23 1-Lam
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23 1-Lam
Pour faire face à une forte croissance des émissions de CO 2 des pays en développement, l’intégration de ces
pays dans le régime climatique post-Kyoto est cruciale. Il est donc nécessaire d’adopter une nouvelle
approche pour le principe des « responsabilités communes mais différenciées » et de sortir de
l’interprétation dualiste de ce principe retenue dans le Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des
Nations Unies sur les changements climatiques. En outre, pour surmonter les divergences entre les pays
développés et les pays en développement, la seule façon de procéder est de renforcer le transfert de
ressources financières et technologiques vers les pays en développement, ce qui leur permettra à la fois
d'améliorer leur situation socio-économique et de réduire leur impact négatif sur l'environnement global.
Dans ce sens, le Mécanisme pour un développement propre (MDP) et la Réduction des émissions liées à la
déforestation et à la dégradation des forêts (REDD) constituent les mécanismes clés afin d’intégrer les
pays en développement. En soulignant l’importance de ces mécanismes, l’article vise à préciser les
principaux points de la négociation: l’approche sectorielle liée au MDP, l’inclusion des activités de captage
et de stockage de carbone dans le MDP ainsi que les mécanismes de financement de la REDD (le marché
du carbone ou le mécanisme de fonds).
In order to cope with the strong increase of CO2 emissions in developing countries, particularly in emerging
countries, the integration of these countries in the post-Kyoto climate regime is crucial. To this end, it is
necessary to seek a new approach for the principle of "common but differentiated responsibilities" and
abandon the dualistic interpretation of this principle entrenched in the Kyoto Protocol to the United Nations
framework convention on climate change. In addition, in order to overcome divergences between
developed and developing countries, the only way forward is to strengthen the transfer of technology and
financial resources to developing countries, enabling them at the same time to improve their socioeconomic
status and reduce their negative impact on the global environment. In this sense, the Clean Development
Mechanism (CDM) and the United Nations collaborative program on reducing emissions from
deforestation and forest degradation (REDD) constitute the key mechanisms for the integration of
developing countries. By stressing the importance of these mechanisms, this article aims to clarify the main
points of negotiation, which are the cross-section approach to the CDM, the inclusion of carbon capture and
storage in the CDM as well as the funding modalities of REDD (the carbon market mechanism or fund-
based approach).
*
Doctorant en droit à l’Université de Rouen. Attaché temporaire d'enseignement et de recherche
(ATER) à l’Université de Caen Basse-Normandie. LL.M « Pratique européenne du droit » (Université
de Rouen et Université catholique du Portugal à Lisbonne). L’auteur peut être contacté à l’adresse
suivante : <[email protected]>. Mes remerciements à M. Philippe Guillot pour ses précieux
conseils et commentaires.
32 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
En outre, il faut ajouter que ce sont les pays en développement qui sont les
plus vulnérables et supportent l’essentiel des conséquences des changements
climatiques5. Du point de vue économique, le Rapport Stern sur l’économie des
changements climatiques considère que les coûts de la lutte contre les changements
climatiques sont importants, mais l’inaction serait dangereuse et beaucoup plus
coûteuse6. Donc, ce rapport appelle une action ambitieuse et immédiate pour lutter
contre les changements climatiques.
Pour atteindre l’objectif ultime de la CCNUCC7, conformément aux
1
Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, 9 mai 1992, 999 R.T.N.U.. 171
(entrée en vigueur : 21 mars 1994) [CCNUCC].
2
Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques [CCNUCC], Rapport de la
quinzième session de la Conférence des Parties tenue à Copenhague du 7 au 19 décembre 2009 :
Première partie, Délibérations, 30 mars 2010, FCCC/CP/2009/11, en ligne:
<http://unfccc.int/resource/docs/2009/cop15/fre/11f.pdf> [Conférence de Copenhague].
3
CCNUCC, Rapport de la seizième session de la Conférence des Parties tenue à Cancun du 29
novembre au 10 décembre 2010 : Première partie, Délibérations, 20 avril 2011,
FCCC/CP/2010/7/Corr. 1, en ligne: <http://unfccc.int/resource/docs/2010/cop16/fre/07c01f.pdf>
[Conférence de Cancun].
4
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Bilan 2007 des changements
climatiques : Rapport de synthèse, Genève, GIEC, 2007 à la p.70. [GIEC, Bilan 2007].
5
Programme des Nations Unies pour le développement, Rapport mondial sur le développement humain
2007/2008: La lutte contre le changement climatique: un impératif de solidarité humaine dans un
monde divisé, Paris, La Découverte, 2007 à la p. 2. [PNUD, Rapport mondial sur le développement
humain]..
6
R.-U., UK Treasury, Stern Review: the Economics of Climate Change par Nicholas Stern, Londres,
2006 à la p.vii. [R.-U., Stern Review].
7
CCNUCC, supra note 1, art. 2. prévoit que « l’objectif ultime de la présente Convention et de tous
instruments juridiques connexes que la Conférence des Parties pourrait adopter est de stabiliser,
conformément aux dispositions pertinentes de la Convention, les concentrations de gaz à effet de serre
dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 33
15
U.E., L’Agence européenne pour l’environnement, Annual European Union greenhouse gas inventory
1990 – 2008 and inventory report 2010, 2010 à la p.10, en ligne : European Environment Agency
<http://www.eea.europa.eu/publications/european-union-greenhouse-gas-inventory-2010>.
16
Ibid.
17
Vieillefosse, Le changement climatique, supra note 11 aux pp. 28-37.
18
Le Climate Change Performance Index (en anglais) est préparé par Germanwatch (une association
indépendante et apolitique) et par le Climate Action Network Europe (un groupe des organisations non-
gouvernementales dans le domaine des changements climatiques). Climate Change Performance Index
a pour objectif d’encourager la transparence au niveau national et international sur les efforts faits par
les pays pour atténuer les changements climatiques. Informations tirées de : Germanwatch et Climate
Action Network Europe, « Climate Change Performance Index : Results 2011 » (2010) en ligne :
<http://www.germanwatch.org/klima/ccpi11.pdf>.
19
À noter qu’aucun pays n’a obtenu les trois premières positions.
20
Asanga Gunawansa, « The Kyoto protocol and beyond : A south asian perspective » [Gunawansa, «
The Kyoto protocol »] dans Koh Kheng-Lian, Lye Lin-Heng et Jolene Lin, dir., Crucial issues in
climate change and the Kyoto protocol : Asia and the World, Singapour, World Scientific Publishing,
2010, 473 à la p. 485.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 35
financières et technologiques différentes des États pour y faire face. En second lieu,
l’utilisation de ce principe peut encourager une participation plus large des pays en
développement au regard d’un régime environnemental global 37. En fait, les pays en
développement trouvent peu d’avantages à l’acceptation des obligations
environnementales globales qui sont à la fois coûteuses et un obstacle à leur
développement économique. Par contre, les pays en développement exigent que les
obligations environnementales soient imposées aux pays développés qui,
historiquement, ont causé le problème. Pourtant, dans le contexte de
l’industrialisation rapide des pays en développement, les problèmes
environnementaux globaux, en particulier les changements climatiques, continuent de
s’aggraver. Donc, il est important que les pays en développement, notamment les pays
émergents, soient encouragés à participer aux accords environnementaux
internationaux aussi tôt que possible38.
Dans la pratique, le principe des « responsabilités communes mais
différenciées »39 a été largement reconnu par la communauté internationale dans la
protection de l’environnement en général et dans la lutte contre les changements
climatiques en particulier. La Déclaration finale de la conférence des Nations Unies
sur l’environnement40 a confirmé la nécessité de mettre à disposition des pays en
développement « une assistance internationale supplémentaire, aussi bien technique
que financière »41, pour préserver et améliorer l’environnement. Cette même année, en
1972, la Convention sur la prévention de la pollution des mers résultant de
l'immersion des déchets42 demande aux Parties contractantes de prendre « toutes les
mesures appropriées pour prévenir la pollution des mers due à l'immersion,
individuellement, selon leurs possibilités scientifiques, techniques et économiques »43.
En outre, en tenant compte « des intérêts et des besoins spécifiques des pays en
développement »44, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer 45 demande
aux Parties contractantes de promouvoir et fournir une assistance appropriée aux pays
en développement « dans les domaines de la science, de l'éducation, de la technique et
dans d'autres domaines, en vue de protéger et de préserver le milieu marin et de
prévenir, réduire et maîtriser la pollution marine »46. La CNUDM a également prévu
37
Sophie Lavallée, « Le principe des responsabilités communes mais différenciées à Rio, Kyoto et
Copenhague : Essai sur la responsabilité de protéger le climat » (2010) 41 Études internationales, 51 à
la p. 54 [Lavallée, « Le principe des responsabilités communes mais différenciées »].
38
Duncan French, « Developing States and International Environmental Law: The Importance of
Differentiated Responsibilities » (2000) 49 International and Comparative Law Quarterly, 35 à la p.
57.[French, « Developing State »].
39
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
40
Déclaration finale de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement, 16 juin 1972, en ligne :
Programme des Nations Unies pour l’environnement <http://www.unep.org/Documents.Multilingual/
Default.asp?DocumentID=97&ArticleID=1503&l=fr>. [Déclaration de Stockholm].
41
Ibid. principe 12.
42
Convention sur la prévention de la pollution des mers résultant de l'immersion des déchets, 29
décembre 1972, 1046 R.T.N.U. 154 (entrée en vigueur : 30 août 1975) [Convention de Londres].
43
Ibid. art. 2.
44
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, 10 décembre 1982, 1834 R.T.N.U. 3, préambule,
(entrée en vigueur : 16 novembre 1994) [CNUDM].
45
Ibid.
46
Ibid. art. 202.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 39
47
Ibid.
48
United Nations Conference on Environment and Development, Rés. AG 228/44, Doc. off. AGNU, 44e
sess., Doc. NU A/746/Add.7 (1989), 151 à la p. 152.
