Etude Maintien - 25 - 03 - 2014-1
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Etude Maintien - 25 - 03 - 2014-1
Consultant
Pr Aka Adou
REMERCIEMENTS
Nos remerciements sincères vont également à tous ceux qui, sur le terrain à
un titre ou à un autre, nous ont permis d’accéder aux données nécessaires.
CONSULTANT
2
Sommaire
3
LISTE DES ACRONYMES
de l’Ouest
UNGEI :
4
LISTE DES TABLEAUX
5
LISTES DES FIGURES
Figure 1 : Proportion des filles inscrites sur l’ensemble des sites ......................................................... 25
Figure 2 : Proportion des filles dans les effectifs des classes de 2009 à 2012 dans la DRENET de
Sassandra............................................................................................................................................... 26
Figure 3 : Proportion des filles dans la DRENET d’Abobo.......................... Error! Bookmark not defined.
Figure 4 : Proportion des filles dans la DRENET de Bondoukou ................ Error! Bookmark not defined.
Figure 5 : Proportion des filles dans la DRENET de Séguéla .................................................................. 28
Figure 6 : Motif des abandons scolairesdes filles dans l’IEP Bondoukou 2 ............. Error! Bookmark not
defined.
Figure 7 : Les quatre premières causes réelles identifiées par les apprenants sur les quatre sites de
l’étude ................................................................................................................................................... 40
Figure 8 :Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon
l’ensemble des enseignants ...................................................................... Error! Bookmark not defined.
Figure 9 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon les
enseignants de la DRENET d’Abidjan 4 ............................................................................................... 54
Figure 10 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon les
enseignants de la DRENET Bondoukou ............................................................................................... 55
Figure 11 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon les
enseignants de Sassandra....................................................................................................................... 56
Figure 12 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon les
enseignants de Séguéla .......................................................................................................................... 57
6
I. RESUME EXECUTIF
7
12- Quatre sites ont été retenus à cet effet. Il s’agit des Directions Régionales de
l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique (DRENET) Abidjan 4,
Bondoukou, Sassandra et Séguéla.
13- Ont été interrogés les Directeurs Régionaux, les Inspecteurs de l’Enseignement
Primaire, les Conseillers Pédagogiques de Secteur, les Directeurs d’Ecole, les
Instituteurs, les Parents d’Elèves, les responsables de COGES, les leaders de
communautés, les élèves et les filles déscolarisées.
14- Les techniques de recueil de données utilisées lors de l’étude sont l’analyse
documentaire, le questionnaire, l’entretien individuel et de groupe (Focus group), et le
récit de vie.
15- Les données disponibles montrent que le phénomène existe bien et que la déperdition
commence à partir de la classe de CE2.
16- On note que les stratégies passées et présentes expérimentées dans le cadre de la lutte
contre le non maintien des filles à l’école se sont pour l’essentiel, limitées à quelques
initiatives dont nombre sont individuelles et/ou privées (campagnes de sensibilisation,
intervention des ONG, discours officiels, etc.). Par ailleurs, le manque d’ampleur, de
soutien, de cohérence , de suivi et l’insuffisance des moyens qui les ont marquées ne
leur ont pas permis de donner les résultats qu’on aurait pu en attendre.
17- La présente étude fait ressortir pour l’ensemble des apprenants enquêtés, diverses
causes du non maintien des filles à l’école, à savoir: les grossesses précoces (56,57%),
les mariages précoces (40,64), la pauvreté des parents(36,85),les redoublements
répétés (36,45%), la santé de la fille(27,49), le manque de motivation (25,10%), les
travaux champêtres (24,30%), les travaux domestiques (24,10%), le manque d’effort
personnel(24,10),la santé des parents (22,71%), la guerre (21,51%), la mort d’un
parent (20,32)%, les cotisations COGES (19, 32), la violence physique (17,33%), le
nombre d’enfants à scolariser(16,73), le harcèlement sexuel (16,53%), la violence
morale (15,74%), l’absence de cantine (14,54%), l’éloignement de l’école (13,94%),
et l’absence de latrines à l’école (13,15%).
18- L’analyse des différentes données collectées sur les sites de l’étude, conduit à relever
que l’explication de l’abandon, (connaissance des causes) ne préoccupe pas outre
mesure, les responsables interrogés. Cela ressort bien dans une des Inspections de
8
l’Enseignement Primaire où dans près de 90% des cas, les causes réelles d’abandon
sont inconnues.
19- Le profil des filles qui abandonnent est caractérisé par deux facteurs principaux :
les facteurs liés aux parents (pauvreté, analphabétisme, appartenance à la
religion musulmane, etc.) ;
les facteurs propres à la fille (redoublement répété, âge avancé, niveau d’étude
CE et CM, etc.).
20- Par rapport à l’ensemble des causes ou explications du non maintien des filles à
l’école, les enquêtés proposent un ensemble de solutions dont les plus importantes
sont : l’encadrement moral, l’éducation à la santé de la reproduction, la prise en charge
intégrale de la jeune fille à l’école, etc.
21- Les recommandations ont été proposées dont quelques- unes suivent: mise en place
d’une politique cohérente pour la scolarisation des filles ; sensibilisation à l’aide des
medias nationaux; réduction des effets de la pauvreté des parents sur la scolarisation
des filles, etc.
22- A l’attention du demandeur de l’étude, des solutions et recommandations et un plan
d’action ont été proposés.
9
II. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
La Côte d’Ivoire, pays situé en Afrique de l’Ouest a acquis son indépendance en 1960. Plus
de cinquante années après son indépendance, le pays figure dans la catégorie des pays à faible
développement humain.
De 2002 à 2010, le pays a connu une crise militaro-politique qui a fortement influencé de
façon négative ses structures sociales. Aujourd’hui, la paix est de retour. Les gouvernants
actuels ambitionnent de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’orée 2020.
Pour atteindre cet objectif, le pays tente de mettre en œuvre plusieurs programmes mais
s’associe également à différents partenaires susceptibles de l’aider de façon efficace. C’est
dans ce cadre que la Côte d’Ivoire affiche son désir de répondre aux critères d’éligibilité aux
fonds ouverts dans le cadre du Millenium Challenge Corporation (MCC).
Le Millenium Challenge Corporation est un programme américain qui finance et soutient des
projets de lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. L’éligibilité à ce
programme est subordonnée à l’observation par les pays intéressés d’un certain nombre
d’indicateurs de performance. Parmi ces indicateurs, se trouve en bonne place le taux
d’achèvement des études primaires pour les jeunes filles.
C’est pourquoi, depuis novembre 2011, la Côte d’Ivoire considérée comme un pays pouvant
prétendre à l’éligibilité au Programme MCC entend travailler à améliorer entre autre celui non
seulement de la scolarisation des filles mais plus particulièrement de leur maintien à l’école
jusqu’à l’achèvement du cycle primaire. Il s’agira de porter le taux d’achèvement (51,5%) du
cycle primaire pour les filles à plus de 70%, soit environ 75.000 filles supplémentaires. Il faut
donc agir sur les leviers pouvant permettre d’atteindre cet objectif. Pour y arriver, il est
important d’identifier les obstacles majeurs pouvant expliquer les disparités de genre au
niveau notamment du maintien des filles dans le cycle primaire.
La présente étude initiée par le Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement
Technique (MENET) s’inscrit dans cette perspective et a pour prétention d’aider à
comprendre les pesanteurs qui influencent de façon négative le maintien de la fille à l’école
primaire. La connaissance de celles-ci devrait permettre l’élaboration et la mise en œuvre de
stratégies idoines pour favoriser l’achèvement du cycle primaire par les filles.
10
III. PROBLÉMATIQUE
Aux lendemains des indépendances africaines, de nombreux projets de développement mis en
œuvre n’ont pas donné de résultats satisfaisants parce qu’ils négligeaient les femmes. Fort des
enseignements tirés, les autorités politiques du continent, conscientes du rôle de la femme et
de son importance dans toutes les activités de développement, n’ont de cesse d’affirmer leur
volonté et leur engagement à éduquer et à scolariser les filles.
La question de la place de la femme dans le développement socioéconomique et culturel est si
importante qu’elle ne requiert plus de débats particuliers aujourd’hui. En effet, allouer des
ressources en vue d’une éducation de qualité des filles est aujourd’hui reconnu comme l’un
des meilleurs investissements que tout Etat, toute société responsable doit réaliser.
Il est reconnu de par le monde que l'éducation des filles contribue de manière significative à
améliorer la santé maternelle, la situation nutritionnelle des ménages, à réduire la mortalité
infantile et à augmenter la force de travail potentielle ainsi que les possibilités de croissance
économique. Subséquemment, surmonter les obstacles à l'éducation des filles est essentiel
pour relever les défis du développement. C’est pourquoi des conférences, des forums et des
colloques sont organisés dans le monde et en Afrique. Le but de ces activités est de débattre
des questions d’éducation en vue de trouver des réponses adéquates aux problèmes de
scolarisation et du maintien des filles à l’école qui se posent toujours avec acuité.
Aussi, la conférence mondiale sur l’Education Pour Tous tenue à Jomtien (Thailande) en
1990, a-t-elle abouti à l’adoption d’une déclaration intitulée «Répondre aux besoins éducatifs
fondamentaux». Dans son préambule, cette déclaration mondiale avait fait un état des lieux de
l’éducation dans le monde. En effet, elle indiquait que plus de 100 millions d’enfants, dont au
moins 60 millions de filles n’ont pas accès à l’enseignement primaire.
Plus de 960 millions d’adultes, dont 2/3 de femmes, sont analphabètes. La déclaration
soulignait également que plus de 100 millions d’enfants et d’innombrables adultes
n’arrivaient pas à achever le cycle éducatif de base entamé et que des millions d’autres
l’achèvent sans toutefois pouvoir acquérir le niveau de connaissance et de compétences
nécessaires. En outre, cette conférence demandait aux dirigeants mondiaux de tout mettre en
œuvre pour insister sur l’éducation de base des filles afin de combler le fossé entre les sexes.
En d’autres termes, les gouvernants avaient été interpellés sur la nécessité de scolariser les
filles et de les maintenir jusqu’à l’achèvement du cycle primaire. Ces aspects avaient été
11
identifiés à Jomtien comme des priorités critiques, mais les progrès vers ces buts se sont
avérés assez lents au cours de cette décennie.
Deux décennies plus tard, en Afrique subsaharienne, on observe qu’au fur et à mesure que les
filles et les garçons progressent dans l’enseignement primaire, l’écart se creuse entre les deux
sexes. En effet, les filles ont moins de chance d’achever leur cycle primaire que les garçons. Il
est vrai que ces dernières années, des progrès ont été constatés dans l’achèvement du cycle
primaire, mais les disparités de sexe demeurent toujours importantes. En effet, dans la plupart
des pays africains, le constat est clair : les filles ont moins de chance d’achever le cycle
primaire.
D’une manière générale, les statistiques des organisations internationales (UNESCO, PNUD,
UNICEF, etc.) indiquent que la population féminine est celle qui est la plus touchée par la
sous-scolarisation et les déperditions scolaires dans l’enseignement primaire. Il faut cependant
souligner que les motifs d’abandon scolaire des filles peuvent varier selon les pays avec
d’importantes disparités régionales, communautaires ou ethniques.
En Côte d’Ivoire, plusieurs décennies après l’indépendance, bien que l’éducation soit
reconnue comme un droit fondamental, on constate toujours que des disparités importantes en
termes de genre existent. Au niveau de l’éducation primaire universelle, d’énormes progrès
ont certes été réalisés, cependant entre les garçons et les filles, il reste des fossés considérables
à combler.
Ces disparités en termes de genre en défaveur des filles sont observables et constituent, sans
aucun doute, une préoccupation majeure pour les autorités de l’Education Nationale. Le taux
brut de scolarisation a évolué de 2006 à 2012. Pour les filles, il est passé de 66 à 83,2% soit
17,2 points de croissance. Pour les garçons, il a évolué de 76 à 95,1% soit 19,1 points.
On a aussi constaté qu’un écart existe au niveau du taux d’achèvement du cycle primaire. En
effet, on est passé d’un taux d’achèvement de 41,1% chez les filles en 2008-2009 à 51,5% en
2011-2012, soit une hausse de 10,4 points, contre 55,7% et 66,3% chez les garçons sur la
même période, soit une hausse de 10,6 points (Source DPES). On voit donc que, même si le
taux d’achèvement au primaire pour les jeunes filles a connu une légère hausse (de 41,1% à
51,5%), l’espérance de vie scolaire de ces dernières est plus faible que celle des garçons.
Les indicateurs de maintien scolaire sont défavorables aux filles. En effet, elles sont
majoritaires au sein de la population qui abandonne l’école avant la cinquième année du
primaire. Aussi, l’écart entre les taux d’achèvement des filles et des garçons s’élève-t-il à 16,7
points de pourcentage pour l’année scolaire 2008-2009 et 11,8 points pour l’année scolaire
2011-2012. Cet écart est certes en baisse, mais il reste tout de même important. Il apparait
12
ainsi évident que les dirigeants devront surtout axer leurs efforts sur le développement des
conditions d’achèvement des études primaires par la jeune fille.
Par rapport à l’atteinte des objectifs de l’EPT et aux contraintes liées à l’éligibilité de la Côte
d’Ivoire au Millenium Challenge Corporation (MCC), la situation est donc préoccupante et
suscite la question centrale suivante :
Quels sont les piliers sur lesquels le décideur pourrait s’appuyer pour développer une
politique favorable à l’achèvement du cycle primaire par les filles ?
En d’autres termes :
Quelles sont les stratégies, programmes et actions mis en œuvre pour le maintien de la
jeune fille dans le cycle primaire ?
Quels sont les facteurs explicatifs des disparités de maintien en défaveur des filles ?
Quelles actions mettre en œuvre pour l’amélioration du taux d’achèvement du cycle
primaire par les filles ?
IV. OBJECTIFS
Les objectifs visés par la présente étude sont les suivants :
V. HYPOTHÈSES
Elles se décomposent en une hypothèse générale et des hypothèses spécifiques.
