Vers Une Nouvelle Ingenierie de La Formation: Eléonore Dumaine, Consultante Chez CAA
Vers Une Nouvelle Ingenierie de La Formation: Eléonore Dumaine, Consultante Chez CAA
Vers Une Nouvelle Ingenierie de La Formation: Eléonore Dumaine, Consultante Chez CAA
3. Et maintenant ?
a. Attention : les nouvelles technologies vont devenir incontournables : elles
sont présentes dans la sphère privée et les nouvelles générations les
utilisent quotidiennement………………………………………………p.33
b. Comment la formation va-t-elle évoluer ? ……………………………p.36
c. Quel impact sur le service formation ?.............................................p.37
d. Comment les organisations vont-elles évoluer ?.............................p.40
e. Mettre l’accent sur l’ingénierie de formation ………………………...p.41
f. Accompagnement du changement …………………………………..p.44
2
1. Quoi de neuf dans la formation ?
Le e-learning des années 2000, celui qui devait détrôner le présentiel, substituer la
machine à l’homme, est bel et bien mort et enterré. Il n’y a rien de surprenant à cet
échec, qui aurait pu être anticipé dès les prémisses du e-learning, tel qu’il a été
pensé au début des années 2000.
En effet, les promesses de cette nouvelle modalité de formation ont séduit de
nombreuses entreprises :
- Baisse drastique des coûts de formation : coûts de logistiques réduits à zéro
puisque les apprenants se forment sur leur poste de travail, coûts des
formateurs en moins.
- Simplification logistique : pas de déplacement ni d’hébergement à prévoir.
- Individualisation de la formation : modules de formation à la carte en fonction
des besoins des apprenants
- Démocratisation de la formation : modules mis à disposition d’une masse de
salariés plus grande.
C’est avant tout l’économie financière et la simplification logistique qui ont motivé
l’adoption de cette modalité, sans réelle réflexion sur son efficacité pédagogique.
Le fiasco qui a succédé les premières années d’utilisation trouve sa source à un
double niveau :
3
• Le e-learning n’a pas été intégré dans un processus réfléchi de formation. A
ne viser qu’une logique de coût, les entreprises ont négligé l’efficacité
pédagogique.
o Le e-learning s’est substitué à certaines formations présentielles sans
réflexion sur un dispositif global de formation.
o Toujours dans une logique de coût, l’accompagnement des apprenants
par un tuteur a été réduit au strict minimum.
o La vision de l’apprenant seul face à son module de formation est
mortellement ennuyeuse et méconnait le besoin pour l’apprenant de
participer à des débats, d’éprouver ses arguments, de partager ses
expériences avec d’autres, pour que l’apprentissage soit effectif.
Doit-on pour autant en conclure qu’il faut renoncer à inclure les nouvelles
technologies dans la formation ? Absolument pas. D’autant que ces nouvelles
technologies se multiplient, sont présentes dans la sphère privée et peuvent apporter
une réelle valeur ajoutée pédagogique à des projets de formation. Il s’agit plus de
repenser l’ingénierie de formation, afin d’intégrer le e-learning et toutes les modalités
à disposition aujourd’hui de la manière la plus pertinente possible.
Le e-learning a fait beaucoup de progrès depuis les années 2000 : les modules sont
généralement composés de grains pédagogiques, qui font sens isolément et incluent
de nombreuses activités interactives qui permettent à l’apprenant d’être actifs
pendant la formation. Ils sont généralement sonorisés, peuvent intégrer de la vidéo
ou des décors 3D, sollicitant ainsi différents sens chez l’apprenant et facilitant la
mémorisation.
Avantages :
Le coût reste intéressant, même s’il est clair qu’on ne peut pas
économiser sur tout et qu’un module e-learning peut être cher à
produire si on veut y inclure du rich-média.
L’individualisation : le e-learning peut offrir à l’apprenant une formation
et une utilisation à la carte. L’apprenant se forme au moment où il le
souhaite. Le parcours qui lui et proposé varie avec son niveau initial et
dans certains cas, il a même le choix de son cheminement au sein du
module. C’est un moyen pour l’apprenant de s’approprier sa formation
et de devenir acteur de son processus d’apprentissage.
L’utilisation dans le temps : une même personne a la possibilité de
revoir un module plusieurs fois, notamment juste avant une situation
qui exige les connaissances enseignées dans le module.
4
L’anonymat de la machine : pour des apprenants qui peuvent avoir
peur de s’exprimer devant les autres ou d’être jugés pour leurs erreurs
ou leur ignorance sur certains sujets, le e-learning peut lever des
blocages et permettre à ces personnes de s’exercer et de faire des
erreurs, sans pour autant être soumis au regard des autres.
---------------------
5
Les serious games : Les serious games sont des jeux vidéos utilitaires, visant le
développement des compétences de leurs utilisateurs. La vocation du serious
game est donc de rendre attrayante la dimension sérieuse d’une formation, en
l’intégrant dans un univers ludique.
Avantages :
Le jeu au service de l’apprentissage : il est certes plus attrayant de se
plonger dans un jeu que dans un manuel de quelques centaines de
pages pour acquérir des connaissances. Le jeu vaut parfois mieux que
de longs discours. Il permet d’essayer certaines voies, d’en tester les
conséquences de manière virtuelle, de recommencer autant de fois que
nécessaires pour comprendre un mécanisme ou un concept. Il a donc
des vertus pédagogiques, déjà bien connues des parents !!
Efficacité constatée : les entreprises qui ont fait appel à ce genre de
formation ont constaté des résultats plutôt satisfaisants par rapport aux
objectifs visés par la formation. Visiblement l’aspect divertissant du jeu
favorise l’apprentissage.
Concerne tous les secteurs : aucune activité n’est exclue de cette
modalité. Les métiers de la santé, de l’éducation, des transports, de la
finance, de la communication, de l’industrie, se sont déjà tournés vers
ce format d’apprentissage.
Peut séduire la nouvelle génération qui arrive sur le marché du travail :
c’est le développement de la wii et de la nitendo DS qui a boosté le
marché des serious games, des jeux vidéos très en vogue chez la
jeune et parfois moins jeune génération.
Inconvénients :
Le coût : le jeu sérieux représente un investissement important : entre
50000€ et 200 000€, voire plus. Il faut donc bien évaluer l’intérêt de
présenter une formation sous forme de serious game.
La réticence face au jeu : en France, contrairement aux pays anglo-
saxon, on a du mal à concilier l’environnement professionnel avec
l’amusement ou le jeu, d’où la réticence à investir dans les serious
games.
Transfert vers la pratique : le serious game ne peut se passer d’un
accompagnement pédagogique et humain, pour permettre le passage
de l’univers virtuel à la réalité. Passer de l’activité virtuelle à la décision
opérationnelle demande un accompagnement qu’il faut mettre en place
et penser en amont, car la réalité présente des risques absents de
l’univers virtuel.
---------------------
6
Les simulateurs : ce sont des dispositifs techniques qui permettent de reproduire
de façon virtuelle une situation réelle. Certains classent les simulateurs dans les
serious games, cependant il nous semble pertinent de faire la distinction entre
ces deux modalités. En effet les simulateurs sont sensés reproduire le plus
fidèlement possible une situation réelle. Les simulateurs seront jugés d’autant
plus performants qu’ils se rapprochent de la réalité et permettent à l’apprenant de
s’entrainer dans un contexte le plus proche possible du concret.
Ce n’est pas du tout le cas des serious games qui se déroulent dans un univers
décalé et imaginaire. Ce sont les règles du jeu, les épreuves proposées, les
obstacles rencontrés au cours du jeu, qui permettent d’atteindre les objectifs
d’apprentissage.
---------------------
7
Voici une liste non-exhaustive d’outils indissociables du Web2.0 et de leur intérêt
pédagogique :
Le forum : il s’agit d’un lieu d’échanges asynchrones entre les participants d’un
groupe plus ou moins nombreux. Chacun publie des messages sur un thème
donné ou répond aux messages des autres, formant ainsi une discussion.
Il existe des logiciels gratuits sur le Web, qui permettent de créer et de gérer des
forums Web.
---------------------
8
Le blog : Le blog est un site internet qui prend la forme d’un journal de bord,
présentant une série d’articles du plus récent au plus ancien. L’article d’un blog
peut être composé de textes, de vidéos, de photos, de graphes,
d’enregistrements sonores, d’hyperliens. Les lecteurs du blog peuvent ajouter des
commentaires sur la page même du Web et contribuer de cette manière à enrichir
la réflexion de l’auteur du blog. Le blog est donc un site dynamique, qui évolue au
gré des articles publiés par son auteur, ainsi que des commentaires ajoutés par
les lecteurs. Il existe de nombreux logiciels de création de blogs sur internet,
gratuits, et qui permettent à quiconque de créer son blog. Le plus simple d’entre
eux est probablement blogger qui permet de créer un blog en quelques minutes.
L’intérêt pédagogique du blog : Le blog peut permettre au formateur
de poster des articles, des travaux, des réflexions ayant un lien avec le
thème de la formation. Il peut aussi y afficher des liens vers des sites
intéressants. Cela permet aux apprenants d’avoir accès à des
ressources supplémentaires, mais également d’ajouter leurs
commentaires aux articles.
Les formateurs peuvent ainsi multiplier les opportunités de
communication avec les apprenants, d’autant qu’ils ont la possibilité de
limiter l’accès de leur blog à un public restreint.
