Antoine de Saint Exupéry - Dossier Complémentaire
Antoine de Saint Exupéry - Dossier Complémentaire
Antoine de Saint Exupéry - Dossier Complémentaire
Littérature en français
Prof. Cecilia Verdi
Antoine de Saint Exupéry (1900-1944) : Écrivain, journaliste, pilote et combattant. Acteur et témoin
privilégié des progrès de l’aviation moderne, il plonge dans la morale héroïque de son temps pour
s’interroger sur le sens à donner à l’action. Toute sa pensée de est centrée sur l'action, le travail
et le service rendu aux autres.
Dans ses récits, inspirés par son expérience d'aviateur, il refuse le romantisme de l'aventure
individuelle pour célébrer l'esprit d'équipe, la fraternité et la solidarité dans l'accomplissement d'un
métier dangereux.
Saint Exupéry a cherché à mettre en lumière un humanisme nouveau où les vertus traditionnelles
de courage, de volonté et de noblesse seraient à la mesure d'une civilisation vouée au progrès
technique. Mais pour lui, ni l'avion ni l'action ne constituent un but en soi. Ce qui compte, ce sont
les autres, c'est l'enracinement dans une communauté, dans un groupe, dans un pays, car «chacun
est responsable de tout». (Pilote de guerre).
Sa vie
Antoine de Saint Exupéry est né à Lyon le 29 juin 1900. Il passe une enfance heureuse malgré la
mort prématurée de son père et d'un frère. Fasciné par les avions dès son plus jeune âge, il fait
son baptême de l'air à 12 ans à l'aérodrome d'Ambérieu-en-Bugey (dans l’Ain, en région Auvergne-
Rhône-Alpes).
C’est dans le cadre de son service militaire qu’il devient pilote. En 1926, il est engagé par la
compagnie Latécoère (renommée en 1927 Compagnie Générale Aéropostale) pour effectuer le
transport du courrier entre Toulouse et Dakar. Parallèlement il commence à écrire. Son premier
récit, L’aviateur (1926), s’inspire de son expérience de pilote. Entre 1927 et 1931 Antoine de Saint-
Exupéry effectue de nombreuses liaisons pour l'Aéropostale avec d’autres héros de l’aviation,
notamment Jean Mermoz et Henri Guillaumet. En septembre 1929, il part en Argentine pour
contribuer au développement de l'Aéropostale en Amérique du Sud. S'inspirant toujours de ses
vols et ses rencontres avec les hommes, il publie Courrier sud (1929) et Vol de nuit ou il évoque
ses années en Argentine et le développement des lignes aériennes vers la Patagonie dans un style
lyrique.
À partir de 1932, Saint Exupéry se consacre au journalisme et aux raids aériens. Il fait de
grands reportages au Viêt Nam (1934), à Moscou (1935), en Espagne (1936). Cette
expérience nourrit sa réflexion sur les valeurs humanistes.
En 1935, lorsque Antoine de Saint Exupéry tente d'assurer la liaison de Paris-Saïgon, son
avion s'écrase dans le désert de Libye. C'est une caravane de nomades qui vient le sauver.
C’est ainsi qu’il fait l’expérience d’une rencontre « miraculeuse » et comme « tombée du ciel».
Cette expérience va lui inspirer son œuvre la plus connue, Le Petit Prince.
En 1939, il publie Terre des hommes, recueil de récits autobiographiques récompensé par le
grand prix du roman de l'Académie française. Il y relate ses expériences d’aviateur et de
journaliste dont un bref séjour à Concordia, Entre Ríos, suite à une panne de son avion.
En 1939, il sert dans l'Armée de l'air, affecté à une escadrille de reconnaissance aérienne. À
l'armistice de juin 1940, il quitte la France pour New York avec l'objectif de faire entrer les
États-Unis dans la guerre et devient l'une des voix de la Résistance.
Dans Pilote de guerre (1942), il raconte une mission au-dessus des lignes allemandes et
exprime la dualité de ses idéaux, partagés entre son humanisme qui lui inspire des sentiments
fraternels pour tous les hommes, et son patriotisme qui lui impose la lutte armée.
