HISTOIRE DE LA PSYCHO Entier
HISTOIRE DE LA PSYCHO Entier
HISTOIRE DE LA PSYCHO Entier
Histoire de la psychologie
La psychologie est apparue après la philosophie, dont elle dérive. La philosophie traitait
durant le 17ème siècle principalement de l’âme humaine. En France, pendant longtemps la
psychologie était liée à la philosophie. Un des grands noms de la philosophie française est
Descartes (1596-1650) qui concevait l’âme et le corps comme deux substances absolument
hétérogènes, mais agissant néanmoins l’une sur l’autre.
John Locke (1636-1704) et de Condillac (1714-1780) refusent de reconnaître l’existence des idées
innées. Ils s’intéressent aux faits. Pour eux, les idées de l’esprit viennent de l’expérience ; des lois
générales sont construites selon lesquelles les phénomènes se produisent. Les idées ont deux
origines : soit de l’extérieur, soit de l’intérieur. Les premières sont les des objets de la sensation,
et sont extérieurs et matérielles. Et les secondes sont des objets de la réflexion, ce sont des
opérations de l’esprit.
Christian Wolff (1679-1754) est le premier à faire apparaitre une “vraie” psychologie. Il théorise la
métaphysique générale, qui est la théorie générale de l’être et est basée sur la cosmologie, la
psychologie et la théologie. Il fonde la psychologie empirique, qui commence à ressembler à la
psychologie scientifique. Il met en place une méthode scientifique car il considère que les
philosophes ne sont pas assez rationnels et que tout ne peut être expliqué par l’introspection. Il
décrit donc précisément des modifications de l’âme et étudie les différentes facultés de l’âme et
donne des analyses précises sur les mécanismes de la mémoire ou du rêve.
Charles Bonnet (1720-1796) fait apparaitre pour la première fois en France le mot psychologie
dans son essai de psychologie en 1754 qui recommande l’observation interne de soi, appelée
plus tard introspection. Mais beaucoup de philosophes à cette époque refusent d’utiliser le terme
psychologie et dire que c’est une science, ce qui retarde le développement de la psychologie
contemporaine française.
Pour les idéologistes, toutes nos idées viennent des sensations. Une sensation pure et
simple n’est qu’une modification de notre être, qui ne referme aucune perception de rapport,
aucun jugement La sensation de résistance est la seule qui nous apprenne à la rapporter à
quelque chose hors de nous.
Dans cette école idéologiste se trouvent des médecins, comme Cabanis (1757-1808). Il
estime que nos idées sont le fruit de la sensibilité externe et la pensée est sécrétée par le
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cerveau. La mémoire et l’imagination se passent des sens pour s’imposer à nous. Il existe une
sensibilité interne liée aux organes et véhiculée par les nerfs. L’organe cérébral se dérobe à notre
volonté. La sensibilité va de pair avec le corps et la pensée avec l’âme. C’est aussi un des
premiers à s’intéresser à l’organogenèse, qui est la transformation de l’embryon jusqu’à sa
maturité. Il porte aussi un intérêt à la psychogène des maladies mentales, c'est-à-dire la genèse
des maladies mentales et l’évolution des fonctions psychiques.
Antoine Destutt de Tracy (1754-1836) pense que nous n’existons que par nos sensations
et nos idées. La connaissance de la manière dont nous formons nos idées est la base de toutes
les sciences.
Pierre Laromiguière a deux idées principales : celle des facultés de l’âme et celle de
l’origine des idées. Pour lui, l’ensemble des facultés intellectuelles et volontaires dérivent de
l’attention. Et toute la vie mentale dérive d’une sensation. L’âme a un rôle dans l'activité humaine
et un pouvoir actif qui s’applique aux sensations qui permettent de tirer des idées.
B. La médecine mentale
Franz Anton Mesmer (1754-1815 - Vienne) est le créateur du magnétisme animal, qui est
considéré comme une thérapie universelle capable de guérir et prévenir toute maladie. Ce sont
des aimants appliqués sur le corps des patients pour provoquer des modifications psychiques. Il
remplacera ensuite les aimants par une imposition des mains sur le corps. Pour lui, la maladie
résulte d’une mauvaise répartition du fluide dans le corps humain. La guérison en vient à restaurer
l’équilibre perdu. L’utilisation des aimants et des passes magnétiques permet de canaliser ce
fluide et de le transmettre à d’autres personnes. Il explique que le fluide passe du thérapeute au
malade. Mais sa thérapie provoquait tout de même des crises, comme de l’asthme ou de
l’épilepsie.
L’abbé de Faria (1756-1819) considère que seuls certains individus peuvent être magnétisés. Au
patient confortablement installé dans un fauteuil, il demandait de fixer son regard sur sa main
ouverte et ordonnait : « Dormez ». Chez les sujets, rapidement tombés dans l’état magnétique, il
induisait des visions et suggestions post-hypnotiques.
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retrouvées par Paul Broca, le fondateur de la physiologie cérébrale. Il va localiser le siège de la
fonction du langage articulé, à la suite de l’observation d’un patient qui était dans l’incapacité de
s’exprimer, ne pouvant prononcer que le mot « Tan ».
(Objectif renvoie à la réalité qui s’impose à l’esprit. Objectivable se rapporte à réalité extérieure.)
D. La philosophie spiritualiste
La psychologie spiritualiste a été vivement critiquée par François Broussais (1772-1838). Pour lui,
l’intelligence et ses différentes manifestations sont des phénomènes de l’action nerveuse. Il
apprécie que la pluralité des facultés permette de détruire le dogme de l’unité du moi.
Auguste Comte (1798-1857), lui, nie la psychologie spiritualiste. Il critique la référence à la notion
de conscience qui rétrécit l’étude de l’intelligence et critique la notion d’introspection. Il propose
de remplacer la psychologie par la phrénologie et la sociologie. Une de seules possibilités que
Comte laisse ouverte à la psychologie est celle qui repose sur l’étude des aberrations de l’esprit
humain, de la pathologie psychiatrique.
Alfred Binet (1857-1911) théorise la psychologie différentielle, qui mesure les différences
psychologiques entre les individus, au moyen d’épreuves particulières appelées “tests”. Il s’agit
d’aborder directement l’étude de l’intelligence. Elle est aux origines des sciences cognitives.
B. L’introduction de la psychanalyse
La psychanalyse commence à être pratiquée en France dans les années 1922-1923 par : Eugénie
Sokolnicka (1884- 1934) considérée par Freud comme la représentante officielle de la
psychanalyse en France. Elle pénètre dans le fief de la psychiatrie française. Et René Laforgue
(1894-1962), psychiatre, va institutionnaliser la psychanalyse. Mais il reste toujours un grand
conflit entre psychanalyse et psychiatrie.
En 1945, sont créés à Strasbourg, deux nouveaux certificats d’études supérieures (CES) pour la
licence des lettres. Daniel Lagache rédige un rapport pour proposer de refonder la licence de
psychologie en introduisant la psychologie clinique orientée vers la psychopathologie. Mais ce
projet n’a pas marché tout de suite, on doit attendre deux ans (1947) pour qu’il soit mis en place.
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En 1947 se crée une licence de psychologie en 4 certificats : psychologie générale
(commun avec la licence de philosophie) ; psychologie de l’enfant et pédagogie ; psychologie de
la vie sociale ; psychophysiologie. Finalement, c’est une licence nationale et diffusée dans les
autres universités.
