Tfe Morgane Flack Guerir Rire
Tfe Morgane Flack Guerir Rire
Tfe Morgane Flack Guerir Rire
FLACK Morgane
Georges WOLINSKI
Remerciements
Je tiens à remercier tout particulièrement Isabelle, qui a été mon ange gardien durant
ce mémoire, à travers son énorme travail de relecture, son soutien et ses encouragements.
A l’ensemble des infirmiers que j’ai pu côtoyer durant ces trois ans, merci de m’avoir
guidé, enseigné, transmis votre savoir mais aussi montré que mon idéal du soin existait.
Pour finir, je souhaite remercier cette personne qui m’écoute, m’encourage, m’épaule
au quotidien. Merci pour ton soutien infaillible, merci d’être toi, merci d’être là, merci pour
tout. Sans toi, ce travail ne serait pas le même et moi non plus.
Sommaire
Introduction ......................................................................................................................... 2
2 Questionnement .......................................................................................................... 12
3 L’humour .................................................................................................................... 18
5 L’outil .......................................................................................................................... 20
Le soignant .................................................................................................................. 30
Le soigné ..................................................................................................................... 30
Une relation asymétrique ............................................................................................. 31
8.3 De la relation de soins... A la relation de confiance ................................................. 32
9 L’humour .................................................................................................................... 38
Enquête ............................................................................................................................... 52
Conclusion .......................................................................................................................... 68
Bibliographie ...................................................................................................................... 74
Annexe n°1 : Les différentes types de relation de soins selon Margot PHANEUF .... 82
Annexe n°2 : Les fonctions du langage selon JAKOBSON, Marlyne DABRION ....... 84
2
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
3
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Avant de présenter les situations qui m’ont permis de rédiger ce mémoire, il me
semblait nécessaire d’expliquer les motivations quant à l’écriture de celui-ci.
J’ai toujours été une personne de nature enjouée, que ce soit dans la vie quotidienne,
mais aussi, depuis trois ans, au cours de mes stages et de mes remplacements en tant qu’aide-
soignante. L’humour a donc toujours fait partie de mon quotidien. Un jour, l’une des
formatrices de mon Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) m’a posé la question
suivante : « Quelle soignante voulez-vous être ? » Ce fût une question difficile, elle ne me
demandait pas dans quel service je souhaitais travailler, ni ce que je préférais apprendre, elle
souhaitait savoir qui je voulais être. Après réflexion, je lui ai répondu : « Une infirmière qui
apporte du bonheur aux gens. » Dans cette idée, je voulais exprimer le fait que l’hôpital est
un lieu qui peut faire peur, un lieu qui peut paraître froid, antipathique… et que les personnes
craignent, surtout qu’ils s’y rendent généralement dans un contexte déplaisant.
Après avoir confronté mes deux situations, je ferai part du questionnement qu’elles
m’ont suscité, afin d’en ressortir ma question de départ provisoire. A partir de cette question,
j’explorerai les différents mots-clés la composant me permettant, par la suite, de juger de sa
pertinence. Puis j’étudierai les concepts phares de cette question à travers différents
éclairages théoriques qui me permettront de formuler une hypothèse en réponse à ma
question de départ. Hypothèse que je tenterai d’infirmer ou de confirmer à l’aide d’une
enquête réalisée auprès de divers professionnels de santé. Pour finir, je conclurai quant à
l’élaboration de ce travail et sur ce qu’il m’a apporté.
4
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
5
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Situations d’appel et
questionnement
6
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
7
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
1 Situations d’appel
L’une des situations qui a le plus retenu mon attention lors de mon parcours de stage
reste un épisode que j’ai rencontré au cours de mon stage du semestre 4, que j’ai réalisé dans
le service de gastro-entérologie.
Parmi ces six patients se trouve Madame X., une femme âgée de 87 ans, elle est
arrivée lundi dans le service. Elle est veuve et vit à son domicile. Madame X. est très entourée
par sa famille, elle a trois enfants et cinq petits-enfants. Ils ne résident pas près de la ville
mais lui téléphonent quotidiennement. Elle est hospitalisée dans ce service pour altération
de l’état général avec une chute à domicile. Cette dernière n’a entraîné aucune fracture.
Néanmoins, Madame X. présente une certaine motivation avec une envie de retrouver
sa mobilité. Lors de son admission dans le service, que j’ai eu la chance d’effectuer, elle ne
cesse de répéter qu’elle veut retourner à son domicile le plus rapidement possible et que son
objectif est de retrouver un maximum d’autonomie, surtout en ce qui concerne ses
déplacements. En effet, c’est une femme qui réside seule à son domicile et qui est
indépendante : elle est autonome par rapport à ses soins d’hygiène et à son alimentation.
Résidant près d’un petit supermarché, elle fait elle-même ses « petites commissions »
comme elle les appelle. Une aide à domicile vient deux fois par semaine réaliser les tâches
8
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
domestiques plus difficiles ainsi que pour faire les courses plus lourdes, qui peuvent
nécessiter une force plus importante.
Je frappe à la porte de sa chambre qui est entrouverte. J'entends une voix faible :
entrez. Je rentre doucement, la chambre est plongée dans une demi-obscurité, les volets sont
à moitié fermés. J'aperçois Madame X, allongée dans son lit, de grosses lunettes de soleil sur
son nez qui, je suppose la protègent de la faible lumière que laissent filtrer les volets. Elle ne
tourne pas la tête pour regarder qui lui rend visite. Je me permets alors de dire :
9
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
« Allons bon, je ne savais pas que c’était le festival de Cannes, aujourd’hui, sinon
j’aurais mis mes lunettes de soleil aussi. »
Suite à cette remarque, j’entends son rire cristallin, auquel je me suis habituée au fil
du temps. Elle se tourne alors vers moi, me sourit puis me dit :
« Je ne savais pas que c’était vous. Je suis désolée mais je pense qu’avec votre blouse
et vos baskets, le festival de Cannes c’est raté pour vous cette année. »
Nous enchaînons les phrases, empreintes d’humour, dans le but de la faire rire.
Malgré cela, je n’en oublie pas la raison de ma venue et j’espère réellement comprendre ce
qui l’a encouragée à rester au lit aujourd’hui. Mme X. rit beaucoup jusqu’à ce qu’elle me
déclare cette phrase qui m’interpelle mais qui m’encourage aussi à analyser cette situation :
« Vous avez de l’humour, ça permet de penser à autre chose. Vous ne pouvez pas
savoir à quel point ça fait du bien, à quel point ça soulage, mieux qu’un médicament. »
Mme X m'explique qu'elle a eu une baisse de moral ce matin, qu'elle ne trouvait plus
la motivation et qu'elle n'avait pas l'impression d'avoir beaucoup évolué au cours de cette
semaine. Nous résumons sa situation, ses progrès, ses améliorations et nous notons ensemble
une évolution positive. Je comprends alors qu’elle n’avait pas notion de cette évolution car
elle aurait voulu que cela aille beaucoup plus vite. Si elle s’était écoutée, elle serait rentrée
chez elle dès le lendemain.
10
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
1.2 Seconde situation
Quelques mois plus tard, cette situation a ressurgi dans mon esprit. Lors de mes
vacances d’été, je travaillais en tant qu’aide-soignante dans le service d’Hospitalisation à
Domicile (HAD). Ce jour d’août restera ancré dans ma mémoire très longtemps. Je me
rendais chez Monsieur G., un patient de 53 ans afin d’effectuer un change dans le milieu
d’après-midi. Je vais donc développer cette situation afin d’étayer la première, elle vient
donc en relai et sera moins développée.
Ma seconde visite eut lieu environ deux semaines plus tard, je l’effectuai afin de faire
le change de Monsieur G.. Je découvris alors un patient transformé, amaigri, presque
cadavérique. Sa femme m’expliqua qu’il n’avait pas été mis au courant pour le soin et qu’il
serait bien que ce soit moi qui lui explique la raison et le but de ma venue.
Monsieur G. se braqua. Le soin se fit rapidement et dans le silence le plus total. Les
larmes de Monsieur G. coulèrent le long de ses joues quand je le tournai de nouveau vers
moi à la fin du change. C’est sûrement l’un des pires souvenirs que j’ai pu vivre au cours de
ma formation car je ne suis pas ce genre de soignante, je n'ai pas envie d'être ce genre de
soignante. Tout au long de mes stages, les tuteurs ont toujours souligné cette capacité que
j'avais à tisser des liens de confiance, de bienveillance avec les patients, ce dont j'ai toujours
été extrêmement fière. J'ai avancé le fait que le relationnel était la clé des soins, que ce savoir-
être est nécessaire, indispensable, voire primordial. Je ne m'étais jamais doutée qu'un jour je
me retrouverai dans une telle situation où la relation avec mon patient serait plus conflictuelle
que bienveillante.
11
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
2 Questionnement
Ces deux situations m’ont conduites à me questionner que ce soit sur l’humour lui-
même, sur la relation soignant-soigné, sur le rôle du soignant ainsi que celui du patient. J’ai
donc fais le choix de répartir mes questions en différentes catégories afin de mieux
appréhender et comprendre la problématique qui en découle.
• Comment évaluer une situation afin de déterminer si l’humour peut être utilisé ?
• L’humour a-t-il sa place dans toutes les situations de soins ?
• Certaines situations sont-elles propices à l’humour ?
• Au contraire, y-a-t-il des situations où l’humour doit être absolument évité ?
12
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
2.4 En rapport avec le soignant :
• La relation de confiance doit-elle déjà exister avant que le soignant puisse faire
preuve d’humour ou au contraire l’humour permet-il de créer et consolider la relation
de confiance ?
• L’humour peut-il être vu comme un outil thérapeutique ?
• L’humour n’empêche-t-il pas de mettre en place la distance relationnelle nécessaire ?
• L’humour est-il créateur de la relation soignant-soigné ?
• L’humour a-t-il une réelle utilité dans le soin ?
• Faut-il que ce soit le patient qui initie l’humour ou peut-on se permettre, en tant que
soignant, de faire preuve d’humour ?
Après avoir posé par écrit l’ensemble de ces questions, je me suis demandée ce qui
m’interrogeait réellement à travers ces deux situations et pourquoi celles-ci m’interpellaient
autant. J’ai pris conscience que j’utilisais souvent l’humour afin de créer une relation que je
qualifierais de rapport de confiance avec mes patients. Pour moi, cela a toujours été un outil
de communication qui m’a permis de tisser des liens avec eux. Toutefois, après la seconde
situation avec Monsieur G., je me suis réellement questionnée sur l’humour, sur son impact
dans la relation soignant-soigné mais aussi sur son utilité dans le soin. Étant une démarche
que je m’approprie régulièrement, il est essentiel pour moi de comprendre comment l’utiliser
correctement, à bon escient, dans un contexte qui l’autorise et surtout avec un objectif précis
derrière et non pas seulement dans le but de faire uniquement de l'humour et des blagues
''pour rire''. La question de départ provisoire suivante s’est alors imposée à moi :
13
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
« Dans quelle mesure l’humour peut être utilisé comme outil et permettre une
adhésion au soin en influençant la relation soignant-soigné ? »
Au vu de cette question, j'ai choisi de définir les différents termes qui me semblaient
être des mots-clés tels que l'humour, la relation soignant- soigné, l'outil, l'adhésion aux soins.
En m'orientant vers les définitions, j’espère pouvoir clarifier les différents termes et
de ce fait juger de la pertinence de ma question de départ provisoire, et ce, afin d’aboutir à
ma question de départ définitive.
14
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
15
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Phase exploratoire
16
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
17
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
3 L’humour
Comme dirait Guy BEDOS, « définir l’humour c’est prendre le risque d’en
manquer »1. Toutefois, même si ce n’est pas chose facile, j’ai décidé dans un premier temps
d’essayer de définir l’humour afin d’en comprendre la complexité.
Selon le dictionnaire Larousse, l’humour est défini comme étant une « forme d'esprit
qui s'attache à souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains
aspects de la réalité ; marque de cet esprit dans un discours, un texte, un dessin… »2. Selon
ce même dictionnaire, est qualifié d’humour « le caractère d’une situation, qui bien que
comportant un inconvénient, peut prêter à rire. »3
Ainsi, Robert ESCARPIT déclare qu’il n’est « pas possible de donner à l’humour
une définition satisfaisante ».4 Effectivement, au cours de mes recherches, j’ai pu constater
qu’il existe de multiples définitions de l’humour selon l’époque mais surtout selon les
approches philosophiques, psychologiques, littéraires, mais aussi, et c’est ce qui m’intéresse
le plus à travers ce travail de fin d’études, les approches médicales.
1
BEDOS, Guy, Pointes, piques et répliques. Paris : Le cherche midi, 1998, p. 6
2
Dictionnaire LAROUSSE, définition de l’humour
3
Ibid
4
ESCARPIT, Robert, L’humour. Paris : Presse Universitaire de France, Collection Que sais-je ?, 1994, p.6.