49
La déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, 12 août 1992, A/CONF.151/26, en
ligne : Assemblée générale des Nations Unies, <http://www.un.org/french/events/rio92/acon
f15126vol1f.htm>.
50
Confédération suisse, « 1992: La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le
développement, Rio de Janeiro », en ligne : <http://www.are.admin.ch/themen/nachhaltig/
00266/00540/00543/index.html?lang=fr>.
51
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
52
La Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, CCNUCC, juin 1992, Programme des
Nations Unies pour l’environnement, principe 7 prévoit que « les États doivent coopérer dans un esprit
de partenariat mondial en vue de conserver, de protéger et de rétablir la santé et l'intégrité de
l'écosystème terrestre. Etant donné la diversité des rôles joués dans la dégradation de l'environnement
mondial, les Etats ont des responsabilités communes mais différenciées. Les pays développés
admettent la responsabilité qui leur incombe dans l'effort international en faveur du développement
durable, compte tenu des pressions que leurs sociétés exercent sur l'environnement mondial et des
techniques et des ressources financières dont ils disposent. »
53
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
54
French, « Developing State », supra note 38 à la p. 46.
55
Ibid. à la p. 59.
40 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
Depuis l’origine, les négociations climatiques ont été le siège de débats entre
les pays développés et les pays en développement pour parvenir à un accord sur le
partage du fardeau de lutte contre les changements climatiques. En fait, les pays
développés et les pays en développement ont toujours poursuivi les approches
différentes qui ont été identifiées dans un document préparé conjointement par le
Royaume-Uni et l’Afrique du Sud71. Selon ce document, il existe quatre approches
principales pour l’architecture du régime climatique jusqu’en 2012 et après 2012 :
65
Ibid. art. 4.9.
66
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
67
Ibid.
68
Ibid.
69
Tel qu’indiqué dans É.-U., Byrd-Hagel resolution Expressing the sense of the Senate regarding the
conditions for the United States becoming a signatory to any international agreement on greenhouse
gas emissions under the United Nations... , 105e Cong., 1997, en ligne: nationalcenter.org
<http://www.nationalcenter.org/KyotoSenate.html> : « the United States should not be a signatory to
any protocol to, or other agreement regarding, the United Nations Framework Convention on Climate
Change of 1992, […] which would mandate new commitments to limit or reduce greenhouse gas
emissions for the Annex I Parties, unless the protocol or other agreement also mandates new specific
scheduled commitments to limit or reduce greenhouse gas emissions for Developing Country Parties
within the same compliance period. »
70
Marie-Pierre Lanfranchi, « Le statut des pays en développement dans le régime climat : le principe de
la dualité des normes revisité ? » dans Sandrine Maljean-Dubois, Le droit international face aux
enjeux environnementaux, Paris, Pedone, 2010, Société française pour le droit international, 277 à la p.
286.
42 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
CO2 depuis le début de l’ère industrielle. Actuellement, les pays développés qui ne
comptent que 15 % de la population mondiale sont responsables de 45 % des
émissions de CO2. En revanche, l’Afrique subsaharienne représentant environ 11 %
de la population mondiale ne contribue que 2 % des émissions mondiales. Le groupe
des pays à faible revenu représentant un tiers de la population mondiale contribue
seulement 7 % des émissions mondiales80. Sous l’angle économique, les économies
faibles des pays en développement seront plus rapidement altérées par les
changements climatiques que celles des pays développés dont les capacités
d’adaptation sont meilleures. Pour autant, les pays industrialisés devraient prendre les
devants dans la mise en place de mesures de réduction des émissions. Ce débat
resurgit aujourd’hui dans une perspective « après 2012 » alors que les conférences
internationales sur le climat ont lancé les discussions sur les engagements pour la
seconde période (2013-2017).
Il est vrai que les États ont souvent des intérêts différents dans la mise en
œuvre du principe des « responsabilités communes mais différenciées » 81. Les pays
développés insistent sur leur inquiétude de compétitivité internationale et la nécessité
de la participation des pays en développement pour une protection effective de
l’environnement global. En revanche, les pays en développement mettent souvent
l’accent sur la responsabilité historique des pays développés, leurs ressources limitées
pour la mise en œuvre des mesures de protection de l’environnement et leur droit au
développement économique82.
80
PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, supra note 5 aux pp. 40 et 42.
81
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
82
Tuula Kolar, « The principle of common but differentiated responsibilities as contributing to
sustainable development through multilateral environmental agreements » dans Hans Christian Bugge
& Christina Voigt, dir., Sustainable development in international and national law, Groningen, Europa
Law Publishing, 2008, 249 à la p. 261. [Kolar, « The principle of common but differentiated
responsibilities »].
83
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
84
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
44 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
Canada 16,91
Afrique du Sud 8,81
Mexique 4,38
90
Afrique du Sud et al., « Copenhagen Accord (draft) : COP decisions under the Convention » (2009), en
ligne : aidh.org <http://www.aidh.org/climat/Images/Draft%20pays%20emergents.pdf>. [Afrique du
Sud et al., « Copenhagen Accord (draft) »].
91
Celui qui présidait le groupe G77 lors de la conférence de Copenhague.
92
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
93
Afrique du Sud et al., « Copenhagen Accord (draft) », supra note 90 au préambule.
94
Ibid. art. 1.
95
Le terme « les actions d’atténuation nationalement appropriées» est dénommé en anglais « nationally
appropriate mitigation actions (NAMAS) ». Ce terme, qui a été utilisé pour la première fois dans le
Plan d'action de Bali, se définit comme l’ensemble de politiques et de mesures que les pays en
développement élaborent dans le cadre d'un engagement volontaire de réduction des émissions de gaz à
effet de serre.
46 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
problème et leur capacité augmentent 107. A cette fin, il est nécessaire de chercher un
équilibre, « d’une part, entre la responsabilité historique et la responsabilité actuelle
des États dans le réchauffement du climat et, d’autre part, entre ces deux
responsabilités temporelles et la capacité différente des Etats d’y répondre »108.
Autrement dit, il faudrait harmoniser deux approches différentes, l’approche de
« l’Atmosphère d’abord » et l’approche de « l’Équité d’abord ». Dans ces conditions,
les pays développés devraient s’engager sur des objectifs plus ambitieux de réduction
des émissions. Les pays émergents qui se développent à un rythme très rapide et
représentent 30% des émissions globales, de leur part, devraient assumer une
responsabilité plus grande en matière de réduction des émissions globales. En tenant
compte du niveau d’émission faible et de la capacité économique limitée, les autres
pays en développement, notamment les pays les moins avancés, pourraient être
exonérés des engagements de réduction des émissions. Cependant, ces pays en
développement devraient élaborer et réaliser les actions d’atténuation nationalement
acceptables. L’équité serait assurée par le financement des actions réalisées par les
pays en développement ainsi que le transfert de technologie des pays développés aux
pays en développement109. En ce cas, le principe des «responsabilités communes mais
différenciées»110 pourrait être considéré comme un découplage entre la responsabilité
commune et la participation différenciée. Tous les pays devraient prendre les mesures
d’atténuation des changements climatiques car ils partagent la responsabilité
commune. La participation des pays est différenciée selon leurs capacités respectives.
En général, la différenciation des engagements des pays selon de nouvelles
approches dans le régime climatique après Kyoto est essentielle pour assurer une
mobilisation à l’échelle mondiale de toutes les parties dans la lutte contres les
changements climatiques111. Cette position a été inspirée par le Plan d’action de
Bali112 adopté lors de la treizième Conférence des parties de la CCNUCC à Bali en
2007113. En employant pour la première fois les termes de pays « développés » et « en
développement » plutôt que pays « visés et non visés à l’Annexe I », le Plan d’action
de Bali a structuré les négociations sur des bases nouvelles. En effet, les résultats
acquis à la conférence de Bali en 2007 ont marqué « un changement d’attitude assez
net des émergents qui deviennent des partenaires actifs, avec une acceptation
106
Bryan A. Green, « Lessons from the Montreal Protocol: guidance for the next international climate
change agreement » (2009) 39 Environmental Law 253 à la p. 278.
107
Kolar, « The principle of common but differentiated responsibilities », supra note 82 à la p. 262.
108
Lavallée, « Le principe des responsabilités communes mais différenciées », supra note 37 à la p. 60.
109
Niels B. Bekkhus, « Kyoto and beyond, international burden-sharing in the fight against climate
change » (2008) 61 Studia Diplomatica, 177 à la p. 191.
110
Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 10.
111
Sandrine Maljean-Dubois, « Les suites de Kyoto : Le « post-2012 »: quelles perspectives pour le
régime juridique international de lutte contre le réchauffement climatique? » (2009) 2 Cahiers Droit,
Sciences & Technologies 111 aux pp. 111-126.
112
CCNUCC, Rapport de la treizième session de la Conférence des Parties tenue à Bali du 3 au 15
décembre 2007: Décisions adoptées par la Conférence des Parties, FCCC/CP/2007/6/Add.1, 2008 aux
pp. 3-7, en ligne : unfccc.int <http://unfccc.int/resource/docs/2007/cop13/fre/06a01f.pdf>. [Plan
d’action de Bali].
113
CCNUCC, Rapport de la treizième session de la Conférence des Parties tenue à Bali du 3 au 15
décembre 2007 : Première partie: Compte rendu des débats, 14 mars 2008, FCCC/CP/2007/6, en
ligne : unfccc.int <http://unfccc.int/resource/docs/2007/cop13/fre/06f.pdf > [Conférence de Bali].
48 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
114
Dubois et Wemaëre, La diplomatie climatique, supra note 27 à la p. 173.
115
CCNUCC, Rapport de la quatorzième session de la Conférence des Parties tenue à Poznan du 1er au
12 décembre 2008 Première partie: Délibérations, 19 mars 2009, FCCC/CP/2008/7, en ligne : un.org
<http://www.un.org/french/climatechange/balicopenhagen/poznan.shtml> [Conférence de Poznan].