En 1958, le Ministère et la Direction de l’Enseignement Supérieur ont la volonté d’ouvrir
plus largement l’enseignement de la psychologie aux facultés qui s’appelleraient désormais
“Facultés de Lettres et de Sciences Humaines”. En 1959, la réforme de la licence de psychologie
rajoute un 5ème certificat celui de psychophysiologie (il y a donc deux certificats de
psychophysiologie).
Jusqu’en 1966, le cursus de psychologie était de trois ans. Il comportait 5 certificats à
passer en deux ans après une année conçue comme étant une année de culture générale.
Ces certificats étaient : CES de psychologie de l’enfant, de psychologie sociale, de psychologie
générale et les deux CES de psychophysiologie. Le CES de psychopathologie apparaîtra avec la
mise en place de la maîtrise. En 1967, le cursus est en quatre années : Un DUEL (Diplôme
d’Études Universitaires Littéraires) de deux ans suivis d’une licence en deux certificats
obligatoires et une maîtrise en deux certificats dont un optionnel.
Les DEUG n’entrent en vigueur que courant 1973-1974 (en deux ans), la licence (en un an)
la maîtrise (en un an). Par la suite furent créé les DESS une année de plus, année de
professionnalisation) en 1974 et des DEA servant à préparer par la suite un doctorat de troisième
cycle sous le contrôle d’un directeur de recherche et obtenir après soutenance une thèse.
Aujourd’hui, les DEUG ont disparu remplacés par des licences de psychologie qui comporte des
cours de statistiques et de biologie : il est par conséquent nécessaire d'avoir un minimum
d'intérêt pour les sciences. Après la licence, vous devez poursuivre vos études en master 1 et
master 2 professionnel pour obtenir le titre de psychologue.
Le CNRS (Centre Nationale de Recherche Scientifique) qui fut créé par décret le 19 octobre 1939
met en œuvre une véritable politique scientifique et améliore l’utilisation pratique de la recherche
fondamentale. Il y sera enseigné la psychologie et la physiologie dès 1947 et des recherches
seront conduites en psychologie scientifique, soutenues financièrement pour les équipes de
recherche les plus méritantes.
La SFP soutient la France dans des congrès internationaux et représente la France dans des
commissions internationales. Elle réunit beaucoup de membres, à la fois des enseignants
chercheurs, professionnels, chercheurs. Depuis quelques années, elle regroupe des organisations
et associations partenaires. Son objectif est se mettre à jour pour la pratique des jeunes
médecins et docteurs et de prendre position dans la recherche.
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PARTIE 2 : HISTOIRE DE LA PSYCHOLOGIE CLINIQUE
INTRODUCTION
La psychologie clinique a deux sources : la psychologie expérimentale et la psychologie
des profondeurs. La première exige de mettre en place un cadre de travail pour répondre aux
exigences de rigueur et de maîtrise des différentes variables que l’on veut étudier. La seconde est
issue de la philosophie de la médecine, c’est une rencontre entre psychiatres et psychologues.
Cette discipline nait après la Seconde Guerre Mondiale. C’est la rencontre de la philosophie et de
la médecine. Ces deux sources vont emprunter des apports à d’autres sciences comme la
psychiatrie. Elles ont des influences médicales, humanistes et philosophiques.
Le terme de clinique renvoie au chevet du malade, c'est-à-dire qu’on s’occupe d’un individu qui
est “malade”, “étendu, voir couché” et “en évolution” (J. Favez-Boutonnier). Le malade est étudié,
envisagé dans sa globalité et “en situation” (Daniel Lagache). C’est l’émergence du principe de
singularité, d’unicité, qui va soutenir les développements ultérieurs de la psychologie clinique ; on
étudie l’individu dans ce qu’il a d’unique. On ne cherche pas à trouver des règles générales aux
être humains.
La psychologie clinique est une “branche de la psychologie qui a pour objet les problèmes et
troubles psychiques, ainsi que la composante psychique des troubles somatiques” (soma : le
corps). (Huber, 1993) Ces problèmes psychiques peuvent se manifester dans des conduites
normales ou pathologiques. Il existe en psychologie des intérêts pour travailler sur l’individu
normal, et non pas que pathologique. On parle de psychologie de la vie quotidienne. Et c‘est une
psychologie qui intervient dans différents types de conduites, normales ou pathologiques. C’est
une activité pratique et c’est une discipline qui comporte un ensemble de théories et de
méthodes.
1. Historiques et définitions
Les principales racines de la discipline remontent à la fin du 19ème siècle, en France avec
Pierre Janet (1851-1947), en Allemagne avec Sigmund Freud (1856-1939) et aux États-Unis avec
Lightner Witmer (1867-1956). Ils sont souvent présentés comme les fondateurs de la psychologie,
car ils vont mettre l’accent sur une approche globale et singulière de l’individu. Mais en France,
cela prend plus de temps pour se développer, ce n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale que
la clinique va véritablement prendre son essor.
Pour Lagache, la clinique est l’expression d’une tendance humaniste et totalisante ; on parle
d’homme total. Il considère que la clinique est une science de la conduite humaine concrète,
qu’elle soit adaptée ou inadaptée, ou qu’elle soit normale ou pathologique. La méthode clinique
vise l’interprétation compréhensive des conduites d’un sujet dont elle établit “le sens, la structure,
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la genèse”. La psychologie clinique pour lui est étude approfondie de l’être humain à partir d’une
observation intensive et exhaustive. Il est nécessaire de faire ces investigations de manière
systématique et aussi complète que possible. La psychologie clinique s’est aussi intéressée au
groupe d’individus, comme les institutions, les groupes.
Il va fonder la spécificité de la psychologie clinique sur la méthode clinique, c’est-à-dire “la nature
des opérations avec lesquelles le psychologue approche les conduites humaines”. Cette méthode
de “diagnostique” peut mettre en jeu différentes techniques qui relèvent tout autant d’une clinique
instrumentale ou armée (tests, outils…) que d’une clinique basée uniquement sur l’entretien.
Cependant, quelque soit les techniques utilisées, l’objectif est le même, celui d’envisager la
conduite humaine dans sa perspective propre et essayer de mettre en évidence des manières
d’être, de réagir face à certaines situations. Il indique finalement que l’approche clinique se
différencie de l’approche expérimentale et de l’approche psychanalytique. La psychologie
clinique est comprise comme une ouverture sur les autres disciplines psychologiques.
Elle va dans ses travaux beaucoup s’intéresser à la distinction entre plusieurs disciplines, comme
la psychologie médicale et la psychanalyse. Et elle va aussi s’intéresser à la phénoménologie, ce
qui implique une description rigoureuse de la subjectivité et des références à la dimension vécue
de l’expérience (étude de l’individu sans comparatisme). Elle critiquera également la
prédominance du diagnostic au profit d’une observation continue.
Françoise Dolto (1908-1988), psychanalyste, propose de distinguer sans les opposer les rôles
respectifs du psychologue clinicien et du psychanalyste. Pour elle, le psychologue est une
“assistance à personne en danger et en désarroi”.
Psychologue Psychanalyste
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Psychologue Psychanalyste
Roger Perron, psychiatre et psychanalyste, va expliquer que le but de la psychologie clinique est
d’expliquer les processus psychiques de transformation dont la personne est le siège. La
personne est un système, une structure régie par des lois d’autorégulation, par le jeu de
régulations synchroniques et diachroniques. Il va s’intéresser à la problématique ou à l’histoire du
sujet par exemple.
Pour tous ces auteurs, la psychologie clinique s’intéresse à tous les secteurs de la
conduite humaine, normale et/ou pathologique, selon tous les âges de la vie.
À partir des années 1990, des positions nouvelles s’expriment sur la psychologie clinique et
notamment sur le thème de la méthode clinique.
