V1 Arpentage Nivellement Terrassements Sondages, Fondations

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Nouvelle encyclopédie

pratique du bâtiment et de
l'habitation. Volume 1 /
rédigée par René Champly,
avec le concours [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Champly, René (1865-1940). Auteur du texte. Nouvelle
encyclopédie pratique du bâtiment et de l'habitation. Volume 1 /
rédigée par René Champly, avec le concours d'architectes et
d'ingénieurs spécialistes. 1910-1914.

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NOUVELLE ENCYCLOPÉDIE PRATIQUE

Terrassements
Sondages, Fondations

AVEC 101 FIGURES DANS LE TEXTE

PARIS
LIBRAIRIE GÉNÉRALE SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE
H. DESFORGES
29, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 29
NOUVELLE ENCYCLOPÉDIE PRATIQUE
DU BflTIlHEJlT ET DE Ii'a.llBITllTIOTt
RÉDIGÉE PAR

$ené
avec le concours d'Architectes et d'Ingénieurs spécialistes

PREMIER VOLUME

sondages, fondations

AVEC 101 FIGURES DANS LE TEXTE

PARIS
LIBRAIRIE GÉNÉRALE SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE
H. DESFORGES
29, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 29
PRÉFACE

Il existe déjà de nombreux ouvrages traitant


des diverses connaissances que doivent posséder
celui qui veut faire bâtir et ceux qui font les
travaux de construction des maisons. Certains
de ces livres sont trop techniques pour être
compris par les personnes n'ayant pas une ins-
truction professionnelle spéciale ; d'autres, con-
çus d'une façon très pratique, mais écrits il y a
déjà longtemps, ne sont pas à jour des progrès
réalisés dans le mode de construction des bâti-
ments.
Nous nous proposons, dans cette Nouvelle
Encyclopédie du Bâtiment, de réunir toutes les
données pratiques consacrées par l'expérience
en laissant de côté les considérations trop théo-
riques pour être comprises par tout le monde ;
nous ferons une large part aux méthodes mo-
dernes et à l'emploi des machines dans les
divers travaux de terrassement et de construc-
tion.
Les quinze petits volumes de ce travail s'adres-
sent surtout aux architectes, aux entrepreneurs,
aux maçons et aussi aux propriétaires qui y
trouveront des renseignements succincts, précis
et pratiqués, applicables immédiatement dans
la construction des maisons telles qu'on doit les
concevoir de nos jours.
René CHAMPLY.
Nouvelle Encyclopédie Pratique
DU BATIMEHT ET DE II'Hubitbtioh
.

CHAPITRE PREMIER

ÉTUDES PRÉLIMINAIRES

Avant de songer à donner le premier coup de


pioche, il est nécessaire de faire une étude appro-
fondie des conditions du terrain sur lequel on veut
construire ainsi que des voisinages : si vous possédez
le terrain, il s'agit d'en tirer le meilleur parti possible ;
si vous devez acheter un terrain pour y bâtir, il faut
le choisir aussi apte que possible à la construction qui
doit y être édifiée.
Choix d'un terrain à bâtir. — Les qualités que doit
réaliser un terrain à bâtir sont diverses et souvent
contradictoires : par exemple, un terrain permettra
une orientation agréable des bâtiments d'habitation,
mais il entraînera des frais importants de fondations
ou bien il sera affecté d'un voisinage désagréable. Il
faudra donc, quelquefois, peser le pour et le contre et
se résigner à sacrifier quelque agrément pour en
posséder un autre.'Nous allons exposer les qualités
d'un terrain à bâtir idéal : il faudra que le terrain que
vous choisirez en possède le plus grand nombre pos-
sible.
1° Orientation. La meilleure exposition pour la

façade principale d'une maison d'habitation est le
sud-est ; l'exposition en plein nord donne des locaux
froids et souvent humides ; celle à l'ouest, et surtout
au sud-ouest, inflige des températures excessives
pendant Fêté ; dans certaines régions voisines de la
Manche et de l'Atlantique, les vents et les pluies
viennent toujours de l'ouest et doivent faire redouter
une façade principale ainsi exposée. Choisissez donc
autant que possible le terrain en pente douce vers le
sud-est ou le sud avec la façade principale dans ces
deux orientations ; ceci est surtout applicable à la
France et à la Belgique.
Il faut tenir compte des conditions climatériques
locales, de la direction générale des vents et des
pluies, de l'abri qu'offrent les montagnes contre les
vents froids du nord et de la température moyenne
du pays, toutes choses qui peuvent amener à consi-
dérer comme acceptable une autre exposition des
bâtiments.

2° Salubrité.
— Certains terrains sont insalubres :
tels sont les endroits marécageux, vaseux, les tour-
bières, le voisinage immédiat de certains étangs ou
cours d'eau sujets à des crues ou inondations.
Voyez si ces terrains sont améliorables par des
drainages convenables et pas trop coûteux ; géné-
ralement, il faut éviter même le voisinage de ces ter-
rains humides et forcément malsains.

3° Vue. — La vue étendue est un des principaux


agréments d'une habitation ; l'orientation de la façade
devra donc être faite autant que possible pour offrir
un vaste et joli spectacle aux yeux des habitants.
ZP Voisinages incommodes. Le voisinage des

usines crée non seulement la laideur du paysage, mais
souvent aussi des odeurs ou des bruits désagréables ;
la proximité des cours de fermes, des abattoirs, des
boucheries et charcuteries expose à des odeurs nau-
séabondes qu'il faut éviter soigneusement. Tournez
en ce cas la façade de votre maison à l'opposé de ces
exploitations commerciales du côté desquelles vous
mettrez les communs et les cours.
5° Arbres.
— Si vous construisez à la campagne,
faites en sorte de choisir un terrain où il y a déjà des
arbres que vous pourrez conserver pour l'agrément
de votre jardin ou parc : les jeunes arbres que vous.
planterez ne donneront de l'ombre et des fruits qu'à
vos enfants et à vos neveux !

6° Eau. — L'eau fait la vie d'une maison de cam-


pagne : un terrain sans eau est aride et infertile. Si
vous ne pouvez avoir l'agrément d'une petite rivière
ou d'une source jaillissant naturellement du sol,
renseignez-vous sur la profondeur à laquelle on ren-
contre l'eau dans les puits du voisinage et si cette eau
est saine et abondante toute l'année. Si l'eau est
abondante et qu'il y ait des sources, veillez à ce que
leur écoulement ne crée pas de marécages ou une
humidité excessive.

7° Nivellement.
— Certains terrains nécessitent des
frais considérables de nivellement avant la construc-
tion. Si ces nivellements doivent être faits dans des
roches dures, ils peuvent augmenter de beaucoup le
prix des bâtiments. Appréciez, en ce cas, le cube des
matériaux à arracher et à déplacer et établissez un
devis des dépenses à prévoir de ce chef.
8° Fondations. — Renseignez-vous sur la qualité
du sous-sol en vue de l'évaluation des dépenses à faire
pour les fondations. Nous dirons plus loin comment
on procède pour sonder un terrain, mais il est le plus
souvent facile d'avoir des renseignements à cet égard
par les personnes qui ont fait bâtir dans la contrée.
Dans certains terrains il faut dépenser presque autant
pour les fondations que pour la partie des maçonneries
hors du sol, ceci est à considérer sérieusement quand
on achète le terrain et à mettre en regard de son prix.
9° Servitudes. — Certains terrains sont grevés de
servitudes de passage, de halage, d'écoulempnt
d'eaux, etc. Ces servitudes sont mentionnées dans les
titres de propriété du vendeur, mais il peut en exister
de nouvelles qui se sont créées par l'usage, de même
que d'anciennes servitudes ont pu disparaître. Le
notaire, l'architecte et l'enquête locale vous rensei-
gneront à cet égard. (Code civil, 637 à 652 et 686
à 710.)
10° Mitoyennetés. — Si le terrain est bordé de cons-
tructions appartenant aux voisins, examinez vos
droits à la mitoyenneté des murs des bâtisses ou des
clôtures. Le Code civil, articles 653 à 673, est à consul-
ter, ainsi qu'il faut s'enquérir des coutumes locales,
de même que des droits acquis à cette mitoyenneté
par les précédents propriétaires. Voir aussi les condi-
tions dans lesquelles la mitoyenneté peut être acquise
si elle ne l'est déjà.
11° Distance et vue sur les voisins. — Voyez les
articles 674 et suivants du Code civil et examinez les
droits que peuvent vous créer sur les voisins des ser-
vitudes existantes.
—A Paris et dans les
12° Autorisation de construire.
villes d'une certaine importance, on ne peut cons-
truire sans l'autorisation du service de la voirie qui
donne l'alignement. S'il s'agit de créer une usine ou
certains établissements industriels, vous pouvez être
soumis à une enquête dite de commodo-incommodo : en
ce cas, il serait imprudent d'acheter un terrain sans
être assuré que l'autorisation de construire et d'ex-
ploiter sera accordée.
13° Alignement, hauteur permise. — Le service
municipal donne l'alignement et limite la hauteur
permise pour la construction : cette hauteur est fixée
par les décrets locaux ; elle varie généralement selon
.la largeur de la rue que bordent les façades des bâti-
ments à édifier. Les lois, décrets et règlements sur les
alignements et hauteurs des édifices sont complexes
et varient fréquemment, le mieux est de consulter un
architecte du pays où l'on veut construire et de se
renseigner au service municipal sur les exigences
locales.

Prix des matériaux. — Les prix des matériaux


14°
de construction varient beaucoup suivant les régions
et même d'un village à un autre, selon que les car-
rières ou usines à brique, chaux ou plâtre sont plus ou
moins éloignées du terrain à bâtir. De là peuvent venir
des surprises sur le coût final d'une construction. Le
prix des matériaux à employer et le coût de leur
transport à pied d'oeuvre sont donc à considérer
quand on achète un terrain.
" 15° Plus-values possibles. — Le voisinage d'une gare
de chemin de fer ou d'une route peut faire prévoir
une plus-value dans la valeur d'un terrain, et ce dans
un avenir plus ou moins éloigné. Le vendeur ne
manque pas de faire ressortir cette probabilité pour
augmenter ses prétentions il ne faut en tenir compte
:

que si l'extension du village ou de la ville se poursuit


du côté où se trouve le terrain.
Certains terrains acquièrent des plus-values consi-
dérables par la création de lignes de chemin de fer;
il y a de ce chef des renseignements à prendre et à
considérer dans l'achat d'une propriété. Même obser-
vation pour les percements de rues et expropriations
dans les villes.

Tels sont en résumé les points sur lesquels doit


porter principalement l'examen d'un terrain à bâtir.
CHAPITRE II

ARPENTAGE

La première opération à effectuer consiste à dresser


un plan exact et coté du terrain ; c'est sur ce plan que
l'on fera ensuite le dessin des constructions dans tous
leurs détails ; ce plan sera annexé à l'acte d'acquisi-
tion du terrain, ce qui a une grande utilité. Souvent
le plan du terrain a déjà été fait par autrui : il est bon
d'en vérifier l'exactitude.
Il existe un grand nombre de méthodes pour lever
le plan d'un terrain, nous ne parlerons ici
que des plus
simples qui sont à la portée de toute personne ayant
l'instruction primaire.
1 ° Levé d'un plan au mètre. Les instruments néces-

saires sont : 1° une chaîne d'arpenteur ou simplement
un décamètre ; 2° des piquets en fer gros comme le
petit doigt et longs d'un demi-mètre; 3°des jalons en
bois gros comme un manche à balai et longs d'un à
deux mètres ; on refend la partie supérieure de ces
jalons pour y fixer une carte de visite oubienuncarré
de fort papier blanc, ce qui permet de les apercevoir
de loin.
Lp, principe de l'arpentage consiste à décomposer
le terrain en un certain nombre de triangles dont on
mesure successivement les trois côtés : s'il y a des
lignes courbes, on les décompose en petites parties

droites qui forment autant de triangles que l'on peut


alors mesurer.
Supposons un terrain formé de lignes droites et
courbes. Commencez par placer un jalon à tous les
points sommets des lignes droites OP, PA, AB, BC,
mesurez ces lignes droites avec la chaîne d'arpenteur
ou le décamètre et inscrivez ces mesures sur un cro-
quis tracé à vue d'oeil sur une feuille de papier. Placez
ensuite les jalons x, y, z, dans les lignes OC, PC et AC,
puis mesurez ces lignes. Pour mesurer la partie bordée
par une ligne courbe, placez un piquet V et mesurez
tous les côtés des petits triangles obtenus en joignant
les jalons V et X aux jalons plantés sur la ligne courbe
OC et qui la décomposent en 10 petites parties que
l'on peut considérer comme droites.
Lorsque vous aurez marqué sur votre croquis toutes

ces longueurs exactement mesurées, vous pourrez


dresser un plan exact et à une échelle quelconque
(un centimètre ou un demi-centimètre par mètre, par
exemple) du terrain que vous avez mesuré.
Pour en obtenir la surface, il faut calculer sépa-
rément la surface de chacun des petits triangles dont
vous connaissez les trois côtés.
La formule à appliquer est :

dans laquelle p est le demi-périmètre du triangle con-


sidéré, c'est-à-dire la somme de ses trois côtés divisée
par 2 ; a, b, c, sont les trois côtés.
Exemple : soit à calculer la surface du triangle ABC
pour lequel nous avons trouvé
AB = 42 mètres
BC = 36 mètres
AC = 58 mètres
nous aurons :

d'où

Il suffira de calculer ainsi la surface de chaque


triangle formé sur le plan et d'additionner les sur-
faces partielles pour avoir la surface totale du terrain.

20 Levé d'un plan au mètre


par rayonnement. — Les
instruments nécessaires sont les piquets ou jalons
et la chaîne ou décamètre. On décompose le terrain
en triangles en partant d'un point pris vers le centre

du terrain et duquel point on puisse apercevoir tous


les points du pourtour du terrain. Joignez ce point 0
par des lignes droites à tous les jalons du pourtour
et mesurez les côtés des triangles ainsi formés ; cal-
culez ensuite la surface de chaque petit triangle et
faites la somme comme ci-dessus.
Si le terrain est d'une forme simple et ne présente
pas de parties courbes ni d'angles rentrants, il suffit,
pour le décomposer en triangles, de joindre un de ses
sommets à tous les autres points de jalonnement,
comme le montre la figure 7.
Nota. —Quand vous tracerez sur le papier le plan
du terrain à l'échelle choisie, vous devrez obtenir
un polygone qui se ferme nàturellement, c'est-à-dire
dont les deux extrémités se rejoignent sur le papier :
ceci est une vérification de la justesse de vos mesures
sur le terrain.
/
3° Levé au mètre d'un terrain dont le milieu est inac-
cessible. — Supposons un terrain dont la partie cen-
trale est occupée par un bois ou un étang, nous pou-

vons cependant en lever le plan avec la chaîne d'ar-


penteur seule. Pour cela, mesurons la longueur de tous
les côtés, puis prenons sur les côtés des points 0, P,
Q, R, que nous pouvons joindre aux sommets ou
entre eux ; en mesurant les longueurs OB, OP, BP,
QA, AR, RQ, etc., nous pourrons dresser sur le papier
un plan exact du terrain à une échelle donnée ; c'est
sur ce plan que nous mesurerons les lignes qui nous
manquent pour faire le calcul de la surface du ter-
rain non accessible.
Pour que ce calcul soit exact, il est nécessaire que
toutes les mesures et aussi le plan sur le papier soient
faits avec grand soin, car ce procédé n'est pas aussi
rigoureux que les précédents. Comme vérification, le
polygone doit se fermer seul.

4° Levé au mètre d'un angle dont le sommet est


inaccessible. — Supposons que le point A soit visible,
mais inaccessible : mesurons deux lignes PB et CO

ainsi que les distances BO et PC, nous pourrons ainsi


tracer sur le plan les lignes BA et CA dans leurs direc-
tions exactes et leur point de rencontre donnera le
point A sur le plan.
5° Levé au mètre d'un espace entièrement inaccessible
mais dont les alentours sont accesst'bl( ç. — C'est le cas
d'un bois ou d'un étang. Entourez le terrain inac-
cessible d'un triangle formé par trois jalons A, B, C.
Décomposez l'espace accessible en petits triangles
dont vous mesurez les côtés, ce qui vous permettra
de dresser le plan et de calculer la surface de l'espace
non accessible : cette surface est, en effet, la différence
entre la surface du grand triangle ABC et la somme
des surfaces des petits triangles intérieurs. Le triangle
ABC peut être remplacé par un polygone quelconque,
appelé polygone topographique.

6° Emploi de l'équerre d'arpenteur. — Jusqu'à pré-


sent, nous n'avons utilisé dans le levé des plans que les
propriétés du triangle dont on connaît les trois côtés ;
l'équerre d'arpenteur permet de tracer sur le terrain
des perpendiculaires et de décomposer la surface à

mesurer en rectangles ou trapèzes à deux angles


droits, ou encore en triangles rectangles : ceci permet
de diminuer le nombre des lignes à mesurer et -de
simplifier les calculs à faire ultérieurement.
L'équerre d'arpenteur est une boîte en cuivre de
forme cylindrique ou octogonale fendue de huit
fenêtres longues appelées pinnules au travers des-
quelles se font les visées à 90 ou à 45 degrés. L'équerre
d arpenteur se pose sur un piquet spécial ou bien
sur
un pied à trois branches à l'aplomb du point d'où l'on
veut faire la visée : un aide placé au loin, pose un
jalon, par tâtonnement et selon les signes que lui fait
l'opérateur, de façon que ce jalon soit bien dans le
prolongement de la ligne de visée. L'équerre étant
installée en A, l'opérateur peut donc tracer autour de
ce point une série de lignes perpendiculaires ou à
45° entre elles.

7° Levé à l'équerre d'un terrain accessible. — Le


procédé consiste à décomposer le terrain en un certain

nombre de trapèzes rectangles, triangles rectangles,


carrés ou rectangles obtenus par une série de visées
à l'équerre en des points convenablement choisis sur
le terrain. On mesure les côtés de ces figures dont les
surfaces s'obtiennent par des calculs simples et
rapides, que nous rappelons ci-après :
Surface du carré = a x a
Surface du rectangle = a x b

Surface du trapèze rectangle = x h

Surface du triangle rectangle =

8° Levé à l'équerre
par abcisses et ordonnées. — On
jalonne une base quelconque Ay ; l'opérateur se

transporte avec l'équerre le long de cette base et


détermine les points B, G, D, E, F, par lesquels on
peut élever des perpendiculaires passant parles som-
mets du polygone à mesurer. On mesure ensuite les
longueurs BC, CD, DE, EF et, pour vérification, la
longueur BF ; puis on mesure les perpendiculaires
BO, CP, DQ, ES, FR. On a ainsi les éléments néces-
saires au trace du plan du terrain et au calcul de sa
surface : celle-ci est, en effet, égale à la somme des
surfaces des trapèzes rectangles BOPC + CPQD
+ DQRF diminuée de la somme des trapèzes rec-
tangles BOSE + ESRF.

80 Levé à l'équerre par intersections. D'un point


convenablement situé A d'où l'on aperçoit tous les
sommets du polygone à mesurer, on trace deux per-
pendiculaires que l'on fait jalonner, Ax et Ay, puis
ûn transporte l'équerre le long de ces lignes pour

déterminer le pied des perpendiculaires à Ax et Ay


passant par les sommets du polygone OPQR. Mesurer
ensuite les distances de A aux points ainsi trouvés sur
Ax et A y ; on obtient ainsi tous les éléments néces-
saires au tracé du plan et au calcul de la surface,
comme il est dit ci-dessus, les sommets du polygone à
mesurer étant déterminés par les intersections desper-
pendiculaires respectivement correspondantes entre elles.
Lorsqu'on emploie cette méthode, il faut avoir soin
de noter les perpendiculaires horizontales et verti-
cales d'une lettre de repère correspondante au point
visé, afin de retrouver ensuite facilement les lignes
qui doivent déterminer ce point par leur intersection
et de ne pas faire d'erreur dans le classement des nom-
breuses parallèles ainsi déterminées. La surface est ici
égale à la somme de APPP + QPPQ diminuée de
PPOO + AOOQ + OORR + QRRQ, surfaces dont
on connaît la mesure exacte.
90 Levé des plans au graphomètre. — Le graphomètre
compose d'un demi-cercle gradué en 180 degrés
se
sur lequel peut tourner une alidade munie de deux
talons verticaux à pinnules_'de visée. Le diamètre du

demi-cercle porte aussi deux talons à pinnules. Posé


sur un pied à trois branches, le graphomètre permet
de mesurer les angles et d'appliquer les calculs trigo-
nométriques au levé des plans et au calcul des surfaces.
Pour lever un plan au moyen du graphomètre, on
procède par cheminement, en mesurant successive-
ment avec la chaîne d'arpenteur tous les côtés du
polygone et en mesurant en même temps les angles
que font entre eux ces côtés ceci se fait très exacte-
ment au moyen du graphomètre dont le diamètre
est mis dans la direction de l'un des côtés de l'angle
et l'alidade dans la direction de l'autre côté : la me-
sure de l'angle se lit sur le limbe gradué en degrés.
On ôpère par rayonnement ou par intersections pour
-
la détermination des points inaccessibles.
Pour cela, on jalonne une ligne AB dans l'intérieur
ou à l'extérieur du terrain et on installe le grapho-
mètre d'abord au point A, puis au point B. De chacun

de ces points on vise chacun des sommets du poly-


gone à relever et on note les angles de ces directions
avec AB. Par un plan tracé exactement au rappor-
teur ou par une série de calculs trigonométriques, on

détermine facilement tous les points du sommet du


polygone, qui se trouvent à l'intersection des lignes
de visée relevées par le graphomètre.

