Techniques Spectroscopiques - Rahmani - 2023
Techniques Spectroscopiques - Rahmani - 2023
Techniques Spectroscopiques - Rahmani - 2023
I – Introduction
Depuis toujours, l'homme a cherché à mieux connaître les objets qui l'entourent, il n'a
disposé que de ses yeux pour caractériser la morphologie d'un objet. Avec la découverte des
microscopes optiques et leur développement, un certain nombre de renseignements sur la
structure des matériaux ont été obtenus. Le développement continu des techniques optiques, a
donné naissance aux méthodes spectroscopiques. De façon générale, une technique
spectroscopique a pour principe d'irradier un corps et de voir quelles sont les conséquences de
cette radiation sur ce corps.
Les interactions des rayonnements électromagnétiques ou corpusculaires avec la matière,
conduisent à l'éjection de particules secondaires très diverses (Figure 1). Selon la nature et
l'énergie du rayonnement incident, ces interactions peuvent être de type atomique ou nucléaire :
les interactions qui affectent le cortège électronique des atomes cibles, conduisent à l'émission
d'électrons et de rayons X alors que celle qui affectent les noyaux se traduisent par l'émission des
rayons et de particules. électrons
Cible Rayons X
{
Rayonnements
Primaires } Rayonnements
Transmis
Rayons
Particules
diffusées Ions
Figure 1 : Les différentes interactions entre rayonnement et matière qui sont à la base des
méthodes d’analyses.
II – Interactions rayonnements - matière
II–1 Cas des particules chargées
Au cours de la pénétration d’un faisceau énergétique de particules chargées dans un
échantillon, plusieurs interactions peuvent avoir lieu avec les atomes cibles. Selon la nature et
l’énergie des particules incidentes, ces interactions peuvent être de types Coulombiennes,
électroniques ou nucléaires, elles exercent une force de freinage sur les ions incidents qui
subissent des pertes d’énergie. Ces pertes gouvernent le pouvoir de pénétration des particules
dans la matière et sont la somme de deux contributions : Les pertes d’énergie électroniques et les
pertes d’énergie nucléaires. Les pertes d'énergie peuvent s'exprimer sous différentes formes:
dE 1 dE 2
eV/Å, eV/(g/cm ).
dx dx
Par commodité d'usage, la section efficace de freinage ou pouvoir d'arrêt est exprimée par :
1 dE
2
(eV/cm ), (I- 1)
N dx
où N est la densité atomique de la cible.
Chapitre I : Interactions rayonnements - matière. Aspects théoriques 2
AA
Figure I-1: Variation du pouvoir d'arrêt de particules et de protons dans une matrice
d'Aluminium [1].
II–1–2 Pertes d’énergie nucléaires
En traversant la matière, le faisceau d'ions transfère aussi de l'énergie sous forme
Coulombienne aux noyaux des atomes cibles par l'intermédiaire d'une multitude de diffusions à
faibles angles. La perte d'énergie nucléaire est donnée par la section efficace de freinage
nucléaire n dont l'expression est donnée par [1]:
1 dE 2 M1
n = = Z1 Z 2 e 2 a (eV cm2), (I- 3)
N dx n 2 M1 M 2
Où a est le rayon d'écran de Thomas-Fermi, M1 et M2 sont respectivement les masses du
projectile et de la cible, Z1 et Z2 sont leurs numéros atomiques.
La section efficace de freinage totale est la somme des deux contributions : électronique e
et nucléaire n. Ces deux contributions, comme il est illustré dans la figure (I-2), dépendent de
l'énergie du projectile. Ainsi à haute énergie [0.1-1 MeV] les pertes d'énergie électroniques sont
prépondérantes et la section efficace électronique e présente un pic à l'énergie E3 puis décroît
Chapitre I : Interactions rayonnements - matière. Aspects théoriques 3
quand l'énergie augmente. Pour les faibles énergies [0.1-10 keV] comprise entre E1 et E2 les
pertes d'énergie nucléaires sont dominantes.
composé AmBn, m est l'abondance de A dans AmBn et n est l'abondance de B dans AmBn.
La perte d'énergie gouverne le pouvoir de pénétration des ions dans la matière. Ainsi, on
peut évaluer le parcours d’une particule, d'énergie initiale E0, pour une énergie E à partir de la
relation :
E 1
dE
X ( E )
dE .
dx
E0
(I- 5)
d’une couche atomique. Si l’énergie du photon est suffisante, elle pourra éjecter l’électron de
l’atome (figure I-3) avec une énergie cinétique E.
E h E x , (I- 7)
Figure I-5: Contribution relative des modes d'interactions de photons avec la matière en fonction
de l'énergie [Godshmith] [3].
II-2-3 Création de paires
Au cours de ce processus, l’énergie d’un photon est transformée dans le champ Coulombien
du noyau en une paire électron-positron (e-, e+) comme le montre la figure (I-6). L’énergie E du
photon primaire doit être supérieure au double de l’énergie de masse au repos de l’électron
Chapitre I : Interactions rayonnements - matière. Aspects théoriques 6
(E>1022 keV). La durée de vie du positron est très courte et son annihilation avec un électron
conduit à l’émission de deux photons d’énergies égales.
Photon incident
E>1022 keV Positron
Electron
C i . (I- 11)
tot i 1 i
Ci est la concentration massique de l'élément i et (/)i est le coefficient d'absorption
massique de l'élément i.
Le coefficient d’atténuation massique total est la somme de deux termes, le premier
correspond à l'absorption photoélectrique () et le deuxième à la diffusion ().
(I- 12)
Dans le domaine des rayons X, la contribution de la diffusion diminue quand le numéro
atomique augmente pour des énergies faibles (E<20keV).
L’évaluation des coefficients d'absorption massique est basée sur des approximations semi-
empirique, on site les plus utilisées :
L'approximation de Theisen et Vollath [4] basées sur la méthode d’interpolation, cette
dernière s'effectue selon la formule suivante:
C Z , (I- 13)
où est la longueur d’onde correspondante à la raie absorbée et Z est le numéro atomique
de l’absorbeur. Les constantes C, et ainsi que les écarts relatifs entre les valeurs interpolées
et les valeurs expérimentales varient avec Z et , leurs valeurs sont regroupées dans le tableau
(1) [4].
Cette approximation permet le calcul des coefficients d'absorption pour toutes les raies
caractéristiques dont l’énergie est comprise entre 0.8 et 18 keV et pour les différents absorbeurs
de numéro atomique compris entre 3 et 94.
La deuxième approximation, est basée sur l'expression analytique de Gerward [13] qui
permet d’évaluer la section efficace de photo- ionisation pour des énergies comprises entre 5 et
100 keV et pour des numéros atomique compris entre 2 et 86, et qui sera développée plus loin.