5.1 Hypothèse générale
13
La résolution efficace du problème du maintien des filles à l’école dépend d’un ensemble de
piliers (économique, culturel, religieux, etc.) susceptibles de constituer la base d’une politique
cohérente de lutte contre l’abandon des études par les filles avant la fin du cycle primaire.
5.2 Hypothèses spécifiques
Le maintien de la jeune fille dans le cycle primaire dépend de l’environnement socio
économique et culturel dans lequel elle évolue.
Le faible taux de maintien des filles à l’école s’explique par l’inefficacité des
stratégies mises en œuvre jusqu’à ce jour.
14
VI. REVUE DE LA LITTÉRATURE
La littérature relative au maintien des filles à l’école primaire est abondante. D’une manière
générale, ces études posent pratiquement les mêmes problèmes et donnent des explications
socioéconomiques et structurelles au non achèvement du cycle primaire par les filles. Dédy,
Bih et Koné (1997) identifient des déterminants familiaux objectifs et subjectifs qui affectent
les comportements de scolarisation et de maintien des filles à l’école. Pour eux, la priorité
accordée aux rôles futurs des filles comme épouses et mères dans les sociétés traditionnelles,
influence considérablement et de manière négative leur accès et leur maintien dans le système
éducatif.
L’étude réalisée par Tapé et Bih (1996) met en évidence les facteurs qui entravent la
scolarisation et la bonne performance des filles dans la région du Nord réputée pour son taux
très faible de scolarisation des filles. Cette étude a identifié des freins d’ordre géographique,
psychologique, financier et socioculturel. Au niveau géographique, les auteurs estiment que
l’enclavement des régions et la distance du domicile par rapport à l’école ne facilitent pas le
maintien des filles dans le cursus scolaire. Du point de vue psychologique, ils révèlent que les
grossesses précoces, l’échec scolaire et tout ce qui est lié au mariage sont des obstacles
majeurs à la scolarisation et au maintien des filles dans le cycle primaire. Au niveau
socioculturel, les représentations que se font les parents de l’école, les préjugés et les
stéréotypes sur les rôles sexistes, sont identifiés par les auteurs comme étant des freins à
l’achèvement du cycle primaire par les jeunes filles. Enfin, il y a l’aspect économique et
financier que les mêmes auteurs ont relevé comme l’un des freins au maintien des filles à
l’école primaire. Il s’agit de l’extrême pauvreté des parents, des coûts d’écolage et du coût
d’opportunité. S’agissant des solutions ces études préconisent dans l’ensemble la
sensibilisation des acteurs et la mise en œuvre d’une politique d’éducation singulièrement en
faveur de la zone Nord du pays pour améliorer l’accès et le maintien des filles à l’école.
Selon le rapport de l’École Pour Tous (2004), l’inégalité dans le domaine de l’éducation est
due à des forces profondes qui agissent sur la société. Ces forces vont au-delà des frontières
de l’éducation. Toutefois, on peut noter que dans l’ensemble de l’Afrique noire, les
recherches empiriques réalisées montrent que le succès scolaire des filles est souvent
tributaire de toute une série de facteurs liés au statut socioéconomique (Diokhané, Diallo, Sy
et Touré, 1999 ; Diallo, Guissé et Ndiaye, 2000). Ces études ont identifié des freins d’ordre
géographique, psychologique et socioculturel, à savoir l’éloignement du domicile de l’école,
les questions de mariage précoce et de grossesse.
15
Plus de dix ans après le forum de Dakar, le Rapport OMD 2012 faisant un état des lieux de
l’Education Pour Tous, constate que des progrès ont été réalisés en ce qui concerne la
scolarisation au niveau du primaire. Cependant, les taux d’achèvement du cycle primaire,
constatent les auteurs du rapport, sont moins satisfaisants, et tombent même à 33% dans
certains pays. Ils notent que les filles sont plus nombreuses que les garçons à quitter l’école,
de sorte qu’elles affichent des taux d’achèvement inferieurs. Selon le rapport, dans bien des
pays africains, le taux d’achèvement du cycle primaire des garçons dépasse largement celui
des filles. Les auteurs du Rapport OMD 2012 ont identifié plusieurs facteurs explicatifs des
écarts entre le taux d’achèvement du cycle primaire chez les filles et chez les garçons. Pour
eux, ces facteurs peuvent être classés en trois catégories, à savoir, les facteurs individuels tels
que le mauvais état de santé et la malnutrition, les facteurs portant sur la situation des
ménages, comme par exemple le travail des enfants et la pauvreté des familles, et enfin les
facteurs scolaires, comme la situation géographique de l’école, l’absentéisme des enseignants
ou la mauvaise qualité des enseignements dispensés. Iversen (2012) identifie les mêmes
obstacles que les auteurs précédemment cités. Pour lui, les facteurs qui influencent l’accès et
la rétention d’une fille à l'école sont complexes et dynamiques. Il s’agit, selon elle, de la
pauvreté, de la localisation de l’école par rapport au lieu d’habitation, des stéréotypes sexuels,
des normes sociales, des coutumes et des pratiques préjudiciables qui forment un réseau
changeant et interconnecté, à travers lequel les filles, leurs familles et leurs communautés
doivent quotidiennement naviguer.
Galy et Alou (2004) regroupent les causes de la sous-scolarisation et du non maintien des
filles en quatre catégories, à savoir les facteurs pédagogiques (quantité et qualité des
équipements scolaires, qualité des enseignants, éloignement de l’école, etc.), les facteurs
socioculturels (mariage précoce, préférence donnée par les parents à l’apprentissage des
garçons, etc.), les facteurs économiques (coûts liés à la scolarisation), les facteurs politiques
et institutionnels (une crise budgétaire et l’insuffisance des dépenses publiques affectées à
l’éducation, manque d’enseignants et surtout de femmes enseignantes).
En plus des causes citées par les auteurs ci-dessus, Illou (2011), évoque des obstacles d’ordre
religieux et l’analphabétisme des parents comme causes de la sous-scolarisation et du non
maintien des filles à l’école primaire. Mais contrairement à ces auteurs, le PNUD Côte
d’Ivoire (2012) soutient que le manque et l’insuffisance des cantines scolaires constituent des
facteurs explicatifs du non achèvement du cycle primaire par les filles. En outre, on estime
que l’entrée tardive des enfants en première année du cycle primaire est un obstacle à la
16
réalisation de l’enseignement primaire universel. L’âge souvent trop élevé peut aussi conduire
les élèves, et principalement les filles à abandonner l’école (UNESCO, 2012).
En Côte d’Ivoire, le Ministère du Plan et du Développement (2012) estime qu’en plus des
problèmes structurels liés à l’accès et à l’encadrement, le système éducatif ivoirien est
confronté à d’autres problèmes sociaux qui constituent un frein à l’accès et au maintien à
l’école des élèves vulnérables et particulièrement la jeune fille. Il s’agit de la pandémie du
VIH/SIDA, des grossesses précoces, de la violence en milieu scolaire, de l’introduction de la
politique à l’école et de l’absence d’extraits d’acte de naissance.
Le Programme de développement des réseaux pour l’éducation en Afrique de l’Ouest
(PRODERE-AO) met en exergue les déperditions scolaires qui sont un frein à l’éducation en
Afrique de l’ouest et leur origine. Pour le PRODERE-AO (2010), les causes de l’abandon en
cours de scolarité sont multiples. Elles peuvent tout d’abord être sociales. En effet, certaines
familles pauvres ne peuvent pas faire face aux frais de scolarité de leurs enfants: taxes
d’écolage, fournitures scolaires, frais d’uniforme. Cette pauvreté nécessite parfois le travail de
l’enfant dans les champs ou dans les ateliers.
Les abandons sont dus également aux carences en équipement : éloignement de l’école ou
écoles à cycle incomplet, manque de cantines, absence de latrines, etc. Enfin ces causes
peuvent être pédagogiques: l’échec scolaire marqué par la faiblesse des acquis et le
redoublement décourage l’enfant et la famille et ne justifie plus les efforts consentis.
Certains facteurs touchent plus spécialement le maintien des filles à l’école. En effet, elles
sont trop souvent l’objet de violences et de harcèlements, notamment quand elles abordent
une phase importante et délicate de leur développement, l’adolescence. Victimes d’abus
sexuels, elles abandonnent l’école parfois pour cause de grossesse précoce. Les attitudes et
comportements de certains enseignants, les modèles stéréotypés véhiculés par les manuels
sont aussi des causes de découragement.
Comme on le constate, les causes du faible taux d’achèvement évoquées par les auteurs et les
organisations impliquées dans le domaine éducatif sont sensiblement les mêmes. Elles portent
sur les problèmes socioéconomiques, la violence à l’école, les problèmes pédagogiques, les
problèmes de grossesse précoce et de mariage précoce, les représentations sociales des
femmes dans la société, la mauvaise qualité de l’enseignement, la situation géographique de
l’école par rapport au lieu de résidence.
Pour favoriser le maintien des filles à l’école primaire, plusieurs actions doivent être
entreprises. De ce fait, Le Rapport OMD 2012 indique que pour améliorer le taux
d’achèvement du primaire, les gouvernements doivent parvenir à établir un équilibre entre
17
d’une part, les politiques et les interventions visant à améliorer l’accès à l’éducation et la
parité de genre dans l’inscription scolaire, et d’autre part, les politiques et les interventions
touchant à la rétention et à la performance scolaire, qui sont associées à la qualité et à la
pertinence de l’éducation. Le rapport préconise aussi l’augmentation des ressources allouées à
l’éducation et la bonne gouvernance.
D’autres études préconisent que l’accent soit mis sur la sensibilisation des populations et la
mise en œuvre d’une politique d’éducation singulièrement favorable à l’accès et au maintien
des filles à l’école (Dédy,Bih et Koné (1997) ; Tapé, Bih (1996). Cette politique devra
prendre en compte les environnements économique, familial, scolaire, politique et
institutionnel. Au niveau économique, ces auteurs estiment que la réduction des frais
d’écolage pour les filles est un élément important pour leur maintien dans le cycle primaire.
Au niveau familial, ils révèlent qu’une réduction des travaux domestiques et la satisfaction
des besoins matériels et scolaires constitueraient un pas décisif vers le maintien des filles à
l’école. En ce qui concerne le milieu scolaire, les auteurs préconisent l’introduction de
l’éducation sexuelle à l’école. Enfin, au niveau politique et institutionnel, ils estiment qu’il
faut sanctionner les enseignants indélicats et les auteurs du harcèlement sexuel. Dans cette
même optique, il faut, selon eux, impliquer tous les acteurs du système éducatif dans la prise
de décision.
Comme on peut le constater, sur la question de la scolarisation de la petite fille, la littérature
est abondante. Cependant, la plupart de ces études ont été menées en dehors de la Côte
d’Ivoire. Même celles qui concernent la Côte d’Ivoire, n’ont pas suffisamment insisté sur la
question du maintien de la jeune fille à l’école d’où l’intérêt de la présente étude.
18
VII. MÉTHODOLOGIE
Cette partie du travail présente les sites, la population, l’échantillonnage, les instruments de
collecte et d’analyse des données de l’étude.
7.1 Sites de l’étude
Étant donné que notre étude porte sur les déterminants du maintien de la jeune fille dans
l’enseignement primaire en Côte d’Ivoire, toutes les localités (villages, villes, campements)
sont susceptibles de faire l’objet d’enquête. Cependant, nous avons fait le choix de quatre
régions pour la réalisation de l’enquête. Il s’agit :
- de la région du Gbôklé au Sud Ouest : DRENET de Sassandra
- de la région du Gontougo au Nord Est : DRENET de Bondoukou
- de la région du Kabadougou au Nord Ouest : DRENET de Séguéla
- du district d’Abidjan : DRENET Abidjan 4
Le choix de ces quatre sites n’est pas anodin. En effet, le choix des trois premiers sites
d’études se justifie par le fait qu’il s’agit de zones de sous scolarisation et surtout de
déscolarisation de la jeune fille. Les régions de Gboklé et celle du Gontougo sont reconnues
comme des zones où le phénomène étudié est endémique (MICS 2006). La région du
Kabadougou est, quant à elle, fait partie de l’ex zone CNO où la crise a fortement affecté les
structures sociales, principalement celles de l’éducation. Ainsi la scolarisation des enfants en
général, spécialement celle des filles a baissé.
Dans le district d’Abidjan, la DRENET d’Abidjan 4 a été retenue comme une zone témoin en
raison de la faiblesse relative des statistiques concernant la scolarisation et le maintien des
filles. C’est une zone de sous scolarisation des filles dans le district d’Abidjan.
L’enquête dans ces quatre localités a permis d’appréhender, dans sa globalité, la question du
maintien de la jeune fille à l’école primaire en Côte d’Ivoire, tant en milieu rural qu’urbain.
Dans chacune des DRENET identifiées, deux Inspections de l’Enseignement Primaire ont été
choisies où la déperdition scolaire des filles s’observe. Dans les DRENET de Sassandra et de
Séguéla où il n’y a que respectivement deux IEP, la question du choix ne se posait pas. Par
contre, dans les DRENET d’Abidjan 4 et de Bondoukou, le choix des ces IEP s’est fait avec
l’aide des Directeurs Régionaux de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique.
Dans chacune des IEP, deux écoles primaires publiques ont été identifiées avec l’aide des
Inspecteurs sur la base du taux de maintien des filles (relativement élevé ou faible), soit au
total huit (8) Inspections de l’Enseignement Primaire et seize (16) écoles primaires.
19
Tableau 1:Sites de l’étude
20
-des ONG internationales et nationales intervenant dans le domaine de l’éducation des
filles.
Pour la constitution de l’échantillon de l’étude, nous avons utilisé la technique du sondage par
choix raisonné. Dans chaque école primaire, 40 élèves du Cours Moyen ont été choisis en
raison de 10 filles et 10 garçons au CM1 et 10 filles et 10 garçons au CM2, soit au total 640
élevés interrogés. Le choix des élèves a été fait sur la base du nombre d’années passées à
l’école et de leur capacité à comprendre et à renseigner le questionnaire.