10° Levé des plans à la planchette. La planchette



à dessiner est fixée, par une monture à genouillère,
sur un pied à trois branches installé successivement
à tous les sommets des angles du polygone. Une
alidade munie de deux pinnules de visée, se pose sur
la planchette et permet de tracer les côtés de
i'angle : on mesure la longueur de ces côtés avec la

chaîne d'arpenteur et on reporte cette longueur, en la


réduisant à l'échelle adoptée, sur le papier fixé sur la
planchette.
Le levé à la planchette est expéditif, mais n'offre
pas une très grande exactitude : supposons qu'il
s'agisse de lever avec la planchette l'angle MON.
Tracez sur le papier une droite om représentant la
direction OM du terrain, puis fixez au point o une
petite aiguille très fine ; placez la planchette hori-
zontalement, o étant au-dessus de 0, puis, posez la
ligne de foi de l'alidade contre la ligne om sur le papier
et faites tourner la planchette jusqu'à ce que vous
aperceviez le centre du jalon M dans les fenêtres de
l alidade. A ce moment, la planchette est
en station.
.Sans la déranger, faites tourner l'alidade autour de
l'aiguille fine plantée en o, jusqu'à ce que le jalon

planté en N soit au centre des fenêtres de l'alidade :


tracez alors sur le papier le côté on de l'angle mÓn qui
est égal à MON. Mesurez ensuite les longueurs OM
et ON sur le terrain avec la chaîne d'arpenteur et
reportez-les sur le papier en les ramenant au préalable
à l'échelle choisie.
On peut se servir d'une boussole pour orienter la

planchette : la boussole étant fixée sur la planchette,


il suffit d'amener l'aiguille aimantée à une division
déterminée d'avance sur le cadran pour mettre rapi-
dement la planchette en station à chaque point de
--\
-isée ; cette méthode ne donne que des résultats
approximatifs.
En procédant par cheminement tout autour du
polygone, par rayonnement autour d'un point conve-
nablement choisi dans l'intérieur du terrain ou par
intersections de sécantes joignant les angles du
polygone, on arrive à dessiner sur la planchette
le terrain réduit à l'échelle que l'on a d'abord choisie.
La
11° Levé des plans à la boussole d'arpenteur. —
boussole d'arpenteur est formée d'une boîte carrée

en bois au centre de laquelle se meut une aiguille


aimantée ; un cercle divisé en 360 degrés indique
les déviations de l'aiguille par rapport à la ligne
de foi qui est parallèle à l'un des côtés de la boîte.
Sur ce côté se trouve un petit coffre allongé en bois,
percé de dèux trous de visée par lesquels on vise un
jalon, la boussole étant installée sur un pied à trois
branches et mobile autour d'un axe vertical. On lit
sur le limbe l'angle que fait cette direction avec la
direction Nord-Sud donnée par l'aiguille aimantée.
On peut donc déterminer à chaque point de visée,
les angles que font les divers alignements du plan
à lever, avec la direction fixe Nord-Sud : on a ainsi
le moyen de mesurer tous ces angles et de les reporter
sur le papier. Ce procédé est peu recommandable
à cause de son manque d'exactitude ; nous ne le
mentionnons que pour mémoire.
Bibliographie : Muret, Topographie appliquée à l'agricultnre. Thiéry,
Méthodes topographiques. Bourgoin, Arpentage et leçé de .plaiis.
CHAPITRE III

NIVELLEMENT

Les opérations géométriques de nivellement ont


pour but d'établir les différentes altitudes du terrain
considéré, au-dessus d'un plan horizontal idéal ap-
pelé plan de comparaison. Ce plan est déterminé
par un point de repère choisi généralement au-
dessous du point le plus bas des terrains à niveler
et quelquefois au-dessus du point le plus haut. Le
repère est constitué par un piquet solidement en-
foncé dans le sol, par un seuil de porte charretière,
une dalle ou toute autre surface immuable à laquelle
seront rapportées toutes les hauteurs mesurées
ensuite. S'il s'agit d'opérer le nivellement d'une
vaste étendue, on peut prendre pour plan de compa-
raison le niveau de la mer, c'est-à-dire l'altitude
du lieu en partant d'un repère officiel du nivelle-
ment de la France ; ces repères se trouvent aux
gares de chemins de fer, aux écluses des canaux, à
certains points répartis sur toute la surface du terri-
toire ; ils sont constitués par des plaques de fonte
indiquant l'altitude au-dessus du niveau moyen de
la mer.
Dans la construction des bâtiments, le nivelle-
ment géométrique du terrain a surtout pour objet
de rendre compte du cube de terre à enlever pour
obtenir une surface de niveau, c'est-à-dire hori-
zontale à l'endroit où doivent s'élever les construc-
tions.

Avoir une
1° Nivellement au niveau et à la règle.

règle rigide et parfaitement droite et un niveau
bien réglé. Le niveau de maçon est composé d'un
cadre rectangulaire d'environ 30 centimètres de

longueur et 25 centimètres de hauteur, portant un


,
fil à plomb accroché au milieu de la traverse supé-
rieure et un trait de repère au milieu de la traverse
inférieure ; le niveau de poseur est fait de la même
manière mais l'armature en est triangulaire.
Ces appareils primitifs sont réglés de façon que la
ficelle du fil à plomb coïncide avec le trait de repère R
lorsque les pieds du cadre reposent sur une surface
horizontale.
Le niveau à bulle d'air se compose d'une monture

en bois dur ou en cuivre dans laquelle est un tube


de verre légèrement bombé ; dans ce tube est en-
fermée une petite quantité de benzine, liquide très
mobile qui emprisonne une bulle d'air.
Quand la monture repose sur une surface hori-
zontale, la bulle monte au sommet de la courbure
du tube de verre et vient se placer entre deux traits
de repère tracés par le constructeur de l'appareil.
On s'assure que les niveaux de maçon, de poseur
ou à bulle d'air sont justes, en les plaçant sur une
surface plane et en notant la déviation entre le fil
à plomb ou la bulle d'air et le repère d'horizontalité ;
puis on retourne bout pour bout le niveau, en obser-

vant que les pieds soient bien aux emplacements


primitifs, et on observe la nouvelle déviation ; si
le niveau est bien réglé elle doit être exactement
pareille à la déviation primitivement notée.
Pour niveler un terrain d'une petite étendue au
moyen de la règle et d'un des niveaux ci-dessus, on
plante une série de piquets dont toutes les têtes
doivent se trouver de niveau : mesurez ensuite les
hauteurs des différents piquets au-dessus du sol, ce
qui vous permettra de tracer une coupe du terrain
avec sa pente entre chaque piquet.
Les niveaux de maçon et à bulle d'air sont surtout
utilisés pour vérifier avec la règle l'horizontalité
des surfaces auxquelles les ouvriers terrassiers tra-
vaillent, pour tracer les lignes horizontales sur les
murs en construction, pour vérifier l'horizontalité
des assises, pierres, charpentes, seuils, etc.

2° Nivellement au niveau et à la mire. —Pour les


opérations de peu d'étendue, on obtient une grande
exactitude et une grande rapidité au moyen du
niveau d'eau à tube de caoutchouc. Cet appareil se
compose de deux fioles sans fond réunies par un

tube de caoutchouc de cinq à vingt mètres de lon-


gueur ; l'eau prend naturellement son niveau dans
les deux fioles, ce qui permet de tracer sur les jalons
ou sur les murailles des lignes horizontales avec une
précision plus grande que par tout autre moyen.
ce niveau est employé spécialement pour le tracé
des lignes de fondation des bâtiments et pour l'éta-
blissement des massifs de fondation des machines.
Quand les distances entre les divers points à ni-
veler sont trop grandes pour que l'on puisse utiliser
les précédents appareils, on emploie le niveau d'eau
à tube métallique : il se compose d'une monture
tubulaire installée à genouillère sur un pied à trois
branches et munie de deux fioles en verre. L'appareil
est à moitié rempli d'eau colorée et la ligne de visée
passant à la surface du liquide dans les deux fioles
est horizontale.
Cet appareil est fort imparfait ; il peut être in-
fluencé par la capillarité qui empêche le liquide de
prendre son niveau normal dans les fioles, ce
que

l'on évite en faisant osciller le niveau d'eau de façon


que le liquide mouille également les parois des deux
fioles. Quand on opère au soleil et
sur de grandes
distances, les visées sont influencées
par divers phé-
nomènes de réfraction et de réflexion de la lumière
dans l'air et à la surface de l'eau des fioles, d'où
nouvelles causes d'erreurs.
C'est pourquoi l'on emploie dans les nivellements
où l'on désire obtenir une très grande précision, les

niveaux à bulle d air montés sur une lunette munie


de réticules de visée. L'appareil est installé
sur un
trépied avec trois vis de calage qui permettent -
d amener la lunette à se mouvoir dans
un plan par-
faitement horizontal : tels sont les niveaux d'Egal,
de Lenoir, de Bourdaloue, etc.
Le nivellement se fait au moyen d'une série de
visées effectuées soit avec le niveau d'eau, soit avec
la lunette à niveau à bulle d'air, sur des mires tenues

verticalement par des aides. La mire à voyant est


une règle carrée de 4 centimètres de côté et de
2 mètres de longueur pouvant se dédoubler par

coulissage et atteindre ainsi 4 mètres -de longueur


;
elle est graduée en centimètres sur toute sa lon-
gueur.
Sur cette règle se déplace, à la main de l'aide,
un
voyant ou plaque de tôle de 0 m. 20 de côté divisée
en quatre carrés peints alternativement en rouge
et en blanc. L'opérateur placé au niveau d'eau fait
signe à l'aide en élevant ou en abaissant la main,
pour indiquer qu 'il faut élever ou baisser le voyant ;
quand la ligne de foi du voyant, ou ligne horizontale
passant par le centre de la plaque de tôle, est en face
de la ligne de visée, l'opérateur fait un geste
horizontal avec la main, l'aide arrête le voyant
sur la règle et lit la hauteur au-dessus du
sol.
La mire parlante ou mire Bourdaloue, se compose
d une règle plate de 0 m. 10 de largeur environ, et
de 4 à 6 mètres de longueur, se repliant en deux au
moyen d'une charnière. Elle est graduée en doubles
centimètres par des divisions très apparentes peintes
en blanc et rouge et marquée de gros chiffres indi-
quant les décimètres et les mètres. Ces chiffres sont
peints à l'envers car la lunette retourne l'image et
l'observatcurvoit ainsi le chiffre dans son sens nor-
mal.
La mire parlante est employée avec le niveau
d'eau ordinaire mais surtout avec les lunettes
d'Egault, Lenoir, etc. : l'observateur posté au niveau
lit directement sur la mire parlante la hauteur au.
dessus du sol.

Manière d'opérer un nivellement avec le niveau et


la mire. — 10 Dans les cas les plus simples on choisit
un point d'où l'on puisse apercevoir tous les points
dont on désire relever les hauteurs : à chacun de ces
points on enfonce au ras de terre un piquet sur
lequel sera placé la mire.
De la station A on vise successivement la mire
posée à chaque point ll, p, x, y, etc., et on inscrit les

nombres obtenus sur une feuille de carnet, par


exemple :
Différer ces
u 0,34
Stéti-n A — 0,41
v 0,75
— — 1,35
x 2,10
— + 0,97
y 1,13
— + 0,79
u 0,34

Ceci indique que le terrain descend de u à c et de


v à x et qu'il monte de x à y et de y à u ; la somme des
différences négatives doit être égale à la somme des
différences positives. Si le plan de comparaison a
été choisi par exemple à 40 mètres au-dessous du
point A et que la ligne de visée soit à 1 m. 60 au-
dessus du repère A, on obtiendra ainsi la cote de
chaque point visé au-dessus du plan de comparai-
son :
A = 40 mètres

v -
u = 41,60 — 0,34
= 41,60 0,75
x = 41,60 — 2,10
41 m. 26
40m. 85
39 m. 50
y = 41,60 —1,13 40m. 47
2° Lorsque la configuration du terrain ne permet
pas d'apercevoir du point de repère tous les endroits
à mesurer, on procède par une succession de coups de
nireau en arrière et en avant en transportant le niveau
à différentes stations tout autour du champ d'opé-
rations et en revenant finalement au point de départ.
Le carnet de nivellement est alors tenu de la manière
suivante, en supposant par exemple le plan de com-
paraison à dix mètres au-dessous du repère R.
|1 C
COTES
ïi
m w œ
£ g DIFFÉRENCES S 2
S « de la mire oo
g - n
S > ° à 3 G
rn Arrière Avant §
+ —
T3

R 0 40 H = 10 m.
1 1 10 A = 8 m. 90
A 1 50

A 0 80
2 0 60 B = 9 m. 50
B 0 20

B 0 10
3 1 10 C = 8 m. 40
G 1 20

C
4 1 » 0 30 0 70 D = 9 m. 10
D

2 30 3 20 1 30 2 20 10 — 9 10

0 90 0 90 0 90
Le-carnet de nivellement comporte une vérification
des opérations, les différences de niveau devant
rester égales dans chaque colonne du tableau comme
le montre l'exemple ci-dessus.

Les points dont on a déterminé la cote d'altitude


sont marqués avec soin sur le plan général du terrain
et la cote est inscrite à côté de chacun de ces points
ainsi qu'à côté du point de repère initial.
CHAPITRE IV

FOUILLES POUR LES FONDATIONS


DES BATIMENTS

L'emplacement que doit occuper le bâtiment sur


le terrain est délimité par des piquets plantés à
chaque angle et réunis deux à deux parades cordeaux.
On procède alors au nettoyage de -eette partie de
terrain en coupant les arbres et en arrachant les
souches, puis les terrassiers la mettent de niveau en
se rapportant au point le plus bas. Lorsque le terrain
est bien horizontal on trace définitivement l'empla-
cement des murs et on détermine les parties qui
doivent être fouillées pour former les caves et sous-
sols.
Ces fouilles se font par couches successives de
0 m. 30 à 0 m. 50 de profondeur ; selon la nature du
terrain et selon l'étendue de la fouille on procède de
diverses manières pour l'enlèvement des déblais. Il y
a économie à enlever le plus possible de déblai à la
brouette, au tombereau ou au wagonnet, c'est-à-dire
par chargement direct au fond de la fouille et roulage
immédiat à la décharge. A cet effet, tant que la pro-
fondeur et la longueur de la fouille ainsi que l'état
du terrain le permettent, on établit une pente qui
va du fond de la fouille jusqu'au niveau du sol ; cette
pente est réservée sur une tranche du terrain qui
sera piochée.en dernier lieu, ou bien elle est établie
sur des tréteaux avec des madriers et des plateaux
de roulage. En donnant à cette pente une assez

grande longueur on la rend assez douce pour qu'elle


puisse être gravie par les hommes ou par les che-
vaux. Quand on a ainsi enlevé par roulage direct le
plus possible de déblai, on retire le restant par jet à
la pelle sur des banquettes, tertres ou gradins étagés ;
enfin les dernières banquettes sont enlevées avec
des seaux et au treuil ou à dos d'homme à l'échelle.
Dans le cas de fouilles profondes et importantes,
il y a intérêt à établir une grue à vapeur qui retire
les wagonnets remplis au fond et les met prêts à
partir chargés sur les voies de la surface du sol. La
grue peut encore être employée pour remonter de
grands seaux ou bennes qu'elle décharge directement
dans les tombereaux ou wagonnets de la surface du
sol.
Dans le cas où l'extraction des déblais se fait par
le moyen d'un plan incliné, il est souvent avanta-
geux de se servir d'un câble tiré par un manège ou
bien un moteur mécanique, pour haler les brouettes,
wagonnets ou tombereaux, comme le montrent nos
figures ci-dessous.
Si la fouille est faite en terrain solide d'argile
compacte ou de terre franche et que les infiltrations

d'eau ne soient pas à redouter, on peut se dispenser


d'étayer les talus tant que la profondeur nl. dépasse

pas un à deux mètres, mais au-dessus de cette pro-


fondeur l'étaiement s'impose, même avec les ter-
rains non ébouleux. Dans les terrains sablonneux,
friables et aquifères, il est préférable de faire d abord

les talus inclinés ou en gradins ; on les rend verti-


caux quand on est prêt à monter les murs ; ils sont
alors étayés au fur et à mesure du travail au moyen

de planches ou madriers et d'arcs-boutants ou


étançons que l'on serre à la pince sur des semelles
posées sur le sol à distance convenable et maintenues
des pieux fichés en terre. Pour plus de solidité,,
par
on réunit les étais par des moises ou traverses trans-
versales.
Les parois des tranchées destinées aux fondations
des murs, aux égouts, tuyauteries, etc., s'étayent
avec des planches et des traverses entrecroisées et
fortement arc-boutées entre les parois du trou.
Les fouilles des puits doivent avoir un diamètre

suffisant pour que l'ouvrier puisse s'y mouvoir avec


sa pelle, soit 1 m. 20 à 1 m. 50 ; au fur et à mesure
que le puits se creuse il faut maintenir les terres par
un cuvelage ou blindage formé d'étais en planches
posées verticalement tout autour du puits et main-
tenues serrées contre les terres au moyen de cercles
en fer que l'on pose intérieurement aux planches;
ces cercles en fer sont extensibles par Faction de
coins en fer ou de vis de pression de façon à s'appli-
quer fortement contre les planches verticales.
A l'orifice du puits on établit un treuil qui remonte
les déblais dans deux bennes ou seaux, l'un descen-
dant à vide pendant que l'autre remonte plein.
Si, au cours d'une fouille, l'on trouve une source
oudes eaux suintant du sol, il faut les détourner par
un sondage ou une tranchée qui leur permet de
s'écouler dans les couches profondes et perméables
du sol, ou, si cela est impossible, les épuiser au moyen
de seaux, écoppes ou pompes d'épuisement à bras

ou à moteurs, à piston ou centrifuges, selon l'impor-


tance de la veine d'eau. Quelquefois l'eau ainsi ren-
contrée entraîne avec elle des sables boulants, ce qui
peut provoquer l'affaissement ou l'éboulement des
couches supérieures du terrain. On devra, en ce cas
particulier, prendre des précautions spéciales d'é-
tayage.
Fouilles en sous-œuvre. — Quand on doit creuser
une galerie souterraine, en tunnel, ce qui arrive quel-
quefois pour la construction des citernes et puits
et quand on doit fouiller en sous-ceuvre pour re-
prendre les fondations des constructions déjà éta-
blies, il faut prendre de grandes précautions pour
Fétayage des terres et des maçonneries qui restent
ainsi suspendues.
On établit des boisages analogues à ceux usités
dans les galeries de mines et on pousse la maçonnerie
au fur et à mesure de l'avancement de la fouille :
c'est le meilleur moyen d'économiser de gros frais
de boisage et d'éviter les éboulements. Dans les tra-
vaux de reprise en sous-œuvre des murs anciens,
on procède, toutes les fois que cela est possible, par
petites portions en fouillant sous le mur une longueur
de un mètre au plus qui est comblée aussitôt par une
reprise en maçonnerie à la chaux hydraulique ou au
ciment : dès que le mortier est pris, on fait une petite
fouille à la suite de la première. On évite ainsi des
frais d'étayage qui nécessiteraient de grands travaux
de charpente pour soutenir le mur sur une grande
longueur.

Fouilles sous l'eau. Dragages. — Quand les fouilles


doivent être pratiquées dans les terrains aquifères,

vaseux, sablonneux ou recouverts d'eau, on procède


par dragage. Les dragues sont des sortes de grandes
et fortes pelles creuses armées de griffes que l'on
traîne au bout d'un long manche sur le sol à draguer;
pour les travaux dont la profondeur dépasse un
mètre sous l'eau, on relie la drague à un treuil au
moyen d'un câble, ce qui permet d'enlever de plus
grandes masses à la fois ; enfin dans les travaux très
importants on fait usage des dragues à vapeur cons-
tituées par un bateau ponton porteur de la machine
motrice et d'une chaîne à godets à marche continue ;
ces godets râclent le fond et remontent dans des
bateaux spéciaux les terres et sables dragués.

Outillage pour Entrepreneurs.

Nomenclature et prix (d'après M. Pétolat, de Dijon).


Numéros Les
de la planche 100 kil..