116
Selon le Groupe de travail spécial de l’action concertée à long terme au titre de la Convention : Idées
et propositions relatives au paragraphe 1 du Plan d’action de Bali, FCCC/AWGLCA/2008/16/Rev.1,
Doc. off. CCNUCC, 4e session (2008), 1 au point 42.b.
Concernant la nature des NAMAS, « Les mesures devraient/peuvent :
i) Être volontaires et non contraignantes, et être adaptées aux capacités de chaque Partie (Brésil,
MISC.1; Afrique du Sud, MISC.1/Add.1; Singapour, MISC.2; Afrique du Sud, Chine, ...République de
Corée, MISC.5; AOSIS, MISC.5/Add.2);
ii) Être distinctes des engagements d’atténuation pris par les Parties visées à l’Annexe I (G-77 et
Chine, MISC.5/Add.2);
iii) Être à la mesure des capacités et des responsabilités et s’accorder avec le potentiel . .d’atténuation et
le contexte national (CE et ses États membres, MISC.5/Add.1);
iv) Correspondre à des engagements plus ambitieux pour les Parties possédant des capacités nationales
appropriées (Australie, MISC.5/Add.2) et du même type que celles des pays développés (États-Unis,
MISC.5/Add.2) pour certains pays en développement au moins (notamment les principaux émetteurs et
les pays émergents);
v) Être juridiquement de même nature (mesures juridiquement contraignantes ou volontaires, par
exemple) pour tous les pays, développés ou en développement, indépendamment de leur contenu
(États-Unis, MISC.5);
vi) Être différentes de par la nature des mesures ou des engagements, pour différents groupes de pays
en développement (Égypte, MISC.1; Australie, MISC.1/Add.2; CE et ses États membres, Japon,
MISC.2; Fédération de Russie, Japon, Turquie, MISC.5); ».
117
Béatrice Quenault, « Protocole de Kyoto et gouvernance écologique mondiale : enjeux et perspectives
des engagements post-2012 » (2006) 34 Monde en développement 29 à la p.34.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 49
Les engagements de réduction d’émissions des gaz à effet de serre établis par
118
Dans le Protocole de Kyoto, les pays formellement engagés dans une politique de réduction des
émissions sont ceux de l’Annexe I de la Convention. L’annexe B correspond au chiffrage de cet
engagement.
119
Le Protocole de Kyoto, supra note 13, art. 3.1. prévoit que « les parties visées à l’Annexe I font en
sorte, individuellement ou conjointement, que leurs émissions anthropiques agrégées (…) des gaz à
effet de serre (…) ne dépassent pas les quantités qui leur sont attribuées, calculées en fonction de leurs
engagements chiffrés en matière de limitation et de réduction des émissions inscrits à l’annexe B (…)
en vue de réduire le total de leurs émissions de ces gaz d’au moins 5% par rapport au niveau de 1990
au cours de la période d’engagement allant de 2008 à 2012 ».
120
Protocole de Kyoto, supra note 13, annexe B.
50 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
le Protocole de Kyoto ont satisfait aux exigences des pays en développement sur la
mise en œuvre du principe des « responsabilités communes mais différenciées »121. En
effet, les pays en développement sont exonérés de tout effort de réduction d’émission.
Cependant, la différenciation des engagements établie par le Protocole de Kyoto ne
tient pas compte d’une manière suffisante de la diversité des situations des pays. D’un
point de vue économique, certains États non parties à Annexe I (comme Singapour, la
Corée du Sud, Israël…) sont plus riches que des pays de l’Annexe I (comme Grèce,
Hongrie…). Donc, l’inclusion de ces pays dans les objectifs de réduction des
émissions est nécessaire. Par ailleurs, les États non parties à l’Annexe I constituent
également un groupe hétérogène qui se composent des pays à revenu faible, peu
émetteurs de gaz à effet de serre et des pays émergents à niveau de revenu plus
important avec un total important de gaz à effet de serre émis. Concrètement, le
groupe des pays en développement peut être distingué en trois groupes de pays
principaux ayant des préoccupations distinctes et il convient de différencier les
engagements pour chaque groupe122:
Les pays émergents (comme la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique…) sont
fortement peuplés et contribuent le plus à l’augmentation des émissions de
gaz à effet de serre par les pays en développement. Cependant, la majorité
de ces pays ont réduit l’intensité carbone de leur économie depuis 1990 en
utilisant plus rationnellement les sources d’énergies fossiles. A cause de la
croissance forte des émissions de ces pays, l’inclusion de ces pays à la
stratégie de réduction mondiale des émissions est indispensable pour
atteindre l’objectif ultime de la CCNUCC.
Les pays pétroliers hésitent à s’engager sur des objectifs de réduction des
émissions. En outre, ces pays ne souhaitent pas la généralisation de la
contrainte carbone sous forme de plafonds d’émissions qui pourrait limiter
la consommation des sources d’énergie fossiles et réduire la rente
pétrolière. Ces pays subordonnent l’inclusion de leur part dans les objectifs
de réduction des émissions à des compensations financières. Pourtant, ils
disposent actuellement d’abondantes ressources financières.
Le groupe des pays les moins avancés est le plus important numériquement.
Ces pays qui contribuent le moins aux changements climatiques sont les
plus affectés par ces phénomènes. L’un des enjeux principaux pour ce
groupe de pays est renforcer les ressources financières additionnelles pour
aider ces pays à s’adapter aux impacts des changements climatiques.
121
Ibid., art. 10.
122
Christian de Perthuis et Anaïs Delbosc, « Négociations climatiques : les enjeux du post-Copenhague »
(2010) no46 L’économie politique 70 à la p. 74. [Perthuis et Delbosc, « Négociations climatiques »].
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 51
2. LES EFFORTS DES ACCORDS DE COPENHAGUE ET DE CANCUN VISANT À INTÉGRER LES PAYS
ÉMERGENTS DANS LES OBJECTIFS GLOBAUX DE RÉDUCTION D’ÉMISSION
Avec l’effort d’intégrer les pays émergents dans les objectifs globaux de
réduction des émissions, l’Accord de Copenhague permet des engagements à
géométrie variable selon les pays 127. En théorie, cet accord permet d’intégrer les États-
Unis ainsi que les pays émergents et couvre une part des émissions mondiales (un peu
plus de 75%) beaucoup plus large que le Protocole de Kyoto. Concrètement, a été
retenue l’approche volontaire et ascendante qui permet à chaque pays développé
d’établir ses propres engagements de réduction d’émissions et sa propre année de
référence. Les pays en développement, pour leur part, doivent inscrire leurs actions
d’atténuation nationalement appropriées (NAMAS).
Durant les négociations, il faut bien rappeler que les États-Unis exigent un
contrôle international des actions d’atténuation faites par les pays en développement,
notamment par les pays émergents. En revanche, les pays émergents s’opposent
fortement à la proposition des États-Unis en invoquant le principe du respect de la
souveraineté nationale. Pour harmoniser les positions différentes entre les États-Unis
et les pays émergents, selon l’Accord de Copenhague, les NAMAS des pays en
développement ne sont pas soumises à des vérifications par le dispositif des Nations
Unies sauf les actions bénéficiant de financements internationaux. En réaffirmant
l’Accord de Copenhague, l’Accord de Cancun prévoit que les NAMAS appuyées par
des moyens de financement des pays développés sont soumis au contrôle
international. Les NAMAS autonomes des pays en développement appuyées par leurs
propres ressources sont mesurées et vérifiées au niveau national conformément aux
123
Patrick Criqui, Benoît Faraco et Alain Grandjean, Les États et le carbone, Paris, Presse Universitaire
de France, 2009 à la p. 209.
124
hot air en anglais.
125
La Chine, les États-Unis, l’Union européenne, la Russie, l’Inde, le Japon, le Brésil, le Canada, la Corée
du Sud et le Mexique.
126
Aurélie Vieillefosse, Le changement climatique, supra note 89 à la p. 26.
127
Perthuis et Delbosc, « Négociations climatiques », supra note 122 à la p. 72.
52 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
128
Accord de Cancun, supra note 9, au point III(B).
129
CCNUCC, Ad Hoc Working Group on Long-term Cooperative Action under the Convention, Views on
the items relating to a work programme for the development of modalities and guidelines listed in
decision 1/CP.16, paragraph 66, Bangkok and Bonn, 2011, en ligne: unfccc.int:
<http://unfccc.int/resource/docs/2011/awglca14/eng/misc07.pdf>.
130
Jean-Pierre Beurier, Droit international de l’environnement, 4e édition, Paris, Pedone, 2010 à la p. 155.
[Beurier, Droit international]
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 53
100125_noti_clarification.pdf>.
138
Accord de Cancun, supra note 9, au point III.
139
Commission du bassin du Lac Tchad « Conférence de Cancun sur les changements climatiques, du 29
novembre au 11 décembre 2010.» (2010), en ligne : cblt.org <http://www.cblt.org/cbltDOCpdf/
RapportChangementClimatConference.fr.pdf>.
140
Cancun Adaptation Framework en anglais.
141
Accord de Cancun, supra note 9, art. 20.
142
Ibid. au point II.
143
Dubois et Wemaëre, La diplomatie climatique, supra note 27 à la p. 157.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 55
des engagements, non pas exprimés en valeur absolue en termes relatifs, soit sous
forme de réduction de l’intensité carbone du Produit intérieur brut (PIB) (la Chine et
l’Inde), soit sous forme de réduction par rapport au scénario « business as usual » (le
Brésil, le Mexique). En outre, la Chine, l’Inde et le Brésil confirment que leurs
engagements dans le cadre de l’Accord de Copenhague sont en nature volontaires. De
plus, jusqu’ici, 43 pays en développement qui représentent un tiers du nombre des
pays en développement parties de la CCNUCC n’ont pas transmis les engagements de
limitation d’émissions144. Il convient de relever que l’Accord de Copenhague n’a pas
obtenu le soutien de la majorité des pays en développement alors que les engagements
de réduction des émissions des pays émergents portent seulement un caractère
symbolique. Par ailleurs, les objectifs de réduction d’émission des pays développés
sont loin de satisfaire aux exigences du GIEC145.