Enfin, le fait que le blog offre, comme le forum, une communication
asynchrone, donne le temps de réflexion aux différents participants,
avant de poster leurs commentaires. Or la pratique réflexive, de même
que la formalisation par écrit des idées, a une incidence favorable sur
l’apprentissage en profondeur.
Les inconvénients : Il est indispensable pour qu’un tel outil serve un but
pédagogique, de créer un environnement où les apprenants ne se
sentent pas jugés, sinon, il y a fort à parier qu’ils ne se risqueront pas à
enrichir le blog de leurs réflexions personnelles. Dans ce cadre, une
des options peut consister pour les apprenants à se doter d’un
pseudonyme, dans le but de s’exprimer plus librement, sans crainte du
regard des autres.
---------------------
9
L’intérêt pédagogique de cet outil s’inscrit de fait dans la dernière
utilisation décrite. En effet, vous pouvez choisir de « suivre » des
personnes qui travaillent dans le même domaine que vous, et avoir
ainsi accès aux informations qu’elles communiquent sur Twitter. Bien
sûr, si vous ne contribuez jamais à votre communauté professionnelle
en apportant à votre tour de l’information, les personnes peuvent
décider de bloquer votre accès à leurs messages. En revanche, si vous
contribuez de manière constante et pertinente, de plus en plus de
personnes suivront vos messages. A vous alors de sélectionner ceux
qui vous semblent les plus intéressants afin de vous constituer une
communauté professionnelle fructueuse. Les messages autorisés étant
très courts, l’information consiste le plus souvent en des liens internet,
qui redirigent vers des articles, des blogs ou des sites Web. Un
microblog est donc un outil formidable de veille et d’échange. Un
groupe d’apprenants peut ainsi décider de se suivre mutuellement via
le microblogage, échanger de l’information et se poser des questions,
sachant que les messages peuvent être envoyés via leur téléphone
portable.
---------------------
Le wiki : Le wiki est un site web où tous les visiteurs autorisés peuvent créer du
contenu, le modifier, l’enrichir. Cet outil permet donc la co-construction de
contenu sur un thème donné.
10
La crainte parfois exprimée de voir apparaître des dérapages dans les
propos ou des informations erronées, peut être facilement apaisée. En
effet les wikis gardent les versions antérieures des pages et donnent un
aperçu des modifications apportées. Si elles sont jugées erronées ou
inappropriées, il est toujours possible de les supprimer.
---------------------
Les flux RSS et les agrégateurs : Un flux RSS (Really Simple Syndication) est
un fichier XML mis à jour en temps réel. Ces flux sont généralement présents sur
des sites qui évoluent périodiquement, tels que les sites d’actualité, les blogs ou
les wikis. Ce standard permet à un internaute d’être informé rapidement de la
mise à jour de données. Pour recevoir ces mises à jour, l’utilisateur doit s’abonner
au flux (c’est gratuit), et choisir un logiciel qui lui permettra d’intégrer les flux sur
une page Web. Ces logiciels, intégrateurs de flux, portent le nom d’agrégateur
(par exemple Netvibe). Grâce à l’agragateur, tous les flux auxquels un utilisateur
est abonné apparaissent mis à jour sur une même page Web. Il est ensuite
possible de cliquer sur des liens qui renvoient au site auteur du flux. Les flux RSS
évitent à un internaute de visiter un site pour voir les nouvelles mises à jour,
celles-ci apparaissent automatiquement sur le site agrégateur. Ainsi, si un
internaute suit 15 sites différents sur un sujet donné et que ces sites proposent un
flux RSS, une fois abonné au flux, l’agragateur visite les sites et récupère tout
nouveau contenu, qui apparaîtra ensuite sur la page web de l’agrégateur.
---------------------
11
---------------------
Les réseaux sociaux : Un réseau social est une application Web qui permet de
construire une communauté de personnes partageant un intérêt et qui souhaitent
se mettre en relation. Parmi les réseaux sociaux les plus connus, on peut citer
facebook, myspace, linkedin. Ces réseaux sont publics et ouverts à tout internaute,
mais il est également possible de créer un réseau social privé, notamment dans le
cadre d’une formation. Ning est une plateforme en ligne qui permet la création d’un
réseau social privé. Chacun peut y créer son profil, télécharger des photos, des
podcasts, des vidéos, lancer un débat ou rejoindre une discussion, publier des
blogs ou des présentations. L’accès à ce réseau peut être réservé aux seuls
membres du groupe concerné, par exemple un groupe d’apprenants dans le cadre
d’une formation.
Intérêt pédagogique : L’intérêt d’un tel réseau social est de créer une
communauté d’apprentissage en ligne, qui peut échanger, partager des
documents, débattre, travailler ensemble sur des documents postés sur
le réseau. Cela peut donner lieu à un vrai travail collaboratif en ligne.
---------------------
Second life : Un internaute qui décide de créer un compte sur second life,
commence par se choisir un pseudonyme et un avatar (personnage virtuel qui va le
représenter dans Second life). Puis sous la forme de cet avatar, il va pouvoir
participer à différentes activités : se créer un réseau d’amis, assister à un concert, à
une conférence, se construire une maison, acheter une voiture…
---------------------
12
Les Podcasts : Par définition, il s’agit de la distribution de fichiers audios via
internet. La technologie permet aujourd’hui à un utilisateur d’enregistrer et de
diffuser des ressources audios, à l’aide uniquement d’un ordinateur, d’un micro et
d’un accès internet. Il existe des logiciels gratuits sur internet pour créer des
podcasts (par exemple audacity)
---------------------
Les vidéocasts : Il s’agit du pendant des podcasts, mais sous forme vidéo. Les
cours enregistrés sous forme vidéo existent depuis longtemps, notamment dans les
universités. Mais les progrès technologiques en ont multiplié l’usage et l’accès. En
effet, aujourd’hui (grâce à une bande passante beaucoup plus performante),
quasiment tous les ordinateurs offrent la possibilité de visionner des films sur
internet.
Intérêt pédagogique : Un formateur peut très facilement filmer une
intervention grâce à une Webcam, sans passer par la prestation d’un
studio d’enregistrement, et télécharger cette vidéo sur un site public ou
privé au choix. De la même manière que les podcasts, les vidéos
permettent de varier les ressources pédagogiques, éventuellement de
filmer des démonstrations ou des experts, et ainsi de favoriser
l’apprentissage, en sollicitant différentes mémoires.
13
Après ce petit tour d’horizon des technologies et de leur utilisation possible en
formation, il reste à évoquer l’émergence du Mobile Learning. Il s’agit d’étudier
un cours, d’écouter un podcast ou un vidéocast sur un PDA, un téléphone
mobile ou un i-pod. En effet les téléphones mobiles de dernière génération
sont de véritables ordinateurs de poche, sur lesquels on peut écouter de la
musique, regarder des films, se connecter à internet, recevoir ou envoyer ses
mails, prendre des photos et les envoyer à ses amis et sa famille.
L’avantage du Mobile Learning, est justement sa mobilité. Il ouvre la
possibilité d’envoyer des instructions, des informations, des images ou des
vidéos, partout dans le monde et à n’importe quel moment. Ca peut
représenter un aspect important pour les étudiants ou les salariés qui se
déplacent beaucoup et qui ont besoin d’avoir accès à des ressources ou à de
l’information. Dans la mesure où le mobile learning est une application assez
récente dans le domaine de la formation, il reste à identifier les formats
pédagogiques les plus appropriés pour ces appareils, qui prennent en compte
la taille des écrans et le fait que l’utilisateur n’est pas nécessairement installé
dans un endroit calme.
14
Les principaux prestataires e-learning et leurs spécificités :
• Enfin, d’autres se sont spécialisés dans les serious games et sont devenus
incontournables sur ce marché :
o KTM advance
o VIRTUOFACTO
o NetDivision
o Daesign
o Succubus Interactive
o Les Tanukis
o Symetrix
15
• Comment sélectionner votre prestataire e-learning :
16
c. Etat des pratiques en France :
17
Les démarches e-learning adoptées : choix de modules sur étagère ou
sur mesure, développement des modules externalisé, ou en interne.
• Les modules utilisés sont à la fois des modules sur étagère et
des modules sur mesure. Les modules sur étagère sont destinés
à des formations génériques dans des domaines où les savoir-
faire sont communs à tous les secteurs, tels que les techniques
de management, la finance, la gestion, les techniques de
communication, les langues, la bureautique. Les modules sur
mesure, quant à eux, sont développés sur des thèmes plus
spécifiques à l’entreprise : les métiers, les produits, la culture et
les valeurs d’une entreprise, les parcours d’intégration.
• Certaines entreprises ont fait le choix de développer leurs
modules sur mesure en interne, notamment lorsque certaines
ressources existent déjà dans l’entreprise pour concevoir les
parcours présentiels. Il s’agit alors pour l’équipe de conception
pédagogique de développer les compétences pour concevoir
des formations e-learning. Ce choix présente l’intérêt d’être plus
économique financièrement et de s’appuyer sur des personnes
qui connaissent bien l’entreprise et sa culture.
• D’autres ont fait le choix de faire développer leurs modules sur
mesure par un prestataire externe, considérant que leur valeur
ajoutée n’est pas dans la conception pédagogique e-learning,
qu’elles ont besoin des conseils et du soutien de professionnels
dont c’est le métier et aussi parce qu’elles rencontrent des
difficultés à recruter les bonnes compétences.