5
CONTOU -TERQUEM, Sarah, Dictionnaire FREUD. Paris : Bouquins, Robert Laffont, 2015, p. 564.
6
FREUD, Sigmund, Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient. Paris : Gallimard, 1992, p. 203.
7
MOURA, Jean-Marc, Le sens littéraire de l’humour. Paris : Presse Universitaire Française, 2010, p..
18
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
soin, on peut se rendre compte que cette forme d’humour est utilisée dans certaines situations
afin d’exprimer une déclaration qui aurait pu ne pas être entendue par le patient autrement.
4 La relation de soins
La relation de soins est un concept complexe qui a été étudié et analysé par de
nombreux auteurs. De par mes lectures, j’ai pu noter que la définition est donc très
diversifiée. Si je m’arrête uniquement aux mots qui composent cette expression j’ai le terme
relation qui, selon le dictionnaire Larousse, constitue en un « ensemble de rapports et de
liens existant entre personnes qui se rencontrent, se fréquentent et communiquent entre
elles . »12. Ainsi, la relation commence là où deux personnes, ou plus, se rencontrent et elle
peut ensuite évoluer grâce à une communication.
Le mot-clé soin quant à lui exprime l’idée d’ « actes par lesquels on veille au bien-
être de quelqu’un, d’actes de thérapeutique qui visent à la santé de quelqu’un, de son
corps. »13
8
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., L’humour dans la relation infirmière-patient : une revue de
la littérature, Recherches en Soins Infirmiers n°86, 2006.
9
ROBINSON, V. L’humour et la profession soignante, 1991
10
Ibid
11
Ibid
12
Dictionnaire LAROUSSE, définition relation.
13
Dictionnaire LAROUSSE, définition soins.
19
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
La relation de soins serait donc une relation qui existe dans un contexte particulier
qui est celui du soin, et comme l’indique Monique FORMARIER « la relation dont il est
question ici relève du champ professionnel ce qui implique des rapports sociaux codifiés,
préétablis. »14 Ainsi, la relation de soins est une relation particulière avec des codes précis
lui permettant d’être établie.
Grâce à cette définition, j’ai pu mettre en lien mes situations avec la relation de soins.
De plus, j’ai pu commencer à entrevoir l’importance de la relation dans le soin . Elle m’a
aussi permis d’établir un lien essentiel entre cette relation et la communication, qui reste la
clé afin de développer les rapports entre soignant et patient.
5 L’outil
14
FORMARIER Monique, La relation de soin, concepts et finalités, Recherche en soins infirmiers, Mars 2007,
n°89, p.34
15
MANOUKIAN, A. La relation soignant-soigné. Paris : LAMARRE, p. 3
16
Ibid p. 4
17
Dictionnaire LAROUSSE, définition d’outil.
20
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Effectivement, il est écrit qu’un outil « exerce une action sur un élément
d’environnement, dans le but d’améliorer l’efficacité des actions entreprises. »18 A travers
cette définition, j’ai pu réellement prendre conscience de l’impact que je voulais que
l’humour ait, c’est-à-dire être avant tout un outil efficace dans mon travail qui améliorera la
relation de soins et qui, s’il est utilisé convenablement me permettra de devenir la
professionnelle de santé que je souhaite être.
Après avoir lu plusieurs ouvrages, je pense qu’il est essentiel de souligner le fait qu’il
s’agit ici d’un outil de communication. Il est souvent beaucoup plus utilisé et manié dans le
marketing et la communication. Cependant, par définition, il s’agit avant tout d’outil « sans
lesquels il est impossible de collaborer ou de coopérer ». 19Or, comme je le disais auparavant
dans ma définition de la relation de soins, la collaboration avec le patient est une chose
essentielle au soin. Comme l’ajoute Erik ORSENNA : « Tous les mots sont des outils. Ni
plus ni moins. Des outils de communication. Comme les voitures. Des outils techniques, des
outils utiles ! 20» Ainsi, l’humour, s’il est bien manié, peut être un outil utile.
18
Dictionnaire LAROUSSE, définition d’outil.
19
Définition de « Outil », www.journaldunet.com/solutions/0210/021030_3colla.shtml, consulté le 6 janvier
2018.
20
ORSENNA, Erik, La grammaire est une chanson douce. Paris : Le livre de poche, collection « Littérature et
documents », 2003.
21
DE VIGAN, Delphine. No et moi. Paris : Le livre de poche, collection « Littérature et documents », 2009.
21
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
6 Adhésion au soin
L’adhésion aux soins aussi appelée adhésion thérapeutique est un concept très large
qui regorge de définitions variées et riches. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), cette dernière correspond au « niveau d’adéquation entre le comportement d’un
patient et les recommandations sur lesquelles il s’est entendu avec un professionnel de
santé. » 22 D’après cette définition, je comprends que l’adhésion thérapeutique s’allie au fait
que le patient adhère donc au projet, aux objectifs, aux méthodes (thérapeutiques ou non)
qui lui sont proposés.
Selon l’OMS, divers facteurs influencent l’adhésion aux soins. Elle les sépare en
différentes catégories. Tout d'abord, je constate qu'il y en a en lien avec le patient : « le
sentiment d’efficacité personnelle, la connaissance et la compréhension de la maladie et de
ses risques, l’attente et les croyances par rapport au traitement… »27 Dans tous ces facteurs,
22
Définition d’adhésion thérapeutique, http://lecrip.org/2014/05/21/adhesion-therapeutique-concepts-et-
definition/ consulté le 8 janvier 2018.
23
Définition de l’adhésion thérapeutique, site de l’OMS,
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2003/pr54/fr/ visité le 4 avril 2018
24
Définition de l’adhésion thérapeutique, http://solidarites-
sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_du_service_de_soins_infirmiers.pdf visité le 15 mars 2018
25
Définition d’adhésion thérapeutique, http://lecrip.org/2014/05/21/adhesion-therapeutique-concepts-et-
definition/ consulté le 8 janvier 2018.
26
Ibid
27
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2003/pr54/fr/ visité le 4 avril 2018
22
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
j’ai pu remarquer que le fil conducteur reste la communication avec le patient puisque le fait
d'échanger avec lui va permettre au soignant d’identifier ses besoins, ses ressources, ses
attentes, sa compréhension du traitement et de la pathologie… Aussi, la communication est
donc la clé de l’adhésion aux soins.
Il existe aussi des facteurs « en lien avec le traitement, son efficacité, les bénéfices perçus ;
en lien avec la maladie et en lien avec les facteurs du système de santé, qui impliquent la
disponibilité des soignants, la qualité de la relation entre le soignant et le patient… »28
28
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2003/pr54/fr/ visité le 4 avril 2018
23
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
7 Question de départ définitive
Dans quelle mesure l’humour dans le soin peut être utilisé comme outil
de communication et permettre une adhésion au soin en influençant la
relation soignant-soigné?
Au vu du sujet traité qu’est l’humour, ma question de départ provisoire était déjà très
ciblée, d’où le fait que ma question définitive reste similaire. Toutefois, suite à mes
différentes lectures, j’ai fait le choix d’ajouter la notion de soin à côté de celle d’humour afin
d’orienter essentiellement mes recherches sur l’humour dans les soins et non l’humour en
général. De même, le concept d’outil étant très large, j’ai fait le choix de préciser la notion
de communication en aval. Ces modifications ont été effectuées dans l’intention d’arriver à
une question de départ définitive plus concrète.
Dans le but d’essayer de répondre à cette question, j’ai choisi d’approfondir les
concepts d’humour et de relation de soins en ayant recours à différents auteurs.
En effet, il était pour moi nécessaire de traiter de l’humour puisque depuis le début
de ce travail de recherches, il en est le fil conducteur.
De plus, à travers ma phase exploratoire j’ai pu voir que, malgré les différences
significatives qui existent entre la relation soignant-soigné et l’adhésion aux soins, cette
dernière ne peut exister sans la première, d’où l’importance que j’y accorde. En
conséquence, j’ai décidé de traiter de la relation soignant-soigné en tant que concept dans
ma future partie.
24
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
25
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Phase conceptuelle
26
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
27
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
8 La relation de soins
Or, je pense qu’il est d’autant plus intéressant de s’appuyer sur le code de la santé
publique, et plus particulièrement sur le décret n°2004-802 qui indique que « les soins
29
PHANEUF, M. La relation soignant-soigné : L’accompagnement thérapeutique, avant-propos.
30
FORMARIER, M., op. cit p. 33
31
DABRION, M. Soins relationnels : La communication, l’entretien professionnel infirmier, la relation d’aide,
page V.
28
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs intègrent qualité technique et qualité des
relations avec les malades. »32 Ainsi, le soin relationnel n’est pas seulement mis au centre
du soin par les soignants, il est aussi légiféré dans le code de la santé publique qu’il est de
notre rôle propre de l’intégrer aux soins et donc de notre formation.
La relation dans le soin est donc non seulement quelque chose de nécessaire afin de
développer des soins efficaces mais elle est aussi quelque chose d’obligatoire. Comme le
précise le Code de la Santé Publique, elle fait partie intégrante de ma formation et de mes
stages, qui m’ont permis de la comprendre et de mieux l’appréhender.
32
Décret n°2004-802 du 29 juillet 2004 relatif aux parties IV et V du Code de la Santé Publique. JORF du 8
août 2004, p. 14150.
33
DABRION, M. Op. cit, Avant-propos, V.
34
Formation des professions de santé, profession infirmier, recueil des principaux textes relatifs à la formation
préparant au diplôme d’État et à l’exercice de la profession, Editions SEDI, 2015, p. 123.
35
Ibid, p124
36
Ibid p125
29
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Le soignant
Le soigné
Je pense que de prime abord, il est nécessaire de prendre en compte le premier mot
de cette définition : personne. Un soigné ou un patient est avant tout un être humain qui « est
un être biologique, moral et social. »42 Ainsi, un patient est une personne qui a une histoire,
des valeurs, une culture, une personnalité et surtout des sentiments et des émotions. Il est
donc primordial de prendre cette notion en compte, ce qui me permet de comprendre
qu’ « aucune situation relationnelle n’est identique 43», puisque chaque patient est unique.
37
Dictionnaire LAROUSSE, définition de soignant, consulté le 20 avril.
38
DABRION, M. Op. cit., p. 13.
39
Article L4311-1 du 23 mai 2017 du Code de la Santé Publique, consulté le 18 avril.
40
BENEVISE, N. Journal d’une infirmière, Paris, Plon, 1993, p44.
41
Définition de « Soigné », www.cnrtl.fr/definition/soigné
42
JOUFFROY, Théodore, Mélanges philosophiques. Paris : Hachette, 1860, p. 246.
43
FORMARIER, M. op. cit, p. 36.
30
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Toutefois, à travers cette définition, je ne peux réfuter la notion de besoin : un patient
est une personne qui a un besoin à un moment donné. Si je m’appuie de nouveau sur ma
définition, un patient est une personne qui a le besoin d’être soigné, que ce soit moralement
ou physiquement. Il y a donc la nécessité qu’on lui prodigue des soins à un moment donné,
rôle propre de l’infirmier. Comme l’indique Marlyne DABRION : « le soigné est celui qui
fait appel à un tiers ou une institution pour l’aider à résoudre ses différents problèmes de
santé. »44
J’ai pu alors constater, à travers ces deux définitions une certaine inégalité entre ces
deux acteurs : l’un a des besoins auxquels le second doit répondre. Comme l’indique
Monique FORMARIER, la relation soignant-soigné est une « interaction asymétrique » 45,
notion qui est appuyée par le Docteur Catherine DESHAYS qui déclare que « le contexte
relationnel est celui d’une relation asymétrique.»46
En revanche, je trouve qu’il est intéressant de noter que les différents auteurs
s’accordent tous sur le fait qu’il est aujourd’hui nécessaire de supprimer cette notion
d’asymétrie et de « restaurer une relation symétrique [afin] de permettre au patient de
retrouver une autonomie et d’être avec les soignants dans des relations égalitaires. ».48
Sous cette citation, s’imbriquent deux termes que je trouve essentiel d’expliquer :
symétrique et égalitaire. A l’heure actuelle, cette idée d’égalité où le patient n’est plus objet
de soin mais bien acteur de soin est un véritable enjeu. En effet, c’est non seulement une
donnée que j’ai pu apprendre lors de ma formation autant de manière théorique que pratique,
au cours de mes différents stages ; mais aussi quelque chose qui appartient à l’ordre du légal
désormais. J’ai donc décidé de m’appuyer sur le programme de l’OMS qui énonce que « La
44
DABRION, M. op. cit, p.13.
45
FORMARIER, M. op. cit, p. 35.
46
DESHAYS Catherine, Trouver la bonne distance avec l’autre, grâce au curseur relationnel, Paris :
InterEditions, 2010, 230 pages.
47
DABRION, M. op. cit, p. 13
48
FORMARIER, M. op. cit. p.35.
