2425chap1 Analyse3

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Représentation graphique, limite et

continuité

L’étude des fonctions d’une seule variable f : IR → IR contient un aspect géo-


métrique et un aspect analytique du comportement locale de la fonctions au
voisinage de certains points spécifiques (limite, continuité, dérivabilité, déve-
loppement limité · · · ). Dessiner la courbe représentative de la fonction x 7→ f (x)
signifie dessiner son graphe, i.e. l’ensemble des points (x, y) du plan tels que
y = f (x) ; nous travaillons ainsi dans un repère othonormé (Ox y). Pour une
fonction numérique à deux variables f : IR2 → IR, nous serons amener à des-
siner son graphe qui est l’ensemble des points (x, y, z) de l’espace tels que
z = f (x, y) ; nous serons alors amener à travailler dans un repère othonormé
(Ox y z). Nous abordons ainsi la notion de surface représentative d’une telle
fonction ; chose qui nous incite souvent à utiliser certains logiciels pour visua-
lisation 3D comme Geogebra, Maple ou Matematica. Pour une fonction d’une
seule variable, la notion de valeur absolu joue un rôle fondamental ; pour une
fonction à deux variables nous aurons besoin de la notion de norme. Nous
nous limitons dans ce cours (ce qui est suffisant) à la norme euclidienne pour
définir les disques, les ouverts, les fermés, la notion de convergence d’une suite
dans IR2 et finalement la notion de limite et de continuité.
En ce qui concerne le mode de repérage d’un point dans l’espace, et les liens
entre la géométrie classique de l’espace et la géométrie euclidienne, le lecteur
pourrait commencer par une lecture du chapitre ??

0.1 Norme euclidienne

1
2

Définition 0.1.1 (Norme euclidienne). La norme euclidienne d’un vecteur


 
x
 
u= y 
 
 
z

est le nombre q
∥u∥ = x 2 + y 2 + z 2.

à !
x
est un vecteur de IR2 , sa norme euclidienne est ∥u∥ =
p
Lorsque u = x 2 + y 2.
y
On a les propriétés suivantes :

1. ∥u∥ = 0 ⇔ u = 0
2. ∥λu∥ = |λ|∥u∥, ∀λ ∈ IR
3. ∥u + v∥ ≤ ∥u∥ + ∥v∥, appelée Inégalité trianglaire.

La peuve de l’inégalité trianguliare repose sur l’inégalité de Cauchy-Schwartz


comme expliqué dans le chapitre ??.

Définition 0.1.2 (Distance euclidienne).


La distance euclidienne est l’application d : IR3 × IR3 → IR, définie par :

d(u, v) = ∥u − v∥.

On a les propriétés suivantes :


1. d(u, v) = 0 ⇐⇒ u = v
2. d(v, u) = d(u, v)
3. d(u, v) ≤ d(u, w) + d(w, v).

Exercice 1. Montrer que pour tous u, v ∈ IR3 , on a

|∥u∥ − ∥v∥| ≤ ∥u − v∥.


0.2. OUVERTS ET FERMÉS DE IR2 3

Solution.
En écrivant ∥u∥ = ∥(u − v) + v∥, on obtient d’après l’inégalité triangulaie

∥u∥ ≤ ∥u − v∥ + ∥v∥

D’où ∥u∥ − ∥v∥ ≤ ∥u − v∥. On a aussi ∥v∥ − ∥u∥ ≤ ∥v − u∥ et puisque ∥v − u∥ = ∥u − v∥


on obtient ∥v∥ − ∥u∥ ≤ ∥u − v∥. Ainsi −∥u − v∥ ≤ ∥u∥ − ∥v∥ ≤ ∥u − v∥ ; Ce qui donne le
résultat.

0.2 Ouverts et fermés de IR2


Dans ce qui suit, ∥ · ∥ désignera la norme euclidienne.