18
• La difficile planification de la formation pour les apprenants:
La formation n’étant pas programmée à une plage horaire
précise, les apprenants se trouvent confrontés au besoin de se
ménager du temps pour se former, et d’organiser leur travail en
conséquence. Ce n’est pas évident, d’autant qu’il n’est pas
toujours bien vu en France de faire autre chose que son travail
pendant les horaires de bureau. Les nouvelles manières de se
former exigent donc un changement de mentalité, tant de la part
des collaborateurs que des managers.
• Le manque de motivation des apprenants : les taux de
connexion sont très bas et les taux d’abandon très élevés.
19
• Recours au blended learning : le e-learning n’a jamais réussi à se
substituer complètement au présentiel et les entreprises sont plus que
jamais convaincues aujourd’hui que l’outil ne se suffit pas à lui-même
et ne peut garantir l’apprentissage, même s’il est bien construit. Il leur
paraît donc important de penser plus précisément l’apprentissage et
l’ingénierie de formation, en mixant les modalités de manière
réfléchie, afin d’intégrer la technologie de manière pertinente, au
service d’une pédagogie efficace.
On constate donc que l’expérience de ces 10 dernières années a fait évoluer les
entreprises vers une approche plus mature et plus réfléchie du e-learning, qui
prend en compte la valeur ajoutée pédagogique que peut représenter cette
modalité (confirmée par un rapport du gouvernement Américain s’appuyant sur
51 études menées sur 10 ans et remis en juillet 2009), tout en concédant ses
limites (absence d’interactions, manque d’accompagnement).
Il convient donc maintenant pour les entreprises françaises de considérer les
nouvelles technologies, leur évolution et ce qu’elles peuvent apporter d’un point
de vue pédagogique, afin de construire des parcours de formation innovants et
efficaces.
Il se peut qu’elles soient encouragées en ce sens par les pouvoirs publics qui
portent une attention de plus en plus soutenue aux nouvelles technologies et leur
impact sur l’économie :
En juillet 2009, le Centre d’Analyse Stratégique a remis à Nathalie Kosciusco
Morizet un rapport intitulé la société et l’économie à l’aune de la révolution
numérique. Ce document envisage différents scénarios d’évolution de la société
numérique à horizon 2025, en fonction de l’accompagnement des politiques
publiques dans ce domaine. Trois scénarios principaux se dégagent de cette
étude :
• Un scénario où par manque d’investissement du gouvernement dans
la technologie numérique, le potentiel numérique n’est pas pleinement
exploité, que ce soit dans l’éducation, la santé ou les PME ; et ce
malgré un intérêt marqué des français pour les nouveaux usages
internet.
• Un scénario catastrophe, où le numérique connaît un essor important
en France, mais faute de régulation à l’échelle mondiale, les risques
liés à l’utilisation d’Internet ne sont pas maîtrisés : absence de
sécurité des transactions commerciales, non respect des données
privées, multiplication des cyberattaques, diffusion de virus
informatiques qui paralysent plus ou moins longuement certains
systèmes. Par conséquent, une grande partie des usagers et des
entreprises se détournent du Web.
• Enfin, un scénario de Renouveau, qui envisage une économie
numérique au service de la croissance, et source de compétitivité
internationale pour la France. Les TIC sont alors au centre de
l’activité économique, chacun en France peut accéder au Très Haut
Débit et l’innovation se diffuse dans tous les domaines.
20
Après avoir évoqué les scénarios possibles et leurs conséquences sur l’activité
économique et la croissance, le rapport propose six axes d’orientation stratégique
pour permettre à la France de s’approcher du scénario Renouveau. Il est
intéressant de noter que l’axe n°1 concerne l’éducation et la formation, avec les
recommandations suivantes :
21
2. Et ailleurs ? Que se passe-t-il ?
a. USA
22
Qu’en est-il du mobile learning et des serious games ?
23
Selon des experts réunis en juin 2009 pour la Games, Learning and Society
Conference, trois facteurs clés vont contribuer à promouvoir le m-learning :
- Les développements technologiques qui vont progressivement éliminer
les inconvénients constatés : vitesse de chargement, capacité de
stockage, qualité du son et des graphiques.
- D’ici 4 à 5 ans, l’accès généralisé à internet via son téléphone mobile,
et donc à toutes les ressources et informations en ligne.
- Les opportunités croissantes d’apprendre en dehors d’un lieu
circonscrit, rendues possible par le m-learning.
24
Implication du gouvernement américain
b. Europe
25
Pays Rang : industry readiness for
e-learning en 2004
Suède 1
Finlande 2
Danemark 3
Norvège 3
Royaume-Uni 5
Irelande 6
Suisse 7
Autriche 8
France 8
Pays-Bas 10
République tchèque 11
Hongrie 12
Italie 13
Allemagne 14
Belgique 15
Espagne 15
Pologne 17
Slovaquie 18
Grèce 18
Portugal 20
Source : Economist Intelligence Unit
Fin des années 90, début des années 2000, il y a eu un véritable battage publicitaire
concernant le e-learning et prédisant que ce mode d’apprentissage allait supplanter le
présentiel. Cette déferlante ne s’est pas produite, et aujourd’hui les analystes se
montrent plus mesurés sur les tendances futures du e-learning en Europe ou dans le
monde. D’un côté, il y a ceux qui pensent que le e-learning a montré ses limites et ne
va pas connaître la croissance qu’on lui prédisait à ses débuts. De l’autre côté,
d’autres observateurs, prédisent des changements radicaux dans les méthodes futures
d’apprentissage, liés au développement des activités Web, d’une technologie
accessible à tous, offrant des outils collaboratifs qui vont finir par s’imposer à plus ou
moins long terme. Les universités et l’éducation secondaire joueront un rôle clé dans
ce changement, dans la mesure où en introduisant ces technologies dans l’éducation
des jeunes, elles créeront un terrain propice à l’utilisation de ces technologies pour
l’apprentissage tout au long de la vie. L’initiative de MIT de mettre plusieurs de ses
cours à disposition sur internet, va complètement dans ce sens.
26
Adkins (vice président chez IBM) constate que si le e-learning n’a pas connu le succès
qu’on lui prédisait dans les années 2000 aux Etats-Unis, c’est parce qu’il n’a pas
prouvé sa valeur ajouté en termes d’apprentissage.
Toujours est-il qu’en Europe, le marché est toujours en phase de maturation, et qu’il
est difficile de prévoir précisément les segments du marché qui vont s’ancrer
durablement dans le paysage de la formation.
Les segments qui semblent stables et qui devraient croître à court ou moyen termes
dans le domaine du e-learning, sont :
- les environnements qui donnent accès à des ressources ou des
activités d’apprentissage synchrones ou asynchrones : VLE (virtual
learning environment)
- les LMS (learning management system), qui permettent de gérer toute
la partie administrative de l’apprentissage, et notamment de faire le lien
entre apprentissage et performance.
- Les LCMS (learning content management system), qui permettent le
développement, le stockage et la récupération de ressources.
- Enfin tous les outils qui permettent le développement d’activités
d’apprentissage collaboratives, ainsi que des classes virtuelles.
Le segment de marché dont l’avenir reste le moins clair est celui du contenu.
Aujourd’hui ce segment est dominé par deux formats :
- du contenu générique
- du contenu sur mesure, adapté aux besoins des clients
Une troisième forme de contenu émerge sur le marché, lié au développement des
outils Web2.0 : ce sont les ressources générées sur internet par des groupes
d’utilisateurs et partagées gratuitement au sein d’un groupe.
Les fournisseurs de contenu qui voudront perdurer, devront se démarquer autrement
que par la qualité de leur contenu et apporter une valeur ajouté qui sera probablement
plus de l’ordre du conseil, de l’ingénierie de formation, de l’accompagnement des
apprenants et notamment de l’animation de communauté d’apprenants.
27
- L’adoption par les organisations publiques de nouvelles technologies, a
nécessité la formation de nombreux employés à ces nouveaux outils
informatiques. Le e-learning a permis à ce niveau, une formation
massive et simultanée du personnel de ces organisations publiques.
- Enfin des initiatives politiques au niveau de la commission européenne,
ont également contribué à dynamiser ce marché. En effet, de
nombreux gouvernements européens sont conscients que la prospérité
économique du 21ème siècle est et sera liée au développement des
nouvelles technologies et la diffusion de connaissances qu’elles
autorisent. C’est donc un enjeu majeur pour de nombreux
gouvernements de former les futures générations à l’utilisation de ces
nouvelles technologies, car elles vont avoir un retentissement certain
sur la nature et l’organisation du travail dans l’avenir. Le gouvernement
britannique a d’ores et déjà pris l’initiative d’inclure aux programmes
des écoles primaires, la connaissance et la maîtrise des blogs et des
wikis. De même, en Allemagne, le gouvernement œuvre à introduire les
nouvelles technologies dans l’éducation académique. Plusieurs
centaines de millions d’euros sont investis pour équiper les écoles et
développer l’enseignement de ces outils. L’Ecosse, la Finlande et
l’Irlande, se sont dotées de programmes pour soutenir le
développement des entreprises e-learning. Les e-universités, au
Royaume –Uni ont pris l’initiative de créer un réseau pour mettre en
commun leur expertise et leurs ressources d’offres e-learning. Enfin,
l’état espagnol investit désormais 8 euros par module e-learning et par
apprenant.