31
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
personne soignée est reconnue comme acteur de son projet de soins. Elle participe dès son
arrivée et tout au long de son séjour à l’élaboration et à l’actualisation de ce projet ».49
Cette notion est aussi reprise par Catherine BIGONI et Pauline MARCHAND qui
expliquent même son importance au cours de ces dernières années en exprimant le fait que
« de la relation soignant-soigné émanant du développement de la médecine moderne aurait
fait place, depuis plusieurs décennies, à une relation plus égalitaire, centrée sur le
patient ».50
49
Définition d’adhésion thérapeutique, http://lecrip.org/2014/05/21/adhesion-therapeutique-concepts-et-
definition/
50
BIGONI Catherine, MARCHAND Pauline, Le soin relationnel, un modèle à questionner, Soins, savoirs et
pratiques, Juin 2012, n°766, p16.
51
Se référer à l’annexe n°1
52
THOMINET Patrick, PHANUEL Dominique, HAMON MEKKI Françoise, MAROUDY Daniel, La relation
de confiance dans les soins, SOINS, Octobre 2010, n°79, p. 27.
32
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
l’indique, mais aussi, et surtout, ce qui m’importe, d’accéder à une adhésion thérapeutique,
de la part du patient, de par l’alliance thérapeutique créée.
Pour qu’elle existe, la relation de confiance doit être créée, et, comme l’indique
Monique FORMARIER par l’intermédiaire de Médard : « Dans nos sociétés
contemporaines, le ciment d’un échange sociable durable reste la confiance. Cette confiance
n’est pas donnée, elle doit être construite dans et par le processus même de l’échange. »57
Dans le même sens, Marlyne DABRION ajoute que la relation de confiance dépend
essentiellement de la communication puisque « La relation soignant-soigné s’installe
réellement lors de la mise en confiance car il s’agit d’un échange réciproque. »58 D’après
elle, la relation de confiance existe principalement grâce aux rapports entretenus entre le
soignant et le patient. Ainsi, la relation de confiance ne pourrait être créée et évoluée que
grâce à des échanges entre le patient et le soignant.
53
DABRION, M. op. cit, p.14.
54
PHANEUF, M. op. cit thérapeutique, p.133.
55
Dictionnaire LAROUSSE, définition confiance, consulté le 01/04.
56
PHANEUF, M. op. cit, p.133.
57
FORMARIER, M. op. cit, p. 37.
58
DABRION, M. op. cit, p.14.
59
PHANEUF, M. op. cit p.128.
33
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
bienveillante de la part du soignant. Elle explique qu’il faut que le soignant soit « Attentif,
responsable et digne de confiance. »60
Toutefois, les deux auteurs se rejoignent sur le fait que cette relation est non
seulement nécessaire pour constater une bonne évolution des soins, puisqu’elle en est « La
base »61 mais aussi sur l’idée qu’elle n’est pas acquise et qu’elle se « Mérite. » 62 Je pense
qu’il est aussi important de noter le fait qu’elle peut s’acquérir comme se perdre, elle n’est
pas figée.
« C’est seulement une fois que l’on a installé un rapport de confiance et de sympathie
que l’on est en position d’influencer quelqu’un. » 63
Je pense qu’il est essentiel de démontrer ici la nécessité d’entretenir une relation de
confiance avec le patient. Celle-ci permet dans un premier temps d’avoir de bons rapports
avec lui et dans un second temps « D’avancer dans les soins »64, comme l’affirme Margot
PHANEUF. Dans le même sens, Marlyne DABRION exprime le fait que « La confiance
qui peut rapprocher le malade et l’infirmier est fondamentale pour atteindre pleinement les
buts des soins infirmiers. »65
Ainsi, c’est elle qui permet d’établir une base entre le patient et le soignant qui
entraînera par la suite une prise en charge effective et adaptée au patient. Elle est essentielle
puisqu’elle «Reconnaît la compétence du soignant ainsi que la collaboration du
patient. »66Les deux auteurs se rejoignent donc pour dire que cette relation est non seulement
importante mais aussi fondamentale à la prise en soins des patients afin que ces derniers
soient en adéquation avec les soignants mais aussi avec les soins. Comme le souligne
Marlyne DABRION, « la personne qui a confiance montre un accord durable entre ses
paroles et ses actions. » 67
A travers cela, j’ai pu comprendre que la prise en charge d’un patient sera d’autant
plus optimale que la relation de confiance avec lui sera instaurée. D’une part, le patient aura
foi dans l’équipe et n’hésitera pas à poser des questions, à se confier, à discuter, à faire part
de ses doutes… Ce qui permettra au soignant de voir le patient dans sa globalité : ses
ressources, ses doutes, ses besoins… et donc d’effectuer une prise en charge optimale.
D’autre part, le patient faisant confiance au soignant peut l’amener à une meilleure adhésion
60
Ibid p.133
61
PHANEUF, M. op.cit. p. 133
62
Ibid
63
Duane Smelser, définition de la confiance, https://www.yourhearinghealth.com/meet-our-founder/ consulté
le 20 avril.
64
PHANEUF, M. op.cit, p.133.
65
DABRION, M. op.cit, p.64.
66
PHANEUF, op.cit , p.133.
67
DABRION, M. op.cit, p.64.
34
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
aux soins comme j’ai pu l’observer dans ma phase exploratoire et plus particulièrement dans
mes recherches sur le mot-clé adhésion aux soins : le patient ne va pas hésiter à offrir sa
confiance à l’équipe et à ce que les soignants peuvent lui proposer. De plus, cette relation de
confiance permettra aussi de mettre le patient au centre des soins.
La relation de confiance est donc quelque chose de nécessaire à l’avancée des soins :
que ce soit pour une prise en charge optimale du patient ainsi que pour une adhésion aux
soins totale. Cependant, comme j’ai pu le voir auparavant, c’est un lien qu’il faut tisser car
il n’existe pas de prime abord. Pour cela diverses méthodes possibles dont la base reste la
communication, puisque comme l’indique Margot PHANEUF « elle permet d’établir un
contact et de faciliter la création d’une relation de confiance. »68.
Cette dernière est non seulement essentielle mais surtout inévitable. En effet, comme
le note Margot PHANEUF « La communication est à la base de tous nos rapports
humains. »71, idée approuvée par Marlyne DABRION qui ajoute que « toute communication
s’inscrit dans un processus d’ordre social. »72 A travers cela, les deux auteurs expriment le
fait que la communication est à la base de toute notion sociale. Auparavant, j’ai pu constater,
qu’il y avait relation dès lors que deux sujets se rencontraient et communiquaient.
68
PHANEUF, M. op.cit, p. 54
69
MANOUKIAN, Alexandre, La relation soignant-soigné. Paris : Lamarre, 2014, p. 4
70
PHANEUF, M. op.cit, p. 17
71
PHANEUF, M. op.cit p. 3.
72
DABRION, M. op.cit, p.16.
35
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
La communication est donc inéluctable puisqu’elle existe dès la rencontre entre deux
sujets mais elle est aussi, et surtout, indispensable pour chacun. En effet, comme l’explique
Margot PHANEUF « Communiquer est un besoin fondamental de l’être humain pour vivre
avec ses semblables, pour satisfaire ses besoins. »73. Ce qui peut être mis en relation avec
Virginia HENDERSON qui démontrent les besoins fondamentaux de l’être humain et qui
identifie le dixième besoin comme étant le fait de « communiquer. »74
La communication verbale
73
DABRION, M, op. cit, p. 16
74
HENDERSON, Virginia, La nature des soins infirmiers. Paris : InterEditions, 1994.
75
PHANEUF, M. op.cit, p. 8
76
PHANEUF, M. op.cit, ,p. 54
77
Ibid
78
DABRION, M. op.cit, p. 20
36
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
La communication verbale est donc l’un des outils clés des soins infirmiers, elle
permet de transmettre des notions clés avec le patient et comme l’indique Margot PHANEUF
« grâce à cet échange, il comprendra mieux son problème, son traitement, de même que
l’importance de le suivre. »79 De plus « elle facilite la collaboration entre le soignant et le
patient, un élément important pour l’évolution de celui-ci vers la guérison. »80 La
communication est donc essentielle au mieux-être du patient. Dans le même sens, Marlyne
DABRION s’accorde pour dire que la communication verbale permet « d’atteindre certains
objectifs. »81 Cette dernière est donc très utile en ce qui concerne le soin et la relation de
soins puisqu’elle va permettre une meilleure adhésion aux soins.
Toutefois, je pense qu’il est judicieux de dire que les deux auteurs s’entendent l’une
et l’autre pour exprimer le fait que l’information pourra mieux être reçue grâce à divers
éléments qui gravitent autour d’elle. Margot PHANEUF ajoute que l’ « on constate une
meilleure observance du traitement lorsque la communication a été claire, efficace et
chaleureuse ». 82 Marlyne DABRION la rejoint dans cette idée en s’appuyant sur l’approche
de communication du schéma de JAKOBSON, et plus particulièrement les six fonctions du
langage.83
Cette dernière notion m’autorise à faire le lien avec l’humour puisque c’est un mode
de communication à part entière, avec un jeu de structure, une tonalité particulière… De ce
fait, maintenant que j’ai développé le concept de relation de soins à travers le point de vue
de différents auteurs, je vais désormais me diriger vers le concept d’humour.
79
PHANEUF, M. op.cit, p. 55
80
PHANEUF, M. op.cit, p. 55
81
DABRION, M. op. cit, p.16
82
PHANEUF, op. cit ,p. 55
83
C.F. Annexe n°2
37
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
9 L’humour
Comme j’ai pu le constater auparavant, l’humour est une notion vaste. Pourtant, j’ai
émis le choix auparavant de cibler essentiellement sur l’humour dans le soin afin de pouvoir
apporter des réponses à ma problématique.
Mes recherches ont été plus complexes pour trouver deux auteurs relatant des
bienfaits de l’humour dans le soin et dans la relation de soins. Toutefois, j’ai pu me baser
sur une revue de soins intitulée « L’humour dans les soins », publiée dans la revue Santé
Mentale en Mars 2016, ainsi que sur l’article d’Hélène PATENAUDE « L’humour dans la
relation infirmière-patient » édité dans la revue Une revue de la littérature ainsi que sur la
chapitre « Un détour par les usages sociaux du rire », d’Hélène MARCHE, présent dans
l’ouvrage Le langage social des émotions.
Comme pour la relation de soins, ayant tenté de définir l’humour, en amont, dans ma
phase exploratoire, je ne vais pas m’attarder sur la définition de ce concept dans cette partie.
Je pense qu’il est tout d’abord judicieux de montrer que la notion d’humour et celle
de santé sont intimement liées depuis maintenant des siècles.
Toutefois, le terme d’humour n’existant pas à cette époque, il fut occulté du domaine
médical. Il n’apparaîtra qu’au XVIIème siècle avec les Anglais qui mettront en avant « cette
tournure d’esprit qu’est l’humour. »86 C’est à partir de ce moment-là que la personne ne
84
BARTH, I. Quand l’humour contribue à la performance de la relation, Revue Internationale de
psychosociologie, 2011, p.104.
85
Ibid
86
Ibid
38
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
subit plus ses humeurs mais les contrôle et en joue. L’humour serait donc, dès cet ère un
outil de soin.
Néanmoins, l’humour se développe pour prendre une place importante dans notre
société et malgré la complexité de ce concept, se détache petit à petit de la santé. Au cours
de ces dernières années, différents auteurs ont pu noter cependant son importance ne serait-
ce que dans la relation puisque comme le note Isabelle BARTH, « l’humour ouvre de
perspectives immenses dans le champ des rapports sociaux ». Il a donc une influence dans
les relations. C’est pourquoi je vais désormais traiter de l’intérêt de l’utilisation de l’humour
dans le soin.
A travers mes situations et mes recherches, j’ai pu remarquer que l’humour peut être
un outil qui permet d’influencer la relation de soins et donc le soin, qui, comme j’ai pu
l’observer dans mon concept sur la relation soignant-soigné, sont intimement liés. Je vais
donc, dans cette partie, tenter de montrer les effets bénéfiques que peut avoir l’humour dans
le soin.
Ainsi, l’humour est avant tout une méthode de communication. Toutefois, les auteurs
vont plus loin en exprimant qu’il peut être considéré comme « un moyen de communication
thérapeutique » 89 et ce « dans le but de montrer la réalité sous un autre jour. »90 L’ensemble
des auteurs s’accordent pour dire que l’humour, en tant que mode de communication, permet
d’aider le patient, idée que je vais tenter de démontrer tout au long de cette partie. La
communication par l’humour serait donc un outil dans le soin.
87
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit. p. 36
88
MARCHE, H. Le travail émotionnel et l’expérience du cancer, Un détour par les usages sociaux du rire, Le
Langage social des émotions, p.105.
89
PATENAUDE, H. op. cit, p. 36
90
Ibid p. 37
91
MARCHE, H. op. cit, p.109
39
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Les deux auteurs s’accordent donc pour dire que l’humour est non seulement un mode de
communication mais il est surtout un moyen d’encourager la relation soignant-soigné.