Définition 0.2.1. Soit a ∈ IR2 et r un nombre réel strictement positif.


— Le disque ouvert de centre a et de rayon r est le sous-ensemble :

D(a, r ) = {x ∈ IR2 / ∥x − a∥ < r }.

— Le disque fermé de centre a et de rayon r est le sous-ensemble :

D f (a, r ) = {x ∈ IR2 / ∥x − a∥ ≤ r }.

— Le cercle de centre a et de rayon r est le sous-ensemble :

C (a, r ) = {x ∈ IR2 / ∥x − a∥ = r }.

— Pour a ∈ IR3 , la sphère de centre a et de rayon r est le sous-ensemble :

S(a, r ) = {b ∈ IR2 / ∥b − a∥ = r }.

Définition 0.2.2 (Ouvert). Soit U ⊂ IR2 .


On dira que U est un ouvert de IR2 si pour tout a ∈ U , il existe r > 0 tel que le disque
ouvert D(a, r ) soit inclus dans U .

Cela signifie que pour tout point a dans U , on peut se déplacer d’une petite distance dans
toutes les directions autour de a tout en restant dans U . L’ensemble vide et IR2 sont des
ouverts de IR2 .
4

Exemple 1.
1. V = {(x, y) ∈ IR2 / x ≥ 0} n’est pas un ouvert.
2. W := {(x, y) ∈ IR2 / x > 0} est un ouvert de IR2 .

Définition 0.2.3 (Fermé). Soit F ⊂ IRp .


On dira que F est un fermé de IR2 si son complémentaire IR2 \ F est un ouvert de IR2 .

Exemple 2. F = {(x, y) ∈ IR2 / x ≤ 0} est un fermé de IR2 .

Exercice 2. Montrer que tout disque fermé est un fermé de IR2 .

Solution.
Soit a ∈ IR et R > 0. Montrons que U := IR2 \D f (a, R) est un ouvert de IR2 . En effet, soit
u ∈ U , posons r = ∥u −a∥−R qui est strictement positif ; et montrons que D(u, r ) ⊂ U .
Pour cela, partant d’un v ∈ D(u, r ), on a ∥v − u∥ < r = ∥u − a∥ − R , ce qui implique

∥u − a∥ − ∥v − u∥ > R,

et donc |∥u − a∥ − ∥u − v∥| > R . D’un autre côté, en utilisant l’inégalité de l’exercice
précédent, on a

∥v − a∥ = ∥(u − a) − (u − v)∥ ≥ |∥u − a∥ − ∥u − v∥|

Ce qui donne v ∈ U .
© ª
Exercice 3. Montrer que W = (x, y) ∈ IR / 0 < x ≤ 1 n’est ni un ouvert ni un fermé de
IR2 .

Solution.

— W n’est pas un ouvert : Considérons le point (1, 0) ∈ W . On a pour tout r > 0,


le disque D((1, 0), r ) n’est pas inclus dans W puisque le point (1 + r2 , 0) appar-
tient à D((1, 0), r ) et n’appartient pas à W .
0.3. SUITES DANS IR2 5

— IR2 \ W n’est pas un ouvert : Notons d’abord que IR2 \ W est la réunion des
© ª © ª
deux parties (x, y) ∈ IR / x ≤ 0 et (x, y) ∈ IR / x > 1 . Considérons le point
(0, 0) ∈ IR2 \W . On a pour tout r > 0, le disque D((0, 0), r ) n’est pas inclus dans
IR2 \ W puisqu’on peut trouver un point qui appartient au disque D((0, 0), r )
et n’appartient pas à IR2 \ W (par exemple le point (m, 0) avec = min( r2 , 21 )).

0.3 Suites dans IR2

Définition 0.3.1 (Suite). Soit E un ensemble quelconque.


On appelle suite dans E , ou suite d’éléments de E , toute application

u : IN −→ E .

