TD Histoire Du Droit Et Des Institutions

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Histoire du droit et des institutions: séance 1, Le legs romains

Texte 1 : Polybe, Histoires, livre VI, 11-18 (trad. A. Finet).

Les romains ne sont pas arrivés à une perfection dans leur constitution à l’aide de la raison. Une longue suite de combats et de
vicissitudes leur a fait reconnaître successivement, en présence des faits mêmes, ce qui leur convenait le mieux : c’est ainsi
qu’ils (...) ont institué la constitution la plus belle que nous connaissions. Les trois formes de gouvernement se trouvaient
réunies dans la république romaine, et on avait fait à chacune une part si égale et si exacte, elles concouraient si bien toutes à
l’administration, que personne ne pouvait affirmer, même parmi les romains, si Rome était une aristocratie, une monarchie ou
une démocratie. Comment, en effet, l’affirmer ? À considérer l’autorité des consuls, il semblait qu’il y eût monarchie, royauté ;
celle du sénat annonçait une aristocratie ; enfin, en voyant la puissance du peuple, on croyait fermement avoir sous les yeux
une démocratie. (...)

La république romaine se partage entre ces trois pouvoirs. Voyons maintenant de quelle manière ils peuvent dans
l’administration se contenir et s’entr’aider. Le consul, lorsqu’il sort de la ville à la tête de l’armée, semble investi d’une puissance
absolue ; il ne peut au contraire se passer du peuple et du sénat ; privé de leur secours, il ne peut rien achever. Il faut sans
cesse envoyer à une armée de nouvelles munitions : or, sans l’ordre du sénat, elle ne peut recevoir ni blé, ni vêtements, ni
subsistance d’aucune espèce. (...) Les consuls ont en outre besoin du peuple pour mettre fin à leurs guerres, quelque éloignés
qu’ils soient de la ville ; car c’est à lui seul qu’il appartient de confirmer ou d’annuler les traités. (...)

Dès qu’un des pouvoirs essaye orgueilleusement de s’élever plus haut qu’il ne convient, comme aucun d’entre eux n’est
complet, qu’ils se gênent tous et s’entravent mutuellement dans leurs volontés réciproques, il ne peut réussir à s’accroître et à
franchir les bornes. Chacun demeure à sa place, réprimé par la force des autres, et craignant tout d’abord leur surveillance
inquiète.

Commentaire de texte:

«L’étude de l’histoire constitue l’éducation politique la plus efficace et le meilleur entraînement à l’action et, pour
apprendre à supporter dignement les renversements de la fortune, l’enseignement qui produit en nous la plus vive impression
ou plutôt le seul valable, c’est celui que nous apporte le récit des tribulations d’autrui.» cita Polybe
Polybe est né en 208 av. J.-C. à Mégalopolis et est décédé en 126 av. J.-C. Il s’agit d’un hipparque, homme d'État, théoricien
politique, est l'un des historiens grecs les plus connus de son époque. Issu d'une famille de haut rang, formé à la politique et à
la guerre dès son plus jeune âge, il connut les bouleversements du monde grec face à la montée en puissance de Rome. Sur
le champ de bataille de Pydna, il est commandant de cavalerie, ce qui en tant qu'officier lui vaudra d'être envoyé comme otage
à Rome à la suite de la défaite de Persée. Sur le plan politique, il joue un rôle important. Son œuvre d'historien retrace
l'ascension de Rome, qu'il admire pour sa constitution mixte et son régime mêlant monarchie avec les consuls, oligarchie avec
le Sénat, et démocratie avec les comices et les tribuns, notamment entre les années 264 et 146 av. J.-C., moment critique qui
voit la cité italienne devenir puissance méditerranéenne dominante, puis véritable empire territorial.
Polybe a écrit un ouvrage comportant 30 livres dont 5 nous sont parvenus complets. Nous nous intéresserons à un extrait du
livre VI exprimant le bon fonctionnement des institutions romaines mais aussi ces limites. Polybe a siégé au Sénat pendant
plusieurs années et a établi la description la plus achevée des institutions romaines connue, il avait un amour pour Rome. Son
but est de connaître comment et grâce à quel genre de constitution presque toutes les parties de la terre sont passées en
moins de 53 ans sous la domination des Romains. Il ne s’agit
pas d’un texte partiel ni neutre et non plus d’un texte historique. Polybe démontre la théorie du cycle des constitutions ou les
régimes sont irrévocablement destinés à être remplacés au profit d’autres. On compte l’autocratie, la royauté, la tyrannie,
l’aristocratie, l’oligarchie et la démocratie.
On peut souligner que la Constitution romaine s’est construite par les faits et l’expérience. La pratique précède le droit.
L’histoire romaine est marquée par des conflits d’ordre politique et constitutionnel durant des siècles et rythmée par l’instabilité
et les compromis. Il est alors
intéressant de se demander alors dans quelles mesures les institutions de la république romaine correspondaient-elles
à la théorie de Polybe ? En s'appuyant sur la nature du régime romain (I) et l'équilibre entre les pouvoirs politiques, législatifs
et judiciaires (II).

I- La nature du régime romain

Nous mettrons en lumière un régime qui s’est fondé sur la pratique (A), constatant une république équilibré (B).

A) Un régime et des institutions fondé sur la casuistique


Pendant le Moyen- Age, des symboles, représentations romaines, exprimant la grandeur de Rome pouvait être perçu par un
plus grand nombre, pour autant ces éléments été tout à fait artificielle. L’enfance de nos institutions est romaine,, les romains
ont conçu, inventé le droit dans le sens ou il façonne les institutions non seulement romaine mais celle qui ont suivi. Dans ces
conditions, les romains ont laissé une empreinte durable.

«Les romains ne sont pas arrivés à une perfection dans leur constitution à l’aide de la raison»: A Rome, on a l'idée que la
république est ce gouvernement qui détermine les destinées de la cité en une affaire collective, commune. La conséquence est
que tout citoyen peut être informé des destinées de la cité, peut prendre part aux décisions. Ce régime induit plusieurs
conséquences. Par exemple, la république s’ordonne contre l’arbitraire, l’enjeu de mettre un terme au régime royal antérieur.
En réalité, c’est un régime oligarchique, régime dans lequel quelques-uns gouvernent principalement au service de leurs
intérêts propres.

“Une longue suite de combats et de vicissitudes leur a fait reconnaître successivement, en présence des faits mêmes, ce qui
leur convenait le mieux : c’est ainsi qu’ils (...) ont institué la constitution la plus belle que nous connaissions.” : On désigne ses
pères comme des patriciens. Ceux-ci aux origines rassemblent l’ensemble des magistratures, détermine au sénat. Le conflit
entre la plèbe et les patriciens résulte finalement de nos institutions. Ce phénomène est casuistique. Cette lutte dès le Vème s,
dure longtemps et est rythmée par des victoires de la plèbe. Avec notamment la loi des 12 tables, qui permet de faire connaître
des actions en justice introduites devant les magistrats romains. Puis la plèbe a obtenu la reconnaissance officielle de ses
institutions. Enfin plus tardivement, au IV ème s, les institutions de la république se sont ouvertes aux plébéiens eux mêmes..

On constate finalement que le régime romain s’est fondé sur l’intérêt collectif, soit la casuistique. Cette pratique a fondé les
institutions soit les piliers de Rome. Nous pouvons nous demander quel type de constitution a finalement établi le république
romaine selon Polybe qui a mené à un des plus grands modèles que nous connaissons?

B) Une constitution établissant une république; une stabilité caractérisé par la combinaison de différents régimes

“Les trois formes de gouvernement se trouvaient réunies dans la république romaine, et on avait fait à chacune une part si
égale et si exacte, elles concouraient si bien toutes à l’administration.”: Il s’agit d’une constitution équilibrée, mixte, qui présente
l'intérêt remarquable d'éviter tous les défauts qui impliquent les régimes politiques purs. En l’espèce la monarchie conduit à la
tyrannie, l'aristocratie conduit à l'oligarchie, la démocratie conduit nécessairement à la démagogie. La grande valeur de la
constitution républicaine est sa combinaison de ces différents régimes qui crée un équilibre sain soulève Polybe.

Le pilier monarchique, c’est la magistrature exercent le pouvoir, un souvenir de la royauté. Le pilier democratique se présente
par des assemblées du peuple, par exemple, les comices ont une fonction juridictionnelle. Enfin, le pilier aristocratique est mis
en lumière par le sénat, une assemblée de seigneurs qui bénéficie de la plus haute autorité. Ils ont un prestige moral, social et
remarquable…

“À considérer l’autorité des consuls, il semblait qu’il y eût monarchie, royauté ; celle du sénat annonçait une aristocratie ; enfin,
en voyant la puissance du peuple, on croyait fermement avoir sous les yeux une démocratie. (...)”: Pour gouverner la cité
romaine il faut une coexistence de ces piliers. Chacun doit pouvoir contraindre l’autre et respecter l'idée même de Respublica.

On peut envisager que le régime républicain faisait l’objet d’une fierté, un attachement. Comment expliquer que ces romains se
soient détachés de ce régime républicain? Ils ne s’en sont pas rendu compte, un autre régime avait progressivement pris sa
place, cela s’explique par l'habileté d’un homme. Il s’agit du mythe impérial par le principat d’Auguste.

Octave met fin au guerres civiles en -31 et rétablit la paix. Il est vu comme une personnalité forte et instaure la Constitution
républicaine. Les romains lui sont redevables de ce qu'il est parvenu à accomplir. En réalité, il rétablit l’apparence du régime et
va grignoter son pouvoir en obtenant le titre d’Auguste.

Pour conclure, il s’agit d’un régime stable portant sur une combinaison équilibrée des régimes monarchiques, démocratiques et
aristocratiques. Cependant, cela ne fera point tout puisque la soif d’un homme va s’imposer.

II- L’équilibre entre le pouvoir politique, législatif et judicaire

Nous aborderons une articulation déterminée entre pouvoir et contre poid (A), puis les limites de ce pouvoir (B).

A) Une articulation déterminé entre pouvoir et contre poid

“Le consul, lorsqu’il sort de la ville à la tête de l’armée, semble investi d’une puissance absolue ; il ne peut au contraire se
passer du peuple et du sénat ; privé de leur secours, il ne peut rien achever. Il faut sans cesse envoyer à une armée de
nouvelles munitions : or, sans l’ordre du sénat, elle ne peut recevoir ni blé, ni vêtements, ni subsistance d’aucune espèce. (...)
Les consuls ont en outre besoin du peuple pour mettre fin à leurs guerres, quelque éloignés qu’ils soient de la ville ; car c’est à
lui seul qu’il appartient de confirmer ou d’annuler les traités. (...)”

