Le Rapport Des Forces de Défense Et de Sécurité Au Pouvoir Politique, Selon Le Protocole Additionnel de La CEDEAO
Le Rapport Des Forces de Défense Et de Sécurité Au Pouvoir Politique, Selon Le Protocole Additionnel de La CEDEAO
Le Rapport Des Forces de Défense Et de Sécurité Au Pouvoir Politique, Selon Le Protocole Additionnel de La CEDEAO
Introduction........................................................................................................ 3
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I. Contexte.................................................................................................... 4
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1960 et 2005.................................................................................................. 5
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II. Les rapports entre Pouvoir politique et Forces armées dans un contexte
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Politologue
Chef de l’Unité Gouvernance, Dynamique des conflits, Paix et sécurité.
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2005
Edition février 2007
2
Introduction
1 - Qu’est-ce que le Protocole additionnel de la CEDEAO ?
Ce Protocole additionnel a été signé en 2001 à Dakar par les Chefs d’Etat et de
Gouvernement de 14 des 15 pays membres de la CEDEAO2. Depuis juillet 2005, les
Etats signataires l’ayant ratifié ont atteint le nombre des 9, nécessaires pour que le
Protocole s’applique à tous.3
1
Cet instrument de la CEDEAO a été mis en place par les Etats membres en décembre 1999. Il
comporte divers organes et institutions notamment : le Conseil de Médiation et de Sécurité, la
Commission de Défense et de Sécurité, et le Conseil de Sages ; le Sommet annuel des chefs d’Etat
de la CEDEAO, à Accra, en janvier 2005 a fait le point sur la mise en œuvre de ce mécanisme qui
est fondamental dans la construction de la paix et la sécurité au niveau de l’Afrique de l’Ouest.
Voir à ce sujet le Mémorandum du Secrétariat exécutif ; Abuja, janvier 2005.
2
Le Cap-Vert n’avait pas en effet signé. Dans une période récente, il semble que ce pays aurait
manifesté aux autorités de la CEDEAO sa disponibilité à adhérer au Protocole additionnel.
3
En juillet 2005, les deux derniers pays à avoir ratifié (respectivement le Niger et le Togo) n’avaient
pas encore fait parvenir à la CEDEAO les instruments de leur ratification ; les 5 pays n’ayant pas
encore ratifié sont : la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée Bissau, le Liberia et le Nigeria.
3
I. Contexte
Le Protocole additionnel intervient en 2001 comme expression d’une nouvelle
résolution politique collective des Etats membres de la CEDEAO à faire avancer la
prévention et la résolution des crises et conflits violents et atteindre la paix et la
sécurité par le développement de la démocratie et d’une bonne gouvernance. Le
Protocole marque une étape importante dans l’évolution politique d’une sous région
caractérisée, pendant de longues périodes, par une forte implication des forces
armées dans la gestion du pouvoir politique. Il s’agit à partir de 2001 de marquer
de manière appuyée l’incompatibilité entre la démocratie et la bonne gouvernance
avec une gestion militaire du pouvoir politique et toute implication des militaires
dans la politique. Dans quelle mesure ceci constitue-t-il une rupture ? Quels ont pu
être auparavant les rapports entre forces armées et pouvoir politique en Afrique de
l’ouest ?
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Lutte armée de libération anti-coloniale et pouvoir politique
Amilcar Cabral énoncera, lors de son éloge funèbre à Kwame NKRUMAH, une idée
doctrinalement très représentative : « Tant que l’impérialisme existe, dit-il, un Etat
indépendant en Afrique sera toujours un mouvement de libération au pouvoir ou ne
sera pas ».
Le poids pris par l’armée dans la conquête du pouvoir dans les anciennes colonies
portugaises aura un impact considérable sur l’Etat postcolonial dans les pays
concernés. Il détermine en grande partie, entre autres problèmes, les besoins de
réforme du système de sécurité dans certains pays confrontés à d’importants
effectifs d’anciens combattants à démobiliser.
- la généralisation, sur une période de 35 ans, des coups d’Etat comme mode
de prise du pouvoir politique ;
- le développement de conflits violents ayant souvent pour enjeu le pouvoir
politique.
Cette phase est servie par une prolifération et une circulation criminelle des armes
dans la région. Le pouvoir des armes se développe dans un contexte où le déficit ne
porte pas seulement sur la démocratie mais plus gravement encore sur l’Etat.
5
En effet, l’effritement de l’Etat et la faillite des mécanismes de gouvernance se
traduiront par une dispersion et une prolifération des acteurs armés. Militaires
dissidents, paramilitaires, milices, rebelles, et/ou mercenaires disputent aux forces
légales le pouvoir politique.
Ces indications montrent que sur une période de 35 ans, l’Afrique de l’Ouest a été
marquée par la présence de gouvernements et régimes politiques dominés par des
militaires. L’armée s’est posée comme un acteur politique de premier plan ; et elle a
généralement fait mauvais ménage avec les autres acteurs politiques que
constituent les partis politiques.
Mais dans les faits les pouvoirs militaires n’ont pas fait de miracles économiques ; ils
ont dévitalisé ou empêché tout jeu politique fondé sur le pluralisme, la liberté et la
démocratie. Ils ont été souvent synonymes de répression politique sélective ou
aveugle selon les pays et/ou les conjonctures. Ils ont induit ou aggravé une crise
aigue de gouvernance politique.
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Les régimes militaires ou les gouvernements dominés par des membres des forces
armées et de sécurité ont quelquefois cherché à se légitimer par une volonté
déclarée de restaurer l’ordre et de procéder à une mise au travail des populations.
