10 FAUSSES IDÉESsur L'accompagnement Entrepreneurial

10 fausses idées sur l’accompagnement entrepreneurial
Karim Messeghem
Dans 10 Idées clés 2021, pages 105 à 109
Éditions EMS Editions
ISBN 9782376874676
© EMS Editions | Téléchargé le 06/03/2023 sur www.cairn.info via Université Toulouse 2 (IP: 193.50.45.191)
Article disponible en ligne à l’adresse

https://www.cairn.info/l-accompagnement-entrepreneurial--9782376874676-page-105.htm
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10 FAUSSES IDÉES
•
sur l’accompagnement
entrepreneurial
1. Il existe une approche universelle de
l’accompagnement
S’il existe des structures généralistes d’accompagnement et des invariants
dans le processus entrepreneurial, pour autant le soutien apporté doit être
adapté. Le caractère contingent tient tant à la nature des projets qu’aux
spécificités des porteurs de projets. L’adaptation doit être réalisée en
fonction du degré de maturité et du potentiel de croissance des projets.
La diversité des profils des porteurs de projets amène à mobiliser des
outils et des dispositifs spécifiques. Pour des publics qui connaissent des
problématiques économiques et sociales (entrepreneurs en situation de
pauvreté, migrants, etc.), l’accompagnement peut mobiliser des dispositifs
spécifiques comme la counsulting pour relever les défis sociaux et
psychologiques.
2. Il faut avoir été entrepreneur pour

accompagner
Certaines structures mettent en avant l’idée qu’elles ont été créées à
l’initiative d’entrepreneurs et que l’accompagnement est assuré par des
pairs qui ont vécu la même trajectoire, en rencontrant les mêmes difficultés
et les mêmes réussites. Le risque de généralisation abusive et le besoin
105
10 I DÉES CLÉS SU R L’ACCOM PAG N E M E NT E NTR E PR E N E U R IAL
de professionnalisation de l’accompagnement nous invitent à relativiser cet

adage. La tentation est grande pour les accompagnateurs qui bénéficient
d’une expérience entrepreneuriale de vouloir appliquer les solutions qui
ont conduit à leur succès. A l’image du paradoxe d’Icare, dans un autre
contexte ces mêmes solutions peuvent conduire à un échec. Si l’appétence
entrepreneuriale est nécessaire pour vivre l’accompagnement avec passion
et être en phase avec les porteurs de projet, la maîtrise de techniques et de
postures psychologiques sont tout autant importantes. La structure a tout
intérêt à privilégier une diversité de profils, en ne se privant pas d’experts
qui ont eu un vécu entrepreneurial mais également de professionnels de
l’accompagnement qui vont pouvoir conserver la distance nécessaire à un
bon accompagnement.
3. Il faut rédiger un BP pour être

accompagné
Le business plan peut se révéler indispensable dans certaines étapes
clés de la vie du projet et de l’entreprise. La mobilisation de certaines
ressources en particulier financières (financement bancaire, levée de fonds,
etc.). Pour autant, certains entrepreneurs parviennent à s’en passer et
certains acteurs de l’accompagnement qui privilégient des nouvelles formes
d’accompagnement inspirées notamment de l’effectuation suggèrent qu’il
est possible de s’en passer. Comme la carte n’est pas le territoire, le
business plan n’est pas le processus entrepreneurial. Il peut s’agir d’une
aide à la décision et d’un artefact utile pour interagir avec certaines parties
prenantes. Le porteur de projet et l’entrepreneur ont tout intérêt à disposer
d’une formalisation du projet en veillant à ne pas tomber dans un excès de
sophistication.
4. L’accompagnement entrepreneurial est

coûteux
Dans de nombreux pays, l’accompagnement entrepreneurial est perçu par
les pouvoirs publics comme une réponse nécessaire à la défaillance du
marché. Autrement dit, les pouvoirs publics vont contribuer à financer en
grande partie les structures et les programmes d’accompagnement pour
favoriser une dynamique entrepreneuriale qui n’aurait pas la même ampleur
sans ce soutien. Le coût financier pour le porteur et l’entreprise se révèle
très faible. Toutefois, l’accompagnement prend du temps. En ce sens, il
peut être perçu par certains porteurs de projets comme chronophage.
106
Les programmes d’accompagnement doivent intégrer ce paramètre en

légitimant le temps passé tout au long du processus.
5. La digitalisation de l’accompagnement
permet de s’affranchir des échanges
interpersonnels
La crise sanitaire a accéléré la transition numérique des acteurs de
l’accompagnement entrepreneurial. Les outils permettent d’automatiser
certaines tâches et de réaliser des échanges à distance dans le cadre de
visioconférences. L’accompagnement entrepreneurial suppose une relation
de confiance qui s’inscrit dans la durée. L’absence d’échanges en présentiel
peut nuire à l’engagement de l’accompagnant et du porteur de projet. Des
solutions phygitales qui croisent distanciel et présentiel semblent mieux
adaptées en particulier pour lutter contre le risque d’isolement dont souffrent
les porteurs de projets et les entrepreneurs et qui peut être amplifié par
un accompagnement qui ne serait que distanciel. Les rencontres avec
l’accompagnant mais aussi avec d’autres entrepreneurs sont essentielles
pour favoriser la construction d’une identité entrepreneuriale.
6. Il suffit de créer des incubateurs pour

