On Fras

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 5

FRASER (NANCY), QU’EST-CE QUE LA JUSTICE SOCIALE ?

RECONNAISSANCE ET REDISTRIBUTION, PARIS, LA DÉCOUVERTE,


COLL. « TEXTES À L’APPUI/POLITIQUE ET SOCIÉTÉS », 2005,178 PAGES.

Stéphane Haber, Édition établie, traduction et introduction Estelle Ferrarese

De Boeck Supérieur | « Politix »

2006/1 n° 73 | pages 240 à 243


ISSN 0295-2319
ISBN 9782200921224
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-politix-2006-1-page-240.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur.


© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 23/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 23/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


© De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


992122_Politix_p231p252_EL Page 240 Jeudi, 2. mars 2006 1:43 13

240 Notes de lecture

progrès généraux de la transparence administrative et, plus récemment, d’Internet qui


favorise leur diffusion plus large et plus rapide, y compris en direction du public. Leur
légalité reste souvent contestable, mais le juge, saisi par des associations plus nombreuses
et plus vigilantes, est plus souvent amené à censurer les excès ministériels.
Cette dernière remarque renvoie à un autre trait caractéristique du pouvoir
bureaucratique : la prise de distance par rapport à la loi. Sur ce terrain encore, les choses
ont à la fois changé et peu changé. Elles ont changé parce que l’administration fonc-
tionne désormais sous l’œil des associations, des avocats, du juge administratif – dont le
contrôle s’est considérablement amplifié –, mais aussi de la Cour européenne des droits
de l’homme, parfois aussi des médias. L’administration a intégré la rhétorique et les
impératifs de l’État de droit, et l’on ne trouverait vraisemblablement plus aujourd’hui

Document téléchargé depuis www.cairn.info - cairn convertisseurs - - 10.0.0.132 - 16/12/2016 12h17. © De Boeck Supérieur
un agent qui affirme aussi fièrement que ceux qu’A. Spire a interrogés sa défiance vis-
à-vis des avocats et sa froide détermination à ne pas appliquer la loi si elle entrave la réa-
lisation de son objectif. Demeure pourtant la propension à ne pas respecter l’esprit des
textes, à donner une interprétation systématiquement restrictive de leurs dispositions
Document téléchargé depuis www.cairn.info

libérales et systématiquement extensives de leurs dispositions répressives. Demeure


aussi la propension – non plus seulement désormais des fonctionnaires des préfectures,
mais aussi des maires, des caisses de sécurité sociale, voire des ministres, sans parler de
la police – à violer la loi quand on pense que l’enjeu le justifie et que la sanction du juge
sera suffisamment tardive pour qu’on puisse la négliger.
Enfin, puisque est posée la question de la continuité et de la discontinuité en matière
d’immigration, il vaut la peine, au moment de conclure ce compte-rendu, de revenir un
instant sur la thèse centrale de l’ouvrage selon laquelle « au cours des Trente Glorieuses,
guichetiers, rédacteurs ou chefs de service en préfecture n’ont cessé de chercher à sélec-
tionner les “bons” étrangers ». N’est-ce pas très exactement l’ambition exprimée
aujourd’hui par ceux qui nous gouvernent lorsqu’ils appellent de leurs vœux une immi-
gration « choisie plutôt que subie » ?
© De Boeck

© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 23/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


FRASER (Nancy), Qu’est-ce que la justice sociale ? Reconnaissance et
- cairnSupérieur

redistribution, Paris, La Découverte, coll. « Textes à l’appui/Politique


convertisseurs

et sociétés », 2005, 178 pages.