TABLEAU 3- Les engagements pris par les dix premiers émetteurs dans le
cadre de l’Accord de Copenhague146
Objectif de réduction d’émissions pour 2020 Année de
référence
Chine Réduction de l’intensité carbone du PIB de 40 à 2005
45%
Etats-Unis 17% 2005
UE 20% ou 30% (en cas d’engagements significatifs 1990
de ses partenaires internationaux dans ce sens)
Russie 15 à 25% en cas de la comptabilisation des forêts 1990
et de l’engagement des principaux émetteurs à
réduire leurs émissions
Inde Réduction de l’intensité carbone du PIB de 20 à 2005
25%
Japon 25% (si les gros émetteurs s’engagent à des efforts 1990
significatifs)
Brésil 36 à 39% par rapport au scénario «business as 2020
usual»
Canada 17% 2005
Corée du Sud 30% par rapport au scénario «business as usual» 2020
Sur la base des engagements communiqués par les parties dans le cadre de
l’Accord de Copenhague, le Climate Action Tracker (CAT)147 considère que les
parties ne sont pas collectivement sur la bonne trajectoire pour respecter la limite de 2
ou 1,5°C148. En fait, afin de respecter les limites de 2°C ou 1,5°C, selon le CAT, il est
nécessaire de réduire les émissions mondiales d’ici 2020 à environ 44 Gigatonnes de
CO2 par an (GtCO2-éq/an). Selon les estimations, les émissions mondiales en 2008
s’élevaient à 46 GtCO2-éq/an. Selon les projections, les engagements communiqués
dans le cadre de l’Accord de Copenhague devraient les faire passer à 52-56 GtCO 2-
éq/an : soit un écart de 8 à 12 GtCO 2-éq/an en 2020 par rapport à ce qui est nécessaire
pour respecter la limite de 2°C ou 1,5°C. Sans l’Accord de Copenhague, les émissions
mondiales « business as usual » sont estimées à 59 GtCO2-éq/an en 2020. Donc, il
convient de relever que les contributions de l’Accord de Copenhague sur les objectifs
de réduction des émissions sont très limitées. Dans le cadre des négociations
climatiques à Bangkok (3-8 avril 2011), le secrétaire exécutif de la CCNUCC,
Madame Christiana Figueres, a souligné que « jusqu’à présent, la somme des
promesses nationales ne représentait que 60 % de ce qui devrait être fait, selon les
scientifiques, d’ici 2020, pour satisfaire l’objectif des deux degrés »149.
L’échec de la Conférence de Copenhague avait montré des limites des
négociations climatiques dans le cadre du système onusien : le fonctionnement lourd
et inconfortable reposé sur l’idée d’un consensus de tous les États parties. En
supplément, il s’agit de la complexité des négociations « en raison de
l’enchevêtrement des institutions de la Convention –cadre et du Protocole de Kyoto,
ne serait-ce qu’entre la Réunion des Parties au Protocole et la Conférence des Parties
à la Convention, qui se tiennent en parallèle au cours d’une même conférence » 150. En
effet, pour parvenir à un nouveau traité international sur le climat après Kyoto, la
«feuille de route de Bali»151 prévoit deux voies de négociations : la voie de la
CCNUCC sous les auspices du « groupe de travail spécial sur l’action concertée à
long terme au titre de la Convention » (ci-après « AWG LCA ») créé à Bali et la voie
147
Le Climate Action Tracker est un outil de calcul développé conjointement par Climate Analytics,
Ecofys, et l’Institut de recherche de Potsdam sur les impacts du changement climatique (PIK) en 2009.
Il permet de suivre, mettre à jour et évaluer les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de
serre proposés par les pays développés et les pays en développement. L’initiative a été financée par la
Fondation européenne pour le climat. Voir Climate Action Tracker, « Emissions gap unchanged since
Cancun. Emissions and CO2 concentrations at record highs.», en ligne: climateactiontracker.org
<http://www.climateactiontracker.org/>.
148
Climate Action Tracker, « Les États sont-ils sur le cap des 2 ou 1,5°C » (octobre 2010), en ligne :
climateactiontracker.org
<http://www.climateactiontracker.org/CAT_Overview_SomFR_20101009.pdf.>.
149
CCNUCC, Communiqué, « Négociations sur les changements climatiques à Bangkok : le plus haut
responsable des questions climatiques au sein des Nations Unies appelle les gouvernements à avancer
volontairement sur la voie tracée en 2010 et à éliminer les lacunes » (4 avril 2011), en ligne : unfccc.int
<http://unfccc.int/files/press/press_releases_advisories/application/pdf/pr20110404bkk_fr.pdf>.
150
Dubois et Wemaëre, La diplomatie climatique, supra note 27 à la p. 186.
151
Programme des Nations Unies pour le développement, Groupe environnement et énergie, « La feuille
de route de bali: Les questions clés en cours de négociation » (octobre 2008), en ligne : undp.org
<http://www.undp.org/climatechange/docs/French/Feuille_de_Route_de_Bali_questions_cles_en_cour
s_de_negociation.pdf>.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 57
du Protocole de Kyoto sous les auspices du « groupe de travail spécial des nouveaux
engagements des Parties visées à l’Annexe I au titre du Protocole de Kyoto » (ci-après
« AW GKP ») établi à la Conférence de Montréal en 2005 152. La voie de la CCNUCC
est axée sur quatre éléments principaux : l’adaptation, l’atténuation, le transfert de
technologie et le financement. En outre, dans le cadre de cette voie de négociation, les
parties ont également discuté sur le mécanisme de la réduction des émissions dues à la
déforestation et à la dégradation des forêts (REDD), des actions d’atténuation des
pays en développement et des engagements d’atténuation des pays développés. Dans
le cadre de la voie du Protocole de Kyoto, les parties ont discuté sur les objectifs de
réduction des émissions des pays développés pour la période après 2012 et les
mécanismes pour atteindre ces objectifs.
En fait, la voie de la CCNUCC permet aux États-Unis, qui n’ont pas ratifié le
Protocole de Kyoto, de participer aux négociations. En revanche, les pays en
développement souhaitent négocier dans le cadre du Protocole de Kyoto qui n’impose
pas d’objectif de réduction des émissions pour ces pays. En outre, les pays en
développement souhaitent voir les pays développés prendre les engagements
contraignants de réduction plus importants à long terme 153. Lors de la réunion de
Bangkok en 2009, les États-Unis ont affirmé que les objectifs globaux à long terme
devraient être inscrits dans le cadre de la CCNUCC tandis que les pays en
développement souhaitent garder le Protocole de Kyoto pour ceux qui l’avaient
ratifié. Pourtant, la mise en œuvre de deux instruments différents aux pays d’un même
groupe créerait une différenciation entre les États-Unis et les autres pays développés,
ce qui n’était pas acceptable pour l’Union européenne. Donc, l’Union européenne et
les autres pays développés comme le Japon, le Canada, l’Australie et la Nouvelle
Zélande souhaitent une fusion des voies de négociation pour parvenir un nouvel
instrument juridique contraignant dans le cadre de la CCNUCC en intégrant les
éléments essentiels du Protocole de Kyoto. Toutefois, les parties à la Conférence de
Copenhague ne sont pas parvenues à fusionner ces deux voies de négociation. Il
convient de considérer que la complexité des négociations dans le cadre de l’approche
à deux voies a largement contribué à l’impasse des négociations à Copenhague 154.
En montrant les limites du système onusien dans le cadre de la Conférence
de Copenhague, la France a proposé la création d'un groupe « Copenhague+ », un
forum restreint, rassemblant les États favorables à un objectif de réduction de 50%
des émissions de GES d'ici à 2050. Cette idée a été rejetée par le groupe des 77 qui a
estimé que les négociations climatiques devaient se poursuivre dans le seul cadre de
l’ONU. Les États-Unis, pour leur part, ont considéré que les négociations devraient se
fonder sur l’Accord de Copenhague qui peut servir « de plateforme commune pour les
futures conférences »155. En fait, cette initiative n’est pas nouvelle. Au temps de
152
CCNUCC, Rapport de la onzième session de la conférence des parties tenue à Montréal du 28
novembre au 10 décembre 2005, 30 mars 2006, FCCC/CP/2005/5, en ligne: unfccc.int
<http://unfccc.int/resource/docs/2005/cop11/fre/05f.pdf>.
153
Matthieu Wemaëre, « Des alternatives à Kyoto ? Quelle architecture juridique pour un futur accord
international de lutte contre le changement climatique » (2009) 2Cahiers Droit, Sciences &
Technologies 127 à la p. 129.
154
Dubois et Wemaëre, La diplomatie climatique, supra note 27 à la p. 195.
155
Beurier, Droit international, supra note 130 à la p. 307.
58 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
l’administration Bush, les États-Unis ont également lancé l’initiative sur le Forum des
économies majeures sur l’énergie et le climat. Cette initiative a visé à contourner les
négociations dans le cadre des Nations Unies et à privilégier plutôt des engagements
volontaires et nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Actuellement, le Forum des économies majeures sur l’énergie et le climat réunissent
17 pays qui émettent plus de 80% des gaz à effet de serre mondiaux 156. Sous
l’administration Obama, la perspective de ce forum a changé. Il ne vise plus à
concurrencer mais à favoriser les dialogues entre les pays développés et les pays
émergents et à soutenir les conférences sur le climat dans le cadre des Nations Unies.