A travers ces auteurs, j’ai pu m’apercevoir que l’humour a cette capacité de permettre
d’évoquer des choses que le soignant et/ou le patient n’auraient peut-être pas osé aborder de
prime abord. En effet, comme le déclare Hélène MARCHE, c’est « un mode détourné de
communication »92, dans le même sens Hélène PATENAUDE qualifie cette communication
de « message sous forme de jeu […] qui permet d’aborder des thèmes sensibles. »93
L’humour permet non seulement d’entrer en relation, comme je l’expliquais auparavant,
mais aussi de parler de choses dont nous ne sommes pas à l’aise. Avec ce « nous », j’englobe
à la fois le soignant et le patient, chacun peut avoir recours à l’humour pour exprimer des
sujets qui sont plus ou moins évidents. Comme l’explique Hélène PATENAUDE, « c’est
une ouverture qui permet d’aborder des thèmes sensibles et d’aller plus loin ».94
92
MARCHE, H. op. cit, p.118
93
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op.cit, p. 40
94
Ibid
95
Ibid
96
WOLINSKI, G.
97
BARTH, op.cit, p.103.
98
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op.cit, p. 11
40
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
existants dans la relation. »99 L’idée est rejointe par Hélène MARCHE qui explique que
l’humour développe « le maintien d’une relation de confiance. »100
Les auteurs justifient ce phénomène de « facilitateur du lien » 101 par le fait que le
patient se sent plus à l’aise avec le soignant, perçu alors « comme étant plus facile
d’approche. »102 Il se sent alors en confiance, comme cela est mentionné dans l’ouvrage
d’Hélène MARCHE qui cite un patient expliquant qu’il « a eu confiance tout de suite, il [le
soignant] était bourré d’humour. »103
Selon les patients, la notion d’humour conduit à penser que le soignant est plus
disposé à l’écouter et à être attentif à lui. A travers l’humour, la relation est personnalisée,
le patient est en confiance et arrive plus à ce confier, comme l’explique Hélène MARCHE à
travers les dires d’un patient qui déclare que « Vous souriez, vous blaguez, peut-être allez-
vous m’écouter un petit peu. »104 Ainsi, grâce à l’humour, le patient se sent non seulement
en confiance mais il se sent aussi écouté.
Pour conclure la relation de soins à proprement parlé, j’ai pu remarquer que l’humour
va aussi diminuer la relation asymétrique qui peut exister entre le soignant et le patient
comme j’ai pu le constater auparavant dans mon concept de la relation de soins.
Effectivement, Isabelle BARTH indique que l’humour permet d’arriver à une « relation
symétrique, qui se caractérise par l’égalité et la minimisation de la différence. »107 Elle est
rejointe dans cette idée par Jean-Paul LANQUETIN qui affirme que « l’humour va aplanir
la hiérarchie 108». Ainsi, cela va équilibrer la relation et permettre au patient d’être à égalité
avec le soignant et non plus inférieur à lui.
L’humour est donc un outil qui peut permettre une évolution positive et continue de
la relation de soins en accédant à une relation de confiance.
99
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op.cit, p. 40
100
MARCHE, H. op. cit, p. 126
101
LANQUETIN, J-P., Humour et rire dans les soins infirmiers, Santé Mentale n°206, mars 2006, p. 44
102
Ibid, p.40
103
MARCHE, H. op.cit, p.118
104
Ibid, p. 123
105
M’BAILARA, K. Comment l’humour court dans le trouble bipolaire, Santé Mentale n°206, mars 2006, p.65
106
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op.cit, p. 40
107
BARTH, I. op.cit, p. 107.
108
LANQUETIN, J-P., op.cit, p. 44
41
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
L’humour : Gère l’anxiété
L’humour peut être aussi utile au patient en ce qui concerne la gestion de l’anxiété.
Il a été démontré qui lui permet de se sentir plus à l’aise, de relativiser et d’être moins tendu
lors des soins, et plus particulièrement lors des soins invasifs.
D’ailleurs, dans le Manuel Diagnostic des Troubles Mentaux, plus connu sous le
terme de DSM-IV, l’humour est classé parmi « les huit manières les plus efficaces de gérer
l’anxiété. »111 L’anxiété étant présente non seulement en psychiatrie mais aussi dans les
hôpitaux traitants des pathologies somatiques, l’humour est un atout dans les deux lieux.
Comme l’exprime Jean-Paul LANQUETIN, « L’humour nous permet […]de couper court
aux sentiments d’anxiété et d’impuissance qui nous paralyse. »112
Ainsi grâce à l’humour, l’anxiété du patient va être mieux gérée. Cela va être permis
par le fait qu’il permet de dédramatiser une situation. De plus, si l’anxiété s’amenuise, le
patient sera détendu, plus confiant, ce qui est essentiel dans la relation de confiance.
109
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit, p. 40
110
BARTH, I. op.cit, p. 109
111
PANICHELLI, C. La pratique de l’humour en psychiatrie, Santé Mentale, Mars 2006, p. 32.
112
LANQUETIN, J-P., op.cit, p. 43
113
MARCHE, H. op.cit, p. 128
114
LANQUETIN, J-P., op.cit, p. 44
115
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op.cit, p. 41
116
Ibid
42
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
L’humour : Verbalise les émotions
De ce fait, un sentiment qui semblerait de prime abord violent et donc être plus
compliqué à exprimer par le patient pourra être verbalisé de manière plus évidente grâce à
l’humour. Cette idée est renforcée par Hélène MARCHE qui explique que « l’humour peut
également viser à exprimer une colère ou une conduite agressive »120.
Ainsi, grâce à l’humour, le patient peut non seulement verbaliser ses émotions mais
aussi les accepter.
117
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit, p. 41
118
MARCHE, H. op. cit, p.115
119
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit, p. 9
120
MARCHE, H. op.cit, p.129
121
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op.cit, p. 41
122
Ibid
123
Ibid
124
LANQUETIN, J-P., op.cit, p. 44
43
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
seulement, selon lui de « promouvoir la vie »125, mais la rend aussi « plus légère »126. Ce qui
va permettre au patient de se sentir moins renfermé. Hélène PATENAUDE ajoute à cela que
l’humour va rendre le monde « plus vivable »127 et que le patient va voir sa « confiance dans
la vie se renforcer. »128.
Par ailleurs, l’humour apporte au patient une certaine quiétude dans le contexte
hospitalier et il donne l’occasion à ce dernier de s’évader un peu de « la réalité
hospitalière. » 129 Comme l’indique Jean Paul LANQUETIN, rejoint par Hélène
PATENAUDE qui ajoute que cela permet « de se détourner de la routine banale de
l’hôpital, de s’évader de la réalité . »130
Bien qu’aucune donnée ne soit prouvée scientifiquement, l’humour aurait aussi des
bienfaits sur la santé, comme l’affirme Isabelle BARTH. En effet, l’humour permettrait, d’un
point de vue médical d’ :
« améliorer :
- La résistance aux maladies, un meilleur sens de l’humour serait corrélé à
une plus grande immunité
- La vigilance (grâce aux sécrétions d’adrénaline, de dopamine…)
- La respiration, l’activité musculaire et le rythme du cœur
- L’oxygénation
- La résistance à la douleur »131
Je pense qu’il est important de rappeler que ces effets n’ont jamais été démontrés.
Toutefois, ce sont les bienfaits en lien avec le rire et donc avec l’humour.
L’ensemble de ces bienfaits va permettre au patient de se sentir plus à l’aise dans les soins
et donc dans la relation et conduire à une adhésion thérapeutique. Comme le dit Christophe
PANICHELLI, « ceci peut déjà être un moyen de mettre en place les conditions nécessaires
pour développer l’alliance avec le patient. »132
125
LANQUETIN, J-P., op.cit, p. 44
126
Ibid
127
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op.cit, p. 40
128
Ibid
129
LANQUETIN, J-P., op.cit, p. 44
130
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT op.cit, p. 9
131
BARTH, I. op.cit, p. 110
132
PANICHELLI, C. Le mécanisme de défense de l’humour, un outil pour le recadrage, Cahiers critiques de
thérapie familiale et de pratiques de réseaux. Paris : De Boeck, p. 45
44
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
9.3 L’importance du contexte
Avec cet adage, Pierre DESPROGES illustre bien la complexité de l’humour. Cet
outil de communication doit être manié avec précaution et les interlocuteurs qui l’exploitent
doivent en avoir recours avec grande attention. Lorsqu’il s’agit de l’utiliser dans un milieu
de soins, il est d’autant plus important de prendre garde au contexte de la situation qui peut
ne pas permettre au soignant d’avoir recours à l’humour. Comme l’indique Hélène
PATENAUDE, « certaines conditions reliées à la personne indiquent que l’humour est
inapproprié. »134
133
DESPROGES, P.
134
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit, p. 41
135
Ibid
136
GREENBERG, M. Le jeu thérapeutique : développer l’humour dans la relation soignant-patient, N-Y State
Nurse Assoc, n°34, 2003
137
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit, p. 42
45
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Hélène PATENAUDE est rejointe dans cette idée par Hélène MARCHE qui pousse
encore plus les choses en affirmant qu’il faut non seulement connaître son patient mais aussi
se baser sur « des éléments relevant de l’identité sociale des malades, telle que les soignants
la perçoivent : l’appartenance générationnelle, le genre, l’appartenance à une classe
sociale, l’appartenance ethnique… » 138 avant d’avoir recours à l’humour. L’âge, le sexe, la
classe sociale… seraient donc des notions à prendre en compte avant d’utiliser l’humour.
Hélène PATENAUDE ajoute à cela l’importance de la culture en expliquant que l’humour
« peut être bénéfique ou non selon la culture de chacun. »139
Ainsi, les deux auteurs unissent leurs propos en mentionnant qu’il est non seulement
important de faire connaissance avec le patient mais aussi de connaître son histoire de vie,
ce qui l’entoure… avant d’avoir recours à l’humour et ce, dans le but de l’utiliser de manière
adéquate. Pour finir, elles s’accordent pour dire qu’il est plus évident de laisser le patient
« initier lui-même l’humour, alors on a des indices que l’humour peut être bénéfique. »140
afin de percevoir si ce dernier apprécie l’humour et donc de savoir éventuellement si c’est
un outil que nous pourrons utiliser auprès de lui.
Il est aussi nécessaire de prendre en compte la situation et son contexte, comme j’ai
pu le constater lors de ma seconde situation, avec Monsieur G. En effet, même si le patient
a de l’humour, il se peut qu’il n’ait pas envie de rire dans certaines situations.
Ainsi, avant d’avoir recours à l’humour, le soignant doit non seulement prendre
connaissance du patient mais aussi et surtout de la situation et du contexte qui l’entourent.
Comme le déclare Hélène PATENAUDE, « il y a un temps et une place pour
l’humour. » 141et avant de l’utiliser, il est nécessaire que l’infirmière « saisisse le bon
moment, relève les indices et évalue la situation ».142
Dans le même sens, Hélène MARCHE explique que l’on peut avoir recours à
l’humour par moment puis, après avoir évalué une situation, juger qu’il ne serait pas le
bienvenu à cette période : l’infirmière « s’appuie sur des éléments relatifs à la connaissance
du diagnostic ou du pronostic d’un patient ». 143 Ainsi, si le patient vient de recevoir une
mauvaise nouvelle, est plus fatigué, est plus douloureux… l’utilisation de l’humour ne sera
peut-être pas judicieux. En effet, comme le dit Hélène PATENAUDE, « lors d’une phase
138
MARCHE, H. op. cit, p. 127
139
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit, p. 42
140
Ibid
141
Ibid
142
Ibid
143
MARCHE, H. op. cit, , p. 127
46
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
critique sur le plan physique, lors d’anxiété ou de stress élevé, lors de douleur intense ou
abdominale, chez une personne psychotique, l’humour peut être inapproprié. »144
Ainsi, il existe un « timing » à l’humour qu’il faut saisir afin de voir si son utilité est
présente ou non. Pour Hélène PATENAUDE, à certains moments, il est inadapté, comme
j’ai pu le constater en amont, ainsi que lors de ma seconde situation. Toutefois, « lorsque la
phase critique est sous contrôle, on peut se permettre l’humour après coup. »145
En effet, si l’humour n’est pas utilisé avec la bonne personne ou au bon moment, il
peut avoir des effets négatifs sur le patient et sur la relation de soins. C’est une notion que
j’ai pu observer lors de ma seconde situation et qui m’a énormément interrogé, c’est
pourquoi je jugeais nécessaire d’en parler ici.
Tout d’abord, comme j’ai pu le constater auparavant, l’humour peut être jugé déplacé
et de ce fait, entacher la relation de soins. Comme le souligne Hélène MARCHE « s’il est
déplacé, il prend le sens d’un irrespect total du patient voire d’un acte de violence. »148
L’humour peut donc entraîner des conflits entre le soignant et le patient s’il est jugé inadapté.
144
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op-cit, p.38.
145
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op-cit, p.38.
146
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op-cit, p.38.
147
HESBEEN, W. Les mots du prendre soin, Soins Aides-Soignantes, n°81, Mars-Avril 2018, p.14.
