Le Risque PDF
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Le risque
Année universitaire :
2023/2024
Sommaire
Introduction
Conclusion
Bibliographie
2
LISTE DES ABRÉVIATIONS
Art Article
Al. Alinéa
n° Numéro
p. Page
Cass. 1re, 2e civ Arrêts de la cour de cassation française , 1re, 2e chambre civile
L. Loi
RGDA Revue générale de droit des assurances (ancienne RGAT depuis 1996)
3
INTRODUCTION
D
ans notre ère contemporaine, marquée par l’accélération technologique et l’essor
industriel, les risques se multiplient à un rythme sans précédent. Chaque avancée, chaque
innovation, bien qu’offrant des opportunités inédites, porte également en elle son lot de risques
et d’incertitudes. Cette réalité pousse chacun d’entre nous à réfléchir à la manière de se
prémunir contre les éventualités, à chercher des garanties face aux défis d’un monde en
perpétuel mouvement. Dans cette quête de sécurité, l’assurance se présente comme une réponse
naturelle. En effet, le recours à l’assurance trouve ses racines dans la crainte légitime des aléas
imprévisibles de la vie moderne. Comme l'exprime le proverbe, "mieux vaut prévenir que
guérir", et l'assurance incarne cette prévoyance face à l'incertitude. En s’assurant, l’assuré veut
rendre sûr ce qui pour lui n’est que conjecture et incertitude. Selon le Robert, l’assurance est un
sentiment de sécurité, de certitude ou de plénitude. « C’est la technologie du risque » selon
François Ewald. Elle représente également une technique de gestion des risques par
mutualisation, ayant pour support juridique le contrat. Ce contrat d’assurance, étant le socle
juridique sur lequel repose la relation entre l’assuré et l’assureur, ne peut exister sans risque. En
effet, le contrat d’assurance n’existe que pour la couverture d’un risque, puisqu’il est légalement
défini comme « la convention passée entre l’assureur et le souscripteur pour la couverture d’un
risque et constatant leurs engagements réciproques »1. Il constitue son objet principal. Le risque
est donc « l’élément majeur de l’acte d’assurance, de son évaluation dépend l’économie du
contrat ; de sa survenance, la mise en jeu de la garantie »2. Mais comment peut-on définir le
risque ? En réalité, ni le législateur marocain, ni son homologue français ne se sont prononcés
sur sa définition légale. Quant à la doctrine, MM. Picard et Besson, le définissent comme « un
événement incertain et qui ne dépend pas exclusivement de la volonté des parties, spécialement
celle de l’assuré »3.
Historiquement, l’assurance au Maroc est une institution récente eu égard à la date de son
introduction et au rythme de son développement4. Elle remonte à l’époque du protectorat
français, où elle était principalement destinée à la population étrangère qui est resté pendant de
longues années la seule clientèle potentielle des entreprises d’assurances installés au Maroc. La
réglementation du contrat et de l’opération d’assurance en général a commencé à être introduite
1
Article 1er du code des assurances.
2
Bernard Beignier et Sonia Ben Hadj Yahia, Droit des assurances, , pp. 195-196.
3
M. Picard et A. Besson, Les assurances terrestres, le contrat d’assurance, L.G.D.J., 1982.
4
Sara Zouhir, Le contrat d’assurance : Aspects théoriques et pratiques, 2015, p 30.
4
par le biais de l’Arrêté Viziriel du 28 novembre 1934, largement inspiré du code français du 13
juillet 1930, mais ne couvrant pas l’assurance maritime qui relevait du dahir régissant le
domaine maritime datant du 19 Mars 1919. Au fil des années, le législateur marocain a
promulgué plusieurs textes régissant le contrat d’assurance. Parmi ceux-ci, on trouve le dahir
du 18 juillet 1937 relatif au versement des frais et dépenses conséquentes è un accident causé
par un véhicule, l’arrêté du 6 septembre 1941 établissant le contrôle Etatique sur les compagnies
d’assurances et en rendant l’assurance automobile obligatoire, l’arrêté du 20 mars 1942 relatif
aux polices d’assurances terrestres, ainsi que le dahir du 22 février 1955 instituant un fonds de
garantie automobile, dénommé actuellement le fonds de garantie des accidents de la circulation.
Après l’indépendance, une multitude de textes disparates sont venus réglementer le secteur des
assurances pendant plus de 40 ans ce qui a entrainé une fragmentation et une hétérogénéité du
cadre réglementaire. Cela a conduit à la nécessité d’adopter un code moderne unifiant toutes
les dispositions éparses régissant le domaine des assurances en général et le contrat d’assurance
en particulier. Après des années de préparation, le code des assurances a été promulgué le 7
novembre 2002 portant loi n° 17.99, ultérieurement modifié et complété par la loi du 14 février
2006 n° 39.05.
Ce sujet revêt un double intérêt, à la fois théorique et pratique. Sur le plan théorique, il permet
d'approfondir les différents aspects, notamment juridiques, liés à la notion de risque, autour
duquel s'organisent tant l'opération que le contrat d'assurance. Sur le plan pratique, ce sujet revêt
une importance capitale dans la gestion quotidienne des risques pour les individus et les
entreprises, en offrant des outils juridiques pour anticiper, évaluer et traiter efficacement les
incertitudes inhérentes à divers domaines de la vie et des activités commerciales.
Sur ce, il serait opportun de poser une interrogation capitale : En quoi la nature du risque
influe-t-il sur la couverture offerte par le contrat d'assurance, et quelles implications cela
entraîne-t-il sur les obligations des parties, particulièrement l'assuré ?
Afin d’y répondre, nous examinerons dans un premier temps le risque comme élément
fondamental du contrat d’assurance (Partie I), puis dans un second temps la déclaration des
risques en tant qu’obligation spécifique au droit des assurances (Partie II).
5
Partie I : Le risque : élément fondamental du contrat d’assurance
Le risque occupe une place de choix parmi les éléments constitutifs du contrat d’assurance. En
effet, c’est pour se couvrir contre un risque que l’assuré souscrit un contrat d’assurance. Et c’est
en contrepartie de la couverture d’un risque que l’assureur reçoit une prime ou cotisation. D'où
l'importance cruciale de la notion de risque assurable dans le contrat d'assurance (chapitre I).
Néanmoins, il est essentiel de souligner que l’assurabilité des risques n’est pas absolue. Certains
risques peuvent se situer en dehors du domaine des assurances, ce qui soulève des questions sur
les limites de la couverture offerte par le contrat d’assurance, autrement dit, les exclusions de
risques (section 2).
« La notion de risque est une notion originale, propre au droit et à la science de l’assurance,
fort différente de la notion de risque utilisée en droit civil ou dans le langage courant »5, écrivent
Picard et Besson. En effet, dans le domaine du droit des assurances, le concept du risque revêt
une nature particulièrement spécifique à raison de son caractère indispensable pour l’existence
même de l’assurance. Par conséquent, il est nécessaire d’examiner en premier lieu la définition
et les caractéristiques du risque assurable (section 1), puis ses différentes catégories (section 2).
De plus, c’est sur la base du risque que sont déterminés les deux autres éléments du contrat
d’assurance à savoir la prime et le sinistre. Ainsi, comme l’a pertinemment affirmé le nouveau
dictionnaire d’économie politique de Léon Say « Toute la théorie de l’assurance repose sur la
notion fondamentale du risque »7.
5
M. PICARD et André BESSON, Les assurances terrestres, 1982, p 34.
6
André Besson, Les assurances terrestres : le contrat d’assurance, 1982.
7
. L Say, Nouveau Dictionnaire d’Economie Politique . t 1, article .Assurance.
6
Qu’est-ce donc un risque ?
Dans son acception originelle, le risque se propose comme un danger qui menace la sécurité
des individus8, un péril ou un événement malheureux aux conséquences dommageables.
Une partie de la doctrine aborde également la notion d’un événement heureux dont l’assuré
attend la survenance, tel que le mariage, la naissance d’un nouveau-né ou encore l’atteinte d’un
âge précis. Toutefois, on ne soutient pas le dire qu’il existe un risque heureux. Il n’y a pas de
« risque » qualifié de « heureux »9. Selon un auteur, le risque « suppose un événement incertain
soit susceptible de se produire. Mais il ne se limite pas à ce dernier. Pour comprendre son rôle,
le raisonnement doit être le suivant : un événement incertain se réalise. Celui-ci produit des
effets qui, eux, causent un désagrément, un préjudice à l’assuré »10. Le risque « heureux »
n’existe pas alors.
Bien que le concept de risque représente l'essence même de l'assurance 11, aucune définition
légale n’a été établie ni par le droit marocain ni par les législations comparées. Par conséquent,
il convient de se tourner vers la doctrine afin d’examiner les différentes tentatives
d’interprétation données par les auteurs.
Tout d’abord, il est à noter que le risque est une notion extrêmement difficile à définir d’une
façon rigoureuse. Certains auteurs ont souligné cette difficulté, telle que Mme Lambert-Faivre
et M. Leveneur, qui écrivent que le risque est une notion protéiforme, « notion complexe aux
contours fuyants ». Le risque est selon eux à la fois éventualité d’un événement aléatoire,
éventualité de la survenance d’un dommage, et objet de la garantie12.
Par ailleurs, en dépit de cette complexité, d’autres auteurs ont néanmoins tenté de fournir leur
propre définition du risque. Ainsi, pour MM. Picard et Besson, le risque est « un événement
incertain et qui ne dépend pas exclusivement de la volonté des parties, spécialement celle de
l’assuré »13. De son coté, Luc Mayaux soutient que le risque « désigne tout à la fois l’incertitude
de l’événement, l’exposition à ses conséquences le « péril » et, dans le cas de l’assurance, l’objet
8
J-L. Mouralis, La notion d’aléa et les actes juridiques aléatoires, 1968, p 100.
9
Augustin Boujeka, La provision : essai d’une théorie générale en droit français, p 79 : « le risque va au-delà de
la malchance, laquelle ne crée pas nécessairement, pour qui la subit, un danger, un péril. Penser le risque, c’est
redouter le pire. Il n’y a pas de risque heureux ! ».
10
Véronique Nicolas, Essai d’une nouvelle analyse du contrat d’assurance, p 65.
11
S. Lesuffleur, Le risque juridique dans l'assurance, Thèse Paris I, 2009.
12
Y. Lambert-Faivre et L. Leveneur, Droit des assurances, Dalloz, 14 e éd, 2017.
13
M. Picard et A. Besson, Les assurances terrestres, le contrat d’assurance, L.G.D.J., 1982.
7
d’une couverture »14. François Ewald, quant à lui, après avoir souligné que « dans le langage
courant, le terme risque est pris comme synonyme de danger, de péril, d’événement malheureux
qui peut arriver à quelqu’un ; il désigne une menace objective », en matière d’assurance il
l’identifie à « la probabilité statistique de certains événements indépendamment de leur cause
»15.
De façon générale, le risque représente la probabilité que survienne un dommage, contre lequel
l’assuré cherche à se prémunir au moyen d’un contrat souscrit auprès d’un assureur17.
Cependant, pour être qualifié de « risque assurable », certaines caractéristiques sont requises.
§ Risque aléatoire
Le risque est dit aléatoire lorsque sa réalisation n’est pas certaine mais due au hasard et répond
aux lois des probabilités. Ce caractère probabiliste peut concerner soit la réalisation du risque
en elle-même, soit la date de sa survenance. Selon L. Mayaux « l’aléa est l’incertitude affectant
un évènement (…). C’est un évènement plus ou moins hasardeux dans sa réalisation, ou à tout
le moins dans sa date »18. Par exemple, dans le cas de l’assurance incendie ou responsabilité
civile, il s’agit de se prémunir contre un risque qui peut ou non se produire. En revanche, dans
le cas de l’assurance vie, le décès est inévitable 581 كل نفس ذائقة « صدقا لقوله تعالى في سورة النساء آية
» الموت, mais son timing reste inconnu.
La condition d’aléa exige également que le risque ne soit pas impossible et si c’est le cas, le
contrat d’assurance sera dépourvu d’objet et donc il est nul19.
A cet égard, l’art 50 du code des assurances prévoit que « L'assurance est nulle si, au moment
de la souscription du contrat, la chose assurée a déjà péri ou ne peut plus être exposée aux
risques ». Dans ce cas, l’assureur doit restituer à l’assuré les primes payées, déduction faite des
14
L. Mayaux, Le contrat d’assurance », in Traité de droit des assurances, p 55.
15
F. EWALD, « Les valeurs de l’assurance » in Encyclopédie de l’assurance.
16
A propos de la confusion qui règne autour de la définition du contrat d’assurance, le professeur MAYAUX
écrit : « avec un brin d’exagération on pourrait dire qu’il y a autant de définitions du contrat d’assurance que
d’auteurs » : L. MAYAUX, « Qu’est-ce qu’un contrat d’assurance ? », in Les grandes questions du droit des
assurances, Paris, L.G.D.J., 2011, p. 3.
