Annales de Philosophie Chrétienne. 1830. Volume 32.
Annales de Philosophie Chrétienne. 1830. Volume 32.
Annales de Philosophie Chrétienne. 1830. Volume 32.
ÉCOLE LIBRE
S. Joseph de Lill«
/Il
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MIVTT.l^
DE
IPItlîILDiDlPMIS (gHIEll^Iîl^lIS.
Iir SZ2RIE.
AVIS.
fin du volume.
Comme les Annales sont lues par beaucoup de personnes , et sont un
livre d'usage ,nous nous sommes décidés à employer un papier collé
qui permettra d'écrire sur les marges comme sur un papier ordinaire,
et un papier mécanique fabriqué exprès beaucoup plus fort que les pa-
,
âmâl>:
DE
IPlIIIIIL(D§(î)IPI3iaiS (BiarBllîPIIIBSÏÎSIBj
RECUEIL PÉRIODIQUE
nrSTINÉ A FAIRE COSXaÎIRE TOUT CE QUE LES SCIENCES IIUMAI.VES BENFERMF.NT DE
PREUVES ET DE DtCOUVERTES EX FAVEUR DU CHRISTIANISME,
sous LA DIRECTION
DE M. A. BONNETTY ,
SEIZIEME ANNEE.
TROISIEME SERIE.
TOME Xlll.
(32* DE LA collection;.
PARIS
1846
TA EL F. hT.% ARTU.LlS. 5
N» 75. — MARS.
Examen critique de l'histoire de l'école d'Alexandrie, de M. Jules Simon
(4= article); par M. l'abbé V.-D. Caivigny. 165
Essai sur l'origine des traditions bibliques trouvées dans les livres indiens;
par M. le capitaine Wilford (3e article) ; traduit et annoté par RL Da-
NIÉLO. 179
Lettre critique de M. Séguier de Saint-Brisson , sur quelques assertions
des Annales, avec la réponse de M. Bo.nnetty. 209
Refus de la part du Coii-espondant d'insérer la réponse des Annales à ,
une lettre dirigée contre elles, avec quelques lettres sur la direction
suivie par les Annales-, par M. A. Bonnetty. 221
L'Amérique espagnole, considérée sous le rapport religieux, depuis
l'époque de sa découverte jusqu'à l'an 1843, de Mgr Gaétan Baluffi;
par M. Castelli. 230
Nouvelles et mélanges. Nouvelles des missions catholiques eitraites du
n' 104 des Annales de la propagation de la foi. Lettre de s* —
SàivTBTB GurcoiRi xTi à ,Mgr l'évèque dr Dioni. Résultats de la —
6 TABLES DES ARTICLES.
mission scientifique de M. le baron de Slane, cliarpîé par M. le îni-
nislre de l'Inslruction publi(iue de visiter les bibliothèques de 1 Algérie,
et de Malte. 235
Çolcmiquc |Jl)ilo50|3l)iquc.
EXA]\1EN
DES CHANGEMENTS FAITS PAR M. SAISSET
A SON ARTICLE CONTRE L.V PHILOSOPHIE CATHOLIOLE.
que par supposition les idées des Rationalistes; nous avions cité le
passage oti il avertissait de cette supposition. M. Saisset cite ce
passage (p. 279); mais il laisse la dernière phrase que voici:
Quoi qu'il en soit, nos argumens sur l'union indissoluble des
tf
» 7»^» (p. 338-). Il semble qu'il fallait tenir compte de cette dé-
claration ,
placée dans une note du commencement du livre.
M. Saisset cite eu outre, à l'appui de son système, un autre
Mais c'est qu'il donne une accepiioD fausse aux mots ioi et natu-
rellcmeni: par lol^ il est évident que saint Paul entend la /oijno-
sahiue; et par faire naiurellemcni une chose, il entend la révéla-
tion naturelle que nous admettons bien aussi; mais en notant qu'il
n'y a pas d'autre révélation naturelle que celle de la parole de
lanière à l'enfant, de la société à l'individu. Une révélation di-
recte do Dieu, peut avoir lieu; elle a lieu même souvent; mais
alors c'est une voie surnaturelle, extraordinaire, insolite ayant dans
l'Église catholique des règles extérieures et positives pour la
connaître et la discerner, sans lesquelles règles on tombe, sans
pouvoir s'en tirer logiquement , dans toutes les folies du Mysti-
cisme et Icsextravcujancesde L'Extase. Répétons-le, l'Église catho-
lique seule a des règlespour discerner cette révélation intérieure,
règles très-sévères qu'elle applique avec une grande sévérité ; et
la première de ces règles, c'est que larévélation surnaturelle, soli-
'
Cum enim génies, quœ legem non habent, naluralitcr ea quae legis sunt, fa-
ciuDl; ejusmodi legem non habentes, ipsi sibi sunt lex. Ad Rom. ii, 14.
2 Saint Paul, aux Gai. t, 8.
10 MODIFICATION DE QUELQUES OPINIONS
» lions civiles et politiques; eu nn mot, vous ôtez la civilisation. Il
» reste , sans doute , les germes de tout cela . mais ces germes pe-
» rissent avant d'éclore «Nous avions pris acte de ces pa-
*
(p. î 032).
roles, et nous avions prouvé qu'elles renfermaient cette théorie de
l'origine divine du langage (p. 215) que M. Saisset veut attribuer
exclusivement h M. de Bonald, et à M. l'abbé de Lamennais, et qui
n'est que la simple reconnaissance du fait naturel, que la connais-
sance se transmet à l'enfance par la parole. On dirait que M. Saisset
a été effrayé de la concession qu'il avait faite et de la légitimité des
conséquences que nous en tirions. Car il a purement et simple-
ment supprimé la moitié de la phrase, celle que nous avons trans-
crite en italique (p. 29Zj). A quoi bon? car il laisse subsister en
tête cette phrase : ces nobles instincts resteraient étouffés en nous
sans une culture assidue et régulière. Cela vaut bien autant que la
phrase qu'il a supprimée : ces germes périraient avant d'éclore.
Mais nous en convenons, il touchait ici à l'origine de nos con-
naissances, à cette question de la parole qu'aucun philosophe
éclectique que nous sachions n'a jamais osé aborder de front, ni
traiter à fond. 11 a donc passé le plus vile possible ; sachons lui
y> puissante qu'elle soit qui ait des Dieux aussi proches d'elle,
encore non d'avoir conçu Dieu, mais de l'avoir conçu phis dis-
tinctement que le vulgaire.... Nous pouvons lui accorder tout
cela, quoique encore nous serions curieux de savoir, dans la pé-
la note suivante :
» culte que les croyances morales et religieuses sont unies par une
"étroite solidarité...» (p. 283.) — Cette théorie avait été discutée
par nous dans notre examen de la Théorie de M. l'abbé Nogct %
et nous eu avions démontré le danger et la fausseté. Nous avions
surtout insisté sur ce fait qu'elle avait été Inventée par la philo-
sophie grecque et par Platon en particulier, lequel était excusa-
ble, parce qu'il ne connaissait pas la véritable volonté de Dieu,
la tradition de sa parole. Et nous citions VEuthyphron comme la
source où avait pris naissance cette théorie; laquelle, peu à peu,
avait pénétré dans quelques-unes de nos philosophies catholi-
ques. jVous avions eu soin de démontrer que la théorie de Platon et
de iW. Cousin laissait en dernière analyse la question indécise. M.
Saisset a jugé à propos de corroborer cette partie de la doctrine
de Y EutIvjphroH que nous avions citée, sans dire un mot des notes
critiques qui y étaient jointes. Pour l'instruction de nos philosophes
catholiques, nous répéterons dernière phrase de M. Cousin,
ici la
1 Nous avons dit que nous avions entre les mains une lettre de M. l'abbé No-
gel sur notre critique, .^prùs une conversation que nous avons eue avec cet bo-
noiable auteur, il a jugé ù propos de retirer celle leUre. S'il croit devoir nous
eu écrire une autre, nous la publierons avec plaisir.
16 MODIFICATION DE QUELQUES OPINIONS
qui peut la promulguer? Comment surtout M. Saisset a-t-il pu
dire Otez l'existence de Dieu^ ôtez l'immortalité de l'âme ,
: e
'
Préface, p . vin.
DE M. S/VlSSET. 17
» nature et sur ses droits(p.xi).>) — Nous l'avouons, et nous pensons
que c'est sur cela qu'il est possible d'asseoir une conciliation sa-
tisfaisante. Pour y parvenir, M. Saisset nous interroge, et for-
Nous allons mettre ses propositions sous les yeux de nos lec-
teurs.
1" a Contesterez-vousa^<$o/î/mcnf tous les droits de la pensée li-
chine ou un être mort. Nous savons que le créateur souffla sw- son
visage un souffle de vie ; et malheur et honte à celui qui répudie-
rait ce don divin vie, activité et liberté, trinité que nous tenons
:
de la Trinité même.
2° « Ou , sans vous précipiter dans cette négation désespérée,
» prétondrez-vous emprisonner la raison humaine dans l'étroite ré-
phie catholique n'est pas telle qu'il l'expose ;de elle est si loin
lui faire les concessions qu'il suppose que lui-même les ré-
ici,
dit:
« Eclairés cependant par l'exemple d'égaremens illustres et
))de chutes profondes, rappelés au beau souvenir du clergé de
''France et à la tradition de l'Eglise tout entière, pressés par l'in-
• dans vos livres, dans vos journaux, dans vos chaires, cette té-
que des çj^rmes qui seraient étouffés avant d'éclore, sans le secours
de la société j'ose vous le dire, monsieur, n'avez-vous pas man-
:
morale... La preuve que cette assertion est fausse, c'est que tous
les hommes, comme vous l'avouez, ne s'élèvent pas jusque là.
Or, quels sont ceux qui s'y élèvent; ceux exactement et seule-
ment qui vivent dans un milieu, dans une société qui possède ces
vérités et les leur donne. Je puis dire, sans aucune hésitation et
sans vous faire injure, que si vous étiez né au milieu de ces pau-
vres sauvages de la Nouvelle-Hollande, de la terre de Van-die-
men, tout en ayant toutes les facultés que vous possédez, vous
n'auriez pourtant aucune des grandes idées de l'infini, de loi fra-
min au monde, selon son système , toutes les grandes vérités mo-
rales et religieuses; enfin, quelles sont les vérités qui existent au
fond de toute âme Intmaine ,
qui, d'après M. Saisset, a besoin de
la civilisation sans laquelle elles ne seraient que des germes qui
mourraient avant d'éclore; il le voit; ses propres principes com-
battent contre lui.
ont trouvé les premiers,et mis au monde, les grands principes d'unité
divine et ùe fraternité humaine? Pourquoi n'en aurait-il pas été
<le même de Thaïes et ^'Heraclite, de Socrate et de Platon?
UV «ÉPJE. TOME XIII.— N" 73; 18^6. 2
22 MODIFICATION DE QUELQUES OPINIONS
Comme le dit M. J. Simon : « Platon, fidèle aux traditions de
» cette chaîne dorée à laquelle il appartient, reproduit les doctri-
» nés orphiques et pythagoriciennes (voilà la base traditionnelle)
D en y joignant le caractère de la philosophie et la logique de
) Socrale'. — Ou, comme le dit M. Cousin • dans le Phèdre de
•)
Platon , l'esprit attique se développe originalement sur la
•>
base du Pytliagorkisme et des traditions étrangères.... Encore
» une foiSjles traditions de L'Orient, celles des pythagoriciens par
.' \&m anii(iuiié , leur renommée de sagesse, leur caractère reli-
» gieux et les vérités profondes qu'elles renfermaient... servaient
)) de base aux conceptions de Platon; c'était, pour ainsi dire, l'r-
» toffe de sa pensée ^ »
—
Nous pensons comme M. Simon et
M. Cousin ; /aits que M. Saisset n'ignore pas et
ce sont là des
qu'il ne peut ne doit supprimer. Nous ne voulons rien ôter au
ni
traditions antiques ,
qu'elles soient pour ainsi dire V étoffe de ses
tout elles ne sont pas sans règle et sans guide, comme elles au-
ESSAI
SUR L'ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS, PAR M. LE CAPITAINE WILFORD.
ÎNTRODUCTION.
*
Le titre du Mémoire du cap. Wilford est un peu différend, le voici : Essai
Wilford. — Il est inséré dans le x' vol . des Asiatic researches , et a paru ù Lon-
dres, en 1811.
' J'use de termes analogues à mon sujet : on sait qu'en parlant du monde et
surtout du monde occidental , la Bible dit : les ilcs des nations {Gen. , x, 5). On
doit savoir aussi que les livres religieux de l'Inde, regardent les diverses parties
du monde comme autant d'î/es nouvellement sorties des eaux qui les séparent
encore les unes des autres, et sur lesquelles elles lloltrnt comme une barque ou
comme une plante aquatique. Voir, ri aprfs, l;i noir sur le l.adts du monde vl le
Mer ou.
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS. 25
que le soleil couchant va renaître dans l'aurore et nous donne
une idée des éternités sans fin en nous en représentant le cercle
,
dans le tenis.
Dieu l'a livrée aux disputes des hommes*. C'est donc à chacun de
s'en occuper. Four agir sur une chose, il faut la connaître : pour
modifier, pour influencer l'Asie, il faut donc l'étudier. C'est l'é-
tions, des points d'appui, sur toutes les zones du globe, le Chris-
tianisme peut donc le remuer encore, et présider à l'ère industrielle
même qu'elle est descendue, mais pour nous c'est donc aux :
dans les choses j'ai été heureux de les constater, mais je n'ai
:
point eu la peine de les créer. Voilà quel est mou travail pour
toute personne éclairée qui le lira de bonne foi. Elle y suivra la
tradition biblique, s'en allant, comme une sainte messagère, à la
tête des colonies primitives , par la Perse dans l'Inde et la Tartarie
par l'une et l'autre dans la Chine, de même qu'on la voit venir
par l'Egypte dans l'Asie-Mineure, de l' Asie-Mineure en Grèce,
de la Grèce dans l'occident et dans le nord de l'Europe. Sa mar-
che est sensible malgré la distance : on la voit couler sous les tems :
elle va vers les quatre vents comme les quatre fleuves ; ou plutôt
ce u'es^qu'uu fleuve, mais un fleuve universel et circulaire des-
cendant, comme la vie, de la montagne du Seigneur : c'est le Jour-
dain traversant l'Euphrate, l'Oxus, le Gange, le Riang,le Tanaïs,
le Danube, le Rhin, par de célestes canaux, et formant ensuite
une vaste mer autour du monde.
Si l'on pouvait s'étonner de quelque chose après cela, ce serait
de voir qu'il en est qui s'étonnent de trouver dans tous les cultes
et chez tous les peuples des lambeaux bibliques et des idées pres-
que chrétiennes : la merveille serait qu'il n'y en eût pas.
Mais ne m'occupant, dans l'ouvrage en question que de la haute
antiquité et des révélations primitives sur le monde et sur Dieu,
je n'ai point abordé les tems chrétiens, ni par conséquent signalé
l'influence du Christianisme en orient. Un savant l'a fait pour
28 ORIGINE DES TRADITIONS RIBLIQUES
moi mieux que moi. Ce savant n'est pas français les savans
et :
' LcSi4)inrt/<.'A- ont publia l'anal} se des travaux de ces «avants. Voir la Table gé-
nérale du t. \n et du t. xix , à ces noms.
,
Cependant tout cela ne lui a pas manqué au point qu'on l'a dit
et qu'on pourrait le dire encore. S'il avait une certaine facilité à
se laisser tromper, Wilford était consciencieux et honnête autant
que laborieux et instruit. Dès qu'il s'apercevait de ses erreurs
30 ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
il était le premier à les signaler. Sous ce rapport nous ne saurions
mieux faire que de le laisser s'expliquer lui-même en traduisant
ce qu'il en dit dans l'introduction générale des Essais. Il venait
de s'apercevoir que son Pandit ou docteur Brahmane l'avait trompé
dans des Pouranas qu'il lui avait demandés; sous le
les extraits
coup de cette surprise, Wilford s'exprime ainsi :
• Au moment de paraître devant le tribunal de la Société asia-
1 Ne serait-ce point là une des causes occultes du discrédit exagéré que l'on
affecte de jeter sur les travaux de Wilford ? On le plaisante mais on se garde bien
de l'allaquer corps à corps : il faudrait être de sa taille et de sa force. S'il s'était
vère Horace Wilson, loin d'en parler légèrement, eu parle avec respect dans le
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS. 31
« Ce que dans l'Inde on appelle les îles sacrées de l'ouest '
et dont
Soiiiia-douipa, cest-^-dire l'Hc blaucke, est la principale et la plus
fameuse, c'est dans le fait la terre sainte des Hindous. C'est li
qu'eurent lieu les événemens fondamentaux et mystérieux de
leur religion dans son origine et dans son progrès. L'île blanche,
cette terre sainte de l'ouest, est si intimement liée avec la re-
ligion et la mythologie indienne, qu'on ne l'en peut séparer, et par
une conséquence nécessaire, cette île est connue des Théologiens
de l'Inde autant que l'Arabie des Musulmans les plus éloignés.»
Mais quelle est cette île Blanche % cette terre primitive des Hin-
dous? Wilford, et je le conçois, a varié à cet égard. Il avait d'a-
bord prétendu que c'était la Crète; là, du moins, il trouvant un
Manou, Minos; plus tard, mieux renseigné, à son avis, il soutint
que c'était ï Angleterre. Libre à luL Je savais bien qu'on a dit
que dans les derniers tems de la religion druidique , il venait
des Druides d'Albion ( la blanche) dans les Gaules, mais j'igno-
rais que dès les premiers âges du Brahmanisme, il en partit,
comme aujourd'hui, des Brahmanes pour les Indes. Wilford
passe ensuite aux difficultés qu'il trouva dans la composition
de son ouvrage, et à la cause qui en retarda la publication.
xvji* vol. des Recherches asiatiques, p. 607, ses Remarques sur les au début de
parties des Dionysiaques deNonnus que Jones et Wilford avaient signalées comme
le rapportant aux Hindous et à leur poème du Maha-Bharata ou de \a grande
guerre; Wilsou dit, après avoir cité ses deux illustres devanciers : u Des opinions
venant de tels parages ne peuvent pas manquer d'avoir leur poids légitime; b
[opinions comiug front Sicck quarters could nol fait to carry duc Wcight ,) et
c'est d'après cela, qu'il se met à faire ses remarques. Certes, Wilson n'eût ni
parlé ni agi de la sorte, si l'opinion de Wilford n'avait pas d'importance et ne
faisait pas, en quelque sorte, autorité dans la science. Que dire après cela de ceux
qui, avec moins de droit, en parlent si légèrement?
* Peut-être Wilford prend-il trop à mot île cependant il savait
la lettre le ;
bien que dans la langue des Hindous le mot douipa île, signiûe aussi coniinetil.
D'où il suit que les Douipas de l'ouest voulaient dire tout aussi bien tes contrées
que les îles de l'ouesL D'ailleurs les Hindous regardent tous les conlinens comme •
fécondant de celte fleur-univers, le Mcrow s'élance de son seinel porte sur sa cime
les trois, les six ou neuf cieux l'un sur l'autre, et sous sa base, les trois, les six ou
neuf enfers en sens inverse.
- Ne serait-ce pas le désert , les plaines de la Perse, de la Clialdéeou les mon-
tagnes blanchies de neige (Hima-laya) ?
32 ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
a Une heureuse, dit-il, mais désolante découverte, ajouta au re-
tard de ma publication, bien que je n'eusse jamais eu le moindre
doute sur l'exactitude et la sincérité de mes citations les ayant ,
rien.
«Ainsi, quand je commençai à étudier le sanscrit, j'étais obligé
de parcourir avec de pésans volumes sans y trouver
difficulté
parmi les Hindous (qui en pareil cas ont une merveilleuse apti-
tude à plier et h rentrer en reculant dan-, votre opinion ), l'éle-
34 ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
vèrenl encore dans mon estime. J'affectais de le considérer
comme mon gourou ou directeur spirituel ; et à certaines fêtes,
nais pour son établissement passait dans ses mains son avarice ,
' Ceci pourrait expliquer ce disparate de couleur de style et de pensée que l'on
trouve «i souvent dans les livres hindous et même dans les vcdas.
,
mais pour jurer par tout ce qu'il y a de plus sacré dans leur reli-
gion , l'authenticité de ces extraits. Après leur avoir fait une sé-
vère réprimande pour cette prostitution de leur caractère sacer-
dotal, je refusai de les laisser procéder à leur serment.
'Ici se termine le récit des tromperies de mon brahmane : ce-
pendant ses travaux ont du bon, et sa volumineuse collection d'ex-
traits m'est encore d'une grande utilité parce que chacun d'eux
luge sur les eaux duquel la terre délivrée des mains du démon Ihjagriva, par
Vichnou , s'éleva llottanle comme un Lotus.
. .
»Ha, appelé aussi Waet Ira, était le fds de Noë, et Ila-pati est
autres, que pour cela même je cite dans cet ouvrage, avec celles
des Egyptiens et des autres mythologistes, est si frappante qu'elle
prouve une identité originelle. Car, dans mon humble opinion
'
Wilfoni pn'parail cncort' un aiiire l-'^sai (juc nous ne trouvons pas sur celte
,
dut y avoir l'œil. Si tous ces traités doivent ôlre exempts des
soupçons qui planent sur leurs nîncs, h plus forte raison celui
que nous traduisons et qui a pour objet Y origine, les progrès et.
liste,, mais dont il parle dans son introduction. L'objet de ce mémoire que nouî
ne connaissons pas est si curieux, que malgré la longueur de ces citations préli-
ininaires, nous ne pouvons nous empêcher de donner. encore ici la traduction <le
ce qu'eu dit l'auteur ce passage supplée à VEssai qui nous manque, mais le fera
;
regretter. Jamais encore la science <les langues n'avait osé jeter un plus vaste
coup d'œil sur le monde. S'il y a de la témérité, il y a aussi une érudition
immense et même du génie, ce qu'on pourrait dire plus d'une fois de VVilford
.Aprts avoir parlé de ses Essais sur la géographie et la mythologie des Hindous et
sur les contrées intermédiaires entre l'Inde et les îles Britanniques dont on trou-
vera des extraits ci-aprcs, il ajoute : « On verra dans le cours de ces essais que la
Britanniques. Dans toute cette zûne immense, on voit reparaître en divers lieux
les mêmes notions religieuses originelles, sous diverses modifications, comme on
doit s'y attendre ; et il n'y a pas une différence plus grande entre les dogmes et
le culte des Hindous et des Grecs qu'entre ceux des églises de Rome et de Ge-
nève.
D Quant aux langages de celte zone, leurs mots radicaux, leurs verbes et leurs
noms, avec d'autres noms qui s'en déduisent régulièrement, sont généralement
sanscrits. On ne doit pas s'attendre cependant à ce que leur grammaire respective
conserve quelqu'affinité : c'est le destin de toute langue en décadence de perdre
graduellement ses cas, ses modes, ses tems de second ordre, et d'employer des
verbes auxiliares dont le sanscrit use rarement et jamais que par nécessité. J'ai
ubservé cet état graduel de décadence du sanscrit dans les dialectes qui sont en
usage dans les parties orientales de l'Inde. Dans le plus bas de ces dialectes, j'ai
vu que bien que tous les mots soient un sanscrit plus ou moins corrompu, la par-
tie grammaticale en est pauvre et défectueuse, exactement comme celle de nos
langages modernes en Europe, tandis que la grammaire du plus haut dialecte de
l'Inde est au moins égale à celle de la langue latine. Nul idiome ne revient d'un
tel étal de dégradation : tous les rafiinemens de la civilisation et de la science, ne
pourront jamais remettre en usage un mode ou un cas perdu. Les améliorations
en ce genre , consistent uniquement ù emprunter des mots aux autres langues
et ù en créer de nouveaux au besoin. C'est la remarque d'un éicinent écrivain
moderne, et l'expérience montre qu'elle est parfaitement juste. De plus, i'ulpha-
bel sanscrit, dégagé de ses doubles lettres el de celles qui sont particuliùres ù cette
langue, est l'alphabet pélasgique; et chaque lettre de l'un d'eux se trouve dans
40 ORIGINE DES TUADITIONS BIBLIQUES
est l'avant-dernier et que par conséquent Wilford devait avoir
une profonde connaissance du sanscrit et une grande expérien-
l'autre ou dans ceux qui eurent cours jadis en Europe, ul maintenant je prépare
un court essai sur ce sujet intéressant, n
Il p:iraît que Wilford n'a point achevé ce dernier et intéressant Kxsai; dn moins
ne nous l'avons pas trouvé parmi les autres : nous lo regrettons. Quant à ce qu'il
dit de ceUe vasie zone sanscrite qui sétend d'orient en occident . c'est une opinion
jîénéralenient admise dans la science. C'est ainsi qu'on est do nos jours : on se
moque d'un homme, on le décrédi(e il on lui prend ses idées.
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS. 41
Science (îlatl)oliquc.
L'ENSEIGNEMENT TIIÉQLOGIQIE
DANS LES GRANDS SÉMINAIRES,
S'nuumc article'.
erreurs coulemporaines. —
Méthode la méthode syllogislique ne peut plus
•
n'est rien sorti de ces essais malheureux. Ces tentatives sans résul-
tat ont découragé les esprits les plus actifs et les plus entrepre-
nans. Pourtant, si l'on avait suivi de près les applications d'une
bonne pensée, il eût été facile de se convaincre que la stérilité
des résultats venait de la méthode et non pas de l'idée. En effet ..
terrain vivant des faits, si par une méthode saisissante vous les
46 RÉFORME DE l'eNSEIGNEMENT THÉOLOGigUE
jetez dans la tempête des agitations contemporaines , vous verrez
bientôt la clialeur et l'action rentrer dans les études ihéologiques.
D'ailleurs, dans quel but demande-t-on si généralement, pour
les sujets les plus distingués, des éludes supérieures? Pour deux
raisons fondamentales , qui toutes deux nécessitent une connais-
sance véritablement approfondie du rationalisme contemporain.
Nous allons insister sur ce point.
La mission du jeune clergé ne devra pas se borner simplement
à conserver dans la foi les âmes véritablement fidèles. Il doit aussi
travailler ardemment à reconquérir les esprits égarés. La société
rationaliste nous touche de tous les points par ses doctrines et par
son influence. Elle respire avec nous l'air de la patrie; elle
parle notre langue ; elle nous coudoie, pour ainsi dire , de tous
côtés. Le prêtre qui vivra dans ce monde composé d'élémens si di-
vers, ne doit pas s'attendre à voir tous les fronts s'abaisser respec-
tueusement devant son caractère sacré. S'il veut s'enfermer dou-
cement dans la portion lidèle de son troupeau, il coulera facilement
des jours purs et sereins. Maiss'il a véritablement le zèle qui dévore
et qui brûle , il ne pourra laisser s'égarer dans les sentiers perdus
tant d'âmes dont il est le pasteur et le père. Loin de briser avec
elles toute relation sociale , il s'attachera, pour ainsi dire, con-
constatée. Il ne faut pas croire, pour cela, qu'il ne soit pas avide
d'aborder les grandes questions delacontroverse chrétienne. L'i-
gnorance de la théologie catholique est si grande aujourd'hui, qu'on
environne avec une inquiète curiosité les prêtres qu'on sait sa-
vans. Si, à une connaissance profonde de la polémique catholique,
joignent une tendre compassion pour leurs frères égarés, une
ils
pourtant pas pour les besoins des jeunes prêtres qui doivent exer-
cer le ministère des campagnes. Il se trouve, dans les plus hum-
bles villages, des personnes qui ont fait des études, et vis-à-vis
desquelles le clergé doit prouver sa connaissance de la science
sacrée. J'avoue bien volontiers que si, par études ordinaires, on
entend liailh/ pour la théologie, Ménocliius pour l'exégèse , lU"
rmdt-Bcrcasiel pour l'histoire de l'église, \c Manuel de Lî/oupour
la philosophie, lobjeclion est véritablement invincible. Mais si
d'énormes efforts pour intéresser les jeunes gens dès qu'ils ont
du sérieux et de l'intelligence. Il ne faut pour cela que leur
parler leur langue , et soyez certains que vous en serez toujours
compris alors. Mais si vous vous attachez à réduire en formules
arides ce magnifique ensemble de faits saisissans qui doivent for-
mer un cours de hautes études, ne vous étonnez pas si vous ne
produisez que la fatigue et l'ennui. Le siècle où nous vivons est
éminemment hostile à la spéculation; il dédaigne les dissertations
éclairés ne passent pas leur vie ;\ gémir sur les tendances de leur
époque, ils s'en emparent avec énergie et vigueur, pour les niai-
les de Wette, les Bohlen , les Gésénius, les Bauer, les Quinet, les
Michelet ' , nous livrent aujourd'hui bataille sur le terrain de
Ihistoire. Il nous est impossible, sans contredire toutes nos idées,
de ne pas accepter le combat. Le rationalisme est sorti des rê-
ves métaphysiques et des utopies creuses. Il attaque le Christia-
Bauer, V Évangile; du Welle, \c% deux Testamcns; MM. Michelet et Quinut, sur-
tout VUistoire du Christianisme depuis J.-C.
52* RÉFORME DE l'eISSEIGNEMENT TÏIÉOLOGIQL'E
tin, nous pensons aussi, avec la théologie de Saint- F lour qu'il est très-
'
liilirma niuntli elcgil Deus ut confuiiUal lortia. SaiiU Paul, i Cor. i, 27.
DANS L»^? GRANDS SÉMINAIRES. 53
liées de Icpoque conleiiiponiine. Le siècle oublierait volonlieis
les sévères eDSCÎgneinens de la foi , si la foi ne daignait pas par-
ler sa langue. Cette condescendance est d'autant plus facile, que
l'admirable clarté de la langue française, sa marche logique et
débarrassée (rinversions.la reudeirt tout -à-fait propre aux discus-
sions sérieuses. N'est-ce pas dans cette langue que Bossuet aécrit
l'admirable Wsloire des variations et YExpositioii de la doctrine
eatholiijîie, Fénelon le Traité de L'Existence de Dieu, et Pascal ses
Pensées? Nous ne sachons pas qu'en latin on ait jamais mieux dit.
I.'abbé F. Eooua?.d.
EXAMEN ClUTIQUE
DE L'HISTOIRE DE L'ÉCOLE D'ALEXANDRIE,
PAR M. JUI-ES SIMON PROFESSEUR AGRÉGÉ DE LA FACULTÉ DES LETTRES
,
pEiûihne article \
Originelle l'école il Alexandrie. — Elle est jugée très-ilii renient par les historiens
'juges prévenus, dont l'opinion, trop peu éclairée, n'a point été
suflisamment équitable ^ " — Ticdmann seul, parmi les grands
historiens de la philosophie , lui paraît avoir été « le plus impar-
))lial et le plus vrai. » Or, voulez-vous connaître les aveux que
lui arrache cette impartialité? Voici: «Il ne dissimule pas les
obscurités dont s'enveloppe la pensée de Plotin; il blâme sa
" théodicée, qui est en effet insoutenable^ dit M. B. Saint-Hilaire;
mais il loue beaucoup ses preuves de l'immatérialité de l'Ame
et de la liberté de l'homme '. Il réfute la théorie du premier
principe, et de l'Un ineffable; il repousse celle de l'émanation,
et le Panthéisme qui en sort nécessairement *. « Nous n'avons pas
1 Ibid., p. 10.
2 Ibid., p. li.
* Expression de M. B. Salut- Hilaire, p. 13.
* Ibid. , p. 13.
' Ilid. p. 47.
,
lilei la phrase «le M. B. Saint-Hilaire; la voici dans toute son étendue : a Tout
»en réfutant du premier principe et de l'Un ineffable, tout en rcpous-
la tliéoric
Kinanu n'hésite pas à dire que la doctrine de Plolin a rendu de grands services u
n la philosophie par sa direction toute rationnelle, a Eh. bien! nons avonons
franchement ne pas comprendre quels sont ces grands serTices que Plolin a ren-
dus ù la philosophie. Sa direction toute rationnelle le conduit à bûtir une théo-
dicée qui est insoutenable ; elle le jette dans une théorie du premier principe, «t
de rUn ineffable queTiedniann, lui-même réfute; elle lui inspire une autre théo-
riede Vcmanatio^i qui mène nécessairement au Panthéisme, et que Tiedmann rt-
pousse aussi! Et tout celei s'appelle servir la cause de la philosophie! Vraiment.
c'est étrange.
^ Les travaux de M. Cousin, son édition de Proclus, ses articles sur Eunape et
nquibus Cbristiana religio tcmporibus nata, landiù rougnû cum laudc stelilquan-
»(liù aliqua super in orLe fuit ingenioruni libertas; qunrtum vero jum circa sx-
Dcuium, non mutaly ratione scd mulato domicilio, exul ab Aiexnndriû Athenas
Ticonfugit.. CcUe école lui paraissait la plus riche et lu i)lus importante d'-
. 1)
DE l'école d'alexandrie 57
Lliisloirc de la philosophie et celle de l'esprU iiumaiu no pou-
vaient que gagner îi la révision plus impartiale et plus savante
d'un procès qui, comme on l'a dit de bien d'autres, a été jugé,
>
mais n'a pas été instruit ^. . Il loue donc V Académie des sciences
tnoralcs et jwtitirives, d'avoir ouvert un concours à l'effet de ré-
former ces critiques fausses et calomnieuses. El nous aussi, nous
voyons avec plaisir les résultats qu'il a produits les mémoires :
rudilion , mais aux progrès même de la philosophie moderne. Plus lard, je trouve
que M. Cousiu n'a plus mis si haut la sagesse alexandrine; eu 1829, celle
école, qu'il avait choisie d'abord comme le modèle de Vccleciismc, à ses yeuv
n'est presque plus éclectique; il l'accuse d'un w^sac/snu: exclusif; malmène
assez rudement son ontologie, sa Ihéodicée; Proclus lui-même, bieo qu'il
reste toujours un esprit du premier ordre , u'esl plus le soùlien de la philosophie
et de la liberté.... t D'où vient ce chaugenieul dans l'esprit du professeur de
1829, c'est que de 1820 à 1829, l)ien des impressions différentes l'ont traversé. »
(.'est qu'en 1829, l'enthousiasme doal il s'était d'abord épris pour l'école d'Alexan-
drie; il l'éprouve alors pour Kant^ Hegel, etc. L'objet de ses éludes a changé;
d'autres diront que la réflexion a mûri ses idées ; toujouis est-U que les Alexan-
drins n'ont pas à s'en louer.
'
Jbid., p. j^.
,,,,
» n'est pas; il n'y a pas une vérité philosopkiquc et une vérité reli-
r>gieusc ^.
'
M. J. Simon, llistnirc de Cccolc d'Alexandrie, t. ii, p. G^'C. — Nous prenons
acte (le ccUe dcrnitrc phrase : non, il n'y a pas une v6rilé philosoplàrjuc el une
véiilé religieuse ; il n'y a (|u'unc seule vérité, une seule religion révélée cl prcs-
ciilc à riiomnie par Dieu Jui-iutœe. A. B.
OE l'école n'ALEXANimiE. 59
'alexandrin ne doivent pas nous cacher ce que sa njélhode a
nie grand elde puissant '. » Que faut-il en penser? Interrogeons
son système. Un système:, on la dit bien des fois, n'est que l'ex-
pression de la méthode; cherchons-y donc cette grandeur, cette
puissance dont nous parle M. J. Simon, et comme Plotin est son
représentant le plus illustre , attachons-nous à lui d'abord.
« Toute cette école, nous dit iM. J. Simon, est, pour ainsi dire,
• concentrée dans lui ; là est la force, là est toute la doctrine; le
» reste n'a de valeur que comme un écho affaibli et défiguré de la
'•pensée de Plolin -. » — M. li. Saint-Hilaire le prend sur un
ton non moins élevé; ou dirait qu'il embouche la trompette épique
pour exalter son génie et chanter sa gloire. « Plotin n'est pas
"Seulement l'honneur de la philosophie alexandrine il est cer- :
odée des rêves encohérents d'un homme de génie, que d'un sys-
''
Histoire de Vccole d'Alexandrie, t. i, p.
"•
Ibid., t. II, p 2.
60 EXAMEN CRITIQUE DE l'HISTOIRE
»tèrae organisé et réglé par une pensée vigoureuse et maîtresse
«d'elle-même... II faut un long travail pour voir dominer dans ce
«chaos quelques grands principes auxquels tout se rattache *. »
Mais ces considérations générales ne nous suffisent pas; pour
porter sur Plolin et sur sa philosophie un jugement irrécusable ,
•>
L:,s<u ::i'r •
'
p niii^op^nC ' ''i > d.ifju'i); ai) Siï sifCiC ;
ne I (: Ole a Alcx:iiiai iC;
p. J02.
DE L*ÉCOLE D'ALEXANDRIE. 61
"il rampe sur la terre plus vil que les bêtes destinées à y vivre et
»â y périr ; rendez-lui ce sens sublime , il s'enivre et court aux
» abîmes '.
1 (jt que vous diUi c.->i m ji; uuaM jjiLU li .1 jii.i: titiiiit il i Jii'JiUiiu le Atna uc l'c-
tcrnelcl dudiiin^ comme .vous rcnlcndcz ; il lui fait connaître l'un eU'auU-e par
la révélation iicbilivc de la parole qui ne peut ni l'avilir ni l'enivrer, A. B.
,
62 EXAMEN CRITIQUE DE l'iMSTOIRE
»Je ne dis point que la luélljode dialectique conduise nécessai-
«rement au Panthéisme, je dis qu'elle y incline par une inipul-
»siou naturelle que les plus fermes génies n'ont pu surmonter. Cette
» méthode consiste en effet essentiellement à poursuivre en toutes
«choses ce qu'elles contiennent de persistant et de simple, l'élé-
»ment positif, substantiel. Vidée , comme disent les platoniciens.
»0r, ce principe absolu et parfait auquel la dialectique aboutit
» par tous les chemins , soit qu'elle interroge la nature , soit qu'elle
» sonde la conscience humaine, ce principe où tout ramène une
«âme de philosophe , depuis les astres, qui roulent dans les cieux
«jusqu'à l'humble insecte caché sous l'herbe, ne semble-t-il pas
»qu'à mesure que la pensée s'élève vers lui, elle se détache du
«néant pour arriver à l'être, qu'elle dépouille, en quelque sorte,
«les objets qu'elle abandonne de toute la perfection et de toute la
» réalité qu'elle y peut saisir, pour la transporter pour la rendre ,
«doit incliner également vers tous deux. Quel est le point de dé-
«partdela dialectique ? La profonde insuffisance du fini. Quel
»est le dernier terme où elle aspire? l'infini, l'absolu, l'être
«dans sa plénitude et sa pureté. Et quel est l'instrument de ses
«recherches? Ce ne sont pas, sans doute, les sens et l'imagina-
«tion, qui ne se repaissent que de phénomènes; c'est la raison,
1 Ces paroles sont parrailoDient vraies ; mais M. Saissct ne touche pas encore
au point qui eiUraîne forcément le dialecticien au Panthéisme; ce point le voici :
le dialecticien suppose la vérilc inlicrcnt(i à l'homme, lequel n'a besoin que de le-
fléchir pour Valleindrc en soi ; elle suppose que l'homme est nécessairement un
elidentific avec la vérité, avec Dieu. C'est là le pur Panthéisme. A. B.
,
HE l'École d'alexandrie. 63
(lui atlcinl les lois, les causes, les essences. Mais la raison,
.
niCMne quand on la délivre du joug de l'imaginalion et des sens,
' conçoit les choses dans de certains rapports et sous de certaines
«conditions: elle aperçoit les objets dans le tems, où elle-
' Nous aimons voir M. Sai.sset faire bonne justice de ce Dieu de ta diatcdiqucy
<iui,il Taulbicn le reconnaître, n'est pas le dieu de la tradition. Ce dieu, produit
<lu syllogisme n'est pas le Dieu qui nous a créés, qui nous a donné des lois et
des piéceples. Elle ne nous le ferait jamais connaître si la tradition ne l'avait
conservé, s'il ne s'était révélé lui-niîmc. Avis aux philosophes catholiques : a Per-
r sonne ne connaît le père, si ce n'est le Dis , et celui à qui le fils (et non la dia
piter ceux qui en font usage. Nous avons aussi la solution du pro-
blème qui se présente ici naturellement : comment Plotin et les
Alexandrins sont-ils tombés dans le 3Iysticismc ? Est-ce par l'abus
d'une rnàlwdc? ou bien, y ont-ils été, comme le veut M. B.
Sainl-Ililaire , entraînés par une loi fatale ^ ?
'
M. E. Saisset, ibkL, p. 109, 112.
Jes uns aux autres, et qui ivxposait celte épreuve dernière à la pliilosopbic
grecque pour l'y faire succomber. » {Ibid, , p. xxnij. S'il en est ainsi , ils sont
vraiment bien à plaindre, ces Alexandrins! Pourquoi sont-ils venus à une
époque où le Mysticisme devait fatalement apparaître dans le monde philoso-
phique? Us sont tombés dans de graves erreurs, ils se sont perdus dans des rê-
veries mais comment avoir le courage de leur adresser le plus léger reproche ?
