Conflit Au Cambodge
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MEMOIRE DE GEOPOLITIQUE
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LES CONFLITS AU CAMBODGE
SOMMAIRE
I LA DIVERSITE DU CAMBODGE
11 UN CADRE PHYSIQUE CONTRASTE
12 UNE POPULATION HETEROGENE ET DE FAIBLE DENSITE
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Introduction .
Sur le drapeau bleu et rouge, les cinq tours d’ANGKOR VAT en blanc ( vue aérienne)
témoignent d’une splendeur passée du Cambodge qui au cours de l’histoire s’est
réduit comme une peau de chagrin. Sa situation géographique et ses immenses
richesses naturelles créent la jalousie et surtout la volonté de conquête de ses
voisins . Ces derniers ont fait subir au Cambodge de lourdes tragédies durant des
siècles. Depuis 1970, date à laquelle le prince Norodom Sihanouk est renversé et
surtout depuis l’extension de la guerre Américaine du Vietnam au Cambodge, ce
pays vit un nouveau drame.
Le paroxysme est atteint entre 1975 et 1978 . Pendant cette période, la folie Khmer
Rouge a tué et laissé mourir de faim plus de 3 millions de victimes . Le nouveau
régime communiste installé à PHNOM PENH par Hanoi en Janvier 1979 est
d’obédience soviétique. L’espoir mis par la population dans les vietnamiens qui les
ont sauvés d’une mort certaine disparaît lorsqu’elle comprend que l’intervention
vietnamienne se transforme en occupation militaire, en installation de colons, en
ouverture de prisons publiques, en interdits religieux. Enfin, le travail obligatoire tuera
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Aidée par la Chine et la Thaïlande, la guérilla Khmer Rouge fait ensuite peau neuve.
En octobre 1991 : des accords de paix sont signés à Paris qui mettent un terme à la
fois à ce qu’on a appelé « la troisième guerre d’Indochine » et à une guerre civile
vieille de 21 ans. Confronté à des handicaps très lourds, le royaume Khmer semble
condamné par sa situation historique et actuelle à être un pays sous influence.
Quels sont les facteurs principaux qui poussent le Cambodge à tomber dans ce
drame récurrent ?
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I- LA DIVERSITE DU CAMBODGE :
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Le MEKONG, « la mère des eaux » prend sa source au mont Tibet à 5000 mètres
d’altitude. IL a la longueur de 4340 km. Il baigne le Laos sur 1865 km et le
Cambodge sur 500 km. Il coule du nord au sud . Le rôle joué par ce fleuve est
essentiel. Le MEKONG draine un bassin d’alimentation soumis au rythme des
moussons. Son débit au moment des crues est évalué à environ 60.000 m3/s et à
15.000m3/s en saison sèche. Le MEKONG dépose, chaque année sur les territoires
immergées en saison des hautes eaux une couche de limons fertiles qui favorise la
vie des êtres vivants et des plantes. Le trop plein d’eau ne pouvant être évacué vers
la mer est d’abord rejeté vers le TONLE SAP puis déborde dans la plaine . Le bassin
du TONLE SAP est donc un régulateur qui draine les eaux de la plaine centrale et
reçoit une grande partie des eaux du Mékong pour que des inondations fortes ne
puissent pas se produire pendant la saison des pluies . A la saison des basses eaux
, le TONLE SAP refoule ses eaux vers la mer . Le TONLE SAP se vide peu à peu
mais les eaux qui y ont séjourné ont laissé en se retirant une partie de leur richesse,
du limon pour assurer la récolte du riz . Dans le TONLE SAP, la production de
poissons est l’une des plus importantes du monde (8 tonnes par km²). En 1989 la
production totale de poissons d’eau douce aurait été de 82.000 tonnes .
La population est peu dense. Ainsi, le problème majeur asiatique , celui d’un monde
surpeuplé n’existe pas au Cambodge .
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- Le type Khmer :
Le Khmer est grand par rapport aux autres ethnies de la péninsule Indochinoise . Le
Khmer est surtout agriculteur. Il construit sa maison sur pilotis au milieu de ses
rizières ..
