Geo 316

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UE GEO 316 : LES ECOSYSTEMES TROPICAUX D’AFRIQUE : HERITAGES

ET MUTATIONS RECENTES

Introduction générale
La question du développement durable accorde une place de choix aux enjeux
environnementaux. La relation entre action de développement et études sur l’environnement est
devenue un champ privilégié de recherche. Dans cette perspective, la prise en compte des
paléoenvironnements est indispensable à la compréhension des dynamiques et fondamentale
pour une gestion intelligente du capital naturel et de ses ressources. A l’image de l’aphorisme
des historiens, «le présent sort du passé», l’organisation actuelle des paysages trouve très
largement son origine dans les héritages du passé. Cela suppose qu’à l’échelle du temps,
l’environnement n’a jamais été statique ; l’équilibre naturel s’est toujours inscrit dans une
dynamique. Les diverses composantes des environnements subissent des modifications qui
relèvent, dans un premier temps, d’une programmation de la nature elle-même. De nos jours,
on pense à une interférence des actions anthropiques dans l’ondulation des tendances naturelles.
Sur certains aspects les plus manifestes des modifications sur notre planète, tels que le
changement climatique et plus particulièrement l’augmentation de la température moyenne à la
surface du globe, de nombreux arguments indiquent que ce changement climatique est corrélé
à une augmentation de la température résultant de l’activité humaine (augmentation de la
production de gaz à effet de serre).
Le changement global ne se limite pas aux seuls changements du climat et de la composition
de l’atmosphère. D’importantes modifications sont liées à l’intensification des usages des terres
qui fait suite à un accroissement de la pression anthropique dont l’origine est avant tout
démographique. Ces modifications intéressent fortement les pays tropicaux d’Afrique qui
doivent subvenir à leurs besoins alimentaires croissants et fournir les pays développés en
matières premières (bois, café, cacao, coton, oléagineux, etc.). Cet accroissement de la pression
sur le milieu naturel est à l’origine de phénomènes de déforestation, de surexploitation,
d’érosion, de pollutions diverses générant une perte de la diversité biologique. L’action
anthropique n’est cependant pas récente et semble dater de longtemps en Afrique. Mais, il faut
le préciser, c’est la pression démographique d’après la seconde guerre mondiale qui a surtout
déstabilisé les écosystèmes tropicaux réputés fragiles. L’efficacité des actions anthropiques sur
les ressources biologiques tient à la vitesse d’intervention, à l’énormité des dégâts immédiats
ou à retardement qu’elles engendrent. L’unité d’enseignement intitulé ‘Les écosystèmes
tropicaux d’Afrique : héritages et mutations récentes’ va procéder à une rétrospective
environnementale en Afrique tropicale à travers les faits majeurs du quaternaire et l’impact de
l’anthropisation sur les paysages actuels.
CHAPITRE 1 : LES TEMPS GEOLOGIQUES ET LES CRISES DE BIODIVERSITE
Introduction
La vie sur Terre présente une incroyable diversité. Mais le nombre d'espèces actuelles
est évalué à 1 % du nombre total d'espèces ayant existé. Les espèces disparaissent ainsi
régulièrement et sont renouvelées, chaque espèce ayant une durée de vie limitée, plus ou
moins longue. Cependant, ces extinctions ne sont pas progressives mais brutales et
massives. La vie sur Terre connaît donc un certain nombre de crises, moments où un très
grand nombre d'espèces s'éteignent.
Les crises ainsi que les transformations de la Terre qui les ont provoquées ont été utilisées
pour subdiviser les temps géologiques en périodes de durée variable. Comme toutes les
crises n'ont pas la même importance, les crises majeures ont déterminé le découpage du
temps en ères, alors que les crises mineures, de moindre ampleur, ont déterminé les
étages
De manière générale, ce chapitre documente l’étudiant sur les grandes subdivisions de l’histoire
de la terre et les faits marquants qui servent de fondement à cette division.
1. Critères du découpage des temps géologiques
Selon les hypothèses avancées par les scientifiques, les causes des crises de la biodiversité
sont les éruptions volcaniques et les chutes des météorites sur la terre provoquant ainsi
d’importants dégâts et affectant durablement le climat de la terre

1.1.Définition de la crise de biodiversité


Une crise de diversité biologique est une extinction rapide et massive des espèces à une
période donnée.
On appelle crise biologique, une période assez courte durant laquelle, à l’échelle du globe,
un grand nombre d’espèces animales et végétales disparaissent simultanément. Pour être
définies comme une crise, il faut que ces disparitions soient très importantes : plus de 60
% des espèces ont disparu ; touchent la plupart des espèces vivantes sans distinction, et
qu’elles se localisent sur toute la planète.
La connaissance de ces crises a été possible grâce aux travaux des paléontologues qui
étudient les fossiles. Ceux-ci laissent des traces de ces disparitions massives.

1.2. Les 5 grandes crises biologiques du passé


La 1ère a eu lieu entre l’Ordovicien et le Silurien, il y 440 MA. Près de 85 % d’espèces
marines (céphalopodes, trilobites…) ont disparue. Une période de glaciation aurait
conduit à la formation d’une immense calotte glaciaire à l’endroit du Sahara actuel
conduisant à une régression marine d’une centaine de m.
La 2ème crise s’est produite il y a 370-365 MA entre le Dévonien et le Carbonifère. Elle a
affecté les brachiopodes, les trilobites et les organismes des récifs coralliens. Environ 75
% des espèces s’éteignirent. Une transgression marine pauvre en oxygène serait à
l’origine de cette 2ème extinction.
La 3ème crise fut la plus grande de toutes les crises biologiques. Elle survint il y a 252 MA
è la fin du Permien. Elle a fait disparaitre 95 % de toutes les espèces (brachiopodes,
trilobites, amphibiens, insectes, végétaux), cette fois-ci marines et continentales. Il
faudrait 10 MA pour revenir à la diversité initiale et certains groupes auront été
irrémédiablement perdus. On l’explique par une intense activité volcanique et d’émission
de gaz à effet de serre.
La 4ème crise s’est déroulée sur 15 MA entre le Trias et le Jurassique, il y a215 MA : 78
% des espèces marines disparurent tout comme les mollusques d’eau douce. Les
amphibiens et les reptiles furent durement touchés. Son origine est mal connue. On pointe
du doigt les transgressions et régressions marines, les effets du volcanisme et les chutes
de météorites.
La 5ème extinction la plus célèbre remonte à 65 MA et marque la fin de l’ère Secondaire
et le début du Tertiaire. Elle marque la disparition des Dinosaures, de beaucoup de
mollusques dont définitivement de ammonites. Au total, 70 % des espèces s’éteignirent.
Cet événement coïncide avec une couche stratigraphique (ou couche de sédiments)
mondiale contenant des taux anormalement élevés d’iridium, élément apporté par des
météorites. Une zone d’impact a été localisée au Yucatan actuel, au Mexique à
Chuchuclub. L’impact, l’explosion et la pulvérisation de la météorite aurait formé une
poussière capable d’obstruer la lumière solaire durant des mois et aux températures
brûlantes qui auraient fait suite à la chute à l’impact, auraient succédé des températures
polaires et la nuit permanente.
La conséquence de ces crises est qu’elles n’ont pas empêché la vie sur la terre. Une crise
biologique est suivi d’une diversification d’espèces ayant pu s’adapter et recoloniser des
territoires. Ce phénomène est appelé une radiation (une augmentation importante du
nombre d’espèces après une crise biologique). C’est par exemple l’extinction des
dinosaures (grand prédateur de l’ère du Crétacé) qui a permis la radiation du groupe des
mammifères et a permis par la suite l’émergence de l’espèce humaine.
2. Les ères géologiques
Les temps géologiques sont découpés en ère : ères primaire, secondaire, tertiaire et
quaternaire. Les ères sont partagées en étages. L'ère secondaire, par exemple, comprend
trois étages : le Trias, le Jurassique et le Crétacé.

2. 1. L'ère primaire ou Paléozoïque (–540 à –250 Ma)


Le début de l'ère primaire correspond à l'apparition des temps fossilifères (–540 Ma). Il
y a 245 Ma, la moitié des organismes marins a disparu ainsi que la presque totalité des
vertébrés terrestres. On estime que 95 % des espèces existantes à ce moment-là ont
disparu. C'est la plus grande crise de l'histoire de la Terre. Elle a duré environ 10 Ma (ce
n'est donc pas un événement brutal) et a permis de fixer la fin de l'ère primaire et le
passage à l'ère secondaire.
Ce grand bouleversement biologique est sans doute lié à des transformations des
paysages terrestres. En effet, à la fin de l'ère primaire, tous les continents étaient
rassemblés et formaient un supercontinent : la Pangée. L'abaissement du niveau de la mer
a diminué de manière considérable l'espace disponible (appelé niche écologique) pour les
êtres vivants.
Le continent africain a connu avant même le début de l’ère primaire plusieurs plissements
orientés du sud-ouest vers le nord-est et de l’est à l’ouest. L’érosion différentielle a rejoué
ces orientations suivie de dépôts d’origine marine ou continentale. A partir du début de
l’ère primaire, ces dépôts sédimentaires sont encore en majorité d’origine marine au nord-
ouest. C’est alors que se forme le pétrole dans le sous-sol saharien. A la fin de l’ère
primaire se produit le plissement hercynien au terme duquel l’Afrique, qui était jusque-là
au centre d’un continent immense, le Gondwana, englobant l’Amérique du sud,
Madagascar, l’Inde et l’Australie, va prendre sa forme actuelle et connaitre une longue
continentalité, sans transgressions marines, sauf très locales. Le plissement hercynien a
eu pour effet, à la faveur de mouvements à large rayon de courbure, d’onduler la plate-
forme africaine et sa couverture sédimentaire en larges cuvettes (du Niger, du Tchad, du
Sahara, du Congo et du Kalahari) et en bombements (Hoggar, Fouta Djalon, Atakora) et
de plisser l’extrême sud du continent dans la région du Cap. Le socle du primaire est riche
en réserves minérales.
2.2. L'ère secondaire ou Mésozoïque (–250 Ma à –65 Ma)
C’est à l’ère secondaire que le super continent de Gondwana se démembre, isolant
l’Afrique. Au nord, le Sahara est bordé par une mer qui occupe tout le Maghreb et où
s’accumule une grande épaisseur de sédiments. Un golfe marin se forme à l’emplacement
du Nigéria ainsi que dans les régions gabonaise et sénégalo-mauritanienne. A la fin de
l’ère secondaire, la Méditerranée et le golfe de Guinée seront en communication à travers
le Sahara, isolant l’ouest africain de la masse du continent.
Le passage de l'ère secondaire à l'ère tertiaire est déterminé par l'extinction massive qui
a touché les dinosaures, l'essentiel du plancton marin, certains mollusques comme les
rudistes et les ammonites, et une grande partie des animaux des fonds marins. Cette crise
a eu lieu voilà 65 Ma
2.3. L'ère tertiaire ou Cénozoïque (–65 Ma à –4 Ma)
A l’ère tertiaire surgissent les plissements septentrionaux et se produisent les grandes
cassures de l’ouest et de l’est. En effet, l’ère tertiaire voit se produire les déformations les
plus importantes de l’histoire du continent. Les mouvements puissants qui, au milieu du
tertiaire, érigent les hautes chaînes de montagnes de l’Eurasie (système alpin), casse la
table africaine dont le matériau était trop rigide pour se plisser. Cette érogènes n’atteint
que quelques régions, le continent résiste dans son ensemble à la violence des poussées.
De la fosse méditerranéenne où les sédiments marins s’empilaient depuis le début du
secondaire, surgissent les chaînes de l’Atlas.
Les cassures de l’époque tertiaire affectent surtout l’est du continent. De gigantesques
fractures méridiennes engendrent de grands fossés d’effondrement qui s’étendent de la
mer Morte en Asie antérieure jusqu’au Zambèze. Tandis que certaines parties du socle
s’effondrent, d’autres, à la bordure des précédentes sont relevées à de grandes altitudes
jusqu’à même basculées. Ces mouvements s’accompagnent d’intrusions et d’éruptions
volcaniques, origine des plus hauts sommets du continent (Kilimandjaro, mont Kenya,
mont Cameroun, Tibesti). Deux grandes séries de cassures s’observent aussi de l’ouest à
l’est. A l’ouest, deux alignements de fractures dont le plus marqué est jalonné par la fosse
du Cameroun. A l’est, les fossés présentent un double alignement : Rift Valley oriental
qui coupe en deux le massif éthiopien. Il est jalonné par les lac Malawi et Rudolf. Une
seconde ligne de fracture forme le Rift Valley occidental qu’occupent les lacs Moéro,
Tanganika, Kivu. Entre ces deux blocs s’est logé le Lac Victoria. Ces effondrements qui
se sont accompagnés d’un relèvement puissant de régions bordières, forment des
dénivellations de près de 5000 m comme au Lac Tanganika qui a une profondeur de 1435
m et dominé par des montagnes de plus de 3000 m. Des cassures semblables ont affecté
Madagascar dont les hauts plateaux orientaux dominent le rivage indien par un abrupt de
près de 2000 m. On observe depuis cette époque des pointements volcaniques dans les
océans bordières du continent (Sainte-Hélène, Fernando Po, Cap Vert, îles Canaries)
Le passage de l'ère tertiaire à l'ère quaternaire (–4 Ma) n'est marqué par aucune crise
mais par l'avènement de l'espèce humaine.
Tableau 1 : Le découpage des temps géologiques
ERES PERIODES AGES (MA)
QUATERNAIRE Holocène 10 000 ans à nos
jours
Pléistocène 4-0,01
TERCIAIRE Néogène 23-4
Ou Paléogène 65-23
CENOCOÏQUE
SECONDAIRE Crétacé 140-65
Ou Jurassique 200-140
MESOZOÏQUE Trias 225-200
Permien 280-225
PRIMAIRE ou Carbonifère 380-280
PALEOZOÏQUE Dévonien 400-380
Silurien 460-400
Ordovicien 540-460
CAMBRIEN Cambrien 560-540
Protérozoïque 2600-560
PRECAMBRIEN Archéen 4000-2600
Hadéen 4600-4000
MA = Million d’années
NB : Les âges sont approximatifs et diffèrent selon les documents.
Conclusion
Les grandes crises de la biodiversité ont toute eu des causes identiques : régression glacio-
eustatique, volcanisme et impact météoritique. Plus ces évènements se sont cumulés, plus les
crises ont été intenses. Il faut bien entendu relativiser les chiffres données qui ne sont que des
estimations (sous-estimations étant donné que les espèces fossilisées ne représentent qu'une très
faible proportion de la biodiversité totale). Il faut aussi noter qu'entre les crises, la vie s'est de
nouveau diversifiée, de nombreuses nouvelles espèces ont vu le jour à partir des "rescapés". De
nos jours on parle d’une 6ème grande extinction de la biodiversité liée aux activités anthropiques.
Pour certains auteurs, il est abusif de parler actuellement d’une 6ème extinction biologique même
si les faits sont assez graves.
Chapitre 2 : Le Quaternaire

Introduction
La dénomination « Quaternaire » a été proposée par Jules Desnoyers en 1829 pour
qualifier des formations ou terrains, à partir de l'analyse des sédiments du Bassin de la
Seine qui semblaient être plus jeunes que les roches du Tertiaire.
Le quaternaire se définit par la succession des glaciations et l’émergence du genre Homo.
1. Le Quaternaire : vue générale
Le Quaternaire forme avec le Tertiaire l'ère Cénozoïque, ère durant laquelle les
mammifères, les primates et enfin les hommes se sont développés. Le Quaternaire n'est
pas une période très longue puisqu'elle ne débute qu'il n'y a 2 à 3 millions d'années. La
caractéristique principale de cette période est son caractère climatique rythmé et fluctuant
ainsi que sa tonalité froide (surtout par rapport aux climats cléments du Tertiaire, ce qui
a valu au Quaternaire d'être dénommé Cénozoïque glaciaire).
L’ère quaternaire est marquée en Afrique comme partout sur la planète par des variations
climatiques qui font alterner périodes pluviales et périodes sèches. C’est alors que se
modèlent les grands ergs dunaires sahariens et que se façonnent les cuirasses ferralitiques
et les latérites qui stérilisent les vastes étendues du domaine soudanien.
Examinons la figure 1 et remarquons la brièveté de l’époque quaternaire dans la longue
histoire de la Terre.