Dans chaque école, tous les enseignants ont été interrogés (6 par école), soit un total de 96.
7.3 Instruments de collecte des données
Les instruments utilisés pour la collecte des données qualitatives et quantitatives sont : le
guide d’entretien individuel, le guide d’entretien de groupe, le questionnaire, la grille
d’observation des écoles et la grille de collecte de données statistiques. Les données ont été
collectées dans la période du 7 au 18 octobre 2013.
7.3.1 Questionnaire
Deux types de questionnaires ont été utilisés (Tableau 2). Un questionnaire d’évocation
adressé aux enseignants a permis de connaitre leurs représentations sociales des causes du non
maintien scolaire des filles et les solutions proposées. Ce questionnaire a consisté à demander
à l’enquêté les mots et expressions qui lui viennent à l’esprit par rapport aux mots inducteurs
Dans cette étude, les mots inducteurs sont : causes de non maintien, image de la femme dans
la société et solutions pour le maintien scolaire des filles.
Un autre questionnaire a été adressé aux élèves du Cours Moyen dans l’optique d’appréhender
les raisons du non maintien des filles à l’école. Ce questionnaire était structuré en trois
parties : identification des causes probables du non maintien des filles à l’école, identification
des causes ayant conduit effectivement une fille qu’ils connaissent à quitter l’école,
propositions de solutions pour le maintien des filles à l’école.
Concernant la procédure d’administration des questionnaires deux voies ont été choisies. La
première voie, c’était l’auto-administration par les enseignants du questionnaire d’évocation
après explication des enquêteurs. La seconde voie, c’était l’administration du questionnaire
aux élèves assisté par un enquêteur. Réunis dans une salle de classe et sous la supervision
d’un enquêteur, les élèves remplissaient le questionnaire après explication et clarification des
items.
Le tableau 2 ci-dessous indique le nombre de questionnaires effectivement remplis par rapport
à l’échantillon (enseignants et élèves) prévu. Quant au tableau 3, il présente la répartition des
élèves enquêtés par DRENET, niveau d’étude (CM1 et CM2) et genre.
21
Tableau 2 : Nombre de questionnaires prévus et réalisés
CM1 CM2
DRENET Total %
Masculin Féminin Masculin Féminin
Abidjan 4 31 69 23 31 154 24,80
Bondoukou 18 17 59 66 160 25,76
Sassandra 39 34 43 31 147 23,67
Séguéla 40 38 40 42 160 25,76
Total 128 158 165 170 621 100,00
% 20,61 25,44 26,57 27,38 100,00
Par rapport à l’échantillon prévu (640 élèves), 621 ont effectivement participé à l’enquête, soit
un taux de réalisation de 97,03%. On note également que 52,82% des élèves enquêtés sont des
filles. Cette situation pourrait s’expliquer par la configuration de certaines classes dont le
nombre d’élèves des classes de CM1 et CM2 était parfois inférieur à 40.
7.3.2 Entretiens
Deux types d’entretiens ont été réalisés: des entretiens individuels et des entretiens de groupe
(Tableau 4). Les entretiens étaient articulés autour de trois axes : les stratégies passées et
présentes pour le maintien des filles à l’école, les causes de non maintien des filles et les
solutions proposées en vue d’améliorer le taux d’achèvement du cycle primaire par les filles.
Tableau 4 : Nombre d’entretiens prévus et réalisés selon la population
22
Enseignants Entretien 48 46 96
individuel
Parents d’élèves/ Entretien de 32 32 100
communautés groupe
Elèves de CM Entretien de 48 48 100
groupe
Filles déscolarisées Entretien 16 16 100
individuel
Total 212 194 92
Les logiciels NVIVO, SPSS, Simi 2005 et Evoc 2005 nous ont permis de faire le traitement
des données.
Au niveau des données quantitatives, le logiciel SPSS a été utilisé. Le NVIVO a servi au
traitement des données qualitatives.
Les logiciels Simi 2005 et Evoc 2005 ont été mis à contribution pour le traitement du
questionnaire d’évocation. Simi est un logiciel d’analyse des données servant à réaliser
l’analyse des similitudes en calculant les indices de similitudes c'est-à-dire la proportion de
personnes qui lie deux items dans le graphe d’une représentation sociale. Evoc est un logiciel
servant à faire l’analyse prototypique des évocations c'est-à-dire à classer les items selon leur
rang moyen et leur fréquence.
23
7.5 Difficultés de l’étude
24
VIII. RÉSULTATS
8.1 Manifestation du phénomène
8.1.1 Dans l’ensemble des DRENET
La déperdition scolaire des filles se constate dans l’ensemble des DRENET1 de l’Etude. De
façon générale, la figure 1 ci-dessous indique une absence de parité de genre. En effet, sur les
trois dernières années scolaires de 2009 à 2012, la proportion des filles dans les effectifs
montre une importante déclinaison à partir de la classe de CE2.
On remarque une évolution dans les inscriptions au CP1 au cours de la période. On passe de
31% en 2009-2010 à 46% pour les deux années suivantes.
1
Ce regroupement concerne les DRENET de Bondoukou, Sassandra et Séguéla
25
Figure 2 : Proportion des filles dans les effectifs des classes de 2009 à 2012 dans la DRENET
de Sassandra
Dans les cours moyens ce ratio se situe entre 36% et 40%, soit une régression de 8 à 9 points
de pourcentage. Cette régression est plus prononcée au cours de l’année scolaire 2009-2010.
Le taux remonte ensuite de 4 points pour se stabiliser à 40% au cours des années scolaires
2010-2011 et 2011-2012.
26
8.1.3 DRENET d’Abidjan 4
Sur les trois années scolaires observées, on se rend compte que la plus faible proportion des
filles est de 41% pour l’année scolaire 2010-2011(figure 3 ci-dessous). En 2009-2010, la
classe de CE2 est celle où l’on remarque la plus faible proportion des filles, soit 42%.
Figure 3 : Proportion des filles dans les IEP d’Abobo 1 et d’Agnissankoi (DRENET d’Abidjan 4)
Pour les trois années scolaires, on remarque qu’il y a une parité entre filles et garçons à
l’inscription au CP1. Pour l’année 2009-2010, on remarque que la disparité se situe au niveau
du CE2 où les filles représentent 42%. Pour la même période, au CM2, elles représentent
51%. Pour l’année scolaire 2010-2011, les filles sont 42% de l’effectif au CP2 et 47% au
CM2.
8.1.4 DRENET de Bondoukou
Pour les années 2009-2010 et 2010-2011 au niveau du CE1, on observe que la proportion des
filles est supérieure à celle des garçons. Elle se situe respectivement à 58 % et 53% alors que
dans les deux années du cours préparatoire elles ne représentaient que 35% en 2010-2011 et
46 % pour les années 2009-2010 et 2011-2012. Les plus grandes déperditions s’observent
entre le CE1 et le CE2. En effet, les écarts sont de 19 points de pourcentage en 2010-2011 et
de 10 points en 2009-2010.
27
Figure 4 : Proportion des filles à la DRENET de Bondoukou
On note qu’à l’inscription au CP1, les taux varient de 35% à 38%. En 2009 – 2010 on observe
la plus faible proportion qui est de 28% au CM1. La classe de CE1 constitue un nœud où on
28
retrouve les mêmes scores (36%) de 2009 à 2012 de même que la classe de CM2 (33%).Une
première phase de régression se remarque au niveau du CE1. La deuxième phase de
régression, la plus importante, se situe entre le CE2 et le CM2.
Au total, au regard des données statistiques de ces DRENET, on note que les déperditions
scolaires chez les filles s’observent principalement à partir de la classe de CE2.
Les parents commerçants (père et/ou mère): dans ce cas de figure, l’enfant de 10 à
12 ans représente une aide dans l’activité commerciale pour l’installation quotidienne
mais aussi pour assurer le relais en cas d’indisponibilité. «Généralement ce sont les
filles de commerçants qui eux-mêmes n’ont pas pu terminer le cycle primaire. Elles
sont toutes au marché, et quand les filles sortent à midi, sur 50 enfants, on retrouve 40
au marché en train d’aider leur maman » (Enseignant, Bondoukou).
29
Les parents commerçants privilégient l’activité commerciale au détriment de la scolarité de
l’enfant. Pour ces parents, la mobilité sociale par l’école est moins perceptible que la mobilité
sociale par l’apprentissage du commerce.
30
Redoublements répétés
Les filles qui sortent de l’école sans l’achever sont aussi caractérisées par un parcours scolaire
jonché de redoublements.
Le schéma 1 ci-dessous synthétise les facteurs qui se recoupent pour entrainer le non maintien
des filles à l’école. Dans ce schéma, on peut observer le croisement entre les caractéristiques
liées à la fille et celles liées aux parents de celle-ci.
Pauvres
Musulmans
Paysans/artisans Redoublante
31
représentations sociales du non maintien des filles et de celle de la femme dans les
communautés où ils exercent. Les communautés et les managers de l’école révéleront les
éléments déterminant le non maintien des filles à l’école primaire.
De façon globale, les élèves enquêtés (filles et garçons) sur l’ensemble des sites de l’étude
considèrent que la grossesse précoce (77,62%), le mariage précoce (67,95%) et la pauvreté
des parents (64,41%) sont les trois principales causes susceptibles de provoquer les abandons
scolaires des filles (tableau 5). Viennent après la guerre (57,49%), la santé de la fille (57%),
les redoublements répétés (54,43%) et la mort d’un parent (52,82%).
Lorsque que l’on prend en compte seulement le point de vue des apprenantes, les mêmes
facteurs émergent mais dans des proportions supérieures. Ainsi les grossesses précoces
gagnent 1,38 point et les mariages précoces 2,5 points. Tandis que la guerre gagne 6 points.
Le rapport des filles à l’objet du non maintien les poussent à être beaucoup plus attentives aux
facteurs explicatifs de celui-ci. C’est ce qui pourrait expliquer la proportion plus élevée des
filles qui optent pour le couple grossesse et mariage précoce.
32
Les causes probables évoquées par l’ensemble des apprenants (filles et garçons) et par les
filles sur l’ensemble des sites sont représentées sur des diagrammes d’Ishikawa (schémas 2 et
schéma 3).
Rappelons que le diagramme d’Ishikawa inventé par le Professeur Kaoru ISHIKAWA en
1943 est un outil qui permet d’identifier les causes possibles d’un effet constaté afin de
déterminer les moyens pour y remédier. Il s’agit d’une représentation graphique simple qui,
pour un effet (un défaut, une caractéristique, un phénomène...), tente d’identifier l'ensemble
des causes, des facteurs potentiels pouvant l'affecter (CHOULLI Youness, 2011).
La flèche centrale horizontale des schémas 2et 3 (diagrammes d’Ishikawa) est dirigée vers le
problème étudié, c'est-à-dire le non maintien des filles dans le cycle primaire. Les flèches
secondaires obliques dirigées vers la flèche centrale horizontale portent les causes identifiées
par les apprenants comme facteurs explicatifs du non maintien des filles à l’école primaire.
On note cependant que les flèches secondaires obliques au dessus de la flèche centrale sont
plus foncées que celles en dessous. Elles mettent en exergue les principales causes du non
maintien des filles à l’école primaire. Quant aux flèches secondaires obliques qui se situent en
dessous de la flèche centrale horizontale, elles mettent en relief les autres causes du non
maintien des filles dans le cycle primaire.
Schéma 2 : Causes probables du non maintien des filles selon l’ensemble des
apprenants (filles et garçons)
-
Causes probables principales selon les apprenants (Filles et Garçons)
NON
MAINTIEN DES
FILLES A
L’ECOLE
33
Pour le schéma 2 (diagramme d’Ishikawa ci-dessus), les causes principales du non maintien
des filles à l’école primaire soulignées par l’ensemble des apprenants et représentées par des
flèches obliques foncées au dessus de la flèche centrale horizontale sont la grossesse précoce,
le mariage précoce et la pauvreté des parents. Les causes secondaires représentées par des
flèches obliques moins foncées en dessous de la flèche centrale horizontale sont la mort d’un
parent, les redoublements répétés, la santé de la fille et la guerre. Dans leur ensemble, ces
causes principales ou secondaires, contribuent à l’explication du non maintien des filles dans
le cycle primaire.
Schéma 3 : Causes probables du non maintien des filles à l’école primaire selon les filles.
NON
MAINTIEN DES
FILLES A
L’ECOLE
Santé de la fille (57%) Santé des parents Mort d’un parent (58,36)
(57,32%)
34
Pour le schéma 3 (diagramme d’Ishikawa ci-dessus) représentant les causes évoquées par les
filles de l’ensemble des sites de l’étude sont représentées de part et d’autre de la flèche
centrale horizontale par des flèches inclinées. Les flèches inclinées foncées au dessus de la
flèche principale mettent en relief les principales causes du phénomène étudié. Ce sont, selon
les apprenantes, la grossesse précoce, le mariage précoce, la guerre, la pauvreté des parents et
les redoublements répétés. Quant aux autres flèches secondaires inclinées et situées en
dessous de la principale, elles mettent en exergue les causes secondaires soulignées par les
filles. Ce sont la santé de la fille, la santé des parents, la mort d’un parent. On note cependant
que toutes ces causes principales ou secondaires conduisent au non maintien des filles dans le
cycle primaire comme l’indique le sens de la flèche centrale.
Après avoir étudié le phénomène sur l’ensemble des sites, cette partie se propose de présenter
les causes probables du non maintien scolaire des filles en fonction des différents sites de
l’étude pour apprécier les variantes.
DRENET d’Abidjan 4
Dans cette DRENET la cause probable principale identifiée par les apprenants (filles et
garçons) est le mariage précoce (53%).
Les causes probables secondaires sont la grossesse précoce (47%), le manque de motivation
(42,03%), le manque d’effort personnel (42,03%), la santé des parents (41,25%), la mort d’un
parent (40,12%) et la guerre (40,12%).
Pour les filles enquêtées de cette DRENET, on note que les deux premières causes évoquées
sont les mêmes que celles identifiées par l’ensemble. En revanche, au niveau de la troisième
cause, il y a une différence. Elles évoquent la pauvreté des parents (42%) alors que l’ensemble
des élèves parlent du manque de motivation.