- Le Khmer Islam :
- Les Vietnamiens :
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- Les Chinois :
Les Chinois se sont assimilés en pratiquant des mariages mixtes avec les
cambodgiens . Ils ont quitté leur pays pour former une nouvelle colonie . Ils font du
commerce, activité dans laquelle ils se révèlent très habiles et intelligents . Ils sont
réparateurs de bicyclettes , brocanteurs , restaurateurs , propriétaires des rizeries ou
d’autocars.
L’immigration chinoise est très ancienne , elle remonterait au premier siècle de notre
ère et ceux-ci étaient déjà nombreux à Angkor au 13ème siècle selon TCHOU TA
KOUAN (missionnaire chinois) . L’activité essentielle des Chinois réside dans le
commerce de détail et un artisanat divers et varié entièrement entre leurs mains.
Avec une population de 10,3 millions d’habitants en 1995 , le Cambodge est l’un des
pays Indochinois le moins peuplé .(densité 56,6habitants au km²) par rapport au pays
qui l’entourent .
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Il est certain qu’au 11ème siècle les ténèbres s’abattent sur le Cambodge . Pendant la
période des annales, sous le régime de PARAMATHAKHEMARAJA, les Siamois
(Thaïlandais) passent à l’attaque (1349-1369) . Le roi d’AYUTHYA (Siam)
entreprend le siège Angkor en 1357 . Au cours de cette longue agonie de seize mois
le roi du Siam mourut . L’armée siamoise victorieuse dévaste les récoltes , pille les
trésors et emmène les prisonniers Khmers en esclave . Le Cambodge aura été
gouverné successivement par trois rois siamois. Cependant, le roi cambodgien
réussit à chasser les Siamois six ans plus tard.
Vers 1404 , le roi Siam fit de nouveau un interminable siège d’Angkor . Une fois de
plus la région est dévastée et le conquérant retourne à son pays avec 40.000 captifs.
Ila laissé son fils comme gouverneur. Ce dernier est rapidement assassiné. Le roi
khmer a pris le pouvoir. Ce nouveau monarque réside à Angkor où il est sacré vers
1420 puis il s’installe à BASAN avant de s’établir , l’année suivante, à PHNOM
PENH. Le règne suivant est assombri par les luttes intestinales. Les Siamois en
profitent pour occuper KHORAT et CHANTABUN (dans l’Est de l’actuelle Thaïlande).
On y trouve aujourd’hui encore de très beaux temples de type Khmer. Profitant de la
discorde qui régnait dans la famille royale et dans le pays au sujet du jeune roi
mineur, les siamois tentent de s’emparer de LOVEK, nouvelle cité investie par le roi
Khmer et qui sera pillée deux ans plus tard .
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La route de l’amont est bloquée. Les Khmers se tournent vers l’aval, dans le delta,
qu’ils considéraient jusqu’alors comme une province mineure mais ils se heurtent à
un autre ennemi traditionnel, les Chams ( la prise d’Angkor par les Chams ne se
traduit pas seulement par le pillage du trésor royal et les biens des habitants. Ils
s’installent également comme maître dans Angkor). Le système religieux était
caduque. La lutte contre les Chams fut longue, pénible et sans merci . Pour les
prendre à revers, les Cambodgiens font alliance avec les Vietnamiens. Grâce aux
Vietnamiens, les Khmers anéantissent les Chams mais ce nouvel allié a les dents
longues car les Vietnamiens ne cesseront plus de grignoter le Cambodge, parvenant
peu à peu à arracher des portions du territoire Khmer. Les luttes intestinales contre
les agresseurs font perdre au Cambodge de nombreuses provinces.
A la fin du 17ème siècle, le seul membre vivant de la famille royale Khmer, le roi est
encore jeune. Il continue à diriger le royaume mais il est pris en étau entre un Siam
et un Vietnam, qui, enfin unifiés, décident de contrôler, chacun à son profit, le bassin
du Mékong en mettant sous tutelle la couronne Cambodgienne.
