Gestion de L Irrigation 07 Applications Spéciales

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APPLICATIONS SPÉCIALES

Fournir de l’eau aux cultures n’est pas la seule utilité du système d’irrigation. On peut en effet
l’utiliser également pour appliquer des produits de phytoprotection sur les cultures à valeur élevée.
Le gel, l’abrasion par le sable et la chaleur excessive peuvent être contrôlés dans certains cas. On
peut également augmenter la productivité et la qualité de certaines cultures en leur fournissant un
apport en éléments nutritifs par l’eau d’irrigation – c’est ce qu’on appelle la fertirrigation. On
effectue la fertirrigation à l’aide de systèmes d’irrigation goutte-à-goutte (également appelée micro-
irrigation ou irrigation localisée) déjà en place.
La présente section traite des pratiques de gestion optimales pour les applications spéciales de
l’irrigation, lesquelles incluent la fertirrigation, la chimigation, le refroidissement par évaporation, la
lutte contre l’érosion éolienne et la protection contre le gel. Chacune d’entre elles doit faire l’objet
d’une gestion attentive pour être efficace et assurer un usage rationnel de l’eau ainsi que la
protection de l’environnement.

FERTIRRIGATION DES LÉGUMES DE PLEIN CHAMP


ET DES ARBRES FRUITIERS

L’irrigation goutte-à-goutte et la fertirrigation sont des pratiques relativement nouvelles pour les
producteurs de fruits et de légumes de l’Ontario. Elles offrent un moyen très efficace de combiner
l’irrigation à la fertilisation et peuvent être utilisées pour accroître le rendement et la qualité de
certains fruits et certains légumes.

L’irrigation goutte-à-goutte et la fertirrigation


peuvent être utilisées pour accroître le rendement
et la qualité de nombreuses cultures horticoles.
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APPLICATIONS SPÉCIALES

CONCEPTION DU SYSTÈME DE FERTIRRIGATION


Un dispositif anti-refoulement,
Il existe une grande diversité de systèmes qui permettent l’injection de solutions fertilisantes dans
comme un clapet anti-retour,
l’eau d’irrigation. Le système le plus précis consiste à utiliser un injecteur d’engrais (p. ex.
Anderson, Dosatron, Amiad, etc.) qui mesure la solution fertilisante injectée dans l’eau d’irrigation empêche l’eau contaminée
à un taux prédéterminé. de retourner dans la source
d’eau.
Une autre méthode consiste à installer un té de raccordement sur le côté aspirant de la pompe
d'irrigation et à le relier à un tuyau menant au réservoir d’engrais. L’écoulement de la solution
fertilisante dans le système est réglé au moyen d’un robinet ou d’un robinet-vanne. Ce système n’est
pas aussi précis qu’un injecteur d’engrais, mais il est moins coûteux et son degré de précision
devrait être suffisant pour la plupart des cultures de plein champ.

Collecteur Régulateur
principal lié de pression Pompe
au champ
Régulateur Té De la source
Collecteur de pression
principal lié Dérivation d’eau
au champ
De la source
d’eau Soupape de régulation
Injecteur du réservoir
d’engrais Filtre

Filtre Pompe
Réservoir de
solution-mère

Réservoir de
solution-mère
L’installation d’un té de raccordement sur le côté
aspirant de la pompe d’irrigation est moins coûteuse. Il
fonctionne de façon similaire à un injecteur d’engrais.
L’injecteur d’engrais est le système de fertirrigation le plus
précis. Le filtre principal est placé en amont de l‘injecteur
d'engrais. Un système avec cette configuration requiert des
filtres suplémentaires à l‘entrée de chaque zone ou groupe
de zones.