1 Ebauches de pioches piémontaises de 3 kilog.


et au-dessus 65

-de
»
2 Pioches finies aciérées 75
3
..
carriers, 3 kilog. et au-dessus,
»

aciérées .......
83 ».
4 finies, œil ovale, Type du Génie ».. 95 »
— «
5 Ebauches de pioches 68 »
6 — battes à bourrer, fer corroyé 75 »
7 Battes à bourrer finies et aciérées 100 ».
8 Pie à roc, œil ovale, «Type du Génie » 100 »
9 Ebauches de pics à roc, œil rond, fer corroyé 67 »
10 Pics à rocs finis, œil rond, aciérés 85 ;v
11 Ebauches de haches en fer fin 110 »-
12 pointerolles de 1 k. 200 à 1 k. 800 . 125

Pointerolles à houille et à minerai, aciérées,
»
13
de1 k. 200 à 1 k. 800 165 »
14 Douilles de pioches, œil rond 65 »
15 Bourroirs, avec bout en cuivre rouge, de
18% la pièce 3 50
Bourroirs avec bout en cuivre rouge, de
22% la pièce 4 25
16 Lampes de mineurs — 2 70
17 Coins de carrière, pointus, plats aciérés 70 ».
18 — — carrés, aciérés 70 »-
19 Rateaux ballast
à la pièce 4 75
20 Bouchardes pour tailleurs de pierres la pièce 9 50-
Numéros Les
de la planche 100 kil.
21 Massettes cintrées pour mineurs, en fer fin 115
— — — tout acier .. 105
»

22 Rustiques — . »
215 »
23 Têtus de maçons 135 »
24 Tranches à pierres 155 »
25 Marteaux à deux pointes 135 à
37-38-41 Masses à débiter et masses-couples «.tout
JI
acier 100 ,
35-36 Massettes en fer fin, pour tailleurs de pierres. 95 Il
40 à cailloux tout « acier fondu » 125
46

Marteaux à main ... 135
J>

»
48 Pinces à boules ou crayons 65 »
50 Barres à mines en « fer » fortement aciérées
aux deux bouts, ou tout acier 65 » *
51 Pinces-leviers à talons, pour carriers, aciérées
aux deux bouts 6a »
52 Frettes pour pieux de pilotis 70 »
53 Sabots pour pieux de pilotis (4 branches en
fer, culot fonte) 50 »
56 ,
Manches de pioches, chêne ou frêne, lon-
gueur, 0 m. 90 à 0 m. 95 le cent 27 »
57 Manches de brasse-mortier, longueur 2 mè-
tres à 2 m. 50 ' le cent 55 »
58 Manches pelles, cintrés à la vapeur. 40
59 courbe naturelle. — »
— — — 55 p
60 — ferrés, à botte — 58 »
60 — masses en frêne — 35 j,
60 — en cornouiller
60

— marteaux à main .... — 55
22
Il

61 Pelles rondes ou carrées, à bride en — acier


»

fondu 63 p
62 Pelles rondes ou carrées à douille 73 »
— Seaux de maçons, tôle galvanisée, dia-
mètre, 0 m. 30 la pièce 4 »
— Griffes à cailloux, 5 dents — 5 »
63 Binettes pointues à tête — 2 75
65 — carrées à tête — 3 25
66 Brayons à griffes pour béton, poids
2 k. 700 environ 3 75
67-68 Brasse-mortier, douille ouverte —
3 25
69 Clefs à écrou en fonte malléable ... —
2 25
70 — douille ou béquille pour ser-
... —
rage de tirefonds ............. — 5 »
Tenailles de forge
71
............... 175 »
CHAPITRE V

TERRASSEMENTS
ET TRANSPORT DES MATÉRIAUX

Transport des matériaux. — Les inégalités du ter-


rain conduisent souvent à déplacer un cube consi-
dérable de terre et de roch'es qu'il faut d'abord désa-
gréger, puis charger et transporter à l'endroit de la
décharge.
L'importance de ces travaux de terrassement
mérite une étude approfondie, car, des moyens em-
ployés pour leur exécution, résultent une économie
ou une aggravation fort appréciable de la dépense.
La première chose à faire est de se rendre un compte
aussi exact que possible du cube de terre à déblayer *
et de s'assurer d'un emplacement pour déposer les
déblais à proximité de la fouille. Le plan du terrain
avec les cotes de nivellement permet de calculer, par
les méthodes géométriques élémentaires, la cubature
des terrasses, c'est-à-dire le nombre de mètres cubes à
enlever. Mais il faut tenir compte du foisonnement des
terres et des rochers, qui est indiqué ci-après. Pour un
mètre cube de matière enlevée à la fouille, on obtient.
environ :
Avec le sable et la terre végétale ou
alluvions r 1100 litres
Avec la terre franche et la terre
crayeuse 1200 —
Avec la terre marneuse et argileuse
assez compacte I 1500 —
Avec l'argile compacte dure et
grasse 1700 —
Avec le moellon ou tuf tendre 1550 —
Avecle roc dur désagrégé à la mine . 1&50 —
Il faut noter ici que dans le cas où l'on charge en
même temps des pierres et de la terre, cette dernière
se loge dans les espaces libres entre les pierres, ce qui
diminue d'autant le foisonnement total.
Sur le remblai, le pilonnage ou le roulage diminuent
le cube des matériaux apportés dont le volume final
reste généralement supérieur au cube de la fouille ;
par un temps dè fortes gelées et après dégel, on a
cependant vu des terres ne formant pas un remblai
supérieur au déblai. On peut estimer ainsi le. volume
final du remblai après pilonnage ou roulage pour un
mètre cube de lajouille :
Avec le sable ou terre végétale 1050 litres
Avec la terre franche ou crayeuse .. 1100 —
Avec la terre marneuse 1300 —
Avec l'argile compacte 1400 —
Avecle moellon .................. 1350 —

Connaissant le cube des déblais à transporter, la


nature des matériaux qui seront extraits de la fouille
et la distance à laquelle se fera le transport, on pourra
faire l'étude des procédés à mettre en œuvre.
Le terrassement comporte cinq opérations, qui
sont :
1° La fouille ou désagrégation des terres et ro-
chers ; "
-

2° Le chargement ;
3° Le transport ;
4° Le déchargement ;
5° Le réglage des talus et des berges et le pilonnage
des remblais.

Fouilles. — La fouille a pour but d'ameublir la


terre et de la rendre facilement transportable : elle se
fait à la bèche ou louchet dans la terre sans cailloux,
à la pioche ou tournée dans la terre caillouteuse, enfin
au pic et à la pince dans les rochers où l'on emploie
aussi la poudre de mine et la dynamite dont nous
parlerons plus loin.
Quand il s'agit de fouilles profondes, on emploie le
procédé par abattage ou sape qui consiste à saigner la
terre à la base de la fouille, puis de chaque côté du
bloc de matériaux à désagréger ; on enfonce ensuite,
avec une masse, de gros pieux à la surface supérieure,
ce qui détache toute la masse isolée par les saignées :
en tombant, les matériaux s'ameublissent et se désa-
grègent complètement. Ce procédé est rapide et éco-
nomique, mais il n'est pas sans danger pour les ou-
vriers, car les blocs de terrain se détachent quelquefois
avant le moment prévu et peuvent entraîner ou ense-
velir les ouvriers : il exige donc une grande prudence
de la p art du chef de chantier.
Les fouilles par abatage'ou sape sont surtout avan-
tageuses quand on peut amener, par une tranchée,
les wagons au-dessous de l'endroit où doivent tomber
les terres sapées : le chargement se fait alors natu-
rellement par jet des matériaux de haut en bas dans
ces wagons, ce qui procure une économie appréciable
de main-d'œuvre.
D'après M. Richou, il faut à un homme de force
moyenne les temps suivants pour la fouille d'un
mètre cube des divers matériaux :
Terres végétales et légères .. 30 à 40 minutes
Terres franches 50 à 55 minutes
Argiles compactes 5 à 6 quarts d'heure.
Tufs et graviers compacts 7 quarts d'heure à 2 h.
...
(Ces temps sont relatifs aux fouilles exécutées avec
la pioche, le pic et la pince, l'abatage les abrège.)
La poudre de mine et la dynamite sont fréquemment
employées pour désagréger les terres, les souches de
gros arbres et surtout les rochers. Leur emploi com-
porte le percement des trous de mine, le placement de
la cartouche de poudre ou de dynamite et de la mèche
ou cordeau Bickford, le bourrage et la mise de feu.
Les cartouches de poudre sont préparées par les
ouvriers eux-mêmes, ou mieux achetées toutes faites
et prêtes à être placées dans le trou de mine ; nous
donnons ci-après le mode opératoire indiqué par
M. Badoureau, ingénieur des Mines :

Choix de l'emplacement. — Le choix de l'emplace-


ment d'un trou de mine demande une grande sagacité
et doit être guidé par les règles suivantes :
1° Disposer autant que possible les trous dans un

plan parallèle à une surface libre du rocher ; 2° tenir


compte des plans de facile rupture de la roche ; 3° évi-
ter que la bourre ne soit chassée ; 4° s'arranger pour
que la roche se détache en gros fragments sans se pul-
vériser.
Nous allons prendre quelques exemples pour indi-
quer dans chaque cas où on place les trous de mine :
1° Quand on perce une galerie à petite section,
on
fait généralement l'avancement en gradins. Au front
de taille proprement dit, deux ouvriers creusent trois
trous de mine horizontaux, et -au bord du gradin, un
ouvrier creuse un trou de mine vertical descendant ;
2° pour foncer un puits circulaire, on perce
en général
un grand trou de mine central où on fait éclater de la
dynamite, de façon à obtenir un trou conique à l'in-
térieur duquel on se place pour battre au large par
des trous de mine horizontaux * 3° on peut aussi com-
mencer par créer autour du puits un fossé annulaire
par de petits coups de mine et abattre ensuite le bloc
central avec de grands coups de mine ; 4° pour percer
un puits quadrangulaire, on peut d'abord tirer quatre
grands coups suivant le petit axe, et de nombreux
petits coups sur les longs côtés, puis abattre les deux
stross par de grands coups de mine; 5° dans une
exploitation par gradins droits, on tire des coups de
mine verticaux dirigés de haut en bas ; 6° dans une
exploitation par gradins renversés, on tire des coups
de mine horizontaux.

Forage. — Le forage "d'un trou de mine est la repro-


duction en petit de l'opération décrite à l'article
Sondage. On frappe en général avec une massette
sur
un fleuret. Si le travail est fait par un homme seul,
la massette pèse 2 à 4 kilogrammes ; mais s'il est fait
par deux hommes qui se reposent alternativement en
tenant le fleuret, la massette tenue-à deux mains pèse
5-à 10 kilogrammes. Le fleuret est un cylindre à
sec-
tion carrée ou ronde, dont l'extrémité au moins -est
en acier. Cette extrémité est un tranchant courbe, un
peu plus grand que Je diamètre du fleuret. On obtient
un trou rond en faisant tourner successivement le
fleuret sur lui-même. Si l'on s'y prend maladroite-
ment, le trou a la forme d'un polygone curviligne
dont chaque côté est un arc de cercle décrit du som-
met opposé comme centre ; mais on peut éviter cet
inconvénient par l'emploi du fleuret en Z, dont les
extrémités sont munies d'ailettes qui alèsent le trou.
On emploie des fleurets de longueurs de plus en plus
grandes pour commencer un trou de mine, le conti-
nuer et le finir. On cure les trous de mine au fur et à
mesure de leur fonçage, en y envoyant de l'eau, s'il
n'y en a pas assez naturellement, en y introduisant
un peu d'argile qui forme une pâte avec l'eau et les
matières broyées, et en retirant cette pâte avec la
curette, petite tige ronde dont l'extrémité est aplatie
et coudée à angle droit.
Quand les roches sont tendres, on fait quelquefois
le forage des trous de mine sans massette, en s'ados-
sant au front de taille, et en prenant à deux mains
une barre à mine, que l'on passe entre ses jambes, et
que l'on enfonce par chocs successifs dans le rocher.
Quand les roches sont encore plus tendres, on peut
percer des trous de mine avec une « tarière », qui est
une sorte de grosse vrillè.
Soit d le diamètre du trou de mine, h la hauteur sur
laquelle on chargera de la poudre, et h' la hauteur sur
laquelle on bourrera. Le rapport de la profondeur to-
tale du trou h + h' à h, varie entre 2 et 4. Le travail
développé dans le percement du trou est mesuré par
son volume et par conséquent proportionnel à
d2 (h + h'). La force de disjonction de la poudre est
égale au double de la somme des projections des
pressions, qui s'exercent sur la moitié de la surface du
.
trou. Elle est proportionnelle par conséquent à dh.
Il en résulte qu'il y a avantage à faire des trous de
mine d'un faible diamètre. On augmente encore l'effet
utile, si on emploie des trous de mine dont la section
est moindre dans la partie où on bourre, que dans celle
où on charge la poudre, car on conserve le même effet
utile en remplaçant le travail d2 (h + h') par le travail
moindre drh + d'2h. On peut y arriver dans les roches
calcaires en attaquant le fond du trou par de l'acide
chlorhydrique et dans les roches quelconques par
l'emploi d'élargisseurs, dont le plus simple est un
flèuret à crosse muni de deux tranchants.
Quand on veut aller vite, on a intérêt à employer,
pour forer les trous de mine, des machines telles que
les perforateurs mécaniques.

Chargement. — On commence par sécher le trou,


et, si on ne peut pas y arriver, on l'emplit avec de la
terre glaise à l'intérieur de laquelle on fore un nouveau
trou. Puis on y introduit une quantité de poudre dont
le poids (exprimé en kilogrammes) est environ la
moitié du cube de la distance du trou de mine à la
face libre du rocher (exprimée en mètres). Si on se
contentait de verser simplement la poudre dans le
trou, il resterait du pulvérin adhérent aux bords du
trou. On a proposé de la verser par un tube, mais
c'est une mauvaise solution, car elle exige un outil de
plus et il reste encore du pulvérin sur les bords. Le
mieux est de charger la poudre sous forme de
cartouches que l'ouvrier fabrique lui-même, ou qu'on
lui fournit toutes préparées. Les cartouches sont en
papier fort, en toile goudronnée ou en métal, selon
la plus ou moins grande abondance de l'eau. L'em-
ploi des cartouches en poudre comprimée est très
recommandé ; elles ont l'avantage d'empêcher
l'ouvrier de voler la poudre pour s'en faire des pro-
visions.

Bourrage. —Au-dessus de la poudre, on tasse, avec


un bourroir, des matières quelconques exemptes de
quartz (brique pilée, schiste, sel, gypse, plâtre,,
sable, etc.). On réserve dans le trou de mine, au milieu
des matières bourrées, la place de l'épinglette. L'épin-
glette est une aiguille en fer, pointue et munie d'un
anneau. Si la roche fait' feu contre le fer, on emploie
une épinglette en cuivre et en laiton. Le bourroir est
une tige de fer dont l'extrémité est renflée de façon
à avoir une section presque égale à celle du trou de
mine, et munie d'une échancrure pour laisser passer
l'épinglette. On a proposé également un bourroir
formé par une plaque munie d'un trou par où passe
l'épinglette. On emploie quelquefois des bourroirs
de laiton, de bronze, de zinc, etc:, ou même des bour-
roirs en bois.
On pousse d'abord doucement la cartouche au fond
du trou de mine, puis on entre l'épinglette, on l'en-
fonce jusqu'à la moitié de la cartouche et on la laisse
appuyée contre les parois. On bourre des matières
diverses, d'abord doucement, puis durement, avec la
massette, en ayant soin de ne pas frapper sur l'épin-
glette et de la tourner sur elle-même, de temps en
temps, pour l'empêcher de se coincer ; on fait, au bord
du trou, une collerette avec de l'argile humide ; on
passe le bourroir dans l'anneau de l'épinglette et on la
retire ; la collerette empêche la formation de petits
éboulements qui combleraient le vide de l'épinglette.

Amorçage. — On envoie le feu à la cartouche par


un petit canal, au moyen d'un fétu de paille empli
de poudre, ou d'une raquette composée de cornets
emboîtés les uns dans les autres et formés avec du
papier préalablement trempé dans une bouillie d'eau.
gommée et de poudre. On enflamme le fétu ou la
raquette au moyen d'une mèche en amadou ou d'une
mèche soufrée qu'on y attache avec du suif ; la poudre
brûle et chasse le fétu ou la raquette au fond du
trou.
On peut également employer l'étoupille de sûreté
de M. Bickford, qui consiste en une corde blanche, si
on veut tirer à sec, et goudronnée si on veut tirer au
sein de l'eau, et dans l'axe de laquelle est une traînée
de poudre. L'étoupille dispense de l'emploi de l'épin-
glette ; on l'introduit en même temps que les cartou-
ches de poudre, puis on fait le bourrage et on allume
l'extrémité de l'étoupille dans laquelle le feu se pro-
page avec une vitesse de 50 centimètres par minute.
Inflammation. —"Avant de tirer le coup de mine,

on doit pousser un cri pour avertir les ouvriers du voi-
sinage d'avoir à se retirer dans toutes les directions.
Un seul homme reste, allume la mèche ou l'étoupille
et se sauve. On revient après avoir entendu un coup
fort ; si on entend un coup faible, c'est que les gaz se
sont répandus dans les fissures de.roche et on peut
également revenir, mais si on n'entend rien, il faut
attendre au moins dix fois le temps normal nécessaire
à la propagation du feu, pour le cas où le coup aurait
fait long feu. Il ne faut jamais débourrer une mine
ratée, à moins de l'avoir préalablement noyée.
Quelquefois on remet une nouvelle. amorce, mais
ce n'est pas possible quand on emploie des étou-
pilles.
On gagne du temps en tirant, d'une façon à peu près
simultanée, des salves de coups de mine, et on a un
effet. utile plus considérable si les coujj's sont tout à
fait simultanés. On ne peut arriver à ce résultat qu en
employant l'électricité. Le tirage à l'électricité peut
avoir lieu au sein de l'eau et n'exige pas la présence
d'un homme dans le voisinage. On peut employer
l'électricité statique, le courant d'une pile ou d'une
bobine Ruhmkorff pour obtenir une étincelle ou pour
chauffer au rouge blanc un fil de platine, de façon à
enflammer une capsule de chlorate de potasse -et de
sulfure d'antimoine.
On emploie spécialement les explosifs Façier ven-
dus en cartouches prêtes à placer dans le trou de
mine (mononitronaphtaline et azotate d'ammoniaque).
Ces cartouches sont composées d'une enveloppe en
papier paraffiné dans laquelle se trouve l'explosif et
le détonateur : on perce avec une pointe l'enveloppe
de papier dans laquelle on introduit l'extrémité du
cordeau Bickford et la cartouche est ainsi descendue
au fond du trou de mine avec son cordeau autour
duquel on fait le bourrage serré.
Les cartouches Favier ne détonent pas sous le choc,
elles doivent être préservé-es de l'humidité qui les
rendrait inutilisables.

Chargement. —Le chargement des matériaux fouil-


lés s'exécute à la pelle ; un homme 'peut jeter, avec la
pelle, 2 kil. 750 de terre toutes les 5 secondes à 4 mètres
de distance horizontale, ou bien élever cette même
quantité dans le même temps, à 1 m. 60 de hauteur
avec un déplacement de 0 m. 80 dans le sens hori-
zontal. C'est donc un poids de -2000 kilogrammes
environ de matériaux qu'un homme peut déplacer en
une heure. Le volume dépend de la densité des maté-
riaux ; si nous appelons d cette densité, le nombre de
mètres cubes remués par heure par un homme sera
-i
2000
d
et le nombre d'heures nécessaires pour remuer

-,
un volume déterminé sera
d x v
2000 .
Les densités des divers matériaux sont les sui-
vantes :

Terre végétale 1214 à 1285 kil. par me.


Terre forte graveleuse 1357 à 1248 —
Argile et glaise 1656 à 1756 —
Marne 1570 à 1640 —
Sable sec 1400 —
Sable humide 1900 —
Sable argileux 1713 à 1800 —
Sable de rivière hu-
mide 1770 à 1856 —
Gravier et cailloux 1371àl485
Craie ... 1214 à 1285


Pierres tendres à
1130 1710 —
— demi-dures... 1800 à 2000
— dures
Granits et grès.......
2000à 2400
2500 à 2700



Silex
.............. 2500 —

Nota. — Les poids ci-dessus s'entendent pour le


mètre cube de matériaux non désagrégés, c'est-à-dire.
mesuré avant la fouille.
Des données ci-dessus on tire une indication pour
la hauteur et la largeur à donner aux gradins servant
au remontage des terres depuis le fond de la fouille
jusqu'à la surface du sol : ces gradins devront avoir
1 m. 60 d'élévation et 0 m. 80 de largeur.
Si le déplacement des terres dans le sens horizontal
n'excède pas 4 mètres, il sera fait simplement par
jet à la pelle, sans le secours d'aucun autre appareil de
transport.
Pour le chargement d'une brouette, on estime qu'un
homme peut faire 2500 kilos à l'heure, ce qui est
supérieur au rendement du jet à la pelle ; au contraire,
pour le chargement d'un tombereau d'une hauteur de
2 mètres, il ne faut pas compter plus de 1600 kilos
chargés en une heure par un terrassier.