156
Les 17 pays participant au Forum des économies majeures sont: Australie, Brésil, Canada, Chine,
l'Union européenne, France, Allemagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Corée du Sud, Mexique, Russie,
Afrique du Sud, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Voir États-Unis, US Department of State, Major
Economies Forum on Energy and Climate, en ligne: US Department of State
<http://www.state.gov/g/oes/climate/mem/>.
157
Jing Cao, « Beyond Copenhagen : Reconciling International Fairness, Economic Development, and
Climate Protection » (2010) Discussion Paper 10-44 The Harvard Project on International Climate
Agreements 1 à la p. 6.
158
Manish Kumar Shrivastava et Nitu Goel, « Shaping the architecture of future climate governance:
perspectives from the South » dans Frank Biermann, Philipp Pattberg et Fariborz Zelli, Global Climate
Governance beyond 2012: Architecture, Agency and Adaptation, New York, Cambridge University
Press, 2010, 116 à la p. 120.
159
Winkler, « Négociations sur l’atténuation des changements climatiques », supra note 71 à la p. 19.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 59
160
Niklas Höhne, Michel den Elzen et Martin Weiss, « Common but differentiated convergence (CDC), a
new conceptual approach to long-term climate policy » (2006) 6 Climate Policy, 181 aux pp. 181-199
[« Common but differentiated convergence »].
161
Malik Amin Aslam, « Equal per capita entitlements: A key to global participation on climate change? »
dans K. Baumert, et al., dir., Building on the Kyoto Protocol: Options for protecting the climate,
Washington,DC, World Resources Institute, 2002, 175 aux pp. 175-202. [Baumert, Building on the
Kyoto Protocol].
162
Premier ministre indien Shri Atal Bihari Vajpayee, High level segment speech, Eight Session of
Conference of the Parties to the UN Framework Convention on Climate Change New Delhi, New
Delhi, 30 octobre 2002, Transcription disponible en ligne: National Institute of Ecology (Mexico)
<http://unfccc.int/cop8/latest/ind_pm3010.pdf>. : « nous ne pensons pas que la philosophie de la
démocratie puisse appuyer une toute autre norme que celle de l’égalité des droits des individus aux
ressources mondiales de l’environnement ».
163
Höhne, Elzen et Weiss, « Common but differentiated convergence », supra note 160.
164
Ibid.
165
Ibid.
60 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
convergence, par exemple 40 ans (2010-2050), des niveaux actuels à un niveau égal.
Les émissions par habitant des pays en développement convergent au cours d'une
même période de convergence au même niveau, mais la convergence commence à
partir de la date où leurs émissions par habitant atteignent un certain seuil de
pourcentage de la moyenne globale (graduellement en baisse). Sur la base de la
responsabilité, de la capacité et du potentiel de réduction d’émission, le principe des
« convergences communes mais différenciées »166 distingue trois groupes de
convergence : les pays développés visés à l’Annexe I de la CCNUCC, les pays
émergents et les autres pays en développement. Les pays développés seraient
immédiatement imposés des objectifs quantifiés de réduction d’émission. En
revanche, les pays en développement se verraient imposer des objectifs quantifiés
lorsque le niveau de leurs émissions par habitant deviendra supérieur à la moyenne
mondiale. En ce cas, pour les pays émergents dont le niveau des émissions par
habitant augmente rapidement, des objectifs quantifiés de réduction seraient imposés
beaucoup plus tôt que pour les autres pays en développement. Le principal argument
en faveur de cette approche est que chaque individu doit disposer du même droit
d’utiliser la capacité d’absorption de l’atmosphère167. Avec la possibilité de
l’inclusion des pays émergents dans les objectifs quantifiés de réduction d’émission,
la mise en place du principe des « convergences communes mais différenciées »168
serait une bonne option pour le cadre climatique futur. Néanmoins, il y a aussi des
critiques et des doutes sur le réalisme de cette approche 169. L’argument de ces
critiques est que l’émission de gaz à effet de serre ne pourrait pas constituer un droit
essentiel de la personne dont la reconnaissance s’imposerait au nom de l’équité. En
outre, selon ces critiques, la convergence à long terme des émissions par habitant est
une utopie. A cause des différences entre les pays sur le niveau du développement
industriel, les modes de transport, les types d’agriculture, les technologies de
production électrique, la taille et le climat du pays (etc.), les émissions par habitant à
long terme devraient différer d’un pays à l’autre.
Toutefois, les objectifs en termes d’intensité d’émissions pour les pays émergents
pourraient réduire la certitude quant à l’efficacité environnementale.
g) L’approche sectorielle
L’approche sectorielle est fondée sur la position que la réduction effective
des émissions globales implique le développement, la diffusion et le transfert des
technologies propres dans les secteurs les plus émetteurs au niveau mondial 176. Selon
le rapport du GIEC en 2007, les secteurs les plus émetteurs en 2004 étaient
l’électricité et la chaleur (26% des émissions mondiales), l’industrie (19%), les
transports (13%) et les bâtiments (8%). Ces quatre secteurs représentent deux tiers des
émissions mondiales. En outre, les émissions dans ces secteurs pourraient augmenter
fortement, notamment dans les pays émergents. Selon les estimations, d’ici 2020, les
émissions doubleraient en Chine et en Inde dans le secteur de la production
d’électricité, augmenteraient de 143% en Chine, 67% en Inde, 122% en Indonésie et
71% au Mexique dans le secteur des transports 177. En plus, selon le World Energy
Outlook 2010 de l’Agence Internationale de l’Energie178, les pays en développement,
en particulier la Chine et l’Inde, sont à l’origine de 93% de la croissance de la
demande mondiale d’énergie primaire en raison de l’accélération de la croissance
économique, de la production industrielle, de la population et de l’urbanisation. La
Chine contribue à hauteur de 36% à l’augmentation prévue de la consommation
mondiale d’énergie alors que l’Inde est le deuxième plus gros contributeur de la
demande mondiale d’énergie d’ici à 2035. Donc, la réduction des émissions provenant
des secteurs les plus émetteurs dans les pays émergents est indispensable pour un
cadre climatique effectif.
Dans ce contexte, l’approche sectorielle a été proposée en tant qu’élément
clé d’un cadre de lutte contre les changements climatiques pour la période après 2012.
Le Plan d’action de Bali vise une action renforcée au niveau national et international
pour l’atténuation des changements climatiques en envisageant « des démarches
sectorielles et des mesures par secteur concertées en vue de renforcer l’application de
l’alinéa c du paragraphe 1 de l’article 4 de la Convention »179. Selon cette approche,
les pays en développement, notamment les pays émergents, devraient s’engager aux
objectifs d’émissions de gaz à effet de serre, appelés « sans perdants », dans les
secteurs les plus émetteurs. En cas d’un échec de conformité à ces objectifs, aucune
pénalité ne serait encourue pour les pays en développement. A l’inverse, pour les
réductions d’émissions au-delà du niveau d’engagement, les pays en développement
176
Japon, Special Committee on a Future Framework for Addressing Climate Change, Global
Environmental Sub-Committee, Sustainable Future Framework on Climate Change : Draft of the
Interim Report by the Special Committee on a Future Framework for Addressing Climate Change,
Industrial Structure Council, 2004 à la p. 33, en ligne : meti.go
<http://www.meti.go.jp/english/information/downloadfiles/cPubComFramework.pdf>.
177
Vieillefosse, Le changement climatique, supra note 89 aux pp. 48-53.
178
Agence international de l’énergie, World Energy outlook 2010 : Résumé, Paris, AIE, 2010, en ligne :
iea.org <http://www.worldenergyoutlook.org/docs/weo2010/weo2010_es_french.pdf>.
179
Plan d’action de Bali, supra note 112 au para. 1.b.iv.,
64 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
recevraient des crédits de réductions d’émissions qui pourraient être vendus sur le
marché de carbone. En outre, pour inciter les pays en développement à adopter des
objectifs d’émissions, les pays développés pourraient fournir l’assistance
technologique et financière. L’approche sectorielle vise à inclure tous les pays
émergents dans les objectifs de réduction d’émission. En effet, selon les estimations,
la participation de 10 pays en développement les plus émetteurs dans chaque secteur
pourrait couvrir 80-90% des émissions totales des pays en développement 180. En
intégrant les pays émergents dans les engagements de réduction des émissions,
l’approche sectorielle peut permettre d’avancer les négociations climatiques en
dépassant la division binaire entre les pays de l’Annexe I et les pays hors l’Annexe I.
Aussi, cette approche peut-elle rassurer les pays développés en limitant les distorsions
de concurrence et les risques de délocalisation dans des secteurs ciblés181.
Dans la pratique, pour le financement du transfert des technologies aux pays
en développement, plusieurs grands partenariats technologiques développés ces
dernières années dans le cadre du plan d’action du G8 sont également l’exemple de
l’approche sectorielle. Parmi ces initiatives, les États-Unis ont lancé plusieurs
partenariats comme The International Partnership for the Hydrogen and Fuel Cells in
the Economy (IPHE) sur l’hydrogène (2003)182, The Carbon Sequestration Leadership
Forum (CSLF) sur la séquestration du carbone (2003)183, The Methane to Markets
Partnership sur le méthane provenant des systèmes de gaz et de pétrole, des mines et
charbon souterraines et des décharges (2004) (maintenant Global Methane
Initiative)184 et le Partenariat Asie-Pacifique sur le développement propre et le climat
(2005)185. L’Italie a créé Global Bioenergy Partnership sur la bioénergie (2006)186.
Les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, notamment les grands pays en
développement comme la Chine, l’Inde et le Brésil, participent à ces partenariats. Ces
partenariats visent à renforcer la coopération entre les grands émetteurs dans le
développement, la diffusion et le transfert de technologies propres dans les secteurs
clés comme l’énergie, l’industrie et les transports afin de contribuer aux objectifs de
l’efficacité énergétique et de lutte contre les changements climatiques. Malgré leurs
ressources modestes, ces partenariats constituent des expériences importantes pour la
mise en œuvre d’une approche sectorielle dans le cadre climatique post-Kyoto.