favoriser la dynamique entrepreneuriale
La dynamique entrepreneuriale suppose un écosystème entrepreneurial
fécond. Un incubateur ou une structure ne peut suffire à dynamiser la
poursuite d’opportunités dans un territoire. Une approche holistique est
nécessaire. La dynamique entrepreneuriale suppose de faire émerger
une diversité d’acteurs et de favoriser les interactions entre les acteurs.
Les pouvoirs publics et les entrepreneurs du territoire peuvent jouer un
rôle facilitateur en encourageant une logique de coopération, voire de
coopétition entre les différents acteurs de l’accompagnement. La mise en
place de réseaux ou d’acteurs tiers peut encourager la mutualisation des
ressources et le développement de compétences aux services des porteurs
de projets et des entrepreneurs.
107
7. La levée de fonds permet d’apprécier le

succès d’un projet entrepreneurial
La levée de fonds est apparue comme un indicateur de la réussite d’un
écosystème entrepreneurial ou d’un acteur de l’accompagnement. Le
nombre de licornes est souvent mis en avant pour apprécier la réussite de
certains territoires. Cette lecture met l’accent sur la valorisation des start-up
qui s’apprécie notamment à l’occasion des levées de fonds. Des voies se
font entendre dans le monde de l’accompagnement pour dénoncer cette
dérive. Si la valeur d’une entreprise est intéressante, sa capacité à générer
des revenus et une rentabilité l’est tout autant. Le danger est la création
d’une bulle financière à l’image de la bulle internet des années 2000 qui
avait déjà alerté sur ce risque. Des dérives comme Widecard en Allemagne
conduisent à relativiser l’importance de cet indicateur de performance.
8. L’accompagnement doit être réservé aux
projets les plus ambitieux
Dans un contexte de raréfaction des ressources publiques, certains
praticiens voire chercheurs reconnus en entrepreneuriat comme Scott Shane
s’interrogent sur l’intérêt de soutenir des projets à faible potentiel. Autrement,
il faudrait concentrer les ressources de l’accompagnement aux projets qui
ont le plus de chance de générer une forte croissance en termes d’emplois
et de valeur. Cela conduit à s’interroger sur la mission de l’accompagnement.
Le choix de nombreux territoires est de valoriser également une fonction
d’insertion. Cette question souvent implicite mérite d’être explicitée pour
apprécier la performance d’écosystèmes entrepreneuriaux qui ne partagent
pas nécessairement les mêmes missions. La réussite devrait davantage
être mesurée par le caractère inclusif et par la capacité à transformer un
entrepreneuriat de nécessité en un entrepreneuriat d’opportunité.
9. L’accompagnement concerne les

entrepreneurs novices
L’accompagnement entrepreneurial peut contribuer à rassurer des
entrepreneurs novices, les aider à fixer des jalons, à mettre en valeur leur
projet, à accéder à des réseaux, à développer des ressources ou encore à
enrichir leurs compétences. Les entrepreneurs expérimentés auraient moins
besoin d’accompagnement, en capitalisant sur leur expérience. L’un des biais
108
soulignés chez ce type d’entrepreneurs dans les travaux en entrepreneuriat

et le biais de sur-confiance qui peut conduire à sous-estimer certaines
informations et dévaloriser les conseils externes. L’entrepreneur expérimenté
a tout intérêt à continuer à s’appuyer sur les acteurs de l’accompagnement
et du conseil tant pour challenger le projet que pour favoriser la réflexivité
nécessaire à la réflexion stratégique.
10. Le succès de l’accompagnement repose

sur le taux de création
Le taux de création peut être considéré par une structure ou par un financeur
comme l’output du processus d’accompagnement entrepreneurial. Cet
indicateur est d’ailleurs en bonne place dans les modèles d’évaluation de la
performance des incubateurs. L’absence de création peut être vue comme
un échec entrepreneurial. Ce qui conduit d’ailleurs à s’interroger sur le
sens même de l’échec entrepreneurial. Le processus entrepreneurial est un
processus risqué qui peut se heurter à des contraintes qui dépassent les
compétences ou les ressources du porteur de projet. L’accompagnement
est là pour les anticiper et les contourner. Dans un contexte de forte
incertitude, l’échec doit être relativisé. Au-delà, il convient de tenir compte
tout autant du processus qui est une source d’apprentissage. Les
compétences et l’expérience acquises sont également un marqueur de la
réussite entrepreneuriale.
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de professionnalisation de l’accompagnement nous invitent à relativiser cet

3. Il faut rédiger un BP pour être

4. L’accompagnement entrepreneurial est

Les programmes d’accompagnement doivent intégrer ce paramètre en

6. Il suffit de créer des incubateurs pour

7. La levée de fonds permet d’apprécier le

9. L’accompagnement concerne les

soulignés chez ce type d’entrepreneurs dans les travaux en entrepreneuriat

10. Le succès de l’accompagnement repose

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