons fait usage de tableau, de dictionnaire et d’un
modèle conceptuel graphique (diagramme de classes sous UML) décrits succinctement comme suit :
i) un tableau de concepts et de propriétés, contenant des concepts, des définitions, des synonymes, des
valeurs et des propriétés autorisées ;
ii) un dictionnaire de verbes contenant des verbes identifiés candidats à être des relations, ainsi que
leurs définitions textuelles ;
iii) un modèle conceptuel graphique qui représente des relations conceptuelles entre des concepts uti-
lisant des graphiques et des structures similaire au diagramme de classes sous UML.
La réutilisation de concepts des ontologies de fondement (OBO 2 , BFO), ou core (PO), concerne peu de
concepts ici, vu le mode opératoire de la MT très différent de celui de la MM. C’est pourquoi, nous avons
plus cherché, après la définition des termes de nos concepts, à les confronter aux ontologies existantes. Le
concept de plante dans PO [193] [203] est décrit chimiquement en détail, mais beaucoup plus sommairement
d’un point de vue morphologique. Les principes actifs des plantes médicinales traditionnelles ne sont pas
abordées en MT du point de vue du PMT.
Ces dernières années, les gouvernements cherchent à aider financièrement les PMT à tester cliniquement
les principes actifs des plantes utilisées. Plusieurs travaux en biosciences sur l’éthnobotanique de la sous
région sont déjà bien riches (travaux de recherche universitaires et avancés menés sous l’égide de l’ex
ORSTOM devenu Institut de recherche pour le développement (IRD)). Il est prévu l’intégration des
curricula de formation en MT africaine dans des écoles et universités comme cela se fait en Chine. Le
regain d’intérêt de la MT amène à permettre aussi l’intégration progressive de centres de MT dans les
structures hospitalières de soins de santé de la MM.
Nous n’abordons pas les principes actifs dans ontoMEDTRAD. Il y a des systèmes universels et in-
ternationaux de classification que nous avons analysés et intégrés en partie. Il s’agit notamment pour les
concepts de maladie et de symptôme de la CIM-10 (ICD-10) 3 et de SNOMED-CT (Systematized No-
menclature of Medicine - Clinical Terms), une terminologie internationale de MM. La classification du
règne du vivant nous intéresse à travers les noms scientifiques des plantes (faisant partie des végétaux)
et ceux des animaux utilisés tous en MT.Elle est traitée par le NCBI (National Center for Biotechnology
Information, organismal classification) 4 et 5 adossé à OBO. Il est possible d’accéder à moult ontologies de
référence via Ontobee 6 et 7 , comme le montre [241]. Ontobee est un puissant outil serveur, point focal de
liaison de termes de concepts d’ontologies formelles existantes et de référence.
Le terme herbe, dans une acception large, est utilisé pour désigner toute plante annuelle ou vivace,
non ligneuse.
2. http ://www.obofoundry.org/ consulté en 2015
3. http ://apps.who.int/classifications/icd10/browse/2015/en consulté en 2015
4. http ://www.obofoundry.org/ontology/ncbitaxon.html consulté en 2017
5. https ://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3037419/ consulté en 2016
6. http ://www.ontobee.org/ consulté en 2017
7. http ://www.ontobee.org/sparql consulté en 2017
104
– Étape 6 : Formalisation
La représentation formelle de l’ontologie est créée en utilisant un langage logique (LDs comme OWL).
En partant de la conception (phase 3), les développeurs produisent des descriptions formelles. La connais-
sance du domaine est ensuite organisée en tenant compte des principes ontologiques et formels. Ce qui
implique de raffiner des structures conceptuelles antérieures afin de respecter les contraintes ontologiques
et logiques. Les activités principales de cette phase sont :
i) Construire une taxonomie, l’ontologie de niveau supérieur sélectionnée ; caractériser les types de
relation is_a et part_of ;
ii) Décrire les relations et propriétés (attributs) des classes. Il en est de même pour des noms synonymes,
définitions et annotations, selon la langue ;
iii) Créer des définitions formelles des classes, qui sont dérivées des définitions textuelles relevant du
discours littéraire ;
iv) Décrire les propriétés et attributs en tant que types de données, cardinalités, quantificateurs exis-
tentiels et universels ;
v) Peupler les classes par les individus, les instances ;
vi) Adjonction de règles (via SWRL).
Cette étape implique une évaluation de l’ontologie. A la fois la validation ontologique (correspondance
entre l’ontologie et le monde réel) et la vérification ontologique (analyse en fonction de l’exactitude et de la
consistance) y sont effectuées. Les exemples de critères de validation sont : la non-récursivité dans les défi-
nitions, la spécification de différents types de parties de relations, la définition des relations, fonctionnelles,
inverses et la création de cardinalités, symétrique, ...
– Étape 8 : Documentation
Toutes les activités du cycle de vie sont documentées et organisées. La documentation est produite
avec la construction de l’ontologie. Elle englobe le document de spécification (phase 2), les documents de
référence relatifs au domaine (phase 3), les modèles conceptuels (phase 4), les ontologies réutilisées (phases
5 et 6), le contenu ontologique et formel (phase 6) et d’autres notes utiles.
Remarque
Ces étapes n’ont pas les mêmes degrés de description (formelle [154]) et d’importance. Au stade actuel
de notre ontologie (ontoMEDTRAD) et de notre recherche, d’autres validations sont en vue pour le
déploiement web effectif en environnement wiki sémantique (virtuoso choisi). Ce qui suit en tient compte.
105
(A) (B)
Figure 5.6 – Vues synoptiques succinctes de la spécification des besoins à l’implémentation de la solution
en machine
– Au plan technique : Disposer d’un langage iconique pour les PMT les affranchissant des barrières
linguistiques et de leur état d’incapacité à lire et à écrire (ou d’analphabète) ; disposer d’un outil
TIC pour la MT ;
– Au plan fonctionnel : assister et aider les PMT dans leurs tâches quotidiennes et permettre l’échange
et la collaboration entre eux ;
– Au niveau de la portée : pérenniser, capitaliser et mutualiser, partager et réutiliser les connaissances
et expériences dans le domaine de la MT.
La majorité des PMT ont accepté de collaborer à nos enquêtes avec l’appui de facilitateurs (sensibili-
sation, PNPMT et traducteurs). Quasiment 90% des PMT ont un prolongement de leur travail à domicile.
Certains d’entre eux disposent de plusieurs autres lieux fixes pour exercer l’art de guérisseur traditionnel
106
tandis que d’autres sont ambulants. Nous relevons que ces activités sont menées également sur les sites
des marchés tant urbains que ruraux. On note une forte présence de ces activités pour les grands jours de
marchés tenus une fois dans la semaine et à des jours fixes dans les villages et pour certaines petites villes.
Décrire les besoins représente un travail considérable. C’est pourquoi nous partons d’un groupe noyau de
trois cas d’utilisation pour lesquels le langage iconique que nous proposons présente un intérêt particulier.
Dans l’UC1, nous constatons qu’il est difficile de séparer les deux approches diagnostiques en MT [84] :
– l’une est d’ordre somatique [178] en rapport avec la maladie physique ou psychosomatique. C’est
à dire une maladie organique dite naturelle, qui n’est pas liée à l’action maléfique d’un tiers. C’est
la maladie dont il faut reconnaître les symptômes (le médecin traditionnel PMT ou le guérisseur ou
encore la MM peut le faire) ;
– l’autre est d’ordre métaphysique qui implique la recherche de causes non naturelles de la maladie.
Cela requiert des capacités qui permettent au thérapeute de communiquer avec des éléments du
monde invisible. Ici, seuls les devins, magico-religieux et devins-guérisseurs sont capables de le faire.
Cela comprend plusieurs protocoles d’administration de soins, de rituels de collecte. Il faut observer
des dispositions de bonnes pensées, d’attitudes et d’interdits.
Ces deux volets de diagnostics dans les consultations vont de pair, de manière concomitante en réalité.
Cependant, dans notre démarche actuelle, le diagnostic d’ordre métaphysique n’est pas abordé. Nous
relevons également que pour le premier cas de maladie symptomatique, il arrive tout de même qu’un
patient souffre d’un mal dont les symptômes ont du mal à être confirmés en signes suite aux tests cliniques
de précision de la MM.
Existent et sont moins nombreux, les PMT utilisant une de ces deux (2) démarches, seule. Ils sont
efficaces mais souvent de renommée moins importante. Les PMT les plus renommés se comptent parmi
ceux qui pratiquent les deux démarches.
107
Pour l’UC2 et l’UC3, le remède constitue l’essence commune de leur raison d’être.
Pour l’UC1, il s’agit d’une consultation par le PMT d’un patient ayant un problème de santé. Il faut
alors détecter les symptômes et signes concourant à identifier la maladie dont souffre le patient (cf figure
5.7).
Remarque
Par ailleurs, le type d’examen clinique peut constituer un point déterminant dans les approches concep-
tuelles de collaboration entre MM et MT surtout du point de vue de la maladie et de la prise en charge
du patient. Ceci vient en renfort à l’association de ces deux médecines comme l’entend Sanou [215].
Le PMT doit ensuite passer à la phase de prescription du remède pour traiter et soigner le patient. Il
existe des remèdes MTA soit déjà prêts à l’emploi soit au stade d’ingrédients. Quand le MTA est au stade
d’ingrédients, il nécessite une préparation (mode de préparation) afin d’obtenir le remède prêt à l’emploi.
108
(**) se référer à la figure 2.1 pour le processus de clarification de symptômes objectifs (signes) et symptômes subjectifs (symptômes).
La dernière de ces trois situations est la plus courante dans les prescriptions des PMT.
Nous avons ici deux grandes étapes pour l’UC2 :
– La première étape (étape 1) est celle concernant la prescription et donc portant sur le choix du
remède sous forme de recette comme la détermination de la liste des ingrédients de celle-ci. Le mode
de préparation est notifiée. Cette prescription peut viser également un MTA. Cette étape relève d’un
aspect purement immatériel.
109
Figure 5.8 – Description algorithmique de la première partie (UC2a) de l’UC2
NB : Lister les ingrédients revient à la fois à lister les parties des ressources médicinales (RM) et les
RM dont ces parties émanent (e.g : feuille de neemier "Azadirachta indica A. Juss" ; la plante est
sous entendue donc).
– La seconde étape (étape 2) consiste à disposer effectivement des constituants matériels physiques
de la recette ou le MTA. Ces constituants sont essentiellement les parties des RM. Ils sont appelés
ingrédients.
En conséquence, nous pouvons éclater l’UC2 en deux parties : UC2a et UC2b d’objets respectifs étape
1 et étape 2. UC2a est la véritable prescription (à l’image de l’ordonnance médicale de la MM, Figure 5.8)
et UC2b porte sur la disponibilité physique de la recette et du MTA (figure 5.9).
En général, on note une forte implication voire un engagement certain du PMT pour disposer des
ressources physiques constitutives de la recette et même pour obtenir le remède. Le PMT manifeste la
volonté de suivre le patient tout le long de la maladie.
En cas de rareté ou de manque d’un ingrédient, ou simplement en cas de difficulté pour disposer d’une
RM, le PMT effectue une recherche (menée par le PMT lui-même, ou à travers plusieurs canaux : patient
110
lui-même et son entourage, ou tous se mettent à la recherche, ou encore passer une commande, ...). Cela
peut consommer du temps. Le dynamisme des acteurs dans la recherche peut être motivé par la gravité
de la maladie du patient. Au Sénégal, un PMT à Figo, nous confiait qu’il n’a jamais manqué de plantes
pour guérir ou soigner un patient. Il en prend partout dans le monde où il veut, même hors du Sénégal
(via des voyages très particuliers).
Tout d’abord, il faut éliminer les parties toxiques des RM (les ingrédients) de la recette physique quand
elles existent, avant sa préparation pour produire le remède. On peut adjoindre, combiner ou associer des
RM. Cependant, au delà d’un certain nombre de RM (e.g : trois (3) plantes), il faut l’implication forte et
avisée d’un PMT. La combinaison des plantes peut s’avérer dangereuse (contre-associations). Également,
à la recette, est souvent opérée une adjonction d’excipients, de liants, d’apaisants, d’adjuvants, de conser-
vateurs, de colorants, d’arômes, d’épices. Le mode de préparation et celui d’administration appliqués par
le PMT sont dits directs. En revanche, ils sont dits indirects quand ils sont effectués par une personne
autre que le PMT. Les figures 5.10 et 5.11, la première suivie de la seconde, décrivent l’UC3.