Michèle Huguet, psychanalyste, se situe également dans une perspective définie par cette
double dimension méthodologique et sociale (pareil que Revault D’Allonnes), toujours en
considérant l’individu comme un être global “en situation”. De plus, la relation entre le patient et le
psychologue doit être conforme à la relation psychanalytique (parole, écoute, transfert…)
Tous ces auteurs sont d’accord sur le fait que la psychologie clinique cherche à
comprendre et expliquer le fonctionnement psychique et ses troubles, et elle étudie de façon
approfondie les cas individuels aussi bien dans le registre du normal que du pathologique.
Mais pour d’autres, qui souhaitent ramener la psychologie clinique dans les débats scientifiques
et à l’international, cette alliance est rédhibitoire car elle pose des problèmes épistémologiques,
pratiques et théoriques. En effet, si la clinique fait référence à la psychanalyse, elle en fait
référence en tant que modèle de compréhension du fonctionnement psychique, qui est une
théorie parmi tant d’autres. Certains expliquent qu’en approchant la clinique avec ces
conceptions on perd la validité car elles ne sont pas pertinentes ou valides ; elles ne sont valides
que dans le cadre de la Cure analytique, qui est une clinique de la parole, à mains nues, à partir
du transfert et contre transfert. Ils pensent que l’on ne peut pas travailler qu’avec ce qui se passe
entre le patient et le thérapeute. Également, les autres courants de la psychologie disent que l’on
ne peut pas évaluer, tester, obtenir des résultats valides. Ainsi, un mouvement se développe à
cette époque pour dire que la psychanalyse n’est pas une science. Ce débat entre l’utilisation ou
non de la psychanalytique dure depuis encore aujourd’hui. (Epistémologie)
Du côté de la pratique, la formation des psychologues cliniciens est marquée par ce conflit entre
la théorie et la pratique. L’université forme des psychologues cliniciens mais force et de constater
que dans un grand nombre d’universités, le seul modèle enseigné est la psychanalyse.
Du côté de la théorie, on se demande pour la psychologie clinique devrait être dépendante de la
psychanalyse. Aujourd’hui, il y a trois positions qui peuvent être avancées. D’abord, on peut
conserver un lien du niveau de l’objet (la clinique) mais en maintenant une différence claire entre
les deux disciplines, elles sont liées mais distinctes (chercheurs). Ensuite, on peut dire que la
psychanalyse est un référent théorique hypothétique, qui permet de comprendre les phénomènes
cliniques mais qui pose tout de même la question de la validité. Et enfin, ceux qui sont très
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catégoriques disent qu’il faut abandonner la dominance de la psychanalyse pour s’ouvrir à un
pluralisme théorique.
Actuellement, on assiste à une extension de la clinique à différents objets. Il existe par exemple,
une psychologie clinique de la santé, une psychologie sociale clinique etc.
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PARTIE 3 : HISTOIRE DE LA PSYCHOPATHOLOGIE
Introduction
• Définition de la psychopathologie
C’est la branche de la psychologie qui est l’étude des phénomènes pathologiques par opposition
à une psychologie sociale, de l’enfant (normal), animale ou générale. Elle traite de la question du
normal et du pathologique. La psychopathologie peut englober l’étude psychologique de la
maladie mentale, et des dysfonctionnements de sujets réputés normaux. Elle utilise la méthode
clinique. La psychopathologie est définie par son champ d'études qui est le même que celui de la
psychiatrie ; les buts et les moyens différents.
• But de la psychopathologie
Le but est la compréhension et la connaissance ; celui de la psychiatrie est la thérapeutique, la
prophylaxie et la réadaptation. Les moyens de la psychiatrie ne sont pas seulement
psychologiques, mais aussi médicaux, biologiques, sociaux... elle utilise une méthode visant à
protéger contre une maladie, à prévenir une maladie.
1. La psychologie scientifique
2. Le courant organiciste
La psychopathologie est très liée à la psychiatrie et présente des tendances très diverses qui
restent liées par l'idée d'un substratum organique des affections mentales.
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En France, la tradition clinique psychiatrique est très vivace. Les discussions
nosographiques portent sur les délires chroniques, paranoïaques et la psychose hallucinatoire
chronique. La théorie de la dégénérescence est remplacée par la notion de constitution.
Ernest Dupré (1862-1921) travaille sur la mythomanie (pathologie de l’imagination), les
délires d’imagination et les psychoses imaginaires aiguës. Il développe une doctrine des
constitutions comprenant : débilité, déséquilibration motrice, mythomanie, constitution émotive et
paranoïaque, perversions.
G.G. de Clérambault (1872-1934) s’intéressa aux intoxications (dont l’alcoolisme), aux épilepsies,
aux psychoses passionnelles, au syndrome d’automatisme mental.
Henri Ey (1900-1977) élabore la théorie de l’organodynamisme cherchant à dépasser les points
de vue organicistes basés sur les localisations et l’anatomopathologie et à prendre en compte les
apports psychologiques. Pour lui, le trouble organique lésionnel fournit la base primordiale, mais
n’explique pas à lui seul le trouble.
3. La psychopathologie expérimentale
La psychopathologie expérimentale débute avec Ivan Pavlov (1849-19-36). En 1903, il utilise pour
la première fois le terme de psychopathologie expérimentale et souligne l’importance pour la
compréhension de la pathologie de l’expérimentation sur l’animal. Il définit la psychopathologie
expérimentale comme l’approche consacrée à l’étude du comportement pathologique
expérimental ou à l’étude expérimentale du comportement pathologique pour comprendre le
fonctionnement normal. Les travaux de Pavlov reposent sur les névroses expérimentales (réflexe
alimentaire conditionné chez le chien et symptomatologie associée).
En France, Henri Baruk (1897-1999) et de Jong dans les années 1930 étudient la
réalisation chez l’animal de la catatonie et abordent l’étude biochimique des psychoses en
produisant en laboratoire au moyen de la bulbocapnine. L’étude expérimentale des troubles
psychopathologiques présentés par les patients psychiatriques peut être illustrée par les
recherches sur la vitesse de traitement de l’information chez les personnes qui présentent une
schizophrénie.
Même si on ne peut pas réduire toute la psychopathologie à la psychanalyse, son influence a été
importante. La psychanalyse apporte une technique d’investigation, corps de théories nées de
ses pratiques ayant une application directe dans la compréhension des phénomènes
pathologiques. Elle est essentiellement une approche compréhensive. Sigmund Freud a travaillé
sur le système nerveux, l’hypnose et a grandement participé à la découverte de la psychanalyse.
Anna Freud (1895-1982) : la thérapie des enfants. Moi et à ses défenses et à la maturation
et au développement de l’enfant. Évaluation de l’enfant qui tient compte des données
dynamiques, génétiques, économiques, structurales et adaptatives. Dimension temporelle dans
l’établissement des diagnostics en psychiatrie infantile. Repérage des différents types de conflits
dans l’économie de l’enfant sans établir de frontières infranchissables entre le normal et le
pathologique.
Wilfried R. Bion (1897-1979) apporte beaucoup à la théorie des petits groupes et surtout
au fonctionnement psychique et de la pensée à partir de son expérience avec les psychotiques.
• Les dissidents :
• Les disciples qui se séparent de Freud tout en restant fidèles à un aspect de sa théorie :
Wilhelm Stekel (1868-1940) dit que le nœud de la névrose est conscient. Il ne croit pas à
l’inconscient. Toutes les pensées refoulées sont préconscientes.