;
Voyez plutôt: les autres systèmes avaient fait leur lems, c'était le tour du Mys-
ticisme: une loi fatale le ramenait , i! leur fallut bien la subir. Est-ce leur faute
s'ils ont vécu pendant cet âge de fer de la philosophie ? Il faudra dire la même
chose de tous les grands criminels; il n'ont été que les instrumens d'une loi fa-
née humaine f t. ii, p. 78). — Au reste, il est facile de remarquer que M. H. Saint-
Hilairc n'est ici qu'u;; écho : le mérite de l'invention ne lui appartient pas ;
quand
il nous parle de cette succession fatale da syslàncs philosophiques , il écrit sous
l'infiuence des idées de M. Cousin. C'est bien lui, tout le monde le sait, qui a
importé en France celle doctrine d'origine allemande et qui surtout l'a mise à la
DE L ÉCUl.C AL^XANDRiE. U»
scr 1 usage, fixer la limite de la Dialectique? Évidemment, quand
c'est la Dialectique elle-mt'me qui est la méthode ou la rèple
il n'en existe pas ; car il faudrait une dialectique pour régler la
' « Qu'on arrive, dit Plotin , à se méconnaître soi-même dans cette contempla-
»lion de lui , uni à lui , et qu'on arrive à s'unir à lui autant qu'on le peut. » vi^
2 Avis à ces philosophes catholiques qui veulent encore admettre dans l'ùme hu-
maine des idées, des vériics latentes, que la parole ne fait <\uc développer ou
éclairer. A. B.
. ,
»le moi cesse d'être lui-même '. « «Ainsi, dit ailleurs M. Cou- —
ssin , faute de savoir s'élever à Dieu par la route légitime et dans
» la mesure qui a été permise, on se jette hors du sens commun
»on tente le nouveau, le chimérique, l'absurde même, pour at-
» teindre à l'impossible '... Mais on ne se révohe pas ainsi inipu-
» nément contre la raison. Elle punit cette fausse sagesse en la 11-
"vrant à l'earrrauaif/ance ^ )
70 NOUVEAUX ESSAIS
Cittérntiirf (irontciîH)Ovaîne.
'
1 vol. in-y. Prix : 7 fr. 50 c; cbcz L. Hacliellc.
d'uistojrf. mttéraire. 71
irisies résultais de ses rapports avec la uièce de Fulbert. Dès
lors commence la phase décroissante de sa gloire et de son
génie. On le voit successivement passer de l'abbaye de Saint-
Denis au Paraclet où il obtient encore quelques succès; puis au
couvent de Saint-Gildas de Ruys, près Vannes. Il y avait là une
grande réforme à opérer. Abailard la tenta; mais au lieu de
réformer, il irrita, car, depuis sa chute, le fiel se mêlait à la
vanité. » Mettez, remarque avec beaucoup de raison M. Gé-
» rusez, Norbert ou Bernard îi Saint-Denis, même à Saint-Gil-
» das , et je vous assure qu'ils ne seront pas traités comme lui ;
'
Le quadriloge est une allégorie. Le poêle suppose qu'une femme, pleine à
France. Elle est appuyée sur une colonne fi demi-brisée; à ses pieds se Irou-
vaieut trois de ses en fans, l'un debout ( l'ordre des guerriers), appuyé sur sa
bâche, pensif et soucieux ; l'aulre (le clergé) a en vesteraent long sur un siège
j) de coslé, cscoulant et taisaul o ; enfin , un troisième ( \c peuple) , couvert dt;
lambeaux, était renversé par terre , et il semblait que toute force lui nian-
qnait. Ou reconnaît là les trois ordres de l'Iîlat. Celle f nuue leur reproche
d abord de ne songer qu'à leurs débals et à leurs propres intérêts , au lieu de la
servir. Quand ils ont essayé de se justifier, elle les presse fortement de se réu-
2 Pa-re C5.
!
DHISTOIRK LtTTÉRAlRh:. 1',)
(sic). Mais un beau jour, appelé par ses études à revenir sur ce
'
Je soupçonne Voltaire , dit M. Gérusez , d'avoir jeté les yeux sur ce passage :
Maître Jean, vous porterez l'aumuse, vous aurez même un bénéfice, » lorsqu'il
souci àonneni à Paris , sous les piliers des Halles, aux jours gras
de 1512. Cette troupe joyeuse profite des licences du carnaval
pour répandre dans le peuple quelques vérités hardies sur la
politique et la religion. Nous avons là un échantillon de la comc-
diepoliticiue sous ]jOms XII; mais il faut bien en convenir, il n'est
*P. 178.
' La Foulaiiie
76 NOUVEAUX ESSAIS
propre à séduire bien des jeunes cœurs?... Et puis , si nous ap-
plaudissons au jugement de M. Gérusez sur le Contrat social, sur la
Nouvelle Héloïse, nous ne pouvons l'approuver quand il nous parle
de Viitilité de l'EmiYe.- quand il nous le représente comme un puis-
sant promoteur versle bien. Il contient quelques vérités, soit; mais
ne sont-elles pas comme étouffées par les erreurs les plus perni-
l'effet de ce poison
cieuses? Et croit-on qu'elles puissent détruire
violent administrée fortes doses? Quoi qu'on dise, nous tenons
pour l'arrêt du parlement , pour les auathèmes de l'autorité re-
ligieuse et pour le mandement de Christophe de Beaumont contre
V Emile. L'éloquence des lettres de La Montagne , la prétendue
bonne foi des Confessions de J.-J. Rousseau, ne nous séduisent pas
davantage. Au risque de passer pour avoir des vues trop étroites,
nous repoussons ces ouvrages , car nous les croyons dangereux
pour Fâge mûr comme pour la jeunesse. Et encore une fois, c'est
à celle-ci que l'on destine un livre où ils se trouvent prônés.
Mais laissons-là les reproches, il nous est pénible d'avoir à en
adresser à M. Gérusez que nous croyons animé de bonnes inten-
tions. Admirons plutôt ces traits sur Fénelon, instituteur, qui
«faire écouter; car lors même qu'il n'est pas nouveau par le fond,
«il a, grâce au tour ingénieux et délicat de sa pensée , la nou-
«veauté de la forme (p. /i28). » Les Essais d'histoire ne
Littéraire
llonudlcs et ilUlttuqcs,
EUROPE.
père. 11 se met en roule pour les Montagnes rocheuses. Les sœurs ins-
truisent à Wallamette les femmes et les enfans pour la première com-
munion, elles fondent un pensionnat. En voici le prospectus par tri-
mestre « 100 livres de farine
: 25 livres de lard ou 36 de bœuf, 4 livres
;
de l'Europe.
fi. Statistique de VEglise catholique aux États-Unis, en 1845.^-11
V a maintenant 2t diocèses; 1 vicariat apostolique; 675 églises; 592
. 572 prêtres missionnaires; 137 prêtres dans les séminiaires
liapelles;
cl collèges; 22 institutions ecclésiastiques; 220 séminaristes 28 col- ;
grecs; 3° les Arméniens; *<> les Maronites ; S" les Syriens 6» les Chal- ;
mission catholique. Les chefs sont venus le trouver et lui ont dit :
« Evêque n'aie pas peur. Nous savons que tu n'es venu ici parmi nous
,
«que pour nous faire du bien. Nous savons aussi (jue tu ne te mêles
«pas des affaires politiques, continue d'en agirauisi. et lu n'as rien
" à craindre. »
ASIE.
à une rude épreuve lors de l'irruption l'an 1230, des bandes tarL;i; es con-
duites par le terrible Gengiz-Khan, quiavaitportéla-désolationdanstoutes
les provinces asiatiques , mais plus particulièrement dans la malheureuse
Arménie. Cent cinquante ans après lui , Tamerlan , le fléau du genre hu-
main, plus cruel encore, arracha tous les Araratiens à leur pays natal.
Plus de 600,000 familles , sans compter celles qui parvinrent à se réfu-
gier dans les montagnes , ou qui étaient tombées sous le sabre tartare,
furent , comme un immense troupeau chassées à coups de fouets et de
,
mais il commanda de rassembler avec le plus grand soin les livres et ma-
nuscrits des Arinéniens , des Géorgiens , des Syriens et des autres peuples
qu'il avait soumis, et de les réunir à Samarcand -, ou ils furent déposés
'
Vol. iu S", au comptoir di'5 imprimeurs-unis, quai Malaquais, n" 15; prix 7. fr.
^ Samarcand, située sur le Kouvan, est une grande Tille, autrefois florissante et
dre la preniii're ville du monde, y amena de toutes les contrées de l'Asie les ar-
NOUVELLES ET MÉLANGES. 81
lans un cfult eau-fort : ot défen-îo expresse fut faite . sous les peines les
leurs mains, de leurs yeux, de leur bouclw, que jamais ces peuples fana-
tiques ne purent deviner en lui un chrétien. M. Khatcadotir vint il y a
huit ans , à Calcutta , et entra au service de la compagnie des Indes.
Plus tard, il entreprit un voyage à travers l'Afghanistan et parvint jusqu'au
pays deSamaroand. Il ne nous dit par le but de ce voyage périlleux. Il
était sans doute chargé par la Compagnie d'explorer en détail ces con-
comme tous les Cheiks s'étaient empressés de lui donner les recomman-
dations les plus honorables , il fut reçu favorablement par les savans et
IfS ministres.
• Mais il avait à remplir une mission que lui-même s'était donnée : il
lisans les plus habiles avec les objets les plus précieux. Elle fait partie maioteiiaiU
ou sont morts, ou sont devenus fous. Sans s'inquiéter de toutes ces sot-
tises, M. Khatcadour fit des démarches auprès des ministres, qui essa-
yèrent de le faire renoncer à son dessein. On entend disaient-ils dans , ,
ce lieu mystérieux, des bruits étranges, des luttes violentes entre les
anges et les démons .- les premiers gai-dent les livres saints, les seconds
ceux des intidèles. Ces derniers sont nombreux , ils vous étrangleront
indubitablement. M. Khatcadour leurrépondit qu'avec les merveilleusses
amulettes qu'il avait rapportées de la Mekke, il i)ravait toute la puissance
des démons.
y Enfin il obtint cette permission tant désirée. Accompagné de quel-
ques serviteurs des ministres porteurs d'un ordre adressé aux gardiens ,
porte était défendue par des serrures et des cadenas énormes. Là,
M. Khatcadour se prosterna et récita le namaz. Les gardiens lui présen-
tèrent les clefs en disant . ' Si Dieu est avec vous
vous pourrez ouvrir
,
'Ct entrer ; nous nous retirons, et dans une heure nous viendrons vous
" chercher mort ou vivant. "
Pour examiner ces trésors il faut des années et il n'a (ju'une heure , , !
Cependant il s'approche d'un gros livre ayant plus d'un pied d'épais-
seur, long de six , et large de quatre : il veut l'ouvrir, la couverture,
qui n'est autre chose qu'une planche pourrie, se brise entre ses doigts.
Débarrassé entin de son enveloppe , ce livre est formé de feuilles épaisses
en parchemin ; les caractères sont grecs ; il porte pour litre écrit en
dialecte arménien : Histoire des anciens héros de toutes les nations , par
les pontifes du temple de Diane et de Mars. M. Khatcadour tourna plu-
sieurs feuillets et vit partout les mêmes caractères ; il voulut alors exa-
miner les hvres qui se trouvaient sous celui qu'il avait ouvert le pre-
mier mais il était si lourd qu'il fut obligé d'y renoncer. Il se dirige
,
alors d'un autre côté il (.xamiiic le premier ouvrage qui lui tombe sous
;
NOUVELLES ET MÉLANGES. 8-«
autre, c'est une poésie en vers arabes. Il ouvre ensuite deux ou trois li-
vres grecs dont les auteurs lui sont inconnus un autre enlin, ce sont les ;
• Apportez-moi vite de l'eau pour me laver car j'ai touché les livres des ,
- (le fermer la porte , car j'ai fait fuir tous les démons dans le désert, au-
-dclà de Gog etMagog. "
- M. Khatcadour revint ensuite chez ses amis , et feignit de se repen-
tir de son entreprise : il se disait tout souilb' par le contact des livres
impurs, et cela sans dédommagement, puisqu'il n'avait pu trouver le
l'on a lus plus haut, et dont nous pouvons, en toute sûreté de con-
science, certifier l'exactitude et l'authenticité. "
84 BIBLIOGRAPHIE.
<Biblio9ra|)l)if.
qui ait encore paru, comprend les fêtes et dimanches de Noël à l'Epiphanie.
Ce court espace de tems a suffi pour remplir un volume de même format et
dimension qne VAoent liturgique. Le seul office de Noël, accompagné d'une
traduction nouvelle, de savans commentaires, de réflexions propres à nourrir
et à élever la piété, occupe cent trente pages. L'auteur à suivi, du reste, la
méthode tracée dans son Avent. Les trésors de la liturgie romaine et des au-
tres anciennes liturgies d'Orient et d'Occident lui ont fourni des morceaux ,
d'Eglise aux fidèles. Calqué en quelf[ue sorte sur le Bréviaire romain qui en
est comrAe la moelle et la substance, ce recueil contient en outre une multi-
tude d'hymnes, proses, traits et autres compositions sacrées empruntées aux di-
vers livres d'office approuvés par l'Eglise, et se recommande à cet égard d'une
manière toule particulière aux nombreux amateurs de la littérature chrétienne,
il serait à désirer que l'ouvrage de D. Guérenger se répandît parmi les catho-
liques lettrés; parmi ceux-là surtout qui, fatigués et sentant tout le vide de la
poésie profane, ne connaissent pas encore, n'ont jamais pu connaître, faute de
recueils spéciaux, toute la richesse de la poésie catholique.
Notre intention n'est pas, du reste, de nous étendre en ce moment sur le mé-
rite de celte publication , nous réservant d'y revenir et d'en parler plus au long
dès que la deuxième partie du Tems de Noî-l aura paru.
'
Chez Sagnier et Bray, libraires, rue des Saints-Pères, C/i, ù Paris. Et chez
Fleuriot, éditeur-libraire, au Mans. Prix :
.'3
f. 75 c.
-
ANNALES
DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.
numéro 74. — Ihvkt 1846.
polémique |31)ilosopl)iquc.
EXAMEN CRITIQUE
DE L'HISTOIRE DE L'ÉCOLE D'ALEXANDRIE,
PAR M. JLLES SIMON, PROFESSEUR AGRÉGÉ DE LA FACULTÉ DES LETTRES
DE PARIS, MAITRE DES CONFÉRENCES DE PHILOSOPHIE
A l'École normale, etc.
THÉODTCÉE DE PLOTIN.
Comment Plolin s'élève jusqu'à l'Un. — Son Dieu est ineffable, — Illui refuse
l'eiislence ,
— la raison , — la pensée de lui-même et des choses, — la liberté.
— Il une Providence. —
n'est pas ne peut être vertueux. — Critique de ce
Il
'
De C Ecole d' Alexandrie , p. 8.
- Voir dans les Annales, 3« série, l. i, p. 212, un arl. sur la Ihéodkèe de Platon
cl sur celle d' Aristote.
.
î OTi filv OJV M rriv v.yxyu-/riJ -nOt-ri^u^doLi et j £v, xai ouXtiBùi ij , ùXXà. uy]
SiOTt&p rà KÙv. év, â :ro/Àà Svra ^îrox»5 ^^à^ Êy, Enn. v, I. 5, C 4
^ « On ne peut pas même dire son nom (le nom de Dieu], on ne peut rien dire
de lui, si ce n'est: il n'est pas cela. En
le nommer, on ne Tembrasse
essayant de
pas; car il serait ridicule de prétendre embrasser cette nature infinie. Prétendre
le faire, c'est s'en éloigner soi-même; c'est ne pas même conserver la trace la
plus légère qui puisse y mener. C'est comme lorsqu'on veut voir la nature intel-
ligible ^ il faut repousser toute idée du pour contempler ce qui est au-
sensible
dessus du sensible : de même celui qui veut contempler ce qui est supérieur à l'in-
lelligible, doit laisser de côté tout inlelligible. Alors, il le contemplera, sachant
seulement qu'il est, mais ne cherchaut point à savoir ce qu'il est. Ce qu'il est
88 EXAVEN CRITIQUE
l'esprit en connaît, si tant est qu'il en connaisse ou qu'il en soup-
çonne quelque chose , ne peut être exprimé par
langage. Le le
Mais si Piotin ne peut pas nous dire ce que son Dieu est, sMl
pas. Le Un, nous l'avons vu, a pour premier caractère d'être au-
dessus de l'être , è-é*Biva toO ov-oç. Il est impossible d'élever
le plus léger doute sur ce point : les paroles de Piotin sont ex-
presses. • Fiien , nous dit-il, de ce qui appartient aux autres
«ne peut appartenir, et par exemple, l'existence'^. »
lui « Que —
• Piotin, remarque M. J. Simon, en dépassant la dernière limite
»de l'être, ait entrevu que le rb itpûTo-j ne devait pas subir les
«chir des lois que notre raison impose à tout le reste, c'est ce
» qui ressort évidemment du caractère de sa doctrine ; mais au-
manifesterait ce qu'il n'est pas ; car l'Un ne peut pas être telle chose, puisqu'il
n'est pas même quelque chose. Mais nous autres hommes, dans nos doutes pareils
ne vaut que par son opposition à la pluralité et c'est ; là ce qui que les P}-
fait
cterche commence par ce qui, de toutes choses, exprime le mieux la parfaite sim-
plicité , et arrive enfin à nier ce nom même qui n'a été admis que comme le meil-
leur possible par celui qui l'a donné. Mais ce nom ne suffit pas du tout pour ex-
pliquer cette nature, parce qu'on ne peut même l'entendre, parce qu'il ne peut
inédit d'un alexandrin, Ilérennius, sur celle même question ; elle est due à M. Se-
'
Voir le 2» article, dans le n" précédent, ci-dessus, p. 66.
^ Enn. 5% 1. vu, c. M. Trad. de M. B. Saint-Hilaire, p. 287. —« Qu'est-ce
tdonc, dit-il ailleurs? Le Premier ne vit donc pas? On ne peut pas dire qu'il
ïvivc, puisque c'est lui qui donne la vie. Enn. 3', I. iz, c. 3. Ibid. p. 231.
DR l'histoire de l'école d'alexandrik. 89
« trc chose est de déclarer que l'être n'est pas univoque en Dieu
«et dans la créature, auti-e chose d'établir au sommet de la dia-
fuse, en efl'et, ces attributs; il les lui rend, il est vrai, plus tard;
Le bien n'est pas même en lui il est dans les autres. Les
• suffit. .•
••autres choses, en effet, ont besoin de lui mais lui ne peut pas :
90 EXAMEN CRITIQUE
«un Dieu, qui non-seulement a fait le monde, mais qui l'a
«fait volontairement et librement; c'est un Dieu qui le con-
«naît et qui l'aime, un Dieu qui le conserve, un Dieu qui le gou-
"verne...; qui, loin de nous par sa grandeur, en est tout près par
• sa bonté, qui veille à nos besoins, connaît nos fautes et connaît
i^ surtout * nos vertus; qui nous relève quand nous succombons
Ȉ nous punit quand nous avons failli, et nous garde
la fatigue,
Dieu sera donc cause, non point libre, il est vrai. Il produira
nécessairement le monde ; et s'il y a des degrés dans la nécessité
celle qui pèse sur lui est la plus absolue qui se puisse imaginer;
elle frappe jusqu'au mode de sa production. Aussi est-il impos-
sible de supposer qu'il aurait pu ne pas faire ce qu'il a fait, ou
le faire autrement, ou ne pas le faire de toute éternité. Nous
trouvons là l'antécédent des doctrines de Spinoza K
Ce monde qu'il fait, parce qu'il est dans sa nature de le faire,
«lui ont pas donné du moins la pensée des choses qui sonl moindres que lui et
squi viennent de lui.»PIotin, Enn. 6'', l.vii, c.37, ibid.\}. 283. Là encore Plotin
disserte três-longuemenl pour montrer que Dieu n'a pas la pensée de lui-même.
1 Prenons garde de sacrifier ^ la bonté de Dieu sa justice et sa sainteté.
3 Voir Spinosa. Ethique, \" partie, prop. 33. • Les choses qui ont été pro-
duites par Dieu n'ont pu i'ôlre d'une autre façon, ni dans un autre ordre. Dé-
monst, La nature de Oirn élant donnée, toutes choses en découlent nécessaire-
ment (en ïertu de la proposition 16), et c'est par la nécessité de cette même
nature qu'elles sont déterminées à exister et à agir de telle ou telle façon (par
la prop. 29 ). Si donc les choses pouvaient être autres qu'elles ne sont ou èlre
déterminées ù agir d'une autre façon , de telle sorte que l'ordre de la nature fût
diUérent, il faudrait aussi que la nature de Dieu pût être autre qu'elle n'est. «
Trad. de U. E, Sais$et,
.
tion que nous avons posée est là ; pour la saisir, il n'est pas né-
cessaire de presser ses paroles , elle se présente naturellement.
.<Et pourquoi, dirons-nous avec M. J. Simon, connaîtrait-il le
«monde? Ce serait, au point de vue de Plotin , penser le néant;
« la conception du moindre être est une dégradation de la pen-
» sée. Pourquoi surtout Dieu voudrait-il ce monde ? En a-t-il be-
»soin ? Peut-il l'aimer? Peut-il le désirer? On n'ose pas affirmer
»de Dieu qu'il ait besoin de lui-même, qu'il s'aime , qu'Use con-
» naisse ; comment soutenir qu'il aime le monde et qu'il le fait volon-
ulairement? Dieu est nécessaire; son action est nécessaire; son
» produit est nécessaire. Le monde est éternel , il ne pouvait ne
«pas être; il devait être tel qu'il est; il est déterminé dans son
» tout , dans ses parties , dans son mouvement. Il n'en a pas moins
B besoin de Dieu : Dieu est la cause nécessaire, le monde est l'effet
«nécessaire. On ne peut donner place à la liberté , sans introduire
• du même coup le hasard, et sans séparer le monde de Dieu \ »
"Dieu est libre; mais pour concilier celte opinion avec le reste
«de sa doctrine, il transforme tellement la liberté, que d'après
»la définition qu'il en donne , l'essence même de la liberté con-
» siste à ne pouvoir point choisir ^ »
' On pourra peul-êlre nous opposer quelques passages dans lesquels Plotiu ad-
met le dogme de la Providence mais à quoi ces citations aboutiront-elles? A nous
;
donner des preuves nouvelles de ses contradictions. Pour nous , nous croyons,
avec M. J. Simon, que t malgré ses efforls pour l'introduire dans son système,
«tout son système le repousse. » Tom i , p. 463.
2 Eiin. 5*, lib. i , c. 7.
''
Proclus, Comm. Parm. lom, vi, p, 54-
' /fi4f . , lopi. I, p. 291-92.
94 EXAMEN CRITIQUE
Et veut-on savoir, en dernière analyse, où aboutit ce système?
Laissons parler encore M. J. Simon « Si l'on ne peut affirmer de
:
»Dieu qu'il est une pensée, une volonté, un être, n'est-ce pas à
"force de le grandir, arriver à/e nier d'une façon absolue? Et cet
«échafaudage d'une philosophie qui repose toute sur la nature
»de Dieu, et qui ne peut émettre aucune affirmation sur Dieu,
» n'est-il pas un cercle vicieux , bon tout au plus à prouver l'im-
^raîiitions :3lntique0.
ESSAI
SDR L'ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
TROUVÉES DANS LES LIVKES INDIENS, PAR M. LE CAPITAINE WILFORDl.
' Le mémoire de M. Wilford est intitulé : Essay on the sacred isles, in the
religion in India. Asiatic researclies, vol. x, p. 27, elc. Edit. in-S». London,
1811.
2 Voir le 1" art., au numéro précédent, p. 24.
'
Les Pouranas sont les livres de l'Inde les plus sacrés après les Védas. Leur
nom signifie Histoires anciennes et sacrées , et c'est en effet ce qu'ils contien-
nent. Ce sont les livres mythologiques de l'Inde, comme les Védas on sont les
nes, qui consistait à adorer un seul Dieu, et les élémens comme étant sa mani-
festation visible. Dans les Pouranas se déploient les contes et s'agitent les héros,
rehgion du peuple et môme celle des Brahmanes. Voir pour ces livres et les longs
extraits qu'ils en donnent, les 'A" et 3<' volumes de V Histoire et tableau de l'u-
nivers.
" Le Palala , c'est le monde inférieur, c'est l'abîme, c'est l'enfer des Hin-
dous.
TROUVÉES DANS LES LIVRES lîJDIENS. 9T
téshumaines accumulées sur elle les dieux eux-mêmes s'y plai-
:
c'est ce qui n'est pas clair : cependant il est possible qu'ils vi-
rent bien que s'ils admettaient que ces prophéties s'étaient ac-
< Les Daityas sont les mauvais génies, les Dcvatas sont les bons-
'
Voir Asiat. resear., t. \i, p. 267.
^ Le Kali-youga est le dernier des quatre âges des Hindous : c'est Vâgc de
fer, c'est l'âge de l'horrible et impitoyable déesse Kali, l'âge du mal et de l'ini-
ne les fissent porter sur quelques uns d'entre eux. Les mages
de l'Écriture, qui vinrent de l'Orient, étaient également dans l'at-
sous une forme ou sous une autre, se trouvera la base de toutes les religions de
Tantique , et peut-être môme en y regardant bien du moderne Orient, En effet, ,
plus je Tétudie et plus je vois que les traditions primitives y sont mieux conser-
vées qu'on ne pense; presque partout, mais surtout en Egypte, en Perse et dans
l'Inde, l'Islamisme ne sert à couvrir par les formes extérieures de son culte, qu'un
fond deBMisme, d'Ozirisme, de Magisme, àe Brahmanisme et de Bouddhisme.
Quant au Manou, Menou ou Manas l'occident en a fait mens, esprit manare,
. ,
emanare et le nord en a fait man, homme. On eut les lois de Minos, en Cr^le
,
comme on a les lois de Manou dans l'Inde ; c'est ainsi que pour peu qu'on fasse
des études générales et sérieuses, que l'on presse les motset que l'on pousse les
à force d'erreurs qu'elle trouve la voe droite, c'est à force d'ellipses qu'elle dé-
crit son cercle, et son cercle décrit , elle rentre au foyer paternel comme l'enfant
prodigue.
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS. 99
•
nouveaux Ascs ou dicui priieiil alors le nom dos anciens, cl se
tlonuèreut comme les Ascs ou les Diciix réels. »
gnalerait de nouveau.
2. Traditions sur un Messie chez les Hindons, conservées dans Vicramaditya. — Les
prophéties des anciennes sibylles n'étaient que les traditions des pays de ces
mêmes sibylles. — Traditions du PoUion de Virgile, comparées avec les tradi-
tions indiennes.
voulais pas faire usage de ces traditions avant de les avoir re-
trouvées dans les larges extraits faits par l'ingénieux et infati-
» Quand j'ai fait mention des vers sibyllins, je n'ai nullement en-
tendu désigner ces vers apocryphes qui sont justement rejetés par
les savans, mais les véritables; mais ceux qui existaient au tems
de Virgile et dont le témoignage ne peut être une question ni
un sujet de controverse. Que ces prophéties aient été réellement
écrites par des femmes inspirées , ce n'est pas pour le moment la
question : ce qui est certain, c'est qu'elles avaient cours dans tout
l'Occident, et cela suffit pour mon dessein. Il y en avait plu-
sieurs, et c'étaient les plus anciennes qui venaient de l'Orient.
y avait une sibylle en Perse", une en Chaldée, une en Egypte^
Il
^ Les pandits sont ce qu'on appelle généralement, chez les Hindous, les doc-
teurs, et surtout les docteurs en théologie, ou, si l'on aime mieux, en mylhologie;
caria religion des Vêdas est tombée en désuétude, ainsi que les Vcdas eux-
mêmes sont lombes dans l'oubli ; ce ne sont guère que les Pottranas qui sont lus
désormais, c'est leur religion qui domine. Les pandUslcs expliquent. Cependant ils
doivent connaître aussi les Vêdas. Il y a des Brahmanes qui ne sonlqued'unVêda,
c'est-à-dire qu'ils n'en étudient qu'un : il en est qui sont des quatre Vêdas , c'cst-
é-dire, qu'ils les connaissent tous, mais ceux-là sont rares, si tant est qu'il y en ait.
Ainsi les pandits sont les docteurs, les gourous sont les dirrcieurf.
' Pkoc. X, c. 5, et Hist. diverses, xii, c. 35.
,
âge d'or (Krita-nouga) pour l'univers entier. Déjà règne ton Apollon.
Ce sera sous ton consulat PoUion que cette gloire du siècle écla-
, ,
alarme éternelle.
Cet enfant vivra de la vie des dieux il les verra se mêler aux hé- ;
incultes , et la dure écorce des chênes suer pour toi des miels liquides ^
' Par la grande année des siècles, les grands mois, il faut entendre une période
d'années, ou plutôt de siècles, après laquelle le soleil, la lune et les autres pla-
nètes doivent se retrouver, par rapport à la terre, au même point du ciel où l'on
suppose qu'ils étaient au commencement du monde ; c'était la période antique.
C'est encore la période de cette Inde, réceptacle et chaos de toutes les croyances
antiques. C'est sous ce rapport que l'Inde est curieuse, et que pour bien connaître
l'antiquité; il faut la connaître.
- Ici, comme dans beaucoup d'autres auteurs anciens, les grands mois sont sy-
nonymes de grandes années ; ce sont les grandes périodes , et peut-être aussi les
grandes semaines.
' C'est ainsi qu'il est parlé de Criclina dans les livres de l'Inde. On sait que
lit* SÉRIE. TOME XIII.— N" Ik; 18/i6. 7
102 ORIGINE DES TRADITIO.NS BIBLIQUES
Cependant survivront quelques restes de l'ancienne perversité des :
hommes viendront qui auront l'audace de tenter encore Thétis par leurs
flottes, d'entourer les villes de remparts et d'enfoncer le soc dans la
terre il y aura un autre Typhis, un autre Argo qui portera aux aven-
: ,
vexe du monde qui s'ébranle sous son poids vois les terres vois les ; ,
océans vastes, vois les cieux profonds, vois comme tout tressaille de
joie dans l'attente du siècle qui va naître 2.
Crickna est l'un des plus grands auatars de Vichnou, le dieu de lu bonté, le dieu
delà réparation, qui, comme nom, Vichu,pcnclrc paLt-
l'indique l'origine de son
tout: c'est l'espril de vie, c'est l'eau, mère des choses. Ou sait aussi que avatar
est un mol sanscrit qui veut dire descente, c'est une descente ou une manifestation
divine sur la terre.
* Il est reconnu, dit Wilford dans un autre mémoire, par les mytliologisles de
l'Inde comme par ceux de l'occident, qu'à chaque renouvellement du monde, les
mêmes générations ont lieu de la même manière; les mêmes héros reparaissent,
accomplissant les mêmes faits.
2 Pour l'explication de celte fameuse églogue, voir la Dissertation de MgrGras-
sellini, insérée dans le tome vi , p. 208 et 298, des Annales (3' série).
3 Pour être exact, c'est 5t<a au lieu de Lakchmi, que Wilford eût dû dire, car Lak-
cAnij, c'est la Vénus de l'Inde, et 5ùaencst l'Hélène; comme l'épouse deMénélas,
Sila fut enlevée cl causa une grande guerre. V Iliade, qui chante l'enlèvement
d'Hélène et la vengeance des Grecs, est le poème le plus ancien et le plus populaire
TROrVÉES DANS TES LIVRES INDIENS. 103
et los suites nécessaires de la rénovation du monde. L'âge de fa-, ou
le Kali-youga chez les Hindous, finit, d'après Virgile, quelque
tenis avant le Christ, dont ce poète n'eut pas connaissance. D'a-
près Hésiode cl les Djaïnas *
de l'Jndo, le A'«/i-j/o//<7a commença à
peu près 1000 ans avant le Christ et dura même nombre d'an-
le
dans Rome , qu'il y était rais au nombre de ses plus savans hom-
mes, et telle était la supériorité de ses connaissances dans les ma-
thématiques et dans les autres sciences basées sur elles, qu'on le
tait que la même chose était annoncée dans les vers de la sibylle.
1 Auclor est Julius Maralhus aate paucos quam (Augustus) nascerclur menses,
prodigium Roma; factura publiée, quo enunliabatur regem populo rotnano Natu-
ram parlurirc; Senatum exterritum sensuisse, ne quis illo anao gcnitus educa-
retur ;<iOS qui gravidas uxores liaberent, quo ad se quisquc spem tra/ieret, curasse
ne senatûsconsuUum ad a;ranum defferrelur. Suétone, Vie d'Auguste, n" 94-
2 Voir le supplément à Tile-Live, Dccad. cii-, c. S9.
histoire, est regardé dans l'Inde, selon Wilford , comme le Christ ou comme son
émanation. Parfois aussi nous verrons ce Vikramaditya, dont le nom signifie Gé-
nie à la triple énergie, se confondre avec Salivahana ou le Crucifié, que l'oa
désigne, au reste, sous plusieurs no-ms, comme nous allons voir.
étaient plus sages que les Juifs qui, en soutenant que le Messie
n'était pas encore venu, se sont perdus dans d'inextricables diffi-
'
Voir Reland, De Samaritanis , p. d5.
- Le Mahabhavata est le second poi-me épique de l'Inde, dans l'ordre chrono-
logique, mais le premier dans l'ordre littéraire. Il s'y trouve des morceaux de
la poésie et niùme de la philosophie la plus haute. Voir dans Vllist. et tableau de
CUnivers. [om, m, le chant du lienkeureux.
,
* Djambhou-dvipa, mot sanscrit qui veut dire en général île ou terre habitable.
Les Brahmares en font souvent et presque toujours le nom de Y Inde , V\m\e
étant ù leurs yeux comme chaque pays est aux yeux de ses habitans, la terre ou
Vile par excellenee. Jedisi/e, car toujours perdus dans leurs idées des eaux
universelles, les Hindous ne voient sur le globe que des îles au lieu de ronlinens.
Ces lies, o\xduipas, situées au sein des vastes mers, ils les comparent aux pétales
divers du lotus. Ce lotus symbolique i.3t l'image du monde qui s'épauouit et flotte
sur les eaux primitives du grand abîme, j il forma la terre et donna naissance aux
plantes, aux animaux et aux hommes.
2 Voir Rech. asiat, t. j, p. 2 et 'à.
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS. 107
lièrement dans les Pmiranas, qui tous sont de beaucoup posté-
rieurs à noive ère, bien que le fond de leurs légendes et leurs ma-
tériaux en général existassent auparavant sousquelqu'autre forme.
«Cependant, comme l'incompatibilité et la contradiction sont
lesconipagnes du mensonge et de la déception , on peut supposer
que quelques circonstances et quelques particularités , tendant à
soulever le voile que l'on a essayé de jeter sur ces événemens ,
auront échappé. C'est ce qui est même très-probable. Mais comme
je n'avais jamais eu avant le moment actuel la pensée , même la
dans les notes ci-defsus, ce qu'était le Lof ?/s. Quelquefois il signifie la simple (leur
de ce nom , mais quelque fois aussi il signifie bien autre chose, et devient l'em-
blème du monde ; alors c'est sur?es feuilles, avons-nous dit, qu'habitent les hom-
mes, c'est dans son calice que vivent les génies, c'est de sa corolle qu'en guise de
germe, s'élève l'immense et sacré Merou.
2 Le Ganéça-pourana , est le Pourana de Genéça, dieu débonnaire, mais
monstrueux : il a la face et la trompe d'un éléphant, un énorme ventre d'homme
sur des jambes de fuseaux; on le dit une des formes ou des émanations de Vichnou.
11 est maintenant, dit-on, le Dieu le plus adoré dans les Indes : on en trouve l'idole
dans tous les champs, sur tous les chemins et dans tous les carrefours. On lui fait
force offrandes et l'on n'entreprend jamais rien sans le consulter: c'est le Dieu du
bon éténement , boni eventùs, des Hindous.
108 ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
à-dire, dans le Padma-pourana, Bali,
ou plutôt géant anté- être
diluvien, né dans la 5^ génération après la création du monde,
est représenté demandant au Dieu des Dieux , à Vichnou ^ de lui ,
accorder de mourir de sa main afin qu'il puisse aller dans son pa-
radis situé dans Vile blanche l Vichnou lui dit que c'était une
faveur qui n'était pas facilement accordée ; qu'il la lui accor-
derait néanmoins ; mais ajouta le Dieu. « ïu ne peux pas venir
» dans mon paradis maintenant ; tu dois attendre que je m'incarne
wsous forme d'un sanglier, afin d'opérer dans le monde un re-
la
» , de l'établir et de le consolider sur une base
nouvellement total
»ferme et permanente. Il te faut attendre un Tow^a entier, pbur
• que cet âge nouveau que je te promets remplace celui-ci; alors
* Vichnou est le Dieu des Dieux pour ceux de sasecle, pour les Vaïchnaviies,
mais uou pas pour les autres. Pour les Çivaïles, c'est Çiva-Mahadeva, Çiva le
grand Dieu ;
pour les Bouddkisles c'est Bouddha pour
;
les Jahiistes, c'est Jalna.
Enfin, pour les Vêdantins philosoplies et puritains c'est Brahma ; le créateur, ou
plutôt BraAm, l'éternel, l'universel et unique BraAm, le père du créateur et
de la création.
2 Tous les grands Dieux de l'Inde ont un Paradis particulier: c'est un jardin
de délices, situé généralement sur les flancs du Mérou ; il est des Dieux qui ont
plusieurs paradis et dans plusieurs lieux. Il ne faut donc pas s'étonner d'en voie
ici deux Hanche dont il est que&tion dans ce passage, est une île
à Vichnou. Vile
célèbre dans les Pouranas; quelques-uns y voient la Crète ; mais il est une autre
île blanche bien plus sainte encore, qui se trouve dans la mer blanche. Selon
Wilford, celle mer blanche c'est l'Océan du nord, et cette île mystique où vont
les âmes, où finit le monde et où se trouve le paradis de Vichnou, c'est la grande
Bretagne. Je n'ose être eu ce point comme en bien d'autres^, de l'opinion
, de
l'ingénieux Wilford , mais je le cilc comme curieux, comme pouvant réveiller les
^ Ces parties, dit W^ilford dans une note, sont des parties constitutives de la
même en Perse. Dans l'Inde , on dit que ce sont des années divines ; mais en Llru-
rie, et en Perse, ce u élaicut que des années nalureiles,
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS. 109
nombre rond clans le Ganéça-pourana, et comme il n'y est point
ditque les 5,000 années sont des années divines, nous avons \h
une raison de supposer qu'originairement elles étaient prises pour
des années naturelles. Guncra, qui est identifié avec Viclinou, et
qui a aussi un paradis secondaire dans Vile blanche et un autre
dans le Pont-Euxin ou dans la mer û'Icshou, parle ainsi à un roi
deCasiouZ)t'Har«,roidu monde antédiluvien, et qui, comme Z>a/i,
désirait beaucoup être admis dans son Elysée :« Tu ne peux, lu!
excepté une autre, qui, selon ces livres sacrés des Hindous, et
même selon les nôtres, doit paraître un peu avant la dissolution
générale de l'univers.
,,
Le cap. WILFORD.
Traduit et annoté, par M. Daniélo.
STRAUSS ET SES ADVERSAIRES EN ALLEMAGNE. IM
polémique (!:atl)oliqiu\
LE DOCïELPi STRAUSS
ET SES ADVERSAIRES EN ALLEMAGNE.
Scpticmc article'.
GRUUCH ET GELPKE.
Le doule est inhérent à tous les écrits des Proteslans. — Griilicb, en abandon-
nant la tradition, perd la seule base solide de la réfutation de Strauss. — La réa-
lité de la personne de Jésus e:tpliiiue seule les travaux des Apôtres. — Gelpke
réfute Strjuss par la réalité de la résurrection de Jésus. — Il la prouve par
l'eiégèse, par la psychologie, par l'histoire.
'
Vojcz ses Aveux cl son Lsaut >!<< it inati de Jésus.
conceptions.
ET SES ADVERSAIRES EN ALLEMAGNE. I 13
à tous les doutes qui s'étalaient fi ses yeux avec tant d'au-
dace et de franchise. Il y a, en ellet, quelque chose dans cette
inquiétude qui n'est pas sans fondement. La science du Protes-
tantisme a fourni ,
pour une réfutation de Strauss, des matériaux
de la plus haute valeur scientifique. Mais s'ensuit-il que les doc-
teurs protestans soient véritablement placés sur un terrain so-
lide, pour saper par la base toute Texégèse des mythologues ? En
abandonnant le principe sacré de la tradition n'ont-ils pas sa- ,
' fee R. P. de Ravignan l'a supérieurement démontré. Voir, dans les Annales,
les Conférences de 1841, t. m (3« série), p. 249.
ni LE DOCTEUR STRAUSS
vine lumière, qui vient, dans ces derniers jours, d'éclairer tant
de nobles intelligences ! Ils ont compris, les Seage7-, les Wai-d, les
Newmann , les OaA'e/c?/, les Fa/^e?-, qu'il fallait redevenir dalho-
lique si l'on voulait rester Chrétien. C'est là une de ces vérités
fondamentales qu'avait entrevues dans la nuit des tems le génie
pénétrant de Bossuet, et que le progrès de l'histoire vérifie tous
les jours-
Est-ce que Griilich n'entend pas lui-même retentir à son
oreille le bruit toujours plus voisin des orages de l'avenir ? Ce
n'est pas, en effet, la seule témérité de Strauss qui l'épouvante;
c'est qu'il semble entrevoir derrière lui comme une foule révo-
lutionnaire qui va bientôt faire rouler son niveau de fer sur tout
ce qui reste du passé. Elle a grandi dans les écoles du Protestan-
tisme, cette jeunesse qui veut continuer l'œuvre de Luther en fai-
sant de l'Athéisme de Hegel la religion définitive des Eglises pro-
testantes. Est-ce qu'elle fait mystère de ses intentions et de ses
doctrines? Est-ce qu'elle n'était pas, l'année dernière avec les ,
Après avoir exprimé toutes les craintes que lui cause la nou-
velle théologie qui se répand de Berlin dans toutes les Eglises
germaniques, Griilich passe à l'examen de la Vie de Jrsus , telle
i
.
ne pourrait refuser à celui qui a fait bien plus qu'eux, les grandes
ressources de caractère et de génie qui n'ont manqué à aucun des
hommes dont l'humanité garde un souvenir profond. Il est donc
obligé, pour essayer d'expliquer tous les faits , d'avoir recours à
une hypothèse qui renverse complètement la première. En effet,
comment expliquer l'enthousiasme de l'Eglise primitive ? Com-
ment comprendre ces immenses travaux, ces combats sans fin,
ces morts héroïques? L'impression que la personnalité du Christ
avait faite sur tous ses auditeurs fut si sérieuse et si profonde,
qu'elle leur fit voir, entendre, toucher, comme des réalités sen-
sibles, tous les vains rêves d'une imagination exaltée par les sou-
venirs vivans de leur maître bien-aimé. C'est ainsi que toute la
merveille s'explique : tout est illusion et fanatisme visionnaire,
1 1 6 LE DOCTEUR STRAUSS
et depuis dix-huit siècles, le monde civilisé adore un fantôme su-
blime, rêvé par l'esprit enthousiaste d'ignorans pêcheurs gali-
léens !