Ces initiatives publiques n’ont pas le même rythme, ni la même intensité selon les
pays européens. Elles ont notamment permis à l’Allemagne et l’Espagne de
rattraper le retard constaté en 2004 par rapport à la France. Cela impacte bien sûr
les opportunités de développement pour les fournisseurs d’e-learning. Alors que
certains pays, comme les pays scandinaves, les Pays-Bas et le Royaume-Unis ont
atteint un ratio consistant d’équipement des écoles en ordinateurs et accès internet,
d’autres pays comme le Portugal sont loin derrière.
Ainsi, après avoir connu un retournement de marché, dans les années 2000, lié à
des espérances déçues vis-à-vis du e-learning, il semble y avoir dès 2003, un
regain d’intérêt pour cette formation, sachant que certains pays sont beaucoup plus
avancés que d’autres et beaucoup plus prêts à accueillir la technologie que le e-
learning requiert (comme l’étude de l’economist intelligent unit) en témoigne. Bien
que les grandes compagnies continuent à être les principales utilisatrices de
produits et services e-learning, elles développent de plus en plus en leur sein leur
propre expertise, et notamment en terme de développement de ressources et sont
de moins en moins enclin à acheter des contenus pré-formatés. Par exemple, un
rapport Danois sur la question, explique qu’une grande partie des contenus sont
désormais produits dans les organisations clientes. Une enquête a montré, que
10% des entreprises qui utilisent le e-learning, ont fait développer leurs modules
par un prestataire externe, 40% ont développé leurs modules en collaboration avec
un prestataire et les 50% restants ont développé seules leurs modules.
28
Les rapports de tous les pays européens s’accordent sur un point : la part du e-
learning dans la formation pour les entreprises qui ont adopté cette technologie,
reste faible. En moyenne, il ne représente que 10% ou moins du total des
investissements en formation.
Une autre barrière majeure demeure la peur pour les entreprises de mettre à
disposition de leurs salariés des outils collaboratifs de développement et de
partage des connaissances, constamment mises à jour, tout en protégeant la
confidentialité et l’IRP (ensemble des fonctions permettant à un ordinateur de
communiquer avec le reste de l’univers).
Enfin, l’introduction des TIC dans la formation bouleverse le rôle des formateurs et
des professionnels de la formation, qui doivent développer de nouvelles
compétences et trouver leur place pour accompagner les apprenants. Il est clair
que les nouvelles technologies à elles seules ne suffisent pas à former et à garantir
un apprentissage, et que la pédagogie et l’ingénierie de formation ont un rôle
majeur à jouer au sein de ce nouveau système.
29
c. Zoom sur la conférence internationale de l’ASTD (American Society
for Training and Development): juin 2009, Washington.
30
o L’amusement : les Y souhaitent pouvoir s’amuser en
travaillant. Pour eux, travail et fun, loin d’être incompatibles,
doivent être conciliés, voire réconciliés dans certaines
entreprises !
31
En captant cet apprentissage informel, les entreprises ont la possibilité de mieux
évaluer les compétences dont elles disposent, de capitaliser les meilleures
pratiques et de favoriser les transferts.
Cela n’élimine pas pour autant l’apprentissage formel, qui exige une réflexion plus
approfondie sur les compétences fondamentales d’un métier nécessitant une
approche structurée avec évaluation et certification. D’ailleurs les outils 2.0
peuvent tout à fait être intégrés dans un dispositif de formation structuré et
contribuer de part leurs spécificités à un meilleur apprentissage.
32
• Cela permet de faire face au volume croissant et au
renouvellement incessant des connaissances, en donnant la
possibilité aux personnes de se connecter à la bonne information ou
au bon interlocuteur.
Les conclusions de l’ASTD sont donc largement en faveur de
l’introduction des nouvelles technologies dans la formation.
Cette évolution semble incontournable, comme nous allons le
voir dans un prochain chapitre qui s’attardera sur certains points
abordés dans cette section.
3- Et maintenant ?
33
On peut alors définir les caractéristiques du nouvel apprenant d’aujourd’hui et de
demain :
- il aura probablement moins de 30 ans et fera donc partie de la
génération Y ou Z, bien qu’il puisse y avoir quelques exceptions à cette
caractéristique avec des représentants des autres générations.
- il est régulièrement connecté à internet via un PC ou un mobile et est
fortement engagé dans l’utilisation des outils sociaux, sur une base
quotidienne.
En raison de ce haut niveau de connexion et d’engagement vis-à-vis
des outils Web2.0, ces nouveaux apprenants ont été baptisés
apprenants 2.0.
34
Si on ajoute à cela que la génération Y est une génération beaucoup plus
exigeante que les précédentes, il est fort probable que ces apprenants 2.0 insistent
pour que de nouveaux outils et de nouvelles approches soient adoptés sur les lieux
de travail. Ces employés de la génération Y, en l’absence d’initiative de la part de
leur organisation, prendront eux-mêmes l’initiative de démarrer des groupes de
discussions, des blogs, des forums, comme le font déjà certains étudiants dans les
universités, par exemple au Canada à la Royal Military College.
Charles Jennings de Thomson Reuter, explique que chez Reuter, ils ont mis en
place des outils collaboratifs de type wiki, blog, flux RSS, livres en ligne, podcast,
dans un but de partage d’expertise et surtout qui correspondent aux besoins d’un
marché du travail en pleine évolution.
Dans les expériences qui ont été tentées pour introduire des outils web2.0 dans
l’organisation, voici les principaux obstacles auxquels se sont heurtés les
apologistes :
- la réticence des organismes de formation ou des formateurs, effrayés à
l’idée de voir tout un chacun créer et partager du contenu, alors
qu’auparavant ils étaient les seuls dépositaires du contenu enseigné.
- l’accès limité à internet pratiqué dans de nombreuses entreprises, qui
freine considérablement la possibilité d’utiliser le plein potentiel du
web2.0
- les apprenants plus traditionnels, qui ne sont pas aussi familiers des
technologies web et qui n’envisagent pas la formation autrement qu’en
étant instruits par un formateur.
Un moyen de surmonter les obstacles et de faire évoluer les mentalités (que ce soit
celle des formateurs ou celle des apprenants traditionnels), c’est d’intégrer
progressivement ces nouveaux outils, en laissant la place également à des
méthodes plus traditionnelles. Il est recommandé de commencer avec un groupe
pilote qui est favorable à l’utilisation de ces outils, qui se fera ensuite l’avocat de
l’intégration. Enfin, il est important de commencer avec des outils qui ne
demandent pas un engagement trop grand de la part des utilisateurs, comme par
exemple le partage de favoris, ou la participation à un réseau social avec des
collègues d’un autre pays. En revanche, le wiki est probablement l’outil social le
plus difficile à implanter, car il exige une forte implication de la part des utilisateurs
et notamment de la création de contenu.
Finalement pour intégrer avec succès ces outils dans l’organisation, il est
indispensable que les professionnels de la formation comprennent les concepts
derrière le learning2.0 et expérimentent les outils du web2.0, s’ils veulent les
prescrire de façon pertinente dans les parcours de formation. Ils doivent tout
simplement devenir à leur tour des apprenants 2.0. En effet, le meilleur moyen pour
ces professionnels de comprendre la génération qu’ils devront servir demain, est
d’expérimenter ces outils. Plus ils pratiqueront ces nouveaux outils, plus ils seront
aptes à en voir les bénéfices et le moyen de les intégrer dans des dispositifs. Cela
veut dire commenter des blogs, écrire son propre blog, contribuer à un wiki. Sans
cette immersion des professionnels dans la nouvelle technologie Web, il y a peu de
chances que le moindre changement ne se produise du côté de la formation
35
professionnelle, qui va être dépassée par les attentes de la nouvelle génération
d’apprenants.
36
Pour cette raison, la fonction formation doit développer une dimension « knowledge
management » et faciliter l’échange et le partage de connaissances entre des
communautés d’apprenants.
37
Le directeur de la formation peut se poser toutes ces questions et encore bien
d’autres, afin d’avoir une vision d’ensemble de l’organisation et de la façon dont
les gens apprennent au sein de cette organisation. Son but est de créer
l’environnement d’apprentissage le plus favorable possible pour l’entreprise. Cela
exige qu’il ne se concentre pas seulement sur la formation traditionnelle telle
qu’elle existe, mais sur tous les moyens de promouvoir l’apprentissage. Pour
survivre et prospérer, les organisations doivent devenir plus flexibles et plus
alertes, pour ce faire elles devront impliquer tous les acteurs, faciliter la
collaboration et l’accès aux informations, et autoriser la prise de décision
autonome à différents échelons de l’entreprise. La culture d’entreprise va devenir
participative : la transparence, le partage du pouvoir, l’expérimentation, la
collaboration, seront les éléments facteurs de succès dans environnement en
réseaux.
Le directeur de la formation peut devenir le promoteur de cet environnement
d’apprentissage dans l’entreprise. La technologie permet les réseaux, mais elle
ne suffit pas à elle seule pour changer les mentalités et les cultures d’entreprise !
Il faut un visionnaire capable d’impulser le changement et les innovations
nécessaires.
38
Du coup, quels sont les changements que les formateurs doivent opérer
pour faire face à ces transformations de la société et du partage des
connaissances ?