NB : Plus précisément préparer la recette, c’est son inscription puis disposer de la recette physique,
c’est à dire ses constituants physiques. On peut là également parler de prescription du remède (englobant
définition de la recette puis recherche et disposition des constituants de la recette). Fabriquer le remède
signifie sa préparation.
Par ailleurs, des dérapages dommageables causés par des personnes passant outre les instructions du
PMT sont par moment relevés. Les programmes nationaux de promotion de la MT (PNPMT) et de sa
modernisation, et des ONG dédiées à des tâches similaires mènent aussi des campagnes de sensibilisation
à l’endroit des populations urbaines et rurales et même des PMT sur ce sujet de dérapage.
Ces programmes nationaux publics (comme le PNPMT) pilotés hiérarchiquement par les ministères de
santé, en plus des associations et fédérations de PMT, sanctionnent les PMT qui ne suivent pas les règles
et normes de pratique et d’éthique dans leur art de guérisseur traditionnel ou art médical traditionnel. Ils
détectent les faux PMT.
111
Figure 5.9 – Description algorithmique de la deuxième partie (UC2b) de l’UC2
112
Figure 5.10 – Description algorithmique de l’UC3
113
Figure 5.11 – Description algorithmique de l’UC3 (suite et fin)
114
Figure 5.12 – Concepts de la MT qui découlent de l’UC1
5.5 Conceptualisation
La conceptualisation est la représentation mentale générale et abstraite d’un objet. C’est une idée que
l’on se fait de quelque chose. Le concept, unique dans une ontologie, est la manifestation de cette idée.
Cette conceptualisation consiste à faire émerger les concepts qui vont constituer la charpente architec-
turale de l’ontologie. Le but recherché est de faire émerger les concepts, les abstractions, et de chercher à
les saisir par les signifiants (terminologiques) convenablement les plus représentatifs. Il s’agit de catégoriser
les instances en concepts. C’est à dire mettre en relief les propriétés communes des instances individuelles
d’un même groupe.
En se servant de techniques et de procédés pluriels de recherche de l’information, une place de choix est
faite aux enquêtes et verbatim.
Nous avons effectué des analyses croisées sur les données recueillies lors des échanges avec les PMT par
spécialité et selon le niveau scolaire. La majorité de ces PMT est illettrée et parle des langues locales, nous
avons alors usé de traducteur interprète (guide-interprète). Très peu d’entre eux sont lettrés, le niveau
scolaire est hétérogène allant du primaire au professeur d’université.
Au delà des experts PMT, la bibliographie, l’observation naturelle et plusieurs autres sources (notam-
ment web, publication scientifique en biosciences, pour les plantes et autres, des ouvrages de références,
...), nous ont amenés aux activités clé pour conceptualiser :
Parmi les sources que nous avons parcourues, nous avons [6], [7], [10], [20], [54], [71], [72], [124], [166],
[171], [170], [176], [185], [198], [246], [247], les sites 8 et 9 .
Les méthodologies NeOn [53], Diligent [77] et ontoForInfoScience [160] ont été utilisées en partie pour la
modélisation conceptuelle. Concernant l’UC1, les concepts de la MT qui émergent sont mis en exergue à
travers la figure 5.12.
115
Dans une langue, il n’existe pas toujours un mot unique pour incarner pleinement un concept, surtout si
celui-ci est d’abord décrit dans une autre langue. Pour palier cet état de fait, on procède généralement par
une concaténation (plus explicite) de mots pour exprimer un concept. On a "Winery" en un seul mot en
anglais, dont l’équivalent en français utilise plus d’un mot notamment "Établissement vinicole" ou encore
"Établissement de production de vin". Cependant, "ÉtablissementVinicole", bien que compréhensible, ne
fait pas partie de la langue française. C’est un code, un mnémonique de terme conceptuel. Il peut être une
source de conflit (pitfall en ontologie). Ainsi, il est préférable d’y trouver un synonyme adapté.
Par exemple, nous remplaçons le subsumant direct de Symptôme et de Signe, initialement noté "Symp-
tômeSigne" par "Indice".
5.5.1 Cinq (5) règles d’or pour initier la conceptualisation de manière compatible
avec Diligent, NeOn et ontoForInfoScience
Fondamentalement, dans notre démarche pour la construction d’une ontologie, nous nous sommes fiés
à cinq (5) règles d’or soutenues par Riichiro M [203] :
– (4) Standardisation
La standardisation du terme d’un concept résulte de trois niveaux : Le premier est celui après
116
contextualisation du terme tel que compris par les différents groupes de PMT pour la généraliser à
l’échelle communautaire régionale (Afrique de l’ouest). Le second est au plan des ontologies de la MT
déjà réalisées, celles de gabarit embryonnaire à moyen (domaine). Ici, les ontologies de domaine de la
MT africaine réalisées sont embryonnaires. Le troisième niveau est de voir l’emploi du terme à titre
de grande référence, hors du domaine dans lequel nous travaillons. Ceci permettra de déboucher sur
d’autres domaines d’ontologies et si possible les ontologies racines. Tout ce travail nous situe sur le
niveau plus ou moins standard du terme. En même temps, il s’agit d’un terme qui se voit appartenir
à un vocabulaire commun agrandissant son cercle de compréhension dès sa première inscription dans
une ontologie.
Dans une ontologie bien construite, les termes peuvent avoir des définitions logiques (calculables) et
des définitions textuelles.
Les définitions textuelles précisent les conditions nécessaires et suffisantes pour l’utilisation correcte d’un
terme ; Ainsi, elles nous disent exactement ce qu’il faut retenir d’une entité si elle doit être une instance
d’un type donné, ou en d’autres termes, si elle doit être membre d’une classe donnée.
Alors que ces définitions textuelles sont utilisées par les utilisateurs humains d’une ontologie, les définitions
logiques sont utilisées par les ordinateurs. Ces dernières fournissent la base sémantique permettant l’utili-
sation d’outils appelés raisonneurs qui classent automatiquement l’ontologie et détectent des incohérences
(inconsistances).
117
nominatifs), accès à des ouvrages livresques de référence traitant de la MT, accès aux ressources de sites
web de référence traitant des plantes médicinales, passage en revue des ontologies existantes comme PO
(Plant Ontology).
Les difficultés d’élicitation sont aggravées par le fait que les PMT sont souvent illettrés. Afin de disposer
de sources de données, les visites de terrains ont été une charge de travail importante pour nous. Considérées
comme étant indispensables, elles ont consisté également à réaliser des entretiens avec des PMT. Ainsi,
nous avons pu nous imprégner du comment et du lieu d’exercices des PMT. Il s’agit notamment du cadre
ou du site dans lequel ils exercent. Nous avons été instruit des pratiques médicales de leur art de guérisseur.
Cette phase nécessite plusieurs visites successives : une pré-élicitation avec un ou de multiples retours.
Nous nous sommes servi de moyens de transports pour visiter ces PMT dans leurs différents secteurs
(campagnes, villages, bourgs, centres urbains, domiciles, marchés, ... On compte parmi ces moyens de
transport, l’utilisation de notre véhicule pour les villes d’Abidjan, de Yamoussoukro et de Bouaké et les
localités environnantes de ces villes (en Côte d’Ivoire) ; Plus à Saint-Louis et moyennement à Dakar, et
leurs régions à travers villes et villages et autres lieux, nous avons fait usage de location de taxis et quelques
fois emprunté des cars de transport commun (au Sénégal).
Nous avons eu recours à des interprètes (traducteurs) avec qui nous sommes venus à plus d’une reprise
(2 fois au moins à intervalles de 2, 4, 6 mois à une année) chez des PMT. La seconde visite a porté sur le
même sujet que la première, et l’on a cherché à déterminer ce qui était stable et concordant, et renforcer
les questionnements sur ce qui avait varié.
Avant la sortie de terrains sur la MT, s’agissant des travaux réalisés en biosciences quelques fois sous
le contrôle de la MM, ou logés sur les sites internet consultés, les sources ont un niveau semi-formels ou
formels pour une élicitation directe. Pour certaines de ces sources comme PROTA 10 [198] et bien d’autres
cas de ce type ou encore livresques, nous avons collecté des données et nous les avons confrontées aux avis
de certains PMT (pré-élicitation).
En outre, pour l’utilisation des travaux de biosciences pures sans véritable injonction de la MM, l’élicitation
est directe.
L’ambiguïté est très caractéristique des langages naturels. Du fait que le traducteur lui-même est
souvent du même courant culturel que le PMT pour pouvoir interpréter, la continuité de l’empreinte
culturelle reste et, avec elle, les ambiguïtés. Nous avons pour cela adopté l’approche d’interviews avec retour
(ou reprises) afin de réduire le fossé sémantique. Nous avons eu recours à des rencontres de présentations
des travaux avec échange, sans ignorer celles des publications lors des colloques. Ceci évite que cette
sémantique soit dépendante du seul modélisateur.
Au final, nous avons rencontré environ une cinquantaine (50) de PMT en Côte d’Ivoire dans les régions
d’Abidjan, de Yamoussoukro et de Bouaké et plus d’une cinquantaine (50) au Sénégal à Dakar, et dans
les régions de Saint-Louis, de Richard Toll, Dagana et Podor. Les villages aux environs de celui de Figo de
la région de Podor sont bien fournis en PMT. Les entretiens ont duré de 25 minutes à 1 heure. Certains
PMT nous ont conduits vers d’autres de plus grande renommée. Nous avons eu recours à des rencontres
de présentations des travaux (au PNPMT à Abidjan). Demba Mamadou au Sénégal (résidant à Saint-
Louis) et Amessan Beugré en Côte d’Ivoire (résidant à Abidjan), nous ont accompagné en explication et
en traduction principalement. Ils nous ont également servi d’indicateur des PMT, de leurs présidents de
fédérations, d’associations.
En somme, les sources d’acquisition des connaissances auxquelles nous avons eu accès sont multiples.
Ces sources en ethnobotanique et en pharmacopée traditionnelle de la MT surtout portant sur l’Afrique
dans sa partie occidentale sont : [6], [3], [9] [10], [20], [54], [72], [78], [124], [171], [170], [176], [185], [198],
10. PROTA : Plants Resources Of Tropical Africa
118
Concepts PMT (Praticien de la Médecine Traditionnelle), Patient, Indices (Signes, Symptômes), Maladies,
majeurs : Sources ou ressources médicinales (RM) (Plante, Animal, Minéral), Examen clinique, Recette,
Ingrédient, Partie de ressource médicinale (PRM) (Partie de Plante, Partie d’Animal, partie de
Minéral), Recette, Mode de préparation de la Recette, Remède, Forme médicamenteuse ou galénique
(forme de fin de préparation) du Remède, Mode d’administration du Remède, FOrme (ancrage
iconique de ontoICONE) (pour FOrme voir figure 5.18 de la section 5.7.3 de ce chapitre et figure 6.12
de la section 6.4.1 du chapitre 6).
Concepts Centre de soins de santé, Contre-indications (état du patient), Contre-association (interaction
secondaires : médicamenteuse dangereuse : de RM ou/et de PRM), Propriétés (ou vertus thérapeutiques) de RM
(Plante, Animal, Minéral), Excipient, Etiologie de la maladie, Anamnèse du patient, Toxicité de la
RM (Plante, Animal, Minéral, "Métaphysique"), Iatrogénie, Anatomie, Croyance, Pays, Région,
Localité, Références scientifiques (RM, Recette, Remède), Systématique du vivant, Systématique des
Maladies (CIM-10), Glossaire, Loi-Cadre (normes, règles, discipline et sanctions) de la MT, ...
[246], [247], et les sites web 11, 12 , puis l’annexe 1 (voir Annexe 1).
Nous avons identifié les concepts incarnant les objets du domaine de la MT que nous avons catégorisés
en deux classes à savoir concepts majeurs et concepts secondaires comme le montre le tableau 5.5.