17
https://www.index-assurance.fr/dictionnaire/risque (date de consultation : 13/4/2024 à 10h21)
18
J. Bigot, « le contrat d’assurance », in traité de droit des assurances, 2e éd, Issy-les Moulineaux, L.G.D.J. p 38,
note de bas de page 224.
19
Sara Zouhir, Le contrat d’assurance : Aspects théoriques et pratiques, 2015, p 83.
8
frais engagés par l’assureur, autres que ceux de commission, lorsque ces derniers auront été
récupérés auprès l’intermédiaire d’assurances. De même, la partie dont la mauvaise foi est
prouvée doit verser à l’autre partie une somme égale au double de la prime annuelle, et c’est
conformément au même article. Il en découle donc que le risque doit être un événement futur.
Si l’événement envisagé s’est déjà réalisé au moment où le contrat est conclu, l’assurance est
nulle, alors même que les parties ignoraient cette réalisation. En d’autres termes le risque putatif
ne peut faire l’objet d’une assurance20. Les exemples sont nombreux. L’assurance contre
l’incendie pour une maison déjà brulé, l’assurance contre le vol pour une voiture déjà volée,
etc.. De plus, si l’assureur acceptait d’assurer un risque déjà réalisé, on pourrait entrevoir sa
responsabilité en tant que professionnel de l’assurance pour induire en erreur son client qui se
croyait couvert21
Par ailleurs, en cas de disparition du risque assuré ou de perte totale de la chose assurée résultant
d'un événement non prévu par le contrat, l'assurance prend fin de plein droit et l'assureur doit
restituer à l'assuré la portion de la prime payée et afférente au temps pour lequel le risque n'est
plus couru22.
La réalisation du risque ne doit pas dépendre de la seule volonté des parties. En effet,
l’intervention volontaire et intentionnelle des parties dans la réalisation du risque, fait perdre à
ce dernier son caractère aléatoire et incertain. C’est par application de cette idée que le
législateur a posé dans l’art 17 du code des assurances un principe général de la non-assurance
de la faute intentionnelle ou dolosive de l’assuré selon lequel « l’assureur ne répond pas,
nonobstant toute convention contraire, des pertes et dommages provenant d’une faute
intentionnelle ou dolosive de l’assuré ». Afin de mieux appréhender les implications et les
limites de cette exclusion de garantie, nous l'analyserons minutieusement dans la première
section du chapitre II de cette même partie.
En revanche, sont assurable les risques dans la réalisation desquels la volonté de l’assuré
intervient mais dont l’influence n’est pas exclusive. C’est pourquoi toutes les fautes non
intentionnelles peuvent faire l’objet d’assurances. On peut établir ici une analogie avec les
conditions potestatives, et purement potestatives. Une condition purement potestative est celle
20
Georges Brière De L’Isle, Droit des assurances, Presses Universitaires de France, 1973, p 54.
21
B. Beigner, Droit du contrat d’assurance, p 89.
22
Article 46 du code des assurances.
9
dont la réalisation dépend exclusivement de la volonté d’une partie. La condition simplement
potestative requiert la volonté de l’intéressé, mais sa réalisation ne peut se concrétiser qu’en
présence d’un élément extérieur supplémentaire. Dans ce cas, La condition n’est plus
exclusivement soumise à la volonté du cocontractant. La condition purement potestative est
nulle, alors qu’une condition simplement potestative est considérée comme valide23.
Tout risque interdit par la loi ou portant atteinte à l’ordre public, ne peut faire l’objet d’un
contrat d’assurance et se trouve hors champ d’assurance. La cour de cassation française
française a confirmé dans ce sens « Qu’une assurance garantissant les conséquences
dommageables d’une activité contraire à l’ordre public est nulle et sans effet »24.
En effet, c’est sur le fondement de l’ordre public que l’assurance des amendes pénales, fiscales,
ou assimilées, même encourues à l’occasion d’infractions non intentionnelles, est interdite. Ceci
est dû au fait qu’une telle assurance ferait échec au principe de la personnalité des peines et
ôterait à l’amende son caractère d’intimidation.
De même, les fautes intentionnelles sont prohibées au nom de l’ordre public, étant donné
qu’elles contrecarrent le principe de l’aléa et encouragent la délibération des dommages, ce qui
contrevient aux principes juridiques et moraux.
En outre, la jurisprudence considère comme contraires aux bonnes mœurs les assurances
contractées dans le but de favoriser la création ou l’exploitation d’une maison de tolérance,
ainsi que celles souscrites en faveur d’une concubine en vue d’obtenir une prolongation du
concubinage.
En raison de la multiplicité et de la complexité des risques, il est difficile d'en comprendre toutes
les formes, mais malgré cela, certains auteurs ont tenté de diviser les risques en plusieurs
classifications car il n’existe pas d’une classification légale, chacune d'un point de vue
spécifique pouvant être classée en fonction de celle-ci. Le degré de probabilité de survenance
du risque (§1), et ils peuvent également être classés en fonction de l’objet du risque est
23
Georges Brière De L’Isle, Droit des assurances, Presses Universitaires de France, 1973, p 56.
24
Cass. 1re civ. 5 mai 1993, RGAT 1993.897.
10
déterminé ou non au moment de la souscription du contrat25 (§2). Cette classification est la plus
répandu et dans laquelle on va se baser dans cette section.
Tous les risques ne sont pas du même niveau en termes de probabilité de survenance du risque.
Le risque est fixe, si le degré de probabilité d'y parvenir est constant pendant une certaine unité
de temps (premier) et peut comporter des risques variables si le degré de probabilité de sa
réalisation varie dans le temps (seconde).
Les risques varient en fonction de sa nature en risques fixes et variables. Un risque est considéré
comme fixe si la probabilité qu'il se produise est égale ou constante dans une certaine unité de
temps (par exemple un an) pendant laquelle l'assurance est valable.26
25
4002 ، الموجز في قانون التأمين، أشركي أفقير عبد هللاp :113
26
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27
IDEM p : 113
28
محمد إبراهيم أبو (دراسة مقارنة)تغير الخطر في عقد التأمين واآلثار المترتبة عليه:إعداد آية سالم محمد مراجع إشراف األستاذ الدكتور
الهيجاء.الخاص كلية الحقوق جامعة قدمت هذه الرسالة استكماال لمتطلبات الحصول على درجة الماجستير في القانون الخاص قسم القانون
الشرق األوسط حزيران2019 P : 17
11
Pendant une certaine période, le risque peut subir des changements internes temporaires, et tout
risque, aussi constant soit-il, peut changer en termes de degré de probabilité de sa réalisation de
temps en temps, mais cela n’enlève rien à son caractère de stabilité ou de continuité relative,
pour autant que le degré de probabilité d’y parvenir soit le même une fois d’une année à autre.29
Cependant, ce qui se passe, c'est que les entreprises ont travaillé dans des circonstances
pratiques pour fixer une prime fixe même pour des risques variables. Comme dans l'assurance-
29
4002 ، الموجز في قانون التأمين،أشركي أفقير عبد هللا p :113
30
إشراف: القانون الخاص لألعمال إعداد:مفهوم الخطر في قانون التأمين مذكرة مكملة لنيل شهادة الماستر في القانون الخاص تخصص: :الطالبة
سمار نصر الدين/براهمي فتيحة أ د- قروج صبرينة: الطالبة4051- : السنــة الجامعيــةP : 20
31
براهمي: إشراف: القانون الخاص لألعمال إعداد:مفهوم الخطر في قانون التأمين مذكرة مكملة لنيل شهادة الماستر في القانون الخاص تخصص
سمار نصر الدين/فتيحة أ د- قروج صبرينة: الطالبة4051- : السنــة الجامعيــةP :20-21
32
4002 ، الموجز في قانون التأمين،أشركي أفقير عبد هللا p :114
12
vie, mais l'assureur prend en compte l'évolution du risque, notamment en cas d'augmentation
des risques, lors du calcul de la contrepartie fixe, et donc quoi Les primes obtenues dans les
premières années sont supérieures à ce qu'exige le taux d'apparition du risque, et sont inférieures
à ce que ce taux exige dans les années ultérieures, de sorte que l'augmentation dans les
premières années est alloué pour créer une réserve sur laquelle vous pouvez compter lorsque le
risque augmente pour combler le déficit de primes.33
Les risques diffèrent en termes de l’objet du risque selon qu’il était déterminé ou non au moment
de la conclusion du contrat. Si l’objet du risque a été déterminé lors de la conclusion du contrat,
nous sommes confrontés au risque spécifié (premier), mais si le risque est inconnu au moment
de l'assurance, nous sommes confrontés au risque non spécifié (deuxièmement).
Le risque spécifié est défini comme le risque dont l'objet est spécifique au moment de la
conclusion du contrat d'assurance entre l'assureur et l'assuré. C'est le cas d'assurer la vie d'une
personne ou d'assurer quelque chose qui existe au moment de la souscription. Celui qui assure
sa vie est assuré contre un risque spécifique en particulier, car le risque de décès s'il survient, il
tombe sur une personne déterminée en particulier, et c'est lui dont la vie est assurée. Sur une
chose précise, qui est la maison assurée par le demandeur d'assurance. 34
Un exemple d'assurance des choses est que la personne qui assure sa maison contre l'incendie
ou le vol a assuré la maison contre un danger spécifique ou spécifique. Il y a donc un risque
d'incendie ou de vol, la vérification n’a lieu que sur une maison spécifique, qui est la maison de
l’assuré.
Si l’objet du risque n'est pas spécifié au moment de l'assurance, mais apparaît plutôt lorsque le
risque est réalisé. Un exemple en est : l'assurance responsabilité civile pour les accidents de la
circulation. Quiconque est assuré contre sa responsabilité civile pour les accidents de la
33
IDEM
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محمد إبراهيم أبو (دراسة مقارنة)تغير الخطر في عقد التأمين واآلثار المترتبة عليه:إعداد آية سالم محمد مراجع إشراف األستاذ الدكتور
الهيجاء.الخاص كلية الحقوق جامعة قدمت هذه الرسالة استكماال لمتطلبات الحصول على درجة الماجستير في القانون الخاص قسم القانون
الشرق األوسط حزيران2019 P : 21
13
circulation, l'accident assuré n'est pas spécifique et inconnu. Cet accident spécifique se produira
dans le futur. Le risque dans ce cas est différent, il est inconnu et non précisé au moment de
l’assurance, mais le sera au moment où elle surviendra.35
Mais si le risque n'est pas spécifique, il n'est pas possible d'estimer la valeur du risque ,comme
dans le cas de la situation précédente, car le montant de l'assurance est déterminé au moment
où le risque survient et les deux parties peuvent recourir à déterminer le montant dans lequel
l'assureur est obligé afin qu'il ne soit pas surpris de payer un montant important auquel il ne
s'attendait pas, afin que si les résultats du risque sont inférieurs au montant convenu, l'assuré
puisse obtenir une indemnisation complète.
Toutefois, si les résultats sont supérieurs à ce montant, celui-ci n’est que partiellement
indemniser. Ainsi, en cas de risque non spécifié, l'assuré ne bénéficie pas d’une garantie.37
La définition du risque n’est pas légale, les auteurs ont différé pour le définir chacun sur un
élément prédéfini, ainsi ils sont différés pour le classifier pour la même raison, cependant les
conditions du risque sont communes.
Le deuxième chapitre sera consacré pour les exclusions du risque auquel ne sera pas couvert
malgré leur réalisation ainsi que leurs conditions sont réunies. Ces exclusions sont réparties en
35
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4002 ، الموجز في قانون التأمين،أشركي أفقير عبد هللا p :114-115
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IDEM P : 115
14
exclusions légales (prévues par la loi) et les exclusions conventionnelles (évaluées selon la
volonté des parties).
Les risques qui demeurent en dehors de l’objet du contrat peuvent avoir un caractère légal dans
ce cas, il s’agit d’une exclusion légale (section 1), ou un caractère conventionnel et résulter
d’une simple clause de la police (section 2).
Les exclusions édictées par la loi, peuvent être soit des exclusions absolues (§1), ou encore
facultatives (§2).