Rome est organisé autour d’un forum, l’administration de ces affaires est exercée au grand jour devant tout le monde. On a des
activités publiques, lieu où l’on organise des cérémonies religieuses, des jeux, des procès, par exemple comme les grands
procès des guerres civiles 1er siècle av JC. L’exercice même de la justice est ouvert au plus grand nombre, argumenter
oralement. Le procès lui- même est une manière de sélectionner l'aristocratie. Toute question est alors une question politique et
tout citoyen peut et doit y prendre part, à ces assemblées et doit y prendre part à cet exercice de la magistrature. L’abstention
était une forme selon Polybe de stabilité Constitutionnel qui a engendré 3 organes qui se tiennent l’un l'autre, la Constitution
est durable. Sa longévité a permis à l'Empire de s'étendre avec ses conquêtes.

On a un empire immense qui a nécessité une certaine organisation. La cité romaine s’est efforcée de diffuser son modèle
urbain de ville, par des conquêtes et par le rétablissement du modèle institutionnel de Rome. Cependant, les piliers
symboliques de la république restent présents en façade mais c'est bien un régime monarchique qui les supplante et c’est ce
régime qui va conduire l’empire romain à son apogée. Si les citoyens romains acceptent que les pouvoirs de l’empereur
investissent tout le gouvernement, c’est parce que l’empire romaine connaît une forme d'apogée.

La constitution romaine et son fonctionnement est investi du peuple. Il s’agit d’un soutien sans précédent qui permet l'apogée
de Rome. Cependant, ceux-ci ne se rendront pas compte dès le début d’un changement de régime. Quel est finalement la
place d'Auguste?

B) Les limites du pouvoir de la constitution

“Dès qu’un des pouvoirs essaye orgueilleusement de s’élever plus haut qu’il ne convient, comme aucun d’entre eux n’est
complet, qu’ils se gênent tous et s’entravent mutuellement dans leurs volontés réciproques, il ne peut réussir à s’accroître et à
franchir les bornes. Chacun demeure à sa place, réprimé par la force des autres, et craignant tout d’abord leur inquiète
surveillance”

Auguste dispose d’un pouvoir plus moral que officiel, il a pouvoir normatif, juridictionnel les citoyens lui reconnaissent le titre de
princeps. Il rétablit les piliers de régime républicain, mais il établit bien un pouvoir personnel, une autorité exceptionnelle qui
s’exprime à travers le nom « d’Auguste », celui qui a de l’auctoritas, soit le pouvoir informel, prestige social et moral qui lui
permet de remporter les combats avec les institutionnels. Il dépasse l’autorité par sa pacification et un prestige moral qui
acquiert un caractère officiel.

Ils forment une administration dévouée au prince qui développe son influence en marge de l’exercice des magistratures
traditionnelles. C’est la manière de conseiller politiquement le prince, exécuter ses volontés dans les provinces impériales,
contrôler les dépenses, traiter des affaires judiciaires. Les fonctionnaires ou administrateurs impériaux n’ont plus un mandat
limité dans le temps et établissent des carrières longues au sein de cette administration. Ils sont choisis par l’empereur.
L’empereur pérennise son pouvoir impérial via cette administration en marge qui se développe. Il organise leurs successions
en tirant profit de l’ambiguïté du régime.

Correction: Quelle est la nature du gouvernement romain dépeint par Polybe et comment la mixité institutionnelle du
gouvernement justifie t-elle sa pérennité politique?

I- La singularité d’un gouvernement mixte

A) L’histoire au service d’une constitution politique et institutionnel


B) L’union des trois formes de gouvernement selon Polybe

II- L’auto- limitation des pouvoirs: garantie d’un équilibre du régime

A) La “balance des pouvoirs” au service des institutions


B) La réalité d’un système de contrainte institutionnel

Cours:

Le leg romain est un succession, qui vient du lation legatum, c’est un don fait par un testament. L’héritage antique se
voit avec la découverte du code de Justinien. On voit aussi les vestiges par le peinture (par exemple notamment avec le néo
classique de la fin du XIXème, on a Le serment des horaces, un tableau de 1875, ou encore un tableau de Thomas Couture,
La décadence des romains (cela représente une société moraliste, la fin du pouvoir) ou enfin une peinture de Léon Gérome en
1855, Le siècle d’Auguste).

Le rome républicaine débute alors que Roma n’a pas encore entamé l’entreprise de la conquête qui le placera à la tête d’un
immense empire s’étendant sur un ensemble de régions, jusqu'à la méditerranée. Durant ces 5 siècles, le régime politique
évoluera sans doute sous la pression populaire mais les éléments essentiels qui caractérisent le pouvoir resteront ceux d’une
cité où domine la vieille aristocratie, ça malgré les pressions socials (ex: en 138 avant JC avec les frères Jacques dans le
mouvement agraire). Parmi les éléments essentiels au niveau institutionnel de la cité, on en voit 3: le sénat, les magistrats et
les assemblées de citoyens ou comices.

Le sénat: vient de senex (qui veut dire vieillard), il s’agit d’un conseil suprême de la cité où l'on trouve des chefs de
grandes familles, elle détient l’auctoritas (voir def mais aussi d’imperium et de potestas). Augere signifie que tous
les avis ou senatus de cette institution sont réputés et inspirés par les dieux (auspices). Sans avoir valeur exécutoire
ou contraignante, les présages guident les représentations politiques. C’est aussi en utilisant l’auctoritas que le
collège des sénateurs valident les décisions pendant les 2 premiers siècles de la République. Pendant l’empire le
sénat attribuait l'auctoritas à l’empereur. A partir du début du IIIème siècle, le sénat perd ce droit de ratification.
Les magistrats de la cité: Les principaux de ces magistrats sont les 2 consuls qui détiennent la fonction
gouvernementale. Les prêteurs sont chargés de l'administration de la justice et le censeur a en charge le
recensement des citoyens. Tout haut magistrat est détenteur d’une potestas dont le contenu varie d'un magistrat à
l’autre. La potestas est un pouvoir d’édicter assorti d’un pouvoir coercitif que le magistrat exerce seul sauf les
consuls dans le respect des lois de la cité. Toutefois, il est conforme à la tradition, le magistrat se soumet à
l’auctoritas du sénat qui peut ainsi soit inspiré son action ou intervenir après en ratifiant. Les prêteurs et consuls
possèdent un pouvoir de commandement nommé imperium délivré par une loi spéciale des comices ou assemblée
du peuple et étroitement lié aux auspices du sénat. L’imperium comprend le pouvoir de commandement et de
discipline aux armées ainsi que la juridiction civil et criminelle dans les provinces. Il s’agit alors de l’imperium
militae. L’imperium militae exercé uniquement à Rome.
L’assemblée des citoyens: l’une des principales fonctions de la comice en parallèle de la désignation et investiture
est l’adoption des lois que leur propose le magistrat qui le désigne. A Rome, aucun pouvoir d’initiative des
assemblées, selon un usage constant depuis les premières décennies de la république, le vote dans les assemblées
du peuple est précédé dans une large réunion préparatoire dans lequel le législateur promeut le contenu de sa
proposition et sonde la réaction de ses auditeurs. A partir du IIème siècle, le magistrat et le sénat jouent un rôle
essentiel dans le processus législatif. Durant la majeur partie d'époque républicaine et jusqu’au crise social du IIème
et Ier siècle, c’est bien le sénat aristocratique qui dirige la vie, mais sans tenir compte de l’existence de certains
pouvoirs comme la plèbe et l’assemblée du peuple qui sont capable de paralyser la vie politique romaines (ex: lex
hortensia). On a une société plutôt conservatrice où apparaissent les membres de la nobilitas. Attention, des
tribuns et plèbe avec le crise agraire qui relève d’une vide combat entre les optimate et populares.

Commentaire: Polybe fait une éloge de la république, de la constitution mixte mais attention c’est en apparence musique il y a
bien une concentration des pouvoirs. On pouvait évoquer Montesquieu sur la séparation des pouvoirs. Le cycles des régimes
politiques (de la mesure à l’excès) se nomme anacyclose ou anacyclosis. Quand on a pas de mixité, l’impur ressort, c’est la
cas de la république de rome, le peuple a une sorte de pouvoir factice. Quand le texte est écrit, Rome connaît une expansion
territoriale. Les consuls se sont accaparé les terres qui ont créé une crise agraire.

TD séance 2, histoire du droit et des institutions: Les changements de régimes politiques

Commentaire: Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, 1734, Chapitre
XIII.

“Un empire fondé par les armes a besoin de se soutenir par les armes”, cite Montesquieu dans son œuvre Considérations sur
les Romains, en 1734. Montesquieu est
un penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières, né le 18 janvier 1689 à La
Brède et mort le 10 février 1755 à Paris. Il oriente sa curiosité vers les hommes et l'humanité. Il accumule de nombreux
documents et témoignages pour préparer l'œuvre de sa vie, "l'Esprit des lois" (1748) qui rencontre un énorme succès.
Montesquieu tente de dégager la logique des différentes institutions politiques par l'étude des lois considérées comme simples
rapports entre les réalités sociales. Il diffuse ses idées progressistes, précurseurs de la Révolution française, il a fermement
critiqué la monarchie absolue. Montesquieu propose que le souverain partage son pouvoir. Les Considérations est un
petit ouvrage, publié avec succès par Montesquieu en 1734. Il avait été précédé d’un autre, bien moins connu, les Réflexions
sur la Monarchie Universelle en Europe. L’auteur ne croyait pas au projet de paix perpétuelle, voué selon lui à aboutir à un État
despotique. L’extrait que nous allons étudier porte sur la grandeur et la décadence des romains.. Le passage tiré aborde la
question de l'ordre politique à travers l'exemple d'Auguste, l'empereur romain. Montesquieu analyse comment le concept
d'ordre est manipulé et utilisé pour justifier l'établissement d'un régime autoritaire et la subversion de la liberté individuelle.
Comment Montesquieu analyse-t-il la transition politique entre la République romaine et le régime instauré par Auguste, en
mettant en lumière les changements dans la perception de l'ordre et de la liberté dans cet État ? D’une part, nous aborderons
la stratégie politique des grands hommes romains expliquée par Montesquieu (I), puis d’autre part l’explication de la décadence
(II).

I- Une stratégie politique, l’ordre sous Auguste, Nous mettrons en lumière, dans un premier temps le principat d’Auguste
ainsi que sa grande autorité (A), puis plus vastement l’anarchie républicaine et la grandeur de Rome (B).

