Guide Pratique Des Tissus Rebecca
Guide Pratique Des Tissus Rebecca
Guide Pratique Des Tissus Rebecca
TISSUS
Compositions, spécificités & usages en couture
REBECCA DERAECK
Table des matières
PRÉFACE
Plongée dans le monde textile
POURQUOI MIEUX CONNAÎTRE VOS TISSUS ?
Avez-vous déjà raté vos cousettes ?
Nos erreurs les plus fréquentes
À chaque projet couture, son tissu
Le tombé du tissu qui ne convient pas
Le mauvais comportement du tissu
Le choix de la mauvaise finition
Développez votre toucher pour sentir la « main du tissu »
Les caractéristiques essentielles
Les caractéristiques complémentaires
Le tombé du tissu
COMMENT EST FAIT UN TISSU ?
Qu’est-ce qu’un tissu ?
Mieux comprendre les matières premières
Caractéristiques générales
Les matières premières naturelles
Les matières premières synthétiques et artificielles
Le fil, premier élément de construction du tissu
De la fibre au brin
Des brins au fil
La structure du tissu
Le tissu tissé : un pris, un sauté
Le tissu tricoté : une histoire de mailles
Le non-tissé : l’anarchiste
Les tissus en dentelle : un monde de délicatesse
L’ennoblissement : l’étape ultime pour tous
La couleur : le plaisir des yeux
L’apprêtage : le fin du fin
L’impact écologique de nos tissus : l’impossible tissu parfait
PETIT INVENTAIRE DES TISSUS
La famille des tissus tissés
Les types de tissus tissés : l’armure du tissu
La toile
Le chambray
La popeline
Le voile
Le crêpe
Le seersucker
Des classiques pas comme les autres
La gaze et la double gaze
Le sergé, le denim et la gabardine
Le jacquard
Le satin
La famille des tissus tricotés
Les types de tissus tricotés
Les tissus tricotés
La maille
Le jersey
L’interlock
Le molleton
Le velours et les tissus éponge : entre le chaîne et trame et
la maille
COMMENT PROGRESSER EN COUTURE ?
Tenez un cahier de tissus
Confirmez votre combinaison tissu/patron
Inspirez-vous du prêt-à-porter
Posez des questions dans vos merceries
ANNEXE
L'AUTRICE
REMERCIEMENTS
PAGE DE COPYRIGHT
PRÉFACE
PLONGÉE DANS LE MONDE TEXTILE
L’univers du textile est passionnant. Il y a de nombreuses raisons
pour tomber en amour avec ce monde empli de promesses
créatives. Certaines aiment rêver de leurs projets couture tandis
que d’autres préfèrent sentir les innombrables matières des tissus
sous leurs doigts.
Les tissus nous habillent de notre naissance à notre mort. Ils sont en
contact quotidien avec notre peau. Et, en couturières passionnées,
ils peuplent aussi nos rêves de création.
Mais si l’on cherche plus loin, on s’aperçoit que ces deux problèmes
proviennent en réalité d’un même phénomène : débutante ou
passionnée de couture, nous connaissons finalement très mal nos
tissus !
Pour chaque projet couture, il existe le bon tissu. Mais c’est à vous de
dégager ses caractéristiques et de le trouver. Trouver LE bon tissu,
c’est un peu comme une histoire d’amour !
En somme, un tissu doit être joli, certes, mais doit aussi correspondre
à votre projet couture et à votre style de vie.
Et, dans ces cas-là, c’est à vous de choisir la bonne finition pour
votre projet.
de mieux le comprendre ;
de mieux le respecter ;
de mieux le coudre ;
d’en profiter beaucoup plus !
N’avez-vous pas, dans votre stock de tissus, des étoffes dont vous
ne savez même plus d’où elles viennent ? Lorsque vous achetez des
tissus sur le marché, avez-vous d’autres informations que leur prix ?
Les avez-vous notées quelque part ?
En pratique
Voici un petit mémo pour faire correspondre le poids de votre tissu à votre projet couture
(il est établi en g/m2 que vous pourrez facilement transposer en g/mètre linéaire en
considérant la laize de votre tissu).
350 g/m2 est parfait pour un manteau.
180 g/m2 fera une très jolie veste.
100 g/m2 est tout indiqué pour les chemises et blouses.
Pour coudre un jean, comptez entre 250 et 350 g/m2.
