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d’emplois est plutôt de 25,7 pour cent, reflétant ainsi l’impact de la problématique de l’espace
fiscal et du surendettement sur le marché du travail.
Si ce marché du travail est aujourd’hui caractérisé par des jeunes toujours plus
dynamiques et toujours mieux formés, il n’en reste pas moins vrai qu’un jeune sur cinq est
sans emploi et évolue en dehors du système éducatif et de formation. Ceci contribue
largement et négativement à la problématique de l’économie informelle, dont la situation
malheureusement s’empire depuis la pandémie de COVID-19.
Malgré les efforts des gouvernements et aussi des banquiers centraux pour juguler cette
inflation galopante (inflation qui devrait perdurer autour de 7 pour cent en 2023 selon le Fonds
monétaire international), l’augmentation globale des salaires est restée bien en deçà de la
montée des prix, entraînant ainsi une dégradation presque constante du pouvoir d’achat
surtout pour les tranches les plus vulnérables de notre société.
Si l’on accueille favorablement les gains de productivité et leur impact positif sur
l’économie, l’on se doit également de rappeler le fossé toujours plus grand qui sépare la
croissance de la productivité, d’un côté, et celle des salaires, de l’autre, sans oublier la multitude
des micros et petites entreprises créatrices d’emplois qui doivent déposer leur bilan.
Excellences, Mesdames et Messieurs les délégués,
Mon message est simple. Nul ne devrait, nul ne saurait pratiquer la politique de l’autruche.
Les avancées salutaires dérivées de la quatrième révolution industrielle qui promet une
transformation radicale des modes de production, les bouleversements démographiques,
l’impérieuse nécessité d’une décarbonation de l’économie constituent, et à juste titre, des
opportunités pour un futur meilleur pour nous toutes et nous tous. Mais en même temps, les
inégalités ne cessent de se creuser. Il est aberrant de constater qu’à ce jour 4 milliards de nos
concitoyens n’ont aucune protection sociale et que 214 millions des travailleurs gagnent moins
que le seuil de pauvreté. Comment pouvons-nous expliquer que, aujourd’hui encore, les
femmes gagnent en moyenne 20 pour cent de moins par heure que leurs collègues hommes?
Je crois fondamentalement que nous ne saurions rester spectateurs devant la résurgence
du travail des enfants et du travail forcé. Nous ne saurions rester spectateurs devant les
risques de discrimination, quelle qu’elle soit – les risques d’exclusion, les risques de violence et
d’harcèlement.
Bref, en un mot, il nous faut continuer d’appuyer sur cet accélérateur de la justice sociale.
Justice sociale, qui, faut-il le rappeler, est, et demeure, cette pierre angulaire et la raison d’être
première de notre Organisation. Elle est aussi à la base de l’agenda social des Nations Unies,
depuis la création des Nations Unies.
L’initiative d’une Coalition mondiale pour la justice sociale se veut de rassembler tous les
acteurs et actrices de bonne volonté du monde du travail mais aussi du système des Nations
Unies, des institutions financières internationales, les banques multilatérales de
développement, le secteur privé, la société civile, le monde universitaire, les bilatéraux afin de
galvaniser nos efforts vers une meilleure justice sociale.
À court terme, nous voudrions élever le débat politique sur la nécessité d’intégrer
systématiquement l’agenda social dans tous ces grands rendez-vous internationaux,
régionaux et locaux. Ensemble, d’ici la fin de l’année courante, nous souhaitons définir les
grandes thématiques sur lesquelles nous devons faire porter ces efforts supplémentaires.
L’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale à l’appui de transitions justes lancé
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par le Secrétaire général António Guterres de l’Organisation des Nations Unies, avec mon
prédécesseur Guy Ryder, en est un bon exemple.
La lutte contre les inégalités et l’informalité et l’accès pour tous et pour toutes à l’éducation
et à l’apprentissage constituent d’autres exemples, de même que l’intégration des droits de
l’homme et des droits au travail dans les accords commerciaux et les chaines
d’approvisionnement.
La Coalition mondiale pour la justice sociale vise à accélérer la mise en œuvre du
Programme de développement durable à l’horizon 2030 en mobilisant les acteurs du système
multilatéral pour mieux aligner leurs actions sur les objectifs de justice sociale.
S’appuyant sur le mandat de l’OIT en matière de justice sociale, la Coalition vise à
équilibrer les considérations environnementales, économiques et sociales dans la
conversation mondiale, y compris la réforme de l’architecture financière internationale qui se
dessine.
Nous voudrions plaider pour la cohérence des politiques et l’investissement dans la
protection sociale et le travail décent.
Nous voulons approfondir le discours sur la refonte du système financier pour mieux
soutenir l’économie réelle et les emplois décents afin d’assurer une approche centrée sur
l’humain.
Excellences, Mesdames et messieurs,
Depuis ma prise de fonction, j’ai eu l’opportunité de visiter plusieurs États Membres.
J’ai pu constater les effets néfastes des crises successives, l’augmentation des inégalités, la
question brûlante du coût de la vie, pour ne nommer que quelques-uns de ces défis.