* Les témoins de la résurrection, juges d'après les règles du barreau; dans les
Démonstrations évangéliques de Migne, tome vu, p. 440.
2 La religion chrétienne prouvée par la résurrection, Ibid, , t. vni, p, 294.
3 Observations sur la résurrection. I.id, t. x, p. 1018,
' Preuves de la résurrection,
» Reimarus, de Hambourg. C'csl-à lorl qu'on les dit de Lessing.
1 Grimma, 1836.
2 Voyez le saranl ouvrage du D' Brière de Boismont , sur les hallucinations
.
même genre que celles qu'il avait vues sur la route de Damas ^
Or, Anwion et Eichhorn ont constaté que c'était une pure vision^.
On reconnaît là la tactique de Strauss. Il admet comme incon-
testable la supposition arbitraire d'un fait surnaturel qui renver-
serait toute l'hypothèse mythique. Est-ce qu'il oublie les preuves
invincibles par lesquelles Grotius, Bergier, Lytdeton. Westtstein,
Hess, Nïcnieyer, Néander, etc. , ont démontré du mira-
la réalité
^ xiv, 26
ET SES ADVERSAIRES EN ALLEMAGNE. 121
L'abbé F. Edouard.
,
|]olémiquc (îtttljoUqiu.
EXAMEN CRITIQUE
DE l'ORlGIl ET DO FONDEMENT DE Li LOI MORUE DE L'HOMME
leur essence ; que cette lettre serait prête pour le cahier de no-
vembre, et qu'alors nous l'insérerions sans y ajouter aucune re-
marque.
Tel fut le résultat des conférences de Ronfeugeray. Nous nous
quittâmes donc très-salisfaits l'un de l'autre, désirant, pour no-
, ,
Monsieur
Vous traduisez ric/io?ne dont je me suis servi avec une liberté d'interprétation,
qui , chez un écolier, serait châtiée comme un contre-sens
.... Et c'est après avoir ainsi travesti, involontairement sans doute, uu enseigne-
ment qui est celui de toutes lesécoles orthodoxes, de tous les séminaires •', que vous
faites l'appel suivant ; « Ici nous nous adressons avec confiance à nos seigneurs
» lesévêques, aux honorables professeurs qui nous lisent, à tous nos amis, et
» nous leur disons : est-ce que ces deux propositions (celle qui m'est attribuée et
» une autre reprochée à M. l'abbé Maret) ne suppriment pas de fait la nécessité
» derecouiir à une révélation extérieure, ne sont-elles pas dangereuses, ou au
» moins ne sont-elles pas obscures et prêtant à une interprétation fâcheuse, ne
* Voici les textes de M. Noget : Sola voluntas Dei non potest parère obligalio-
)) nem. ... ; bonum et malum morale (ou régula moralis qu'il
discrimen inter ,
» dit être la même chose, tome m, p.lOG), repetenda est ex essentid rerum, noiio-
)i que boni morolis ab ipsa ratione accipitur. a — Que l'on juge si notre traduction
n'est pas fidèlement basée sur ces textes.
2 Nous avons dit expressément que vous ne le vouliez pas , mais qu'on pouvait
tirer ces conséquences de vos principes. Vous changez la question. Quant à savoir
si \os principes peuvent avoir ces conséquences , nous nous en remettons volon-
tiers comme vous au jugement de nos lecteurs. D'ailleurs, nous reviendrons plus
loin sur cette question.
'
Nous nions qu'aucune école, aucun séminaire ait jamais enseigné crûment ,
Et moi aussi, Monsieur, je fais appel aux juges que tous invoquez, et c'est
pour ctia que je requiers de vous la publication immédiate de ma réponse à votre
attaque du mois de mai 1845 et restée dans vos cartons depuis le mois de juillet
,
dernier, c'est-à-dire, depuis plus six mois (c'est votre faute). Si, par amour de la
paix, j'ai usé jusqu'à ce moment d'une modération que vous avez pu prendre
pour une autorisation du silence que vous avez gardé, je ne crois pas devoir
user plus long-lems de cette réserve (j'en suis fort aise). Je demande donc , et
vous savez que j'ai le droit de Vcxigcr, que ma première lettre et celle-ci soient
publiées dans leur entier, et sans être morcelées, dans votre prochain numéro.
A. Noget-Lacoudre.
' Oui , nous soutenons encore que ces propositions sont obscures , et peuvent
renfermer au moins de loin le principe de !a souveraineté de la raison ; il nous
semble que M. Noget en était convenu à Ronfeugeray: et d'ailleurs qu'il
Monsieur,
Dans voire No du mois de mai dernier, vous avez dirigé contre la philosophie
du séminaire de Baycux une accusation qui strait grave, si elle était fondée;
j'estime trop votre journal et ses lecteurs pour ne point répondre au reproche
immérité dont j'ai été l'objet et pour ne point requérir de votre impartialité
l'insertion dema réponse dans vos Antiales; je n'ai pas besoin d'une longue
défense, je me contente des trois observations suivantes :
2 L'énoncé que l'on me reproche fait l'objet de deux thèses dont je crois de-
voir reprodirire ici le texle latin, pour n'avoir point à discuter l'exaclitude de la
» malum morale repetendum non est ex volontate posilivû et libéra Dei tantum-
)) modo. I) Et à la page 115 : " Discremen inlcr bonum et malum morale repe-
» tendum est ex essenliâ rcrum, notioque boni moralis ab ipsà ralione accipitur. »
11 n'y a point dans mon énoncé, comme on le voit , notre propre raison, mais
la raison, (Noie de M. Kogel). Nous y répondons un peu plus loin, ci-après,
p. 157.
SELON LA rniLosoiMiiii; ni-: iiaykux. 131
soul eiiseiiçuOes daus lous les séminaires de Fiauce ', comme ou peut s'en con-
vaincre en considérant quels ouvrages y sont adoptés pour renseignement. Ce
sont, outre un petit nombre de traités manuscrits, la philosophie de Mgr Ccvcquc du
Miins, celle de Lyoti, et la philosophie de Uayeux. Toutes les trois sont una-
nimes sur ce point. Mgr Bouvier, dont vous ne contesterez assurément pas l'or-
'bodoiic, prouve - qu'il existe une différence entre le bien et le mal moral /bjirfc'c sur
Cessence des choses, par des argumens tirés, non seulement de la raison, mais
encore de l'Écriture sainte, de la tradition constante et universelle des Juifs et
des Chrétiens, qui, dit-il, n'admet pas même une exception enfin, par le con-
;
bord nous avions dit la inênie chose; nous avions dit « M. Noget :
1 II serait facile de montrer que celte doctrine n'est point particulière aux
écoles ecclésiastiques de France.
est enseigné par les autres philosophies. — Nous avions dit avant,
nous répétons après lui : ce que vous enseignez est enseigné par
les autres philosophies... , mais nous vous prions d'entrer dans la
question et de la discuter nonobstant les autres philosophies.
Est-ce que vous ne discutez pas de nouveau vous-même ce qui
avait été défini par les philosophies de Lyon et du Mans ? Ce
droit, que vous vous donnez, est-ce que vous le gardez pour vous
seulP ou bien, lavez-vous épuisé? Pensez-vous que la philoso-
phie enseignée soit si ne puisse plus rien y chan-
parfaite qu'on
ger? Vous avez cru que polémique actuelle entre le Catho-
la
Que Mgr nous pardonne donc les simples observations que nous
ajoutons ici sur ce sujet; c'est JM. l'abbé Noget qui nous y force.
que pour être convaincu de sa vérité, il suffit d'en bien comprendre le sens. Soit,
par exemple, Vobligaiion d'aimer Dieu: n'esl-elle pas fondée sur la nature de
Dieu lire infiniment aimable, et sur la nature de l'iiommc, être doué d'une in-
,
tillip;cnrc capable de connaître Dieu, et d'un cœur pour l'aimer? Non, quoique
prétende notre adversaire, Dieu n'a pas ta liberté de dispenser l'iionimc du pré-
cepte de l'amour, tant que l'Iiomme demeurera un ("tre intelligent et aimant.
^j volonté de Dieu tie peut pas engendrer d'obligation. Mais j'ai dit, la volonté
de Dieu toute seule, ce qui n'est pas la même chose. Je reconnais avec tout homme
sensé que la volonté de Dieu oblige toujours; mais aussi tout homme sensé recon-
naîtra avec moi que la volonté de Dieu n'est jamais seule. Elle est toujours accom-
pagnée du droiide commander et de l'équité àans le commandement; si elle est
accompagnée, donc elle n'est pas seule. Le commandement sans le droit de com-
mander serait nul : sans équité pareillement, il ne pourrait pas avoir de prise sur
la conscience.
avec son droit et sa justice. Cette thèse était inutile, aucun sys-
tème philosophique ne l'a combattue. Mais il a dit : la volonté de
Dieu ne peut seule notis imposer d'obligation , il faut qu'elle soit
accompagnée, c'est-à-dire tirée, de Vessence des choses, de la no-
tion que nous donne la raison. Ce qui est bien différent.
Nous répétons ici sa proposition avec les développemens qu'il
y donne.
Il faut rejeter la règle morale
attentions qu'il ne s'agit pas du bien
( Taites
tredit la notion que nous avons du bien et du mal moral 2" qui ne peut engen- ;
136 DE l'origine et du fondement de la morale
drer aucune oblifration. Or telle est la règle qui lire la différence entre le bien et
Je mal de la volonté positive et libre de Dieu seulement, et en aucune manière de
l'essence des choses*.
Si l'on ôte la différence entre le bien et le mal , qui provient de Vessence des
choses , Dieu , parce que la chose
alors je ne suis plus obligé d'obéir à l'ordre de
qui! commande bonne, mais seulement, parce que Dieu la veut. Or, LA
est
tre il dit : je reconnais que la volonté de Dieu oblige toujours.) Car tout devoir ini -
plique l'idée d'un acte bon, ou conforme à la raison (excellent raisonnement qui
suppose ce qu'il faut prouver) et non pas seulement l'orr/re d'une volonté, quelque
puissante qu'elle soit. Car s'il n'existe que l'ordre d'une volonté toute puissante,
etaucune notion du droit (que nous avons en nous, dit-il ci-dessus) certaine-
ment ce ne serait pas une chose prudente de ne pas obéir à celui qui commande,
et il ne pourvoira pas sagement à sa sécurité et à son avantage, celui qui mépri-
sera l'ordre de cette volonté souverainement puissante; mais si on le peut taxer
d'imprudence (celui qui refuse d'obéir à la volonté de Dieu), jamais cependant
il ne sera violateur du droit et du juste ; car la seule violence ne peut engendrer
aucun droit ; donc , etc. 2.
A. Nocrt-Lacol'dre.
' Je n'ai pas dit un mot de cela, puisque j'ai constaté, au contraire) que
M. l'abbé Marel avouait ne pas connaître la philosophie de M. ^'ogel.
138 DE l'origine et du fondement de la morale
des traditions. Elles ont dit qu'il n'existait pas d'autre Dieu , que
nous n'avions pas d'autre Dieu que celui de la tradition , que
notre Dieu était un Dieu réel et historique, comme notre père,
notre aïeul, et qu'il n'y en avait pas d'autre.
Nous voyons avec plaisir que cette méthode est suivie de plus
en plus dans les ouvrages apol' gétiques et en particulier dans les
cahiers des conférences eccicsiasiiqiies si utiles aux, qui sont
prêtres, et regénèrent partout lascience sacrée.Nous remplirions
nos Annales des analyses de ces travaux, si nous ne craignions de
renvoyer nos principaux lecteurs, ce que déjà il ont lu ou pris
îi ,
M. l'abbé Noget nous crie donc qu'il n'a pas voulu, dans
sa règle du devoir, nier l'obligation d'obéir à la volonté de
ihoniine implenda ex essentiel rcrum profluentia, contrù omnes qui aut ofllcium
• tolluiit, aut illud ex quocumquc fonte, !prïler esscntiam rerum, deducunt.
wmine iutcr bonum et malum morale, sivc de rcguUl xquiet iniqui, rccli et
DOQ recli. id est de reguld morali, Intt, phil, t* ai, p. 106.
SELON LA PHILOSOPHIE DE BAVEUX. H1
»raes. . ; VI. ni seuloiucnt de la volonté positive et libre de Dieu.. ;
mière, que nous lui avions imputé une fausseté quand nous lui
faisions dire que nous devions chercher la différence entre le
bien et le mal dans les notions que nous suggère notre propre rai-
son. On voit si nous avons eu tort de nous exprimer ainsi ; lui
qui dit ici expressément qu'il faut rejeter cette règle , parce
qu'elle est contraire à la notion que nous avons : notion que
nous avons, notion que rwus suggère notre raison, je le prie de me
dire en quoi est la différence. Mais nous reviendrons un peu
plus loin sur ce point.
La deuxième réponse qu'il nous a faite, c'est que la volonté
de Dieu n'est Jamais seule ,
puisqu'elle est toujours accompagnée
du droit et de la justice... Or, il est clair comme le jour que c'est
là une raison amenée après coup, pour ne pas dire qu'il a tort.
Car nulle part ici on ne trouve cette réponse et cette distinction.
On ne dit pointque la volonté de Dieu ne doit pas être seide, parce
qu'elle est toujours accompagnée du droit et de \d. justice, ce que
personne n'aurait nié ; mais parce qu'elle doit être accompagnée
de l^ essence des choses et de la notion tirée de La raison. Nulle part,
dans tout l'article, il n'est parlé de droit et ùa justice. Et qui, eu
effet, aurait jamais posé cette thèse : La volonté de Dieu est insé-
parable de son droit et de sa justice? Est-ce qu'une semblable
question a besoin d'être posée ? N'est-elle pas de celles dont
parle M. Noget, qui sont évidentes par elh^s-mêmes, et dont nous
dirions, en nous servant de son idiome, qu'elles sont fondées sur
l'essence des choses, si jamais il en fût.
M. Noget que
a parfaitement senti sa proposition donnait lieu
à une objection ; et aussi il n'a pas manqué de se la faire et d'y
répondre. Nous allons voir comment.'
D'abord souvenons-nous de ce qu'il a dit (p. 106), que la
*
nia enim régula moralis rcjicieiida csl, quac 1° conlradicit noiioni quam
hubetnui boni et mali moralis; 2" qux- uuUam obliijationcm polesl parère; alqui
laljs est régula quac discrimeu iiiler bonum cl uialum morale rcpclit ei volun-
tale posiliud et libéra Dci lanlùm ; nullo aulcm modo ex esst^nlià rerum. Ibid.
p. 117».
SEION LA PnrLOSOT»niE DE BAYEDÎ. 143
question du devoir est (a même que celle de la différence entre le
une règle de morale, car c'est là ce qui est renfermé dans la pro-
position, et voici ses raisons. « Car la volonté positive de Dieu,
• s'il n'y avait aucune loi de devoir découlant de V essence des clio-
1 Volunlas enim Dei positiva , si iiulla esset lex officii ex esscntid rcrum pro-
(luens, NON SUFFICEHET ul daretur discrimen inler bonûin et malum morale...
quid aiileni est iliud rectum, iiisi rectiliido absoluta, al) omui voluulatc positiva
indcpeodens, et ex essentiel rerum proflucns? etc., etc. Ibid, , p. 135.
,
Mais quelle est cette rectitude essentielle? c'est celle qui vient de
V essence des choses. Poussé à bout, M. Noget nous jette pour der-
nière preuve précisément la proposition niée, celle qu'il fallait
prouver.
6. Qu'est-ce que l'essence des choses? —Confusion et coatradictioa de M. Noget
sur celle question.
On l'a vu, M. Noget nous l'a dit de toutes les manières, le de-
voir, la différence du bien et du mal, la règle du juste et de l'in-
juste, la règle du droit et du non-droit, la règle morale, la rec-
titude absolue, sont tirées, viennetit, coulentou découlent de l'es-
sence des choses. Il faut que la volonté de Dieu soit conforme à
cette essence ; il va nous assurer que l'essence des choses est 72e-
cessairc, èteriielie et immuable d'une manière absolue, et que Dieu
lui-même nepourrait la changer^.... Philosophe, vous prononcez là
de bien graves paroles, vous trouverez naturel que nous vous de-
mandions ce que c'est que celte essence des choses, qui vient s'im-
poser à nous, créatures de Dieu et libres de tout joug qu'il ne
nous a pas imposé. Quoi donc ? est-ce qu'il y aurait quelque chose
qui ne se nomme pas Dieu et qui aurait le droit de fonder pour
nous une règle morale? Mais ce n'est pas assez de commander h
nous , cette chose s'imposerait à Dieu lui-même ? Prenez garde,
philosophe, car il est écrit : « Ne parle point témérairement, et
»que ta langue ne soit pas prompte à proférer des paroles sur le
«compte de Dieu car Dieu est au ciel, et toi sur la terre; c'est
;
«lui '. »
p. 12.
Ne icmerè quid loquaris, neque cor luura sit velox ad profcreudum sermo-
'^
ncm coram Deo; Deuseuimiu cœlo, c! tu super lerrum. Idcircô siul pauci ser-
mones lui. Eccl, v, i.
SELO:^ LA PHILOSOPHIE DR BAYEUX. 145
QneM-co que c'est donc que cette chose qui commande à Dieu
et aux liorames, com?iie dirait le vieil Homère ?
ne se trouve pas même nommr'e , pas une seule fois dans les deux
testamens de Dieu..' ;
pas meme nommée, enlendez vous? Une règle
morale qui n'est pas même nommée dans la Bible...., enfans de
Dieu, mes frères, et si nous l'envoyions promener avec tous ceux
qui nous l'enseignent, qu'en pensez vous?
Mais il est des hommes cruels qui chargent les autres de far-
deaux qu'ils ne peuvent porter, il en est d'autres qui effrayent
les petits enfans avec des fantômes, enfin il en est qui, comme
nous dit la Bible, mettent leur confiance dans des riens, et nous
disent des choses vaines"^; écoutons donc ces hommes Et que
M. l'abbé Noget veuille bien nous pardonner. Les principes que
nous attaquons ne sont pas de lui; il ne les a pas inventés, tant
s'en faut ; il est probable même que s'ils n'avaient pas existé avant
lui, il ne leur aurait pas donné l'existence. Ce n'est pas sa nour-
rice non plus qui les lui a appris, ni son père , ni sa mère, ni la
Bible, ni l'Église, de quelques philosophes, qui eux-
il les tient
mêmes les tenaient d'autres philosophes, et ainsi toujours en re-
culant, jusqu'à la philosophie payenne,... Nous chercherons qui
les a inventés. Si donc nous citons les paroles du livre de M. No-
get , c'est qu'il faut bien que nous saisissions quelque part , ex-
primée rendue saisissable, cette essence des choses que nous
et
n'avons pas trouvée dans notre Bible. Ainsi qu'il ne se croie pas
obligé de répondre, surtout qu'il ne se fâche pas, tout cela le re-
garde peu, excessivement peu; l'écho n'est pas responsable, c'est
la voix, qui , la première, a parlé.
' Non est qui invoret jusiitiam et judicet verè; scd confiduiU in nihilo, et
loquuntur vanitates. Istiio, ux, ^.
146 DE l'origine et du fondement de la morale
Examinons donc ce que c'est que l'Essence des choses.
Et d'abord il n'est pas inutile de remarquer que le mot essen-
lia fut inventé par Cicéron, lorsqu'il communiqua aux latins qui les
ignoraient les systèmes philosophiques des Grecs *. Il voulait tra-
duire en effet le mot oùeîu, dont Platon s'était servi pour asseoir
ce système que nous avons dû appeler payen, parceque, comme
on le voit , les mots mêmes qui l'expriment ont été inventés par
des payens. — Venons-en maintenant à la signification.
M. l'abbé Noget définit l'essence: « LA CHOSE (id, ce, cela)
y) par laquelle l'être est LA CHOSE qu'il est. ou LA CHOSE, qui,
» étant niée, l'être ne peut être conçu. D'où il suit que l'essence est
nia chose par le moyen de laquelle une chose est conçue. » Mais il
2 Esscnliam dcfininnl: ID pcr quod cns est ID qitod est, sive ILLUD, quo nega-
to , ens concipi ncquit. Ex liûc porleriori (Icfiiiilionc scquilnr csscntiam esse, ID
per quod rcs aliqua conclpitur. — Drrniiliones illœ logicœ non sunt ; non enira es-
senliam per genus et specicni dcfiniiinl : ncc viirùm cum csseniia de finir i nequcat
/o^/cL'. Valent tamcn; essruliam cnim (IcCniunl quàm opiimè definiri poicsl,
p. 12.
' Deus igitur ipse non posset rerum immulare esseoliam œelapbysicom. Ibid.,
p. 13.
148 DE l'origine et dd fondement de la morale
get si SCS essences existent telles que nous les concevons. On a
le droit de le lui demander, puisqu'il en fait la base de la mo-
rale. A cela il répond: « Que s'il s'agit de Vessence interne,
«comme c'est précisément ce que nous pensons, il est clair,
"qu'elle existe subjectivement , c'est-à-dire en nous (ce qui veut
«dire que quand nous pensons, nous pensons...) Cela est évi-
dent, dit-il; mais «s'il s'agit ^e, Vessence adéquate,, c'est-à-dire
de son existence en elle-même. Oh 1 « alors elle ne nous est pas
«toujours montrée intégralement , bien plus, ni même toujours
y> selon la vérité. Car il peut se faire que j'attribue à un objet mé-
"taphysique des propriétés qui ne lui appartiennent pas'^l »
Mi-
2 Scd qœstio est gravissima, ulrùm esscntia; reruni raelaphysica; aliquandù sal-
tcm objective sinJ rcvcrà qiiaiiter cas su/)/<^'''î''t' concipimus Firniitcr rcli-
nendum csl essenlias reruui melapbysicas aliquandù saltcm talcs esse o'jcclivc
quales cas subjective conCipimus, licct illud propari nequeat. Ibid. p. 1^ et 45.
SELON LA PIULOSOPniE DE BAYEOX. H9
tive et libre de Dieu , mais de l'essence des clioses ; or, il ne peut
être prouvé, que (iiiclquefols au moins ccite essence soit en elle-
viémc telle que nous la concevons! N'est-ce pas là une consolante
conclusion ?
1 M. Noget ajoute ici une autre raison, mais qui est faiilive, il dit : « car toutes
«les choses contradictoires sont opposées à la raison et aux attributs divins; les
I) faire, ce serait agir contre la raison et les attributs de Dieu, etc. »Ce n'est pas
une raison : les choses contradictoires, comme il le dit immédiatement, ne sont rien,
n'ont d'existence, ni dans les termes, ni dans la réalité. On ne saurait donc dire
qu'elles sont opposées h la raison, ni aux attributs de Dieu. Comment dire eu
effet qu'une chose qui n'est pas est opposée à quelque chose ? Eu ne faisant rien
on ne saurait non plus agir contre quoi que ce soit zéro ne peut faire d'op- ;
être. Quant aux néants, jouez, jouez, je le répète, si dans ces jours
d'affliction où la vérité de Dieu, sa loi, sa révélation, sa parole,
sont diminuées parmi les hommes *,si, dis-je,il VOUS reste du tems
pour vous amuser!!
9. La déDniliou que M. Noget donne de l'essence des choses uc peut s'appliquer
qu'à Dieu,
est ce qu'il est; — la chose, laquelle étant niée, l'être ne peut être
conçu. —
il nous assure que cette esssence est nécessaire,
Puis
éternelle et immuable , d'une manière absolue , sans dépendre
d'aucune hypothèse ^ Or, c'est cette définition que je ne trouve
ni claire, ni juste. Elle donne à cette essence , des attributs, qui
ne conviennent, ne peuvent convenir qu'à Dieu. Non, hors de Dieu,
Rien n'EST qui soit éternel , immuable , nécessaire. Ceci est le
nom propre de Dieu, qu'il s'est réservé pour lui seul, et il n'est
pas permis à la créature de donner ce nom , ces qualités à
- Esscnlia est id pcr quod cns est id quod est, sive, illud, quo ncgalo, ens
concipi nequit... Essenliâ metaphysica uccessaria est, icleina, immutabilisque
ul-solutt. Ibid, t. a, p, 6 et 12.
SELON LA PniLOSOPHIE DE BATEUX. 151
quoi que ce soit, qu'à Dieu. — Les philosophes catholiques qui
aiuibucut CCS qualités à l'essence des choses, ne font pas atten-
tion qu'ils coiniuetlent une confusion déplorable; celle d'assurer
Vèire, de dire qu'elle est, dune chose qui n'est pas. Prenons
poui* plus de clarté l'exemple de l'axiome deux
et deux font
soi, elle II est plus qu'en Dieu; et en Dieu, elle n'est pas en soi,
elle n'y forme ni une personne, ni une distinction. Elle est con-
fondue unifiée avec Dieu. Ce n'est que dans ce sens qu'elle est
,
* II faut rendre à chacun ce qui lui apparlient; nous sommes bien aises de
(lire : « Que ccue remarque profonde est prise d'une des conversations que nous
9 avons l'honneur d'avoir quelquefois avec Mgr l'archevêque de Paris, n
,
3 (/uod facis, faccitiiis *... » Mais l'homme qui se croit encore fils
10. S'il est vrai que tout le monde adnieUe que Dieu ne peut changer l'essence
des choses, etque la volonté de Dieu seule ne ptut engendrer aucune
obligation.
1 Ibid, t. II, p. H.
* Voir le<; principales de ces raisons, résumées dans le Lexicon philosopkicum
Chaui'ini, in-folio, au mol esicntia.
154 DE l'origine et du fondement de la morale
là quelle Immense lacune se trouve dans le cours de philosophie
de M. Noget.
Voici ce que disait Gassendi dans ses Objections contre la 5* mé-
ditation de Descartes :
Je remarque seulement que cela semble dur de voir établir quelque nature im-
rmtable et èlerneUe autre que celle d'un Dieu souverain. Vous direz peut-être que
vous ne dites rien que ce que l'on enseigne tous les jours dans les écoles, à savoir
que les natures ou les essences des choses sont éternelles, et que les propositions
que Ton en forme sont aussi d'une éternellL vérité. (C'est juste ce que nous dit
M. Ncget). Mais cela même est aussi fort dur, et fort difficile à se persuader; et
d'ailleurs, le mojen de comprendre qu'il y ait une nature humaine lorsqu'il n'y
a aucun homme, ou que la fose soit une fleur, lors même qu'il n'y a encore point
de rose ?
Je sais bien qu'ils disent que c'est autre chose de parler de l'essence des choses
et autre chose déparier de leur existence,demeurent bien d'accord que
et qu'ils
Quant à ce que vous dites, que cela vous semble dur de voir établir quelque
chose d'immuable et d'éternel autre que Dieu, vous auriez raison s'il était ques-
tion d'une chose existante, ou bien seulement si quelque chose de tel-
j'établissais
lement immuable, que son immutabilité même ne dépendît pas de Dieu. Mais tout
ainsi que les potles feignent que les Destinées ont bien à la vérité été faites et
ordonnées par Jupiter, mais que depuis qu'elles ont une fois été par lui établies
il s'est lui-même obligé de les garder, de même je ne pense pas, ù la vérité, que
les essences des choses, et ces vérités mathématiques que l'on en peut connaître,
soient indépendantes de Dieu ; mais néanmoins je pense que, parce que Dieu l'a
cela vous semble dur ou mou, il m'importe fort peu ; pour moi, il me suflit que
cela soit véritable '.
La réponse que vous avez faîte aux 5" objections a donné lieu au 8* scrupule.
bonté dépend de ce qu'il lésa ainsi voulu faire. Et il n'est pas besoin de demander
en quel genre de cause cette bonté, ni toutes les autres vérités, tant mathémati-
ques que métaphysiques, dépendent de Dieu ; car les genres des causes ayant été
établis par ceux qui peut-être ne pensaient point à cette raison de causalité, il
n'y aurait pas lieu de s'étonner quand ils ne lui auraient point donné de nom;
mais néanmoins, ils lui en ont donné un, car elle peut être appelée efficiente ;
de la même façon que la volonté du roi peut être dite la cause efficiente de la loi,
bien que la loi même ne soit pas un être naturel, mais seulement, comme ils
disent en l'école, un être moral. Il est aussi inutile de demander comment Dieu
car j'avoue bien que nous ne pouvons pas comprendre cela ; mais puisque, d'un
autre côté ,
je comprends fort bien que rien ne peut exister, en quelque genre
d'être que ce soit, qui ne dépende de Dieu, et qu'il, lui a été très-facile d'ordonner
tellement certaines choses que ,
les hommes ne pussent pas comprendre qu'elles
eussent pu être autrement qu'elles sont, ce serait une chose tout-à-fait contraire
à la raison de douter des choses que nous comprenons fort bien, à cause de quel-
ques autres que nous ne comprenons pas, et que nous ne voyons point que nous
ne devions comprendre. Ainsi donc, il ne faut pas penser que les vérités éternelles
ment demander qu'une chose qui n'a pas d'être en soi soit ou
vraie ou fausse? elle w^est pas; c'est tout ce que l'on peut dire.
Enfin, nous finirons par les paroles suivantes^ extraites d'une
Lettre au P. Marsenne , où Descartes se prononce avec beaucoup
de justesse sur la même question.
1 Ibid., p. 3/i4.
» raison absolue..,.) Nihili enim faceret virtutem cujus necessilatem docet rafîo
nabsoluta (toujours des mots pour cacher Dieu); ncc pracciperet ut homosese regc-
»ret juxta relalioncs ab ipso Deo institutas ; ncgatur enim Deiim prxciperc officia,
»i\ux rx essentiâ rcrïim proflmint. «Mais si cela est ainsi, comment dire que
les essences des cl;oscs ont une existence tellement absolue, qu'elles ne dépen-
dent pas de la volonté de Dieu? Inst. phil. , t. m, p. 153-154.
SELON LA PHILOSOPHIE DE BAYEUX. 157
Jupiter ou d'un Salurne, et l'assujtHir nu Rlyx et aux Deslins, que de dire que ces
véiilcs sont itidciKiiilivites de lui. Ne craignez point, je vous prie, d'assurer tl do
publier partout que cVsl Dieu qui a élabli ces lois en la nature, ainsi qu'un roi
établit les lois Généralement nous pouvons bien assurer que
en son royaume. . .
Dieu peut faire tout ce que nous pouvons comprendre, mais non pas qu'il ne peut
faire ce que nous ne pouvons pas comprendre; car ce serait témérité dépenser
et 130), de lui avoir imputé une phrase qu'il n'a pas écrite et d'a-
voir mérité un châtiment pour un contre-sens commis à l'égard de
son idiome.
Nous avons dit en effet que la thèse de M. Noget consistait à
prouver: » Que la différence entre le bien et le mal moral, ne
«doit point être recherchée seulement dans la volonté positive et
«libre de Dieu, mais dans l'essence des choses, et dans la Notion
» que nous suggère notre propre raison. » Nous n'avions pas cité le
texte de ces paroles , parceque nous avions voulu seulement
don-
ner le sens général de son système; mais M. Noget se récrie, et
nous accuse de lui faire dire un contre-sens ;\oyQiiS donc en effet
ce qu'il dit. Ce reproche tombe sur cette phrase « La notion que :
• indc crravit Cartesius qui coutrarium docuit. b Inst. pliil. t. ii. p. 12. C'est, ce
me semble, un peu leste.
,
tio) ; ce qui est sans doute l'opposé. — Il est vrai , maître , vous
avez dit : « Et la notion du bien et du mal moral est reçue , est
» tirée de la raison (à ratione). » Mais d'abord vous avouez vous-
même que moi raison peut être pris dans un sens subjectif,
le
» Mil. t. I. p. 69 et 70.
innotescil subdilis, scilicet hominibus, quos impîenda officia docet liumana ratio.
Ibid., t. III , p. 15/|.
non aiilem ut cogat hominem ad iroplendam legem nnluralem, eîc. Jbid., t. iir,
p. 455.
,,
polémique catholique.
Mais, il n'en est pas de même pour ce qui regarde le fondement
que vous donnez à votre éthique. Ici vous oubliez que vous avez
sapé l'ancienne philosophie par sa base ; vous répétez tous les
ne suffit ;
quand on
pas de dire que ce n'est pas là votre intention
pose un principe, on n'est pas maître des conséquences que l'on
peut en tirer ; or, que l'on oppose Y essence des choses à Dieu
c'est ce que l'on fait tous les jours. Vous avez entendu M. Cousin
vous déclarer a que ce n'est pas dans les dogmes religieux qu'il
«faut chercher le titre primitif des vérités morales. Ces vérités,
» dit-il, comme toutes les autres, 5c/f'</î7r?/icwf elles-mêmes .,q\x\'qw\.
«pas besoin d'une aiitre autorité ( celle de Dieu) , que celle dc la
SELON LA IMIlLOSOrfUE DE lîAYKUX. 161
Ttraiso/ï, qui les aperçoit, et qui les proclame. La raison est îi
tout effet est cause, et toutes les causes et tous les effets s'enchaînent dans le tout
par une nécessité i: trinséque, qui se confond avec le fait même de l'existence de ce
1 Voir tout le passage, dans nos Annales, t. xi, p .350, et l'argument de VEuthy
pkron, dans le Platon de M. Cousin, t. i, p. 3 et 5. — Nous devons ajouter qu'ail-
leurs, M. Cousin parle d'une manière bien plus orthodoxe, quand il dit : « Quand
a on affirme que c'est la volonté de Dieu qui est la loi morale, je réponds oui et non.
» Non, si l'on entend parler d'une volonté arbitraire; non encore, si l'on ne
» considère Dieu que comme tout-puissant ; oui, si l'on entend parler d'une ro-
» lonté juste, si l'on fait équation de justice et de Dieu ». {Cours de pldl. de 1828,
édité en 1836, p. 368). Nous voudrions bien comment M. Cousin
savoir pourrait
prouver que la volonté de Dieu n'est pas arbitraire, et comment il pourrait
prouver que cette volonté est juste, autrement qu'en disant que c'est la volonté...
de Dieu.
- Voir le texte au numéro précédent, ci-dessus, p. 15.
162 DE l'origine et du fondement de la morale
tout et de ses parties rigoureusement liées et ordonnées enlre elles. Nier la cause
immédiate el naturelle d'un fait, c*est nier ce fait niCme; car celle cause n'est
aliis dédit esse anipliùs, uliis minus; alque, ila naliiras csscnliaruni gradibus or-
dinuvil... Et proplereà DeOj id est summa; esscutix. cl auclori omnium qualium-
oumque esscnliarum, essenlia nulla contraria est. Ibid. lib. xii, c. 2, p. 350. Voir
en outre Pelau, dogmata tkcol., l. i, 1. iv, cil.
SELON LA P111L0S0»*SMK DE UAYEUX. 163
» qu'il a établies *... Car il u'esl appelé tout-puissant que parce
«qu'il peut faire lout ce qu'il veut -. »
* Sicut ergo non fuit impossibile Deo, quas voluit, instituere ; sic ei non csl
impossibile, in quidquid voluerit, quas insUluit, niulare naturas. Ibid. lib. xsi,
c 8, n. 5, p. 722.
- Deus cerlè non ob aliud vocQtur Omnipolens nisi quoiiiam quid quid vuli,
potest. Ibid., lib. xxi, c. 7, u. 1, p. 719.
' Quelques auteurs oui nié que dans Platon les essences fussent séparées de
Dieu; M. Henri Martin, dans ses éludes sur le Timée, me parait avoir mis ce
point hors de tout doute. Voir t. i, p. 8, et t. ii, p. 475.
—
lonté que nous savons ce que nous savons , que nous sommes ce
que nous sommes, que toutes choses sont ce qu'elles sont
Professeur de philosophie , qui que vous soyez, homme , chré-
tien ou prêtre, vous ne pouvez soutenir une autre doctrine.
Enfin il est tems de terminer cette longue discussion. Pardon-
nez, monsieur l'ahbé, si dans le cours de ce travail, il m'a échap-
pé quelque expression qui puisse vous déplaire; en vérité vous eu
êtesun peu la cause ; voilà que je reçois de vous une '6" lettre où
vous vous plaignez que je n'aie pas inséré votre réponse dans mon
cahier de janvier; vous m'y menacez encore de l'huissier. Com-
ment voulez-vous que je revoie, et que je polisse ma phrase lors-
que vous me plongez ainsi l'épée dans les reins pour me forcer
à me dépêcher? Si vous avez quelque autre communication à
me faire, épargnez, je vous prie, ces formules. Les Annales se-
ront toujours ouvertes, à toutes personnes qu'elles auront citées,
et qui voudront, ou se disculper, ou rectifier le sens donné à leur
parole. Cela est conforme aux règles de la justice, de la politesse
et de la réciprocité, règles dont les Annales ne se dispenseront
jamais....
A. BONNETTY.
nouuflks et iïltlanges.
EUROPE.
ITALIE. — ROME. — Livres mis à Vindex. — Par décret du
i octobre 1845, oui été défendus les ouvrages suivans : Les tendances
réformatives dans Véglise catholique , lettre écrite aux (idèlcs du Christ
dans Polsnitz, Ciussau et Hundsfeld, ainsi qu'à tous les catholiques,
qui adhèrent fermement à la révélation de N. S. Jésus-Christ, ou à sa
vérité éternelle et sainte, par le D. Ant. Theiner (en allemand).
Ganganelli ; lutte contre le jésuitisme ; esquisse des mœurs actuelles,
par H. M. E. (en allemand). — Les Albigeois , poème, par N. Lenau
(en allemand). — Paraliipomeni alla illustrazione délia sacra scrit-
tura per monumenti Fenico-assirii ed Egiziani, di M. Lanci.
165
ANNALES
DE PHILOSOPHIE CHRETIENNE.
polémique Çijilosopijique.
EXAMEN CRITIQUE
DE L'HISTOIRE DE L'ÉCOLE D'ALEXANDRIE,
PAR M. JULES SIMON, PROFESSEUR AGRÉGÉ DE LA FACULTÉ DES LETTRES
DE PARIS MAITRE DES CONFÉRENCES DE PHILOSOPHIE
,
SuatrUme !2lrttcU \
TRINITÉ DE PLOTIN.
> Les Alezaadriu9 ont concentré dans la théorie d'un Dieu en trois bypoitases toute la substance de
leur philosophie. '(M. K. Snisset, Da l'école d'Alexandrie , p. ili^^, — .Toute cette trinité hypos*
latique remplit de chimères la Ihéodicécde Plotin. • (M. J. Simon. Hist. de l'école d'Alex., tom. j,
p. 304).
partie.
Ce qui nous frappe tout d'abord dans la conception de Plotin
ce sont les contradictions qu'elle présente. veut rendre compte Il
ressent aucun désir pour ce qui est au-dessous d'elle. A cette Ame
universelle, ^-j/j?! toO Travrôî et non point au voGç, qui demeure ,
1
M. J. Simon, Hisl. deVEc. d'Alex., \.'^, p. 268-71.
^ AUTr) -/tcp tirXii XV-TV. fvitv, /j.YiTî -nXiico toÛtcjv ridî(sOoi.i Iv Tiû vo/jtô, MfiT:
ïAkttw. Enn. 2, I. ix, c. i, Ap.-M. J. Simon, Ibid., l. i, p. 293-94,
1G8 EXAMEN CRITIQUE
«Dieu en disant qu'il valait mieux pour lui ne pas créer que de
«créer. Belle conclusion d'une doctrine qui a pour point de dc-
» part la recherche de l'absolu, et qui place si haut l'idéal de la
» perfection que le Dieu-Providence de Platon ne lui suffit pas! Il
nous reconnaissons, nous, Dieu comme un être simple, et cependant nous ne lui
refusons oi l'intelligence, ni l'être.
2 Aît o-j-j àxtv>7T0u 0VT05, d ri âsvTSpov //îT'aùrô, où Tr^OTVâijoravTO^ oùôk èouXri-
OivTOS, oùok oXui xtvinOivTOi wssT^vat «ûrô, Enn, 5, I. i, c, 6. %
* n&i; ovv voûv yôvvà; y\ otst») èniazpopv Tfpbc y.ijxb Mpy.' ii Si opoLsii Kur/j, voùi.
Enn. 5, 1. 1, c. 7 •
nons ces spéculations telles que nous les trouvons exposées dans
les ouvrages de leurs apologistes, et nous laissons ces derniers
démolir pièce à pièce ces systèmes tant prônés : on ne peut pas,
ce nous semble, nous accuser de déloyauté. Déjà nous avons vu
comme quoi, d'après M, J. Simon, la tkéodicéc de Plotin conduit
à l'athéisme, et maintenant il nous apprend que sa Trinité hy-
postaiique remplit de chimères cette même thcodicèe. Ces aveux
sont trop précieux pour ne pas les recueillir. Mais si ces mes-
sieurs attaquent et renversent ainsi successivement tout son sys-
tème, que restera-t-il donc comme objet de leur engouement?