Le coefficient d'absorption massique est lié à la section efficace de photo - ionisation par la
formule suivante [3] :
N A (atoms / mole)
(cm 2 / g ) ph (cm 2 ) , (I- 14)
A( g / mole)
où NA est le nombre d'Avogadro et A est la masse molaire de l'élément considéré.
Tableau 1 : Valeurs des constantes C, et ainsi que les écarts relatifs entre les valeurs
interpolées et les valeurs expérimentales
Chapitre I : Interactions rayonnements - matière. Aspects théoriques 8
Pour le modèle BEA (Binary Encounter Approximation) [7,8] l'interaction dominante dans
la production de transition, est vue comme un échange direct d'énergie entre le projectile et
l’électron lié d'un atome. Le rôle du noyau est limité à l'établissement de la distribution de la
quantité de mouvement des électrons. L’approximation BEA montre que le produit du carré de la
section efficace d’ionisation, est une fonction universelle de l’énergie du projectile exprimée en
unité d’énergie de liaison U :
U 2 I Z12 f E U, , (I- 19)
où Z1 est la charge du projectile et est le rapport de la masse du projectile à celle de
l’électron.
L’approximation PWBA (Plan Wave Born Approximation) [9], décrit le projectile par une
onde plane avant et après la collision. La transition de l’état initial à l’état final de l’atome, est
considérée comme une transition de l’état initialement lié de l’électron vers un état décrit par
une fonction d’onde continue.
Le modèle ECPSSR dérive de L’approximation PWBA. Dans ce modèle, l’électron est
définit par une fonction d’onde perturbée, il tient compte de plusieurs corrections tel que la
variation de l’énergie du projectile dans le champ du noyau cible (E), la répulsion Coulombienne
du projectile (C), le changement de la polarisation et de l’énergie de liaison des électrons de
l’atome cible, en passant par des états stationnaires perturbés (PSS) et des effets relativistes (R).
En raison de toutes ces corrections, le modèle ECPSSR présente le meilleur accord entre les
prévisions théoriques et les mesures expérimentales de sections efficaces d’ionisation par
excitation ionique.
La figure I-15 montre une comparaison des sections efficace d’ionisation expérimentales et
calculées selon les modèles BEA et PWBA. Il apparaît que les écarts entre les deux théories sont
faibles et que les valeurs calculées sont en bon accord avec les valeurs expérimentales.
.
Figure I-9 : Comparaison des sections efficaces d'ionisation de la couche K calculées selon les
modèles PWBA (trait plein) et BEA (pointillé) aux valeurs expérimentales obtenues avec des
protons [10, 11].
Chapitre I : Interactions rayonnements - matière. Aspects théoriques 11
Figure I-11 : Comparaison de la génération des rayons X pour des excitations par des électrons,
des photons et des protons dans différentes cibles [3].
Chapitre II : Notions de base de la
spectroscopie
Chapitre II : Notions de base de la spectroscopie 14
I – Introduction
La maîtrise des produits des interactions rayonnements-matiére a conduit à une véritable
floraison de techniques d'analyse. Ces méthodes physiques sont toutes basées sur les propriétés
des interactions de la matière avec des rayonnements électromagnétiques, allant du visible aux
rayons gamma, ou avec des particules chargées (électrons, ions …). Parallèlement aux
développements technologiques dans les domaines des matériaux et de l'électronique, ces
techniques font appel à des rayonnements de longueur d'onde de plus en plus courte, c'est à dire
d'énergie de plus en plus élevée, qui permettent d'accéder à des structures de plus en plus
profondes de la matière. On est passé ainsi de l'utilisation du rayonnement visible, à l'ultraviolet,
puis à celui des rayons X, et enfin aux rayons gamma (Tableau 1).
Les méthodes spectroscopiques les plus couramment rencontrées sont : la spectroscopie
infrarouge (IR), la spectrophotométrie ultraviolet-visible, la spectroscopie de résonance
magnétique nucléaire (RMN), et la spectroscopie de résonance paramagnétique électronique
(RPE). Selon la technique mise en jeu, les spectres enregistrés fournissent des informations sur la
structure des différents groupement atomique qui représentent la signature d'une molécule
donnée sur les plans chimiques, stœchiométriques et cristallographiques.
Tableau 1 : Les différents domaines spectraux utilisés
analytiques. Depuis, la spectrométrie par fluorescence X a pris son essor, avec l’apport des
goniomètres, le développement de détecteurs de rayons X à semi-conducteurs, la disponibilité de
petits accélérateurs et l'avènement d'ordinateurs. Le perfectionnement continuel des
spectromètres d’une part et le développement de la théorie d’émission par fluorescence X de
l’autre part, ont permis à cette technique d’entrer dans l’ère de l’analyse industrielle. En 1970,
Johansson a développé une technique qu’il dénomme PIXE (Particle Induced X-ray Emission) :
Emission de Rayons X Induite par des Particules chargées ; le principe de base de cette
technique, consiste à capter les rayons X caractéristiques émis par un objet lorsqu’il est placé
dans le faisceau d’un accélérateur de particules.
II – Interaction rayonnement électromagnétique-matière
L’interaction du rayonnement électromagnétique avec la matière peut prendre différentes
formes ; nous distinguerons ainsi successivement les processus qui sont à la base de tous les
phénomènes spectroscopiques : l’absorption, l’émission et la diffusion.
II-1 Absorption
Lorsqu’un atome est soumis à une onde électromagnétique, il peut absorber un photon.
L’atome, initialement dans un état d’énergie électronique Ea, passe alors dans un état
électronique d’énergie supérieure Eb > Ea.
II-2 Emission
La présence d’un rayonnement incident peut induire un atome excité à émettre un photon
ayant les mêmes caractéristiques que les photons incidents. Ce processus est à la base du
fonctionnement des lasers.
Chapitre II : Notions de base de la spectroscopie 16
II-3 Diffusion
La diffusion est le phénomène par lequel un rayonnement incident en mouvement, est dévié
dans de multiples directions par une interaction avec d'autres objets.
Ainsi, on peut écrire l’énergie totale sous la forme : ET = Ee + Ev + Er. Ces trois énergies ont des
ordres de grandeurs très différents: Ee >> Ev >> Er.
L'énergie d'un système (noyau, atome ou molécule) ne peut prendre que certaines valeurs
précises d'énergie correspondant à des niveaux d'énergie. On représente souvent les niveaux d'énergie
d'un système par un diagramme dans lequel chaque niveau est représenté par un trait horizontal. On
peut résumer ceci sur le diagramme d’énergie suivant :
Chaque état de la matière est quantifié, et l’excitation a lieu par absorption d’une quantité
discrète d’énergie E. Pour être absorbée, la radiation doit être à la fréquence correspondant à
cette quantité d’énergie soit =E/h.