Figure 1 : Histoire géologique de la terre et la place du Quaternaire


Le Quaternaire est composé du Pléistocène (qui s'achève vers -10 000 ans BP) et de
l'Holocène. Le terme Pléistocène a été créé afin de désigner des terrains relativement
récents dont les espèces malaco-marines sont en très grand nombre semblables aux
espèces actuelles (plus tard, le terme d'Holocène sera créé afin de désigner les terrains
comprenant une faune malacologique comparable totalement aux faunes actuelles).
Le Pléistocène se subdivise en trois périodes : le Pléistocène inférieur (de 2.5 MA à 800
000 ans BP), le Pléistocène moyen (de 800 000 à 128 000 ans BP) et le Pléistocène
supérieur (de 128 000 à 10 000 ans BP).
- Découpage du Pléistocène
Il se sous divise en phase ancienne et en phase récente.
- Phase ancienne (2.3-1.8 MA)
C'est durant sa phase ancienne que les premiers changements climatiques et fauniques
traduisent une péjoration générale du climat. Bien que les premiers cycles se mettent en
place, leur amplitude reste faible (Interglaciaire : 50% et Glaciaire : 50%). Au niveau de
la faune, c'est à cette époque qu'apparaissent les faunes du Villafranchien, représentatives
du Quaternaire, avec de nouveaux genres, tels que Bos (bœuf, bison, ...), Elephas
(éléphant et mammouth) et Equus. C'est aussi à cette époque que les faunes marines
froides du Calabrien apparaissent en Méditerranée. Au niveau des flores, c'est la
disparition des dernières espèces exotiques du Tertiaire.
En Amérique du Nord, les premières traces de glaciations sont visibles. En Autriche et en
Chine se déposent les premiers loess. En Afrique, apparaissent les premières périodes
arides dans la vallée de l'Homo.
Au niveau des paléogéographies, cette période est caractérisée par l'achèvement des
paléogéographies tertiaires, avec une régression des mers vers l'Ouest dans les bassins
sédimentaires (par exemple, le bassin parisien). Les reliefs continentaux sont eux aussi
différents, il n'y a pas encore, par exemple, d'encaissement de vallées. On a à faire
essentiellement à des épandages de surfaces (graviers de plateaux).
- La phase récente (1.8-0.8MA)
Durant cette période de temps, les oscillations climatiques vont être de plus en plus
marquées. Dès le Bavélien (1 MA, approximativement), le système climatique
Glaciaire/Interglaciaire est très net.
Cette période se caractérise par une phase intense d'érosion de surface et par de grands
aplanissements. C'est également vers la fin de du Pléistocène inférieur récent que débute
le creusement des premières vallées.
Au niveau des paléogéographies littorales, c'est à cette époque que des littoraux proches
de ceux de l'actuels se mettent en place. Une nouvelle géographie est dès lors présente
avec l'ouverture du détroit du Pas-de-Calais.
C'est aussi dans la période finale du Pléistocène inférieure que les premières glaciations
de montagne sont attestées en Europe.
- Le Pléistocène moyen (800 000-128 000 ans BP)
Il n'y a pas de limite très nette avec la période précédente, il présente même une certaine
continuité.
Cette période de temps se caractérise par des cycles climatiques aux amplitudes très
marquées, entre les phases tempérées et les phases de péjoration climatiques. Dès cette
période l'Interglaciaire n'occupe plus que 10% d'un cycle et le Glaciaire 90%.
Le Pléistocène moyen est la période de temps qui voit l'apparition de l'homme dans nos
régions.
C'est donc à cette époque qu'apparaît le système classique de glaciation, que se
généralisent les dépôts loessiques dans les zones affectées par la sédimentation éolienne
et que s'effectue le creusement généralisé des vallées dans les régions où le bilan de
dissection est positif.
Le pléistocène moyen ancien (800-420 000 ans BP)
Il se caractérise par des dépôts de lœss sableux dans les régions périglaciaires durant les
phases de péjoration climatique et par une altération particulière de ces sédiments durant
les phases tempérées leur donnant une couleur rougeâtre.
Le Pléistocène moyen récent (420-135 000 ans BP)
Il forme un tout avec le Pléistocène supérieur. Il se caractérise essentiellement par un style
climatique cyclique (Interglaciaire ; Début glaciaire ; Pléniglaciaire ; Tardiglaciaire). Les
interglaciaires se manifestent par une altération des dépôts du cycle précédent et une
pédogénèse analogue à l'actuel.
- Le Pléistocène supérieur (Voir la Figure 2)
Il représente une continuité avec le Pléistocène moyen récent. Son originalité est d'être le
dernier cycle complet, et donc, normalement, le mieux conservé, sinon le mieux étudié.
Les nombreuses études concernant cette période de temps permettent une reconstitution
assez précise de son histoire et de ses paléoenvironnements.
BP = Before Present. Par convention la date de référence BP est fixée à l'année 1950.

Figure 2 : Echelle stratigraphique du Quaternaire


2. Les glaciations
Si l'on exclut la glaciation du Donau, quatre grandes glaciations se sont succédé, suivies
chacune d'une période de réchauffement plus ou moins prolongée ce sont :
-le Gunz, de-1.200.000 à -750.000 ans
-le Mindel, de-650.000 à- 300.000 ans
-le Riss, de-250.000 à -120.000 ans
-le Wiïrm, de -80.000 à -10.000 ans
Ces chiffres sont approximatifs.
Examinons les cycles glaciaires et interglaciaires du Quaternaire. Les appellations
diffèrent selon les écoles.

Figure 3 : Equivalent des glaciations : Alpes, Amérique du Nord, Europe


L’une des particularités des glaciations de l’ère Quaternaire fut la formation de nappes de
glace en Europe et en Amérique du Nord continentale. Des conditions météorologiques
instables et de violents changements environnementaux, se produisant plus ou moins
uniformément sur toute la surface du globe, étaient également courants durant cette
période.
Analysons l’évolution des températures tout le long des temps géologiques

Figure 4 : Fluctuation de la température terrestre tout le long de l’histoire géologique


Causes principales :
Pour que la glace s’accumule, plusieurs phénomènes ont dû se produire à la fois
simultanément et successivement :
Le climat s’est considérablement refroidi à l’échelle mondiale ;
Les précipitations hivernales sont tombées sous forme de neige ;
La glace n’a pas fondu en été.
Ces événements semblent avoir été la conséquence de changements intervenus au niveau
astronomique. Durant la période Quaternaire de l’ère Cénozoïque, différentes zones de la
planète ont reçu beaucoup moins de rayonnement solaire du fait que son inclinaison axiale
était plus prononcée. Les étés sont devenus plus froids et les températures maximales ont
chuté, ce qui a empêché la fonte des glaces.
La dernière glaciation fut la plus dure, la calotte glaciaire partant du pôle nord atteignit toute la
partie septentrionale de l'Europe, le nord de la France presque jusqu' à la Loire, ainsi que
l'Allemagne et les vallées du sud des Alpes, comme un gigantesque inlandsis. La pointe
maximale du froid se situe Au Würm final, vers-20 000 ans, à l'époque de l'industrie
solutréenne, une des plus belles de la préhistoire.

A chaque glaciation a succédé une période de réchauffement plus ou moins longue, rétablissant
un climat plus clément, soit du type tempéré humide (Atlantique), soit sec avec des steppes
froides. Ces périodes ont été appelées interglaciaire, ou "interstades."

II est bien évident que de telles variations climatiques répétées ont eu d'importantes
conséquences géologiques et écologiques.
-Conséquences géologiques : Une importante modification des rivages s'est produite par suite
de l'abaissement, parfois important du niveau des océans; l'eau d'évaporation, stockée par les
glaciers sous forme de glace, n'a pas suivi le cycle naturel de récupération par ruissellement.
Cela est très observable sur la rive nord de la Méditerranée, on peut citer la plage fossile de
Terra Amata à Nice où l'on a découvert un campement d'homo erectus âgé de 400.000 ans situ
é à une centaine de mètres au-dessus du niveau de la plage actuelle, notons qu'il est toutefois
possible que des mouvements tectoniques signalés dans cette région aient pu y contribuer
partiellement. Se sont également trouvés modifiés les dépôts sédimentaires, les estuaires, les
deltas, les vallées.
- Conséquences écologiques : A chaque glaciation, une partie de la flore et de la faune a disparu,
soit par l'action directe du froid, soit, pour la faune, par migration vers des régions plus
méridionales.
Les proboscidiens (mastodontes, éléphants) disparaissent les premiers, quittant l'Europe pour
l'Afrique et le Moyen-Orient avec les hippopotames et les rhinocéros. C'est ensuite le tour des
grands félins à la deuxième glaciation, lions, panthères, hyènes.
Seuls subsistent encore, durant la troisième glaciation, les grands mammifères à toison laineuse,
rhinocéros laineux, mammouths, ours des cavernes et certains herbivores, rennes, aurochs,
chevaux, rongeurs qui réussissent à s'adapter à la maigre végétation des steppes froides.
Enfin, la quatrième glaciation, très sévère, surtout au Würm final, fait disparaître les
mammouths, rhinocéros laineux et ours des cavernes définitivement.
Notons cependant que l'homme, le plus grand prédateur y fut aussi pour quelque chose. On a
retrouvé en Sibérie, dans des excavations fossiles de cryoturbation encore congelées, des
cadavres de mammouths intacts avec les viscères et le contenu végétal de leur tube digestif.
Certains mollusques des plages ont disparu également ou se sont adaptés à la vie en eau plus
profonde des plateaux continentaux.

La végétation semble généralement avoir mieux résisté, se reformant sans grande variation à
chaque interstade.
Seul l'homme a su, non seulement survivre, mais a développé son savoir, améliorant
continuellement son mode de vie, l'efficacité de ses armes, son habitat, pour aboutir, au plus
fort de la dernière glaciation à d'étonnantes manifestations artistiques (sculptures, peintures
pariétales etc.).
D'une manière générale, on estime à plus de 30 % la disparition des espèces en Europe par
rapport à celles vivant au début du Quaternaire, au stade interglaciaire Donau-Gunz (entre-
1.800.000 et-1.200.000 ans).
Les hypothèses formulées sur les causes des glaciations sont variées, cosmiques, solaires,
éoliennes etc.
3. Le développement des hominidés
Apparus au cours du Pliocène, il y a 3,6 millions d'années (et peut être même à la fin du
Miocène), les hominidés vont évoluer assez rapidement malgré des conditions de vie difficiles,
surtout en Europe.
Grâce au développement de leur cerveau, progressivement, ils acquirent une intelligence qui
leur permit de remarquables facultés d'adaptation sous tous les climats. Ils purent ainsi utiliser
des branchages, des os, et des pierres pour fabriquer des armes et des outils, ce qu'aucun animal
n'avait réussi à faire.
On peut même penser que ce sont les très dures conditions d'existence qui les ont rendu habiles
et intelligents, (illustration du "struggle for life "de DARWIN.
Venus d'Afrique australe et orientale, en passant par le moyen Orient et l'Asie, Ils gagnèrent
peu à peu l'Europe, en subissant de multiples transformations en nouvelles lignées et nouvelles
espèces, toujours de plus en plus évoluées.
D'abord Homo habilis, forme évolutive des Australopithécidés, puis passage à Homo erectus à
multiples variantes pour aboutir à Homo sapiens au cours d'une Longue évolution dont le
chaînon paraît être Homo sapiens neandertalensis. Certains admettent cependant, à l'heure
actuelle que ce dernier pourrait être un rameau éteint du genre Homo il y a 35.000 ans.
Cette "longue marche" est la plus couramment admise; cependant il a été trouvé en 1980, en
Auvergne, près de Brioude (Haute-Loire) des galets aménagés semblables en tous points à ceux
de la "Pebble Culture" africaine des Australopithécidés dans des dépôts du Pleistocène inférieur
daté de 1.800.000 ans. Or les méthodes de datation actuelles sont suffisamment fiables pour
éliminer tout doute.
Ce qui est parfois déconcertant en paléontologie l'est aussi en paléoanthropologie : une
découverte inattendue vient bousculer tout un échafaudage bien établi; en paléoanthropologie,
cela se complique du fait que les restes anciens d'hominidés sont rares, leur conservation étant
difficile.
Il subsiste encore beaucoup de chaînons manquants, c'est peut-être ce qui fait L’attrait de ces
recherches. Rappelons-nous la passionnante trouvaille de LUCY. Dans les tufs volcaniques des
Affars, qui fit reculer jusqu' à-3,6 Millions d'années l'origine des Hominidés. Et cela est déjà
dépassé par la découverte de Toumaï autour du lac Tchad et recule l’apparition du genre Homo
à 4 Millions d’années.

Mais restons dans nos régions, vers le milieu de l'Holocène, c'est-à-dire au Néolithique moyen
(-4.000), l'homme va modifier lui-même son environnement en commençant la domestication
des animaux, en remplaçant la cueillette par l'agriculture, en construisant des habitats
sédentaires. Il continuera encore la chasse aux cervidés et aux aurochs mais il élèvera des
chèvres et des moutons, péchera les poissons des rivières et fabriquera des poteries bien avant
l'âge des métaux, sous un climat semblable au nôtre.
Conclusion
Du point de vue géologique, le Quaternaire est une continuité du Cénozoïque. La limite
inférieure du Quaternaire est instable en raison des incertitudes sur l’âge de l’apparition du
genre Homo. La limite Pléistocène/Holocène marque le début du réchauffement post-glaciaire
qui a favorisé la néolithisation ouvrant ainsi une intensification progressive de l’influence
anthropique sur les paysages.
Chapitre 3 : Méthode d’étude des paléoenvironnements quaternaires
Introduction
La géochronologie est la branche de la géologie qui a pour objet la datation des diverses
formations de la croûte terrestre. A côté de la géochronologie ‘’relative’’, fondée
essentiellement sur la stratigraphie et le paléomagnétisme, la géochronologie ‘’absolue’’ et,
plus précisément la radio chronologie visent à obtenir des estimations quantitative de l’âge des
évènements géologique. On exposera ici quelques méthodes des disciples paléoécologiques qui
contribuent à la reconstitution des environnements passés.
1. Les méthodes d’étude des dépôts sédimentaires
- La stratigraphie
- La sédimentologie
Différents types de sédiments peuvent être étudiés :
- Dépôts fluviatiles
- Dépôts lacustres
- Dépôts marins et sous-marins
- Dépôts glaciaires
- Dépôts éoliens (lœss)
1.1. La stratigraphie des dépôts
Premier indicateur des dynamiques sédimentaires. On va s’intéresser à la nature des sédiments
sables, limons …) et à leur agencements (structures litées, massives)
Permet de déterminer les hypothèses et l’élaboration du cadre chronostratigraphique.
Ces méthodes permettent de définir l’enchaînement des évènements sans pouvoir les caler
précisément dans le temps.