- Une nouvelle attitude : admettre que l’on ne peut pas tout savoir et
accepter que dans un monde en constant changement, la
connaissance n’est ni fixée, ni constante. Au lieu d’essayer de tout
savoir dans son domaine d’expertise, il faut savoir avec qui se
connecter. Le réseau devient primordial. Cela exige une attitude
d’ouverture et de collaboration : comprendre avec les autres,
abandonner le contrôle. Même lire sur le Web, n’est pas la même
chose qu’écrire. Ecrire donne l’opportunité de faire connaître ses
pensées, soit à travers des commentaires, soit à travers des articles.
Ecrire son blog nous expose à la critique des autres, d’où, à nouveau,
l’importance d’une attitude ouverte.
- Devenir soi-même apprenant : si les professionnels de la formation
ne montrent pas l’exemple en apprenant eux-mêmes en ligne, qui va le
faire ? L’idée est de pouvoir parler de son propre processus
d’apprentissage via les outils du Web. Il s’agit pour les professionnels
de modéliser ce qu’ils enseignent.
- Adopter un mode coopératif : fini l’indépendance !! Les
professionnels peuvent se connecter à des communautés de pratique
et obtenir des feedbacks de la part de leurs pairs. Il n’y aucun moyen
de rester à jour sur l’évolution des technologies ou de la pédagogie (ou
de tout autre domaine) sans ces méthodes collaboratives. Savoir avec
qui se connecter devient plus important que de connaître la bonne
réponse. Se connecter, échanger, contribuer : le premier pas est de se
jeter à l’eau, en commençant par exemple à commenter un blog.
39
Le formateur aura un rôle finalement plus subtil qu’auparavant. Il ne sera plus le
référent, celui qui détient la connaissance et dont l’objectif est de transférer un
savoir ou un savoir-faire. Les compétences qu’il cherche à développer chez les
apprenants sont plus de l’ordre du traitement de l’information : où chercher
l’information, comment la sélectionner, avoir un esprit critique face à l’information,
commenter, enrichir, innover, créer.
40
technologie et les connexions entre les gens. Aujourd’hui pour que
les organisations soient efficaces, il faut que le pouvoir et l’autorité
soient à double sens. Cette Webarchie est illustrée de manière
éloquente par les projets de développement de logiciels open
source, qui fonctionnent avec un minimum de contrôle et d’autorité
et qui sont pourtant capables de rivaliser avec les plus grands
groupes.
L’apprentissage repose sur différents principes qui ont été identifiés au fil du
temps par des socio-pédagogues. Sans entrer dans le détail de tous ces
principes, il est important de les connaître pour proposer des dispositifs de
formation qui intègrent ces principes et du coup permettent un meilleur
apprentissage.
Voici quelques principes qui peuvent apparaître dans les dispositifs :
- Le principe du conditionnement opérant, proposé par Skinner, consiste
à utiliser des renforcements positifs pour favoriser l’apparition d’une
réponse ou d’un comportement souhaités : c’est l’encouragement du
formateur, le feedback positif à un exercice, la certification en fin de
parcours…
- Piaget considère que l’apprentissage est le résultat d’une interaction
entre l’individu et son environnement. Lorsque les éléments
d’apprentissage entrent en conflit avec les connaissances déjà
acquises par le sujet, il se produit un déséquilibre qui conduit à un
conflit « socio-cognitif ». Pour qu’il y ait apprentissage, il faut que le
sujet dépasse ce déséquilibre et atteigne une nouvelle forme d’équilibre
qui prenne en compte les données antagonistes. Dans la continuité de
l’école Piagétienne, des auteurs comme Vygotsky et Clermont-Perret
ont conduit à mettre en évidence que l’interaction avec des pairs
permettait le développement cognitif via le conflit socio-cognitif. D’où
l’intérêt d’intégrer ces interactions dans les dispositifs de formation, soit
41
au travers de rencontres des apprenants en présentiel, soit via des
outils collaboratifs.
- Enfin, Bruner propose un principe d’apprentissage, basé sur la
découverte active par le sujet des concepts à maîtriser. Au lieu d’être le
réceptacle passif de la connaissance des autres, le sujet doit lui-même
chercher les informations, juger de leurs pertinences, émettre des
hypothèses. Pour Bruner, cette approche permet un double bénéfice :
d’une part une plus grande appropriation des contenus par l’apprenant
qui aura eu une démarche active et expérimentale, d’autre part le
développement de certaines capacités cognitives telles que récolter,
sélectionner des informations, se poser des questions. De cette
manière, le sujet développe son autonomie d’apprentissage : il apprend
à apprendre. Cette démarche suppose que l’apprenant soit guidé et
soutenu, soit par un enseignant, soit par d’autres apprenants, afin de
dépasser les difficultés rencontrées. A nouveau les dispositifs de
formation peuvent intégrer ce principe de découverte, en permettant à
certains moments de rendre l’apprenant auteur de son apprentissage.
Tous ces principes ont du bon et doivent être pris en compte dans l’ingénierie de
formation, quelles que soient les modalités intégrées. Il est toutefois intéressant de
noter que les technologies Web2.0 peuvent contribuer à enrichir les dispositifs en
multipliant les possibilités de mettre en pratique ces principes :
- mise en relation avec les pairs grâce aux outils collaboratifs
- stimulation des différentes mémoires grâce au multimédia
- démarche active d’apprentissage en allant chercher l’information soi-
même sur le web et en formulant des hypothèses que l’on soumet
ensuite aux autres apprenants et au formateur, via les outils
collaboratifs
- réflexion et formalisation de l’apprentissage via un blog, un wiki ou un
forum.
42
Le changement majeur introduit par les NTIC, réside dans la croissance
exponentielle de la connaissance. Selon l’ASTD (American Society for Training and
Development), 50% de nos connaissances actuelles n’étaient pas connues il y a 10
ans et désormais la connaissance est multipliée par 2 tous les 18 mois. Pour être
en phase avec ce rythme exponentiel, les organisations seront forcées de
développer de nouvelles méthodes pour favoriser l’apprentissage.
Les NTIC bouleversent les anciennes théories de l’apprentissage de deux
manières :
- Tout d’abord, les théories de l’apprentissage traditionnelles se concentrent
essentiellement sur le processus d’apprentissage et non sur la valeur de
ce qui est appris. Dans un monde en réseau, le besoin d’évaluer la validité
d’une information ou l’intérêt d’apprendre quelque chose, est une meta
compétence qui intervient avant même le début de l’apprentissage. Quand
il y a peu de connaissances à intégrer ou d’informations à disposition, ce
processus d’évaluation est intrinsèque à l’acte d’apprentissage, mais
quand la connaissance est abondante, il devient primordial d’évaluer et de
sélectionner ce qui nécessite d’être appris.
- D’autre part, avec les NTIC, il n’est plus indispensable pour les apprenants
de stocker les connaissances dans leur mémoire, ces dernières peuvent
être stockées dans des bases de données ou chez « d’autres
apprenants ».
D’où l’apparition de cette nouvelle théorie, qui met l’accent sur les
connections qui peuvent nous permettre d’apprendre et d’être informés,
plutôt que sur l’état actuel de nos connaissances.
L’idée est d’acquérir continuellement de l’information nouvelle via nos
connections et de développer la capacité à distinguer l’information vitale,
afin de prendre les décisions pertinentes.
Ainsi, la préoccupation de l’apprenant de demain ne sera plus de retenir
l’information, mais d’être continuellement exposé à la bonne information.
43
- La prise de décision est en soi, un processus d’apprentissage : il faut
choisir ce qu’on veut apprendre et le sens qu’on va donner à
l’information qu’on reçoit. La décision prise aujourd’hui, peut être la
bonne au regard de l’information reçue, et s’avérer mauvaise demain,
en raison de nouvelles informations qui viennent modifier la donne.
Le connectivisme est également une réponse aux nombreux défis que rencontrent
les organisations aujourd’hui dans leur « knowledge management ». Les
connaissances contenues dans une base de données doivent être connectées aux
bonnes personnes, dans le bon contexte, si on veut qu’elles permettent à
l’organisation de progresser.
L’ingénierie de formation doit évoluer avec son environnement sinon elle court le
risque de paraître complètement obsolète par rapport aux attentes et besoins des
apprenants et des organisations. Pour suivre le rythme de l’innovation, elle n’a pas
d’autres choix que d’inclure les outils collaboratifs et permettre aux apprenants de
devenir acteurs de leur apprentissage.
44
Les compétences-clés requises pour l’apprenant, le formateur ou le collaborateur
de demain, seront :
- La capacité de concentration : en effet, il est très difficile de rester
concentré sur une tâche importante, quand on est soumis à un déluge
d’informations, qui sont parfois autant de distractions.
- La capacité à filtrer les éléments importants dans un flux constant
d’informations : La difficulté n’est pas d’accéder à l’information, mais
de sélectionner les éléments de cette information qui vont faire la
différence.
- La capacité à se connecter avec les autres : être capable de
construire des réseaux, afin d’échanger sur les pratiques du moment et
de ne pas se retrouver à la traîne.
- Rester humain : interagir à un niveau humain et non dans un but
utilitariste.
- Créer et donner du sens : comprendre les implications des
informations qu’on reçoit, l’impact qu’elles peuvent avoir pour nous,
pour les autres, pour les projets mis en œuvre, pour la stratégie à
adopter, pour l’évolution avenir.
- Evaluer et authentifier : il faut apprendre à évaluer la valeur des
informations que l’on reçoit et s’assurer de leur authenticité.