Malgré les difficultés, le roi Khmer réussit à mettre en place une politique de
redressement et de modernisation du Cambodge. Il desserre l’étau Siamo-
Vietnamien en s’ouvrant sur les réseaux de la mer de Chine. Depuis 1779, les rois du
Cambodge sont couronnés en Thaïlande et le Vietnam réclame aussi la suzeraineté.
Alors à ce moment , éclate une guerre qui ne prend fin qu’en 1834 quand le royaume
Khmer devient le vassal du Siam et du Vietnam.
2 2 – Le voile idéologique :
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les rivalités territoriales pouvaient être plus importants. La guerre qui éclata entre les
Khmers Rouges et les communistes vietnamiens pour le contrôle d’une partie du
delta du Mékong contribua fortement à la réapparition du mot géopolitique pour
désigner les antagonismes beaucoup moins idéologiques que territoriaux.
La bipolarité avait figé en quelques sortes les conflits géopolitiques. Deux blocs
idéologiques relativement cohérents s’affrontaient par guerres interposées, en
général dans le pays du Tiers-Monde que la fragilité économique et politique rendait
facile à instrumentaliser.
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Mais dix ans plus tard, lorsque les protagonistes du conflit Cambodgien et leurs
soutiens étrangers se sont rencontrés à Paris (juillet - août 1989) pour négocier un
règlement de paix, les efforts se sont brisés sur l’attitude intransigeante des parties
Khmères. Malgré une amélioration spectaculaire de leurs relations, ni les Soviétiques
ni les Chinois ne purent imposer un règlement à leurs alliés récalcitrants. En fait cette
conférence de Paris n’a fait que confirmer ce qui était amplement indiqué par le
déroulement de ce conflit vieux de onze ans, à savoir que, en dépit de l'implication
importante de puissances extérieures, la lutte au Cambodge n’était pas une guerre
« par procuration ».
Comment un pays pauvre et petit comme le Cambodge a-t-il pu devenir l’arène d’une
lutte des grandes puissances?
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26 – Rôle de la Chine :
Au cours des mois qui ont suivi la victoire des Khmères Rouges (1975) la Chine a
fourni au Cambodge une aide importante. Dans le même temps, Pékin refusait une
nouvelle aide au Vietnam sous le prétexte de difficultés économiques. Bien que le
leadership pragmatique qui émergeait en Chine en 1978 ait été gêné par la politique
ultra gauchiste poursuivie par les Khmères Rouges, la Chine a néanmoins offert son
assistance totale à PHNOM PENH dans sa confrontation avec le Vietnam.
Si le Cambodge était devenu une partie du bloc Indochinois la Thaïlande aurait été
obligée de conclure des accords avec le groupe dirigé par Hanoi, entraînant la
disparition des possibilités d’effet de levier de la Chine sur les pays continentaux du
Sud-Est asiatique.
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La politique que Pékin a poursuivie depuis la prise de PHNOM PENH par l’armée
d’invasion vietnamienne le 7 janvier 1979 a consisté à maintenir une pression
militaire sur Hanoi et à tenter de l’isoler de l’aide internationale, y compris de celle
provenant de l’URSS. Pour atteindre ce but, le principal élément de la stratégie de la
Chine a été de consolider les restes du Kampuchéa démocratique, de reconstruire sa
capacité de lutte armée et de défier les Vietnamiens sur les champs de bataille du
Cambodge comme devant les instances internationale. On estime que la Chine a
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beaucoup dépensé au cours des onze dernières années pour aider les Khmers
Rouges. Le principal allié de la Chine dans cette opération a été la Thaïlande, qui
voyait une menace directe contre sa sécurité dans l’occupation vietnamienne du
Cambodge.
