TERRA 2016 TH 4 Art 219 Pointet
TERRA 2016 TH 4 Art 219 Pointet
TERRA 2016 TH 4 Art 219 Pointet
JOFFROY, Thierry, GUILLAUD, Hubert, SADOZAÏ, Chamsia (dir.) 2018, Terra Lyon 2016:
Articles sélectionnés pour publication en ligne / articles selected for on-line publication /
artículos seleccionados para publicación en línea. Villefontaine : CRAterre. ISBN 979-10-
96446-12-4.
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Résumé
L’objet de cet article est de présenter le matériau terre coulée pour une utilisation
innovante en voiles banchés, porteurs en refends et en façades.
A partir des formulations mises au point successivement par le BETerre, dans le cadre de
ses recherches en matériaux et en relation avec le Be VESSIERE pour l’application en
phase chantier, il est proposé en exemple la mise en œuvre de ce matériau pour des
projets publics (& privés) selon un process « reproductible » justifiable par le calcul et
validé par les contrôleurs techniques en respectant à la fois la formulation, avec armatures
spécifiques indispensables pour la stabilité en zone sismique.
Cet article a pour but à la fois de présenter le matériau terre coulée, mais aussi la mise en
œuvre et les étapes de validation / justification.
Introduction
Au début du 20ème siècle, la région grenobloise a connu l’essor des premiers ciments et
béton armé. Ces techniques et matériaux, utilisent au début, les outils et systèmes
constructifs empruntés à la technique du pisé : un premier transfert de technologie local
s’opère. L’industrie des bétons de ciment a développé depuis toute une ingénierie
(formulation, résistance, armature, mise en œuvre…) qui inspire à leur tour le renouveau
des techniques à base de terre crue initié, dans les années 80 par le centre de recherche
Craterre situé sur le même territoire.
La terre coulée, utilisant certaines formulations, base granulaire des matériaux à pisé,
renchéri de fines ou graves et d’eau, le matériau simple dans sa composition peut être
traité en mise en œuvre tel un béton de ciment « classique », c’est-à-dire coulé entre des
banches étanches, sans compactage mais avec une aiguille vibrante.
L’intérêt de cette méthode, au-delà d’utiliser des terres du site, ou de baisser les couts de
production en facilitant les mises en œuvre, est de pouvoir réaliser des parois renforcées
avec différents types d’armatures.
Plusieurs chantiers, réalisés où en cours ont utilisé la technique de la terre coulée armée à
l’aide de tirant verticaux. Ce principe d’armature permet la modélisation selon la méthode
des tirants bielles pour justifier la résistance des parois dans leur plan et hors plan avec
des caractéristiques réelles de compression (terre coulée) et de traction (armatures) afin
d’augmenter les résistances mécaniques des murs verticaux, et permettant ainsi la
construction de chantiers publics en zones sismique.
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1 - AVANTAGES ET INCONVENIENTS DU SYSTEME TERRE COULEE PAR
RAPPORT AU BETON ARCHITECTONIQUE – ECOCONSTRUCTION ET ENERGIE
GRISE
1.1 – Composition
Béton de ciment
Le béton de ciment classique est composé en général de ciment, de sables, d’agrégats,
et d’eau, ainsi que de métal si on l’arme. (résistance à la traction)
Fig. 2_ parements des voiles de béton de terre coulée _ chantier CTE ouest à Fontaine (38)
Le béton de fine argilo-calcaire stabilisé au ciment est constitué d’une matière liante
(AC100+ciment), d’une matière en grains (sables et graviers), et d’eau et dispersant. Dans
un premier temps nous donnons les caractéristiques de chaque élément.
Exemple d’une composition :
Les fines argilo-calcaires : AC100 tamisées à 100µm
Le ciment : CEM 1 52,5N CE NF
Des gravillons calcaires 4-12mm (GL0412) Du sable marin 0-4mm (SS1204)
Du sable calcaire 0-4mm (A5)
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Le tableau ci-après récapitule les proportions de la formulation finale pour le béton à base
de fine argilocalcaire stabilisé au ciment. Formule qui pourra être utilisée pour les
essais de résistance mécanique.
Identification Formule kg/m3 Identification Formule kg/m3
CEM I 52,5N CE NF Lumbres 90
AC 0100 225
SS1204 439
A5 439
GL0412 864
Pozzolith 390N (1,4% m.l.) 4,5
Eau efficace 217
Impact économique
D’un point de vue économique, le béton de ciment est actuellement moins cher à
fabriquer et mettre en œuvre car largement commercialisé, par rapport à la construction
en terre. La demande en main d’œuvre pour un mur de pisé est exigeante, mais
l’intérêt du béton de terre coulée est qu’il ne nécessite pas plus de main d’œuvre que
le béton de ciment. De plus, les matériaux étant essentiellement locaux, le coût de
revient n’est pas forcément très élevé, car on évite au maximum les transports de
matières premières en extrayant sur le site, et le coût de mise en œuvre est d’environ 250-
300€/m² pour la terre coulée à comparer à des valeurs de 100-120€/m² pour le béton
de ciment classique et 200 - 250€/m² pour le béton de ciment dit « architectonique » selon
les additifs et pigments ou textures.