Otto Rank (1884-1939) réinterprète le complexe d’Œdipe dans le sens d’une tentative de
surmonter le traumatisme de la naissance en essayant de se débarrasser d’une peur des organes
génitaux grâce au désir d’y pénétrer. Les états pathologiques résultent de cette peur et de ce
désir de retourner dans le ventre de la mère. Il élimine le rôle du père.
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5. Le courant psychopathologie phénoménologique
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- Psychopathologie sociale - Psychopathologie structuraliste
L’approche intégrative-holistique de la psychopathologie est désignée comme intégrative parce
qu’elle réunit des informations apportées par les quatorze autres approches. Elle ne vise,
cependant, pas la fusion de celles-ci pour créer un corpus théorique nouveau ou une méta-
approche. La quinzième approche est aussi désignée comme holistique, car elle est basée sur
une vision particulière de la personne humaine et de son fonctionnement psychique.
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PARTIE 4 : HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE
I. L’antiquité
A. La place de la maladie mentale dans l’histoire de la médecine antique et le rôle des
grands “psychiatres”
1. La théorie humorale
Elle a été élaborée par Hippocrate, qui est un médecin grec du siècle de Périclès, mais aussi
philosophe, et est considéré traditionnellement comme le “père de la médecine”. Il disait que la
santé repose sur l’équilibre des humeurs (sang, phlegme, bile jaune, bile noire) et sur l’équilibre
des qualités qui les accompagnent (chaud, froid, sec, humide, essentiellement). La maladie en
général et toutes les maladies en particulier reposent sur leur déséquilibre. Le cerveau n’est pas
créateur de maladie mentale, mais il rend apparent par leur expression psychique les troubles
humoraux. Ainsi, toutes les maladies sont des maladies du corps et ont une explication
physiologique. Les médecins considèrent qu’il y a des parties du corps qui peuvent être
spécialement affectées dans la maladie mentale.
La thérapie se fait grâce au régime et aux médicaments à l’époque. La psychothérapie se base
sur le dialogue qu’il noue avec son malade ; le thérapeute écoute, puis explique et conseille.
2. L’école méthodiste
Les idées d’Hippocrate vont se figer au cours des siècles et se répéter pour constituer l’école
méthodiste, qui va rejeter les causes des maladies et va s’intéresser à la place à l’art de guérir.
Seul compte l’expérience direct et personnelle avec le médecin. Elle naît de l’opposition entre les
idées dogmatiques et empiriques. La théorie médicale se place dans la lignée de la philosophie
d’Épicure, c'est-à-dire que le corps est un assemblage de particules toujours en mouvement que
traversent des conduits par où passent le pneuma ou spiritus, un air élaboré, et les fluides du
corps. L’état de maladie et de santé dépend des mouvements de ces particules, de leur vitesse,
de leur nombre, de leur taille, de leur forme, ainsi que de l’état des conduits et de la liberté de
passage qu’y rencontrent ou n’y rencontrent pas le souffle et les liquides corporels. On constate
qu’il n’y a pas de distinction de nature entre les maladies somatiques et les maladies psychiques,
la seule différence étant dans le siège où se produit le trouble mécanique.
3. Le pneumatisme
Ce courant s’inspire du stoïcisme, qui est un mode de pensée fondé par le grec Zénon, environ
au IVème siècle avant Jésus Christ. Comme dans de nombreuses philosophies, le bonheur est la
finalité de la vie humaine. Ainsi, l’école stoïcienne désigne la sagesse et la vertu comme les clés
pour y parvenir.
Le pneuma, ou spiritus, est un espèce d’air qui circule dans le corps et apporte ou non la
santé, selon où il va circuler (quel conduit et dans quelle condition…). Les médecins de l’époque
le mesurent en prenant le pouls, pour dire si il y a un déséquilibre ou pas et après conseiller le
malade pour rétablir cet équilibre humoral. Exemple : les dyscrasies humorales (mauvaise
constitution) w
4. L’éclectisme
Il applique sa division générale des maladies aux maladies mentales. Aux maladies aiguës,
divisées en générales et locales, s’opposent les maladies chroniques, générales et locales.
Exemple : phrénésis, mélancolie, délire …
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La frénésie est le nom donné autrefois au délire violent caractérisé par une affection cérébrale
aiguë (méningite, manie, delirium tremens). Les symptômes étaient la folie, de l’agitation, de la
fièvre, un pouls faible, de l’insomnie…
La léthargie est un sommeil profond et continuel, dans lequel le malade parle quand on le
réveille, mais ne sait pas ce qu’il dit, oublie ce qu’il a dit et retombe dans son premier état.
La manie est un syndrome caractérisé par une surexcitation générale et permanente des
facultés intellectuelles (accélération de l’action et de la pensée, difficultés de concentration,
distractibilité majeure, exaltation de l’imagination,...), de l’humeur (euphorie, excitation,...) qui peut
se manifester soit au cours d’une affection mentale soit à l’état isolé et constituer une psychose
autonome.
La mélancolie est un état caractérisé par une profonde douleur morale, une inhibition
psychique et motrice avec un ralentissement idéique et moteur, des troubles de l’attention, une
perturbation du sommeil et des troubles alimentaires, des idées de mort et des idées délirantes
particulières.
Cependant, il n’y avait pas encore à cette époque de classification de maladies, et les remèdes
passaient beaucoup par la religion et la magie.
II. Le moyen-âge
A. Les maladies de la tête
Les médecins de l’époque vont faire la distinction entre les désordres généraux et les maladies
qui ont pour origine d’autres parties du corps. Les maladies de la tête sont inscrites dans les
maladies du cerveau, les troubles mentaux mais aussi dans les malades physiologiques qui
touchent la tête (migraine..) etc.
Ils vont encore énumérer les maladies sans essayer de les classer. Ils regarderont en revanche où
se trouvaient les lésions anatomiques. Ils vont trouver des maladies qu’ils classeront comme
troubles mentaux. Il y a différentes catégories de maladies de la tête :
- Les apostèmes ou inflammations d’une partie du cerveau (membranes, substance, etc.),
comme la frénésie ou la léthargie
- Les affections entraînant une perturbation des sens (facultés mentales), qui comprennent
l’aliénation d’esprit ou confusion de la raison, la stupidité ou amoindrissement de la raison, la
corruption de la mémoire, la corruption de l’imagination, puis, la manie, la mélancolie, la
lycanthropie et l’amour.
- Les affections entraînant une perturbation du mouvement, comme le vertige, l’épilepsie ou
l’apoplexie.
Les médecins essayaient de répartir ces troubles en fonction de trois facultés mentales : la
mémoire, l’imagination et le jugement.
La lycanthropie est une maladie durant laquelle le sujet pense être un loup, se voit et agit en
conséquence.
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psychologiques que ce sentiment entraîne (inquiétude mélancolique, manie,...).
1. Tolérance et intégration
À l’époque, les thérapeutiques pour soigner les malades mentaux étaient nombreuses mais elles
partaient dans tous les sens. Le malade mental est soigné mais à domicile, ou dans un
monastère. L’hospitalisation des fous se développe lentement à cette époque. L’accueil est
tolérant mais seulement dans les établissements importants, comme l’Hotel-Dieu de Paris. Les
médecins attachaient les “fous furieux”, leur rasaient la tête, leur donnaient des substances
psychotropes ou des plantes pour les soigner. Ils utilisaient beaucoup l’opium aussi pour caler
l’agitation des patients. Les saignées étaient également couramment pratiquées. Les médecins
ont été conscients très tôt que pour avoir qu’une alliance thérapeutique s’établisse, il fallait une
bonne relation entre le patient et le médecin.