Les atomes, les molécules possèdent une énergie électronique mais également du fait de leur
mouvement de vibration et de rotation, une énergie de vibration et une énergie de rotation.
E totale = Ee (électronique) + Ev (de vibration) + Ej (de rotation)
Le passage d'un niveau d'énergie Em à un niveau d'énergie supérieur En s'accompagne d'une
absorption d'un rayonnement de fréquence telle que : E = En - Em = h
Si seul j varie, la transition est de rotation pure. L’absorption se situe dans les micro-
ondes ou le lointain infrarouge ( 0,1 à 200 cm-1).
Si v varie, la transition est vibrationnelle. L’absorption se situe dans l’infrarouge
moyen ( 200 à 4000 cm-1).
Si la configuration électronique e varie, la transition est électronique. L’absorption
se situe dans le visible ou l’ultraviolet (800 à 200 nm).
V – Répartition de la population entre les différents états
Chaque particule élémentaire (atome, ion ou molécule) possède un ensemble unique d'états
énergétiques. La particule peut se retrouver dans l'un ou l'autre de ces états. Le nombre de
particules sur un niveau énergétique donné s’appelle population.
La population sur chaque niveau par rapport à la population du niveau fondamental obéit à
la loi de distribution de Maxwell - Boltzmann : Ni/N0 = (gi/g0) e-((Ei-E0) / kT)
Ni : nombre de particules sur l'état excité i ; N0 : nombre de particules sur l'état fondamental
0 gi et g0 : dégénérescence des états i et 0 respectivement Ei et E0 : énergie des états i et 0
respectivement k : constante de Boltzmann (1,38.10-23 J.K-1) ; T : température en Kelvin.
Chapitre II : Notions de base de la spectroscopie 19
A la température ambiante, l’agitation thermique, KT, vaut environ 2,5 kJ/mol. Le premier
niveau vibrationnel excité et le premier niveau électronique excité ont une énergie supérieure à
cette valeur.
niveaux électroniques peut conduire à une modification des énergies à la fois de vibration et de
rotation, donc à un ensemble de transitions d’énergies très voisines ce qui conduit à un spectre de
bandes.
La molécule passe de l’état Ei à l’état Ef d’énergie supérieure par absorption d’un photon
résonant hif. C’est le mécanisme qui est mis en jeu dans les spectroscopies d’absorption
infrarouge et UV / Visible.
VII-1-2 Dissipation et émission
A la suite de l’absorption, retour au niveau énergétique d’équilibre en éliminant l’énergie
absorbée sous forme radiative ou non radiative.
Émission : dans certaines conditions, la matière peut émettre du rayonnement. C’est le cas,
par exemple, de toutes les sources lumineuses : soleil, ampoule à incandescence, flammes, tubes
« fluos », vers luisants, etc.
Soit une molécule sur un niveau d’énergie Ef
Chapitre II : Notions de base de la spectroscopie 21
Il existe une certaine probabilité pour que la molécule passe de l’état Ef à l’état Ei d’énergie
inférieure par émission spontanée d’un photon hif. C’est le mécanisme qui est mis en jeu en
spectroscopie de fluorescence.
Soit une molécule sur un niveau d’énergie Ef, recevant un photon hif = Ef - Ei, la molécule
en passant sur le niveau Ei peut émettre deux photons résonants par émission stimulée (ou
induite). Les deux photons ont la même fréquence et ils sont en phase. C’est le mécanisme
d’amplification de la lumière qui est utilisé pour obtenir des lasers.
Le photon diffusé peut être moins énergétique que le photon incident ou plus énergétique.
VII-2 Spectre électromagnétique
Un spectre électromagnétique est la décomposition d'un rayonnement électromagnétique en
fonction de sa longueur d'onde, ou de sa fréquence. Les ondes électromagnétiques sont désignées
par différents termes, en fonction des gammes de fréquence (ou de longueurs d'onde).
Chapitre II : Notions de base de la spectroscopie 22
Selon la fréquence de la radiation, donc selon l'énergie émise, on provoque des effets au
niveau : atomique, électronique ou moléculaire. D'où plusieurs techniques différentes
Domaine UV / Visible
La zone utilisée est entre 200 et 800 nm. Elle concerne la zone d’excitation des électrons des
systèmes pour l’essentiel.
Le rayonnement est énergétique et il va pouvoir affecter les électrons des orbitales
atomiques périphériques et/ou des orbitales moléculaires. Ces interactions sont utilisées
notamment dans la spectroscopie d’émission atomique (SEA), la spectroscopie d’absorption
atomique (SAA) et la spectroscopie moléculaire (UV-Vis).
Promotion des électrons des couches de valence d’une orbitale Moléculaire liante et remplie
vers une orbitale antiliante.
Domaine IR
Entre 2,5 et 25 mm l’absorption dans cette région spectrale correspond à des transitions dans
les énergies de vibrations moléculaires.
Excitations vibrationnelles des liaisons
Chapitre II : Notions de base de la spectroscopie 23
I – Introduction
La spectroscopie IR est parmi les outils les plus utilisés pour l’identification des
groupements fonctionnels voire la détermination de la structure de certaines molécules.
L’énergie du rayonnement IR est suffisante pour produire des changements dans l’énergie de
vibration des molécules, mais elle ne peut provoquer des transitions électroniques.
La région du moyen infrarouge est la plus utile du fait des informations obtenues sur les
structures des composés examinés.
En spectroscopie infrarouge, les longueurs d’onde utilisées en analyse sont celles qui vont
de 2,5 μm à 25 μm. Cela correspond à une gamme de nombre d’onde généralement utilisée est
4000 cm−1 à 400 cm−1, ou encore à des énergies plus faibles variant de 2 kJ·mol−1 à 40 kJ·mol−1
(soit des longueurs d’onde de 2,5 m à 50 m).
La spectrométrie infrarouge s'utilise principalement pour l'analyse qualitative d'une
molécule en mettant en évidence la présence de liaisons entre les atomes (fonctions et
groupements). La majorité des applications se situe entre 2,5 et 15 μm soit en nombre d'ondes de
4000 cm-1 à 670 cm-1 (IR moyen).
II – Aspects théoriques
II-1 Principe
Les atomes situés aux deux extrémités d’une liaison sont animés d’un mouvement de
vibration l’un par rapport à l’autre. Ces atomes s’ils sont différents forment un dipôle électrique.
Si une telle liaison non symétrique est irradiée par une source lumineuse monochromatique du
moyen ou du proche IR dont la fréquence est la même que la fréquence de vibration, il se forme
une interaction avec le dipôle électrique de la liaison chimique.
Chapitre III : Spectroscopie moléculaire dans l’infrarouge (IR) 26
n est un entier positif ou nul appelé nombre quantique vibrationnel. Avec νo fréquence
donnée par la loi de Hooke dans le modèle classique.