A) Le principat d’Auguste, l’instauration de l’ordre

“Auguste établit l’ordre, c’est à dire une servitude durable; car dans un état libre où l'on vient d’usurper la souveraineté, on
appelle toute règle tout ce qui peut fonder l’autorité sans bornes d’un seul…” Octave met fin au guerres civiles en -31, rétablit
la paix, il est vu comme une personnalité forte et instaure la Constitution républicaine alors effacé par les prises de pouvoirs
autoritaires. Dans ce texte, Montesquieu débute en faisant une distinction entre la perception de l'ordre dans un État libre et
dans un État où la souveraineté a été usurpée. Il met en lumière la manière dont le langage politique est manipulé pour justifier
l'autorité tyrannique au nom de l'ordre et de la stabilité. Cependant, une fois Auguste au pouvoir, il travaille à rétablir l'ordre, non
pas pour restaurer la liberté des sujets, mais pour renforcer le bonheur d'un gouvernement autoritaire sous sa direction. À
travers l'exemple d'Auguste, il met en lumière la façon dont le langage politique est utilisé pour déformer la réalité et légitimer le
pouvoir autoritaire au détriment de la liberté individuelle et de la démocratie.Dès le début du texte, Montesquieu introduit cette
subversion sémantique en reliant le concept d'ordre à celui de servitude durable. Alors que dans un État libre, l'ordre est
traditionnellement associé à la paix et à la stabilité, dans le cas de Rome sous Auguste, il devient synonyme de soumission à
un pouvoir sans bornes.

“... et on nomme trouble, dissension, mauvais gouvernement, tout ce qui peut maintenir l’honnête liberté des sujets”.
Montesquieu poursuit en soulignant la manière dont les ambitions politiques des dirigeants précédents, tels que Pompée,
Crassus et César, ont contribué à créer un climat d'anarchie dans la République romaine. Contrairement à César, Auguste
adopte une approche plus subtile en mettant en avant la dignité du Sénat et le respect pour la République. Cette stratégie lui
permet de masquer la réalité de son autorité absolue derrière des mots tels que "respect" et "dignité".

Enfin, il souligne l'ambiguïté du gouvernement établi par Auguste, qui se veut à la fois aristocratique et monarchique. Cette
ambiguïté permet à Auguste de maintenir son autorité tout en donnant l'illusion d'un gouvernement équilibré. Cependant,
Montesquieu révèle que cette dualité est en réalité une façade.

B) L’anarchie dans la république; la grandeur de Rome

“Tous les gens qui avaient eu des projets ambitieux avaient travaillé à mettre une merveille d’anarchie dans le République.
Pompée, Crassus et César y réussirent à merveille”. Montesquieu nous a montré les Romains arrivant à l’empire de l’univers
par l’égalité qui se trouve au berceau de leur histoire ; par l’amour de la patrie et de la liberté ; par la sévérité de la discipline
militaire ;; par le principe de ne jamais faire la paix qu’après des victoires ; par le soin de s’approprier ce qu’ils trouvaient de bon
chez les peuples étrangers. La philosophie de Montesquieu explique surtout la décadence romaine par deux phénomènes
liés, l’extension territoriale et la perte de la vertu. L’agrandissement du territoire a rendu cela impossible. L’armée est devenue
l’outil du despotisme. Montesquieu décrit ces hommes politiques comme des manipulateurs qui ont délibérément créé un climat
d'anarchie dans la République romaine afin de servir leurs propres ambitions. Leur objectif était de dégoûter le peuple de son
pouvoir et de devenir indispensables en exagérant les inconvénients du gouvernement républicain. Ainsi, Montesquieu
dénonce leur rôle dans la déstabilisation de la République et dans la préparation du terrain pour l'avènement d'un régime
autoritaire. Pompée, Crassus et César sont présentés comme des figures politiques habiles qui ont réussi à exploiter les
tensions et les divisions au sein de la République pour accroître leur propre pouvoir. Leur ambition les a poussés à
compromettre les principes démocratiques et à mettre en péril la liberté des citoyens romains au nom de la consolidation de
leur propre autorité.

“Ces premiers hommes de la République cherchaient à dégouter le peuple de son pouvoir et à devenir nécessaire en étant
extrême les inconvénients du régime républicain”. En contrastant avec ces acteurs politiques antérieurs, Montesquieu met en
avant la figure d'Auguste. Il est présenté comme un agent de rétablissement de l'ordre. Montesquieu souligne comment une
fois Auguste au pouvoir, il renforce le bonheur d'un gouvernement autoritaire sous sa direction.Montesquieu offre une analyse
critique du rôle des acteurs politiques précédents dans la transformation de la République romaine en un régime autoritaire
sous Auguste. Il met en lumière leur manipulation des institutions démocratiques et leur exploitation des divisions sociales pour
accroître leur propre pouvoir. À travers cet exemple historique, Montesquieu souligne les dangers de l'ambition politique
démesurée et met en garde contre les conséquences de la subversion des principes démocratiques au nom du pouvoir
personnel.Montesquieu souligne la transformation sémantique opérée par Auguste dans sa communication politique.
Cependant, derrière cette façade de respectabilité, Auguste met en place un gouvernement ambigu, à la fois aristocratique et
monarchique. Cette ambiguïté permet à Auguste de maintenir son autorité tout en donnant l'illusion d'un gouvernement
équilibré. Au final, Montesquieu suggère que la restauration de l'ordre sous Auguste s'est faite au prix de la liberté et de
l'autonomie du peuple romain, marquant ainsi le début d'une ère de servitude durable pour l'empire.

II- L’explication de la grandeur et de la décadence par Montesquieu

A) La république et sa consolidation vu par Auguste

“ Mais lorsque Auguste fut une fois le maître, la politique le fit travailler l’ordre, pour faire sentir le bonheur du gouvernement
d’un seul”. L'auteur met en lumière la façon dont Auguste, autrefois Octave, façonne son image politique à travers la
présentation de soi, en particulier en mettant en avant la dignité du Sénat. Tout d'abord, Montesquieu souligne le changement
de nom d'Octave en Auguste, attribué par la flatterie. Ce changement de nom reflète une forme de glorification de la personne
d'Octave, renforçant ainsi son autorité et son statut dans l'empire romain. Cela témoigne également de la manière dont la
présentation de soi peut influencer la perception publique et consolider le pouvoir politique. Comment expliquer cette
transformation majeure ? Les Anciens eux-mêmes avaient proposé des réponses. Certains pensaient qu’après la destruction
de Carthage en 146 avant notre ère, la disparition de la peur de l’ennemi (le metus hostilis) s’était retournée en crise interne et
avait mis fin au consensus entre les citoyens ; d’autres mettaient plutôt l’accent sur la dégradation morale liée aux conquêtes et
à l’enrichissement de la cité. Pour différentes qu’elles fussent, ces analyses reposaient sur une idéalisation du passé.

“Voilà la clef de toute la vie d’Auguste. Il porta dans le Sénat une cuirasse sous sa robe, il refuse le nom de Dictateur, et, au lieu
que César disait insolemment que la république n’était rien, et que ses paroles étaient lois, Auguste ne parle que de la dignité
du Sénat et de son respect pour la république”. Auguste, en mettant l'accent sur la dignité du Sénat et le respect pour
la République, cherche à gagner le soutien des élites politiques et à renforcer sa légitimité aux yeux du peuple romain.
Cette stratégie lui permet de consolider son autorité tout en maintenant l'illusion d'une continuité avec les traditions
républicaines, malgré la réalité de son gouvernement monarchique.En revanche, Montesquieu met en contraste la posture
d'Auguste vis-à-vis des institutions républicaines. Alors que César incarne le mépris pour les institutions républicaines et
l'ambition personnelle démesurée, Auguste adopte une approche plus subtile en mettant en avant le respect pour les traditions
républicaines et la dignité du Sénat. Auguste cherche à préserver leur apparence tout en consolidant son propre pouvoir
monarchique.

Ainsi, Montesquieu met en lumière les contradictions et les compromis inhérents à la politique romaine à cette époque, où les
apparences peuvent souvent dissimuler la réalité du pouvoir politique.

B) Un gouvernement ambigu et capable de plaire

“Il songea donc à rétablir le gouvernement le plus capable de plaire qui fut possible sans choquer ses intérêts, et il en fit un
aristocratique par rapport au civil et monarque par rapport au militaire” Montesquieu s’intéresse aux individus plus qu’aux faits
pour comprendre pourquoi les Romains ont abandonné la démocratie et renoncé à leur liberté. Pour Montesquieu, l’histoire est
un laboratoire du politique. En travaillant sur Rome, il fait un retour aux sources de la civilisation européenne et pose les bases
de l’histoire philosophique. Pourtant au début du texte, l'auteur souligne également la distinction entre ce qui est considéré
comme "règle" et ce qui est perçu comme "trouble, dissension, mauvais gouvernement". Dans un État libre, l'autorité illimitée
d'un seul individu est qualifiée de "règle", tandis que tout ce qui peut défendre l'honnête liberté des citoyens est dépeint comme
un chaos nuisible. Cette distinction met en évidence la manière dont le pouvoir peut être déformé pour servir les intérêts d'un
seul individu plutôt que ceux de la communauté.Il souligne sa nature ambiguë et complexe, qui combine des éléments
aristocratiques et monarchiques. Cette analyse met en lumière les défis inhérents à la consolidation du pouvoir dans un
contexte politique aussi instable que celui de l'ancienne Rome, où la recherche de l'ordre peut parfois conduire à une servitude
oppressive et à une concentration excessive du pouvoir entre les mains d'un seul individu. Montesquieu analyse la dynamique
du pouvoir sous le règne d'Auguste, soulignant la dépendance du gouvernement à la volonté du monarque.

“gouvernement ambigu, qui, n’étant pas soutenu par ses propres forces, ne pouvait subsister que tandis qu’il plairait au
monarque, et était entièrement monarchique, par conséquent”. Montesquieu met également en lumière la nature ambiguë du
gouvernement instauré par Auguste, qui est à la fois "aristocratique par rapport au civil et monarchique par rapport au militaire".
Cette formulation souligne la prédominance du pouvoir monarchique, renforcée par le contrôle militaire exercé par le
monarque. Cette concentration du pouvoir entre les mains d'Auguste rend le gouvernement extrêmement dépendant de sa
volonté et de ses intérêts personnels.En outre, Montesquieu souligne que ce gouvernement "ne pouvait subsister que tandis
qu’il plairait au monarque". Cette phrase met en évidence la fragilité inhérente à ce type de gouvernement, qui repose
entièrement sur la volonté et la faveur du monarque. Si celui-ci venait à perdre le soutien du monarque, le gouvernement
risquerait de s'effondrer, révélant ainsi sa vulnérabilité et sa dépendance à l'égard du pouvoir personnel du monarque.

En somme, Montesquieu démontre la dépendance du gouvernement à la volonté du monarque sous le règne d'Auguste. En
mettant en évidence la nature autoritaire et la fragilité inhérente à ce type de gouvernement, il souligne les défis et les dangers
associés à la concentration excessive du pouvoir entre les mains d'un seul individu.