2. Marginalisation et exclusion
La marginalisation vient de la peur, de l’ignorance, de l’incompréhension des gens. Ils pensent
que le fou est associé au monde du mal, est possédé et donc que les contenir ne suffit pas. Ainsi,
ils sont battus, exclus, humiliés. Le malade mental subit des restrictions qui lui sont imposés par
le droit canonique et civil. Par exemple, il n’a pas le droit de se marier (on peut rester marier si le
mariage a été contracté avant le début de la maladie). Il n’a pas de droit au baptême (possible à la
rigueur pour les “fous” de naissance). Ses biens sont gérés par curatelle par un tuteur choisi par
le juge parmi les membres de la famille proche et aucune possibilité d’en disposer par testament.
L’enfermement des fous jugés dangereux est préconisé par le droit (qui leur accorde des
circonstances atténuantes) pour les empêcher de nuire à la communauté (enfermement préventif
pour les fous agités et emprisonnement en cas d’incident grave). Le suicide est condamné par
l’Église. Seul Dieu décide de la vie ou de la mort.
• XVIIIème siècle
19
Les hôpitaux généraux vont connaître de grave problèmes financiers. Les lettres de cachets
peuvent être demandées par n’importe quelle personne pour demander l’arrestation et
l’enfermement dans les Hôpitaux généraux de déviants, fous etc. Les maisons de force sont
souvent des couvents, qui moyennant des pensions très élevées, acceptent les correctionnaires
(patients). Dans les dépôts de mendicité, le taux de mortalité s’élève à plus de 40%.
• Nosographie d’Esquirol
3. Il détache de l’idiotie congénitale ou acquise dès le jeune âge et définitive, de l’idiotisme
acquis.
4. Il divise la démence en une forme aiguë curable et deux formes chroniques et incurables : la
démence sénile, où le traitement peut tout au plus espérer stabiliser le processus, et la
démence chronique, très rarement curable.
5. Il décrit la manie, mais en exclut la forme “sans délire” ou raisonnante dont il fait une
monomanie.
6. Il crée la grande classe des monomanies, qui regroupe toutes les affections mentales qui
n’affectent que partiellement l’esprit, laissant intactes les facultés, en dehors de la lésion
focale qui constitue toute la maladie.
20
C. L’esprit de la loi de 1838
(1838-06-30 (lég) Loi n°7443 sur les aliénés du 30 juin 1838 - Recueil Duvergier page 490 - Loi
Esquirol)
L’asile doit soigner, mais aussi séquestrer. Il est assez difficile de déterminer si les
établissements doivent être considérés comme des hospices ou des maisons de détention.
L’asile doit enfermer les individus qui peuvent nuire à la société et procurer des moyens de
guérison à des individus malades. (Débat)
Il y a un énorme manque d’argent. Donc la loi est critiquée, car elle permet d’encombrer
les asiles et compromet, selon certains individus, la vocation thérapeutique. Les constructions
sont vétustes et les cellules défectueuses. Elle est aussi attaquée sur la garantie de la personne et
le risque d’internement arbitraire, la mauvaise qualité du personnel de surveillance, l’insuffisance
numérique de l’encadrement médical…
V. Le XIXème siècle
Des établissements publics sont construits, mais cela allait très lentement à cause de manque de
moyens dans les départements ; ainsi il y avait toujours en engorgement des asiles. Mais les
asiles privés se sont mieux développés, avec des maisons religieuses qui recevaient plus d’aides
locales. Il a donc été décidé de récupérer certains bâtiments et les rénover, pour y mettre les
incurables par exemple. Des hôpitaux villages ont donc été construits, en même temps que de
nouvelles techniques de soins.
L’évolution des recherches cliniques et de connaissances cliniques se poursuit avec par
exemple la découverte de Bayle, la paralysie générale. Se développe aussi le repérage de
certaines pathologies mentales. La paranoïa dans la psychiatrie française sous sa forme délirante
s’identifie à un délire chronique spécifié par son mécanisme exclusif, l’interprétation. Kraepelin
travaille sur les psychoses endogènes en catégorisant la démence précoce et la psychose
maniaco-dépressive. Augustin Morel (1809-1873) invente la théorie de la dégénérescence
(héréditaire selon lui). William Cullen (1710-1790) et Pinel font la nosographie des névroses.
L’hystérie est considérée comme une maladie surnaturelle au Moyen-Âge, comme du système
nerveux (Cullen, Charcot) puis comme une maladie mentale (Freud, Babinski, Janet : état
psychique). Janet travaille sur la psychasthénie, qui rassemble les maladies mentales, les
phobies, certains délires (champs des névroses) … Puis l’alcool et les toxicomanies sont
considérés comme “les stupéfiants des temps modernes”. Les psychiatres vont s’intéresser de
plus en plus au domaine des addictions.
21
c’est l’œuvre de Freud et celle de ses élèves (Karl Abraham et Sandor Ferenczi) qui vont marquer
de façon décisive, bien que tardivement, les développements de la psychiatrie. Pour ne parler que
de Freud avec Les trois essais sur la théorie de la sexualité (1905), La Gradiva (1907), Le président
Schreber (1911), Pour introduire le narcissisme (1914), Deuil et mélancolie (1917), Névrose et
psychose (1924), La perte de la réalité dans les névroses et les psychoses (1924), tout le corpus
psychiatrique de la psychanalyse est déjà là. Enfin, le courant neurologique va recevoir un renfort
considérable pendant cette même période avec l’apparition de l’encéphalite épidémique de
Constantin Von Economo-Cruchet (1876-1931).
B. L’entre-deux-guerres (1920-1940)
La psychiatrie du XXème siècle a été profondément marquée par Kraepelin (travaux sur la
paranoïa, folie maniaco-dépressive, démence précoce), Bleuler (travaux sur la schizophrénie
notamment) et Freud.
L’orientation de plus en plus neurologique de la psychiatrie française tend à faire de la
maladie mentale une maladie des nerfs comme les autres et une maladie qui peut guérir. Mais
comment se faire soigner sans recourir à l’internement ? Les aliénistes des hôpitaux de faculté
avaient déjà créé des « services ouverts ». Pourquoi ne pas ouvrir aussi de tels services dans les
hôpitaux psychiatriques ?
Édouard Toulouse (1865-1947), d’orientation à la fois scientifique et hygiéniste, fonde le 8
décembre 1920 la Ligue d’hygiène mentale. Il obtient en 1922 la création d’une institution
groupant des lits d’hospitalisation libre, un dispensaire, un service social, des laboratoires de
recherche et l’organisation d’un enseignement : l’hôpital Henri-Rousselle. Le 8 avril 1937, un
décret ministériel étend aux asiles d’aliénés la dénomination d’hôpitaux psychiatriques.
En fait, rien ne changera…
22
À partir des années 1970, la fièvre tombe. Les mouvements anti-psychiatriques ne
réussissent pas à s’implanter de manière durable. En France, l’ébranlement des structures
sociales par la crise contestataire de 1968 provoque le dégel de la politique sanitaire et une
transformation de l’organisation de la psychiatrie. La politique de secteurs est mise en place dans
les dispensaires et établissements déjà existants et des petits services de psychiatrie sont créés
dans les hôpitaux généraux.
Du côté de l’enseignement universitaire, jusqu’ici pratiquement absent, la psychiatrie
(adulte) se voit dotée de dix-sept chaires qui vont assurer, avec la collaboration des psychiatres
publics, la formation des médecins et des psychiatres. En 1981, on évalue à près de 5000 le
nombre de psychiatres ou neuropsychiatres.