Remarques
Même dans son niveau fondamental (n=0), une molécule diatomique possède une énergie de
vibration : il n’existe pas de molécule au repos.
D’après la relation précédente, les niveaux énergétiques sont équidistants. Les transitions
permises correspondent à Δ𝑛 = ±1, c'est-à-dire à l’absorption d’un rayonnement
électromagnétique de fréquence 𝜈𝜊 .
Les transitions entre niveaux vibrationnels s’accompagnent aussi de transitions
rotationnelles. Cela explique les bandes d’absorption plus ou moins larges sur le spectre au
lieu des pics d’absorption.
Pour observer une absorption notable en IR, il faut une variation du moment dipolaire de la
molécule lors de la vibration. Ainsi les liaisons symétriques absorbent peu.
Chapitre III : Spectroscopie moléculaire dans l’infrarouge (IR) 28
Remarque :
Les vibrations d’élongation se produisent à des nombres d’onde élevés. Les vibrations de
déformation sont observées vers les faibles nombre d’onde.
a-Vibration des molécules diatomique
Lorsque la molécule diatomique est soumise à l’action d’une onde électromagnétique de
fréquence ν, celle-ci est absorbée si ν = νo. On dit qu’il y a résonance. Le nombre d’onde
correspondant est donné par la Loi de Hooke.
Chapitre III : Spectroscopie moléculaire dans l’infrarouge (IR) 29
Plus la multiplicité de la liaison est importante, plus la constante k est grande. La valeur de k
(donc σo) renseigne sur la force d’une liaison : plus k est grand, plus la liaison est forte et plus le
nombre d’onde d’absorption σo est élevé. K est la constante de force de la liaison.
Exemples :
liaison C-C C=C C≡C C-O C=O C≡O
ℓ (pm)
154 134 121 142-143 122-123 113
longueur de liaison
DA-B (kJ.mol-1)
345 615 812 356 743 1076
Energie de dissociation
𝜎𝑜 (cm-1)
600à1500 1650 2260 1000 à 1300 1720 2143
Nombre d’onde d’absorption
K (N.m-1)
145 à 900 970 1800 400 à 700 1196 1856
Constante de force
b-Vibration des molécules polyatomiques
La situation est plus complexe car les différents oscillateurs constitués de deux atomes liés
par une liaison covalente sont couplés. Les liaisons subissent non seulement des mouvements de
vibration, d’élongation, mais aussi d’autres mouvements de déformation angulaire qui modifient
les angles des liaisons.
Nombre de modes de vibration
Soit une molécule comportant n atomes. Le nombre de mode de vibration de celle-ci est donné
par 3n-6. Si la molécule est linéaire, le nombre de mode de vibration est donné par 3n-5. Ces
modes de vibration comprennent des vibrations de valence et des vibrations de déformation. On
appelle :
-Vibration d’élongation ou de valence (stretching) pour lesquelles la distance
interatomique croît et décroît périodiquement, tout en restant dans l’axe de la liaison.
-Vibration de déformation angulaire (bending) : pour lesquelles il y a une variation
périodique des angles de valence.
Les modes de vibration peuvent être symétriques ou asymétriques. Par ailleurs à chacun
d’eux correspond une fréquence de résonance 𝜈𝜊 .
Remarque:
Sachant que la fréquence de vibration d’élongation de certains groupes d’atomes dépend peu du
reste de la molécule, les nombres d’onde d’absorption permettent de reconnaître certaines liaisons.
Exemple : cas de la molécule d’eau
Considérons la molécule d’eau, n=3 d’où 3 modes de vibration. Une vibration de valence
symétrique, une vibration de valence antisymétrique, une vibration de déformation.
Chapitre III : Spectroscopie moléculaire dans l’infrarouge (IR) 30
Ainsi des quatre modes de vibration, deux seulement sont visible en IR. Une vibration
d’élongation et deux vibrations de déformation angulaire dégénérées.
En résumé : deux conditions nécessaires pour l’absorption d’une radiation IR
1- Egalité de la fréquence de la radiation et du vibrateur
2- Variation du moment dipolaire du vibrateur.
Notons en remarque que la proximité des niveaux de rotation associés aux niveaux de
vibration a pour conséquence que le spectre d’absorption se présente sous forme de bandes,
enveloppe de différentes raies d’absorption.
III – Aspect expérimental
III-1 Spectroscopie d’absorption
III-1-1 Mise en œuvre de la spectroscopie d’absorption
L’absorption d’une radiation provoque une transition de son état fondamental vers un état
excité. On enregistre les absorptions à l’aide d’un spectromètre. L’appareil comprend une source
de radiation électromagnétique dont la fréquence se situe dans la zone souhaitée (IR, UV,…).
Une radiation d’une longueur d’onde définie traverse l’échantillon. La fréquence de ce faisceau
incident est modifiée progressivement et l’intensité de la lumière émergente (par rapport à un
faisceau de référence) est mesurée par un détecteur et enregistrée sur un papier calibré. En
l’absence de toute absorption, le balayage de radiations apparait sous la forme d’une ligne droite
continue appelée ligne de base. Par contre chaque fois que l’échantillon absorbe de la lumière
incidente, la différence d’intensité qui en résulte est mesurée par le détecteur et est enregistrée
sous forme d’un pic. On obtient ainsi un spectre de l’échantillon dans le domaine de longueur
d’onde considéré.
Chapitre III : Spectroscopie moléculaire dans l’infrarouge (IR) 31
Si le corps est à l’état gazeux, on utilise des cellules spéciales, jamais en verre car le
verre est opaque aux radiations infrarouges.
Si le corps est à l’état liquide, un film est déposé entre deux pastilles de KBr ou de
NaCl (attention : il ne faut pas les laver à l’eau !).
Si le corps est solide, il est broyé avec du bromure de potassium KBr et comprimé en
pastille par une presse hydraulique. Il peut aussi être étudié en suspension dans le
nujol (mélange d’hydrocarbures paraffiniques de grandes masses molaires).
Les solvants utilisés pour les solutions doivent très peu absorber dans l’infrarouge.
On utilise en général : CCl4, CH2Cl2, CHCl3.
Attention ! Il est impératif que l’échantillon étudié soit bien sec car l’eau absorbe beaucoup.
III-3 Types de spectromètres IR
Deux techniques principales sont utilisées pour l’obtention d’un spectre IR, leurs différences
résident essentiellement dans le système de sélecteurs de longueurs d’onde.
III-3-1 Spectromètres dispersifs
Les spectromètres IR classiques sont semblables aux spectrophotomètres utilisés en
spectroscopie UV-visible. Ces appareils sont conçus selon le schéma ci-dessous :
Le faisceau lumineux polychromatique arrivant sur la séparatrice est séparé en deux. Une
moitié est réfléchie vers le miroir fixe, l’autre passe { travers la séparatrice et est dirigée sur le
miroir mobile. La phase des ondes sur les deux trajets optiques (fixe et mobile) est modifiée en
déplaçant le miroir mobile.