L’élasticité
Il existe de nombreux types de tissus à l’élasticité différente, plus ou
moins extensibles. L’élasticité d’un tissu est due soit au type de
mailles, soit au type de fibres, qui elles-mêmes peuvent être
élastiques. Mais attention ! Il existe une petite subtilité, bien souvent
ignorée : saviez-vous qu’élastique et extensible ne veulent pas dire
exactement la même chose ? En effet, les tissus extensibles ne
reviennent pas aussi promptement dans leur forme et dimension
d’origine que les tissus élastiques qui, eux, se comportent comme de
vrais élastiques ! Les mailles en fibres 100 % naturelles sont souvent
plus extensibles qu’élastiques. Attention ! Un tissu peut être élastique
ou extensible soit dans une seule direction (le sens de la laize ou le
sens perpendiculaire), soit dans les deux directions.
En pratique
Plus vous voudrez coudre un vêtement moulant, plus le taux
d’élasticité de votre tissu devra être élevé. Les tissus les plus
élastiques sont les tissus en fibres 100 % synthétiques comme le
Lycra®, utilisé pour les combinaisons de gymnastique. Pour mesurer
le taux d’élasticité d’un tissu, prenez-en 10 centimètres et étirez-le.
La différence entre la longueur totale obtenue et la longueur initiale,
divisée par la longueur initiale, vous donne le taux d’élasticité. Ce
test se réalise dans les deux directions pour mesurer l’élasticité dans
le sens de la laize et l’élasticité dans le sens perpendiculaire.
L’épaisseur
Voilà une caractéristique générale des tissus qui est bien souvent
confondue avec le poids. Et pourtant, il s’agit de caractéristiques
complètement différentes. Souvenez-vous de cette devinette
d’enfant : « Vous avez un sac d’un kilo de plumes et un sac d’un kilo
de plomb. Lequel des deux sacs est le plus lourd ? » De la même
façon, deux tissus peuvent avoir le même poids, mais pas du tout la
même épaisseur. Il existe des méthodes pour mesurer l’épaisseur
des tissus, mais elles sont peu applicables à notre quotidien de
passionnée de couture. Préférez manipuler vos tissus : comparez
l’épaisseur du tissu de votre futur projet couture avec des tissus de
même poids que vous connaissez bien. Un tissu plus épais aura plus
de gonflant alors qu’un tissu plus fin sera dit plus sec.
En pratique
Attention ! L’épaisseur d’un tissu peut vous jouer de mauvais tours
lors de vos cousettes. Imaginez par exemple que vous souhaitiez
reprendre un patron de couture qui vous a particulièrement bien
réussi. Si la sélection de votre nouveau tissu se fait uniquement sur
la base d’un poids similaire, vous pourriez avoir des surprises ! En
effet, selon que le tissu de votre nouvelle cousette est plus ou moins
épais comparé à celui de votre cousette initiale, le tombé sera
différent et le type de finitions ne sera peut-être plus du tout
adapté !
L’isolation
Voici une caractéristique qu’il est essentiel de bien comprendre
pour adapter au mieux nos cousettes en fonction des saisons.
L’isolation thermique, c’est la capacité du tissu à ne pas transmettre
la chaleur lorsqu’il est placé entre deux environnements à des
températures différentes. Le premier environnement, c’est votre
peau, normalement à 32 °C (sauf en pleine crise d’excitation dans
un magasin de tissu !). Le second environnement est l’air extérieur. Si
la température extérieure est basse, le tissu isolant va garder votre
température interne et vous procurer une sensation de chaleur. Si la
température extérieure est très élevée, il va garder la chaleur à
l’extérieur et ainsi vous protéger du réchauffement (pour peu que le
tissu soit respirant et permette d’évacuer l’énergie que votre corps
dégage).
Le type de fibre, le traitement des fils, le type de maille ou de tissage
ainsi que l’ennoblissement agissent sur la qualité d’isolation d’un
tissu. Par exemple, le coton n’est pas naturellement isolant mais le
molleton de coton, tricoté avec une maille grattée pour
emprisonner l’air, est superisolant.
En pratique
Pour savoir si un tissu est isolant ou non, utilisez-le pour prendre un
objet chaud (comme une tasse de café). Faites le test avec
différents tissus et comparez vos sensations. Si vous ne sentez pas la
chaleur de la tasse, cela signifie que le tissu est isolant.