Avec l’ouverture des pourparlers de normalisation avec Moscou en 1982 apparut une
quatrième composante de la stratégie chinoise, une pression directe sur les
Soviétiques pour qu’ils mettent fin à l’occupation vietnamienne au Cambodge. Bien
que son soutien apporté aux Khmers Rouges ait été une source de difficultés
diplomatiques pour Pékin la profonde antipathie des Khmers rouges à l’égard du
Vietnam faisait de la permanence de leur rôle au gouvernement du pays une
garantie solide contre l’hégémonie de Hanoi en Indochine. Aussi, malgré une
pression internationale grandissante pour qu’ils abandonnent les Khmers Rouges,
les Chinois sont restés fermes sur leurs positions et ont insisté pour que ces
derniers fassent partie d’un gouvernement quadripartie provisoire avant qu’ils ne
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mettent fin à leur aide militaire. Ainsi la Chine a réussi à obtenir l’isolement et
l’affaiblissement du Vietnam et le retrait de ce dernier du Cambodge.
Si le Vietnam est actuellement l’une des nations les plus pauvres de cette terre et
diplomatiquement l’une des plus isolées, la Chine peut considérer qu’elle en est l’un
des artisans.
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Dressée contre ce vassal prétentieux et ingrat qui à divers titre la nargue et non
content de s’être allié à l’URSS, elle envahit le Cambodge pour régler une fois pour
toute leur compte aux Khmers Rouges, ses anciens alliés. La Chine fomente donc
une coalition hétéroclite, englobant d’une part les nationalistes Khmer, prince
Sihanouk en tête et les innombrables mouvements que l’opposition interne aux
gouvernements de Hanoi suscite, d’autre part la Thaïlande et avec elle tous les pays
de l’ANSEA, qui, bien que méfiants envers la Chine populaire, sont unanimes à
condamner l’agression vietnamienne contre PHNOM PENH. Enfin, même les Etats
Unis, lointains et discrets dès lors qu’il s’agit d’un conflit entre communistes où ils ne
peuvent décemment apparaître comme soutiens de Pol Pot et de son régime mais
inquiets de l’avancée aérienne et navale des Soviétique et de leur implantation à
proximité des détroits et des bases américaines en Philippine.
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Bien que Moscou ait décidé de soutenir les ambitions vietnamiennes en 1977-1978,
il devient rapidement évident que les intérêts soviétiques et vietnamiens n’était pas
complémentaires. La mise en place d’un régime à sa solde pouvait satisfaire les
problèmes de sécurité du Vietnam, mais elle ne fournissait à Moscou que peu
d’avantage stratégique.
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LES CONFLITS AU CAMBODGE
Moscou fait pression sur le Vietnam pour qu’il annonce une date de fin du retrait de
ses troupes du Cambodge et achève ce retrait rapidement. La preuve la plus
intéressante de la pression soviétique sur le Vietnam pour qu’il accélère son retrait
au cours de la visite de Linh à Moscou. La position conciliante des soviétiques et
l’action des vietnamiens convainquent la Chine. Comme la déclaration en 9 points
sur le Cambodge émise au cours du voyage de Checardnadzé en Chine en février
1989 l’a montré, des différences substituaient. Mais les deux puissances en étaient
arrivées à une compréhension mutuelle suffisante pour ne plus considérer les
différences comme d’importance fondamentale. La déclaration conjointe sur le
Cambodge, en fait, fut utilisée pour dégager formellement la voie pour le sommet
Sino-Soviétique de Mai 1989.
Après la chute du régime Lon Nol et l’arrivée des Khmers Rouges en Avril 1975,
Washington croyait pouvoir désormais reléguer le Cambodge dans l’oubli.
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A partir de l’an 1987, une gêne de plus en plus grande régnait à Washington en
raison de la faiblesse continue de la résistance non communiste et du
découragement politique du camp de Son San, alors que le pouvoir des Khmers
Rouges paraissait grandir.
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refusa de rompre avec les Khmers Rouges, prétendant qu’un accord sans eux
entraînerait une guerre civile.
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Tout au long des années soixante, la Chine pousse le Vietnam à adopter une
stratégie de guerre prolongée, craignant les risques d’escalade où la Chine pourrait
être impliquée contre son gré. Le Vietnam savait déjà qu’il ne pouvait compter sur un
engagement direct de la Chine et sembla se rapprocher de plus en plus de l’URSS
qui lui fournissait des armements modernes en grande quantité, susceptible de lui
permettre de mener une guerre plus offensive à laquelle la Chine n’était pas
favorable.