35
DRENET de Bondoukou
Pour la DRENET de Bondoukou, les trois premières causes probables identifiées par les
apprenants (filles et garçons) sont la grossesse précoce (85%), la pauvreté des parents (65%)
et le mariage précoce (63%).
Les causes secondaires sont la santé des parents (61,86%), la santé de la fille (59,37%), les
redoublements répétés (56%), la guerre (54%) et les travaux champêtres (44%). Concernant le
point de vue des filles sur ce site, les mêmes causes apparaissent avec des proportions plus
importantes. En plus, des facteurs tels que la violence morale (63%) et la mort d’un parent
(56,63%) font leur apparition. On note que les trois premières causes probables évoquées par
les filles sont : la grossesse précoce (90%), le mariage précoce (64%) et la santé de la fille
(64%).
DRENET de Sassandra
Concernant la DRENET de Sassandra, on observe que les trois premières causes probables
selon les apprenants (filles et garçons) sont la grossesse précoce (87,76%), la pauvreté des
parents (67,33%) et le mariage précoce (60,54%). Les causes secondaires sont la guerre
(59,86%), la santé de la fille (57,14%), la santé des parents (55,10%). Les filles évoquent
également la grossesse précoce (88%) comme première cause probable. En revanche, la
deuxième cause probable pour l’ensemble, c’est la pauvreté des parents, alors que les filles
placent en deuxième position leur santé (71%).
DRENET de Séguéla
Pour la DRENET de Séguéla, dans l’ensemble, les apprenants considèrent que les trois
premières causes probables des déperditions scolaires chez les filles sont le mariage précoce
(93,12%), la grossesse précoce (89,37%) et la pauvreté des parents (83,75%). Les causes
secondaires sont les redoublements répétés (76,25%), la guerre (75%), la santé des parents
(72,5%), les travaux domestiques (70,62%), les travaux champêtres (70,62%), la mort d’un
parent (68,75%) et les cotisations COGES (67,5%). Les filles de cette DRENET identifient
également le mariage précoce (93%), la grossesse précoce (89%) et la pauvreté des parents
(83%) comme les trois premières causes probables.
36
8.3.2 Causes réelles du non maintien scolaire des filles
Dans cette partie, il est présenté les causes conduisant au décrochage scolaire par les filles
avant l’achèvement du cycle primaire. Ces causes ont été exposées suivant les acteurs de
l’école. Il s’est agit donc de capter chez les élèves, les enseignants, les autorités éducatives et
les communautés des sites de l’étude les facteurs, les évènements et les contingences
environnementales.
Les causes réelles d’abandon présentent des situations dans le vécu des apprenants où les
filles ont effectivement abandonné l’école. Ainsi, les grossesses précoces (56,57%)
apparaissent comme la principale cause tangible selon l’ensemble des apprenants. Viennent
ensuite le mariage précoce (40,64%), la pauvreté des parents (36,85%), les redoublements
répétés (36,45%) et la santé de la fille (27,49%).
37
Tableau 7 : Classement par ordre d’importance des causes réelles des déperditions
scolaires des filles selon les apprenants pour l’ensemble des sites
Causes Ensemble
Grossesse précoce 56,57
Mariage Précoce 40,64
Pauvreté des parents 36,85
Redoublements répétés 36,45
Santé de la Fille 27,49
Manque de motivation 25,10
Travaux Champêtres 24,30
Manque d'efforts personnel 24,10
Travaux Domestiques 24,10
Santé des Parents 22,71
Guerre 21,51
Mort d'un parent 20,32
Cotisations COGES 19,32
Violence Physique 17,33
Nombre d'enfants à scolariser 16,73
Harcèlement sexuel 16,53
Violence Morale 15,74
Absence de cantine 14,54
Eloignement 13,94
Absence de latrines 13,15
Les quatre premières causes réelles du non maintien des filles sur les sites de l’étude sont
identiques. Il s’agit de la grossesse, du mariage précoce, des redoublements répétés et la
pauvreté des parents. Toutefois les proportions et l’ordre de priorisation des facteurs différent
selon les sites :
Dans la DRENET d’Abidjan 4 (figure 9), on note que 43,61% des enquêtés
identifient la pauvreté. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les propos de Mariam
(sans emploi, Abobo) qui a dû abandonner l’école lorsque son père a perdu son
emploi.
« Je ne vais plus depuis 1991 parce que mon père a perdu son emploi et n’ayant plus les
moyens financiers, il a retiré toutes ses filles de l’école au profit des garçons.
Il m’arrive de pleurer. J’en souffre terriblement. J’aurais voulu terminer mes études. Je
demande aux filles de se battre à l’école pour réussir et servir d’exemple aux autres filles pour
que les scolarisent les filles. Je veux que les enseignants fassent un rapport au ministère pour
les cas comme le mien afin qu’un circuit soit créé pour notre protection ».
38
Outre la pauvreté, 39,1% d’entre eux évoquent le mariage précoce. Ils sont 31,58% à
identifier les redoublements et la grossesse précoce comme causes réelles d’abandon scolaire
des filles.
Je ne vais plus à l’école depuis cette rentrée scolaire. J’ai fait la classe de CM2 déjà trois fois
et je n’ai pas obtenu l’entrée en sixième et c’est à cause de cela que je suis sortie de l’école.
Je suis découragée et puis ma maman est seule elle dit qu’elle n’a pas l’argent pour payer les
frais de ma scolarité. Cela me fait très mal de ne plus pouvoir aller à l’école. Je peux revenir si
on me donne toutes les fournitures scolaires.
Adjara, CM2, Commerçante, Bondoukou
La pauvreté des parents (14%) est classée comme quatrième cause réelle par les apprenants
de cette DRENET.
Dans la DRENET de Sassandra (figure 9), on relève que ce sont : la grossesse
précoce (34,23%) et les redoublements répétés (17,12%) que les apprenants
identifient comme les deux premières causes. Ils sont 15,32% à évoquer la santé de la
fille et la pauvreté des parents.
Dans la DRENET de Séguéla (figure 9), 83,65%des apprenants enquêtés ont identifié
la grossesse précoce, et 76,73% d’entre eux ont identifiés le mariage précoce. C’est le
cas de Aminata, sans emploi à Séguéla.
Je ne vais plus à l’école depuis Mars 2012. Je suis tombée enceinte d’un jeune garçon
du village et j’ai accouché. Je ne peux plus aller à l’école car mon copain est allé
chercher du travail à Abidjan et je suis seule à m’occuper de ma fille. Ici, (DREN de
Séguéla) quand tu tombes enceinte tes parents te déposent chez ton copain et c’est
le début du mariage avec ce dernier. Quelques mois plus tard, ils reviennent pour la
dote. Je regrette d’avoir arrêté. Si j’avais eu l’occasion, je serais repartie. Mais avec
ma fille sous les bras comment faire ? Il faut donner des conseils aux filles pour
qu’elles évitent les relations sexuelles précoces.
39
Outre les raisons relevées ci-dessus, ils sont 64,78% à évoquer les redoublements répétés et
60,38% à identifier la pauvreté des parents comme facteurs explicatifs du non maintien des
filles à l’école primaire.
La figure 6 ci-dessous indique que la principale cause réelle du non achevement du cycle
primaire par les filles est la grossesse précoce selon les apprenants des sites de Bondoukou,
Sassandra et Seguela. Tandis qu’à Abidjan 4, la principale cause réelle est la pauvreté des
parents.
Au total, on constate que la pauvreté des parents, la grossesse précoce, les redoublements
répétés et la pauvreté des parents sont classés parmi les cinq premières causes réelles des
déperditions scolaires par les apprenants de chacun des quatre sites. Des facteurs de moindre
importance tels que la santé de la fille (Abidjan 4 et Sassandra), l’éloignement de l’école
(Bondoukou), le manque d’effort des filles (Sassandra) et les travaux champêtres (Abidjan4)
font leur apparition dans les cinq premiers facteurs de déperdition. Par aileurs on remarque
qu’à Séguéla les quatre causes réelles sont plus importantes que dans les autres régions.
Figure 6 : Les quatre premières causes réelles identifiées par les apprenants sur les quatre
sites de l’étude
40
8.3.2.2 Causes réelles selon les enseignants
Sur l’ensemble des sites
Il a été demandé aux enseignants des sites de l’étude, en fonction de leur expérience et de leur
vécu dans ces régions, d’identifier selon eux, les causes du non maintien des filles à l’école
primaire. Par ailleurs, nous avons voulu avoir une idée de la façon dont la femme est
représentée dans les différentes communautés.
Les enseignants identifient le même trio de facteurs entrainant l’arrêt de scolarité des filles
(tableau 8). On note toutefois que les rangs occupés par ces facteurs ne sont pas identiques. Ils
mettent en première position la pauvreté des parents (72.45%), en deuxième position les
mariages précoces (59.18%) et en troisième position, la grossesse précoce (54.08%). Deux
autres facteurs de moindre importance apparaissent, à savoir, les travaux domestiques
(33,67%) et le manque d’encadrement par les parents (31%).
Tableau 8 : Taxonomie des dix premières causes du non maintien des filles selon
l’ensemble des enseignants
41
Avec les enseignants de la DRENET de Bondoukou (tableau 9), la pauvreté des parents
(87,50%) revient aussi comme cause principale. Les causes secondaires qu’ils évoquent sont
les grossesses précoces (66,67%), le mariage précoce (54,17%), le manque d’encadrement
(54,17%).
Pour les enseignants de la DRENET de Sassandra (tableau 9), les grossesses précoces
(66,67%) constituent la cause majeure du non maintien des filles à l’école. Les causes
secondaires sont la pauvreté des parents (53,38%) et le mariage précoce (53,38%).
Les enseignants de la DRENET de Séguéla (tableau 9) estiment que le mariage précoce
(84,61%) est la raison principale du non maintien des filles dans le cycle d’enseignement
primaire. La pauvreté des parents (76,92%) et les travaux domestiques (53,84%) sont des
causes secondaires qu’ils évoquent.
Tableau 9 : Taxonomie des principales causes du non maintien des filles selon les
enseignants sur les différents sites de l’étude
Le schéma ci-dessous met en exergue les principales causes du non maintien des filles dans le
cycle primaire. Il apparait clairement ici que la flèche principale horizontale est dirigée vers
42
l’effet étudié, c'est-à-dire le non maintien des filles dans le cycle primaire. Les quatre flèches
secondaires inclinées représentent les DRENET de l’enquête (Abidjan, Bondoukou, Sassandra
et Séguéla). Les flèches les plus fines orientées vers les flèches secondaires portent les
principales causes évoquées par les enseignants de chacune des DRENET comme étant à
l’origine du non maintien des filles à l’école primaire. Autrement dit, toutes ces causes
évoquées par les enseignants des quatre Directions Régionales conduisent au phénomène du
non maintien des filles à l’école primaire, comme le montre le sens de la flèche principale.
43
Schéma 4 : Causes du non maintien des filles sur les sites de l’étude selon les enseignants
ABIDJAN 4 BONDOUKOU
Travaux domestiques
(44,44%)
Grossesse précoce
Grossesse précoce
(48,15%)
(66,67%)
Pauvreté des parents
Pauvreté des parents (87,50%)
(70,37%)
NON
MAINTIEN DES
FILLES A
Grossesse Mariage précoce L’ECOLE
précoce (66,67%) (84,61%)
SASSANDRA SEGUELA
8.3.2.3 Causes du non maintien des filles à l’école selon
les autorités éducatives et les communautés
Cette partie met en exergue les causes du non maintien des filles à l’école évoquées par les
autorités éducatives et les membres des communautés locales. On entend par autorités
éducatives les DRENET, les IEP et les CPS. Les membres de la communauté ce sont les
responsables du COGES, les parents d’élèves et les leaders communautaires.
DRENET d’Abidjan 4
Dans la DRENET d’Abidjan 4, deux facteurs principaux expliquent le non maintien des filles
dans l’enseignement primaire: la pauvreté des parents et les pesanteurs religieuses et
culturelles. Les IEP visitées à la DRENET d’Abidjan 4 se caractérisent par leur position
double. En effet, bien que localisé à Abidjan le milieu de vie des communautés autour de ces
IEP est plus proche de celui des zones rurales que de celui de la ville.
45
transmet certaines valeurs qui s’opposent fondamentalement à certaines valeurs transmises
par la religion et la culture. Selon un leader communautaire à Abobo «La fille qui dure trop à
l’école devient effrontée. Elle ne respecte personne. Elle veut choisir elle-même son mari et
refuse celui que le père trouve pour elle. Il est mieux de la marier très jeune».
De plus, l’environnement culturel et familial de la jeune fille constitue un facteur inhibant.
«La petite fille évolue dans un environnement dans lequel tout le monde lui dit que sa
destination réelle n’est ni l’école, ni les privilèges d’emploi et autres que confère l’école,
mais plutôt le foyer, son époux, ses enfants.» (Directeur d’école, Abobo)
DRENET de Bondoukou
Les causes de la courte expérience de vie scolaire des filles sont étroitement liées à l’absence
d’une politique affirmée en faveur de la scolarisation et du maintien des filles à l’école. Il
s’agit de causes liées à la fille elle-même, de causes socioculturelles et économiques.
La motivation scolaire des filles est influencée négativement par l’environnement familial
dans lequel elles évoluent et les perceptions qu’on a de leur scolarité. Selon un leader
communautaire de Bondoukou «Les filles sont beaucoup paresseuses. Elles ont plus tendance
à s’amuser. J’ai beau expliquer à ma fille l’importance de l’école, il faut constamment les
encourager. Elles n’ont pas trop confiance en ce qu’elles font » (Communauté, Bondoukou)
Certaines filles scolarisées développent une sexualité précoce souvent par mimétisme. En
effet à l’âge de la puberté, elles sont curieuses de découvrir la sexualité en ignorant tous les
risques encourus (grossesse, maladies et infections sexuellement transmissibles). Cette
pratique a pour conséquence la perturbation, voire l’arrêt de leur scolarité.