119
Termes de concepts au nombre de 15 RTO (librairies, thésaurus) et Remarque
Français anglais ontologies existantes
Plante Plant OBO, PSO, TO (Trait Ontology), PO,
NCBI organismal classification,
ontoBee
Animal Animal NCBI, ontoBee
Minéral Mineral ontoBee
Personne Person ontoBee
Patient Patient ontoBee
Anatomie (humaine) Anatomy OBO, FMA (Foundational Model of
Anatomy), ontoBee
Maladie Diseaese, Illness, NCBI, SNOMED-CT, IDO (infection
Disorder diseases ontology), CIM-10 (ICD-10),
ontoBee
Symptôme Symptom NCBI, SNOMED-CT, IDO (infection
diseases ontology), CIM-10 (ICD-10),
ontoBee
Remède Remedy NCBI, ontoBee
Recette Recipe NCBI, SIO existence
(Semanticscience Integrated Ontology) d’ontologies
Ingrédient Ingredient SIO, PDRO, FOODON (Food culinaires
ontology) embryonnaires
Coordonnée GPRS OGG-Dm (Ontology of Genes and [212]
géographiques Genomes), PRO (PRotein Ontology)
Etiologie Etiology NCIT (National Cancer Institute
Thesaurus)
Anamnèse Anamnesis MeSH (Medical Subject Headings)
Pays Country FAO Geopolitical ontology
TABLEAU 5.6 – Indication de sources (RTO et ontologies) de concepts utilisés dans ontoMEDTRAD
peut l’être également, seulement avec un ou deux de ces trois types de ressources.
Les ressources ontologiques suivantes FOODON 13 , PRO 14 , PDRO 15 , SIO 16 , OGG-Dm 17 , NCIT 18 , 19 ,
13. http ://www.obofoundry.org/ontology/foodon.html consulté en 2014
14. http ://www.ontobee.org/ontostat/pr consulté en 2017
15. http ://www.obofoundry.org/ontology/pdro.html conculté en 2015
16. http ://www.ontobee.org/ontology/SIO consulté en 2015
17. http ://www.ontobee.org/ontostat/OGG-Dm consulté en 2015
18. http ://www.ontobee.org/ontology/NCIT consulté en 2015
19. https ://bioportal.bioontology.org/ontologies/NCIT consulté en 2015
120
Figure 5.13 – Diagramme des classes Partie 1
121
Subsomption ou terme du rôle RTO (librairies, Remarque
thésaurus) et
Français Anglais ontologies existantes E1 et E2 deux concepts
est un is_a Toute ontologie, OBO, Dans toute ontologie, on a la subsomption au sens de
PSO, TO, PO, NCBI hyponymie/hyperonymie.
organismal Plus explicitement,
(E1 est une hyponymie de E2) ↔ (E2 est une
classification, ontoBee
hyperonymie de E1) :
E1 ⊑ E2 i.e "hyponymie ⊑ hyperonymie"
est une partie part_Of NCBI organismal Dans certaines ontologies, on a la relation de partie à
de classification, ontoBee tout (ou tout à partie) au sens de méréologie
(méronymie/holonymie).
Plus explicitement, (E1 est une méronymie de E2) ↔
(E2 est une holonymie de E1) : E1 partOf E2 i.e
"méronymie partOf holonymie"
TABLEAU 5.7 – Indication des sources (RTO et ontologies) pour les rôles et subsomptions utilisés dans onto-
MEDTRAD
TO 20 , 21 , FAO Geopolitical ontology 22 sont consultables aux références web en pied de page-ci.
5.7 Formalisation
Après l’étape de conceptualisation, suit celle de la formalisation.
Nous constatons que Protégé est davantage compatible avec le cycle de vie méthodologique retenu à
compter de la conceptualisation et surtout de la formalisation jusqu’à la maintenance (Cf figures 5.3 et 5.4
pour le cycle de vie et figure 5.5 pour le schéma récapitulatif des étapes de construction d’une ontologie).
Nous avons donc retenu l’éditeur Protégé (version 5.0).
122
Niveaux de Caractéristiques Protégé 5 IsaViz Apollo Swoop
critères
extensibilité oui via des non non non
Architecture
extensions
plug-ins
format de fichier fichiers fichiers fichiers fichiers
de stockage
export/import HTML, Java, XSLT, RDF(S), OCML, RDF(S), OIL,
Interopérabilité
XML, XMLS, OIL, OWL Okbc- DAML
RDF(S), OWL, protocol
OKBC
Protocole
fusion oui non non non
moteur Pal, Fact+, non non non
Service d’inférence
d’inférence Hermit,
RacerProTG
1.2.0
contrôle de la via plugins à travers oui contrôle restreint
consistance comme Fact, and l’héritage sur les erreurs
pal taxinomique et relevant
détection de seulement des
cycles écrits seuls et
non des inférés
collaboration oui oui non non
avec d’autres
outils
Utilisabilité visualisation plusieurs outils oui non non
de visualisation
par plug-in en
général
Librairie / oui non non non
bibliothèque
d’ontologies
Versioning et versioning oui non non non
support en collaboration des en partie pas de pas de colla- en partie
collaboration participants collaboration boration
TABLEAU 5.8 – Étude comparative de quatre (4) outils éditeurs d’ontologies formelles
123
Approches d’évaluation
Niveaux Norme d’or A base Par pilotage de Évaluation
(golden d’application données humaine
standard) (application (Data-driven) (assessment by
based) humans)
Lexicalité, x x x x
Vocabulaire,
concept, donnée
Hiérarchie x x x x
(taxinomie ou
taxonomie)
Autre relation x x x x
sémantique
Contexte et x x
application
Syntaxe x x
Structure, x
architecture et
conception
OBO, BFO, DOLCE, SUMO, CYC, ...[206]. Elles diffèrent par leur qualité et volume (quantité) s’agissant
de la représentation des concepts, des propriétés et relations. Certaines ontologies (OBO, BFO) vont
plus loin en mettant en évidence la distinction entre continuant et occurrent d’une part, et d’autre part
leur dépendance mutuelle. Plus spécifiquement au sein des occurrents, la distinction entre processus et
évènement est nettement mise en relief.
Lors du développement d’une ontologie, le modélisateur doit s’attaquer à un large éventail de difficultés,
pouvant être liées à l’inclusion ou l’introduction d’anomalies dans la modélisation. Dans ce contexte, OOPS
(OntolOgies Pitfalls Scanner), nous relève une trentaine d’erreurs typiques, après avoir analysé plus de
362 ontologies existantes (en utilisation) dont certaines sont mondialement reconnues et d’autres beaucoup
moins [155] [157] [168]. Ces erreurs typiques ont fait l’objet de plusieurs conseils, guides et indications.
L’évaluation de l’ontologie qui en vérifie la qualité technique par rapport à un cadre de référence, et sa
validation (consistance interprétative et faisabilité), jouent un rôle clé lors de tout cycle de développement
d’ontologies. Cette évaluation de l’ontologie peut viser différents niveaux [47]. Différentes approches d’éva-
luation existent. En dehors de l’approche humaine, celles que nous présentons ne couvrent pas l’ensemble
de ces niveaux de critères contenu dans le tableau 5.9.
124
Divisions Significations Écueils Nombre d’écueils
Div1 écueils relatifs aux concepts P1 , P2 , P6 , P7 , P21 5
Div2 écueils relatifs aux Concepts, relations P4 , P10 , P11 , P17 , P18 P19 ,P23 , 10
et propriétés P28 , P29 , P33
Div3 écueils relatifs aux relations P5 , P13 , P24 , P25 , P26 , P27 6
Div4 écueils relatifs aux propriétés P12 1
Div5 écueils généraux (annotations) P8 , P9 , P20 , P22 4
Div6 écueils relatifs aux concepts, relation, P3 1
instances individuelles et valeurs
Div7 écueils relatifs aux instances P14 1
individuelles et valeurs
Div8 écueils relatifs aux axiomes P15 , P16 2
Div9 écueil de définition de classe P30 , P31 , P32 3
d’équivalence
Total 33
TABLEAU 5.10 – Catalogue des 9 groupes d’erreurs courantes dans les ontologies
Dans ce qui suit, nous présentons sous forme de tableau, chacune des neuf (9) divisions explicitée par
des points précis impactant directement ou indirectement les éléments devant constituer une ontologie.
– div2 : Écueils relatifs aux Concepts, relations et propriétés (cf tableau 5.12)
– Div6 : Écueils relatifs aux concepts, relations, instances individuelles et valeurs (cf tableau
5.16)
125
Div2 P4 Création d’éléments d’ontologie isolés (non connectés)
P10 Manque ou absence de disjonctions utiles
P11 Manque de domaines et de range
P17 Spécification de spécialisation trop avancée
P18 Spécification trop aigüe de domaine et de range
P19 permutabilité entre intersection et union (swapping)
P23 Utilisation incorrecte d’éléments d’ontologie (classe concept, relation ou propriété)
P28 Définition de relations symétriques qui n’ont pas le même domaine ni la même
plage de range
P29 Définition de relations transitives qui n’ont pas le même domaine ni la même plage
de range prise deux à deux
P33 Création d’une chaîne de propriété avec une seule propriété
TABLEAU 5.12 – Groupe 2 des erreurs relatives aux concepts, relations et propriétés
Div6 P3 Création de la relation "est" au lieu d’utiliser l’une des trois primitives
relationnelles suivantes : "sous-classe", "instanceOf" ou "même Individuel"
(notamment et respectivement “is” instead of using ”rdfs :subClassOf”,
”rdf :type” or ”owl :sameAs”)
TABLEAU 5.16 – Groupe 6 des erreurs relatives aux concepts, relations, instances individuelles et valeurs
TABLEAU 5.17 – Groupe 7 des erreurs relatives aux instances individuelles et valeurs
126
Div8 P15 Utilisation incorrecte "not some" et "some not"
P16 Utilisation incorrecte des classes primitives et définies (ou
abouties)
– Div7 : Écueils relatifs aux instances individuelles et valeurs (cf tableau 5.17)
127
Notice : flèches en traits resp. discontinus et continus dénotant resp. object properties et héritage
128
Contenu de ontoCONCEPT-Term de ontoMEDTRAD FIGURE
classes 5.15 et 5.16
Aperçu d’ordre général
Propriétés 5.17
classes pour iconisation (subsumées par Forme) 5.18
Iconisation
Propriétés pour iconisation (aPourForme) 5.19
TABLEAU 5.21 – Liste des figures des copies d’écran sous Protégé du contenu en partie de ontoMEDTRAD
Les processus et activités en matière de délivrance de soins de santé via la MT sont décrits au sens
de Gaoussou [50] pour prendre en compte le contexte. Les copies d’écran suivantes, issues de Protégé,
montrent la liste des classes et des propriétés. Il s’agit des figures consignées dans le tableau 5.21.
Les sept (7) propriétés associatives (relations) sélectionnées comme le montre la figure 5.19 sont dans la
hiérarchie de racine aPourForme. Elles trouvent leur origine et raison d’être pour l’iconisation du concept
de Plante dans le chapitre 6.
Le tableau 5.22 donne la métrique de notre ontologie.
Voici quelques exemples de définitions que nous avons retenus dans l’ontologie ontoMEDTRAD :
– recette : un procédé pour obtenir une fin désirée ;
– plante : les plantes sont des organismes vivants qui appartiennent au règne végétal et qui possèdent
des racines et une partie aérienne ;
– arbre : plante lignifiée terrestre comportant un tronc sur lequel s’insèrent des branches ramifiées
portant le feuillage dont l’ensemble forme le houppier, appelé aussi couronne ;
129
Figure 5.15 – Liste des classes sous Protégé de ontoMEDTRAD
130
Figure 5.16 – Liste des classes avec le nombre d’individus ou d’instances par classe de ontoMEDTRAD
131
Figure 5.17 – Liste des propriétés de ontoMEDTRAD
132
Figure 5.19 – Mise en relief des propriétés d’iconisation (Plante)
En particulier, nous avons vérifié que notre ontologie comprenait bien chacun des concepts nécessaires
clés pour réaliser l’iconisation des plantes et des recettes à base de plantes (qui feront l’objet du prochain
chapitre) : les types de plante (arbre, arbuste, palme, herbe, liane), et les neuf parties de plantes utilisées
(feuille, fruit, fleur, racine, tronc, écorce de tronc, écorce de racine, sève, plante entière), les ingrédients,
les recettes, les remèdes, les modes d’administration, et les modes de préparation. La maladie exemple est
le paludisme.