Les deux faisceaux réfléchis des miroirs se recombinent au niveau de la séparatrice. Le
signal sortant de l’interféromètre résulte en ces 2 faisceaux interférant entre eux : deux
interférences constructive et destructive sont obtenues selon la différence de chemin optique
entre les faisceaux. Le faisceau résultant de l’interféromètre traverse l'échantillon et est recueilli
par le détecteur qui mesure l'intensité globale.
Chapitre III : Spectroscopie moléculaire dans l’infrarouge (IR) 34
de bandes de vibration d’élongation ; entre 1300 et 600cm-1 se trouvent la plupart des bandes de
vibration de déformation.
Effet de l’électronégativité croissante d’un atome A engagé dans une liaison A-H
Cela correspond à une augmentation du rapport k/µ et donc une augmentation de la
fréquence de vibration de A-H
Exemple
A-H C-H N-H O-H F-H
𝜈̅ (cm-1) 2900 3300 3600 3950
Augmentation de la constant de force d’un vibrateur A-B, la masse réduite restant identique
liaison C-C C=C C≡C
-1
𝜎𝑜 (cm ) Nombre d’onde 600 à1500 1650 2260
d’absorption
Une même liaison A-H, avec A engagé dans une liaison simple, double ou triple avec le
reste de la molécule
Dans ce cas, la fréquence de résonance augmente.
A-H C-H =C-H ≡C-H
-1
𝜈̅ (cm ) 2850-2960 3010-3110 3300
Effet d’une liaison hydrogène
Si on considère une liaison hydrogène telle que A-H…..B, la constante de force de la liaison
A-H se trouve abaissée par rapport à la liaison A-H non liée et par conséquent la fréquence de
vibration de A-H sera abaissée également. Expérimentalement, une méthode simple pour
distinguer une liaison hydrogène (intra et intermoléculaire) consiste à diluer le composé ; En
effet, une bande d’absorption due à un O-H lié est caractéristique parce que large alors qu’un O-
H libre donne une bande d’absorption plus fine.
très faible
2 190–2 260 cm−1 (4
alcynes disubst. (souvent
425-4 566 nm)
indistinguable)
aliph. saturé/cycle à 6 1 720 cm−1 (5 814 nm)
α,β-insaturés 1 685 cm−1 (5 935 nm)
cétones aromatiques 1 685 cm−1 (5 935 nm)
aldéhyde/cétone cycle à 5 1 750 cm−1 (5 714 nm)
cycle à 4 1 775 cm−1 (5 634 nm)
influencé par
aldéhydes 1 725 cm−1 (5 797 nm) conjugaison (avec
les cétones)
acides carboxyliques
1 710 cm−1 (5 848 nm)
saturés
acides carboxyliques 1 680–1 690 cm−1 (5
saturés, insat./aromatiques 917-5 952 nm)
C═O
influencé par
−1 conjugaison (avec
esters et lactones 1 735 cm (5 764 nm)
les cétones) et la
acides taille du cycle
carboxyliques/dé 1 760 cm−1 (5 682 nm)
rivés anhydrides
1 820 cm−1 (5 495 nm)
halogénures d'acyle 1 800 cm−1 (5 556 nm)
amides 1 650 cm−1 (6 061 nm) amides associés
−1
1 550–1 610 cm (6
carboxylates (sels)
211-6 452 nm)
1 550–1 610 cm−1 (6
zwitterions d'acide aminé
211-6 452 nm)
3 610–3 670 cm−1 (2
à faible concentration
725-2 770 nm)
alcools, phénols
3 200–3 400 cm−1 (2
à haute concentration large
O─H 941-3 125 nm)
3 500–3 560 cm−1 (2
acides à faible concentration
809-2 857 nm)
carboxyliques
à haute concentration 3 000 cm−1 (3 333 nm) large
−1
3 400–3 500 cm (2
forte
857-2 941 nm)
amines primaires
1 560–1 640 cm−1 (6
forte
098-6 410 nm)
N─H
amines
>3 000 cm-1 (>3 333 nm) faible à moyenne
secondaires
ions 2 400–3 200 cm−1 (3 multiples bandes
ammoniums 125-4 167 nm) larges
1 040–1 060 cm−1 (9
primaires forte, large
C─O alcools 434-9 615 nm)
secondaires ~1 100 cm-1 (~9 091 nm) forte
Chapitre III : Spectroscopie moléculaire dans l’infrarouge (IR) 41
I- Introduction
La découverte de l’effet Raman date des années 1920, mais ce type de spectroscopie n’a
d’abord été qu’un objet de recherche fondamentale, à cause de difficultés expérimentales. La
commercialisation de lasers comme sources excitatrices et la conception d’appareils munis de
microscopes ont rendu cette technique plus maniable. La spectroscopie Raman est
complémentaire de l’analyse infrarouge, elle étudie les transitions vibrationnelles à partir d’un
processus de diffusion de la lumière. Elle est non destructive et l’emploi d’un microscope permet
une résolution analytique de l’ordre du micron.
En 1928, en Inde, Sir Raman a été le premier à s'intéresser au phénomène d'émission
lumineuse inélastique. Le rayonnement émis par des molécules bombardées contient des photons
de même fréquence que ceux du rayonnement incident, mais aussi des photons de fréquences
différentes. Cet effet est très faible.
A la fin des années 1930, la spectroscopie Raman était devenue la principale méthode non
destructive d'analyse chimique, elle est basée sur la détection des photons diffusés
inélastiquement suite à l’interaction de l’échantillon avec un faisceau de lumière
monochromatique (un faisceau laser), cette technique est liée à la polarisabilité de la molécule,
c'est à dire à l’ensemble du nuage électronique à acquérir un moment dipolaire induit sous l'effet
du champ électrique de l'onde incidente [16].
II- Notions théoriques
II-1 Effet Raman
Quand un rayonnement électromagnétique traverse un milieu transparent, une partie de la
puissance radiante est diffusée dans toutes les directions par rapport à celle du rayonnement
incident (changement de direction de propagation n'obéissant pas aux lois de l'optique
géométrique).
La diffusion de la lumière se manifeste par la déviation d'une partie du faisceau lumineux
dans des directions multiples. La majorité de la lumière diffusée est de même énergie que la
lumière incidente. Ce phénomène de diffusion élastique est nommé diffusion Rayleigh.
Cependant, une petite partie de la lumière diffusée (environ un photon sur 106) présente un gain
ou une perte d'énergie par rapport à la lumière incidente. C'est le phénomène de diffusion
Raman. Dans une approche classique, ce phénomène de diffusion inélastique s'explique par la
création d'un dipôle induit qui oscille à une fréquence différente de celle de la lumière incidente.