«A un jeune âge les filles commencent une sexualité précoce donc souvent elles sont
enceintes. Même si elle n’est pas enceinte qu’elle a commencé ce genre de choses, elle se
décourage. Mais quand elles sont petites elles évoluent facilement ». (Directeur d’école
Bondoukou)
Causes socioculturelles
La construction sociale de la famille dans la région à un effet négatif sur la scolarité et
l’encadrement des enfants. En effet, selon un leader communautaire de Bondoukou: «dans
cette région la mère ne vit pas dans le même foyer que le père comme on le voit dans les
46
autres régions. La mère vit dans sa famille et ce n’est que le soir qu’elle prépare pour
envoyer chez son mari dans la chambre conjugale, et le lendemain matin elle se retourne chez
elle. En son absence, les enfants ne sont pas encadrés».
La perception négative de la scolarisation des filles et l’absence d’encadrement scolaire des
filles encouragent la promotion des mariages précoces des filles, notamment en milieu rural.
« Les parents dioula donnent beaucoup leur fille en mariage. Cela favorise la déscolarisation
de la jeune fille» (Communauté, Bondoukou).
Causes économiques
Pauvreté des parents
L’activité économique principale est la culture de l’anacarde. La récolte et la vente sont des
activités annuelles (de février à avril). En dehors de cette culture, la majorité des parents n’ont
pas d’autres sources de revenu. Ainsi, à la rentrée des classes au mois de septembre, les
parents ne disposent plus de ressources suffisantes pour prendre en charge les frais de
scolarisation des enfants. «L’économie est sévère ici. Actuellement où je vous parle, on est à
un mois de la rentrée mais il y a encore des enfants qui n’ont ni stylo à bille, ni ardoise, ni
cahier. A part l’anacarde, il n’y a plus d’autres sources de revenus. Au niveau du commerce
aussi, il y a des hauts et des bas » (IEP, Bondoukou). Par «un mois de la rentrée», il faut
entendre un mois après la rentrée des classes.
Les parents (surtout le père) choisissent de maintenir à l’école les garçons au détriment des
filles. Selon un Directeur d’école à Bondoukou « C’est la pauvreté des parents qui est à la
base de l’abandon des filles. Quand on prend deux personnes qui ont les moyens financiers
différents leurs enfants ne vont pas s’arrêter au même niveau. Si les dépenses pour la
scolarisation de l’enfant dépassent mes moyens je serai obligé de le laisser aller travailler
avec sa maman ».
Mise en activité économique précoce des enfants
Les parents estiment que les filles peuvent avoir des revenus pour soutenir financièrement la
famille. Certaines filles sont en conséquence mises en activité économique précoce au
détriment de l’école.
« Il faut dire qu’ici les gens aiment cette affaire de servante. A un certain âge quand les
parents sentent qu’elle peut rapporter quelque chose à la mère, on l’envoie en basse côte.
Donc à partir des classes de CE1, CE2, si elle est grande qu’elle peut travailler chez
quelqu’un, elle abandonne l’école » (Directeur d’école, Bondoukou)
47
Dans certaines familles modestes les enfants sont utilisés comme des aides et très souvent au
préjudice de leur métier d’élève. « Le plus souvent les filles viennent en retard elles disent
qu’elles font la vaisselle. Quand les parents ne sont pas fonctionnaires c’est ce problème qui
est récurrent. Si non de plus en plus les filles sont plus intelligentes que les garçons. Depuis 3
ans au CM2 ce sont les filles qui dominent ». (Directeur, Bondoukou).
Les travaux domestiques pratiqués par les filles influencent donc leur rendement scolaire.
«C’est le fait que les parents ont besoin des filles à la maison, surtout les mamans. Elles les
utilisent pour les travaux ménagers et cela joue sur leur rendement. Il y a les retards et les
résultats sont mauvais. Et même cela entraine des abandons». (IEP, Bondoukou)
Figure : motifs des abandons scolaires des filles dans l’IEP Bondoukou 2
Il ressort des statistiques présentées que plus de 90% des motifs d’abandons restent inconnus par les autorités
éducatives locales. Cela montre à quel point les questions liées aux motifs d’abandons, ne constituent pas une
priorité pour eux. C’est ce qui justifie l’inexistence d’un dispositif susceptible de permettre aux enseignants de
recueillir les données statistiques fiables. Le cas de l’IEP Bondoukou 2 ici présenté est exceptionnel. Toutefois,
cette situation illustre la nécessité de disposer d’informations précises sur les causes réelles d’abandon scolaire
en général et spécialement chez les filles. Dans cette perspective, nous avons interrogé les élèves sur les motifs
d’abandons scolaires de leurs camarades filles.
DRENET Sassandra
A Sassandra trois causes principales expliquent le non maintien des filles à l’école primaire. Il
s’agit des grossesses précoces, de la pauvreté des parents et des travaux domestiques.
Pauvreté des parents
La pauvreté des parents est considérée par les enquêtés comme l’une des principales causes
du faible taux de maintien des filles dans le cycle primaire. Cette pauvreté des parents
engendre parfois d’autres facteurs explicatifs du non achèvement du cycle primaire par les
filles. «Une fille ne vient plus à l’école. Je vais me renseigner et les amis à ces filles me font
savoir que c’est un problème d’argent. Les parents n’étant pas là, les filles sont dans des
48
cités, livrées à elles, donc elles sont des proies faciles. La plupart des filles qui tombent
enceinte, ce sont les filles qui vivent dans les cités sans tuteur, au primaire comme au
secondaire. Les enfants des fois se débrouillent pour manger c’est compliqué. Si la fille est
mature elle se voit obligée de se livrer au premier venu.». (Directeur d’école, Sassandra)
Grossesses précoces
Hormis la pauvreté des parents, les grossesses précoces sont également l’une des principales
causes de déperditions scolaires chez les filles dans la DRENET de Sassandra. Les cas de
grossesses, selon des enquêtés, résultent le plus souvent du manque de tuteurs pour les filles.
« J’avais une fille de la classe de CE2 l’année surpassée qui dormait beaucoup en classe, j’ai
pensé que c’est parce qu’elle travaillait beaucoup à la maison. Mais on s’est rendu compte
ème
qu’elle était enceinte et même enceintée par un élève de la classe de 5 . En fait les enfants
viennent fréquenter à Sassandra et n’ont pas de tuteurs, ils vivent dans une grande cité qu’on
appelle ici le bateau. Là-bas la promiscuité fait que ces choses arrivent très vite avec les
grands élèves ». (COGES, Sassandra)
Travaux domestiques
A l’instar des autres zones d’enquête, les travaux domestiques occupent une place de choix au
niveau de la DRENET de Sassandra. En effet, les filles sont le plus sollicitées par les parents
et notamment par les mères ou par les tutrices pour travaux ménagers.
« Il y a l’idée que la fille ne peut pas faire de grandes études selon des parents. Il y a aussi le
fait qu’elle est beaucoup sollicitée à la maison (travaux domestiques) et il est clair qu’elle
s’épuise et n’arrive pas à étudier. Beaucoup passent leur temps à dormir en classe. On a
essayé de sensibiliser les parents sur ce problème. En général les jeunes filles Néo, vendent
l’attiéké avec leur mère, parce que c’est ce que la maman fait pour s’occuper d’elles, c’est
donc compliqué. » (Communauté, Sassandra)
DRENET de Séguéla
Les entretiens réalisés avec les communautés et les managers de l’école ont permis
d’identifier plusieurs causes du faible taux de maintien des filles dans le cycle d’enseignement
primaire.
Pauvreté des parents
La pauvreté des parents est considérée par les autorités éducatives locales et les communautés
enquêtées comme l’une des causes principales des déperditions scolaires des filles. « Compte
tenu de la pauvreté des parents, certaines filles sont retirées de l’école pour aider soit les
49
mères à vendre, soit on les envoie ailleurs pour être servantes. Il y a aussi un exode vers
l’Europe qui fait que les filles quittent l’école parce qu’elles veulent chercher le bien être
socioéconomique dans ces pays du nord » (IEP Kani).
Les causes du non maintien de la fille à l’école primaire sont d’abord et avant tout d’ordre
économique. Les parents étant pauvres, ils préfèrent faire sortir leurs filles pour des activités
économiques génératrices de revenu pour la famille.
50
les redoublements répétés et le découragement qui les conduisent à quitter l’école avant la fin
du cycle primaire (Communauté, Séguéla).
Les représentations sociales des causes du non achèvement des filles du cycle
primaire
La liste des évocations des causes du non achèvement présentée lors de l’analyse quantitative
est si longue (462 mots dont 188 différents) et si complexe qu’elle pourrait paraître
difficilement intelligible. En outre cette liste d’items ne permet pas de voir aisément comment
les individus saisissent la réalité, la décomposent et l’organisent. C’est pourquoi nous avons
défini à partir de ce matériau associatif des sous-ensembles de cognitions regroupant des
éléments qui ont à peu près le même sens. Il s’agit ici pour nous de repérer et d’analyser le
51
système catégoriel utilisé par les sujets. Ce qui permet de cerner le contenu et la structure de
la représentation. Ainsi nous avons défini treize(13) catégories que voici :
Sur ces treize catégories, nous avons effectué une analyse de similitude dans le but de vérifier
si la centralité quantitative déterminée par les méthodes précédentes se retrouve dans le
graphe de similitude réalisé à partir de la proportion des cooccurrences des items (nombre de
fois où les sujets ont choisi le même couple d’items).
Dans le graphe de similitude les sommets sont les items (ici les catégories) et les arêtes sont
évaluées selon l’indice de similitude. On retiendra ici que plus un item est central, plus il
réunit d’items, c’est-à-dire plus un grand nombre d’arêtes sont issues de lui.
52
Figure 7 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon l’ensemble des
enseignants
Il s’agit en quelque sorte de la structure de base autour de laquelle vont s’élaborer ensuite
différentes représentations, selon les régions. Il apparait dans ce graphe (figure 6) un élément
central prioritaire qui est la pauvreté des parents et des éléments centraux adjoints qui sont :
l’absence d’encadrement, le mariage précoce, travaux domestiques, ignorance des parents,
grossesse précoce) avec lesquels il entretient des relations plus ou moins fortes. La pauvreté
des parents explique donc l’abandon de l’école pour les travaux domestiques (90%), l’absence
d’encadrement (65%), les grossesses précoces en milieu scolaire (30%), les mariages précoces
(50%). Cette donnée principale est d’autant plus importante que nous sommes dans des zones
rurales agricoles où les moyens financiers sont rares et non permanents dû au fait que les
revenus agricoles sont saisonniers.
Je ne vais plus à l’école depuis décembre 2012. C’était la fête de la Tabaski, j’étais avec
mes camarades filles en promenade et lorsque nous sommes rentrées vers 21h, papa a
décidé de mettre fin à mes études. Après la fête je suis quand même allée à l’école. Mai, mon
papa a refusé de payer les frais d’examen et de déposer mon extrait de naissance.
Constatant mon retard, la directrice a essayé d’intervenir auprès de papa qui a décidé de
m’éloigner pour éviter toute intervention. J’ai très mal que mon père me retire définitivement
de l’école pour si peu. Je suis régulière à l’école pour négocier ma reprise. Les maitres sont
d’accord. Mais papa refuse de donner mes extraits et l’argent. Il faut que le ministère fassent
pression sur les papas comme le miens qui enlèvent leurs filles de l’école. Il faut aussi que les
femmes se libèrent de la culture de trop grande soumission à leurs époux. Ma mère avait les
moyens de payer mes frais d’examen, mais elle ne l’a pas fait pour rester soumise.
Representations sociales des causes du non achevement du cycle primaire par les
filles selon les enseignants de la DRENET Abidjan 4
53
L’étude de ce graphe (figure 8) révèle que la représentation sociale des causes du non
achèvement s’organise autour de quatre items qui sont : travaux domestiques, absence
d’encadrement, pauvreté des parents et attitude de la fille.
Figure 8 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon les enseignants de la
DRENET d’Abidjan 4
Dans cette construction, l’item pauvreté des parents est très lié à absence d’encadrement
(60%) et à travaux domestiques (50%), enfin l’élément pauvreté des parents entretient un
rapport avec attitude de la fille (20%). Ainsi, pour les enseignants de la DRENET d’Abidjan
4, en plus des causes explicatives du non achèvement du cycle primaire précédemment
évoquées par l’ensemble des enseignants, une autre cause devient déterminante à savoir
l’attitude de la fille. En effet, cette attitude peut être influencée par des facteurs tels que les
mauvaises fréquentations, l’influence des medias, les distractions, le désintéressement etc.
Je ne vais plus à l’école depuis l’année scolaire 99-2000. J’ai décidé d’arrêter les études en
classe de CM2. Mon père a tout fait, pour que je retourne à l’école mais je n’ai pas accepté.
En fait moi je voulais faire le commerce (vente de vêtements), mais mon père ne voulait pas
de cela. Il m’a demandé de venir le rencontrer pendant les vacances scolaires et je ne l’ais pas
fais pour le fuir. Je regrette, aujourd’hui quand je vois ma camarade qui est devenue
institutrice. Mais je prends la vie du bon côté. Je pense qu’il faut donner des conseils aux filles
en leur expliquant le bien fondé de l’école.
Chantal, Serveuse à Sassandra
Representations sociales des causes du non achevement du cycle primaire par les
filles selon les enseignants de la DRENET de Bondoukou
La lecture de ce graphe (figure 9) met en exergue que le non achèvement du cycle primaire est
induit par trois causes : pauvreté des parents, grossesse précoce et absence d’encadrement.
54
Figure 9 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon les enseignants de la
DRENET Bondoukou
Dans cette triade on remarque que la pauvreté des parents demeure encore l’élément central
prioritaire. On note un lien important entre la pauvreté des parents et l’ignorance des parents
(60%). La pauvreté des parents serait liée également à l’absence d’encadrement (40%), au
mariage précoce (30%) et aux grossesses précoces (30%).