Correction: I- L’arrivée d'Auguste: une rupture avec ses prédécesseurs

A) L’action délétère du triumvirat (pas de respect de la république)


B) D’Octave à Auguste, de la République à l’Empire

II- Le maintien de l’illusion républicaine

A) Les ruses politiques d’Auguste


B) La véritable nature du régime politique: le principat
Texte à lire: De l’esprit des lois, (1748), Montesquieu

Ce que c’est que la liberté: liberté politique ce n’est pas faire de ce que l’on veut. L’indépendance est différente de la liberté.
La liberté c'est pouvoir faire ce que les lois permettent. La démocratie et l’aristocratie ne sont point des États libres par leur
nature. La liberté politique ne se trouve que dans les états modérés. L’homme qui a du pouvoir est porté à en abuser, il faut des
limites, que le pouvoir arrête le pouvoir.

De la constitution d’Angleterre: On a trois pouvoirs, exécutif, législatif et celle qui dépendent du droit civil. Il faut des lois et
pouvoir les corriger. Le magistrat fait la paix ou la guerre, il punit les crimes et juge les différents. La liberté politique d’un
citoyen est la tranquillité d’esprit. Si le législatif et l’exécutif est dans une même main, il n’y a point de liberté ou même si la
puissance de juger n’est pas séparée du législatif. Dans la plupart des royaumes de l’Europe, le gouvernement est modéré. En
Italie, les trois pouvoirs sont réunis. Le législateur s’il a tous les pouvoirs peut ravagé l’Etat par ses volontés générales. La
puissance de juger doit être donné à des personnes tirées du corps du peuple. Les deux autres pouvoirs pourraient eux être
données à des magistrats ou deux corps permanents car il ne s’exerce sur aucun particulier. Les jugements doivent
précisément suivre la loi et ne pas suivre leurs opinions. Si la puissance législative laisse à l’exécutrice le droit d'emprisonner
des citoyens qui peuvent donner caution à leur conduite, il n’y a plus de liberté. Si le législatif se sent en danger, peut-on arrêter
des citoyens suspects. Il faudrait que le peuple en corps eut la puissance législative, mais cela est très compliqué” donc on
passe par des représentants. Le grand avantage des représentants c’est qu’ils sont capables de discuter les affaires, c’est
l’expression de la voie de la nation. La limité est la capacité des hommes. La liberté commune serait esclavage. Le corps des
nobles doit être héréditaire. La faculté d’empêcher est le droit d’ordonner par soi-même, de corriger, de rendre nulle une
résolution prise par quelque autre. Il serait inutile que le corps législatif soit toujours assemblé. Il faut que ce soit la puissance
exécutrice qui règle le temps de la tenue et de la durée de ces assemblées par rapport aux circonstances qu'elle connaît. Mais
il ne faut pas que la puissance législative ait réciproquement la faculté d’arrêter la puissance exécutrice mais elle doit avoir la
faculté d’examiner de quelle manière les lois qu'elle a faites ont été exécutés. Dans ce cas, l’Etat ne serait point une
monarchie, mais une république non libre. La puissance législative ne peut pas juger. Si le monarque prenait part à la
législation par la faculté de statuer, il n’y aurait plus de liberté. Ces trois puissances devraient former un repos ou une inaction.

Sous Montesquieu, on avait que des libertés civiles, sentiment de sécurité au sein de l’Etat. Il ne croit pas aux hommes, ni à
la sagesse, ni à la vertu morale, pour mettre fin à cet abus on doit mettre en place des mécanismes institutionnels qui viennent
de l’avant guerre. La liberté politique est un sentiment (ataraxie), avant et aujourd’hui on est victime de problème de
confiance à cause des abus. Dans le chapitre III, on nous mentionne que la liberté est possible parce que les lois
permettent, cette idée renvoie à l'article 4 de la DDHC: ”La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui :
ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société
la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.”

Cours:

En janvier de l’An 27 avant notre ère, Octave fonde le principat. Depuis les premières crises du IIème siècle avant notre ère,
certains acteurs politiques avaient tenté en usant de pouvoirs exceptionnels d’introduire de force dans l’Etat romain des
réformes propres à adapter les institutions à l’immensité de l’Empire. Le dernier César fut accusé de vouloir établir à son
profit la royauté. Il fut assassiné en mars 44 avant notre ère. La carrière d’Octave commence au lendemain de cet assassinat.
En une dizaine d’années, il triomphe de ses rivaux et notamment Marc Antoine à la bataille d’Actium en -31. L'habileté d’Octave
sera de s’attacher à présenter son parcours politique comme un ensemble d'actions conduite à titre privé en vue de sauver la
respublica, et par conséquent comme pleinement acceptable au regard de la tradition républicaine. En -27, Octave se présente
devant le sénat comme celui qui vient de restaurer la respublica. Dans la foulée, un senatus consultis lui sert le surnom
d'Auguste. C’est un dérivé d’auctoritas et de augurium (=présage). Cela lui donne une autorité incomparable. Il revendique
d’être le premier de tous, le princeps par l’auctoritas, Octave Auguste n’en prétend pas moins en matière de potestas se
soumettre à la règle de la collégialité, il donne donc l’apparence de respecter la république.

Le nouveau pouvoir institutionnel républicain, le sénat est maintenu, les magistrats, un semblant de fonction législative
d’assemblée du peuple aussi et le principe d’élection. Le régime prend des orientations progressivement décisives qui
modifient sa nature. On a une nouvelle conception de la légitimité du pouvoir, ou la puissance personnelle s’allie à
l’hérédité pour venir concurrencer le principe électif. L’intervention formelle des assemblées investissant l’empereur cesse dès
la fin du Ier siècle. Le déclin du sénat laisse libre court au principe dynastique, on a un renforcement continu de la prérogative
impériale (avant l’imperium était au peuple). L'empereur possède la potestas, l’imperium et l'auctoritas. On a une demande
de l’empereur au sénat, le sénat attribue l'auctoritas pour que ça devienne un sénatus consultes = oriatio principis. Lorsque
l’empereur consulte le sénat, la question (oratio principis) qu’il pose est toujours contenue dans les sénatus consultes. Ils
seront très vite sans pour autant disparaître relayer à la discrétion de l’empereur. Le prince ne s’était pas contenté d’avoir un
seul pouvoir prééminent, il s’est imposé en modifiant profondément l’ensemble des mécanismes décisionnaires.

TD séance 3, histoire du droit et des institutions: La féodalité


Commentaire: Fulbert de Chartres, Lettres à Guillaume V d’aquitaine (1020) (in Recueil des histoires des Gaules X, Paris,
1864).

“Tant que le seigneur dort, le vassal veille; Et tant que le vassal dort, le seigneur veille”, proverbe français.
Fulbert de Chartres naît dans une famille modeste et reçoit une éducation soignée. Il aurait suivi les leçons de Gerbert
d'Aurillac (futur pape Sylvestre II) à Reims. Il est élu évêque de Chartres vers octobre 1006 et devient l'un des conseillers du roi
Robert le Pieux, mais aussi de nombreux princes comme les rois d'Angleterre, de Hongrie ou du Danemark. En 1020, après
son incendie, il fait reconstruire la cathédrale. Il favorise le développement des arts libéraux, les recherches philosophiques,
introduit le goût de la science et des études profanes. Il favorise l'enseignement de la dialectique, mais dénonce son emploi
dans les affaires de théologie et de dogme. Sous sa direction, l'école cathédrale de Chartres acquiert un très grand
rayonnement.
Nous nous trouvons dans un contexte des débuts de la dynastie capétienne. Il s’agit du règne de Robert II le Pieux, fils
d'Hugues Capet. L’espace royal rayonne malgré la puissance des grands. On a connu un morcellement du territoire français au
début du X ème siècle ou des principautés se sont construites. Le château devient le centre de la vie politique et permet la
défense des habitants. On a donc une confusion entre la sphère publique et celle privée, cela produit une contractualisation
des rapports socio-politiques. La coutume joue un rôle important, elle se présente comme la source quasi exclusive du droit et
qui va définir les obligations féodo-vassaliques.
La notoriété de F. de Chartes est perceptible dans cette lettre qui est une réponse faite à l’un des nobles les plus puissants
de l’époque. Il répond à la consultation de Guillaume V, duc d’Aquitaine et comte de Poitiers. L’installation de Guillaume V a été
la source de nombreuses luttes. Hugues avait rompu tout lien de fidélité avec Guillaume, lequel avait exigé de lui une pleine et
entière soumission. Hugues prétend se restreindre à une pure fidélité négative mais également ne plus tenir son fief dans cette
relation.
L’intérêt de cette lettre est de comprendre dans quelles mesures s’engage le vassal lorsqu’il jure fidélité. Sa rhétorique
s’inspire de Cicéron dans la formulation du serment de fidélité médiéval. Il en déduit les liens idéaux et abstraits vassaliques.
Dans quelles mesures Fulbert de Chartres, dans cette consultation écrite au bénéfice du seigneur, définit-il,
s'interroge-t-il sur les termes du contrat vassalique entre fondements et limites?

I- La naissance du lien féodo-vassalique; l’élaboration d’une définition négative des devoirs du vassal
A) La coercition négative conjoint au sujet et à la fonction du seigneur

“Invitée à écrire sur la teneur de la fidélité”. “Celui qui jure fidélité à son seigneur… sain et sauf (...) C’est justice que le vassal
s’abstienne de nuire ainsi à son seigneur”

À l'époque féodale, le seigneur organise la conclusion d’un contrat dans le but de frapper les esprits, de s'inscrire dans la
mémoire de son vassal, et des obligations qui pèsent désormais sur lui. Il s’agit d’un contrat de nature personnelle, entre le
seigneur et celui qui se reconnaît sujet. C’est un contrat féodal, réel qui repose sur la concession de chose, cette double nature
constitue les étapes du rituel constitutif du contrat. Cet acte a été repris, Pépin s’était efforcé de trouver des soutiens, il offrait
des armes en échange de soutien, il s’engageait à obéir et à rendre service. Cet acte s’est progressivement généralisé avec la
chute de l’empire carolingien. L’idée est que dans un contexte d'une monarchie affaiblie, ou le roi ne peut pas rendre effectives
ses décisions, par l’intermédiaire de ces contrats, le roi a une autorité indirecte sur ses sujets. Cette idée a été inscrite dans le
capitulaire de Bergen en 847. Fulbert de Chartres va dans un premier temps nous donner une définition négative de ce contrat.
Cela est dû à un rappel du conflit, à la personne à qui il adresse cette lettre. En l’espèce, dans le contrat féodo-vassalique, on a
un lien qui renvoie à un élément personnel. Nous pouvons nous demander comment se matérialise ce lien ? Dans quels
régimes juridiques? La nature, la sanction ? La première étape est de jurer fidélité. Ce caractère religieux nous renvoie à
l’opération fondatrice qui est celle du baptême de Clovis. On obtient une vision formaliste du contrat fondé sur le consentement.
Fulbert dans ce premier passage veut faire écho aux prétentions d’Hugues de Lusignan qui estimait que son devoir se limitait à
une pure securitas négative, une abstention et non une action. “Sain et sauf”, le vassal ne doit pas entrer en lutte avec son
seigneur. Il ne doit pas se livrer à un autre seigneur comme sur son secret ou le château qui garantit sa sécurité. Il s’agit de la
première obligation négative que l’on peut relever. Une des premières motivations est que le seigneur assure la sécurité de son
vassal. Cette condition entraîne l’obligation de ne s’en tenir qu’à lui. C’est ainsi que le seigneur assurera sa toute puissance
économique et social structuré qui tend à devenir une indépendance.