La quantité requise d’engrais


SOLUTIONS-MÈRES
doit être complètement
dissoute dans le volume
Les solutions-mères sont des solutions concentrées d’engrais qui sont injectées dans le réseau
d’eau du réservoir de
d’irrigation goutte-à-goutte. La préparation de la solution-mère se fait comme suit :
solution-mère à injecter.
 Étalonner le système pour déterminer la quantité de solution-mère injectée durant la période
d’injection souhaitée – dans la plupart des cas, une période d’environ une heure suffit.
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Un ratio de solubilité 1:1  Déterminer la quantité d’engrais à ajouter à la solution-mère pour fournir la concentration
signifie qu’un kilo d’engrais voulue en éléments nutritifs sur la parcelle qui sera irriguée – consulter le tableau à la page 101
se dissoudra dans 1 L d’eau pour connaître les taux de fertirrigation proposés pour les légumes.
(1 L d’eau pèse 1 kg). (La quantité requise d’engrais doit être soluble dans le volume de solution-mère. Les ratios de
solubilité (poids de l’engrais pouvant être dissous dans un poids donné d’eau) figurent dans le
FAIRE LE TEST DU BOCAL tableau ci-dessous. Si l’engrais requis ne peut être dissous dans le volume d’eau prévu,
Avant de mélanger différents augmenter la quantité d’eau et injecter la solution sur une plus longue période.)
engrais dans le réservoir, il  Lorsqu’on emploie des engrais secs, il faut s’assurer qu’ils sont solubles à 100 %.
vaut mieux tester le mélange  Des solutions distinctes peuvent être mélangées ensemble ou préparées pour chaque engrais
dans un bocal pour vérifier
individuel et injectées au moyen d’un injecteur à têtes multiples. On peut utiliser des engrais
que les produits sont bel et solubles comme le 20-5-20 ou de composition semblable, mais ils coûtent beaucoup plus
bien compatibles. (Une cher. NE PAS mélanger des solutions d’engrais contenant du calcium à des solutions contenant
incompatibilité des engrais des phosphates ou des sulfates, car ils pourraient former un précipté susceptible d’obstruer
entraîne la formation d’un les goutteurs.
précipité qui pourrait
obstruer les goutteurs.) Pour
faire le test, mettre un peu
d’engrais dissous dans le
bocal contenant l’eau
d’irrigation. S’il y a risque
d’incompatibilité un précipité
se formera ou la solution
deviendra opaque en l’espce
d’une ou deux heures. Si la
solution perd sa limpidité,
l’obstruction des goutteurs
peut se produire. Il faut porter
des vêtements et lunettes de
protection pendant le test.

ENGRAIS RECOMMANDÉS POUR LA PRÉPARATION DE


SOLUTIONS-MÈRES À INJECTER PAR LE RÉSEAU D’IRRIGATION GOUTTE-À-GOUTTE

ENGRAIS TENEUR EN AZOTE TENEUR EN RATIO DE SOLUBILITÉ SOLUTÉ:EAU


ÉLÉMENTAIRE (%) POTASSE (K2O, EN %)

NITRATE D’AMMONIUM 34 0 1:1

NITRATE DE CALCIUM 15 0 1:1

NITRATE DE POTASSIUM 13 44 1:4

SULFATE DE POTASSIUM 0 50 1:15


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BESOINS EN ENGRAIS DES LÉGUMES

En général, une partie des éléments nutritifs dont la culture a besoin est incorporée dans le sol
avant la plantation et le reste est injecté au moyen du réseau goutte-à-goutte. Le calendrier
d’injection est établi en fonction des besoins de la culture. On commence par un faible taux
d’application, lorsque la plante est petite, puis on augmente le taux d’application durant les
périodes de croissance rapide et de développement des fruits.
Une analyse de sol doit être faite pour déterminer les besoins en phosphate et en potasse. La totalité
du phosphate doit être appliquée avant la plantation.
Environ 30 à 50 % de la quantité requise d’azote et de potasse est appliquée à la volée avant la
plantation; le reste est injecté par le réseau d’irrigation goutte-à-goutte, conformément aux taux
indiqués dans le tableau ci-dessous.

TAUX DE FERTIRRIGATION RECOMMANDÉS POUR LES LÉGUMES


CULTIVÉS SUR DES SOLS SABLEUX ET DES LOAMS SABLEUX

TAUX DE N ÉLÉMENTAIRE
ET DE K2O (kg/ha/semaine)

STADE DE CROISSANCE TOMATES POIVRONS CONCOMBRES ET AUTRES CUCURBITACÉES

DE LA CROISSANCE VÉGÉTATIVE 2,5* 3–5 3–5


À LA FLORAISON

DE LA NOUAISON AU 5,0 7 – 10 7 – 10
GROSSISSEMENT DES FRUITS

RÉCOLTE 2,5 3–5 3–5

*2,5 kg/ha/semaine de N et de K2O.