« Un risque est non assurable, s’il ne permet pas d’opposer le hasard à lui-même », souligne
le mathématicien Condorcet38. En effet, comme précisé ci-dessus, la technique de l’assurance
exige que le risque assuré soit un événement aléatoire, dont la réalisation ne dépend pas de la
volonté de l’assuré ou du bénéficiaire du contrat. Le défaut d’aléa peut non seulement
déterminer la validité du contrat d’assurance, mais aussi, au regard de ce qui nous intéresse, au
stade de l’exécution du contrat, délimiter de façon substantielle la garantie. C'est exactement ce
que le professeur Luc MAYAUX a clairement exprimé lorsqu'il a déclaré que « en creux, l’aléa
contribue bien à délimiter la garantie »39. Ainsi, demeure hors du champ contractuel tout ce
qui s’oppose à ce critère décisif du contrat d’assurance en l’occurrence « la faute intentionnelle
de l’assuré ou du bénéficiaire ». En effet, « une telle faute supprime l’aléa qui doit être la
source du risque »40. Pour cette raison, elle fait l’objet d’une exclusion légale énoncée à l’article
38
Ahmed Chiguer, Le Monde de l’assurance, Editions Handala, 2022, p 38.
39
L. Mayaux, Les grandes questions du droit des assurances, LGDJ Editions, 2011, p 39.
40
Cour de cassation, Chambre civile 1, du 15 Janvier 1985, n° de pourvoi : 83-14.742.
15
17, al 2 du code des assurances qui dispose que « l'assureur ne répond pas, nonobstant toute
convention contraire, des pertes et dommages provenant d'une faute intentionnelle ou dolosive
de l'assuré ». La prohibition d'une telle clause est d'ordre public et concerne aussi bien les
assurances de dommages que les assurances de personnes. Cette conséquence découle
explicitement des termes « nonobstant toute convention contraire », ce qui implique qu’il est
impossible d’y déroger ni directement, ni indirectement par une renonciation ou un
acquiescement41, d’où le caractère absolu de l’exclusion. Mais avant d'aller plus loin, il est
important de définir ce que l'on entend par faute intentionnelle.
Tout d’abord, il faut préciser que le législateur dans l’art 17 du code des assurances, distingue
bien la faute intentionnelle de la faute dolosive. Pourtant, cette dernière, faute de définition
légale, a longtemps vécu dans l’ombre de la première, alors qu’elles sont tous eux bien
différents. D’ailleurs, la cour de cassation française adoptait une conception moniste de la faute
inassurable qui se réduit à la faute intentionnelle ignorant totalement la faute dolosive. Dès lors,
n’était visée que la faute par laquelle l’assuré avait cherché à créer le dommage tel qu’il s’est
réalisé42. En ce sens, la faute intentionnelle exclusive de la garantie d’assurance n’est
caractérisé qu’en cas de coïncidence parfaite entre le dommage causé et celui recherché43. En
d'autres termes, elle implique non seulement la volonté de l’action dommageable mais aussi la
volonté de toutes les conséquences dommageables de l’action. La confusion entre les deux
notions de faute a perduré jusqu’à un arrêt de la cour de cassation française du 7 Octobre 2008
qui a finalement détaché la faute dolosive de la faute intentionnelle, rompant ainsi avec la
conception moniste classique de la faute inassurable, pour adopter une conception dualiste.
Dans cette affaire, la cour de cassation française a rejeté un pourvoi dans lequel le demandeur
reprochait à la Cour d’appel d’avoir retenu la faute dolosive sans caractériser pour
l’assuré la volonté de créer le dommage tel qu’il est survenu (définition jurisprudentielle
de la faute intentionnelle). La Cour a précisé que cette volonté n’était pas requise au
titre de la faute dolosive 44. Cette position a été confirmée en 2013 par la deuxième
chambre civile de la cour de cassation française en jugeant que la faute dolosive
n’impliquait pas nécessairement la recherche du dommage tel qu’il était survenu dès
lors qu’elle avait fait disparaitre tout aléa du seul fait de la volonté de l’assuré. Ainsi,
41
Georges Brière De L’isle, Droit des assurances, Presses Universitaires de France, 1973, p 61.
42
Cass. Civ. 2e, 23 Septembre 2004, n° 03-14.389, RDI 2004.517.
43
Sara Zouhir, Le Contrat d’Assurance : Aspects théoriques et pratiques, 2015, p 86.
44
https://www.village-justice.com/articles/faute-dolosive-necessite-desormais-une-conscience-creer-
dommage,41770.html (date de consultation : 15/4/2024 à 8h14)
16
les conditions de qualification de ladite faute étaient plus souples que celles de la faute
intentionnelle.
Après avoir clairement différencié les deux types de fautes précédemment confondus, et qui
rendent le risque inassurable en raison de la suppression de l'aléa, qui constitue l’essence même
du contrat d’assurance, il est important de noter que ce principe fondamental d’inassurabilité
n’est pas absolu, mais plutôt sujet à des exceptions.
La première exception concerne la garantie de la faute des personnes dont l’assuré est
responsable. Aux termes de l’art 18 du code des assurances « L'assureur est garant des pertes
et dommages causés par des personnes dont l'assuré est civilement responsable en vertu de
l'article 85 du dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) formant Code des obligations et contrats,
quelles que soient la nature et la gravité des fautes de ces personnes ». La même disposition a
été reproduite dans l’art 4/d-2° de l’Arrêté du ministre des finances et de la privatisation n° 857-
05 du 11.4.2005 fixant les conditions générales-types des contrats relatifs à l’assurance
responsabilité civile automobile. Par conséquent, si les dommages causés par la faute
intentionnelle de l’assuré ne sont pas garantis, ceux causés par la faute intentionnelle des
personnes dont l’assuré est civilement responsable le seront car le risque s’est réalisé
indépendamment de la volonté de l’assuré. Les personnes visées à l’art 85 du DOC sont
évidemment, pour les parents, les enfants mineurs habitant avec eux ; pour les maitres et
commettants, les domestiques et préposés ; pour les artisans, les apprentis. Ainsi, la faute
intentionnelle ou dolosive des mandataires et des représentants conventionnelles ou légaux de
l’assuré est garantie. Mais s’il y avait collusion frauduleuse entre l’assuré et son préposé
45
Cass. Civ 2e, 20 Janvier 2022, pourvoi n° 20-13.245.
46
Cass. Civ 2e, 20 Janvier 2022, pourvoi n° 20-13.245
47
Cass. Civ 2e, 14 Mars 2024, pourvoi n° 22-18.426.
17
l’assureur ne serait plus tenu, le dol de l’assuré excluant l’assurance48. L’art 18 du code des
assurances est d’ordre public, et aucune clause de la police ne pourrait en limiter la portée.
Toutefois la garantie de l’assuré responsable du fait des dommages causés intentionnellement
par les personnes dont il doit répondre n’élude pas la responsabilité personnelle civile et
éventuellement pénale de ces personnes. À cet égard, l’art 18 trouve un prolongement moral
dans l’art 47 al 3 qui permet à l’assureur d’exercer son recours subrogatoire contre la personne
dont la responsabilité personnelle est établie, en cas de malveillance.
La deuxième exception concerne les sinistres provoqués par un assuré ne jouissant pas de sa
lucidité. Par conséquent, si l'assuré était dans un état de démence au moment où les dommages
ont été causés, cela empêche l'application de l'exclusion de garantie49. Ainsi, la couverture est
maintenue car l’acte commis n’était pas volontaire.
La troisième exception concerne les sinistres qui sont réellement voulu par l’assuré mais pour
des motifs bien justifiés. C’est le fait par exemple de commettre un dommage pour éviter des
dégâts bien grands notamment en assurance incendie, où l’assuré détruit quelques objets assurés
en vue de limiter la propagation du feu aux autres objets50.
Par ailleurs, en ce qui concerne la preuve de la faute intentionnelle de l’assuré. Il est important
de rappeler que la bonne foi se présume toujours51. Par conséquent, il revient à l’assureur de
démontrer que l’assuré a intentionnellement réalisé le dommage dont il demande la garantie, en
prouvant que son intention portait non seulement sur l'acte commis, mais également sur son
résultat. En l’espèce, un assuré avait été déclaré coupable de l'incendie volontaire d'un véhicule
dans un parking public, sans que son intention de propager cet incendie à d'autres véhicules soit
établie. Son assureur de responsabilité civile a donc été condamné à garantir les dommages
causés à ces autres véhicules, au motif que l'assureur ne rapportait pas la preuve de ce que son
assurée avait eu également l'intention de causer ces dommages "tels qu'ils étaient survenus"52.
48
Georges Brière De L’Isle, Droit des assurances, Presses Universitaires de France, 1973, p 62.
49
Cass. Civ. 1ère, 25 Mars 1991, pourvoi n° 88-15.973.
50
Sara Zouhir, Le Contrat d’Assurance : Aspects théoriques et pratiques, 2015, p 87.
51
« La bonne foi est toujours présumée dans le contrat d’assurance, tant que le contraire n’est pas prouvé » Arrêt
de la Cour Supreme rendu le 03/01/2001, N° 827. Dossier pénal n° 3168/98, publié sur قضاء المجلس،محمد أوغريس
422 ص،4050 الطبعة األولى،األعلى في التعويض و التأمين
52
Cass. Civ. II, 29 Juin 2017, 16-12154 (date de consultation : 16/4/2024 à 00h47)
18
À la différence de l’exclusion légale concernant l’assurabilité de la faute intentionnelle qui est
d’ordre public, d’autres exclusions de risques prévues par la loi ne sont pas impératives dans la
mesure où elles peuvent être dérogées par une disposition contraire. Ainsi, l’exclusion légale se
révèle relative. Parmi celles-ci, on trouve :
Risques de guerre
Aux termes de l’art 45 du code des assurances, équivalent à l’art 34 de l’arrêté viziriel / art
L121-8 du code des assurances français « L'assureur ne répond pas, sauf convention contraire,
des pertes et dommages occasionnés soit par la guerre étrangère soit par la guerre civile, soit
par des émeutes ou des mouvements populaires ». Afin de mieux saisir l’étendue de l’exclusion,
il est judicieux d’examiner attentivement chacune des notions citées à l’article.
La notion de guerre civile suppose des hostilités générales, ou au moins très importantes, entre
citoyens d’un même Etat quel qu’en soit le motif.
La guerre étrangère, quant à elle, est la guerre entre deux ou plusieurs Etats souverains. Une
déclaration de guerre n'est pas indispensable, mais des hostilités générales sont requises ; de
simples violences isolées aux environs des frontières ne suffiraient pas.
L’exclusion de garantie suppose que le dommage soit une conséquence du fait de guerre. Il en
résulte, qu’il ne suffit pas sauf clause contraire, que le sinistre soit intervenu « en temps de
guerre », mais il doit résulter d’un fait de guerre précis.
S’agissant de la charge de la preuve, elle varie suivant que le sinistre est dû à un fait de guerre
étrangère ou à un fait de guerre civile, d’émeute ou de mouvement populaire. Mais la preuve
peut se faire par tous moyens.
53
Georges Brière De L’Isle, Droit des assurances, Presses Universitaires de France, 1973, p 64.
19
En ce qui concerne la guerre étrangère, l’art 45 al 2 dispose que « Lorsque ces risques ne sont
pas couverts par le contrat, l'assuré doit prouver que le sinistre résulte d'un fait autre que le fait
de guerre étrangère ». Ainsi, le dommage est présumé résulter d’un fait de guerre, et il appartient
à l’assuré qui en demande la garantie de prouver le contraire, en démontrant par exemple
l’absence d’hostilité dans la région considérée, ou en prouvant que le sinistre, en raison des
circonstances qui l’ont entouré, n’est pas dû à la guerre.
En revanche, c’est à l’assureur de prouver que le sinistre provient d’une guerre civile, d’une
émeute ou d’un mouvement populaire. L’art 45 al 2 prévoit à cet égard que « il appartient à
l'assureur de prouver que le sinistre résulte de la guerre civile, d'émeutes ou de mouvements
populaires ». Ainsi, en l’absence de guerre étrangère, la nation est présumée vivre dans un état
pacifique et c’est à l’assureur, qui invoque des troubles intérieurs légalement exclusifs de sa
garantie, qu’il appartient de prouver qu’ils sont la cause du sinistre54.
Il est important de noter que les dispositions légales concernant la charge de la preuve sont
d’ordre public et ne peuvent être contournées par une convention contraire. À contrario, et
comme énoncé précédemment, les dispositions de l’art 45 al 1 ne sont pas d’ordre public. Par
conséquent, une clause de la police peut aussi bien éliminer qu’élargir l’exclusion légale, ce qui
pourrait aggraver la situation de l’assuré. Elle pourrait exclure notamment tous sinistres
survenus « en temps de guerre », ce qui dispenserait les parties d’établir l’existence ou l’absence
de lien de causalité entre le sinistre et le fait de guerre.