1.2. Quelques exemples :

La faille f est plus jeune que la couche a qu’elle recoupe.


Discordance angulaire.

Le plissement de a est plus vieux que b et plus jeune que les couches a. La
discordance angulaire représente une lacune et plus cette lacune est importante plus
la datation relative est imprécise.

Un filon magmatique est plus jeune que la roche qu’il recoupe.


-Principe d’identité paléontologie
« Deux strates contenant les mêmes fossiles ont le même âge » seuls les fossiles qualifiés de
fossiles stratigraphiques sont utilisés pour l’application de ce principe. Les principes
stratigraphiques doivent répondre à trois critères :
-Appartenir à une espèce ayant une représentation très limité dans le temps.
-Présenter une vaste représentation géographique pour permettre de comparer des roches sur
toute la surface du globe.
-Etre abondante de manière à augmenter la probabilité de les retrouver. Les fossiles réunissant
ses caractéristiques sont en général des animaux ou des végétaux marins de
taille microscopique.
-Principe d’évolution : Le principe spécifiant que toutes les espèces possibles ne sont pas
contemporaines est admis. Ceci signifie notamment qu’il y a eu évolution car il n’y a pas d’autre
explication plausible. Cette évolution ne va pas nécessairement du plus simple au plus complexe
et la paléontologie montre quelques exemples d’organismes complexes ayant disparus avant
l’apparition d’autres organismes beaucoup plus simples. Une espèce animale ne vit qu’une
seule fois, elle est donc caractéristique d’une époque.
-Principe d’actualisme : Les lois scientifiques (biologie, physique, chimie) que nous découvrons
aujourd’hui étaient valables autrefois. Ceci permet de faire la comparaison entre les fossiles que
l’on trouve et les organismes actuels. Par exemple, les céphalopodes connus aujourd’hui sont
des animaux marins, les fossiles de céphalopodes que l’on retrouve sont donc ceux d’animaux
marins.
Selon le potentiel des archives sédimentaires, une analyse stratigraphique des dépôts peut être
réalisée à partir de coupes naturelles (ex: dans une terrasse alluviale) ou à partir de carottages
ou de sondages (sédiments lacustres).
Activités
1. Quelles sont les principes d’étude des dépôts sédimentaires
2. Faire une recherche sur les méthodes historiques de datation
3. Faire une recherche sur le principe de datation au 14C.
Chapitre 4
Objectif
Présenter les principales méthodes d’études paléoenvironnementales
Liens
https://www.researchgate.net/publication/257140496
https://studylibr.com.doc.
https://www.researchgate.net/publication/282167397
Contenu
2. L’analyse des bio-indicateurs contenus dans les sédiments
- les pollens
- les phytolithes
- les diatomées
- les charbons
Permet de contribuer à la reconstruction des climats et des paléoenvironnements
quaternaires mais aussi de préciser le rôle de l’Homme.
2.1. La palynologie
La palynologie est une discipline qui étudie les pollens et les spores. L’intérêt de ces
éléments microscopiques (2 à 200 µm), (outre leur abondance puisqu’ils sont produits par
toutes les plantes à fleurs et fougères) réside dans leur enveloppe (= l’exine).
Cette exine, très résistante, se conserve au cours du temps et dans la plupart des sédiments.
L’exine possède un certain nombre de caractères morphologiques (taille, épaisseur;
ornementation, ouverture) permettant l’identification de la plante (espèce-famille).
Elle permet et apporte une :
- contribution à la connaissance de la paléo-phyto-géographie ;
- possible reconstruction climatique ;
- connaissance des cadres de développement des sociétés préhistoriques et historiques,
- caractérisation des modalités de l’action anthropique sur l’environnement (formes de
domestication) ;
- compréhension des processus de production des paysages actuels.

Quelques sites de sondage palynologiques en Afrique intertropicale atlantique


Figure : Localisation des sites répertoriés en zone intertropicale atlantique : les numéros de
sites correspondent aux données du tableau 1

Tableau 1 : Coordonnées géographiques et altimétriques des sites de prélèvement des


carottes sédimentaires de la région considérée.
Quelques documents
Document 1
Pollens et spores
Les plantes se reproduisent en disséminant des pollens (plantes à fleurs) ou des spores
(champignons, mousses, fougères…) caractéristiques de chaque espèce végétale. Lors de la
pollinisation, pollens et spores sont transportés par le vent qui peut les disperser sur des
milliers de kilomètres, les animaux (insectes, mammifères…) et l’eau (ruissellement…).
L’essentiel de la pluie pollinique retombant au sol est constituée de pollens et spores de
provenance locale mais aussi régionale. Ces pollens minuscules (de 5 à 200 microns) sont
protégés par une enveloppe externe que seul l’oxygène parvient à attaquer. À l’abri de l’air,
dans un milieu acide et humide (tourbière, marécage, lac…), le pollen peut se fossiliser et se
conserver des centaines de milliers d’années.
Document 2
La palynologie
La palynologie appliquée à l’archéologie (paléopalynologie) étudie les pollens et les spores
fossilisés piégés dans les couches successives de sédiments, afin de retracer les variations de
l’environnement végétal sur de très longues périodes de temps. L’évolution de la végétation
est liée aux changements climatiques, mais aussi à l’intervention de l’homme sur la nature :
défrichements, culture, élevage. Pour une époque et un lieu donnés, le palynologue étudie le
« spectre pollinique » correspondant à l’ensemble des pollens et spores fossilisés de
l’échantillon et reconstitue le paysage végétal.
Document 3
Méthodologie de l’analyse palynologique
Le matériel sédimentaire est prélevé par sondage ou carottage dans des zones humides (lacs,
tourbières, sédiments marins…), caractérisées par l’accumulation d’archives sédimentaires
stratifiées et par des conditions anoxiques défavorables à l’activité des organismes
décomposeurs. Les sédiments sont conservés en chambre froide, puis traités chimiquement
pour éliminer le matériel non pollinique : la cellulose (acide sulfurique, H2SO4, les
carbonates (acide chlorhydrique, HCl) et la silice (acide fluorhydrique, HF ou flottaison sur
liqueur dense). Le culot obtenu, qui contient les grains de pollen ainsi que des microrestes
divers (micro-algues, spores de champignons, rhizopodes, débris ligneux, stomates…), est
monté entre lame et lamelle dans de la glycérine pour être observé sous microscope optique.
Les grains sont identifiés et dénombrés pour construire un diagramme pollinique.
L’identification est le plus souvent limitée à la famille ou au genre, et le transport anémophile
du pollen sur de longues distances induit le plus généralement une vision régionale de la
végétation.
Document 4
L’établissement du diagramme pollinique
Les pollens présentent une très grande diversité morphologique. Leur détermination est
fondée sur la taille et la forme des grains, sur l’ornementation (simple ou complexe) de leur
enveloppe ainsi que sur la présence, le nombre et la disposition de pores ou de sillons à leur
surface (les apertures). Pour chaque échantillon, le palynologue identifie et dénombre au
microscope un minimum de 300 à 500 pollens. Les données recueillies sont saisies dans un
programme informatique pour tracer un diagramme pollinique de la zone étudiée. Ce
diagramme met en évidence l’environnement végétal, les fluctuations climatiques et
l’empreinte de l’homme sur l’environnement.
Document 5
Figure 2 : Un diagramme pollinique
Sur le diagramme pollinique, l’observation des courbes du pourcentage relatif de chaque
espèce végétale permet d’analyser l’évolution du paysage.
Document 6
L’empreinte de l’homme sur le paysage
Dès le Néolithique, la diminution des pourcentages de pollen d’arbres traduit les premières
déforestations dues à l’homme. À la même période, les premières traces de pollen de céréales
et la présence de plantes adventices (accompagnatrices des cultures) comme le bleu et ou le
coquelicot, témoignent des prémices de l’agriculture. L’habitat et l’élevage sont à l’origine
du développement de plantes rudérales comme l’ortie ou le plantain lancéolé caractéristique
des lieux piétinés ; elles sont favorisées par les déjections des troupeaux, les déchets et les
décombres.
Document 7
Les activités humaines
Une forte présence de pollens de plantes alimentaires, médicinales, textiles ou tinctoriales
dans une couche archéologique donne de précieuses indications sur le mode de vie de la
société étudiée. Elle permet dans certains cas de situer une activité particulière : battage des
céréales, rouissage du chanvre ou du lin… Les pollens retrouvés dans les sépultures sont
également d’un grand intérêt : ils peuvent être la trace de parures funéraires, d’onguents à
base de plantes médicinales, d’offrandes de nourritures végétales. Ils peuvent aussi indiquer
la saison où la tombe a été close.
La phytolithologie
Elle correspond à l’étude des phytolithes qui sont des dépôts de silice restitués par les plantes
lorsqu’elles se décomposent. Produits dans les tissus végétaux, les phytolithes sont des
véritables micro-fossiles de la plante les ayant produits. Ils sont présents dans tous les
milieux, cependant, toutes les plantes ne produisent pas de phytolithes. La reconnaissance
de morphotype permet de définir le type de végétation ainsi qu’un certain nombre d’indices
sur l’anthropisation des milieux (phytolithes brulés, espèces domestiquées…).