En 1943, est paru aux États-Unis Le Petit Prince, un conte poétique et philosophique. Le
narrateur est un aviateur en panne dans le Sahara : il va rencontrer un petit prince qui
s'interroge sur l'absurdité du monde des adultes. Le Petit Prince est publié d’abord aux États-
Unis, puis en France, en 1946.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Saint Exupéry cherche à s'engager pour piloter un
avion de combat moderne aux côtés des Alliés. De nombreux accidents et sa mauvaise santé
le font mettre "en réserve de commandement". On lui confie des missions mineures
d'inspection aérienne et de cartographie en vue du débarquement en Provence. C'est au cours
d'une de ces missions, le 31 juillet 1944, que son avion (P-38 Lightning) disparaît au-dessus
de la Méditerranée. Saint Exupéry est reconnu "Mort pour la France".
Antoine de Saint Exupéry a laissé une œuvre d'humaniste qui propose une morale de l'action
et du devoir fondée sur une croyance en la grandeur de l'homme. Son œuvre est sa vie. « De
là une authenticité qui sonne dans chaque mot: de là aussi un stoïcisme vivant, car l'action
met au jour le meilleur de l'homme »- précise l’écrivain et critique littéraire André Maurois.
Son expérience de pionnier de l'aviation et de pilote de ligne et de guerre lui donne toute la
légitimité pour délivrer son principal message : « C'est par le dépassement de soi que l'on
devient un Homme ».
ŒUVRES
Courrier Sud (1929); Vol de nuit (1931); Terre des Hommes (1939); Pilote de guerre (1942); Le
Petit Prince (1943); Lettre à un otage (1943); Citadelle (posthume, 1948).
Le Petit Prince
Résumé
Le narrateur évoque ses premiers dessins, son enfance solitaire, sa décision de devenir pilote
(chap. 1), raconte enfin comment, à la suite d’une panne, il y a six ans, il dut poser son avion en
plein Sahara. C’est là qu’il a rencontré le Petit Prince (2). Celui-ci lui révèle qu’il vient d’une autre
planète (3), lui demande de lui dessiner un mouton et se permet de nombreuses digressions sur
l’astéroïde B 612, sur la mentalité des adultes, leur sérieux, les baobabs qui envahissent sa petite
planète avec ses merveilleux couchers de soleil et son unique fleur: une rose (4-8). Les voyages
interplanétaires du Petit Prince l’ont amené à découvrir une galerie de portraits (9): le roi d’un
empire illusoire (10), le vaniteux (11), le buveur (12), le businessman (13), l’allumeur de réverbères
(14), le géographe (15). Sur la terre, il rencontre, en plus grand nombre encore, tous les types
précédents (16) auxquels s’ajoutent le serpent qui parle par énigmes (17), un désert fleuri de roses,
l’écho, des montagnes variées (18-20) et surtout, le renard (un fennec) qui, apprivoisé par le Petit
Prince, devient unique au monde par l’amour qu’on lui porte (21). Les aiguilleurs (22), le marchand
de pilules qui font gagner du temps sont de nouvelles caricatures des préoccupations du monde
moderne (23). Au huitième jour de panne dans le désert, le manque d’eau devient inquiétant: le
Petit Prince révèle au narrateur la source inépuisable, trésor que chacun porte en soi (24-25). Mais
ce sera bientôt l’heure de la séparation (26). Désireux de retrouver sa rose, l’enfant se fait piquer
volontairement par un serpent, qui le renvoie dans son monde.
La narration, accompagnée de dessins naïfs, a l’apparence d’un conte pour enfants. La simplicité
du ton, la candeur des répliques, l’aspect volontairement irréel et fantaisiste de l’histoire renforcent
cette impression. Mais Le Petit Prince n’est pas une comptine destinée à amuser le lecteur. Les
aspects didactiques, voire moralisateurs, sont évidents; le symbolisme y est omniprésent: dessiné,
désiré, le mouton prend vie. Aux baobabs, qui représentent la force aveugle, s’oppose la fleur
fragile qui représente la féminité et l’amour. Le renard apprend au Petit Prince le véritable sens de
l’amitié et, à son tour, le Petit Prince l’enseigne au pilote égaré. Dans l’aridité désertique du retour
sur soi-même semblent renaître les vrais sentiments: ceux que le cœur seul, loin du langage
trompeur de la société, peut appréhender.