Impact social
La terre tirée du site pour la construction n’est pas un matériau nocif, elle ne subit pas
de transformations chimiques… Ce que l’on appel reformulation n’est que l’ajout de
matières premières qui cherchent à optimiser le squelette granulaire de matériau de
construction. Moins il y a d’air dans le matériau, plus il est dense, plus il est solide et ses
résistances mécaniques sont élevées. On vient combler les trous et les espaces vides
en ajoutant par exemple du sable ou des fines argilo-calcaires.
D’un point de vue sanitaire le matériau est donc sain.
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Sa capacité structurelle permet aussi d’éviter la complexité de certaines structures
couteuses et difficiles de mise en œuvre. Mieux encore, voir un bâtiment « sortir de
terre » avec cette même terre, dans le respect des traditions constructives locales est
un atout majeur et un symbole permettant de valoriser le bâtiment avec de nouvelles
techniques mises à jour.
Enfin, avec le choix d'un matériau de construction demandant de la main-d'œuvre et
des produits régionaux d'artisanat, une grande partie des bénéfices est réinjectée dans
l’économie locale et ses petites entreprises. On peut réduire au minimum le processus
de vieillissement des matériaux naturels en faisant en plus appels aux professionnels
locaux du département isérois à jour dans la construction terre grâce à un design étudié,
fort de recherches et d’expériences (CRATERRE, Caracol, Vessière, LABEX, Martin
Pointet…). De plus la maintenance et la réparation sont des travaux faciles avec des
artisans locaux déjà impliqués dans le projet.
Sur la base des plans et informations techniques fournis au dossier DCE, concerne la
réalisation des études spécifiques pour les ouvrages en terre coulée et comprend :
− Plans EXE / PAC,
− Notes de calcul,
− Recherche de granulats
− Formulation des mélanges terre à couler,
− Essais spécifiques sur les matériaux et éprouvettes,
− Note méthodologique d’intervention et de contrôle qualité.
− Un voile prototype.
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Pour la terre crue stabilisée, sous forme de terre coulée, les documents techniques seront
constitués par les publications les plus récentes des centres de recherches et
d’expérimentation et/ou des bureaux d’études spécialisés, agrées par l’architecte.
L’entrepreneur est libre de proposer à cet agrément le ou les centres de son choix. Une
liste non exhaustive de quelques centres est donnée ci-dessous, sans valeur
contractuelle. Si nécessaire, et surtout si demandé (voire exigé par le bureau de contrôle)
l’entrepreneur se rapprochera du CSTB et du contrôleur technique afin de mettre en place
à ses frais, une procédure d’ATEX pour le chantier (appréciation technique
d’expérimentation).
Spécificité de l’ouvrage :
-‐ La période d'exécution des murs en terre coulée ne devra pas commencer avant
mi-mars pour et s'achever avant fin octobre pour éviter les problèmes de gel. Les
températures pour l'exécution des ouvrages en terre coulée est au minimum 5
degré. Hors ces périodes il n'est plus possible de réaliser ces ouvrages dans les
règles de l'art.
-‐ Le mur en terre coulée reste coffré au minimum deux jours, puis peut être
intégralement décoffré.
-‐ Une fois décoffrés, les murs en terre coulée sont mis sous cure à l'aide d'un
polyane, durant au moins une semaine afin de favoriser et d'optimiser la prise du
liant hydraulique.
-‐ Les ouvrages en terre coulée doivent être protégés contre la pluie sur toute la
période du chantier (mise en œuvre, décoffrage, mise sous cure…). Cette
protection peut se faire par panneaux rigide posé en tête de mur avec des débords
d'au moins 10cm de chaque côté.
Le contrôle qualité peut être réalisé par l'entreprise. Il se fera sur les deux points suivant :
Vérification de la bonne consistance du mélange, lors de la vidange du malaxeur, à l'aide
d'un cône d'Abrams. Les résultats seront notés dans un carnet de bord et rendu à la
maitrise d’ouvrage en fin de chantier. Réalisation de 9 éprouvettes 16/32cm, à la demande
de l’architecte. Ces éprouvettes seront testées dans un laboratoire agréé afin de vérifier
leur résistance mécanique à 7 et 28 jours.
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2.3 – Armatures spécifiques (type DW avec écrous et plaquettes)
Modélisation aux éléments finis avec prise en compte des descentes de charges statiques
& dynamiques issues des sollicitations extérieures
Fig.6_Exemple de cartographie des contraintes normales principales Sigma2 sous action sismique
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en « tirants – bielles » selon les EUROCODES, justifié par le calcul en phase EXEcution a
été validé par le contrôleur technique.
Fig. 7 & Fig. 08_ Coulage des voiles de béton de terre coulée _ chantier CTE ouest à Fontaine (38)
Fig. 09 & 10_ Voile de refend porteur en béton de terre coulée _ chantier CTE ouest à Fontaine (38)
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4 – CONCLUSIONS
A partir des terres locales du site ou des volumes rejets de front de carrière, dont les
matériaux terre argileuses servent à combler les trémies, une formulation reste possible
pour réaliser un béton de terre. La notion de terre « coulée » permet une mise en œuvre
selon un process « reproductible » par les entreprises de gros œuvre / maçonnerie. A
partir d’une formation et un accompagnement in situ avec les compagnons de chantier,
souvent réticents puis les plus motivés, il est possible de réaliser sur la base d’un voile
prototype préalable des murs en béton de terre coulée armé entre banches.
Et, tout comme le béton de ciment à son époque, est-elle la base de nouvelles
conceptions architecturales contemporaines en terre crue ?
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