Activités
-Décrire l’approche palynologique
-Interpréter le Document 5
SEANCE 5
Objectif spécifique
Présenter les principales méthodes d’études paléoenvironnementales
Liens
https://www.researchgate.net/publication/257140496
https://studylibr.com.doc.
https://www.researchgate.net/publication/282167397
Philippe Poirier, 2011, Anthracologie : mode d'emploi (cours pour le masterIIpro de
l'Université de Bordeaux III en 2011). https://www.researchgate.net/publication/257140496
Contenu
2.2. Analyse des diatomées
Les diatomées correspondent à des micro-algues de couleur brune ou jaune qui vivent dans
tous les milieux aquatiques et humides et dont la membrane est entourée d’une coque
siliceuse bivalve. Elles sont très sensibles aux variations des milieux et de très bons
indicateurs de la qualité de l’eau. • Chaque espèce est différente en fonction de l’habitat, de
la température, de la profondeur d’eau, du PH. Leur présence/absence donne lieu à des
interprétations sur l’environnement ancien.
2.3. L’anthracologie
La carpologie : étude des grains et fruits d’une végétation ancienne.
L’anthracologie étudie les charbons de bois résidants dans les foyers préhistoriques ou
enfouis dans les sols (pédoanthracologie). Le principe de cette discipline repose sur la
collecte et des charbons de bois et l’identification des ligneux brûler afin de reconstituer le
type de végétation passée. Les fondements de l’interprétation suivent les modèles
écologiques et l’analyse statistique des variations de % des espèces. Un milieu sera considéré
comme ouvert si les espèces ligneuses retrouvées dans le spectre anthracologique indiquent
une préférence écologique des milieux de savane ou de steppes. Inversement, un spectre
anthracologique dominé par des espèces de flore humide renseigne une un milieu de forêt
dense. Elle complète les données palynologiques pour élucider les zones d’ombre.
La figure 1 indique les travaux de laboratoire après extraction de charbons de bois des sites
archéologique ou autres terrains féconds en micro-charbons enfouis dans le sol.
Figure 3 : Anthracologie : approche méthodologique (d’après Philippe Poirier, 2011)
Les incendies et les foyers de feux sont le plus souvent d’origine humaine. L’anthracologie
s’applique dans les interprétations de la transformation des paysages par les sociétés.
Activités
-Définir une diatomée
-Quel est son intérêt paléoécologique ?
-Quel est l’intérêt paléoécologique des charbons de bois des sites archéologiques ?
-Faire une recherche sur la méthode pédoanthracologique (voir la thèse de A. KOUYA, 2009)
Répondez par vrai ou faux
QUESTION N°1 QUESTION N°2
La palynologie est une discipline qui étudie : L’anthracologie est une discipline
A) – les objets lithiques A) – paléoécologique
B) – les objets fossiles B) – paléoenvironnementale
C) – la faune microbienne C) – auxiliaire de l’archéologie
D) – Aucune bonne réponse D) – qui a pour objet d’étude le charbon de
bois
SEANCE 6
Objectif spécifique
Présenter les principales méthodes d’étude des paléoenvironnements quaternaires
Lien : https://www.dunod.com Contenu
2.4. Paléontologie
La paléontologie est la science qui étudie les formes de vie du passé. Elle s’intéresse à toute
forme de trace laissée par un organisme vivant, fossilisé dans la roche. Les formes de fossiles
les plus communes sont les restes de l’organisme, tels que le squelette d’un vertébré ou la
coquille d’un mollusque. La paléontologie a pour vocation l’étude des restes et empreintes
d’organismes et de leurs activités préservés de façon naturelle au sein des sédiments. La
paléontologie a pour vocation l’étude des restes et empreintes d’organismes et de leurs activités
préservés de façon naturelle au sein des sédiments.
Un fossile
Le terme fossile provient du verbe latin fŏdĕre signifiant « creuser », « fouir », ou « extraire en
creusant » et caractérise initialement tout objet fouillé et exhumé. Mais depuis le xviii siècle,
avec l’essor de l’anatomie comparée et de la paléontologie, la notion de fossile s’applique
spécifiquement aux restes d’organismes conservés le plus souvent dans une roche sédimentaire.
Les fossiles peuvent être extraits physique- ment ou chimiquement, naturellement ou
artificiellement, de leur roche ou sédiment encaissant depuis la surface affleurant naturellement
ou suite à des activités humaines de terrassements ou minières rendant accessible une roche
fossilifère. Le fossile constitue la matière première du paléontologue et, selon sa nature,
apporte des informations directes ou indirectes sur l’organisme et son environnement. Selon sa
taille, un fossile peut être qualifié de macrofossile (millimétrique à pluricentimétrique) ou de
microfossile (millimétrique et infra millimétrique). L’ensemble des fossiles découverts et leurs
caractéristiques relatives constituent le registre fossile. L’étude du fossile doit tenir compte de
sa nature fragmentaire car, nous le verrons, il serait erroné de considérer un fossile comme un
objet « complet », livrant l’ensemble des informations caractérisant l’organisme de son vivant.
Il ne faut pas non plus considérer le fossile comme une source d’informations non fiable puisque
trop fragmentaire. L’imperfection de l’information tirée d’un fossile conduit, après son
étude, à des prédictions qui peuvent avec le temps être enrichies et vérifiées par des
découvertes
La paléontologie a des sous-disciplines.
La paléontologie des vertébrés consiste en l’étude des faunes vertébrées depuis leur apparition
au Cambrien et plus précisément des chordés. Ce groupe monophylétique (chapitre 5) est un
embranchement au sein des animaux bilatéraliens deutérostomiens. Ils sont caractérisés par la
présence d’une notochorde, structure axiale protégeant le tube nerveux dans la partie dorsale de
l’animal. Chez les vertébrés, cette notochorde est remplacée par une colonne vertébrale. Les
paléontologues des vertébrés sont en général spécialisés dans un groupe en particulier, qu’il soit
monophylétique ou non. On notera parmi les groupes sujets d’une attention particulière : l’étude
des mammifères et de leurs ancêtres les thérapsides, les oiseaux, les dinosaures, les ptérosaures
et les reptiles marins, les crocodiles, les squamates, les tortues, les amphibiens, les dipneustes,
les poissons ou encore les requins.
Bien que l’Homme et ses ancêtres soient eux aussi des vertébrés, la paléoanthro- pologie est
souvent considérée comme une branche à part entière pour des raisons anthropocentriques. On
trouve d’autres subdivisions au sein de la paléontologie des vertébrés, étant cependant
moins usitées que la précédente. On pourra noter, par exemple, la paléoherpétologie (l’étude
des reptiles fossiles), la paléoichtyologie (pois- sons), paléomammalogie (mammifères) ou
encore la paléo-ornithologie (oiseaux).
La paléontologie des invertébrés s’attache à étudier l’autre partie du royaume animal. Le terme
invertébré ne représente pas un clade phylogénétique, mais est une dénomination historique
référant aux animaux ne présentant pas de colonne vertébrale. Il regroupe notamment les
échinodermes, les mollusques (bivalves, céphalopodes, gastéropodes, etc.), les arthropodes
(insectes, crustacés, arachnides, etc.), les nématodes, les annélides, les ectoproctes
(bryozoaires), les éponges (spongiaires) ou encore les cnidaires (médusozoaires, anémones de
mers, coraux, etc.). Là encore, chaque groupe phylogénétique peut être appelé par une
dénomination particulière. Ainsi, la paléoentomologie est l’étude des insectes fossiles, la
paléoconchologie, l’étude des mollusques à coquille.
La paléobotanique (l’étude des plantes fossiles) est une discipline très proche de la palynologie,
mais faisant appel à des connaissances différentes. Le type de fossilisation va grandement
influencer le type de restes botaniques. On pourra trouver : des impressions de feuilles dans des
dépôts sédimentaires fins ; des végétaux perminéralisés où un minéral remplace la matière
organique (comme le bois silicifié) ; des végétaux carbonisés suite à un enfouissement dans
un milieu pauvre en oxygène (comme la houille). Au sein de cette discipline, on trouvera
aussi des subdivisions concentrées sur un type de fossile précis (par exemple, la paléoxylologie
est l’étude du bois fossile).
La paléoclimatologie est une discipline liée à la paléontologie. Elle étudie l’évolution du climat
en se basant sur plusieurs types de données. Si l’étude du fractionnement isotopique de
l’oxygène piégé dans les glaces est un bon thermomètre pour ce qui concerne le dernier million
d’années, il faut recourir à d’autres proxys pour étudier les climats du passé. Couplées aux
indices sédimentologiques, les variations de la faune mais surtout de la flore donnent une
indication de ces variations climatiques au cours du temps. L’étude du fraction- nement
isotopique des fossiles biominéralisés (comme les tests de foraminifères) est aussi un bon proxy
quantitatif pour l’étude des variations de température.
Conclusion
Après la découverte de la radioactivité, les méthodes de datation radiométriques ont été
rapidement mises au point. Avec ces nouvelles méthodes, les géologues ont pu calibrer l'échelle
relative des temps géologiques et mettre en place une échelle absolue. Les méthodes de datation
relative ont également une certaine efficacité dans la connaissance des éléments enregistrés par
la Terre tout au long de son histoire. Le développement des disciplines paléoécologiques et la
paléontologie ont aidé à élucider les paléoenvironnements.
Activités
-Définir un fossile
-Quelle sont les sous-disciplines de la paléontologie ?
SEANCE 7
Objectif spécifique
Retracer dans les grandes lignes l’état des écosystèmes d’Afrique tropicale lors du dernier
maximum glaciaire et durant l’Holocène
Liens
https://www. researchgate.net/3299
https://www. researchgate.net/3789
https://www.m.elewa.org
https://www.core.ac.uk
https://books.openedition.org
https://www.horizon.documentation.ird.fr
https://www.researchgate.net/publication/282167397
Contenu
Chapitre 4 : Les écosystèmes d’Afrique tropicale au cours de la dernière glaciation
Introduction
Il est certain que la connaissance des changements passés, depuis le DMG centré entre 20 000
et 18 000 ans BP est nécessaire pour nous aider à comprendre les changements qui affectent
actuellement notre climat et nos régions. Il faut donc mieux connaitre à la fois les changements
qui ont affecté les océans, les continents, ainsi que la biosphère et l'atmosphère. Certaines unités
morphologiques actuelles sont des héritages de cette époque. Aux échelles des millénaires,
l'atmosphère n'a pas de mémoire, l'océan a la mémoire relativement courte. Mais les sédiments
du fond des lacs par exemple, ont enregistré, mémorisé les changements du milieu et les
changements climatiques avec de nombreux détails. Des signaux continus, biologiques,
géochimiques, isotopiques, géophysiques, magnétiques, etc..., sont enregistrés dans les lits
successivement déposés. Ils sont décodés, décryptés par les spécialistes des études du
Quaternaire.
1. Les changements climatiques
Les reconstitutions climatiques font appel à des informations provenant de données
météorologiques disponibles pour les 100 à 200 dernières années, à une documentation
historique couvrant les derniers millénaires et à des archives naturelles qui permettent de
caractériser l'histoire de la Terre. Ces dernières regroupent entre autres celles incluses dans les
carottes océaniques, les sédiments lacustres, les carottes de glaces polaires, les dépôts
coralliens, les loess et les paléosols susceptibles d'enregistrer les informations les plus diverses
relatives aux changements globaux.
Les modèles de reconstitution du climat montrent que ce dernier a, au cours du Quaternaire,
présenté une alternance de phases de refroidissement d'assez longue durée (Glaciaires) et
de phases de réchauffement plus courtes (Interglaciaires). En ce qui concerne le dernier cycle
glaciaire, l'évolution globale du climat et de l'environnement pour une période couvrant les 150
derniers millénaires a pu être déduite de façon précise de l'étude de carottes sédimentaires
provenant de fonds marins situés entre 2500 et 4000 m de profondeur ainsi que de carottes de
glace prélevées dans les régions polaires (VOSTOK en Antarctique ; North GRIP au
Groenland).
Après la période chaude de l'Eemien (131 000 - 114 000 ans BP), phase d'importante
déglaciation au climat globalement plus chaud et humide que l'Holocène et dont le pic le plus
chaud culmine à 125 000 ans BP (BOSCH et al., 2000), le dernier cycle glaciaire débute, il y a
environ 110 000 ans, par une période transitoire de 40 000 ans, le pré-Würm. Celle-ci précède
le « Pléniglaciaire » dont l'intensité s'affirme ca. 41 000 ans pour atteindre son maximum ca.
18 000 ans BP au DMG / LGM (Dernier Maximum Glaciaire/Last Glacial Maximum : de 18
000 - 19 000 ans cal BP à 23 000 - 24 000 ans cal BP).
Les évènements climatiques qui se sont produits en Afrique au cours des 20 derniers millénaires
s'inscrivent dans le cadre des changements globaux principalement liés aux fluctuations de la
circulation thermohaline dans l'océan atlantique (STREET-PERROT, F.A. & PERROT, R.A.,
1990). Ces changements climatiques ont été enregistrés au niveau du continent par des faits
marquants tels que régressions et transgressions marines, variations des niveaux lacustres,
alluvionnements contrastés, balancement des zones humides et arides en région intertropicale,
mouvements des glaciers en montagne (RUNGE, J., 2007).
En Afrique intertropicale, le climat est influencé par les alizés, vents soufflant des hautes
pressions subtropicales vers les basses pressions équatoriales, du N-E au S-O dans l'hémisphère
nord ; du S-E au N-O dans l'hémisphère sud. Au passage dans l'hémisphère nord, l'alizé du S-
E subit une déviation au niveau du Golfe de Guinée où se crée un phénomène de mousson
d'orientation SO - NE. Les flux inverses de la mousson humide du S-O et de l'alizé du N-E
continental sec (Harmattan) génèrent un front intertropical connu sous le nom de Zone de
convergence inter-tropicale (ZCIT) dont la mobilité au cours de l'année détermine les
alternances saisonnières et influent sur la distribution et la répartition des pluies entre les
tropiques. L'espace délimité par le balancement de la ZCIT entre ses positions estivale et
hivernale a connu deux situations extrêmes au cours des derniers 20 000 ans : au Dernier
Maximum Glaciaire (DMG), période aride au cours de laquelle il était fortement réduit au
niveau équatorial et pendant la Période Humide Holocène (PHH) lorsque son expansion était
maximale (LEROUX, M., 1992).
En Afrique intertropicale, le climat est influencé par les alizés, vents soufflant des hautes
pressions subtropicales vers les basses pressions équatoriales, du N-E au S-O dans l'hémisphère
nord ; du S-E au N-O dans l'hémisphère sud. Au passage dans l'hémisphère nord, l'alizé du S-
E subit une déviation au niveau du Golfe de Guinée où se crée un phénomène de mousson
d'orientation SO - NE. Les flux inverses de la mousson humide du S-O et de l'alizé du N-E
continental sec (Harmattan) génèrent un front intertropical connu sous le nom de Zone de
convergence inter-tropicale (ZCIT) dont la mobilité au cours de l'année détermine les
alternances saisonnières et influent sur la distribution et la répartition des pluies entre les
tropiques. L'espace délimité par le balancement de la ZCIT entre ses positions estivale et
hivernale a connu deux situations extrêmes au cours des derniers 20 000 ans : au Dernier
Maximum Glaciaire (DMG), période aride au cours de laquelle il était fortement réduit au
niveau équatorial et pendant la Période Humide Holocène (PHH) lorsque son expansion était
maximale (LEROUX, M., 1992).
Au DMG, l'océan était à un bas niveau, de l'ordre de -120m (FAURE, H. & ELOUARD,P.,
1967). Sur le littoral du Congo et des zones limitrophes, par suite de la régression marine,
s'étaient formés, par accumulation éolienne, des cordons de dunes parallèles au rivage alors
qu'une sédimentation fluviatile terrigène s'effectuait dans un paysage lagunaire (GIRESSE, P.
& KOUYOUMONTZAKIS, G., 1974 ; GIRESSE, P., 1975, 1978) sous des conditions arides
d'hypersalinité (KOUYOUMONTZAKIS, G., 1990). Sur le continent, les niveaux des lacs
étaient au plus bas : c'était le cas du Barombi Mbo au Cameroun (MALEY, J., 1983) et du
Bosumtwi au Ghana. Sous une pluviosité réduite de 50% (SHANAHAN, T.M. et al. 2006) et
un recul de température d'environ - 3°C, une phase aride intense s'est développée avec deux
accentuations de l'aridité à 18,5 ka et à 14,7 ka (TALBOT, M.R. & JOHANNESSEN, T., 1992),
les côtes du Gabon et du Congo étant fortement refroidies (GIRESSE, P. & LAFRANCHI, R.,
1984). Par ailleurs, les recherches de DE PLOEY, J. (1969) sur les importants processus
d'érosion dans la région de Kinshasa (R.D. Congo) attestent de l'existence d'une période de
sécheresse contemporaine de la dernière glaciation en Europe. Les observations faites en zone
intertropicale sur les milieux fluviatiles montrent que les dépôts datant du DMG sont constitués
pour la plupart de traînées de matériaux grossiers graveleux attestant un processus
d'accumulation sous des conditions arides (RUNGE, J., 2007).
2. Le repli des massifs forestiers et l’expansion des milieux ouverts
Les grandes variations des paléoenvironnements et des végétations survenus sur la zone
tropicale africaine depuis la fin du Néogène, peuvent s’interpréter dans un contexte global
de variation des températures et en particulier des phases de refroidissement qui ont été
synchrones de l’extension des calottes- glaciaires sur les zones polaires antarctique et
arctique (Maley, 1980), suivant des rythmes liés aux variations orbitales de la terre autour
du soleil. Est due à l’activité des anticyclones et aux alizés qu’ils génèrent et qui convergent
vers l’équateur. L’accroissement du gradient thermique Pôle-Equateur durant les périodes
froides, à comparer au phénomène qui survient annuellement durant les hivers arctique ou
antarctique, entraîne une accélération des alizés en surface des océans tropicaux. Lorsque la
configuration des océans et des continents est favorable, comme c’est le cas pour la majeure
partie du Golfe de Guinée, l’accélération des alizés déplace les eaux de surface, ce qui
provoque des remontées d’eaux profondes relativement froides (upwellings), y compris au
niveau de l’équateur du fait de l’annulation de la force de Coriolis (Merle 1980, Servain
et al. 1985, etc.). Ce sont ces eaux froides de surface qui, en modulant l’activité de la
mousson dans le sens surtout d’une forte diminution de la pression de vapeur d’eau et, en
conséquence, de la convection, ont un rôle climatique aridifiant sur le continent voisin,
provoquant une réduction ou une suppression des pluies durant les périodes de remontées
d‘eaux froides (Mahé & Citeau, 1993, Maley, 1987, 1989). Corrélativement, du fait de la
persistance des nuages, une baisse des températures intervient aussi sur le continent (Maley
& Elenga, 1993).
Pour la fin du Quaternaire, des données polliniques obtenues sur des enregistrements
sédimentaires marins dans le Golfe de Guinée (depuis environ 250.000 ans) et surtout lacustres
dans le domaine forestier (depuis environ 30.000 ans) illustrent bien l’impact de ces variations
sur la végétation, avec une réduction maximum de la forêt dense entre 20 et 15.000 ans BP.
En résumé, d’après les publications citées ci-dessus, les données principales suivan- tes
peuvent être présentées, tout d’abord pour la région du lac Bosummi.
- entre 28.000 et 24.000 ans BP existait une forêt avec un élément montagnard (Olea
capensis, syn. O. hochsrenen), sous un climat relativement humide et frais,
- de 24.000 à 19 - 20.000 ans cette forêt régresse progressivement,
- de 19.000 à 15.000 ans, sous l’effet d’un climat très aride, la forêt disparaît (les pollens
arborés étaient alors inférieurs à 5%): elle est remplacée par une formation très ouverte
qu’on pourrait comparer, non à une savane de basse altitude, mais à une prairie de
moyenne altitude comportant des bouquets d’arbres épars, constitués de taxons montagnards
et de quelques taxons forestiers dont l’aire s’étend aussi en plaine (cf. Letouzey 1968,
1985, Schnell 1977).
* Ensuite, après 15.000 ans, le climat s’améliorant, la forêt recolonise la région avec
une première pulsation positive vers 13.500 ans BP, toujours associée avec un Clément
montagnard. Un retour à des conditions plus sèches se note entre 12.000 et 1O.ooO ans
BP: cette phase pourrait correspondre en partie au “Dryas récent” des plus hautes latitudes.
3 La place des refuges dans l'histoire de la forêt africaine (Voir figure ci-dessous)
Le fait, d'une part, que la dernière période de fragmentation maximum du bloc fores- tier,
avec mise en place des refuges, ait été associée à la dernière grande extension glaciaire
du stade isotopique 2 (entre 20 et 15.000 ans BP, figure 4) et d'autre part, que la phase
d'extension forestière la plus forte ait été corrélative de l'optimum themique de l'Holocène
inférieur et moyen (entre ca. 9000 et 4000 ans BP), fournit un modèle des fluctuations
extrêmes du bloc forestier africain.