11 arrivera qu'ils se prosterneront devant des erreurs? Ne vau-
.drait-il pas mieux alors embrasser franchement la doctrine ca-
tholique Son enseignement ne présente pas toutes ces contra-
?
dictions. S'ilrenferme des mystères, leur énoncé n'a rien qui ré-
volte l'intelligence, et quand on réfléchi ta l'autorité de CELUI qui
nous les propose, on reconnaît bientôt la nécessité de les admet-
tre. Et d'ailleurs, pour échapper aux mystères, ne faudrait-il pas
«chrétienne. »
» Ibid., t. I, p. 309.
2 Hist. de VEc. d'Alex., t. i, p. 310.
' Voir Erreurs du Rationalisme sur la Trinité, me série, t. ix, p. 333.
' Hist. de l'Ecole d'Alex., t. i, p. 310.
' Il faut même renoncer à le trouver clans le néoplatonisme, comme M. J. Si-
mon va bientôt nous le dire.
* Les défenseurs de l'Eglise savent fort bien que la véritable notion de la Tri-
f72 EXAMEN CRITIQUE
»sur les anciennes religions de l'Inde et de l'Egypte. D'un autre
» côté, les adversaires de la foi chrétienne ne peuvent soutenir leur
» du platonisme des Pères, qu'à la condition de
thèse favorite
• supposer des emprunts
faits aux écoles contemporaines, à Phi-
» monde.
>
tel dans Plotin. On y peut trouver quelques pages éloquentes sur
n'aime que celle qui la précède. « Aussi l'Unité, qui n'a rien au-
» dessus d'elle,ne connaît et n'aime rien,et Plotin ne prononce qu'en
«tremblant qu'elle s'aime et se connaît elle-même \ » Il dirait
avec Spinoza. « Nul ne peut désirer d'être aimé de Dieu car ,
»ce serait désirer que Dieu cesse d'être parfait ^» Dans le sys- —
tème du philosophe d'Alexandrie , l'âme émane fatalement du
voOç, comme le voOç.de l'Unité; le Saint-Esprit, au contraire,
M. Jules Simon nous paraît ici n'avoir point encore assez fait
i-offre quelque image ; de là, enfin, dans l'ordre moral, des con-
» séquences inépuisables.
1 Ibid., p. 333.
176 EXAMEN CRITIQUE
"Dans la doctrine alexandrine, au conlrviire, les degrés de
«l'existence divine, au lieu de former un cercle, se déploient
«sur une ligne qui se prolonge à rinfini. L'Unité engendre l'In-
«telligence, l'Intelligence l'x^me:, l'Ame, à son tour, produit au-
»dessous d'elle d'autres êtres qui, à leur tour, en enfantent de
«nouveaux, jusqu'à ce qu'on arrive à un terme où la fécondité de
«l'être est absolument épuisée. lieu résulte un système où la
y fatalité préside, d'où sont exilés la personnalité et la liberté; où
«Dieu, décomposé en une série de degrés, se confond presque
en perdant son unité, avec tous les autres degrés de l'existence *. »
')
1 Nous avons cilé ces textes dans l'article Erreurs du rationatiamc moderne
mr la Trinité. V. Ann, de philos, chrcl., iiic série, t. ix, p. 325.
' M. J. Simon, ibid.y t.i, |i. 147-150.
5 M. E. Saisset , ubi sup., p. 152-53.
'
Ibid,, p. 154-
478 EXAM. CRlTiQ. DE l'hIST. DE l'ÉCOLE d'aLEXANDRIE.
d'après M . E. Saisset , ils ne prouvent pas ce qu'on leur demande.
A son dire encore, le dogme chrétien^ et notamment celui de la
Trinité, a été soumis pendant quatre siècles à un travail d'élabo-
ration; l'école d'Alexandrie, pour sa part, a exercé une grande
influence sur son développement . — Quelle est la valeur de ces
négations et de ces affirmations ? C'est ce que nous examinerons
dans le prochain article.
(îrabitiouG antiques.
ESSAÏ
SUR L'ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS, PAR M. LE CAPITAINE WILFORD.
(ïrotsihue article *.
Voir ci-desâus, p. 9S , la note sur Manou. Ce mot seul est uu point impor-
tant de l'histoire et des systtmes orientaux. C'est le premier homme, c'tst le
type de l'homme, c'est la vie, c'est l'esprit, c'est la pensée; il est dérivé de man,
penser.
480 ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
»En Grèce, selon Pindare, le dieu-père du genre humain, créa-
teur du monde, était appelé le père excellent artiste, nazép àpiaro'
Tg/vyjç *. Ce charpentier, père de Saliva-hana, n'était pas un simple
' Voir Frafj. incerl. xix, dans le Pindare de Ileyne, t. m, p. 56. Expression
cmployC'e aussi par Grégoire de Nazianze et par Clément d'Alexandrie. Sirom.,
I. V, lii, p. 598. Plutarque, en plusieurs endroits de ses œuvres {De sera, nutn,
lunâ,yt. 927; et adv. Sioicos, p. 1065), se sert de celte expression, ainsi que
Dio7i Chrysostome , xii, p. 217.
sortes, pour amuser son petit-fils, qui bientôt apprit à les imiter;
il leur donnait même la vie; sa mère le conduisit un jour dans
'>ce sont tes parens. » L'enfant alla et joua avec eux sans crainte
et sans en recevoir aucun mal ; ces deux particularités ne sont
jamais omises par les narrateurs \
> Vers ce teras-là , Vicmmaclùya^ l'empereur de l'Inde, s'était
* Ces détails sur les croyances des gnoUiqucs et des ophites, fait déjà entrevoir
rorigine de ces fubles hindoues; mais on va en donner des preuves plus précises.
2 Voir rcjsai sur Vicramaditya et Salivahana, dans le ix" voJ. des Reck. asiat.
ni* SÉRIE. TOME XIII. — N° 75; 18/iG. 12
,
» Il faut bien remarquer ces derniers mots : probablement ils nous peignent
l'état respectif des sectes religieuses dans Tlnde, à l'époque dont il est ici
de ces guerres sanglantes qui , après des chances heureuses , ont tourné contre
le Bouddhisme, peut-être mCnic contre le Christianisme Ae la péninsule, et qui,
en les exterminant l'un et l'autre, ont consolidé le lirahmaniame qui allait crou-
lant sous leur double influence.
2 Essay on Vicramaditya and Salitahana. Asiat, Res., v. ix,p, 118120,
484 ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
» Pendant ce tems-là, poursuivie par les forces du vainqueur^
qui est la première delà sienne. Son nom n'est même point mention-
né dansla liste des empereurs de l'Inde ou des roisù' Ujjain.
«Immédiatement après la mort de Vicramaditija,sd. femme mit
au monde un fils que l'on voulut couronner empereur de l'Inde,
S"" siècle, et dont fut faite en arabe une traduction qui existe.
lu celte lecture avec une curiosité altenliveel la plume à la main. Je n'y ai pas
trouvé une seule idée neuve, c'est-à-dire, une seule idée que je n'eusse pas vue
auparavant cl bien mieux exposée dans le Zend-Ai'esla, ou la parole de vie, des
Perses, dans le Vcdaon la science-loi des Hindous, et surtout dans la Sainte Bille
d'Israël et dans le divin Evangile du Jéana. Le I\oitr-ann n'est qu'une grossii're
ébauche aupn'-s de ces deux perfections ; c'est une deces désagréables masures fai-
tes avec les débris des palais magnifiques, el.ippliquée sur les parois des monumens
orientaux. A quelques préceptes de cbarilé prîs, qui sont beaux parce qu'il.s sont
pris des noires, le I\our-iinn n'est qu'un fagot d'absurdités cl un n'perloire de dé-
' On voit dans les Asiatic lïesearcfies, tome v, une dissertation sur l'origine de
la Mecque, et plus bas, dans une 7wtc de cet essai, quclfincs considérations sur le
niôDic lieu.
' Ou plutôt, jepense, le voyageur maritime; parce (|u'il serait venu dans l'Inde
par la mer.
.
• Voirie iv« livre d'Esdras, ch. xii, v. 11. On sait que ce livre e^t mis par l'E-
glise au rang des apocryphes.
188 ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES
1,000 ans avant qu'elle eût lieu : il en est même qui disent 2,000
ans.
»Qu'un Sauveur, avec une régénération de l'univers, fût attendu
dans toutes les parties les plus civilisées du monde, en consé-
i
Pariigraphc 42»
TROUVÉES DANS LES LIVRES INDIENS. 189
iiifoslalion .'i la 1" (inncc de l'ère chréiicnne, lorsque le Christ
élaii aussi dans sa 5' iinnée , et dans la dernière partie de celle
année; car il était réellement né k ans avant le commencement
de notre ère.
M Cela place aussi l'accomplissement des anciennes prophéties et
les recherches de cet enfant divin par Vicnimaditya, exactement
à la 1" année de notre ère ; car 1,000 années avant cet événement,
la déesse Kali avait prédit îaVicramaditj/a, qu'il régnerait, lui, ou
plutôt sa postérité , selon plusieurs doctes commentateurs du
Decan, mentionnés par Mackensie, jusqu'à ce qu'un Fnfant divin,
né d'une Vierge, ne mît fin à sa vie, îi son royaume ou à sa dy-
nastie; et cette prédiction, on le voit, est faite à peu près dans
les mêmes termes que celle de Jacob prédisant à Judas, dans
le chapitre xlix% verset 10° de la Genèse : « Que le sceptre ne
» sortirait point de sa maison ou de sa dynastie que lorsque
» ^c/tî7oA, c'est-à-dire, le Messie, serait venu, » c'est-à-dire, ^-^a^/-
Agni-pourtma veut dire Po!<rnnarfu /'Ci<.Pour l'Indien, le feu est vivant, le feu
•
est un esprit, le feu est un dieu, un dieu qui mange et qui purifie tout. On voit ici
une nouvelle preuve du rapport qui existe entre plusieurs mots sanscrits et la-
lins en eCTct, A'agni k ignis, la différence n'est pas grande; ce qu'il y a de
:
plus curieux, c'est que leur mot agnus, agneau, n'en diffère pas beaucoup non
plus. D'oîi \ientcela? Peut-îlre de ce que l'agneau était pur comme le feu même ;
fût, quelles que pussent être leurs facultés naturelles, les dispo-
sitions de son esprit, sont résumées par l'épithète de Vi-saina~
sila , qu'on lui donna.
Sa conception miraculeuse eut lieu dans le sein de la Vierge,
»
me de l'ambroisie.
«Dans les copies du Vansavali, qui ont cours dans l'ouest de
l'Inde, cet enfant divin est constamment appelé Samoudm-pala,
parce que quelques-uns de ses disciples, ou lui-môme, y vinrent
par mer , et il est naturellement le môme que le Mlechhavaiara,
ou Vincarnalion de la divinité panni les tribus cirangcrcs dont il
vaincre.
Lp poudjn est le jîelit sacrifice des Hindous, celui où l'on n'offre que des plan-
*
Christ nous y a ramenés, mais par son sang. Le prêtre de Jésus ne sacrifie que
le pain consacré; il ne rompt que l'hostie blanche, doux emblème de la vie, de
2 Dévi, ou Maha-dèvi, est en eflet la grande déesse de l'Inde, comme his pour
' Plusieurs sav :ns hindous disent, mais tous ne le disent pas. Donc il y avait
partage.
2 Quel est le fait ou la chose qui n\st pa? mêlée de fables dans l'Inde ? La fa-
ble, c'est le fond ou
forme de son génie. Qu'il y ait des fables dans les légendes
la
de Vicramaditya et de Salivahana, ce n'est pas une preuve qu'il n'y ait pas
aussi des vérités. D'ailleurs, la luaniC-redont, comme on va le voir, il est parlé dans
l'Inde de rni'rt^<r romain dans tous les traités d'astronomie, est une preuve qu'il
préoccupait tous les savans de l'Inde, qu'il avait une grande place parmi eux, et
qu'il était connu sur le Gange, beaucoup plus loin qu'ils ne le disent. Ces systè-
l'in/c//ef<«c/, que ce n'est pasde rinde que les sciences nous sont venues, niais
que c'est de la Grèce et de la Rome chrélicnne qu'elles sont allées dans l'Inde.
Ceci est grave et mérite qu'on y pense.
,. ,
»Le Soleil ayant été placé par Brahma pour être l'œil-témoin
de ce qui se passe dans ce monde et pour régulariser les heures
et le tems refusa d'obéir et se retira au désert pour faire
.
» complet d'astronomie. »
qu'il a pu être question d'ua Bouddha dans l'Inde avant le Christ, comme il a
été question du Christ lui-môme avant sa venue; mais le vrai
Bouddha, et le
Bouddhisme tel qu'il existe aujourd'hui dans l'Inde, ne datent que de l'ère chré-
tienne. S'il existait auparavant, ce ne fut qu'alors du moins qu'il commença à se
développer et à s'étendre ce ne fut même que long-tems après qu'il devint si
;
puissant dans Tlnde que les Brahmanes s'en allarmèrenl et crièrent de toutes
paris aux armes contre lui. eQue depuis le Pont de Rama (le sud de l'Inde),
» disaitl'un d'eux, le féroce Koumari-batta, jusqu'à l'Himaia blanchi de neige,
)'aucun Bouddha ne soit épargné » Jamais cri pins sauvage ne fut pro-
!
noncé dans les affaires du ciel; jamais, non plus, guerre civile ne fut plus
sanglante que les guerres de religion qui ensanglantèrent la péninsule jusqu'au
8* siècle. Pendant ce tems-là, le Bouddhisme pour ne pas dire le Christianisme
,
indianiséy se répandit dans toute l'Asie, dans la Haute surtout; mais il fut ex-
terminé dans son berceau, et de toutes les régions de la Haute-Asie, c'est dans
l'Inde aujourd'hui qu'on trouve le moins de Bouddhistes.
2 Diod. Sic. p. 660 et 678.
—
^ Mahdbharata, Sectiou i.
204 ORIGINE DES TRADITIOSS BIBLIQUES
» dans la plus gi aude détresse et dans la plus grande consternaliou.
»Le saint homme ayant ensuite été détaché de sa croix, dcsceti-
*dit aux enfers, où il rencontra et vainquit la mort^ ou Yama.
» Alors, un renouvellement général du monde eut lieu, sous l'ins-
»La première, c'est qu'il fut arrêté qu'un fer percerait le corps
de Mandavyah, aussi bien que celui de Cricima , parce que tous
deux il furent maudits, quoique iunocens. La seconde, c'est —
que ni Crichna ni Mandavyah ne moururent, le premier de sa
blessure, et le second de son crucifiement, et que tous deux ils
sont représentés comme contemporains.
Les sectes chrétiennes, dans les premiers âges du Cliristianis-
3)
et aulaul d'enfers dlagés, les uns en umont, ics autres en aval du mont Mérou.
,
«de crucifié.
«Dans le village voisin vivait une très-fidèle et vertueuse
«femme, mariée à un voleur et à un débauché dont tout le corps
1 Outre l'ardeur du soleil indien, auquel ils s'exposaient, les solitaires allu-
maient encore autour d'eux plusieurs feux pour augmenter et leur pénitence et
leur mérite. Le feu est le grand purificateur ; c'est l'image , c'est l'essence de la
divinité , c'est la divinilé même, d'aprùs les Hindous , et celui qui se brûle s'unit
ù Dieu. Celle funeste croyance a causé bien des morts. Dans l'antiquité on
voyait souvent des exailés, terminer par la llanime une carricrc de pénitence. Il
en est mûmc encore aujourdliui qui le font, et surtout des veuves. Il n'est
personne qui n'ait entendu parler de leurs Sulii's et qui n'ait frémit au récit de
ces affreuses immolations.
,
' C'est encore une croyance de l'Inde qu'une vie sainle rend en quelque
s-Tle tout-puissant dans ce monde, et c'est pour devenir tels que beaucoup de
solitaires hindous ont fait des pénitences prodigieuses. Ces pénitences plaisent
au Dieu suprême auquel elles conduisent ; mais elles alarment Indra, le Dieu
de l'atmosphère et de ses phénomènes. Car un grand pénitent qui persévère
jusqu'à la fin, peut devenir si puissant, qu'il peut arriver aussi à le détrôner et
à le remplacer; pour cela qu'il leur envoie souvent, au milieu de leurs
c'est
pénitences des nymphes célestes qui les séduisent et leur fout perdre , par un
seul péché , le mérite de longues années des plus grandes mortifications.
208 ORIGINE DES TRADITIONS BIBLIQUES.
»les femmes mariées se tiendraient, lorsqu'il ferait noir ou
«nuit, dans un état de veuvage, et déposeraient leurs vêtemens
»et ornemens de noce.
))Le bienveillant Mandavyah fut facilement appaisé ; le soleil
»se leva comme à l'ordinaire et les ténèbres furent dissipées.
»Le saint homme qui pendant tout ce tems, était resté
,
Le capitaine WILFORD.
pleurèrent sur lui? EnOn ne recounalt-on pas, dans ces derniers mots, le cmiile
spirilum tuumel creabuntur, et renovabis faciem terrœ. Impossible d'expliquer
tous ces passages dans les livres hindous sans admettre la connaissance antérieure
du Christianisme dans ces contrées. Or ces livres sont fort anciens. Donc la
vérité fut connue anciennement dans l'Inde. Le texte de Wilford va nous en
offrir des preuves nouvelles.
,
JJolcmiquc (!îatl)olique.
où ils revinrent sans doute, car on retrouve plus tard des ves-
tiges de leur culte ''; qu'il y avait des prosélytes de tous les pays,
cl qu'aussi , au tems des apôtres, on comptait à .lérusalem, comme
«lit l'Évangile , des Juifs, hommes rdigienx ^detotitc nation fjui cs(
main, c'est de l'avoir tiré de cette erreur invéte'ree que toutes les ré-
vélations précédentes, avaient laissée triomphante. Il fallait que le
iils de Dieu se fit homme pour détrôner \('s démons qui régnaient sous
le masque des fausses divinités adorées avant sa naissance. Tel est le
thème que j'ai entrepris de soutenir dans cet écrit. La lenteur que
vous avez mise à le publier fait qu'aujourd'hui son apparition aura
quelque cho.se d'étrange et qui ne s'appliquera à rien de présent dans
l'esprit des lecteurs.
son tems? Nous publions celui-ci parce qu'il est plus court, et
renferme d'ailleurs la substance de l'autre.
«Toutefois, vous avez donné depuis une suite d'articles traduits de
l'italien de M. Vahbè Brunati et augmentés par vous, Monsieur, cc qui
laisse incertain sur ce qui vient de chacun de vous deux ,
qui font
suite à voire premier écrit et semblent tendre au même but.
"que les peuples qui les ont observés, se soient réglés les uns sur les
" autres. Dès que vous supposez une religion, il est naturel de supposer
"des choses, et non au génie particulier des peuples qui les ont reçus''."
ilsne cherchèrent pas à convertir, mais à ane'antir les peuples qui l'ha-
bitaient. La concentration du peuple de Dieu et son éloignement
des autres nations;, sont inculqués à chaque page dans les livres de
TAncien-Testament.
- Louez le Seigneur, car il a choisi Jacob, il a fait d'Israël sa pos-
» session particulière*. pour toutes les nations
Il n'a pas fait de même :
-notre Dieu, dans l'éternité'.» Ce que nous lisons également dans les
Actes des Apôtres «Dieu, y est-il dit, dans les générations précéden-
.-
"tes, a permis que toutes les nations marchassent suivant leurs voies*.»
Un seul temple dans l'Univers reçoit les victimes agréables au Sei-
gneur, et, depuissa ruine, les Juifs sont sans sacrifices. Des observances
et des rites multipliés, semblent interdire , à la masse du genre hu-
main, l'exercice de pratiques aussi assujétissantes.
Nous ne savons vraiment à quel propos M. Séguier nous
oppose ici toutes ces citations. Elles prouvent toutes deux choses
que nous n'avons jamais niées , que nous avons au contraire clai-
rement établies. La première, que les Juifs étaient le peuple
choisi de Dieu, son peuple de prédilectioti; que les préceptes et
les cérémonies mosaïques les regardaient spécialement, et que
d'ailleurs les peuples avaient suivi leurs voies. Nous n'avons ja-
mais soutenu le contraire; tout récemment nous avons établi
cette thèse dans nos discussions avec M. Saisset. Mais nous avons
* Psaume cxxïiv , 4«
2 Id. cxLVii, 20.
otaissé sjtts témoignage , répandant se» bienfaits du haut du ciel, dispensant les
D pluies et les saisons pour les fruits, nous donnant la nourriture et réjouissant
• nos cœurs.» Act. xv, 15 et 16.
sit ifs et qu'il est impossible d'éluder. Il faut renoncer aux sys-
«Les communications des Juifs avec les peuples voisins, soit par la
guerre soit par des traite's de paix et d'amitié ne prouvent rien pour
, ,
(le part Aussi l'un des historiens cités par vous, Monsieur,
et d'autre. ,
donné au roi de Tyr, qu'il nomme Souron, et qu'on croit être le même
qu'Hiram , une statue d'or , en retour et comme témoignage de re«on-
naissance pour les dons qu'il en avait reçus celui-ci la plaça en ,
Juifs), était un Dieu comme un autre, mais non pas à l'exclusion des
autres. Ptolémée-Philadelphe en faisant traduire de l'hébreu en grec
,
les rapports avec les nations les ont fait souvent tomber dans
ridolàtrie ; du côté des Gentils,* il nous est impossible de croire
que lorsque Nabucliodonosor , Assuérus, Darius, Artaxerxès,
Cyrus, faisaient des décrets pour honorer le Dieu des Juifs et ne
pas en reconnaître d'autre dans tout l'empire % cela ait été
sans aucune influence. Pour qui sait ce que c'était que l'autorité
du grand roi , la chose n'est pas douteuse. Après cela, nous con-
viendrons que ces conversions n'étaient probablement ni com-
plètes ni durables. Mais les peuples ont connu ou pu connaître le
vrai Dieu. C'est tout ce que nous avons voulu prouver.
"Fourmont, dans ses Recherches historiques et Huet, dans sa Dé- ,
'
Voir au cahier de novembre dernier , I. xu, p. 387.
2 Voir ces décrets, ibid., p. 386, 387, ^29, /i31 et 432.
216 LETTRE CRITIQUE DE M. SÉGUIER";,
unanimps pour
tes ont été flétrir ces sncrilires qu'ils regardent comme
une œuvre du démon.
Pas plus que M. Séguier nous ne croyons que tous les rappro-
chemens faits par Fourmont et par Huet soient justes. Nous l'a-
M. Séguierinsiste tant ici, n'a été cité qu'en deux lignes comme une
opinion particulière ^. Dans le texte, nous nous bornons à dire qu'il
est impossible que la vie si merveilleuse de Samson et des autres
Juges, soit restée inconnue aux peuples voisins ou éloignés; et
nous soutenons encore cette opinion. Quant à Hercule, nous ne
nous chargeons pas d'expliquer toutes les traditions recueillies
sur son compte. Que M. Séguier lise Lavaur qu'il dit ne pas con-
naître; peut-être y trouvera t-il quelque remarque nouvelle ^
Quant au iv livre des Rois, nous ne savons à quel propos M.
Séguier le cite ici. Voici la traduction du verset 31^ : <> Car il sor-
»tirade Jérusalem un reste de peuple, et il y en aura de la raon-
»lagne de Sion qui seront sauvés; voilîi ce que fera le zèle du
» Seigneur des armées. »
Par occasion, nous conseillons à M, Séguier de lire le verset
19" du même où il est dit « Maintenant donc, Seigneur,
chapitre, :
des nations célèbres à n'être qu'une pâle copie de celle des Juifs, C'est
un scepticisme comparable à celui de Strauss concernant Jésus-Christ.
Jamais les Avnales n'ont soutenu que toute la première histoire
où l'on voit que les grandes fables, le culte et les mystères du paganisme, ne
sont que des copies altérées des histoires, des usages et des traditions des Hé-
breux. 2 vol. in-1 2. Paris, 1730. Ce livre, comme celui de Huet, est rempli de
points de vue justes et curieux, mêlés ù des conjecture: douteuses, ou même
fausses. Mais le fonds ne laisse pas que dVHre
vrai.
AVEC LA RÉPONSE DU DIRECTEUR. 217
des ualious célèbres n'a été qu'une copie de celle des Juifi^. Pour-
quoi nous attaquer aussi graluitemeut? Quant àux primitifs com-
mencemens des peuples, il est impossible qu'ils n'aient pas été
lils de Noé et avant la dispersion de la tour
identiques sous les
de Babel. Nous sommes assurés que M. Séguier est ici de notre
opinion , et tout homme qui croit à la Bible croira comme
lui. A partir de la dispersion, chaque peuple a eu son histoire
ser leur loi. ( Puisque M. Brunati avoue cela, vous voyez que nous ne
soutenons pas l'opinion contraire.)
» L'histoire ne démontre nullement que la foi des Juifs ait fait de
réelles conquêtes parmi les nations qui les environnaient (nous avons sou-
tenu aussi que les Gentils ont contiu ou pu connaître, et non qu'ils aient
accepté et pratiqué cette loi). La Providence n'avait pas re'glé les choses
pour qu'il en fût ainsi, " puisque Dieu a tellement aime' le monde, qu'il
"lui a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse
" pas ^. " La loi qui a précédé sa venue, n'était que l'ombre des biens à venir
' C. xm, V. 3 et 4.
- Evang. de saiut Jean, m, J 6.
^ Epit. aux Hébreux, X, l.
,
M. Séguier n'a pas bien compris notre but dans cette ques-
tion. D'abord nous ne disputons pas aux Grecs l'honneur de Yin-
vcniion de La philoscphie, pour l'attribuer eux Orientaux. 11 nous
importe peu de savoir qui a inventé cette science, et nous
croyons même avoir dit que les Grecs peuvent s'en attribuer une
grande part. Mais nous disputons aux Grecs d'avoir iyiventé les
ils n'ont fait que les expliquer ou les obscurcir. M. Séguier doit
éclaire tout homme venant dans le monde, qui nous apprend à discer-
ner le bien du mal, la vérité de Terreur. La philosophie n'est que le
développement de ces principes. Tous les hommes ont donc une phi-
losophie plus ou moins savante, en raison des eiforts qu'ils ont faits
pour étendre et diriger ces facultés.
maines à qui ils aient rendu ce service. Ils Tout appliqué également à
tous les emprunts faits aux nations de l'Orient; à l'astronomie, venue
des Chaldéens;à la médecine, due aux Egyptiens enfin à toutes les ;
sciences qui, en passant par leurs mains, ont acquis un ensemble, une
précision dont elles étaient dépourvues auparavant :
Voilà ce qu'on ne peut ravir aux Grecs et ce qui suffit à leur gloire.
celle-ci est jugée par vous digne d'occuper une place dans votre excel-
lent recueil. »
faire dire ceque nous n'avons pas dit ; 2° de tenir compte des
observations que nous avons déjà faites sur des vieux systèmes ;
3° de ne pas frapper à côté de la question. ... Quant à M. Séguier,
Çolcmique (îlatijoliquc.
Monsieur le directeur,
»Je crois que le système des idées innées peut être soutenu,
))Wow pas dans Le sens de M. Maret, que vous combaiiez avec au-
y)tant de sagacité et de justesse que de raison j, mais comme l'ex-
«plique M. Ubaghs dans sa psychologie. Il serait trop long de
» rapporter ici les preuves sur lesquelles il appuie son sentiment:
»si vous désirez les connaître, vous vous procurerez facilement
ficet ouvrage. Je crois qu'il se trouve à la librairie de M. Waille.
)>Mais un autre point qui jette beaucoup d'obscurité sur les dis-
)) eussions philosophiques et théologiques, c'est le manque d'une
» séparation distincte, nette et bien tranchée entre l'ordre wa^me/
» et l'ordre surnaturel.
» Voici quelques-unes de mes idées : le mot ordre implique trois
«termes, nature, moyen, fin. Dieu ne saurait créer un être sans
«lui donner une nature, une fin et de^ moyens pour atteindre
• cette fin. Et quand ces trois choses sont en rapport-, il y a ordre i
«et il y a ordre naturel, quand l'être n'a rien que ce qu'il a reçu
«en vertu de sa création.
» le plus bas degré de l'ordre naturel jusqu\iu plus
Mais depuis
«élevé, y une étendue indéfinie; car on conçoit très-bien que
il a
» Dieu pût créer des êtres plus ou moins parfaits dans le même or-
* Voir dans l'examcD critique de M. Maret, ce passage, tome xii, page 67.
224 REFUS DU CORRESPONDANT
«fraochise. Nous cherchons la vérité de bonne foi, et je me plais
)>à vous dire que je suis émerveillé de la manière si généreuse, si
« Monsieur,
» Permettez-moi de vous exprimer ici toute la satisfaction que
«j'aitrouvée dans la lecture des derniers numéros de votre ex-
«cellent journal. Outre que les articles qu'ils contiennent ont tous
»un grand intérêt par eux-mêmes, j'ai eu le plaisir de les voir ac-
» cueillir avec éloge par beaucoup de personnes qui, je ne crains
»La part plus grande que vous avez cru devoir accorder à la
«polémique contemporaine dans les derniers volumes, n'a pas été
«également approuvée par tous. Plusieurs auraient voulu que les
)) Annales ne quittassent pas aussi souvent le terrain des traditions
«antiques pour entrer dans le champ de discussions qui ont plus
«ou moins d'intérêt, et où, d'ailleurs, la vérité a ordinairement
» peu de conquêtes à faire. Ces personnes xw'ont paru ne pas
T>comprendre l'importance et le but véritable des questions traitées
»dans vos articles de polcmiquc catholique^ et ne voir dans le rap-
«port pourtant bien réel , des deux catégories qui partagent vos
,
,
))I1 y a encore bien des choses à dire sur le passé ; il s'en faut de
«beaucoup que l'on ait soulevé toutes les ruines, et la Providence
1 Voir cet article dans notre t. xi, p. 325. A celle époque, la leitre de M. Ma-
rct cl la réponse que nous y avons faile, n'avaient pas encore paru.
226 REFUS DU CORRESPONDANT
afaii encore à plaisir autour de la question de l'origine de nos
» connaissances. Quand donc serons -nous las de déraisonner
«sur les mystères de la raison? Pourquoi ces messieurs les Ra-
wtionalistes, catholiquesou anti-catholiques, ne nous racontent-
ails pas comment s'est la révélation naturelle ou
opérée en eux
«positive en vertu de laquelle ils peuvent parler, raisonner ou
«déraisonner? Ils l'ignorent tous, comme vous et moi, proba-
«blemeut; donc ils n'expliquent pas comment les premiers hom-
»mes^ les premières sociétés ont acquis les élémeus d'intelli-
«gence et de conservation qui leur étaient nécessaires; donc il
j>y a eu révélation de tout ce qui était nécessaire à L'homme, par
» faite.
«raison. Or, comme les élémens de cette raison sont tous acquis
«en vertu de la révélation naturelle par La parole, wows ne pouvons
«réellement sortir du cercle dans lequel nous tournons sans cesse.
«Que je veuille nier l'existence de Dieu, de mon ûme, de mes
«destinées futures , les élémens de négation me manquent; je ne
«puis me servir, en effet, que de ma raison, produit nécessaire
«d'idées plus ou moins en rapport avec celles de la divinité, de
DR PUBLIER LA RÉPONSE A M. MARET. 227
«l'ûme, de rétcrnilc. Ma négation équivaut donc Ji une affirma-
tion; de même que je n'ai rien pu créer en moi, sous le rap-
)état de nature des anciens n'était réellement que cet état contre
y>nature, où l'homme tombe faute de connaître Dieu, de l'aimer
»et de le servir; c'est î'état des peuplades sauvages et idolâtres
«qui serait pire encore pour l'homme isolé de ses semblables,
»car je suis persuade que l'homme isolé oublierait de parler, de
«penser; à moins d'une grâce toute divine, il retomberait dans
«quel est donc l'homme, le chrétien, le saint qui ne s'en est pas
«convaincu par sa triste expérience?
«Ainsi, mon bon ami, eu face de V Évangile^ celte philosophie
"divine dont chaque oracle émeut l'âme jusque dans ses pro-
» fondeurs, dont l'éclat illumine les plus épaisses ténèbres ;, on
«bâtit à grand peine un misérable édifice tout humain, qui
«tombe sans cesse et qu'on relève toujours, c'est réellement la
"folie la plus persistante de l'orgueil de l'homme, et il y a un
«peu de cette folie dans toutes les tètes. Détruisez, détruisez
«cette Babel, cher ami; dites à M. Maret que son système a été
«réfuté dans le Correspondant lui-même, avant les articles qu'il
» y a publiés. Qu'il lise un excellent travail sur le catholicisme
y>et l'industrie de M. Fcuguerey, qui dit avec une si grande rai-
»son: «Les mystiques Chrétiens n'ont jamais cru qu'il n'y ait dans
le monde qu'une seule et unique substance dont émanent tous
228 REFDS DU CORRESPONDANT
«les êtres finis, et que l'âme humaine en particulier soit un écou-
élément de Dieu \ »> Les écrivains, nécessairement, devraient se
«mettre d'accord sur les principes avant de dogmatiser. En ré-
»sumé, nous sommes catholiques par le cœur et païens par l'es-
«prit. De là, vient que nos œuvres sont mortes. Les questions
«insolubles à la raison nous occupent plus que la propagation
«des vérités évangéliques qui n^ont jamais été plus ignorées qu'au-
«jourd'hui. Feu, feu, comme Cormenin, sur tous ces vaniteux
«sages qui veulent savoir autre chose que Jésus-Christ crucifié.
«Saint Jean et saint Paul, à coup sûr, ne cherchaient pas
» comme eux à rationaliser La vérité. «
DE B***
»de là, c'est malgré la nature qu'elle s'opire; elle est un don, elle est une
Dgrâce, et elle est en même tems une conquête, prix du sacrifice et de la lutte.»
gence \avec la raison divine **. M. Feugueray est un laïque. Nous nous per-
mettons de le signaler au correspondant comme très-digne de faire partie de son
comité de rédaction.
lice, que uous n'avons puljlié ces pièces que quand on nous y a
forcés. Elles ne sont pas, au reste, les seules, et nous pourrions
en publier bien d'autres. Qu'il uous de dire ^ que si nous suffise
1 Voir, dans notre tome xi, p. MCy, et dans notre tome xir, p. 470.
' On peut la demander nu bureau des Annales, et chez Soguicr cl Brov li-
biiiirc!', au prix de DO c.
{jistotrc (Hatljoliquc.
Tel est le tUrc d'un ouvrage que publie en ce momcnl Mgr lîa-
parti, par lesquelles l'on voit tant U'éciivains gâter souvent les
meilleures choses, mémo sans le vouloir.
Uoe seule idée domine et coordonne toutes les autres idées
teur rapporte, enlr' autres, les bulles et les lettres vraiment admi-
rables que publièrent, sur cet objet, les papes : Paul III, en 1537;
Urbain VIII, en 1659; Clément XI, en 1706; Benoit XIV, en 1741.
Mais laissons parler l'auteur lui-même qui nous raconte les
admirables succès de Vaction religieuse dans la conquête de l'A-
1 Vol. H, p. i02.
,
234 l'amérique
grand et bien juste éloge ^ dans son deuxième voluraCj h la page
118^.
« Bénie soit la France que nous voyons sans cesse
! c'est elle
«vertu divine j les bornes que Dieu a fixées t'i la nature humaine,
»ct elles sont un des plus puissans moyens dont la divine
1 Les Annules onl publiù tlùjCi (iue!(iuos-uns dts rOsulUils (Ic ccUc mission dans
leur loinc vu , \\ 253 t3f sOiii').
CONSIDHUKK .-'OUS LK RAPl'OUT IiraUlIKUX. 235
biiMi npprôcior les vertus et les Liions de cet illusire prélat eu
Castelli,
Préfet apostolique de la MarlJniquc.
Hoiiufllcs et iîîclangcG.
EUROPE.
se plaindre du départ d'un des pères. Leur foi vive et sincère. — Ar-
rivée de quelques missionnaires protcstans ; ils disent aux naturels que
des Français veut les asservir. Ils mènent leurs fidèles à coups de
le roi
leur ancienne croyance. Orgueil des habitans; ils disent mon Euro-
péen, comme on ditailleurs mon esclave. Un clief prétend que le catho-
licisme est à lui. Il défend aux néophytes ime danse permise par les
niissionnaires. Ceux-ci résistent; l)elle repeiilaiice du chef. — Ils sont
bien accuedlis par le> tiibus prulcbtuntis. Lspoir duuussiounaiiedcles
23G NOUVELLES ET MÉLANGES.
convei'lir. — Un cop de vigne avait été apporté d.insl'ilc, mais une vé-
gétation trop abondante l'empêchait de porter du fruit; le missionnaire
a arrêté cette végétation , et le premier raisin de l'île a servi pour le
vin de la messe du l*^"" janvier 184i.
4. Lettre de Mgr Bataillon, niariste , datée de WalHs, 20 aoûtlSli.
Détail sur une visite pastorale faite à Wallis , à Tonga et ù Fidji. II a rc'
cueilli partout quelques fruits.
5" Lettre du P. Escofftér, de la société de Picpus. datée de Nouko'
Hiva (Marquises). Détails sur son voyage; parti de Toulon le 4 mai 1844,
il est arrivé le 14 octobre; il témoigne sa joie de voir ses sauvages.
G. Missions de Siaia. Lettre de M. Grandjean, des missions étrangères,
datée de Bangkock, l^rjuin 1844. Description d'un voyage fait dans le
revient sur le voyage fait dans le Laos, et donne de pins longs détails sur
les prédications qu'il y a faites sur les bonnes dispositions du peuple,
,
mai 1845. Il y rend compte de ses clforts pour entrer en Corés, et des
obstacles qui l'en ont empêché. Sept catéchistes Coréens devaient l'y
introduire; mais ils sont l'objet de tant de surveillance de la part des
gardiens des frontières, qu'ils sont forcés de rentrer dans Tintérieur.
Le m;ir!yre des trois missionnaires, en 1839, a eu un grand retentis-
sement dans tout le pays. Le signalement des Européens est donné par-
tout. On arrête tout liomme qui a un peu plus de barbe que les Coréens
et les Chinois. — Depuis 1839, il y a eu encore 7 marlyrs , et dans le
1
,
qu'il ne voulait plu^ souiller son sabre iVun sang si impur. La foi fait
tous les jours des prosélytes.
plir tous les devoirs d'un bon pasteur et à conduire dans la voie du sa-
,
lut le troupeau confié à vos soins. Il nous est, quant à nous infiniment ,
joignons le vœu de toute vraie félicité bénédiction que nous vous don-:
sic/es, la vie des Sou fis, par cl-JIcnawi les trois volumes dépareillés du
,
ces traits devaient servir uniquement à maintenir le ciment qui liait les
pierres ensemble. Ce monument est du reste fort dégradé tant par
, , ,
des tremblements de terre que par les mains des hommes ; on assure
même qu'un dos derniers beys de Constantine avait vainement essaye
d'y ouvrir une brèche à coups de canon. Comme le tomljcau de Medr-
haçen a été visité dans ces derniers tems par M. Brossclard et par le
capitaine Delamarre, ils en donneront bientôt, sans doute, une des-
cription détaillée.
M'étant ensuite porté nu camp de Z?a<cna,j'ai visité les ruines de
Lamhacsa, une des villes romaines qui opposèrent le plus de résistance
aux conquérans arabes. La quantité d'inscriptions latines que j'y ai
remarquées est immense. La terre en est jonchée pendant un espace de
doux lieues, et, pour les copier, il faudrait passer au moins trois mois
sur les lieux.
A cinq Heues de Constantine, en descendant le Rummel, on arrive
à une haute colline appelée Krénèga, sur laquelle on voit des monceaux
de ruines auxquelles les indigènes donnent le nom d'Ocsantina'l-Gadîma
(la vieille Conslaniine). J'y ai reconnu l'emplacement d'une ville ro-
maine; on y remarque des murailles eu pierre de taille, des portes,
des puits et dos citernes. Deux autels ou piédestaux renversés attirèrent
mes regards, l'un portait une inscription latine que j'essayai de copier
malgré l'cxtrèmc chaleur qui nous accablait.
Sur le haut do celte colline ou vuit plusieurs mouuuionls druidiques,
240 NOUVELLES ET MÉLANGES,
formés chacun d'une grosse pierre plate et informe soutenue par trois
,
ou quatre autres; et sur la route qui conduit aux ruines de la ville ro-
maine, on aperçoit une pierre carrée sur laquelle est sculpté un 2>hallus
en relief. Cet emblème se retrouve, m'a-t-on dit, à Guelma et eu plu-
sieurs autres endroits de la province de Constantine.
Je dois aussi signaler l'existence d'une grotte dont les parois offrent
plus de quarante inscriptions latines^ coramémoratives de la mort d'au-
tant de martyrs. Celte grotte est située sur le versant oriental d'une
montagne qui s'élève dans la localité appelée Belèd-Ferhat Adjim. Au
pied de cette montagne on voit les restes d'une petite ville romaine ,
,
CiblioQrn^Ijir.
mes in-folio.