Appareils de plans inclinés. — Lorsque, dans les


chantiers de travaux publics ou dans les carrières, on
a à transporter les matériaux à des altitudes sensi-
blement différentes, il y a avantage à employer des
plans inclinés reliant par une pente uniforme si pos-
sible le lieu de chargement et celui de déchargement.
Divers cas se présentent :
1° Les matériaux sont à charger au sommet de la
pente et à transporter au pied de celle-ci.
On agence sur la pente deux voies parallèles au
sommet desquelles on place l'appareil représenté
figures 37 et 38. Au câble métallique qui passe
sous la poulie à gorge inférieure sont reliés les wagons.
Les wagons pleins descendant remontent les wagons
vides. Le frein sert à régler la descente.
2° Les matériaux sont à charger au pied de la pente
et à transporter au sommet.
La même installation s'impose, mais alors les wa-
gons pleins étant à monter, il faut'recourir à un mo-
teur animal ou mécanique. Suivant l'importance des
charges à monter, l'appareil décrit ci-dessus peut être
employé en adjoignant une flèche à laquelle on attelle
un cheval ou des chevaux. Dans le cas de lourdes char-
ges, on a recours à un appareil spécial mû par une
machine à vapeur.
Lorsque la rampe ne dépasse pas 0 m. 15 par mètre,
les wagonnets peuvent circuler sur les voies sans
crainte de renversement. Lorsqu'elle est supérieure à
0 m. 15 par mètre, il y a lieu d'employer des trucks-
porteurs. (Voir gravure ci-contre représentant le cas
d'un plan incliné avec rampe de 45°, soit 1 mètre pour
1 mètre.)

Transport. — Au-delà de la distance de 4 mètres,


où le jet à la pelle est possible, le transport des maté-
riaux fouillés s'opère à la brouette, au camion à bras,
au tombereau et enfin avec des wagonnets QU des
wagons à voie normale, traînés par des chevaux ou
des locomotives.
Brouette. — La brouette de terrassier cube 50 à
55 litres ; le transport s'effectue par relais établis tous *

les 30 mètres en terrain horizontal et tous les 20 mètres


lorsque la pente atteint 0 m. 08 par mètre. L'atelier
se compose d'un piocheur qui fait la fouille ; d'un
chargeur qui met la terre dans une brouette ; d'au-
tant de rouleurs qu'il y a de fois 30 mètres (ou 20 mè-
tres en pente) dans la longueur totale du transport.
Chaque rouleur a sa brouette et il y a en plus une
brouette constamment en station de chargement.
Le roulage des brouettes se fait péniblement dès que
le sol est détrempé par les pluies, aussi doit-on, en ce
cas, faire, avec des plateaux mis bout à bout, un
chemin de roulage qui facilite et accélère le travail.
Selon la largeur de la fouille, on établit plusieurs
ateliers travaillant parallèlement à 2 ou 3 mètres de
distance l'un de l'autre, de façon que les rouleurs
puissent se croiser sans se gêner mutuellement.
Un atelier enlèvera naturellement la quantité de
terre que le chargeur met par heure dans les brouettes,
soit 2500 kilogrammes environ. Le prix du terrasse-
ment à la brouette est facile à calculer avec ces don-
nées : si la distance est de 90 mètres, par exemple,
on aura :
1 piocheur;
1 chargeur ;
3 rouleurs, soit 5 hommes pour enlever 2500 kilos
,de déblais : la densité de ces déblais et le prix de
l'heure d'ouvrier donneront le moyen de calculer le
prix de revient du mètre cube.
Camion à bras. — L'emploi du camion à deux roues
est limité aux transports accidentels de terres, de
gravats et de petits déblais, il n'est pas avantageux
dans les terrassements importants.

Transport des pierres. — Pour le déplacement des


gros blocs de pierres, on fera usage de la brouette à
bayard, de la brouette à barres sans côtés, des civières
à barder et du diable à barder construits spécialement
à cet effet. Ces appareils sont surtout employés par
les maçons et les carriers.

Tombereaux. — L'avantage du tombereau consiste


surtout dans son mode de déchargement rapide. La
capacité de la caisse est généralement voisine de
€ me. 800 pour le tombereau à un cheval, pesant à
vide 600 kilos ; le poids de la charge est de 1000 kilos.
Les tombereaux à 2 chevaux contiennent jusqu'à
1 me. 500 pour une charge utile d'environ 2000 kilos.
On emploie le tombereau pour des transports de
terre à toutes distances, mais il n'est avantageux
qu'entre 100 et 400 mètres ; au-delà, il est préférable
d'établir des voies et de se servir de wagonnets à trac-
tion animale, puis à traction mécanique pour les très
longues distances. Le wagonnet est, du reste, toujours
supérieur au tombereau au point de vue du prix de
revient du transport.
Il est évident que le prix d'un transport par tom-
bereau dépend du prix de la main-d'œuvre de char-
gement et du salaire du conducteur et aussi de la
difficulté plus ou moins grande du terrain ; si le par-
cours comporte des pentes ou des passages diffi-
ciles, on devra mettre à ces endroits un cheval de
renfort plutôt que d'atteler tous les tombereaux à
deux chevaux, il y aura économie.
Il est donc fort difficile d'établir a priori le prix
de revient d'un tel-mode de transport. Dans son ou-
vrage : Procédés et Matériaux de Construction, M. De-
bauve donne le tableau suivant pour évaluer le prix
Prix des tombereaux
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o
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3

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g
^
J

E
S"S,c3
SS ë
BS
1,

1.25 2.000 1.70 70 25 455 »


35 »

1.25 2.000 1.70 80 25 465 »


35 »

1.40 3.000 1.70 80 30. 535 » 47 »

1.75 4.500 1.70 95 35 670 »


'53 »

2.00 6.000 1.70 110 35 825 » 59 »

de revient du transport d'un mètre cube de terre à la -

distance d par les divers moyens de transport, en sup-


posant que le prix de la journée d'un manœuvre est
de 3 francs, que les pentes ne dépassent pas 6 milli-
mètres par mètre et que le poids des matériaux est
de 1600 kilos au mètre cube.
Par brouette 0.006 d
Par camion Or.05 + 0.0017 d
Par tombereau à
1 cheval 0.30 +0.0011 d
Par wagonnets et
traction à chevaux. : 0.40 + 0.0003 d davecwag. de 1 me. 5
et 0.392 + 0.00021 d — — 3 me.
Par wagonnets et
voie ferrée. 0.44 + O.OOOlOlcZ + 0.000000017 d2.
avec wagonnets de 3 mètres cubes.
Les résultats donnés par ces formules sont à majo-
rer, du bénéfice, des frais généraux, d'une plus-value
de 25 à 50 0 /0 si l'on a affaire à des roches ; elles
comprennent l'amortissement du matériel à raison
de 20 0/0 par an. Elles supposent, du reste, que :
La brouette n'est employée que jusqu'à 60 mètres.
Le tombereau n'est employé que jusqu'à 417 mètres.
Le wagonnet à chevaux n'estemployé que jusqu'à 700 mètres^
La locomotive à partir de 440 mètres.
Il faut observer ici que l'on paie aujourd'hui les
manœuvres beaucoup plus de 3 francs par jour.
D'autre part, on estime qu'un cheval fait, au tom-
bereau, 4000 mètres de parcours par heure, desquels
il faut déduire le temps du chargement qui dépend du
nombre des chargeurs ; le nombre des tombereaux
effectuant le transport doit être tel qu'il y ait toujours
un tombereau en chargement pour occuper deux
chargeurs auxquels le conducteur donne un coup de
main en aidant au chargement avec la pelle qui
accompagne Le véhicule.
Le prix du chargement du tombereau avec de la
terre pesant .1600 kilos au mètre cube est évalué
à 0 fr. 86 P, P étant le prix de l'heure d'un chargeur.
Quant au prix du transport par tombereau à un che-
val, on l'estime, dans le cas où il n'y a pas de pentes
nécessitant un cheval de renfort :
0,80 pour une distance de 500 mètres.
1,40 — 1000 —
1,80 — 1500 —
2,30 — 2000 —
Le déchargement des tombereaux se fait sur la tête
du remblai et généralement sur une plateforme avec
butée que l'on déplace au fur et à mesure que le rem-
blai s'avance. Si les terres doivent être déchargées en
profondeur, on emploie un échafaudage spécial, appelé
baleine, qui permet de reculer les tombereaux au-
dessus du vide. Cet échafaudage est déplacé quand le

remblai s'avance ; à cet effet, on monte son pied de


support sur des roues qui roulent sur des rails ou sur
des traverses en bois (fig. 62).
Un dispositif analogue est employé quand il s'agit
de décharger les tombereaux dans des bateaux ou des
wagons placés en contrebas des terrains de roulage.
Voies pour terrassements. — Une travée de voie se
compose de deux rails en acier rivés à l'écartement
demandé sur des traverses en acier U présentant le
maximum de rigidité.
La jonction de deux travées, qui est forcément le
point faible d'une voie, se fait sur la traverse de joint et
tout fléchissement se trouve ainsi évité.
Le joint est encore renforcé par la première traverse
de l'autre travée, qui vient s'accoler à la traverse de
joint (système Pétolat).
La jonction des travées se fait aussi au moyen d'é-
clisses et de boulons.
Dans les travées courbes, la traverse de joint est
démontable, ce qui permet de diriger la courbe indif-
féremment à droite ou à gauche, par le simple dépla-
cement de cette traverse.
Les changements de direction se font soit au moyen
de plaques tournantes, soit par des aiguillages ana-
logues à ceux usités sur les chemins de fer et, pour les

petits wagonnets, au moyen d'un simple plan incliné


composé de deux bouts de rails et appelé saut-erelle ou
dérailleur.
Les voies de terrassement. se font en rails vignole
ou en rails à cornière du poids de 6 à 9 kilos par mètre
de rails. En rails de 7 kilos, voie de 60, généralement
employée, une travée de 5 mètres pèse environ 90 ki-
logrammes et comprend 6 traverses. Les voies se font
en0m. 40, 0 m. 50, 0 m. 60, 0 m. 70 de largeur.
, Les traverses sont posées, soit directement
sur le
sol nivelé aux endroits où la traverse repose, soit sur
ballast de 0 m. 10 à 0 m. 15 ou sur des calages en bois
dans les endroits où il y a des dépressions de terrain-
L'installation comporte un certain nombre de
courbes à droite ou à gauche, des plaques tournantes
et des aiguillages.
1° Croisement à aiguille intérieure fixe (fig. A), dans lequel on donne
la voie en obliquant l'avant du wagonnet soit à droite, soit à gauche.
2° Croisement à aiguille mobile extérieure (fig. B), dans lequel
donne la voie en poussant à droite ou à gauche la petite travée infé- on
rieure mobile.
3° Croisement à aiguille intérieure rabotée (fig. C), le plus employé
et le plus pratique. La voie y est donnée en poussant, soit au pied,
soit à l'aide d'un mouvement de manœuvre indiqué à la gravure ci-
dessus, la partie mobile constituant l'aiguille. Ce type est semblable
à celui employé dans les Compagnies de chemins de fer.
Prix des voies de terrassement en rails de 7 kilos au mètre.
" ~ POUR VOIE DE
0-40 G,50 01,60

En bouts droits de 5 in. avec 6 tra-


verses, le mètre 4 80 5 » 5 20
En bouts droits de 2 m. 50, avec.
4 traverses, le mètre 5 30 5 50 5 70
En bouts droits de 1 m. 25, avec
2 traverses, le mètre 5 65 5 85 6 05
En bouts courbes de 2 m. 50, avec
4 traverses-, Rayon 6 et 8 m., le
mètre 5 80 6 » 6 20
En bouts courbes de 1 m. 25, "avec
2 traverses. Rayon 6 et 8 m., le
mètre. 6 15 6 35 6 55
Croisement à 2 voies, à aiguilles
mobiles rabotées :
Rayon 6 mètres l'un 59 » 60 » 61 »

—.
— 10 —
8 — —

. 63
66
»
»
64
67
»
»
6'5
68
»
»
Croisement à 3 voies, à aiguilles
mobiles rabotées ;
Rayon 6 mètres l'un 115 » 117 » 119 »

— 121. 123 125


-
—. S
10

— — 128
Plaque tournante à plateau lisse ou
»
» 130
»
» 132
»
»

à ornières :
Diamètre : 0 m. 80 l'une 52 » 52 » »

— 0 m. 90
..... --
— ». » 58
57
» »
68
»
1 m » »
— » »
105
1 m. 20 »
— — » » » »
Matériel roulant, — Il comprend les wagonnets à
caisse basculante et les locomotives : ce matériel est
généralement prévu pour travailler à des vitesses
variant de 6 à 12 kilomètres à l'heure ; dans les gran-
des entreprises, on doit obtenir davantage si les dis-
tances à parcourir sont considérables.
Les wagonnets basculent soit par côté, soit en
bout, certains dispositifs permettent de les faire bas-
culer à volonté en bout ou par côté selon les nécessités
du remblai à effectuer ; ils sont traînés à bras d'homme,
par des chevaux ou par des locomotives à vapeur ou
électriques avec trolley aérien.

Locomotives pour terrassements (d'après M. Pétolat, à Dijon).

DÉSIGNATION TYPE N° 1 TYPE N° 2

Poids de la machine à vide 3.300 kiJ. 5.500 kil.


en service 4.800 kil. 7.300 kil.
— — ....
Surface de chauffe de la chaudière. 7 mq. 16 mq.20
— de la grille 0 mq.21 0 mq.20
Timbre de la chaudière 12 kil. 12 kil.
Diamètre des cylindres 125 165
Course des pistons 200 — 300 —-
Diamètre des roues au roulement 450 — 600 —
Ecartement des essieux 850 — 1.200 —
Nombre de roues couplées 4 4
Capacité des caisses à eau 400 litres 600 litres
à charbon 250 — 300 —
— —
Longueur totale de la machine ...
hors tampons 3111 800 4m 700
Largeur — — lm 450 1Dl 650
Hauteur — — 2111 325 2U1 600
Effort de traction ............. 541 ki1. 1.061 kil.
Charges remorquées, non compris le poids de la locomotive,
à la vitesse de 8 kilomèlres à l'heure.

DÉSIGNATION TYPE N° 1 TYPE No 2

En palier 75 tonnes 156 tonnes


Sur rampe de 2 % par mètre 53 — 109 —
— 5
— 36 — 75 —
— 10 — 22 — 47 —
— 15 — 15 — 32 —
— 20 — 12 — 25 —
— 25 — 8 20 —

— 30 — 7 16
— —
35 6 13
— — — —
— 40 — 5
— 11 —
— 50 — 3
— 7 t. 500

Prix des wagonnets versant des deux côtés ; boîtes à huile ou à


à graisse ; roues en acier de 0 m. 30 de diamètre ; tampons
et attelages, selon la largeur de la voie de 0 m. 40 à 0 m. 60.
Contenance du wagonnet 200 litres 87 à 90 fr.
— — 250 — 95 à 97 —
— — 500 — 130 à 134 —
— — 750 — 169 à 174 —
— — 1000 — 228 ;« 253 —
— — 1500 — 360 à 370 —
(Supplément de 10 0/0 pour wagonnets,versant au bout.)
Prix des transports par wagonnets sur voies portatives
par mètre cube sur une distance de :
500 mètres 0 fr. 49
.
1000 — 0 fr. 84
~
1500 — 1 fr. 28
000 — .................... 1 fr. 84

Au-dessus de ces distances et lorsque l'importance du


travail le comporte, il y a avantage à employer les wagons
et locomotives à voie normale.
Traction électrique appliquée aux terrassements. —
L'emploi de l'électricité dans les transports des ter-
rassements s'est généralisé dans ces dernières années ;
c'est ainsi que le Métropolitain de Paris a effectué une
grande partie <de ses travaux. Les machines sont du
système à trolley aérien et emploient le courant à
550 volts ; un train se compose d'une automotrice
portant une ou deux caisses de wagonnets à bascule
et remorquant plusieurs wagonnets.
Parmi les entreprises plus modestes, nous citerons
les travaux faits au Royal Palace Hôtel à Ostende
(Belgique) en 1903, où plus de 40.000 mètres cubes
de terres, sables et matériaux fUTent déplacés par
deux locomotives électriques à trolley aérien sur
2500 mètres de voie étroite de 60 centimètres en
rails de 7 kilos. Le prix de revient fut de 0 fr. 80 par
mètre cube de matériaux déplacés ; on employa seÙ-
lement 28 wagonnets et 2 locomotives avec courant
de 250 volts.
Il eût fallu 120 wagonnets et 20 chevaux pour
effectuer ce travail avec un prix de revient double et
une grande perte de temps.
Le journal La Nature, du 9 mai 1903, donne une
description détaillée de cette entreprise, avec gravures
explicatives et données numériques.

Transports par camions ou tracteurs automobiles. —


Les camions automobiles sont à vapeur ou à moteur
à essence ; ils reçoivent généralement deux caisses
de forme trapézoïdale, basculant par côté, de façon
à décharger automatiquement les matériaux. Un tel
camion pèse à vide 3 tonnes et reçoit une charge utile
de 4 à 4 tonnes 1/2 qu'il transporte à la vitesse
moyenne de 8 kilomètres à l'heure ; le prix de revient
de la tonne kilométrique est d'environ 0 fr. 60 non
compris l'amortissement du camion ; ces camions se
font aussi avec caisse en forme de tombereau bascu-
lant par l'arrière.
Les tracteurs sont à vapeur ou à moteur à essence ;
ils remorquent des camions à quatre ou six roues sur
lesquels sont installées les caisses de wagonnets bascu-
lantes par côté ; d'après certains constructeurs, le
prix de revient de la tonne kilométrique ne serait que
de 0 fr. 20 non compris l'amortissement du matériel
avec traction par la vapeur ; avec moteur à essence,
on ne dépasserait pas 0 fr. 30 par tonne kilométrique.
Les camions et tracteurs automobiles sont d'un
emploi avantageux quand les routes sont solides
malgré les rampes qu'ils gravissent facilement pourvu
que leur moteur soit bien proportionné à leur vitesse.
Ils sont très employés dans les grands travaux de
Paris et des environs.

Transporteurs électriques aériens. — Le système de


transport des déblais par transporteur aérien est
le plus rapide et le plus économique en même temps
qu'il a l'avantage de ne pas encombrer le sol ; l'ap-
plication de ce système aux travaux du Métropoli-
tain place Saint-Michel, à Paris, a donné des résul-
tats remarquables : les déblais sont remontés du
fond de la fouille, transportés horizontalement sur
une distance de 53 mètres à la vitesse de 3 mètres
par seconde, descendus dans les chalands sur la
Seine et déchargés automatiquement par des bennes
de 775 litres de capacité ; on peut enlever ainsi 20 mè-
tres cubes à l'heure. Le journal La Nature, du 19 mai
1906, donne une description complète de l'appareil
employé dans ces importants travaux. (Système Tem-
perley, Cailla.rd et Cie, au Havre, concessionnaires.)
CHAPITRE VI

REMBLAIS

L'exécution des remblais demande certaines pré-


cautions relativement à la liaison des terres d'apport
avec le sol sur lequel on les charge ; pour assurer cette
liaison, on enlève, si elle en vaut la peine, la terre
végétale et on laboure la partie sur laquelle on doit
remblayer..11 faut, au fur et à mesure de l'apport des
terres fouillées, assurer le mieux possible leur tasse-
ment par l'arrosage et le pilonnage des couches
successives que l'on fait de 20 à 30 centimètres d'é-
paisseur ; le roulage à la brouette donne déjà un bon
tassement des terres, on le complète par pilonnage
ou foulage au rouleau compresseur.
Malgré ces précautions, il faut compter que les
terres se tasseront encore pendant longtemps sous
leur poids et par l'action des agents atmosphériques :
pluie, gelée, etc., aussi devra-t-on tenir le remblai
entre 5 et 10 0 /0 plus élevé qu'il ne devra l'être après
tassement total. On tiendra compte ici de la nature
des déblais, de leur foisonnement plus ou moins
.
grand, qui a été indiqué précédemment.
Les terres déchargées sur le talus du remblai
prennent naturellement une pente qui est variable
selon la nature de ces terres, mais constante pour une
même terre. On nomme angle de talus naturel l'angle
formé avec l'horizontale par la ligne de plus grande
pente du talus Formé définitivement par les terres.
D'après M. Al. Cordeau, cet angle est le suivant :
Pour marnes sèches à l'état naturel pesant
1600 à 1700 kilos au mètre cube 38°
Pour marnes ameublies damées 35°
Pour marnes naturelles saturées d'eau 29°
Pour terres végétales ...
sèches naturelles
pesant1200à à 1500 kilos au mètre cube 38°
Pour arènes sèches plus ..
moins
ou ou
humides 35° à 31°
Pour arènes ameublies saturées et damées .
27°
Il faut remarquer que les terres vierges présentent
généralement une certaine cohésion qui fait qu'elles
peuvent rester momentanément sous un angle supé-
rieur à celui qu'elles prendront par la suite sous
l'influence des agents atmosphériques qui les désa-
grégeront.
Les données ci-dessus permettent de calculer la
surface qu'occupera le pied d'un remblai dont la
largeur au sommet est L et la hauteur h ; le pied aura
pour largeur :
L + 2h cotg IY.