Figure 1 : Recul et fragmentation du massif forestier dense humide d’Afrique et localisation


des bassins refuges durant la DMG
Les études palynologiques et géologiques de carottes prélevées dans le lac Bosumtwi au
Ghana par l'équipe du Prof. D.A. Livingstone (MALEY et LIVINGSTONE, 1983 ;
TALBOT et al., 1984 ont donné des résultats forts intéressants. Ce lac, dont le plan d'eau est vers
100m d'altitude, est situé dans les forêts denses humides semi-caducifoliées. Le fait majeur
qui ressort des analyses polliniques est l'extension dans cette région d'un élément
montagnard à basse altitude, depuis la base de la carotte vers 28.000 ans BP, jusqu'à
1'Holocène inférieur vers 9000 ans BP. De ce fait on peut conclure qu'au Pléistocène
supérieur et à 1'Holocène inférieur la température y était plus basse qu'actuellement de
quelques degrés C et l'évaporation réduite. De plus, sur la même carotte, P. PALMER
avait déjà étudié des fragments de cuticules de Gramineae. Des conclusions comparables
peuvent être tirées de ces études car durant les mêmes périodes a été mise en évidence
une flore graminéenne de Pooideae qui ne vivent actuellement en zone tropicale que sur
les hautes montagnes. Ainsi on peut conclure que jusque vers 9000 ans la végétation
régionale devait être constituée par une prairie de type montagnard avec des bouquets
épars d'arbres appartenant, non pas à la flore arborée des savanes soudano-guinéennes,
mais à 1 a flore forestière semi-caducifoliée, dont certains taxons s'étendent actuellement
à la zone montagnarde. Cette végétation montagnarde à basse altitude montre ainsi que
les dernières phases de migration des flores et des faunes montagnardes, actuellement
isolées sur le sommet des montagnes, se sont produites entre environ 14500 et 9000 ans
BP, ou avant 19000 ans. La période comprise entre environ 19000 et 15000 ans BP a
correspondu à une phase aride intense. Les pourcentages de Gramineae et de Cyperaceae
ont atteint de 91 à 94% (actuellement de 6 à 9%) et les pollens d'arbres seulement 4
quelques pollens d'Acacia ont été comptés dans un niveau, indiquant que c'est seulement
durant cette phase très aride que des éléments de la flore arborée savanicole se sont
infiltrés dans la région du lac Bosumtwi. à 5% (actuellement de 76 à 85%). Les pollens
d'arbres recensés appartenaient dans leur grande majorité à ceux de la flore forestière
semi-caducifoliée. Seules les prairies montagnardes guinéennes de moyenne altitude
comportent actuellement des bouquets d'arbres constitués, en plus des espèces
montagnardes typiques, de tout un cortège d'espèces dont l'aire s'étend aussi aux basses
altitudes. De plus quelques pollens d'Acacia ont été comptés dans un niveau, indiquant
que c'est seulement durant cette phase très aride que des éléments de la flore arborée
savanicole se sont infiltrés dans la région du lac Bosumtwi.
Ces données polliniques montrent aussi que la Forêt Dense humide est réapparue assez
brusquement entre 9000 et.8500 ans BP, en même temps que les taxons montagnards
disparaissaient presque complètement à basse altitude. Cette concomitante permet de
penser que ce sont les conditions écologiques favorables à l'extension des biotopes
montagnards qui ont empêché le développement de la forêt. Par ailleurs, la courbe des
variations du niveau du lac Bosumtwi, courbe établie indépendamment par la géologie,
montre claire- ment que les phénomènes climatiques qui ont provoqué le retrait des
biotopes montagnards et la réapparition de la forêt sont différents ou n'ont pas de relations
directes avec les facteurs contrôlant le bilan hydrique du lac. En effet, vers 8500 ans le
niveau lacustre était relativement élevé et, avec des fluctuations secondaires, il a continué
à s'élever jusqu'à un niveau maximum à 1'Holocène moyen. La forêt a persisté jusqu'à
l'actuel malgré des variations considérables du niveau lacustre, parfois supérieures à
13Om comme cela s'est produit assez brutalement au début de 1'Holocèné supérieur. Il
est donc évident que pour expliquer les évènements survenus entre 9000 et 8500 ans,
d'autres phénomènes climatiques agissant d'une manière plus subtile dans la dynamique
de la forêt, telles par exemple la luminosité ou la température, sont intervenus que ceux
contrôlant l'augmentation ou la diminution de la pluviosité.
Figure 2 : Variation du niveau du lac Bosumtwi au Ghana (d’après Talbot et al. 1984)
Activités
1. Reproduire un fond de carte de la figure 1 du chapitre 4 et replacer les éléments suivants :
-les refuges forestiers
-la limite actuelle des massifs forestiers des blocs guinéen et congolais
-les savanes incluses actuelles
-les frontières d’Etats
SEANCE 8
Objectif spécifique
Retracer dans les grandes lignes l’état des écosystèmes d’Afrique tropicale lors du dernier
maximum glaciaire et durant l’Holocène
Liens
https://www. researchgate.net/3299
https://www. researchgate.net/3789
https://www.m.elewa.org
https://www.core.ac.uk
https://books.openedition.org
https://www.horizon.documentation.ird.fr
https://www.researchgate.net/publication/282167397
Contenu
3. Les phénomènes marins
- L'analyse isotopique, sédimentologique et micropaléontologique de carottes marines
prélevées dans les principaux bassins des océans Atlantique et Indien a permis de
reconstituer les grands traits de leur paléo-océanographie. Couplée à l'analyse des pollens
contenus dans les sédiments marins, elle permet de comparer l'évolution climatique des
continents et des océans qui les bordent.
- Les principales manifestations des variations climatiques dans la bande de latitude du
continent africain ont été des changements de l'intensité de la mousson, des flux d'eau
associés aux remontées d'eau profonde (upwelling) et aux courants existant en bordure
des continents. Ils ont entraîné des variations de la température de l'eau de mer de
plusieurs degrés près des côtes et qui allaient en s'atténuant vers le large. Les grands
tourbillons océaniques des zones subtropicales sont ainsi restés extrêmement stables
pendant le dernier cycle climatique.
- Les variations climatiques dans l'océan Indien ont été très différentes de celles observées
dans l'océan Atlantique parce que cet océan est fermé au nord et n'est pas en contact
direct avec les zones froides des hautes latitudes de l'hémisphère nord. Au nord du front
de l0°Sud, sa circulation est dominée par le renversement saisonnier des vents de mousson.
Le bassin oriental de l'Atlantique au contraire, en relation directe avec les zones de
haute latitude des deux hémisphères, a son environnement dominé par l'intensité des
vents alizés et la force des courants qui amènent vers les basses latitudes les eaux froides
en provenance des hautes latitudes.
- Sur l’océan Atlantique, la zone balayée par le front intertropical est restée très constante,
ainsi que cela est démontré par la constance de la situation latitudinale des grands
tourbillons subtropicaux et la stabilité de la position des upwel- lings liés à l'alizé
méridional (CLIMAP, 1981 ; Sarnthein, 1981). L'étude des poussières transportées par
1'Harmattan oriental dans les sédiments atlantiques a montré que la vitesse des vents
zonaux avait diminué d'environ 30%. En revanche, le renforcement des vents méridiens
lors du dernier maximum glaciaire a entraîné une augmentation des upwellings (très
marqué au large de la Mauritanie) et une intensification des courants de bordure
continentale (courant des Canaries et courant de Benguella). Il en est résulté une notable
diminution des températures le long de la côte ouest-africaine.
- Dans l'océan Indien, l'étude des pollens permet de montrer que le déplacement vers le
nord du front de mousson d'été (et donc des pluies sur les continents) a été progressif
au cours de la dernière déglaciation (Van Campo, 1983). Le maximum d'intensité de la
mousson d'été coïncide avec la fin de la déglaciation (Van Campo et al., 1982). Ce
maximum coïncide sensiblement avec un pluvial sur l'Afrique occidentale, qui a été
marqué par une forte augmentation du débit du Niger bien reconnue par les analyses
isotopiques et sédimentologiques (Pastouret et al., 1978).
-De nombreuses études effectuées, à la fois sur les côtes et sur le plateau continental,
essentiellement au Gabon et en Côte d'Ivoire, ont permis de retracer les variations du
niveau marin sur le littoral ouest africain depuis 26000 ans BP. Elles font apparaître une
baisse du niveau moyen des océans de plus de 100 m par rapport à l'actuel vers 18.000
ans, baisse qui correspond au maximum du froid wurmien
4. Les traits morpho-pédologiques
-Le cas des dépôts de loess péri-désertiques
-Au Pléistocène et à l'Holocène, l'accumulation de poussières éoliennes désertiques a pu être
importante autour des déserts, y créant des loess péri-désertiques. De telles éolianites fines
existent autour du plus grand désert zonal, le Sahara. Au S. du Sahara, des cas de loess sont de
plus en plus évoqués, mais leurs aspects sédimentologiques, chronostratigraphiques et leur
signification paléoclimatique ont été inégalement abordés.
- -Ces dépôts meubles ont une origine relativement récente : ils paraissent remonter pour la plupart
au Pléistocène supérieur voire à 1'Holocène. Le problème de leur âge subsiste souvent d'où la
nécessité d'adapter ou de créer des méthodes fiables de datation et de prévoir leur insertion
dans des cadres chronostratigraphiques régionaux et chronologiques généraux.
-Au Sud du Sahara, des loess existent dans le domaine actuel de la savane arborée, du Sud du
Sénégal au Nord du Cameroun. Les principaux secteurs décrits sont: la partie méridionale du
bassin du Sénégal où souligne l'analogie de limons éoliens avec du loess et note leur remaniement;
les collines au Sud de Zinder (Niger) ; les plaines du Nord. de la Nigéria où les notions de
drift soils et loess soils sont anciennes et dont les loess de Zaria dépassent souvent lusieurs
mètres d'épaisseur ; les vallées du Nigéria oriental, la Gongola ; le Nord du Cameroun, où des
dépôts antérieurement décrits par des pédologues ont été réinterprétés par J. Maley (1980) comme
des formations loessiques.
Les paléoenvironnements du Pléistocène et même de l’Holocène ont été favorables aux dépôts de loess.
A la périphérie du Sahara, il y a eu chutes massives de poussières par le passé quand l'atmosphère
s'est humidifiée et a été lavée par la pluie. La précipitation loessique, des Matmata a eu lieu
dans un milieu un peu plus humide que l'Actuel, sur une steppe dense, piégeant les poussières.
Dans le Nord Cameroun, J. Maley a insisté sur le rôle des pluies fines dans la chute des
poussières et rappelle l'effet fixateur de la végétation algaire du sol.
Dans ces régions péri-désertiques, des datations 14c (concrétions carbonatées des loess et paléosols)
montrent qu'une partie des loess intermédiaires et les loess supérieurs se sont déposés entre
32000 et 10000 BP ; d'autre part, une ultime et courte précipitation loessique a eu lieu à
l’Holocène moyen comme l'indiquent de basses terrasses limoneuses remaniant des loess.
- Evolution du pédoclimat quaternaire dans la bande soudanienne et sahélienne

Le tapis végétal est largement subordonné à la répartition des types de sols et aux formations
superficielles. Les formations cuirassées constituent un marqueur paléoclimatique de première
importance dans la zone tropicale. La ceinture soudanienne cuirassée d’Afrique de l’ouest
constitue ce qu’on appelle les bowé (zone de cuirassement superficiel ou subsuperficiel). Les
interfluves subplanes de la zone soudanienne et sahélienne coiffés de cuirasses.
Les aspects morphopédologiques des surfaces planes ou subplanes sont dominés dans le paysage depuis
le Quaternaire ancien par des glacis. On en distingue les Hauts-glacis, les Moyens-glacis et les Bas-
glacis. Une étude de ce genre a été réalisée dans le centre-sud du Burkina Faso par B. Kaloga (1986)
Les Hauts-glacis : La localisation et la morphologie des témoins montrent que le cuirassement de
ce niveau s'est produit principalement dans la partie supérieure des versants, sur les têtes de
versants primitivement accrochés à de hauts reliefs (Pliocène). Cela explique la présence fréquente
de pierres (et parfois de blocs) de cuirasse pliocène dans les profils indurés du Haut-glacis. La
dénivellation 'entre le relief pliocène et le Haut-glacis était donc faible. Elle justifie le
développement du Haut-glacis dans les altérites pliocènes qui ne sont modifiées que dans la zone
cuirassée.
Les cuirasses ont un faciès conglomératiques (elles cimentent des nodules hérités du profil
pliocène) et des caractères de cuirasses de versant : ciment rouge à inclusions jaune rouge non
indurées, altérite ferrallitique sous-jacente rouge, à quelques taches blanchâtres; Elles peuvent
acquérir ultérieurement un faciès de pseudo-cuirasse de nappe. La descente du fer vers l'aval
n'a pas été importante.
Le Moyen-glacis
Le Moyen-glacis se développe sur les pentes du-Haut-glacis. Son cuirassement concerne aussi
principalement la partie supérieure des versants où il est beaucoup plus puissant. Il atteint cependant
les bas de pentes. La descente du fer vers l’aval paraît donc plus accentuée.
L'extension et l'intensité du cuirassement de ce niveau indique un pédoclimat suffisamment
humide qui est cependant imputable à des nappes à mouvement oblique qui n'intéressent que la
partie supérieure des profils, aux dépens de la partie inférieure. Dans cette dernière, l'altération,
limitée à la production de smectites, témoigne d'une nette aridification du pédoclimat. Il semble
donc que cette aridification ne soit pas la conséquence de celle du climat atmosphérique, mais
probablement de mouvements épeirogéniques.
-Le Bas-glacis
A l'inverse de celui du Moyen-glacis, le cuirassement du Bas-glacis est sporadique et d'intensité
faible (carapaces). Il est localisé là où des nappes obliques concentraient suffisamment de fer et
généralement dans d'anciennes entailles des cuirasses du niveau précédent. L'épaisseur et l'intensité
du cuirassement (de la carapace très faiblement indurée à une tendance à la cuirasse) augmentent
avec celles de la nappe qui l'a engendré. Le litage très prononcé et sou- vent entrecroisé des
carapaces témoigne de la réalité des mouvements obliques de la nappe. Les conditions de
formation ne paraissent se distinguer de ceux du cuirassement précédent que par la topographie
plus plane et le laps de temps plus court.
La surface actuelle est le résultat d'une dissection du Bas-glacis, suivi d'un colmatage, puis d'une
nouvelle dissection, résultat d'un brusque abaissement du niveau de base. Ce dernier se manifeste
par une forte accélération de la vitesse d'écoulement des nappes obliques qui acquièrent ainsi un
véritable pouvoir "érosif" (détachement et entraînement des particules fines). Les carapaces du
bas-glacis sont ainsi soumises à des phénomènes de "lavage" (entraînement mécanique des
particules fines) dont l'intensité augmente avec l'importance des nappes c'est-à-dire avec l'intensité
du cuirassement du Bas-glacis.