148
MARCHE, H., op. cit, p. 140
47
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Ainsi, comme j’ai pu le noter, l’importance du contexte est primordial avant d’avoir
recours à l’humour et ce, dans l’idée de ne pas arriver dans une situation où il pourrait être
jugé irrespectueux ou malvenu. Dans le même sens, Hélène PATENAUDE déclare que
« l’humour ne doit jamais insulter la personne ou violer sa dignité. »149 Il est nécessaire de
bien avoir analysé la situation en amont. Isabelle BARTH rejoint les auteurs en affirmant
que « l’humour peut être jugé comme du harcèlement quand il dépasse certaines limites, pas
toujours simple à identifier. »150
L’humour, s’il est mal utilisé peut conduire à des effets négatifs sur la relation de
soins, le patient peut se sentir blessé, mal à l’aise, insulté… d’où la nécessité d’évaluer la
situation.
Mécanisme de défense
Cependant, cet aspect peut avoir des effets néfastes. Ainsi, l’humour peut être utiliser
comme mécanisme d’évitement, afin de nier la réalité et donc d’éviter d’affronter les
problèmes. L’humour peut donc, dans certains cas, limiter la verbalisation. Son utilisateur
en a recours dans le but de cacher ses réelles émotions. L’humour serait donc une limite si,
utiliser en tant que mécanisme de défense, il empêche le sujet de verbaliser ses émotions.
149
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit, p.8.
150
BARTH, I., op. cit, p. 110.
151
DSM IV, p. 880
48
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Ainsi, comme j’ai pu le lire en amont, si le contexte n’est pas analyser, cela va induire
des risques que l’utilisation de l’humour ne soit pas adaptée. J’ai pu constater cela à travers
ma seconde situation où j’ai eu recours à l’humour en tant que mécanisme de défense et plus
en tant qu’outil de communication.
L’humour est donc à double tranchant, d’où l’importance du contexte qui gravite
autour de la situation.
49
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
10 Synthèse de la phase conceptuelle
La relation de soins fait partie intégrante du soin de nos jours. J’ai pu remarquer qu’elle
est non seulement essentielle mais aussi légiférée dans le Code de la Santé Publique. Elle est
donc considérée comme une obligation en tant que professionnelle de santé.
J’ai pu observer que la relation est indispensable pour une prise en soin optimale du
patient. Son évolution va permettre à ce dernier de mieux adhérer aux soins, de pouvoir se
confier, de se sentir plus à l’aise et ce, grâce au lien de confiance qui se crée entre lui et le
soignant. C’est une chose que je n’ai seulement pu lire mais aussi observer tout au long de
mes stages, ainsi qu’à travers mes situations. Le lien de confiance peut s’établir à partir de
nombreux processus dont celui de la communication : outil clé dans les fonctions de
l’infirmier. Parmi les différents types de communication, j’ai pu retrouver l’humour, socle
de ce travail de recherches de fin d’études. Celui-ci est un concept complexe dans le soin,
mais il a sa place.
Grâce à ces recherches, j’ai pu dans un premier temps prendre conscience de son utilité
dans les soins, et ce, à différentes échelles. Dans un second temps, j’ai pu comprendre à
travers mes deux situations que le contexte est essentiel. Il est à prendre en considération
avant d’avoir recours à cet outil. L’humour peut apporter aurait de nombreux bienfaits au
patient s’il est utilisé à bon escient.
Dans quelle mesure l’humour peut être utilisé comme outil et permettre une adhésion au
soin en influençant la relation soignant-soigné ?
50
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
51
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Enquête
52
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
53
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
11 Description du protocole
Après avoir lu l’ensemble des revues et ouvrages sur l’humour, j’ai pensé qu’il serait
plus propice d’avoir recours à des entretiens semi-directifs plutôt que des questionnaires
pour effectuer mon enquête. Si je me base sur ce que disent Anne GOTMAN et Alain
BLANCHET, l’entretien est la méthode la plus utilisée au regard des techniques d’enquête
qualitative. De plus, ils expliquent la notion d’approfondissement avec l’utilisation de
l’entretien semi-directif, ce dernier va permettre d’approfondir des notions qui intéressent le
sujet, et ce, afin de répondre à une problématique précise. Au regard de cela, il m’a donc
semblé plus judicieux d’avoir recours à des entretiens semi-directifs, mon idée étant
d’approfondir l’intérêt de l’humour dans les soins ainsi que l’importance du contexte.
De plus, mon sujet concerne l’humour. Étant une notion particulièrement subjective
comme j’ai pu le remarquer au cours de ma phase conceptuelle, j’ai jugé qu’il serait plus
perspicace de mener une enquête qualitative plus que quantitative. Les entretiens me
permettaient de m’assurer que les personnes interrogées étaient des soignants sensibles à
l’humour et qu’en conséquence, elles me donnent des réponses plus adéquates et appropriées
et donc plus exploitables.
Par ailleurs, j’ai choisi d’effectuer des entretiens semi-directifs d’une part afin
d’avoir des questions ouvertes qui permettent aux différents soignants de s’exprimer plus
librement et de pouvoir développer plus aisément leurs idées. En outre, j’ai pu remarquer
que l’entretien semi-directif possède l’avantage de pouvoir comparer aisément les résultats,
notion qui m’intéresse puisque j’ai dans l’idée d’interroger différents infirmiers, afin
d’obtenir plusieurs points de vue dans le but d’ensuite confronter leurs réponses. En outre,
cela va me permettre d’avoir des exemples concrets illustrant les propos des professionnels
de santé, m’emmenant ainsi à une vision plus pratique de mon sujet.
J’ai décidé de créer un guide d’entretien 152 afin de diriger mes entretiens semi-
directifs. Pour l’élaborer, je me suis basée dans un premier temps sur mes deux situations et
dans un second temps sur l’ensemble de mes apports théoriques, que j’ai pu exploiter dans
la phase conceptuelle. Ces derniers m’ayant conduit à poser mon hypothèse.
Le but étant, après avoir réalisé mes entretiens, de confondre puis d’établir un lien
entre les apports théoriques et les réponses des personnes que j’allais interroger.
152
Cf. Annexe n°3 : Guide d’entretien
54
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
J’ai choisi d’identifier, après chaque question, les raisons pour lesquelles je
souhaitais les poser afin d’en déterminer l’intérêt ainsi que l’objectif. Par la suite, cela me
permettra lors de mon analyse de retranscrire ce qui est ressorti dans les réponses des
différents soignants.
J’ai pu rencontrer ma référente pédagogique, lui exposer mon travail et remanier avec
elle l’outil d’enquête, qui a ensuite été validé. Cela m’a permis de le mettre en application
et d’interroger les différents professionnels que j’avais contactés au préalable.
Pour finir, avant de rencontrer les différents soignants, j’ai souhaité tester mon
entretien sur deux personnes afin de constater de la pertinence de mes questions et de me
permettre ainsi de les retravailler et/ou les reformuler si nécessaire.
Pour cela, je me suis basée sur le recueil de principaux textes relatifs à la formation
préparant au diplôme d’État et à l’exercice de la profession ainsi que de mon portfolio où il
est inscrit que l’étudiant doit :
153
MANOUKIAN, A. op. cit,, p. 53.
154
Recueil des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d’Etat et à l’exercice de la
profession
55
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Après avoir recherché ces indications, j’ai donc pensé qu’il serait judicieux
d’interroger un professionnel de santé dans chacun de ces secteurs afin de prendre
connaissance des différences qui peuvent exister entre ces services.
J’ai choisi d’effectuer mes entretiens avec des infirmiers avec lesquels j’avais déjà
travaillé. En effet, je trouvais qu’il serait plus efficace, d’une part de solliciter des personnes
ressources pour moi et d’autre part, d’interroger des soignants dont j’avais observé
auparavant le fait qu’ils avaient recours à l’humour durant les soins. J’ai aussi utilisé, pour
les secteurs où je ne connaissais pas de professionnels de santé, des personnes ressources qui
m’ont recommandé divers contacts.
De plus, avant d’effectuer mes entretiens, j’ai demandé aux infirmiers auxquels
j’avais pensé, s’ils se sentaient impliqués par le sujet de l’humour et si c’était un outil qu’ils
utilisaient au quotidien. Je souhaite effectivement vérifier l’utilité de l’humour dans le soin
et pour se faire, il me fallait interroger des personnes pour qui ce mode de communication
était un outil dans la relation soignant-soigné et qui se sentaient concernées et intéressées
par le sujet.
Après avoir choisi d’effectuer mon enquête dans ces différents secteurs, j’ai pu
finalement rencontrer une infirmière exerçant en soins de suite et de réadaptation, un
infirmier travaillant dans un service d’urgence, une infirmière exerçant en psychiatrie et une
infirmière récemment diplômée exerçant dans un EHPAD.
J’ai choisi de rencontrer en personne les différents soignants et de me rendre sur leurs
lieux de travail. J’ai été accueillie dans chaque service dans un endroit propice à l’échange,
une salle fermée et calme. Pour des raisons d’organisation et de temps, j’ai dû toutefois
effectuer un entretien téléphonique.
Pour finir, j’ai décidé d’enregistrer chaque entretien puis de les retranscrire par écrit
afin de noter les réponses ce que les soignants m’ont dit au cours de notre rencontre. J’ai
aussi enregistré la conversation téléphonique, dans le but de la retranscrire.
56
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
12 Analyse des résultats
Après la retranscription des entretiens, j’ai fait le choix, grâce aux conseils de ma
guidante de mémoire, d’effectuer une analyse transversale155 en disposant chaque réponse
de chaque soignant dans un tableau afin de comparer leurs réponses pour chaque question
posée. Cela me semblait plus aisé de confronter leurs différents ressentis ainsi que de
visualiser les similitudes qui se retrouvent dans chaque question. Toutefois, pour une
lecture plus fluide, j’ai choisi de présenter les réponses de manière linéaire, c’est-à-dire,
une question après l’autre.
Par ailleurs, j’ai par la suite décidé dans une première partie de confronter les
différents entretiens puis dans une seconde d’opposer ces idées avec mon cadre conceptuel,
afin que la lecture soit plus claire.
Question n°1 :
Pouvez-vous vous présenter brièvement ? (âge, parcours professionnel,…)
Cette première question me permettait dans un premier temps de prendre contact avec
les infirmiers que j’ai souhaité interroger et ainsi de s’installer dans une relation plus
confortable et moins stressante. En effet, j’ai pu constater que le fait de mener des entretiens
était quelque chose d’assez stressant non seulement pour moi mais aussi pour les personnes
interrogés. Cette question m’a donc permis d’établir un premier contact avec eux.
Toutefois, cette question m’a donné l’occasion de prendre connaissance des lieux où
ont travaillé les infirmiers interrogés et de connaître leurs expériences professionnelles. En
effet, lors de mes lectures, j’ai pu noter que selon Hélène PATENAUDE, mais aussi à travers
mes deux situations, l’expérience de l’infirmier influence l’observation et l’évaluation du
contexte, avant d’avoir recours à l’humour.
Ainsi, j’ai pu constater que les quatre professionnels interrogés avaient travaillé, en
tant qu’infirmier, uniquement dans le service, ou tout du moins le secteur, dans lequel ils
exerçaient actuellement. De plus, l’IDE n°1, travaillant en EHPAD a été diplômée en juillet
2017 et l’IDE n°3, étant infirmière en service de psychiatrie est devenue infirmière il y a
deux ans. Cela me permettra donc, au fil de mes questions, de constater si l’expérience
professionnelle peut jouer un rôle dans l’utilisation de l’humour ou non.
De plus, j’ai pu voir que l’IDE n°4 a eu une expérience professionnelle autre qu’au
service des urgences puisqu’avant d’être infirmier, il a travaillé en tant qu’aide-soignant dans
155
C.F. Annexe n° 4
57
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
des services de médecine et de chirurgie. Cette expérience va me permettre par la suite de
pouvoir constater si l’humour a été utilisé dans différents contextes et ainsi de noter s’il
existe une différence notoire entre les divers services.
Question n°2 :
Utilisez-vous l’humour auprès des patients ? Si oui, à quel moment ? Avez-vous un
exemple ?
Utilisez-vous l’humour comme un mode de communication comme un autre ?
L’ensemble des infirmiers interrogés se sont accordés pour dire qu’il n’y a pas de
moment précis à l’utilisation de l’humour puisque c’est quelque chose de spontané, de propre
à chacun, comme j’ai pu le voir dans mes recherches, il y a un temps pour l’utiliser.
