Le Siècle Des Lumières

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Le siècle des Lumières

Le siècle des Lumières est plus qu’un mouvement littéraire : c’est un mouvement culturel et philosophique
européen.

Les Lumières, ce sont les idées nouvelles diffusées par les philosophes qui croient au progrès humain et sont
guidés par la raison (et non par la tradition et l’autorité).

I – Le contexte historique du siècle des Lumières


Le siècle des Lumières est initié par deux événements historiques fondateurs : la révolution d’Angleterre en
1688-1689 et la mort, en 1715, du monarque absolu de droit divin Louis XIV, qui laisse place à un
mouvement de contestation de l’ordre établi.

◊ La révolution d’Angleterre et l’espoir d’une limitation du pouvoir monarchique

Plus de deux décennies avant la mort de Louis XIV, la seconde révolution d’Angleterre (la « Glorieuse
révolution ») a permis la mise en place en Angleterre d’une monarchie constitutionnelle par la publication en
1689 de la Déclaration des droits (Bill of rights ) qui encadre les pouvoirs du monarque.

Cette révolution anglaise sera perçue en France tout au long du 18ème siècle (en particulier par Voltaire)
comme la promesse d’une limitation du pouvoir monarchique.

◊ La mort de Louis XIV

Le règne de Louis XIV est souvent associé à l’apogée du classicisme (Corneille, Racine, Molière, La
Fontaine…), aux réjouissances et au faste de Versailles.

C’est oublier que les 35 dernières années du règne du Roi-Soleil sont marquées par l’austérité, les guerres et
l‘intransigeance religieuse avec la révocation de l’Edit de Nantes qui provoque un exode massif des
Protestants.

La mort de Louis XIV en 1715 libère la France de la pesante autorité du Monarque absolu et renforce le
mouvement de contestation de l’ordre établi et de l’intolérance religieuse.

La Régence de Philippe d’Orléans est vécue comme des années de relâchement, Philippe d’Orléans étant un
libertin qui n’éprouvait pas un grand intérêt pour les affaires de l’État.

Les deux rois qui succèdent à Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, sont moins autoritaires L’influence de la
France s’affaiblit. L’image de la monarchie absolue est ternie .

Cet affaiblissement renforce l’opposition aux valeurs traditionnelles – la monarchie absolue, le dogme
catholique, l’intolérance religieuse – et permet le développement d’une réflexion sur les meilleurs modes de
gouvernement.

◊ Le développement du livre

Au 17e siècle, les lecteurs appartenaient principalement à la noblesse et au clergé.

Au 18e siècle, les livres se diffusent et le lectorat s’élargit aux commerçants, aux militaires et aux paysans
aisés.

Les échanges intellectuels se multiplient dans les salons, les clubs, les cafés, les loges maçonniques. Ces
développements permettent la diffusion des idées nouvelles.

◊ L’essor des sciences


Sur le plan scientifique, le 18e siècle est marqué par la diffusion des théories de Newton qui permettent de
comprendre des lois de la nature comme le mouvement des planètes.

La physique expérimentale se développe, les connaissances sur l’électricité s’accroissent, la notion d’élément
chimique émerge…

Ce développement sans précédent des sciences expérimentales émancipe les individus en expliquant le
monde.

Il contribue aussi à l’idée d’un ouvrage rassemblant l’ensemble des connaissances, l’Encyclopédie publié par
Diderot et d’Alembert entre 1751 et 1772

II – Les principes des Lumières

◊ La raison et le combat des préjugés

Les Lumières, c’est l’éclairement qu’apporte à l’homme l’usage de sa raison et de son intelligence.

La raison permet à l’homme d’écarter les préjugés, les superstitions, le fanatisme religieux, et sert de guide
pour agir sur le monde.

La promotion de la raison est indissociable du combat contre les préjugés :

♦ Combat contre les préjugés sociaux et moraux (comme dans Le Neveu de Rameau (1773) de Diderot)

♦ Combat contre le fanatisme religieux (voir Dictionnaire philosophique ou Candide de Voltaire, La


religieuse de Diderot)

◊ La contestation sociale et politique

Les philosophes des Lumières se rejoignent dans la contestation de la monarchie absolue de droit divin
(dans laquelle le souverain tient son pouvoir de Dieu et concentre en ses mains les pouvoirs législatifs, exécutifs
et judiciaires).

Cette contestation est d’autant plus forte qu’elle se fait à la lumière de la monarchie constitutionnelle anglaise
dont les mérites sont vantées par Voltaire dans Lettres philosophiques (1734).

Montesquieu, tout en restant fidèle à la monarchie, théorise la séparation des pouvoirs (législatifs, exécutifs
et judiciaires) dans L’Esprit des Lois (1748). Pour lui, le pouvoir royal doit être encadré par un texte
constitutionnel.

Dans Le contrat social, Rousseau jette les fondements de la démocratie.

Dans L’île des esclaves, Marivaux aborde le problème de l’inégalité sociale à travers une fiction qui met en
cause les rapports maîtres-valets dans la société du XVIIIème siècle.