Dès le mois de Mai 1975, des unités Khmers Rouges attaquaient des villes
frontalières de la province vietnamienne de Tay Ninh dans le nord du Bec de canard.
D’autres forces lançaient une attaque contre les îles Tho Chu et Pho Quoc. Les
Vietnamiens contre –attaquèrent et repoussèrent les Khmers Rouges. A travers ces
opérations on devinait que les rapports fraternels entre régime révolutionnaire allait
être mis à rude épreuve. On peut relever trois facteurs à l’origine de ces
affrontements et de la détérioration subséquente des relations khméro-
vietnamienne :
1- L’existence d’un différent frontalier ancien et délicat .
2- La crainte cambodgienne de l’expansionnisme vietnamien,
augmentée par une idéologie ultra nationaliste.
3- La crainte du Vietnam d’être pris en tenaille entre la Chine au
nord et le Kampuchéa au sud.
Le différent frontalier était à la fois maritime et terrestre, mais c’est de loin ce dernier
qui compta le plus durant ces quelques années d’affrontements sporadiques. En fait
le régime Khmer Rouge ne réclamait rien de moins que l’ensemble de la
Cochinchine, autrefois cambodgienne et dénommée Kampuchéa Krom. Les Français
avaient reconnu le statut particulier de ce territoire et les Cambodgiens du temps
même du prince Sihanouk avaient demandé le rattachement de ce territoire au
Cambodge. Or en 1949 la Cochinchine fut intégré à l’Etat uni du Vietnam (mais pas
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Selon les Khmers Rouges, une formation politique nationale de leur peuple pouvait à
la fois intimider les Vietnamiens et réveiller la grandeur passée du peuple Khmer. Pol
Pot confiait à des journalistes en mars 1978 que le Vietnam avait l’ambition de
« s’emparer de tout le Cambodge, en l’intégrant à une fédération Indochinoise ». Le
risque étant alors que « le peuple du Cambodge ne devienne une simple minorité
nationale ». Alors les Khmers Rouge fixent leurs objectifs : « Nous devons non
seulement arrêter les Vietnamiens et les repousser de notre territoire mais aussi
prendre les devants et franchir la frontière pour les anéantir sur leur propre sol. Cela
afin de leur causer davantage de problèmes et d’augmenter la crainte qu’ils ont de
nous. Ainsi au bout de quelque temps, ils n’oseront plus envahir notre pays et ce
sera à leur tour d’être sur la défensive ».
De son côté, le Vietnam craignait par dessus tout d’être pris en tenaille entre la Chine
et le Cambodge prochinois au sud . Le Vietnam n’avait certainement pas oublié que
depuis presque mille ans (le Vietnam se dégagea de la tutelle chinoise au X° Siècle)
les guerres sino –vietnamiennes avaient pratiquement toutes été liées à des conflits
entre le Vietnam et ses voisins du Sud (royaume du Champa , du Cambodge ou du
Siam) .
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L’espoir n’est que de courte durée, les américains annoncent l’arrêt de leur aide. Le
premier janvier 1975, les Khmers Rouges lancent une nouvelle offensive avec l’aide
des forces nord-vietnamiennes. La capitale de PHNOM PENH est de nouveau
encerclée et bombardée. Le 1 er janvier 1975, le Maréchal Lon Nol quitte le pouvoir et
s’exile.
Le 17 avril 1975, les forces Khmers Rouges entrent dans la capitale. La première
décision des nouveaux dirigeants cambodgiens est de vider les villes de leurs
occupants. Un exode massif débute. Le peuple cambodgien est soumis à un régime
de travaux forcés sur l’ensemble du pays. Les élites de l’ancien régime (
fonctionnaires, officiers, médecins, intellectuels ….) sont systématiquement
recherchées et exécutées. Les Khmers Rouges désorganisent totalement le pays et
la famine domine dans toute la société. Cet exode forcé va tuer les malades,
infirmes, femmes enceintes, enfants et les vieillards. Les Khmers Rouges ont tué et
laissé mourir de faim près de 3 millions de personnes. Le parti communiste, avec à
sa tête Pol Pot, dirige le Cambodge d’une main de fer au sens propre et figuré, en
appliquant l’idéologie pure et dure. Le pays se ferme à l’occident et à la presse.