Cependant, malgré le fait qu’il n’y ait pas de bon ou de mauvais moment, ils
s’entendent aussi pour dire que l’humour qu’ils font est toujours réalisé dans un but précis,
comme le souligne l’IDE n°2 : « C’est toujours pensé, même si ce que je dis est spontané,
c’est toujours pensé. » 156
De plus, j’ai pu constater lors de mes recherches qu’il s’agissait d’un mode de
communication à part, ce qui est souligné par l’ensemble des infirmiers qui affirment que
« c’est un mode de communication, une façon de rentrer en relation »157 et qui « va favoriser
l’échange »,158 et ce, « dans un but de se rapprocher. »159
Ainsi, l’ensemble des infirmiers interrogés expriment le fait que l’humour a un but
précis, celui de permettre une communication autrement, de rapprocher, de créer du lien, il
est réellement inscrit dans une démarche précise. Toutefois, il a beau être utilisé dans un but,
dans l’idée de transmettre quelque chose, de permettre de créer du lien, cette question m’a
permis de comprendre que son utilisation reste tout de même spontané et qu’il est temps-
dépendant.
Grâce à cette question, j’ai pu appuyer mon idée que l’humour, bien utilisé, est un
réel outil de soin, notion qui m’importait énormément à travers ce mémoire.
156
Entretien IDE n°2
157
Entretien IDE n°1
158
Entretien IDE n°2
159
Entretien IDE n°4
58
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Lors de mes lectures, j’avais en effet pu identifier que l’humour était un outil de
communication. Grâce à cette question, j’ai pu prendre conscience que, d’un point de vue
plus pratique, les soignants le considèrent effectivement comme tel.
Question n°3 :
L’humour a-t-il une utilité dans le soin, si oui laquelle ?
L’humour permet-il de surmonter une épreuve, une douleur, une situation, de
dédramatiser une situation, adhérer à un soin, gérer le stress d’un patient, gérer la
douleur… ?
Par cette question, j’ai d’une part souhaité identifier l’utilité de l’humour dans le soin,
en confrontant les notions théoriques que j’avais pu auparavant lire avec la pratique des
professionnels. D’autre part, je voulais aussi voir s’il pouvait exister une utilité différente
selon les types de service où il était utilisé. J’ai fait le choix de tenter de répartir les réponses
selon les effets positifs de l’humour que j’avais cité auparavant.
Tout d’abord, il est ressorti avec cette question que l’humour a de prime abord la
même utilité dans tous les services : celle de créer du lien avec le patient, de se rapprocher,
d’avoir une relation de proximité dans les soins. Comme je le disais dans la question
précédente, c’est un moyen de communication qui va permettre de créer du lien. C’est une
notion que j’ai pu à la fois constater lors de ma première situation, lors de mes recherches
théoriques mais aussi grâce à ces entretiens qui sont une sorte de confrontation par la pratique
à ce que j’ai pu lire auparavant.
De plus, tout comme dans ma phase conceptuelle, les soignants ont exprimé le fait
que l’humour est important à différents degrés dans le soin. Par exemple, l’IDE n°2 souligne
son utilité dans une situation gênante en expliquant par-là que l’humour peut permettre de
mettre à l’aise le patient et le soignant, comme j’ai pu le constater auparavant. Elle explique
aussi que l’humour permet de faire verbaliser des patients, elle est d’ailleurs rejointe dans
cette idée par l’IDE n°3, infirmière en psychiatrie, car comme elles le disent « ça permet
d’ouvrir des sujets, dont certains dont on a pas l’habitude. »160. C’est une chose que j’ai pu
observer lors de ma première situation mais aussi lors de mes lectures. En effet, l’humour
peut permettre de verbaliser et de parler de sujets plus ou moins évidents à exprimer de prime
abord.
Par ailleurs, l’IDE n°4, infirmier aux urgences, explique que l’humour, dans un
contexte d’urgences, qui peut être vécu comme stressant, permet au contraire d’apaiser la
personne et de diminuer son anxiété. Il est rejoint dans cette idée par l’IDE n°1 qui déclare
que lors de situations stressantes pour les résidents, l’humour va permettre de réduire
l’angoisse.
160
Entretien IDE n°2
59
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Les soignants ont également fait part d’une utilité que je n’avais pas forcément perçu
lors de mes lectures, puisqu’il est ressorti à travers ces entretiens que l’humour permet de
diminuer la douleur lors de gestes techniques. L’IDE n°4 explique par cela que les soins
invasifs sont moins appréhendés de par l’utilisation de l’humour. De ce fait, le patient est
moins crispé, et a donc moins mal lors de ce soin. Cette idée a été appuyée par l’IDE n°3,
infirmière en psychiatrie, qui dit que lors d’injection par exemple, un patient avec lequel on
avait recours à l’humour serait moins tendu et aurait donc moins mal.
Tous s’entendent aussi pour dire que grâce à l’humour, le patient adhère mieux à ses
soins et ce, grâce à l’ensemble des effets positifs vus précédemment et au cours de ma phase
exploratoire. D’ailleurs, l’IDE n°2, travaillant en SSR, annonce que grâce à l’humour, elle a
pu communiquer avec un patient en syndrome de glissement et qui, désormais, est beaucoup
plus ouvert avec elle, qu’il accepte les soins,… Ainsi, même si je n’ai pas forcément pu lire
que l’humour favorise l’adhésion aux soins. J’ai pu, grâce à ces entretiens, comprendre qu’il
permet, par tous ces effets positifs, que le patient se sente plus concerné par les soins et donc
qu’il y adhère mieux.
Pour finir sur cette question, je tenais à citer l’IDE n°2 qui a déclaré que « l’humour
ça emmène un peu d’humanité dans le soin, on est un humain face à un humain, et ce avec
humour, et ça c’est un outil essentiel à la relation. »
Question n°4 :
Selon vous, l’humour favorise-t-il la relation soignant-soigné ? Pourquoi ? Avez-vous un
exemple ?
Est-ce l’humour qui permet la construction de la relation soignant-soigné ou l’inverse ?
J’ai choisi de poser cette question au départ pour lier l’humour à la relation soignant-
soigné. Toutefois, j’ai pu me rendre compte que cette question s’alliait à la question
précédente. Avec du recul, je pense que j’aurais peut-être dû l’utiliser comme question de
relance.
Toutefois, grâce à elle, j’ai pu constater que les soignants ajoutent la notion de
relation de confiance à la notion d’humour. Les différents soignants ont exprimé, en général,
60
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
à travers cette question, que le fait de créer une relation de confiance avec un patient est un
« travail de longue haleine »161 et qu’il faut avoir recours à différentes méthodes et
stratagèmes afin de pouvoir y parvenir. Pour l’ensemble de ces infirmiers, l’humour, s’il est
utilisé à bon escient, va permettre cela.
A travers cette question, j’ai pu aussi apprendre L’IDE n°4, infirmier aux urgences,
exprime le fait que dans un tel service, la relation de confiance ne peut pas réellement exister,
par manque de temps, mais que, grâce à l’humour, on peut s’en approcher. Toutefois, cette
idée est discutable puisque au regard de ma définition de la relation de confiance, je ne
retrouve pas la notion de temporalité. La relation de confiance se base, en effet, sur des
échanges selon Margot PHANEUF et Marlyne DABRION, néanmoins, aucune des deux
auteurs n’indiquent dans son ouvrage la notion du temps, qui serait nécessaire à la création
de ce lien. Ainsi, la notion de temps et de relation de confiance peut être contestable.
Question n°5 :
Avant d’avoir recours à l’humour, analysez-vous la situation au préalable ? Si oui, dans
quelles mesures l’utilisez-vous ?
Peut-on rire de tout avec tout le monde ? Y-a-t-il une notion de contexte ? (personne,
circonstances, lieu, culture…)
J’ai choisi de poser cette question pour déterminer l’importance du contexte par
rapport à l’utilisation de l’humour. Mes différentes lectures m’ont non seulement appris que
l’humour peut avoir une réelle utilité dans le soin mais aussi que cette utilité peut être altérée
par une mauvaise analyse du contexte ou de la situation.
Tout d’abord, il est ressorti que l’ensemble des infirmiers analysent la situation avant
d’avoir recours à l’humour, que ce soit aux urgences, en psychiatrie, en lieu de vie ou en
réadaptation, les infirmiers font jouer leur capacité d’observation avant d’utiliser l’humour.
Effectivement, comme le dit l’IDE n°3, « Parfois il sera mal compris, interprété de manière
faussée ou complètement déformé. »163 De ce fait, le contexte est important à prendre en
compte.
161
Entretien IDE n°1
162
Entretien IDE n°1
163
Entretien IDE n°3
61
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
De prime abord, j’ai pu me rendre compte que les infirmiers prennent le temps de
connaître les patients. En effet, les infirmières d’EHPAD et de SSR expliquent qu’avant
d’avoir recours à l’humour, elles prennent le temps d’accueillir le patient, de prendre
connaissance de son dossier, de son histoire de vie… Elles jugent qu’il est nécessaire de le
connaître globalement avant d’utiliser l’humour, et ce dans le but de ne pas faire d’impair et
donc de ne pas se trouver dans une situation où il n’aurait pas sa place.
Je trouvais cela très intéressant, toutefois cela m’a questionné par rapport à un
contexte plus particulier, tel que celui des urgences. En effet, l’IDE n°4, travaillant aux
urgences, exprime cette notion d’analyse qui doit automatiquement être beaucoup plus
rapide que dans un service de médecine, de chirurgie ou autre. Il parle de la notion de
brièveté dans l’analyse et le contact avec le patient, propre au service des urgences. Cet
infirmier a eu d’autres expériences professionnelles que les urgences et explique donc qu’il
est plus simple d’utiliser l’humour quand on connait le patient : « C’est plus facile d’utiliser
l’humour en médecine ou en chirurgie, l’infirmière elle connaît son patient. » 164
Cependant, l’ensemble des infirmiers s’accordent aussi sur le fait qu’il faut non
seulement connaître son patient mais aussi s’adapter à ce qui gravite autour, au contexte, au
moment donné. Ils soulignent tous qu’il faut aussi prendre en compte les nouvelles qu’ils
reçoivent, leur état de fatigue, la douleur qu’ils ressentent… avant d’utiliser l’humour, et ce,
dans le but d’éviter de faire des impairs. Pour cela, il faut prendre connaissance de tout ce
qui entoure le patient ainsi que de son observation, comme le dit l’IDE n°3 : « Je ne vais pas
utiliser l’humour si je constate que mon patient est fermé par exemple. »165
A travers cette question, j’ai pu, une fois encore, faire le lien avec mes lectures et
surtout avec Hélène PATENAUDE qui déclare qu’il est nécessaire que le professionnel de
santé: « saisisse le bon moment, relève les indices et évalue la situation. »166 L’ensemble des
soignants interrogés s’accordent donc avec ce que j’ai pu apprendre d’un point de vue plus
théorique.
164
Entretien IDE n°4
165
Entretien IDE n°3
166
PATENAUDE, H. et HAMELIN BRABANT L., op. cit, p. 42
62
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Le patient ainsi que le contexte, deux éléments que j’ai pu observer dans ma phase
conceptuelle, sont donc essentiels à prendre en compte et à analyser avant d’avoir recours à
l’humour, et ce, dans le but que ce dernier garde son utilité. Comme dirait l’IDE n°1 : « Si
tu as un doute, tu ne tentes pas, l’humour est à double tranchant. »167
Question n°6 :
Vous est-il déjà arrivé d’utiliser l’humour dans une situation où cela n’a pas fonctionné.
Si oui, savez-vous pourquoi ?
L’ensemble des infirmiers n’ont pas pu me donner un exemple. Toutefois, ils ont tous
exprimé le fait que cela leur ait déjà arrivé d’utiliser l’humour à mauvais escient, même après
plusieurs années d’expériences, et ce, par manque d’analyse de la situation, parce que le
contexte ne le permettait pas… Après cette question, j’ai pu aussi prendre conscience qu’à
l’inverse de ce que dit Hélène PATENAUDE quant à l’importance de l’expérience, ils se
sont tous déjà retrouver face à une situation où l’humour a été un frein à la relation et ce,
malgré leur âge ou leur expérience professionnelle.
Question n°7 :
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Cette question permettait d’une part aux infirmiers interrogés de s’exprimer sur une
notion dont ils n’auraient pas pu parler auparavant, lors mes différentes questions et d’autre
part, grâce à elle d’insister sur un point essentiel pour eux. Elle me conduisait aussi à
conclure mes divers entretiens.
167
Entretien IDE n°2
63
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Ce qui est ressorti en conclusion de ces entretiens, mais qui a aussi été souligné tout
au long de ces derniers, reste l’importance de l’humour pour les soignants interrogés. En
effet, ils insistent tous sur l’impact positif que peut avoir celui-ci sur les patients et sur la
relation de soins. L’humour est un outil pour eux qui « favorise la confiance, la relation, le
lien. »168, qui humanise le soin… Cette question leur a permis d’insister sur son utilité et
d’appuyer sur le fait que c’est un outil qui, malgré le fait qu’il soit peu reconnu, soit très utile
dans le milieu hospitalier.
Toutefois, de cette question est ressortie aussi une notion que j’ai jugé très
intéressante, puisque les infirmiers ont précisé à travers elle que l’humour est important pour
la relation avec le patient, comme je l’ai dit précédemment. Néanmoins, ils ont ajouté à cela
qu’il est aussi nécessaire dans l’équipe soignante, et ce qu’importe le service, afin de
permettre de décompresser d’un travail, quelques fois, très stressant.