Pour convertir en livres/acre, multiplier les kg/ha par 0,9.

BESOINS EN ENGRAIS DES ARBRES FRUITIERS

La publication 360F du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Ontario, intitulée


Recommandations pour les cultures fruitières, fournit des recommandations générales sur la
fertilisation des arbres fruitiers.
Dans le cas de la fertirrigation, plutôt que de fournir la quantité d’azote requise en une seule
application, en périphérie du feuillage au pied de chaque arbre ou dans la bande d’herbicides, le
tiers de la quantité dont l’arbre a besoin est injecté en dose unique au début d’avril, avant la sortie
des feuilles. Cette opération vise à stimuler une croissance végétative tôt au printemps. Il faut savoir
que les racines de l’arbre se développent avant tout indice de débourrement.
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Comparativement au mode d’application à sec, la fertirrigation permet de réduire d’environ 50 %


la quantité totale d’azote et de potassium. Cette méthode de fertilisation des vergers doit cependant
faire l’objet d’une surveillance étroite, au moyen d’analyses foliaires.
Le reste de l’azote (2/3) est appliqué en quantités égales à chaque irrigation, en mai et à la mi-juin.
L’application d’azote à la mi-juin a pour but de ralentir la croissance végétative et de promouvoir
l’endurcissement de la plante en prévision de l’hiver.
Lorsque l’application de potassium (K) se fait par fertirrigation, le potassium est injecté en quantités
égales à chaque irrigation, en juillet et en août, plutôt qu’en une application unique en bande au
printemps. Le fait de retarder l’application du potassium par rapport à celle de l’azote a pour but
d’améliorer la coloration des fruits, la résistance à l’hiver, la croissance des arbres et la résistance
aux maladies durant la seconde moitié de la saison de croissance.
En Ontario, les vergers n’ont habituellement pas un besoin prouvé de fertilisation au phosphore
(P), de sorte qu’il n’est pas nécessaire d’injecter du P dans l’eau d’irrigation. Dans le cas du
magnésium (Mg) et du calcium (Ca), il est préférable de faire des pulvérisations foliaires selon le
besoin, plutôt que par le système d’irrigation. Les oligo-éléments (p. ex. bore, manganèse, fer, zinc)
pour la culture des arbres fruitiers ne sont appliqués que lorsque l’analyse foliaire ou que des
symptômes apparents révèlent une carence. L’application d’oligo-éléments doit se faire par
pulvérisations foliaires, et non par fertirrigation.

MISE EN GARDE
Lorsque le nitrate d’ammonium est utilisé comme source d’azote, il se produit une acidification
rapide du sol sous les tuyaux goutteurs; cette acidification ne se produit pas avec l’azote des nitrates.
Il vaut donc mieux choisir l’azote des nitrates pour la fertirrigation des arbres fruitiers. Si le pH
On voit ici un système de diminue en deça de 4,0, le manganèse et l’aluminium sont absorbés au point de devenir
fertirrigation comprenant une
pompe, des filtres et un réservoir phytotoxiques, ce qui entraîne un arrêt de la croissance, ainsi qu’une réduction du rendement et de
d’alimentation. De tels systèmes la qualité fruitière.
sont compatibles avec le goutte-
à-goutte. Leur combinaison
permet d'atteindre une meilleure ÉTABLISSEMENT DU CALENDRIER DE FERTIRRIGATION
efficacité dans l'application des
engrais. Toutefois, jusqu'à
DES LÉGUMES ET DES ARBRES FRUITIERS
maintenant, il y a tout lieu de
croire que la fertirrigation n'offre La section qui précède a fourni des explications sur la façon d’établir le calendrier de fertirrigation
aucun avantage nutritionnel pour l’application de l’azote et du potassium en fonction du stade de croissance de l’arbre et de la
appréciable dans le cas des
pommes et des pêches, comparé culture. Chaque fertirrigation doit s’inscrire dans le calendrier d’irrigation régulier et s’effectuer de
aux engrais secs granulaires préférence à la fin de chaque cycle d’irrigation, pour éviter le lessivage des éléments nutritifs sous la
épandus au printemps, au moment zone racinaire principale. Les conduites doivent par ailleurs être rincées immédiatement après
de l'éclatement des bourgeons. chaque fertirrigation, pour éviter l’obstruction des goutteurs.
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N’oubliez pas :
 Il faut bien planifier le calendrier d’irrigation pour éviter le lessivage des éléments nutritifs.
 On peut utiliser des tensiomètres pour déterminer à quel moment doit se faire l’irrigation goutte-
à-goutte (pour plus d’information sur les tensiomètres, voir la page 30).
 La fréquence de la fertirrigation peut varier – on peut injecter un faible taux d’engrais tous les