Les tissus compacts sont parfaits pour créer des vêtements avec
des volumes dessinés et structurés. À l’inverse, plus le tissu est
nerveux, plus il conviendra pour des vêtements qui jouent avec le
mouvement. Alors, chaussez vos lunettes d’architecte pour choisir le
tissu qui vous donnera le volume le plus adapté à votre projet !
Compressible / Incompressible
Cette caractéristique est plus discrète. Cependant, vous êtes
nécessairement confrontée à cette différence de comportement de
vos tissus. Faites le test en plantant une aiguille dans votre tissu puis
en formant une grosse vague avec votre fil : certains tissus ne
permettent pas d’aplatir la vague et ont tendance à faire une
bosse ; d’autres, au contraire, s’aplatiront pour absorber la
déformation imposée par l’aiguille ou par le fil. Les premiers sont
incompressibles ; les seconds sont compressibles et se compriment
pour prendre plus facilement la forme que l’on veut leur donner.
Ainsi, une surpiqûre sera beaucoup moins visible avec un tissu
compressible.
LE TOMBÉ DU TISSU
Les caractéristiques suivantes vont vous donner une
compréhension encore plus fine de la main de votre tissu pour
mieux comprendre et nommer son tombé. Finalement, ces
caractéristiques vont vous permettre de compléter votre
compréhension instinctive du tissu pour déterminer s’il est idéal pour
votre projet.
Quelques exemples :
Avant d’arriver dans nos mains, les tissus ont déjà vécu une grande
aventure ! Les fibres naturelles sont cultivées (ou produites) dans
des régions du monde qui sont propices à leur culture. Elles sont
ensuite nettoyées et prétraitées dans une première usine,
généralement proche du lieu de culture. Les balles de fibres en vrac
voyagent alors vers l’étape du filage, qui peut se situer à l’autre bout
du monde. Le fil sera ensuite envoyé dans le monde entier sous
forme de bobines pour être finalement tissé ou tricoté. Bien souvent,
le tissu passera encore dans d’autres mains pour une étape
d’ennoblissement (teinture, impression). Enfin, les tissus finis sont
généralement stockés chez des grossistes, puis dans des magasins
avant de finalement atterrir dans votre stock de tissus (ou de
continuer leur chemin vers l’industrie du prêt-à-porter).
Il est grand temps que vos tissus vous livrent enfin leurs petits
secrets !
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
Pour nous simplifier un peu la tâche, nous pouvons d’abord classer
les fibres textiles en trois grandes catégories : les fibres naturelles,
les fibres artificielles et les fibres synthétiques.
Caractéristiques
La fibre de coton est :
respirante ;
absorbante ;
non isolante ;
résistante à l’usure.
Le saviez-vous ?
Le coton est une fibre produite par le cotonnier (Gossypium), plante initialement cultivée
en Inde et en Amérique du Sud. Au fil des siècles, la culture du cotonnier va lentement se
développer dans le monde entier. Mais ce n’est qu’à la période des grandes colonisations
européennes, au XIXe siècle, que le coton va être massivement produit en Afrique et en
Amérique du Nord.
Aux États-Unis, l’histoire du coton est intimement liée à celle de l’esclavage, qui permet
alors une main d’œuvre abondante et bon marché. Avec la guerre de Sécession, qui
oppose le nord et le sud du pays, avec notamment pour enjeu l’abolition de l’esclavage, on
voit le cours mondial du coton s’envoler pour des années. D’autres pays profitent de cette
opportunité pour s’engouffrer dans la brèche : c’est l’apparition des cotons d’Égypte.
Aujourd’hui, le cours du coton varie tous les jours, en fonction surtout de la spéculation,
mais aussi des récoltes plus ou moins abondantes, des nouvelles réglementations, de la
météo et, désormais, des changements climatiques.
Le coton en couture
Le coton étant la fibre naturelle la plus répandue, c’est aussi celle
que l’on pense connaître le mieux. Mais attention, voici quelques
petites précisions :
Caractéristiques
La laine est :
respirante ;
isolante ;
souple, mais peu résistante à la traction ;
non absorbante ;
très difficile à faire brûler.
Impacts écologiques
La production de laine à petite et moyenne échelle présente très
peu d’inconvénients écologiques. Cependant, à l’heure actuelle, les
problématiques suivantes posent question :
La laine en couture
Le principal problème, avec la laine, c’est qu’elle peut se feutrer. On
peut rechercher cette transformation pour des projets particuliers
mais, le plus souvent, on tentera de l’éviter. Le feutrage de la laine va
dépendre de l’origine et de la qualité des fibres, mais le processus
est toujours le même :
respirante ;
isolante ;
très résistante ;
absorbante ;
naturellement légèrement élastique ;
peu froissable.