Je terminerais cette partie en citant l’IDE n°1 qui a exprimé que « L’humour, c’est
une espèce d’alchimie qui arrive à un moment, et qui permet de faire rire quelqu’un qui, il
y a cinq minutes pleurait. »169
168
Entretien IDE n° 2
169
Entretien IDE n°1
64
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
13 Conclusion de l’enquête
Ces entretiens ont éclairé mon sujet d’un point de vue plus pratique et ainsi m’ont
permis de le confronter à la théorie. De plus, ils m’auront réellement permis de mettre en
lien mon concept d’humour et celui de relation de soins.
Pour autant, que ce soit au travers de mes lectures ou avec mes entretiens ainsi que
ma seconde situation, j’ai pris conscience de l’importance du contexte avant d’avoir recours
à l’humour. Bien qu’étant un outil de l’ordre du spontané, il est nécessaire pour le soignant
d’analyser la situation avant de l’utiliser, et ce, dans le but d’en avoir recours comme moyen
et non pas comme une simple badinerie.
Grâce à cette enquête, j’ai aussi pu constater que l’humour est présent partout à
l’hôpital que ce soit avec les patients mais aussi avec l’équipe, qu’importe le service dans
lequel nous nous trouvons.
L’’ensemble des éléments que les soignants m’ont apporté m’ont permis non
seulement de voir les concepts auparavant étudiés d’un point de vue plus pratique mais aussi,
et surtout, de confirmer mon hypothèse. En effet, l’humour, s’il est utilisé convenablement,
va permettre de favoriser la relation de soins, et par la même occasion, l’adhésion aux soins.
65
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
14 Limites de l’enquête
Je souhaitais aussi énoncer les différentes limites en lien avec mon enquête. En effet,
après l’avoir effectuer, j’ai pris conscience des lacunes de cette dernière.
Tout d’abord, j’ai pu constater que j’avais interrogé uniquement des professionnels de
santé n’ayant travaillé que dans un service. Il aurait été intéressant, à mon avis, d’avoir l’avis
d’un infirmier ayant travaillé dans différents lieux et ce, afin de prendre conscience des
distinctions qu’il peut y avoir entre ces secteurs. Il aurait en effet intéressant d’avoir interrogé
un professionnel de santé qui aurait pu comparer les services et ainsi, peut-être, illustrer les
différences quant à la mise en place de l’humour mais aussi par rapport à son utilisation dans
ces services.
Je pense qu’il aurait pu aussi être intéressant d’interroger un plus grand nombre de
soignants, jeunes diplômés ou non, afin de pouvoir infirmer ou confirmer l’idée que
l’expérience permet de mieux appréhender et évaluer la situation afin d’éviter de se retrouver
dans une situation où l’humour n’a pas sa place. Effectivement, j’ai pu, à travers mon
enquête, apercevoir que l’expérience ne permettrait pas de mieux appréhender une situation.
Toutefois, ayant fait une enquête qualitative, je n’ai pas assez de recul et de personnes
interrogées afin de réellement infirmer ou confirmer cette hypothèse.
J’ai fait le choix, avant mon enquête, de questionner des professionnels de santé
ayant recours à l’humour dans le but de déterminer les bienfaits qu’il peut avoir. Toutefois,
pour plus d’objectivité il aurait peut être été intéressant de questionner des soignants
n’ayant pas forcément cet outil de communication. De plus, cela aurait pu conduire à un
regard extérieur quant aux bienfaits de l’humour dans le soin.
Il aurait aussi été judicieux d’effectuer des entretiens avec des patients afin de
constater ce qu’ils pensaient des bienfaits de l’humour et ainsi, confondre les idées entre
mes recherches théoriques, les réponses plus pratiques des soignants mais aussi leurs
réponses. Cela m’aurait conduite à ne voir l’humour, plus uniquement du côté des soins
mais aussi du côté des patients.
66
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
67
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Conclusion
68
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
69
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
15 Analyse réflexive
Afin de conclure, je souhaitais tout d’abord effectuer une analyse réflexive sur ce
travail de fin d’études.
N’étant pas quelqu’un de très organisée, j’ai eu, au départ, beaucoup de mal à démarrer
ce mémoire. De plus, j’ai dû m’imprégner d’une certaine méthodologie, ce qui n’a pas été
évident pour moi. Toutefois, l’intérêt que je porte au sujet m’a permis d’avancer et d’écrire.
De plus, j’apprécie le fait d’écrire ce qui a été un atout pour ce travail, je pense.
Le travail concernant la question de départ fût très long, il fallait cibler une question
et donc sélectionner des aspects plutôt précis de l’humour dans le soin. J’ai alors dû faire le
deuil de certaines idées qui avaient germées dans mon esprit, ce qui n’a pas été aisé pour
moi. Néanmoins, le travail avec ma référente ainsi que les ateliers de groupe m’ont permis
de me remettre en question et de réussir à franchir cette étape.
La phase théorique a été pour moi très enrichissante, bien que redoutée au départ. En
effet, j’étais quelque peu « terrorisée » par cet aspect plutôt abstrait de mon travail.
Cependant, aimant beaucoup lire et apprendre de nouvelles notions concernant ma pratique
professionnelle, cela a été vraiment très agréable à effectuer. En ce qui concerne la relation
de soins, j’ai pu facilement trouver deux auteurs qui m’intéressaient et apprendre
énormément à travers leurs écrits, ce qui a été très instructif pour moi. Étant une future
professionnelle de santé qui prône l’importance de la relation de soins, cette étape a donc été
très instructive et m’a énormément apporté et appris quant à l’importance de la relation dans
le soin. En ce qui concerne l’humour, il m’a été beaucoup plus compliqué de trouver des
ouvrages concernant sa place dans le soin, mais, une fois trouvés, ces derniers m’ont permis
une plus grande ouverture d’esprit. J’ai pris énormément de plaisir à effectuer cette partie,
du fait que le sujet m’intéressait et que je me sentais concernée par ce dernier. Cette phase a
aussi été sujet de frustration pour moi car j’avais toujours envie de « plus » et le fait
d’accepter de la terminer a donc été compliqué. Ce fût un travail long mais très agréable,
bien qu’appréhendée. Tout cela m’a conduit à formuler mon hypothèse.
En ce qui concerne l’enquête, ce fût une étape qui a été facilitée par le fait que j’ai
trouvé très rapidement les infirmiers que je souhaitais interroger. Après avoir fait valider
mon outil d’enquête, j’ai pu donc très rapidement effectuer ces entretiens. Pourtant, ce fût
certainement l’étape que j’appréhendais le plus. En effet, j’avais certaines craintes par
70
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
rapport à mes questions, l’impression de demander plusieurs fois la même chose, la peur
d’être mal comprise… Néanmoins, ils se sont très bien déroulés dans l’ensemble, cela m’a
permis de découvrir de nouvelles notions quant à l’importance et l’utilité de l’humour dans
le soin ainsi que de voir ce travail d’un aspect plus pratique. J’émets quand même le regret
de ne pas avoir interrogé un professionnel de santé travaillant en soins palliatifs ou en
oncologie car je pense que l’humour doit être un outil intéressant dans de tels services.
Toutefois, par soucis de temps et d’organisation, il m’était préférable d’effectuer quatre
entretiens seulement.
Tout au long de ce travail, il m’a fallu travailler sur mes capacités informatiques, ce
qui a été très compliqué pour moi, par moment, n’étant pas très expérimentée dans ce
domaine.
Ce mémoire m’a permis d’apprendre beaucoup sur cet outil qu’est l’humour, que
j’apprécie et utilise quotidiennement. Il m’a amené à comprendre que ce dernier peut avoir
un réel impact sur le patient et sur la relation de soins s’il est utilisé correctement. Avant
d’effectuer ce travail, je n’avais pas réellement conscience des bienfaits que pouvait avoir
ce mode de communication sur le patient. Le fait d’avoir rédigé mon travail de fin d’études
71
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
m’aura donc permis de prendre conscience de l’intérêt de cet outil mais aussi de montrer que
sérieux et humour peuvent très bien coexister, comme le dit si bien Jean-Paul LANQUETIN
« Soigner est une affaire sérieuse, de là à se prendre au sérieux, il y a un écart. »170.
Ainsi, j’ai pu apprendre que l’humour va permettre bien plus que cela, au-delà de tous jeux
de mots et autres badineries. Il va en effet permettre de créer un lien unique avec le patient.
Grâce à ce mémoire, j’ai aussi pu évoluer face à ma seconde situation, situation qui
m’a profondément troublée et désappointée. Ce travail m’aura permis de mieux comprendre
ma situation au travers de mes recherches sur l’importance du contexte quant à l’utilisation
de l’humour. Je pense désormais avoir de meilleurs acquis pour me protéger et de ce fait,
éviter qu’une telle situation se reproduise, ou tout du moins, mieux la comprendre et
l’accepter si cela se produit. Ce mémoire m’a, en effet, appris beaucoup et me permettra à
l’avenir, je pense, l’ajustement de mes pratiques professionnelles. De plus, j’ai pu entrevoir
que l’humour n’a ni mode d’emploi ni guide, son utilisation fait parti de l’ordre de
l’observation de l’infirmier, qualité essentielle dans ce travail. De là, j’ai pu comprendre que
l’observation reste un outil clé dans le quotidien de professionnel de santé, et ce, afin de ne
pas se retrouver dans des situations complexes, telle que ma seconde situation.
170
LANQUETIN, J-P, op. cit, p. 44
171
Entretien IDE n°2
72
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
73
FLACK Morgane – Mémoire de Fin d’Etudes en Soins Infirmiers - 2018
Bibliographie
Ouvrages :
❖ BEDOS, Guy, Pointes, piques et répliques. Paris : Le cherche midi, 1998. 182
pages.
❖ BENEVISE, Nicole, Journal d’une Infirmière. Paris : Pocket, 1994. 328 pages.
❖ BENJAMIN, Alfred, La pratique de la relation d’aide et de communication. Paris :
ESF, 1974. 163 pages.
❖ BLANCHET, Alain et GOTMAN, Anne, L’enquête et ses méthodes. Paris :
Armand Colin, 2010, 128 pages.
❖ CONTOU-TERQUEM, Sarah, Dictionnaire FREUD. Paris : Bouquins, Robert
Laffont, 2015. 1088 pages.
❖ DABRION, Marlyne. Soins relationnels : la communication, l’entretien
professionnel infirmier, la relation d’aide. Paris : De Boeck-Estem, 2014. 264
pages.
❖ DANINOS, Tout l’humour du monde. Ligugé : Hachette, 1982. 220 pages.
❖ DESHAYS Catherine, Trouver la bonne distance avec l’autre, grâce au curseur
relationnel, Paris : InterEditions, 2010, 230 pages.
❖ DE VIGAN, Delphine. No et moi. Paris : Le livre de poche, collection « Littérature
et documents », 2009, 256 pages.
❖ ESCARPIT, Robert, L’humour. Paris : Presse Universitaire de France, Collection
Que sais-je ?, 1994, 128 pages.
❖ FERNANDEZ Fabrice, LEZE Samuel et MARCHE Hélène, Le langage des
émotions : Etudes sur les rapports au corps et à la santé. Paris :
❖ FREUD, Sigmund, Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient. Paris :
Gallimard, 1992. 442 pages.
❖ HENDERSON, Virginia, La nature des soins infirmiers. Paris : InterEditions,
1994. 235 pages.
❖ JOUFFROY, Théodore, Mélanges philosophiques. Paris : Hachette, 1860. 406
pages.
❖ MANOUKIAN, Alexandre, La relation soignant-soigné. Paris : Lamarre, 2014.
197 pages.
❖ MOURA, Jean-Marc, Le sens littéraire de l’humour. Paris : Presse Universitaire
Française, 2010. 336 pages.
❖ ORSENNA, Erik, La grammaire est une chanson douce. Paris : Le livre de poche,
collection « Littérature et documents », 2003. 150 pages.
❖ PHANEUF, Margot, La relation soignant-soigné : l’accompagnement
thérapeutique. Québec : Chenelière éducation, 2016. 282 pages.
❖ ROBINSON, Vera, L’humour et les professions de la santé, Thorofare : Stack,
1991, 256 pages.
❖ SIBONY, Daniel, Les sens du rire et de l’humour. Paris : Odile Jacob, 2010. 238
pages.
Articles :
Sites Internet :
Annexe n°1 : Les différents types de relation de soins selon Margot PHANEUF
Question n°2 : Utilisez-vous l’humour auprès des patients ? Si oui, à quel moment ? Avez-
vous un exemple ?
Question de relance : Utilisez-vous l’humour comme un mode de communication comme un
autre ?
Question n°3 : L’humour a-t-il une utilité dans le soin, si oui laquelle ?
Question de relance : L’humour permet-il de surmonter une épreuve, une douleur, une
situation, de dédramatiser une situation, adhérer à un soin, gérer le stress d’un patient, gérer
la douleur… ?