Activités
1. Décrire le contexte environnemental dans lequel s’effectuent les dépôts de loess dans la
zone péri-désertique.
2. Répondez par vrai ou faux
QUESTION N°1 QUESTION N°2
Les cuirasses sont des héritages pédologiques Les terrasses fluviatiles renseignent sur :
d’origine : A) – les paléoenvironnements
A) - fluviatile B) – la dynamique des cours d’eau
B) - biologique C) – les transgressions marines
C) - anthropique D) – la biodiversité spécifique
D) - paléoclimatique
QUESTION N°3 QUESTION N°4
Le Pléistocène supérieur : Durant une phase glaciaire :
A) – a façonné le paysage dunaire actuel du A) – le climat se refroidit sur l’ensemble de la
Sahara planète
B) – est responsable des grands dépôts de B) – les précipitations sont médiocres un peu
loess en Afrique occidentale partout
C) – se caractérise par l’émergence de la C) – la diversité biologique baisse
civilisation métallurgique en Afrique D) – les phénomènes érosifs s’intensifient
D) – a été une période de péjoration
climatique
SEANCE 9
Objectif spécifique
Retracer dans les grandes lignes l’état des écosystèmes d’Afrique tropicale au cours de
l’Holocène
Liens
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https://www. researchgate.net/3789
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Contenu
Chapitre 5 : Les écosystèmes d’Afrique tropicale au cours de l’Holocène
Introduction
L'histoire de la végétation et des paléoenvironnements de l'Afrique tropicale a beaucoup
progressé depuis quelques dizaines d'années grâce en particulier à l'étude pollinique de
séquences sédimentaires, essentiellement lacustres, prélevées dans plusieurs sites. En Afrique
occidentale, le lac Bosumtwi au Ghana a révélé d’importantes informations. En Afrique
centrale, plusieurs sites parmi lesquels deux sites ont fourni des enregistrements qui remontent
jusque vers 25 000/28 000 ans (C/l4) BP: le lac Ngamakala, situé au cœur des savanes des
Plateaux Batéké, vers le sud du Congo, et le lac Barombi Mbo dans les forêts de l'Ouest
Cameroun. Toutefois, de par sa position, seul le second site permet véritablement une
reconstitution du milieu forestier.
A une période corrélative au Tardiglaciaire, l’Ogolien (19000-12000 BP) qui voit le niveau
marin s’abaisser de plus de 120 m, succède une phase humide dite Tchadienne (11000-8000
BP) marquée par une extension des lacs. Une petite phase sèche (8000-6000 BP) précède
l’épisode plus humide et transgressif, le Nouaktchotien (5500 BP) à la suite duquel de petits
lacs se développent en 2 pulsions (3500-2800 et 2800-2500 BP). La péjoration climatique qui
suit va se poursuivre jusqu’à l’époque historique.
1. L’épisode Nouaktchotien
Considérés comme des milieux de sédimentation active, les écosystèmes côtiers concernés
par les formations de mangroves en Afrique de l'ouest sont multiples et divers. Cependant,
les plus importantes demeurent les deltas, lacunes et estuaires. Ce dernier ensemble qui apparaît
sur le littoral ouest africain sous forme de véritables côtes de submersion retient notre
attention, les formations sédimentaires qui y sont développées donnant presque toutes des
âges au 14C compris entre 8750 plus ou moins 100 ans B.P. et 1700 plus ou moins 100
ans. B.P. La part essentielle prise par le Quaternaire pour la reconstitution de l'évolution
géologique de ces milieux estuariens a été soulignée par la plupart des auteurs spécialisés
dans les études du littoral ouest africains en particulier à 1'Holocène moyen appelé
Nouakcthotien dans la région, Durant cette période, la mer atteint son plus haut niveau
(5 à 2,0 m environ vers 5500 ans B.P.).
- Lors du maximum transgressif du Nouaktchotien, la mer pénètre dans les zones
déprimées (du Sénégal jusque dans les rias des deux Guinées et bien au-delà) qui se
présentent alors sous forme de golfes largement ouverts sur l'océan excepté la partie aval
de l'estuaire de la Gambie. Elle remonte les vallées -actuellement fossilisées pour la
plupart en Casamance, ainsi que de tous les fleuves situés plus au Sud. Le comblement
actuel de l'ensemble de ces basses vallées est attribué à la transgression nouakchottienne
avec une sédimentation essentiellement marine jusqu'à 4500 B'P relayée par une
sédimentation de type lagunaire à partir de 4200 B.P. L'apport des fleuves alors
fonctionnels, se réduisait à des sables fins et limons empruntés aux dépôts de couverture
des régions de bordure.
Durant le post-Nouaktchotien, le climat est redevenu semi-aride à aride entre 4000 et 2000
ans B,P, avec une légère régression -2 à -3 m, qui semble se placer autour de 4000 ans B-P.
C'est l'épisode du Tafolien signalée par H. FAURE et al., 1977, Le retour à une série de
pulsations s'effectue à partir de 3000 ans B.P. Le niveau de la mer vers la même période
passe à +2 m comme le fait remarquer A, PIMMEL, 1984, en témoignent les plages
fossiles à galet, correspondant à un niveau marin supérieur à l'Actue1, bien conservées sur
la côte gambienne et casamançaise.
Des cordons sableux s'édifient progressivement dans tous les golfes nouakchottiens du
littoral Ouest africain (Basse Casamance, Basse Guinée, Golfe du Bénin.,.). Un
développement en lagunes s'effectue parallèlement avec des dépôts de vases épaisses, de
couleur grise ou noire, plus ou moins argileuses qui colmatent petit à petit les milieux
estuariens. Les lagunes allant du Libéria au Nigéria en passant par la côte du Togo datent de
cette époque. Ces conditions sont favorables à un développement intense de la mangrove.

Figure 1 : Oscillation climatique en Afrique de l’ouest durant le Quaternaire récent


Source : d’après M. PIMMEL, 1984
2. La situation paléenvronnementale dans le bassin de l’Azawad
Dans la région de l'Azawad qui comprend une vaste zone qui s’étend depuis les massifs de
l'Air, du Hoggar et de 1'Adrar des Iforas, jusqu'a la vallée du Niger, on connaît peu de
sites préhistoriques. Les plus anciens gisements, que nous attribuons à l'humide de
1'Holocène inférieur, sont caractérisés par la présence d'une faune sauvage importante ,
une céramique peu variée dans les décors, assez épaisse, et une industrie lithique riche
en armatures avec quelques pointes d'0unan. La période allant de 6400 à 4000 ans BP
environ, est beaucoup plus riche en gisements. On y constate une évolution archéologique
continue. Certains sites sont très proches de ceux de la période précédente, d'autres
évoluent vers un neolithique terminal très riche en poteries aux décors variés, relativement
pauvre en armatures et par contre riche en grattoirs. Les ossements de petits ruminants
et de bœufs, très fragmentés, sont abondants et remplacent peu à peu les vestiges de
faune sauvage. Le nombre des gisements et leur nature laissent supposer une implantation
de type nomade. Un dernier épisode correspond à l'arrivée de la métallurgie. Ainsi, un site
ayant fourni des nodules de cuivre natif et une armature de cuivre a pu être daté de
2600 ans BP environ. Par son industrie lithique, très riche en grattoirs, ce site est tout à
fait comparable aux gisements du Néolithique terminal dont il se distingue cependant par
la céramique. C'est à ce dernier épisode que se rattachent également les nombreux
monuments funéraires de cette région.
Les industries néolithiques dans l’Azawad : Les trouvailles archéologiques se composent en
majorité d’éclats de différentes sortes de pierre (avant tout de quartzite de provenance
locale). Il y a par exemple assez fréquemment des broyeurs, des molettes et des
microlithes géométriques, mais rarement des pointes de flèche ainsi que des outils
retouchés bifacials. La céramique montre un grand nombre de décors variés parmi lesquels
les ondes ponctuées. Le manque de meules dormantes s’explique par des grandes surfaces
de broyage dans la roche affleurant comme on les trouve dans les environs des habitats
et les dessins tardifs (bandes à ridelle) représentent probablement le début et la fin de la
colonisation des dunes. Parmi les restes organiques (tests d’œufs d’autruche, os, mollusques)
se trouvent plusieurs espèces de petits et de gros mammifères de même que des reliques
d’amphibiens dunaires.
- Economie et mode de vie
Plusieurs arguments parlent en faveur d’une certaine sédentarité des occupants des dunes.
Ils n’étaient apparemment pas très spécialisés au point de vue économique. Jusqu’ici les
indices montrent qu’aussi bien le ramassage (grains, fruits, œufs d’autruche, mollusques
etc.) que la chasse aux petits animaux (rats, crapauds, oiseaux) et au gros gibier (gazelle,
phacochère, crocodile, hippopotame, rhinocéros, girafe etc.), ainsi qu’élevage de bœufs et
de chèvres ont contribué à leur nourriture. Il reste douteux si l’agriculture a joué un rôle
ainsi qu’il est inexpliqué pourquoi justement les surfaces des dunes étaient les habitats
préférés bien qu’il y ait des parallèles archéologiques et ethnologiques dans d’autres
régions.
- Implications paléoclimatiques
Les observations sont significatives au point de vue paléoclimatologique et préhistorique.
D’une part, elles montrent qu’à la marge méridionale actuelle du Sahara oriental une
population plus ou moins sédentaire et assez dense, avec une production de céramique
précoce, s’opposait a une population nomade plus au Nord. D’autre part, la forme des
dunes, la paléopédogénèse et les déductions économiques du matériel archéologique font
penser que le climat pendant le Néolithique était semi-aride, comparable à celui qui
règne aujourd’hui à 400-500 km plus au Sud. En tout cas, la faveur écologique ne peut
pas s’expliquer par un effet de distance par un écoulement allogène de 1’Ouadi Howar,
car ils existent plusieurs habitats dunaires loin du cours de la vallée. Là aussi les
hommes ont dû avoir trouvé leurs nécessités vitales (pâturage, eau, bois, gibier, autres
produits alimentaires). En outre, l’orientation des axes des dunes paraboliques semble
indiquer une direction du paléovent dominant légèrement déplacée (10°) vers l’Ouest en
comparaison avec les alizés actuels.
3. La dynamique de la ligne de rivage dans le Golfe de Guinée
Au Sénégal : L'évolution débute sur le plateau continental par le dépôt vers 11.000 ans
de plages sableuses dominées par des dunes de 10 à 15m; vers 9.000 ans, un
ralentissement de la transgression conduit à un remaniement de dépôts coquilliers en
cordons avec des pentes fortes; vers 8.400 ans, un nouveau ralentissement de la
transgression permet l’installation de mangroves dans un environnement humide
(Tchadien); entre 8.000 et 6.000 ans, la transgression s'accélère dans un climat toujours
humide et son maximum intervient entre 6.800 et 4.200 ans (Nouakchottien); puis vers
4.000 ans, une régression de -2m (Taffolien) contrôle la fermeture du golfe du delta du
Sénégal. Enfin , intervient un recul de la ligne de rivage ou s'édifie une succession de
plages sableuses et où le paysage se dé- finit en fonction de l'équilibre de facteurs
eustatiques et d'oscillations du régime hydrique : par exemple, l'extension dans le Ferlo
des faciès saumâtres vers 3300 ans et 1800 à 1500 ans correspond à deux périodes où
l'écoulement du fleuve Sénégal et le niveau phréatique aurait été supérieurs à l'actuel. A
noter les accumulations mécaniques d'ilménites qui se sont produites entre 8 et 9000 ans
sur le littoral sous-marin.
En Côte-d'Ivoire, après le stationnement de la transgression entre 12.000 et 11.000 ans,
l'humidification s'est développée sur la marge actuelle entre 12.000 et 8.000 ans. Depuis
5.000 ans, la forêt marécageuse est constante sur le littoral, mais avec toutefois 4
pulsations négatives dont les témoins renferment moins de 10% de pollens de mangrove.
Au Congo, le ralentissement de la transgression entre 12.000 et 11.000 ans a permis
l'étalement d'une accumulation de graviers coquilliers. Entre 9.000 et 7.000 ans une
abondante mangrove s'est développée sur les berges des rias profondes d'environ 30m.
Après le maximum transgressif de 5.000 ans, on a assisté à des oscillations de la
ligne de rivage qui ont conduit à des sédimentations tour à tour éoliennes, marines ou
saumâtres (avec des industries tshitoliennes interstratifiées dans ce dernier cas).
Soulignons les concentrations de graviers phosphatés remaniés du Miocène réalisées
sous l'effet des paléohoules vers -35m.
Activités
En quoi consiste l’épisode Nouaktchotien ?
L’épisode taffolien est-il une péjoration climatique ? Justifiez votre réponse.
SEANCE 10
Objectif spécifique
Retracer dans les grandes lignes l’état des écosystèmes d’Afrique tropicale au cours de
l’Holocène
Liens
https://www. researchgate.net/3299
https://www. researchgate.net/3789
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Contenu
4. L’histoire de la végétation et du climat en Afrique centrale au cours de l’Holocène
récent.
Les principales variations du domaine forestier sont enrégistrées dans le lac Barombi Mbo. Le
lac de cratère du Barombi Mbo, profond de plus de 100 m, se situe dans les forêts denses
humides de plaine, vers l'altitude de 300 m et à environ 40 km au nord-est du mont Cameroun.
Cette figure 1 permet de visualiser les phases d'extension des savanes et des forêts. On peut
ainsi conclure que :
- d'environ 28000 BP, base de la carotte, à ca. 20000 BP la forêt présentait une extension proche
de l'actuelle (pourcentages similaires) son caractère sempervirent se déduit de sa grande
richesse en Caesalpiniaceae ;
- de 20000 à 10000 BP, durant le maximum de la dernière grande période froide à l'échelle
globale et régionale, le climat a été nette- ment plus sec et frais entraînant un fort recul de la
forêt au profit des savanes. Toutefois les pourcentages des pollens de Gramineae étant, dans
l'ensemble, restés compris entre 30 et 40 %, sans dominer les pollens d'arbres, on peut donc en
déduire que le paysage régional devait être formé d'une mosaïque forêt-savane dans laquelle les
forêts étaient largement dominantes - ce dernier point a été confirmé par une étude isotopique
du Carbone (Giresse et al., 1994). Ce type de paysage devait caractériser les « refuges»
forestiers qui ont été décrits en Afrique équatoriale durant cette période (Sosef, 1994 ; Maley,
1996). La recolonisation forestière a débuté vers 14000 BP ;
- ensuite de ca. 9500 à 3000 BP, la forêt a présenté son extension maximum;
- entre 2800 et 2000 BP est survenue une brève mais intense phase de recul des forêts au profit
des savanes;
- et finalement depuis 2000 BP la forêt a été à nouveau en extension jusqu'à l'Actuel.
Figure 2 : Site du lac Barombi Mbo au Cameroun : les phases d'extension des forêts (gris
foncé, total des pollens d'Arbres) et des savanes (gris clair, total des pollens de Gramineae)
depuis 28 000 ans BP.
En pointillés, variation des pourcentages des pollens de Cyperaceae, additionnés à ceux des
Gramineae (d'après Maley et Brenac, 1998).