Quant à la 2" période, celle qui comprend l'état de l'art depuis ea décadence,
au A" siècle environ jusqu'à son renouvellement au 16« siècle, ce qu'on nomme
communément le bas-empire ou la décadence, le moyen-âge, la renaissance, était
restée sans historien, et les ténèbres les plus épaisses couvraient celte époque,
soit que les écrivains eussent dédaigné de tirer de l'oubli les informes monumens
d'un art dégénéré, soit que les diCTicultés qui hérissaient ce travail eussent décou-
ragé ceux qui voulurent essayer d'en soulever le voile, soit cnQn qu'il ne se
trouvât pas d'écrivain qui se fût rendu compte de ce que les monumens nom-
breux dus aux artistes du 4" siècle au IG", offrent de caractères remarquables cl
»le but que je me suis proposé. Ce que les historiens des beaux-arts se sont con-
ï tentés de dire, j'ai essayé de le montrer et de le prouver par les monumcns. »
Ces planches sont l'objet d'une table analytique qui renferme, outre l'indica-
tion précise sur l'époque , l'auteur et la place du monument, sa destination
actuelle, car plusieurs ont subi des transformalions curieuses. L'auteur y donne
une foule de docuraens curieux sur des détails historiques du plus grand inté-
rêt, qui n'ont pu entrer dans les discours d'introduction. Ces inventaires détail-
lés des plus intéressantes productions de l'art pendant douze siècles, formcrit
à eux seuls plus d'un tiers du texte de l'ouvrage , et présentent une collection
lèbres; uu tableau des principaux baplistaires élevés près les basiliques chré-
tiennes ; des recherches sur l'origine et le caractère de l'architecture gothique,
sur laquelle, malgré toutes les éludes fuites depuis tant d'années, on est loin
d'être d'accord.
Dans le discours sur la sculpture, on trouve des documcns assez étendus sur les
diptyques grecs et latins, sur la fonte eu bronze, la ciselure, la damasquincrie,
l'art de graver le cristal, etc.
Dans celui sur la peinture, on trouve des recherches curieuses sur les mo-
saïques anciennes et modernes, sur la peinture en émail, sur l'invention de la
teur, quai Malaquais, n» 5, à qui l'on doit d'avoir mis enfin l'ouvrage de d'Agiu-
court plus à la portée des bourses ordinaires,
L.-J. G"».
iSS^^f^^CSSSv
•i/i5
A.\>ALES
DE PHILOSOPHIE CHRETIENNE.
Uiimcro 76. — ?lmil 18/i6.
JJclcmiquf Cntl)oliqiu\
LE DOCTEUR STRAUSS
ET SES ADVERSAIRES EN ALLEMAGNE.
'.
Quitihnc ^.iliiir
LE DOCTEUR SACK.
Importance de la question de la' révélation ,
primitive, mosaRjuc et ëvangc-
lique. —
Pour prouver que le Christ n'a pas existé, il faut nier Ihistoire
entière de l'Ancien Testament et du monde ancien. — M. Quinet et les ra-
tionalistes allemands. — Ont-ils découvert quelque objection nouvelle? —
La Bible a été défendue par des auteurs allecnands aussi célèbres que ceux
qui l'ont attaquée.
» livre de Job, la fin d'haie, ou, pour tout résumer, la plus grande
» partie de l'Ancien et du Nouveau Testament, sont apocryphes ? Cela
'. est-il vrai? Voilà la question qui est aujourd'hui flagrante , et dont
Gésénius sur Tsa'ie, d'un Etrald sur les Psaumes, d'un Bohlensuv
la Genèse, d'un De Tï'elte sur le corps entier des Ecritures. Ce sont
là, d'une part, dos œuvres véritablement hostiles, puisqu'elles ne
laissent rit-n subsister de l'autorité catholique, et de l'autre de savans
" arrachent des mains une page des Ecritures, et vous, qui gardez
'" le silence ou parlez d'autre chose, que pouvez-vous demander de
'
Au lieu de toute entière, lisez rationaliste ; c'est une illusion perpétuelle
de l'incrédulité de ne voir qu'elle-même dans l'univers,
' Revue des deux mondes, p. 335: 1812-
2^8 Ll' DO(;TELr. sthalss
Bible, vous n'auriez pas pourtant terminé là votre œuvre. Il n'y a pas
»Nous nous proposons plus tard de démontrer, par la conservation des mi-
comme un épisode.
*
Dans la Revue des deux mondes, dans le Génie des religions, 358-360, et
tainement aussi élevée que celle d'aucun autre professeur des écoles
germaniques, s'est moque avec une amère ironie d'une pareille pré-
tention'. Est-ce que nous sommes d'hier ? Est-ce que nous sommes
nés dans les tén«îbres et dans la barbarie? A peine sortis du cénacle,
nous nous sommes montrés à Alexandrie , à Antioche , à Corinihe , à
contradiction \ >ous ignorez donc que les Celse, les Julien, les
corde que les bases profondes de l'exégèse moderne aient été jetées
'
Le docteur TUoluch. Voyez l'histoire qu'il fait des antécédens du système
mythique, chap. 1" de sa rrfulalion de Strauss.
* Le docteur Kubn dans son Introduction d la vie de Jrsus examinée au
point de vue de la science, fait remarquer avec un grand bon sens que les
premiers euncmis du christianisme étaient tout aussi subtils et tout aussi mal-
vcillans que ses adversaires contemporains.
^ ^l.QmuQi, Allemagne et Italie, ii, 327, et >L Saisset, Introduction aux
ceiivres de Spinosa , élève jusqu'aux nues la science eiégétique de l'auteur
du Traclatus theologico-politicus. Il serait facile de démontrer pourtant que
Spinosa n'a ;.'uèie inventé, sinon peul-élrc la cauteleuse hypocrisie des pas-
leurs rationalistes protestans qui voudraient poignarder le christianisme par
derrière.
250 LE DOCTEUR STRAUSS
Baltus '°, Bergier ", Pompignan '% Duvoisin '^ G. "NVestt 'S La
Luzerne '^ BuUet 'S Veitli ', Pezron ^ Statiler '9, Arnauld "°,
p. 892.
^^ Réponses critiques aux difficultés iprofosies par les incrédules sur divers
p. 11.
SI Témoignage des juifs et des païens en faveur de l'évangile,^ vol. in-l?.
afm déjuger par nous-mêmes et par nos propres yeux, si nous n'y
trouvons pas encore des défenseurs dont on craindrait peut-être avec
prudence de nous faire soupçonner l'existence et les travaux.
pour la renverser d'un seul souffle. Jusqu'à nos jours les livres saints
ont subi des attaques plus sérieuses que nos adversaires ne l'imagi-
nent. Les libres penseurs de l'Angleterre, si profondément oubliés
étaient aussi subtils et aussi savans que les docteurs de la nouvelle
exégèse '. El pourtant qu'est-il arrivé? Qui donc a fait taire leur pa-
leur arracha Tépée des mains? Eh I ne savez-vous pas qu'ils ont été
vaincus par la science dans la libre Angleterre ?ne savez-vous pas qu'ils
n'ont pas laissé même quelques successeurs obscurs de leur doctrine,
qu'il n'est pas resté sur le sable la trace de leurs pas ? N'essayez donc
pas de nous faire peur de la science ni de la liberté. Vous ne vous
rappelez pas que plus d'une fois déjà l'on s'est promis de nous vaincre
par de pareils moyens. Pourtant vous devriez savoir que nos plus
sérieux adversaires nous ont déclarés immortels '.
Nous n^avons donc pas à nous effrayer de ces têtes de Méduse avec
lesquelles on veut nous fasciner. Nous devons nous attacher aux ré-
;>»ec l'Icury. avec Bourdaloue, avec Bergler, avec Duvoisin, que les
cinq livres de Moïse n'ont pas perdu leur valeur historique, même
après les attaques d'une certaine exi-gèse. Stolberg ', Heeren •, Jean
de Miiiler % Luden \ AVachler ', Schlosser ^, Léo , Ideler % Molilor 9,
législation mosaiipie.
25/l LE DOCTEUR STRAUSS
sérieux et réfléchi ne s'étonnera donc pas de voir les écrits des pro-
phètes combattus avec tant de constance et d'obstination. Porphyre,
dès les premiers tems du Christianisme , avait attaqué Daniel avec
cette animosiié qu'il avait contre toutes les idées chrétiennes; mais
les objections du philosophe d'Alexandrie disparurent bientôt, renver-
sées par les réponses approfondies du savant solitaire de Bethléem .
Après la naissance du Protestantisme, la lutte contre les prophètes,
ainsi qu'il fallait s'y attendre, recommença bientôt. 11 serait difficile
' Parmi les savons anglais , on pourrait consuller encore l'ouvrage de Fa-
Lcr qui a pour litre : /Jonc yiosaïac.
* .Allemagne et Italie, t. n.
' Les ouvrages d'IIcngstcnberg ont pour litre • AidhentirUé du Pcnla-
lenque. — Les livres de Moise el de V Egypte.
' C'est ce qu'il lait dans le Génie des jcligions.
'•>
Ilicronyiniin Danitlrm pro'falio. Dans la Bihliothecapalnm dc Migne
t. XXV, cl dans le t. y de S. Jérôme, p, 491.
LT SES ADVERSAIRES E.\ Al.LEMAGM-. 25.")
teuse pour les fondateurs de la nouvelle citd d'alliance. Mais ses espé-
rances sont loin d'être aussi positives que nos adversaires le répètent
tous les jours avec une assurance qui n'est peut-être pas complète-
ment sincère. On feint d'ignorer, en effet, que les objections préten-
dues nouvelles qu'on soulève maintenant contre les prophéties ont
été complètement réfutées par des savans dont il est diflicile de
contester la compétence. On a, dites-vous, attaqué l'auiheniicité
d'Ezéchiel^ 3Jais ne savez-vous pas que les écrits de ce prophète ont
été chaudement défendus par Eichhorn, RosenmuUer, Bertholdt,
Gésénius, de Wette et Winer, qui ne sont certainement pas crédules.
Jérémie a été aussi l'objet de quelques attaques. Son authenticité a
été aussi contestée par Spinosa et par Thomas Fayne \ Mais qui ne
sait que Bertholdt, Eichhorn, Winer, Gésénius, de Wette, Rosen-
miiller ont fait justicedes sophismes de ces deux écrivains ? Les vingt-
sept derniers chapitres d'Isaïe ont été attaqués, comme vous le
jg^-^OBWOTii -
EXAMI N (.UIIIMLLDL l/lUS lOlUL DL L'ÉCOLK DALEXANhr.lL. 257
ÎJolcmiquf pi)ilosiipl)iqiic.
EXA3IEN CRITIQUE
DE L'HISTOIRE DE L'ÉCOLE D'ALEXANDRIE,
PAR M. JLLBS SIMON, PROFESSEl R AGRÉGÉ DE LA FACULTÉ DES LETTRES
DE TAKIS, MAITRE DES CONFÉRENCES DE PHILOSOPHIE
A L'ÉCOLE NORMALE, ETC.
nition des rapports qui enchaînent l'une à l'autre ces deux personnes?
« Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde^. » Le concile
de Nicée ne parlera pas autrement, il dira aussi que Jésus-Christ est
' Ce jugement n'est pas seulement celui de M. Saisset, mais encore de toute
celle école qui croit au développement et au perfectionnement constans du
dogme divin : c'est sous son inP.uence qu'a été écrit, il y a deux ans, l'ouvrage
en 4 volumes intitulé : /f,wrt/j«/- la formaùon du dogme caUioUque. Nous
avions eu d'abord l'intention de nous en occuper, nous en avons été détourné
quand nous avons su que le profond théologien (jui a écrit ce livre était...
madame la princesse Beijoioso !!! Au reste, nous pourrons revenir un jour sur
ce singulier caprice dune femme à la mode.
* Ego et T'ater itnum sumus. Jean, x, 30.
Et puis, il aurait alors compris la valeur des textes que l'on tire
des écrits des Pères, et il se serait épargné les réflexions qu'ils lui
Jet. aposl., V, 3, 4.
' Jean, xv, 26. Le Saint-Esprit, comme le remarque S. Augustin, ne peut
procéder du Père sans procéder en même lems du Fils. « Cura de illo (Spiritu)
» l'iliusloquereturait -.de Pâtre pioccdif;q\ion\dimVaXQr processionis ejusest
» auclor, qui talem Fiiium genuit et gignendo ei dédit, ut etiam de ipso proce-
» dcrelSpirilus sanctus. Nara nisi procedcretet de ipso, non diceretdisripulis:
» accipilc Spiritum Snnclum. ( Contra Max'nnnwn Arlan. 1 ii, c. 14, n. 1,
» l. vtii, p. 770, édit. de Migne). S. Cyrille d.Xlexandrie fait observer que «Jé-
» sus-Christ, en disant que le Saint-E>pril procède du Père, enseigne lidcnlité
» de substance du Fils et du Père : et celte doctrine, ajoute-t-il , est celle des
!) Pères qui l'ont précédé : sanctoriim Pattum Jldci vcstigiis insistenles»,
graliicqui cffusus est su^er nos? Saint Clément, i Ep. aux Cor. i6.
£6U tXAMEN CUITIQUE
I) termination de la nature de ces trois termes? Où est la divinité du
)) Christ? Où est celle de l'Esprit? Où sont l'égalité, la consubstan-
n tialité du Père et du Fils ? Qui m'assure même qu'il faut s'arrcler
défendre.
Après le passage de saint Clément, M. E. Saisset discute successive-
ment les textes que Ton lire des ouvrages de saint Hermas, de saint
Ignace, de saint Justin, etc. ; et comme il oublie de tenir compte des
livres du Nouveau-Testament, il s'applaudit du facile triomphe qu'il
' .M. E Sa sset. /;\fJrt/.« sur la philos, cl la tel. au l'J* siècle; de l'Ecole
d'Alc.iandiie, p. I5i-i)j.
.
•
L'ôi Slip., p. 157.
J')., c. IX, p. ICi ; c'est encore ce que dit nofre Symbole : «Alla estenimpcr-
sona Patris, alla Filii, alia Spirilûssancli. 5î/wi5o/e.
' Non divisione alius, sed distinctione. Ihid., eh. ix. — Ncque substantiam
séparantes. Symh. — Tertullien dit encore : « Ne perds jamais de vue le prin-
» cipe établi par moi, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont inséparables...
Le Père est autre que le Fils, en ce sens que celui qui engendre est autre
» que celui qui est engendré; en ce sens que celui qui envoie est autre que
» celui qui est envoyé; en ce sens que celui qui produit est autre que celui
» qui est produit. Heureusement pour notre cause, le Seigneur lui-même a em-
» ployé ce mot à l'occasion du Paraclet, pour marquer non pas la division,
C. VII, p. 161.— Filius à Pâtre solo est, non factus, non creatus, scd genitus.
Dans le Symbole.
^ Spiritum non aliundè puto quàm à Pâtre per Filium. Ibid. c. iv, p. 159.—
Spirilus sanctus à Pâtre et Fiiio, non factus, ncc creatus, nec genitus, sed
proccdens. Dans le Symbole.
* A l'occasion de ce mot degrc\ M. E, Saisset fait une lemarciuc que noui
DE L'ilIbTOlUE DE LtCOLL D'ALEXANDRIE. 263
ne devons pas passer sous silence : < De quel dioit un philosophe, interprétant
> un texte de Terlullicn où il est dit expnssiinenl que les Iwù personnes sont
• des tlcL'resài la substance divine et qu'elles diltérent entre elles parle degre\
»aflirmcra-t-il que ce Père n'a pas entendu introduire dans la Trinité des dif-
• férences de degré? » P. 159.— Et d'abord, Terlullicn ne dit pas expressément
que les trois personnes de la Trinilé sont des degrés de la substance divine,
mais il dit que ces personnes sont trois en degré ( très gradu). Le sens de ces
deux expressions n'esl pas, ce nous semble, le même, el la seconde seule pré-
sente la traduction iidèle du texte. — En second lieu , si M. E. Saisset avait lu
le traité de Terlullien contre Praxéas ,i\ aurait compris que ce l'ère, en di-
sant que ces personnes sont trois en degré, n'a pas entendu introduire dans la
Trinité des différences de degré , c'est-à-dire les faire inégales. Voici com-
ment il explique lui-même ce mot. Après avoir dit que le Fils est engendré ^.w.
Père, et que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, il ajoute : « Toute
» chose qui sort dune autre est nécessairement la seconde par rapport à celle
• dont elle sort, mais sans en être nécessairement séparée. Or, il y a un se-
>> cond là où il y a deux; il y a un troisième là où il y a trois. Car le troisième
• est l'Esprit qui procède du Père et du Fils.» Ibid., c. viii. — N'est-il pas
certain, d'après ce passage, que Terlullien emploie le mot degré pour mar-
quer l'ordre de distribution des trois personnes de la Trinilé? Au premier
rang, au premier degré se place le Père, au second le Fils, au troisième le
Saint-Esprit ; mais le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont la même nature, la
même substance ; ils sont égaux.
« Très auiem non statu sed gradu; nec substantià, scd forma;
nec potcs-
tatesed specie; unius autem substaniia^ el unius status, et unius potestatis;
quia unus Deus, ex quo et gradus isti et formœ et species , in nomine Palris
et Filii et Spirilùs sancli depulantur. ll)id. c. n, p. 157.
' Ita rcsipsa formam suam Scripluris cl iaterprelalionibus earum patroci-
nantibus vindicabit. Iljid. c. v, p. 159.
^ Hanc regulam ab iniiio Evangelii decucurrisse , etiam anlè priores
26i LXA.MliX (;.;iTIQLt
ment à la question qui nous occupe? iSe la déplacez pas ainsi. Il s'a-
» juge le plus compétent et le plus sûr. Si haut que l'on remonte dans
» l'histoire de l'Eglise, l'égaliié des personnes divines, c'est-à-dire la
» qu'alors la doctrine fût arrêtée, organisée sur tous les points ; sup-
» posez surtout que depuis trois siècles elle n'eût pas un instant va-
« rié : je vous demande de m'expliqucr comment une hérésie qui la
» renversait de fond en comble a pu faire une si prodigieuse fortune ;
dogme hérétique, qui est sorti de cet alliage. Théod. chr., p. 264.
"
Celte épilhète est-elle jetée là pour produire de l'effet? Nous ne savons ;
8 //>/V/.,p. Ifi2.
,
trine de l'Eglise n'était pas, au 16*^ siècle, arrêtée, organisée sur tous
» Vbisup., p, 162,
268 I-XAMFN p.niTio^F.
voile saint Alexandre, malgré son grand âge, retrouve toute la vigueur
de la jeunesse, et il s'empresse d'écrire aux évèques de cette contrée,
à ceux de la Phénicie et de la Celesyrie, pour se plaindre qu'on ait
» an\ autres hommes. Dans ce but impie, ils recueillent avec soin
» tous les textes qui parlent de son incarnation et de son abaissement,
» et repoussent ceux qui parlent de son éternelle divinité et de sa
1) gloire... Ils excitent tous les jours contre nous des séditions et des
» persécutions, soit en nous traduisant devant les tribunaux par le
» faut aussi rendre au Fils l'honneur qui lui appartient : lui attribuant
2 Nemo novil palrem nisi filius; et nemo novil filiuni nisi patcr. Mat-
thieu. XI, 27.
^ Pater major me est. Jean, xiv, 28.
* Qui cum sit splendor gloriœ et figura substantiœ ejus. ^».v ffehen^,J. 3.
» Fils unique^ et : Tout a étc fait par lui'i, sans détester ceux qui
» disent que le Fils est une des créatures? Gomment peut-il être l'une
>• des choses qui ont été faites par lui; ou comment est-il Fils unique,
» s'il est mis au nombre de tous les autres ? Comment est-il sorti du
» néant, puisque le Tère dit : Je fai engendré de mon sein avant
» l'aurore''. Comment peut-il être dissemblable au Père en substance,
» lui qui est l'image parfaite et la splendeur du Père'-', et qui dit;
» celui qui me voit voit aussi mon Père^. S'il est le Xoyo;, c'est-à-
)' dire la raison cl la sagesse du Père, comment n'a-t-il pas toujours
» été? Ils doivent donc dire que Dieu a été sans raison et sans sagesse?
» Comment peut-il être sujet au changement, lui qui dit : Je suis
» dans le Père, et le Père est en moi^ ; et encore : iMoi et le Père
» parce que je suis et ne change pas'. Car quoique ces paroles puis-
» sent se rapporter au Père, on les enlciul toutefois mieux du Verbe,
<» parce que, devenuhomme, il n'a pas changé; mais, comme dit l'a-
» pôtre : Jésus -Christ est le même aujourd'hui qu'hier, et dans
» tous les siècles\ Quelle raison ont-ils de dire qu'il a été fait pour
» nous, quand saint Paul écrit : Que tout est pour lui et par lui\
» Quant à ce blasphème, que le Fils ne connaît pas parfaitement le
>» Père, il renverse cette parole du Sauveur : comme le Père me con-
» naît, ainsi moi je connais le Père"'. Si donc le Père ne connaît le
>' dence, l'ensemble de ses œuvres; et, après des siècles de disserta-
» lions, de raisonnemens et de subtilités ,
pas une vérité n'avait été
* Dans Théodoret, 1. i, c. 4,
DL L'illSiOlKt DE L'ÉC.OLE d'ALEXANDKIL. 273
» d'espérance et d'amour'.»
Déjà Tillemont avait lait une remarque semblable :
'< Le Concile (de Nicée) voyant quelle était l'hypocrisie des Ariens,
» ramassa toutes les expressions de l'Ecriture à l'égard du Fils, et les
Ainsi donc ,
quand Arius se présente avec une doctrine qui ren-
verse le dogme de la Trinité, l'Eglise lui oppose l'enseignement
constant de Jésus-Christ, des Apôtres et de la tradition ; il n'y a de
nouveau que le mot qui l'exprime et le résume '. Cet enseignement
de Jésus-Christ, des Apôtres et de la tradition, tous les évèqiies pré-
' Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècle s y
l. vt, p . 656.
' On peut même dire avec M. Rohrbachcr : « Le mol consnislanliel n'était
chés à Arius ; aussi les condamne-t-on avec ce novateur. Voilà des faits
» Socr. 1. 1, c. 26.
1 Philoslorge (1. ii, c. 9), auteur arien, nous apprend qu'Eusèbe de Nico-
médie, en souscrivant au concile, inséra, dans le mot homoousios, un iota, ce
(jui Ims&W. homoiousius, c'est-à-dire semblable en subslancc ^ au lieu que le
premier signifie de même substance.
' Cette lettre de Constantin est adressée à i'éalise de Nicomédie. Voir
,
nous paraît très- difficile de la concilier avec tous les moyens qu'il
» foi que nous avons confessée sur les fonds de baptême ; là seule-
» ment se trouve le salut Quant à moi, je tiens fortement à la
« croyance que j'ai reçue, et je ne change pas ce qui vient de Dieu '. «
est cette doctrine qu'il dit immuable , déposée par Jésus-Christ dans
l'Évangile, enseignée parles Apôlres et transmise par la tradition?
Quelle est cette doctrine que l'on ne peut abandonner, sans se préci-
piter dans l'erreur? la doctrine Chrétienne elie-raCmc, dans tout sou
ensemble , et notamment le dogme de la Triiiiié ' ? N'est-ce pas elle
qu'il défend? n'est-ce pas pour la faire triompher des attaques de
l'arianisme, qu'il consume ses forces et son génie! Il nous apprend, il
est vrai, que dans les dix provinces de l'Asie où il est exilé , il n'a
quoi ? Parce qu'on a chassé de leurs sièges presque tous les évêques
catholiques , et qu'on les a remplacés par des Ariens qui , eux, tra-
vaillent sans cesse à propager l'erreur. Comment cette remarque a-t-
' Sed impietalis ipsius hinc vel praecipuè causa perpétua est quod fidem
apostolicam septuple proferentes, ipsi lamen fidem evanL'elicam nolumuscon-
fileri... Evitamus de Domino Christo ea credeie, quœ de se docuit credenda ;..,
>> ces témoignngcg , plus nous sommes persuadé que de toutes les
» entreprises la plus difficile serait d'établir que la doctrine chré-
r. tienne n'était pas fixée au 2^ siècle , avant la formation de
>' l'école d'Alexandrie •.»
L'abbé V. D. Cauvigny.
« La Bévue de t instruction publique (15 mars 1846, p. 884) dit : <> A con-
suUer les textes cl l'ordre des lems , il parait peu probable que le dogme
chrétien de la Trinité soit un emprunt fait aux disciples d'/pmmonius par les
premiers Pères de l'Eglise. » On voit que nous allons plus Ioin> on sait aussi
pourquoi.
CO.NFÉUt^CES DE ISOTRL-DAMli DE PARIS. 279
(Cii&fîcjiicmfiU Catl)olii]Uf.
besoin qu'on leur fasse voir, par l'examen sommaire des faits histo-
entre en matière :
le mieux conçu, si, après avoir déposé dans un code les plus beaux principes
et les plus sages prescriptions, on n'y ajoutait aucune sanction, aucun moyen
d'en presser et d'en exiger l'accomplissement ? Ce ne seraient plus alors que
de vaines théories, d'impuissantes exhortations. Point de sanction, point de
loi. La religion étant la loi souverainement imposée à la liberté humaine,
elle portera donc nécessairement avec elle une sanction ; la conséquence est
inévitable.
lutte opiniâtre de l'orgueil et des passions, <|ue vous reste-t-il, si vous sup-
|»ose7. toute sanction évanouie devant la liberté humaine? /'amour fin Ixtni,
forte. Non, ce n'est pas ainsi qu'on arrête la fougue des penchans, et que l'on
Puis l'oratcuf prouve que Dieu doit cette sanction à ses autres
être chère. Mais non, il en a hérissé toutes les routes d'épines et de dillicul-
tés. Ce sont les sens qu'il faut soumettre, les passions qu'il faut briser, les dé-
sirs qu'il faut étouffer, le cœur auquel il faut sans cesse déclarer la guerre.
Tandis donné au vice tous les attraits, il a donné tous les obstacles à
qu'il a
la vertu. Et Dieu se fait une joie cruelle de la laisser sans espoir quand elle a
li^^té, et qu'elle a recueilli les mépris, les sarcasmes et les persécutions de la
terre! Au lieu d'animer le juste par ses promesses, il lui annonce qu'à la
mort ses peines, ses travaux, ses combats sont perdus, qu'aucune différence
ne le sépare de l'impie, et qu'il veut l'anéantir! Le tyran le plus féroce ea
fondant un empire eûl-il fait plus pour le crime? eût-il moins fait pour la
vertu? Blasphème encore! 11 y a donc une autre vie. L'àme est libre, elle est
282 CONFÉRENCES DE NOTf.E-DAME DE PARIS
immortelle, tout s'explique; sa condition présente est le combat : réternité
vaut bien ce prix.
vous fûtes croyans fidèles. 11 viendra : ne l'oubliez jamais; car votre âme est
immortelle. »
dèlf. La réalisation n'en était certaine que parce que Judas devait librement
se résoudre et agir ainsi. Elle n'était certaine dans la prescience divine que
parce que celte prescience s'étend infailliblement à toute vérité comme à tout
Dieu prévoit, il ne peut pas ne pas prévoir ; l'homme est libre ; ce qu'il fait
dans Tordre des actions morales, il peut toujours ne pas le faire. Dieu a donc
prévu, coordonné si l'on veut, dans l'économie de sa Providence, les œuvres
bonnes ou mauvaises de l'homme; mais il les a prévues et coordonnées, telles
qu'elles doivent être, c'est-à-dire toujours libres. Quel obstacle donc à ce que
Dieu prévoie certainement un acte libre comme libre, et le laisse complète-
ment tel? Quel obstacle, quel enii)èchement en cela? Aucun. Dieu a prévu,
oui; ce qui sera, oui; infailliblement, oui encore. Mais a prévu comme acte il
libre, comme acte pouvant ne pas être, si l'homme l'eût voulu lui-même il ;
Non, assurément. L'infinie, l'élernelle science de Dieu est une certitude abso-
lue sans aucun doute ; mais elle demeure dans les conditions d'une science,
d'une vue de fintelligence qui suppose son objet, mais ne le fait pas, qui ne
le dénature pas, ne l'impose pas, mais l'accepte et le voit tel qu'il est en lui-
même : libre quand il est libre, uécessilé quand il est nécessité.
Vous le voyez, quelle que soit l'étrange dépravation de l'homme, Dieu, sui-
vant une expression inspirée, dispose tout à l'égard delà créature intelligente
et raisonnable avec un grand respect. Car il lui laisse toujours, quoi qu'elle
lasse, les deux plus grandes choses du monde, la grâce et la liberté.
trie; car la guerre, l'étude, le travail ont leurs dangers, leurs douleurs et
leursmaux qui méritent une compassion véritable Alors ne formez le soldat
que pour un honteux repos, la jeunesse que pour une facile ignorance, l'ar-
tiste ou le savant (juc pour de paisibles et lâches loisirs. Mais non; le mal de
la guerre, le mal du travail, le mal de la science, les obstacles que la nature
oppose en tout genre à nos efforts, font nos douleurs et notre gloire- Souffrez
que la victoire ait les siennes aussi, et que dans la lutte continue du mal contre
le bien, du péché contre la réparation même divine, Dieu montre à l'admira-
tion des siècles ses justes et ses héros. Sans la liberté et sans îa présence du
innl moral sur cette terre, je chcrclie ce que seraient le courage et la gloire
vois pas.
fors, banni «les doux où rèjjnc la saintelé, ce bien suprême dont U conquête
est laborieuse sans doute, mais éternelle cl bieniieureuse. »>
quelle était cette sanction. Or, cette terrible sanction que l'homme
ne pouvait découvrir, mais que Dieu lui a révélée , c'est celle de
V Enfer ou des peines éternelles. C'est donc de la réalité de cette
éternité des peines . que l'orateur traitera dans cette conférence.
ment populaire, rappellent en tous lieux, eu tout leras , la sanction des pei-
nes éternelles. Virgile, après Homère, n'a fait dans ses admirables tableaux que
rédéchir les Iraditions universelles ei imperiss.ihles des ge'neralions anté-
rieures. Platon, qui résuma dans ses leçons l'orientalisme aussi bien que l'hel-
lénisme , parle d'un Tartare d'où les grands criminels ne sortiro.nt jamais.
Olez, en effet, du chaos des religions païennes ce dogme d'un Tartare éternel'
il ne reste plus aucun principe de différence entre le bien et le mal moral, au-
cune sanction pour la vertu affligée contre le vice triomphant. Mais, grâce au
tiel, l'idée et la haine du crime n'étaient pas éteintes. L'honneur de l'huma-
nité n'avait pas péri tout entier.
/><7/<n, c'est-à-dire qu'il fut révélé dès l'origine. Car autrement, de quelle
manière expliquer celte unanimité dans les croyances de l'Univers sur le point
le plus hostile peut-èlre à l'orgueil des opinions qui se divisent toujours, el à
l'indépendance des passions qui se révoltenl sans cesse? Cette vérité terrible
plana donc sur le berceau du christianisme comme un soleil réparateur de
286 CONFÉRENCES DE NOTBE-DAME DE PARIS
justice; elle régénéra aussi, elle féconda la terre; elle opéra les prodiges de la
Pour nous qui aimons h suivre dans nos célèbres orateurs la mar-
che de la polémique et de l'apologétique chrétienne, et qui nous
inspirons autant que possible des paroles de nos maîtres, répétons
ici après le célèbre orateur, ce que nous avons dit si souvent dans les
annales: Ce dogme, comme la plupart des autres, fut chreiien
avant d'être païen c'est-à-dire qu'il fut révélé dès l'origine ; re-
,
disons encore que ]es philosophes Grecs n'ont fait que réfléchir
les traditions universelles et impérissables des générations anté-
rieures. Ce sont là des principes qu*il faut répéter souvent pour
parvenir à les faire passer dans l'enseignement commun. Nous prions
encore nos lecteurs de faire attention aux paroles suivantes, qui nous
paraissent préciser avec une admirable justesse la valeur rationnelle
du consentement universel^ lequel prouve la vérité, non par sa va-
leur intrinsèque ou humaine, ce qui est le système lamennaisien,
mais en tant que conseriJanf la révélation divine, laquelle parole
seule est infaillible ; en sorte que ce consentement universel sera plus
ou moins infaillible , selon qu'il sera plus ou moins prouvé qu'il a
savant orateur:
Alors qu'il s'agit d'une vérité dogmatique, la voix de la calholicile tout en-
tière, attestant en ce sens les oracles divins , a quelque valeur logique ajipa-
rcmmenl. Sun témoignage est {ilus puissant dans la realite \iO\xr convaincre
une raison saine, que tous les raisonncinens du monde pour la dissuader. H
n'y a donc pas d'illusion possible pour le chrétien ni pour l'homme sensé sous
ce rapport; il faut croire à 1 éternité des peines, ou bien rejeter la croyance de
l'Ev'lise, la tradition et toute l'autorité des enseignemcns cathuliques. li faut
rejeter aussi les admirables résultats que tous les dogmes réunis ont enfanté.',
les vertus qu'ils ont inspirée,*. (lar enfin i! ne se peut pas, suivant l'ordre de la
n'est qu'un songe. Non, ce n'est pas pour admettre, mais bien pour rejeter la
foi de nos dogmes, qu'il faut dévorer les plus cruelles absurdités, et se vouer
au culte des idées étroites et pusillanimes.
Les derniers témoins de la tradition, comme les premiers, auraient fermé les
hautement l'éternité des peines ; aucun d'eux n'a jamais faibli dans cette
croyance; ils l'opposent avec énergie aux païens abusés et aux chrétiens pré-
varicateurs. Us transmettent aux héritiers de leur foi cette vérité qu'ils avaient
recueillie de la bouche des anciens prophètes, et que Jésus-Christ avait for-
mulée dans les mêmes termes dont il se sert pour exprimer l'étcrnilé de la vie
autres dogmes révélés et délinis. Dans un de ces dogmes comme dans tous se
• ^tpocahjpse, i, 18.
puisqu'un même enseignement, une même origine, une même autorité garan-
tissent également tous les points divers de la foi et en forment un indissoluble
faisceau.
Maintenant, à l'exemple des Pères qui ont raisonné dans le sens de la foi,
sons sentir que nulle considération, quelque spécieuse qu'elle soit, ne peut of-
sion de sa loi. Sans cette exclusion du mal , Dieu serait supposé l'ai-
mort arrive dans le péché, l'âme reste ce qu'elle est, séparée de Dieu,
son ennemie volontaire. Ce qu'elle a choisi lui est laissé , elle s'est
établie dans la région où Dieu n'est pas aimé, elle y demeure. Or,
c'est là l'Enfer même, dont le supplice le plus cruel, le tourment
constitutif, pour parler ainsi, est la séparation de Dieu , la perte du
souverain bien.
2° Voici comment l'orateur expose et développe la troisième et
dernière considération.
plices sans fin : » Ce dogme, il est vrai, échappe sous certains rapports aux fa-
r.U; LE lî. 1'. DE RAVIG.NA.N. 289
cullës bornées de notre esprit ; mais c'est un article de foi déiini par l'Eglise,
j'y crois. D'ailleurs, en y réflccliissani^ car on peut bien réfléchir sur les articles
de l'expiation est passé La mort a constitué l.^me dans un état permanent, ir-
révocable : la voila pour jamais dans l'état lue du terme arrivé et de l'immua-
ble éternité. Je me résume : le péché dure , l'enfer dure ; impossible de les
séparer avec justice. Car ce n'est pas tant la gravité du péché que son carac-
tère irrémissible qui mérite la peine éternelle; c'est la raison que donne saint
Thomas. Voilà pourquoi aussi Leibiiilz observa, de toute la profondeur de son
génie et de sa foi, que l'àme réprouvée porte et garde en elle-même son enfer;
qu'elle le veut comme une nécessité pour elle, qu'elle s'y enferme et s'y en-
transforme et labsorbe tout entière ; c'est qu'elle est confirmée et fixée dans le
mal même pour jamais. Alors quel rapprochement possible entre Dieu qui est
tout amour, toute pureté, et cette ;'ime qui est toute haine et toute souillure?
repousseront éternellement?
Triste, mais juste punition des désordres d'ici-bas : il faut bien enGn la
réparation et la justice.
feux éternels : le pécheur en est digne. Mais Dieu infiniment juste et miséri-
cordieux est éternellement l'un et l'autre , même en enfer. Jamais l'éternité
sur ceux qui l'outragent; mais je sais qu'ils ne recevront jamais que ce qu'ils
ont voulu, et que jamais ils ne souffriront tout ce qu'ils ont mérité. »
jet bien doux pour tous les cœurs sensibles , d'une nécessilé natu-
relle et générale , et poutant bien peu connue , bien oubliée, bien
négligée , ce sujet c'est la prière. « Baume consolateur dans les
divine. Elle est préposée /?ar ja nature ynêmc à cet ordre éminent et singu-
lier qui unit le rayon à son foyer, la pensée humaine à la pensée de Dieu
notre amour à sa bonté , en un mot, la créature à son auteur. Sans quoi
nous n'aurons plus devant nos yeux , comme au-dedans de nous-mêmes
que ce monde orphelin dont la seule hypothèse attristait le génie de Leib-
nitz, et déshéritait dans son estime celle philosophie qui ne cherche pas,
avant tout, le règne de Dieu, sa justice et son intime alliance avec l'ame.
Elle est , suivant la nolion élémentaire , cette ascension mystérieuse de
l'ame vers Dieu ; elle est l'offrande et l'hommage d'une intelligence et d'un
cœur indigens, mais qui s'approchent de l'océan immense de lumière et de
bonheur pour s'y plonger et s'y nourrir. La prière est le langage qu'on parle à
Dieu; la réponse divine est ce qui éclaire, instruit, console, soutient et for-
tilie. Dans cet élan et cet effort de l'ame pour aller à Dieu, nous reconnaissons
un premier besoin rempli, une première faculté satisfaite, la grande et souve-
Alors notre pauvre ame se relève ; elle sent en eile-iuéiae que le complé-
PAU LE R. P. DE RAVIGNAN. 591
ment de bien-cire el de vie qui lui manquait, lui arrirc par lo canal de la
prière. .Mais quand celle-ci est exilée de nos cœurs, quand il n'y a plus le di-
vin échange des grâces et des désirs, des supplications de la terre et des ri-
chesses du ciel, l'ordre a péri, il s'est retiré de la création, du monde
inlellipent, Tame est sans destinée ; elle demeure incomplète el inachevée ,
L'adoration est donc aussi la loi suprême, la suprême justice, qui consiste
assurément et avant tout à reconnaître la souveraine puissance de Dieu, et
son droit absolu sur tout ce qui respire. L'adoration est ce devoir senti de la
la prière adore.
che péniblement dans son esprit et dans son cœur. Il croit tout posséder dans
l'orgueil confiant de sa raison et dans le travail d'une philosophie stérile qui
n'enfante jamais la vertu. Et il demeure pauvre, nu, aveugle, inutile, inutile
du moins dans l'ordre de ces bienfaits régénérateurs qui seuls éclairent, vi-
langue de la prière. O Dieu que j'adore et que je prie, montrez à mes regards,
donnez à mon ame le plus consolant des spectacles : un peuple prosterné dans
la prière, conjurant votre justice, sollicitant votre miséricorde et votre amour.
Ce spectacle qui réjouit le cœur de Dieu et l'œil de l'ange, vous l'avez donné
plus d'une fois , messieurs ; vous le donnerez encore à la fin de la grande
semaine dans laquelle nous entrerons bientôt, et lorsque se sera accouipli
dans vos âmes le mystère de la résurrection de l'Homme-Dieu.
Il fallait (lue Dieu agit ainsi pour arracher l'homnic h sa torpeur, à sa dé-
Deviandei cl vous rccevrc: ;ila fondé par ces simples paroles un ordre moral
et spirituel, et de grands biens ou de grands mau\ sy rattachent suivant que
l'on observe ou que l'on néglige la leçon divine à cet égard. Nous ne le
savons que trop; l'action de l'homme ici-bas est une lutte continuelle au milieu
des périls. Pauvre rameur courbé avec effort dans sa nacelle, il doit résister
au torrent qui l'entraîne; car la vertu n'est pas un courant facile, tant s'en
prière est donnée à l'homme: elle est son arme toute puissante et invincible.
La faiblesse est en nous; la force en Dieu. Vaincus trop souvent sans com-
battre , complices intéressés de nos penchans mauvais, nous répondons vo-
lontiers à la conscience comme à l'amitié qui nous presse : Je ne puis.
Et cela est vrai, trop vrai sans la prière. On se décerne alors un brevet d'in-
capacité et d'impuissance sans rougir. Mais ici le malheur et la honte de la
défaite ne sont pas précisément dans les fautes commises , dans la dégrada-
tion subie, dans les peines encourues. Lahonlp, le malheur, la lâcheté de la
désertion se trouvent dans l'abandon de la prière.
Eh bien! oui, dans les desseins de Dieu, que nos Ecritures ont si bien
nommé le Dieu fort, a fallu comme condition
il d'héroïsme et de triomphe,
comme condition et principe de vertu, il a fallu le cri du faible qui implore,
seule il est faible et puissant tout ensemble, vaincu et vainqueur , fidèle con-
quérant et soumis aux lois du roi immortel des siècles.
A. B.
[La suite au prochain cahier»)
lii'^ stRlt. roME xui. — ^' 76; IS^G. 19
29A ClUTloLl:, DE (jLELOLLS LXPUtSSiO-NS UE M. MARLT
poUmique Call)olif)ue.
EXAMEN CRITIQUE
DE QUELQOES EXPRESSIONS INEXACTES
EMPLOYÉES PAR M. L'ABBÉ lUARET,
DANS SA TIIÉODICÉE CHRÉTIENNE.