Autrement dit, une suite d’éléments de E est la donnée pour tout entier naturel n ∈
IN d’un élément u n ∈ E , une telle suite sera alors notée (u n )n∈IN ou tout simplement
(u n ). Par exemple, la donnée d’une suite (u n ) dans IR2 est équivaut à la donnée de
deux suites de nombres réels (x n ) et (y n ) : Pour tout n ∈ IN, u n = (x n , y n ).

Définition 0.3.2 (Limite d’une suite). Soit (u n )n une suite dans IR2 .
On dira que (u n )n converge vers u dans IR2 , ou que u est la limite de la suite (u n ) si la
suite de nombres réels positifs r n = ∥u n − u∥ converge vers 0 ; ce qui signifie :

∀ε > 0, ∃N ∈ IN, ∀n ≥ N , ∥u n − u∥∥< ε

On notera alors lim u n = u .


n→+∞

Autrement dit, par définition, on a l’équivalence :

lim u n = u ⇐⇒ lim ∥u n − u∥ = 0.
n→+∞ n→+∞

Proposition 0.3.1.
Soit u n = (x n , y n ) une suite dans IR2 et u = (x, y) ∈ IR2 . On a l’équivalence :
³ ´
lim u n = u ⇐⇒ lim x n = x et lim y n = y .
n→+∞ n→+∞ n→+∞
6

Exemple 3.

— La suite u n = (1 + n1 , sinn n ) converge vers (1, 0).


— La suite v n = (1 + n1 , cos n) ne converge pas.

Notion de fermé à l’aide des suites


En utilisant les suites, nous allons donner une caractérisation des parties fer-
mées de IR2 , ce qui pourrait être pratique pour montrer qu’un sous-ensemble est
un fermé.

Proposition 0.3.2. Soit F ⊂ IR2 . Alors, les deux assertions suivantes sont équiva-
lentes :
1. F est un fermé de IR2 .
2. Pour toute suite convergente (u n ) de points de F sa limite appartient à F .

Démonstration. Montrons les deux implications :


— 1. =⇒ 2. : Soit (u n ) une suite de points de F qui converge vers u ∈ IR2 . Nous
allons montrer par l’absurde que u ∈ F . Pour cela, supposons que u ∉ F donc
u ∈ IR2 \F qui est ouvert ; donc il existe r > 0 tel que D(u, r ) ⊂ IR2 \F . Et puisque
la suite (u n ) converge vers u , on peut choisir N ∈ IN tel que u n ∈ D(u, r ) pour
tout n ≥ N ; en particulier u N ∈ D(u, r ) et donc u N ∈ IR2 \F . Ce qui est absurde
puisque tous les éléments de la suite (u n ) sont dans F .
— 2. =⇒ 1. : Nous allons raisonner par contraposition, i.e. nous allons montrer
que la négation de 1. implique la négation de 2.. Supposons ainsi que U =
IR2 \F n’est pas un ouvert ; ceci donne l’existence d’un point u ∈ U satisfaisant
que pour tout entier n ∈ IN∗ le disque D(u, n1 ) n’est pas inclus dans U . Ce
qui donne que pour tout entier n ∈ IN∗ , on peut choisir un point u n qui
appartient à D(u, n1 ) et u n ∉ U (donc u n ∈ F ). Ainsi, on a prouvé l’existence
d’une suite (u n ) dans F qui converge vers u (ceci découle d’un passage à la
limite dans les inégalités 0 < ∥u n − u∥ < n1 ) et u ∉ F . En d’autre termes, on est
parti de non(1.) et on est arrivé par des implications directe à non(2.).
0.3. SUITES DANS IR2 7

Remarque 1. Cette proposition est pratique pour montrer qu’un sous-ensemble est un
fermé de IR2 . Il pourrait aussi éventuellement être utilisé pour montrer qu’une partie U ⊂
IR2 est un ouvert. En effet, il suffit de montrer que son complémentaire F := IR2 \U est un
fermé, et ceci à l’aide des suites (on part d’une suite (an ) dans F qui converge vers u ∈ IR2
et on devrait arriver par des raisonnements logiques à u ∈ F ).
N.B. Parfois, on utilise la notation ∁IR2 U pour désigner le complémentaire IR2 \U .

