Fiche P Dagogique - T Moignage - L'autorit Par La Confiance
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Marie Beretti
TÉMOIGNAGE
YVES BORNARD
enseignant en Segpa
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L’ autorité par la confiance
Segpa
Les enseignants qui interviennent en classe de Segpa (Section d’enseignement
général et professionnel adapté) sont au moins pour moitié des enseignants du
premier degré. Ils peuvent être spécialisés, titulaires du CAPPEI (Certificat d’aptitude
professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive), anciennement CAPA-SH
(Certificat d’aptitude professionnelle pour les aides spécialisées, les enseignements
adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap). Ils sont chargés des
disciplines fondamentales (français, mathématiques, histoire-géographie, anglais).
Les autres sont des enseignants du second degré, pour certaines disciplines spécifiques
(musique, technologie, etc.), et des enseignants de lycée professionnel.
La Segpa accueille les jeunes de la 6e à la 3e présentant des difficultés scolaires
importantes et persistantes. Chaque classe regroupe seize élèves maximum.
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Témoignage
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Témoignage
il faut que ce soit un temps court : il faut que ce soit très clair pour
l’élève, ce n’est pas de l’oppression, ce n’est pas de la surveillance.
C’est 15 jours, 3 semaines maximum. Ensuite, il doit le faire avec
tous les enseignants. Et puis à la fin, l’enseignant de la classe
(l’enseignant référent) fait un bilan. Pour qu’il perçoive bien ce
qu’on attend de lui et les progrès qu’il a réalisés.
Et puis tous les enseignants le remplissent, ça aussi c’est impor-
tant. Si un enseignant ne l’a pas fait, par exemple parce que
l’élève a oublié sa fiche, l’élève revient le lendemain : parce qu’il
faut impérativement que ce soit rempli par tous, en plus de l’en-
seignant référent qui valide en fin de semaine. Et ça marche : je
pense à deux élèves, en ce moment, je vois clairement le progrès
depuis la mise en place de la fiche de suivi.
Ce qui ne marchait pas dans l’usage qu’on en avait avant, c’était
une multitude de facteurs : le fait que ça vienne du prof, que
c’était fait un peu rapidement, ou une fois sur deux, le fait qu’il
n’y avait pas de retour en fin de semaine, ou que l’élève oubliait
et qu’au final, il n’y avait pas de répercussion… Mais surtout,
c’était le fait qu’il n’y avait pas de responsabilisation de l’élève. En
résumé ce n’est pas l’outil qui fait la confiance, c’est plutôt l’atti-
tude avec laquelle on l’utilise et la manière de le faire fonctionner.
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mais plutôt avec l’idée qu’il fallait que je rende explicite ce que
j’avais dans la tête. Je vois bien que le fait de dire ce qu’on pense,
nos émotions, c’est primordial.
C’est important d’être transparent pour qu’ils arrivent à voir qui
je suis. Il n’y a pas de manipulation. Il y a des ruses pédagogiques,
mais c’est un geste professionnel. Après, je ne peux pas vous dire
pourquoi j’ai pris la décision de tout leur dire ce jour-là, leur dire
que je m’inquiétais, qu’il ne fallait pas démarrer de la même
manière… Alors encore une fois, ce n’est pas idyllique : il y a eu
des soucis, mais des soucis classiques, comme dans n’importe
quelle classe.
Au final, je n’ai pas eu la même expérience que le collègue de
l’année précédente, parce que lui, il était le seul : il était visé par
la classe. Le bordel, c’était ce cours, avec ce prof. Les autres, non.
Donc il ne fallait pas que je prenne cette place, qui était vacante :
la place du prof qui se fait « bordéliser ». Mais je me souviens bien
m’être demandé si je tapais du poing directement ou si je disais
tout. J’ai pensé que faire péter, je n’en avais pas les moyens, parce
que je n’avais pas d’autorité : je sortais de formation, j’avais fait
des stages en maternelle où je m’étais laissé largement dépasser.
Donc j’ai réfléchi, et je me suis dit : « Sois honnête, joue cartes
sur table. Tu verras bien comment ça se passe ». Il y avait notam-
ment une fille dans cette classe, assez bonne élève, rigolote…
un peu leader. Et je me disais : « Elle, il faut vraiment qu’elle
comprenne que je ne suis pas là pour l’embêter. Il faut qu’elle,
elle comprenne que ça va bien se passer, parce que je suis là pour
elle ». Donc j’avais ciblé un élément moteur. Et avec elle, ça a été
magique. C’est la première à avoir dit « Oui, c’était abusé l’année
dernière ». Et alors même que je ne les connaissais pas, ils se sont
mis à me parler… et j’étais surpris : ils étaient en train de me dire
la vérité, qu’ils avaient volontairement chahuté un collègue.
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BIEN VIVRE L’ÉCOLE
ISBN : 978-2-240-05506-4
ISSN : en cours
Réf : W0029189
14,90 €