Édition établie, traduction et introduction par Estelle Ferrarese.
| Téléchargé

Par Stéphane HABER


- - 10.0.0.132

Université de Besançon
le 23/12/2020

Cette anthologie des travaux récents de N. Fraser, excellemment présentée par Estelle
Ferrarese, permettra au lecteur francophone de se familiariser avec la pensée d’une
représentante importante de la théorie sociale critique aux États-Unis. En effet, avec
- 16/12/2016

d’autres auteures (comme Seyla Benhabib ou Iris Marion Young), N. Fraser a su


prolonger l’héritage de l’école de Francfort en le faisant fructifier sur des terrains
sur www.cairn.info

nouveaux, comme ceux qui relèvent de la problématique multiculturaliste, des politi-


ques de l’identité ou du féminisme. Porté par une argumentation claire et précise, cet
12h17. © De(IP:

ouvrage dessine les contours d’une position convaincante et solide, aux riches résonan-
ces théoriques et aux implications politiques nombreuses.
Si cet ouvrage vient à son heure, c’est aussi en raison d’un trait particulier de la
conjoncture théorique actuelle en France. La diffusion progressive des travaux d’Axel
Boeck

Honneth, les prolongements créatifs que des auteurs comme Emmanuel Renault leur ont
207.241.231.83)
Supérieur
992122_Politix_p231p252_EL Page 241 Jeudi, 2. mars 2006 1:43 13

Notes de lecture 241

donnés (L’expérience de l’injustice. Reconnaissance et clinique de l’injustice, La Découverte,


2004), la pénétration du vocabulaire de « la demande de reconnaissance » dans les
disciplines sociologique et psychologiques, mais aussi dans le journalisme et chez les
acteurs sociaux eux-mêmes, constituent des phénomènes importants de la dernière
décennie. Certes, A. Honneth lui-même, l’auteur qui a élaboré ce thème avec le plus
d’ampleur (La lutte pour la reconnaissance, Cerf, 1992), s’était acheminé vers le para-
digme de la reconnaissance pour des raisons qui relèvent plus de développements
internes au champ philosophique (principalement, les difficultés propres aux
conceptions habermassiennes) que véritablement politiques. Il n’admettait pas
d’opposition irréductible entre la lutte pour la reconnaissance et la lutte contre
l’exploitation économique : il s’agit là pour lui de deux aspects d’un même phéno-

Document téléchargé depuis www.cairn.info - cairn convertisseurs - - 10.0.0.132 - 16/12/2016 12h17. © De Boeck Supérieur
mène. Plus prudent que Charles Taylor, il ne va pas jusqu’à opposer l’économique et
le culturel – par exemple en contestant le primat du principe de redistribution écono-
mique sous prétexte que celui-ci risque d’universaliser et donc d’imposer certaines
normes de conduite propres aux groupes sociaux (surtout ethniques pour C. Taylor)
dominants et donc de produire de l’humiliation. Mais son approche philosophique,
Document téléchargé depuis www.cairn.info

surtout dans les pays de langue anglaise, est vite entrée en résonance avec certaines
évolutions culturelles et sociales contemporaines moins capables de respecter ces
nuances. Le thème de la reconnaissance s’est ainsi progressivement imposé comme
l’une des cautions théoriques majeures des courants pour qui la lutte contre les stig-
matisations culturelles d’identités bafouées est devenue la priorité absolue. La criti-
que fraserienne d’A. Honneth, qui constitue le point de départ de l’ouvrage, apparaît
surdéterminée par ce contexte, essentiellement américain : celui d’une remise en
cause de l’État-Providence associée à une visibilité accrue des problématiques cultu-
ralistes et identitaires. Elle peut ainsi se comprendre à partir de la volonté de résister
au poids exercé par l’alliance contre-nature, mais historiquement effective, entre néo-
libéralisme et revendications identitaires fortes.
© De Boeck

© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 23/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