133
Figure 5.20 – Copie écran montrant l’exécution d’Hermit et l’expressivité de ontoMEDTRAD
5.8 Synthèse
L’art de guérir par les plantes est connu et pratiqué en Afrique depuis bien avant l’ère de la MM. Les
PMT ou guérisseurs sont initiés à cet art et y exploitent des savoirs transmis oralement de générations
en générations. Il y a également ceux ayant le don (innéisme) de guérir par les mêmes ressources médici-
nales. Ces ressources médicinales (plantes, ...), les connaissances afférentes et celles détenues par les PMT,
constituent un patrimoine important du continent africain [214].
Nous avons réutilisé des concepts isolés provenant d’ontologies et RTO existantes (e.g : PO 24 , NCBI,
MesH 25 , PSO 26 , FOODON 27 , SNOMED-CT 28 , TO 29 , OBO 30 , CIM-10 31 , ...), sans pour autant réutiliser
24. http ://www.ontobee.org/ontology/po consulté en 2014
25. https ://www.ncbi.nlm.nih.gov/mesh/ consulté en 2014
26. http ://www.sparontologies.net/ontologies/pso consulté en 2014
27. http ://www.obofoundry.org/ontology/foodon.html consulté en 2015
28. https ://bioportal.bioontology.org/ontologies/SNOMEDCT consulté en 2014
29. http ://www.obofoundry.org/ontology/to.html consulté en 2015
30. http ://www.obofoundry.org/ consulté en 2014
31. http ://apps.who.int/classifications/icd10/browse/2015/en consulté en 2015
134
les ontologies existantes en entier, à cause des nombreuses spécificités propres à la MT. Nous avons pris
connaissances des erreurs (pitfalls) couramment commises dans la construction d’une ontologie afin de
nous en prémunir et de les éviter.
Vu le volume considérable des travaux et la richesse de la MT, notre méthodologie globale de construc-
tion procède par étape et de manière incrémentale. C’est pour cela que, lors de la conceptualisation
d’ontoCONCEPT-Term, nous nous sommes appuyés sur les trois (3) cas d’utilisation (UC) amenant à
offrir des soins de santé primaires de MT au patient. Ceci nous a conduit à une description fine de ces
trois (3) UC pour faire émerger les concepts et relations à même de traduire la réalité de l’art médical
traditionnel de la manière la plus fidèle possible. Ceci nous a permis d’asseoir de manière importante
ontoCONCEPT-Term, la partie entièrement terminologique de ontoMEDTRAD.
Pour débuter l’iconisation, qui fera l’objet du chapitre suivant, il ressort que la description de l’UC2
et de l’UC3 se prête bien à une approche visuelle et iconique. Le langage iconique que nous décrirons
comprendra des icônes et des iconèmes pour la représentation des plantes médicinales, des recettes et
des remèdes traditionnels. Il sera rattaché à ontoCONCEPT-Term à travers un lien indispensable entre le
concept à iconiser et le descriptif graphique (visuel) terminologique y compris les couleurs. Il est en relation
entre ce descriptif et les iconèmes. Bien entendu, ce descriptif donne une représentation des iconèmes.
Nous avons décrit ainsi la conception d’ontoMEDTRAD et sa formalisation sous Protégé, à travers
sa couche terminologique, ontoCONCEPT-Term. La validation conceptuelle de l’ontologie pourrait être
réalisée en effectuant une vérification manuelle par des experts, en la comparant à un gold standard, ou
indirectement en évaluant des applications utilisant l’ontologie. Une seconde perspective est l’utilisation
d’ontoMEDTRAD dans des applications, tel que le système SysMEDTRAD dont nous avons présenté
l’architecture.
135
Chapitre 6
Sommaire
6.1 Position de ontoICONE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
6.2 Périmètre de notre travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
6.3 Construction d’un langage iconique pour les plantes . . . . . . . . . . . . . . . 138
6.4 Génération automatique des icônes de plantes à partir de l’ontologie onto-
MEDTRAD (ontoCONCEPT-Term) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
6.5 Remarque importante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
6.6 Iconisation de la recette et du remède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
6.7 Généralisation de l’iconisation des remèdes et recettes pour l’ensemble des
maladies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
6.8 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
6.9 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
136
Construire un outil collaboratif de travail pour les PMT qui leur permet de communiquer malgré
l’illettrisme, constitue un défi majeur. C’est pourquoi, nous proposons d’aller vers une ontologie visuelle
intégrant des icônes en plus des termes. Nous l’appelons ontoICONE. Dans ce chapitre, nous amorcerons
ce travail par la conception d’un langage iconique compositionnel pour identifier les plantes médicinales et
pour représenter les recettes des remèdes de la MT. La sémantique de ce langage iconique s’appuiera sur
notre ontologie de la MT (ontoCONCEPT-Term), qui a fait l’objet du chapitre précédent.
137
A l’analyse de l’UC2, les ressources médicinales utilisées sont d’ordre végétal, minéral, animal et méta-
physique. Nous rappelons que les éléments métaphysiques (magico-religieux, ...) ne font pas l’objet de notre
présent travail. Parmi les ressources restantes, les plantes sont les plus dominantes dans les prescriptions
des PMT. Pour preuve, la plupart des étalages [72] et boutiques des tradipraticiens en Afrique de l’ouest
abondent de plantes. Selon Kroa [136], les végétaux et surtout les plantes constituent de loin le lot le plus
important de l’arsenal thérapeutique traditionnel. C’est pourquoi, nous nous intéressons uniquement aux
remèdes antipaludiques à base de plantes. Sur ces dernières, un inventaire est nécessaire.
Une recette est une composition de parties de plantes (les ingrédients) avec un mode de préparation.
Un remède est l’ensemble constitué de la recette, la forme de fin de préparation (ou forme galénique) et les
modes d’administration. Pour cela, nous retenons comme concepts fondamentaux relevant de la MT, de
l’UC2 et de l’UC3 : Plante, Partie de plante, Mode de préparation, Forme de fin de préparation
et Mode d’administration.
NB : Nous faisons remarquer que conceptuellement préparer un remède au regard du chapitre précédent
à travers l’UC3, repose ou revient pragmatiquement et plus finement à préparer la recette émanant de
la prescription du remède. Ainsi, dans ce qui va suivre, précisément en section 6.6 de ce chapitre, notre
modélisation rattache mode de préparation à recette.
Il convient alors, au regard de ce qui précède, d’amorcer l’iconisation avec le concept de Plante de notre
ontologie ontoMEDTRAD (ontoCONCEPT-Term). En MT, il est clairement notifié la préexistence de la
plante à la recette et au remède. Les icônes de plantes qui seront obtenues feront partie d’ontoICONE.
Notons également que le nombre élevé d’espèces de plantes médicinales en Afrique de l’ouest estimé à plus
de 500 [8] [136], constitue une difficulté majeure pour que les PMT les mémorisent, mais aussi pour que
nous puissions les représenter par un jeu d’icônes. Ainsi, créer une icône pour chaque espèce impliquerait
une multiplication d’icônes difficilement maîtrisable par le PMT.
Suite à ce constat, il parait nécessaire de mettre au point un langage iconique combinatoire pour
présenter visuellement les plantes médicinales et permettre leur reconnaissance distinctive. Ce langage
permettra de créer de nombreuses icônes à partir d’un jeu restreint de pictogrammes et d’iconèmes.
138
terrain (en Côte d’Ivoire et au Sénégal). Tous les PMT ont (re)confirmé à 100% les valeurs thérapeutiques
de ces plantes contre le paludisme. Parmi ces plantes ainsi ciblées, certaines comme le neemier (Azadirachta
indica A. Juss. (Meliaceae) ou neem), sont connues de manière populaire tant dans les villes que dans les
villages d’Afrique de l’ouest, pour leur efficacité. "Arbre à pharmacie" est une appellation célèbre de ce
neemier.
En général, les différents travaux analysés présentent leurs résultats sous forme de tableau. Les colonnes
de ces tableaux mentionnent la plante médicinale notifiée par son nom botanique, les parties utilisées, les
modes de préparation (en abrégé MP, e.g : décoction), les modes d’administration (en abrégé MA, e.g :
boisson), les indications (maladies ou symptômes traités). Sont parfois également présents en français ou
en anglais, et en langue locale, les noms des plantes et des maladies. S’agissant de ces noms en langues
locales (ou dialectes), les termes de ces noms sont exprimés en utilisant l’alphabet de la langue officielle.
La plupart des langues locales ne sont pas écrites. On parle alors de langage parlé. Une "bonne" langue
officielle est un langage parlé et écrit.
L’extraction des 22 plantes pouvant combattre le paludisme est la résultante d’analyse croisée entre les
sources précédentes et celles relatives notamment à la documentation reçue du PNPMT (Côte d’Ivoire)
et celle de l’ONG (Prometra) du Sénégal. Ces sources multiples en ethnobotanique et en pharmacopée
traditionnelle de la MT surtout incluant l’Afrique de l’ouest sont [6], [7], [10], [20], [54], [71], [72], [124],
[166], [170], [171], [176], [185], [198], [246], [247], les sites 3, 4 . Les séminaires et ateliers auxquels nous avons
eu droit de participer, nous ont été très instructifs en matière de thérapie par les plantes médicinales.
A travers les tableaux 6.1 et 6.2, nous donnons respectivement les 22 plantes et les 31 remèdes retenus.
Un travail important a été nécessaire pour rechercher, extraire, recouper et structurer ce jeu de données,
en particulier à cause de la confusion fréquente entre plantes et remèdes dans les sources. Nous avons
rajouté au tableau 6.2 la colonne de la forme de fin de préparation (ou Forme Galénique) en abrégé FFP
(ou FG). La plupart des remèdes comprend une seule plante. Ils sont plus mono-spécifiques (tableau 6.2)
[171], opposés à multi-sépcifiques.
Nous devons à présent trouver des critères sur les aspects visuels pour caractériser chacune des 22
plantes. Pour cela, nous procéderons aux étapes suivantes :
– définir les critères possibles ;
– définir les valeurs possibles des critères ;
– sélectionner les critères à retenir.
139
N°PL. Plantes
brindille, sarment, gourmand), fleurs, écorces, épines, racines, sève, ..., nous ont été d’un précieux apport.
Chaque partie matérielle de la plante fait l’objet d’une description détaillée. Dans un premier temps, nous
avons arrêté de manière "naïve" 42 critères après le parcours des descriptions botaniques. Le nom bota-
nique ne peut bien évidemment pas être considéré comme critère car il n’existe pas de manière directe de le
traduire en icônes non textuelle. En outre, sous forme d’une résultante, ce nom botanique de l’espèce
est la cible (classificatoire) sur laquelle devront s’appliquer les autres critères. La liste des 42 critères est
donnée dans les tableaux 6.3 et 6.4.
Il existe des feuilles simples et des feuilles composées de plusieurs folioles. Lorsque nous parlons de
feuille sans précision, alors il s’agit de feuille simple ou de la foliole d’une feuille composée. Lorsque nous
parlons d’une feuille composée nous le préciserons systématiquement.
Nous ne devons pas perdre de vue la minimisation du nombre de critères pour une fin de non surcharge
de l’icône.