En réalité, ces raisons avancées ont fonctionné comme un véritable « cache-sexe »
pour un pouvoir politique inefficace au plan de la gouvernance et en porte à faux
avec l’Etat de droit. 7
Il est vrai que dans certains contextes nationaux la prise du pouvoir par les
militaires a pu être perçue et/ou vécue par l’opinion et les observateurs comme un
facteur de déblocage par une libéralisation post-autocratique.
Mais le mal semble s’être métamorphosé dans la région puisqu’il y a, à travers les
rebellions, guerres civiles et conflits armés une militarisation de la politique qui
hypothèque la démocratie, entrave une véritable gouvernance et déstabilise la
société.9
7
Dans une communication intitulée « Armée et politique », faite lors d’un atelier de
GERDDES-AFRIQUE-CIRD, à Cotonou, en 1996, les colonels Bio-Kpo Lafia et Zinzou ont
fait une approche critique et équilibrée des rapports entre Forces armées et Pouvoir
politique. Ils ont recensé les différents types d’impact de l’implication des militaires et
fait ressortir les préjudices que cela peut porter aux forces armées ; ils mentionnaient
aussi parmi les effets nocifs « le bâillonnement du peuple et la violation des Droits de
l’homme. » (p. 7 Doc atelier GERDDES).
8
Mais le multipartisme et les conférences nationales n’ont pas induit partout le même
niveau de démocratisation. Dans les années 90, des blocages ont subsisté ou se sont fait
jour dans des pays comme le Togo où l’avènement d’une nouvelle majorité
parlementaire tourna court et ne déboucha pas sur une alternance politique
démocratique. Les Forces armées jouèrent un rôle important au plan politique dans le
maintien d’un statu quo. S’étant senties exclues de la dynamique politique enclenchée
par la conférence nationale, elles furent, selon certains observateurs et analystes, à la
base de contre actions qui déstabilisèrent le Gouvernement du Premier Ministre de la
transition d’alors, M. J. Koffigoh. Le cas de ce pays est très illustratif de la concomitance
susceptible d’exister entre l’existence de partis comme acteurs reconnus du jeu politique
et l’armée comme acteur d’arrière plan impliquée dans la gouvernance politique et
publique et se manifestant comme protagoniste des autres forces.
9
D’ailleurs, le cas ivoirien, en 2002, montre comment le putsch peut être inducteur de
rebellions et déterminer des risques de conflit armé.
7
Cela appelle donc un double traitement pour d’une part maîtriser la prévention, la
gestion et la résolution des conflits, et d’autre part relever le défi de la
démocratisation et de la bonne gouvernance.
10
Voir Article 1er du Chapitre I du Protocole qui traite en Section I des Principes de convergence
constitutionnelle.
8
- « La participation populaire aux prises de décision, le strict respect des
principes démocratiques et la décentralisation du pouvoir à tous les niveaux
de gouvernement constituent une approche politique alternative à l’érection
de la force militaire comme centre du pouvoir politique».
L’activité des forces armées est inscrite dans un cadre républicain, apolitique et
d’emblée non partisan. La « défense des institutions démocratiques » et le « rôle de
l’armée dans le développement » sont mis en exergue. Il en est de même
concernant sa participation aux missions de maintien de la paix de la CEDEAO, de
l’Union Africaine et de la Communauté internationale.
Ces restrictions sont édictées sans préjudice pour leurs droits citoyens.
Ainsi, « les personnels des forces armées et des forces de sécurité publique sont
des citoyens bénéficiant de tous les droits reconnus aux citoyens par la constitution
sous les réserves édictées par leur statut spécial ».
11
Protocole additionnel, Section IV article 20.
9
- Comment, par exemple, traiter dans ce cadre de la question du droit de
vote ?
- Quelle est la pertinence de l’exercice de ce droit dans un contexte
d’apolitisme du corps et d’inéligibilité de ses membres à des fonctions
politiques ?
- Comment développer l’information politique et la formation civique sans
politiser les corps de défense et de sécurité ?
Ces indications et orientations sont très importantes pour l’exercice effectif des
libertés démocratiques par les citoyens, les organisations politiques et celles de la
société civile. Elles aident à lever l’absence de tolérance des manifestations
publiques pacifiques comme cadre et formes d’expression indispensables à
l’effectivité de la démocratie.
12
Notamment dans la « Déclaration sur une approche sous-régionale pour la paix et la sécurité »
faite à Abuja, le 28mai 2003, lors d’une session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et
de gouvernement ; voir pages 4 et 5.
10
- de « Respect de la légalité constitutionnelle de l’Etat de droit et des Droits
de l’Homme ainsi que des Protocoles de la CEDEAO sur la Libre circulation
des personnes, des biens et des services. »
11
Sur ce plan, le texte du Protocole additionnel balise assez clairement la voie en
matière d’orientation et de contenu indicatif de la formation :
« Les personnels des forces armées et ceux des forces de sécurité publique doivent
recevoir dans le cadre de leur formation une éducation à la Constitution de leur
pays, aux principes et règles de la CEDEAO, aux Droits de la Personne, au Droit
humanitaire et aux principes de la Démocratie. A cet égard, des séminaires et
rencontres périodiques seront organisés entre les éléments de ces forces et les
autres secteurs de la société. De même des formations communes seront
organisées entre armées des Etats membres de la CEDEAO et entre policiers,
universitaires et société civile. »13
13
Article 24 alinéas 1 et 2 du Protocole additionnel de la CEDEAO.
12