Enfin, depuis la mise en application de la loi Debré (1968), les hôpitaux psychiatriques
n’existent plus. Ils deviennent des hôpitaux généraux et le statut des psychiatres publics s’aligne
sur celui des médecins hospitaliers à plein temps. Ensemble de réalisations considérables qui
répond à peu près aux yeux des professionnels et aux projets en gestation depuis la précédente
décennie.
23
PARTIE 5 : HISTOIRE DE LA PSYCHOLOGIE GÉNÉRALE ET COGNITIVE
24
III. Premier paradigme de la psychologie générale : le béhaviorisme
A. Watson et le béhaviorisme
La psychologie est une branche expérimentale purement objective des sciences naturelles. Son
but théorique est la prédiction et le contrôle du comportement. L’objet de la psychologie est le
comportement qui désigne des mouvements physiques ou geste, toute l’activité corporelle ou
motrice d’un être vivant (lever le bras, se gratter la tête, faire du vélo). L’objet d’étude de la
psychologie c’est le comportement qui n’est pas seulement la réaction, mais une liaison, une
relation entre un stimulus provenant du milieu externe ou interne et une réponse.
B. La prédiction et le contrôle
La psychologie béhavioriste vise à orienter, modifier l’activité comportementale des êtres vivants
de manière à faciliter aux homes et aux femmes la réorganisation de leur propre existence et
spécialement l’éducation des enfants
B. Objet et méthode
L’objet est l’étude des conduites, c’est-à-dire l’étude de la conscience, des croyances, de
réflexions, des raisonnements, des phénomènes psychologiques les plus élevés, les plus propres
à l’homme. La méthode vise l’objectivité. S’occuper de ce que l’on voit, des actions, des attitudes
et des parles des sujets, pour en saisir l’articulation individuelle signifiante.
25
(sensations) ou en simples chaînes associatives de stimuli et de réponses. Pour expliquer des
comportements intelligibles il faut impliquer des états mentaux internes organisés.
3. La notion de schéma
F.C. Bartlett tentait d’étudier les processus cognitifs dans des situations complexes proches des
situations naturelles. Il a proposé le concept de schéma pour désigner la structure assimilatrice
qui transforme les données d’entrée et a proposé de définir le schéma comme une organisation
active des réactions passées qui opère sur toute réponse bien adaptée.
5. L’approche fonctionnaliste
J. Bruner critique la conception selon laquelle la perception de totalités organisées est déterminée
essentiellement par les propriétés des stimuli (lois de la bonne forme) et des lois d’équilibre qui
régissent conjointement les mondes physique, physiologique et mental. Dans la perception
intervient non seulement des déterminants structuraux mais surtout des déterminants
comportementaux, qui s’ils ne sont pas directement perceptifs, affectent dans nos perceptions
telles que la motivation, les expériences antérieures, les émotions.
26
HISTOIRE DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE
1. Définitions et histoires
• Définitions
L’objet central, exclusif pour la psychologie sociale, ce sont tous les phénomènes ayant
trait à l'idéologie et à la communication, ordonnés aux plans de leur genèse, leur structure et leur
fonction (Moscovici, 1970).
La psychologie sociale s'occupe des processus culturels par lesquels, dans une société donnée :
- s’organisent les connaissances ;
- s’établissent les rapports des individus à leur environnement, rapports toujours médiatisés par
autrui ;
- se canalisent les structures dans lesquelles les hommes se conduisent ;
- se codifient les rapports inter-individuels et inter-groupes ;
- se constitue une réalité sociale commune qui s'origine autant dans les relations avec les autres
que dans les rapports avec l'environnement et autour de laquelle nous créons des règles et
investissons des valeurs.
La psychologie sociale :
- “science du comportement social, c'est-à-dire celui qui implique une référence à d'autres
personnes et qui se manifeste dans toutes les situations où le sujet se trouve en face d'autrui, ou
encore le comportement qui, bien que se produisant en l'absence d'autrui, en subit néanmoins
l’influence" (Krech & Crutchfield, 1948).
- “étudie les processus mentaux ou les comportements des individus déterminés par les
interactions actuelles ou passées que ces derniers entretiennent avec d'autres personnes”
(Brown, 1965).
- “tend à comprendre et à expliquer comment les pensées, les sentiments, les comportements
moteurs des êtres humains sont influencés par un autrui réel, imaginaire ou implicite” (Allport,
1968).
- “traite de la dépendance et de l'interdépendance des conduites humaines” (Leyens, 1979).
- “est une discipline où l'on étudie de façon systématique les interactions humaines et leurs
fondements psychologiques”
(Gergen & Gergen, 1984).
- “l'étude scientifique de la façon dont les gens se perçoivent, s'influencent et entrent en relation
les uns avec les autres” (Myers & Lamarche, 1992).
La psychologie sociale :
- traite de la dépendance et de l'interdépendance comportementale entre les individus, les
comportements impliqués n'étant pas nécessairement concomitants [...] Elle s'interroge sur les
relations comportementales d'individu à individu en général, mais d'abord de personne à
27
personne et éventuellement d'animal à animal [...] Elle est indiscutablement une branche de la
psychologie et elle s'appuie sur les lois de la psychologie générale et expérimentale” (Zajonc,
1967).
- “l’étude des conditions dans lesquelles les individus sont affectés par des situations sociales”
(Worchel & Cooper 1976).
- “l’étude des phénomènes sociaux définis par la nature toujours problématique des relations
qui se jouent entre individu et société” (Fischer, 1987).
- “s’intéresse, quels que soient les stimuli ou les objets, à ces événements psychologiques
fondamentaux que sont les comportements, les jugements, les affects et les performances des
êtres humains en tant que ces êtres humains sont membres de collectifs sociaux ou occupent
des positions sociales (en tant donc que leurs comportements, jugements, affects et
performances sont en partie tributaires de ces appartenances et positions)” (Beauvois, 1998).
La psychologie sociale...
- George Herbert Mead : “La psychologie sociale présuppose
une approche de l'expérience à partir de l'individu, mais elle
cherche à déterminer en particulier ce qui fait partie de
l'expérience du fait de l'appartenance à une structure sociale,
à un ordre social.”
- Eugene Hartley : “La psychologie sociale est la branche des
sciences sociales qui cherche à comprendre le comportement
individuel dans le contexte de l'interaction sociale”.
- Otto Klineberg : “La psychologie sociale peut être définie
comme l'étude des activités de l'individu en tant qu'il est
influencé par d'autres individus... Ces “autres” peuvent agir soit directement par leur présence
dans l'entourage immédiat de l'individu, soit indirectement, à travers des modes de conduite qui
sont traditionnels ou auxquels on s'attend, et qui influencent l'individu même quand il est seul”.
• Le diagnostic
“La complaisance à rechercher, à trouver et à célébrer des précurseurs est le symptôme le plus
net d’inaptitude à la critique épistémologique” (Canguilhem 1975, p. 20).
C’est l’inaptitude chez certains auteurs de ne pas se mettre en cause, de ne pas aller chercher
loin dans l’histoire, de la critique épistémologique et de la vérité.
29
Durant la Seconde moitié du 19e siècle, il y a l’institutionnalisation universitaire de la psychologie.
Le courant de la Psychologie des peuples a été inventé par Wundt en Allemagne à cette époque.
(M. Lazarus et H. Steinthal - Revue). Les premiers congrès internationaux de psychologie se sont
déroulés en 1889.
Le débat autour d’une “psychologie collective” commence dans les 1890-1940. Gustave le Bon,
Gabriel Tarde et Charles Blondel se sont intéressés à la psychologie des foules. Emile Durkheim,
Marcel Mauss, Maurice Halbwachs, Lucien Lévy-Bruhl ont également participé au développement
de la psychologie sociale.