140
N°Rmd N°PL Partie utilisée (PU) MP MA FFP (FG)
3 feuille
1 décoction fumigation et boisson liquide
21 feuille
21 feuille
2 décoction boisson et bain liquide
3 feuille
20 feuille
22 feuille
22 feuille
9 décoction boisson et bain liquide
20 feuille
4 fleur
2 fruit
8 racine
10 feuille
14 pétiole
14 décoction boisson liquide
16 feuille
6 fruit
21 écorce de racine
19 pétrissage purge et badigeonnage pâte
11 écorce de racine
17 feuille
26 décoction boisson liquide
6 fruit
18 feuille fraiche
6 jeune feuille
12 feuilles
boisson, fumigation et bain de
31 4 feuille sèche décoction liquide
vapeur
21 feuille
141
Critère Valeurs
arbre, arbuste, arbrisseau, sous-arbrisseau, arbuste lianescent,
1 silhouette de la plante
herbacée, herbacée vivace, arbre fructifère, palmiers, bambou
2 feuillage de la plante caduque, persistant
3 tronc existant booléen
4 longueur du tronc réel
5 largeur du tronc réel
6 longueur du fruit réel
7 largeur du fruit réel
8 longueur de la feuille réel
9 largeur de la feuille réel
10 écorce du tronc lisse, fissurée, cannelée, fibreuse, crevassée
11 écorce du tronc se détachant lanière, plaque, écaille
pétiole/pédoncule (fixant la feuille, la court : <= 1 cm, ; moyen : > 1 cm et <= 5 cm, long : > 5 cm,
12
fleur, le fruit) sessile : 0 cm
elliptique, orbiculaire, peltée, réniforme, cordée, obcordée,
orbiculaire, rhomboïdale, spatulée, triangulaire, conique, sagittée,
13 forme de feuille simple ou foliole
hastée, longue, oblongue, panduriforme, acutilobée, lunée, lunulée,
cunéiforme, peltée, deltoïde
pennatilobe, pennafide, pennapartite, pennatisequee, palmatilobe,
forme de la feuille simple ou foliole
14 palmatifide, palmatipartite, palmatisequee, pédatilobe,
(pennée, palmée, pédalée)
pédatifide, pédatipartite, pédatisequée.
alterne, opposée, palmée, pédalée, anastomosée, uninervée,
pénnation nervure de feuille simple ou
15 transverse, réticulée, dichotome, parallèle, en éventail, curvinervée,
foliaire
peltée
16 pénnation feuille composée 1 paripenné, imparipennée
17 pénnation feuille composée 2 pennée, bipennée, tripennée, quadripennée
18 pennation feuille composée 3 trifollée, palmée, pédalée, pectinée
disposition de la foliole sur axe feuille
19 alterne, opposée
composée
disposition de feuille sur tige/stipe ou
20 tronc (Feuille simple ou feuille alterne, opposée, touffe, verticille, spirale, générique
composée)
21 couleur Feuille vert pur foncé, vert clair, rouge bordeau, jaune
épine existant en une partie
22 booléen
quelconque de la plante
23 épine de tronc tige branche booléen
24 épine de feuille booléen
25 épine de fruit booléen
142
Critère Valeurs
26 épine de fleur booléen
27 épiné de racine booléen
28 forme de fruit ronde, ovale, allongée, triangulaire
29 de fruit texte
30 fruit très connu (populaire) booléen
31 fruit comestible par homme booléen
32 couleur de fleur texte
33 vrille (plante rampante) booléen
34 stipule (plante non rampante) booléen
35 nombre de pétales de corole fleur entier
36 nombre de pétales de calice fleur entier
37 sève booléen
38 couleur de sève texte
39 organe fruit souterrain booléen
40 forme organe fruit souterrain ronde, ovale, allongée, triangulaire
41 graine ou pépin booléen
42 sexe de la plante mâle, femelle
1. Pour une forme de fruit d’une espèce de plante donnée, la même forme peut être désignée différem-
ment selon le botaniste. Par exemple elliptique, obovale ou ovale pour la forme du fruit de neemier
(Azadirachta indica A. Juss) ;
2. Le degré de précision souvent élevé recherché en botanique de la même forme de feuille donnée conduit
aux qualifications suivantes : rectiligne, en aiguillon, en aiguille. C’est une volonté d’affinement et de
précision distinctifs, affichée par le botaniste (qualifications souvent propres à la zone ou au milieu
floristique étudié).
Pour le besoin iconique, nous avons décidé de simplifier et d’effectuer des regroupements pour ne
conserver qu’une seule valeur de forme parmi les trois qualifications : elliptiques, obovales et ovales. Ici
nous retenons elliptique. Nous avons simplifié les formes de feuilles de la même manière en retenant
elliptique.
Dans notre démarche, nous avons considéré des catégories génériques correspondant à des formes géo-
métriques simples (ellipse par exemple). Quand cela s’avère complexe voire impossible de faire correspondre
une forme donnée à une forme générique, nous avons considéré des formes spécifiques, surtout lorsqu’elles
sont soutenues par la connaissance ou la reconnaissance populaire. Ces dernières formes sont également
dites typiques. Par exemple, la feuille du cocotier (cocos nucifera L.) a une forme spécifique très recon-
naissable, et nous avons décidé de la conserver comme telle (voir tableau 6.12). De même pour la forme
du fruit banane. Une forme spécifique (typique ou prototypique) peut être affectée à une autre espèce de
plante moins connue (ou reconnue), à partir du moment où cette forme est la même que l’autre plante
moins célèbre.
En dehors de la silhouette considérée indispensable (une sorte de moment d’unité [43]) pour le concept
de plante, il est possible qu’une espèce de plante donnée, n’ait aucune valeur pour un critère donné. Il ne
s’agit pas d’une valeur manquante ou absente mais de valeur inexistante. Par exemple, on pourra mettre
"pas de fruit" comme valeur au critère forme de fruit, pour les plantes non fructifères. En revanche, il
existe des cas où l’espèce de plante a plus de deux valeurs pour un critère (à multiples valeurs). Cette
143
Figure 6.1 – Impact du moment d’unité dans la reconnaissance d’une image iconique
Ce premier niveau de sélection des critères est fait en se basant sur les éléments suivants :
144
selon "Classe des plantes, Types selon "Familes des plantes par M.
biologiques chez les végétaux Adanson" Académie des Sciences [5]
intertropicaux par J. L. Trochain" [229]
1- Herbes mineures 1- Arbres
2- Sous-arbrisseaux 2- Arbres fructifères
3- Herbes majeures 3- Arbres et Arbrisseaux. Baccifères
4- Plantes herbacées 4- Siliques
7- Plantes charnues 5- Arbrisseaux
6- Arbrisseaux 6- Arbrisseaux grimpants
8- Arbustes 7- Herbes
9- Palmiers, bambous 8- Herbes pommifères et légumineuses
10- Arbres (des boisements clairs)
11- Arbres ou grands arbres (des forêts)
TABLEAU 6.5 – Différentes classifications des types de plantes selon deux botanistes
Le type de plante en terme de classification est diversement décrit par différents auteurs botanistes.
Nous donnons un exemple à travers le tableau 6.5. Au regard de la grande variabilité de la description
faite par les botanistes sur ce sujet, nous avons choisi de retenir le terme de silhouette plutôt que "type
de plante".
Ce critère silhouette que nous considérons comme central pour une plante, a cinq (5) valeurs que nous
projetons d’arrêter : arbre, arbuste, palme, liane, herbe. Ce critère a un caractère stable et est indispensable
pour la plante. Les PMT, acteurs principaux et utilisateurs centraux, ont émis des avis favorables pour ces
silhouettes surtout lors de notre présentation au siège du PNPMT en février 2016 au Plateau (Abidjan).
Bien que la majorité des PMT soient analphabètes, on note parmi eux, des universitaires, des enseignants
chercheurs et des botanistes.
Par ailleurs, vu la complexité à représenter les dimensions, c’est à dire à apprécier sur les icônes une
distance, les critères de hauteur, de longueur et de taille (exemple de critères de base : du n°4 au n °9 du
tableau 6.3 avec à sa suite le tableau 6.4) n’ont pas été retenus.
Nous avons retenu un premier lot de 13 critères numérotés de 1 à 13, au terme de cette première étape.
Ce sont :
1. silhouette ;
2. disposition de la feuille ;
3. fixation de la feuille composée ;
4. forme de la feuille ;
5. pennation de la feuille composée ;
6. épine de la branche ;
7. épine de la tige ;
8. épine de feuille ;
145
Figure 6.2 – Treize (13) critères attributs de description des 22 plantes
9. épine du fruit ;
10. forme du Fruit ;
11. couleur du Fruit ;
12. comestible du fruit par l’homme ;
13. couleur de la fleur.
Dans un second temps, nous avons effectué une sélection d’attributs (features selection) à l’aide d’al-
gorithmes d’apprentissage. Nous avons utilisé Weka pour définir le poids de chaque critère au regard
des valeurs prises par espèce de plante. Weka (Waikato Environment for Knowledge Analysis) 5, 6 est une
suite de logiciels d’apprentissage automatique (Machine learning). Il ne permet d’avoir qu’une seule valeur
pour un critère, pour une espèce donnée (instance ou individu). Lorsque nous avions plusieurs valeurs
(e.g : "jaune" et "blanche") pour un critère comme celui de couleur de fleur (couleurFleur), nous avons
retenu arbitrairement l’une des valeurs du critère pour Weka. L’usage que nous avons fait de Weka est
principalement celui de deux (2) de ses modules (classes) : Ranker et Jrip.
Nous avons utilisé d’abord Ranker pour la sélection des critères. Ces critères sont les attributs (attri-
butes en anglais) sous Weka et les 22 espèces les instances. Le fichier des 22 plantes avec les 13 critères,
au format CSV (noté donc botanique22.csv), une fois chargé dans Weka pour l’analyse, donne à voir la
liste des attributs comme indiqué à la figure 6.2.
Un poids (weight) est affecté par Ranker à chaque critère (voir figure 6.3). Cette valeur calculée pour
chaque critère montre sa capacité à distinguer les 22 individus (instances de plantes). Les critères les plus
utiles pour discriminer nos 22 plantes ont un poids plus élevé.
5. https ://www.cs.waikato.ac.nz/ml/weka/ consulté en 2014
"Environnement pour l’analyse de connaissances automatique (Machine learning), de l’Université de Waikato en Nouvelle
Zélande (New Zealand)"
6. http ://weka.sourceforge.net/doc.dev/index.html ?weka/core/package-summary.html consulté en 2014
146
Figure 6.3 – Poids des attributs des plantes
Les critères candidats à l’émondage sont cochés et les autres sont ceux qui sont retenus (voir figure
6.4).
Jrip est un module d’apprentissage supervisé et de classification automatique. Nous avons modifié les
paramètres usePruning et minNo. usePruning est mis à "false" pour prendre en compte la totalité des
plantes sans élagage des règles concernant un nombre de plantes trop petit. La valeur de minNo mise à
1 signifie qu’une règle peut être créée pour une seule plante (voir figure 6.5). La classe nominale est ici
le nom botanique de la plante. Chacune des 22 espèces a donc un nom botanique distinct des autres que
nous retenons. Nous avons utilisé Jrip pour vérifier que les critères retenus permettaient bien de distinguer
de manière univoque à 100% nos 22 plantes par classification. Dans ce processus, on estime que c’est une
classification supervisée avec comme classes (cibles), les 22 espèces de plantes.
Critères retenus
147
Figure 6.4 – Six (6) critères candidats à l’élagage
148
Figure 6.6 – Illustration de la classification à 100% des 22 espèces de plantes
Ces critères constituent des attributs ; Chacun d’eux a un ensemble de valeurs qui lui est propre. Nous
hissons ces critères en classes dans notre ontologie (ontoMEDTRAD) et les valeurs prises comme étant
les instances. Les 22 espèces de plantes sont les instances de la classe Plante. Plante est en relation avec
chacun des sept (7) critères (classes). En supprimant les nœuds Fruit, Fleur et Feuille dans la structure
arborescente de la figure 6.7, nous obtenons les relations entre la racine (Plante) et les nœuds terminaux
(les 7 critères de la figure 6.8).
A travers le tableau 6.6, nous donnons quelques exemples relatifs à la pennation, à la forme de feuille
et à la forme de fruit. Nous avons admis une seule couleur de feuille, qui est la couleur verte.
Dans notre démarche d’élaboration des icônes des espèces de plantes, nous avons pris en compte la
possibilité de combiner couleurs et iconèmes pour des critères. Il existe également pour un même critère
la possibilité d’assigner des valeurs multiples (jusqu’à deux). Nous explicitons ces deux situations dans les
deux paragraphes suivants.