L’art 44 du code des assurances dispose que « Les déchets, diminutions et pertes subies par la
chose assurée et qui proviennent de son vice propre ne sont pas à la charge de l'assureur, sauf
convention contraire ».
Aux termes de l’art 51 du code des assurances « l’assureur ne répond pas, sauf convention
contraire, des dommages occasionnés par la seule action de la chaleur ou par le contact direct
et immédiat du feu ou d'une substance incandescente s'il n'y a eu ni incendie, ni commencement
d'incendie susceptible de dégénérer en incendie véritable ».
54
Yvonne Lambert-Faivre, Droit des assurances, 9ème édition, Dalloz, 1995, p 270.
20
L’art 52 du code des assurances prévoit que « Les dommages matériels résultant directement
de l'incendie ou du commencement d'incendie sont seuls à la charge de l'assureur, sauf
convention contraire, même si les dommages sont provoqués par la foudre ».
Incendies causés par les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, et autres
cataclysmes
Selon l’art 56 du code des assurances « Sauf convention contraire, l'assurance ne couvre pas
les incendies directement occasionnés par les éruptions de volcans, les tremblements de terre et
autres cataclysmes ».
Les exclusions conventionnelles de garantie sont celles prévues au contrat par l’assureur. Elles
diffèrent des exclusions légales en ce sens qu’elles peuvent varier d’un assureur à un autre.
Un arrêt du 21 mai 199055 affirme que le contrat d'assurance est un contrat consensuel où la
rencontre des volontés prime. Cela signifie que les parties peuvent structurer le contrat
comme elles le souhaitent, y compris décider des risques couverts et des exclusions.56
La définition du risque couvert peut également être réalisée de manière négative par le biais
de clauses dites d'exclusion. L'exclusion est définie comme « l'événement ou état d'une
personne non couvert étant exclu de la garantie » (C. ass. marocain, art. 1er )
L’exclusion de garantie est une disposition contractuelle empêchant l’assuré de réclamer une
indemnisation pour certains sinistres. L’exclusion de garantie est généralement notifiée en
amont de la souscription du contrat. Il ne s’agit pas d’une sanction mais une absence de prise
en charge. Par exemple, les conditions générales d’un contrat automobile font généralement
figurer l’absence de prise en charge d’un accident responsable en cas de conduite en état
d’ivresse. En assurance multirisque habitation, l’assureur peut exclure de ses garanties la prise
en charge d’un dégât des eaux si ce dernier est lié à un défaut d’entretien des canalisations par
exemple.57
55
(1re Civ., n° 87-19.014, Bull. 1990, I, no 109)
56
https://fr.linkedin.com/pulse/analyse-des-exclusions-de-garantie-en-droit-%C3%A9volution-belovetskaya
(Consulté le 30- 04- 24 17 :59)
57
https://fr.luko.eu/conseils/guide/exclusion-de-garantie/ (consulté le 30 Avril 2024 à 15 :52)
21
Le mécanisme d’exclusion de garantie n’a pas pour fonction de sanctionner un
comportement, mais prévoit une absence de prise en charge.58
Dans L’étude des exclusions conventionnelles, la section sera divisée en l’objet des exclusions
et la distinction en d’autres notions (§1), ainsi les conditions de validité de ces exclusions (§2),
et enfin les effets des exclusions conventionnelles en cas de leur conformité et de non-
conformité (§3).
Tous les événements qui font l'objet de dénominations génériques par catégories (incendie, vol,
bris de machines, etc.) sont soigneusement délimités dans les polices qui tracent les contours
de la garantie. Par exemple l'assurance-vol ne couvre pas, sauf clause contraire, l'escroquerie,
l'abus de confiance ou les vols commis par la famille de l'assuré.59
Un événement assuré peut causer des dommages dont certains sont Couverts et d'autres exclus.
Lorsque certains éléments du patrimoine sont exclus de l'objet du contrat, les dommages qu'ils
subissent ne sont pas garantis (ex. perte des espèces dans un incendie). De même certaines
personnes peuvent être exclues de la garantie soit en qualité d'assuré, soit en qualité de tiers-
victime; ex. :l'assuré responsable ou le conducteur en assurance automobile, les dirigeants de
l'entreprise ou les salariés en assurance responsabilité civile exploitation.60
Il de plus en plus fréquent que l'assureur mette à son obligation de garantie une condition : le
respect par l'assuré de certaines mesures de prévention. Ainsi les assurances vol peuvent-elles
58
https://ymanci.fr/lexique/definition-exclusion-garantie/ (consulté le 30 Avril 2024 à 15 :03)
59
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001.P :308
60
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001.P :308
22
comporter l'obligation de protéger le risque (bijoux, fourrures) par des moyens efficaces tels
que coffres forts agréés ou portes blindées ; ou bien encore l'assurance-incendie d'une entreprise
est-elle assortie de l'obligation de respecter certaines mesures spécifiques (portes coupe-feu,
spincklers...).61
-soit la mesure de prévention est une condition de la garantie hors de laquelle « l'assureur
n'aurait pas contracté ». Il y a alors exclusion dont la validité exige qu'elle soit clairement
exprimée et formalisée dans la police, et dont l'application est subordonnée à la preuve des faits
par l'assureur.
-soit la mesure de prévention n'affecte pas l'assurabilité du risque, mais seulement sa tarification
dans le barème de l'assureur ; son non-respect constitue alors une aggravation de risques dont
la sanction est la nullité en cas de mauvaise foi de l'assuré, ou l'application de la règle
proportionnelle de prime lorsque la mauvaise foi n'est pas établie.
Il est très important que les assureurs expriment clairement et précisément dans leurs polices la
nature et les sanctions applicables aux mesures de prévention.62
Une condition de garantie est une clause visant à délimiter les contours du risque garanti. Une
clause d’exclusion de garantie indique les cas et les hypothèses dans lesquels l’assuré n’est pas
couvert par le contrat.
Le principe était donc clairement posé : la condition de garantie doit être retenue lorsque
l’évènement visé par la clause affecte en permanence le risque couvert. Par exemple, devoir
installer un coffre-fort pour ses bijoux est une condition de garantie, ne pas les avoir placés lors
du cambriolage est une exclusion de garantie. Tandis que l’assuré est tenu de prouver qu’il a
61
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001.P :309
62
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001.P :309
23
respecté une condition de garantie63, il appartient à l’assureur de rapporter la preuve d’une
exclusion de garantie64.65
Surtout, si une clause de condition de garantie doit seulement être « claire et précise »66, le
législateur subordonne la validité des clauses d’exclusion de garantie au respect de strictes
conditions de fond et de forme : nécessairement formelles et limitées, elles doivent en outre être
mentionnées en caractères très apparents dans la police.
Arrêt du 26 novembre 199667 : Cette décision définit une clause d'exclusion de garantie
comme celle qui prive l'assuré du bénéfice de la garantie en considération de
circonstances particulières de réalisation du risque.
Arrêt du 23 février 1999 68: Selon cette décision, une clause formule des conditions de
la garantie, et non une exclusion, lorsque celle-ci énonce des exigences générales et
précises auxquelles la garantie est subordonnée.69
Distinction entre l'exclusion de risques et l'aggravation du risque
La loi de la consommation 31-08 dans article 15 et 17 dispose que la clause abusive est celle
qui créé un déséquilibre significatif entre les droits et les obligations des parties. Ainsi,
63
Civ. 1, 29 oct. 2002, n° 99-10.650
64
Civ. 2e, 21 fév. 2013, n° 12-17.528
65
https://www.mouy-avocat.fr/la-clause-dexclusion-de-garantie-assurances/ (consulté le 30 Avril 2024 à
16 :16)
66
(Civ. 3e, 18 mars 1992, n° 90-10.292)
67
(1re Civ., n° 94-16.058)
68
(1re Civ., n° 96-21.744)
69
https://fr.linkedin.com/pulse/analyse-des-exclusions-de-garantie-en-droit-%C3%A9volution-belovetskaya
(consulté Le 30-04 -24)
24
l’appréciation du caractère abusif ne porte pour autant que les clauses soient rédigées de façon
claire et compréhensible.
Ce qui implique bien entendu la nécessité d’apprécier le contrat d’assurance dans sa globalité
ou son économie générale pour « comparer les désavantages subis par l’assuré aux avantages
recueillis par l’assureur avant de déclarer une clause abusive » ou non. Et ce, « quels que soient
la forme ou le support du contrat.70
C’est certainement compte tenu de cette lacune dans la protection des assurés contre les clauses
abusives, que le législateur français a à l’occasion de sa réforme de 2016 ajouté dans le Code
civil une nouvelle disposition selon laquelle « dans un contrat d'adhésion, toute clause non
négociable, déterminée à l'avance par l'une des parties, qui crée un déséquilibre significatif entre
les droits et obligations des parties au contrat est réputée non écrite. L'appréciation du
déséquilibre significatif ne porte ni sur l'objet principal du contrat ni sur l'adéquation du prix à
la prestation ». Avec ce nouveau texte, tout assuré, qu’il soit professionnel ou non, qui souscrit
à une police d’assurance « dont les conditions générales, soustraites à la négociation, sont
déterminées à l’avance par [l’assureur] » est protégé contre les clauses abusives.71
Cependant, il est malheureux de constater que lorsque l'assureur par une clause limite son
obligation de garantie dans le contrat d'assurance, tout en sachant que c'est la principale
obligation pour ne pas dire la seule qui pèse à sa charge, ne peut que paraitre abusive dans la
mesure où cette clause révèlerait un abus de puissance économique de l'assureur, et lui
conférerait un avantage excessif.72
Le tribunal d'instance de Pontarlier, par jugement du 12 décembre 2005, a saisi la CCA d'une
demande d'avis.
En effet, était soulevé, à l'occasion de cette instance, le caractère abusif de la clause suivante
contenue dans un contrat d'assurance de groupe facultative, souscrit en vue de se garantir contre
le risque d'invalidité permanente et totale, au moment de la conclusion d'un contrat de prêt à la
consommation : "aucune prise en charge ne pourra intervenir dès la fin du mois où survient
l'un des trois événements suivants : liquidation de toute pension de retraite, départ ou mise en
préretraite ou en retraite, cessation d'activité professionnelle".
70
Boubacar Balde ; Thèse en cotutelle Doctorat en droit : L'exclusion de garantie dans le contrat d’assurance ;
Université Toulouse 1 Capitole Toulouse, France ; p : 216
71
idem ; p : 336
72
Sara Zouhir. Le contrat d’assurance : Aspects théoriques et pratiques.2015. P :266
25
La CCA relève que cette clause, en ce qu'elle exclut toute intervention de l'assureur en cas de
survenance, postérieurement à la conclusion du contrat, de l'un des événements qui y sont visés,
est une clause d'exclusion de garantie.
Exemple : une exclusion de garantie qui visait " les autres phénomènes à caractère
catastrophique" ne peut être considérée comme formelle et limitée 74 75.
L’article 17 dispose que : « Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou
causés par la faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion formelle et limitée
contenue dans le contrat ».
Selon le professeur Luc MAYAUX: «Il ressort de ces dispositions, que si le législateur avait mis
à la charge de l'assureur une obligation de garantie, l'expression "sauf ", signifie clairement que
pour être valide une clause d'exclusion, elle doit être absolument formelle et limitée.76
Formelle
73
https://www.lexbase.fr/article-juridique/3220677-
bra8vesavisdelacommissiondesclausesabusivessurlecaracta8reabusifduneclausedexclusi (consulté le 29 AVRIL
2024 à 16 :50)
74
https://www.inc-conso.fr/content/assurance/le-contrat-dassurance (consulté le 29 AVRIL 2024 à 16 :46)
75
Cass. civ. II, 1er décembre 2005, n° 04-16900
76
Sara Zouhir. Le contrat d’assurance : Aspects théoriques et pratiques.2015. P :265
26
La clause d’exclusion doit être formelle c’est-à-dire qu’elle est claire et qu’elle ne laisse aucune
place au doute quant à la garantie exclue et les circonstances dans lesquelles la garantie est
exclue.