Exercice 4. Considérons U := {(x, y) ∈ IR2 / x 2 + sin y > 1}.


¡ ¢

1. Montrer que F := IR2 \U est un fermé de IR2 .


2. En déduire que U est un ouvert de IR2 .

Solution.

1. On a F = {(x, y) ∈ IR2 / x 2 + sin y ≤ 1}. Soit u n = (x n , y n ) une suite dans F qui


¡ ¢

converge vers (x, y) ∈ IR2 . En d’autre termes, on a lim x n = x et lim y n = y .


n→+∞ n→+∞
De plus, puisque (x n , y n ) appartient à F on a

x n2 + sin y n ≤ 1
¡ ¢

donc par passage à la limite et en utilisant la continuité de la fonction sin,


on obtient x 2 + sin y ≤ 1. Ainsi (x, y) ∈ F .
¡ ¢

2. Puisque F est un fermé de IR2 , son complémentaire qui est U est un ouvert
de IR2 .

Définition 0.3.3 (Points adhérents). Soit A ⊂ IR2 et u ∈ IR2 . On dira que u est
adhérent à A s’il existe une suite (an ) dans A qui converge vers u .

Exercice 5. Considérons U := {(x, y) ∈ IR2 / x > 0 et y > 0}.


1. Montrer que tout point de la forme (x, 0) avec x > 0 est adhrérent à U .
2. Même question pour (0, y) avec y > 0.

Solution.
8

1. Pour x > 0 fixé, la suite u n = (x + n1 , n1 ) est dans U et converge vers (x, 0).
2. Pour y > 0 fixé, la suite u n = ( n1 , y + n1 ) est dans U et converge vers (0, y).

Exercice 6.
1. Montrer que tout point du cercle unité C ((0, 0), 1) est adhérent au disque ouvert
D((0, 0), 1) ?
2. Montrer que tout point du cercle unité C ((0, 0), 1) est adhérent au complémentaire
du disque fermé D f ((0, 0), 1) ?

Solution.

1. Pour u = (x, y) avec x 2 + y 2 = 1, on peut considérer la suite


µ ¶
1 1 1
u n = (1 − )u = (1 − )x, (1 − )y ,
n n n

qui est dans D((0, 0), 1) (puisque |u n | = (1 − n1 ) < 1) et converge vers u .


2. Pour u = (x, y) avec x 2 + y 2 = 1, on peut considérer la suite
µ ¶
1 1 1
v n = (1 + )u = (1 − )x, (1 + )y ,
n n n

qui est dans le complémentaire du disque fermé D f ((0, 0), 1) (puisque |v n | =


(1 + n1 ) > 1) et converge vers u .

0.4 Fonctions de plusieurs variables - Exemples


Une fonction de plusieurs variables est le langage mathématique pour dé-
crire une grandeur scalaire ou vectorielle en fonction de certains paramètres. Par
exemple :
— Le couple (Température, Pression atmosphérique) en un point de l’univers
se représente par une fonction

f : IR3 → IR2
M 7→ (T (M ), P (M ))
0.4. FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES - EXEMPLES 9

— La température sur une plaque rectangulaire se représente par une fonction

u : D ⊂ IR2 → IR
(x 1 , x 2 ) 7→ u(x 1 , x 2 )

— La position à l’instant t d’une particule M dans l’espace est reperée par


M (t ) = (x(t ), y(t ), z(t )) ; il s’agit donc d’une application de IR vers IR3 .