- Avoir un esprit critique et créatif : apprendre à poser des questions
face aux connaissances ou aux pratiques partagées. Il n’est pas
question de prendre pour argent comptant toutes les informations
reçues ou connaissances partagées, mais d’apprendre à poser les
bonnes questions et enrichir les idées des autres par ses propres
réflexions.
- Accepter l’incertitude : Trouver le bon équilibre entre le connu et
l’inconnu, essayer de faire le lien entre les connaissances actuelles et
les connaissances nouvelles, qui n’ont pas encore été testée et qui
relèvent encore du domaine de l’incertain.
45
4- Tout le monde en parle, mais « quid de la mise en œuvre » ?
Les outils Web2.0 peuvent se montrer puissants, mais ils nécessitent une réflexion
en amont sur la stratégie à adopter pour les intégrer de la façon la plus efficace
possible dans un dispositif d’apprentissage.
46
Du coup, comment faire pour mettre en place un dispositif de formation innovant et
performant ?
Cela dépend essentiellement de l’étape où vous vous trouvez. Selon le niveau de
maturité de votre entreprise vis-à-vis des technologies innovantes et de ce qui est
déjà intégré, votre stratégie ne sera pas la même. Passer trop brutalement du tout
présentiel à une formation intégrant du e-learning et des outils web2.0 peut s’avérer
une démarche difficile et risquée quant à son issue.
Le mieux est donc de commencer intégrer du e-learning, technologie éprouvée,
mise en place dans de grands groupes avec succès et dont la démarche est
jalonnée.
Si cette modalité est déjà en place dans votre entreprise, et qu’elle apporte
satisfaction aux apprenants, vous pouvez envisager de poursuivre sur le chemin de
l’innovation en intégrant les outils collaboratifs du Web2.0.
L’idée étant non pas de juxtaposer les modalités, mais de les combiner en fonction
des besoins et des caractéristiques spécifiques de chaque outil, afin de faciliter
l’apprentissage.
47
• Créer du e-learning sans se poser la question de l’ingénierie
pédagogique. Les outils auteurs ne dispensent pas d’une réflexion
en amont sur les objectifs pédagogiques et les moyens à mettre en
œuvre dans le cours e-learning pour s’assurer de l’atteinte de ces
objectifs.
• Intégrer des outils sociaux sans prévoir les professionnels
compétents pour les faire vivre. La seule présence des outils ne
suffit pas à créer de l’échange et de la collaboration. Plus que
jamais, le succès de ces outils est lié à leur animation par un tuteur
compétent, qui pose les bases de la coopération et de la confiance
et qui facilite les interactions entre les personnes.
• Intégrer des outils sociaux sans dispositif d’ingénierie de
formation. Même si on parle d’apprentissage informel quand on
évoque les outils collaboratifs, cela ne veut pas dire que leur
fonctionnement est informel. Ces outils favoriseront d’autant plus
l’apprentissage, qu’ils sont intégrés dans un dispositif réfléchi où l’on
met les outils les plus pertinents possibles par rapport au besoin
d’apprentissage.
48
En général, le choix qui est fait aujourd’hui, consiste souvent à présenter sous
format e-learning tous les aspects savoirs, c’est-à-dire connaissances théoriques,
pour permettre à la formation présentielle de se concentrer sur le savoir-faire et le
savoir-être, c’est-à-dire des simulations, jeux de rôle ou applications. Cette
stratégie n’est pas forcément mauvaise et présente l’avantage d’être
généralement bien accueillie par les apprenants et les formateurs, mais elle limite
les usages que l’on peut faire de la pédagogie e-learning et simplifie à l’extrême
l’ingénierie de parcours, qui pourrait exploiter plus intensivement les richesses de
chaque modalité (cet aspect sera développé dans une partie ultérieure).
49
o Les formateurs peuvent craindre pour leur place : la formation
e-learning diminue le volume de formation en présentiel et
donc le besoin de formateurs. Il faut savoir que beaucoup
d’entreprises ont fait le choix de ne pas diminuer la formation
présentielle, mais plutôt de l’axer sur la mise en application ou
bien de former plus de personnes. Par ailleurs, les formateurs
vont voir leur rôle évoluer vers l’animation de communautés
d’apprenants ou vers le tutorat.
o Le service informatique se soucie du bon fonctionnement de la
formation en ligne, du point de vue technologique. Il peut
craindre une croissance exponentielle du nombre de coups de
fil à la hot line en raison de dysfonctionnements informatiques.
Assurez-vous en amont, avec le responsable informatique que
l’équipement permet la formation en ligne (bande passante,
présence de l’audio, …) et surtout pensez à l’impliquer dans le
choix de la plateforme et du logiciel de création e-learning.
o Les managers quant à eux peuvent se montrer assez satisfaits
de ne pas voir leurs collaborateurs s’absenter plusieurs jours
de leur poste de travail pour aller en formation. Cela dit, il est
essentiel qu’ils s’impliquent dans le développement des
compétences de leurs équipes et qu’ils autorisent le temps
nécessaire de formation en ligne, sans interruption.
50
o L’autre choix possible consiste à mettre en place au sein de votre
entreprise une équipe de conception e-learning, soit, en plus du
chef de projet e-learning, un concepteur pédagogique e-learning,
un infographiste et un responsable informatique. Cela implique
d’investir dans un outil auteur et dans la formation éventuelle du
concepteur à cet outil. L’avantage réside essentiellement dans
une plus grande souplesse et une meilleure réactivité.
o Vous pouvez également opter pour faire la conception
pédagogique en interne et uniquement externaliser la réalisation
graphique. Certaines entreprises adoptent cette solution dans la
mesure où elles ont en interne un responsable pédagogique qui
peut développer la compétence spécifique à la conception de
scénarios e-learning, et qu’en revanche, elles ne veulent pas
recruter de graphistes ou de flasheurs pour produire la
médiatisation des formations.
o Enfin, il existe des modules sur étagère prêt à l’emploi, et qui sur
des compétences génériques peuvent être intégrés à vos
formations existantes.
51
• Visez l’amélioration permanente de votre dispositif.
Demandez des feedbacks aux apprenants sur les points forts de la formation et sur
ce qui peut être amélioré, et tenez compte des remarques pour revoir les dispositifs
proposés.
Sans être exhaustif sur le sujet, il nous semble important de dire quelques mots
sur les plateformes LMS, car le choix de la plateforme a une incidence sur la
facilité de prise en main des parcours de formation à distance par les différents
acteurs concernés, à commencer par les apprenants et les tuteurs.
Les plateformes LMS permettent la gestion administrative des formations à
distance : gestion des contenus proposés, inscription des apprenants, suivi des
apprenants, élaboration de parcours pédagogiques. Mais certaines intègrent de
plus en plus de fonctionnalités supplémentaires, telles qu’un moteur de
recherche, un glossaire, des outils collaboratifs, des outils statistiques, des outils
de sondage, un flux RSS, un espace personnel. Ces nouvelles fonctionnalités
facilitent l’accès à de nombreux outils pour l’apprenant, sans qu’il ait besoin de se
logger plusieurs fois sur différents sites.
Avant de faire le choix d’un LMS, il convient de bien réfléchir à l’usage qu’on veut
en faire, afin de s’assurer que la plateforme sélectionnée répond bien aux
besoins.
Il existe de nombreux éditeurs de plateformes sur le marché, parmi lesquels on
peut citer :
- Syfadis : Syfadis LMS
- Saba : Saba Learning
- SumTotal : TotalLMS
- X-PERTeam : WBT Manager
- MindOnSite : MOS Chorus
- E-doceo : E-learning Manager
- Cornerstone : Cornerstone OnDemand
52
Ces sept plateformes convergent vers les mêmes types de fonctionnalités, en
proposant un espace apprenant et un processus complet de gestion des
compétences.
Certaines développent en plus, des fonctionnalités Web2.0, afin de permettre
l’accès à des outils collaboratifs via la plateforme.
Concrètement, si vous devez choisir une plateforme, examinez les deux points
suivants :
- Le périmètre actuel des fonctionnalités de la plateforme : partez de vos
besoins et assurez-vous que la plateforme choisie répond à vos besoins.
- L’évolution possible de la plateforme : anticipez au mieux sur vos besoins
futurs et veillez à ce que la plateforme envisagée puisse évoluer avec vos
besoins. Certains éditeurs proposent même des développements
personnalisés.
Pour commencer, vous pouvez opter pour un mode SAAS (Software as a service)
de votre LMS, ce qui vous permet de bénéficier du service, sans pour autant
acheter une licence perpétuelle du logiciel. Cela vous donne l’occasion de tester
les services d’un éditeur et d’en changer plus facilement s’ils ne vous satisfont
pas. L’inconvénient majeur de ce mode réside dans la confidentialité des
données, car il exige le transfert des données de l’entreprise cliente sur le serveur
du prestataire de service. Il faut savoir néanmoins que les centres de données
des prestataires de SAAS sont souvent mieux protégées que ceux des
entreprises !
Enfin, rien ne vous empêche de tester gratuitement une plateforme open source,
en vous inscrivant sur Moodle, pour expérimenter les fonctionnalités d’un LMS
innovant et réputé et ensuite avoir l’attente d’un LMS au moins aussi performant
de la part de l’éditeur que vous sélectionnerez.
53
d. Comment créer une communauté apprenante en ligne ?