Récit mystérieux, Le Petit Prince est avant tout une réflexion sur la richesse du monde intérieur
et, paradoxalement, sur les rapports avec autrui. L’amour, l’amitié, l’attachement, la souffrance
que peut engendrer la séparation, étapes inévitables de la vie affective, sont tour à tour découverts.
En régressant au niveau de l’enfant, le narrateur pourra enfin progresser sur le chemin du salut et
échapper à une lente agonie dans un monde privé de valeurs.
Le recours au merveilleux, à l’humour (accentué par les illustrations au style parfois «primitif»), et
surtout à la spiritualité, permettent de faire face aux contraintes du destin, aux limitations de la
matière et à la peur de la disparition physique. Ainsi, d’étoile en étoile, de découverte en
découverte, les pérégrinations du Petit Prince sont autant de voyages initiatiques qui
rattachent ce récit poétique à la tradition de la fable et du conte philosophique. Dans son
étrangeté, le Petit Prince suggère une pluralité d’interprétations et exprime, à l’aide d’un langage
imagé, voire ésotérique, un ensemble de convictions éthiques que le lecteur retrouvera dans
Citadelle (1948).
Comme dans Terre des Hommes, l’idée fondamentale qui se dégage du Petit Prince est celle de la
fraternité et de l'amour qui relient tous les hommes. Dépassant les limites que la barrière des langues
impose à l'homme («Le langage est source de malentendus») que les traditions et les préjugés,
séparent les hommes, Saint Exupéry rend hommage à cet esprit de solidarité qui permet à des êtres
qui ne se sont jamais vus auparavant de parler, sinon la même langue, du moins le même "langage" de
la fraternité, de se considérer comme frères. Partout où Saint Exupéry ira, il verra dans chaque être
humain un frère. L'avion, ce merveilleux outil, ce magnifique instrument de vol, permettra à Saint
Exupéry de voyager partout et de resserrer les liens qui l'unissent aux autres hommes. Ses rencontres
vont lui permettre de mieux connaître les autres, de mieux se connaître et de mieux connaître la
planète, de l'aimer, de la cultiver comme le Petit Prince cultive, aime et soigne sa rose sur son astéroïde
B 612. Cette rose est unique. C'est elle qu'il s'agit de protéger. Pour Saint Exupéry «Être homme, c'est
précisément être responsable ». Il s’agit donc d’une valeur collective.
Parmi les valeurs défendues par l’auteur, il faut mentionner :
-Les valeurs humanistes : respect de l’autre, solidarité, amitié...
-Le sens de la responsabilité
-Le sens de l’effort
Les messages que l’auteur souhaite faire passer sont concentrés dans les propos des personnages.
Voici des exemples:
« On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. » (XXI)
« Les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le coeur » (XXV)
« Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. »
« C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. » (XXI)
« On ne connaît que les choses que l’on apprivoise. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître.
Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands ».
« Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis,
les hommes n’ont plus d’amis ».
« Les hommes ne savent pas ce qu’ils cherchent. Ils cultivent cinq mille roses et ils n’y trouvent pas ce
qu’ils cherchent » (XXV)
« Ce qui embellit le désert, dit le Petit Prince, c'est qu'il cache un puits quelque part. » (XXIV)
« Les étoiles sont belles à cause d’une fleur qu’on ne voit pas »
L’auteur ne cherche pas forcément à nous instruire ou à nous donner une leçon. Il s’agit plutôt d’une
sollicitation. En effet, il nous il nous invite à réfléchir sur ce qui compte vraiment dans la vie.
Le genre
Le Petit Prince est un conte poétique et philosophique qui emprunte certains éléments à la fable et
au conte merveilleux et allégorique. Il se rattache à la tradition du conte philosophique cultivée par
Voltaire, l’auteur de Candide ou l’Optimisme 1759 et Zadig ou la destinée (1747).
L'appel à l'imagination du lecteur, l'utilisation d'effets du réel pour le contraindre à accepter la fiction,
l'omniprésence du conteur rappellent les principes du conte voltairien. Le texte emprunte au conte
philosophique son arme privilégiée, l'ironie.