“Sur afin qu’il ne nuise pas à son seigneur en livrant son secret ou ses châteaux forts qui garantissent sa sécurité. Honnête afin
qu’il ne porte pas atteinte aux droits de justice de son seigneur ou aux autres prérogatives intéressant l’honneur auquel il peut
prétendre”.

Honnête, le vassal doit s’interdire de porter atteinte à la justice de son seigneur. On a une justice féodale qui est rendue à ses
vassaux et une justice banale qui sont tous ceux placés sous la dépendance du seigneur, sujets. Le vassal ne doit pas nuire
aux possessions de son seigneur. Facile et possible, le vassal ne doit en aucun cas faire obstacle à la volonté exprimée par
son seigneur, à son pouvoir réglementaire. Un vassal peut avoir des vassaux donc les intérêts peuvent diverger et poser des
problèmes de loyauté. A l’époque la hiérarchie féodale n’est pas encore bien structurée ni assurée. On peut y ajouter le
problème de l’insécurité global qui pèse, qui menace directement ou indirectement le personne même du seigneur. Le seigneur
a la justicia qui se conjugue au bannum. Ainsi, il convoque sa cour (= les vassaux) et juge des affaires de la seigneurie, ce qui
lui donnera dans le temps, une véritable légitimité..
En conséquence, le contrat féodo-vassalique connaît une double dimension, réel et personnel posé sur un engagement,
le commendatio, et sa contrepartie le fief. Il s’est développé dans un contexte d’affaiblissement de la monarchie. Ce contrat
décrit par F. de Chartres fait naître une série d'obligations négatives à l’encontre du sujet. En jurant fidélité il se lie à la fonction
de son seigneur et est frappé de devoirs envers celui-ci.

B) Les impératifs négatifs liés au patrimoine du seigneur

“Utile, afin qu’il ne fasse pas de tort aux possessions de son seigneur. Facile et possible afin qu’il ne rende pas difficile à son
seigneur le bien de celui ci pourrait facilement faire et afin qu’il ne rende pas impossible ce qui eut été possible à son seigneur”

On parle de « possession » et pas de « propriété » car il n’y a pas de propriété pleine.


Chez les Francs, la notion de propriété privée existe, mais elle appartient à la famille et au fond le chef de famille n'est que le
gardien de cette propriété. Peu à peu le fief devient le mode ordinaire de rétribution des services du vassal due à son seigneur.
Le fief est une tenure, c'est-à-dire une terre concédé relevant d'un système d'attribution. Cependant, il n'est pas une tenure
économique, mais une tenure noble, pour des fins politiques et militaires. Le vassal doit donc se rendre utile à travers cette
terre. C’est une obligation négative puisque comme nous l’avons constaté, le fief ne lui appartiendra pas complètement mais il
devra s’en occuper précieusement. Nous pouvons supposer que si ce ne serait le cas, une sanction pourrait être mise en
place.

“C’est justice que le vassal s’abstienne de nuire ainsi à son seigneur”

On peut s’interroger sur la légitimité du pouvoir du seigneur. Ce n’est pas un guerrier victorieux, il ne dispose pas d’une forte
aura, il n’a pas été élu par ses sujets ni choisi religieusement par la voie du sacre. Son pouvoir se fonde alors sur sa force,
assez vite au IXe siècle, ce rapport de force s’est exprimé dans un cadre conventionnel qui faisait des sujets des
dépendants.Pas à pas le seigneur s’arroge d’un pouvoir juridictionnel et de sanctionner les crimes et délits à l’intérieur de sa
seigneurie. On a la conclusion selon laquelle les obligations du vassal se fondent d’abord sur des propriétés négatives,
c’est-à-dire une abstention (= ne pas nuire à), sous risque d’une sanction.

Toutefois, si la liste des obligations s’arrêtait ici, rien ne pourrait être opposé à Lusignan qui prétendait exercer un
devoir minimal de la même nature que les standards exposés ici. Comment, par exemple, procéder à la commise du fief ?
Ainsi, Fulbert va compléter sa définition.

II- La dimension bilatéral du contrat vassalique


A) Les obligations positives du vassal
“Mais ce n’est pas ainsi qu’il mérite son fief. Car il ne suffit pas de s’abstenir de faire le mal, il faut faire le bien”

Ce n'est pas uniquement par dévouement que le vassal prête serment de fidélité à son seigneur, en réalité il attend une
récompense. Initialement, le seigneur avait l'habitude de gratifier son vassal d'une somme d'argent, puis cette récompense
s'est transformée en concession d'un territoire, appelé fief. Cette concession confère au contrat une dimension concrète. Ce
type de contrat est entièrement conditionné par les circonstances, constituant ainsi un événement marquant dans le temps.
Pour que les effets de ce contrat perdurent, il est essentiel de cultiver des relations de confiance solides.

La possession du fief découle non de la définition négative mais d’obligations positives. Ici, Fulbert répond aux prétentions
d’Hugues de Lusignan qui n’estimait plus que les biens tenus par Guillaume relevaient du statut de fief. L’obligation vassalique
ne consiste pas seulement dans l’abstention mais est

Le fief relève de contrepartie comme l’obligation de service militaire, applique ordre et la paix en son nom, il doit aide et conseil.
Le vassal doit prendre part au conseil de son seigneur, doit figurer à la cour de son seigneur. Aide financière, le vassal doit
participer à certains coûts dans l’hypothèse où le seigneur est pris en otage (rançon), payée armure seigneur, financement
croisade, mariage de la fille du seigneur.

“le vassal fournisse fidèlement à son seigneur le conseil et l’aide s’il veut paraître digne du fief et respecter la foi qu’il a juré…
s'acquitter de la fidélité qu’il a juré”
Fulbert définit les obligations positives du vassal, les services nobles. Ce sont l’auxilium et le consilium: L’auxilium (= l’aide) :
un service, une obligation militaire. Cette aide consiste dans les expéditions, la défense et la garde du château ; Le consilium
(= le conseil) : le conseil est un service de cour, une obligation politique et judiciaire. Le vassal va ainsi aider le seigneur dans
ses fonctions judiciaires. On retrouve l’organisation curiale (= de cour) à l’échelon féodal. Ces obligations sont la contrepartie
de la concession du fief ; les obligations contractuelles positives résultent de la remise du bien ; c’est le versant réel du contrat
vassalique.
Finalement, ces deux obligations, héritées des devoirs des grands du royaume, découlent du fief : ce sont des
obligations contractuelles réelles puisque ces obligations cessent dès lors que la possession du bien cessé (exemple de ce
qu’on appellerait aujourd’hui un abandon libératoire).

B) La dimension bilatéral entre réciprocité et sanction du contrat


“Le seigneur aussi doit rendre en toutes ces choses la pareille à son fidèle. S’il ne le fait pas, il serait taxé à juste titre de
mauvaise foi”

Cette déclaration de Fulbert met en avant la notion selon laquelle, au sein du système féodal, la fidélité et la réciprocité sont
des principes fondamentaux. Le suzerain et son vassal sont tenus de se soutenir mutuellement et de respecter leurs
engagements respectifs. En omettant d'accomplir ses obligations envers son loyal vassal, le suzerain manquerait à la parole
donnée et serait perçu comme ayant une conduite déloyale. Cela met en lumière l'importance des relations basées sur la
confiance et l'équité au sein de la société féodale.
Ici, Fulbert reconnaît un contrat synallagmatique, chaque partie des obligations envers l’autre. C’est la nature du contrat
déterminée par ses effets. Le seigneur ne doit donc pas commettre de tort ou de violence contre son vassal et assurer la
jouissance du fief ainsi que lui rendre justice. Fulbert prévoit ensuite que l’hypothèse de l’inexécution du contrat par le
seigneur. Ce dernier est alors « taxé » (et non puni) de « mauvaise foi », c’est-à-dire d’un péché. La sanction a alors une
dimension morale

“de même que la vassal qui serait surpris en train de manquer à ses devoirs, par action ou par constamment, serait coupable
de perfidie et de parjure”

Le vassal est sanctionné en vertu du serment qu’il a prêté si il ne le respecte pas, on s'appuiera sur les conditions dans
lesquelles il a prêté son serment. Par exemple, il a jurer sur les livres sacrés et donc devient « parjure ». Si il ne respecte pas
ses obligations d’aide et de conseil le seigneur peur reprendre son territoire soit à titre provisoire ou définitive (commise). Si le
seigneur ne respecte pas ses obligations, le vassal peut en appeler à son suzerain. Suzerain juge et peut désavouer le
seigneur, ce qui permet au vassal de conserver son fief mais que le lien de vassalité soit direct suzerain, vassal. Il s’agit de la
sanction envisagée en droit. Mais dans la réalité, ce type de sanction se développe au XIIe siècle et avant cela elle reste très
théorique. La féodalité via ces contrats a conduit à l'atomisation du pouvoir. Fulbert derrière ce modèle théorique, de répondre
au cas Lusignan sur lequel Fulbert devait se prononcer. = la sanction a une dimension pénale (criminelle)

Finalement, le contrat vassalique relève d'une double dimension réelle et personnelle ainsi que d’obligations positives et
négatives. Ce contrat dans cette définition apparaît comme bilatéral. C’est toutefois une réciprocité en trompe-l’œil, un simple «
balancement rhétorique ». Il y a une dissymétrie: en amont lors de la cérémonie de l’hommage et de la foi (formellement +
absence de serment parallèle) ; en aval par le régime des sanctions de l’inexécution des obligations.

Comment Fulbert dépeint-il la féodalité entre les seigneurs et son vassal à travers cette consultation?
Le lien féodo-vassalique est-il égalitaire et réciproque? A qui revient la charge de ce lien?
Correction: I- Une liste lourde des devoirs vassaliques à l’égard du seigneur

A- Des obligations positives:l'abstention nécessaire du vassal face à l’autorité du seigneur et de sa prospérité, B- Des
obligations actives; le devoir de faire le bien, l’auxilium et le concilium au service du seigneur

II- Un rapport synallagmatique déséquilibrés au profit du seigneur

A- Les maigres obligations seigneuriales/ B- Les pouvoirs exécutifs du seigneur

Peintures d'Ambrogio Lorenzetti "Allégorie et effets du Bon et du Mauvais gouvernement" (1338-1339).