Les analyses polliniques permettent de retracer la variation relative du niveau du lac Barombi
Mbo depuis 20 000 ans BP.
- Il apparaît ainsi qu'entre 20000 et 14000 BP les niveaux lacustres ont été relativement bas
(sans dépasser probablement - 5m) avec deux très bas niveaux vers 19000 et 17000 BP.
- Une première phase transgressive a culminé vers 12200 BP; cette transgression dénote une
importante phase humide qui se retrouve vers cette date en de nombreux points de l'Afrique
tropicale.
- Ensuite est intervenue la dernière grande régression entre ea. 11500 et 10400 BP, en partie
synchrone de la période froide du Dryas Récent (11000 - 10000 BP) qui a été particulièrement
marquée en Europe, mais avec des répercussions globales. Aucune transgression n'a pu se
produire durant l'Holocène car le niveau du lac était stabilisé par un déversoir qui est
actuellement encore actif. On peut aussi en déduire que la régression forestière qui a culminé
vers 2500 BP n'a pas résulté d'une diminution des pluies mais probablement plutôt d'un
accroissement de la saisonnalité.
Source, Maley
Figure 3 : Reconstitution des niveaux lacustres du Barombi Mbo depuis 28 000 ans BP d'après
la variation des pollens de Cyperaceae, principal taxon aquatique (moyenne mobile sur 3
échantillons). Des régressions n'ayant pas dépassé 5 m se sont produites entre 20 et 10 000 ans
BP.Par contre aucune fluctuation ne s'est manifestée durant l'Holocène, en particulier des
transgressions, du fait de la stabilisation du niveau du lac par un déversoir qui est encore actif
et qui élimine les trop-pleins survenant durant chaque saison des pluies.
5. Les savanes intra-forestières : cas du Congo
Au Congo, les savanes, qui occupent près de 40 % de l'espace sont deux types principaux : (i)
les formations phytogéographiques occupant de grands espaces à 1’échelle régionale: savanes
sur sols sableux du littoral, du pays Batéké et de la cuvette congolaise, ou sur sols argileux de
la vallée du Niari; (ii) les savanes incluses des massifs forestiers, souvent situées en périphérie
de ces massifs et de faible extension spatiale. Dans tous les cas, ce sont des formations
essentiellement herbacées, dominées par quelques graminées des genres Hypparrhenia
Loudetia, Andropogon ou Pobeguinea. Les arbustes sont rares : Annona areriaria,
Hymenocardia acida, Bridelia ferruginea…. (SCHWARTZ D. et al., 1994).
L'origine de ces savanes a fait couler beaucoup d'encre. De nombreuses discussions ont eu lieu
entre partisans d'une origine anthropique et partisans d'une origine paléoclimatique. Actuelle-
ment, un consensus s'établit en faveur de la deuxième origine. Les modalités de leur genèse
sont cependant assez mal connues, mais quelques éléments récents permettent cependant
d'approfondir ce point. En effet, l'ensemble des travaux palynologiques, pédologiques,
paléobotaniques (macrorestes) menés ces dernières années sur le littoral, la vallée de Niari, le
pays Bateké permettent d’aboutir aux conclusions suivantes :
-- Les savanes du Congo sont des formations originales qui ne semblent pas avoir eu d'équiva-
lent dans le passé, qu'il s'agisse de l'humide Kibangien A (12000-3000 B.P.), ou de l'"aride"
Léopoldvillien (30000-12000 BP). En particulier, elles ne sont pas les héritières directes des
formations végétales de cette période sèche du Léopoldvillien.
- Elles ont succédé c. 3000 BP à de la forêt dense (savanes incluses du Mayombe et du
Chaillu, savanes littorales, certaines savanes du pays Bateke) ou à de la forêt claire (d'autres
savanes du pays Bateké, savanes du Niari), et étaient sans doute plus étendues vers 2000
B.P. qu'actuellement.
- Leur origine et leur morphologie actuelle résulte de la combinaison de trois facteurs : (i) un
facteur paléoclimatique : l'assèchement de l'Holocène supérieur c. 3000 B.P.; (ii) un facteur
édaphique: les savanes sont essentiellement apparues, et se sont maintenues dans les zones les
moins favorables à la forêt, celles oh les déficits hydriques saisonniers sont les plus importants
(vallée du Niari où faibles précipitations et faible disponibilité de l'eau des sols très argileux
conjuguent leurs effets, pays Bateké et littoral où les pluviosités plus fortes sont compensées
par le drainage excessif des sols sableux); un facteur anthropique : les brûlis, pratiqués par les
populations d'agriculteurs itinérants, qui semblent avoir bénéficié de l'ouverture partielle de la
forêt vers 3000 BP pour s'établir au Congo (Schwartz, 1992) et imprimer une marque définitive
au paysage.
6. Aridification du Sahara
Pendant la période Holocène humide (PHH), le Sahara était jalonné de marécages et d'étendues
lacustres à leur optimum entre 8000 et 7000 ans B .P. Les conditions chaudes et humides de la
première moitié de l'Holocène ont, sans doute, favorisé le développement d'une végétation de
type prairie au Sahara (WATRIN, J. et al., 2009), une extension de la forêt mésophile sur la
marge occidentale du Sahel. A partir de 6000 ans BP se serait amorcée une détérioration
hydrologique irrégulière qui aurait abouti, vers 4500 ans B.P. à une chute importante des pluies
mettant fin assez brutalement à la phase humide holocène (DUPLESSY, J.C. et al. 1989 ; PETIT
MAIRE, N., 1992, 1993). Pour ces auteurs, l'aridification du Sahara devrait donc être
considérée comme un évènement climatique abrupt. Cette idée est relayée par DE MENOCAL,
P. et al. (2000) et aussi par SALZMAN, U. & HOELZMANN, P. (2005) qui considèrent que
l'ouverture du « Dahomey Gap » (Couloir du Dahomey), fragmentation de la forêt dense
guinéenne au niveau du Bénin se serait produite en peu de temps. Cependant, des recherches
récentes effectuées sur des indicateurs paléoenvironnementaux issus des sédiments du Lac Yoa,
un des rares lacs permanents du Sahara, ont mis en évidence une séquence écologique
progressive de l'humide vers l'aride entre 5500 et 2700 ans B.P.
De façon générale, les données paléoenvironnementales relatives à l'Afrique intertropicale
témoignent d'un assèchement climatique, d'ampleur régionale, débutant dans la deuxième
moitié de l'Holocène. Ce phénomène est perçu aussi bien en Afrique orientale (BONNEFILLE,
R., 1987 ; ROCHE, E. & NTAGANDA, C., 1999 ; VINCENS, A., 1986 ; VINCENS, A. et al.
2003) qu'en Afrique de l'Ouest et se traduit par un retrait des formations boisées au profit des
milieux ouverts de savanes.
En Résumé
Par rapport à la quantité de données riches d'informations archivées en Afrique de l'Est, celles
récoltées en Afrique de l'Ouest apparaissent moins étoffées, surtout en altitude. Mais, malgré la
discontinuité de certaines séquences sédimentaires entraînant une disparité des données, les
différentes études palynologiques réalisées en Afrique occidentale atlantique permettent
toutefois de se faire une idée globale de l'évolution des paléoenvironnements et de cerner les
évènements climatiques et anthropiques qui ont ponctué la période allant du dernier maximum
glaciaire à l'Actuel.
La dernière période glaciaire se caractérise par une aridité intense se situant de 21 000 à 18 000
ans BP qui se traduit par une chute généralisée des niveaux des lacs, une expansion des milieux
de savanes à basse altitude et, localement, par la baisse de la limite supérieure des arbres en
haute altitude.
La période post-glaciaire, entre 15 000 et 12 000 ans B.P. connaît un réchauffement et une
humidification progressifs du climat perçus à travers la remontée des niveaux lacustres et un
regain des étendues arborées ; l’épisode Dryas (11 000-10 000) étant localement discernable.
Ensuite, l'optimum chaud et humide atteint entre 8 000 et 6 000 B.P. a eu pour effet l'expansion
de la forêt dense guinéo-congolaise en plaine et l'extension de la forêt afro-montagnarde en
altitude, ce qui est en conformité avec l'ensemble des observations faites en zone intertropicale.
Un phénomène majeur d'assèchement climatique survenu vers 4 000 B.P., quelque peu atténué
vers 3 500 BP, puis réactivé entre 3 000 et 2 500 BP, a provoqué, durant cette période, un recul
forestier progressif et une nouvelle expansion des milieux ouverts herbacés. Ainsi la péjoration
climatique généralement présentée comme se situant à 2500 ans B.P. ne serait que
l'aboutissement d'un long processus commencé 1500 ans plus tôt.
A partir de 2 500 B.P., le climat évolue progressivement vers son stade actuel, à caractère plus
chaud et plus humide mais il présente une certaine instabilité en rapport avec les changements
climatiques globaux qui se sont succédés au cours des deux derniers millénaires.
Quant à l'influence anthropique sur l'environnement, si elle a commencé à se manifester de
façon quelque peu sensible dans les savanes soudaniennes et en lisière de la forêt guinéo-
congolaise avec l'avènement de la phase climatique sèche de 4 000 BP, c'est surtout à partir de
2 000 BP qu'elle s'est intensifiée, interférant au cours du dernier millénaire avec des événements
climatiques dont elle peut masquer les effets.
Conclusion
L'aspect en mosaïque de nombreuses forêts actuelles en Afrique intertropicale, caractérisées par
un mélange ou une juxtaposition de groupements d'espèces de type sempervirent et de type
semi- caducifolié est probablement une conséquence à long terme des perturbations qui ont
affecté le domaine forestier au cours des trois derniers millénaires, particulièrement la
perturbation majeure qui a culminé vers 2500 BP. Le climat de cette période particulière a
présenté certaines caractéristiques d'une phase relativement aride puisqu'elle a conduit à la
destruction des milieux forestiers et, dans certains secteurs, à l’extension de savanes.
Activités
1. Interprétez la figure 2 du chapitre 5
2. Etablissez un lien entre les figures 1 et 3.
3. Répondez par vrai ou faux
QUESTION N°1 QUESTION N°2
Les variabilités climatiques tout au long du La variabilité de la biodiversité depuis
Quaternaire sont d’origine : l’Holocène est d’origine :
A) – astronomique A) – naturelle
B) – naturelle B) – strictement naturelle
C) – anthropique C) – amplement anthropique
D) – Aucune bonne réponse D) – Aucune bonne réponse
SEANCE 11
Objectif spécifique
Identifier les processus anthropiques qui ont influencé les écosystèmes actuels.
Liens
http://journals.openedition.org/afriques/1209 ; DOI : 10.4000/ afriques.1209.
http://tel.archives-ouvertes.fr
https://www.horizon.documentation.ird.fr
Contenu
Chapitre 6 : L’anthropisation des paysages africains depuis le Néolithique
Introduction
L'Homme primitif ne disposait pas de moyens techniques suffisants pour avoir un impact
déterminant sur le milieu naturel. C'est à l'Holocène, avec l'acquisition d'un outillage lithique
élaboré (Néolithique) d'abord, puis de techniques métallurgiques que l'Homme a eu la
possibilité de développer des pratiques agro-pastorales permettant de s'affranchir de son
environnement. Les prémices de cette libération s'étaient déjà esquissées au Pléistocène
supérieur alors qu'il disposait d'un outillage plus rudimentaire et qu'il en était encore au stade
de chasseur-récolteur.
Dans la succession des cultures préhistoriques, le passage du Paléolithique au Néolithique
présente un intérêt particulier qui tient, fondamentalement, à une question d'écologie. En
effet, grâce aux techniques de l'élevage et de l'agriculture, l'homme va voir ses rapports
avec l’environnement se bouleverser en profondeur. Un type nouveau d'économie, basé sur
la production de nourriture, va se mettre en place. Les conséquences vont être multiples
dans tous les domaines: géographique (colonisation de nouveaux territoires) technologique
(apparition de nouveaux produits comme la céramique), démographique (possibilité de
plus fortes concentrations humaines etc…
1. L’influence humaine au Néolithique
Au Néolithique, les rapports homme/environnement vont s'établir sur des bases nouvelles
et schématiquement, beaucoup plus interactives. Dans le mode de vie prédateur, celui du
paléolithique, c'est l'influence de l'environnement sur l'homme qui est prédominant. Au
Néolithique, l'impact de la présence humaine sur l'environnement franchit un seuil qualitatif
avec la sédentarisation, l’accroissement démographique et surtout la modification des
équilibres naturels dans le monde végéta1 et animal.
Etant donné l'importance des plantes d'origine étrangère dans l'économie agricole africaine
on a longtemps cru que l'Afrique n'avait pu développer une agriculture propre. Diverses études
ont cependant montré que la zone des savanes soudaniennes traversant l'Afrique d'ouest en est
a connu d'importantes activités agro-pastorales dès l'Holocène moyen. Dans le foyer agricole
ouest-africain s'est développée la culture des mils, de divers sorghos, du riz africain et, en lisière
de la forêt du palmier à huile et des ignames. Même au Sahara, a été pratiquée une agriculture
rudimentaire lors de la période humide holocène (PHH) lorsque les savanes soudaniennes se
sont étendues vers le nord en région sahélienne. Ces activités agro-pastorales ont donc pu avoir,
déjà à cette époque, un impact environnemental non négligeable.
A partir de 4000 ans BP, et suite à l'assèchement du Sahara, une pression démographique s'est
exercée en Afrique subsaharienne ; en atteste notamment le recul de la lisière forestière
guinéenne sous l'effet de défrichements nécessaires à l'exploitation du palmier à huile et des
ignames. En Afrique centrale, l'impact de l'homme sur la végétation a également été déduite de
la présence du palmier à huile dans différentes séquences : à Kitina aux environs de 5 400 ans
B.P., à Barombi-Mbo entre 2 800 et 2 400 ans B.P., dans le Mayombe vers 2 880 B.P., à Ossa
autour de 2 500 ans B.P. et à Coraf vers 2 100 ans B.P.
Document1 : Variation du niveau du lac Tchad au cours du dernier millénaire