Car ce que N. Fraser reproche essentiellement aux constructions normatives axées
sur le phénomène de la reconnaissance, c’est qu’elles accompagnent et encouragent un
désinvestissement intellectuel et bientôt pratique sur le redressement des inégalités
- cairnSupérieur

socio-économiques. Ce faisant, elles dévoilent leur compréhension partielle de la


notion de justice. Il est vrai que celle-ci est fuyante et que ses limites restent insaisissa-
convertisseurs

bles. Ainsi, pour aller immédiatement au problème le plus difficile, lorsque nous met-
tons en cause un déni de reconnaissance socialement conditionné, dénonçons-nous
une injustice comme une autre ou bien nous engageons-nous dans un type de concep-
| Téléchargé

tualisation irréductible aux modèles que commande le paradigme de la justice, avec son
imaginaire de la distribution, des droits et des biens attribués en juste proportion à cha-
- - 10.0.0.132

cun, parfois des réciprocités rationnelles et des échanges entre sujets à la fois respec-
tueux des prérogatives de leurs prochains et soucieux de leur intérêt bien compris ? Sur
le 23/12/2020

cette question, les auteurs actuels se répartissent sur une échelle qui va de ceux qui pen-
sent que le déni de reconnaissance n’est qu’une forme particulière d’injustice, jusqu’à
ceux qui souhaitent relativiser (A. Honneth) ou même contester l’emprise que garde sur
- 16/12/2016

les esprits le modèle de la justice (C. Taylor) (au nom de la prise en compte de ce déni),
en passant par ceux qui estiment qu’il s’agit de maintenir le primat de la justice – tout
sur www.cairn.info

en la décrochant du modèle libéral-individualiste dominant (I. M. Young) ou bien en


admettant la pluralité ainsi que la relativité contextuelle de sa mise en œuvre historique
12h17. © De(IP:

(M. Walzer). Pour N. Fraser, la subsomption du déni de reconnaissance sous la catégo-


rie générale d’injustice va de soi : dans ce cas, « l’injustice est le produit des modèles
sociaux de représentation, d’interprétation et de communication, et prend les formes
de la domination culturelle (être l’objet de modèles d’interprétation et de communi-
Boeck

cation qui sont ceux d’une autre culture, et qui sont étrangers ou hostiles à la sienne
207.241.231.83)
Supérieur

73
992122_Politix_p231p252_EL Page 242 Jeudi, 2. mars 2006 1:43 13

242 Notes de lecture

propre), de la non-reconnaissance (devenir invisible sous l’effet de pratiques autoritai-


res de représentation, de communication ou d’interprétation de sa propre culture) ou
de mépris (être déprécié par les représentations culturelles stéréotypiques) ou dans les
interactions quotidiennes » (p. 17).
Pourtant, il ne s’agit pas de nier la différence bien réelle qui existe, au sein de l’injus-
tice, entre inégalité socio-économique et non-reconnaissance. Ainsi, certains groupes
semblent s’approcher du type idéal de la victime de préjugés et de stéréotypes culturels
dévalorisants (les homosexuels par exemple), tout en pouvant appartenir aux différen-
tes classes sociales, tandis que d’autres semblent incarner le modèle de la classe ou du
groupe exploité ou exclu, au vu des critères économiques habituels. Mais empirique-
ment – et la simple mention du concept de discrimination suffit à le faire comprendre –,

Document téléchargé depuis www.cairn.info - cairn convertisseurs - - 10.0.0.132 - 16/12/2016 12h17. © De Boeck Supérieur
les inégalités économiques et les dénis de reconnaissance coexistent et, d’ailleurs,
s’entretiennent réciproquement. Comme le montrent le problème de l’inégalité de
genre et celui des minorités ethniques appauvries, ils forment des syndromes particuliè-
rement difficiles à éradiquer qui opposent de nombreux obstacles aux politiques correc-
Document téléchargé depuis www.cairn.info