L’ordre social inégalitaire de l’Ancien Régime est contesté de façon plus virulente dans Le mariage de Figaro
(1778).

A la veille de la Révolution française, Choderlos de Laclos brosse le portrait d’une aristocratie libertine et
décadente dans Les Liaisons dangereuses (1782).

En 1791, Olympe de Gouges lutte pour l’égalité entre les sexes en publiant la Déclaration des droits de la
femme et de la citoyenne, une réécriture audacieuse de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
qu’elle juge imparfaite.

◊ La foi dans la science et le progrès


L’influence de Newton, dont la méthode est expérimentale, est essentielle. La réflexion doit se fonder sur
l’observation et l’expérimentation. Est « vrai » ce qui peut être vérifié.

Les avancées scientifiques font naître une foi dans le progrès. Les philosophes des Lumières pensent que la
raison et la diffusion des savoirs permettront une amélioration de tous les aspects de la vie humaine : vie
politique, sociale, morale, culturelle…

◊ La valorisation du sentiment

Au 17e siècle, les sentiments étaient vus comme néfastes (voir la représentation de la passion amoureuse chez
Racine ou Mme de La Fayette par exemple).

Le 18e siècle réhabilite la sensibilité qui devient un atout et un moyen de connaissance de l’âme humaine.
Pour Rousseau dans La Nouvelle Héloïse, les sentiments coïncident avec la vertu.

Les Lumières réhabilitent la nature humaine en montrant que l’homme est naturellement bon (voir Supplément
au voyage de Bougainville de Diderot).

◊ La recherche du bonheur

Le bonheur est une question nouvelle au 18e siècle.

Le 17e siècle est dominé par la figure du Dévot. La quête du bonheur terrestre a peu de sens : seul compte le
salut dans l’au-delà. L’homme étant foncièrement mauvais, il convient de lutter contre ses penchants mortifères
pour les passions et les plaisirs.

A la figure du dévot succède au 18e siècle celle du philosophe qui s’intéresse au bonheur terrestre.

Candide de Voltaire propose ainsi une philosophie du bonheur dans laquelle « il faut cultiver notre jardin« .

Pour Rousseau, le bonheur trouve ses fondements dans la nature et le sentiment. Pour les libertins, le bonheur
correspond à la recherche des plaisirs sensuels.

III – Figures de style dominantes et esthétique des Lumières


◊ L’ironie et l’antiphrase

L’ironie et l’antiphrase sont fréquents chez les philosophes des Lumières.

L’ironie est une arme qui permet de rallier le lecteur à sa cause par le décalage humoristique.

L’antiphrase de Voltaire au chapitre 3 de Candide est célèbre pour sa dénonciation efficace de la guerre :
« Rien n’était si beau si leste si brillant, si bien ordonné que les deux armées ».

« De l’esclavage des nègres » de Montesquieu est un faux plaidoyer ironique en faveur de l’esclavage.

◊ Le registre polémique

Le registre polémique est très utilisé au XVIIIème pour dénoncer les abus du pouvoir. En témoigne la tirade
de Figaro contre les puissants dans le Mariage de Figaro : « Je lui dirais… que les sottises imprimées n’ont
d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours ; que, sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge
flatteur ».

IV – Principaux auteurs et œuvres des Lumières


Le siècle des Lumières diffuse des idées nouvelles et exploite des genres nouveaux comme le conte
philosophique, le roman, l’autobiographie, le dialogue philosophique, le dictionnaire et l’Encyclopédie.
Les essais politiques comme L’Esprit des lois (1748) de Montesquieu et Le Contrat social (1762) de Rousseau
sont au fondement de notre démocratie moderne.

Diderot excelle dans le dialogue philosophique, genre dans lequel un personnage amène son interlocuteur, par
un jeu de questions/réponses, à trouver la vérité qu’il a en lui (Le Neveu de Rameau (1762-1777), Supplément
au voyage de Bougainville (1772)).

Les contes philosophiques de Voltaire brillent par leur ironie cinglante : Candide, Zadig, L’ingénu,
Micromégas…

Rousseau pose les fondements de l’autobiographie moderne avec Les confessions.

Le théâtre n’est pas en reste : Marivaux met l’inconstance de l’âme humaine au centre de ses pièces, comme
dans Les Fausses Confidences, tandis que Beaumarchais porte sur scène les revendications sociales du peuple
dans Le mariage de Figaro.

Le roman se développe. Lettres persanes, roman épistolaire de Montesquieu connait un succès fulgurant. Les
auteurs utilisent le thème amoureux pour étudier les ressorts de l’âme humaine et la complexité du rapport entre
la raison et la passion (Manon Lescaut (1775) de l’Abbé Prévost, Paul et Virginie de Bernardin de Saint Pierre,
La Nouvelle Héloïse de Rousseau).

Enfin, il ne faut pas oublier l’œuvre la plus emblématique des Lumières : l’Encyclopédie (1751-1766),
entreprise monumentale conduite par Diderot et d’Alembert qui entreprend de faire l’inventaire de tous les
savoirs de l’humanité pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Clique ici pour en savoir plus sur
l’Encyclopédie de Diderot.

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