Seuls deux types de diffusion nous intéressent : les diffusions élastique et inélastique. Une
diffusion élastique (aussi appelée diffusion de Rayleigh) entre un photon et un électron signifie
que le photon diffusé possède la même énergie que le photon incident. L’électron absorbe le
photon et s’excite vers un état d’énergie supérieur et se désexcite ensuite à son état initial en
émettant un photon de même énergie qu’initialement. Le diagramme de la figure 2 montre ce
type d’interaction.
Le niveau virtuel n’est qu’un niveau temporaire dans lequel l’électron se situe avant de
retomber à un niveau inférieur. Il porte le nom de virtuel parce qu’il n’est pas un niveau « permis
» pour l’électron. C’est pourquoi l’électron doit quitter ce niveau et retourner à son état initial.
Cependant, dans le cas d’une diffusion inélastique (aussi appelée diffusion Raman), on distingue
deux scénarios possibles. Dans le premier, après avoir quitté le niveau virtuel, l’électron retourne
Chapitre IV : Spectroscopie de vibration par diffusion Raman 44
vers un niveau excité. En d’autres mots, il émet un photon ayant une énergie plus faible que le
photon incident. C’est ce qu’on appelle la diffusion Raman Stokes. Dans le deuxième, l’électron
part cette fois-ci d’un niveau excité et retourne au niveau fondamental. Dans ce cas, il émet un
photon d’énergie supérieure au photon incident. C’est ce qu’on appelle la diffusion Raman anti-
Stokes.
La probabilité que le système soit initialement dans un niveau vibrationnel excité est
toujours plus faible que la probabilité qu'il soit dans le niveau fondamental, mais elle augmente
avec la température selon la loi de Boltzmann. En conséquence, hors résonance, la diffusion
Raman Stokes est toujours plus intense que la diffusion anti-Stokes, et le rapport de leurs
intensités dépend de la température et de la fréquence de la vibration concernée.
Les fréquences des raies Raman, généralement exprimées en nombre d'onde, sont rapportées
à la raie excitatrice prise comme origine. Ces valeurs sont reliées aux énergies de vibration de la
molécule.
La polarisabilité atomique 𝛼 est une grandeur scalaire car elle est indépendante de toute
direction. Elle représente donc la facilité avec laquelle le nuage électronique peut se distordre
sous l’effet d’un champ électrique appliqué.
La polarisabilité n’est donc pas représentative uniquement des propriétés volumiques du
matériau. Au niveau moléculaire elle varie par rapport à l’orientation du champ électrique vis-à-
vis de l’axe moléculaire, c'est-à-dire que la polarisabilité n’est pas un vecteur mais plutôt un
tenseur d’ordre 3 et donc des amplitudes différentes dans toutes les directions.
Dans le repère principal de la molécule, la matrice de polarisabilité devient diagonale et le
moment dipolaire dans la direction i s’écrit :𝑝𝑖 = 𝛼𝑖 𝐸𝑖 , 𝛼𝑖 : La polarisabilité de la molécule et 𝐸𝑖 :
La composante du champ électrique selon l’axe i.
Puisque le champ électrique d’une onde électromagnétique oscille de manière sinusoïdale,
sa grandeur peut être exprimée de la façon suivante : E(t)= 𝐸0 cos(𝜔
̅𝑡) avec, 𝜔
̅ = 2𝜋0,
𝐸:Le champ électrique, 𝐸0: L’amplitude du champ électrique, 𝜈0: La fréquence du photon et
t : Le temps.
Ainsi, on obtient la dépendance temporelle du dipôle induit : P(t) = 𝛼𝐸0 cos(𝜔
̅0 𝑡)
Le dipôle induit oscille et sera donc lui-même une source de radiation. C’est ce qui
expliquera la diffusion de l’onde électromagnétique incidente. Pour continuer l’analyse, il est
nécessaire de supposer la molécule dans un de ses modes de vibration. Si tel est le cas, à un
temps donné, elle subit un certain déplacement 𝑄 par rapport à sa position d’équilibre. En
considérant des oscillations de type sinusoïdal, on peut ainsi exprimer le déplacement comme :
Q(t) = 𝑄0 cos(𝜔
̅𝑣𝑖𝑏 𝑡) avec, 𝜔
̅𝑣𝑖𝑏 = 2𝜋𝑣𝑖𝑏
𝑄 : La position de la molécule par rapport à sa position d’équilibre, 𝑄0 : Le déplacement
maximal par rapport à la position d’équilibre, 𝜈𝑣𝑖𝑏: La fréquence de vibration de ce mode.
La polarisabilité d’un matériau représente la réponse de ce dernier face à un champ
électrique externe. Elle est donc fonction de la forme et du volume du nuage électronique.
Lorsque la molécule oscille, le nuage électronique en est déformé. La polarisabilité varie donc
selon cette déformation.
Puisque le déplacement maximal 𝑄0 est habituellement faible devant la longueur du lien
entre les atomes de la molécule, il est possible d’approximer la polarisabilité en une série de
Taylor autour de la position d’équilibre (notée 0).
Sachant que :
Nous obtenons :
Chapitre IV : Spectroscopie de vibration par diffusion Raman 47
Physiquement, cela revient à dire qu’un déplacement par rapport à la position d’équilibre
entraine un changement de polarisabilité dans la molécule. Ainsi, les modes qui seront actifs en
diffusion Raman seront ceux pour lesquels la molécule subit une variation macroscopique de la
polarisabilité lorsqu’elle est déplacée par cette vibration. Ceci représente les règles de sélection
pour les modes actifs en diffusion Raman. Une étude de la symétrie des molécules permet de
prédire quels modes seront actifs. L’approche classique rend donc compte de la diffusion
inélastique de la lumière par une molécule.
II-1-2 Théorie quantique de la diffusion Raman
Dans une approche quantique, la vibration de la molécule peut être représentée par un puits
de potentiel harmonique. Ainsi, les énergies de vibration seront quantifiées et données par les
1
solutions de l’équation de Schrödinger [19] : 𝐸𝑛 = (𝑛 + 2) ℎ 𝜔
̅𝑣𝑖𝑏
𝐸n: Energie de vibration.
𝜛𝑣𝑖𝑏: Fréquence de vibration.
n : Le nombre quantique de vibration.
Il est ainsi possible de représenter les énergies d’un mode de vibration par des niveaux
discrets tels que montrés à la Figure 1. Ceci peut aussi être interprété en termes corpusculaires
comme étant les énergies permises pour un phonon correspondant à ce mode de vibration.
Puisque deux niveaux successifs ont une différence d’un nombre quantique (n et n+1), ils sont
espacés en énergie.