149
Figure 6.7 – Mise en relief de la relation entre plante et les sept (7) critères
Figure 6.8 – Relation de la Plante avec chacun des sept (7) critères hissés en classes
150
feuille du cocotier
entière oblongue lancéolée palmatilobe
(cocos nucifera)
Forme de la feuille
paripennée imparipennée
Pennation
Notice : La feuille de la plante Nephrolepis biserrata (Sw.) Schott. (Davalliaceae) communément appelée fougère, est
spécifique (typique) et reconnue comme telle. Bien que prise en compte, elle ne figure pas dans la liste d’exemples de
formes de feuille ici fournie. Pareillement, d’autres typicalités (formes typiques) sont faites pour les formes de fruit :
banane, melon, ananas.
TABLEAU 6.6 – Exemples d’iconèmes relatifs aux formes de feuille, de fruit et à la pennation
Nous avons considéré une classe Couleur dont le nombre d’instances n’est pas limitée. Rouge, vert,
orange, jaune, vert gris, blanc sont quelques instances de couleur. Le caractère couleur est porté par les
parties de la plante ici concernées, nommément les feuilles, les fleurs et les fruits.
Pour les feuilles, la couleur de la feuille ne fait pas partie des sept critères retenus. De ce fait, nous avons
admis une seule couleur de feuille : la verte. Les iconèmes de feuilles (Forme de la feuille) seront donc tous
combinés à la couleur verte.
Pour les fruits, nous combinons la couleur du fruit aux iconèmes représentant les formes de fruit
spécifiques (banane, melon, ananas, ...) ou génériques (allongé, triangulaire, conique, rectiligne, rond).
Pour les fleurs, la couleur de la fleur a été retenue parmi les critères, mais pas la forme. Pour cela,
nous avons dessiné un seul iconème, symbolisant et représentant toutes les fleurs. Cet iconème unique est
combiné à la couleur de la fleur.
Généralement, une espèce donnée de plante est à feuille composée soit paripennée (deux folioles termi-
nales) soit imparipennée (une ou trois folioles terminales). Plus explicitement, si l’espèce est imparipennée
tous les individus émanant de cette espèce le sont également. Il en est de même pour le cas d’espèces à
feuille composée paripennée.
Cependant, il existe des espèces qui ont à la fois des individus à feuille composée imparipennée et d’autres
à feuille composée paripennée. On dira alors que cette espèce est à feuille composée paripennée et impa-
ripennée.
C’est le cas de l’espèce neemier (Azadirachta indica A. Juss). Et lorsque nous cherchons à représenter
l’icône de l’espèce de plante, nous attribuerons deux iconèmes au neemier. On insiste bien qu’un individu
donné n’a pas les deux pennations.
151
TABLEAU 6.7 – Cadre graphique rectangulaire subdivisé en régions spatiales pour la position des iconèmes
de Plante
De ces deux situations, nous admettons la possibilité d’avoir sur l’icône d’une espèce de plante donnée
deux valeurs de pennation en même temps, donc les deux iconèmes de pennation. Également, avoir à la
fois deux couleurs de fleur sur l’icône d’une plante est possible (dans ce cas, nous mettrons deux iconèmes
de fleur, avec une couleur différente pour chacun de ces iconèmes). Le neemier constitue un exemple de
ces deux cas.
Nous avons défini un cadre graphique rectangulaire devant contenir l’icône de la plante à l’issue de
l’assemblage des iconèmes. Pour y parvenir, nous avons subdivisé ce cadre en régions spatiales dont chacune
de celles numérotées pourra recevoir un iconème conçu. Le tableau 6.7 présente ce cadre. On peut également
l’appeler canevas graphique.
Dans le tableau 6.8, nous donnons un aperçu du contenu des régions spatiales du cadre graphique selon
le critère. Nous y avons également indiqué le nombre de valeurs (iconèmes) par critère (entité ou entité
canonique).
De ce même tableau 6.8, nous obtenons un total de 35 (= 5+11+10+6+2+1) iconèmes réalisés pour
les icônes de nos 22 plantes. La combinaison de ces iconèmes et de ces couleurs permet de générer théori-
quement 422400 (=5 × 11 × 10 × 6 × 2 × 8 × 1 × 8) icônes différentes, sans tenir compte des possibilités
de valeurs multiples ou inexistante pour un critère. "inexistante" ne signifie pas manquante.
Nous donnons un exemple d’assemblage de la silhouette "arbre" et d’une forme de fruit "elliptique".
Ce qui donne (A) sur la figure 6.10. En rajoutant (additionnant) la couleur "verte" du fruit à ce résultat
(A), on obtient (B) de la même figure.
L’exemple donné par cette figure 6.10 montre l’icône du neemier (Azadirachta indica A. Juss) et les
iconèmes correspondants.
Nous avons élaboré également l’ensemble des iconèmes-valeurs prises par les sept (7) critères. Il en
résulte l’exemple de l’icône du neemier que nous donnons en figure 6.11 [16].
152
Région de position Nombre de
Entité Répondant Existence géographique ou spatiale Couleur valeurs
à un critère d’iconème (provenant du tableau 6.7) possibles
Silhouette oui oui 1 noire 5
Forme de la oui oui 2 verte 11
feuille
Forme de oui oui 3 verte 10
fruit
Disposition oui oui 4 noire 6
de la feuille
Pennation oui oui 5 noire 2
de la feuille
Couleur du oui non 3 couleur variable 8
fruit
Fleur non oui 6 1
Couleur de oui non 6 couleur variable 8
la fleur
TABLEAU 6.8 – Correspondance des critères avec les régions spatiales du cadre graphique et le nombre
d’iconèmes afférent
153
Entité Répondant à un critère Classes (au nombre de 6) Classes (sous classes)
Silhouette oui Silhouette
Forme de la FormeDeFeuilleGenerique
oui FormeDeFeuille
feuille FormeDeFeuilleSpecifiqueConnue
FormeDeFruitGenerique
Forme de fruit oui FormeDeFruit
FormeDeFruitSpecifiqueConnue
Disposition de oui DispositionDeFeuille
la feuille
Pennation de la oui Pennation
feuille
Couleur du fruit oui Couleur
Couleur de la oui Couleur
fleur
Cette icône de la plante a été obtenue manuellement. Nous aborderons la génération automatique des
icônes à partir de l’ontologie ontoMEDTRAD (ontoCONCEPT-Term) dans la section suivante.
Pour la représentation graphique, nous avons créé la classe basique de ontoICONE de ontoMEDRAD
que nous appelons Forme. Toutes les classes définies en rapport avec les sept critères, sont dans la hiérarchie
de racine Forme (voir figure 6.12).
Nous avons ensuite établi des relations sémantiques entre la classe Plante avec les classes qui viennent
d’être créées (figure 6.13) et découlant des sept critères. Chacune des relations est subsumée par aPour-
Forme.
Au regard de la figure 6.13, nous admettons la propriété fonctionnelle ou non aux relations sémantiques
(object properties) entre la plante et les classes de critères (voir tableau 6.9). Soit C une classe et (rS)
une relation sémantique. Alors C et (rS).C sont respectivement le domaine et le range de (rS). Dire que
(rS) est fonctionnelle signifie qu’aucune instance de C ne peut se prévaloir à travers (rS) au plus qu’une
154
Figure 6.12 – Extraction de ontoMEDTRAD montrant la classe Plante et les classes dérivées des critères
pour la représentation iconique des espèces de plantes médicinales
Figure 6.13 – Relations sémantiques entre Plante et les classes pour la représentation iconique
155
Object properties Domaine Range Fonctionnelle : oui/non
aPourSilhouette Plante Silhouette oui
aPourCouleurDeFruit Plante Couleur oui
aPourDispositionDeFeuille Plante DispositionDeFeuille oui
aPourFormeDeFeuille Plante FormeDeFeuille oui
aPourFormeDeFruit Plante FormeDeFruit oui
aPourPennation Plante Pennation non
aPourCouleurDeFleur Plante Couleur non
TABLEAU 6.10 – État du caractère fonctionnel des object properties ou propriétés objet entre plante
(domaine) et classe de critère (range)
TABLEAU 6.11 – Quelques data properties relatives aux Plantes et à leur iconisation
seule instance de (rS).C. Ainsi une instance de Plante à travers (aPourSilhouette) n’a au plus qu’une seule
instance de (aPourSilhouette).Plante.
156
Elle permet de combiner ensemble deux fichiers SVG, pour en former un seul. A chacun de ses
appels, on ajoute un icônème à l’icône de plante en cours de génération. creer_Icone(plante) part
de la silhouette de la plante puis ajoute les iconèmes un à un par appel de combiner_SVG (X, Y) ;
– Étape 5 : Constituer l’icône de la plante et l’enregistrer.
Le code source en python de création des icônes de plantes que nous avons écrit, est donné dans la
figure 6.14.
Ce programme a notamment permis la génération des icônes pour les 22 plantes de notre jeu de données.
Nous donnons les 22 icônes des plantes antipaludiques dans le tableau 6.12.
157
from owlready import *
onto_path.append("D:\\athèses SIG INFO\\limics") # Répertoire contenant les ontologies OWL
ontoMedTrad = get_ontology("http://www.semanticweb.org/hp/ontologies/2015/11/ontoMedTrad.owl")
ontoMedTrad.load()
SVG_DIR = "D:\\athèses SIG INFO\\limics\\icone concu\\" # Répertoire contenant les icônes SVG
def creer_icone(plante):
fichier = SVG_DIR + "Silhouette_" + plante.aPourSilhouette.name + ".svg"
svg = svg_silhouette = open(fichier).read()
x = 0
for couleur in plante.aPourCouleurDeFleur:
fichier = SVG_DIR + "Fleur.svg"
svg_fleur = open(fichier).read()
svg_fleur = svg_fleur.replace("#ff0000", couleur.aPourCodeHtml)
position_debut = svg_fleur.find("</metadata>") + len("</metadata>")#information graphique
position_fin = svg_fleur.find("</svg>")
svg_fleur = svg_fleur[ : position_debut] + ("<g transform=’translate(%s 0)’>" % x)
+ svg_fleur[position_debut : position_fin] + "</g>" + svg_fleur[position_fin : ]
y=0
for pennation in plante.aPourPennation:
fichier = SVG_DIR + "FormeDePennation_" + pennation.name + ".svg"
svg_pennation = open(fichier).read()
position_debut = svg_pennation.find("</metadata>") + len("</metadata>")
position_fin = svg_pennation.find("</svg>")
svg_pennation = svg_pennation[ : position_debut] + ("<g transform=’translate(%s 0)’>" % y)
+ svg_pennation[position_debut : position_fin]
+ "</g>" + svg_pennation[position_fin : ]
svg = combiner_svg(svg, svg_pennation)
y = y - 90
Figure 6.14 – Code source en python pour la création des icônes des 22 espèces de plantes médicinales
antipaludiques
158
Plante_Adenia lobata Plante_Ananas Plante_Azadirachta Plante_Carica_
comosus _indica_A._Juss papaya_L.
Plante_Senna_ Plante_Vernonia_
occidentalis_L colorata_Willd._Drake
TABLEAU 6.12 – Liste des 22 icônes pour les 22 espèces de plantes antipaludiques
159
pp1 : feuille pp2 : fruit pp3 : fleur pp4 : pp5 : écorce de pp6 : écorce de pp7 : racine pp8 : sève pp9 : plante
troncTige troncTige racine entière
TABLEAU 6.13 – Liste des neuf (9) iconèmes associés aux parties de la plante
couramment utilisées sont : les feuilles, le fruit, la fleur, la racine, l’écorce, la sève, le tronc, la branche, la
tige, le stipe, le rameau, le brin, la brindille, sarment et gourmand.
En pratique, la distinction entre tronc, branche, tige, stipe, rameau, brin, brindille, sarment et gour-
mand est aisée. Ce n’est pas le cas dans la représentation iconique poursuivie ici. Pour cela, nous avons
décidé au regard des règles sémiologiques, de les désigner par une seule partie "troncTige" précisément
sous le terme de "tronc".
Pour les écorces, on utilise fréquemment celles du tronc et celles des racines de la plante. Nous ferons
donc la distinction entre ces deux cas.
Au final, nous retenons neuf (9) parties de la plante : feuille, fruit, fleur, racine, tronc, écorce
de tronc, écorce de racine, sève, plante entière. En général, la plante a une silhouette herbe quand
il s’agit de l’utiliser entièrement.