« étant l'angle formé par le talus avec l'horizontale.


Voici les valeurs de cotangente pour les angles IY.

ci-dessous :

Cotg. 27° = 1.963


Cotg. 29° = 1.804
Cotg. 31° = 1.664
Cotg. 32° = 1.600
Cotg. 33o = 1.540
Cotg. 34° = 1.483
Cotg. 35° = 1.428
Cotg. 38° = 1.280
Réglage et soutien des talus. Quand les apports

de terre sont terminés, on nivelle et on règle la sur-
face supérieure du remblai, ainsi que les pentes du
talus qui sont fortement pilonnées et 'damées pour
maintenir les terres à la pente déterminée. Cette
pente est généralement plus grande que celle que
prendrait la terre en tombant naturellement ; pour
les talus_non consolidés par des maçonneries elle est

de 40 à 45° selon la ré-sistance du terrain. On main-


tient les terres par des plantations d'arbustes à
racines profondes, tels que le pin, l'acacia, le sureau,
ou au moins par des herbages vivaces, foin ou luzerne
qui s'opposent efficacement à l'entraînement des
terres par les eaux.
Lorsque la pente du talus atteint plus de 45° il est
nécessaire de le maçonner : pour les pentes de 45 à
60 degrés on se contente le plus souvent de recou-
vrir le talus d'épis en pierres sèches réunis les uns aux
autres par des arceaux. Les épis ont 2 à 3 mètres de
largeur à la base et sont en forme de pyramide ; les
arceaux ont de 4 à 15 mètres de longueur ; dans les
vides entre les épis et arceaux on sème du gazon ou
de la luzerne.
Pour les pentes au-dessus de 60 degrés il faut pro-
céder à la construction de murs de soutènement cal-
culés selon la charge des terres ; nous y reviendrons
dans le volume « Maçonneries. »

Bibliographie : Tracé et Terrassements, par J.-L. Canaud.


CHAPITRE VII

SONDAGES

Le sondage du terrain sur lequel on veut bâtir


s'impose toutes les fois que la nature du sous-sol est
inconnue et surtout lorsqu'il s'agit d'élever des
édifices considérables soit par leur propre poids, soit
par le poids des machines ou des marchandises qu'ils
devront contenir. Ayant calculé la charge que l'édi-
fice imposera aux fondations, il faut de toute nécessité
trouver une couche de terrain ou de rocher sus-
ceptible de supporter cette charge sans fléchissement
ni enfoncement ; il faut en outre s'assurer que la
couche solide ainsi rencontrée n'est pas superposée
à d'autres couches molles ou à des cavités souter-
raines et qu'en ce cas son épaisseur est suffisante
pour qu'elle ne s'affaisse pas sous la charge des
fondations.
Le sondage du terrain en ses divers points et
l'examen des roches et des terres extraites aux
diverses profondeurs des trous de sonde peuvent
seuls donner à cet égard des indications certaines.
Le sondage peut être pratiqué avant tout travail
de fouille si l'on veut seulement reconnaître le terrain
pour déterminer sa valeur au point de vue de la
constructivité ; mais quand un édifice doit être élevé
à une place fixée d'avance, il est préférable de com-
mencer par faire les fouilles des caves et sous-sol et
d'enlever tous les déblais qui doivent forcément
disparaître : si ces fouilles ne conduisent pas à un
terrain suffisamment résistant, on procédera alors
à des sondages qui indiqueront à quelle profondeur
les puits ou pilotis devront descendre pour trouver
le terrain solide. Cette manière de procéder diminue
l'importance des sondages de toute la hauteur des
fouilles et économise des frais.
Enfin les sondages sont employés pour trouver
l'eau en abondance dans les puits forés ou puits arté-
siens.
Le sondage s'opère en creusant les terres molles
avec des tarières- qui s'enfoncent par rotation à la
manière d'un tire-bouchon et en pulvérisant les
roches au moyen de trépans qui agissent par per-
cussion. L'équipement du sondeur comporte les
outils de forage proprement dits, les tiges de sonde
qui se. vissent successivement les unes au bout des
autres pour conduire l'outil au fond du trou ^le
sonde et enfin les engins extérieurs de manœuvre qui
servent à faire tourner les tarières, à soulever et à
laisser retomber les trépans et enfin à retirer les
sondes.
Outils et appareils de sondages
Description des outils
d'après M. V. Portet, constructeur à Paris
Outils perforateurs. — Les outils perforateurs sont
de deux sortes :
10 Les tarières agissant par rotation.
2° Les trépans agissant par percussion.
Bibliographie : Petit traité de sondage, par Ed. Lippmann.
10 Tarières. — Les tarières sont généralement
employées pour le percement des terrains tendres,
tels que : marnes, craie marneuse et argiles. Ces
outils s'enfoncent dans le sol par leur propre poids
et par le mouvement de rotation qu'on leur im-
prime.
Leurs formes varient suivant la nature des couches
à traverser ; celles le plus généralement en usage sont
les suivantes :
La tarière ouverte ordinaire, dont l'emploi est indi-
qué lorsqu'on rencontre des argiles sableuses et
compactes.
La tarière ouverte à mouche, employée dans les argiles
pures, très serrées, plastiques.
La tarière rubanée ou américaine, utilisée avec
succès dans les tourbes ou lignites et pour la per-
foration des argiles tendres et des craies mar-
neuses.
2° Trépans.
— Les trépans agissent par percussion
obtenue par leur chute sur le sol à perforer.
Aussi est-on obligé de donner à ce genre d'outil
une forme robuste et un poids souvent considérable.
Ils s'emploient dans presque toutes les natures de
terrains ; mais leur usage devient absolument indis-
pensable lorsqu'il s'agit de traverser les terrains
compacts et les roches dures.
Les formes les plus répandues sont :
Le trépan plat, généralement de petit diamètre,
qui sert dans les études de terrains à percer les sables
durs, argiles compactes, roches tendres.
Le trépan à joues est employé principalement pour
le percement des roches dures ; les joues ont pour
but, par le rodage, de conserver au sondage sa forme
.cylindrique.
Son emploi est à recommander pour les forages
dont la profondeur dépasse 40 mètres.
Le trépan à téton. — Cet outil rend de grands ser-
vices pour le percement des roches dures dans les
petits sondages.
Trépan à ciseau ou ciseau. — On l'emploie dans les
argiles ou les marnes compactes.
Trépan à lames composées. — Lorsque le diamètre
du forage atteint et dépasse 0 m. 600, on se sert du
trépan à lames composées. Cet outil comprend un
fût ou porte-lames dans lequel viennent s'ajuster
deux ou trois lames reliées au fût par de fortes cla-
vettes goupillées.
Sonde et outils de manœuvre. — Tiges de sonde. —
Les tiges de sonde sont constituées par des barres
de section carrée, en fer fin forgé. Elles portent, à
une de leurs extrémités une partie filetée (bout mâle),
et de l'autre une douille creuse (bout femelle) filetée
au même pas que le bout mâle.
De cette manière, le bout femelle de chaque tige
vient se visser exactement sur le bout mâle de la
tige suivante. Les tiges de sonde ont des dimensions
différentes suivant les profondeurs à atteindre. On
emploie :
La sonde de 20 millimètres pour les sondages d'études
de 10 à 20 mètres de profondeur.
La sonde de 25 millimètres pour les profondeurs
variant de 20 à 50 mètres.
Les sondes de 32 et 40 millimètres sont en usage
pour les forages à toute profondeur.
Sonde Palissy. — Lorsqu'il s'agit de faire des
recherches à des profondeurs ne dépassant pas
4 mètres dans les terrains peu résistants, on se sert
d'un appareil désigné sous le nom de sonde Palissy.
Cette sonde est d'une seule pièce en fer carré de 16 mil-
limètres. A l'une des extrémités se trouve le trépan ;
à l'autre, une tarière ouverte. Le tourne-à-gauche est
mobile et glisse le long de la tige de façon à pou-
voir être placé à hauteur convenable pour la ma-
nœuvre.
Outils -de manœuvre. — Les outils de manœuvre le
plus en usage sont les suivants :
Tourne-à-gauche à dévisser : est utilisé, ainsi que
son nom l'indique, à visser ou à dévisser les différentes
tiges de sonde pendant la montée ou la descente des
outils foreurs ou nettoyeurs.
Tourne-à-gauche simple : sert au même usage que
le précédent, mais est construit de façon plus robuste.
Son but principal est de serrer ou de desserrer la
tige lorsqu'elle repose sur le support de sonde.
Tour ne-à-gauche de manœuvre. —Cet outil a deux
emplois : 1" dans la manœuvre des sondes légères ;
2° pour obtenir le déclanchement de la partie chu-
tante de la sonde lorsqu'on emploie l'outil baïon-
nette.
Agrafe à oeil : permet la rotation de la sonde pen-
dant le battage.
Agrafe simple : a pour utilité de laisser reposer la
sonde sur son support en un point quelconque de la
tige.
Elle est encore employée pour soutenir le tourne-
à-gauche pendant le rodage du trou de sonde.
Agrafe de relevée : est la pièce sur laquelle repose
la sonde pour la descente et la montée des outils.
Elle est à touret, de façon qu'elle puisse prendre
toutes les positions de la sonde sans tendre la chaîne
qui la relie au treuil.
Tête de sonde. — La tête de sonde est un emman-
chement à douille portant un anneau tournant très
solide, à l'aide duquel on rattache la sonde au crochet
ou à la chaîne de manœuvre.
Elle est employée pour les sondes de 20 et de 25 mil-
limètres.
Tige à œil. — Pour fixer à la chaîne les sondes de
32 et de 40 millimètres, on remplace la tête de sonde
ordinaire par la tige à œil d'une seule pièce.
Outil-baïonnette. — On a remarqué, lorsque la sonde
atteignait une grande profondeur, que la réaction du
choc du trépan sur les roches occasionnait des rup-
tures fréquentes. Pour éviter, autant que possible,
ces accidents toujours graves, on emploie aujourd'hui
l'outil-baïonnette. Au moyen de cet appareil, la
sonde est divisée en deux parties :
La première est reliée directement à un balancier
actionnant le système.
La deuxième porte le trépan et un poids de tige
suffisant pour assurer le percement.
L'outil-baïonnette se compose essentiellement d'un
cylindre en acier relié à la première partie de la sonde,
portant une rainure longitudinale avec encoches ;
dans ce cylindre se meut une pièce cylindrique fixée
directement sur la deuxième partie de la sonde sup-
portant le trépan ; cette pièce reçoit une clavette
qui glisse dans la rainure.
Pour la manœuvre,,on descend tout l'ensemble, la
clavette étant dans l'encoche inférieure, on laisse
reposer le trépan au fond du sondage. En agissant
légèrement à gauche avec le tourne-à-gauche, le
cylindre glisse et la clavette, suivant la rainure
longitudinale, vient se placer sur l'encoche supé-
rieure.
En relevant avec le balancier on obtient la montée
du trépan que l'on déclanche 'à hauteur convenable
par un léger mouvement à droite.
Cet outil peu encombrant et de manœuvre facile,
rend de très grands services.

Outils de nettoyage de forage. — Pour retirer du


forage les matériaux broyés par les chutes successives-
dù trépan, on emploie des appareils désignés sous le
nom de cuillers.
Ce sont des tubes robustes munis, à leur base, d&
soupapes planes ou sphériques.
Cuiller à clapet. — Cette cuiller sert à l'enlèvement
des marnes, vases et débris rocheux triturés par le
trépan. Elle agit par percussion. Pendant la"chute,
la soupape s'ouvre et laisse pénétrer les déblais qui
agissent par leur poids et referment la soupape ; on
enlève la cuiller et les matériaux emprisonnés dans le
tube sont amenés au sol.
Cuiller à boulet : est utilisée dans les sables meubles.
Cuiller à boulet et ciseau : est employée au perce-
ment et à l'enlèvement simultanés des sables
fermes.
Escargot. — Cet outil, de forme bizarre, donne de
bons résultats pour l'extraction des gros sables et.
des graviers de rivière.

Outils raccrocheurs. — Les accidents qui se pro-


duisent le plus fréquemment dans les travaux d&
forage sont les ruptures de sondes. Pour retirer la
pièce engagée dans le forage -on se sert des outils
suivants :
Caracole. — Lorsqu'à la suite d'une rupture de
sonde, l'outil n'est engagé que par son propre poids,
on emploie la caracole. La figure 75 donne une in-
dication suffisante de l'outil.
Cône taraudé. — Est composé d'une douille conique
fraudée.
Pour la manœuvre, on descend la douille de ma-
nière à coiffer la pièce à retirer, puis on taraude dou-
cement. On bande légèrement la sonde pour s'assurèr
que le filet se forme et quand on estime que le
taraudage est suffisant on retire l'outil à la main ou
à l'aide de vérins si la pièce engagée est trop pesante.

Appareils de sondage démontables. — Appareil


pour sondages de 20 à 30 mètres. — Cet appareil
démontable, très léger et facilement transportable,
se compose d'une chèvre en fer de 4 m. 50, portant
à sa partie supérieure une poulie sur laquelle passe la
chaîne servant à manœuvrer la sonde. Un tambour
avec rochet et manivelles est fixé sur les traverses
horizontales de la chèvre (fig. 76).

Appareil pour sondages de 50 à 100 mètres. — Au


delà de 50 mètres de profondeur, il est nécessaire
d'employer des outils plus robustes ; et, par suite
de l'augmentation du poids de la sonde, les efforts
deviennent plus considérables. On construit pour
ce genre de travail une chèvre en fer très résis-
tante ayant une hauteur de 6 m. 50, ce qui permet
l'emploi de barres de sonde de 4 mètres.

Un treuil à tambour à double engrenage, grande


et petite vitesse, est fixé sur les- traverses horizon-
tales reliées solidement aux montants de la chèvre.
Un frein puissant est établi sur une poulie calée
sur l'arbre du tambour d'enroulement (fig. 77 et 78).
Pour la marche à vapeur, deux poulies, l'une fixe,
l'autre folle, sont placées sur l'arbre de commande
des manivelles.
Appareil pour sondages profonds. — Lorsque le
forage doit atteindre de grandes profondeurs, l'em-
ploi de dispositions spéciales devient indispensable
pour assurer la rapidité d'exécution des travaux.
En ce cas, l'appareil se compose :
1° D'un pylône en fer, démontable, de 15 mètres
de hauteur, permettant de relever des barres de sonde
de 12 mètres ;

2° D'un treuil à tambour commandé directement


par l'arbre portant le plateau-manivelle ; ce treuil sert
à la manœuvre de descente et de relevée du trépan ;
3° D'un plateau manivelle avec son arbre de com-
mande actionné directement par un moteur à l'aide
d'une poulie calée sur l'arbre ;
40 D'un balancier avec sa bielle, donnant à la
sonde un mouvement rapide pour le battage ;
5° D'un treuil à tambour indépendant avec frein,
actionnant le câble servant à la manoeuvre des outils
de nettoyage.
Cet appareil ainsi disposé permet d'exécuter, dans
les meilleures conditions de rapidité, tout forage à
grande profondeur, de diamètre variant de 0 m. 20
à 0 m. 60.
Diamètres des séries d'outillage courant.

DIAMÈTRES DIAMÈTRES DIAMÈTRES


intérieurs CORRESPONDANTS des
DES TUBES DES TRÉPANS CUILLERS

1m082 1111065 A

0,982 0,965 /
0,885 0,870 l
0,88 5 0,870 l 0111651
0,795 0,780 )
0,709 0,695 (
0 550
0,628 0,615 '
0,552 0,540 0,460
0, 480 0, 470 0,37 0
0,415 0,405 0,370
0,355 0,345 0,320
0,300 0,290 0,270
0,248 0,240 0,220
0,202 0,195 0,175
0,161 0,155 0,140
0,125 0,120 0,104
0,075 0,090 0,093
CHAPITRE VIII

FONDATIONS

La construction d'un ouvrage ne soulève point de


question plus importante et plus délicate que celle
des fondations, puisque la stabilité de tout l'édifice
en dépend.
Nous considérerons trois cas : 1" la fouille pratiquée
pour l'établissement des caves ou sous-sols a conduit
à un terrain solide, roc, tuf, marne, argile sèche,
sol pierreux, sable non mouillé et non boulant ;
2° on se trouve en présence d'un terrain compressible ;
3° il faut fonder sous l'eau ou dans un terrain aqui-
fère.

Fondation sur terrain solide. — La fondation est


ici très simple et n'est que le prolongement inférieur
des murs du bâtiment. Elle peut être établie à la
surface même du sol en y pratiquant une rigole
fortement damée et pilonnée d'environ 0 m. 30 de
profondeur afin d'éviter le glissement du pied du
mur et d'en garantir la base contre la désagrégation
du sol résultant des actions extérieures et de l'atmos-
phère.
Si l'on fonde sur le rocher ou tuf, il faut creuser
l'assiette de fondation à contre-pente de la pente géné-
rale de la surface du JOC, aussi afin d'éviter le glisse-
ment de la fondation.
La fondation peut être entièrement de niveau ou
bien procéder pàr une succession de gradins hori-
zontaux si la surface du sol est très inégale.
Les matériaux de fondation doivent pouvoir
résister à l'humidité et à la gelée, on choisira pour

cela des moellons ou pierres dures non friables ni


gélives, des meulières ou des briques bien cuites ; la
maçonnerie est faite avec du mortier de chaux hy-
draulique ou de ciment Portland.'
Généralement on fait la fondation un peu plus
large que le mur hors du sol, c'est-à-dire avec un léger
empattement de 0 m. 05 ou 0 m. 10 de chaque côté du
mur, ce qui répartit la charge et évite tout porte à
faux. On emploie de préférence des libages ou larges
pierres dressées seulement et' grossièrement sur leurs
faces horizontales. Le fond de la fouille étant bien
dressé et pilonné on place un lit de mortier puis un
ou plusieurs rangs de fort libages épais, chaînés
et croisés ensemble et garnis de mortier à leurs joints.
Leslibages sont pilonnés afin d'assurer la compres-
sion et la pénétration du mortier dans tous les joints.
Dans les pays où la pierre est rare on a recours
au béton comprimé ou mieux encore au béton armé
qui procure généralement une économie et donne
d'excellentes fondations en formant un empattement
-continu et bien lié sous l'ensemble des murs de la
-construction.
Le béton est comprimé dans une rigole assez
profonde ou entre des formes en palplanches conve-
nablement établies.
Dans les terrains sablonneux ou graveleux il faut
descendre jusqu'au sol vierge et s'assurer que ces
terrains ne sont pas susceptibles d'être entraînés
par des infiltrations d'eau. Il faudrait alors s'op-
poser à cet entraînement soit par des murs de garde
-en maçonnerie ou des encaissements en charpente,
soit par un drainage qui entraînerait à l'opposé les
eaux d'infiltration.
Fondation en terrains inconsistants. Nous devons

à la Société de Fondations par Compression méca-
nique du sol, l'intéressante étude qui suit :
Les systèmes de fondation que l'on trouve exposes
dans les traités de construction sont en si grand
nombre, qu'il semble que l'on n'ait que l'embarras
du choix ; mais chacun d'eux ne bénéficie pleine-
ment de tous ses avantages, en réalité, que lorsqu'on
l'applique dans les circonstances particulières qui
l'ont fait imaginer. Le constructeur ne doit se dé-
cider, pour l'un ou pour l'autre, qu'après un
examen attentif de chaque cas nouveau qui se
présente à lui, tant en ce qui concerne la structure de
l'ouvrage et la répartition des charges, qu'en ce qui
regarde la nature du terrain lui-même ; et, même
alors, on ne saurait assurer qu'il échappera tou-
jours à toute perplexité au sujet de la meilleure
solution que comporte le problème.
Cette hésitation sera surtout très grande s'il s'agit
de s'établir sur un terrain inconsistant ; or c'est le
cas le plus général des ouvrages d'art fondés dans
les vallées, dans les cours d'eau ou sur leurs berges
et au bord de la mer ; c'est aussi le cas des bâti-
ments reposant sur les terrains d'apport qui cons-
tituent le plus souvent le sous-sol des grandes villes,
remanié par le travail incessant de l'homme à travers
les siècles. Il suffirait, pour exemple, de citer Paris
où des quartiers tout entiers s'étendent au-dessus
d'anciennes carrières mal remblayées au moyen des
déchets provenant de démolitions ou de déblais de
fouilles nouvelles.

Etude du sous-sol. Sondages.