Dans un processus Stokes : Le passage de l’onde électromagnétique incidente fait entrer la
molécule en vibration (dipôle induit oscillant). Ceci place donc la molécule dans un état virtuel
qui relaxera lui-même vers un des états vibrationnels excités (n=1 par exemple). Il en résulte que
l’onde électromagnétique incidente a donné une partie de son énergie à la molécule. La radiation
diffusée a donc quantum en moins par rapport à l’onde électromagnétique incidente (figure 1).
Dans un processus anti-Stokes : La molécule doit absolument se trouver dans un état
excité de vibration avant le passage de l’onde électromagnétique incidente. Encore une fois, la
molécule passera par un niveau virtuel pour ensuite relaxer, cette fois-ci, vers le niveau
fondamental de vibration. Dans ce processus, c’est la molécule qui perd le quantum d’énergie de
vibration et la radiation diffusée à ce quantum en plus par rapport à l’onde électromagnétique
incidente. Pour qu’un processus anti-Stokes se produise, la molécule doit être dans un état
vibrationnel excité (phonon doit être présent).
Chapitre IV : Spectroscopie de vibration par diffusion Raman 48
La théorie des groupes est une discipline qui étudie la symétrie des profils physiques en
associant ce profil à un groupe ponctuel bâti sur un espace vectoriel, rappelons un peu les
différentes symétries qui peuvent exister:
A= symétrie par rapport à l’axe de rotation principal, on lui affecte la dimension 1
dans la colonne d’identité.
B= anti-symétrie par rapport à l’axe de rotation principal, on lui affecte la dimension
1 dans la colonne d’identité.
E= double dégénérescence, on lui affecte la dimension 2 dans la colonne d’identité.
T= triple dégénérescence, on lui affecte la dimension 3 dans la colonne d’identité.
Indices 1 et 2 = ces indices accompagnent A ou B selon si le comportement est
symétrique ou anti-symétrique par rapport à un axe perpendiculaire C2 à l’axe
principal, ou en absence de ce dernier, par rapport à un plan de réflexion vertical.
', " = cette notation on l‘affecte au groupes Cnh et Dnh où n est impair, selon si le
comportement par rapport à h est symétrique ou anti-symétrique respectivement.
g, u= cette notation on l’affecte si la molécule possède un centre d'inversion , selon
si l’inversion est pair ou impair respectivement.
II-3 Nombre de modes de vibration
Le nombre de modes de vibration d’une molécule est de 3N-6 pour les molécules non
linéaires, 3N-5 pour les molécules linéaires, avec N est le nombre d’atomes dans la molécule.
Exemple : molécule H2O
Cette molécule est non linéaire et
appartient au groupe ponctuel C2n. Elle
comprend 2 atomes d’hydrogène et un
atome d’oxygène.
Le nombre de modes de vibrations prédits
dans cette molécule est : 3x3-6=3.
Un autre laser utilisé ici d'une manière limitée est le Nd-YAG laser (Nd: Néodyme)
Émettant à 532 nm.
Sources pulsées :
Elles trouvent par exemple leur utilité pour la spectroscopie Raman en résonance UV.
Notons qu’alors, au lieu de mesurer directement les fréquences Raman, on mesure les
modulations du signal UV. Celles-ci permettent de supprimer du bruit et de calculer les
fréquences Raman par transformée de Fourier. Au contraire des sources continues qui ne
permettent pas de voir l'évolution au cours du temps, puisque l'excitation est constante, les lasers
pulsés permettent de mesurer les régimes transitoires, en effectuant une série de mesures
distinctes et rapprochées.
De plus en plus est utilisé le laser Nd-YAG, qui émet presque dans l'infrarouge, 1.064 mm.
Il peut être utilisé en continu ou en pulsé.
b) Microscope
Le microscope focalise le spot laser incident sur la surface de l’échantillon, via l’objectif
approprié, puis dirige les photons diffusés vers le spectromètre. Un analyseur permet de fixer la
polarisation de l’onde diffusée.
c) Filtre de réjection
Le processus Raman étant peu intense, un filtre holographique de type « notch » ou « edge »
est utilisé pour séparer le signal d’intérêt du signal Rayleigh beaucoup plus intense.
d) Monochromateur
Les photons diffusés entrent dans le monochromateur par une fente (ou trou confocal)
permettant de localiser spatialement la lumière. Un miroir prismatique dirige ensuite les photons
sur un réseau holographique de 600, 1200, 1800, 2600 ou 3600 traits/mm, dispersant les photons
selon leur longueur d’onde (le choix du nombre de traits étant fonction de la longueur d’onde
incidente). Chaque radiation est ensuite focalisée par une lentille sur détecteur.
Certains appareillages disposent de plusieurs monochromateurs, dans le but d’améliorer la
résolution spectrale et le taux de réjection.
e) Détecteur
A la sortie du monochromateur, il peut y avoir plusieurs méthodes pour recueillir le signal.
Par exemple, on peut choisir la position du réseau telle que les raies intéressantes apparaissent
proches de la fente de sortie. En plaçant une plaque photographique, on obtient alors directement
la courbe donnant les fréquences Raman.
f) Analyseur
A la sortie du monochromateur, il peut y avoir plusieurs méthodes pour recueillir le signal.
Par exemple, on peut choisir la position du réseau telle que les raies intéressantes apparaissent
proches de la fente de sortie. En plaçant une plaque photographique, on obtient alors directement
la courbe donnant les fréquences Raman. Il en existe de deux sortes d’analyseurs:
Un analyseur monocanal : il comprend un discriminateur qui compte les électrons arrivant
Sur une cathode. La mesure du signal peut se faire par une technique analogique à l’aide d’un
amplificateur à courant continu. Le signal de sortie est appliqué à un enregistreur à plume. Le
Chapitre IV : Spectroscopie de vibration par diffusion Raman 52
défilement du papier est synchronisé au balayage du monochromateur. Mais cette méthode est
aujourd’hui rarement utilisée. Elle n’offre plus beaucoup de possibilités d’avancées.
Un analyseur multicanal : Il y a moins de pertes d’informations. On peut analyser
Plusieurs longueurs d’onde en même temps, à chaque longueur d’onde correspondant un
microcanal. A l’issue de l’amplification par les photomultiplicateurs, on assemble ces Signaux
soit de façon linéaire, soit de façon matricielle (1024 éléments). L'ordinateur peut alors dessiner
en fonction de la longueur d'onde les intensités reçues dans les signaux de sortie. On peut alors
réaliser des mesures de distribution moléculaire. Le procédé utilisé peut être le même que celui
des caméras (système CCD).
III-1-2 Spectromètre non dispersif
C’est une technique identique à un spectromètre dispersif mais le réseau a été remplacé par
un spectromètre de transformée de Fourier.