Impacts écologiques
La production de soie demande de grandes plantations de mûriers,
les arbres qui abritent et nourrissent les vers à soie. Il existe très peu
de soie biologique ou artisanale. La majorité de la production se
trouve toujours en Inde et en Chine.
La soie en couture
Il existe beaucoup de types de tissus en soie : taffetas, crêpe, crêpe
georgette, satin, organza, twill, mousseline, soie sauvage, etc. Si je
vous dis « soie », vous imaginez sans doute un satin particulièrement
fluide et léger, n’est-ce pas ? C’est sans compter que le crêpe
georgette est vaporeux, le taffetas craquant et le crêpe légèrement
plombant ! Bref, quand il s’agit de soie, mieux vaut vérifier au
toucher ce dont il est question !
Le saviez-vous ?
Le ver à soie est une exception chinoise ! Et la Chine a très jalousement gardé son précieux
secret, refusant pendant des siècles de vendre aussi bien les cocons des vers à soie que
les graines des mûriers dans lesquels ils installent leurs colonies. Cette étoffe souple, fine
et luxueuse (de type « soie sauvage » et non satinée) en met plein la vue aux Occidentaux
qui la découvrent en même temps que le coton avec Alexandre le Grand. Puis, des
échanges commerciaux entre les continents s’établissent au fil des siècles. La Chine a
besoin de chevaux et de verre ; l’Europe craque pour les épices et la soie. Les caravanes
mettent alors des années pour acheminer les denrées d’un continent à l’autre, sur la route
de la soie.
Les Européens tentent d’acquérir le secret de la soie en envoyant des espions et des
voleurs dans l’empire du Milieu. Mais la légende raconte que tous les étrangers qui
quittent la Chine sont soumis à une fouille méticuleuse et que celui qui est pris en
possession du précieux cocon est décapité.
Le secret finira néanmoins par passer les frontières de la Chine : la soie est produite au
Moyen-Orient à partir du VIe siècle. Elle arrivera bien plus tard en Europe grâce aux
invasions des Arabes en Espagne et aux croisades.
Le satin de soie est aussi un tissu très vivant. Résultat : c’est un vrai
cauchemar à coudre ! Il est impossible d’en faire une découpe
précise et compliqué de le coudre régulièrement… Bref, ce tissu vous
en fera voir de toutes les couleurs ! La solution est de penser à
amidonner votre tissu avant de le couper : cette astuce vous évitera
de gâcher votre beau coupon ! (Voir marche à suivre pour
amidonner votre tissu, p. 109
Le lin, la plus durable
Caractéristiques
Le lin est :
respirant ;
non isolant ;
solide ;
absorbant ;
peu salissant ;
non pelucheux ;
non élastique ;
enclin à moisir en présence prolongée de forte humidité.
Impacts écologiques
Le lin, et son petit frère le chanvre, sont les grands champions
écologiques des fibres textiles. En effet, les cultures de lin et de
chanvre demandent très peu d’engrais chimiques ou de pesticides.
Il existe très peu de lin certifié biologique étant donné que la filière
conventionnelle est déjà très respectueuse de l’environnement.
Le lin en couture
Les tissus en lin ont beaucoup évolué ces dernières décennies. Ils
sont généralement passés sur une lame très chaude pour aplanir
les petites aspérités du fil. Grâce à ce procédé, les lins de belle
qualité ne gratouillent plus !
Le bémol de la toile de lin, c’est qu’elle peut être très vivante quand
le tissage est peu serré. Il est difficile de couper dans le droit fil
(c’est-à-dire dans le sens de la trame, de la longueur) ou de coudre
droit. Pour couper perpendiculairement au droit fil, tirez un fil de
trame et faites froncer la largeur du tissu pour vous servir de guide.
Si vous effectuez une couture qui demande beaucoup de précision,
pensez à amidonner votre tissu au préalable (voir p. 109), vous vous
simplifierez le travail !
Astuces antifroissage
Malgré les évolutions techniques et l’ennoblissement des textiles, le lin et le chanvre
restent des tissus qui se froissent très rapidement (sauf lorsqu’ils sont tricotés). Voici trois
petites astuces pour éviter les plis :
préférez des coupes plus amples qui ne créeront pas de plis aux entournures ;
ajoutez deux balles de tennis ou de lavage dans le tambour de votre machine à laver
pour assouplir le tissu et éviter les plis ;
privilégiez un essorage doux et sortez vos vêtements en lin immédiatement après le
lavage pour les étendre le plus rapidement possible.