Je ne vais plus à l’école depuis l’année scolaire 2012-2013. Un jour, mon père m’a appelé et m’a
dit qu’il n’a plus les moyens de payer mes fournitures scolaire et que je devais désormais rester à la
maison pour aider ma mère dans ses activités et ma mère est aussi intervenue pour aller dans le
même sens. Donc je pense mon père a fait pression sur ma maman pour lui imposer cette décision. Je
souffre beaucoup quand je vois mes camarades aller à l’école.
Representations sociales des causes du non achevement du cycle primaire par les
filles selon les enseignants de la DRENET de Sassandra
Le graphe de similitude (figure 10), indique que deux items se détachent au niveau de la
centralité. Il s’agit du binôme pauvreté des parents et grossesse précoce.
55
Figure 10 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon les enseignants de
Sassandra
A Sassandra, comme dans les autres régions, la pauvreté des parents est omniprésente comme
cause première dans l’explication du phénomène d’abandon des filles au niveau du primaire.
Il est donc aisé de comprendre pourquoi dans cette région les sujets interrogés lient pauvreté
des parents à l’ignorance des parents (60%), à la grossesse précoce (20%) et à l’absence
d’encadrement (.20%).
Representations sociales des causes du non achevement du cycle primaire par les
filles selon les enseignants de la DRENET de Séguéla
Le graphe de similitude (figure 11) fait apparaitre nettement un double regroupement ou deux
sphères de signification). Cependant, on peut noter que dans cette région, quatre éléments
émergent et constituent les causes consensuelles du non achèvement du cycle primaire par les
filles, ce sont: pauvreté des parents, mariage, travaux domestiques, ignorance des parents.
Dans cette structure représentationnelle, la pauvreté des parents, élément central prioritaire,
est associé aux travaux domestiques (80%), au mariage précoce (60%) et enfin à l’ignorance
des parents (20%).
56
Figure 11 : Graphe de similitude de la représentation sociale des causes du non achèvement selon les enseignants de
Séguéla
Le résultat indique que, outre les facteurs dominants déterminés précédemment, les éléments
mariage précoce et ignorance des parents sont plus connexes que dans les autres régions et
donc plus importants. Il faut remarquer que dans cette région, 60% des sujets lient mariage
précoce et pauvreté des parents. L’association de ces deux facteurs constitue l’une des causes
importantes de déscolarisation des filles.
57
Tableau 11 : Représentations sociales de la femme dans les communautés selon l’ensemble des enseignants
Procréatrice 31 31.63
Subordination 31 31.63
Esclave 27 27.55
Le graphe de similitude (figure 12) fait apparaitre une relation très forte entre les deux
éléments suivants Subordination et ménagère (72%). Par ailleurs, ce graphe fait ressortir
dans de moindre proportion les associations suivantes : ménagère et objet sexuel (45%), et
subordination avec objet sexuel (39%).
DRENET d’Abidjan 4
58
Les enseignants de la DRENET d’Abidjan 4 (tableau 13) la femme est perçue comme une
ménagère (85,18%), une personne subordonnée (48,15%), une procréatrice (44,44%), une
personne esclave (33,33%), une éducatrice (30,04%) et le sexe faible (22,22%).
L’élément le plus important dans le graphe de similitude (figure 13) est la subordination de la
femme à l’homme. En ce qui concernent les indices de similitude les plus forts, on note que
les enseignants lient subordination avec ménagère (80%) et subordination à objet sexuel
(50%).
Figure 13 : Graphe de similitude de la représentation sociale de la femme selon les enseignants de la DRENET d’Abidjan 4
DRENET de Bondoukou
Pour les enseignants de la DRENET de Bondoukou (tableau 13), la femme est vue dans la
région, comme une ménagère (66,60%), comme un être subordonné (33,33%), comme une
esclave (29,16%), comme la personne devant assurer l’équilibre du foyer (29,16%), comme
une commerçante (20,83%), comme une procréatrice (16,66%) et comme une source de
revenu (16,66%). Pour (50%) des enseignants lient ménagères à subordonnées et ménagère
source de revenu.
Figure 14 : Graphe de similitude de la représentation sociale de la femme selon les enseignants de la DRENET de
Bondoukou
59
DRENET de Sassandra
Dans la DRENET de Sassandra, les enseignants enquêtés estiment que (tableau 13), dans la
région, la femme est perçue comme une ménagère (47,62%), une personne courageuse
(42,86%), un objet sexuel (28,57%), une esclave (14,28%), une source de revenu (14,28%),
une personne subordonnée (14,28%). Notons que le seul lien remarquable (figure 15) est la
relation entre ménagère et objet sexuel (20%°).
Figure 15 : Graphe de similitude de la représentation sociale de la femme selon les enseignants de la DRENET de
Sassandra
DRENET de Séguéla
60
Quant aux enseignants de la DRENET de Séguéla, ils estiment que dans la région (tableau
13), la femme est vue comme une ménagère (96,15%), une personne subordonnée (57,69%),
une procréatrice (50%), une personne devant pratiquer les travaux champêtres (50%), un être
inférieur aux hommes (42,31%), un objet sexuel (26,92%) et une source de revenu (19,23%).
On note la présence d’un lien significatif (figure 16) entre subordination et ménagère (50%)
et ménagère et objet sexuel (35%) et subordination et objet sexuel (35%).
Figure 16 : Graphe de similitude de la représentation sociale de la femme selon les enseignants de la DRENET de Séguéla
Tableau 12 : Représentations sociales de la femme dans les communautés selon les enseignants sur les différents sites
de l’étude
61
Conclusion partielle
Les causes probables et les causes réelles d’abandon scolaire chez la jeune fille sont les
mêmes. En effet, il s’agit de grossesses précoces, de mariages précoces et de la pauvreté des
parents. Ces facteurs de déperdition scolaire sont externes à l’école. L’école dans son
fonctionnement n’est pas facteur d’abondons. Ici, les causes sont d’ordre économique et
culturel. La pauvreté des parents rend vulnérable leurs enfants et surtout les filles. Elles sont
pour la plupart exposées aux contingences de vie dès leur plus jeune âge. Ainsi, lorsqu’elles
vont à l’école, les parents n’arrivent pas à assumer leurs responsabilités et les abandonnent à
leur propre sort. Livrées à elles - mêmes les jeunes filles se tournent vers les personnes
pouvant leur permettre de subsister.
Le mariage précoce (voire forcé) est encore présent dans de nombreuses communautés surtout
en zone rurale. Cette exigence culturelle induit de nombreuses ruptures scolaires. Dans
certaines communautés, les filles sont tenues de se marier et quitter l’école pour assurer leur
statut de femmes mariées.
Le mariage précoce, bien qu’ayant un fondement culturel, est aussi une réponse aux
grossesses en milieu scolaire. Les parents préfèrent voir leurs filles mariées et respectées dans
la communauté au lieu de les voir revenir avec une grossesse précoce. Les expériences de
retour de filles avec grossesse et sans diplôme donnent un argument supplémentaire pour la
non scolarisation de la jeune fille. A l’analyse, il existe un cercle vicieux qui favorise le non
maintien de la jeune fille à l’école.
62
Nombreux sont les responsables qui identifient l’acquisition d’une cantine scolaire comme
une initiative favorable au maintien des filles dans le cycle primaire.
En effet, pour la directrice, la bataille pour l’acquisition d’une cantine scolaire est une
victoire en faveur du maintien de la petite fille à l’école en ce sens que les élèves de sa zone
sont de familles modestes: « nos élèves sont de familles modestes et manger à midi n’est pas à
la portée de tous». (Communauté, Abobo)
Quant au conseiller pédagogique de secteur, il estime que la question de la cantine scolaire est
une solution efficace à la déperdition chez la jeune fille. Pour lui, depuis que les cantines
fonctionnent dans son secteur, le phénomène du maintien de la jeune fille dans le cycle
primaire a connu une amélioration. « La mise en place de la cantine a été une de nos
stratégies ». (Directeur d’école, Abobo)
Obstacles rencontrés dans la mise en œuvre des actions
L’IEP estime que le seul obstacle est d’ordre financier dans la mesure où les campagnes
nécessitent de l’argent pour être organisées.
Implication des communautés
En ce qui concerne l’implication des communautés, les partenaires de l’éducation ont toujours
essayé d’œuvrer dans la mesure de leurs moyens, faute de politique cohérente en la matière.
C’est dans ce sens qu’un chef d’établissement affirme travailler toujours de concert avec la
COGES et les chefs des communautés. Cependant, le Conseiller Pédagogique de secteur
estime quant à lui, que certaines décisions telles que faire passer les filles avec une moyenne
de 3 sur 10 relèvent du secret professionnel et ne doivent en aucun cas impliquer les
communautés. Il y a néanmoins des décisions qui nécessitent de l’argent. Dans ce cas, les
enseignants sont contraints d’associer le COGES, détenteur des fonds.
Pour l’IEP, le club de mères de filles (groupement de femmes volontaires qui mènent des
campagnes de sensibilisation en faveur de la scolarisation et du maintien des filles à l’école
primaire) travaille en collaboration avec plusieurs membres de la communauté (parents
d’élèves, leaders communautaires, etc.).
63
et de la sensibilisation des élèves, des enseignants, des parents d’élèves lors des visites
d’inspection ou des réunions de rentrée.
Ces actions de sensibilisation sont principalement des campagnes de proximité à l’endroit
des filles scolarisées et de leurs parents. « Il n’y a pas de stratégie en tant que tel. Concernant
les filles qui sont scolarisées ici, on essaie de les encourager à se concentrer plus sur l’école.
On fait des causeries avec elles. Quand elles s’absentent on demande de leurs nouvelles à
leurs parents ». (Directeur d’école, Bondoukou)
Pendant la formation scolaire, principalement pendant les leçons de l’éducation civique et
morale, les enseignants mettent l’accent sur l’éducation sexuelle en vue de sensibiliser les
filles sur les mariages précoces, les grossesses précoces, l’abstinence sexuelle et la prévention
du VIH. « Nous sommes des éducateurs et nous les enseignons de sorte à ce qu’elles puissent
éviter les grossesses précoces. De nos jours les parents ne parlent pas aux enfants de
sexualité. Donc à l’école, on sensibilise les filles en vue d’éviter les rapports sexuels ». (IEP,
Bondoukou)
On note aussi la prise de mesures discriminatoires en faveur des filles et la recherche et
réintégration des filles en rupture de scolarité notamment au sein des écoles des zones rurales.
« J’étais il y a un an dans un village de Bondoukou, là-bas, on favorisait les filles à la
cantine. Elles étaient prioritaires et quand c’est comme cela, elles sont encouragées. On
privilégiait aussi les enfants qui sont dans les campements parce que souvent les enfants font
3 ou 4 km pour venir à l’école ce n’est pas facile». (Communauté, Bondoukou)
Les parents sont souvent mis à contribution pour la résolution des problèmes liés au maintien
scolaire des filles par des convocations individualisées ou lors des réunions des parents
d’élèves. On note aussi que les mutuelles des jeunes cadres des villages organisent des
activités de sensibilisation à l’endroit des filles et des garçons. «C’est toujours des
sensibilisations. On part des exemples concrets comme quoi il y a des filles qui sont ministres,
des directeurs de société et que la femme n’est pas faite seulement pour rester au foyer. On
organise aussi de petites fêtes où on met en valeur la fille ». (Communauté, Bondoukou)
Au niveau des ONG, des actions de sensibilisation sont menées à l’endroit des enseignants et
des filles elles-mêmes contre les grossesses en milieu scolaire. Cela a eu pour conséquence, la
réduction des grossesses en milieu scolaire.
Au total, il est difficile de se prononcer sur l’impact de ces actions. Elles sont sporadiques et
non pérennes.
64
Obstacles rencontrés dans la mise en œuvre des actions
Les principales difficultés dans la mise en œuvre de ces actions en faveur du maintien
scolaires des filles sont :
- l’ignorance de l’importance de la scolarisation des filles par les parents et
le fait que la grande majorité des parents est analphabète ;
- l’indifférence des jeunes par rapport aux problèmes qui les concernent,
selon un leader communautaire, « concernant la scolarisation des filles
quand il ya des problèmes le chef convoque tout le monde pour en parler
mais le constat qu’on fait c’est que généralement ce sont les vieux qui
répondent à la convocation et non les jeunes qui sont directement
concernés ».
- la réticence ou le faible engagement des parents, notamment des pères « Le
plus difficile est de convaincre les parents. Tout compte fait ils sont les
décideurs dans le ménage. Nous sommes souvent obligés de les convoquer
ou de faire du porte à porte ». (ONG, Bondoukou)
Implication des communautés
Les populations sont associées à la conception et à la mise en œuvre des stratégies de
sensibilisation, notamment les leaders d’opinions, les parents d’élèves et les autorités locales
(les préfets).
Les ONG intervenant en faveur de la scolarisation et du maintien scolaire de la jeune fille sont
entreprenantes. Elles sont regroupées au sein d’une coalition et se réunissent une fois par mois
pour la coordination de leurs actions. Leurs actions de terrain sont réalisées en étroite
collaboration avec les communautés. Il s’agit des actions de sensibilisation de proximité
(campagne porte à porte) suivies de la mise en place de comités de suivi dans les quartiers et
villages. « Nous faisons souvent le porte à porte et ce sont les communautés qui relayent le
message à partir des comités mis en place dans les villages. Nous avons soixante-neuf (69)
comités dans la ville et dans les villages. Ces comités de suivi des actions sont constitués de
sept (7) personnes dont le chef du village, le représentant des religieux, les enseignants et les
responsables d’ONG ».
65
8.4.3 DRENET de Sassandra
Je pense que depuis que l’Etat fait la distribution de kits scolaires, la sensibilisation, il faut
dire que beaucoup de filles tiennent, elles arrivent au CM2. Désormais elles sont aussi
nombreuses que les garçons. L’année dernière par exemple il y avait plus de filles que de
garçons dans mon école : 172 filles et 157 garçons. (Directeur d’école, Sassandra)
En dehors de ces activités extrascolaires les enseignants selon leur sensibilité engagent des
actions individuelles pour le maintien de la jeune fille à l’école. La sensibilisation des parents
est l’action la plus utilisée par les acteurs de l’école pour le maintien de la jeune fille à l’école.