') 2" Ces doctrines scandalisent ceux qui ne sont pas initiés à ces
» études, en leur faisant croire qu'il n'y a de théologiens véritables
» que ceux qui s'occupent de ces études, au mépris de la Bible cl
') des autres docteurs.
aLU Dli;U tT SA TIUMIÉ. '2^5
o' Ccsout CCS doctrines qui font changer peu à peu lester-
>>
') mea consacrés par les SS. Pères... Or, il n'est pas un moyeu
« plus sûr de corrompre une science que d'en changer les termes.
» 5" Ce sont ces doctrines qui ouvrent la voie à toutes sortes d'er-
u reurs. Car ceux qui les inventent à leur usage, emploient^ selon
a leur bon plaisir, des termes que les autres docteurs et maîtres
» ne comprennent pas et ne se mettent pas en peine de compren-
» dre. De là vient que les novateurs disent une infinité de choses
» incroyables et absurdes, qu'ils assurent être la conséquence de
» leurs folles fictions.
» 6° Ces doctrines n'édifient l'Église et la Foi, ni parmi les fidèles,
» car elles font qu'ils s'appellent les uns les autres ignares, curieux,
» visionnaires '. »
3" per eas termini à SS. Patribus usilati Iransraulantur... et non sequitur
velocior scienliae alicujus corruptio quam per hœc ;
4° per eas tbeologi ab abis
facullatibus irridentur : nam ideô appellantur Phanlastici , et dicuntur nihil
scire de solidà veritate, et moralibus, et Biblià; 5° per eas viœ errorum multi-
pbcesaperiuntur ; quia enini loquunlur et Rngunt sibi ad placitum terminos,
quos alii doctores et magistri non intelligunt, nec intelligere curant; dicunt
incredibiiia et absurdissima, quœ ex bis absurdis fictionibus dicunt sequi;
6» per eas Ecclesia et Fides, neque intùs, neque foris îediflcantur.... Per eas
multi ei theologis tam activé quàm passive scandalizantur; nam alii i-iides
gage :
Ne pns rli.inp;er los îonnos définis pnr l'K_lisp on par l^s snints
vœu de Gerson. Il a été suivi en bien des choses; c'est aux divers
professeurs à voir s'il ne reste rien à faire sur ce point. Pour moi,
je me bornerai ici à soumettre à M. ^l'abbé Maret, comme Gerson,
docteur et professeur en Sorbonne ,
quelques réflexions sur plusieurs
expressions employées dans sa Thcodicée Chrétienne. Rien n'est lé-
ger sur une semblable matière, et je suis assuré qu'il me saura gré
lui-même d'avoir appelé son attention sur ses paroles.
dédiée à .M. l'abbé Maret, qui doit , par conséquent, bien la connaître.
Toute idée, quelle qu'elle soit, ren- Lorsque, dans le silence de Ir médi-
fermant celle de VElre, ou plutôt n'en tation, nous nous devons à In concep-
étant qu'une modification^ il s'ensuit lion de i'uniié, de la simplicité, de
nérale à laquelle il soit possible à l'es- inince, où nous voyons que toute per-
prit de %' élever. Indépendante du tenis fection est comprise, et où, cependant,
trouvé son propre principe, et le prin- Toutefois, l'infini n'étant pas un être
il neserow'o/V, que par cette unité pre- au degré qui convient à sa nature, des
mière.sourceinépuisabledes réalités-... propriétés qui le déterminent et le
distinguent. Tant que nous n'avons
L'idée de Vétre, quoique d'une sim-
plicité absolue, ne donne par elle- y^i^'i conçu ces propriétés divines, X'Wi-
mème la notion d'aucun être parti- fini esl pour nous une abstraction, un
cul'er, bien qu'elle les renferme tous, nom, une lettre morte''.
l'Ecriture, s'est évanoui, s'est perdu dans ses pensées '. Il pose
d'abord, eu principe, que Vidée de l'Etre se résout dans la notion
primitive et simple de l'unité conçue en elle même. Ce n'est même
que par celte conception que l'entendement se conçoit lui-même.
Or voilà cjue quelques lignes après il assure que cet Etre infini no
saurait être conçu par une raison bornée; que notre esprit ne peut
concevoir l'être un, etc. A-t-on jamais vu contradiction plus palpable,
plus flagrante ? Disons en quelques mots que ces contradictions néces-
saires dans son système proviennent de la fausse idée qu'il s'est
faite du rapport de Dieu et des hommes. Non, l'esprit humain no
conçoit pas Dieu, ne l'a pas conçu, ne saurait le concevoir. Ce sont
là des termes philosophiques, causes des erreurs de toute la philoso-
phie allemande. Mais si nous ne pouvons pas concevoir Dieu, nous
pouvons le connaître, ce qui est bien différent, ^ousne connaissons
n'existe qu'UNË idée de l'Etre, dont toutes les autres ne sont qu'une
modification ; que cette unique idée doit s'appliquer exactement à
ftnire, les anlros continqoUi; l'un iternel, les mitres r?vV,<:, etc. Or
cIkicuii (!o ros i-trt'S domio une idée diprcnle. Comment M. de La
Aleiinais ,
qui n'admet que Vidée pour preuve de la réalité de son
cire ahaolu ,
pourrait-il prouver que Vidée de l'Iître contingent ne
prouve pas aussi son existence? Son raisonnement est celui-ci : « Je
» conçois l'idée de l'absolu; quidit absolu, dit tout, donc rien n'existe
» que lui. » Nous lui répondons : « Je conçois l'idée de l'Etre pure-
» ment contingent; or qui dit contingent, dit non absolu; donc lecon-
» tingent existe aussi. » Que s'il persiste et qu'il veuille nous susciter
des difficultés, nous en serons quitte pour lui faire sa propre ré-
tous les autres ne sont que des dieux fantastiques. Je veux dire phi-
losophiques.
Mais, pour montrera M. l'abbé Maret, et à nos lecteurs, combien
cette première conception de Dieu est erronée et dangereuse,
combien elle est éloignée de la croyance chrétienne, nous allons la
'
T/iro(/irrr rlnrtirnnr, etc., p. -V)?.
Srr. DIEU ET SA TRINITf.. 30P.
» fini ni infini, et qui peut devenir l'un et l'autre... Cet être nu est le
» ce qui n'est pas, mais qui peut être; ce qui se fait '. »
3. S'il peut exister une énergie preraicre, une activité, une causalité, une
puissance qui réalise Dieu.
car ^owr c'fre, il faut pouvoir eére, et tient, le porte et le realisesans cesse,
l'existence impliqje la notion d'une Celle force, celle énergie première,
énergie PAR LAQUELLE elle est nous la concevons sous le nom de /)«/j-
perpéluellement réalisée. sance. Dieu est donc premièrement et
radicalement force infînie, puissance
infinie (p. 290}.
gence {ibid.).
Ayant une fois conçu Dieu sou.s la fausse notion de pouvoir être,
buts. Or, pour cela, il est conduit à de nouvelles erreurs sur la na-
SUR DIEU ET SA iUlMTL. 305
turc divine. « L'ctrc (divin), dit-il, suppose une force, une énergie
n première, une activité, une causaliltquï le soutient, \e porte at
nent toutes les forces, toutes les énergies, toutes les causes. Il ne
faut pas dire qu'il est parce qu'il est possible, il faut dire que c'est
parce qu'il est, qu'il peut y avoir des possibilités et des puis-
sances d'être dans l'Univers.
C'est là la notion que la théologie et les Pères nous ont donnée de
la Divinité. C'est pour s'en être écartés, pour avoir voulu faire un Dieu
dialectique et logique, que les philosophes et les peuples ont si sou-
vent et si profondément erré sur la substance de Dieu. >ous ne vou-
lons pas citer ici un grand nombre de textes. Citons-en pourtant quel-
ques-uns pour montrer combien la théologie chrétienne est précise,
prévoyante et profonde sur ce point.
Et d'abord, M. l'abbé Maret n'a pas fait attention que si une fois
>) lement eu acte (n'est réalisé) que par un être en acte. Or, nous
>' avons démontré que Dieu est Vètre premier ; il e&t donc inipo&si-
Nous savons bien que M. l'abbé Maret ne laisse pas Dieu en puis-
sance et le fait passer tout de suite en acte ; mais quel moyen em-
ploie t-il pour cela ?A-t-il même logiquement le droit de le faire? Saint
Thomas vient de dire que non. Aussi, que fait-il ? il transforme sa
puissance-possibilité en puissance-force. Cette erreur, un peu cou-
verte dans ses paroles, est patente dans celles de M. l'abbé de La x^Ien-
lité, qui exige un agent pour être réalisée ; mais dans le second mem-
bre de la phrase, ce pouvoir-possibilité devient pouvoir-agissant;
c'est-à-dire que ce n'est plus h possibilité, mais c'est un agent réel.
'
Neccsse est id quod est primuni ens, cssc in actu, et nullo modo in po-
tentià. Licet enini in uno et codeni, quod exit de iiotenli;\ in aclum , priùs sit
tcm[)Oie potentia quàm aclus, sinii)licilcr lamen aciusprior est polcntià, quia
quod est in potenlià, non reducilur in actuni nisi pcr ens actu. Ostensum est
autem suprà i Quœsl. pnec, art. 3 ), quod Deus est prinium ens. Inipossi-
bileesligituiquodinDeositaliquid in potentia. {Sinmna^ pars 1", q. m, ail. !•)
Deus est attus parus non habens aliquid de potentialilalc. {Ibid., art. 2, p-i??.;
SUU DIEU ET SA TRINITÉ. 307
Petau résume ainsi les divers sentimens des Pères : « Quoiqu'il y ail
'» telle action qui soit de cette nature, qu'elle existe au moment même
» où la cause efficiente commence à être cependant on doit la nom-
,
« Les Ariens voulant prouver que le Fils est une créature, dirent
» que le Père a engendré le Fils par sa volonté, en ce sens que la
» volonté désigne le principe. Pour nous , il faut dire que le Père
» a engendré le Fils, non par sa i'olo7itc, mais par sa nature. C'est
» pour cela que saint Ililaire dit : La volonté de Dieu a donné la
produit de l'énergie du père. Dans Petau, Do.'. t/ieoL, t. ii, part. 1",
On voit par toutes ces cilalions quel soin ont pris les docteurs
chrétiens d'éloigner toute idée d'action et de génération, ou de pro-
cession appliquée à la nature divine. C'est ce à quoi n'a pas fait
assez d'attention M. l'abbé Maret, qui, comme le lui ont déjà fait
» Esprit seul qui procède, afin qu'il y ait distinction dans les personnes,
» et unité dans la nature... On ne peut pas dire que le Père ait
» pour lui-même ,
puisque la substance du Père est indivisible,
» comme étant tout à fait simple. On ne peut pas dire non plus que
» le Père transmette ^communique) sa substance au Fils en l'cngen-
» drant, de manière qu'en la donnant au Fils il ne l'ait pas retenue
» pour lui-même; car alors il aurait cessé d'être substance'. »
' Pater etFilius non diligunt se Spiritu sancto, sed essentià suà... Nonpos-
sumus dicere quod Paler spiret Spiritu sancto vel gcnerelFilio, eic. lùid.,
^ Quiclibel trium personarum est illa res, videlicet subslanlia, essenlia, sive
nalura divina, quîe sola est univcrsorum principium, prœler quamaliud invc-
niri non polcst; et illa res non est gencrans, neque genila, nec procedcns;
sed est Paler qui générât, Filius qui gignitur, et Spirilussanclus qui procedit,
ut dislinrliones sinl in personis cl unilas in naluiù... Ac dici non poteslquod
parteni sua' subslantiieilli dedcTitclparleni relinuerit ipse sibi, cunisubstanlia
Patris indivisibilis sil, utpotcsimpiexomninù. Sed nec dicipolest, quod Pater in
Filiuni Iransluiil .niam subslanliam generando, (juasi sic dedcril eani Filio ,
quod non relinuerit ip>ani sibi : alioiiuin dcsiissel esse subslanlia. Dccrcb
CoQ. Lulou Lusis, dans les Conciles de iJail, t. i, p. 2!.H'.
SUR DlhU ET SA rniiNiïÉ. 309
Los ihéologicns baseul encore leurs obseiNaiioiis bui les mois cause
cl principe, sur la décision suivante du 18' concile général ; celui de
1 lorence, en lZi38 :
» et les Pères disent que l'Esprit-Saint procède du Père par le Fils, veut
» faire comprendre et signifier que le Fils aussi est, selon les Grecs la
>• cause, et selon les Lalins \e principe <\e la subsistance de l'Esprit-
»> Saint, de même que le Père'. »
engendrée, n'est pas réalisée, (iar, comme le dit saint Thomas « Rien :
'• ne peut faire que le mot essence (ou nature) puisse être employé
u pour le mot personne'. »
'
In Domine igilur sanctœ Trinitalis, Patris et Filii etSpiritûs sancti, hoc
sacro universali approbanteFlorenlino concilio dillinimus, ut liœc fideiverilas
ab omnibus Christianis credalur et suscipialur, siccjue omnes protiteanlur,
quia Spirilussanc lus ei Paire et FilioœiernaUterest,et essentiam suam, suum-
que esse subsislens habet ex Paire simul et Filio, et ei utroque seternaliler
tanquam ab mio principio et unicà spiralione procedit, déclarantes quod id,
quod sancti doclores et Patres dicunt, ex Pâtre per Filium procedere Spiritum
sanclum, ad hanc inlelligentiam lendit, ut per hoc significetur, Filium quo-
que essesecundùuiGiœcos qniiGm causam, secundùm Latinos \ew princip:'um
^ubsistentia; Spirilûs sancli, «icut et Palrem. L'Kerœ unions, dans Bail,
p. 473.
' Hoc nomen essenlia non habcl ex modo suœ signilicalionis quod suppo-
nat pro persunà. Ibid, q. xxxix, art. 5, p. 789.
4. Si l'on peut dire qu'il n'y a eu Dieu que trois propriétés, trois facultés
nécessaires.
Distinctes par leur essence, ces pro- Ces propriétés existent simultané-
ptiétés également nécessaires , et qui ment; l'une n'agit pas sans l'autre, et
dès lors ont existé toujours simultané- cependant il y a entre elles un ordre
ment, sont liées entre elles suivant ^qxï pas de s accès s ion, mais de prin-
un ordre, non de succession, mais de cipe..,.
principe....
Puisqu'il faut connaître pour aimer, Pour aimer, il faut être, il faut con-
r intelligence précède l'amour, qui dé- naître. La puissance, la force est donc
rive à la fois et d'eUe et de la puis- '* première par une priorité de rai-
facultés, comme le dit M. Maret. Tout en Dieu est en acte, est ac-
>. substance divine avec tous ses attributs avec toutes ses propriétés:
» avec sa puissance, avec son intelligence, avec sa volonté, avec sou
» activité et sa vie essentielle (p. 295).
«Il est des textes où les trois principes se trouvent réunis et mis en rap-
port... Évidemment ily a dans ces paroles trois principes parfaitement dis-
tingués entre eux et cependant unis' » (p. 248).
« Trois principes nous sont révélés comme existant dans la Divinité : Dis-
tingues entre eux; ayant une action qui leur est propre; véritablement sub-
sistant en eux-mêmes, ils forment trois personnes. Mais d'un autre côté,
comme l'unité divine est le fondement de toute la doctrine biblique, il est
nécessaire que ces trois principes divins subsistent dans une seule nature ,
dans une seule substance divine ; et qu'ainsi il y ait entre eux une parfaite éga-
lité. » {ibid. ).
( p. 261-62).
C'esl saas doute UN, u/ium, que M. Marel a voulu dire. — De même il dit encore :
(p. aga.) Les trois personnes ne sont pas "iies ; elles sont unuiit, c'cst-à-due une seule
ubstance.
312 Cr.lTlQLE DE QUELQUES EXPRESSIONS DE M. MAULT
• Les trois prinripes de la Trinilé n'étaient pas pour réf-'lijie catholique de
simples modalités, des noms, des aspects divers de la Divinité; c'étaient bien
àts principes subsistants, des personnes réelles et distinctes.;) (p. 1271).
n'y a qu'une nature, une substance divine, qui^ sans aucune division, se com-
muni(,uc à trois principes coélernels. Ces trois principes sont trois personnes
subsistantes et distinctes, mais égales en toutes choses ( p. 2.8T).»
rD'après l'Ecriture, rien n'est plus certain que VuniteûQ Dieu, rien n'est plus
certain que l'existence de trois principes dans cette unité divine. Mais celte
doctrine ne peut le maintenir qu'autant que ces trois principes sont idenli-
liés par la substance et tiistingués par la personnalité '.» (Jl/id).
« Il n'y a pas deux dieux, dit saint Basile, car il n'y a pas deux
» pères ; or, qui établit deux principes énonce deux dieux K »
a I Cor. viii, C.
'^
Epiph. Contra Soctianos. liserés. 5T, n. 5.
*. Non duo siiiil dii; non enim patres duo; porrô qui duo princi/na con-
stiluit, duos pra'dicat Deos. ba&il- contra Sufieltinnos Oral. '21.
» principe f/e principe ; mais l'un et l'autre ne sont pas deux , mais
> un seul principe. Je ne nierai pas non plus que l'Esprit-Saiut soit
» principe, mais ces trois ensemble, ainsi qu'ils ne sont qu'un seul
» Dieu, de même je dis qu'ils ne sont qu'un principe '. »
Mais personne n'a parlé avec plus de clarté etde précision que saint
Anselme. Nous engageons M. l'abbé Maretà bien méditer ces paroles :
' ID pcrsonnis divinis, in quibus non est prius etposlerius invenilur princi-
pium non de principio, quod est Paler, et principium à principio, quod est
ToHtes ces paroles des Pères sont d'accord avec les décisions sui-
') même sainte Trinité doit être dit au nombre singulier comme
» d'une seule nature des trois personnes consubstantielles*. »
est Pater, aut Filius, aut Spirilus Sanclus principium, sive Creator. Sicut igi-
lur quamvis Pater sil principium, et Filius sit principium, et Spirilus Sanc-
tus sit principium, non tamen sunt tria principia, sed unum ; ita cum Spirilus
Sanclus dicitur esse de Pâtre et de Filio, non est de duobus principiis, sed de
uno, quod est Pater et Filius, S. Anselmus in opusc. De processione Spiri-
lus sancli, c. ix dans \isDog. theolog. de Petau, t. ii, 2^ part., p. 76.
'
Hic igitur status est Evangelicae atque Aposlolicœ fidei, regularisque Ira-
5. Notions précises sur l'essence et les relations divines d'après saint Thomas.
philosophes, mais encore tous lesécrlvains dans les livres et les journaux,
sont forcés de parler tous les jours, nous croyons utile d'offrir ici à nos
lecteurs quelques notions précises et sûres qui pourront les guider dans
ce qu'ils doivent penser ou dire. Ecoutons donc l'Ange de l'école :
i> choses divines, non comme elles sont en elles-mêmes ; car elle ne
>• les connaît pas à ce degré, mais comme la création la lui transmet
)) en nous les manifestant-'. »
'
Quia quaelibet trium personarum est illa res, videlicet substaritiâ , essen-
tia, sive natura divina, quae soia est universorum principhim , praelerquam
aliud inveniri non potest. Ibid., p 296.
' Dans \aSomme traduite 1. 1, p. 140.— q. xxxixi art, 3 du texte, 1. 1, p. 785.
La même règle est établie par tous les théologiens ; voir entre autres Vi-
tesse, dans le Cursus Iheologiœ de Migne, t. vni, p. 612 et 659.
^ L'on pourrait induire de ces dernières paroles que la création nous 7iia-
nifesle les choses divines, même la Trinité; ce qui est nié par saint Thomas :
exacte. Saint Thomas dit L'intelligence nomme les choses divines, non
: <•
» selon leurmode (dexistence). parce qu'elle ne peut pas les connaître ainsi
>• mais selon un mode trouvé (emprunté) dans les choses créées :j<?rHH//Hni mo-
» diim in rébus creotis inventum. • Ce qui est hiea différent. QiiPst. xxxrx,
art. 2. flans la Irad. p. r^.8. dnns le tojte lie Migne, p. T.S"4. -
<
316 CRiTiotT nr. ouelvl'es expressions de m. maret.
» dans le même sens qu'on lui donne pour les êtres vivans. Or, dans
» l'humanité, la relation du principe générateur s'appelle paternité,
)) de l'Jmour, elle n'a pas reçu de nom particulier, non plus, par
» conséquent, que les deux relations spéciales qui en dérivent. Ce-
•> proprement dites, et non pas les relations, si ou veut ne pas tenir
» compte de l'usage »
cole :
'
//'fV/., p. 113. — Q. xxviii, art. i, iiid. texte p. 714.
' Qui autcm probare nititurTrinitalem personarum nalurali ratione,ndei
318 CRITIQUE DE QUELQUES EXPRESSIONS DE M. MARET.
ntnuifUfs ft illflonicjcô.
EUROPE.
FRANCE. -— PARIS. —
Nouvelles des 3fissions catholiques,
extraites du n» 105 des Annales de la Propagation de la Foi.
1. Missions de la Chine. Lettre de M. l'abbé Pichon des Missions étran-
gères, datée du Détroit de la Sonde, 26 août 1845. Détails sur les Malais de
Sumatra et de Java , et sur la conversion complète du capitaine et de tout
l'équipage du navire l'Orient^ qui portait les missionnaires.
2. Lettre de M. Chauveau,àQS, Missions étrangères, datée de Macao, 20 no-
vembre 1845. 11 est destiné à la mission du Vun-nan. Obstacles à la conver-
sion des Chinois; leur excessif amour de l'argent; leur orgueil: ils sont
pourtant des hommes capables. Précautions pour traverser Canton disposi- ;
" nous chasseront, ou ils nous tueront. S'ils nous écoutent, ils se convertiront;
« s'ils nous chassent, nous rentrerons; s'ils nous tuent, d'autres viendront. «
font amitié et un traité d'alliance avec deux des principaux rois ou chefs
qui les accueillent avec la plus grande joie; mais un baleinier américain arrive,
Espoir du missionnaire.
1 .Missioji de la youvelle-Zelande. Lettre de ^\^t PompaHier, datée de
Kororareka^ mai 1845. Quelques détails sur la guerre entre les Anglais et les
9 Lettre du me'me, datée de La Baie des îles, l" avril 1845, au comman-
dant anglais, pour le remercier de l'offre qu'il lui a faite de le transporter en
un lieu de sûreté. 11 lui déclare que sa place est toujours au milieu de ses fi-
• 48 paroisses qui s'élèvent, d'après les catalogues les plus récens, au chiiïre
» de 182,.57G âmes, en y joignant le nombre des prêtres, des catéchistes, des
" élèves et des religieuses, vous aurez 184, ûli âmes peur la population ca-
» tholique du Tong-king occidental. «
nouvelles exercées contre les chrétiens seuls. Les Maronites sont brutalement
écrasés. Un cri de détresse s'échappe du fond du cœur du missionnaire cl de
tout son peuple, qui se demandent : « Où est maintenant cette France, (jui,
» pendant si longtems, a défendu les chrétiens contre le glaive nmsulman? »
Giblioc;iapl)ic.
ner nos études pour y ramener nos adversaires. Aucune de leurs attaques
n'est nouvelle, elles ont déjà apparu dans le champ de la polémique, et elles
» lion paternelle d'un écrivain pour ses productions l'a emporté sur le part'
» du silence. L'auteur s'est flatté que le public, moins sévère que le comité
» des impressions gratuites^ accueillerait encore cette traduction d'Eusèbe
» dont les conditions diffèrent beaucoup de celle publiée par M. l'abbé Mi-
» gne, qui n'est appuyée d'aucune discussion critique, tant du texte (qui n'a
» point été soumis à une révision nouvelle), que des nombreuses difficultés
» gion chrétienne parmi les Grecs. Son plan est clairement tracé, sa marche
» est méthodique, et s'il est moins savant que Clément d'Alexandrie, il
» est moins diffus, tend à une conclusion plus évidente, et renferme en plus
» grand nombre des fragmcns d'auteurs perdus^
» Je n'ai pas jugé nécessaire de faire précéder celte traduction par une no-
» tice historique d'Eusèbe et de ses ouvrages; on la trouvera soit dans Du-
» pin, soit dans Dom Ceillier ou dans la bibliothèque grecque de Tabricius.
» Ces deux volumes^ déjà assez remplis par les notes, auraient dépassé la
» quantité convenable de pages des volumes in-8". Vigier elles derniers édi-
» teurs du texte n'ont pas cru non plus que cela fût à propos :jai sui\ilcur
« exemple, d'autant plus que ces détails biographiques ont dans Dom Ceillier
(ju'il nous faut ; nous voulons connaître ce que les auteurs ont dit, et la ma-
nière dont ils l'ont dit; car avant tout, c'est la vérité qui nous plaît et que
nous cherchons. On trouvera cela dans la traduction de M. Séguier ; et il
faut lui en savoir gré, car ce n'était pas chose facile de rendre clairs et intel-
ligibles tant d'extraits de philosophie grecque et chaldéenne.
Quant aux noies, elles sont nombreuses et savantes; elles complètent celles
du P. Yigier, et initient les lecteurs à toutes les découvertes ou à toutes
les observations que la science récente , surtout celle de l'Allemagne, a
publiées sur les nombreuses questions d'histoire , de mythologie, et de philo-
logie, et auxquelles le texte d'Eusèbe donne une si large occasion de se livrer.
Nous aurions bien quelque chose à dire sur l'exécution matérielle en elle-
même; nous aurions désiré que les notes courtes fussent placées au bas des
pages; que chaque citation d'un auteur fût suivie du lieu où elle est prise:
cela se trouve dans la traduction deVigier, et celle publiée par M. Migne n'a
ei garde d'y manquer. Ces recherches sont faites en ce moment; il fallait
les conserver, car elles aident singulièrement les études; enfin, nous aurions
voulu que les chiffres qui renvoient aux notes fussent plus exacts. II est vrai
• Celte Dissertation sur Sanchoniathon a déjà été insérée dans les tomes
xMii, XIX {i' série) et i et u (3" série) des Jtuiates, où l'on a pu remarquer
la vaste érudition et la critique sûre de son auteur.
324 ^OLVELLLS LT MÉLANGES.
que le traducteur a mis un excellent errata. Nous conseillons aux lecteurs de
faire ce que nous avons fait nous-iiicme, de reporter dans le texte les correc-
tions de Verrata; et alors, la lecture ne sera plus embarrassée dans sa marche.
Nous ayons reçu, en outre, de M. Séguier une lettre en réponse aux obser-
vations insérées à la suite de la lellrecriliqne de notre dernier cahier; nous
la publierons dans notre prochain numéro, et nos lecteurs verront comment
on s'accorde facilement avec nous quand on porte dans la discussion
l'amour delà vérité, Joint à la résolution de la reconnaître quand elle s'offre
à nos yeux. A. B.
La tendance, de plus en plus prononcée, des esprits vers les éludes histo-
riques indique, à notre avis, une recherche de la vérité qui est de bon au-
gure, et qu'il importe d'encourager. Jusqu'ici, à peu près, on a fait des livres
d'histoire avec d'autres livres ; on a réduit ou augmenté, analysé ou para-
phrasé : voilà tout. Ceux qui, depuis quelques années, sont entrés dans cette
belle carrière semblent procéder autrement, et mieux. Ils recourent aux do-
cumens originaux, compulsent péniblement, dans la poussière des vieilles ar-
chives, toutes les chartes nationales et religieuses; et l'on doit à leur infati-
qu'une vie d'homme pour l'étendre à toutes les antiquités d'un pays, com-
posé , comme la France, de plusieurs provinces qui ont eu, pendant long-
tems, leurs propres événcmens, leur propre histoire.
Aussi nous empressons-nous de signaler à l'attention de nos lecteurs un
nouveau travail historique, conçu dans cet esprit d'érudition et de vérité, que
publie en ce moment M. Cros-Mayrevieille. C'est Ihisloire du comté et de
la vicomte de Carcassonne. — L'invasion visigothe et sarrasine et, plus tard, la
donnent à son travail un vif intérêt. Le premier volume, le seul mis en vente
à présent, relève bien des inexactitudes, rétablit la vérité sur plusieurs points,
car à l'épojue où nuui. sommes, toute palme honorable doit être conquise à
ce |)rii.
,
325
AWNALES
DE PHILOSOPHIE CHRETIENNE.
Umucvo 77. — mai I8/16.
iUiôôiouô €all)olii]Uf5.
INSTRUCTION
DE LÀ SACRÉE CONGRÉGATION
DE LA PROPAGATIOiN DE LA FOI
AUX ARCUEVfiOLES, ÉVÈQUES, VICAIRES APOSTOLIQUES,
ET AUTRES CiUliFS DES MISSIONS
POUR LA FORMATION D'L'N CLERGÉ INDIGÈNE.
leurs paroles et celles du Souverain -Ponlifc, c'est que les unes res-
tent à peu près à l'état de théorie, et que les autres sont te ut de suite
mises en pratique par d'innombrables Apôtres qui ont tout aban-
donné, même le solde la patrie, pour^ aller réaliser ces vivifiantes
ment démontré, soit par l'exemple des apôtres, soit par le témoi-
gnage le plus imposant de la primitive Eglise, qu'il y a, pour la pro-
pagation et l'établissement de la religion catholique, deux moyens
principaux et comme nécessaires, savoir : l'apostolat des évêques, que
le Saint-Esprit a établis pour gouverner l'Eglise de Dieu '
; et le
» apôtres qui les instituèrent jusqu'à nous \ » Bien plus, telle a été
ment que cet usage était établi partout bien longtems avant l'époque
où il vivait. Rien n'est plus formel que les paroles de ce Père, dans
cette série non interrompue d'évêques qui descend des apôtres jus-
qu'au moment où il écrivait.
)• D'après les monumens sacrés, il n'est pas moins évidemment dé-
montré que les apôtres et les évèques envoyés ensuite par eux, et ré-
pandus jusqu'aux dernières extrémités de l'univers, initièrent partout
trées. C'est ainsi que nous trouvons mentionné avec exactitude dans
saint Ignace, martyr, disciple de saint Pierre et son successeur sur le
» vos diacres qui font l'œuvre de Dieu sous ses ordres K » Dans une
autre épître aux fidèles de Smyrne, le même Père salue le digne
évoque de celle ville, ainsi que le presbytère si brillant de vertus aux
yeux de Dieu, et en mêmetems que les diacres leurs confrères
dans le service divin K Le même point se trouve également établi au sujet
de l'Eglise de Corinthe, d'après la 1'"'=
lettre de saint Clément que
nous avons citée plus haut, et dans laquelle il est dit : « Au chef du
» sacerdoce demeurent prescrites ses fonctions sacrées ; au simple
T> prêtre on a fixé sou rang propre, et à chaque lévite sou ministère '. »
» fit, il se transporta dans les provinces les plus voisines, soit pour
» y établir des évêques dans les églises déjà formées, soit pour y for-
" mer de nouvelles chrétientés, soit aussi pour séparer du reste des
» fidèles et les faire entrer dans la part du Seigneur, des hommes que
» l'Esprit saint lui faisait discerner pour les constituer en clergé ^ »
tantôt, et plus spécialement depuis les trois derniers siècles, par l'en-
grand avantage de la religion. Non seulement ils ont voulu par les
plus nobles et constans efforts que cet admirable et salutaire moyeu
de sainte Providence s'appliquât aux contrées d'abord fécondées une
première fois par le bienfait de la semence évangélique ; mais ils ont
eu soin de faire participer au même avantage tous les pays qui ont vu
s'alîaibUr ou s'éteindre dans leur sein la foi catholique, soit par le laps
des tems et des siècles, soit par le funeste fléau de l'hérésie, soit par
promptes en faveur des indigènes. C'est pour cela enfin qu'ont été
écrites tant de lettres et de constitutions émanées des pontifes
Romains , tant de documens et de décrets d'après la même au-
torité , et formulés par cette sainte Congrégation , devant servir
de témoignage éminent et incontestable pour les siècles à venir,
de cette auguste sollicitude apostolique pour l'institution du clergé
indigène dans toutes les missions.
>< Il serait certes trop long d'énumérer en particulier toutes les
sanctions pontificales sur cet objet; comme aussi d'en rappeler som-
mairement la série, depuis les premiers siècles de l'Eglise jusqu'à
nous. Qu'il suffise d'en rapporter ici quelques-unes de celles qui ont
été portées de tems à autre parla sainte Congrégation, soit à son
origine, soit à notre époque. Ainsi, dès l'année 1^26, on avait re-
,
» vement, ceux des Indiens qui paraîtraient les plus capables après
» une préparation exacte, un sérieux examen de leur instruction,
et
» cipline ecclésiastique. »
Très- Saint Père le pape Grégoire XVI, à qui Dieu veuille bien accor-
der la plus longue vie.
» Or, cependant, malgré tant de frais considérables, malgré cette
longue suite de soins incessants , une triste expérience a démontré
que le Siège apostolique n'avait pu, sur ce point, obtenir les résultats
qu'il avait justement espérés. Nous ne pouvons toutefois laisser
soit dans les tems passés, à former un clergé indigène. C'est h cela,
sans aucun doute, que nous devons la vive satisfaction de voir que la
profondes, que, même après une longue suite de siècles, elle s'y est
et la détruire.
naissante. Toutefois ,
grâce au secours tout -puissant du Dieu des
miséricordes, il est certain que d'heureuses circonstances aujourd'hui
ont disposé les choses de telle sorte qu'on a vu disparaître entière-
ment ou diminuer fortement les difficultés qui s'opposaient jadis, dans
certains endroits, h rétablissement plus solide, plus durable, et à l'ex-
lension plus canoni([ue de la Foi et de la hiérarchie Catholique, de
Levez vos yeux et considérez ces régions qui sont 7nûres pour la
moisson'.
' Jean, iv, 35.
,
jugé trés-opportun dexliorior par les plus vives instances chacun des
chefs des missions à réunir tous leurs efforts et leurs travaux pour
l'accomplissement d'une œuvre d'un si grand prix. C'est pourquoi
dans la séance générale qui s'est tenue le 19 du mois de mai de celte
année, l'assemblée, qui avait à traiter dans ses délibérations des mis-
sions de Pondichéry, afin de confirmer de plus en plus dans cette
sainte résolution l'excellent évcque de Drusipare", ainsi que les autres
vénérables chefs de missions, afin aussi de faire revivre, selon qu'elle
en est chargée, partout où besoin serait, tous les décrets qui ont si
sans aucun dommage pour la religion, il faut que ceux qui seront
appelés à cette charge cminente s'accoutument à en connaître le
poids par leur propre expérience. C'est pourquoi, lorsque les préfets
des missions auront distingué et choisi, parmi les clercs indigènes,
ceux qui leur auront paru les plus capables et les plus dignes, qu'ils
les fassent passer graduellement par l'exercice des fonctions saintes, et
selon l'opportunité, qu'ils ne craignent pas de les déléguer en qualité
de leurs propres vicaires.
que les honneurs, les charges et les dignités soient conférés à celui qui
sera resté depuis le plus grand nombre d'années dans l'exercice des
saintes fonctions,
» V. Il est arrivé en plusieurs missions qu'en négligeant et qu'en
traitant avec indifférence l'institution d'un clcrgo indigène , les mis-
sionnaires ont introduit l'usage d'associer à l'œuvre évangélique, à
litre de coadjuteurs, des cafeVAis/es simplement laïques ; peut-être
même qu'ils ont trouvé une utile coopération pour ia propagation de
la Foi en de tels auxiUaires. l\lais, comme cette manière d'agir ne
s'accorde ni avec les intentions du Siège apostolique, ni avec la fin du
ministère ecclésiastique, et qu'il est manifcsle qu'une foule de graves
abus a été occasionnée soit par l'incapacité, soit par l'inconduiledes
susdits catéchistes , notre sacrée Congrégation ne peut omettre de
prescrire à tous les préfets des missions, que, tant qu'il sera néces-
saire, à raison du défaut ou de la rareté des prêtres indigènes, d'avoir
5
26 juillet 1755.
» VII. Ce que le Pape Alexandre VII, par sa constitution déjà
citée : Sacrosancti Apostolalùs officii, recommanda autrefois aux
cuK'S des Indes, qu't'/s se gardassent soigneusement de semêler en
aucune inanière, de choses touchant la pcUligue séculière; ce que
la sacrée Congrégation elle-même a recommandé plusieurs fois
expressément, dans ses instructions aux vicaires apostoliques de Chine;
tout cela, aujourd'hui, à raison de circonstances plus graves, ne sau-
rait être trop inculqué et recommandé aux missionnaires qui, ayant à
vivre sousles gonvernemens si divers de tant de nationsdifférenles, doi-
vent bien se garder de s'immiscer dans les affaires et dans les ques •
sent ces nations : agir autrement serait marcher contre les lois de
l'Evangile, courir les risques de sa propre vocation, et causer peut-
être d'irréparables malheurs pour eux et pour la religion elle-même.
» VIII. Enfin la sa crée Congrégation exhorte très-vivement, au nom
du Seigneur, les chefs des missions déjà cités plus haut, d'accorder
une sollicitude non moins grande à toutes les autres institutions
très-utiles aussi et même nécessaires. Qu'ils appellent sur les mêmes
objets l'attention des collaborateurs placés sous leurs ordres; de peur
on ouvre des écoles et des gymnases chrétiens. Déplus, que les mis-
sionnaires s'attachent à inculquer à leurs fidèles tout ce qui a rapport
à la bonne civilisation, conformément aux règles de l'Évangile, et
qu'ils ne dédaignent pas d'imprimer une direction salutaire à leur
tholique, il arrivera encore que les missions trouveront peu à peu sur
les lieux mêmes les ressources temporelles qui suffiraient à leurs be-
sions mette le plus grand zèle à tenir souvent des assemblées synoda-
les, si utiles au maintien de l'unité de la foi et de la discipline. Il en
intime union des esprits et des cœurs. Que chacun d'eux considère
comme une tache bien douce le devoir d'entretenir les rapports si né-
»
Y Jean, arch. de Thessalouique, secrétaire.
IJolcmiquc Citur^lque.
PREUVES
Dlî LA MISSION DE SAINT LAZARE A MARSEILLE.
Monseigneur ,
tion. Je vous avoue que je ne serais pas sans crainte à cet égard, si
« iSous devons ajouter ici que le V. Guérangcr vient de faire paraître une
nouvelle défense de ses InstUiUions lilurgiqiics, dans laquelle il répond aux
diflerens reproches faits à son livre par Mgr d'Orléans. L'ouvrage formera
quatre LelLves, dont la première seule a vu le jour. Nous en dirons seulement
que l'auteur y tient ce langage modéré et respectueux que conseille ici Mon-
seigneur de ^Marseille. Nous ne voulons pas porter de jugement plus explicite;
c'est aux lecteurs à juger eux-mêmes. — On trouve cette brochure che^
Sagnier et Bray, rue des Saints-Pères , n» 64. Prix 1 fr. 25 c
3i0 MlSSiO.N DE SAIM LAZARE.
mais il ne s'ensuit pas qu'ils doivent être rangés parmi les fables,
'
Voici les paroles de Mgr Fayet: « La chute el la pénitence de saint Mar-
• cellin, tirées des actes de je ne sais quel concUe de Sinuessana, tout ce qui
» est dit du baptême de Constantin et de ses circonstances aux Lirons du
t %<: Nocturne de la fête de saint Sylvestre , de l'arrivée de saint Denis
» l'Aréopagile et de ses compagnons en France sous Clément 1, les ouvrages
» qui lui ont été attribués dans son office, tout ce qui est dit dans l'oftice de
» sainte Marthe, de la venue de Marie-Madeleine, de sainte Marcelle et de
• saint Maxiuiin à Marseille, de la consécration de saint La/are comme
» évêque de celte ville, et de celle de saint Maximin comme évêque d'Aix :
>. ces faits et laut d'autres , l'Église n'a jamais défendu de les révoquer en
» doule> el il a été toujours permis de les discuter respectueusement, et
» même de ne pas les admettre comme aui/tcnln/ucs. »
LETTRE DE MGR L'eVÊQUE DE MARSEILLE. 341
nisme a éié prêché en Provence dès le 1" siècle. Mais comment ad-
mettre que Marseille, la plus ancienne ville des Gaules et une des plus
grandes, sinon la plus grande alors, elle qui dès Tabord se présente
la première sur le rivage, aurait été négligée quand d'autres parties
lent, sur divers points de notre province, ces faits dont le souvenir
nous est justement cher. Un culte spécial, et dont l'origine re-
monte à l'époque la plus reculée, y est fondé, ainsi que je l'ai déjà
indiqué, sur leur existence. A Tarascon, on honore le tombeau de
sainte Marthe; à Aix, on fait la fête de saint Maximin, premier
Evéque de cette ville, venu dans les Gaules avec saint Lazare et ses
sœurs; aux Saintes-.Maries, ancien diocèse d'Arles, on vénère les re-
dans l'Evangile, et qui sont venues aussi avec saint Lazare; à Saint-
Maximin et à la Sainte-Baume, aujourd'hui diocèse de Fréjus, on
voit les populaiions accourir ici au tombeau, là au heu où fut la re-
traite de sainte Marie-Magdelcine; enfin, à Marseille, on montre le
Comment, s'ils sont faux, les faits dont il s'agit ont-ils pu être éga-
pas, tant s'en faut, le seul qui existe pour prouver que si on a pu les
embellir dans leurs circonstances, ils ne sont pas, quant au fond, une
pure imagination conçue par l'amour du merveilleux et accréditée par
la crédulité populaire.
Ijaronius cite encore Acla Magdalcnœ et sociorum. Voir ses /Innalcs, anno
35, n. 5.
a Baronius dit dans ses notes sur le Martyrologe romain : 1 De accessu
> autcm Magdalerœ cum Marlhà et Maximino in Gallias, lùm velus tradilio,
Il tùm eliain anliqul manuscripli codices edocent. » Note au 22 juillet.