180
Jake Schmidt et al., « Sector-based approach to the post-2012 climate change policy architecture »
(2008) 8 Climate Policy 494 aux pp. 494-515. [Schmidt, « Sector-based approach »].
181
Dubois et Wemaëre, La diplomatie climatique, supra note 27 à la p. 176.
182
International Partnership for the Hydrogen and Fuel Cells in the Economy, « An International Vision
for Hydrogen and Fuel Cells », en ligne : iphe.net <http://www.iphe.net/index.html>.
183
The Carbon Sequestration Leadership Forum, « A Global Response to the Challenge of Climate
Change », en ligne: cslforum.org <http://www.cslforum.org/>.
184
Global Methane Initiative, « The Methane to Markets Partnership is now the Global Methane
Initiative! », en ligne: globalmethane.org <http://www.globalmethane.org/>.
185
Partenariat Asie-Pacifique sur le développement propre et le climat, « Partenariat Asie-Pacifique sur le
développement propre et le climat-Bienvenue », en ligne : asiapacificpartnership.org
<http://www.asiapacificpartnership.org/french/>.
186
Global Bioenergy Partnership, « Welcome to the home page of the Global Bioenergy Partnership
(GBEP) », en ligne: globalbioenergy.org <http://www.globalbioenergy.org/>.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 65
187
Aaron Cosbey, Warren Bell, Deborah Murphy, Jo-Ellen Parry, John Drexhage, Anne Hammill, John
Van Ham, Which way forward? Issues in developing an effective climate regime after 2012, IISD,
2005, p. 8
188
French, « Developing State », supra note 38 à la p. 54.
189
Le Plan d’action de Bali, supra note 112 au para. 1.b.iii. envisage « des démarches générales et des
mesures d’incitation positive pour tout ce qui concerne la réduction des émissions résultant du
déboisement et de la dégradation des forêts dans les pays en développement; ainsi que le rôle de la
préservation et de la gestion durable des forêts et du renforcement des stocks de carbone forestiers dans
les pays en développement ».
190
Accord de Copenhague, supra note 8 au para. 6.
66 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
mais différenciées »198. Il repose sur un partenariat entre les pays en développement et
les pays développés pour lutter contre les changements climatiques 199. Les pays en
développement s’acquittent de leur part de « responsabilité commune » en participant
aux projets MDP alors que les pays développés s’acquittent de leur part de
« responsabilité différenciée » en atteignant leurs objectifs de réduction des
émissions200. Le MDP est déjà opérationnel depuis 2000. Les projets MDP réalisés
permettent d’obtenir des crédits d’émission qui peuvent être utilisés ou vendus à partir
de 2008.
198
Ibid., art. 10.
199
Philippe Cullet, « Differential treatment in international law: towards a new paradigm of inter-state
relations » (1999) 10 European Journal of International Law 549 à la p. 571.
200
Lavanya Rajamani, Differential Treatment in International Environmental Law, New York, Oxford
University Press, 2006 à la p. 244.
201
CCNUCC, « CDM in Numbers », en ligne: unfccc.int <http://cdm.unfccc.int/Statistics/index.html>
[CCNUCC, « CDM in Numbers »].
202
CCNUCC, Rapport de la conférence des parties sur les travaux de sa septième session, tenue à
Marrakech du 29 octobre au 10 novembre 2001, FCCC/CP/2001/13/Add.1, 2002, en ligne : unfccc.int
<http://unfccc.int/resource/docs/french/cop7/cp713a01f.pdf>. [Accord de Marrakech].
203
Arnaud Brohé, Les marchés de quotas de CO2, Larcier, Bruxelles, 2008 aux pp. 62-63.
68 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil qui ont déjà obtenu la majeure partie de
l’investissement direct étranger (voir le tableau 4). Pour s’expliquer, il convient de
noter que le MDP est guidé par la recherche du meilleur rapport coût – efficacité.
Donc, les investisseurs ont l’intérêt de mettre en œuvre les projets MDP dans les pays
disposant d’importantes opportunités de réduction à bas coût. En tenant compte du
niveau d’émission et de la taille de la population, les pays émergents comme la Chine
et l’Inde sont les principaux bénéficiaires du MDP. En revanche, les émissions
actuelles en Afrique sont faibles. En conséquence, les opportunités de réduction en
Afrique sont très limitées. En outre, la faiblesse de l’infrastructure en termes de
transports, de télécommunications, d’énergie dans les pays africains rend les coûts de
négociation et de mise en œuvre des projets MDP élevés. De plus, ce déséquilibre
peut être également imputable au manque de capacité institutionnelle et technique
dans les petits pays en développement et les pays les moins avancés par rapport aux
pays émergents pour examiner les aspects technologique et financier des projets
proposés, surveiller et vérifier l’exécution de ces projets. Autrement dit, à cause du
manque de capacité institutionnelle et technique, les petits pays en développement
sont incapables de concurrencer les pays émergents qui sont plus avancés et mieux
organisés pour attirer les investissements du MDP 208. Par contre, les pays plus petits
où il y a davantage de transparence et un meilleur climat d’investissement (le cas de la
Corée du Sud) peuvent attirer un nombre considérable de projets MDP 209. La
résolution de la question de l’équité du MDP a été prise en considération par les
conférences des parties à la CCNUCC210. La Conférence des parties à Marrakech en
2001211 a décidé d’exempter les projets MDP entrepris dans les pays les moins
avancés du prélèvement de 2% sur les transactions pour l’adaptation 212. En
complément, la Conférence des parties à New Delhi en 2002 a décidé d’adopter les
modalités et procédures simplifiées pour les projets MDP de faible ampleur dans le
domaine de l’énergie213. Dans le cadre des conférences de Copenhague et de Cancun,
un programme de prêts a été également créé pour appuyer les activités MDP dans les
pays accueillant moins de 10 projets MDP enregistrés. Ce programme de prêts est
financé par des ressources prélevées sur les intérêts accumulés sur le Fonds
208
Marianne Moliner-Dubost, « Le mécanisme pour un développement propre : une nouvelle voie de
coopération et de transferts Nord/Sud? » (2005) 108 Revue générale de droit international public, 963
aux pp. 963-986.
209
Nancy Kete, Kevin Baumert et Christiana Figueres, « La conception d’un Mécanisme pour un
Développement Propre en réponse aux besoins des diverses parties concernées », en ligne : (2000)
World Resources Institute, Notes sur le Climat à la,p. 14
<http://pdf.wri.org/cdm_design_francais.pdf>.
210
Selon l’ Accord de Marrakech, supra note 202, art.14. les parties visées à l’Annexe I sont priées de
« prendre des mesures pour aider les parties non visées à l’Annexe I, en particulier les pays les moins
avancés et les petits États insulaires en développement, à renforcer leurs capacités afin de faciliter leur
participation au mécanisme pour un développement propre… ».
211
CCNUCC, Rapport de la Conférence des Parties sur les travaux de sa septième session, tenue à
Marrakech du 29 octobre au 10 novembre 2001 : Première partie : Délibérations, en ligne : unfccc.int
<http://unfccc.int/resource/docs/french/cop7/cp713f.pdf> [Conférence de Marrakech].
212
Accord de Marrakech, supra note 202, art. 15.
213
CCNUCC, Rapport de la conférence des parties sur les travaux de sa huitième session, tenue à New
Delhi du 23 octobre au 1er novembre 2002, FCCC/CP/2002/7/Add.3, 2003, en ligne : unfccc.int
<http://unfccc.int/resource/docs/french/cop8/cp807a03f.pdf#page=3>. à l’Annexe II.
70 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
214
Le Fonds d’affectation spéciale du MDP a été créé par la décision 17/CP.7 adoptée à la conférence de
Marrakech en 2001 (paragraphe 17) (Selon l’Accord de Marrakech, supra note 202, para 17.)
215
Voir la décision 2/CMP.5 (CCNUCC, Rapport de la cinquième session de la Conférence des Parties
agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto tenue à Copenhague du 7 au 19 décembre
2009, 30 mars 2010, 2/CMP.5, en ligne : unfccc.int
<http://unfccc.int/resource/docs/2009/cmp5/fre/21a01f.pdf#page=4>. aux para.49-50.) adoptée à la
conférence de Copenhague et la décision 3/CMP.6 (CCNUCC, Rapport de la Conférence des Parties
agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto pour sa sixième session, tenue à Cancun
du 29 novembre au 10 décembre 2010, 15 mars 2011, 3/CMP.6, en ligne : unfccc.int
<http://unfccc.int/resource/docs/2010/cmp6/fre/12a02f.pdf#page=>. à la page 7 au point VII.) adoptée
à la conférence de Cancun.
216
CCNUCC, « CDM in numbers », supra note 201.
217
Ibid.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 71
222
Silayan, Equitable Distribution, supra note 218 à la p. 55.
223
Actuellement, les crédits d’émission générés par les projets MDP feront l’objet d'un prélèvement de
2% qui sera reversé dans des fonds d'adaptation pour aider les pays en développement vulnérables à
s'adapter aux effets adverses des changements climatiques. Cependant, comme présenté ci-dessus, les
projets MDP dans les pays les moins avancés sont exempts du prélèvement pour l'adaptation et des
coûts administratifs.
224
Banuri, « The clean development », supra note 219 à la p. 90.
225
Gunawansa, « The Kyoto protocol », supra note 20 à la p. 500.
