Aron - Idées Politiques Et Vision Historique de Tocqueville
Aron - Idées Politiques Et Vision Historique de Tocqueville
Aron - Idées Politiques Et Vision Historique de Tocqueville
politique
Aron Raymond. Idées politiques et vision historique de Tocqueville. In: Revue française de science politique, 10ᵉ année, n°3,
1960. pp. 509-526;
doi : https://doi.org/10.3406/rfsp.1960.392581
https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1960_num_10_3_392581
de Tocqueville
RAYMOND ARON
509
Raymond Aron
510
Idées Politiques de Tocqueville
2. Œuvres complètes, publiées par J.-P. Mayer, t. II, vol. 2, pp. 198-199.
Toutes les références utilisent cette édition.
511
Raymond Aron
512
Idées Politiques de Tocqueville
513
Raymond Aron
5U
Idées Politiques de Tocqueviîle
515
RaymoTid Avon
ment dans les grands Etats. « Comme, dans un Etat libre, tout
homme qui est censé avoir une âme libre doit être gouverné par
lui-même, il faudrait que le peuple en corps eût la puissance
législative. Mais comme cela est impossible dans les grands Etats, et est
sujet à beaucoup d'inconvénients dans les petits, il faut que le
peuple fasse par ses représentants tout ce qu'il ne peut pas faire
par lui-même (L'esprit des lois, XI, 1).
Enfin, la condition dernière de la liberté ou de la modération,
c'est l'équilibre des forces sociales. Si, après l'analyse célèbre de
la Constitution anglaise, Montesquieu consacre plusieurs chapitres
à la Constitution et à l'histoire de la République romaine, c'est qu'il
retrouve dans la république antique l'équivalent de ce qu'il observe
dans la monarchie anglaise : une société hétérogène, faite de classes
rivales, dont la Constitution garantit les droits respectifs, le
gouvernement demeurant libre aussi longtemps que les organes de l'Etat,
par leur concours, reflètent et maintiennent l'équilibre des forces
sociales. Les corps intermédiaires de la monarchie française ne sont
qu'un exemple, entre d'autres, du pluralisme, politique et social,
indispensable à la liberté.
La réponse de Tocqueville à la question : Comment la liberté
peut-elle être sauvegardée dans des sociétés qui ne sont ni étroites
ni frugales ? prolonge les indications de Montesquieu. Le
principe de la liberté américaine est parent du principe de la liberté
des cités antiques ; la Constitution américaine, comme la
Constitution romaine, réalise une unité d'harmonie, elle n'exclut
personne de la communauté sans que les citoyens deviennent, pour
autant, uniformes et interchangeables, soumis en un isolement
atomique à la toute-puissance d'un Etat gigantesque.
Un fragment, qui ne figure pas dans l'œuvre définitive, illustre
le principe commun aux républiques antiques et à la république
moderne (publié par J.-P. Mayer dans la Revue internationale de
philosophie, 1959, fasc. 3) :
« Les Américains ne forment pas un peuple vertueux, et
cependant ils sont libres. Ceci ne prouve pas absolument que la vertu
comme le pensait Montesquieu n'est pas essentielle à
l'existence des républiques. Il ne faut pas prendre l'idée de
Montesquieu dans un sens étroit. Ce qu'a voulu dire ce grand
homme, c'est que les républiques ne pouvaient subsister que
par l'action de la société sur elle-même. Ce qu'il entend par
vertu, c'est le pouvoir moral qu'exerce chaque individu sur lui-
même et qui l'empêche de violer le droit des autres. Quand ce
triomphe de l'homme sur ces tentations est le résultat de la
516
Idées Politiques de Tocqueville
517
Raymond Avon
518
Idées Politiques de Tocqueville
519
Raymond Avon
520
Idées Politiques de Tocqueviïle
521
Raymond Aron
522
Idées Politiques de Tocqueville
523
Raymond Aron
525
Raymond Aron
526