,
aussi, quand ils garderaient un silence absolu sur nos saints Patrons,
avant l'époque de la renaissance de nos archives, on n'en pourrait
qu'elle était appuyée sur un moniuuent frappant pour tous les yeux
et environné de la vénération des siècles.
On ne nie pas la découverte de cette inscription, que les Evêques
de la Provence crurent devoir admettre comme dignede toute créance.
Le savant père Pagi démontre qu'elle est inattaquable . Dom Bou-
quet, bénédictin, dont la science est si profonde dans l'histoire de
France, la présente comme un titre certain ; il la cite toute entière
dans son Tiecueil des historiens des Gaules et de la France, comme
un monument dont l'authenticité ne saurait être révoquée en doute et
subi l'influence du 1 8" siècle (et dont au reste la médiocrité est pro-
verbiale chez nous), après s'être fait contre notre tradition l'écho trop
fidèle de Launoy, en vient à reconnaître comme un fait constant la
'
V\\.\.oii. Annales de l'Église d'Aix, "^S.^. 119.
' Gallia Cliristiana, tom. i, col. GiC.
llianic, lire une preuve d'une sculpture qui se voyait, comme elle se
Riais que penser de Launoy qui n'a pas craint de hasarder la conjec-
joulat, faite sur les manuscrits -. « Le Roy s'en vint par la contée de Provence,
jusques à une cité que en api)fle Ays en Provence, là où l'en disoit que le cors
:'i Magdeleinne gisoit ; et fumes en une voûte de roche moult haut, là où l'en
ques de sainte Marie-Magdeleiiie; mais j'aiïirme sans crainte que les ar-
n'y en a pas un seul qui conserve sa force, bieu qu'ils aient été sou-
vent répétés. Les autres systèmes, inventés depuis comme objections,
croulent pareillement sous les coups d'une saine critique. Kos preu-
ves négatives sont péremptoires et les preuves positives assez fortes,
succès l'argumentation de ceux qui avaient écrit avant lui pour dé-
fendre la cause de notre province, et aujourd'hui un prêtre distingué,
RL l'abbé Faillon, de la congrégation de St-Sulpice, après avoir pu-
blié en 1835 un essai remarquable à l'appui de la même cause,
les matériaux les plus imporlans et qui, d'après ce c|ue j'en connais,
ne laissera, j'espère, plus rien à désirer ;
peu d'Eglises particulières
pourront mieux que nous prouver leur antique origine.
J'ose, Monseigneur, recommandera votre attention cet ouvrage
•
bientôt prêt à paraître, et j'ai la confiance qu'ayant, après l'avoir lu,
reconnu nos litres, vous nous donnerez dans une seconde édition de
votre examen une place plus honorable que dans la première, (l'est
de Provence.
350 MISSION DE SAINT LAZARE.
Cnefifjunncut Catl)oliquc.
(Suite et fin.)
Or,* pour tout homme qui sait peser les motifs et les mérites des choses,
l'Eglise est une immense autorité, humaine au moins quand on a le malheur
de ne pas la croire divine; car elle se présente avec tout le poids de ses tra-
ditions, avec toutes les sanctions de son origine, avec la série de ses grands
hommes et de ses innombrables bienfaits.
l'homme, cet être un, devient deux, et ces deux se font une guerre
impitoyable dans le plus intime de son àme. Si l'homme est seul, le
ravages du péché, du crime méine; après les étreintes d'uu cruel désespoir.
Il le faut, ou bien l'homme erre à l'aventure dans un affreux désert, sans abri
et sans issue. Où trouvez-vous cette garantie du pardon divin hors de l'insti-
tution catholique? Nulle part. Ici un tribunal sacré, un juge assis au nom de
Dieu, une hiérarchie universelle dans l'unité, TEglise tout entière avec son
autorité, sa foi, sa science, sa sainteté, prononcent les paroles bénies : Je vous
absous. Point d'assurance égale sur la terre à celte immense garantie ; point
de bienfait ni de bonheur qui lui soit comparable ! J'en appellerai volontiers
au témoignage des hommes ramenés à la vertu après de longs égaremens et vé-
sophe allemand :
« Chinois et les Japonais ont tant admiré eux-mêmes. Cette nécessité de la con-
» fession devient, en effet, pour un grand nombre un frein salutaire; elleap-
» porte à ceux qui sont tombés une grande consolation, de telle sorte que je
» regarde un eonfcsseur pieux, grave et prudent, comme un des plus puis-
» sans instrumens de Dieu pour le salut des âmes '.»
fice divin de nos autels. Ce fui ainsi que l'admirable extension de l'incarna-
tion fut à jamais assurée à la terre, et que Jésus-Christ demeura réellement
et subslanlieliemenl vivant parmi les hommes, sous les voiles eucharistiques,
crifice du calvaire renouvelé non par les bourreaux, mais par le prélre
sacrificateur. Aussi, partout où n'est pas l'eucharislie, où n'est pas
'
Jean, r, i8-57.
tion, sans dignité, sans caractère sacré ! Je ne vois plus qu'une tribune aux
harangues, diessce dans le lieu de l'assemblée publique , et un homme par-
lant à d'autres hommes. Cela se voit ailleurs, et quelquefois avec plus d'éclat
et de talent. Le Verbe divin et sa vie, et la voix de son sang, cl ses clameurs
l>uissantes, et son action réparatrice, se sont retirés du sein même de l'huma-
nité : la réalité du rachat et de l'incarnation n'est plus présente; le culte , la
foi chrétienne n'ont plus leur expression, leur force , leur dignité, leur per-
manence divine; mais non , Jésus-Christ est présent, sa vie comme sa mort
persévèrent, le prix de son sang, le mérite de sa parole et de sa grâce, la
réalité dusacrilice et du sacrement divin subsistent toujours ; la terre est bé-
nie , l'homme sauvé, l'Évangile vivant et réalisé , 1 incarnation continuée et
agissante.»
Christ, qui vint sauver le monde, vint réiablir aussi sur la terre cette
unité intime, permanente, active entre Dieu et l'homme, qui constitue
l'ordre delà grâce, l'ordre surnaturel.
Puis il exprime ainsi cette union même, ou plutôt cette unité: >
Je suis la
» vigne, vous les branches. — Si quelqu'un demeure ainsi en moi, si je de-
- meure en lui, il portera beaucoup de fruits, parce que, sans moi-même
» vous ne pouvez rien faire. Mais, si quelqu'un ne demeure pas en moi, il
'
Math. XXI. 22.
- Jeanxtv, 18 et 20.
nr SÉRIE. TOME XHi.— N' 77; 1846, 23
358 CONFÉRENCES DE NOTRE-DAME J)L l'AIllS
>> Mais c'est assez. Messieurs; nous ne soutiendrions pas long-tems un tel
nelle et indivisible société de ses membres. Alors Ja vie s'est retirée de son
cœur comme le sang glacé du mourant se retire de ses veines; il ne porte
plus et n'alimente plus en lui-même le foyer delà divine charité; et la terre
est désolée, divisée, parce que Thomme ne vit pas de Dieu par une partici-
vœux ardens à former pour que vous soient données et fructifient en vous au
centuple, les grâces que ces jours sacrés réservent à vos âmes.
» Puisse celte divine et réelle présence ne point passer inaperçue au milieu
de vos journées et de vos heures ! Et puissiez-vous n'en point lai.ser toutes les
? Jeanxvii, 21.
PAR LL U. P. DE RAVIGNA^. ;kVJ
>crlu:i. Chères à Jesus-Christ, légion bénie de ses élus, elles sont le but des
plus grands desseins de la Providence, sur la terre comme dans le ciel ; car saint
Paul nous l'assure, tout arrive à cause des élus de Dieu. Il dépend de vous de
donner votre nom à cette filorieuse milice, d'y vivre et d'y mourir avec toutes
les consolations de la paix, avec toutes les garanties de l'espérance et de la
cbarité divine.
même après lesjours bénis qui viennent de s'écouler? Il faut encore l'avouer,
absente de leur vie; sa langue n'y est point parlée; ses inspirations n'y ont
point leur cours; ses rapports, ses liens et ses actes n'y apparaissent point auj
yeux qui les cherchent. On est réduit à supposer, parle plus courageux effort
de charité, que la pensée religieuse demeure encore, mais sommeille au fond
de ces âmes, inerte, stérile, voilée sous les épais nuages de l'illusion. Quand
à nous , messieurs, que la foi remplit et vivifie; nous, pour qui l'action
Est-ce que, par hasard, la tendresse d'un enfant pour sa mère est réelle et
conduite des affaires, d'esprits spéculatifs, amis des théories et des considé-
Ihomme.
celui qui n'en pratique aucune, l'ouniuoi cela? C'est qu'ici la liaison est d'une
élevée au-dessus des autres sciences qu'à la condition rigoureuse de leur servir
qu'à la condition de déposer dans les esprits et même dans les cœurs, aussi
profondément qu'il lui est donné, ces principes féconds d'ordre, de vérité, de
logique, et l'idée et l'action qui inlluent si puissamment sur le bien moral et
pratique de l'homme.
A plus forte raison, la religion qui s'élève au-dessus de la philosophie autant
que Dieu s'élève au-dessus de la créature, autant que l'éternité dépasse les
bornes du tems, la religion, pour exister réellement, pour vivre dans l'iiomme
et lui donner la vie, doit-elle comprendretoule la nature de l'homme, en saisir,
en consacrer cl en vivifier toutes les facultés et les actes de ces facultés. Sans
quoi la religion n'est pas; sans quoi l'on n'a pas de religion. C'est la langue
usuelle qui s'exprime ainsi.
gion en pratique et en acte soit la dette même payée par Is nature à son
auteur. C'est ce que nous dit la raison ; c'est ce que nous dit aussi la foi,
qui nous prévient : que la foi sans les œuvres est une foi morte •.
Je m'adresse ici, messieurs, à vos convictions les plus chères, à vos senti-
Qu'est-ce, en effet, que la patrie, cette société civile dont on est le membre,
être dont l'unité la force et la vie qui sont pour nous le fait nécessaire de
un ,
des sociétés ; mais, quoi qu'il en puisse être, on n'expliquera jamais la société
politique, si l'on ne veut avant tout connaître et vénérer dans son existence
(le produire et de maintenir ces aflinilés mystérieuses, liens secrets et vie se-
crète des grands corps de nations. Le monde social est plein de dissolvans
chaînait dans une forte et magnifique unité les élémens divers qui com-
posent la société: aussi l'amour de la patrie trouve-t-il dans les croyances
religieuses un mobile et un gage puissant. Ce qui doit nous attacher inviola»
blement au pays, à la nationalité, c'est bien ce dessein paternel de la Providence
qui forme et constitue les Etats pour en faire une grande famille, un peuple
de frères, libres, unis et fidèles.
Or, la religion est aussi une société véritable. Elle unit les hommes
entre eux par les liens les plus forts et les plus doux, pour la conserva-
tion et la défense de leurs intérêts les plus sacrés : leur foi, leur cons-
tous les droits, garantit tous les devoirs, et s'unit, sans se confondre,
des lois et des actes qui lui donnont un corps et une vie pratique.
PAR lE R. P. DE RAVIGIVAN. 363
fartout, à toutes les heures et dans tous les lieux, avec ses leçons et ses re-
mèdes salutaires, mère tendre, mère dévouée et puissante pour les peuples
aussi bien que pour les individus.
ses plus chères espérances. Gardez-vous bien de tromper jamais son at-
tente , en désertant ses enseigncmens, ses temples ou ses lois. Remis cha-
con entre les mains de votre conseil et de votre liberté, livrés à cette course
36/« CONFÉRENCES M N0T^E-DA\1F. DE PARIS.
stérihté de sa vie fatigue, et qui n'a plus au jour du péril le courage et l'éner-
gie du combat.
Je ne sache rien qui soit plus digne de compassion.
Vous donc. Messieurs , et vous tous à qui appartiennent si bien les hon-
neurs de la foi ainsi que de son action vivifiante et pratique, conservez-îa,
nourrissez-la, comme un foyer sacré qui doit toujours vous éclairer et vous
animer. Sachez bien chaque jour retrouver Dieu dans la prière, et aux tems
marqués, dans l'auguste sacrifice de nos autels.
A. B.
RÉPONSE m. M. SFGUIFR DE SAINT-RRTS^ON. 80;"»
polcmique (tatl)oliquf.
RÉPONSE
DE M. SEGUIER DE SAINT - BRISSON
AUX OBSERVATIONS DU DIRECTEUR DES ANNALES.
CONaUSION DE LA DISCUSSION.
Monsieur,
étudié que je vous avais envoyé huit mois auparavant, plutôt qu'à ce
qui n'en était que V appendice, q\. en quelque sorte une invitation à
tirer de l'oubli mon précédent envoi, qui paraît avoir assez captivé
votre atten-tion pour que vous ayez souhaité l'accompagner de notes
pour lesquelles le tems vous a manqué. Quoi qu'il ne soit, j'avoue, que
le dernier morceau que vous avez fait imprimer, représente sommai-
rement le système qui a présidé à mon dernier écrit ; je dois donc me
contenter de cette dernière faveur.
RÉPONSE.
OBSERVATIONS.
passages que j'ai cités; rien ne pouvait plus me flatter que cette una-
nimité entre nous. Je retire donc de la discussion tous les points où
j'ai pu ne pas bien saisir votre pensée. Mais il en est où nous sommes
entièrement opposés; d'autres où je crois n'avoir pas été bien com-
pris par vous , monsieur ; ce sont ceux-là que je me permettrai d'a-
border de nouveau, puisque , ainsi que vous le dites à la fin de votre
article , vous êtes disposé à recevoir avec plaisir mes observa-
tions.
RtPONSE.
Nous pensons qu'il nous sera facile de nous entendre avec M. Séw
guicr, sur tous ces points :
nous ont appris que ceux désignés par Valère Maxime étaient les ,
Ce texte est clair et précis ; d'autant plus que nous avons des ins-
criptions qui prouvent que malgré ce bannissement, les juifs étaient re-
' Idem qui Sabasii Jovis cuUu simulato mores romanos inficere conati
lunt. Val.Max.l. i. c. 3. n. 2.
3 Judaeos quoque qui Romanis tradere sacra sua conati erant idem Hippalus
urbe exterminavit arasque privatas è publicis locis abjecit. Voir ces deux
textes complets dans nos Annales, t. v. p. 139 (
3' série), et dans les scrip-
encore l'autorité de Valerius Probus, qui d'après Gyraldus, aurait donné dans
«es Xolcf mifif/iionim 9n\ lettres I, S. la valcuv de ./oi's Sibaiius, f
368 nftPONSE m. m. sfgi;ii.r dk saint- brlsson
SP. METTIVS.
ZETVS.
lOVI. SABAZIO.
D. L. D.
L. D. D. D.
Deux autres ont été trouvées à Nome dans le jardin dts Mattei
(Mattheorum), au-delà du Tibre : elles sont conçues en ces termes :
' Nous savons qu'il y aurait beaucoup à dire sur ce Sabasius, que les Grecs
connaissaient et dont ils avaient repoussé le culte. Nousrappellerons sommaire-
ment que tous le disent étranger de naissance, thrae, phrygien, ou asia-
tique; ils le disaient lovis lui-même, ou tils de Jupiter, tel que Bacchus ;
que l'adoration principale dans ses fêtes consistait dans le cri EUOE SABAl»
qu'Aristophane avait dirigé une comédie entière contre ce dieu, dont il fit
aux anciennes éditions, aurait parte des lois Sabaieennes d'un roi d .-Isie.
« Eumque rcgem Asim pra>fuisse dicunt , cujus Sabaiia sunt instituta. »
IVlais dans les nouvelles éditions, sans dire pourquoi on a changé Cujus, en
Cui, à qui on a consacré les fêtes Sabaiéennes, etc., etc. Voir Orphée
hymne à Sahasius, — Aristoph., Oiseaux 402, et son scJiolias. 402. — Diod. iv.
D. 4.— Slrabon p. 721.— Cicéron de nul. Deor. m. 1Z. de /.^;'/A.ii.— Gyraldus.
,vni. p. 2Tfi. —
Meiirsius vi. c. i. — r.oddinus ad vénal, 0pp. i. 2.").
AUV OliiLRNAllU.NS DL DIHlXTliLR DtS A.N.NALLS- 569
ajMîlait piilriiiaria , et qui consistaient eu processions, descenlo
des dieux de leur base ,
pour être couchés sur des lits préparés
exprès '.
En outre il faut observer que déjà sous Tibère les juifs avaient don-
né assez d'ombrage aux empereurs par leur prosélytisme pour qu'un
décret du sénat les chassât de Rome et en relégua ^,000 dans l'île
ment ajouter que Moïse n'avait pas défendu d'adorer Dieu partout
où les juifs se trouveraient; ce précepte, compris dans ce sens, serait
absurde et impie ; car en quelque endroit que l'homme se trouve ,
il ne peut être douteux que les juifs hors de leurs pays ne dussent
'
Voir le' Faleie Maxime de Pichius, lequel s'exprime ainsi dans ses notes^
p. 458. « Atqui apud Romanes sacra Jovis Sabaiii\ licel priore seculo dani-
• nata ac prohibita, à posteris tamen recepta fuisse docent ejus Dei pul-
. rinaria, Domitiani leinpore facla. » — Nous avouerons n'avoir pu trouver
(urquel pasSd?e des historiens latins il s'est fonde.
i Tacite. ^w«. I. Il, c. Sj.— Suétone dit la même tho^c. \'oiv aussi Joséphe
prier et adorer Dieu. Il ne peut être douteux non plus que les peu-
ples, et surtout les philosophes étrangers, aient pu facilement avoir
connaissance du Dieu des juifs; or, c'est tout ce que nous avons
voulu établir dans nos Annales.
Ceci servira d'explicaiion aux assertions et aux textes suivans de
M. Séguier.
OBSERVATIONS.
RÉPOiNSE.
En effet, on peut bien dire que Moïse n'avait pas publié sa loi pour
Vunivers entier, pour Vhumanité entière; elle avait été faite pour le
» car délaissant le dépôt do Dieu , vous gardez les traditions des hom-
» mes, les baptêmes des cruches et des coupes , et vous faites beau-
>' coup d'autres choses semblables. — Et il leur disait : vous avez
» rendu tout à fait nul le précepte de Dieu aiin de conserver votre
» propre tradition ; vous avez aboli le commandement de Dieu, par
« votre tradition que vous avez établie '.»
OBSERVATIONS.
Deux exceptions à la concentration du culte Judaïque sont rappor-
tées dans l'histoire -, ce sont les deux temples rivaux de celui de Jé-
rusalem, élevés l'un sur le mont Garizim dans le pays de Samarie,
par Sanabaleth le chutéen "; l'autre à Hélioix>Usd'£gypie,par Onias,
sous Ptolémée Philométor \ Mais dans l'opinion des grands prêtres
de la foi chrétienne.
RÉPONSE.
Nous répétonsce que nous avons déjà dit; il n'y a icijdésaccord cuire
M. Séguier et nous, que dans les termes; il)y avait des adorateurs du
crai Dieu, partout où un juif ou tout autre personne qui connais-
saut le vrai Dieu, élevait son cœur ou sa voix à Dieu, pour le remer-
cier ou lui demander quelque chose ; mais il est vrai que Dieu n'était
adoré selon le rit mosaïque qu'à Jérusalem ; car c'est pour Jérusa-
lem seulement que ce rit avait été établi.
OBSERVATIONS.
«M. Seguier semble insinuer, dites-vous, monsieur, que le Christ
»» s'est incarné pour venir répandre la nation du vrai Dieu. Sans
• Marc. vu. 6. 9. 13.
- Voir les Antiqaitc's de Josèphe, liv. xi, G. S.
'Ibid.2\,
372 l;kP0^i5t l)L M. bLGLJLU ut SAIM I5K1SS0N
» mais il faut savoir que tout l'univers aurait connu Dieu, que l'in-
entre nous.
Il y a un mot à réformer dans la manière dont vous formulez ma
doctrine. Ce n'est pas pour répandre la notion mais le culte du ,
vrai Dieu ,
que je crois principalemant que Jésus-Christ s'est fait
homme : car la rédemption n'est pas sans condition. Elle doit être le
méon que Jésus-Christ est«la lumière venue pour éclairer les nations\ »
Je crois donc que tel a été son but principal, loin d'être un sur-
•
Credcrc enim oportct accedentem ad Deumquia est. ./mx Hcbrcux, xi. 6-
' *l>fw; li; ô.T!M9Ù-iijvi èOvwv. Luc> II, ii2.
ALX UB^KaWIIO.Nb DU DIRECTEUR DES Ai^NALES. 373
'
Où fàp fà Moué'wî uiu.'.iLX ^•.^T.ay.i'.-i irâvraTsc iôvr, -apc/.tXî'JoaTi , àÀ>.'à(ïy,
BÉPONSE.
11 y aurait encore bien des choses h dire sur les paroles de M. Sé-
guier, mais nous nous bornerons aux suivantes :
son nom était pure, puisqu'elle fut promise à Adam, On a dit que
quand même le monde entier eût connu Dieu, elle n'aurait pas moins
eu lieu ,
puisqu'elle était nécessaire pour nous racheter de la faute
originelle, etc. Dieu avait fait connaître son nom et son culte par
ser les nations par d'autres hommes; mais les hommes ne pouvaient
voir. La conversion des INinivites par Jonas ; les décrets des rois de
persion des dix tribus, et plus tard des tribus de Judas et de Lévi n'é-
taient pas des faits obscws ni inaperçus pour ces peuples. Ils ne
sont obscurs et inaperçus que pour nous, qui sommes privés des mo-
numens contemporains qui en faisaient foi, qui, dans nos classes,
Sans doute, pour découvrir ces faits historiques, il faut être versé
dans les langues orientales; mais qu'est-ce que cela fait à la chose ?
Car, nous l'avons souvent dit, les peuples orientaux oui fait comme
les Juifs ; ils ont perdu la connaissance de leurs propres livres et de
seule langue, dans leurs seuls livres, ils seront incapables de les re-
trouver ; c'est nous, qui connaissons toute l'histoire de l'humanilé,
qui avons des points historiques fixes, certains et déterminés, qui
fois. Les caractères antiques sont fixés et gravés pour entrer dans le
cours ordinaire de la presse.. . L'Egyptien, le Chinois, le Persan, le
0BSERVAT10>S.
» naturs des choses puisse avoir fait naître les mêmes rites, et sur-
» tout les mêmes événemens Jiisforiques. Nous nions qu'on puisse
>* expliquer par la nature des choses de voir par exemple un génie,
» d'abord beau et saint, puis chassé du ciel après une révolte, puis
>' précipité dans un abîme; l'homme placé dans un jardin délicieux,
» au milieu duquel est l'arbre de vie avec quaiie fleuves etc. , se
« trouvant en même tems dans les traditions chinoises et dans la
différens.
RÉPONSE.
sont connus, d'ailleurs, par des monumens certains. Nous avons dit,
cuter plus ou moins probablement les faits qui auraient pu être con-
fondus j)ar des historiens venus longtcms après les événemens.
ATX OBSÏ-RVATIONS IM niKKCTFl'R DKS ANNA IFS. 377
OBSEKVATIO.
J'ai cité faussement, à ce qu'il parait, le iv, livre des /?o««, ch.
MX, V. 31, pour prouver que Dieu défendait Vimmolation des en-
fans dans l'ancienne loi. Vous avez eu raison, Monsieur, de rele-
ver mon erreur. Cependant, voici le passage que j'ai si mal indique'
et sur lequel je prétendais m'appuyer. (C'est au ch. xvii, v. 16 et 17).
RÉPONSE.
Nous sommes bien aise d'être d'accord avec M. Séguier sur les
idées innées; nous le sommes même plus qu'il ne le pense. Comme
lui, nous ne croyons pas que la matière puisse penser ou que les
La même défense se trouve dans le Dfut. xu. 31. — Pian. ci. 37. —
Jérémip, xu. 5. — Kzerliipl, wiu.A'J.
378 RfiPONSE DK M. SftGUIER DE SAINT-RRISSON.
cerner le vrai et le faux. Celte faculté est inhérente à l'âme ; elle lui
est innée, si vous voulez. Riais cette faculté ne constitue pas, ne donne
pas les notions, les vérités ; elle ne peut donc être la règle de notre
croyance ou de notre conduite. C'est la vérité seule après qu'elle est
FIN.
tjistoiif primittiu.
PAR M. BOTTA.
Nouvelles notes sur les ruines de Babyloae.— ÎSur le iMudjelibé. — Sur les îles
avec des notes explicatives; suivie d'une (iisserlation sur la situation de l'al-
qui sont haïn, ou qui font engendrer la haine, sens de fen seng.
Sou, élaut ici le nom de leur pays, et signifiant reasusciterf
nom "^ II^V t*U^ sou, donné à Jésus-Christ par les chrétiens de
d'un seul Dieu les rendait en effet, haïssables alors aussi bien à
\inive et à Babylone, qu'en Egypte, où Diodore les dépeint ainsi
sous Antiochus VIP.
Ils avaient peut-être déjà subi un déplacement de leur pays sous le
bus enlevées sous Salmanasar^ vers 718 avant notre ère , ou 722 ,
lleuve Goxan.
Les noms des quatre villes de Tching, dont les peuples furent échangés
pour les Sou-fen-seng, sont d'ailleurs cites dans le Ly-lay-hj-sie, et peuvent
se comparer avec ceux des quatre peuples, outre ceux de Dabylone, envoyés
«I Assyrie, à Samarie.
'
Voir \'lJ(slvirf de f(i Chine du P Mailla, t. ii, p. 73.
RELATIVES AUX RUINES DE KHORSAnAD OU «[NIVE. 38S
dire par/'w m qui r«/)/>e//e à lavie, a dû aussi être appelé également 6'ou
^± Hiang ^ ou parfum de Sou. parfum qui fait ressusciter : or
mais il a vérifié depuis que ce docte jésuite ne parle que des deux
bien davantage, et l'on ne voit pas que V Indo-Chine, entre ces deux
antiques empires, est encore à demi-barbare de nos jours, tandis
qu'autour de la Gaule, à peine connue sous César, on ne trouve plus,
même dans les Pyrénées et dans les Alpes, ni sauvages ni peu[)les an-
thropophages, comme en offre le Pégu et le Camboge.
M. (le Paravey pourrait démontrer que l'Inde est bien moins an-
rouge; il lire de l'arc contre ce fort, et cet arc est peint en rouge
et terminé en tête d'oiseau ; enfin, on voit que les chevaux de son
char sont enharnachés aussi en bleu et en rouge.
Or, sous les Tcheou, dans le Chou-hing , on trouve également que
là , comme en Assyrie et comme en Judée, la cavalerie consistait spé-
sous le col un gros gland eu cuir, qui y pend comme ornement. Or,
Kangiang, empereur des Tchcou, en 1078 avant notre ère, est fi-
guré sur son char ai. tique, fermé en avant comme celui de Khorsa-
bad, et traîné par quatre chevaux, qui ont aussi sous le col des glands
analogues '.
Or, ce même nom écrit ?7^- Ly, avec la clé femme ^ Xiii, au lieu
de celle du cheval, S^, Ma, signifie belle et agréable, sens du nom de
M>'n E , en chaldcen , et prononcé Ni/ , il a pu donner ce nom Aï-
nou'i du lieu où était le palais brûlé de Khorsabad ; mais Xinive ,
dans ces bas-reliefs qu'on y trouve, ne peut être la ville assiégée dont
parle M. Boita ; et ces énormes cornes de cerf, mises sur les tours de
cette forteresse, devaient indiquer une résistance à toute épreuve ou
une idée analogue.
La clef du cerf, combinée avec celle que l'on écrit ^^ Kin, ou
• llidolrc (l< la r/?'«r, de Mailla, l. i, ç.S-Ku
386 NOUVELLES NOTES DE M. DE PARAVEY
cette même clef on voit, que sur la porte des Princes ou des
Grands, on peignait par superstition un animal fabuleux, avec
une seule corne, quadrupède symbolique , ici nommé '^M Hiay
que devaient être les princes ou les grands, dont ce symbole ornait les
portes.
de force et de majesté.
La têle humaine des taureaux ailés de Tersépolis et de Khorsahald
la terre, et pénétrant tout, nous l'avons dit; enfin les ailes et la vélocité
rapide Rfe La, surmonte les ailes et les pieds d'oiseau écrits ^
Niao, signe qui est composé en effet de t-^ ailes etpieds, et de ^ la
têt>; '.
'
On ne doil pas confundre cet unicorne, symbole de courage ou de force,
avec le Ky-Un des Chinois type de douceur et de charité, cité dans la fie de
Coufucius. Voir Jflem, chinois, t. xit, p, 392.
» Voir Morisson pour Tchay, omis à tort daos le DicUon. chinois de De-
guignes.
' Vojez les formes antiques dans le Lou-choU'loH^, et dans Morisson.
388 NOUVELLES NuItS DL M. DE PARÂ^tY.
• Caractère aussi prononcé Ck;/, qui est le nom Schn du lion, encore en ce
jour en Perse.
,
Cittfvutiiif Catl)oliquf.
LE CURÉ DE V AL^EIGE
PAGES KETROUVÉES DU JOURNAL DE JOCELYN,
PAR DÉSIRÉ CARRIÈRE '.
des vertus célestes ; scènes où la lyre peut attendrir ses sons jus-
petite, mais propre église du village, où il enseigne aux fils des champs
éloquente ,
quels tableaux ! quelles richesses! quelle variété! Et
partout où elle a trouvé de l'écho dans les cœurs ? N'y a-t- il pas de quoi
s'étonner, en vérité, qu'un tel sujet ait pu, jusqu'à nos jours, échap-
per à la poésie?
chise ,
qu'une dégradation du prêtre, au lieu d'en être un type. Ce
PAGES RETRULVÉl-S DU JULUNAL DL JOCELYN. 391
autour, sans nul doute, une calomnie contre le prêtre réel, le prêtre
catholique. Sans douie il fallait que le poète incarnât le prêtre dans
une individualité ; mais il fallait incarner le prêtre tel qu'il est, dans
son essence de prêtre '.
audace qui est de la témérité, mais bien de celle qui est une hardiesse
sainte et puissante, l ne telle lutte était digne du jeune chrétien c{ui
cences d'un sujet tout neuf, dont les richesses ne lui laissaient que
l'embarras du choix.
Notre jeune poète s'est décidé pour le premier parti. Il y avait plus
d'audace , sans doute ; il allait se mesurer, pour ainsi dire , corps à
' Voir l'examen critique de Jocelyn dans le tome xu, p. 195, (1" série) de
nos Annales.
392 l.L ClîRi: DE VAL.MilGt,
malgré son talent, malgré son travail, malgré son oithodoxie, il n'a pu
faire de Jocelyn, ce qu'il n'était pas, un prêtre type. Il a eu beau mon-
trer son côté admirable, qu'avait laissé dans l'ombre M. de Lamartine;
le côté mis en lumière par celui-ci n'est pas rentré dans les ténèbres.
Cela est à tel point vrai que ^r. Désiré Carrière a été amené, par la
qu'il a prise.
pu que suivre la voie ouverte p^r son de\ancier ; il s'est réduit à com-
PAGES KETROLVfcES OU JOURNAL DE JOCELYN. 393
blor K's lacunes d'un poèniL' irop célèbie; il ne pouvait (jik; glaner
dans un champ, iniincasc, il est vrai, où une musc illustre avait mois-
sonné à pleines mains. Cependant, nous ne craignons pas de le dire,
il a fait une belle et riche récolte. Certes, c'est un beau triomphe pour
le jeune poète, d'a\oir lutté si admirablement contre un tel adversaire,
dans une position dont celui-ci avait tout l'avantage.
Nul ne pourra s'empêcher d'applaudir à l'ingénieuse adresse avec
laquelle M. Carrière est entré dans le plan de Jocclyn ; il s'y est jeté
son qu'il vaut tout un poème. Il nous a donné le premier, que nous
sachions, en vers magnifiques les cérémonies si poétiques des diverses
ordinations de l'Eglise. On doit regretter qu'il ne se soit pas arrêté
davantage sur le vicariat, mais il avait hâte de nous conduire à Val-
neige. L'entrée du pasteur dans son cher village, sa visite pastorale,
moins beau.
Toutefois, V épisode du condamné est la pièce capitale du Curé de
Falneige. L'étendue et la splendeur de cet épisode nuisent même un
peu au reste de l'ouvrage. .\ous conseillerions volontiers h l'auteur de
le détacher de son œuvre, non pour l'en ôter, mais pour le publier à
part, comme Chateaubriand a fait à'Atala. Il est en soi un poème
complet avec son exposition, ses développemens , son nœud et son
dénoûment. Ce serait une œuvre tout originale, qui obtiendrait assu-
rément un beau succès.
Quant au Curé de Falneige, M. Carrière, nous le savons de source
certaine, retravaille sou poème, et nous pouvons assurer que, s'il con-
serve la Confession générale, il y fera des changemens tels ,
que l'o-
enfin d'un poème sur le prêtre type, même selon la rigueur théolo-
gique. Car la fiction poétique, pour le dire ainsi, n'est pas le men~
songe, mais la vérité, essentiellement la vérité. Qu'il laisse de côté
mons pas qu'il soit sans défaut; ce que nous affirmons , c'est qu'on
peut en dire, chose rare, ce qu'on disait des harangues de Démoslhène,
qu'il sent Vlmile. Nous ne sachions pas que, depuis longlems, il ait
L'abbé Chapia.
' Cette ode, qui ne portait point de date, avait été composée par le curé de
Valneige, évidemment après la chute de Napoléon et lorsque l'ie VII rentra en
possession du patrimoine de saint Pierre,
S96 i.E cuiit nr vaineige,
Désiré Carriers.
—
UoiiuflUe ft iîWlaucjcô.
EUROPE.
les Chinois les reçoivent fort bien et les appellent Foulomcis (Français).
Une pagode changée en caserne par les Anglais; sa description. — Il y a deux
missionnaires lazaristes, l'un Européen, l'autre Chinois.— Départ pour /foo-
suns, entrepôt des marchandises anglaises. — Immoralité de l'usage et du
tralic de l'opium. — Arrivée à Chang-hai. Il y a un séminaire de la mission,
qui compte 36 élèves. Les missionnaires sont à peu près libres. Le gouverneur
ferme les yeux. La mission compte 10,000 chrétiens très fervens. Que man-
que-t-il donc ? Le voici dans ces paroles de Mgr de Bezi : • si j'avais des col-
• l'on obtenait la liberté des cultes... • C'est deux mois après que cette liberté
pas d'en rappeler aux consuls européens. Une révolution sociale et religieuse
est imminente en Chine; le peuple en a le pressentiment.
3. Lettre du même. Autres détails sur les Chinois et en particulier sur les
à Marao, lequel rend compte de la mission confiée par son évéqne pour sa-
kOÙ XOLVELI.r.S ET JJÈLAlNGtS.
» nous recommandant aux prières de ses martyrs, nous franchîmes le .Mi- kiang
• et nous rentr.lmes en Tartarie. »
ASIE.
mnnoiri' a\aii clé approuvé par roaipereur /î/s du ciel. Mais diffé-
• J'ai rct.u ci-devant une dépèche de Votre noble Grandeur, où vous disiez
» que, la mission dont vous étiez chargé touchant à sa lin, vous alliez quitter
la Chine sous peu de jours, avec le regret de ne pouvoir, dans une dernière
» entrevue, manifester les sentimens d'amitié qui nous unissent.
• Pendant les deux dernières années que Votre noble Grandeur et moi avons
• traité ensemble les affaires publiques, j'ai eu le bonheur de trouver en vous
» des s.enlimens d'une amitié sincère; aussi en apprenant, par les lignes qui
.. précèdent, que vous étiez sur le point de vous éloigner, en ai-je éprouve
• un très-profond chagrin. Aussitôt j'avais préparé une réponse, et chargé un
• magistrat d'aller vous faire la conduite; mais votre navire avait misa la
• Le grand-chancelier de Tempire.
» A Ay, assistant ministre dEtat, etc., et à Auàn, lieutenant-gouverneur
« de la province de Canton.
» Ky-yng et ses collègues nous ayant ci-devant adressé une pétition dans
laquelle ils demandaient que ceux qui professent la religion chrétienne dans
» un but vertueux fussent exempts de culpabilité : qu'ils pussent construire
» des lieux d'adoration, s'y rassembler, vénérer la croix et les images, réciter
» des prières et faire des prédications, sans éprouver en tout cela le moindre
» obstacle, nous avons donné notre adhésion impériale à ces divers points
» pour toute l'étendue de l'empire.
» La religion du Seigneur du ciel, en effet, ayant pour objet essentiel
» d'engager les hommes à la vertu, n'a absolument rien de commun avec les
» sectes illicites, quelles qu'elles soient. Aussi avons-nous accordé, dans le
f
1. Que toutes les églises chrétiennes qui ont été construites, soas le règne
» ùiKang-hi, dans les différentes provinces de l'empire, et qui existent en-
» core, leur destination primitive étant prouvée, soient rendues aux chré-
» tiens des localités respectives où elles se trouvent, à l'exception cependant
" de celles qui auraient été converties en pagodes et en maisons particu-
» lières.
" Et s'il arrive, dans les différentes provinces, que, après la réception de
s cet édil, les autorités locales exercent des poursuite» contre ceui qui
,
que cette liberté des cultes va faire convertir les Chinois /Jar millions.
404 BIBLIUGKAPHIE.
(3iblio9vapl)ic.
Cet ouvrage est un bon résumé des cinq grandes parties qui constituent
naire de matière médicale où l'on trouve les propriétés, les doses et le mode
d'administration des médicamens, plus une foule de prescriptions formuléei
ceux qu'on a fait pour les gens du monde. Son caractère saillant est l'enchal-
nrcroUniif.
plus bel éloge, et l'oraison funèbre la plus convenable que nous puis-
sions faire du saiut pontife.
dien, il doit dire que la vérité, li vertu, le bien seuls ^oai permis ,
ont des droits; il ne peut parler autrement ; les vrais philosophes, les
législateurs ne disent pas autre chose ; c'est l'expression si souvent
admirée de Bossuet : // n'est pas de droit contre le droit.
Ainsi, dans notre société civile, telle qu'elle est constituée en-dehors
de toute révélation et de toute tradition divin?, le pouvoir, parlant
'
Lu Sagesse, yu, Ij. ^
versité catholique belge. Le pontife y rappelle < que c'est au Siège apos"
» tolique qu'il appartient essentiellement de diriger les éludes des
» sciences sacrées qui s'enseignent publiquement dans les universités'. »
'
Annales, t. ix, p. 83.
lui annonçait comme devant avoir lieu le 1" décembre, ce qui avait
été accompli le 21 novembre passé '...
système de tromperie par lequel on a peu h peu fait tomber les fidèles
dans le schisme ; et prie surtout pour ceux qui sont restés fidèles ^
Le 3 décembre 1839. — Lettre apostolique défendant à tous les
chrétiens toute participation ou toute approbation donnée à la traite
des noirs K
Le 27 avril 18^0. — Allocution snrla persécution et les notiveaux
martyrs du Tong-Jdng de la Cochinchine. Le Saint-Père y glo-
et
rifie les noms des principaux martyrs qui ont souffert pour la foi de-
puis l'an 1855 \
Lel^'"mars 18il. — Allocution sur l'i^^a^rfe la religion en Espagne.
Le Saint Père y énumère tous hs décrets rendus par le gouvernement
contre l'Eglise espagnole; puis, il s'écrie : « Malheur à nous, si, dans un
» tel bouleversement des choses sacrées, dans une pareille oppression
» de la liberté ecclésiastique, nous n'élevions un rempart devant la
» dans les choses dont nous venons de parler, soit dans d'autres ma-
» tières qui concernent le droit de l'Eglise. Nous cassons et [ahro-
») geons, par la même autorité, les décrets eux-mêmes aveclcs con-
» séquences qu'ils ont eues ; nous les déclarons nuls et de nulle va-
» leur pour le présent et pour le futur'. »
Le 22 mai 18il. —
Instruction concernant les Mariages mixtes en
Allemagne. Le Pontife s'élève contre « l'abus gcncral''mcnt in-
troduit par les curés catholiques de célébrer solennellement les
» mariages entre catholiques et non catholiques, sans dispenses ec-
» clésiastiqucs et sans garanties préalables..» et cependant pour éviter
autorité; car il déroge à une loi établie par un concile général, celui
de Trente, qui avait déclaré nuls les mariages clandestins. Le mariage
est déclaré ici valide par la seule présence matérielle du curé, qui re-
purement et simplement, en
çoit qualité de seul témoin, le consente-
ment des époux.
Le 22 février 4842.— Lettres apostoliques, demandant à tout l'uni-
vers catholique des prières pour l'Eglise d'Espagne persécutée -K
^^Annales, t. y, p. 64.
*'
4nnaief,t. \, p. 237.
liV2 MORT DE SA SAINTETÉ GRÉGOIRE XVI.
Cette pièce avait été précédée d'un mémorandum non signé, mais
sortant des presses de la chambre apostolique et devant passer pour
officiel. On y trace d'une main sûre l'historique de la conversion du
peuple russe et des premiers tems du christianisme dans ces contrées ,
que tous les éiêques suivront Vexemple de celui de Langres qui est
Tels sont, nous pouvons le dire, les principes suivis par le saint
'
Annales, t. x, p. 77.
* Dans le précédent cahier ri-dessus , p. 3i?j.
4
Qu'il nous soit permis ici, après avoir rendu ce très court hom-
mage à la mémoire de cet auguste chef des chrétiens , de rappeler
quelques souvenirs personnels de sa présence et de sa conversation.