Ces fibres ont été développées pour créer des textiles imitant la
soie, mais à moindre coût. Cependant, l’impact environnemental
des viscoses n’est pas du tout négligeable. Les fibres artificielles
représentent environ 8 % de la production mondiale de fibres, tous
usages confondus.
Production de la viscose
Caractéristiques
La viscose est :
respirante ;
non isolante ;
fragile ;
absorbante ;
froissable ;
brillante.
Impacts écologiques
La viscose est un des tissus préférés des couturières pour créer des
vêtements fluides et tendance, mais du point de vue écologique, le
tableau est beaucoup moins joli !
La viscose en couture
Les viscoses sont des tissus généralement fluides. Elles sont très
appréciées des couturières pour réaliser des robes et des jupes
légères estivales. Mais prenez garde ! La viscose peut vous jouer
plusieurs mauvais tours :
certaines viscoses se froissent très rapidement. Mieux vaut
donc tester le tissu au préalable : froissez la viscose entre vos doigts
et observez si les plis marquent rapidement le tissu ;
c’est un tissu très fragile, beaucoup plus fragile que la soie à
grammage égal. Aussi, un vêtement en viscose qui subit des
frottements répétés sera très vite usé, voire troué. Les tissus en
viscose vieillissent généralement rapidement ;
les viscoses les plus fluides, comme tous les tissus vivants,
risquent d’avoir raison de vous et de votre patience lors de la
découpe et de la couture. Comme tout tissu fuyant, pensez à
l’amidonner avant de commencer pour obtenir un résultat à la
hauteur de vos efforts (voir p. 109).
Production du polyester
Caractéristiques
Le polyester est :
non respirant ;
non isolant ;
solide ;
non absorbant ;
difficile à teindre ;
une fibre qui a tendance à boulocher.
Les premières fibres polyester sont produites dans les années 1940
aux États-Unis par la firme DuPont.
Impacts écologiques
Le polyester est à l’origine de deux problèmes environnementaux :
Le polyester en couture
Les tissus en polyester sont attirants : on craque pour leur légèreté,
leurs couleurs souvent très vibrantes et leur prix bas. Mais faites
attention : si vous cousez des vêtements en polyester, vous risquez
fort d’être déçue ! En effet, le tissu polyester ne respire pas du tout et
retient énormément les odeurs ce qui, en fin de journée, peut
devenir très encombrant !
Caractéristiques
L’élasthanne est :
non respirant ;
non isolant ;
solide ;
non absorbant ;
élastique (jusqu’à 7 fois sa longueur au repos !).
Cette fibre a été inventée par DuPont aux États-Unis et est arrivée
en Europe dans les années 1960.
Impacts écologiques
L’élasthanne a les mêmes impacts écologiques que le polyester : sa
production est très polluante, les matières premières utilisées sont
non renouvelables et il pollue les océans à chaque cycle de lavage.
L’élasthanne en couture
L’élasthanne est énormément utilisé pour la lingerie et les vêtements
de sport. Plus vous désirez un vêtement moulant, plus celui si devra
contenir d’élasthanne (pantalon skinny, legging, maillot de danse,
lingerie invisible, etc.).
Caractéristiques
L’acrylique est :
non respirant ;
isolant ;
fragile ;
non absorbant ;
très léger (plus que la soie) ;
une fibre qui a tendance à boulocher.
L’acrylique est une fibre courte de production chimique dont la
finesse est définie par le procédé de fabrication.
Impacts écologiques
Les fibres acryliques ont un procédé de fabrication encore plus
polluant que celui du polyester (c’est celui qui consomme le plus
d’eau et d’énergie). Elles sont aussi responsables de la libération de
microparticules lors du lavage en machine.
L’acrylique en couture
L’acrylique est une fibre fragile qui peut facilement boulocher. De
plus, cette fibre douce et légère au premier abord a été identifiée
comme une source potentielle d’allergies et d’irritations. Prudence,
donc !
DE LA FIBRE AU BRIN
Le brin est le résultat de l’assemblage de fibres naturelles ; ses
caractéristiques varient.