Le spectroscope Raman à transformée de Fourier, plus récent, permet la séparation des
rayonnements. En effet, il faut avant tout enlever le bruit de fond dû à la fluorescence, qui
masque les signaux intéressants. La fluorescence provient de l'échantillon ou de ses impuretés.
Par exemple, pour un flux de 10 millions de photons, seul 1 sera diffusé par effet Raman, alors
que pour des impuretés, 10 photons proviendront de la fluorescence. Donc des impuretés très
fluorescentes ou un échantillon moyennement fluorescent peuvent causer un bruit de fond
important. On a d'abord pensé à utiliser les lasers Nd-YAG, émettant à 1.06 mm, c'est-à-dire au-
dessous du seuil d'apparition de la fluorescence, mais par cette méthode, la section efficace ( ou
probabilité de diffusion) de lumière diffusée par effet Raman diminue considérablement par
rapport à l'utilisation d'un autre laser. De plus, on manque de détecteurs efficaces comme un
photomultiplicateur dans ce domaine de longueur d’onde.
On utilise alors un spectromètre à transformée de Fourier identique à ceux utilisés en
infrarouge. On applique alors aux éléments spectraux une modulation sinusoïdale de fréquence
différente pour chacun des N éléments spectraux. Le récepteur reçoit N signaux sinusoïdaux
d'une amplitude proportionnelle au flux qu'ils transportent. On peut alors faire une analyse
harmonique du signal reçu pour reconstituer la distribution d'intensité parmi les N éléments.
Le spectromètre à transformée de Fourier utilise un interféromètre de Michelson. Une
séparatrice à 45° sépare les ondes en deux parties identiques qui vont ensuite se réfléchirent sur
des miroirs. Au retour, à travers la séparatrice, ces deux ondes se recomposent. L'intensité
résultante possède alors un facteur dépendant de la différence de chemin parcourue par les deux
ondes. La mesure de l'intensité lumineuse totale est effectuée pour un grand nombre de positions
du miroir. Une transformée de Fourier de l'intensité permet alors de passer directement d'un
espace de position du miroir à un espace de fréquence.
Il est important de souligner la présence du miroir mobile qui permet de faire varier
l'amplitude de l'onde arrivant au détecteur (interférence des deux ondes réfléchies par les deux
miroirs). Le déplacement de ce miroir introduit une différence de marche d entre les deux
faisceaux interférents, .Le signal reçu par le détecteur varie alors sinusoïdalement en fonction du
temps, On obtient alors un interférogramme, dont il faut calculer la transformée de Fourier. Il
faut auparavant éliminer les pieds gênants de l'interférogramme en réalisant une anodisation,
Chapitre IV : Spectroscopie de vibration par diffusion Raman 53
c'est à dire en multipliant la fonction d'interférogramme par une fonction triangulaire. On obtient
alors la distribution spectrale en fréquence de la source.
A la sortie de l'interféromètre, il est nécessaire de filtrer le faisceau, car la raie de Rayleigh
est beaucoup plus importante que les raies Raman, et pourraient causer des erreurs au détecteur.
De cette manière, on n'obtient effectivement que les raies Stokes.
III-1-3 Comparaison Raman dispersif et FTRaman :
Pour des raisons techniques les spectromètres à transformée de Fourier ne peuvent être
utilisés que dans un domaine d'énergie inférieure au visible. Les avantages liés à la transformée
de Fourier, notamment la rapidité, sont obtenus avec des photons incidents de longueur d'onde
1064nm (visible : 800-400nm)
Le choix de l'énergie excitatrice laser peut induire des différences dans les spectres Raman.
En particulier:
Fluorescence : si les photons incidents sont absorbés par le matériau à cette énergie, il
peut apparaître parfois de la fluorescence (émission décalée en fréquence). Ce
phénomène (du premier ordre) est beaucoup plus intense que la diffusion Raman et
masque parfois totalement cette dernière lorsqu'ils se superposent.
La Diffusion Raman Résonnante : si les photons incidents sont absorbés par le matériau,
certains termes Raman peuvent être fortement amplifiés. Dans certains cas, c'est le seul
moyen d'obtenir un spectre.
Le FT-Raman, de part sa longueur d'onde plus haute que le domaine du visible
(domaine d'absorption des électrons extérieurs), est souvent dans une situation dite «
hors résonance », il est donc complémentaire avec le montage Raman dispersif.
III-2 Structure d'un spectre Raman
Dans le cas de molécules, les pics du spectre Raman peuvent être identifiés comme étant
soit des énergies vibrationnelles, soit des énergies rotationnelles ou soit une combinaison des
deux. Pour analyser le spectre d’une molécule, il faut donc savoir distinguer les deux types
d’excitations.
III-2-1 Intensité Raman
Un spectre Raman présente l’intensité Raman diffusée en fonction de la différence de
fréquence entre photon incident et photon diffusé : si l’on considère les raies Stokes, cette
différence est positive, et nulle dans le cas de la diffusion Rayleigh. En pratique, il est d’usage de
convertir cette différence de fréquence entre photon incident et photon diffusé en nombre
d’ondes (Figure 7). Le nombre d’ondes 𝜐̅ est défini par la relation suivante :
1 𝜐
𝜐̅ = =
𝑐
Avec : 𝜐̅ nombre d’ondes (cm-1), λ : longueur d’onde de la radiation (cm), υ : fréquence de
la radiation (Hz) et c : vitesse de la lumière dans le vide.
Chapitre IV : Spectroscopie de vibration par diffusion Raman 54
La position de raie ωc est due à la fréquence vibrationnelle d’une molécule isolée, mais peut
aussi dépendre des interactions avec l'environnement. Dans le cas de la présence de contraintes
externes (température, pression, …), la raie correspondante change sa position de Δω. La hauteur
(I) dépend du nombre de molécules présentes (concentration). La largeur de raie est
normalement rapportées comme la largeur totale à mi-hauteur (ou full width at half maximum
(FWHM) en anglais) et reliée au degré de perfection de la structure du matériau : plus il y a de
défauts, plus ce paramètre augmente. La largeur est le paramètre le plus négligé en
spectroscopie, mais il est le plus riche en contenu d'information. Toutes les dynamiques (les
pertes de mouvement et d’énergie) affectent la largeur de raie, et plusieurs théories expliquent
l'influence des différents environnements sur ce paramètre. La largeur de raie est inversement
proportionnelle au temps de vie effectif τ. Les pertes rapides de l'excitation (τ court) aboutissent
aux pics larges, tandis que le τ longue fournit les pics étroits. Les collisions entre molécules
peuvent aussi augmenter les taux de pertes en énergie et conduisent à l'élargissement des pics.
La Figure 9 présente une comparaison entre les spectres Raman et infrarouge(IR) de 2,5
dichloroacétophénone.
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