L'œuvre s'adresse aussi bien aux enfants qu'aux adultes qui n'ont pas oublié leur enfance. Pour certains
critiques il s'agit d'un « conte de fée » dans le monde moderne de l'aviation et de la mécanique.
Le Petit Prince s'apparente également à un «récit de formation» représenté par un voyage initiatique.
Les allégories y sont nombreuses et transparentes.
Un conte philosophique est un récit ou la fiction conduit à une réflexion et à une interrogation sur les grands
problèmes de l’existence.
Il s’agit également d’un conte poétique car le récit est peuplé d’images et de figures rhétoriques, de
symboles et de signes. Le champ de blé rappelle les cheveux dorés du Petit Prince, les étoiles sont des
grelots qui rappellent son rire...La lumière est omniprésente : on la retouve dans les étoiles mais aussi
dans la couleur dorée des champs de blé et du sable. Comme dans les fables, les animaux parlent et
agissent tel que les êtres humains. Nombreuses sont les personnifications de tous les êtres de
l’univers :
« Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors
ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire! ».
Ces images privilégient une conception symbolique de la vie et rattachent ce conte à la poésie.
Par ailleurs, il convient de noter la présence de la circularité dans le récit qui s’ouvre et referme avec
l’idée principale « l’essentiel est invisible pour les yeux ». En effet, cette idée est illustrée au début par
les dessins (le serpent boa avant un éléphant, par ex.) et à la fin par la « leçon » que le renard apprend
au Petit Prince et qui sera assimilée par le narrateur lui-même : « l’essentiel est invisible pour les yeux».
Parmi les autres images qui renvoient à la circularité on peut évoquer que chaque visite d’une planète
se termine par la même réflexion du Petit Prince : « Les grandes personnes sont décidément bizarres ».
Enfin, le Petit Prince revient sur le lieu exact où il était tombé avant de rentrer chez lui.
Le style, le ton
Le langage est dépouillé et à la fois profond. Les mots simples et les phrases dépourvues de tout
apparat syntaxique compliqué reproduisent le monde et le langage des enfants et de l'enfance tout en
alliant poésie, symbole et magie verbale. Sur le ton d'une confidence apparemment naïve, l'auteur
évoque avec humour, ironie, douceur et fraîcheur des images qui reflètent sa vision du monde et de
la vie. Son humanisme profond repose sur les valeurs éternelles, sur les richesses réelles de l'homme:
amour, amitié, poésie.
Les personnages
Le narrateur
Cet aviateur perdu dans l'immensité du désert saharien fait penser à
Antoine de Saint Exupéry, l’auteur du conte.
Par sa nature et sa vision du monde, le narrateur ressemble au Petit
Prince. En effet, tous les deux ont un côté rêveur et sont capables
d’apprécier la beauté du désert et des étoiles ainsi que les secrets
cachés dans la nature.
Le Petit Prince
Il a la candeur, la pureté des enfants et la sagesse que les adultes ont perdu.
L’absurdité de certains comportements des “grandes personnes” le rendent perplexe.
Enfant rêveur, il aime regarder les couchers de soleil. Il s’exprime par un langage
simple et profond à la fois.
Son patrimoine est petit (l’astéroïde B 612, pas plus grand qu'une maison), lui-même
est petit mais il a une grandeur d’esprit et une profonde sensibilité.
Sa richesse : sa sagesse, son regard profond sur le monde, sa sensibilité et sa capacité
d’apprécier la beauté et de pouvoir voir au-delà des apparences.
Le renard
C'est un renard qui initie le Petit Prince aux mystères du verbe apprivoiser. Pour Saint Exupéry
"apprivoiser" c'est "créer des liens", raffermir, consolider les contacts entre les hommes.
Le renard dit au Petit Prince: « si tu veux un ami, apprivoise-moi » (chapitre XXI) et « Si tu m’apprivoises,
ma vie sera comme ensoleillée ». C’est à travers cet enseignement que le Petit Prince arrive à
comprendre ce qu’il ressent pour sa rose : « Je crois qu’elle m’a apprivoisé » (chapitre XXI). Grâce au
renard, qui lui enseigne les rituels compliqués et pourtant simples de l'amitié, en lui donnant les clés
de l'existence, le Petit Prince apprend qu'on ne voit bien qu'avec le cœur, que l'essentiel est invisible.