226
Silayan, Equitable Distribution, supra note 218 à la p. 56.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 73
l’approche sectorielle est plus acceptable dans la mesure où il est plus facile d’évaluer
la réduction des émissions d’un secteur que de mesurer la réduction engendrée par
une politique nationale233. En outre, le MDP sectoriel pourrait résoudre le problème
du MDP fondé sur des projets qui n’a pas réussi à réduire les émissions dans le
secteur des transports et des bâtiments dont les sources d'émission sont trop petites
pour être considérées comme des projets. En effet, le MDP sectoriel constitue des
incitations financières afin que les gouvernements édictent des normes d'efficacité
pour les véhicules et les appareils ménagers. Les coûts de réduction d’émission
engendrée par ces mesures pourraient être financés a posteriori par la vente des crédits
d'émission sur le marché de carbone234. En général, le MDP sectoriel pourrait être
établi selon de deux manières différentes.
En premier lieu, les crédits d’émission pourraient être générés par l'adoption
et la mise en œuvre des politiques et mesures domestiques de réduction d’émission
dans des secteurs particuliers235. Cette proposition se rapproche à celle de l’inclusion
des politiques dans le MDP mais elle est limitée dans certains secteurs les plus
émetteurs. Cependant, comme mentionné précédemment, les projets basés sur les
politiques ont été exclus du MDP lors de la Conférence de Montréal.
En second lieu, les pays en développement pourraient prendre des
engagements quantitatifs de réduction des émissions dans un secteur défini. Ces
engagements seraient revus par un organe technique similaire au Conseil exécutif du
MDP236. Les engagements quantitatifs des pays en développement pourraient être
formulés sous forme de réduction de l’intensité carbone du PIB ou fixé en valeur
absolue. La réduction des émissions dans le secteur défini supérieure à l'objectif fixé
pourrait générer de crédits d’émission (équivalent aux unités de réduction d'émissions
certifiées dans le cadre du MDP) qui peuvent être échangés sur le marché de
carbone237. Cette idée a été défendue par des centres de réflexion comme le World
Resources Institute238 et le Center for Clean Air Policy239.
L’approche sectorielle du MDP a été officiellement retenue par l’Union
européenne. En présentant ses propositions en vue d'un pacte mondial sur le
changement climatique à Copenhague, la Commission européenne souligna que :
[…] pour les pays en développement avancés et les secteurs économiques
hautement compétitifs, le MDP tel qu’il est conçu actuellement doit être
supprimé progressivement pour faire place à un mécanisme sectoriel
233
Vieillefosse, Le changement climatique, supra note 89 aux pp. 134-135.
234
Axel Michaelowa et Sonja Butzengeiger, « Possibilités et limites des mécanismes sectoriels dans la
politique internationale du climat », La Vie économique Revue de politique économique 12-2009, 19
aux pp. 19-22.
235
Joséluis Samaniego et Christiana Figueres, « Evolving to a sector-based clean development mechanism
» [Samaniego, « Evolving to a sector-based »] dans Baumert, Building on the Kyoto Protocol, supra
note 161 89 aux pp. 89-108.
236
BASIC, « The Sao Paulo Proposal », supra note 231 à la p. 7.
237
Richard Baronet Jane Ellis, Exploring Options for Sectoral Crediting Mechanisms, Paris, Organisation
for Economic Co-operation and Development/International Energy Agency, 2005.
238
Bradley Rob et al., Slicing the Pie: Sector-Based Approaches to International Climate Agreements,
Washington DC, World Resources Institute Report, 2007.
239
Schmidt, « Sector-based approach », supra note 180 aux pp. 494-515.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 75
capacités différentes dans le stockage du CO2. Mais même avec un meilleur site de
stockage, le risque de fuite à long terme existe254. Donc, il faudrait préciser la question
de responsabilité des parties en cas de fuite ou de non-permanence du stockage du
CO2255. En ce qui concerne la responsabilité, Greenpeace considère que des projets
MDP génèrent des crédits à court terme256. Après la fin du projet MDP, la
responsabilité liée aux risques de fuite du site de stockage ainsi que les frais de
surveillance à long terme en cas de fuite pourraient être remises aux pays hôtes de
projets MDP en l'absence d'autres accords entre les parties. Cela pourrait contredire
l'objectif du MDP visant à promouvoir le développement durable des pays en
développement. Donc, en tout cas, il est crucial que les industries et les
gouvernements des pays développés prennent la responsabilité à court et à long terme
liée aux projets CSC. En tenant compte de la situation compliquée de la
responsabilité, les exploitants pourraient être tenus de prendre des assurances privées
comme le cas des centrales nucléaires. En outre, tous les exploitants devraient
contribuer à un fonds spécial qui pourrait être utilisé en cas de fuite du site de
stockage257. Contrairement au point de vue de Greenpeace, selon l’Association
internationale des échanges de droit d'émissions (IETA), des projets de stockage
géologique du CO2, qui ont été mis en œuvre avec succès, permettent de stocker des
millions de tonnes de CO2 depuis de nombreuses années sans fuite258. En outre, il est
optimal de lier la responsabilité à long terme de fuite avec le pays hôte. En pratique,
le pays hôte est le plus apte d'assurer les conditions de fonctionnement des sites de
stockage qui relèvent de sa compétence de contrôle. Cependant, l’IETA estime que
les risques de fuite provenant du transfert de responsabilité pour le pays hôte sur le
long terme seraient très faibles. En effet, les risques de fuite de CO2 sont plus élevés
durant la période de mise en œuvre du projet ou juste après la fermeture du site de
stockage259.
En second lieu, il est important de prendre en considération les impacts
environnementaux négatifs du CSC dans les océans. Le rapport spécial du GIEC sur
le captage et le stockage du dioxyde de carbone considère :
[…] une concentration élevée durable de CO2 entraîne le décès
d’organismes océaniques. Les effets du CO 2 sur les organismes marins
auront des conséquences pour les écosystèmes. Les effets chroniques pour
les écosystèmes d’une injection directe de CO 2 dans les océans sur une
254
Ibid.
255
Voir aussi: Sven Bode et Martina Jung, Carbon dioxide capture and storage (CCS): liability for non-
permanence under the UNFCCC, Hamburg, Hamburg Institute of International Economics [HWWA
Discussion Paper no 325], 2005 à la p. 8.
256
Les points de vue de Greenpeace soumis au secrétariat de la CCNUCC sur la question de responsabilité
à long terme pour le site de stockage: Voir CCNUCC, Further guidance relating to the clean
development mechanism : carbon dioxide capture and storage technologies (d) Long-term liability for
storage site, FCCC/KP/CMP/2006/L.8, 2011, en ligne :
<http://unfccc.int/resource/docs/2007/smsn/ngo/016.pdf>.
257
Ibid.
258
Les points de vue d’IETA soumis au secrétariat de la CCNUCC sur la question de l’inclusion des
activités de CSC au sein du MDP, le 21 Février 2011, en ligne:
<http://unfccc.int/resource/docs/2011/smsn/ngo/270.pdf>.
259
Ibid.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 79
grande superficie et sur le long terme n’ont pas encore été étudiés 260.
des activités de CSC au sein du MDP a été également critiquée dans la mesure où elle
pourrait prolonger la dépendance mondiale au pétrole et réduire les investissements
dans les énergies renouvelables. Selon des estimations de Greenpeace, depuis
quelques années, la part des budgets de recherche et développement dans les pays
pour le CSC a augmenté. En revanche, le financement pour des recherches de
technologies propres et d’énergies renouvelables a diminué. Par exemple, en 2009, le
budget du Département de l’Énergie des États-Unis pour le financement des
programmes concernant le CSC a augmenté de 26,4% tandis que son budget pour le
financement des programmes liés à l’énergie renouvelable a baissé de 27,1%. En
Norvège, le fonds public pour des recherches dans l’industrie pétrolière est cinq fois
plus élevé que dans le secteur de l’énergie renouvelable268.
Dans ce contexte, à la Conférence de Cancun en décembre 2010, les parties
ont adopté une position prudente en matière de l’inclusion des activités de CSC au
sein du MDP. En tenant compte de ses impacts environnementaux négatifs, le
stockage océanique a été abandonné. La décision adoptée à Cancun considère que « le
captage et le stockage du dioxyde de carbone dans les formations géologiques sont
des technologies pertinentes afin de réaliser l’objectif ultime de la Convention et
peuvent faire partie d’un ensemble d’options possibles pour atténuer les émissions de
gaz à effet de serre »269. Elle permet également d’inclure les activités de CSC dans les
formations géologiques au sein du MDP à condition que les préoccupations liées aux
questions suivantes soient traitées et réglées de manière satisfaisante 270 : la non-
permanence du stockage du CO2, l’impact sur l’environnement, la compatibilité avec
le droit international, la sécurité et la responsabilité en cas de dommages causés par
des déperditions ou des fuites271. Donc, malgré la décision prise à Cancun qui souligne
l’importance du CSC dans la réalisation de l’objectif ultime de la CCNUCC, son
inclusion au sein du MDP n’est pas encore acquise.
d'autres utilisations ou ont disparu pour causes naturelles dans le monde pour la
période 2000-2010, contre 16 millions d'hectares par an dans les années 1990. La
déforestation la plus grave a lieu dans les pays en développement en Afrique, en
Amérique du Sud et en Asie du Sud et du Sud-Est 272. Cette situation a des impacts
négatifs considérables sur la biodiversité des forêts et sur les changements
climatiques. Le quatrième rapport d'évaluation du GIEC en 2007 indique que le
secteur forestier, principalement par la déforestation, représente 17,4% des émissions
mondiales de gaz à effet de serre en 2004, ce qui en fait la troisième source
d’émission après les secteurs de l'énergie et de l’industrie 273. Dans ce contexte, le rôle
du secteur forestier dans la lutte contre les changements climatiques, en particulier les
possibilités de réduction des émissions de gaz à effets de serre liées à la déforestation
et à la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD) a attiré
l’attention considérable de la communauté internationale.