Pour être formelle, la clause doit donc jouer dans des hypothèses limitativement énumérées
avec précision. Dès lors que l’assuré n’est pas en mesure de déterminer exactement les
situations dans lesquelles il n’est pas couvert, une clause ne peut être considérée comme étant
précise.
l'exclusion doit être clairement exprimée dans le contrat et ne peut résulter d'éléments
implicites ( Cass. 1re civ., 13 nov. 1980, n° 79-14.599). Elle doit également être compréhensible
par l'assuré qui va ainsi conclure le contrat en connaissance de cause, sachant clairement
l'étendue de la garantie (Cass. 1re civ., 26 juin 1961, n° 59-13.278 ; Cass. 1re civ., 26 juin 1961,
n° 59-12.757).77
Les assureurs proposent parfois une énumération explicite des risques qui ne sont pas couverts
au titre de la garantie contractuelle. Ces polices dites " tous risques sauf " ne sont guère
incitatives pour les consommateurs d'assurance, lesquels peuvent légitimement se demander, à
l'issue de la lecture d'une liste souvent longue, s'il n'existe pas qu'un nombre infime de risques
couverts. Pourtant, cette formule est sans aucun doute la mieux protectrice des intérêts de
l'assuré, dans la mesure où elle ne laisse prise à aucune incertitude relative à la qualification
d'exclusion conventionnelle.
Les assureurs privilégient souvent une formulation indirecte des clauses d'exclusion, jugée
commercialement plus attractive. Il s'agit en l'occurrence d'établir une liste de risques couverts,
sur la base de laquelle il est possible de déterminer des exclusions corrélatives. En toute
hypothèse, la qualification d'exclusion indirecte n'est envisageable que si l'énumération des
risques garantis ne laisse aucun doute quant à la nature des risques évincés 78. Par exemple, de
la clause qui garantit la responsabilité du conducteur titulaire du permis de conduire, on ne peut
77
https://www.lexisma.com/doctrine/maroc/75/Risques_couverts_par_les_contrats_d_assurance.html
(consulté le 30 Avril 2024)
78
Cass. 1re civ., 23 avr. 1985, n° 84-10.479
27
que déduire l'exclusion conventionnelle de la garantie lorsque l'assuré n'est pas titulaire d'un
permis de conduire.
La cour de cassation française a notamment jugé que la garantie des seuls travaux réalisés par
l'assuré, constituait une exclusion indirecte de la garantie des travaux sous-traités79, que la
garantie des travaux effectués par l'assuré avec des matériaux plastiques écartait indirectement
la prise en charge des travaux accomplis avec d'autres matériaux80, que la garantie de la
réparation des dommages causés par les eaux dus à des fuites, ruptures ou débordements
provenant de conduites non enterrées, excluait la couverture des dommages trouvant leur
origine dans des canalisations enterrées.81 82
La formulation d’une clause d’exclusion ne doit donc laisser aucun doute sur l’étendue de la
garantie. C’est ainsi qu’il est désormais très logiquement considéré que n’est pas formelle la
clause d’exclusion qui nécessite une interprétation. La rédaction de style « tous risques sauf…»
qui énumère expressément les risques exclus de la garantie, serait une façon de respecter
l’exigence légale d’une clause formelle. D’aucuns soutiennent même, bien que redoutée par les
assureurs sur le plan commercial, une telle formalisation des exclusions en listes (« tous risques
sauf… ») est le seul type de rédaction qui respecte vraiment le caractère formel des exclusions
de garanties exigé par la loi. Quand est-il alors du caractère limité ?83
Limitée
La clause d’exclusion doit être limitée, c’est-à-dire qu’elle ne doit s’appliquer qu’à quelques
cas clairement définis et explicités.
Le caractère limité de la clause d’exclusion vise à protéger l’assuré contre les exclusions qui
seraient d’une ampleur telle qu’elles conduiraient à vider la garantie de sa substance, c’est-à-
dire la réduirait à un point tel que la garantie serait finalement inexistante ou infime. Cette
définition a été dégagée progressivement par la cour de cassation française depuis un arrêt de
1987. Depuis, la jurisprudence a également affirmé qu’une clause d’exclusion ayant pour
79
Cass. 1re civ., 23 avr. 1985, n° 84-10.479
80
Cass. 1re civ., 29 janv. 1991, n° 89-13.604
81
Cass. 3e civ., 26 mars 2008, n° 07-14.406
82
https://www.lexis360intelligence.fr/encyclopedies/JurisClasseur_Civil_Annexes/CA0-
TOCID/document/EN_KEJC177016_0KRD?q=le%20risque%20en%20droit%20des%20assurances&doc_type=doc
trine_fascicule&sort=score&from=0&to=1714568864743&source=history&numero=1 (consulté le 30 AVRIL
2024)
83
Boubacar Balde ; Thèse en cotutelle Doctorat en droit : L'exclusion de garantie dans le contrat d’assurance ;
Université Toulouse 1 Capitole Toulouse, France ; p :245-246
28
conséquence de vider le contrat de son contenu par le biais d’une seule clause d’exclusion ou
par le cumul de toutes les exclusions n’était pas limitée84.85
Dans le cas d'un dégât des eaux par exemple, l’exclusion peut concerner un défaut d’entretien.
Une clause d’exclusion n’est donc pas considérée par la jurisprudence comme étant limitative,
donc formelle, lorsqu’elle contient une liste seulement indicative de circonstances, dans la
mesure où elle intègre des expressions comme « notamment » 86, « et autre mal de dos » 87, «
tels que » 88…89
La cour de cassation française a écarté pour imprécision la clause excluant de la garantie d’un
contrat d’assurance habitation la situation dans laquelle l’assuré n’aurait pas agi « en bon père
de famille quant à la préservation et la sécurité de l’immeuble ».90
La cour de cassation française affirme depuis belle lurette que, à travers cette condition de fond
le législateur voulait que « la portée ou l'étendue de l'exclusion soit nette, précise, sans
incertitude pour que l'assuré sache exactement dans quels cas et dans quelles conditions il n'est
pas garanti».
L’objectif de cette exigence légale d’une clause limitée serait donc double. D’abord permettre
à l’assuré de déterminer avec précision l’étendue de l’exclusion ou l’étendue exacte de sa
garantie, et ensuite éviter que la garantie qui lui a été offerte ne soit vidée de sa substance en
annulant « pratiquement toutes les garanties prévues ou […] vider le contrat de son contenu par
le biais d’une seule clause d’exclusion ou par le cumul de toutes les exclusions ».91
La jurisprudence française prohibe ainsi la clause lorsque celle-ci se réfère à des « critères
imprécis et à des hypothèses non limitativement énumérées ». Tel est le cas lorsque la clause
fait appel à des notions ou à des normes trop vagues, nécessitant une appréciation ou une
84
Cass. 1ère Civ., 14 janvier 1992, n° 88-19.313
85
LES CAHIERS DE LA MÉDIATION DE L’ASSURANCE. 28 février 2023 – n° 2. Les clauses d’exclusion dans un
contrat d’assurance Étude réalisée par Karine Mespoulet-Beauves avec la participation de Clara Cappe.
Cahier_LMA_002_2023.02_Exclusion-de-garantie.pdf ; P :21
86
Cass. 1ère Civ., 9 avril 1991, n° 88-15.648 ; Cass 3ème Civ., 1er février 2011, n° 09- 15.462 ;
87
Cass 2ème Civ., 18 janvier 2006, n° 04-17.279 ; Cass. 2 ème Civ., 17 juin 2021, n° 19-24.467.
88
Cass 2ème Civ., 11 février 2021, n° 19-23.977
89
LES CAHIERS DE LA MÉDIATION DE L’ASSURANCE. 28 février 2023 – n° 2. Les clauses d’exclusion dans un
contrat d’assurance Étude réalisée par Karine Mespoulet-Beauves avec la participation de Clara Cappe.
Cahier_LMA_002_2023.02_Exclusion-de-garantie.pdf ; P :20
90
Cass 2ème Civ., 11 février 2021, n° 19-23.977
91
Boubacar Balde ; Thèse en cotutelle Doctorat en droit : L'exclusion de garantie dans le contrat d’assurance ;
Université Toulouse 1 Capitole Toulouse, France ; p : 246
29
interprétation que l'assuré est dans l'impossibilité de porter ou de faire (Cass. 1re civ., 12 mai
1993, n° 91-17). Dans le même sens, les clauses d'exclusions se contentant de donner des
exemples (mentionnant les termes « tels que… », « notamment… », « ou autre… »), conduisant
à une liste non limitée, sont sanctionnées par la jurisprudence (Cass. 2e civ., 18 janv. 2006, n°
04-17.279). Ce raisonnement peut être transposé en droit marocain.92
La clause d'exclusion doit respecter un certain formalisme pour être valable et opposable à
l'assuré : l'exclusion doit être mentionnée dans le contrat en caractères très
apparents conformément à l’art 14 du c.ass qui énonce : « Sous réserve des dispositions
spéciales prévues pour les assurances de responsabilité, les clauses des contrats édictant des
nullités prévues par le présent livre, des déchéances, des exclusions ou des cas de non assurance
ne sont valables que si elles sont mentionnées en caractères très apparents ».
Le vocabulaire adopté dans le Code des assurances marocain rejoint celui adopté par le Code
des assurances français.93
Cette exigence légale de mentionner les clauses d’exclusion en caractères très apparents n’est
qu’une suite logique de la volonté du législateur de permettre à l’assuré de connaître l’étendue
exacte de la garantie offerte par sa police d’assurance. Mais à la différence des conditions de
validité de fond qui n’attirent l’attention de l’assuré que par la lecture effective et très attentive
de sa police d’assurance, ce formalisme rédactionnel ou condition de validité de forme attire
son attention par le simple survol qu’il fera de sa police d’assurance.
La clause d’exclusion doit être rédigée de sorte qu’elle soit facilement repérable. Elle doit «
sauter aux yeux » diraient certains. A ce propos les juges parlent de typographie de nature à
attirer l’attention du contractant à première lecture. Avec leurs caractères très apparents qui les
distinguent des autres dispositions de la police d’assurance, les clauses d’exclusion de garantie
doivent « attirer spécialement l’attention de l’assuré » et ce, dès le premier regard. 94
92
https://www.lexisma.com/doctrine/maroc/75/Risques_couverts_par_les_contrats_d_assurance.html
(consulté le 30 Avril 2024 à 14:58)
93
https://www.lexisma.com/doctrine/maroc/75/Risques_couverts_par_les_contrats_d_assurance.html
(consulté le 30 Avril 2024)
94
Boubacar Balde ; Thèse en cotutelle Doctorat en droit : L'exclusion de garantie dans le contrat d’assurance ;
Université Toulouse 1 Capitole Toulouse, France ; p : 252
30
D’où la nécessité pour l’assureur de rédiger les clauses d’exclusion non seulement dans une
police de caractère différent tel qu’en « lettres capitales », mais aussi et surtout dans une taille
et couleur (rouge de préférence, car plus facilement visible) différentes. Mais même rédigée en
lettres majuscules, la clause d’exclusion qui ne se détache pas du contexte, et n’empêche pas
l’ensemble des clauses de la police d’être confus, n’est pas considérée comme formulée en
caractères très apparents. Il s’agit de combiner ainsi « la grande lisibilité » à une grande visibilité
dans la rédaction des clauses d’exclusion de garantie afin que l’attention de l’assuré soit très
facilement attirée sur leur présence dans la police.95
En présence d’un contrat où certaines exclusions étaient imprimées en rouge, alors que d’autres
étaient rédigées en caractères gras, la cour de cassation française a jugé que seules les premières
étaient réputées en « caractères très apparents ».96
Lorsque l'exclusion est admise on dit qu'il y a non assurance. En effet, «En cas de survenance
d'un évènement exclu de l’assurance L’assureur ne doit aucune garantie. Il ne doit rien que ce
soit à l’assuré, au tiers bénéficiaire désigné dans le contrat, ou même à la victime titulaire
d'une action directe contre l'assureur de responsabilité de l’assuré auteur du dommage ».97
Dès lors, s’il y a sinistre dans une hypothèse visée par l’exclusion de risque, elle est opposable
à tous.
Toutefois, dans les assurances de responsabilité civile automobile le législateur français déclare
inopposables aux victimes d’accidents de la circulation ou à leurs ayants droit, certaines
95
idem ; p : 253
96
Cass 1ère Civ., 1er décembre 1998
97
Sara Zouhir. Le contrat d’assurance : Aspects théoriques et pratiques.2015. P :266
31
exclusions de garantie que peut comporter le contrat. Il en est ainsi des exclusions en cas de
conduite avant l’âge requis ou sans permis, ou en cas de transport de personnes dans des
conditions insuffisantes de sécurité ; mais aussi les exclusions des dommages causés par un
véhicule transportant des sources de rayonnements ionisants ou autres matières dangereuses ou
ceux survenus au cours d’épreuves, courses, compétitions ou essais automobiles selon les
dispositions des articles Article R211-13 et articles R. 211-10 et R. 211-11 du c.ass Français .