Le saviez-vous ?
Il s’agit d’un fennec, nommé aussi renard des sables ou renard des sables du
Sahara. C’est un petit renard qui vit dans le désert du Sahara et la péninsule du
Sinaï. Avec ses longues oreilles caractéristiques, il est la plus petite espèce de sa
famille.
Pour en savoir plus : https://www.nationalgeographic.es/animales/zorro-fenec
Le renard est un personnage symbolique dans la littérature, plus précisément des fables d’Ésope ou
les Fables de Jean de La Fontaine : « Le Corbeau et le renard », « Le renard et la cigogne », parmi
d’autres. La fable est un récit allégorique qui livre une leçon à l’aide d’animaux. Jean de la Fontaine se
servait des animaux pour instruire les hommes. Dans ses fables, les animaux sont symboliques et ont
tous un rôle bien précis car chacun représente un stéréotype : le lion est puissant, cruel et orgueilleux,
la fourmi travailleuse, le renard est rusé. Or Saint Exupéry recrée cette image et présente un renard
plein de sagesse et du sens de la fraternité. Il ne cherche peut-être pas à instruire ou donner une leçon
car il s’agit plutôt d’une sollicitation. En effet, il nous interpelle et nous invite à réfléchir sur ce qui
compte vraiment dans la vie.
La rose
Le serpent
Il symbolise la mort puisque avec son venin il rend celui qu’il touche « à la terre dont il est sorti ».
Il parle par énigmes et il les résout toutes. Il est plus puissant que le doigt d’un roi car il peut tuer avec
son venin. Il recèle (il possède) une certaine sagesse. Tout comme le renard, il s'agit d’un animal
symbolique qui apprend au Petit Prince des vérités éternelles. Par exemple : « On est seul chez les
hommes ».
Le cadre : le désert
Une grande partie de l’histoire du Petit Prince se déroule dans le désert. Symboliquement, c’est un
territoire inhabité et inhospitalier. Cependant, l’auteur invite à le considérer d’une autre manière: “Ce
qui embellit le désert, dit le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part.” C’est un appel à
l’espérance et une invitation à regarder au-delà des apparences, à puiser au fond de soi-même. En
effet, le désert est un lieu propice au recueillement, à la vie intérieure et à la méditation afin de mieux
connaître le monde et mieux se connaître soi même.
Clés de lecture
Elles sont nombreuses, nous en citons quelques unes:
Le monde de l'enfant – Le monde des adultes (les grandes personnes)
Le sens de l’amitié. Le livre est dédié à Léon Werth, un ami de l’auteur.
L’amour
Le sens de la vie, les valeurs qui comptent.
Le voyage initiatique
Le visible - l'invisible / l’apparence et l’essence / l’esprit et la matière / le corps et l'âme (« Ce
que je vois n’est qu’une écorce. Le plus important est invisible » dit le narrateur en regardant
le corps du Petit Prince.)
La raison et l’intuition. Le cœur, la sensibilité, comme source de sagesse.
Le mystère de la mort (« J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai… » dit le Petit Prince au
narateur)
Les critiques à la société. Par ex. la hâte avec laquelle on vit, le peu de temps accordé à ce qui
est important. Le matérialisme et le caractère superficiel des grandes personnes qui évaluent
la beauté d’une maison d’après son prix, ou enconre jugent les propos de quelqu’un d’après
son costume (c’est le cas de l’astronome turc).
Le rapport entre les illustrations (les aquarelles de l’auteur) et le texte. Les illustrations ont les
mêmes qualités que le langage employé par l’auteur : pureté, dépouillement, profondeur.
Pistes de réflexion
Elles sont nombreuses, nous en citons quelques unes. Le Petit Prince est une invitation à...
retrouver l’enfant en soi
réfléchir sur l’importance de certaines valeurs comme l’amour, l’amitié et les rapports avec
autrui, mais aussi la souffrance que peut engendrer la séparation.
réfléchir sur l'absurdité du comportement des « grandes personnes », la hâte et le peu de
temps accordé à ce qui est important.
découvrir la richesse du monde intérieur. Le retour sur soi-même.
Commentaire de quelques citations
“Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les
yeux”. (dit le renard au Petit Prince).