« Moi j’ai initié un programme où depuis la classe de CE2, je choisis un jour de la semaine
pour m’entretenir avec les filles, pour qu’elles comprennent les choses de la vie. Ça pourra
peut-être les aider. » (Directeur d’école, Sassandra)
« Je sensibilisais les parents pour le bien fait de la scolarisation de la jeune. Je leur disais
qu’il ne fallait pas penser que la place de la jeune fille est le foyer seulement, elle a aussi les
mêmes capacités que la fille. Au niveau de la fonction publique on retrouve beaucoup de
femmes, donc elles ont leur chance ». (CPS, Sassandra)
« J’étais la directrice de l’école à cette période (depuis 2000). Avec mes contacts, je rentrais
partout pour sensibiliser les parents : au marché, dans les familles…. Pour moi les filles
s’occupent mieux des parents que des garçons. Je prends mon cas en exemple : mon père n’a
66
pas voulu me scolariser. Ce sont mes sœurs qui m’ont mise à l’école et après il s’est ressaisi.
Il a plutôt misé sur mes frères et aujourd’hui aucun d’eux ne travaille. C’est seulement les
filles qui travaillent. Et c’est nous qui nous occupons de lui ». (CPS, Sassandra)
67
autorités politiques et administratives. Cette sensibilisation se fait souvent à travers des
sketches » (IEP, Séguéla).
Ces campagnes sont généralement organisées par les chefs d’établissement, les responsables
de l’IEP et du COGES. Toutefois, l’UNICEF aurait apporté un soutien scolaire pour que le
maintien des filles soit une réalité dans la région. « Il y a eu des campagnes de sensibilisation
organisées par la direction de l’école et l’UNICEF, qui à cette occasion, avait remis des
cartables aux filles »(Communauté, Séguéla)
Pour motiver les parents à laisser leurs filles achever le cycle primaire, d’autres acteurs
mettent en place une politique de discrimination en faveur de ces dernières. « Nous
organisons des campagnes de sensibilisation et privilégions les filles dans la distribution des
kits scolaires. Par ailleurs, il fut un moment où la cantine était gratuite pour les filles». (IEP,
Séguéla)
Obstacles dans la mise en œuvre des actions
Les obstacles dans la mise en œuvre se situent au niveau des populations, au niveau des routes
ainsi du manque de moyens financiers et de moyens de déplacement. En ce qui concerne les
populations, certains de nos enquêtés estiment que certains parents d’élèves, malgré la
sensibilisation, continuent d’être réfractaires au maintien des filles à l’école. Certains ne
participent pas aux réunions organisées. « L’obstacle que nous rencontrons c’est que les
parents ne veulent pas entendre parler de dépense quand il s’agit de la scolarisation et du
maintien des filles à l’école. » (IEP, Séguéla)
Les obstacles aux campagnes de sensibilisation portent sur l’état de dégradation avancé des
routes qui ne facilite pas le déplacement dans les différentes localités et sur le manque de
moyens de déplacement. « Les obstacles que nous rencontrons sont le problème de route.
L’état des routes étant mauvais, nous n’arrivons pas à visiter tous les villages. Nous sommes
également confrontés au manque de moyens pour effectuer les déplacements. » (IEP, Séguéla)
68
Schéma 5: LE DIAGNOSTIC GENERAL DU NON MAINTIEN DES FILLES A
L’ECOLE PRIMAIRE
- Importance du taux
d’analphabétisme
I - TENDANCES - Processus général de
LOURDES paupérisation
- Insuffisance/incohérence des
VI – GERMES DE politiques éducatives
- Faiblesse des initiatives de lutte
CHANGEMENT
contre le phénomène
- Actions des ONG en faveur de la
promotion de l’éducation des
filles II- STRTAGIES
MAINTIEN PASSEES ET
- Existence de stratégies et
PRESENTES
actions visant l’amélioration du
taux de scolarisation des filles
DES FILLES A -Existence de différents textes
L’ECOLE officiels internationaux sur la
- Prise de conscience progressive scolarisation des filles
des filles et de leurs parents -Programmes et actions de
sensibilisation des parents et des
- Adhésion de l’Etat de Côte communautés
d’Ivoire aux OMD et à l’EPT
V- OPPORTUNITES ET
MENACES EXTERNES III –FORCES ET FAIBLESSES
IV- INCERTITUDES
INTERNES
1- OPPORTUNITES CRITIQUES
- Eligibilité au Millenium Challenge
corporation (MCC) ;
1. FORCES
- Existence d’un projet de réforme du -L’adhésion hésitante de
-Prise de conscience de
système éducatif ; certaines catégories de
l’importance de l’école, même
- Volonté du MENET d’améliorer le taux populations à la nécessité de la pour les filles
de scolarisation et de maintien des filles
lutte à engager -Existence de textes établissant
- Soutien de certaines organisations
l’égalité des sexes en matière de
internationales (UNICEF, UNESCO, etc.) -Les croyances non favorables scolarisation
liées à certaines confessions 2. FAIBLESSES
2- MENACES
religieuses -Manque d’ampleur, de
- La modicité des ressources financières
cohérence et de suivi des
-Inexistence /faiblesse du dispositif de
initiatives de lutte contre le non
suivi des projets et initiatives de lutte.
maintien des filles à l’école
- l’instabilité politique.
Le diagnostic général du non maintien des filles à l’école primaire a permis :
- de déterminer et d’expliquer les tendances lourdes ;
- d’identifier les stratégies passées et présentes ;
- de dégager les forces et les faiblesses internes ;
- d’identifier les incertitudes critiques ;
- de déterminer les opportunités et les menaces ;
- et de déceler les germes de changement perceptibles et susceptibles d’avoir des effets
à court, moyen et long termes.
Tendances lourdes
Quatre tendances lourdes méritent d'être notées.
La première est liée à la persistance de l’analphabétisme des populations en Côte d’Ivoire. Le
taux d’analphabétisme excessivement élevé (51%) constitue un obstacle à la scolarisation et
surtout au maintien des filles dans le cycle primaire. Ce taux est encore plus important chez la
population féminine (plus de 63%). Or, des études ont montré que les adultes scolarisés ou
alphabétisés ont plus tendance à encourager l’éducation de leurs enfants, particulièrement
celle de leurs filles (OIF, 2009).
La deuxième tendance lourde porte sur le processus général de paupérisation des populations.
Selon le DSRP (2009), la pauvreté toucherait 48,8 % de la population en 2006 contre 38,4 %
en 2002. Aujourd’hui, selon le DSRP, une personne sur deux est pauvre contre une personne
sur dix en 1985 et le nombre de pauvres a été multiplié par 10 en l’espace d’une génération.
La pauvreté a ainsi connu une hausse tendancielle passant de 10,0% en 1985 à 36,8% en 1995
et à 33,6% en 1998 avant de remonter à 38,4% en 2002 puis à 48,9% en 2008, en raison des
crises sociopolitiques et militaires successives. En outre, la pauvreté est plus accentuée en
milieu rural qu’en milieu urbain. Le taux de pauvreté est passé de 49% en 2002 à 62,45% en
2008 en milieu rural contre 24,5% et 29,45% sur la même période en milieu urbain. Cette
paupérisation de la population rurale et urbaine, constitue sans aucun doute, l’un des obstacles
majeurs à la scolarisation et au maintien des filles dans le cycle d’enseignement primaire.
La troisième tendance lourde concerne l’incohérence de la politique éducative. Elle ne met
pas un accent particulier sur le maintien des filles dans le cycle primaire. Aucune directive
claire n’est donnée aux autorités éducatives locales (DRENET, IEP, CPI, IEP, etc.) en vue
d’agir en faveur du maintien des filles à l’école.
Enfin, la quatrième tendance lourde porte sur l’insuffisance et la faiblesse des initiatives de
lutte contre le non maintien des filles à l’école primaire. En effet, l’enquête a révélé que ces
initiatives ne sont pas considérablement fortes et ne peuvent par conséquent aboutir à des
résultats significatifs.
71
Incertitudes critiques
Les incertitudes critiques portent principalement sur deux aspects.
Le premier concerne l’adhésion hésitante de certaines catégories de populations à la nécessité
de la lutte à engager. En effet, certaines catégories de la population n’ont pas encore bien
compris le bien fondé de l’école pour les filles et considèrent que la place de celles-ci se
trouve dans un foyer.
Le deuxième aspect des incertitudes critiques est relatif aux croyances religieuses non
favorables à certains rôles des femmes dans la société. Ces croyances religieuses qui mettent
souvent la femme au second plan et lui attribuent le rôle d’épouse ou de femme mère, sont un
obstacle à la scolarisation et au maintien des filles à l’école.
Opportunités et menaces
Les principales opportunités à saisir sont constituées par :
- la volonté du MENET d’améliorer le taux de scolarisation et de maintien des filles à
l’école primaire ;
- l’existence d’un projet de réforme du système éducatif. Cette opportunité peut
aboutir à la mise en œuvre de stratégies favorables à l’achèvement du cycle primaire
par les filles ;
- le soutien de certaines organisations internationales telles que l’UNICEF, le PNUD,
l’UNESCO, etc. ;
- l’éligibilité de la Côte d’Ivoire au MCC. Cette opportunité permettra peut-être au
gouvernement d’accroitre les ressources mises à la disposition de l’éducation.
Les menaces portent sur :
- la modicité des ressources financières ;
- l’inexistence et /ou la faiblesse du dispositif de suivi des projets et initiatives ;
- l’instabilité politique qui influence de manière négative le système éducatif.
Germes du changement
Cinq facteurs méritent d’être pris en considération au niveau des germes de changement.
Le premier concerne l’action des ONG en faveur de la promotion des filles. Ces actions, si
elles sont bien organisées et bien menées, peuvent avoir un impact considérable positif sur le
maintien des filles à l’école.
Le deuxième facteur est relatif à l’existence de stratégies et actions visant l’amélioration du
taux de scolarisation des filles.
72
Le troisième facteur est lié à la prise de conscience progressive des filles et de leurs parents.
Le quatrième facteur porte sur l’adhésion de l’Etat de Côte d’Ivoire aux OMD et à l’EPT.
Enfin, le cinquième et dernier facteur est relatif à l’existence des clubs des Mères des enfants
filles (CMEF).
Le CMEF est un groupement de femmes volontaires qui mènent des campagnes de
sensibilisation en faveur de la scolarisation et du maintien des filles à l’école primaire. Cette
initiative prise par les Mères de filles scolarisées d’Abobo est aujourd’hui répliquée dans
plusieurs régions du pays.
9.1 Solutions proposées par les acteurs sur l’ensemble des sites
Cette partie du travail présente les solutions proposées par les différents acteurs locaux du
système éducatif. Ces propositions argumentées se situent au niveau de l’Etat, de l’école, des
ONG et des communautés, de la famille et de l’élève.
9.1.1 Au niveau de l’Etat
L’Etat devra élaborer une politique cohérente et réalisable en matière de scolarisation et de
maintien des filles jusqu’à l’achèvement du cycle primaire. Cette politique ne devrait pas
s’arrêter à l’achèvement du primaire, mais devrait surtout encourager au maintien des filles à
l’école jusqu’ en classe de 3eme. Cette politique devra prendre en compte les cinq éléments
suivants :
Prise en charge scolaire intégrale de la jeune fille à l’école
Institution de prix spéciaux pour les filles ayant les meilleurs résultats solaires
Les prix spéciaux, au niveau national, pourrait favoriser une saine émulation au niveau
national. Ces prix seront destinés aux filles ayant les meilleurs résultats à l’examen du CEPE
au niveau national.
73
Mise en place de centres de guidance ou de centres psycho médicaux sociaux
(CPMS) pour suivre les élèves en difficultés dans les écoles
La mise en place de ces centres équipés de médecins et d’assistants sociaux pourrait être le
relais de la famille et des enseignants dans la prise en charge des enfants notamment des filles
en situation d’échec. Ces centres seront rattachés à plusieurs écoles.
La mise en place d’un comité interministériel qui prendrait en charge les problèmes externes à
l’école mais qui influencent la scolarité des filles restent capital. Il s’agit entre autre de :
Prendre en charge la communication pour le changement de comportement sur le
phénomène de grossesses en milieu scolaire,
74
Sanctionner les parents qui sont auteurs de mariage précoce ou de retrait précoce
des filles de l’école.
Institution de prix spéciaux pour les filles ayant les meilleurs résultats solaires
Ce prix sera institué au sein des DRENET, des IEP et des écoles pour les meilleurs résultats
scolaires au CEPE. Il constituera une saine compétition entre les filles déjà dès le primaire.
Les filles en situation d’échec sont connues dès le premier trimestre de l’année scolaire, la
mise en place de dispositif de recensement et de soutien scolaire interne aux établissements
scolaires permettrait de réduire les échecs et les abandons liés au découragement.
Cette institutionnalisation pourrait se faire à l’intérieur de la structure des COGES pour éviter
une pléthore de structure de parents et des conflits de compétences. Ce club pourrait avoir
dans ces attributions l’encadrement moral des filles notamment par les enseignements de
puériculture et de santé de la reproduction.
75
Cette campagne sera le lieu de les sensibiliser au renforcement de l’encadrement moral et
scolaire des filles scolarisée. Il faudra aussi faire la sensibilisation à la réduction du temps de
travail domestique au profit de l’école des filles ; les inviter à encourager leurs filles à la
poursuite et à l’achèvement de leur scolarité qui constitue un moyen de mobilité sociale.
Cette campagne permettra de sensibiliser les filles à la prise de conscience réelle de l’intérêt
d’aller à l’école ; des comportements à risque et à la prise de conscience que le fait que la
réussite scolaire passe par la réalisation des efforts nécessaires pour l’apprentissage scolaire.
Pour le maintien scolaire des filles, les acteurs interrogés sur l’ensemble des sites ont formulé
des propositions prioritaires consignées dans le tableau ci-dessous.