2 ou 3 jours, ou des taux plus élevés, tous les 7 à 14 jours.


 Dans les sols sableux qui retiennent peu l’eau et les éléments nutritifs, il est préférable d’effectuer

des injections fréquentes (tous les 2 à 3 jours).


 Avant de commencer la fertirrigation, faire une vérification complète du système d’irrigation

goutte-à-goutte, pour s’assurer qu’il n’y a pas de fuites et que tous les goutteurs fonctionnent.
 Le réseau doit être d’une capacité suffisante pour fournir la quantité requise d’engrais en une

période relativement courte :


 Ceci est important durant les périodes pluvieuses où l’irrigation est inutile mais où il faut

fertiliser.
 Après l’injection d’engrais, le réseau d’irrigation doit fonctionner un certain temps pour

éliminer toute la solution fertilisante et prévenir l’obstruction des goutteurs.

CHIMIGATION

La chimigation, c’est-à-dire l’application de produits agrochimiques par le réseau


d’irrigation, peut être utile pour les canneberges et les légumes de serre. Seuls les produits
homologués (comme le montre l’étiquette) peuvent être utilisés pour la chimigation.
L’application d’herbicides et de pesticides en infimes concentrations peut se traduire par
des économies de temps et argent. Cette pratique exige des compétences spéciales
et beaucoup de précautions; elle doit respecter les lois en vigueur et n’utiliser
que des produits homologués pour l’usage prévu. La principale préoccupation
environnementale vient des risques de contamination des sources ou des eaux
souterraines, en cas de déversement ou de mauvais fonctionnement du matériel.

MATÉRIEL

 Il faut installer un clapet de retenue à ressort du côté de refoulement de la pompe, pour éviter le
reflux de l’eau en cas d’arrêt de la pompe.
 On doit installer un clapet de pied pour éviter le refoulement de l’eau introduite dans la conduite La chimigation peut s‘avérer utile
d’amenée vers la mare-réservoir. où se trouve un système
 La source d’eau doit être un réservoir sans sortie d’eau, et non pas un réservoir alimenté par une d‘irrigation avec asperseur fixe
rivière, un ruisseau, une source ou le réseau municipal. à faible volume.
 Le système doit être muni d’un dispositif anti-retour.
 Pour la chimigation, seuls peuvent être utilisés des asperseurs fixes à faible volume, munis de
buses de 1/8,1/10 ou 1/12 po et assurant une distribution uniforme de l’eau en un jet constant.
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ÉTALONNAGE

Avant d’utiliser le système pour appliquer des produits chimiques, il faut en faire l’étalonnage. La
marche à suivre apparaît ci-dessous.
L’objectif de la méthode est de calculer la durée totale (E).
1. Actionner la pompe et remplir le système; s’assurer que tous les asperseurs fonctionnent
normalement; réparer toutes les fuites.
2. Remplir le réservoir de produits chimiques avec un volume prédéterminé d’eau, p. ex.
40 gallons impériaux (200 L).
3. Ajouter un traceur dans le réservoir.
4. Noter l’heure (a) et ouvrir le clapet de la conduite d’aspiration reliée au réservoir de produits
chimiques.
5. Surveiller la première buse, pour déterminer à quel moment apparaît le traceur et noter
l’heure (b).
6. Continuer de faire fonctionner le système et noter l’heure à laquelle le traceur apparaît dans la
dernière buse (c).
7. Continuer d’aspirer le produit chimique, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus.
8. Observer le premier asperseur pour voir à quel moment l’eau qui en sort devient claire (sans
traceur); noter l’heure (d).
9. Noter l’heure à laquelle l’eau qui sort de la dernière buse est claire (e).
10. Noter le temps nécessaire pour une rotation complète de l’asperseur (f).
11. Prendre en note la pression à la pompe (p).
La durée totale (pulvérisations hâtives d’insecticides et de fongicides) : E = e – a
La durée totale (pulvérisations d’herbicides à n’importe quel moment, et pulvérisations
d’insecticides et de fongicides de la floraison jusqu’à la récolte) : E = f – a