C’est la volonté même du législateur Marocain de ne plus laisser les victimes d’accident de la
route sans réparation qui justifie l’inopposabilité de ces exclusions de garantie à leur égard.
L’assureur doit les indemniser intégralement même en cas d’exclusions de garanties prévues
dans le contrat. Mais une fois qu’il « procède [à ce] paiement de l’indemnité pour le compte du
responsable [(l’assuré)], il peut exercer contre ce dernier une action en remboursement pour
toutes les sommes qu’il a ainsi payées ou mises en réserve à sa place », conformément à l’art
125 du c.ass Marocain.
La clause est ainsi considérée comme nulle alors que le reste du contrat survit. De même, en
cas de nullité d'un cas d'exclusion uniquement, à notre sens, seule cette exclusion doit être
écartée et le reste de la clause n'est pas affecté et ce comme la clause abusive prévue dans
l’article 19 de la loi 31-08.
D’autre part, la jurisprudence considère que les clauses d’exclusion de garantie ne se présument
pas : les conditions relatives à ces exclusions par la police d’assurance doivent avoir été portées
à la connaissance de l’assuré.
En cas de litige, il appartient à l’assureur de prouver que les conditions qui permettent d’exclure
la garantie sont réunies. 98
Depuis 1980, la jurisprudence française est constante pour admettre que s'il appartient à l'assuré
ou à la victime d'établir l'existence du sinistre couvert, il incombe à l'assureur de démontrer la
réunion des conditions de fait de l'exclusion de garantie dont il se prévaut99. La solution vaut
98
https://fr.luko.eu/conseils/guide/exclusion-de-garantie/ (consulté le 30 Avril 2024 à 16 :08)
99
Cass. 1re civ., 15 oct. 1980 et 22 oct. 1980, n° 79-17.075 et n° 79-15.003 : - Cass. 1re civ., 9 mars 1999, n° 96-
20
32
aussi bien pour les exclusions directes que pour les exclusions indirectes100. Par exemple,
l'assureur doit prouver l'existence d'une prédisposition pathologique pour échapper à une
garantie accidents corporels101.
Les exclusions légales et conventionnelles tendent vers le même objectif est celui de l’absence
de prise en charge.
Pour que le risque soit couvert, il doit faire l’objet d’une double déclaration, une déclaration
initiale du risque lors de la conclusion du contrat, et puis une déclaration au cours du contrat en
cas d’aggravation ou diminution du risque. Cependant, une sanction est prévue en cas de faute
intentionnelle ou non intentionnelle.
100
Cass. 1re civ., 6 janv. 1982, n° 80-13.823
101
Cass. 1re civ., 15 avr. 1982 : Bull. civ. I, n° 130
102
Cass. 1re civ., 25 mai 1987, n° 85-12
103
Cass. 2e civ., 21 févr. 2013, n° 12-17
104
https://www.lexis360intelligence.fr/encyclopedies/JurisClasseur_Civil_Annexes/CA0TOCID/document/EN_KE
JC- (consulté le 30 Avril 2024)
33
Partie II : La déclaration des risques : obligation spécifique au droit des
assurances
Le code des assurances impose au souscripteur du contrat d’assurance une obligation légale de
déclaration de risque en faveur de l’assureur (chapitre I). Cette exigence revêt une importance
capitale, car l’assureur, habituellement en position de force dans la relation contractuelle, se
trouve, en matière d’assurance, en position de faiblesse quant aux informations entourant les
risques, lesquelles peuvent déterminer son consentement à la garantie. Pour cette raison,
l’obligation de déclaration de risques est assortie de sanctions en cas de non-respect (chapitre
II).
Dès la formation du contrat, l’assuré est tenu de déclarer le risque afin de permettre à l’assureur
de se forger une opinion fidèle du risque à garantir. Cependant, étant donné que le contrat
d’assurance est un contrat à exécution successive, les risques qu’il couvre peuvent se modifier,
voire s’aggraver, au cours du contrat. C’est pourquoi le législateur a imposé à l’assuré non
seulement la déclaration des risques lors de la conclusion du contrat (section 1), mais encore la
déclaration des circonstances nouvelles susceptible de modifier le risque initial, intervenant
ainsi au cours du contrat (section 2).
Le législateur marocain impose à l’assuré, en vertu de l’art 20-2° du code des assurances,
l’obligation de « déclarer exactement, lors de la conclusion du contrat, toutes les circonstances
connues de lui qui sont de nature à faire apprécier par l'assureur les risques qu'il prend à sa
charge ». Il s’agit d’une obligation positive de renseignement qui servirait à évaluer le risque
et à établir le taux de prime. Elle se justifie par le fait que l’assureur, le plus souvent, ne peut
pas avoir une connaissance directe et personnelle du risque. En effet, de nombreuses
circonstances de nature à modifier l’opinion du risque ne peuvent être connues de l’assureur
que par l’intermédiaire de l’assuré. Mais avant d’approfondir cette obligation et d’en examiner
tous les aspects, il est primordial de commencer par clarifier la notion de « circonstances »,
objet de l’obligation de déclaration.
Selon les termes de l’art 20-2°, il est évident que le terme "circonstance" est utilisé de manière
générale, ce qui laisse entendre qu'il inclut à la fois des circonstances objectives et subjectives.
34
Les circonstances objectives sont celles qui tiennent à l’objet même du contrat, et permettent à
l’assureur de mesurer la probabilité (fréquence) et l’intensité (cout moyen)105 ; comme par
exemple la situation ou la destination d’un immeuble pour une assurance contre l’incendie,
l’âge ou l’état de santé de l’assuré pour l’assurance vie.
Quant aux circonstances subjectives, sont celles qui concernent la personne même de l’assuré,
sujet du contrat, et permettent à l’assureur de vérifier l’honorabilité et le sérieux de l’assuré.
Par exemple, si l’assuré a déjà été couvert pour le même risque ou si un précédent contrat
d’assurance a été résilié auprès d’une autre compagnie, s’il a déjà eu son permis de conduire
retiré ou s’il a été condamné civilement ou pénalement à l’occasion d’accidents automobile
antérieurs, etc., sont autant de facteurs pris en compte par l’assureur.
De surcroit, l’assuré n’est tenu de révéler que les circonstances qui sont susceptible d’influencer
l’opinion de l’assureur sur le risque, conformément à l’art 20-2° qui précise qu’elles doivent
être « de nature à faire apprécier par l'assureur les risques qu'il prend à sa charge ». Ainsi,
l'obligation de déclaration ne peut être étendue à des circonstances qui n'ont aucune incidence
sur l'appréciation du risque par l'assureur.
Le point de savoir si la circonstance non révélée était de nature à influer sur l’opinion du risque
doit être apprécié en la personne de l’assureur107.
Les sanctions pour fausse déclaration sont encourues « alors même que le risque ou dénaturé
par l’assuré a été sans influence sur le sinistre », dispose l’art 30 du code des assurances en
son alinéa 1er in fine.
En ce qui concerne la forme de la déclaration, aucune exigence spécifique n'est imposée par le
code des assurances. Cela laisse donc entendre que deux systèmes peuvent être envisagés pour
105
Yvonne Lambert-Faivre, Droit des assurances, Dalloz, 9e éd., 1995, p 247.
106
Y. LAMBERT-FAIVRE et L. LEVENEUR., Droit des assurances, coll. « Précis », Dalloz, 13e éd., 2011.
107
Georges Brière De L’Isle, Droit des assurances, Presses Universitaires de France, 1973, p 71.
35
cette déclaration, selon la volonté des parties : le système de la déclaration spontanée et celui
de la déclaration provoquée.
Cependant, ce procédé présente des inconvénients dans la mesure où les assurés connaissent
mal la technique de l’assurance et déterminent difficilement quelles so7nt les circonstances,
notamment subjectives, primordiales à l'assureur dans son dessein d'évaluation des risques.
Aussi, les omissions d’une déclaration spontané peuvent-elles difficilement constituer la preuve
d’une mauvaise foi et être sanctionnées comme telle.
Ensuite, la cour de cassation française a progressivement admis le fait que si l’assureur ne pose
pas de question sur un point précis, cela peut permettre à l’assuré d’être dispensé de son
obligation de déclaration spontanée sur celui-ci109.
Cependant, il est important de noter que cette évolution législative ne concerne que la France,
tandis que le Maroc demeure en principe régi par le système de la déclaration spontanée, mais
108
Lamy Assurances, 2017.
109
Lamy Assurances, 2017.
36
cela n’empêche pas les parties d’opter pour un questionnaire limitatif et précis élaboré par
l’assureur ou pour une simple déclaration verbale. En pratique, les déclarations sont
généralement incluses dans le formulaire préparé par l’assureur, constituant ainsi la proposition
d’assurance présentée par l’assuré. Ce document, élaboré par la compagnie d’assurance et
transmis au souscripteur par le biais du courtier, permet à ce dernier décrire le risque qu’il
souhaite assurer en répondant aux questions incluses dans le formulaire110 .
À l’évidence, cette obligation s’inscrit dans la continuité de la déclaration initiale des risques.
Le contrat d'assurance s'inscrivant par nature dans la durée, des circonstances nouvelles
peuvent, au cours de son exécution, modifier la configuration initiale du risque car c’est un
contrat à exécution successive. Si l'évolution consiste dans une aggravation du risque, l'assuré
a l'obligation d'en informer l'assureur (§1). En revanche, si les circonstances nouvelles
produisent une diminution du risque, leur déclaration est une simple faculté offerte au
souscripteur qui voudrait solliciter une réduction du montant de la prime (§2).
§1 : Aggravation du risque
A ce propos, la doctrine considère que l’aggravation du risque résulte soit dans les « chances »
de sa réalisation, qui se trouvent augmentées en raison de la circonstance nouvelle, soit dans
l’étendue des conséquences du sinistre, et soit les deux à la fois.112
L'assuré n'a aucune obligation de déclarer l'augmentation de la valeur de ses biens car,
pour les juges, il s'agit d'une augmentation de l'assiette de la prime et non d'une
aggravation du risque113. Ce raisonnement paraît parfaitement valable lorsque la
110
.110 ص،4012،" سلسلة "المعارف القانونية و القضائية، احكام التامين على ضوء القانون المغربي و المقارن،محمد كمو110 ،محمد كمو
.110 ص،4012،" سلسلة "المعارف القانونية و القضائية،احكام التامين على ضوء القانون المغربي والمقارن
111
https://bjda.fr/les-dossiers/dossier-1/la-declaration-des-risques-en-cours-de-contrat/ (consulté le 01 Mai
2024)
112
Boubacar Balde ; Thèse en cotutelle Doctorat en droit : L'exclusion de garantie dans le contrat d’assurance ;
Université Toulouse 1 Capitole Toulouse, France ; p :166
113
Cass. 1re ch. civ., 8 juillet 1986
37
garantie couvre, par exemple, le risque d'incendie. Mais il est discutable de l'étendre à
une assurance contre le vol, puisque la présence de biens de valeur augmente la
probabilité du risque. Dans tous les cas, l'intérêt de l'assuré est de modifier sa déclaration
initiale afin d'éviter de se trouver en état de sous-assurance. En effet, en cas de sinistre,
l'indemnisation s'opère sur la valeur des biens déclarés.114
En cas d'aggravation des risques, l'assuré est ainsi tenu de déclarer à l'assureur les aggravations
de risques résultant soit de son fait soit de faits extérieurs et qui auraient pu avoir un impact sur
l'appréciation du risque de l'assureur conformément à l’article 24 du code des assurances. Cet
article est dépendant à L’article L113-4 du code des assurances Français. L’article dispose que
les circonstances nouvelles résultent en deux situations soit du fait de l’assuré ou sans leur fait.
Ensuite, il est précisé que doivent être déclarées les aggravations de risque qui, si ce nouvel état
avait existé lors de la souscription du contrat, auraient conduit l'assureur à ne pas contracter ou
à contracter moyennant une prime plus importante.
Cette obligation est par ailleurs liée à deux choses : au questionnaire transmis par l'assureur et
aux stipulations contractuelles :
L’assuré doit uniquement déclarer les aggravations de risque qui sont entrées dans le champ
contractuel. En effet, l'assureur ne peut imposer à l'assuré de déclarer tout changement lié à
sa situation ou à son patrimoine sans précision. Seuls les éléments qui ont fait l'objet d'une
114
https://www.argusdelassurance.com/reglementation/analyse/evolution-du-risque-l-assure-oblige-de-
modifier-son-contratau-cours-du-contrat-le-risque-peut-s-aggraver-diminuer-ou-un-nouveau-risque-peut-
naitre-c-est-a-l-assure-de-prevenir-la-compagnie-d.12935 (consulté le 29 Avril 2024 18 :49)
115
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001 ; P : 247
116
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001 ; p : 248
38
déclaration au moment de la conclusion du contrat doivent faire l'objet d'une déclaration
complémentaire en cas d'aggravation. On ne peut, à notre sens, reprocher à l'assuré de ne
pas avoir déclaré un élément qui ne lui avait pas été demandé initialement et a
fortiori communiqué, et qui n'a donc pas été pris en compte dans l'évaluation du risque.
