Découpage Par Mouvements - Texte de Parcours Associé - KOLTES

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Séquence théâtre, parcours associé

BM KOLTES, le retour au désert (1988)

Table des matières


Introduction............................................................................................................................................. 1
PRESENTATION .................................................................................................................................... 1
SITUATION ........................................................................................................................................... 1
MOUVEMENTS .................................................................................................................................... 1
(Projet de lecture) ............................................................................................................................... 1
Analyse, mouvement par mouvement .................................................................................................... 2
Conclusion ............................................................................................................................................... 3
Bilan ..................................................................................................................................................... 3
Ouverture de conclusion ..................................................................................................................... 3

Introduction
PRESENTATION
Koltès dramaturge fin 20e s., influence par Shakespeare, par Dostoïevski, Marivaux (langage ;
conflit), connu pour son association avec le metteur Patrice Chéreau aux Amandiers
Souvent des grandes tirades, duos de personnages => duels
SITUATION
Une fratrie resserrée (un frère, une sœur, maison familiale (cf. Juste la fin du monde), la sœur
revient d’Algérie coloniale, tandis que le frère, lui est resté.

MOUVEMENTS
Récit d’une situation de retrouvailles qui ‘vire au vinaigre’ = conflit = situation de crise
1. Provocations discrètes, malaise
2. Attaque frontale, coups d’éclat
3. Installation dans le conflit qui s’enlise, malsain peut-être ? joute significative : on a
besoin de son ennemi1