PULVÉRISATION DE PRODUITS CHIMIQUES

Ne pas oublier d’étalonner le système avant de pulvériser des produits chimiques (ci-dessus).
1. Utiliser la même pression (p) employée pendant l’étalonnage pour toutes les applications.
2. Utiliser le volume prédéterminé d’eau dans le réservoir de produits chimiques, p. ex. 40 gallons
impériaux (200 L).
3. Connaître la superficie à traiter (A = nbre d’acres).
4. Vérifier la dose du pesticide (r) indiquée sur l’étiquette (poids par acre).
5. Multiplier (r) par (A) pour déterminer la quantité requise pour l’ensemble de la surface à traiter :
la quantité varie d’un pesticide à un autre, p. ex. 12 acres, à raison de 3 livres/acre =
3 lb/ac x 12 ac = 36 livres (6 ha à raison de 2 kg/ha = 6 ha x 2 kg/ha = 12 kg).
6. Toujours dissoudre complètement le pesticide dans le réservoir et maintenir une agitation
constante pour éviter que le pesticide se dépose.
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APPLICATIONS SPÉCIALES

7. Porter toujours l’équipement de protection requis (p. ex. gants, combinaison, masque, etc.)
durant la manipulation des produits.
8. Mettre le système en marche et s’assurer que toutes les buses fonctionnent bien.
9. Ouvrir le clapet de la conduite d’aspiration pour amorcer l’entrée des produits chimiques –
noter l’heure avec précision.
10. Poursuivre la chimigation pendant la durée totale E.
 Pour l’application d’insecticides et de fongicides en début de saison, cesser la chimigation

lorsque E = e – a.
 Pour l’application d’herbicides à n’importe quel moment, ainsi que d’insecticides et de

fongicides de la floraison à la récolte, cesser la chimigation lorsque E = f – a (il faut une


rotation supplémentaire des asperseurs, pour assurer une meilleure application des
pesticides sur le feuillage).
11. S’il y a rupture d’une conduite ou qu’un autre problème survient durant la chimigation, fermer
le clapet de la conduite d’aspiration qui vient du réservoir de produit chimique puis arrêter la
pompe – utiliser l’équipement de sécurité nécessaire si des réparations doivent être effectuées
dans une aire traitée ou sur des conduites contenant le pesticide.

SÉCURITÉ

 Choisir un moment idéal (où il y a peu de vent) pour la chimigation – tôt le matin convient
habituellement. Les pratiques de gestion
 N’autoriser la présence d’aucune personne à proximité ou à l’intérieur du champ durant la optimales comme
chimigation. l’aménagement de bandes
 Respecter le délai prévu avant de retourner au champ, ainsi que l’intervalle prescrit (nombre de gazonnées en brise-vent,
jours) avant la récolte, qui sont indiqués sur l’étiquette du produit chimique. la plantation d’un couvert
végétal et la gestion des
S’il faut irriguer, pratiquer la chimigation à la fin du cycle. résidus permettent de lutter
contre l'érosion éolienne.

LUTTE CONTRE L’ÉROSION ÉOLIENNE

Un grand nombre de terres horticoles hautement productives sont sujettes à l’érosion éolienne. Le
sol sec et meuble est facilement déplacé par le vent.
L’irrigation peut offrir une solution d’urgence à court terme contre l’érosion éolienne ou constituer
l’étape finale d’une démarche intégrale visant à lutter contre l’érosion. L’eau appliquée avant que le
vent n’exerce son effet aide à retenir le sol. Le succès de cette pratique dépend :
 du type de sol,

 de la quantité d’eau appliquée (avant et pendant la tempête de vent),

 du pouvoir asséchant du vent (humidité relative),

 de la durée de la tempête de vent.