— On conçoit, par con-
séquent, qu'il n'est pas de nécessité plus impé-
rieuse que de procéder, avant tout, à une étude com-
plète du terrain sur lequel on doit s'établir.
Cette étude se fait au moyen de sondages, dont la
profondeur varie suivant que l'on rencontre plus ou
moins loin une couche présentant les conditions de
résistance que l'on a jugées nécessaires.
Pour une profondeur de quelques mètres, on se
contentera de creuser, à ciel ouvert, un puits sommai-
rement boisé, dont l'accès facile permet d'examiner
de visu la succession des couches du terrain et leur
nature ; mais, pour de grandes profondeurs, ou lors-
qu'on opère sous l'eau, il devient nécessaire de pra-
tiquer un trou de sondage d'assez faible diamètre au
moyen d'appareils spéciaux, que nous n'avons pas à
décrire ici, et dont l'outil ramène successivement des

7
On ne saurait se contenter d'atteindre une couche
dont la nature offre des garanties pour le bon établis-
sement de la fondation : il faut pousser encore le son-
dage plus loin, afin de s'assurer que l'épaisseur de
la couche est suffisante et que celle-ci ne constitue
pas une simpe croûte superposée à des terrains
fluents ou affouillables.
Détermination de la résistance. — La charge réduite
au centimètre carré est celle qu'on peut faire utile-
ment supporter à un terrain en chargeant, après
décapement, une surface déterminée, d'un poids éga-
lement déterminé.

(Pour apprécier cet enfoncement, on dispose sur le


sol une plateforme de plateaux en bois assemblés par
des traverses et on la charge de pierres dont on aug-
mente la quantité en déposant sur les premières
assises un large plateau de chargement, comme le
montre le croquis ci-de s s. On pèse la quantité des
matériaux lorsque la plat forme s' est enfoncée quelque
peu dans le sol, ce qui donne par un calcul simple la
résistance du sol par centimètres carrés. Dans son
traité des Constructions civiles, M. Barberot conseille
d'employer pour cet- essai une plateforme munie de
4 pieds, dont on connaît la surface d'appui 5 ; elle
appuie donc sur le sol p ar une surface de 4 s et la charge
p \
par centimètre
, •
carré est 4s)
-

L'enfoncement observé permettra de calculer la


résistance offerte par ce terrain.
Lorsqu'une expérience directe n'est pas possible,
— par exemple au fond d'un sondage étroit, — on
peut évaluer la résistance d'un terrain par centi-
mètre carré en prenant pour base les chiffres sui-
vants (1) :
0 kil. 500 sur les vases et argiles molles (au maximum).
2 à 3 kil., sur les terres argileuses et argiles sableuses.
2 à 6 kil., sur les sables et graviers anciens, argiles com-
pactes, argiles plastiques.
(1) Procédés généraux de construction destravaux d'art, A. de Préau-
deau. — Nous faisons remarquer toutefois que ces chiffres indiquent
des résistances de terrains généralement supérieures à celles qu'il est
prudent de considérer dans la pratique.
6 à 10 kil., et même plus, sur les roches compactes et
continues, dont la résistance est souvent supérieure
à celle de la maçonnerie superposée ; c'est alors la
résistance de la maçonnerie qui limite la pression
admissible. Avec la maçonnerie de ciment, on peut
aller jusqu'à 15 et même 25 kilog.
Il y a lieu de déterminer les raisons de l'inconsis-
tance du terrain. Parfois il est, possible, en effet,
d'y porter remède et de la faire disparaître en en
supprimant la cause.
La présence de l'eau, en particulier, modifie, dans
de larges limites, la compressibiité du sol et il suffit
alors d'assurer l'écoulement de l'eau par un drainage
convenable pour obtenir la résistance nécessaire à
l'établissement de la fondation.
Tel est le cas des argiles et des marnes qui peu-
vent aisément porter de 4 à 5 kilogrammes par centi-
mètre carré lorsqu'elles ne sont exposées ni à l'air,
ni à l'eau courante, et qui deviennent au contraire
plastiques et surtout glissantes lorsqu'elles sont
mouillées.
Le sable boulant lui-même peut être amélioré par
l'assèchement. Toutefois, les circonstances locales
permettent bien rarement un pareil travail.
Les procédés qui vont être exposés s'appliquent
aux divers cas où la fondation doit être établie, soit
sur un terrain de faible résistance, soit à travers des
couches inconsistantes sur une grande profondeur.
Suivant la nature du terrain, suivant aussi que l'on
opère à sec ou dans l'eau, les principales méthodes
sont les suivantes :
a) Fondations par murs continus avec empatte-
ments en maçonnerie ou en béton armé ;
b) Radiers de répartition, en voûtes renversées, en
grils de charpente ou de rails, en béton armé ; radiers
de sable.
Fondations sur puits isolés, creusés et remplis de
c)
béton à la main ; puits sur rouets descendants.
d) Fondations à l'air comprimé.
e) Pilotis en bois.
/) Pieux en béton armé.
g) Fondations par compression mécanique du sol.

a) Fondations par murs continus avec empattements.


— Lorsqu'il s'agit de fonder à faible profondeur, sur
un sol peu consistant, mais inaffouillable, la solution
la plus simple consiste à faire reposer les murs sur une
fondation continue, assez large pour que la pression
transmise au terrain ne dépasse pas la limite admise
par centimètre carré.
On nomme empattement la quantité dont le massif
de fondation déborde le nu du mur de part et
d'autre.
(Il est prudent de ne charger un sol compressible
qu'au dixième de la charge d'essai qui a produit une
dépression. Si, par exemple, cette charge est évaluée
à 12 kilos par centimètre carré et que l'on doive élever
un mur de vingt mètres de hauteur, on calculera ainsi
la surface de l'empattement nécessaire.
Poids d'un mètre carré de mur sur 20 mètres de
hauteur
20 x 2200 (densité du mur) = 4400 kilos.
44000
soit par centimètre
x- carré = 4 kil. 400
10000

La charge de sécurité du terrain n'étant que de


1 kil. 200, l'empattement devra avoir une surface
4.400
de = 3 mq. 65 par mètre carré de section
1.200
moyenne du mur à édifier. Si cette section moyenne
calculée sur toute la hauteur du mur est de 0 m. 40,
Fempattement de fondation devra donc avoir une
largeur de 3 m. 65 x 0 m. 40 = 1 m. 460 à son appui
sur le sol compressible. R. C.).
La hauteur de la fondation doit être en rapport avec

l'empattement, pour éviter la rupture en ab, par


l'effet delà réaction du sol (fig. 83).
On serait ainsi conduit parfois à des hauteurs con-

sidérables et il est avantageux d'alléger le massif en


le taillant en gradins, au-dessus d'un parement
théorique cd, tracé à 45° (fig. 84).
; Malgré ce correctif, la disposition précédente oblige
à approfondir certaines fondations d'une façon consi-
dérable et entraîne, par suite, un cube exagéré de
maçonnerie ou de béton.
On peut obvier à cet inconvénient par l'emploi
d'une fondation en béton armé, constituant une
semelle de répartition aussi large qu'il est nécessaire et
d'une épaisseur très réduite.
Si l'on admet que la compression due au poids de
la construction se transmet à 45° dans le 'massif,
on remarque que le bec db de l'empattement sera
uniquement sollicité par la réaction du sol il éprouve
;
donc un effort de flexion auquel la maçonnerie ordi-
naire ne peut guère résister, et auquel se prête par-
faitement au contraire le béton armé, par sa nature
même.
C'est ainsi que, dans certaines constructions exis-
tantes du système Hennebique, nous relevons des
empattements de 2,95 pour une épaisseur totale de
0,30 seulement.

(b) Radiers de répartition. — Lorsque la construc-


tion est particulièrement lourde et le terrain trop
inconsistant, les empattements nécessaires doivent
avoir une telle dimension qu'il vaut mieux relier
les fondations des divers murs les unes aux autres,
et en faire un radier général, répartissant l'ensemble
de la charge totale sur la surface totale d'occupation.
Toutefois, il est nécessaire de remarquer que les
poids sont loin d'être uniformément répartis par les
murs et que, par suite, cette vaste plate-forme, sous
peine de se fissurer elle-même, doit être élastique ou
présenter une grande épaisseur.
Cette dernière condition s'impose si le radier est
simplement constitué par un massif de béton ordi-
naire.
On peut aussi constituer une plate-forme générale
.
en charpente, ou un gril en rails, comme le font les
Américains pour l'érection des immeubles gigan-

tesques de leurs grandes villes. Mais ce moyen ne


saurait être conseillé chez nous (1).
On peut également disposer le radier en forme de
voûte renversée, de manière à rejeter vers les murs
les résultantes des sous-pressions du terrain (fig. 86).
(1) C'est, perfectionné, le procédé de fondation sur racineaux ; les
racineaux sont constitués par des empattements de grande surface
formés de madriers de chêne de 0 m. 30 sur 0 m. 12 assemblée et
chevillés ensemble par des traverses de 0 m. 085. On laisse 0 m. 80
à 1 m. 20 d'axe en axe entre chaque madrier. On forme ainsi une sorte
de grillage que l'on noie dans un épais béton de cailloux et ciment.
Les racineaux sont généralement posés sur des pieux battus dans
le sol compressible et ils sont assemblés à tenon et mortaise ou par
chevilles sur la tête des pieux.
Il faut consolider d'abord le sol compressible en y enfonçant des
pieux, des roches, des cailloux, puis répartir la charge uniformément
sur la plus grande surface possible tout en donnant à la fondation
une liaison générale et aussi solide qu'on le peut. Il est nécessaire de
charger également, pendant la durée de la construction du gros œuvre,
toute la surface de la fondation, de manière que l'enfoncement se fasse
également, s'il doit se produire.
R.C.
Enfin, dans certains cas, on a trouvé une solution
-
économique du problème dans l'établissement d'un
radier général en sable, tassé par couches successives

sur une épaisseur totale d'environ 2 mètres. La répar-


tition des charges se fait à 45° dans le sable tassé ; il
conviendra donc de faire déborder le radier d'une
largeur égale à son épaisseur tout autour de la cons-
truction qu'il supporte. Il est nécessaire de main-
tenir le sable dans un encaissement de briques..
Ces divers procédés demandent des épaisseurs
d'autant plus considérables qu'il est impossible de
connaître la limite exacte de résistance du terrain,
cette résistance d'ailleurs, sur une grande étendue,,
pouvant varier beaucoup. Ces épaisseurs exagérées
de maçonneries apportent elles-mêmes un surcroît de
charge que -le sol inconsistant peut malaisément sup-
porter, et, alors même qu'il n'y aurait pas de tassements
inégaux et de ruptures fâcheuses, on doit toujours re-
douter un tassement général de la construction et un
dénivellement anormal.
L'introduction du béton armé dans les méthodes.
de construction permet d'obvier à ces inconvénients
et fournit un procédé aussi simple qu'économique
pour la constitution d'un radier général d'épaisseur
très réduite.
Beaucoup plus légers que lesprécédents, les radiers
en béton armé sont aussi beaucoup plus rigides, grâce
à leur élasticité. Un tel radier, bien calculé, résistera,
sans se fissurer, aux charges les plus inégalement
réparties.

c) Fondations sur puits isolés. — Lorsque l'ouvrage


est très lourd et que l'on juge nécessaire d'aller cher-
cher très loin une couche assez résistante pour le
supporter, il devient impossible de descendre aussi
profondément des fondations en murs continus et
l'on se résout à asseoir la construction sur une série
de piliers dont la section totàle doit être suffi-
sante pour ne pas faire supporter au terrain consistant
une pression trop considérable.
Ce mode de fondation a été appliqué notamment
à la basilique de Montmartre, dont le sous-sol, criblé
d'anciennes carrières, pouvait faire concevoir des
craintes sérieuses.
Les puits peuvent être foncés par la méthode cou-
rante. La fouille ronde ou carrée, selon le cas, pré-
sente, au minimum, 1 m. 10 ou 1 m. 20 de diamètre
ou de côté. Elle est descendue de proche en proche,
à la pelle et à la pioche, en ayant soin de coffrer
avec plus ou moins de soin, suivant la nature des
couches traversées. Si l'on est exposé à rencontrer
des veines d'infiltration ou une nappe aquifère, des
épuisements et un boisage important deviennent in-
dispensables et rendent le procédé à la fois très
coûteux, peu sûr et dangereux pour les ouvriers qui
ont à travailler à fond de puits, où ils ont à craindre
non seulement des éboulements, mais encore des éma-
nations délétères qui font si souvent des victimes
parmi les puisatiers.
On peut alors améliorer le procédé par la méthode
deS' puits sur rouets descendants, où le fonçage est
constamment protégé par un véritable tubage en
tôle ou en maçonnerie.
Le rouet consiste en une couronne très solide en
charpente ou en métal, du diamètre du puits, sur
laquelle on construit la maçonnerie qui doit cons-
tituer les parois du puits ; au fur et à mesure que les
ouvriers creusent le sol au-dessous, du rouet, celui-ci.
descend sous l'influence du poids de la maçonnerie
qui le surmonte.
Nous reviendrons sur ce procédé à propos du creu-
sage des puits pour l'eau d'alimentation.
Cette méthode se prête à l'emploi de l'air comprimé
qui devient nécessaire lorsqu'on traverse une nappe
aquifère abondante.
Le remplissage des puits se fait par un bétonnage
à la main. On se contente souvent de jeter le béton
de chaux, par brouettées, à l'orifice du puits, sans
le pilonner, malgré ce que présente de défectueux un
pareil système, où les éléments du béton se séparent
sous l'effet de la gravité et des heurts contre les parois.
Si, au contraire, on confie aux ouvriers du fond le soin
de régler le béton et de le pilonner, il est impossible
d'exercer aucun contrôle sur leur travail, et il en
résulte une certaine insécurité.
L'irrégularité dans-la confection des piliers peut
avoir des conséquences d'autant plus graves que leur
surcharge est souvent considérable. Les puits, dont
la section horizontale dépasse rarement 1 mètre carré,
sont ordinairement espacés de 4 à 5 mètres. Si l'on
remarque qu'une maison de six étages charge com-
munément le mur de fondation de 25 à 30 tonnes
par mètre courant de mur, on voit qu'il en résulte,
pour chaque puits, une charge de 120 à 150 tonnes,
soit 12 à 15 kilogs et même davantage par centi-
mètre carré, ce qui est excessif et nécessite, tout au
moins pour le bétonnage, un soin tout particulier.
En outre, pour peu que le puits ait lui-même
8 mètres de profondeur, la charge sur la base se
trouve augmentée de 18.000 kilogs environ, repré-
sentant le poids propre du béton remplissant le
puits.
On conçoit que le terrain sous-jacent (à moins-
que l'on ne compte sur le frottement latéral de la-
colonne de béton), doit être exceptionnellement
résistant pour supporter une pareille charge. Le
sable lui-même subirait un léger tassement, et l'on
peut se demander ce qu'il adviendrait sur de la marne
plus ou moins compacte, sur du tuf plus ou moins.
résistant.
Il ne faut donc pas s'étonner si, avec de pareilles
fondations, même faites consciencieusement, on a
au moment où la charge se fait sentir sur les points
d'appui, des « prises de contact » de 2, 3, 4 centimètres.
et plus encore.
Le prix de revient de ce genre de fondations est
fort élevé, surtout si des difficultés imprévues sur-
gissent si l'on rencontre, par exemple, des couches.
:
aquifères, des terrains ébouleux ; s'il y a des émana-
tions délétères, etc.
Voici un aperçu du prix de revient d'un puits ordi-
naire, fouillé à la main et rempli en béton de cailloux,
et mortier de chaux hydraulique.
Cas d'un terrain d'alluvion ou ébouleux noyé sur les
deux tiers de la hauteur.
Fouille de puits, compris blindage en voliges et cercles de fer,.
avec chargement en tombereau, transport et enlèvement des
terres et gravois aux décharges publiques.
Diamètre du puits 1 m. 50. — Sec-
tion lmq 75. — Sur 7 m. de pro-
fondeur, soit un cube de (A) 12 me. 250
Plus-value pour travail exécuté dans
l'eau sur les 2/3 du cube 8.170
à 1/2 (B) 4 me. 085
Ensemble 16 me. 335

à 12 fr. 20 le mètre cube 199 29


Remplissage du puits en béton de cailloux et mortier
de chaux hydraulique de Beffes ou similaires.
Le cube (A) ci-dessus 12 mc.250 à 20 fr. 50 le me,
Plus-value pour travail exécuté dans l'eau.
.
248 68

Le cube (B) ci-dessus, 4,085 à 2 fr. le me 8 17


Epuisement de l'eau au moyen d'une pompe de 0 m. 10
de diamètre avec ses tuyaux, compris location,
pose, dépose et entretien, pendant 5 journées à
l'une
2 fr. 10 »
Double transport, aller et retour de la pompe et de ses
tuyaux 5 »
Manoeuvre de ladite pompe sans inter-
ruption, à 4 puisatiers, ci 4
et 2 aides puisatiers au repos pour relais 2
~6~
pendant chacun 5 journées = 30 journées
à 7 fr. 50 l'une 219 »
Total ..................... 690 14

Le prix d'un puits ordinaire, fouillé dans la terre


glaise, serait le même, par suite des étalements
nécessaires, mais l'on verrait que, dans un terrain
ordinaire non immergé, la dépense s'abaisserait à
388 fr. 33, prix encore très considérable.
Il est à remarquer d'ailleurs que, dans ces estima-
tions, nous n'avons nullement fait entrer en ligne
de compte les étaiements spéciaux et coûteux qu'en-
traîneraient de grandes profondeurs, ni les frais
(1) Les prix indiquas soat ceux pratiqués à Paris.
d'aérage et de ventilation, tous éléments qui viennent
le plus souvent majorer les prix de base, dans des
proportions aussi exorbitantes qu'imprévues.
Les puits une fois remplis de béton sont réunis
entre eux par des voûtes en maçonnerie sur lesquelles
on construit les murs du bâtiment. Ces voûtes sont
maçonnées directement sur le terrain que l'on taille
en forme de cintre de façoh à éviter les frais qu'occa-
sionnerait un cintrage en bois (fig. 87).

d) Fondations à l'air comprimé.


— Le procédé de
fondation à l'air comprimé n'est qu'une extension,
de la méthode des rouets descendants, où l'on assèche
la fouille, non plus par des épuisements qui devien-
draient impossibles lorsqu'on travaille dans une nappe
indéfinie, mais en refoulant l'eau par dessous la
tranche inférieure du rouet.
A cet effet, la colonne creuse surmontant le rouet,
dans le cas des fondations tubulaires qui sont le
type primitif de ce genre de fondation, ou le caisson
polygonal lorsqu'il s'agit de la plupart des ouvrages
actuels, sont surmontés d'un ou plusieurs sas à air
permettant d'en fermer hermétiquement la partie
supérieure (fig. 88).