54
• Attribuer quelques rôles clés. L’expérience montre que 80%
des communautés qui opèrent sans l’intervention d’un
modérateur, échouent. Il y a ainsi quelques rôles essentiels à
assigner dès la mise en œuvre de la communauté.
o L’organisateur : il s’agit de la personne qui est à l’origine de
la communauté et qui va établir les autres rôles. Il prend les
décisions sur les conditions de participation à la
communauté, et donc sur les personnes qui peuvent en être
membre. Il planifie et lance les activités de la communauté.
o Le facilitateur : Il peut s’agir de la même personne que
l’organisateur mais pas nécessairement. Son rôle est de faire
vivre la communauté au jour le jour : accueillir les nouveaux
membres, stimuler les discussions, identifier les discussions
inertes pour éventuellement les revitaliser, identifier les
membres passifs pour les orienter vers des discussions qui
peuvent les intéresser, contacter éventuellement les
participants, offline, pour mieux comprendre leurs besoins.
o Le modérateur : il n’est pas indispensable à toutes les
communautés, mais son rôle est d’approuver les
contributions des participants avant qu’elles ne soient
publiées.
o Le ou les activateurs : L’organisateur peut sélectionner
certains membres de la communauté pour jouer le rôle
d’activateurs, sachant que ce rôle peut tourner au sein des
membres. L’activateur vient en soutien du facilitateur, en
intervenant activement dans les discussions, les enrichissant,
répondant aux contributions, aux commentaires ou aux
questions des participants. Le facilitateur peut faire appel à
lui lorsque plusieurs contributions sont restées sans réponse.
o Le ou les parrains : L’organisateur peut demander à des
membres de parrainer de nouveaux participants, afin de
créer du lien avec eux, les guider, éventuellement les appeler
pour leur expliquer comment compléter leur profil,
télécharger leur photo…
55
• Faire le choix des outils collaboratifs mis à disposition de la
communauté. Votre communauté va se définir par le but qu’elle
poursuit ensemble, les personnes qui en font partie, mais
également la façon dont elles interagissent ensemble pour
partager leurs connaissances et apprendre ensemble. Les outils
collaboratifs à votre disposition sont multiples (cf chapitre 1 de
l’étude): ils peuvent permettre la communication individuelle et la
communication en groupe, la communication synchrone ou
asynchrone, le partage de documents ou de médias.
L’organisateur de la communauté doit concevoir une stratégie de
communication, utiliser ces différents outils dans un but bien
défini, et expliquer clairement sa stratégie au facilitateur.
Deux erreurs majeures ont failli être fatales au e-learning à ses débuts, et lui ont
valu une ample déconvenue :
- La première erreur a été de prétendre substituer complètement le e-learning
au présentiel. La machine ne peut pas remplacer l’homme, surtout dans le
domaine de la connaissance et de l’apprentissage. Les entreprises ne
peuvent pas adopter les nouvelles technologies pour de simples raisons de
baisse des coûts, mais par conviction que ces nouvelles technologies
peuvent contribuer à un apprentissage plus efficace. Comme nous l’avons
vu précédemment, l’introduction d’outils collaboratifs implique la création de
nouveaux rôles : un organisateur qui aide les participants à contribuer au
mieux et qui sélectionne les informations les plus pertinentes pour
l’entreprise, un modérateur qui crée un environnement confiant, en
s’assurant que chacun contribue selon des règles établies, un facilitateur qui
nourrit les conversations et encourage les commentaires. Toutes ces tâches
ne s’improvisent pas. Organiser l’apprentissage via des outils informels,
requiert les compétences pédagogiques des professionnels de la formation.
En effet, ils savent comment les adultes apprennent et comment transformer
l’information en formation ! les entreprises ont tout intérêt à s’appuyer sur
ces professionnels et sur leur expérience, même si leur rôle a besoin
d’évoluer et requiert le développement de compétences complémentaires.
- La seconde erreur, contingente à la première, a été de négliger l’ingénierie
de formation et de se contenter de juxtaposer des briques e-learning avec
des briques présentielles, sans réelle réflexion en amont. La logique sous-
tendant cette démarche était à nouveau une logique de substitution, qui
consistait à remplacer certains modules de formation présentielle par des
modules e-learning, dans un souci de réduction des coûts. Cette pratique
abusivement nommée blended learning aurait du s’appeler juxtaposed
learning !
Aujourd’hui, le blended learning dans les entreprises a évolué vers une démarche
plus réfléchie qui consiste essentiellement à convertir en e-learning les
connaissances théoriques, dans le but de permettre à la formation présentielle de
56
se concentrer sur le savoir-faire et le savoir-être, via des études de cas, des
simulations, des jeux de rôle. Cette évolution présente un certain intérêt et semble
satisfaire apprenants et formateurs, mais est loin d’exploiter la richesse des média
à disposition et leur potentiel pédagogique.
C’est pourquoi nous vous proposons une approche plus audacieuse, qui reconnaît
les multiples possibilités des nouveaux outils intégrés aux outils plus traditionnels :
le learning2.0.
Pour s’engager dans un processus plus réfléchi, donc plus complexe, il faut à la
fois connaître les différents médias à disposition, leurs avantages et leurs
inconvénients, mais aussi évaluer le niveau de maîtrise des compétences attendu
pour les apprenants.
57
Serious game Auto-formation Très interactif, Très coûteux à
engageant produire, nécessité
pour l’apprenant de
transférer ces
connaissances d’un
monde fictif au monde
réel.
Simulateur Auto-formation Outil fortement interactif, Très coûteux à
orienté vers la maîtrise produire
d’un savoir-faire,
s’approche le plus
possible de la situation
de travail
Rapid learning Auto-formation Peu coûteux et facile à Peu lasser
produire rapidement, pas
toujours interactif
Vidéo Auto-formation Intéressant, attractif Vidéo de qualité chère
à produire et à livrer,
veiller à bande
passante insuffisante,
long à visionner, ne
permet pas un accès
aléatoire à
l’information
SSPE Auto-formation Très utile si problème Difficile à produire.
(système de bien ciblé. Exige d’avoir identifier
support à la des difficultés
performance communes à de
électronique) nombreux utilisateurs.
Vidéo Relations Nombreuses Exige au départ un
conférences synchrones avec interactions sociales, lourd investissement
les autres moins cher à mettre en dans le matériel
œuvre qu’une formation
en salle
Outils Relations Motivant, permet de Usage demande
collaboratifs synchrones ou garder en mémoire réflexion en amont, et
(WEB2.0) asynchrones avec l’historique des présence
les autres interactions ou des d’animateurs et de
contributions des modérateurs
participants.
Conférences Relations Excellent pour donner Peut devenir
en ligne synchrones avec de l’information, ennuyeux si ça dure
les autres répondre à des trop longtemps,
questions difficile à animer pour
le formateur
58
Job aids (aides Auto-formation Très utile comme outil Ne convient pas pour
au travail) d’aide au travail. développer de
nouvelles
compétences
Applications Relation Très utile pour parvenir Exige l’implication
dans le travail synchrone ou à la maîtrise d’une d’une tierce personne
asynchrone avec compétence qui joue le rôle de
un tuteur tuteur
Il est essentiel d’avoir consciences des médias qui sont à votre disposition, de leurs
forces et de leurs faiblesses, même si votre budget ne vous permet pas
nécessairement de faire appel aux plus coûteux d’entre eux.
Selon les contraintes de l’environnement d’apprentissage et les objectifs
pédagogiques visés, vous construirez le mixe le plus approprié.
59
intervenir en tant qu’expert ou en tant qu’animateur, afin que
chacun trouve l’aide adéquate.
60
elles viennent contredire son savoir antérieur et l’apprenant a
d’autant plus besoin de tester ces nouveaux concepts dans
des exercices d’application, afin d’en éprouver la pertinence
et l’efficacité. Sinon, il en restera à des savoirs théoriques
qu’il ne jugera jamais bon d’appliquer dans son travail. Cette
phase est l’occasion pour le formateur ou l’animateur de
proposer des activités pédagogiques qui suscitent les débats
et l’argumentation et provoquent des conflits socio-cognitifs.
Les médias possibles à ce stade, sont des exercices en
lignes ou en présentiel, des études de cas scénarisées et
interactives, seul ou en groupe, en ligne ou en présentiel.
61
Renforcement
Prise de conscience Efficience Performance
62
La difficulté pour lui, va être de fixer des attentes dans un nouvel
environnement avec de nouveaux médias, où il va également être
considéré comme le référant technologique. Ce sera à lui de préciser
les comportements attendus en ligne, le rythme et la fréquence des
contributions de chacun dans les interactions asynchrones. Dans la
mesure où la granularité a pour but l’individualisation de la formation,
l’animateur doit laisser une plus grande latitude aux apprenants
d’organiser leur parcours selon leurs besoins, tout en favorisant le lien
entre les participants.
Au final, le formateur demeure la clé de voute du dispositif de formation
2.0. Il doit être en constante communication avec son groupe
d’apprenants et favoriser les discussions ouvertes, en laissant
suffisamment de liberté pour que chacun apporte sa contribution, mais
en veillant à limiter les éventuels dérapages.
Au mieux, vous pouvez espérer une certaine familiarité avec les outils,
notamment de la part de la jeune génération. Cela dit, ils n’ont pas
encore l’habitude d’utiliser ces outils dans un cadre éducatif. Les
professeurs, les écoles, les universités sont eux-mêmes en pleine
transition et s’efforcent de trouver le moyen d’intégrer ces nouveaux
outils dans leur contexte.