Il est bon de noter qu’une partie de plante peut faire l’objet de plusieurs recettes. Une fois, la partie
de la plante (e.g : la feuille) est utilisée, elle se trouve dans un autre état. Il ne s’agit pas de cela ici. La
feuille est prise au sens terminologique et conceptuel. Une contrainte majeure est de faire en sorte que
pour une feuille donnée, l’on ne puisse pas avoir de doute sur l’espèce de la plante dont elle provient. On
doit pouvoir lier la partie de la plante à la plante de manière univoque. Relevons également que s’il existe
des plantes comprenant toutes les neuf parties, d’autres ne comprennent que seulement certaines d’entre
elles.
Nous avons dessiné un iconème associé à chacune des neuf (9) parties de plante utilisées (tableau 6.13).
Si on doit faire usage de la feuille de deux plantes, c’est le même iconème de feuille qui paraitra en face
de chaque icône de plante. Dans ce tableau 6.13, pp1 représente l’iconème de feuille en couleur verte.
160
Figure 6.15 – Relation ternaire entre Recette, Plante et Partie de plante
Un ingrédient porte sur une seule partie utile d’une espèce de plante. Ainsi, une recette est formée d’un
ensemble d’ingrédients. Une recette possède aussi un mode de préparation (en abrégé MP) (voir figure
6.16).
En dénotant Recette, Ingrédient, Partie de plante, Plante et Mode de préparation respectivement par
R, I, PP, P et MP, nous donnons une représentation plus simplifiée mettant en relief les relations, toutes
symbolisées par des flèches. Le début de la flèche est le domaine ontologique de la relation et sa fin pointue
est le range de cette relation. La lettre f signifie que la relation est fonctionnelle. Une forme canonique
de l’ingrédient s’apparente au couple ou doublet : (PP, P). Ainsi deux ingrédients i1(pp1, p1) et i2(pp2,
pp2) sont égaux si et seulement si pp1 = pp2 et p1 = p2. Par ailleurs, la recette dans sa quintessence est
constituée d’un ensemble d’ingrédients et d’un mode de préparation.
Dans sa définition complète, elle est un couple formé d’un ensemble d’ingrédients que nous notons {I}
et d’un seul mode de préparation noté MP (voir figure 6.17). On a alors R = ({I}, MP). Ainsi deux recettes
sont égales si et seulement si elles ont le même ensemble d’ingrédients et le même mode de préparation.
La recette peut comprendre plusieurs parties d’une ou de plusieurs plantes. En conséquence, une recette
est à base d’au moins une plante. Sous Protégé, nous donnons un aperçu de la formalisation de la recette
en vue de son iconisation (voir figure 6.18).
Les relations sémantiques de la recette sont décrites avec ou non leur caractère fonctionnel (voir tableau
6.14).
161
Figure 6.17 – Représentation diagrammatique de la recette
Dans le cadre ou canevas graphique défini et mentionné via le tableau 6.15, l’icône de la plante se
positionne en région 1 et les iconèmes des parties de cette plante sont horizontalement et successivement
placés en région 2.
S’il y a une deuxième plante, on crée une deuxième ligne juste en dessous de la première et on procède
de même pour cette deuxième ligne. Ainsi, en face de chaque icône de plante, se placeront successivement
et horizontalement, les iconèmes des parties de plante possibles utilisées par la recette.
Une fois arrêtée la liste des plantes de la recette, on ajoutera en dernière ligne et précisément en région 3,
le mode de préparation.
Nous projetons une recette R à base de deux plantes P1 et P2. Les parties utilisées ne sont pas
explicitées pour P1 et P2. Cependant, chacune de P1 et P2, a au moins un iconème de partie de plante
(pp) dans les cellules en sa face droite. On obtient donc vraisemblablement le cadre graphique afférent à
R (voir tableau 6.16).
162
1 2
(plante suivante) (reconduite d’iconème (s) ou autre iconème)
3
pp1 : pp2 : pp3 : pp4 : pp5 : écorce de pp6 : écorce pp7 : pp8 : pp9 :
feuille fruit fleur troncTige troncTige de racine racine sève plante
entière
icône de P1 icopp1 icopp2 icopp3 icopp4 icopp5 icopp6 icopp7 icopp8 icopp9
icône de P2 icopp1 icopp2 icopp3 icopp4 icopp5 icopp6 icopp7 icopp8 icopp9
iconème de Mode de préparation
P : plante ; pp : partie de plante ; icopp : iconème de pp.
TABLEAU 6.16 – Projection du cadre graphique pour l’iconisation d’une recette (R) à base de deux
espèces de plantes P1 et P2
Les deux premiers remèdes de la liste des remèdes traditionnels (voir tableau 6.2) sont basés sur la même
recette. Cette recette que nous nommons mTRecipe01 est à base de deux plantes que sont l’Azadirachta
indica A. Juss et le Senna occidentalis L aux numéros de plante (N°PL.) respectifs (3) et (21) dans chacun
des tableaux 6.1 et 6.2. Elle comprend les feuilles de chacune de ces deux plantes dont il faut faire la
décoction dans le cadre du traitement du paludisme (Voir tableau 6.17).
L’icône d’une recette à base de plante est formée au moins d’une icône de plante et d’un iconème de
partie de plante.
6.6.3 Remède
Le remède est structurellement lié à la recette. Il a un mode d’administration et une forme galénique
(présentation médicamenteuse de la plante). Il en résulte la mise en exergue de quatre classes, à savoir :
Remède, Recette, ModeDeAdministration, FormeDeFinDePréparation (forme galénique). Les relations
sémantiques entretenues par Remède avec les autres classes sont définies dans le tableau 6.18 et formalisées
163
Figure 6.19 – Esquisse d’icône de la recette mTRecipe01
sous protégé (voire figure 6.21). Ainsi, un remède est constitué d’une seule recette R, d’un ensemble de
modes d’administration {MA} et d’une seule forme de fin de préparation (forme galénique), FFP. C’est
donc un triplet d’éléments qui caractérise le remède.
Si on note Rmd le remède, on a alors Rmd = (R, {MA}, FFP). Autrement dit un remède est basé sur
une seule recette (R), un ensemble de modes d’administration {MA} et une seule forme galénique (forme
de fin de préparation ou FFP) (cf figure 6.20). En conséquence, deux remèdes sont égaux si et seulement
s’ils ont la même recette, le même ensemble de modes d’administration et la même forme galénique.
De ce qui précède, à travers la figure 6.20, le cadre rectangulaire rouge nous montre les éléments de
base pour la définition succincte du remède.
Dans notre approche de construction progressive, l’icône de la recette précède celle du remède. Comme
l’icône ultime est celle du remède, pour l’obtenir, il suffit d’y adjoindre le ou les iconèmes correspondants
aux modes d’administration et de la forme médicamenteuse de plante (forme de fin de préparation) ou
encore forme galénique. S’agissant du remède, il est obtenu à partir de la recette préparée. Pour améliorer
la définition du remède, nous lui rajoutons le mode d’administration.
164
Figure 6.21 – Représentation formelle du remède en vue de son iconisation
165
1
2 3
rmd01
Figure 6.22 – Esquisse d’icône du remède rmd01 basé sur la recette mTRecipe01
Sur le cadre graphique à travers le tableau 6.19, la région spatiale 1 héberge l’icône de la recette et la
région 3, les iconèmes de modes d’administration. L’iconème de la forme galénique est en région spatiale
2.
En pratique dans l’art médical en MT, on a régulièrement un seul mode d’administration pour un
remède, même s’il est possible d’en avoir plusieurs.
Nous donnons une esquisse du remède (rmd01) basé sur la recette mTRecipe01 à travers la figure
6.22. De l’extrait portant sur la décoction de feuilles de Azadirachta indica A. Juss et de celles de Senna
occidentalis L (acacia), on obtient un remède sous forme de liquide (décocté).
166
Figure 6.23 – Diagramme pour le langage iconique des remèdes et recettes
pharmacie) contre le paludisme, qui est également utilisé pour prévenir et traiter les maladies fongiques
(maladies en rapport avec des champignons, gastro-intestinal) et asthénie (faiblesse, diminution des forces,
dépression). Avant toute généralisation, le diagramme de la figure 6.23 relatif au remède et à la recette
s’inscrit dans le contexte d’une seule maladie qui est le paludisme avec lequel nous avons jusque-là travaillé.
De ce fait, l’indication de la (des) maladie(s) traitée(s) n’était alors pas nécessaire.
167
Figure 6.24 – Diagramme pour le langage iconique intégrant les maladies à partir des remèdes et recettes
de ce remède.Ce diagramme en clair, prend en compte le premier cas d’utilisation UC1 dont la finalité est
la détermination de la maladie à partir des signes et symptômes. Il y a une forte nuance entre signe et
symptôme. Le premier est prouvé du côté PMT ou bien plus par un test clinique de la MM et le second
du côté patient.
Dans ce contexte, et au regard de ce qui précède, la définition de la recette et celle du remède sont
respectivement R = ({ I }, MP, { Mal }) et Rmd = (R, { MA }, FFP). Mal signifie Maladie ou
encore Pathologie.
Une forme canonique fondée sur les trois cas d’utilisation UC1, UC2 et UC3 aux finalités respectives
déterminer la maladie, définir le remède et enfin préparer et administrer le remède, est donnée à travers
la figure 6.25.
En vue de couvrir l’ensemble des ressources médicinales d’origine animale et minérale, l’on doit dans
la modélisation représentative faite à travers les deux diagrammes des figures 6.24 et 6.25 , y remplacer les
termes Partie de plante (PP) et Plante (P) par respectivement Partie de Ressource Médicinale (PRM) et
Ressource Médicinale (RM).
NB : En terme de cardinalité, le type de relation entre Maladie (Mal) et Recette (R) est celui entre
entre Maladie et Remède (Rmd).
168
Figure 6.25 – Forme canonique répondant aux trois cas d’utilisation pour l’iconisation des recettes et
remèdes partant des Plantes
6.8 Discussion
Vu la complexité des langages iconiques, pour la construction iconique, nous avons procédé par étape.
Nous nous sommes focalisés sur les plantes, ressources médicinales les plus prescrites par les PMT. Nous
avons alors utilisé les éléments sémiologiques relatifs à un triptyque de règles pour la stratégie de représen-
tation [52]. Aussi avons-nous tenu compte de l’existant contextuel notamment l’environnement des plantes
dans lequel évolue le PMT. Et enfin nous tenons compte de l’environnement lié à l’utilisation future de
l’outil final dont disposeront les PMT. L’usage d’outils TIC (mobile, ordinateur, ...) comme moyen d’accès
à SysMEDTRAD, milite fortement en faveur de l’utilisation de telles approches. Il est démontré la supério-
rité de la communication pictographique sur la communication verbale dans le dialogue homme-ordinateur
[111] [239].
Dans l’évolution de l’ontologie, on peut découvrir de nouvelles plantes médicinales, de nouvelles recettes
(remèdes). Du coup, nous n’avons pas l’exhaustivité des valeurs prises par l’ensemble des critères (e.g. :
formes de feuille). Autrement dit, de nouvelles valeurs de formes de feuilles peuvent être nécessaires. Le
critère silhouette est le seul pour lequel nous avons toutes les valeurs possibles (arbre, arbuste, liane, palme,
herbe). Ce critère peut être vu comme une propriété centrale ou principale dans la construction de l’icône
de la plante. S’il est possible qu’une plante ait une valeur inexistante pour un critère (couleur de fleur),
le critère silhouette lui est indispensable. C’est le cas des plantes sans fleurs. Par ailleurs, il arrive pour
certaines espèces de plantes d’avoir plus d’une valeur pour un critère. Le neemier de nom scientifique ou
botanique "Azadirachta indica A. Juss" a deux couleurs jaune et blanche pour le critère de couleur de
fleur. Le même neemier est imparipennée (pour certains individus) et paripennée (pour d’autres individus)
pour le critère pennation. Pour ces deux cas, nous avons pris deux iconèmes pour les deux valeurs au plus
pour une espèce de plante donnée. Nous ne sommes pas allés au delà de deux iconèmes quand bien même
plus de deux valeurs peuvent exister pour un critère sur une espèce de plante donnée.