Définition 0.4.1. Une fonction de p -variables réelles à valeurs dans IRq est une applica-
tion f d’une partie D de IRp dans IRq :

f : D ⊂ IRp −→ IRq
u 7−→ f (u) = ( f 1 (u), · · · , f q (u))

— La partie D s’appelle le domaine de définition de f . L’image f (E ) est l’ensemble des


v ∈ IRq tel qu’il existe u ∈ D avec f (u) = v .
— Les applications f 1 , . . . , f q : D → IR sont dites les fonctions coordonnées de f .
— Lorsque p = 1, la fonction f : IR → IRq sera dite fonction vectorielle de variables
réelles ou courbes paramétrées dans IRq .
— Lorsque p = q , la fonction f : IRp → IRp est appelée champs de vecteurs.
— Lorsque q = 1, on dira que f est une fonction réelle de plusieurs variables réelles ou
fonctions numériques de variable vectorielle ou encore champs de scalaires.

Exemple 4.

— Soit r > 0. Considérons l’application

γ : IR −→ IR2
t 7−→ γ(t ) = (r cos t , r sin t )

L’image de l’application γ est le cercle centré en (0, 0) et de rayon r .

— Représenter graphiquement le sous-ensemble de IR3 image de la courbe paramétrée :

β : IR −→ IR3
t 7−→ β(t ) = (cos t , sin t , t )

Pour une fonction réelle de deux variables réelles, on utilise en général la notation
10

f : IR2 −→ IR
(x, y) 7−→ f (x, y)

En trois variables, on utilise la notation f (x, y, z). En dimension p , on utilise la no-


tation f (x 1 , x 2 , · · · , x p ).

Exemple 5. Soit la fonction de deux variables rélles définie par

x 2 sin x y
¡ ¢
f (x, y) =
y 2 − 9x 2

Cette fonction est définie sur IR2 privé des deux droites y = 3x et y = −3x .

0.5 Représentation graphique


Rappelons d’abord que le graphe d’une fonction d’une seule variable f : D ⊂
IR → IR est définie comme étant le sous ensemble de IR2 donné par :

C f = {(x, y) / y = f (x), x ∈ D},

c’est une partie de IR2 . Sa représentation graphique est une courbe dessinée dans
un repère orthonormé (Ox y).
Pour les fonctions de deux variables f : (x, y) 7→ f (x, y), le graphe est une partie de
IR3 . Sa représentation graphique est une surface d’équation

z = f (x, y),

dessinée dans un repère orthonormé (Ox y z).

Définition 0.5.1. Soit f : IR2 → IR une fonction définie sur une partie U de IR2 . On
appelle graphe de f le sous-ensemble de IR3 définie par :

S f = {(x, y, z) ∈ IR3 / z = f (x, y)}.

S f est un exemple de de partie de IR3 dite surfaces.


0.5. REPRÉSENTATION GRAPHIQUE 11

Une question naturelle se pose : Comment dessiner une surface z = f (x, y) dans
un repère orthonormé (Ox y z) ?
La réponse est qu’en général c’est difficile à la main, mais ce que nous pouvons
faire c’est de décomposer S f comme réunion de courbes planes en écrivant

[
Sf = {(x, y, k) / k = f (x, y)}.
k∈IR

Nous commençons donc par dessiner ce qu’on appelle des courbes de niveau. En
effet, notons que pour k un réel fixé, l’ensemble

C k := {(x, y, k) / k = f (x, y), }

est une courbe tracée dans le plan horizontal d’équation z = k ; et notre surface S f
n’est autre que la réunion de ces courbes C k pour k variant dans IR. D’autre part, au
lieu de dessiner C k , il est plus simple de dessiner sa projection 1 dans le plan (Ox y),
c’est ce qu’on appelera courbe de niveau.

Définition 0.5.2 (Courbes de niveaux). Les courbes de niveaux d’une fonction (x, y) 7→
f (x, y) sont donc les courbes planes d’équation : f (x, y) = k , pour k variant dans IR.