Pour de meilleurs résultats, il est recommandé d’associer cette pratique à d’autres mesures, par L’irrigation pour réduire l’érosion
exemple la gestion des résidus ou l’aménagement de bandes gazonnées ou de brise-vent. par le vent est considérée
seulement comme une solution
d’urgence. Pour être utile, elle doit
débuter avant que le vent se lève.
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PROTECTION DES PETITS FRUITS CONTRE LE GEL


EXIGENCES

 Système d’irrigation par aspersion fixe assurant une couverture intégrale et uniforme.
 Buses assurant une application suffisante d’eau pour protéger contre le gel, sans toutefois inonder
le champ. On utilise généralement des buses de 1/8 po (3 mm) à 5/32 po (4 mm) sous un vent
de 0-1,25 km/h. Un taux d’application de 0,15 po (4 mm) d’eau par heure suffit à protéger
jusqu’à une température de –6,7 °C (20 °F). Les taux d’application recommandés varient de
0,10 po à 0,15 po (2,5–4 mm) par heure.
 Disposer d’une source d’alimentation en eau suffisante.

 Placer des thermomètres bien étalonnés aux endroits les plus froids du champ. Le système idéal

Si on ne remédie pas au gel, il peut serait celui fait de câbles souterrains reliés à des thermistances dans le champ, lesquelles seraient
détruire les premières fleurs des reliées à leur tour à un dispositif de surveillance du gel muni d’un système d’alarme placé à
fraisiers qui produisent les plus gros
fruits au champ.
l’intérieur de la maison.

RÉGLAGE

Les fleurs de fraisier ouvertes gèlent à une température d’environ –0,5 °C (31 °F) maintenue
pendant plusieurs heures. Les fleurs non ouvertes gèlent quant à elles à une température de
Le point de rosée influe sur la
–2,2 °C (28 °F) maintenue pendant plusieurs heures. Les fleurs non protégées peuvent résister à
rapidité avec laquelle chute
des températures plus froides, mais seulement pendant une brève période. Les bourgeons bien
la température. Des dégâts serrés peuvent tolérer –5,5 °C (22 °F).
causés par le gel peuvent se
produire avant même que le Le système d’alarme devrait être réglé à environ 1,1 °C (34 °F) afin qu’on ait le temps d’actionner
givre ne se forme à la surface la pompe et de mettre le système en marche. Lorsque la température est sous le point de
de la culture lorsque le point congélation, il est important de s’assurer que les têtes des asperseurs ne gèlent pas et qu’elles
de rosée est sous le point de continuent de tourner.
congélation. La formation de Lorsque le système d’irrigation est mis en marche pour protéger une culture contre le gel, il faut le
glace laiteuse signifie que la garder en marche jusqu’à ce que la glace commence à fondre. Certains croient que, selon la
quantité d’eau utilisée est méthode d’encapsulation de glace, il faut laisser le système en marche jusqu’à ce que la glace soit
insuffisante. La glace doit complètement fondue. Ceci n’est toutefois pas nécessaire, à moins que l’on soit au stade de
être transparente et non pas mûrissement des fruits.
laiteuse.

PROBLÈMES

 Si le vent est supérieur à 10 mi/h (16 km/h), il se peut que certains bourgeons gèlent
en raison d’une application peu uniforme.
 Plus le vent est élevé, plus il faut augmenter la quantité d’eau appliquée à l’heure, à cause de

l’évaporation et des risques de dommages dus au gel sous l’effet du refroidissement par
évaporation.
 Lorsque la vitesse du vent atteint 16 km/h, il faut appliquer 20 mm/h d’eau pour protéger la

culture jusqu’à –6,7 °C (20 °F).


 L’irrigation, comme mesure de protection contre le gel, rend les sols plus humides et donc plus

propices à l’apparition de la stèle rouge et d’autres pourridiés.