La prise en compte du mécanisme REDD ou « déforestation évitée » est
l’effort de la communauté internationale à offrir des incitations financières pour les
pays en développement visant à réduire les émissions liées à la déforestation et à la
dégradation des forêts. Dans le cadre du mécanisme REDD, les pays en
développement devraient élaborer les politiques nationales, notamment la clarification
et l’application du droit foncier et forestier, la création de réserves ou de parcs, fournir
des indemnités ou des mesures d’incitation afin d’éviter la déforestation. Ces activités
pourraient être financées par les mécanismes financiers internationaux contribués par
les pays développés. Cependant, l’une des questions controversées des négociations
climatiques est le désaccord entre les États parties quant aux modalités de
financement des activités REDD (2). Une approche vise à inclure les activités REDD
dans le marché de carbone. Une autre approche préfère le financement des activités
REDD via le mécanisme de fonds. Avant la prise en considération de ces approches
différentes, il convient d’examiner les dispositions relatives à la REDD dans le cadre
des accords climatiques actuels (1).
272
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), « Évaluation des ressources
forestières mondiales 2010 », en ligne : foris.fao.int <http://foris.fao.org/static/data/fra2010/Key
Findings-fr.pdf>.
273
GIEC, Bilan 2007, supra note 4 à la p. 5.
82 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
constituent pourtant une source importante d’émission de gaz à effet de serre 274.
La REDD a été discutée pour la première fois à la Conférence de Montréal
en 2005. À Montréal, la Coalition des pays à forêt tropicale humide, conduite par le
Costa Rica et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a proposé la modification des Accords
de Marrakech pour permettre l’inclusion des activités REDD dans le MDP 275. Ensuite,
lors de la Conférence de Bali en 2007, les parties ont adopté une décision spécifique à
la REDD qui prévoit explicitement que la REDD dans les pays en développement
pourrait aider à atteindre l’objectif ultime de la CCNUCC. En outre, la décision
considère également que la mise en œuvre de nouvelles mesures adaptées liées aux
activités REDD est urgente276.
L’Accord de Copenhague reconnaît le rôle crucial des activités REDD ainsi
que « la nécessité de prévoir des incitations positives en faveur de telles mesures par
la mise en place immédiate d’un mécanisme, comprenant l’initiative REDD-plus, qui
permette de mobiliser des ressources financières auprès des pays développés »277.
Conformément au Plan d’action de Bali et aux décisions adoptées à Copenhague,
l’Accord de Cancun demande aux pays en développement de développer une stratégie
nationale ou une plan d’action, un niveau de référence des émissions forestières ainsi
qu’un système national de surveillance forestière solide et transparent pour surveiller
et fournir des estimations cohérentes et précises sur les activités REDD dans ces
pays 278. Toutefois, la question de la « déforestation évitée » reste l’une des questions
les plus controversées des négociations climatiques, notamment sur la question de
financement du mécanisme REDD dans le régime « climat » post-Kyoto. En effet, les
accords adoptés à Copenhague et à Cancun n’ont pas donné une réponse claire pour la
question de financement. En revanche, cette question est reportée à la 17ème session de
la Conférence des parties de la CCNUCC à Durban en Afrique du Sud279.
274
CCNUCC, Rapport de la Conférence des Parties sur les travaux de sa septième session, tenue à
Marrakech du 29 octobre au 10 novembre 2001 (Décision 17/CP.7), FCCC/CP/2010/13/Add.2, 2002,
en ligne : unfccc.int <http://unfccc.int/resource/docs/french/cop7/cp713a02f.pdf#page=20> aux pp. 20-
24.Le paragraphe 7 (a) de la décision 17/CP.7 sur les « Modalités et procédures d’application d’un
mécanisme pour un développement propre tel que défini à l’article 12 du Protocole de Kyoto » prévoit
que « parmi les activités de projet liées à l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres
et à la foresterie, les seules admissibles au titre du mécanisme pour un développement propre, sont les
activités de boisement et de reboisement ».
275
CCNUCC, Reducing emissions from deforestation in developing countries: approaches to stimulate
action : Submission by the Governments of Papua New Guinea & Costa Rica ,
FCCC/CP/2005/MISC.1, 2005, en ligne : <http://unfccc.int/resource/docs/2005/cop11/eng/misc01.pdf
> à la p. 8.
276
CCNUCC, Réduction des émissions résultant du déboisement dans les pays en développement:
démarches incitatives (2/CP.13), FCCC/CP/2007/6/Add.1, 2008, en ligne :
<http://unfccc.int/resource/docs/2007/cop13/fre/06a01f.pdf> aux pp. 8-10.
277
Accord de Copenhague, supra note 8 au para. 6.
278
Accord de Cancun, supra note 9 au para. 71.
279
Ibid. au para. 77.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 83
suivante.
pour mai 2011, 2012 et 2013 afin d’améliorer la transparence. En outre, l’Accord de
Cancun a créé un Comité de transition309 avec 40 membres (15 membres provenant
des pays développés et 25 membres provenant des pays en développement) pour
définir les modalités du Fonds vert de Copenhague pour le climat310.
Toutefois, les accords adoptés à Copenhague et à Cancun ne fournissent
aucune indication précise sur le mécanisme de contribution des pays développés ainsi
que sur la répartition du fonds vers les pays en développement. En outre, ces
engagements financiers restent très limités par rapport aux besoins financiers globaux
en général et aux besoins financiers des pays en développement en particulier pour la
réduction des émissions de gaz à effet de serre à long terme. Le rapport du secrétariat
de la CCNUCC estime que les besoins financiers pour réduire les émissions globales
sont d’environ 200-210 milliards USD en 2030. Plus de la moitié de ce montant serait
nécessaire pour les pays en développement. Dans le secteur forestier, les besoins
financiers pour réduire les émissions dans les pays en développement sont estimés à
21 milliards USD : 8 milliards pour la gestion durable de la forêt, 12 milliards pour
réduire la déforestation et un milliards pour la reforestation311.
Sur les montants, l’Union européenne considère également qu’il faudra
mobiliser 100 milliards d’euros par an pour financer les actions d’atténuation et
d’adaptation dans les pays en développement jusqu’en 2020 : actions autofinancées
par les pays en développement (22 à 50 milliards d’euros), actions soutenues par le
marché carbone (38 milliards, dans l’hypothèse que le niveau de réduction
d’émissions des pays développés est de 30% en 2020 par rapport à 1990), et actions
soutenues par des financements publics (22-50 milliards) 312. Pourtant, les
engagements financiers actuels de l’Union européenne pour les pays en
développement sont très modestes. Dans le cadre du Conseil européen des 10-11
décembre 2009, l'Union européenne et ses États membres ne s’accordent que sur un
montant global de 7 milliards d'euros par an et un financement à mise en œuvre rapide
de 2,4 milliards d'euros par an pour la période de 2010 à 2012313.
Actuellement, il convient de considérer que les propositions faites par les
pays développés ne permettent pas de garantir suffisamment des ressources
financières additionnelles pour financer les actions dans les pays en développement.
Pourtant, il faut bien noter que selon la CCNUCC, l’exécution par les pays en
309
Ibid. supra note 9 au para. 109.
310
La liste des membres du Comité de transition a été actuellement adoptée par les parties à la CCNUCC.
Voir le communiqué de presse du secrétariat de la CCNUCC le 15 avril 2011 : Organisation des
Nations Unies (Secrétariat de la CCNUCC), Communiqué, « Press Release : Governments agree
Transitional Committee membres for new Green Climate Fund » en ligne :
<http://unfccc.int/files/press/press_releases_advisories/application/pdf/pr20110415gcfcommittee.pdf>.
311
Secrétariat de la CCNUCC, Investment and Financial Flows to Address Climate Change,
FCCC/TP/2008/7, 2008, en ligne : <http://www.forestforclimate.org/attachments/070_inv_fin.pdf> à
la p.18.
312
Emmanuel Guérin et Matthieu Wemaëre, « Négociations climat: Compte-rendu de la conférence de
Barcelone », (2009) 6 Idées pour le débat4 : 17 [Guérin et Wemaëre, « Négociations climat »].
313
CE, Conseil européen - 10 et 11 décembre 2009 – conclusions [2009], CE, EUCO 6/09 au para. 37, en
ligne : consilium.europa.eu
<http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/ec/111886.pdf>.
88 23.1 (2010) Revue québécoise de droit international
314
CCNUCC, supra note 1, art. 4.7.
315
Guérin et Wemaëre, « Négociations climat », supra note 312 à la p.7.
316
U.E., « Position de l'UE en vue de la Conférence de Copenhague », supra note 28 au para. 19.
317
CE, Directive 2008/101/CE du parlement européen et du conseil du 19 novembre 2008 modifiant la
directive 2003/87/CE afin d’intégrer les activités aériennes dans le système communautaire d’échange
de quotas d’émission de gaz à effet de serre, [2009] J.O. L 8/4, en ligne : Parlement européen
<http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:008:0003:0021:fr:PDF>.
318
CE, Directive 2003/87/CE du parlement européen et du conseil du 13 octobre 2003 établissant un
système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre dans la Communauté et modifiant la
directive 96/61/CE du Conseil [2003] J.O. L 275/32, en ligne : Parlement européen <http://eur-
lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2003:275:0032:0046:fr:PDF>.
L'intégration des pays en développement dans le régime Post-Kyoto 89
327
La République Démocratique du Congo, la Tanzanie et la Zambie.
328
L’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Vietnam.
329
La Bolivie, le Panama et le Paraguay.
330
Programme ONU-REDD, Bilan annuel 2009, Genève, Programme ONU-REDD, 2010 à la p. 24, en
ligne : Programme des Nations Unies pour l’environnement <http://www.unep.org/pdf/un-
redd_2009_year_in_review_fr.pdf>.
331
France, Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, Quelle
coopération internationale française pour faire face au défi climatique ? - La lutte contre la
déforestation-REDD+ à la p.1 (novembre 2010), en ligne : gouv.fr <http://www.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/10002_Cancun_fiche_REDD__16-11_DEF_light-2.pdf>.