Une fois ces courbes sont dessinées dans le repère (Ox y), l’idée pour obtenir
la surface z = f (x, y) est de relier ces courbes par une autre courbe dessinée dans
le plan (O y z) à savoir la courbe intersection de S f avec le plan d’équation x = 0,
c’est-à-dire S f ∩ (O y z) = {(0, y, z) / z = f (0, y)}.
Par exemple, sur les figures ci-dessus sont dessinés les courbes de niveaux de
(x, y) 7→ x 2 + y 2 qui sont des cercles et celles de (x, y) 7→ x 2 − y 2 qui sont des hyperbles

1. de manière plus précise, par projection nous voulons dire l’image de S f par l’application
(x, y, z) 7→ (x, y)
12

F IGURE 1 – Surface z = x 2 + y 2

F IGURE 2 – Surface z = x 2 − y 2

Pour plus d’exemples de dessins de surfaces z = f (x, y), on peut utiliser des
logiciels comme Geogebra, Maple, Mathematica. . . :
— Geogebra "https ://www.geogebra.org/3d".
— Maple "https ://fr.maplesoft.com/products/maple/".
— Mathematica "https ://www.wolframalpha.com/input".
— "https ://c3d.libretexts.org/CalcPlot3D/index.html"
Nous allons maitenant discuter et donner des exemples d’illustration.

Exemple 6 (Cas où f ne dépend que d’une seule variable).


0.5. REPRÉSENTATION GRAPHIQUE 13

q
z = x 2 + y 2, z = x 2 − y 2,
¡ ¢
z= x 2 + y 2, z = 4 sin(x/2) cos y/3
µ 2 r
x y2
¶ q
z = sin x 2 + y 2 ,
¡ ¢
z = x exp − − , z= 4−( x 2 + y 2 − 3)2
3 3
π 1 1
z = h(x)h(y), avec h(x) := + sin(x) + sin(3x) + sin(5x).
4 3 5
14
0.6. LIMITE ET CONTINUITÉ 15

0.6 Limite et continuité


0.6.1 Limite en un point
Définition 0.6.1. On dira qu’une fonction f : IRp → IRq est définie au voisinage de a ∈ IRp
(sauf peut-être en a ) s’il existe r > 0 tel que la fonction f soit définie sur le disque pointée
D(a, r ) \ {a}.

Dans ce qui suit f : IR2 → IR désigne une telle fonction.

Définition 0.6.2. On dit que f tend vers l (ou admet une limite l ) quand u tend vers
a si pour tout ε > 0, il existe α > 0 tel que :

∥ u − a ∥< α ⇒ ∥ f (u) − l ∥< ε.

• Dans cette définition, il est sous-entendu que u ̸= a .


• On note :
lim f (u) = l
u→a

• Si f admet une limite l en un point a , alors cette limite l est unique.

Exemple 7. La fonction de IR2 dans IR définie par


µ ¶
2 2 1
f (x, y) = (x + y ) sin
x + y2
2
16

tend vers¯ 0 quand


³ ´¯ y) tend vers
(x, (0, 0).
1
p
Puisque ¯sin x 2 +y 2 ¯ ≤ 1 et que x 2 + y 2 est le carré de la norme euclidienne ∥ (x, y) ∥, on
¯ ¯

obtient que pour u ̸= 0 on a :


∥ f (u) ∥≤∥ u ∥2

le membre de droite est bien une quantité qui tend vers 0 quand u tend vers 0. De façon
p
plus précise, pour tout ε > 0, il existe η = ε tel que :

∥u∥ < η =⇒ ∥ f (u) − 0∥ < ε

Exemple 8. La fonction de IR2 dans IR définie par

x y2
f (x, y) =
x2 + y 2

tend vers 0 quand (x, y) tend vers (0, 0).