(Projet de lecture)
Montée en puissance de la crise par pallier

1
Cf. Le dernier opus d’Umberto ECO, Costruire il nemico (2011)
Analyse, mouvement par mouvement

Entre Adrien, en haut de l'escalier Premier abord, premières provocations


ADRIEN. -Mathilde, ma sœur, te voici de
- Indice de supériorité, inégalité dans le positionnement
nouveau dans notre bonne ville. Es-tu venue
spatial (didascalie)
avec de bonnes intentions ? Car, maintenant
que l'âge nous a calmés un peu, on pourrait - Vocatif insistant, mise en apposition « ma sœur », lien de
tâcher de ne pas nous chamailler, pendant le possession
court temps de ton séjour. J'ai pris l'habitude - Hypocoristique « bonne ville » : valeur ?
de ne plus me chamailler pendant les quinze - Valeur de l’interrogation : rhétorique ou pas ? néanmoins il
années de ton absence, et ce serait dur de s'y est à noter que l’interrogation est fermée.
remettre. - La simple mention du verbe « calmer » sous-entend que le
conflit est larvé.
MATHILDE. -Adrien, mon frère, mes intentions - Répétition à valeur d’insistance sur « chamailler » (le verbe
sont excellentes. Et si l'âge t'a calmé, j'en suis « calmer », une seule occurrence, ne fait pas le poids) = le
très contente : les choses seront plus simples
déséquilibre des forces est déjà entériné.
pour le très longtemps que je compte passer
- Tac-au-tac avec reprises de termes « Car… », « Si l’âge… »,
ici. Car moi, l'âge, au lieu de me calmer, m’a
beaucoup énervée ; et entre ton calme et mon « calmer » = recyclage nerveux des termes, d’une réplique à
énervement, tout devrait bien se passer. l’autre
- Tournures laissées => climat de menace ; modalisation par le
ADRIEN. -Tu as voulu fuir la guerre et, tout quantificateur euphémisant « un peu », « ce temps
naturellement, tu es venue vers la maison où d’incertitude », « les choses »
sont tes racines ; tu as bien fait. La guerre sera - Problème de mesure : « un peu », « beaucoup », « très »,
bientôt finie et bientôt tu pourras retourner en série de quantifications (entre le trop et le pas assez)
Algérie, au bon soleil de l'Algérie. Et ce temps - Reprise en boucle par Adrien de « Algérie », point
d'incertitude dans laquelle nous sommes tous, névralgique, et aussi la volonté de relocaliser Mathilde au
tu l'auras traversé ici, dans la sécurité de cette
moins dans le discours.
maison.
Le conflit éclate
MATHILDE. - Mes racines ? Quelles racines ? Je
ne suis pas une salade ; j'ai des pieds et ils ne • Réponse sous forme de questions enchaînées (2), sous
sont pas faits pour s'enfoncer dans le sol. forme averbale : Mathilde piquée au vif, reprise du
Quant à cette guerre-là, mon cher Adrien, je terme «racines »,
m'en fiche. Je ne fuis aucune guerre ; je viens • Jeu de mots grinçant (syllepse de sens)
au contraire la porter ici, dans cette bonne • Série de négations syntaxiques (ne… pas, « ne…aucun »),
ville, où j'ai quelques vieux comptes à régler. lexicales (« guerre » antonyme de paix ; « au contraire »)
Et, si j'ai mis si longtemps à venir régler ici ces , morphologiques « mal-heur »
quelques comptes, c'est que trop de malheurs
• Le mot « ennemi » (effet de chute) clôture la réplique
m'avaient rendue douce ; tandis qu'après
quinze années sans malheur les souvenirs me
• Thématique du temps lancinante (champ lexical du
sont revenus, et la rancune, et le visage de mes temps : « longtemps », « quinze années » et d’ailleurs le
ennemis. mot « souvenir » répand par allitérations ses consonnes
dans la suite.
ADRIEN. -Des ennemis, ma sœur ? Toi ? Dans • Escalade dans la rivalité et l’agressivité : Adrien répond
cette bonne ville ? L'éloignement a dû fortifier par 3 interrogatives et non pas deux, toujours averbales
encore ton imagination, qui pourtant n'était mais encore plus percutantes (« Toi ? »)
pas faible ; et la solitude et le soleil brûlant de • Reprise ironique de « bonne ville » (l’hypocoristique sert
l'Algérie te brouiller la cervelle. Mais si, comme l’antiphrase)
je le crois, tu es venue ici contempler ta part
• Adrien malignement ramène la discussion sur les deux
d'héritage pour repartir ensuite, eh bien,
contemple, vois comme je m'en occupe bien, tabous : « l’Algérie » et le champ lexical de l’argent
admire comme je l'ai embellie, cette maison,
et, lorsque tu l'auras bien regardée, touchée, (« toucher », « évaluer », « part d’héritage ») = Adrien
évaluée, nous préparerons ton départ. charge la relation d’enjeux pécuniaires.
• Reprise de réplique à réplique des mots qui font qui font
MATHILDE. - Mais je ne suis pas venue pour mal : « ennemis/ennemis » ; « départ => « repartir »
repartir, Adrien, mon petit frère. J'ai là mes
bagages et mes enfants. Je suis revenue
Conflit assumé ; dialogue conflictuel installé dans la
dans cette maison, tout naturellement,
parce que je la possède ; et, embellie ou durée, entretenu par les deux parties
enlaidie, je la possède toujours. Je veux, • Attaque de la réplique par la conjonction « mais » (écart
avant toute chose, m'installer dans ce que grammatical = brutal)
je possède. • Jeu sur l’hypocoristique « petit » : cadet (ce qui inverse le
positionnement physique en haut de l’escalier) =
ADRIEN. - Tu possèdes, ma chère Mathilde, rétablissement de la hiérarchie + valeur dépréciative
tu possèdes : c'est très bien. Je t'ai payé un (petit = minable) (presque de l’injure]
loyer, et j'ai considérablement donné du • Mathilde s’inscrit dans du collectif et du pluriel
prix à cette masure. Mais tu possèdes, (« bagages », « enfants ») et qui multiplie les pronoms
d'accord. Ne commence pas à me mettre sujets « je » (x7) en tête de proposition ou de phrase pour
en colère, ne commence pas à chicaner. impressionner son frère = la dispute lui sert à s’affirmer.
Mets, je te prie, un peu de bonne volonté. • + répétition du verbe « posséder » , concaténation
Recommençons notre bonjour, car tout (rebond)=
cela est mal parti. - crispant = tension max
- forme de claustrophobie, de circuit fermé dans la dispute =
MATHILDE. - Recommençons, mon vieil fatalité dans l’animosité réciproque,
Adrien, recommençons. - dépendance actée vis-à-vis du discours de l’autre
« recommençons » / « recommençons »

Les redondances
➔ Recyclage, épuisement du discours ?
➔ Fil ininterrompu, continuité ?
Dispute
➔ Séparation des êtres ?
➔ Perpétuation du lien, fût-il malsain ?
La crise (familiale)
➔ Compromet les relations et les êtres ?
➔ Redéfinit les rapports et cela refait exister les individus ?
(Mathilde répète « je »)

Conclusion
Bilan
Ce frère et cette sœur se comprennent finalement très bien et ont même besoin l’un de
l’autre, pris dans une relation, par le conflit qui les lien d’interdépendance.

Ouverture de conclusion
Cf. confrontations chez KOLTES, le dealer/le client dans Dans la solitude des champs de coton
(1985), ou encore Alboury/Horn dans Combat de nègre et de chiens (1980)

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