Depuis deux cents ans, les cités italiennes se sont développées plus que partout en Europe, mais elles sont menacées de
l’intérieur, les familles et les partis s’opposent, divisent la cité et entretiennent la peur. Heureusement, Sienne a adopté un
gouvernement élu, indépendant des aristocrates et de l'Église. Il a commandé la réalisation d’une fresque, à l’intérieur du palais
public, visible par tous les habitants. Elle nous montre les effets que nous pouvons attendre d’un bon gouvernement.

Observons les murailles, elles marquent l’emprise de la ville sur son territoire. La ville bien gouvernée garantit la sécurité sur
les routes, quand il le faut par la force. Jusqu’à la mer, les paysans peuvent alors cultiver sans crainte, en toutes saisons. Pour
les citadins qui ont acheté la terre à crédit, l’investissement est rentable. Les habitants des campagnes peuvent librement
monter en ville. A mesure qu’ils s’approchent le peintre Lorenzetti les figure de plus en plus grands. En route pour la chasse,
ces aristocrates ne pensent plus à faire la guerre. Passé les portes de la ville, les rues sont ouvertes au commerce et à
l’artisanat. Un bon gouvernement n’oublie pas que les métiers exercés par le peuple participent pleinement à la prospérité de la
commune. L’éducation est encouragée, le maître d’école tient sa boutique entre le bottier et le vendeur de céramiques. Dans
l’espace commun des voies publiques, la parole circule aussi librement que les corps et les biens. À Sienne, une personne sur
trois participe activement à la vie politique. Les élections décident du choix des neuf représentants qui forment le
gouvernement. La politique est comme un jeu d’échecs. Elle a des règles que tout le monde devrait respecter. Dans la ville
en paix, les amours peuvent s’épanouir. Regardez la promise, elle attend sereinement son fiancé. Comment maintenir la
commune dans cet état de paix. Les neuf danseurs nous le montrent. Comme la danse, la paix échappe à la tristesse en se
renouvelant à chaque pas. Comme les danseurs, les élus du bon gouvernement doivent rester en éveil.

Quinze ans plus tard, en 1353, je regarde autrement la fresque, elle est si différente de ce qu’il s’est passé. Les spéculations
ont entraîné une grave crise du crédit. Les neuf élus, toujours des notables, ont préféré sauver les banques. Le peuple a
plongé dans la misère. Le gouvernement a été destitué dans l’infamie puis la peste a ravagé Sienne. Il nous reste cette
fresque et le programme politique qu’elle exprime. Pour la première et la seule fois au moyen âge, l’autorité de la commune s’y
affirme, hors du pouvoir des aristocrates et de l’église. Un idéal dans lequel tous les individus sont libres de circuler et de
parler mais où chacun reste à sa place dans la société.

“Le bon et le mauvais gouvernement” Lorenzetti, peinture: On a 4 fresques -> renouvellement du cycle politique: Nord >
représentation du bon gouvernement, paix, justice, Est > effet de ce bon gouvernement, Ouest: mauvais gouvernement,
avarice. Quand la cité est gouvernée, on a une personne tyrannique, c’est différent quand on a plusieurs représentants dans un
bon gouvernement. La collégialité fait le bon gouvernement (collège des savants, conseil des sages). De tyrannie, Montesquieu
parlait plutôt de despotisme.

On a des allégories utilisées: au pied tyrannie, danse représente la justice, euchalthree -> dans tyrannie, pas justice. Dans le
tableau on voit le peuple, 2 seigneurs, château, fief. Dans les effets du bon gouvernement: utile à la campagne, liberté, chaque
habitant peut avoir et être actif politiquement. La liberté politique est leur occupation. La liberté communale apparaît au XI/ XII
ème siècle, elle provient de l’Italie. Le conseil des sages? nouveau à l’autorité du système féodal: pluralisation, seigneur,
contrat… La peinture représente finalement un idéal mais ça ne se passe pas comme ça.

On a un rapprochement à la tranquillité de Montesquieu. La liberté politique peut participer à la vie commune “Res publica” et
économique, caractérisée/ offertes à des marchands présent des grands du seigneur. -> LIBERTÉ COMMUNALE. Le conseil
des sages est élu, système allocataire. Montesquieu fait une typologie par pur / impur: démocratie opposée au despotisme.
On a une distinction sur la base de la faune du gouvernement mais aussi sa vertue, ses autorisations (gloire? monarchie,
heureux? Aristocratie, affaire privée? despotisme).

Depuis le XI/ XII ème siècle, il y a ce qu’on appelle le mouvement communal en Europe, il se concentre en Italie. Ce
mouvement est caractérisé par le déclin féodal au profit d’une classe bourgeoise qui se regroupe en commune. Les communes
profitent des usages pour s’enrichir. Pour protéger leurs intérêts, ces classes vont mettre en place des gouvernements
autonomes. Lorenzetti tente de représenter ce système féodal. Les 6, pestes, famines, aspects financiers finissent par ruiner
ces communes. Depuis l’effondrement romain nous avons assisté à une moralisation du domaine pb. Par ce mouvement
communal, l’espace revient à nouveau à la cité. La commune manquera d’unité en s’opposant à la gestion du pouvoir. On
construit aussi des palais afin d’affirmer l’existence politique des communes. A Seuves, le palais est au centre de la ville.
Concernant la peinture, fresque communautaire/ la question des sages est citée afin de prescrire des dangers qui pouvaient
arriver au cas de la séduction/ les autorités, concentration du pouvoir. -> fresque était visible partout, dimension didactif. En
1883: Sienne a adopté un gouvernement élu indépendamment des aristocrates et de l’Eglise. Dans cette représentation de
l’idéal de la commune, elle doit assurer la sécurité en faveur de la liberté politique et économique. Sur les effets du bon
gouvernement, on peut voir sur le côté la campagne qui voulait et demeurait de plus grand pour modifier qu’ils sont pleinement
libres. On a tous les aspects d’un utile prospère, économique, politique…

sécurité garantie
sécurité totalement garantie, nu le plaisirs elles peuvent s’épanouir

Comment maintenir cette paix?

- principe de collégialité
- principe du mandat temporal (écho à la république)
- absence de contractualisation du pouvoir/ le conseil des sages
La peinture du bon gouvernement: Paix, est prête à prêter sa cuirasse -> montre que la paix est fragile

Cours:

Le mot féodalité dérive du mot “fevum” au “feudum” au “feodum” - 3 tenues au Xème siècle puis l’adjectif “féodalis” au XI ème
siècle. Def de la féodalité/ Gamstof dans un titre “Qu’est ce que la féodalité?” Il donne comme définition = ensemble
d’institutions créant et régissant des obligations d’obéissance et de service (principalement militaire) de la part d’un
homme libre du vassal, envers un autre homme libre du seigneur. -> ce lieu génère des obligations de protection et
d'entretien du seigneur et des obligations de protection et d'entretien ayant le plus souvent pour effet la concession du seigneur
au vassal d’un bien dit fief. Cette définition assez judiciaire met en avant les 2 composantes du système féodal: le vassal/
seigneur et le fief. On a une autre définition de Boutrouche, dans son ouvrage “seigneurie et féodalité”, 1957: “sous contrat
vassalique, sous fief, sous organisation et politiques fondés sur les liens pouvoir nature particulière, il n’y a pas de régime
féodal”.

Cependant ce système vassalique va au-delà d’un système de relation organisé autour du fief, base matériel. C’est
principalement la dimension sociale et économique qui a été clouée à la féodalité. Elle est un mode de domination, des
rapports économiques et sociaux, de dépendance qui conditionne l'ensemble des structures d’une société à une mesure
donnée. C’est un régime politique-social organisé autour de la vassalité et du fief avec une organisation politique et sociale.

A partir du XII ème siècle, les théoriciens et juristes étudient une organisation parfaitement structurée sur une double
hiérarchie. A partir de la seconde moitié du XIIème siècle, la royauté va constituer un contrepoids efficace au mouvement
politique né de la patrimonialisation/ désagrégation territoriale. On peut dire que cette vassalité discipliné avait été autocurée/
les carolingiens et réalisée de manière incomplète. Charlemagne et ses successeurs avaient un dans les vassaux royaux des
intermédiaires obligés qu’il aurait investi des prérogatives à l’égard de leurs propres vassaux. -> on voit déjà l'émergence d’un
système de pyramide féodale. Mais cette organisation va s’évanouir peu à peu sauf, Beauverie et Normandie où on voit
quelques résistances. En outre la société est divisé en trois cadres:

oratores= clergé, ceux qui prient. Différence entre le clergé régulier (les moines) et séculier (ceux qui s’occupent
de la discipline)
bellatores= ceux qui combattant, noblesse. Ils sont extraits de l’aristocratie franqs et carolingienne. Au XI ème
siècle, on y avait accès de manière assez ouverte mais c'est devenu plus étroit à partir du XIIIe s. Il restera
néanmoins pour y accéder la possibilité de se marier entre roturier et noble, ou encore par des lettres
d'accomplissement. On peut également rentrer dans la chevalerie par l’acquisition d’un fief. Les nobles ne paient pas
d'impôt, il paie le prix du sang par le combat. Ils prélèvent les impôts et les taxes pour assurer la sécurité du
domaine. C'est à partir du XIIIème siècle que les nobles commencent à payer des impôts de façon exceptionnelle
pour financer les croisades du XV ème. Cela deviendra permanent et leur offrira des privilèges
laboratores= ceux qui travaillent. c’est l’immense majorité de la population. On distingue les cerfs (qui dépendent du
seigneur), des roturiers (les petits paysans qui sont plus libres).

-> la place de la vassalité dans les rapports politique, juridictionnel, socio-économique … Au XI ème siècle, l’essentiel de la
richesse s’opère dans la propriété. Son organisation se calque sur la hiérarchie des hommes et du système de dépendance
personnel. On distingue le fief: la tenure noble des tenures serviles et roturières. Ainsi le montage juridique est fondé sur deux
éléments:

l'élément personnel c’est à dire la relation personnel entre le tenancier et le concédant -> dans le créancier qui
permet au créancier d’exiger du débiteur l’exécution de son engagement
l'élément réel: une relation fondée sur le concession d’un bien, le fief, Une obligation réel est une obligation attachée
à la prospérité ou à la possession d’une chose.