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MISE EN GARDE : CULTURES DE VERGERS ET AUTRES CULTURES FRUITIÈRES


(lutte contre le gel par encapsulation de glace)
Si la vitesse du vent est supérieure à 5 milles (8 km) à l’heure, éviter l’irrigation
sur frondaison à faible volume (1/10 po [2,5 mm] par heure) comme moyen de
protéger contre le gel. L’effet du refroidissement par évaporation causé par le
mouvement de l’air sur la mince couche d’eau qui s’est formée sur les feuilles ou
les fleurs serait suffisant pour causer de graves dommages lorsque la température
se situe près du point de congélation. La plupart des systèmes d’irrigation par
aspersion utilisés pour protéger contre le gel ne fournissent pas un volume
suffisant pour écarter ce problème éventuel. Être certain d’avoir suffisamment
d’eau en réserve pour suffire à une application pendant plusieurs nuits
consécutives. Lorsque la vitesse du vent est inférieure à 5 milles (8 km) à l’heure,
on considère qu’un taux d’application de 0,15 po d’eau (4 mm) par heure est
suffisant pour protéger les cultures jusqu’à une température de –6,7 °C (20 °F).

REFROIDISSEMENT PAR ÉVAPORATION

Le temps chaud et sec peut réduire la nouaison et le grossissement des fruits (p. ex. fraises). L’eau
qui s’évapore de la surface de la plante rafraîchit la plante et peut aider à surmonter ces deux
problèmes. L’eau utilisée pour le refroidissement par évaporation doit être de grande qualité, les
fruits étant cueillis peu après.
Le principe du refroidissement par évaporation repose sur l’utilisation d’une mince couche d’eau à
la surface des tissus. L’eau qui s’évapore de la surface de la feuille ou du fruit entraîne avec elle un
peu de chaleur de la plante.
Utilisée de manière adéquate, cette méthode :
 Abaisse la température des plantes – facteur important durant la croissance des feuilles et le
développement des stolons.
 Abaisse la température du sol.

 Abaisse la température des fruits –

 Ralentit le mûrissement.

 Aide à prolonger la durée de conservation à l’étalage.

On utilise de faibles taux d’application pour refroidir les cultures par évaporation, soit 2 mm/h.
Le refroidissement par évaporation doit se faire assez tôt pour que le feuillage ait le temps de L’action des abeilles augmente le
nombre de graines dans les fruits
s’assécher avant la nuit, de sorte que les risques de maladies soient moindres. qui se développent et a une
Le refroidissement par évaporation devrait être utilisé lorsque la température de l’air dépasse 29 °C influence positive sur la récolte.
Cependant, les abeilles ne
(84 °F), que le degré d’humidité est faible et qu’il y a un peu de vent. Cette pratique est en effet butinent pas durant un cycle
moins efficace en l’absence de vent ou lorsque le degré d’humidité relative est élevé. Dans des d’irrigation.
conditions idéales, le refroidissement par évaporation peut abaisser la température de 9 °C (48 °F).
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EXIGENCES

 Utiliser de préférence un système d’irrigation par aspersion fixe assurant une couverture intégrale
et uniforme.
 L’eau froide est plus efficace que l’eau tiède pour abaisser la chaleur de la culture.

 Calibre des buses :

 1/8 à 1/4 po.

 Un calibre plus petit peut être souhaitable si l’on veut procéder au refroidissement par

évaporation de tout un champ en même temps car le taux d’application est inférieur.
 Les buses de calibre plus petit sont également utiles pour la protection contre le gel; cependant,

le système d’irrigation devra alors fonctionner plus longtemps lorsqu’on veut irriguer.
 Période d’application :

 Procéder au refroidissement par évaporation lorsque la température atteint 29 °C (84 °F)

(mesure prise par un thermomètre placé sous abri dans le champ).


 Faire fonctionner le réseau d’irrigation pendant environ 15 minutes, puis l’arrêter.

 Répéter l’opération si la température atteint de nouveau 29 °C (84 °F).

 Ne pas irriguer après 15 h, pour laisser le temps au feuillage de sécher avant la nuit.

DIFFICULTÉS

 Augmente les coûts.


 Peut causer des problèmes de pollinisation – les abeilles n’aiment pas butiner durant l’irrigation.
 Risque de propagation de maladies (moisissure grise, pourriture des racines, pourridié noir,

flétrissure verticillienne, stèle rouge). Consulter la publication 360F du ministère de l’Agriculture


et de l’Alimentation de l’Ontario, intitulée Recommandations pour les cultures fruitières, pour
plus d’information à ce sujet.
 Il faut employer de faibles taux d'application (c.-à-d. 2 mm/h) pour éviter le lessivage des

éléments nutritifs.
 Des taux d’application élevés et une irrigation prolongée favorisent le lessivage des

éléments nutritifs.

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