Les atrocités commises par les Khmers Rouges fournissent aux Vietnamiens ce que
l’on appelle « le moment propice » pour intervenir militairement au Cambodge sous
couvert d’assistance humanitaire. Pourtant, rien ne fut plus éloigné de l’esprit des
dirigeants vietnamiens que l’idée d’une intervention armée au Cambodge afin de
sauver le peuple Khmer de l’auto-génocide. Ce thème de propagande fut toute fois
utilisé largement par les responsables vietnamiens à partir du milieu de l’année 1978.
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Bien que paraissant avoir investi plus de deux milliards de dollars dans une
pacification manquée du Cambodge, l’ONU depuis 1993 a toutefois contribué à
ouvrir la voie du mariage de raison entre la monarchie qui demeure encore et l’Etat
du Cambodge, dont la mise en place s’est amorcée dans les années 80 sous la
protection et le soutien du Vietnam. Les Cambodgiens ont voté sans crainte pour
élire leurs députés.
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députés dont ils espèrent la paix et la stabilité. Cette campagne a été beaucoup
moins violente que celle de 1993 . Ce scrutin représente donc un grand jour pour la
démocratie au Cambodge.
La médiation du roi Norodom Sihanouk demeure un élément clef pour une solution
du conflit entre les groupements politiques rivaux au Cambodge. Le roi est
actuellement en train de jouer un rôle de médiateur et s’il n’y arrive pas , personne ne
pourra le faire.
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CONCLUSION :
Le Cambodge aborde cette année une nouvelle page de son histoire. Les
mouvements armées de l’opposition regroupés au sein d’un gouvernement ont
appliqué le plan de paix tracé par l’accord de Paris. Les principaux adversaires d’hier
semblent s’entendre, sans rappeler les faits et les erreurs commis dans le passé par
chacun deux.
La disparition de Pol Pot a pratiquement clos les activités militaires des Khmers
Rouges. La politique gouvernementale de Hun Sen a permis le ralliement progressif
des principaux dirigeants Khmers Rouges et la soumission des forces armées du
Kampuchéa Démocratique aux Forces Armées Royales Khmères (FARK). La guérilla
commandée par le chef de guerre Ta Mok est militairement anéantie. De plus le
jugement des divers responsables Khmers Rouges constitue un pas nécessaire vers
la réconciliation nationale, vers l’établissement d’un Etat de droit dans un pays où la
société a été déstructurée par trente années de guerres et de massacres.
Les élections législatives de juillet 1998 ont constitué un mouvement important pour
le Cambodge. A la différence celles de 1993, leur organisation était de la seule
responsabilité des autorités cambodgiens. Le scrutin a été jugé libre et équitable par
le groupe conjoint des observateurs internationaux. Ces élections ont permis la mise
en place d’une nouvelle Assemblée et l’investi d’un nouveau gouvernement. Ensuite,
le nouveau gouvernement s’est mis au travail avec détermination pour commencer à
mettre en œuvre son programme de développement du pays. La lutte contre la
pauvreté est son premier objectif. La mobilisation de l’aide internationale est aussi
essentielle pour poursuivre la reconstruction du tissu social, économique et les
infrastructures.
La population Khmère qui vient de sortir d’une période de guerre chronique, veut et
voudra déjouer la guerre.
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Ces trois éléments permettent, pour les cambodgiens épris de pays, de fonder les
espoirs dans une stabilité durable sans laquelle aucun développement n’est possible.
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BIBLIOGRAPHIE
3 – Extrait revue politique étrangère, Paris IFRI n°4 (par Chanda Nayan ).
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