On constitue ainsi, un v„ase clos dans lequel on


peut comprimer l'air à une pression suffisante pour
abaisser le niveau de l'eau jusqu'à la tranche infé-
rieure du couteau pénétrant dans le sol.
Afin de réduire la capacité du vase clos et la quan-
tité d'air qu'il est nécessaire de comprimer, on abaisse
généralement le plafond obturateur jusqu'à 1 m. 80
ou 2 mètres au-dessus du couteau, et l'on constitue
ainsi une chambre de travail, où l'on fait pénétrer
les ouvriers et les matériaux par les sas à air mis,
alternativement et dans le sens convenable, en
communication avec l'air libre et avec la capacité
intérieure (fig. 89).
Une étude complète de cette méthode de travail
nous entraînerait beaucoup plus loin et nous ren-
voyons aux ouvrages spéciaux qui ont traité ce

sujet si vaste avec tous les développements qu'il


comporte.
Il nous suffira de faire ressortir quelques-uns des
avantages et des inconvénients de ce mode de fon-
dation, si remarquable d'ailleurs et qui, seul, a rendu
possible d'admirables ouvrages à la mer ou en rivière,
tels que l'établissement du Forth et tant d'autres
travaux considérables.
Aucun autre procédé ne permettrait de fonder un
ouvrage par des fonds de 20 à 30 mètres et, sans
même aller jusque-là, on peut dire que l'emploi de
l'air comprimé présente une économie notable sur
les procédés usuels d'épuisement, pour tous les
travaux par havage direct dont l'importance justifie
un outillage considérable et coûteux, il est vrai.
D'autre part, ce coût de l'outillage est un obstacle
lorsqu'il s'agit d'un ouvrage d'importance minime
-et même moyenne. Le travail des ouvriers au fond
surveiller. Il se fait dans de mauvaises
'Bst difficile à
-conditions hygiéniques et exige un éclairage arti-
ficiel presque toujours insuffisant pour assurer un
TIon rendement. Le remplissage final en béton de la
chambre de travail et des cheminées ménagées
jusqu'à la fin, est difficile à réaliser d'une façon
complète et à surveiller. Enfin, on n'y peut em-
ployer que des ouvriers d'une constitution robuste ;
la sortie du sas ne doit se faire que lentement et la
très longue période de décompression, qui peut seule
éviter les accidents, constitue une perte de temps
-considérable.
La limite de pression que les hommes peuvent
supporter est celle de 50 mètres d'eau et le rendement
du travail exécuté à cette profondeur est alors très
réduit.
Sous ces réserves, voici quelques prix de revient
indiqués par M. l'Ingénieur en chef de Préaudeau (1).
Dépense d'une pile des ponts

de Kehl :de Nantes de Brooklyn


sur le Rhin sur la Loire à New-York,

Dépense totale 500.000 90.000 3.307.000


Section horizontale du
massif 122mc. 49mq. 1.340M
Profondeur de fondation 20m. ^F1'
Cube du massif 2.440 me 853mc 24.120mc.
Prix de revient par mc.. 205 108 13'7

On aura toujours le plus grand avantage à cons-


tituer la chambre de travail en béton armé. Le sys-
tème Hennebique s'y prête tout particulièrement et
l'on peut prévoir des applications de plus en plus
nombreuses dans cet ordre de travaux.
(1) Préaudeau et Pontzen — Travaux d'art.
e) Pilotis en -'bois. —Les pilotis en bois ont été em-
ployés de tout temps pour fonder sous l'eau ou dans
des sols aquifères. On en employait rarement d'autres
avant l'emploi de l'air comprimé lorsqu'il s'agissait
de fonder un ouvrage d'art en rivière.
Les pilotis ont le grand avantage de permettre
d'aller chercher un appui sur le terrain résistant, à
travers les couches inconsistantes et même à travers
les nappes d'eau, sans obliger à aucun travail de
fouille et de terrassement.
Les pilotis sont en bois de bout, chêne ou sapin,
quelquefois en châtaignier ou en aulne. Leur emploi
est fondé sur cette propriété qu'a le bois de se conser-
ver longtemps dans la terre ou l'eau, pourvu qu'il soit
à l'abri de l'air. Il faut bien dire d'ailleurs que cette
propriété n'est pas absolue.
L'équarrissage du pilot dépend de sa longueur. Il
faut qu'il soit suffisant pour que la pièce, maintenue,
il est vrai, par la résistance latérale du sol, ne flambe
pas pendant le battage.
Pour des longueurs inférieures à 10 mètres, on peut
admettre que le rapport de la longueur au diamètre
(ou au côté) doit varier entre 24 et 30.
Au-dessus de 10 mètres, on prend d'ordinaire les
gros échantillons du commerce, c'est-à-dire des bois
de 0 m. 35 (1).
La distance des pilots d'axe en axe ne doit pas être
inférieure à 0 m. 80, afin que la compression du sol ne
rende pas trop difficile la pénétration jusqu'au terrain
solide.
La durée des pilots soumis à des alternatives d'im-
(1) Lorsqu'un pilotis est enfoncé en partie et qu'on s'apercoit qu'il
n'est pas assez long, on le rallonge au moyen d'un bois de même
grosseur maintenu sur la tête du pilotis primitif au moyen d'une
large frette en fer et d'un goujon en fer posé au centre des deux pieux
à rassembler.
mersion et d'émersion varie entre 12 et 20 ans suivant
l'essence du bois. A cet égard, nous citerons l'exemple

l'eau ; s'il existe, au-dessus de ce niveau des parties


en bois, elles sont éminemment sujettes à une des-
truction rapide et ne doivent pas faire corps avec
la fondation noyée, de manière à pouvoir être rem-
placées aisément.

Ce n'est pas à dire que les parties noyées


échappent à toute cause de destruction. Les parties
directement en contact avec l'eau de mer nesont pas-
à l'abri des tarets. Celles mêmes qui sont entièrement
noyées dans le sol humide perdent peu à peu de leur-
résistance et il est tels exemples de pilots anciens que
l'on a trouvés réduits, comme résistance, à une âme
de diamètre infime.
L'enfoncement se fait au moyen d'une sonnette,
c'est-à-dire d'un appareil mobile en charpente, per-
mettant d'élever à une certaine hauteur un mouton,

ou masse pesante en fonte, qui retombe de tout son


poids sur la tête du pilot. L'action du mouton est
mesurée par le produit de sa masse par la hauteur de
chute. On a donc tout intérêt à augmenter l'une et
l'autre (1).
On prend, généralement, comme terme de compa-
raison, l'ancienne sonnette à tiraudes. dont le mouton
(1) L'ancienne sonnette à tiraudes élève un mouton de 400 kilos
à la hauteur maxima de 1 m. 50 ; avec les sonnettes à treuil et à
déclic-on emploie un mouton pesant de 500 à 900 kilos. Mais quand il
s'agit de battre un nombre considérable de pilots, il y a intérêt à
employer une sonnette à vapeur soit du type à déclic, soit du type
Lacour ou Figée dans lesquels la vapeur agit directement sur un
piston placé à l'intérieur du mouton. Une sonnette Lacour peut donner
50 coups par minute quand elle est commandée à la main et jusqu'à
pèse 400 kilogs au maximum avec 1 mètre de chute.
On appelle refus, la quantité dont un pilot s'en-
fonce sous l'action d'une volée de 30 coups de mou-
ton. Ce refus est variable et n'est j amais nul, si ce n'est
le cas où le pilot rencontre le roc.
Le refus absolu est celui qui est jugé suffisant pour
la résistance dont on a besoin, et auquel on arrête
l'opération.
Le refus relatif n'est dû qu'au frottement latéral.
C'est celui que l'on obtient en terrain indéfiniment
compressible.
On considère généralement un pilot comme par-
venu au refus absolu quand il ne s'enfonce plus que
de 0 m. 005 à 0 m. 010 sous une volée de 30 coups
d'une sonnette à tiraudes, ou sous une volée de
10 coups d'une sonnette à déclic dont le mouton pèse
600 kilogs et tombe de 3 m. 60.
Etant donné le refus d'un pilot, la charge qu'on
peut lui faire supporter se calcule suivant la formule
hollandaise :

où P représente le poids du mouton ; p le poids du


:
pilot ; H la hauteur de chute du mouton ; e le refus,
et R la résistance.
Le seul frottement latéral permet d'ailleurs au pieu
100 coups par minute quand la commande de l'admission de vapeur
se fait automatiquement.
Dans le battage des pilotis, il y a avantage à augmenter le poids
du mouton plutôt que la hauteur de chute, on évite ainsi les vibrations
qui détériorent la tête du pilot.
Quand l'enfoncement total est près d'être atteint, si l'on désire
ménager la tête du pilot, on interpose entre lui et le mouton un faux
pieu en bois dur consolidé par deux frettes en fer.
Généralement on calcule les pilots d'assez grande longueur pour
que la tête soit à couper de façon que la partie ainsi récépée reste bien
saine pour supporter les fondations.
de supporter une charge considérable. Pour un refus
relatif de 2 à 3 centimètres, la résistance peut attein-
dre 600 à 800 kilogs par mètre carré de surface latérale
frottante.
Disons enfin qu'un seul pieu des dimensions habi-
tuelles porte de 15 à 25.000 kilogs. Encore faut-il
compter sans les circonstances fortuites, la rencontre
d'un bloc de roche isolé, ou un accident comme le désa-
botage ou la rupture de la pointe, qui peuvent faire
croire que l'on a atteint le refus cherché, alors que le
pieu est dans un état de résistance fort instable, qui
peut être rompu par une charge inopinée, plus consi-
dérable que celle du battage.
On voit combien le résultat final est précaire et
incertain.
On cherche à y remédier en solidarisant tous les
pilots au moyen d'un grillage en charpente qui réunit
leurs têtes, ou en noyant celles-ci dans une table de
béton.
Le prix de revient du pilotis doit comprendre un
certain nombre de frais accessoires et, notamment
dans les terrains marécageux ou sous l'eau, les dépen-
ses de recépage et ceux du grillage en charpente que
nous venons de mentionner.
Le prix de revient est évidemment très variable,
suivant la région et les circonstances locales, suivant
aussi la facilité plus ou moins grande d'approvision-
nement des bois dont les dimensions sont presque
toujours exceptionnelles.
Voici un aperçu des prix de base :
Pilots de sapin en grume, le stère 60 à 80 fr.
chêne environ ..
— en grume, 100 fr.
.
Sabotage et frettage, l'un 6 à 10 fr.
Mise en fiche et battage du 1er mèt. 6 à 10 —
Battage des mètres en complément
par mètre ................... là 5 —
Application à un pilot de 0 m. 25 de diamètre et de
8 mètres de longueur en"chêne, battu à Paris :
Cube : 0 me. 500 à 80 fr 40
Sabotage et frettage 7 50
Mise en fiche, battage du Fr mètre 10 fr.
Battage de 7 m. complément, à 5 fr 35 —
Recépage par pilot 1 —
Massif ou gril, en'moyenne par'pieu
..... 14 —
Total ................ 97 50

Ce prix s'abaisserait évidemment au voisinage des


ports du Nord, par exemple, où les bois de Norvège
parviennent aisément.
Il y a lieu également de tenir compte des progrès
réalisés dans l'outillage et notamment dans l'emploi
des sonnettes à vapeur qui permettent de battre avec
des moutons beaucoup plus puissants.
Le mouton d'une sonnette à vapeur pèse 1.500 ki-
logs et tombe d'une hauteur de 1 m. 50 à 2 mètres,
à raison de 80 à 100 coups par minute.
Le travail pour un coup est donné par l'a formule :

On voit que, pour un même effort PH, le travail


produit est d'autant plus considérable'que le rapport -ep

est plus faible, c'est-à-dire que le poids P du mouton


est plus grand par rapport au poids p du pilot. On a
donc tout intérêt à augmenter le poids du mouton,
même en réduisant la hauteur de chute H/
D'autre part, il y a une limite qu'on ne saurait
dépasser : c'est celle de la résistance du bois lui-même,
dont les bonnes qualités sont de plus en plus rares, qui
s'écraserait sous des chocs trop violents ; et, à cet
égard, on peut dire, dès à présent, que les pilots en
héton armé échappent à ce reproche, comme nous le
verrons tout à l'heure.
/) Pieux en béton armé. — Les inconvénients que
nous venons de signaler ci-dessus, à propos des pilotis.
en bois, sont évités par l'emploi de pieux en béton
armé qui sont, par leur nature même, indestructibles.
Le béton, à lui seul, sous une section relativement
faible, n'aurait pas une résistance comparable à celle
d'un pieux de bois de même équarrissage. On sait, en
effet, que la charge de sécurité est respectivement,
par centimètre carré, de 40 à 45 kilogs pour le bois, et
de 25 kilogs seulement pour le béton. Mais il convient
d'ajouter à la résistance du béton, celle de l'armature
qui est enrobée dans le béton armé ; cette résistance
est de 10 kilogs par millimètre carré pour le fer ; elle
atteint 12 kilogs par millimètre carré d'acier et même
au-delà lorsqu'on aborde les aciers durs.
On a ainsi le moyen de faire varier la résistance
totale du pieu, en faisant varier convenablement le
pourcentage du métal, c'est-à-dire le rapport de la
section totale du fer ou de l'acier à la section du béton.
C'est ainsi qu'un pieu en béton armé de 30 x 30 cen-
timètres, armé de 4 barres longitudinales d'acier de
22 millimètres équivaut à un pieu en bois de même
équarrissage.
Au point de vue du prix, on peut estimer que le
pieu en béton armé coûtera 20 0 /0 moins cher que le
pieu en bois.
Le pieu en béton armé résiste mieux que le pieu
en bois aux effets dynamiques, ce qui permet de le
battre avec des moutons pesant 4 à 5.000 kilogs et
d'obtenir ainsi un refus beaucoup plus complet, et,
par suite, une sécurité plus grande, tandis que le pieu
en bois serait fendu et écrasé bien avant cette limite.
Sous des chocs aussi formidables, il n'y a pas à
craindre d'écraser le béton armé. « Dans le battage des.
pieux en béton armé, écrit M. Christophe, les chocs.
du mouton ne désagrègent'qu'une partie du béton à la
tête de la pièce. Le corps même d,u pieu ne souffre pas-
de cette épreuve, assurément l'une des plus sérieuses.
que l'on puisse faire. »
Cette détérioration même de la tête du pieu peut,
être évitée par l'emploi de dispositifs spéciaux et
surtout du casque avec matelas élastique employé
par M. Hennebique qui a fait de si nombreuses et de
si heureuses applications de ce procédé nouveau
de fondation.
Dès 1897, ce constructeur établissait, d'après sa
méthode, un mur avec estacade, à Chantenay-sur-
Loire.
En 1898, il construisait 125 mètres de quai à
Southampton, pour la Compagnie du London and
South Western Railway, où le masque est formé de-'
pieux de 40 x 40, ayant 15 mètres de long, et de
palplanches également en béton armé, battues dans.
les intervalles d'environ 1 m. 80 qui séparent les.
pieux.
Tandis que les pieux en bois, pour éviter la pour-
riture, doivent être recépés en dessous du niveau des-
plus basses eaux, les pieux en béton armé peuvent se
prolonger à l'air libre, et l'on utilise cette faculté-
pour la constitution très pratique et très simple de
supports d'estacade ou de warfs, comme l'estacade d&
Woolston (Southampton), construite également par
M. Hennebique, en offre un exemple.
Enfin, en généralisant l'emploi des pieux et des-
plaplanches en béton armé, pour tous les cas où, jus-
qu'ici, on avait employé des pieux et palplanches en
bois, il devient possible d'établir dans des conditions
d'exceptionnelles solidité et durée, des enceintes, des
caissons fixes ; de même le béton armé se prête à la
construction de caissons flottants destinés à être
remplis de béton pour la constitution des gros blocs
de 5 à 6.000 tonnes dont l'emploi tend à se généraliser
pour l'établissement des digues à la mer.

Fondations par compression mécanique du sol

g) Fondations par compression dit sol.


— Après
l'examen qui précède des nombreux procédés de fon-
dation, dont la plupart sont en quelque sorte clas-
siques, nous allons aborder une méthode plus récente
et dont les résultats cependant, acquis dans des ap-
plications déjà nombreuses, permettent de prévoir
un développement de plus en plus rapide : nous vou-
lons parler du mode de fondations par compression du
sol par les procédés Dulac, dits système « Compressol».
La nouveauté relative de la méthode, le très vaste
champ qui est ouvert à ses applications, nous auto-
risent à entrer dans quelques détails à son sujet.
On sait déjà qu'on a tenté bien des fois de consolider
un sol inconsistant et de lui donner une résistance
locale suffisante pour y asseoir une construction, en le
lardant, pour ainsi dire, de pieux en bois très rap-
prochés qui compriment latéralement le terrain.
On aparfois soumis ceprocédé à quelques variantes,
en retirant le pieu de bois et en remplissant le trou
ainsi percé au moyen de sable mouillé ou de béton.
Le sol se trouve ainsi consolidé par compression, au
moyen de ce très grand nombre de pieux de bois, de
sable ou de béton, dont on pourrait dire qu'il arment
le terrain (1). Les procédés mécaniques compriment
le sol latéralement et en profondeur, ils agissent d'une
façon plus complète et plus efficace ; ils constituent
dans un terrain, quelle que soit sa composition, des
points d'appui reposant, par une large base, sur le
bon sol naturel ou sur un sol rendu mécaniquement
bon, auquel on a donné un coefficient de sécurité
qu'on s'est imposé par avance.
Il ne reste plus, sur ces points d'appui immuables,
qu'à fixer des poutres, semelles ou radiers en béton
armé, le tout rendu solidaire, rigide, indéformable
et capable de porter, avec une sécurité calculée et
éprouvée, les charges les plus considérables qu'on
puisse imaginer dans la construction. On peut ainsi
employer pour d'importants ouvrages des terrains
compressibles réputés jusqu'à présent inutilisables.

Description des appareils. — Les principaux appa-


reils qui servent pour l'application du procédé, sont :
1° Une machine multiple mécanique pivotante sur
chariot de 17 mètres de hauteur, actionnée par un
treuil à vapeur
2° Trois pilons de forme et de poids différents :
Un pilon, dit perforateur, de forme conique, de
0 m. 85 de diamètre à la base et du poids de 2.200 ki-

(1) Le pieu en bois dur a environ 2 mètres de long et 0 m. 20 à


0 m. 25 de diamètre en haut; il est légèrement conique, pointu à la
base et armé de fer. La tête est frettée et percée d'un trou dans lequel
on passe une longue barre de fer qui permet de faire tourner le pieu
dans le sol et de l'y remuer pendant le battage de façon à élargir le
trou et à faciliter l'extraction du pieu qui se fait au moyen d'une
chèvre dont le cordage s'attache autour de la barre de fer ci-dessus.
Quand le trou est ainsi fait, on le remplit de cailloux mêlés de béton
de ciment à peine humecté d'eau et on pilonne au fur et à mesure.
Quand le bois est bon marché, on se borne à enfoncer les pieux que
l'on abandonne dans le sol.
R. C.
logs. Il tombe en chute libre la pointe en bas, d'une
hauteur qui peut atteindre jusqu'à 10 mètres.
Un pilon bourreur en fonte, de forme ogivale, de
0 m. 75 de diamètre à la base et du poids de 2.000 ki-

logs ; il tombe également en chute libre, la pointe en


bas.
Enfin un pilon d'épreuve, en fonte, du poids de-
1.500 kilogs et de forme tronconique. Il a 0 m. 80
de diamètre à la grande base et tombe, en chute libre,
comme les précédents'; mais à l'inverse de ceux-ci,
il est suspendu par la pointe.
30 Un déclic automatique, système ((Compressol
»r
soutenu par une chaîne mouflée.
Fonctionnement des appareils. Les trois pilons

sont munis d'une tige qui se termine par une tête en
forme de toupie. Le déclic prend la tête de la tige
d'un pilon ; la machine est mise en mouvement ; la
chaîne s'enroule autour du tambour du treuil ;
le déclic monte, entraînant le pilon qu'il enserre
d'autant plus énergiquement qu'il est plus lourd.
Au moment où la partie supérieure du déclic
s'engage dans un anneau en forme de double enton-
noir, placé en un point des jumelles de la sonnette et

dont on fait varier la hauteur à volonté, la partie infé-


rieure de ce déclic s'ouvre et laisse échapper le pilon
qui tombe en chute libre.
Par son propre poids, le déclic redescend vers le
pilon tombé et le reprend seul, à toute profondeur,
prêt à le remonter.
La hauteur de chute au-dessus du sol est ordinai-
rement de 8 à 10 mètres. *

Emploi de la méthode. — Batta ge superficiel. — S'il


s'agit de consolider un terrain de remblai que l'on
destine à supporter une construction de faible poids,
on se contente de faire un battage superficiel, en
opérant de la façon suivante :
La fouille des murs étant faite, on la pilonne, de
mètre en mètre, par exemple, en employant le pilon
ogival dit bourreur, pour faire un trou de 1 mètre à
1 m. 50 ; on remplit ce trou, jusqu'au 1 /3 environ, de
matériaux durs quelconques, que les coups de pilon
suivants enfoncent dans le sol.
De nouvelles charges, de nouveaux coups de pilon,
et l'on arrive ainsi, très rapidement, à donner au sol

la résistance voulue. On termine par 2 ou 3 coups du
pilon plat, qu'on laisse sur le point battu, pendant que
l'on procède au bourrage du point suivant, avec le
premier pilon. On comprend aisément que l'on fait
ainsi, en quelques instants, par compression du sol,
ce que le temps met des siècles à faire. L'on comprend
aussi que, par l'observation de l'enfoncement comparé
au nombre des coups de pilon, on peut arriver à don-
ner partout une résistance uniforme ; ce qui, même
dans les terrains vierges, présente une incontestable
condition de sécurité pour la stabilité des construc-
tions.
Mais, si l'on se trouve en terrain aquifère, suscep-
tible d'être parcouru par des veines d'eau souter-
raines, cette première manière est insuffisante ; il
faut alors s'appuyer sur les couches solides et avoir
recours à la fondation sur puits.
Fondations sur puits — Pylônes. — La perforation
du puits se fait par le pilon conique de 2-200 kilo-
grammes. Nous avons ainsi fait des puits de 15 mètres.
Une cavité ménagée dans la pointe d'acier du pilon
monte, à chaque coup, un échantillon du terrain
traversé. La perforation doit être lente, de manière
à ce que les molécules comprimées, chassées laté-
ralement, se puissent bien caser. Les parois ainsi
durcies deviennent résistantes aux poussées exté-.
rieures, comme le montre la figure ci-dessous.
Lorsqu'on opère dans des terrains sujets à ébou-
lements, ou dans des terrains immergés ou suscep-

tibles d'être, à certains moments, parcourus par


des veines d'eau et que l'une de ces dernières vienne
à se faire jour au travers des parois du puits, on
arrive à obtenir l'étanchéité en opérant comme suit :
On remplit le trou avec de la terre argileuse ou de
la terre glaise jusqu'au-dessus de la voie ou de la
nappe d'eau, et l'on recommence le travail du pilon
perforateur, en ayant soin, après chaque coup ou
après une série de coups, suivant les cas, de jeter
d autre terre dans la cavité. On arrive ainsi, en
un temps relativement très court, à constituer contre
les parois primitives du puits, refoulées,
un véri-
table tube plastique et résistant qui maintient les
parties ébouleuses du terrain en s'opposant à l'arrivée
de l'eau.
On comprend aisément qu'il faut et qu'on peut
faire varier l'épaisseur du tube et sa résistance, selon
qu'on a à s'opposer à des pressions extérieures plus
ou moins considérables.
Dans les terrrains submergés, comme par exemple
pour la fondation d'une pile de pont en rivière, on
crée entre palplanches un îlot artificiel sur lequel
on installe la machine et au travers duquel on fait
la perforation et le bourrage des points d'appui ou
pylônes.
De même on peut, en certains cas, remplacer le
tubage en terre argileuse, par un asséchage continu
-en béton à sec, comprimé par le perforateur.