Cependant, j’ai été également témoin de la détermination de nombreux gouvernements
et partenaires sociaux à faire face à ces défis, ainsi qu’à ces nouveaux enjeux.
Il existe, fort heureusement, une réelle volonté de s’attaquer aux obstacles structurels qui
entravent le progrès économique et social. Je parle ici d’un engagement pour faire en sorte
que les nouvelles technologies créent des emplois décents pour fournir les compétences et le
soutien nécessaires à la transition juste afin que travailleuses et travailleurs, ainsi que les
entreprises, surtout les PME, puissent bénéficier de la nouvelle économie à faible intensité de
carbone, et pour soutenir la protection sociale dans des sociétés toujours plus justes, plus
cohésives et plus résilientes.
C’est pour toutes ces raisons que mon premier rapport à la Conférence porte sur
l’objectif «Faire avancer la justice sociale».
Je voudrais ici remercier chaleureusement les chefs d’État et de gouvernement, les
représentants des organisations d’employeurs et de travailleurs, les collègues des agences du
système multilatéral et autres dirigeants qui ont accepté de prendre part au Sommet sur le
monde du travail: Justice sociale pour tous.
Mesdames et Messieurs,
Dans ce contexte, nous devons renforcer notre attachement à un multilatéralisme
efficace. Il doit se matérialiser, au sein de l’OIT et au-delà de notre Organisation, par un
engagement constructif et une recherche de solutions partagées et consensuelles.
Face aux risques de divisions, face aux risques d’enracinement, et face aux risques
de polarisation des diverses opinions, nous avons le devoir, je veux dire l’obligation morale,
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de plutôt maximiser l’usage de la diplomatie pour rapprocher les points de vue des différents
groupes. In fine, à un moment où, reconnaissons-le, le multilatéralisme est plutôt mis à mal,
nous devons tout faire pour assurer la primauté de la force de la diplomatie internationale sur
la diplomatie de la force.
Nous devons essayer de comprendre les points de vue des uns et des autres, de chercher
des terrains d’entente et de faciliter l’inclusion.
À l’OIT, cela signifie aussi faire avancer la ratification de l’Instrument d’amendement à la
Constitution de l’Organisation Internationale du Travail, 1986, afin que nous puissions
progresser dans la démocratisation de la gouvernance de notre Organisation.
Il est de mon devoir, en tant que Directeur général, d’attirer votre attention sur ce malaise.
Parce qu’en effet, il y a ce malaise. Deux tiers des États Membres, soit 125 pays, ont ratifié ledit
amendement. Mais sa mise en œuvre demeure illusoire et bloquée par huit des dix États
Membres ayant l’importance industrielle la plus considérable. Cet état des choses est contraire
à nos valeurs de démocratie et de justice sociale.
Excellences, Mesdames et Messieurs les Délégués,
Gardons à l’esprit toute notre expérience de négociation tripartite au cours des deux
prochaines semaines afin de parvenir à un consensus au sein des différentes commissions de
la Conférence.
Tout d’abord, en plus des travaux habituels de la Commission de l’application des
normes, j’attends avec impatience la discussion de l’Étude d’ensemble sur la réalisation de
l’égalité entre les femmes et les hommes au travail.
Deuxièmement, la Commission normative sur l’apprentissage se penchera sur la
nécessité cruciale de promouvoir un apprentissage de qualité dans le cadre de politiques
adéquates.
Troisièmement, la Commission chargée de la discussion récurrente sur la protection
des travailleurs, nous indiquera d’ailleurs les futures priorités en matière de renforcement
des institutions du travail, dans l’esprit de la Déclaration du centenaire de l’OIT pour l’avenir du
travail, 2019. Je ne peux que me réjouir de l’importance que tous les participants et
participantes attachent à cette question.
Quatrièmement, face aux défis du changement climatique, la Commission chargée de la
discussion sur la transition juste examinera les effets sur le monde du travail de la transition
vers une économie à faible intensité de carbone.
Cinquièmement, je ne saurai oublier la Commission des affaires générales, dont les
conclusions cette année sont particulièrement attendues.
Enfin, les travaux de la Commission des finances se focaliseront sur l’adoption du
programme et budget pour la période biennale 2024-25. L’adoption du budget est essentielle
pour nous, afin de fournir les ressources nécessaires en vue de mettre en œuvre des solutions
appropriées et centrées sur l’humain, et de faire progresser notre défi de justice sociale.
Au cours de cette Conférence, vous aurez aussi l’opportunité d’examiner mon rapport
sur la situation des travailleurs dans les territoires arabes occupés, rapport qui confirme
malheureusement des conditions du marché du travail qui demeurent pénibles, un niveau de
chômage élevé et une augmentation du niveau de pauvreté, surtout à Gaza où le taux de
pauvreté est monté de 59 pour cent à 65 pour cent. Le BIT continuera à fournir une assistance
technique à l’Autorité palestinienne, ainsi qu’aux travailleurs et employeurs en Palestine.
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