Le renard et le Petit Prince nous rappellent qu'il faut savoir aller au-delà des apparences.
L’auteur met en relief la différence entre regarder avec le cœur et les yeux. Le cœur voit au-delà des
apparences. Il permet d’accéder à l’essence de chaque être. « Les yeux sont aveugles. Il faut chercher
avec le coeur » (XXV).
On peut également déceler (repérer) une allusion à la pensée de Blaise Pascal : « le cœur a ses raisons
que la raison ne connaît point »(Pascal, Pensées, 1670).
Dans « L'essentiel est invisible pour les yeux » on peut voir aussi une référence à la théorie des idées
de Platon. Au début de l’histoire, les dessins de serpent boa « ouvert » et « fermé », ce dernier
ressemblant à un chapeau, nous indiquent que chaque chose, chaque être cache un trésor, un mystère
que nous devons percer. L’auteur semble vouloir nous dire qu’au-delà des apparences, il y a l’essence
de l’ être qu’il faut découvrir avec le cœur.
« C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. » (XXI)
« On ne connait que les choses que l’on apprivoise. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaitre.
Ils achetent des choses toutes faites chez les marchands ».
Le temps passé à prendre soin de quelqu'un ou de quelque chose lui donne cet aspect unique. La valeur
des choses dépend directement du temps qu’on leur accorde.
Pour “apprivoiser” quelque chose, il faut lui consacrer du temps. C’est le temps et l’apprivoisement
qui font d'un être commun en un être spécial. Le mot “apprivoiser” possède un sens très spécial dans
Le Petit Prince. Cela signifie “créer des liens ». Ces liens vont nous rendre responsable pour toujours
de ce qu’on a apprivoisé.
Dans le dernier chapitre de Terre des hommes (1939), Saint Exupéry décrit le voyage en train des
mineurs polonais venus travailler en France entre les deux guerres qui, rattrapés par la crise
économique sont renvoyés avec leur famille vers leur pays natal. C’est donc sur les rails d’Europe
centrale que l’écrivain rencontre le malheur des migrants :
« Il y a quelques années, au cours d’un long voyage en chemin de fer, j’ai voulu visiter la patrie en marche
où je m’enfermais pour trois jours, prisonnier pour trois jours de ce bruit de galets roulés par la mer, et je
me suis levé. J’ai traversé vers une heure du matin le train dans toute sa longueur. Les sleepings étaient
vides. Les voitures de première étaient vides. Mais les voitures de troisième abritaient des centaines
d’ouvriers polonais congédiés de France et qui regagnaient leur Pologne. Et je remontais les couloirs en
Je m’assis en face d’un couple. Entre l’homme et la femme, l’enfant, tant bien que mal, avait fait son creux,
et il dormait. Mais il se retourna dans le sommeil, et son visage m’apparut sous la veilleuse. Ah ! quel
adorable visage ! Il était né de ce couple-là une sorte de fruit doré. Il était né de ces lourdes hardes cette
réussite de charme et de grâce. Je me penchai sur ce front lisse, sur cette douce moue des lèvres, et je me
dis : voici un visage de musicien, voici Mozart enfant, voici une belle promesse de la vie. Les petits princes
des légendes n’étaient point différents de lui: protégé, entouré, cultivé, que ne saurait-il devenir ! Quand
il naît par mutation dans les jardins une rose nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s’émeuvent. On isole
la rose, on cultive la rose, on la favorise. Mais il n’est point de jardinier pour les hommes ». (...)
Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, (chapitre VIII, «Les Hommes»), Gallimard, 1939.
Sites consultés
https://www.antoinedesaintexupery.com/
https://www.wikipoemes.com/poemes/essais-litteraire/antoine-de-saintexupery-le-petit-prince-
commentair1811523159.php
https://www.antoinedesaintexupery.com/ouvrage/terre-des-hommes-1939/
https://litterature.weebly.com/index.html
https://www.lesamisdantoinedesaintexupery.org/l-%C3%A9crivain/autour-du-petit-prince/un-conte-
philosophique/
https://interlettre.com/bac/707-le-petit-prince-de-saint-exupery-resume-et-analyse
https://www.ensemblepourlesanimaux.org/project/jean-de-la-fontaine-je-me-sers-danimaux-pour-instruire-
les-hommes/