Question n°6 : Vous est-il déjà arrivé d’utiliser l’humour dans une situation où cela n’a pas
fonctionné. Si oui, savez-vous pourquoi ?
Notion d’outil
Comme le dit l’IDE L’IDE n°2 exprime L’IDE n°3 exprime L’IDE n°4
n°1, il n’y a pas de l’importance de la notion d’outil en déclare qu’il a
moment précis pour l’humour comme expliquant qu’elle a recours à l’humour
utiliser l’humour : outil puisque « Pour recours à « environ tout le
« un petit coup moi c’est un mode de l’humour : « sans temps. »
d'humour pour communication qui forcément qu’il y ai
changer son va favoriser de moment précis ».Il exprime aussi la
quotidien, en l’échange ». notion de
EHPAD, il n'y a pas Elle exprime l’idée spontanéité : « Ça te
de moment précis ». Elle exprime l’idée qu’il y a un but sans vient spontanément,
Elle affirme ensuite que c’est effectuer pour autant que ce en fait c’est
que l’humour est un dans un but précis soit calculé. spontané. »
outil de dans le sens où elle
communication déclare « C’est
« C’est un mode de toujours penser,
communication, une même si ce que je dis
façon de rentrer en est spontané, c’est
relation. » toujours pensé. »
Utilité de l’humour dans le soin
L’IDE n°1 affirme L’IDE n°2 affirme L’IDE n°3 affirme L’IDE n°4 affirme
que l’humour peut que l’humour a une que l’humour a une que l’humour a une
avoir une utilité utilité dans le soin : utilité dans le soin. utilité dans le soin.
dans le soin : « Mais « moi je m’en sers Elle explique ses
moi je trouve que comme un outil pour différents bienfaits L’humour emmène
c'est un outil utile, si aller plus dans une unité au mieux-être du
la personne est profondément dans psychiatrique : patient en faisant
réceptive. » les choses. » « ressortir ce qu’il y
L’humour permet de a d’un peu positif »,
En effet, selon elle, En effet, elle l’utilise mettre à l’aise il souligne : « tu
il permet de gérer les dans le but de mettre « Je peux utiliser vois ça permet
situations de stress, à l’aise le patient : l’humour pour d’être plus
angoissantes : « Ca peut m’arriver désamorcer une humain. »
« l'humour permet de l’utiliser dans une situation qui peux
de détendre situation gênante, être tendue » Il permet aussi une
l'atmosphère ». stressante » meilleure adhésion
L’humour permet de aux soins :
Cela permet aussi de Elle part du principe diminuer la douleur : « le patient adhère à
faire verbaliser des que cela participe au « Lors de la ton soin. »
choses parfois plus mieux-être du réalisation d’une
graves : « sont plus patient : première injection Il met à l’aise le
à l'aise pour nous « En fait je pars du intra musculaire et patient puisque « il
parler, verbaliser, principe que qui n’a donc pas évacue un stress
des choses, c'est l’humour ça l'habitude, faire rire ça permet que la
bizarre, plus emmène un peu le patient permet de personne soit moins
graves. » d’humanité dans le le détendre, ce qui a anxieuse. Il se sent
soin et en fait le pour effet que l’IM un peu plus à
L’humour permet patient ça le rend fera sûrement moins l’aise. »
une meilleure humain. » mal car les muscles
adhésion aux soins : seront moins Pour finir, selon lui,
« ton patient sera Elle pense aussi que contractés » l’humour permet de
plus réceptif à ce cela permet de diminuer la douleur
que tu devras faire, verbaliser : L’humour emmène lors des soins
à ce que tu vas lui « Ça permet au mieux-être du invasifs puisque :
dire parce que de d’ouvrir sur des patient en « tous les soins
toute façon la sujets dont on a pas humanisant le soin : invasifs passent
communication est l’habitude, « nous ne sommes beaucoup mieux. »
toujours d’entendre des pas que des
primordiale. Plus tu choses que le patient « blouses blanches »
communiques avec cache peut être au mais des humains,
la personne, comme premier abord. » comme eux. »
avec l'humour qui
est un outil de Ca emmène à une
communication plus meilleure adhésion
ta relation et ton aux soins : « Le
adhésion aux soins patient adhère
seront positives. » mieux aux soins, j’ai
l’impression qu’il a
moins
d’appréhension »
Pour l’IDE n°1, Pour l’IDE n°2, le L’IDE n°3 établit un L’IDE n°4 affirme
humour et relation lien entre les deux lien entre l’humour qu’il y a un lien
de soins sont est indéniable : « Je et la relation en entre l’humour et la
intimement liés : le fais vraiment dans déclarant que relation soignant -
« En fait il fait une démarche de soigné puisque
vraiment parti de la relations avec le « Dans une relation l’humour a
construction de ta patient. » soignant soigné
relation. C'est un l’humour la bonne « un but de se
tout. L'humour fait Il lui permet de humeur le sourire rapprocher , ça
partie de toutes les « crée une relation favorise une bonne permet de dire que,
petites choses que tu plus profonde. », relation, une que le patient se
mets en place pour une relation qu’elle ouverture pour les dise un peu, bah je
essayer de rentrer qualifiera par la suite patients. » suis comme dans ma
en communication de relation de famille, je suis un
avec la personne. » confiance. Elle pose ensuite la peu avec un
question suivante proche. »
C’est en partie grâce afin d’expliquer ses
à cet outil que la propos : Toutefois, il
relation va atteindre « Vous iriez plus exprime la difficulté
le degré de facilement vers une en lien avec le
confiance : « c'est ce personne au contact contexte de
mode de fermé qui ne souris l’urgence :
communication qui pas ou vers une « Je pense que c’est
va t'emmener dans personne souriante plus simple de faire
une relation de qui essaie de vous de l’humour dans un
confiance » faire sourire ? » service de médecine
ou de chirurgie. En
Pour finir, elle en fait, où l’infirmier
arrive à la ou l’infirmière, bah
conclusion que cela elle connaît le
peut permettre patient et tout ça,
que là bah c’est un
d’établir une relation peu dans le contexte
de confiance : de l’urgence. »
« Ainsi nous
développons avec
eux un lien de
confiance. »
L’importance du contexte
Pour l’IDE n°1, le Pour l’IDE n°2, Pour l’IDE n°3, il est Pour l’IDE n°4, le
contexte a une avant d’avoir nécessaire contexte est
importance recours à l’humour, d’analyser le primordial :
primordiale avant « il faut quand même contexte avant
d’avoir recours à que ça soit analysé, d’avoir recours à « l’importance
l’humour : « Il y a adapté, amené. » l’humour, surtout en d’analyser le truc
des choses qui sont psychiatrie : avant. »
bonnes à savoir afin Pour cela, elle « En psychiatrie, il
de pas faire affirme « Je sais faut toujours Toutefois, il y
d'impair. » pas, je pense qu’on analyser la situation ajoute la notion
le sent un peu, c’est avant d’utiliser d’urgence et de
Elle illustre cela par une sorte de l’humour. Parfois il brièveté :
le fait qu’il est connexion. » mais sera mal compris,
nécessaire de elle ajoute « il faut interprété de « T’es obligé
connaître la toujours que j’ai manière faussée ou d’analyser la
personne avant rencontré au moins complètement personne
d’utiliser l’humour : une fois le patient. », déformée. » brièvement, t’es
« C'est vrai, de de plus elle obligé d’analyser la
connaître la déclare : « Elle explique par la personne,
situation de famille, Sinon j’analyse suite ce à quoi elle t’es obligé de voir si
d'où elle vient, ce aussi les données de prête attention : elle va être
qu'elle a connu ça te prise en charge » « Je fais attention a réceptive ou pas.
permet en fait de plusieurs choses; En deux trois mots,
voir sur quel terrain comme le contexte en le regardant, en
tu peux aller d'un d’arrivée du patient machin, t’es obligé
point de vue en hospitalisation, le de regarder. Tu sais
relationnel avec non verbal qu’il si ça va passer tout
elle. » dégage, s’il est de suite ou non. »
fermé, il a un regard
Elle explique par la fuyant, qu’il Aux urgences,
suite comment elle n’effectue que des l’analyse s’effectue
s’y prend : « Mais réponses brèves donc très
d'abord être très mais aussi sa rapidement.
formel me présenter pathologie : certains
puis au fur et à déficients ne
mesure j'évalue si comprennent pas
cette personne est l’humour, d’autres
réceptive à l'humour vont se sentir
ou non. » persécutés,… »
L’IDE n°1 n’a L’IDE n°2 n’a pas L’IDE n°3 n’a pas L’IDE n°4 affirme
jamais vécu de telle trouvé de situation trouvé de situation, que « Sans doute
situation, elle toutefois elle toutefois elle que ça m’ait arrivé
l’explique par le fait déclare : « . En fait, explique que et que je me suis
que « C'est quelque des fois j’utilise « Il faut bien faire retrouver comme un
chose de très très l’humour comme attention en idiot devant un
subjectif. » et que mécanisme de psychiatrie de patient que c’était
« En fait c'est cette défense. Ça c’est connaître les totalement
personne-là, à ce mon plus grand patients avec qui inadapté. »
moment-là, avec ton mécanisme de l’utiliser car
"toi" de ce moment- défense. Et en fait, certains vont
là » c’est dans ces déformer vos propos
moments-là que et ce qui était de
c’est dans des l’humour pour vous
situations où il ne peut être une attaque
faut pas. » ou déformé pour un
patient.. »
Conclusion de l’entretien
L’IDE n°1 conclue L’IDE n°2 conclue L’IDE n° 3 conclue L’IDE n°4 conclue
en exprimant l’idée en déclarant : en disant que : en exprimant le fait
que « En fait que :
l'humour c'est une « On est un humain « L’humour est utile
espèce d'alchimie face à un humain dans le soin, que ce
qui arrive à un avec un humour. soit pour le patient « Il faut déconner,
moment et qui C’est un outil mais aussi pour surtout dans un
permet de faire rire essentiel à la l’équipe de soins qui service difficile,
quelqu'un qu'il y a 5 relation. » l’entourent. » c’est positif pour les
minutes pleurait. » soignants mais
Elle finit par dire : surtout bah euh
Elle ajoute à cela la « Et du coup j’avais pour les patients. »
particularité de l’ envie d’être de ces
EHPAD «C'est un infirmières-là qui
lieu de vie donc tout apportent des
est dit, la vie c'est sourires aux
ça. Il y a de patients »
l'animation, on fête
les anniversaires,..
Il y a des rires, il y a
des pleurs, il y a de
l'humour, il y a des
bonnes et il y a des
mauvaises
nouvelles, il y a de la
vie. Ce n'est pas
parce qu'ils sont en
institution qu'ils ont
arrêté de vivre, de se
marrer. Il ne faut
jamais s'interdire
l'humour il faut juste
utiliser à bon
escient. »
FLACK Morgane Mai 2018
>ABSTRACT
L’humour est un moyen de Humor is a means of communication,
communication que j’ai pris l’habitude which I’ve got into the habit of using during my
d’utiliser au cours de mes stages avec les training course with the aim of fostering the caring
patients et ce, dans le but de favoriser la relation relationship with the patients.
de soins.
In one case, I was able to notice the
Lors d’une situation, j’ai pu constater benefits it brought to my relationship with the
ses bienfaits sur ma relation avec une patiente. patient. However, in another case, I also realised
Toutefois, j’ai pu aussi prendre conscience à that its usefulness remained ambiguous. It led to a
travers une seconde situation que son utilité lot of questioning and ultimately to the decision of
reste ambiguë. Cela a entraîné chez moi une writing my final report about it.
grande remise en question et de ce fait, le choix
d’effectuer mon travail de fin d’étude sur ce Thus, from that reflection on the different
sujet. cases I worked on I was able to bring out two key
concepts, which are the caring relationship and
Ainsi, le questionnement induit par humour, and decided to study them through
mes situations m’a permis d’extraire deux various theoretical readings. Based on those latter,
concepts clés que sont la relation de soins ainsi I chose to carry out an inquiry, throughout semi-
que l’humour, que j’ai choisi de traiter à travers structured interviews with health professionals, to
diverses lectures théoriques. A partir de ces shed light on my topic on a practical level.
dernières, j’ai émis le choix de mener une
enquête, via des entretiens semi-directif auprès Consequently, on the one hand this work
de professionnels de santé, me permettant ainsi helped me gain in open-mindedness and critical
d’éclairer le sujet sur un plan pratique. skills, and on the other hand understand that
humour can encourage the caring relationship
Par conséquent, ce travail m’aura only if handled with caution.
permis d’une part d’acquérir une ouverture
d’esprit et un sens plus critique et d’autre part,
de comprendre que l’humour peut favoriser la
relation de soins s’il est manié avec précautions.
Mots clés :
Humour – Rire – Relation soignant-soigné – Relation de confiance – Adhésion aux soins
Humor – Laugh – Nurse-Patient Relationship – Relationship of trust – Adherence to
medical care
L’IFSI de la CCM n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires : ces
opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.