1945-1970 était l’âge d’or de la psychologie sociale.
B. Le courant culturaliste
Ce courant traite de la culture et de la personnalité. Franz Boas (1858-1942) est une
anthropologue qui travaille sur l’intersection entre sociologie, anthropologie et psychologie
sociale. Dans ce courant, une société se définit par une culture, celle-ci étant constituée par
l'ensemble des attitudes, idées et comportements de ceux qui y appartiennent. Par conséquent,
une société est analysable à travers sa culture et celle-ci prend un sens à partir de la façon
dont les membres la vivent, l'éprouvent. Il y a de nombreux travaux de terrain, avec Ruth
Benedict, Margaret Mead, et Ralph Linton. Les notions principales de cette pensée sont :
pattern of a culture (esprit d'une civilisation), basic personality structure (personnalité de base),
30
rôle, statut, modèle, système valeur-attitude. Elles sont encore pour la plupart utilisées
aujourd’hui. Ce courant analyse les rapports que la personnalité entretient avec les coutumes
instituées et l'organisation sociale.
C. La psychologie collective
Il y avait un intérêt croissant en Europe pour la psychologie des masses, des peuples et
ethnique. En France, Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939) défend la thèse selon laquelle il existerait des
formes de mentalité, soit des façons de penser ou de raisonner, distinctes selon qu'on appartient
à une société primitive ou non. L’ouvrage La mentalité primitive est publié en 1922.
Maurice Halbwachs (1877-1944) a travaillé sur la conscience sociale et la mémoire
collective. Selon lui, chaque groupe social posséderait une mémoire collective propre et que
seule cette mémoire, à laquelle participe chaque individu par le jeu de la communication, serait
créatrice. Les cadres sociaux de la mémoire est publié en 1925.
En Angleterre le psychologue Frederic Bartlett conduit des expériences et réalise des
observations très novatrices sur la mémoire, publiées en 1932 dans Remembering. Il centre ses
travaux sur les aspects constructifs de la mémoire en y intégrant les dimensions sociales,
historiques et culturelles.
En Allemagne le projet de Wundt a pris un fâcheux tournant en s'orientant vers une
psychologie génétique comparée appliquée au seul peuple germanique, sitôt son départ de la
chaire de psychologie en 1917.
• Lucien Lévy-Bruhl
Il a osé briser le tabou consistant à considérer, au début du XXème siècle - mais la
croyance perdure bel et bien encore aujourd’hui - que la rationalité occidentale, est une forme de
rationalité supérieure. Il disait que les peuples plus “primitifs” peuvent raisonner différemment,
mais cela n’est en rien inférieur aux hommes occidentales. Ce chercheur ne visitait pas lui-même
ces peuples mais se basait sur les récits d’explorateurs, de voyageurs.
Par exemple, Lévy-Bruhl a retenu une interaction entre des voyageurs et une personne
locale qu’ils ont rencontré alors qu’elle était très malade. Ils ont réussi à la soigner et quand ils ont
du repartir, l’homme leur dit : “Comment ! Comment ! Vous autres Blancs, n'avez-vous pas
honte ? J'ai pris vos remèdes, j'ai mangé votre soupe, j'ai fait tout ce que vous m'avez dit, et
maintenant vous me refusez une belle étoffe pour m'habiller ! Vous n'avez pas honte !” C’était une
réaction étrange pour les occidentaux. Cet homme-là pensait qu’il avait été ensorcelé : c’est une
autre logique, mentalité.
Lévy-Bruhl a donc essayé de décortiquer, déconstruire les idées de ces récits de
voyageurs. Il a proposé le terme de participation, dans le sens de vivre ses appartenances, ses
croyances comme on le veut. Son influence a été marquante pour la psychologie sociale.
31
Il qualifiait ce processus de conventionnalisation sociale, qui stipule que nos conventions
sociales et culturelles participent à l’élaboration de souvenir. Il y a identifié trois phases :
l’assimilation sociale, la simplification-élaboration et la construction sociale. La première phase
est un processus par lequel les différents aspects ou détails du matériel sont transmis, soit
directement adoptés (s’ils correspondent déjà un patrimoine du groupe) soit au contraire élaborés
d’une façon spécifique. La simplification-élaboration correspond au moment où les détails
détachés de la forme centrale de la représentation de l’objet et qui ne sont pas importants pour
sa signification sont exclus ou considérablement simplifiés. Cette phase est compensée par la
partie élaboration au cours de laquelle l’objet est transformé selon les tendances ou
caractéristiques du groupe. Et enfin la construction sociale permet l’assimilation du matériel
comme nouvel élément et qui devient un élément constitutif du schéma social du groupe dans
lequel il prend forme.
Il a par exemple présenté un dessin d’un autre contexte culturel (hiéroglyphe égyptien
d’une chouette) à un groupe en reproduction sérielle. Le dessin du “mulak” égyptien avait pour sa
part tant subi de transformations qu'en fin de chaine associative ce qui ressemblait initialement à
une chouette s'était peu à peu transformé en chat. Certains éléments avaient aussi spontanément
été ajoutés par les groupes. Bartlett a reproduit cette expérience cette fois-ci avec un masque
africain. Le dessin du “portrait d’homme" s'était par exemple vu affubler d’oreilles. D'autres
éléments paraissant à première vue de moindre importance avaient été conservés.
Bartlett a appelé ce phénomène la “persistance of the novel, the extraordinary, the unlikely”.
32
Zajonc disait qu’il existait des réponses dominantes et d’autres subordonnées. Également, selon
Augmentation de la probabilité
Augmentation de la motivation
d’émission des réponses dominantes
Audience ou coaction
Une expérience a été réalisée où sur un écran, on montrait des mots (un par un) trop
rapidement pour que les sujets puissent les lire (perception infraliminaire). On leur demandait,
ensuite de dire quel mot avait été affiché. On présente deux sortes de mots : des mots à
fréquence élevé (dans le vocabulaire des sujets) et des mots à fréquence faible. Cela se fait dans
deux conditions : avec présence d’autrui ou en isolement. On mesure le taux de reconnaissance.
L’expérience a montré que la présence d’autrui augmente la rapidité des mots fréquents. Et
tandis que dans la condition de l’isolement, les mots les plus rares sont donnés plus lentement.
Ainsi, l’audience et la coaction favorisent la performance, la répétition de ce que les sujets savent
déjà faire, par contre elles gênent l’acquisition ou l’originalité.
La théorie de Zajonc a subi aussi des critiques, notamment de Cottrell (1968). Il disait que les
choses pouvaient ne pas être exactement comme cela et qu’il fallait aller plus loin.
Pour conclure sur les “influences sociales”, l’intérêt pour les processus d’influence est lié
aux contextes socio-historiques dans lesquels ils sont abordés. Chaque grand courant de
recherche obéit à une dynamique qui lui est propre. Il y a une conception différente des cibles
d’influence (de passives à actives).
34
PARTIE 7 : HISTOIRE DE LA PSYCHOLOGIE DU TRAVAIL
Introduction
La psychologie du travail est d’abord une psychologie qui porte un intérêt aux individus, et
à leurs activités. Il y a une différence entre la tâche et l’activité. La première est ce que l’on est
censé faire, c’est une prescription. Alors que l’activité est ce qui est fait effectivement. Depuis
longtemps, on sait que le travail prescrit n’est jamais ce que l’on fait “pour de vrai”. Cette
discipline s’intéresse aussi aux conduites des individus et à leurs représentations. Elle est dans
une place en tension, car elle doit prendre soin du bien-être des individus, et en même temps
assurer l’efficacité du travail. Elle essaye aussi d’adapter l’humain au travail, qui est la façon dont
la psychologie du travail est née, mais également d’adapter le travail à l’humain. Elle cherche à
étudier les individus et leurs inter-relations dans les organisations de travail.