Comme suite à la pression démographique s'accentuant au cours du temps, certaines


populations ont été poussées à émigrer à la recherche de nouvelles terres exploitables. Deux
flux migratoires se sont alors dégagés : un premier d'ouest en est selon lequel des populations
bantouphones sont allées occuper la région interlacustre en Afrique orientale ; un second, plus
tardif intra-forestier à l'ouest. Ce dernier ne se serait produit que lorsque l'augmentation de
l'aridité aurait permis la fragmentation de la forêt, rendant le milieu plus accueillant à des
populations habituées à une vie en savane. Le développement de la technologie du fer, plus
récent à l'ouest qu'à l'est justifierait aussi cette différence chronologique entre les deux flux
migratoires.
2. L’âge du fer
En Afrique occidentale, le peuple de Nok au Nigeria aurait travaillé le fer au 5ème siècle av.
J.-C. ESSOMBA, J.M. (1989) fait état de la mise à jour de sites d'Age du fer ancien datés du 5
siècle avant J.-C. dans la région de Yaoundé au Cameroun. Au Gabon, les datations les plus
anciennes remontent au 3è siècle av. J.-C. (PEYROT, B. & OSLINSLY, R., 1987; DIGOMBE,
L. et al., 1988). Plus au sud, un site daté de 2 100 ans B.P. a été découvert au Mayombe
(SCHWARTZ, D. et al., 1990). Par contre, au Bas-Congo, les débuts de l'Age du Fer ne
semblent pas remonter au-delà du 1er siècle de notre ère (de MARET, P. 1985). Plus au nord,
cependant, le long du fleuve Congo et de ses tributaires, en R. D. Congo, EGGERT, M. (1993)
a découvert des sites d'Age du fer remontant à 2 300 ans B.P. La rapidité avec laquelle la
diffusion de la métallurgie s'est propagée à l'ouest entre 3 000 et 2 000 ans B.P. plaide en faveur
de milieux ouverts d'origine paléo-climatiques et entretenus par une action anthropique qui ont
permis un déplacement de populations entre les savanes soudaniennes du nord et les
zambéziennes au sud. Ce phénomène est similaire de celui du Couloir de Dahomey (Dahomey
Gap) où une action conjuguée climat-anthropisme a maintenu une zone de savanes entre deux
zones forestières. Au cours des siècles, l'action anthropique n'a fait qu'accentuer, par des
activités agro-pastorales, la savanisation d'espaces occupés antérieurement par la forêt.
3. Le Moyen Age
La période historique profite, de plus, du fait que l’archéologie et l’histoire peuvent s’éclairer
mutuellement. En effet, à partir du Moyen Âge, il existe des récits de voyageurs et de
géographes arabes et européens, puis plus tard des chroniques locales, qui apportent des
informations historiques importantes, permettant de préciser certaines données archéologiques
dont le calage chronologique n’avait été obtenu que par des datations absolues. C’est ainsi
que les textes signalant des sécheresses, des crues exceptionnelles, des famines, l’abandon
d’habitats, ou donnant des indications sur la baisse du niveau des puits peuvent être parfois
précisés par des données archéologiques ou géologiques. La combinaison de ces diverses
données conduit, en particulier, à une meilleure reconstitution de l’évolution climatique qui, on
le verra, a fortement influencé et parfois déterminé pour ces périodes l’action politique et
économique de l’homme.
Dans la bande sahélienne, une phase de réactivation éolienne a été mise en évidence et datée
entre environ 300 et 600 après J.-C. Ensuite, comme cela a été observé ailleurs en Afrique de
l’Ouest, les précipitations ont augmenté. L’amélioration climatique est illustrée par la migration
au Sahel de divers taxons soudaniens.
A partir du VIè et au VIIIe siècle, et pour plusieurs siècles, une dernière récurrence humide a
permis aux peuples sahéliens de remonter vers le nord, jusqu’à 20° et même 21° de latitude
nord. Dans le delta intérieur du Niger, l’agriculture de la plaine alluviale dans la région de
Djenné est à son maximum vers 1000, mais les habitats commencent à se rétracter après cette
date. C’est dans ces conditions climat favorable du VIè au VIIIè siècle qu’émerge l’empire du
Ghana. Le royaume de Ghana-Wagadou apparaît au VII è ou au début du VIII siècle, sinon plus
tôt. Son apogée va du IXe au XIè siècle. Awdaghost, grand centre commercial entre Sahara et
Sahel, s’est développé aussi à partir du VIIè siècle.
Plusieurs brèves oscillations arides sont intervenues au cours du XIè siècle. La plus importante
en termes d’impact historique est peut-être intervenue dans la seconde moitié du siècle, sans
doute autour des années 1070, à la fois à l’ouest et vers le centre de la zone sahélienne. Sur le
territoire de l’actuelle Mauritanie, les Almoravides, mouvement politico-religieux sunnite né
dans le milieu sanhadja (en particulier chez les Lamtouna), deviennent une force essentielle
dans la région au milieu du siècle. En 1054-1055, ils s’emparent à la fois de Sijilmassa, au nord,
et d’Awdaghost, au sud, ce qui leur offre le contrôle de l’un des principaux axes d’échanges à
travers le Sahara. Peu après, dans les années 1070, ils semblent avoir eu une influence notable
sur le royaume de Ghana – même si ce point, assez obscur, fait l’objet de débats. Cette
expansion affaiblit considérablement leurs rivaux berbères kharidjites et surtout contribue à
répandre et à enraciner l’islam sunnite au Sahel, où il était encore peu présent en dehors de
petits cercles dirigeants et marchands. Au-delà des aspects géopolitiques, l’expansion et
l’influence des Almoravides sont peut-être liées à un bref épisode aride. Il n’est pas
inintéressant de mettre en parallèle ces mutations avec le changement dynastique survenu vers
1075 dans le royaume du Kanem, lorsque les Zaghawa sont obligés de céder lepouvoir à une
nouvelle dynastie, les Sefuwa. La proximité de ces événements, survenus en des points très
éloignés du Sud du Sahara, pourrait être en partie liée à un épisode aride, mis à profit par les
ennemis des pouvoirs en place.
Du 13è au 14è siècle
Des périodes sèches de longueur variable, comme au XIIIe siècle, sont la cause de fortes
perturbations des populations régionales. Mais c’est surtout la phase de forte aridité du milieu
du XVlè e, synchrone avec celle du Tchad, qui a entraîné l’abandon des habitats dans Mema et
de la majorité des sites au sud du delta intérieur, dont Jenné-Jeno, de même que des sites du
Gourma. Cette phase aride a joué un rôle dans la disparition finale du royaume de Ghana et du
glissement des Soninkés vers le sud (cf. la légende du Wagadou). De nombreux puits du
Yatenga (Nord-Burkina) se sont aussi asséchés vers le milieu du XVè siècle.
En se fondant sur des informations rapportées par plusieurs navigateurs portugais, on a pu
conclure que le climat avait été plus humide au XVI.
Au Sahel, le 17è et 18è siècle les conditions deviennent plus sèches.
À partir de l’extrême fin du XVIe, et surtout au XVIIe, s’est produit un nouveau déphasage
climatique, qui a déjà été décrit plus haut, entre la zone sahélienne qui est devenue plus aride et
la zone soudano-guinéenne plus humide, expliquant ainsi les fortes crues qui ont alors affecté
les grands fleuves nord-tropicaux. Cette nouvelle phase climatique particulière a débuté en 1592
par une très forte crue du fleuve Niger qui a même pénétré pour la première fois dans
Tombouctou, coupant la ville en deux. D’autres fortes crues ont été ensuite signalées durant le
XVIIe siècle (Tarikh es Sudan d’Es-Sa’di et Tarikh el-Fettach d’Al-Kati). Mais en même temps,
de fortes sécheresses régionales sont intervenues au XVII-XVIIIe siècle, bien documentées par
les chroniques locales. L’aridité a augmenté très fortement à partir de 1640. La bande climatique
saharienne semble alors avoir glissé d’au moins 200 km vers le sud. Les principales années très
sèches ont été 1640-1647, 1670 et 1680, 1738-1750, 1770 et 1790, 1820-1840. Cette
chronologie correspond aussi à celle que Ch. Becker a établie pour la Sénégambie. Toutefois,
au cours du XVIIIè siècle, les grands fleuves de l’Afrique nord-tropicale, Sénégal, Niger, Chari
et Logone, et Nil, le plus à l’est, ont présenté de fortes crues originaires de leur zone source
située dans le domaine soudano-guinéen. Des données historiques rapportent, par exemple,
l’inondation fréquente de certains quartiers de Tombouctou, ce qui n’était jamais arrivé
auparavant depuis sa fondation au XIIè siècle.
Le XVIIIè siècle fournit un bon exemple de pulsation migration brutale d’une population. En
effet, la migration violente des Baaré et des Tchamba intervenue au Centre du Cameroun et
dans l’Est du Nigeria à partir du milieu du XVIIIè siècle et au début du XIXè siècle pourrait
avoir été déclenchée par les changements environnementaux exposés plus haut. Cette
migration, qui concerne diverses populations originaires des contreforts septentrionaux du
plateau de l’Adamaoua, a été décrite en détails par l’historien E. Mohammadou. Ce phénomène
a dû correspondre à une succession de deux phases relativement sèches sur le plateau de
l’Adamaoua et sa périphérie, entraînant une baisse drastique des ressources pour les Baaré, les
Tchamba et les populations voisines, ce qui les auraient donc forcés à quitter leurs régions
d’origine durant la seconde partie du XVIII pour entreprendre les nombreuses razzias qui les
ont conduits vers le sud jusqu’à la lisière de la grande forêt, et aussi loin vers l’ouest.
Activités
1. Donnez les caractères de l’agriculture du Sahara néolithique
2. En vous appuyant sur des exemples précis montrez qu’il y a une corrélation entre
dynamique climatique et migration des populations au Sahel dans les 2 derniers millénaires.
SEANCE 12
Objectif spécifique
Identifier les processus anthropiques qui ont influencé les écosystèmes actuels.
Liens
http://journals.openedition.org/afriques/1209 ; DOI : 10.4000/ afriques.1209.
http://tel.archives-ouvertes.fr
https://www.horizon.documentation.ird.fr
Contenu
4. L’influence des activités anthropiques : cas du Sahel
L’économie agricole et plus généralement l’emprise accrue des sociétés sur le milieu semblent
devenir prépondérantes dans le Sahel au cours du Ier millénaire de notre ère, car leur
intensification rapide a eu alors des revers majeurs : les défrichements, les brûlis saisonniers,
l’appauvrissement des sols, la diminution de la biodiversité, la lutte pour la terre et les conflits
éleveurs-agriculteurs. Les feux réguliers, en particulier, en dénudant les sols, ont favorisé
l’érosion et les ravinements :
Les activités humaines ont surtout pour conséquence d’exacerber l’impact d’événements
hydroclimatiques exceptionnels en favorisant des phénomènes de crues torrentielles en raison
de leurs transformations de l’état de surface du bassin versant. Les exemples de régions
abandonnées à la suite d’une période aride (et des troubles qui les accompagnent en général),
sont légion.
Le découplage climat-occupation humaine a joué un rôle dans certains cas : l’exemple des rives
des fleuves sahéliens et de leurs affluents se peuplant et prospérant économiquement, pendant
que les régions septentrionales et les plateaux et plaines aux réseaux médiocres se vidaient lors
du grand basculement climatique. Les berges des cours d’eau, des lacs et des dépressions
humides ont servi de refuges (Figure 1). Elles sont devenues la nouvelle frontière humaine, la
carte des densités de population lui étant assez strictement inféodée. À l’inverse, de fortes
précipitations en zone tropicale humide peuvent provoquer de hauts niveaux des fleuves– par
exemple le Logone et le Chari – et attirer des populations repoussées d’une région
septentrionale qui s’est aridifiée.

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Figure 1 : Le Sahel actuel dans son cadre physique en Afrique de l’Ouest
Dans l’environnement sud-saharien et sahélien, le rapport de l’homme au milieu est instable. Il
ne peut plus occuper l’espace de manière permanente. D’une part, il est obligé de suivre l’eau,
selon les saisons, les années ou les cycles d’années ; d’autre part, il s’adapte à sa raréfaction et
au caractère de plus en plus aléatoire des pluies et à l’accumulation de l’eau dans certaines
zones – dépressions, vallées, « deltas intérieurs », sources, cours d’eau permanents. Il le fait de
plusieurs manières, avec une redoutable capacité d’innovation : en important l’élevage ; en
inventant l’agriculture ; en déplaçant sans cesse le curseur entre nomadisme et sédentarité ; en
creusant des puits, de l’oglat, simple trou dans le lit mineur d’un oued, au puits profond de
plusieurs mètres ; en délaissant l’élevage bovin au profit de celui des moutons, puis des chèvres
– pour finalement recourir au dromadaire il y a moins de deux mille ans ; en s’adaptant à
l’évolution de la faune et de la végétation – de la savane sahélienne à la forêt-galerie et à la
steppe. En fait, l’image du curseur utilisée ci-dessus est probablement la mieux adaptée pour
décrire la situation de l’homme dans la région pendant les derniers millénaires : il déplace ce
curseur dès que nécessaire, soit parce qu’il y est contraint par la détérioration du milieu
(détérioration à laquelle il participe, par une pression excessive sur le milieu – surpâturage,
agriculture intensive…), soit parce qu’il a amélioré son mode de fonctionnement économique,
apprenant par exemple à gérer l’élevage bovin dans un contexte de forte aridité, au moins
saisonnière, comme savent le faire encore aujourd’hui certains groupes sahariens…
5. La déforestation des 100 dernières années en Afrique tropicale
Depuis le Néolithique les sociétés africaines au Sud du Sahara ont converti des millions
d’hectares de forêts à des usages agricoles. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, c’est dans le domaine
climatique tempéré que l’on déboisait le plus. Depuis le début du XXe siècle, c’est dans le
domaine tropical que la déforestation est la plus forte. L’industrialisation de l’Europe et la
colonisation ont entraîné des changements radicaux dans l’utilisation des forêts en Afrique, la
priorité allant à la production de matières premières (bois, cultures industrielles, extraction de
ressources minières) pour les pays développés. L’Afrique subsaharienne a vu son taux de
déforestation augmenter progressivement, parallèlement à sa croissance démographique, les
pertes de superficies forestières étant particulièrement marquées là où le bois est utilisé comme
combustible et où les terres forestières doivent être mises en culture. L’agriculture reste le
principal moteur de la déforestation en Afrique. L’expansion des zones urbaines, le
développement des infrastructures et les activités extractives sont d’autres éléments moteurs.
Le Nigéria, par exemple, a perdu plus de 90 % de sa forêt primaire en raison de pratiques mises
en place pendant l’ère coloniale, telles que l’exploitation mécanisée des réserves forestières, la
création de plantations agricoles d’État (pour le cacao et l’huile de palme, par exemple) et les
activités extractives.
En Côte d'Ivoire, au début du siècle, la forêt dense humide recouvrait une surface estimée à près
de 15 millions d'hectares. Au milieu des années 1950, cette couverture forestière est réduite à 9
millions d'hectares. Elles sont passées à moins de 3 millions d'hectares dans les années 1990 et

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continuent de connaître un recul face aux fronts pionniers agricoles (café et ca1ao
principalement). En termes de taux, la couverture forestière représentait 24,36 % du territoire
en 1986. Ce taux est passé à 15,81 % en 2000 et à 10,56 % en 2015.
L'Afrique soudano-sahélienne occidentale (Mauritanie, Sénégal, Guinée Bissau, Mali, Burkina
Faso, Niger et Tchad), pourtant caractérisée par des ressources forestières limitées, ont un recul
annuel de forêt de 2%. Au Sénégal, les 27 forêts classées tout au long du fleuve Sénégal ont vu
leurs superficies diminué de 77 % en 50 ans.
-Dans le bassin du Congo
Le bassin du Congo s’étend sur six pays : le Cameroun, la République Centrafricaine, la
République démocratique du Congo, et la République du Congo, la Guinée équatoriale, le
Gabon. Il comprend environ 70 pourcent de la couverture forestière de l’Afrique : sur les 530
millions d’hectares du bassin du Congo, 300 millions sont couverts par la forêt. Plus de 99
pourcent de la sur- face forestière sont constitués de forêts primaires ou naturellement
régénérées, par opposition aux plantations, et 46 pourcent sont des forêts denses de basse
altitude. La déforestation et la dégradation des forêts dans le bassin du Congo ont toutes deux
nettement accéléré au cours des dernières décennies.
Conclusion
Depuis l’Holocène-Moyen, des cycles successifs de changement du climat ont continué à avoir
des effets sur la végétation de l’Afrique tropicale, alors que les effets de l’activité humaine ont
commencé à se faire de plus en plus sentir. Le Néolithique marque un tournant décisif dans les
nouveaux rapports de l’homme à la nature. Les populations humaines se sédentarisent, créent
des organisations politiques depuis l’Age des métaux. Sur les bordures méridionales du Sahara,
les phénomènes d’aridification sont inséparables des migrations de population vers zones plus
humides du Sud. La révolution industrielle et la conquête coloniale qu’elle a engendré marque
de nouveau un tournant décisif dans l’histoire des forêts en Afrique. La déforestation amorcée
depuis le début du xxè siècle s’intensifie et demeure un défi environnemental majeur.
Activités
1. Quels sont les facteurs externes et internes de la déforestation et de la dégradation des
forêts en Afrique tropicale ?
2. Faire une recherche sur la dynamique des forêts denses humides guinéo-congolais depuis la
deuxième moitié du 20è siècle.

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