L'assureur, en fonction du risque couvert, devra donc porter une attention toute particulière
au questionnaire qu'il soumettra au souscripteur, car c'est bien sur la base de ce
questionnaire que l'appréciation de l'augmentation d'un risque se fera. C'est d'ailleurs la
position adoptée par la cour de cassation française qui exige que la circonstance nouvelle
corresponde effectivement à une question posée par l'assureur au moment de la
souscription117.118
C’est bien par un cumul des critères probabilité/intensité que se trouve caractérisée
l’aggravation des risques dans la situation d’un changement de destination des locaux
assurés119. En conclusion, seules les circonstances qui font évoluer le risque de manière
significative doivent être prises en compte. À défaut, le contrat pourrait être trop facilement
modifié, ce qui serait contraire à l’impératif de sécurité contractuelle. Ainsi, le fait qu’une
réponse initialement juste devienne fausse en raison d’une nouvelle circonstance n’indique pas
forcément une aggravation du risque. C’est l’apparition d’une circonstance aggravante qui rend
la réponse inexacte et non la réponse inexacte qui traduit nécessairement une circonstance
aggravante.120
117
Cass. 1re civ., 24 juin 1997, n° 95-17.994
118
https://www.lexisma.com/doctrine/maroc/75/Risques_couverts_par_les_contrats_d_assurance.html
(consulté le 30 Avril 2024)
119
Cass. 1re civ., 30 mai 1995, n° 92-10985
120
https://bjda.fr/les-dossiers/dossier-1/la-declaration-des-risques-en-cours-de-contrat/ DOSSIER N° 1 Année
2017 De certaines évolutions sur le risque en assurance (consulté le 01 Mai 2024)
121
Cass. 2e civ., 16 juin 2011, n° 10-17447.
122
La probabilité de l’accident est plus forte puisque le nombre de kilomètres parcourus est plus grand : Cass.
1re civ., 22 juill. 1986, n° 84-17413
39
sinistre. De même, l’augmentation du nombre de salariés de l’entreprise assurée augmente
nécessairement le nombre de dommages aux tiers susceptibles d’être causés123.124
En l’espèce, un vol de bijoux était survenu dans une bijouterie et les assureurs-vol refusaient
d’intervenir au motif que les bijoux volés étaient des bijoux modernes, en diamants, alors que
le contrat ne couvrait que des bijoux anciens, de moindre valeur. Les assureurs considéraient
qu’il s’agissait d’une aggravation du risque et que cette circonstance augmentait le risque de
vol. La cour d’appel de Gand estimait que seules les modifications de circonstances qui ont une
influence sur le risque que l’évènement assuré se produise doivent être déclarées. Par
conséquent, le fait d’être en possession de bijoux en diamant n’augmente que l’intensité du
risque, et non pas la probabilité que celui-ci se réalise.
En matière d’assurance vol, la cour d’appel de Liège a jugé que continuer à conduire un véhicule
qui a été volé, puis retrouvé, et le garer sur la voie publique, sans en changer les clés ni les
serrures constitue une aggravation sensible du risque qui doit être déclarée à l’assureur.
Dans un arrêt du 30 mars 2017, la cour d’appel de Mons a considéré qu’un immeuble à usage
d’habitation qui était squatté « est plus exposé aux risques de dégradations volontaires et
d’intrusions ». C’est une aggravation du risque qui doit être déclarée à l’assureur. 126
123
Cass. 1re civ., 23 oct. 1985
124
Heinrichs, Mathilde ; L’aggravation du risque en droit des assurances ; Master en droit à finalité spécialisée
en droit privé ; Année académique 2020-2021 ;p : 18
125
Heinrichs, Mathilde ; L’aggravation du risque en droit des assurances ; Master en droit à finalité spécialisée
en droit privé ; Année académique 2020-2021 ; P : 17
126
Idem; p :19
40
Il appartient à l'assureur souhaitant ne pas accorder sa garantie de prouver que l'assuré avait
connaissance de ces circonstances nouvelles qu'il a décidé de ne pas déclarer, contrairement à
son obligation127.
L’exception
L'obligation de déclarer l'aggravation du risque ne s'applique pas aux assurances sur la vie, car
l'objet de l'assurance lui-même consiste à garantir l'aggravation des risques et le décès.
La déclaration de l'assuré doit être spontanée et doit revêtir une forme particulière.
Que l'aggravation ait lieu du fait de l'assuré ou non, la déclaration doit être faite par lettre
recommandée. Et ce pour parer contre toute difficulté de preuve que l’assureur a été informé
par un autre procédé –lettre simple ou déclaration verbale-, et ce au profit de l’assuré.
Délai de la déclaration
En revanche, la période à laquelle cette déclaration doit être faite est différente en fonction de
la situation : préalablement, si l'aggravation résulte d'un fait de l'assuré et dans un délai de 8
jours à partir du moment où il en a eu connaissance, si l'aggravation ne résulte pas du fait de
127
Cass. 1re civ., 7 juill. 1987, n° 85-14.605
128
https://www.lexis360intelligence.fr/encyclopedies/JurisClasseur_Civil_Annexes/CA0TOCID/document/EN_KE
JC177016_0KRD?q=le%20risque%20en%20droit%20des%20assurances&doc_type=doctrine_fascicule&sort=sco
re&from=0&to=1714568864743&source=history&numero=1 (consulté le 30 Avril 2024)
41
l'assuré. Ce délai est relativement court par rapport à la loi française de 1989 qui fixe un
délai de Quinze jours à partir du moment où il a eu connaissance.
Ainsi, la circonstance nouvelle et aggravante est celle qui, si elle avait été déclarée par l’assuré
à la souscription aurait entraîné de la part de l’assureur un refus de contracter ou une acceptation
moyennant une prime plus élevée.
Dans les deux cas, l'assureur a la faculté soit de résilier le contrat d'assurance, soit de proposer
un nouveau taux de prime, mais aussi maintenir le contrat sans surprime.
Ainsi, L’assureur ne peut plus se prévaloir de l’aggravation des risques, dûment déclarée, dès
lors qu’il manifeste son consentement au maintien d’une manière expresse ou tacite –
encaissement des primes ou versement de l’indemnité en cas de sinistre conformément à l’art
24 du c.ass.
C’est une renonciation tacite de la part de l’assureur. La perception d'une prime consécutive à
une aggravation, non déclarée mais connue de l'assureur, vaut ainsi renonciation tacite à se
prévaloir des sanctions. Par exemple, l'assureur informé que le véhicule assuré contre le vol
n'est plus équipé d'un dispositif anti-démarrage conforme aux stipulations de la police,
manifeste son consentement au maintien de l'assurance en continuant à encaisser les primes.130
131
Il y a renonciation expresse lorsque l'assureur insère dans la police une « clause
129
https://www.lexisma.com/doctrine/maroc/75/Risques_couverts_par_les_contrats_d_assurance.html
(consulté le 30 Avril 2024)
130
Cass. 1re civ., 8 juill. 2003, n° 00-20.198
131
https://www.lexis360intelligence.fr/encyclopedies/JurisClasseur_Civil_Annexes/CA0-
TOCID/document/EN_KEJC177016_0KRD?doc_type=doctrine_fascicule&q=le%20risque%20en%20droit%20des
42
d'incontestabilité » qui néanmoins ne saurait couvrir le dol. Il y a « clause d'incontestabilité
différée » lorsque l'assureur ne renonce à se prévaloir des inexactitudes qu'après un certain
délai.132
Si l'assureur opte pour la résiliation, celle-ci prend effet le 10e jour de la notification de
l'avis de résiliation par lettre recommandée et l'assureur doit alors rembourser à l'assuré
la portion de prime ou de cotisation afférente à la période pendant laquelle le risque n'a
pas couru. En cas de silence de l'assureur, le silence gardé par l'assureur après une
déclaration d'aggravation faite par un assuré peut être interprété comme une acceptation
à l'expiration d'un certain délai.
Si l'assureur opte pour l'augmentation du taux de prime, alors l'assuré doit répondre à la
proposition de l'assureur (qu'il l'accepte ou qu'il la refuse) dans le délai de 30 jours à
compter de la notification de la proposition. En cas de silence de l'assuré, l'assureur peut
résilier le contrat au terme de ce délai, à condition d'avoir informé l'assuré de cette
faculté, en la faisant figurer en caractères apparents dans la lettre de proposition.
§2 : Diminution du risque
Il faut toutefois préciser que la réduction doit porter sur des circonstances spéciales aggravant
le risque et qu'elles doivent avoir été prises en considération au moment de la fixation de la
prime d'assurance. À défaut, l'assuré ne bénéficiera pas des dispositions prévues ci-dessous.
En principe, la loi n’oblige pas l’assuré à déclarer la diminution du risque. Mais suite à une
aggravation du risque ayant entrainé une surprime, l’assuré doit faire la déclaration d’une
%20assurances&sort=score&from=0&to=1714915505394&source=navigation&numero=1&source_nav=history
#D2971E6057 (consulté le 30 Avril 2024)
132
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001 ; p : 268
43
diminution éventuelle du risque antérieurement aggravé afin de bénéficier d’une révision à la
baisse de la prime.
La déclaration doit être faite contre récépissé ou par lettre recommandée selon l’article 25 du
code des assurances.
le délai de la déclaration
Les dispositions de l’article 25 du code des assurances n’exigent pas d’un délai fixé pour la
déclaration.
« Tout engagement doit être exécuté de bonne foi, et oblige, non seulement à ceux qui est
exprimé, mais encore à toutes les suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à l’obligation
d’après sa nature », dispose l’art 231 du DOC. Ce principe revêt une importance particulière
dans le cadre des contrats d’assurance, considérés comme des contrats de très haute bonne foi.
133
https://www.lexisma.com/doctrine/maroc/75/Risques_couverts_par_les_contrats_d_assurance.html
(consulté le30/04/2024)
44
Le preneur d’assurance est particulièrement soumis à cette exigence de bonne foi lors de la
déclaration des risques, que ce soit au cours de l’exécution du contrat ou avant sa conclusion
lors de la déclaration initiale, conformément à l’art 1104 du code civil français tel que modifié
par l’ordonnance du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et
de la preuve des obligations, qui dispose que « Les contrats doivent être négociés, formés et
exécutés de bonne foi. Cette disposition est d’ordre public ».
De par cette obligation, le législateur a instauré des sanctions qui varient selon que la réticence
ou la fausse déclaration est intentionnelle ou non intentionnelle.
Aux termes de l’art 30 du code des assurances « le contrat d'assurance est nul en cas de
réticence ou de fausse déclaration intentionnelle de la part de l'assuré quand cette réticence ou
cette fausse déclaration change l'objet du risque ou en diminue l'opinion pour l'assureur, alors
même que le risque omis ou dénaturé par l'assuré a été sans influence sur le sinistre ».
La première observation à faire à propos de cet article concerne la généralité de ses termes,
laissant entendre que la sanction s'applique de manière indifférenciée à la déclaration initiale
ainsi qu'à toute déclaration faite ultérieurement pendant la durée du contrat. Ce raisonnement a
été approuvé par la jurisprudence française à de nombreuses reprises135.
La deuxième observation est le caractère d’ordre public de ses dispositions. Dès lors, la police
ne pourrait pas prévoir des sanctions plus sévères ou plus douces.
Selon l’article 30 du code des assurances, la mauvaise foi dans l’obligation de déclaration de
l’assuré peut se présenter sous deux formes distinctes. Il peut s'agir soit d'une fausse déclaration
délibérée, soit d'une abstention volontaire de déclarer le risque.
134
Cass. 1e civ., 28 mars 2000, n°97-18.737 : Bull. Civ. I, n°101 ; D. 2000, jurisor. p. 574. note B. Beignier
135
Cass. 1e civ., 30 sept. 1997 : Resp. civ. et assur. 1997, comm. 381, note H. Groutel ; RGDA 1997, p. 1006,
note L. Fonlladosa – Cass. Crim. 2 mai 2001 : RGDA 2001, p. 699, note J. Landel – Cass. 2e civ., 19 oct. 2006 :
RGDA 2007, p.51, note J. Kullmann
45
Pour la déclaration initiale des risques, la mauvaise foi s'apprécie au jour de la souscription du
contrat. Pour la déclaration en cours de contrat, elle s'apprécie lors de la connaissance de la
circonstance nouvelle.