169
Nous relevons que, pour cette espèce neemier, d’une part les deux valeurs de couleur de fleur et d’autre
part les deux valeurs de la pennation, ne sont perceptibles pareillement. Nous retenons ici comme instances
les espèces de plantes et non les représentations individuelles (e.g : neemier planté par Lamy, neemier planté
par Moussa). Un individu de neemier possède à la fois des fleurs des deux couleurs (jaune et blanc), tandis
qu’il ne peut avoir qu’une seule des deux valeurs paripennée et imparipennée de la pennation. Nos icônes
présentent les deux valeurs, mais ne font pas la distinction entre variations intra- et inter-individus (Nous
nous en tenons à l’espèce comme instance de plante : elle est notre plus faible granularité en machine en
rapport avec le concept de Plante).
Dans sa version actuelle, notre langage iconique ne couvre que les plantes. Il pourrait être étendu
aux ingrédients d’origine minérale et animale. Concernant les animaux, des distinctions de taille sur leur
morphologie apparaissent : les vers de terre, les mollusques (escargot) et un éléphant sont très distants en
terme de caractérisations similaires. Nous proposons que chaque espèce (genre espèce de la systématique
des animaux) puisse être caractérisée de manière générique avec la possibilité de les distinguer.
Dans les recettes, nous n’avons pas tenu compte des quantités de chaque ingrédient. En conséquence,
les recettes manquent d’une posologie stricte tant au plan temporel que quantitatif. En général les prises
indiquées par le PMT est matin - soir ou matin - midi - soir. Mais cela peut varier selon le degré de
gravité de la maladie (paludisme).
Pour les symptômes et les maladies, nous proposons de suivre le cadre général d’iconisation des concepts
de la MT que nous avons décrit et si possible avec l’alignement à d’autres ontologies de la MM où des
travaux de visualisation et d’iconisation pour décrire les maladies, les signes et symptômes patient existent,
notamment celui de [144].
Collisions
Une « collision » correspond à la situation où deux espèces de plantes différentes se verraient attribuer
la même icône dans notre langage iconique. Ce risque est possible car nous avons travaillé sur un échantillon
de 22 plantes et nous avons vérifié l’absence de collision sur ces 22 plantes avec Weka et JRip, mais pas
au-delà. Il existe cependant beaucoup d’autres plantes (médicinales ou non).
Le risque de collision reste cependant faible car notre langage iconique permet un nombre important
d’icônes différentes (422400).
En cas de collisions, nous préconisons d’ajouter d’autres critères d’identification des plantes, tout en
conservant les mêmes règles. Voici une liste de critères possibles :
– présence d’épines ;
– épine sur une partie de la plante ;
– présence de fruit souterrain ;
– typologie des fruits : simple ou composée ;
– disposition du fruit ;
– présence de pubescence ;
– pennation 2 : penne, bipennée, tripennée, quadripennée ;
– pennation 3 (nervuration) : nervation feuille simple ou foliole ;
– feuillage : persistant ou caduc ;
– surface de l’écorce : lisse, peu fissurée, cannelée ;
– détachement de l’écorce : en lanière, en plaque, en écaille 7 .
7. http ://www.lesarbres.fr/ecorces2.php consulté en 2015
170
Figure 6.26 – Forme canonique répondant aux trois cas d’utilisation pour l’iconisation des recettes et
remèdes partant des Ressources Médicinales
6.9 Synthèse
En partant des ressources médicinales (RM), nous donnons la forme canonique répondant aux trois
cas d’utilisation en vue de l’iconisation des recettes et remèdes.
Nous avons adopté une procédure d’iconisation par étape, et de façon incrémentale, en partant de
plantes antipaludiques. L’iconisation de la plante, la ressource la plus prescrite et dominante des ressources
médicinales de la MT, est achevée. Elle s’appuie sur un langage iconique de plante à sept critères, que
nous avons testé sur 22 espèces de plantes. L’évolution de l’ontologie et la croissance du nombre d’espèces
incluses nous amèneront certainement à intégrer progressivement de nouveaux critères sans perdre de vue
que la discrimination individuelle est une règle d’or à observer.
La plante constitue le fondement des recettes et des remèdes dont des esquisses sont données dans
ce travail. Bien entendu, les remèdes se fondent sur les recettes. Les descriptions botaniques et visuelles
par les botanistes afférentes à la même espèce de plante sont souvent des plus variées. Il n’en demeure
pas moins du discours des PMT sur la même recette traitant la même maladie. La difficulté liée à cette
variabilité descriptive a été surmontée.
Ce système iconique (ontoICONE), amorcé sur les plantes, devra servir d’outil d’assistance décisionnel
pour les PMT afin de transcender les barrières liées à la lecture, l’écriture et les multiples langues. La
validation de nos résultats se fera à deux niveaux, tous deux basés sur le cadre communautaire des PMT
de l’Afrique de l’ouest. Les deux étapes de ce processus de validation des icônes sont : la première par les
PMT lettrés, et la seconde par l’ensemble réuni des PMT lettrés et non lettrés.
Nous proposons d’établir une relation entre icônes et images photos réalistes afin de pallier à l’insuf-
fisance d’instruction pour des PMT, le temps de la standardisation et de leur appropriation du langage
iconique.
Nous pouvons arrêter le bilan du nombre d’iconèmes à ce stade de notre construction du langage
iconique comme le montre le tableau 6.20.
171
Concept Nombre d’iconèmes pour le concept Description commentaire
P 35 RM comprend les plantes, les minerais, et fait
les animaux. On a les icônes de la classe
Plante que nous notons P (cf tableau 6.8) ;
PI ⊂ RMI
PP 9 Recette à base de plante fait
FFP 17 Forme médicamenteuse de fin de proposition
préparation des recettes à base de plantes
(forme galénique)
MP 13 Mode de préparation de la recette à base proposition
de plantes
MA 15 Mode d’administration du remède proposition
(recettes) à base de plantes
Température 3 chaud comme à la prise de café, moyen ou proposition
tiède, froid
172
Chapitre 7
Sommaire
7.1 Discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
7.2 Vers des ontologies iconiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
173
Dans ce travail, nous avons tout d’abord identifié deux des problèmes majeurs de la médecine tradi-
tionnelle (MT) d’Afrique de l’ouest : l’absence de communication entre les praticiens (PMT), et l’absence
d’une mémoire permettant aux connaissances des praticiens de perdurer. La cause commune de ces deux
problèmes est l’illettrisme, qui concerne la majorité des PMT, associé à la multiplicité des langues locales.
Afin de rendre possible la structuration des connaissances en MT, nous avons conçu ontoMEDTRAD,
une ontologie formelle de la MT. De plus, pour permettre les échanges entre PMT de langues différentes,
ou la communication écrite avec un PMT non lettré, nous avons intégré dans cette ontologie une couche
iconique. Cette couche ne couvre actuellement qu’une partie de l’ontologie, elle permet notamment d’iden-
tifier les plantes par des icônes et ensuite de présenter les recettes et les remèdes de la MT sous forme
de diagrammes iconiques. Enfin, nous avons proposé l’architecture d’un système informatique, SysMED-
TRAD, permettant aux PMT d’échanger entre eux via Internet et de structurer leurs connaissances sur
un wiki sémantique s’appuyant sur l’ontologie ontoMEDTRAD. Ce wiki sémantique (triple store virtuoso)
est simplement entamé mais non achevé.
Jusqu’à présent, nous nous sommes plus particulièrement intéressés aux trois cas d’utilisations suivants :
– UC1 : déterminer la maladie à partir de la détection des symptômes (signes, indices) à la détermi-
nation de la maladie (e.g : le paludisme) ;
– UC2 : prescrire un remède approprié émanant des ressources médicinales traditionnelles. Plus ex-
plicitement et pragmatique, pour la plupart du temps, il s’agit de recette à fournir (recette non
physique et recette physique) et son mode de préparation ;
– UC3 : préparer et administrer le remède obtenu au patient. Toujours de manière pragmatique, il
s’agit de préparer le remède à travers la recette si ce remède n’est pas prêt à l’emploi.
Les principales difficultés que nous avons rencontrées, sont décrites dans ce qui suit :
1. La MT est un domaine très tacite et tabou. De plus, on a noté de multiples langues existantes dont
4 officielles (anglais, français, espagnol, portugais) et 1127 locales en Afrique de l’ouest. Nos efforts
d’élicitation, de conceptualisation et de formalisation ont donc été particulièrement difficiles. Ces
efforts ont permis de disposer de modèles verbatim correspondants au mieux au réel perçu.
2. La MT diffère grandement de la MM. Il est donc difficile de réutiliser les ressources (ontologiques)
existantes dans la MM, ou d’adapter les méthodes qui ont été appliquées à la MM.
3. Le langage, écrit ou parlé, reste incontournable malgré ses ambiguïtés. Il est donc presque impossible
de disposer d’un système cent pour cent (100%) iconique. Nous nous sommes pour l’instant limités
à l’iconisation des plantes, des recettes et des remèdes.
4. La conception d’un langage iconique demande de dessiner un nombre important d’icônes et d’icô-
nèmes. Cela a nécessité d’apprendre à utiliser un logiciel de dessin vectoriel (InkScape).
SysMEDTRAD totalement à terme pourrait être un point de départ important pour la modernisation
de la MT tout en préservant la spécificité vis-à-vis de la MM. Ce travail est d’une grande opportunité déjà
pour la communauté des PMT d’Afrique de l’ouest. Il le sera davantage dès son implémentation dans un
wiki sémantique (comme virtuoso). Cette seconde partie du travail est en cours. Il s’agit précisément de
l’implémentation de SysMEDTRAD s’appuyant sur ontoMEDTRAD. Cet outil permettrait aux acteurs
de la MT de faire usage des TIC, et en particulier aux PMT de jouer pleinement leur rôle de guérisseur
traditionnel en ayant accès à un corpus large de connaissances. Ils devront contribuer à l’enrichissement de
174
ce corpus. Cela implique la réduction des complexes de supériorité et d’infériorité, l’acceptation mutuelle
entre PMT et leur réflexe à la référence (ou référencement) médicale.
7.1 Discussions
7.1.1 Comparaison aux travaux de Kuicheu
Kuicheu N. C et al ont proposé IcOnto, une ontologie d’icônes pour la MT au Cameroun [138]. Les
auteurs présentent un système d’icônes proche du nôtre pour décrire des recettes de remèdes. Cependant,
ils ne proposent pas un langage iconique combinatoire aussi poussé que le nôtre pour l’identification des
plantes médicinales. L’identification des plantes semble davantage reposer sur des photos.
Les auteurs définissent également une sémantique formelle pour les icônes. Une icône est définie comme
l’intersection d’une composante physique (l’image de l’icône) et d’une composante logique (l’ensemble des
caractéristiques ou attributs associés à l’icône). En utilisant un raisonneur sur l’ontologie, il est alors
possible de faire des déductions par subsomption. Cependant, la formalisation des icônes restent limitées
et les raisonnements autre que ceux par subsomption ne sont pas possibles.
175
7.1.3 Icônes et photos réalistes
Nous avons utilisé des icônes pour identifier les plantes médicinales de manière visuelle. Une autre
possibilité aurait été d’utiliser des photographies de plantes ou des images très réalistes. Cependant, les
photos sont problématiques lorsqu’il existe une grande variabilité intra- et inter-individus au sein d’une
espèce de plante donnée. Nous avons vu au chapitre précédent l’exemple du Neem, mais de nombreux autres
situations similaires existent. Cette variabilité est liée aux indicateurs climatiques, environnementaux,
pédologiques et agrométéorologiques. Par exemple, nous avons l’influence de la hauteur du vent, du type
de sol, du niveau hydrolique, de la pluviométrie, de la présence d’herbivores voraces, ... Chacun de ces
paramètres peut changer l’aspect de la plante, parfois de manière importante. En revanche, les critères
botaniques sur lesquels reposent notre langage iconique (forme des feuilles et des fruits, pennation, ...)
présentent une certaine constance.
176
– une ontologie de domaine de la MT africaine qui soit de référence (hissée à un niveau de standardi-
sation plus élevé qu’actuellement).
177
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178
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3.4.1, 3
194
Annexe 1
Annexe 2
Diagramme des classes Partie 2 (suite et fin de la Partie 1 en section 5.5.4 du chapitre 5)