Désignons par ∥ u ∥ la norme euclidienne d’un vecteur u = (x, y). Les relations | x |≤∥
(x, y) ∥ et | y |≤∥ (x, y) ∥ permettent d’obtenir l’inégalité

∥ f (u) − 0 ∥≤∥ u ∥

D’où le résultat.

A travers les deux exemples que nous venons de voir, nous avons illustré la
méthode directe pour étudier la limite d’une fonction en un point. Sur le plan
pratique, nous allons développer deux méthodes.

Méthode 1 : Utilisation des coordonnées polaires

On peut utiliser les coordonnées polaires pour étudier la limite d’une fonction
f : IR2 → IR en (0, 0), c’est le but de la proposition suivante :

Proposition 0.6.1. Soit f : (x, y) 7→ f (x, y) une fonction à deux variables telle qu’il
exite une fonction h d’une seule variable réelle telle que :

∀θ ∈ IR, | f (r cos θ, r sin θ) |≤ h(r )

avec limh(r ) = 0. Alors lim f (u) = 0.


r →0 u→(0,0)
0.6. LIMITE ET CONTINUITÉ 17

Démonstration. Soit ε > 0. Puisque limh(r ) = 0, il existe α > 0 tel que :


r →0

0 < r < α =⇒ h(r ) < ε.

Et puisque pour tout (x, y) ∈ IR2 il existe θ ∈ IR tel que (x, y) =


( x 2 + y 2 cos θ, x 2 + y 2 sin θ), on obtient | f (x, y) |≤ h( x 2 + y 2 ) < ε, d’où l’im-
p p p

plication q
0< x 2 + y 2 < α =⇒| f (x, y) |< ε.

Ainsi on a montré par la définition de la limite que lim f (x, y) = 0.


(x,y)→(0,0)

Exercice 7. Considérons la fonction f de IR2 vers IR définie par


x 5 − 5y 4
f (x, y) =
7x 2 + 4y 2
En utilisant les coordonnées polaires, montrer que la limite de f en (0, 0) est nulle.

Solution.

Pour x = r cos θ et y = r sin θ , on a toujours

| x |≤ r, | x |≤ r x 2 + y 2 = r 2.

On obtient alors
| x 5 − 5y 4 |≤| x 5 | +5 | y 4 |≤ r 5 + 5r 4 (i)
et
| 7x 2 + 4y 2 |≥ 4 | x 2 | +4 | y 2 |≥ 4r 2 (ii)
Il en résulte de (i ) et (i i ) que
x 5 − 5y 4 r 5 + 5r 4 1 3
| |≤ = (r + 5r 2 ).
7x 2 + 4y 2 4r 2 4

Puisque h(r ) := 41 (r 3 + 5r 2 ) tend vers 0 quand r tend vers 0, on obtient que


lim f (x, y) = 0.
(x,y)→(0,0)
18

Attention :
Si on montre que : Pour tout θ , lim f (r cos θ, r sin θ) = 0,
r →0
alors ceci ne permet pas de conclure que la limite de f en (0, 0) est nulle !
Ce qui est plutôt correct c’est de majorer l’expression | f (r cos θ, r sin θ) | par
une expressionh(r ) (qui ne dépend pas de θ ). Pour un contre-exemple, voir
l’exercice ?? .

Méthode 2 : Utilisation des suites

Comme dans le cas d’une seule variable, on démontre la proposition suivante


et qui est surtout pratique pour montrer qu’une limite n’existe pas.

Proposition 0.6.2. Une fonction f admet une limite l en un point a si et seulement si


pour toute suite (u n ) convergente vers a , la suite ( f (u n )) converge vers l .

Exemple 9. (Important) Soit f : IR2 → IR définie par :


xy
f (x, y) =
x2 + y 2

Etudier la limite en (0, 0) ?

Solution.