Cérémonie de l’hommage: il s’agit d’un tradition carolingienne (commendation)

1. vassal s’agenouille
2. vassale lie ses mains (datio) ou il remet ses mains dans les mains du seigneur
3. seigneur relève le vassal + baisé de fraternité (osculum)

Le contrat effectué est formalisé par la foi (c’est important dans un monde qui est de plus en plus chrétien). Le contrat contient
donc l’hommage + la foi + investiture du fief. Le seigneur procède à la montée du fief, souvent à cheval. Il lui remet une motte
de terre ou une épée, ce qui renvoie aux obligations (protection donc l’auxilium, l’aide donc le concilium, ou encore le contrat
de la terre). La sanction donne une dimension morale sur laquelle on peut s’interroger. La vassal est condamné de parjure et
le seigneur simplement de mauvaise foi. On constate un déséquilibre du contrat.
TD Séance 4: Politique et religion

Commentaire: Décret du Pape Nicolas II, 1059 (Monumenta Germaniae Historica, Constitutiones et Acta

Accroche: La date de 1059 marque l'émission d'une décision orale par le pape, qui revêt à la fois la nature d'un "statut
ecclésiastique" et d'un "décret", conférant ainsi à cette résolution une valeur juridique lui permettant d'intégrer les corpus de
droit canonique. En d'autres termes, bien que la décision émane du pape seul, mais puisant ainsi sa force juridique dans cette
approbation collective.

CV du texte: (titre, date, auteur, nature): Nicolas II fut le 160ème Souverain Pontife de l'Église catholique. Originaire du
château de Chevron-en-Bourgogne, il naquit sous le nom de Gérard. Avant son accession à la papauté, il occupait le siège
épiscopal de Florence. Son élection comme pape eut lieu à Sienne le 6 décembre 1056, orchestrée par les soins de
Hildebrand. Dès son avènement, il entreprend de libérer la papauté de l'emprise impériale. Il rendit l'âme à Florence en 1061.

Le document en question consiste en une série de canons adoptés lors du Concile de Rome, validés par Nicolas II et 113
évêques. Le synode de Latran désigne une assemblée ecclésiastique, convoquée le 13 avril dans le contexte de la réforme
grégorienne, un mouvement d'envergure visant à réformer l'Église au XIème siècle. Les dispositions énoncées portent
principalement sur la réforme que la condamnation du nicolaïsme et de la simonie. Nicolas II s'engage vigoureusement contre
ces pratiques déviantes.

Contexte historique/ Intérêt du texte, (typologie): Le moment phare de ce pontificat fut la convocation au Latran le 4 avril
1059, où deux décrets et treize canons furent édictés. Le premier décret stipule essentiellement qu'à la mort d'un pape, les
cardinaux-évêques se réuniront pour procéder à l'élection, afin de prévenir les désordres survenus lors de précédents scrutins.
Le second décret concède aux individus ordonnés par des simoniaques la possibilité de rester dans leurs ordres, mais cette
indulgence est accordée en raison du grand nombre de personnes ainsi ordonnées, rendant difficile l'application rigoureuse des
canons. C'est sur ce point que nous focaliserons notre attention.
L'intérêt de ce texte, dans le contexte de ce que les historiens ont ultérieurement désigné comme la réforme grégorienne,
réside dans l'examen de la manière dont Nicolas II s'oppose à ces dérives et des moyens qu'il déploie à cet effet.

Contexte juridique: C'est ainsi qu'entre le IXe et le Xe siècle, une confusion entre les clercs et les laïques émerge, alors que les
seigneurs, s'appropriant les biens de l'Église, estiment avoir le pouvoir de choisir les clercs à investir, dans l'espoir d'en tirer
profit financier. C'est dans ce contexte que certains papes réagissent contre cette confusion féodale qui entrave l'autorité
papale, et s'engagent dans la réforme grégorienne. Cette réforme s'étendra jusqu'au XIIIe siècle.

Problématisation, problématique: nous pouvons légitimement nous interroger sur la mesure dans laquelle le déclin et la
dégradation du prestige de la papauté, illustrés par de multiples scandales, pourraient être réversibles par une démonstration
de légitimité. Comment le pape Nicolas II envisage-t-il, à travers ce décret, une réforme substantielle et une réorganisation
profonde de l'Église catholique ? Enfin, par quels moyens juridiques Nicolas II prévoit-il de réaffirmer l'autorité suprême de la
papauté afin de contrer les dérives causées par l'influence de la féodalité ?

Annonce du plan: Nous allons nous intéresser d’un part à la réorganisation ecclésiastique légitime et impérieuse de la
papauté, qui lui redonne son indépendance grâce au décret de Nicolas II (I), d’autre part nous allons nous intéresser par
l’intermédiaire des canons, aux moyens de débarrasser l'Église des ces vices (II).

I- Une réorganisation ecclésiastique légitime et impérieuse

Nous allons voir dans un premier temps, que cette légitimation de l’Eglise passant par la réforme grégorienne comporte comme
socle la motivation du pouvoir divin (A), puis dans un deuxième temps, le processus fondateur visant à restaurer
l’indépendance de l’Eglise, passant par l'élection du Pape (B).

A- La réforme grégorienne, légitimée et motivé par le pouvoir divin

“Nicolas évêque, serviteur des serviteurs de Dieu à tous les évêques catholiques”, “en vertu de notre autorité apolistique”

La féodalité a engendré des répercussions tant sur la hiérarchisation des pouvoirs civils et temporels que sur l'organisation des
autorités ecclésiastiques. Depuis la conversion de Constantin, les rois francs ont exploité cette chrétienté, tirant parti de
l'influence de l'Église chrétienne pour légitimer leur autorité et la propager plus efficacement, en instrumentalisant des
structures ecclésiastiques à des fins de diffusion de leur message politique. Toutefois, l'Église jouissait également d'un
avantage, car elle exerçait une influence directe sur le pouvoir politique lui-même.

Au Xème siècle, l'empire carolingien a sombré, entraînant dans sa chute la structure de l'Église. En conséquence, au sein de
l'Église, le pouvoir s'est dispersé localement, se fragmentant et, à bien des égards, cessant d'être exercé pour des objectifs
sacrés et désintéressés, mais plutôt au bénéfice d'intérêts personnels. Une certaine conception du pouvoir s'est infiltrée dans
l'ordre ecclésiastique. L'Église a dû chercher des moyens de se libérer de l'emprise féodale à travers la réforme grégorienne.
“vigilance de notre responsabilité universelle…, nous prenons soin de vous faire connaître les canons établis… devant 113
évêques, sous notre indigne présidence”. “pour votre salut”.

La réforme grégorienne désigne un ensemble de mesures instaurées à partir du XIe siècle par plusieurs papes et évêques de
Rome, notamment sous l'influence prépondérante du pape Grégoire VII. Cette réforme est conçue comme un processus de
purification intégrale, et durable ayant des répercussions significatives à la fois sur l'Église elle-même et sur les pouvoirs civils.

Cependant, une réforme d'une telle ampleur ne peut être entreprise par quiconque. C'est pourquoi le nouveau pape est en
mesure de le faire, étant à la fois l'évêque de Rome et le primat de l'Église catholique, revêtant ainsi un rôle primordial, voire le
plus crucial. Dans cette démarche, il s'appuie largement sur sa légitimité à prendre de telles décisions, ce qui lui permet
également de consolider son pouvoir récemment acquis, ayant été élu pape en 1058. Il affirme sa responsabilité et assure agir
dans l'intérêt général. Il cherche à adopter une posture protectrice afin de rassurer la population et de démontrer qu'il agit dans
son intérêt.

On peut donc constater une volonté de placer Dieu au sommet de cette décision, facilitant ainsi son acceptation auprès des
fidèles.

B- Une réforme impérieuse visant à restaurer l'indépendance de l'Église; le processus traditionnel d'élection du pape.

“Il a donc été décidé devant DIeu, en premier lieu, que l'élection du pontife romain serait au pouvoir des cardinaux évêques.
“Quiconque serait donc intronisé sur le siège apolistique… qu’il ne soit pas regardé comme pape ou successeur des apôtres,
mais comme apostat”

Plusieurs papes ont œuvré à l'instauration de cette réforme, notamment Léon IX, Nicolas II et Grégoire VII. Ils ont contribué à
l'élaboration de cette réforme au cours d'une période d'environ cinquante années, traversant des luttes et des remises en
question avant de s'imposer de manière définitive et pérenne dans l'organisation de l'Église. La réforme a suivi deux axes, deux
ambitions, deux piliers fondamentaux. Le premier consistait à restaurer l'autorité de l'évêque de Rome sur l'ensemble de
l'Église. Ensuite, il s'agissait de garantir l'indépendance des clercs et des autorités ecclésiastiques vis-à-vis des pouvoirs civils.
Comment alors restaurer ou instaurer l'autorité de l'évêque de Rome sur toute l'Église?

Le premier pilier consisterait à établir une hiérarchie où la légitimité et l'autonomie de la position du pape dans sa désignation
sont affirmées. Dans cette optique, Léon IX et Nicolas II en particulier se sont appuyés sur des textes qui leur permettaient de
revendiquer un héritage, une succession glorieuse. Par conséquent, le pape se reconnaît le droit de choisir les évêques, de
contrôler la discipline ecclésiastique et de superviser les églises dans le monde. Cette idée a suscité des controverses. Les
Églises d'Orient, depuis Constantin, avaient progressivement pris leurs distances avec l'Église d'Occident, qui était sous
influence impériale. Ce différend s'est transformé en schisme. À partir de ce moment, les Églises orthodoxes se sont
distinguées de l'Église catholique. C'était le prix à payer pour maintenir cette Église unitaire. Ainsi, en agissant de la sorte, le
premier pilier de la réforme a été érigé.

À partir des réformateurs grégoriens et du XIe siècle, afin d'éviter que les rois et empereurs ne s'immiscent dans l'élection d'un
pape, il était nécessaire que cette élection soit exclusivement entre les mains des clercs. Le décret de Nicolas II en 1059,
stipulant que le pape est élu par les cardinaux réunis en conclave, et cette procédure maintenue à travers les âges, a manifesté
cette volonté d'établir l'indépendance ecclésiastique. Cette volonté a été suivie à tous les niveaux de la hiérarchie
ecclésiastique, chaque strate de l'Église ayant été réformée dans l'optique de garantir l'indépendance de chaque clerc.

“Que personne ne reçoive l’habit monastique avec l'espoir ou la promesse d’être fait abbé”. “Qu’aucun prêtre n'obtiennent en
même temps deux églises”

Une autre mesure est de protéger l’indépendance de l’autorité catholique vis-à-vis des autorités civiles, temporelles. On
constate une autre série de mesures pour préserver une parfaite autonomie. Le pape à la liberté sans être dépendant des
pouvoirs civils et temporels.