trices. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’action politique ne peut viser qu’à une
éradication conjointe de ces deux formes de l’injustice.
Partant de cette position, N. Fraser, sur le plan théorique, croit pouvoir résoudre la
difficulté classique des théories de la reconnaissance : le fait qu’elles soient obligées
d’admettre, au moins en un premier temps, la légitimité de tous les désirs de reconnais-
sance. Sans même insister sur le caractère contre-intuitif, au point de vue moral, de
cette position (un désir de reconnaissance qui aurait besoin de l’abaissement d’autrui
ou s’exprimerait sous la forme d’une intention criminelle mérite-t-il tant que cela notre
considération ?), il suffit de rappeler ici l’argument que Hobbes élaborait dans le cadre
d’une anthropologie des passions : d’une part, ces désirs sont par nature insatiables et,
d’autre part, ils entrent nécessairement en concurrence les uns avec les autres. La thèse
de Fraser est que nous ne pouvons évaluer et hiérarchiser les aspirations à la reconnais-
© De Boeck

© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 23/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


sance – et il faut bien le faire, ne serait-ce que du point de vue réaliste de la mise au
point des agendas politiques – qu’en sortant du modèle de la reconnaissance lui-même.
- cairnSupérieur

Il faut revenir à l’idée d’une société conçue comme un ensemble (par opposition à la
psychologisation tendancielle des théories de la reconnaissance) et surtout à la perspec-
convertisseurs

tive égalitariste du droit moderne compris de façon démocratique : le désir de recon-


naissance est légitime lorsque la mise en place d’institutions ou de dispositifs qui y
répondraient procurerait un gain réel en termes d’amélioration globale de la qualité de la
| Téléchargé

délibération démocratique. Dans cette perspective, ne plus être humilié, c’est avant tout
pouvoir devenir un citoyen au sens fort, avoir une chance d’acquérir les dispositions et
- - 10.0.0.132

les compétences qui permettront de participer effectivement à la construction politique


de l’existence collective. Et non pas devenir capable de se réaliser soi-même. « Dans ma
le 23/12/2020

conception écrit ainsi le philosophe américaine […], le déni de reconnaissance est


affaire de manifestations publiques et vérifiables d’obstacles au statut de membres à part
entière de la société imposés à certaines personnes, et ces obstacles sont moralement
- 16/12/2016

défendables, qu’ils distordent ou non la subjectivité. » (p. 51)


sur www.cairn.info

Ainsi, avec N. Fraser, le mouvement de l’école de Francfort, désormais classique, qui


va de la conception habermassienne de la vie sociale traversée par les opérations du lan-
gage ordinaire et de sa créativité, à la théorie honnethienne de la reconnaissance,
12h17. © De(IP:

n’apparaît-il plus comme fatal. L’évolution actuelle de la théorie critique peut être
appréhendée d’une façon plus contrastée que celle que suggèrent les schémas unilinéai-
res en vogue. Ainsi, ce qu’il y de typiquement habermassien dans l’ouvrage de Fraser,
c’est d’abord une confiance dans le caractère à la fois primordial et englobant du concept
Boeck

de justice lorsqu’il s’agit de décider de la valeur des institutions les plus importantes ou
207.241.231.83)
Supérieur
992122_Politix_p231p252_EL Page 243 Jeudi, 2. mars 2006 1:43 13

Notes de lecture 243

les plus caractéristiques d’une société. C’est ensuite la défense d’un concept politique de
justice : le fait qu’une société puisse être qualifiée de juste n’est pas indépendant de la
capacité qu’ont les membres qui la composent de vouloir être non seulement les bénéfi-
ciaires des institutions justes qui coordonnent leurs activités, mais aussi leurs auteurs ; la
co-appartenance du juste (au point de vue matériel des effets des règles sociales en
vigueur) et du légitime (au point de vue procédural de la source de ces règles) doit être
réaffirmée. En fait, c’est surtout ce concept démocratique de justice politique – cette
idée qu’il est constitutif de la justice de ne pas être octroyée, mais revendiquée, voulue et
mise en œuvre par les intéressés eux-mêmes – qui rattache l’auteure de Qu’est-ce que la
justice sociale ? à Habermas. Le pouvoir de participer aux délibérations dans lesquelles la
vie sociale est amenée à se critiquer et à se transformer doit rester le critère ultime en