La limite de f en (0, 0) n’existe pas. En effet, considérons les deux suites u n = ( n1 , n1 )


1
et v n = ( n1 , − n1 ), qui convergent toutes les deux vers (0, 0). Puisque lim f (u n ) = et
n→+∞ 2
1
lim f (v n ) = − , le résultat en découle.
n→+∞ 2
Exercice 8. Etudier la limite en (0, 0) de la fonction
xy ¡ ¢
f (x, y) = sin x y .
x2 + y 2

Solution.
0.6. LIMITE ET CONTINUITÉ 19

Pour tout x, y, t ∈ IR, on a les inégalités


1
| x y |≤ (x 2 + y 2 ), | sin(t ) |≤| t | .
2

Ceci implique que | f (x, y) |≤ 21 | x y |. Ce qui done lim f (x, y) = 0.


(x,y)→(0,0)

Exercice 9. Etudier la limite en (0, 0) de la fonction


x
f (x, y) = p .
x2 + y 2

Solution.

En considérant les deux suites u n = ( n1 , 0) et v n = (0, n1 ), on obtient que la limite


de f en (0, 0) n’existe pas, puisque lim f (u n ) = 1 et lim f (v n ) = 0.
n→+∞ n→+∞

Opérations algébriques

Comme pour les fonctions numériques d’une seule variable, on a :


• Si f et g sont deux fonctions de IRp dans IRq qui soient définies au voisinage
d’un point a , alors pour tous λ, µ ∈ IR on a :

lim (λ f + µg )(u) = λ lim f (u) + µ lim g (u)


u→a u→a u→a

• Si f et g sont à valeurs réelles, on a :

lim ( f g )(u) = lim f (u) lim g (u)


u→a u→a u→a

1
• Si la limite l d’une fonction f : IRp → IR en a est non nulle, alors la fonction f
est bien définie au voisinage de a et de limite 1l .

0.6.2 Continuité
On suppose maintenant que f : IRp → IRq est une fonction définie au point a , en
plus du fait qu’elle est définie au voisinage de a .
20

Définition 0.6.3. On dit que f est continue en a lorsque la limite de f en a existe et


que cette limite est égale à a . Ce qui s’écrit :

lim f (u) = f (a).


u→a

Cette définition se traduit par : Pour tout ε > 0, il existe α > 0 tel que :

∥ u − a ∥< α ⇒ ∥ f (u) − f (a) ∥< ε.

Proposition 0.6.3. une fonction f : IRp → IRq est continue en un point a si et seulement
si "pour toute suite (u n ) convergeant vers a la suite ( f (u n )) converge vers f (a)".

Exemple 10. La fonction


( ¡ ¢
cos x y si (x, y) ̸= 0
f (x, y) =
1 si (x, y) = (0, 0)

est continue en (0, 0).

• Losque f est supposée non définie en a et que la limite l = lim f (u) existe, on
u→a
dit que f admet un prolongement par continuité en a . Dans une telle situation, on
peut considérer la fonction continue fe définie par :
(
f (u) si u ̸= 0
fe(u) =
l si u=a

On dit alors que la fonction f admet un prolongement par continuité.

Exemple 11.
sin(x 2 +y 2 )
1. La fonction f (x, y) = x 2 +y 2
admet un prolongement par continuité au point
(0, 0).
xy
2. La fonction g (x, y) = x 2 +y 2
n’admet pas de prolongement par continuité au point
(0, 0).

• Les propriétés d’une fonction continue en un point sont identiques à celles


dans le cas d’une seule variable. Plus précisement, on a :
— La somme f +g et le produit f g de deux fonctions continues sont contniues.
0.6. LIMITE ET CONTINUITÉ 21

— Si f est continue en a avec f (a) ̸= 0, alors il existe un voisinage de a sur


lequel f est non nulle. Dans le cas où f est à valeurs réelles, la fonction 1f est
continue en a .
— Si f : IRp → IRn est continue en a et g : IRn → IRq est continue en f (a), alors la
fonction composée g ◦ f : IRp → IRq est continue en a .

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