Elle est au carrefour de plusieurs sous-disciplines de la psychologie. En effet, historiquement elle
est associée à la psychologie sociale, l’ergonomie, la psychologie différentielle et la psychologie
clinique et pathologique.
Auerbach et Dolan (1997) ont écrit un ouvrage sur la psychologie du travail (PTO :
psychologie du travail et des organisations) et disent qu’elle “s’intéresse à l’étude du
comportement des individus et des groupes à l’intérieur des organisations. Elle porte sur les
organisations en tant qu’entité, sur les forces qui modèlent les organisations et sur l’influence des
organisations sur leurs membres.” On retrouve l’influence de la psychologie sociale sur cette
définition. On peut aussi dire que “la psychologie du travail cherche aussi à comprendre et à
expliquer les processus psychiques mis en jeu dans l’activité, avec pour objectif d’aider un
collectif professionnel à trouver les ressources pour surmonter les difficultés du travail, si possible
en faisant évoluer le travail pour l’adapter à l’homme”. Dans cette définition, il ne s’agit pas de
comprendre les influences sur les travailleurs, mais plutôt d’intervenir dans les milieux
professionnels pour transformer les relations de travail afin de permettre aux individus de
développer leur pouvoir d’agir sur leur travail.
La PTO s’appuie sur différents cadres de référence. On retrouve d’abord la psychologie
différentielle, qui est le premier cadre utilisé en PTO (après la Révolution Industrielle). Elle a pour
objectif de caractériser les différences psychologiques entre les individus, et tire son origine de la
psychologie expérimentale. Elle a beaucoup inspiré la PTO dans le champ de la sélection et du
recrutement par exemple, en utilisant des tests. C’est la base de la psychométrie, car elle utilise
les mathématiques et recherche l’objectivité.
Ensuite, il y a la psychologie sociale (après la psychologie différentielle), qui a permis de s’inspirer
de ses théories, comme celles d’attributions (sécurité au travail : attribution à qui de l’accident ?).
Le troisième cadre de référence est la psychologie clinique, qui s’intéresse à l’humain dans sa
singularité. Et elle recherche la cause des souffrances psychiques, mais aussi les moyens de les
dépasser. La PTO va donc aussi se porter sur la singularité de l’individu, avec une approche
compréhensive. Le courant de la psychopathologie du travail a aussi été important dans les
années 1940-50, et elle a été rattachée à la psychiatrie. Il se demande si le travail peut être source
de maladie mentale et si le travail peut soigner. Aujourd’hui beaucoup de psychologues du travail
accompagnent les individus dans des souffrances psychiques, mais interviennent aussi pour faire
de la prévention.
36
A.C. Travail, oeuvre et action
Hannah Arendt (1906-1975) est une philosophe et théoricienne politique. Elle s’est intéressée à la
Vita activa, qui est composée de trois notions-activités : le travail, l’oeuvre, l’action. Elle rend
compte de cela dans un ouvrage paru en 1961, appelé “La condition de l’Homme moderne”.
Dans un premier temps, le travail est la condition animale minimale pour réussir à vivre et survivre
et qui permet à l’espèce de continuer à perdurer. Dans le travail, il y a aussi l’idée d’un cycle
répétitif, quelque chose que l’on doit renouveler dans l’effort. Ensuite, l'œuvre se rapporte à la
création, la récréation et se distingue du monde naturel. (En gros, l’Homme se prend pour Dieu)
L’Homme essaye de créer un monde artificiel à sa mesure. Elle explique que l'œuvre permet de
dépasser la condition animale car elle inscrit la personne dans une forme de permanence ; elle est
finie et a une finalité. Mais ce qui fait que l’Homme est spécifiquement humain est l’action. Cette
dernière est celle politique, c’est la discussion, le conflit, le débat pour organiser la société
humaine. En effet, les sociétés humaines ont besoin de débattre pour définir des règles, des
institutions, des systèmes sociaux et pour tenir compte des pluralités humaines. Hannah Arendt
dit que “par la parole et l’acte, nous nous insérons dans le monde humain”.
37
comme arbitres des conflits sociaux, en mettant en avant les données scientifiques. Cela a été
possible grâce aux avancées de la physiologie du travail qui a permis d’établir les conditions de la
fatigue ouvrière et donc après de réglementer le temps de travail. Imbert a réalisé plein de calculs
pour conclure que le nombre d’accidents augmente avec la durée du travail, il recommande donc
des pauses réglementaires.
C. La psychopathologie du travail
La psychopathologie du travail est un courant qui s’est intéressé à la maladie mentale, l’aliénation
mentale, avec un cadre de référence beaucoup plus clinique. Elle s’est posée deux questions :
est-ce que le travail peut faciliter des maladies mentales, et est-ce qu’il peut soigner ?
Louis Le Guillant, psychiatre, a été à l’initiative de deux études pionnières : la première est
“la névrose des téléphonistes” (1958) et la deuxième est “Les bonnes à tout faire” (1963). Les
“bonnes à tout faire”, aujourd’hui aides à domicile, étaient un métier fréquent qu'exerçaient les
femmes venant de Bretagne ; que Le Guillant retrouvaient beaucoup dans son cabinet. Il a
observé qu’elles ont dû quitter leur région d’origine, n’ont plus d’amis, se sentent donc seules et
exercent une profession qui ne dissocie pas le lieu de travail du lieu de vie. Elles travaillent dans
un rapport possible de confusion entre le rapport salarial et intime. Il a fait des analyses pour
montrer que les activités de service, lorsqu’elles sont réalisées à domicile, exposent à la
servitude. Il a donc publié cette étude pour montrer le caractère pathogène de ces situations de
travail. C’est à ce moment-là que l’on commence à se dire que le travail peut être néfaste pour la
santé mentale. Cette étude fait aussi écho à un fait-divers de 1933 : l’assassinat des soeurs Papin
(on tué leur employeur). Le Guillant a expliqué que c’était le contexte social qui avait poussé au
passage à l’acte.
La deuxième étude a été réalisée chez les standardistes téléphoniques des PTT. Pour la première
fois, Le Guillant a parlé de maladies de la productivité, liées à des situations de travail où l’on
accélère la cadence etc ; ce qui laisse peu d’autonomie pour s’adapter au travail. Il a parlé d’un
syndrome général de la fatigue nerveuse, en associant des symptômes névrotiques liés
directement aux conditions de travail (une première).
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Louis le Guillant dirigeait aussi un hôpital psychiatrique en province, qui était menacé de
bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale. La décision était donc d’ouvrir les portes
de l’hôpital. Les patients vont être embauchés ainsi dans des fermes, pour des tâches à domicile
etc. Mais puisque l’hôpital n’a pas été bombardé, les patients sont récupérés ; et a été constatée
une amélioration de leur état, grâce à la participation à des œuvres communes etc. Cela a permis
de se demander si l’activité pouvait aider : c’est le début de la thérapie institutionnelle.
Conclusion
L’Histoire de la discipline est inextricablement liée à l’évolution de la société et du regard porté
sur l’humain et sur le travail, encore aujourd’hui. La psychologie du travail et des organisations
émerge quand (et parce que) s’impose l’idée que le travail peut être légitimement autre chose que
pure souffrance ; mais aussi au fur et à mesure que s’impose, il faut bien le dire, l’impératif
d’efficacité et de productivité
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