Cependant, pour encourir la sanction prévue par l’art 30 du code des assurances, il est également
nécessaire que cette omission ou fausse déclaration a changé l’objet du risque ou en a diminué
l’opinion pour l’assureur. Les critères sont alternatifs.
Quant à la charge de la preuve, et étant donné que « la bonne fois est toujours présumée dans
le contrat d’assurance, tant que le contraire n’est pas prouvé »138, c’est à l’assureur d’établir la
preuve de la mauvaise foi de l’assuré. Elle pourra être faite par tous moyens, écrits,
témoignages, indices et présomptions. Mais la meilleure des preuves reste la fourniture du
questionnaire qui permet de comparer ce que l'assuré a ou non déclaré et ce qu'il connaissait
vraiment.
La nullité du contrat d’assurance est la sanction encourue en cas de mauvaise foi du déclarant,
en vertu de l’art 30 du code des assurances. Cependant, cette nullité présente des particularités
en droit des assurances. Contrairement au droit commun des obligations, où la nullité ne
sanctionne que les conditions de formation du contrat, en droit des assurances, elle est
applicable sans distinction quant au jour où le comportement dolosif de l’assuré se situe139.
Cette particularité est clairement exprimée dans les dispositions de l’art 30 du code des
assurance qui prévoit « Indépendamment des causes ordinaires de nullité, … ».
136
H. GROUTEL, Droit des assurances, coll. Mémentos, Dalloz, 13e éd., 2015.
137
C.S crim arrêt 1149 du 24 mai 1962, Rec III, p 248
138
Arrêt de la cour suprême rendu le 03/01/2001, n° 827, dossier pénal n° 03168/98 publié sur ،محمد أوغريس
422 ص،4010 الطبعة األولى،قضاء المجلس األعلى في التعويض و التأمين
139
Lamy Assurances, 2017.
46
Cette nullité implique la disparition rétroactive de la garantie due par l’assureur. En
conséquence, l’assuré est tenu de restituer à l’assureur non seulement l’indemnité perçue pour
le sinistre à l’occasion duquel son dol a été découvert, mais également toutes les indemnités
versées pour les sinistres antérieurs en vertu du contrat140. Il est même redevable des intérêts
sur ces indemnités depuis leur perception.
Cependant, la rétroactivité de la nullité prévue ne s’étend pas aux primes encaissées par
l’assureur, représentant ainsi une seconde sanction pour la mauvaise foi de l’assuré. En effet,
selon l’art 30 al 3 « Les primes payées demeurent alors acquises à l'assureur qui a droit au
paiement de toutes les primes échues à titre de dommages et intérêts ». Cette disposition
représente une véritable « peine privé »141, permettant à l’assureur de conserver toutes les
primes payées et même de percevoir les primes échues et impayées à titre de dommages-
intérêts.
Il est à noter que cette seconde sanction ne s’applique pas aux assurances sur la vie, en vertu du
3e alinéa du même article. À cet égard, l’art 95 du code des assurances prévoit que « Dans le
cas de réticence ou de fausse déclaration mentionnées à l'article 30 ci-dessus, l'assureur verse
au contractant ou, en cas de décès de l'assuré, au bénéficiaire, une somme égale à la provision
mathématique du contrat ». Ces restitutions ne valent que pour les assurances de dommages.
En assurances vie, l’assureur est tenu de verser au contractant ou au bénéficiaire « une somme
égale à la valeur de rachat ou de transfert, lorsqu’elle existe, ou à défaut de la provision »142.
La nullité est opposable aux bénéficiaires du contrat et aux victimes qui agissent par l’action
directe en assurance de responsabilité, même en assurance automobile143.
140
Georges Brière De L’Isle, Droit des assurances, Presses Universitaires de France, 1973, p 75.
141
Lamy Assurances, 2017.
142
Fatima zohra El Kaki, La mauvaise foi de l’assuré dans la déclaration initiale du risque, international Journal of
Economic Studies and Management (IJESM), 2023.
143
Yvonne Lambert-Faivre, Droit des ass.urances, Dalloz, 9e éd., 1995, p 258.
144
https://fr.luko.eu/conseils/guide/fausse-declaration-a-lassurance-quels-sont-les-risques/ (consulté le
28/04/2024)
47
L’assuré qui n'aurait pas agi de mauvaise foi, ou à tout le moins, dont la mauvaise foi n'est pas
établie, ne sera pas sanctionné par la nullité du contrat d'assurance en cas d'omission ou de
déclaration inexacte.
Le texte opère ensuite une distinction des sanctions applicables selon que l'irrégularité de la
déclaration a été découverte antérieurement (§1) ou postérieurement au sinistre (§2).
L’assureur dispose alors d’une option, comme en cas de déclaration d’aggravation des risques.
Soit de maintenir le contrat moyennant une augmentation de prime acceptée par l'assuré.
Si ce dernier refuse l’assureur peut résilier le contrat avec dommages et intérêts.
Cependant, rien n’empêche l’assureur de maintenir le contrat initial.
Soit de résilier le contrat 10 jours après notification adressée à l'assuré par lettre
recommandée, en restituant la portion de la prime payée pour le temps où l'assurance ne
court plus (C. ass. marocain, art. 31 ) ; Cette procédure est analogue à celle prévue par
l’article 24/3° code des assurances pour le cas d’aggravation de risque déclaré par
l’assuré.
Le plus souvent, l’irrégularité est découverte par l’assureur à l’occasion d’un sinistre. Dans le
cas où la constatation n'a lieu qu'après sinistre, l'indemnité est réduite en proportion du taux des
primes payées par rapport au taux des primes qui auraient été dues, si les risques avaient été
complètement et exactement déclarés (C. ass. marocain, art. 31 ).
Ainsi, l’assuré ne sera privé dans ce cas que d’une partie de son indemnité d’assurance, à
proportion du surcroît de prime qu’il aurait payé si le risque avait été correctement déclaré à
l’assureur.
La cour de cassation française exige des juges du fond qu’ils vérifient que la réduction de
l’indemnité a été calculée en fonction de la prime qui aurait été due en cas de déclaration exacte
et complète du risque. Elle fait ainsi échec aux réductions forfaitaires de l’indemnité, parfois
privilégiées par les assureurs.
La règle proportionnelle de taux de prime a ainsi un aspect objectif et c'est pourquoi elle est
opposable aux bénéficiaires du contrat et aux victimes dans les assurances de responsabilité,
même obligatoires, sauf dans le cadre de l'assurance automobile : l'article R. 211-13-3 du code
des assurances Français édicte, en effet que la règle proportionnelle de prime n'est pas
opposable aux victimes d'accidents de la route ; l'assureur qui doit les indemniser totalement
dispose alors d'un recours contre l'assuré.148
Ainsi, cette sanction est opposable aux bénéficiaires du contrat et aux victimes sauf en cas de
renonciation de la part de l’assureur :
145
مجلة الحقوق; أحكام التأمين على ضوء القانون المغربي والمقارن ;محمد كموP : 113
146
Cass. 1re civ., 6 juin 2000, n° 97-19.241 .
147
https://www.village-justice.com/articles/fausse-declaration-dans-les-contrats-assurances,35960.html
(consulté le 28 Avril 2024)
148
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001 ; p :257-258
49
o Clause d’incontestabilité : La clause d'incontestabilité est une stipulation de la police
par laquelle l'assureur reconnaît avoir été correctement éclairé sur la nature et l'ampleur
du risque couvert. Elle a parfois un effet immédiat, auquel cas l'assureur renonce à se
prévaloir des sanctions applicables en cas de fausse déclaration ou de déclaration
tardive, dès la souscription du contrat. Si la clause d'incontestabilité a un effet différé,
l'assureur ne renonce à se prévaloir des sanctions qu'après écoulement d'un délai
mentionné dans la police. Cette solution offre à l'assureur un délai de réflexion au terme
duquel il décide au cas par cas s'il convient ou non de mettre en œuvre un processus de
sanction. Quel que soit le moment de sa prise d'effet, la clause d'incontestabilité ne
couvre pas le dol.149
149
https://www.lexis360intelligence.fr/encyclopedies/JurisClasseur_Civil_Annexes/CA0-
TOCID/document/EN_KEJC177016_0KRD?doc_type=doctrine_fascicule&q=le%20risque%20en%20droit%20des
%20assurances&sort=score&from=0&to=1714956651385&source=navigation&numero=1&source_nav=history
#D2971E6057 (consulté le 30 Avril 2024)
150
Yvonne Lambert-Faivre. Droit des assurances. Edition Dalloz 2001 ; p : 268
50
CONCLUSION
Selon M. Joseph Hémard, l'assurance est une opération par laquelle une partie, l'assuré, se fait
promettre, moyennant une rémunération (la prime), pour lui ou pour un tiers, en cas de
réalisation d'un risque, une prestation par une autre partie, l'assureur qui, prenant en charge un
ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la statistique.
En effet, le risque est la pierre angulaire de l’assurance. Il représente son élément fondamental
car c’est pour se couvrir les aléas que l'assuré entre en relation avec l'assureur.
Il n’existe pas de définition juridique du risque et la doctrine intervient pour l’interpréter. Ainsi,
on peut rencontrer différentes définitions, chaque auteur justifiant la sienne en se basant sur des
éléments spécifiques,
Les auteurs ont classé les risques selon les catégories les plus courantes, en fonction de la
probabilité du risque et de son objet (déterminée au moment de la conclusion du contrat ou
non).
Le risque doit remplir certaines conditions, tout d'abord le risque doit être incertain, l'aléa est
une caractéristique importante du risque et en même temps il doit être possible lors de la
formation du contrat, puis il doit être futur, ainsi indépendant de la volonté des parties, in fine
le risque doit être conforme à l'ordre public et aux bonnes mœurs.
Cependant bien que le risque respecte les conditions nécessaires, il peut être exclu, l’exclusion
est définie dans l'article premier du code des assurances comme "l'évènement ou l'état d'une
personne non couverte étant exclue de la garantie", elle est légale quand il est prévue par la loi,
ainsi elle est conventionnelle quand les parties se mettait d’accord pour exclure la garantie de
certains risques lors de la conclusion du contrat, la volonté exerce leur fonction librement dans
ce cadre.
Le risque doit faire l’objet d’une déclaration initiale lors de la conclusion du contrat. Cette
déclaration ayant pour objet de permettre à l'assureur de se faire une idée et d'apprécier le risque
qu'il entend de couvrir et ainsi de déterminer la prime à percevoir pour ce faire , et puis d’une
déclaration au cours de contrat, cette dernière se justifie par le fait que le contrat d’assurance
est un contrat à exécution successive, dans lequel si la physionomie du risque se change en
s’aggravant ou diminuant, l’assureur doit être informé.
Les assurés peuvent présenter une déclaration inexacte soit intentionnellement, et dans ce
contexte, l’assuré sera considéré comme de mauvaise foi. La sanction sera donc moins légère
51
car le contrat d’assurance est considéré comme un contrat de bonne foi, soit non
intentionnellement par négligence ou oubli de la part de l’assuré. Les sanctions se diffèrent
selon que la mauvaise foi est établie ou non.
52
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
Textes de lois
Thèses et mémoires
En français
En arabe
53
محمد (دراسة مقارنة)تغير الخطر في عقد التأمين واآلثار المترتبة عليه:إعداد آية سالم محمد مراجع إشراف األستاذ الدكتور
إبراهيم أبو الهيجاء. قدمت هذه الرسالة استكماال لمتطلبات الحصول على درجة الماجستير في القانون الخاص قسم القانون
الخاص كلية الحقوق جامعة الشرق األوسط حزيران2019
القانون الخاص لألعمال:مفهوم الخطر في قانون التأمين مذكرة مكملة لنيل شهادة الماستر في القانون الخاص تخصص
إشراف:إعداد: - سمار نصر الدين/ براهمي فتيحة أ د:الطالبة- 4012- : قروج صبرينة السنــة الجامعيــة:الطالبة
Revues
محمد كمو أحكام التأمين على ضوء القانون المغربي والمقارن مجلة الحقوق
Webographies
https://fr.linkedin.com/pulse/analyse-des-exclusions-de-garantie-en-droit-
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Jurisprudence
55
Cass. 1re civ., 15 oct. 1980 et 22 oct. 1980, n° 79-17.075 et n° 79-15.003 : - Cass. 1re
civ., 9 mars 1999, n° 96-20
56