Les deux phrases prononcées par le pape Nicolas II en 1059 reflètent sa volonté de réformer et de réguler le clergé de l'Église
catholique. La première phrase montre son souci de prévenir les abus et les désordres dans les ordres monastiques. En
interdisant l'attribution de l'habit monastique avec la perspective d'être nommé abbé, Nicolas II cherche à empêcher les
individus de rejoindre les monastères dans l'espoir d'obtenir un poste de direction, plutôt que par un véritable appel religieux ou
spirituel. Cette mesure vise à garantir qualités spirituelles et leur mérite. La seconde phrase vise à limiter la concentration
excessive de pouvoir et de richesses entre les mains d'un seul prêtre, ce qui pourrait entraîner une négligence de leurs devoirs
spirituels envers les fidèles.
TRANSITION: En résumé, ces deux décrets de Nicolas II montrent son engagement à instaurer des normes et des pratiques
qui renforcent la piété et l'intégrité du clergé de l'Église catholique, tout en préservant l'ordre et la discipline au sein de
l'institution ecclésiastique.

II- L'aspiration à débarrasser l'Église de ses vices.

Nous allons aborder l’aspiration de débarrasser l'Église de ses vices, qui dans un premier temps procède par le désir d’abolir la
simonie (A), puis l’aspiration de mettre fin au nicolaïsme (B).

A- Le désir d’abolir la simonie

“Qu’en aucune manière, un prêtre ou clerc n'obtienne une église par l’intermédiaire des laïcs, gratuitement ou pour de l’argent”

Dès lors que l'empire carolingien a décliné, l'Église a également subi un effondrement, car les clercs jouissaient de la protection
des pouvoirs civils et la féodalité remettait en question l'organisation ecclésiastique. Elle a perdu de son influence sur la
population et les normes sociales, car la société féodale, caractérisée par la dispersion et la fragmentation du pouvoir, était
violente et s'éloignait des préceptes chrétiens. Dans ce contexte, les prêtres et la doctrine ont progressivement perdu leur
emprise et leur influence.

Par ailleurs, l'atomisation de la société féodale a eu des répercussions sur la structure ecclésiastique : les clercs et les églises
n'ont plus pu compter sur la protection des autorités civiles. Ils ont alors dû se rapprocher des individus les plus puissants, ceux
dont l'autorité était respectée, à savoir les seigneurs laïcs, afin d'obtenir leur tutelle sur les biens ecclésiastiques. Cette situation
a entraîné une confusion des rôles entre les clercs et les seigneurs, et dans de nombreux cas, les autorités civiles ont exercé
leur contrôle sur les biens et les investitures ecclésiastiques dès le Xe siècle. Il en a résulté une hybridation des pratiques
ecclésiastiques, amplifiée par le regain de pouvoir impérial sous le Saint-Empire romain germanique au début du Xe siècle. Les
empereurs eux-mêmes intervenaient dans la sélection des évêques et des papes. Ainsi, la féodalité et sa conception du
pouvoir ont profondément affecté la structure ecclésiastique.

“Que personne ne soit subordonné ou promit par l’hérésie simoniaque, à aucune charge écclésiastique”

Cette situation devient intolérable car elle révèle une déviation complète de la mission que se donnent les clercs. La dimension
spirituelle des responsabilités ecclésiastiques est détournée à des fins profanes, notamment d'ordre patrimonial. Deux
conséquences en découlent, dont la simonie, une pratique associée à Simon le Magicien. Selon ses enseignements, le monde
aurait été créé par les démons, ce qui entraînerait le piégeage des âmes dans ce monde afin d'empêcher leur émancipation
spirituelle. La solution qu'il avance consiste à acheter les charges ecclésiastiques, s'appropriant ainsi par le biais de l'argent
des biens d'ordre divin. Parallèlement, les autorités civiles s'emparent des responsabilités ecclésiastiques pour les monnayer.
En définitive, pour devenir prêtre ou évêque au Xe siècle, ou même pour être baptisé, il fallait payer.

Finalement, on constate que l’église connaît de nombreuses dérives, un éparpillement qui lui fait défaut et l’éloigne de son
aspiration spirituelle. Nicolas II s'engage à remédier à ce phénomène. Mais d’autres dérives subsistent.

B- L’aspiration de mettre fin au Nicolaisme

“Que personne n’entende la messe…, avec l’aide de Dieu”

Le simonisme engendre un autre vice, le nicolaïsme, une doctrine associée à Nicolas, du Ier siècle, qui était également
agnostique. Le nicolaïsme se manifeste par la débauche des prêtres, constituant ainsi un autre vice qui affecte profondément
l'Église à l'époque féodale. Cette situation conduit à une appropriation systématique des biens de l'Église, car les
ecclésiastiques ont tout intérêt à conserver ces biens en les transmettant à leurs descendants. Ces deux vices aboutissent à
une perte de vigueur de l'Église et à l'érosion de ses missions fondamentales. C'est pourquoi plusieurs papes du XIe siècle ont
décidé d'entreprendre des réformes d'envergure.

Le nicolaïsme se caractérise par la dépravation des prêtres, qui parfois en venaient à renier ouvertement leur vocation
première, qui aurait dû les limiter à se consacrer exclusivement à la voie du Christ. Cette doctrine est contraire aux principes
établis, car elle incite les prêtres à vouloir se marier et à fonder une famille, entraînant ainsi un trafic de biens ecclésiastiques
où les laïcs interviennent dans le choix des clercs.

Pour prévenir ces vices tout au long de la vie ecclésiastique, il est impératif qu'à aucun moment un seigneur, un roi ou un
empereur ne puisse intervenir dans la nomination des clercs, et qu'à aucun moment la vente de biens et de sacrements ne soit
tolérée. Il est donc nécessaire de reléguer l'autorité civile à l'écart et d'interdire le mariage des prêtres. À partir du XIe siècle,
l'objectif est de permettre à l'Église de se libérer de la féodalité et de se détacher des institutions temporelles, préservant ainsi
une stricte séparation entre ces deux sphères. Selon les papes grégoriens, il s'agit là du moyen le plus efficace pour échapper
à l'emprise féodale. La Réforme grégorienne confère à l'Église une autorité centrale et, dès le XIe siècle, l'Église catholique
acquiert une certaine autonomie.

CONCLUSION: En somme, le décret de 1059 répond aux contingences du moment et prend surtout en considération le
contexte au moment de sa rédaction. Il se compose d'un ensemble de dispositions juridiques très précises qui ajustent la
tradition du droit canonique. Ce décret établit les grandes lignes d'une procédure visant à rendre la papauté largement
indépendante de toute pression externe. Il énonce le principe de la nette subordination des laïcs au clergé en ce qui concerne
les affaires ecclésiastiques.

Cependant, les dispositions accordant un rôle prépondérant aux cardinaux évêques sont rapidement contestées. Bien que les
interventions des empereurs ou de l'aristocratie romaine dans les élections pontificales restent fréquentes par la suite, le décret
de 1059 atteint en grande partie son objectif en ôtant toute légitimité à ces interventions sur le plan juridique. Il convient
cependant de souligner que, comme c'est souvent le cas dans ce domaine, si le progrès juridique est significatif, il ne peut être
suffisant en lui-même : cette avancée juridique aurait donc nécessité une abondante réflexion théorique et la mise en œuvre de
stratégies politiques relativement subtiles pour être pleinement réalisée.

Cours:

Dans cette phase pré grégorienne, on note une effervescence intellectuelle de collection et d’interprétation des textes
canoniques. Pour faire face à cette crise, les intellectuels de l’époque vont chercher les causes originelles et les solutions
possibles pour résoudre des conflits (querelles d’investiture). C’est à partir de l’accession au trône du Léon IX en 1049 que
s'amorce des tentatives de domination de l'Eglise sur la société temporelle. Cet ancien de Toul est imprégné des idées
d’emprise d’empire -> libertates. Pour pouvoir mettre ce système en place, il fallait soigner l’institution écclésiastique. Un
certain nombre de religieux comme l’évêque de Attem présente les dangers et tentent de limiter les conséquences afin
d’assurer l’indépendance de l’Eglise.

Liberté pour choisir les titulaires des plus hautes fonctions de l’Eglise. Il faut attendre 1050 pour passer à l’action. Pierre
Damien, évêque d'ostie dénonce la simonie et le nicolaisme. Il insista auprès de la papauté pour intervenir à l'encontre de ses
pratiques. La réforme des mœurs ecclésiastiques devait s’accompagner de réforme étant trop contrôlée par les laïcs. La
cardinal Humbert sous Léon IX prépara l’ensemble de la réforme, il est pris de “reichskirchensystem”. Ce cardinal est pris de
ces idées et travaille à lancer une recherche systématique de texte qui légitime la priorité de l'Eglise romaine. Suite à cette
recherches, nous retrouverons sous une collection de 174 titres, qui est l'œuvre personnelle du cardinal, “De ordinando
pontifice”. Il se fait apôtre de la primauté romaine et condamne avec violence l’investiture laïque dans laquelle, il voit les causes
du nicolaïsme et de la simonie. Placé au sommet de la hiérarchie, le Pape devait être le symbole vivant de la suprématie
romaine. Il ne fallait pas que l’investiture des clercs reviennent au pouvoir temporel. Tous les abus devaient être fermement
condamnés.

Les prémices de la réforme grégorienne coupa aussi les ponts avec l’Eglise d’orient. Et c’est le schisme en 1054,
différenciation entre l'Eglise d’orient et celle d’occident, ou la patriarche de constantinople est excommunié. La restauration de
l’autorité pontificale se fait en plusieurs étapes.

1. Primauté
2. Lutte contre les abus

Cette restauration est l’objet du décret de 1059, synode convoqué à Lathan par la pape Nicolas II et auquel assistait le futur
grégoire VII. Désormais, l’élection pontificale sera confiée aux seuls cardinaux.

cardinaux évêques (au dessus de la pyramide -> au plus proche de rome)


cardinaux prêtres
cardinaux diacre

Dans la première moitié du XI ème siècle, ces cardinaux deviennent un véritable instrument de l'Eglise. Appelé par décret à
élire le pape, il constitue le sacré collège. L'empereur s’en trouve totalement écarté et les intrigues de l'élection romaines
proviennent de l'élite. Cela a permis à l'église forte de retrouver son indépendance, et d'envisager de mettre un terme aux
abus. Le synode de 1059 avait interdit aux clercs/prêtres de recevoir une église d’un laïc gratuitement ou même payante. Était
condemandé toute ingérence du pouvoir dans l’attribution et l’investiture. Ce fut peu suivit dans les faits et un décret de 1O75
frappa d'interdits les ecclésiastiques qui contreviennent aux règles morales. Pour faire appliquer cette mesure difficile, il faut
prendre des sanctions, on envoie des légats sur tout le territoire chértien. Le morcellement politique favorisa l’action de la
papauté au contraire de la Germanie, ou l'empereur voulait conserver le droit qu'il exerçait sur les évêchés et abbays et auquel
il attribuait de la puissance publique.
On a eu des tensions entre les grégoriens (qui voulait revenir aux usages primitifs de l'Eglise en interdisant l'investiture laïque)
et l'empereur Henri IV et son clergé (qui affirme que cette pratique est courante depuis plus d’un siècle, cristallisation). Querelle
entre Henri IV et Grégoire VII.

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