C'est ielS novembre 1840 que nous eûmes le bonheur de voir pour
la première fois la vénérable figure de Grégoire XVI. C'était le jour de
la dédicace de V Eglise ; le Saint-Père était descendu à Saint- Pierre,
pour assister aux vêpres dans la chapelle des chanoines. L'office fini,
vint ensuite de l'autre cùlé du grand auiel, honora les reliques qui y
nos deux mains , les serra avec une affection prternelle, en nous
,
(lisant : « Ah! voilà qui est bien fait, seigneur Bonnetty, d'être venu
» nous voir à Rome; voilà qui est bien fait. Il y a longtems que nous
» désirions vous connaître. Car nous connaissons vos travaux, nous les
«avons suivis avec attention, et c'est une bonne, bonne voie que
»> vous suivez; vraiment, ils sont utiles, très-utiles. »Et presque aus-
sitôt, en preuve de ce qu'il disait, il s'avança vers une table où se trou-
vaient une 12«de volumes, et y choisit le dernier volume de nos ^n-
Jiales (le Ipr de la 3e série); et nous montra divers passages qui l'avaient
tion de nos annales', mais elle nous fit observer que c'était elle qui
en avait désiré faire l'acquisition; en effet, c'était par son internonce
à Paris, Mgr Garibaldi, que nous avions su que nos travaux étaient
parvenus jusqu'à elle, et qu'elle désirait en prendre connaissance. Un
pareil souvenir nous intéressa vivement. Sa Sainteté ajouta que bien
qu'elle ;^ne pût pas lire tous nos travaux, elle ne manquait pas d'en
suivre les principaux, pour se tenir au courant du mouvement de
la science, ajouta-t-elle; et elle fit même l'observation obligeante
que la plus grande partie de ces travaux et les plus importans étaient
de nous. — Le Saint-Père nous parla ensuite de l'état religieux de la
France, et sans taire la grave influence de la philosophie, il nous as-
sura qu'il comptait beaucoup, pour la défense et la propagation de la
baiser. Mais nous lui dîmes que nous ne voulions pas nous retirer de
sa présence comme les protestans, et nous lui demandâmes la permis-
sion de baiser ses pieds , ce que nous finies pour vénérer en sa per-
sonne le Christ, dont elle est ici bas le vicaire et le représentant. En
prenant congé de ta Sainteté elle voulut bien nous bénir de nouveau,
ainsi que toute noire lamillc; elle se rassit; mais avant que nous fui;-
,
étendait sa bénédiction sur tous nos travaux et sur tous nos collabo-
rateurs.
Grégoire XVI était mort le 1" juin; le 13, dernier jour des No-
vendiali , l'oraison funèbre du Pontife , prononcée par Mgr Rosani
évêque d'Érithrée avait clos les funérailles. Le 14, après avoir assisté
s'était ouvert; le 16, le Pape éiait élu. Rien n'était prêt pour uiie si
Vers l'âge de vingt ans , atteint d'une maladie fort grave , que les
associa le sien; il consacra son tems, son travail, son argent, tout ce
qu'il avait, à cette œuvre de piété et de miséricorde. Le nouveau Pape
a fait son apprentissage auprès des ouvriers, des pauvres et des orphe-
lins ; il l'a continué par l'Apostolat.
Sous le pontificat de Pie VII , MgrMuzi, aujourd'hui évêque rfi
lion active.
LE DOCTEUR STRAUSS
ET SES ADVEUSAIRES EN ALLEMAGNE.
LE DOCTEUR HARLESS.
sont tout autant que les âmes vulgaires, dominés par d'étroites préven-
tions. Fréret disait, au dernier siècle, en parlant de Toland , « que
» tous ces libres penseurs n'étaient pas moins crédules que les partisans
» de la superstition » la plus fanatique. Une femme d'esprit disait
Harless ne trouve pas que les rationalistes de notre tenis soient plus
profonds ni plus savans que ceux du 18"^ siècle. II pense, comme l'il-
d'esprit pour tomber dans ces pièges grossiers. Il s'étonne, avec une
surprise qui n'est pas feinte, de voir le docteur Strauss et son école
se déclarer théologiens. Il leur refuse nettement, sans la moindre
» Voyez dans les dn-aclèrcs son admirable cliapilrc des Esprits forts.
' Allemagne et Iluli€,\.\ij de l'état du Christiauisrac en Allemagne.
^ Revue des deux Mondes^, \^^b\ renaissance du vollairianisme.
LT Mis ADVliRSAlUtS E.N ALLEMAGNE. 623
traîner les esprits. Le tems des réticences perfides n'est déjà plus.
l'autre avec un impartial dédain. Il est vrai qu'il met en poussière les
nous avons paru le supposer jusqu'ici, c'est que nous n'avions pas re-
marqué, comme Harless ,
que cette différence est plutôt apparente
paraître s'écarter des traditions d'une école décriée par ses insipides
imaginations. Mais sous l'ample perruque, le chapeau à plumes et les
nœuds de rubans, l'œil malin du peuple reconnaît toujours le bour-
geois gentilhomme. Quand le docteur de Tubingue vient nous vanter
dans son Introduction l'antiquité, la profondeur, la supériorité de
son système, j'ai toujours envie de lui crier avec MoUère : Fous êtes
ser entraîner ainsi par les préventions étroites de son époque, est-ce
là véritablement constater son génie î II fut un tems q\x l'on croyait
mains. La vie des individus mêmes n'est plus qu'un flot qui disparaît
bientôt dans l'insensible océan de la vie miiverselle. Or, s'il en était
terre une chaîne d'or merveilleuse qui nous soulève du fond de notre
misère, c'est l'athéisme seul qui est logique et raisonnable '. Ce qu'il
nous faut invoquer maintenant, ce n'est pas le Dieu vivant du chris-
tianisme , mais le tout puissant néant qu'adore la Jeune Alle-
magne '. Brisez les autels et baissez vos fronts vers la terre, n'ayez
plus de rêve d'immortalité bienheureuse. Le ciel est ici-bas, ou pour
mieux dire, il n'y a qu'un enfer que vous ne pouvez pas fuir, l'enfer
terrestre de la fatalité du matérialisme Vous devez ! savoir maintenant
assez pourquoi l'on ne prie plus Dieu comme au tems du pa-
pisme^t
'
Strauss, après avoir déchiré le surnaturel impossible, l'intervention
de la providence dans le développement de l'humanité chimérique,
est amené nécessairement à comparer les miracles de l'Évangile avec
les mythes de la tradition hellénique. Selon lui, les immenses progrès
faits dans l'étude des mythologies auraient puissamment servi à affai-
'
Voyez les réflexions deVinet sur W-Z/iasv cm s dcl\l. Quinct dans ses /essais.
' Paroles mètnc de Feueibacli , l'un des écrivains les plus connus de ceUe
école.
' Calherino di' Rora adrossnil coUo ([ucstion ;i I.uihcr. Voyez sa Vie par
M. Autiin.
ET SES ADVERSAIRES EN ALLEMAGNE. hll
' Voyez Jahn, Infr. in Dent., dans la Script, sac, do Migne, t. vj j^». 9<
^28 r.K Dor.TErR str.\uss
« esprit, pour invenlor It» niOiue icU'-al, pour cr(?er do rion pt rendre
» palpable à tout le genre lunnain, le caractère qui tranche le mieux
»> avec tout le passé, et dans lequel on reconnaît l'unité la plus niani-
Le but visible de Strauss, c'est de réduire au fonds le plus mince tous les
magnifiques développemens de l'existence du Sauveur. Une pareille
aiiisi-dire , cette conviction éclate ; c'est elle qui entraîne tous ses
jugemens. 11 y a des âmes qui veulent emprisonner la providence de
Dieu dans les limites bornées de leur esprit, et qui retranchent
impitoyablement tout ce qui dépasse ce nouveau lit de Procuste.
C'est cette sorte de déraison qu'on appelle maintenant de la philo-
sophie
L'abbé F. Edouard.
,
EXAMEN
DE L'OUVRAGE DE M. LE CHEVALIER DE BUNSEN
INTITOLK
p Vf min* ^rttdf.
lini publiaient avec talent les notions déjà acquises à la science. Une
de nos gloires nationales, M. Lctronne, fondait sur cette nouvelle mé-
thode la base de son enseignement si solide ; en même tems que
l'étude approfondie des textes et des inscriptions grecs lui apportait de
précieux détails. Une série de savans voyageurs Anglais, Sait, Félix,
/f'ilkinson, avec un zèle qu'on ne peut trop louer, complétaient
l'étude et la publication des monumens d'Egypte ; le colonel ffyseet
l'ingénieur Perring, consacraient l'un ses talents, l'autre, une
somme immense à l'ouverture de toutes les pyramides et à leur des-
cription minutieuse. Les musées égyptiens étaient publiés par leurs
savans directeurs, et l'antiquaire dut se mettre à classer ces pages de
granit où trente siècles au moins avaient laissé leurs signatures.
En 1837, iM. Zepstus ^ s'attachant plus particulièrement à la philo-
• Rendons grâce à M. de Saulcy d'avoir enfin fait bonne justice d'un des
plus injustes détracteurs de Champollion. Voir la Âevuc archéolo-^ique.
Avril, 1846.
des lumières que l'Egypte peut fournir sur les premiers âges de l'hu-
manité, il suffit de remarquer que les autres peuples n'ont encore
que des légendes à l'époque où Memphis nous dévoile ses tombeaux.
Les lambeaux d'histoire antique que la Chine a conservés ne corres-
pondent à aucun monument; l'Inde ancienne n'a pas d'histoire, et
sol Egyptien que l'on peut porter la sonde avec plus de chances de
pénétrer profondément vers les sources de la race humaine.
Il était difficile d'être mieux préparé pour ce travail que iM. de
Bunsen; ses études philologiques et historiques attestent des recher-
Icxles démotiqucs.
SUK L'ÉTAT ACTUliL DES LTLDÊS ÉGYPTIENNES. 435
sujet général est le voyage de l'âme après sa mort dans les régions in-
fernales que les Egyptiens appelaient jimenti (pays du couchant).
On lit en tête du livre : Commencement des chapitres de la ifiani-
festation à la lumière du défunt N...\ c'est indiquer déjà le terme
'
SiromalesX vi, p. 268.
est invoqué sous plus de 120 noms différens. Il suffit d'avoir donné
une idée de ce livre, pour avoir prouvé qu'il contient des trésors pour
l'histoire des religions antiques. Cette curieuse transmigration des
âmes sera examinée par M. de Bunsen el comparée avec d'autres tra-
' C'est le litre que prend tout défunt qui parcourt le domaine d'Osiris.
,,
étaient si peu lixées à cet égard que l'on ne savait si la table d'Jby-
dos n'avait pas perdu plusieurs rangées de cartouches royaux'.
Aussitôt que d'autres inscriptions eurent donné à Champollion les
noms des rois dont la table ne contenait que les prénoms royaux , il
monumens.
En remontant au-delà dCHorus, la liste offrait encore 5 cartouches
royaux jusqu'à l'endroit où la pierre est brisée. On pensa alors que ces
rois étaient les prédécesseurs cV.-4mos, et on les classa danslalT' dy-
nastie. Mais à mesure que les noms de ces rois se retrouvèrent sur
les monumens, les difficultés les plus graves vinrent combattre cette
classificaiion. Ces monarques apparaissaientpleins de gloire et de puis-
sauce. L'un d'entre eux avait fait des conquêtes au nord de l'Egvpte ;
' V. Bcvuc archcolo'^iquc, article sur la Taf>fc tC .ibijdof par 31. Letronne.
race étrangère. •
Manéthon devait encore une fois avoir raison contre des objec-
Les difficultés sont ici bien plus graves que pour htabled'^bydos.
Thoutmès III , représenté h fois ,
présente des offrandes à 6 séries
de rois, disposés en 8 rangées et marchant dans deux directions con-
•
Nous donnons ici cette planche contenant les noms et les titres de tous les
résultats. Nous avons corrigé avec soin, d'après le monument, quelques fautes
qui s'étaient glissées sur la planche publiée par M. Lepsius, et qui a servi à
M. de Bunsen. Lalilhographiequeron trouve à la Bibliolhèque-Roj aie contient
elle-même quelques inexactitudes. Les personnes qui ont étudié Champollion
trouveront dans la lecture des noms des différences légères, qui tiennent à ce
que M de Cunsen adopte toutes les corrections proposées par M. Lepsius (^71-
en France. — C'est en 18i3 que M. Prisse, pour sauver celte salU qui
allait subir le sort de tant d'autres monumens que l'on mutile ou détruit
chaque jour, résolut d'en faire scier les pierres et de les envoyer au gouver-
nement français. Avant cette opération difficile , il fil faire un estampage ai
papier ùe. tous ces bas reliefs, pour témoigner de l'étal dans lequel ils se trou-
vaient alors; puis avec des peines infinies, il vint à bout d'enlever les pierres,
et de les scier. Maia ce ne fut qu'avec les plus grandes diflicullés qu'il put les
COTÉ GAUCHE DE LA SALLE
7- Snéfrou. 0.
(j. Ra Saliou.
Satiou. 5. An
ll¥
^i=^ ^W^
25. Ra Satéphet. 27. RaNoubkeou. 28.
Offrandes diverses
0'
faites par le Roi
^B uu
CD
S 26.
Thoutmcs,
Ra Terké 24.
Ll^ 1^
Ra Skenn. 23. Ra Nachten.
W 22. RaSésouren.
H
O
l^i^
ODSF.r.VATIONS.
N" 2. On a rétabli le côté gauche de l'inscription comme la colonne du n» 31 qui commence
une abeille.
-N '
3. On a fait la même restauralion que ci-dessus.
N" fi. Le signe du milieu difficile à lire.
N" 7. Le signe -=- manque peut-être.
N° 8. Les deux inscriptions sont restaurées.
>" 10. La partie gralée ici a été restaurée coTimie au n. 0.
Assa. t. Ra Smen-tet.
1 \\\
B B i"*.
^»
ci
30. Ra Matou. 3l.RaNofré, oHSébek. 17. Enentef.
rf iii;rô
li 1
=r:iiiii> _^_^
lia >'oubter 20. Ra Nebtou. 19. Ra Snéfrouké. 18 Ra...
1=r^ r&^
des peuples. Le roi Smen-tet paraît donc être le chef de celte ancienne
dynastie dont les ruines de Memphis ont conservé quelques noms, et
'
Les caractères égyptiens que nous donnons ici, ainsi que dans notre
planche, sont ceux du magnifique corps de caraclères cg'jpficns, gravi pour
l'imprimerie royale. Ajoutons que cest aux soins combinés de M, Lelronne et
de M. J.-J. Dubois, que sont dues les belles formes de ces deux caractères,
dont l'un est gravé sur un corps de 18 points (7 millimètres); l'autre, ser-
d'une liste de dynasties qui avait embrassé même les tems mytholo-
giques, ou le règne des dieux et des héros. Ce travail, amélioré encore
par Seyffarth, fut enfin publié par M. Lepsius après une minutieuse
révision. Quelque défiance que l'on doive conserver sur l'ordre où se
présentent des fragmens ainsi rassemblés, des faits précieux n'en
sont pas moins acquis à la science, tant par certains morceaux plus
entiers que par l'ensemble du travail.
%k
Une longue
Horus,
^ Thot-ffermès, et
dit , nous ne savons pas si son génie y a laissé quelqu'une de ces traces
lumineuses qui éclairaient tout un horizon.
Après ces grandes suites de noms royaux, viennent se placer des
monumens où figurent certaines séries plus restreintes. Les tombeaux
de Gournah, par exemple, offraient une suite de princes et de prin-
cesses de différentes époques. Une procession funèbre au monument
appelé Ramessi'um mérite d'être citée pour sa curieuse ordonnance;
les ancêtresde Ramsès y figurent en bon ordre jusqu'à Ahmès.
Deux cartouches seulement précèdent celui-ci Mènes le premier et :
L'auteur arrive ensuite aux travaux que les Egyptiens nous ont
laissés sur leur propre histoire. Désirant surtout faire connaître ce que
le livre de M. de Bunsen contient dedocumens nouveaux ou d'opinions
particulières, nous passerons rapidement sur l'étude des précieux frag-
mens de Manéthon, Sa position de prêtre égyptien garantit à ses as-
sertions une autorité que les faits accroissent chaque jour. Les ex-
traits de Josèphe nous prouvent que son livre était une véritable
h!lU TRAVAIX OF. M. DE liUNSEN
histoire; les listes que nous possédons n'en sont que des extraits, et
l'esprit particulier les a faits n'a pu manquer d'y laisser
de celui qui
quelques traces. Indépendamment de ces listes, le Syncelle nous a
conservé un calcul déjà bien remarqué, mais dont M. de Bunsen fait
un usage tout particulier. uManétJion^ dit ce chronologue, comptait,
» depuis Alexandre ]usqu'î\ Menés, 113 générations comprenant un
» espace de 3,555 ans. » Ce calcul n'a pas été inventé par le Syncelle ;
ticulier. Ce dernier point paraîtra plus probable si l'on songe aux my-
riades d'années qu'aimaient à se donner les prêtres Egyptiens.
Manéthon, quoique écrivant en grec, doit être rangé parmi les
sources nationales et étudié avec confiance ; mais il en est tout autre-
ment des écrivains grecs d'origine. La plus grande réserve est com-
mandée par leur génie national par leur manie d'euphoniser
,
et de gré-
ciser les noms propres, et d'identifier les dieux et même les personnages
historiques des différentes nations. Hérodote mérite d'être distingué
pour la bonne foi avec laquelle il rapporte les traditions qu'on lui
confie; lorsque ses garans sont des gens instruits, ses récits se trou-
vent vrais dans tous leurs détails, et lorsqu'il rapporte des traditions
populaires, il y a toujours quelque chose d'utile à l'histoire dans le
cachet qu'il leur conserve. Ce n'est donc point l'ordre des dates qu'il
faut chercher dans Hérodote, mais bien les précieux lambeaux des
traditions qu'il enregistre si fidèlement.
Le génie grec, devenu plus sévère à l'école A'Aristote, commence
ù nous donner quelques appréciations plus exactes des époques primi-
SLT. I.'lT.VT ACILLL DtS ÉILDES Ér.YPTlENiStS. U!^5
gnatures, eût bien de l'autorité, pour que le Ji"ynce//e se .soit cru obligé
de l'employer. Ne sachant quel usage en faire, il suppose un royaume
ihébain courant pendant tout cet espace de tems à côté du royaume
égyptien; tellement qu'il débute par un Mènes et un Athotis, thé-
bains, contemporains du Menés et de VJlholis, égyptiens. Beaucoup
de bons esprits sentirent l'importance de ce travail et cherchèrent
à y asseoir leurs calculs. Marsham, il 5 a près de deux siècles,
H B
chef de la 6^ dynastie I Ides monumens; la reine Nitocris qui
nastie Memphites, parce que Manéthon n'a pas conservé les noms
de ces rois, et nous devons dire que les efforts de M, de Bunsen pour
retrouver sur les monumens les 9 rois à! Eratosthène qui, suivent
' Nons discuterons plus loin toutes C€s assertions, ici nous nous contentons
d'exposer ce nouveau système.
uun TRAVAUX DE M. DE liLiNStN
DANS l'africain.
1" Thynite',
Memphite. 5 rois. 190 ans 8 rois. 2G:3
7, 8 cl ll'^Memphites •)
et 10'^ Héracléopo-
lyles. Ecartées.
les dynasties parallèles, et compté l'un après l'autre les règnes colla-
téraux, lorsque encore aujourd'hui les monumens nous permettent
capitale.
hH\ L'irAl AGTLEL DLS KIDDES tCiVl'TiL.N.MS (l'iO
premier roi delà 12e dynastie. Le second livre s'ouvrait par le ré-
cit de l'époque glorieuse d'un des Sésostris et de toute sa descemlance ;
il faut bien ensuite que le royaume ait eu le tems de perdre desa force,
pour qu'un successeur de ces grands rois soit chassé par des hordes de
peuples pasteurs. La seconde partie de Manéthon contenait, outre ce
tems d'abaissement, tout le règne des Thoutmès, desy^ménophis et
des premiers Hliamsrs. M. deLunsen, au contraire, remplit tout son
moyen-àge égyptien avec le seul tems des Pasteurs; cela vient de ce
qu'il considère comme l'indication et ia mesure de ce tems, une note
que le Syncelle ajoute au travail d'Eratosthène. II en résulte qu'^-
poUodore avait encore donné 53 autres rois tliébains, successeurs des
premiers, et dont le Syncelle ne rapporte pas les noms parce qu'il ne
\oit pas ce qu'il en pourrait faire. (Certes, la légèreté de cet auteur
nous prive là d'un document inestimable ; d'autant que les listes de
Manéthon ne nous fixent point sur l'époque de l'invasion, et que les
monumens.
Une élude rapide et pleine de justesse, met ensuite en évidence les
passages dont ou doit tirer parti chez les autres écrivains grecs. Dio-
dorc surtout, qui avec sa légèreté habituelle, a mêlé ensemble des élé-
sur les législateurs de l'Egypte, ont été distinguées pai'mi les légendes
de toutes les époques qu'il a confondues ensemble.
Tl/ne'fis ,roi des tems héroïques, serait, d'après cetauteur, le premier
législateur des bords du jNil. Sasychis, à qui l'on attribue une pyra-
mide, aurait réglé le service divin et inventé l'astronomie. Les lois
et cela est d'autant plus regrettable qu'ils paraissent bien moins dis-
posés à altérer les noms. Nous devons à Tacite celui du grand Rfiam"
ses.
de la vallée du Nil avec le récit bibhque, a-t-il été depuis ce tems l'ob-
veut suppléer à ce silence, ou est tout d'abord arrêté par les différen-
ces énormes que présentent les trois textes également dignes de foi,
* Les Annales ont publié le portrait de ce roi, retrouvé sur les murs du pr-
iais de Karnac. Voir le t. vu, p. 150, et vni, p. 113 (!'• série.)
' Voyez, à ce sujet, les solides
réflexions de M. A. Goquerel ; Essai sur la
dates de la Bible, dans sa Bibliographie sacrée, p. 649.
* m Hois, M, I.
dans un autre ouvrage 692 ans\ Cela vient sans doute de ce que
le chiffre de ù80 ans ne peut satisfaire à l'addition des époques rap-
portées au livre des Juges, sans compter quelques intervalles dont
la durée n'est pas déterminée. Il est donc à craindre que la date
ment qu'une foule d'autres dates des livres des Rois, qui se contre-
n'est que par la lecture de ses derniers volumes que nous pourrons
apprécier ses raisons.
Il reste donc à examiner le tems qui s'est écoulé depuis Jbraham
jusqu'à la sortie d'Egypte, tems où la plus grande partie de l'histoire
'
JnUquU.ju(l.,\ni, -j.
'
Scito ])rifnuscens quud iicrcf^riiium fulurum sil ^culen tuum in lerrà non
5uà, cl 5ubjicient cos serviluli, el ariligcnl rjuadiin^entis arntii..: gcnera-
lionc auteiu ijuurlH rcvcilfnlur lnn-. (Jm. xv, 13, 10.
>rr. i.'frr.\r actiff. i»fs i':iri>hs r<:YPTn>Ms. f\:*?,
texte hébreu ,
qui paraît si clairement favoriser l'opinion de M. de
Bunsen , n'a cependant point été entendu ainsi par l'école judaïque
qui s'attachait à sa lettre avec une fidélité devenue proverbiale.
Josèphe ,
qui ,
pour les premières époques , a suivi les nombres
du texte hébreu , en contradiction avec ceux des Septante , Jo-
sèphe compte ici comme le Grec et le Samaritain : « Les Israélites
«sortirent d'Egypte, dit-il, /iSO ans après que notre père Abra-
» ham fut venu en Canaan, et 215 ans après que Jacob fut venu
>» en Egypte*. » Il faut bien en conclure, ou que le texte qu'il
•
Gat.j, ni, § 7.
de 430 ans doit être compté depuis l'alliance entre les quartiers de
la victime'.
« il, que sans cela l'on aurait pu croire que la loi contenait une er-
la lettre du texte hébreu, on vient à penser que les motifs qui ont
déterminé cette unanimité ont dû être bien puissans. On en peut
jugerdans llaschi\ qui résume ainsi leurs raisonnemens ; « Il est im-
'
"'^rsn |"'3. C'est ainsi que l'école rabbinique désigne toujours la pro-
4 Cirand-pèro de Moïse.
SUR l'état actuel des études ÉGyPTIÉNNRS. ^55
plus scrupuleux du texte qui la porte dans le sens des deux premières.
C'est que pour se tirer du Kéhath et dUHam'
calcul des années de
ram, il faut faire bien autre chose que d'expliquer un chiffre, il faut
prétendre qu'il va des générations omises entre Abraham et Moyse;
c'est ce qu'avait fait Périzonius et ce qu'a dit après lui M. de Bunsen.
L'omission de personnages secondaires dans les généalogies de la Bi -
ble peut certainement être admise dans bien des cas ; il est, par exemple,
bien plus naturel de penser que Cainan a été omis dans un passage
que de supposer qu'il a été inventé dans un autre'. Mais ici oùpoiu'-
rait donc être la lacune? Ce n'est point une généalogie que nous
avons sous les yeux, c'est une suite de documens historiques qui se
coordonnent entre eux. Et d'abord il faudrait supprimer le récit tout
nc'D b'c •':"it:u<'D nzim nnp riu'^a "'^'7:23 oDi? m:wD nanm
Dni'D DH^2b nxD vi'^n Ni'rsn ah'c; nn aiDy nuc-'a Dii''?3:
ram fut bien son fils H non son descendant à un degré quelconque,
c'est ce qui résulte clairement de ce passage des' Nombj'ps '
: « Le
» nom de l'épouse à!Hamram est Jokehed, fille de Lévi qui
» lui était née eu Egypte, et elle enfanta à Hamram, Aaron
» Moyse et Marie leur sœur. » Qa' Hamram ait pu épouser une
fille du patriarche Lévi, cela se conçoit puisque Lévi vécut 185 ans.
Les deux générations entre Kéhath et Hamram, Hamram et Moyse,
seraienlde 70 anschacune.etM. deBunseny voit une objection contre
notre calcul. Mais l'âge avancé auquel les principaux patriarches ont
commencé leurs générations, est un fait avéré*. Isaac, le plus précoce
• XXVI, 59.
• Les Pères y ont même cherché des raisons mystiques.
• Le Tcrset deï£xo(ie, i, 7, emploie les expressions les plus énergiques:
ils fructifient, ils foisonnent comme des reptiles *5i"!ty"'; ils multiplient, ils
On trouvera peut-être que nous nous sommes trop appesantis sur cette
Vte E. de ROUGÉ.
NÉCROLOGIE. /ifiO
maîtres, etc ,
journal ( 3 n"'); 1836. — Jrt d'étudier avec fruit [id.') ; 1856.
— Trad. des phénomènes d'Aralus poèmes de Cicéron dans le Ciré-
et des ;
rie, etc. ; 1834. — Ldee précise de vérité première; m?,'i.—De ta vraie mé-
la
decine et de Traie morale
la — Physiologie du bien du mal;
; \%'i5. et 183fi.
— Question politique ûe\tvem\ève importance; 1837. —Jeunesse, maturité,
religion, philosophie; 1837.— De la Phrénologie, du magnétisme et de la fo-
lie. 2 vol. ; 1839. — Constitution de l'univers; 1831».
gères , a laissé : éditeur d'un livre intitulé : L.a question du divorce, etc. ; 179<l
1824. — .^«"/«/rt //on sommaire d'un Mémoire sur les tontines; 1824. — Compte
rendu de 1830. —Réponse à M. de Polignac ; 1830. — Du Congrès. —5o/«-
//o?j de la question d'Oiient, et neutralité perpétuelle de l'Egypte; 1840.
NL(.r,oi-u(;it. 461
iNiniilitili/\le Seiiie-el-oise, I8'2î» et années suivanlcs. — Cullaboralcur de
V Lnci/ctoptdie moderne et de YKmijclop, die mélliodnjue — Eilileur et con-
tinuateur de la Géographie de Malte-Brun. — Cours élémentaire de i,'eolo-
ordre judiciaire, etc., 1791. — Code des juges de paix-, 1791-99. etc.,
1795. — Code des émigrés, 179J-1799. Code des successions, etc., 1797.
Dissertation sur le régime actuel de> successions, 1797-99. — Code des délits
et des peines, 1798. — ro</<et mémorial du tribunal de cassation, 1798. —
Consultation sur les demandes en rescision des ventes d'immeubl# faites
de cassation, \''è\K— Manuel hypothécaire Glc , , 1799. Code et guide des no-
taires puhlics,lSOl; XSO'ù. —Plaidoyer ^ouT Jose[ih Aréna,etc., 1801. Le'gis-
Dissertation sur les conllils, 1818. Sur les communes de France , \\î\^.— Ju-
risprudence communale, 1820. Cours {ÏQ droit rural, 182G. Questions pos-
scssoires, etc., 1827, — Code des femmes , etc., 1828. — Défense des pro-
priétaires des biens nationaux, 1829.
La suite au prochain cahier).
^ nos 2lbonnfô.
LETTRES
DE QUELQUES PROFESSEURS
DE THÉOLOGIE ET DE PUILOS'OPUIE
SUR NOTRE POLÉMIQUE AVEC M. L'aBBÉ MARET ET AVEC M. L'ABBÈ NOGET.
Nous avons souvent fait observer dans ce recueil que les principes
philosophiques que nous y défendons contre quelques honorables
écrivains ecck'siastiques n'étaient pas de nous , n'avaient pas été
invenlÉs par nous. Ces principes sont ceux admis depuis 20 ans dans
les écoles et soutenus en grande partie par nos adversaires eux-mêmes,
qui seulement en oublient ou en éludent l'application. Ces grands
principes sont 1® que l'homme naturel n'est pas l'homme isole, mais
l'homme social; 2° que l'homme n'a pas inventé le langage, mais
qu'il lui a été donné pour la société. C'est de ces faits que dé-
ses seules forces, ce qu'il doit croire ou ce qu'il doit faire. L'homme
ne l'a jamais découvert seul, par la bonne raison qu'il *n'a jamais
découvrir, comme il s'agit ici d'une chose qui n'est pas, que ce n'est
pas là notre étal, notre condition; quc,parconscqueul, ce n'est pas de
,
Ainsi donc, dans ce travail de réforme que nous avons essayé, nous
nous sommes beaucoup pins appuyés sur l'état actuel des études phi-
Monsieur ,
< Celle Jellre vous élonnera peut-êlre, mais nous espérons que les
»> motifs qui l'ont fait écrire excuseront à vos yeux ce qu'il peut
y
» avoir d'indiscret dans noire démarche.
» Au milieu de nos études de théologie, on nous a souvent parlé
» des attaques du rationalisme, de ses progrès désolans. Quelques
H écrits de celle école nous ont pleinement convaincus que sous l'in-
>• fluence de ces doctrines du Fcrhe intérieur et du Moi , notre
» révélation extérieure courait les plus grands dangers. Ayant donc
» voulu nous éclaircir sur la force de notre adversaire , nous
)i avons essayé de sonder les points de départ de sa philosophie,
» de nous rendre compte de son origine et de ses déductions. Ce
>> travail a élé ruineux ponr nos propres principes philosophiques ;
Monsieur le directeur ,
» avec empressement.
" Le séminaire de possède la collection de vos annales et figure
» sous mon nom dans la liste de vos abonnés. J'ai fait de ce précieux
)> ouvrage une étude sérieuse, et plus je l'étudié, plus je me convaincs
') de l'importance des doctrines qu'il renferme; la religion est un
>)
fait, elle doit être traitée par l'histoire. Aujourd'hui plus que jamais
» les théologiens sentent la nécessité de sortir de ce labyrinthe d'fl&s-
n que nous travaillons de toutes nos forces à faire entrer les études
» théologiques dans la voie que vos précieuses annales leur ouvrent
» elles-mêmes.
» Quant à moi, en particulier, je fais plus, monsieur, je me fais un
« devoir de propager vos précieuses doctrines dans le petit cescle
1) bien voulu me charger de poser les questions qui doivent être trai-
» tées dans les conférences ecclésiastiques, cl en ouire de résumer le
,
« iravail des conférences; or, la source à laquelle j'ai puisé les qiies-
>• ne seront pas tout-à-fait sans résultat; j'espère que les doctrines
n L'abbé »
Professeur de dogme.
et les forcer à reconnaître que nous sommes un fait, une facture, une
créature , et que par conséquent c'est dans la tradition historique et
neur de venir nous voir pour nous dire qu'il avait exposé devant ses
trine sur ce point et sur l'essence des choses, parce qu'il en avait vu
tout l'inconvénient, et qu'il en avait substitué une autre qui évitait
mais qui ne réside pas dans les choses, mais en Dieu, et où encore
elle ne forme pas de distinction , mais n'est pas distincte de Dieu
même... Nous ne verrions qu'un seul inconvénient à cette théorie,
c'est que , en disant que V essence des choses est Iciiv possibilié, c'est
nier le mot essence lui-même, qui exprime le passage accompli de la
possibilité à Vêlre ; or, Vctre des choses , dans quelque sens qu'on
l'entende , ne peut être éternel, ne peut être confondu avec Dieu.
i>Iais peut-être que nous avons mal saisi ses rapides paroles.
iM. l'abbé Maret n'a pas répondu directement à nos observations ;
leçons qu'il a faites cet hiver dans la chaire de la Soi bonne. Il y traite
de l'ordre naturel et surnaturel, de la participation que nous avons
avec Dieu, du Verbe divin, etc. ; nous verrons quelle nouvelle définition
il donne à ses principes, et jusqu'à quel point il a abandonné l'ancienne.
Nous aurons à discuter en particulier si, dans l'état actuel de la po-
lémique catholique, c'est assez sauvegarder le dogme que de définir la
donner ainsi gain de cause à tous les illuminés, et aussi si saint Jean
n'a fait que continuer cette même doctrine des idées éternelles en-
trevue et exposée par Platon '.
il n'est pas de point plus capital ; tous les croyans nous sauront gré
d'amener la discussion sur ces questions. Nous prions les nombreux
professeurs qui nous lisent de nous venir en aide et de nous favoriser
de leurs lumières et de leurs conseils.
Nous publierons en outre une deuxième lettre du théologien sur
les expressions dont se sert M. l'abbé Maret en parlant de la création
et de Varchitype du monde ; nous y ferons entrer la discussion de
quelques autres passages de sa Théodicée ,
qui nous ont été signalés
par un autre prêtre.
Tels sont les faits du mouvement de l'enseignement catholique en
France. Il ne sera pas sans utilité de tenir nos lecteurs au courant
de ce qui se passe eu Belgique. En ce pays si catholique, la même
polémique que nous soutenons dans nos annales y a pris en peu de
tems une dimension très-grande. Deux journaux la traitent presque
exclusivement : l'un, la Revue, publiée par les professeurs de Vlni-
versité catholique de Louvain , défend avec grand courage et égal
talent la doctrine de la révélationextérieure du langage, l'impossibi-
juger un fait, c'est l'accusation portée par un journal qui se dit catho-
lique, la Revue nouvelle dans un examen critique commcnct sur
,
rel, etc., etc. Quel que soit le nom de ceux qui ont employé ces
expressions, il but les abandonner, parce que, parleur nature, elles
Nous dirons seulement que ces ariicles sont destinés , comme nous
l'avons souvent promis, à tenir nos lecteurs au courant et à la hauteur
de tous les travaux qui se font sur cette belle découverte de la langue
égyptienne. Les Annales y recueilleront, comme c'est leur devoir et
leur habitude, tout ce qui peut être avantageux à notre cause. Elles
feront la même chose pour les monumens ninivites qui vont arriver
TABLE GENERALE
DLS M.VTILUES, DES AUÏF.UUS LT DES OLVllAGES.
Dieu constitue la loi morale. 161 Guéranger (l'abbé dom). Annonce de son
Cyrille (SI) ne veut pas qu'on se serve année liturgique. 84
du mot énergie pour indiquer le
H.
père. 506
D. Harless. (L.-D.). Sa réfutation de
„ ,., 3 1, i Siraus-. 42t
Descaries. Ce qu'il pense de l'essence ^j , ^^ conception de Dieu semblable
des choses. lot à celle de M. Maret. 5"~
Dieu. S'il n a ete adoro qu en Judée. 210 | ^^j^mès. Un de ses livres retrouvés. *ï
E. — Son analyse, ib.
Hilaire (saint) justifié contre M. Saissel
Edouard (M. l'abbé). De l'enseignement sur sa croyance à la Trinité. 276. —
Ihéolugique dans les grands séminaires Que le Père engendre par sa nature et
(2 art.). 43. —
Le d. Strauss et ses ad- non par sa volonté. r<07
versaires en Allemagne ; Grulich et
Gelpke (7' art.) IH, (8' art.) 245 (9^ I.
art.) 4-21.
Index. Ouvrages condamnés.
,
164
Épiphane (St). Si on peut dire qu'il y a
,
plusieurs principes. 312 J.
Éraloslhène. Importance de sa Chrono-
logie égyplieune. 445. —
Comparé avec Joinville. Sur la Sainte-Baume. 543
Mauéthou. 448
Essence des choses mal définie et mal
,
Irocès-verbal de —
la
adressée au nom de la propagande découverte de son corps. 3*4
pour la formation d'un clergé indi- Leibniiz. Sur les bienfaits de la confes-
gène. ô2« sion. 3d4
Lepsius ( M. ). Ses travaux sur l'E-
G. gypte. 435
Garabed (M. l'abbé). Extrait de son his- Lelfonne (M ). Fait graver ua corps de
toiie d'Arménie sur un yrand dépôt de caractères égyptiens. 440
livres à Samarcande. 80 Lherminier (M.). Sur les variations de
Gassendi. Ce qu il pense de l'esScnce des M. Cousin. !i6
choses. 154 Noms et litres des person-
Lidioijrupltie.
Sa réfutation de Strauss.
(iel|)kc. Hl nages qui remplissent ki partie gauche
Gersou. Lettre sur lu réforme des études de la salle des ancêtres de Thout-
lh(!oioi;iqucs, S'J3 luèblll. 438,
1 —
une puissance qui réalise Dieu. ô03.— France la salle des ancêtres de Theul-
S'il n'y a eu Dieu que trois propriétés més 111. /,38
nécessaires. 310. — S'il peut dire qu'il Propagation de la Foi. Instruction pour
y a trois principes dans la Trinité. 31 la formation d'un clergé indigène. 525
Marseille. Voir saint Lazare. Propriétés. S'il n'y eu a que trois en
Mastai Ferrelti. Voir Pie IX. Dieu. 5)0
Mazenod (Mgr. de). Preuyes de la mission
de saint Lazare à Marseille. 338 Q
Messie. Comment attendu dans l'Inde et Quinel (M.). Sur l'influence de la Philo-
ailleurs. 90. —
Histoire de sa vie prise sophie allemande. 246. Contre la —
des évangiles apocryphes. 105. Sur — formation mythique du Christ. 428
sou apparition. i07. —
.Sur sa nais-
sance. 170.— App lé SaHiahana ou le B.
crucifié, ib- —
Incarné chez les nations Raison. Si elle peut découvrir les dog-
étrangères. 189. —
Sur l'adoration des mes. 8 —
D'après saint Thomas elle ne
—
bergers. 190. Son crucifiement. 192. peut démontrer la Trinité. 317
200. —
Appelé Bouddha. 190 Rationalistes. N'ont ri-in découvert de
Morale. Sa basepayenne, d'après M. Sais- nouveau en Allemagne. 249
set. )4.— Voir M. Nogel. Ravigoan (le R. P. de). Analyse de ses
conférences à N.-l). de Paris pour
IV.
18U. Sujet général. La religion prati-
Nécrologie des auteursmorts en 1845.459. que, v
coiif. L'immortalité de ràrao
Nepotiduus. lémoignage sur le culte du est lasanction de sa liberté. 280. —
Dif.u Sabaoth, à Rome. ?,Gl 2e conf. Pourquoi le mal existe sur la
Mnive. Ses ruines expliquées par le Chi- terre. 2S2. —
ôe conf. De l'enfer. 28?;.—
nois. 579 4" conf. De la prière. 290.— 5« conf. De
JN'oget Lacoudre ( M. l'abbé), auteur de la confession. 351. —
G« conf. De l'Eu-
la Philosophie de Batjeux. Examen de charistie. 555. —
7e conf. De la reli-
l'origine et du fondement qu'il donne gion pratique. 559.— Sur l'origine des
à la morale. t2i. —
Conférence avec dogmes défend le sentiment des Annu-
lui is.*).—Lettre où il oublie ce qui les. -2.S6
a été convenu. 127.— Autre lettre sur Rhamsès XV. Stèle apportée à Paris. 430
son sysième. Sa réfutation. 130. Si — Rohrbacher (M. l'abbé). Sur le symbole
l'on peut dire que la volonté de Dieu catholique. 272. —
Sur le mot consub-
seule n'impose aucune obligation. 3GI. stantiel. 273
— Son erreur sur l'essence des choses. Rougé (le?ic. de). Examen critique du
Ii4. — Sur la toute puissance de liyre de M. de Bunsen sur l'Egypte
Dieu. 149 (1 art.). 452
1». S.
Pandits. Chez les Hindous. 100 Sabazius. Preuves qu'il signifie le Dieu
l'aravey (M. le ch ). Notes sur les ruines Sabaolh. 367
—
de Khorsabad. 579. Sur l'importance Sack(Led.). Sa réfutation de Strauss. 245
de la chronologie d'Iiraioslhéne. 443 Saint-Hilaire ( M. Bart. ). défend l'école
Paul (sainll. Ce qu'il entend par loi na- d'Alexandrie. Comment réfuté. 54.
turelle. 9 Erreur de ce qu il dit de Plolin. 92.
reolateuque. Auteurs qui l'ont défendu Saissel (M,). Changemcus qu'il a faits
— ——