Le fait d’évoluer dans un environnement d’apprentissage nouveau,
auquel ils ne sont pas habitués, qui leur demande d’être beaucoup plus
actif qu’auparavant, peut générer une certaine inhibition et la crainte
d’interagir avec les autres via ces nouveaux outils.
Le blocage n’est pas seulement lié aux nouveaux outils, mais à la
nouvelle attitude que ces outils requièrent dans l’apprentissage.
Malheureusement de nombreux adultes ont pris l’habitude de recevoir
la formation de manière très passive et il faut les amener à participer de
manière progressive, via des exercices guidés.
Il se peut que le learning2.0 soit encore un concept flou, mais tout est
réuni pour intégrer ce nouveau modèle d’ingénierie : la maturité
technologique, l’environnement économique des entreprises, et une
nouvelle mentalité des internautes qui s’habituent à contribuer à des
discussions sur le Web.
Les concepteurs, les formateurs et les apprenants vont vivre de
nouvelles expériences, qui vont probablement présenter des
challenges et les pousser à développer de nouvelles attitudes et
capacités !
63
f. Un mot des RSE (Réseau Social d’Entreprise)
Créer une communauté apprenante en incluant des outils Web2.0 d’une manière
réfléchie dans un parcours de formation, n’est pas la même chose que créer un
RSE. Dans les deux cas les outils Web2.0 sont mis à contribution, mais à des fins
différentes :
• Lorsqu’on intègre le Web2.0 dans un parcours de formation, on réfléchit au
meilleur moyen d’utiliser ces nouveaux outils collaboratifs dans un
apprentissage formel. D’où l’idée d’un animateur qui soit également tuteur
ou formateur, pour poster des exercices, des discussions, ou toutes sortes
de documents qui alimentent le débat, et ainsi favoriser l’apprentissage.
• Un RSE est un réseau social (type facebook) interne à l’entreprise, qui met
en relation tous les collaborateurs d’un groupe. Le RSE est donc un moyen
pour les entreprises de structurer l’apprentissage informel, s’il est conçu
dans le but, notamment, de constituer des communautés apprenantes. De
ce point de vue il représente un outil formidable pour la capitalisation du
savoir dans l’entreprise. Comme nous l’avons vu précédemment, 70% de
l’apprentissage est informel et provient de notre expérience, des tâches
qu’on est amené à effectuer et des problèmes que l’on doit résoudre.
Dans cette perspective, les entreprises ont tout intérêt à faciliter cet
apprentissage informel. Un RSE leur permet de tirer partie des
expériences et des compétences de chacun, en stimulant les échanges
entre personnes via les outils collaboratifs. Pourtant aujourd’hui, de
nombreuses directions d’entreprises se montrent réticentes à mettre en
place ces outils et expriment certaines craintes :
o Crainte vis-à-vis de la circulation d’informations confidentielles
o Crainte d’une baisse de productivité des salariés, en raison du temps
passé à échanger avec leurs collègues sur le RSE
o Crainte concernant la souplesse et la liberté d’expression induites par
les RSE, qui risquent de bouleverser les processus rigidifiés de
certaines organisations.
o Craintes des managers de la perte de contrôle sur leurs collaborateurs.
o Crainte de la hiérarchie de voir certaines décisions soumises à
discussion.
64
o Les outils sociaux permettent la capitalisation du savoir et des bonnes
pratiques, qui en général se perdent dans les méandres de
l’apprentissage informel !
o Un RSE permet le rapprochement entre des personnes
géographiquement dispersées.
o Un RSE est une plateforme d’échange horizontale, qui favorise le
décloisonnement et la circulation des informations interservices.
• Enfin, que les craintes soient légitimes ou non, les entreprises ne pourront
pas s’opposer à cette tendance : leurs salariés utiliseront de plus en plus
les nouvelles technologies pour trouver les informations dont ils ont besoin
auprès d’autres internautes. Cela se fera avec ou sans leur entreprise. Il
est donc préférable pour elles de chercher à tirer partie de cette tendance,
plutôt que de se laisser dépasser et voir les jeunes générations postuler
chez les concurrents qui ont adopté le Web2.0 : ce sera assurément un
facteur déterminant de séduction et de rétention des talents.
65
Pour résumer :
Le web1.0 connecte les internautes à des données
Le web2.0 connecte les internautes entre eux
Le web3.0 connecte des bases de données à des bases de données
66
• Les objets à technologie intégrée.
On le constate dans notre vie de tous les jours, la technologie s’invite
dans notre quotidien en intégrant des objets ordinaires : montres,
téléphones, voitures, appareils électroménagers, stylos.
On peut envisager l’intégration des technologies dans des objets
courants, qui pourront être utilisés à des fins pédagogiques :
o Une table qui analyse le temps de parole de chaque interlocuteur.
La table est composée de plaques dont l’intensité lumineuse croît
en fonction du temps de parole de la personne assise face à cette
plaque. Bien sûr, cette table n’est pas capable d’analyser la
pertinence des propos tenus par les différents interlocuteurs (du
moins pas encore), elle se contente de refléter une réalité. A chaque
personne ensuite d’examiner si elle monopolise trop la parole ou au
contraire si elle n’intervient pas suffisamment.
o Un plateau avec une reproduction miniature d’un entrepôt et des
casiers à ranger dans cet entrepôt. Des étudiants en logistiques
peuvent s’entrainer à calculer le rangement le plus rationnel et
tester leurs calculs sur cette reproduction miniature. La technologie
intégrée dans ce plateau avertit l’étudiant (via un signal rouge ou
vert) du bien-fondé de ses calculs, en lui indiquant si les chariots
élévateurs peuvent circuler entre les espaces de rangement (de
petits chariots électriques se déplacent entre les cases miniatures
installées par l’apprenant).
67
o Web4.0 : L’initiative est confiée à l’ordinateur :
• La possibilité pour le Web de détecter ce qu’on écrit et du coup
de faire des propositions spontanées de mise en contact ou de
recherches connexes : par exemple quelqu’un écrit un document
sur un sujet et internet lui propose via un pop-up de le mettre en
contact avec une personne qui a écrit sur le même sujet.
• La possibilité pour un Smartphone de prévenir de contretemps
ou de proposer des solutions : par exemple quelqu’un se rend à
un RV et se retrouve bloqué dans un embouteillage. Le
smartphone-GPS le sait grâce à l’agenda et au GPS intégrés, il
envoie un message spontanément à la personne qui attend.
• La possibilité pour le Web4 de donner des conseils à l’achat :
quelqu’un est sur le point d’acheter un article en ligne, et internet
prévient cette personne que le même article est disponible moins
cher sur un autre site.
68
• La possibilité pour internet de donner des recommandations :
quelqu’un se rend à une conférence, sur la base de ses réseaux
professionnels et de son profil, le Web4.0 peut lui recommander de
rencontrer certaines personnes inscrites à la conférence.
Tant que ces technologies ne sont pas disponibles, il est délicat d’envisager l’usage
qu’on pourra en faire en formation. Mais une chose est certaine, l’évolution
technologique tend à montrer que la valeur ajoutée de la fonction formation dans
l’avenir, résidera avant tout dans sa capacité à développer des dispositifs de
formation intégrant toutes les modalités disponibles de manière réfléchie et
pertinente vis-à-vis de l’apprentissage, ainsi qu’à accompagner l’apprenant dans son
parcours de formation.
L’expertise et le contenu seront quant à eux, de plus en plus abondants, changeants,
partagés entre diverses personnes, et accessibles gratuitement sur internet.
69
Bibliographie et documentation :
- Formation : les dispositifs en question, édition Liaisons 2008, sous la
direction de Sandra Enlart
- Philippe Joffre : Optimiser ses achats de formation, édition Dunod 2005
- Alain Meignant : Manager la formation, édition Liaisons 2006
- Sandra Enlart, Monique Bénaily : La fonction formation en péril, édition
Liaisons 2008
- Philippe Carré : L’apprenance, vers un nouveau rapport au savoir,
édition Dunod 2005
- Rob Cross, Robert J. Thomas : Driving results through social networks
- Don Tapscott : Grown up Digital
- Charlene Li : Groundswell, winning a world transformed by social
technologies
- http://guidecms.com/
- http://www.cairn.info/
- http://elearningroadtrip.typepad.com/
- http://www.learningcontentnetwork.com/
- http://www.innovateonline.info/
- http://www.formation-professionnelle.fr/
- http://www.siloinsiproche.com/
- http://www.francoisguite.com/
- http://carbon.cudenver.edu/
- http://headrush.typepad.com/
- http://www.nxtbook.com/
- http://network.clomedia.com/
- http://www.towardsmaturity.org/
- http://www.mckinseyquarterly.com/
- http://www.einclusion-eu.org/
- http://www.inrp.fr/
- http://ltc.umanitoba.ca/
- http://www.atelier.fr/statistiques/biblio-19.html
- http://www.awt.be/index.aspx
- http://www.innovativelearningtechnologies.fr/
- http://www.journaldunet.com/
- http://www.alt.ac.uk/
- http://www.elearningguild.com/
- http://www.brandon-hall.com/news/
- http://www.c4lpt.co.uk/index.html
- http://eclec-tic.blogspot.com/
- http://www.learningtechnologies.co.uk/magazine/articles.cfm
- http://techwadi.blogspot.com/
- http://www.astd.org/content/research/
- http://www.ed.gov/rschstat/eval/tech/evidence-based-
practices/finalreport.pdf : meta analyse US sur les résultats
comparés de l’apprentissage en ligne, en blended et en face à face
70