Document téléchargé depuis www.cairn.info - cairn convertisseurs - - 10.0.0.132 - 16/12/2016 12h17. © De Boeck Supérieur
théorie politique normative, englobant la reconnaissance elle-même.
En même temps, N. Fraser ne se borne pas à revenir aux thèses habermassiennes.
Dans un texte remarquable qui figure dans cette anthologie (« Repenser l’espace
public »), elle propose ainsi une fine critique de l’approche du phénomène de la publicité
Document téléchargé depuis www.cairn.info

politique proposée dès le début des années 1960 par le philosophe de Francfort dans
L’espace public, approche ensuite complexifiée et modifiée, mais dont il a toujours main-
tenu les grandes orientations. Aiguillonnée par la critique féministe, Fraser estime qu’il
faut d’abord passer d’un modèle unitaire à un modèle pluraliste (capable de concevoir
des espaces publics fragmentés, périphériques, dominés) et, ensuite, être capable de don-
ner un sens plein aux luttes qui, en amont, visent à produire les conditions d’une délibé-
ration digne de ce nom. Certes, la construction de Habermas est capable d’absorber
l’essentiel de ces objections et de ces propositions, et il en a été tenu compte dans des tra-
vaux récents comme Droit et démocratie. Reste une différence profonde entre les deux
auteurs : là où le philosophe de Francfort – mû à l’origine par l’intention d’échapper à
l’économisme marxiste et à la méconnaissance du politique qui lui était inhérent – insiste
surtout sur le fait que la discussion constitue un espace distinct, régi par des règles pro-
pres et absolument spécifiques, Fraser veut rester sensible au caractère inachevé de cette
© De Boeck

© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 23/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


autonomie. Pour elle, la porosité des frontières de l’espace public est même à la fois fac-
tuellement inévitable et normativement nécessaire, car c’est elle qui garantit l’intérêt que
- cairnSupérieur

prennent les citoyens à la correction des injustices. « La relation entre la publicité et le


statut est plus complexe que Habermas ne le laisse entendre, conclut-elle […] ; il ne suf-
convertisseurs

fit pas d’affirmer qu’une arène de discussion est un espace où les statuts sociaux existants
sont mis entre parenthèses et neutralisés pour qu’il en soit ainsi. » (p. 115)
Or, pour que cette dynamique de correction volontariste des inégalités puisse se
| Téléchargé

mettre en marche, il faut, de nouveau contre Habermas (celui de Droit et démocratie),


affirmer que la division du pouvoir entre, d’une part, une société civile mobilisée et
- - 10.0.0.132

créatrice mais qui ne gouverne pas et, d’autre part, une machinerie étatique réceptive
aux délibérations mais fonctionnant selon des règles qui restent les siennes, n’est pas
le 23/12/2020

satisfaisante. Elle reste prisonnière d’une conception trop étroite du mode d’exercice de
la souveraineté populaire dont il y a lieu de penser qu’elle constitue une des racines de la
persistance des injustices, ou, du moins, des échecs des politiques visant à corriger celles-ci.
- 16/12/2016

De ce point de vue, une partie de l’héritage libéral, encore relayé par Habermas au sein
sur www.cairn.info

d’une vision de la démocratie qui se veut pourtant radicale, doit être liquidée. « Le
modèle libéral de l’espace public bourgeois […] favorise ce que j’appellerai les publics
faibles, les publics dont les pratiques de délibérations consistent exclusivement en la for-
12h17. © De(IP:

mation d’une opinion et ne comprennent pas la prise de décision. » (p. 140) C’est ainsi
que la relativisation du cadre national que Fraser a finalement en tête, en tant qu’elle
conditionne désormais la possibilité de supprimer les injustices, pourra être envisagée :
une relativisation à la fois par le bas (la démocratie locale), et par le haut (la démocratie
Boeck

transnationale), qui permettra peut-être l’invention de publics forts.


207.241.231.83)
Supérieur

73

Vous aimerez peut-être aussi