76
Tableau 13 : Solutions prioritaires pour le maintien de la fille à l’école primaire
terme* terme**
Mise en place d’une politique éducative cohérente MENET TOUS
pour la scolarisation et le maintien des filles à +
l’école au moins jusqu’à la fin du cycle primaire
Mise en place d’un dispositif d’accompagnement MENET TOUS
de la scolarisation et du maintien des filles jusqu’à
l’achèvement du cycle primaire (dons de kits +
intégrales à temps+ robe + chaussures ; écoles de
proximité)
Accroitre la sensibilisation (parents, acteurs de MENET TOUS
l’école et élèves filles) par le concours des medias MEDIAS PUBLIC
+
(télévision, radios nationale et locales, campagnes
d’information pour les communautés
Identification et renforcement des capacités des COGES TOUS
filles en situation d’échec au sein des écoles + Enseignants
MENET/DPES
Mise en place de structures spécialisées (centres MENET TOUS
de guidance psychopédagogiques, centres psycho- Assistants sociaux
+
médico-sociaux) pour le suivi des élèves, en
particulier les filles
Intégration au programme d’enseignement de MENET/ TOUS
l’Education sexuelle et de la santé de la +
reproduction
Coopération entre les parents et l’école au profit COGES, IEP, TOUS
des filles + Téléphonie mobile
Enseignant
Mise en place au sein des IEP d’un système de MENET TOUS
recueil d’informations relatives aux causes + DRENET
d’abandon de l’école par les filles en vue d’y
77
remédier (intervention des assistants sociaux)
Trouver des moyens et des idées pour motiver et MENET TOUS
encourager les filles (bourses, récompenses ; prix + DRENET
d’excellence) IEP
Instaurer un prix pour l’école/IEP qui enregistre le MENET TOUS
+
moins d’abandons des filles pour l’année scolaire DRENET
Construction des collèges de proximité et ETAT TOUS
+
d’internats de filles PTF
Mise en place des activités génératrices de revenu ONG TOUS
+
(AGR) pour les mères des filles scolarisées Communauté
Vulgarisation et application des textes de lois MENET TOUS
concernant les violences basées sur le genre + MFFAS
(VBG) en milieu scolaire
*= moins d’un an
** = jusqu’à trois ans
78
9.3 Recommandations
Au terme de cette étude, il convient de formuler quelques recommandations qui permettront
aux décideurs de mener de nouvelles orientations en vue d’une amélioration du taux
d’achèvement du cycle primaire par les filles. Six principales recommandations constituent
l’ossature de nos propositions:
Sensibilisation à l’aide des médias (radios, télé) nationaux et régionaux
Ces campagnes devront se faire régulièrement et s’orienter vers les cibles suivantes :
les filles elles-mêmes, avec l’aide des médecins et des sages-femmes pour réduire
les grossesses précoces ;
Les parents sur l’importance de la scolarisation et du maintien de la jeune fille et
les bénéfices réels qu’ils peuvent, eux et leurs filles, en tirer : emplois bien
rémunérés, fonctions valorisantes, etc.
Les communautés : elles doivent s’impliquer de façon franche et intense dans la
réalisation de la réussite de ce projet qui vise l’achèvement du cycle primaire par la
jeune fille.
les populations en milieu rural qui sont encore réticentes.
Sécurisation du cadre de vie scolaire
Construction de clôture pour chaque établissement ;
Mise en place ou renforcement des activités extrascolaires ;
Rappel de façon constante les sanctions pénales et disciplinaires encourues par
les enseignants auteurs de grossesse en milieu scolaire ;
Création de cantines, de latrines et de points d’eau potable ;
Respect effectif de l’interdiction des sévices corporels à l’égard des élèves.
80
Tableau 14 : Plan d’action pour le maintien de la fille à l’école primaire
Défis/ Objectifs Obstacles Activités Stratégies Acteurs Résultats attendus Période/durée Benéficiaires
spécifiques principaux
Méconnais Diffuser les textes MENET ; On aboutit à une Court terme Filles
sance et de loi punissant les Ministère de la meilleure
DEFI 1 :
non auteurs de Famille, de la connaissance des
importance du respect grossesse avec Femme et des textes de lois
phénomène des des lois mineur Elaborer une politique Affaires
grossesses en milieu médiatique sur le Sociales
scolaire phénomène de
Créer des activités grossesse en milieu MENET/ On aboutit à zéro Court terme Filles +
extrascolaires liées scolaire Direction des pour cent de garçons
aux questions de Mutualités des grossesse en milieu
Objectif spécifique 1 :
grossesse en milieu Œuvres scolaire
Annihiler le
scolaire Scolaires
phénomène de
(DMOS)
grossesse en milieu
scolaire Initier des centres Ministère de On aboutit à zéro Court terme Filles
d’écoute pour les l’Intérieur ; pour cent de
filles victimes de ONG grossesse en milieu
harcèlement et/ou scolaire
de violences Faire de l’école un
sexuelles espace de protection
de l’enfant
Créer des clubs de MENET/ On aboutit à une Court terme Filles
filles pour la lutte Direction des meilleure prise en
contre le Mutualités des charge des filles
harcèlement et/ou Œuvres victimes
la violence
sexuelle scolaires, ONG
Méconnais Instituer des MENET/ DPFC On aboutit à une Moyen terme Filles +
sance des modules de Développer des meilleure garçons
méthodes formation sur la curricula connaissance de la
de santé de la sexualité par les
contracept reproduction apprenants
ion ;
Organiser des MENET/ On aboutit à une Court terme Filles
réunions SNAPSCOGES meilleure protection
d’information des des filles
mères à l’endroit Mettre en place une
des filles ; politique médiatique
Vulgarisation des sur les méthodes MENET/Minist Filles +
Court terme
méthodes de contraceptives ère de la santé garçons
contraception/ et de la lutte On aboutit à zéro
Accès gratuit aux pour cent de
contre le SIDA
contraceptifs ; grossesse en milieu
scolaire
Activité Expliquer les Initier des campagnes MENET/ Court terme Filles +
sexuelle dangers de de sensibilisation SNAPSCOGES, garçons
82
précoce l’activité sexuelle ONG
précoce sur la
santé, la
scolarisation et
l’avenir des élèves
DEFI 2 : Mise en Prise en charge Ministère de On aboutit à un Accès Moyen terme Filles
œuvre totale et effective Elaboration d’une l’Education égal et équitable de
Effets néfastes de la
effective de la scolarisation politique en faveur de Nationale et toutes les filles à
pauvreté des parents
de la des filles la scolarisation et du de l’école (riches et
sur le maintien
gratuité maintien des filles du l’Enseignemen pauvres)
scolaire
intégrale primaire t Technique,
de l’école ONG
Objectif spécifique 2 : Construction de Elaboration d’une MENET, DNC, Court terme Filles +
cantines politique en faveur de SNAPSCOGES, garçons
Réduire les effets de
scolaires surtout la scolarisation et du
83
la pauvreté des dans les zones à maintien des filles du Communauté
parents sur le faible taux de primaire
maintien scolaire des scolarisation et de
filles dans le cycle maintien des filles
primaire
Sensibiliser les Elaboration d’une ONG ; Court terme Filles
parents sur la politique en faveur de COGES,
nécessité de la scolarisation et du MENET, On aboutit à une
réduire les travaux maintien des filles du communauté meilleure prévention
domestiques et primaire contre le retrait
champêtres des précoce des filles de
enfants l’école
84
Objectif spécifique 3 : la femme ; par l’école; les sensibilisations SNAPSCOGES précoce des filles de
Réduire les l’école
pesanteurs
culturelles et
La place de Initier des centres MENET Court terme Filles
religieuse sur le
la femme d’écoute au sein
maintien scolaire Ministère de la
dans la des IEP pour les
communa filles exposées justice
On aboutit à une
uté et/ou victimes du Elaborer des meilleure prévention
mariage précoce techniques de contre le retrait
communication pour précoce des filles de
Sensibiliser contre MENET ; Court terme Filles
le changement de l’école
le mariage précoce COGES ;
comportement ;
et ses
conséquences pour ONG;
la jeune fille ;
Absence Parité au niveau Mise en place d’une MENET Court terme Filles,
de modèle des chefs stratégie de genre enseignante
féminin ; d’établissements dans la nomination
primaires ; des chefs
d’établissements ;
*= moins d’un an
** = de un à trois ans
85
X. CONCLUSION GENERALE
L’éducation n’est pas facultative. Impliquée par la nécessité pour les hommes de vivre en
communauté, elle consiste à amener l’ensemble des membres d’un groupe social donné à
adhérer et à se rassembler de manière durable autour d’un « plus petit commun rassembleur ».
C’est ce rassemblement harmonieux qui permet d’évoluer vers la Nation Solidaire. Elle a
donc pour finalité de préparer chaque individu à s’admettre comme un membre à part entière,
doté des savoirs, savoirs faire et savoir-être dont cette communauté a besoin pour continuer
d’exister comme tel et prospérer, et à se comporter en conséquence.
En tant que telle, l’éducation s’impose donc à toute société humaine. C’est conscient de son
importance que les Etats et les Organisations Internationales (UNESCO, UNICEF, etc.),
travaillent sans cesse à aider chaque pays à se doter de systèmes éducatifs fonctionnels et
performants. Mais les pays sous-développés dont la Côte d’Ivoire fait partie continuent
d’accuser dans ce domaine, un retard significatif par rapport aux pays développés. Il est
évident que plusieurs facteurs concourent à cet état de fait. Si au niveau général, le taux global
de scolarisation pour la Côte d’Ivoire est de 76 à 77%, il apparaît que les filles sont bien
moins nombreuses à être scolarisées (46%) et ce, pour des raisons diverses : Raisons d’ordre
culturel, religieux, de pauvreté, etc. Mais fait tout aussi grave, la minorité qui parvient à se
faire inscrire n’achève même pas le cycle primaire, c’est-à-dire qu’elles n’arrivent même pas
à franchir de façon heureuse, le cap du Cours Moyen 2ème année pour obtenir au moins le
Certificat d’études primaires(CEPE).
Le Millenium Challenge Corporation (MCC) Américain met à leur disposition, des fonds pour
aider les pays concernés à essayer de résoudre les nombreux problèmes qui se posent à eux.
Mais pour y accéder, des conditions doivent être remplies. Entres autres, l’amélioration du
taux de maintien des filles pour leur permettre de franchir au moins le cap du CM2, avec le
Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires en poche.
Pour travailler de façon efficace en vue de remplir cette conditionnalité, l’Etat de Côte
d’Ivoire, par le biais du Ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique
(MENET) a décidé d’entreprendre la présente étude.
Elle a consisté en une enquête sur le terrain, auprès des principaux partenaires de l’Ecole, à
partir d’une analyse documentaire, de questionnaire, d’entretins individuel et de groupes
(Focus group).
L’analyse des données recueillies sur les sites des DRENET d’Abidjan 4, de Bondoukou,
Sassandra et Séguéla nous montre que le phénomène de non maintien des filles est bien réel et
que c’est à partir de la classe du Cours élémentaire 2 ème année (CE2) que le décrochage des
filles s’amorce véritablement.
Il a donc été possible d’identifier des causes réelles et probables dont l’analyse nous a permis
de proposer des solutions et de formuler des recommandations à l’adresse du demandeur de
l’étude mais aussi des principaux partenaires impliqués.
En clair, des actions concrètes doivent être menées mais toutes ces entreprises gagneraient en
efficacité en s’inscrivant dans le cadre d’une politique éducative particulière orientée dans le
sens d’une amélioration significative du taux de maintien des filles à l’école jus qu’au Cours
Moyen Deuxième année au moins.
87
XI. BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Ouvrages méthodologiques
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Bengladesh, et Sénégal, Paris, IIPE/UNESCO ([email protected])
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GRAWITZ M (1986) .: Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 7e édition, 1986.
GUIDERE M (2003): Méthodologie de la recherche. Guide pratique du jeune chercheur en
lettre, langues, sciences humaines et sociales, Maîtrise, DEA, Master, Doctorat ;
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N’DA P. 2002: Méthodologie de la recherche. De la problématique à la discussion des
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QUIVY R. et CAMPENHOUDT V. L (1995) : Manuel de recherche en sciences sociales,
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1- Ouvrages spécialisés
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VERGES, P. (2001), « L’analyse des représentations sociales par questionnaire ». Revue
Française de sociologie, 42,3.
90
Annexe : Causes probables selon les apprenants dans chaque DRENET
DRENET DRENET DRENET DRENET
Abidjan 4 Bondoukou Sassandra Séguéla
% % % % % % % %
Causes
(F+G) (F) (F+G) (F) (F+G) (F) (F+G) (F)
Grossesse précoce 47,13 57 85 90 87,76 88 89,37 89
Mariage Précoce 53,5 62 63 64 60,54 65 93,12 93
Pauvreté des parents 40,1 42 65 63 67,33 63 83,75 83
Travaux Domestiques 30,57 31 34,37 34,94 21,77 26,15 70,62 71,25
Travaux Champêtres 37,57 39 44 42 37,41 37 70,62 73
Manque de motivation 42,03 41 42 40 34,01 38 61,87 59
Eloignement 28,66 25 36 33 19,73 22 43,75 44
Harcèlement sexuel 27,38 25 36,25 36,14 46,94 58,46 58,12 55
Absence de latrines 19,1 15 25 28 17,69 25 33,12 33
Manque d'effort
personnel 42,03 33 36 33 36,05 52 64,37 65
Violence Morale 25,47 23 29 63 34,69 45 49,37 49
Violence Physique 23,56 19 24 15,66 48,3 52,30 52,5 51,25
Absence de cantine 23,56 19 26 24 17,69 25 55 55
Redoublements répétés 38,21 28 56 53 45,58 54 76,25 76
Guerre 40,12 30 54 52 59,86 60 75 76
Mort d'un parent 40,12 31 59,37 56,63 40,82 53,84 68,75 72,5
Cotisations COGES 31,84 28 41 34 23,81 26 67,5 73
Santé des parents 41,25 38 61,86 64 55,1 62 72,5 71
Santé de la fille 37,5 31 59,36 64 57,14 71 57,14 71
Nombre d'enfants à 14,97
scolariser 25,63 21 16,25 16,87 27,69 14,97 65
91
92