Bourrage. — Quand le puits a atteint la profondeur


voulue, on commence à le combler. On jette d'abord
.au fond des matériaux de fortes dimensions, en
général de grosses pierres, que l'on chasse latérale-
ment, au moyen du pilon ogival ; on met plusieurs
fois de ces gros matériaux, et, par un pilonnage
très énergique, on obtient à la place de la pointe
qui terminait le puits perforé, un épanouissement
relativement considérable, surtout si le terrain est
très compressible. Quand cette première assise est
.ainsi bien établie, on continue le bourrage simplement
avec des matériaux durs quelconques arrosés de
-chaux, si l'on a besoin de peu de résistance ; et
l'on va jusqu'au béton de cailloux et ciment, si la
résistance doit être plus grande. Dans tous les cas,
les matériaux, mis par couches de 40 à 50 centi-
mètres, sont énergiquement comprimés par une
volée de 2, 3, 4 coups de pilon, suivant la résistance
que l'on veut obtenir. Avec ces procédés, il n'est pas
nécessaire d'aller jusqu'au bon sol, et voici pour-
quoi :
Grâce à l'épanouissement obtenu par le bourrage
énergique des gros matériaux, qui forment la base
des pylônes de fondation, base qui repose elle-
même sur un fonds comprimé, la résistance à l'enfon-
cement devient considérable (,fig. 97).
A cette résistance, vient s'ajouter celle résultant
de l'adhérence du pylône aux parois, qui est très

grande, étant donné le développement des surfaces


de contact de ces pylônes, qui peuvent, après bour-
rage,atteindre de 1 m. 10 à 1 m. 30 de diamètre, et plus,
si c'est nécessaire.
En outre, par suite de la compression latérale exer-
cée par le pilon perforateur au moment de la perfo-
ration du sol, perforation qui se fait sans aucun enlè-
vement de terres, le terrain se trouve comprimé très
puissamment entre chaque pylône, et présente une
résistance latérale très grande, résistance qui s'oppose
non seulement à l'enfoncement, mais encore aux
efforts de renversement.
Enfin, le pylône, très rugueux à sa périphérie, a
pénétré violemment dans sa gaîne de terre, avec
laquelle il fait absolument corps, sans décollement
possible.
Avec ces systèmes de fondations, tous autres
travaux accessoires, tels que terrassements, étaie-
ments, épuisements, etc., etc., sont supprimés, et de
ce fait, on réalise une économie sur les procédés ordi-
naires.

Calcul des résistances. — La résistance du sol


peut être éprouvée avant et après l'opération, au
moyen du pilon n° 3, dit pilon d'épreuve.
Il est évident que plus le sol sera résistant, moins
le pilon s'enfoncera : c'est-à-dire que l'enfoncement
du pilon et la résistance du sol sont inversement pro-
portionnels. — Or, on peut toujours, après chaque
coup, mesurer l'enfoncement ; il est donc facile d'en
déduire la résistance (1).
Le poids du pilon étant de 1.000 kilogrammes, par
exemple, supposant la hauteur de chute de 10 mètres,
on aura, à l'arrivée au point de chute, un travail déve-
loppé de 10.000 kilogrammètres, c'est-à-dire 10.000
kilos s'enfonçant de 1 mètre.
Ce qui peut s'exprimer ainsi :
.

Pour un enfoncement de 1 m.,


la résistance est de 10.000 kilos
........
(1) Il est évident que l'enfoncement ne doit pas être considéré pour
un seul coup de pilon, mais sur la moyenne de 3 ou 4 coups, après que
que les prises de contact du béton ont été obtenues par 2 ou 3 coups
préalables de pilons
Pour un enfoncement de 0,10,
la résistance est de 100.000 kilos.
Pour un enfoncement de 0,01,
la résistance est de
........ 1.000.000 —

Le pilon mettant en contact avec le sol une surface de-


T. X 0 mq. 80 la résistance par centimètre carré
= 0
4
sera, dans les trois cas ci-dessous : '

Pour un enfoncement de 1 m.
10.000
5026
_AOC = 2L ... os
100.000 201nos.1
Pour un enfoncement de 0,10 —77-^7—
5026 =
Pour un enfoncement de 0,01 -5026
1.000.000 nfi. kilos.
=

Mais dans ce calcul, il n'est pas tenu compte du


frottement des molécules, de la résistance à la com-
pression de l'air retenu entre les molécules, ni du
travail dépensé en vibrations, etc.
Pour compenser ces pertes de force vive qu'il est
bien difficile d'évaluer, on admet, dans la pratique,
que la moitié seulement du travail est utilisée,
en sorte que la résistance est exprimée comme
suit :

Pour un enfoncement de 1 m.
la résistance est de 1 kilog. par cm.
Pour un enfoncement de 0,10
la résistance est de 10 —
Pour un enfoncement de 0,01
la résistance est de
......... 100 —

On voit d'après cela quel coefficient de sécurité


énorme on peut se donner pour une construction
déterminée. Les points d'appui artificiels que l'on crée
ainsi sont plus ou moins rapprochés, suivant la
charge totale qu'ils ont à supporter et ils sont dis-
posés de façon à la répartir aussi uniformément que
possible ; mais en admettant qu'à ce dernier point
de vue il y ait quelques écarts, le coefficient de sécu-
rité qui s'impose dans la pratique est tel que ces écarts
sont absolument sans importance.
Au-dessus des points d'appui, la maçonnerie est,
en quelque sorte, indép endante de la fondation propre-
ment dite. Cependant, dans toutes les constructions
fondées par notre méthode, nous nous sommes tou-
jours chargés de relier entre eux les points d'appui,
afin de pouvoir prendre en toute connaissance de
cause, la responsabilité entière de la stabilité de la
construction.

Principaux avantages du procédé.


— Le procédé,
qui a fait grandement ses preuves, est àpplicable dans
la plupart des cas de la construction. Il n'a pas la
prétention de se substituer, de plano, à tous les autres
systèmes de fondations employés ; mais il a une large
place à côté d'eux.
Il a pour principaux avantages :
1° De donner une sécurité absolue,,
en ramenant
tous les points du terrain à un coefficient de résis-
tance soit uniforme, soit proportionnel aux charges
à supporter, et qui peut toujours être déterminé par
avance ;
20 D'être simple et économique puisqu'il
sup-
prime les coûteuses opérations des étaiements et des
blindages, des épuisements, de l'enlèvement des
déblais, etc. ;
30. D'être rapide,'car un puits de 8 mètres de pro-
fondeur peut être foré et bourré en 5 ou 6 heures ;
4° De supprimer, d'une manière presque com-
plète, tout danger pour les ouvriers qui, ne travaillant
jamais qu'au niveau du sol, n'ont à craindre ni les
émanations délétères des fonds de puits, ni les consé-
quences d'éboulements ;
5° De substituer à la main de l'homme une action
mécanique sûre, énorme, et qu'on peut toujours aug-
menter par le poids du pilon et la hauteur de chute ;
6° D'avoir un béton extraordinairement comprimé,
que l'eau ne peut pénétrer, et qui offre une résistance
énorme à l'écrasement, car il n'y a pas de bon béton
possible sans un pilonnage énergique, qui refoule
l'eau contenue dans les mortiers.
Nous avons constaté, au cours de nos nombreuses
expériences, que le béton que nous employons ainsi,
est toujours méthodiquement et mécaniquement com-
primé, ce qui fait qu'il présente toujours la plus
grande somme de qualité, de résistance et d 'étan-
chéité.
C'est à tort que l'on croit qu'il est souvent suffisant,
qu'un béton possède ces qualités, qu 'il soit fait
pour
avec un fort dosage de mortier.
Ce que doit chercher le constructeur, c'est surtout
d'avoir un malaxage et une compression aussi parfaite
que possible.
Dans le béton idéal, les graviers qui le consti-
tuent doivent se toucher par un point et le mortier
de ciment doit être en quantité suffisante, mais rien
que suffisante, pour les enrober tous, en remplissant
exactement tous les interstices, résultat que la com-
pression mécanique et énergique décrite dans notre
guide peut seule assurer, que la fabrication et le
pilonnage à la main ne peuvent le donner que très
imparfaitement, si soignés soient-ils.
70 'D'être un moyen de sondage tout naturel ne
permettant pas, étant donné l'action énergique du
pilon perforateur, qu'on soit trompé par les appa-
rences de bon sol.
Application du procède. — Sous les murs d'une
construction, sous des massifs de machines, sous une
cheminée d'usine, on dispose convenablement un cer-
tain nombre de puits, appelés aussi points d'appui ou
pylônes.
Ils sont ensuite relies, en leurs sommets, soit par
des poutres, soit par des radiers en béton armé. Des

tiges de fer ou d'acier prises pendant le bourrage,


dans la masse des pylônes, poutres et radiers forment
un tout solidaire, rigide, indéformable, capable de
porter, avec la plus entière sécurité, les charges
prévues (fig. 98).
On peut donc considérer ce procédé de fondation
comme réalisant un progrès très important en
assurant aux constructeurs plus de sécurité et
plus d'économie que par l'emploi des méthodes
courantes.
Mais si son emploi est avantageux pour la cons-
truction du bâtiment, il est particulièrement à
recommander pour l'exécution des fondations des
ouvrages d'art dans les travaux publics, où l'obliga-
tion de pratiquer des fouilles ouvertes de dimensions
importantes, de procéder à des blindages et à des
épuisements coûteux, lui assure, à tous points de
de vue, des avantages économiques très sérieux. Il
présente de plus, nous l'avons dit, celui non moins
appréciable de supprimer dans une large mesure les
chances d'accidents corporels qu'entraîne parfois
l'exécution de travaux de cette nature par les moyens
ordinaires.

Exemple de fondation sur pylônes « Compressol ».


Pavillon du Creusot (Exposition de Paris 1900). —
Il a été construit sur le quai d'Orsay à 6 mètres à
peine du quai. La perforation des puits a montré
qu'en cet endroit le sous-sol était traversé par une
véritable rivière souterraine, à courant très rapide,
qui vient se jeter dans la Seine par une infinité de
petits canaux en traversant les couches d'apport qui
recouvrent le gravier.
Il résulte de renseignements recueillis à ce 'sujet,
que l'emplacement affecté au pavillon était juste au-
dessus du confluent de l'ancien bras de la Seine qui
limitait jadis l'île des Cygnes.
La fondation, épousant la forme du contour exté-
rieur de la coupole, présentait la disposition indiquée
sur la fig. 99. Dans la partie ABCD, on a disposé
3 rangées de puits, en quinconce, espacés de 1 m. 20
et.1 m. 50 d'axe en axe. La partie circulaire, de 5 m. 40
de largeur, comportait également 3 rangées de puits.
répartis comme il est figuré ; leur espacement variait
de 2 m. 20 à 5 m. 50. Dans cette région, la fondation
avait à supporter une charge de 9 kilogs par centimètre
carré ; dans la partie droite ABCD, la charge devait

atteindre jusqu'à 16 kilogs, et c'est ce qui explique le


très grand rapprochement des pylônes. La profondeur
moyenne a été de 7 m. 50. La coupe indique la nature
des terrains traversés. On s'est arrêté à la couche de
sable pur à gros grains à 5 mètres environ au-dessous
du niveau de la Seine. Les puits les plus rapprochés
du bord de l'eau ont exigé un soin tout particulier ;
ils ont demandé 2 à 3 heures de perforation et de
7 à 10 heures de bourrage ; quelques-uns ont absorbé
jusqu'à 9 mètres cubes 700 de béton.
Tous les puits ont été armés de fer de 4 tiges verti-
cales de 20 millimètres de diamètre, et la surface de la
zone occupée par les puits, sur tout le périmètre de la
fondation, a été recouverte d'un radier en béton armé
de 0 m. 90 de hauteur, dans lequel ont été noyées le&
armatures verticales des pylônes ; ces armatures ont
été, en outre, rattachées à celles du radier.

Fondations sous l'eau. — On peut diviser ces tra-


vaux en deux catégories : 1° Fondations à l'air libre ;
2° fondations à l'air comprimé.
1° Les fondations à l'air libre sont possibles toutes
les fois que la profondeur de l'eau ne dépasse pas
quatre mètres ; elles s'opèrent en établissant un bar-
rage polygonal fermé autour de l'endroit où l'on veut
fonder ; avec de puissantes pompes, on épuise l'eau
contenue dans l'espace ainsi enfermé et on y main-
tient l'assèchement tant que les ouvriers y travaillent.
Quand il s'agit de hauteurs d'eau de 0 mètre à 0 m. 80
r
on se contente d'établir un barrage en terre argileuse
que l'on maintient avec des piquets de bois enfoncée
dans le sous-sol. Pour de plus grandes profondeurs,
on établit des bâtardeaux. Le bâtardeau se construit
à une, deux ou trois rangées de pilotis, selon la hau-
teur d'eau à maintenir et selon le courant de cette-
eau.
On enfonce dans le lit du fleuve une série de pieux
ou pilotis assez longs pour que leur tête émerge hors
de l'eau et à environ 1 m. 50 à 2 mètres les uns des
autres, de façon à entourer l'endroit à assécher. Si la
hauteur d'eau ne dépasse pas 1 m. 50 une seule rangée
de pilotis suffit ; on les réunit par des madriers hors
de l'eau que l'on garnit de palplanches verticales

jointives enfoncées dans le lit du fleuve et on accu-


mule de la terre argileuse du côté de l'eau, de façon
à former un barrage étanche.
Pour les hauteurs jusqu'à 2 m. 50, on fait un

double rang de pilotis reliés par des madriers que


l 'on garnit de palplanches verticales ou
panneaux
jointifs entre lesquels la terre argileuse est versée
et pilonnée le mieux possible. Enfin pour les hauteurs
d'eau supérieures à 2 m. 50 on fait une triple rangée
de pieux comportant entre eux un double barrage en
terre argileuse.
Pour consolider les pieux ou pilotis de bâtardeaux,
on les réunit entre eux transversalement par des
traverses ou des tirants en corde ou en chaînes de
fer. Lalargeurd'un bâtardeau est d'un mètre environ
entre deux rangées de pieux.
M. Dolmas indique le moyen de faire des bâtar-
deaux démontables avec des piquets en fer de 2 centi-
mètres de diamètre réunis entre eux à leur tête par
des fils de fer et garnis de grands panneaux en plan-
ches jointives préparés à l'avance entre lesquels on
tasse de la terre ; il conseille de détourner le courant
de l'eau par un enrochement fait en amont du bâtar-
deau léger ainsi obtenu.
Les pieux en bois sont enfoncés avec un mouton ou
sonnette à bras ou à vapeur et arrachés quand le
travail est terminé, il peuvent généralement resservir
plusieurs fois.
Lorsqu'il s'agit de faire un grand nombre de piles
on emploie un caisson ouvert à l'air libre : cet appareil
est formé d'une grande caisse en tôle épaisse de 5 à
10 millimètres, armée convenablement de fers pro-
filés pour qu'elle puisse résister à la pression de
l'eau. Au! moyen d'une grue puissante, on descend
cette caisse au fond de l'eau où elle constitue immé-
diatement un bâtardeau que l'on peut assécher.
Quand la pite de maçonnerie est montée, on relève
ce caisson avec la grue en le passant au-dessus de
l'ouvrage fait et on l'immerge tel quel à une nouvelle
place.
Un autre procédé consiste à immerger un cylindre
en tôle assez mince que l'on enfonce verticalement
dans le sable formant le fond du fleuve ; on assèche
l'eau, on drague les terres mouvantes du fond jus-
qu'au sol résistant et on remplit le cylindre en tôle
avec du béton et des pierres qui forment une pile très
solide maintenue par une enveloppe de tôle.
2° Les fondations à l'air comprimé sont employées
dans les travaux en eau profonde et dans les terrains
noyés d'infiltrations. Les merveilleux travaux de fon-
çage des caissons du Chemin de fer Métropolitain
de Paris sous les deux bras de la Seine et dans les
terrains b oulants et immergés de la Cité et de la place
Saint-Michel ont été entièrement exécutés avec l'air
comprimé. Le procédé comporte une chambre de
travail en forte tôle d'acier c dont les bords inférieurs
bb sont taillés en biseau pour former trépan et péné-
trer dans le fond du fleuve ; au-dessus sont une ou
plusieurs cheminées m surmontées chacune d'un sas
à air qui sert à l'entrée des ouvriers et des maté-
riaux. (Voir figures 88 et 89, pages 111 et 112).
L'air est comprimé par une machine à vapeur
installée sur un bateau ou à terre, et sa pression est
telle dans la chambre de travail qu'elle fait équilibre
à la pression extérieure de l'eau.
On a pu par ce procédé effectuer des fondations
à plus de 50 mètres au-dessous du niveau de l'eau.
Les précautions les plus minutieuses sont à ob-
server à l'entrée et à la sortie des ouvriers qui doivent
séjourner assez longtemps dans les sas à air pour
s'habituer à la pression anormale de l'air. L'éclairage
doit se faire entièrement par l'électricité dans les
chambres de travail.
Pour élever des piles de ponts sous l'eau ou en
terrain aquifère, on fait des fondations tubulaires en
immergeant des tubes en fonte ou en tôle de fer d'é-
paisseur convenable que l'on ferme par en haut en
dessus du niveau de l'eau en ménageant un sas à air.
puis on y comprime l'air qui chasse l'eau et permet
aux ouvriers dedescendre dans le fond et d'enlever les
terres meubles jusqu'au sol résistant. On coule alors
au fond du tube une épaisse couche de ciment prompt
qui empêche la rentrée de l'eau : il est alors possible
d'ouvrir la partie supérieure et de remplir le tube
de béton fortement comprimé. Ce procédé a surtout
été employé pour les fondations des ponts.
Signalons pour mémoire l'ancien procédé de fon-
dation sur caisson : on nivelle d'abord le fond du
fleuve et on le consolide par des pieux, puis on im-
merge un caisson en bois sur lequel on construit la
maçonnerie. Le poids des pierres fait enfoncer peu
à peu le caisson qui va reposer sur le sol préparé à
l'avance.
Dans toute fondation sous l'eau, il est nécessaire
•de draguer le sol à l'endroit où l'on veut construire,
TABLE DES MATIÈRES
/

Pages:
Préface S.

CHAPITRE I. — Etudes préliminaires, choix d'un ter-


rain, orientation, salubrité, vue, voisinages, eau, ser-
vitudes, etc 7
CHAPITRE II.— Arpentage, levé au mètre, à l'équerre,
au graphomètre, à la planchette et à la boussole 13
CHAPITRE III.— Nivellement, à la règle, au niveau
d'eau, au niveau d'Egault 28
CHAPITRE IV. — Fouilles pour les fondations des
bâtiments, outillage 38
CHAPITRE V. — Terrassements, fouilles, chargement,
transport, déchargement 50
CHAPITRE VI. — Remblais, réglage et soutènement des
talus 77
NOUVELLE ENCYCLOPÉDIE PRATIQUE
DU BHTHWEJlT ET DE It'nABITlITION
ruiBLr-É,p PAR

$ené CHfllVIPIiV
INGÉNIEUR

avec le concours d'Architectes et d'Ingénieurs spécialistes

Cette Encyclopédie comprendra 15 volumes


avec nombreuses figures.
•V 1

Nomenclature des ouvrages de ici eoileet:!on :


1er volume : Choix des ter- 96 volume r Peinture et vltre-
rains. — Arpentage. — rip. — Revêtements inté-
Nivellement. — Terrasse- rieurs et extérieure,
ments.-Sondages.-Fun- 106 volume . Chauffage et
dations. ventilation.
2e volume Maçonnerie.
: 11e volT»me: Eclairages divers.
Pierre. — Brique. — Pier-
res artificielles. Mortiers. _ Electricité. — Gaz. —
Acétylène.—Gazd'
Pisé et torchis.
3c voliime : Travaux en ci-
- Alcool et pétrole.
12e volume.— Eau et assai-
nissement. — Fosses sep-
ment et béton armé.
tiques.
4e volume : Charpentes et
échafaudages en bois. * volume : Sonneries d ap-
parLement. — Téléphones.
5e volume : Charpentes en fer.
6e volume : Toitures.
— Pa-
-purte-Vuix. — Paratun-
nerres.
vages. — Carrelages. — 14e volume : Ascenseurs -et

811
Parquets et plafonds.
7e volume : Menuiserie.
volume : Serrurerie. —
volume- :
monte-charge.
Architecture a
la ville et à la. lifImpClg/le.
Plans de maisons et
Construction des serres. —
villas.

Prix de chaque volume (S l^pcraline


2 fr.

n paraîtra un volume tous les deux mois environ


à partir de Juillet 1910.

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