La finesse
Plus une fibre naturelle est longue (comme la soie, le lin, etc.), plus
l’entortillement des fibres entre elles sera important et le brin de
fibres solide. À l’inverse, plus une fibre naturelle est courte, plus le
brin de fibres sera fragile. En conséquence :
il n’est pas possible de réaliser des brins fins avec des fibres
naturelles courtes, sous peine d’avoir un brin puis un fil trop fragiles ;
les tissus de soie peuvent être très fins. En effet, la fibre de soie
est à la fois fine et extrêmement longue, de l’ordre du kilomètre ;
la qualité de la récolte du coton est primordiale. La longueur
de la fibre de coton varie entre 2 et 4 centimètres, en fonction des
variétés et de la qualité de la récolte. Une fibre plus courte ne
donnera pas un tissu de même solidité. L’impact sur la qualité du
tissu final est essentiel ;
les tissus en lin sont particulièrement solides, car la fibre de lin
mesure entre 10 centimètres et 1 mètre.
La torsion
Chaque brin de fibres est enroulé sur lui-même pour maintenir les
fibres enchevêtrées entre elles. Le nombre de tours de torsion d’un
brin par unité de longueur est le paramètre important. C’est le même
principe que l’entortillement d’une serviette pour l’essorer. Plus la
torsion est importante, moins la serviette absorbera l’eau, moins elle
sera molle et plus elle deviendra raide. Elle se raccourcira ainsi pour
devenir compacte et solide. Après un nombre assez élevé de
torsions, la serviette va commencer à se recroqueviller sur elle-
même, se contracter en petites ondulations. C’est exactement le
même principe avec les torsions du brin. Sous l’effet des torsions, le
brin va ainsi se renforcer, se raccourcir et devenir plus élastique.
Quand les fibres se recroquevillent sous l’effet de la torsion, on peut
produire un brin de section irrégulière, le brin crêpe (voir p. 81 pour le
tissu crêpe).
Le plus souvent, les fils ainsi obtenus seront directement utilisés pour
la fabrication du tissu. Parfois, les fils seront traités (traitement
antibouloche, par exemple) avant d’être tissés ou tricotés en mailles.
Les fils peuvent aussi être préalablement teints, comme pour les
tissus denim et chambray.
Le saviez-vous ?
Le filage est une activité qui fait partie de notre patrimoine historique. Pensez aux rouets
des contes de fées, au fuseau de la Belle au bois dormant, mais aussi à Gandhi, dont le
rouet était un symbole de sa lutte contre l’emprise de l’Empire britannique en Inde. Le
filage manuel des fibres naturelles était une activité qui existait dans les villages du
monde entier. Avec l’industrialisation galopante, ces savoir-faire familiaux ont été
relégués dans les musées.
Les premières machines mécaniques de filage ont été inventées au XVIIIe siècle. Elles se
sont répandues et standardisées au XIXe siècle, en pleine révolution industrielle.
Le filage industriel des fibres naturelles est très technique et comprend de nombreuses
étapes : le brassage, l’ensimage, le cardage, le peignage, l’étirage, le passage en
retordeuse et le dévidage. Le procédé chimique des fibres artificielles et synthétiques
permet quant à lui d’obtenir un fil long, déjà peigné et étiré. Présenté ainsi, cela semble
plus simple ! Mais c’est sans compter le procédé chimique, souvent complexe.
En résumé
La structure du fil influence les caractéristiques du futur tissu :
en limitant le nombre de torsions des brins, on obtient plus de gonflant et de souplesse ;
en augmentant le nombre de torsions des brins (voire en ajoutant un brin d’élasthanne
en guipe), on obtient davantage d’élasticité.
LA STRUCTURE DU TISSU
Vous connaissez désormais les matières premières, les fibres, les
brins et les fils. Il est maintenant grand temps d’en apprendre plus
sur la fabrication de vos tissus !
Histoire
Le tissage simple, pour être rapide, demande un minimum de
matériel technique. Le métier à tisser est une des premières
« machines » inventées et construites par l’homme. Des tissus chaîne
et trame ont été retrouvés et datés de 3 000 ans avant J.-C., chez
les Égyptiens. Il est très probable que l’origine de cette technique
soit bien antérieure, mais les textiles ne traversent pas aussi bien les
âges qu’un morceau de terre cuite !
Au début du XXe siècle, les métiers à tisser sont actionnés par des
moteurs électriques. La révolution industrielle leur permet de
gagner en vitesse et en précision grâce au développement d’aciers
spéciaux résistant à l’usure et aux chocs violents répétés des
métiers les plus rapides.
Conséquence sur les caractéristiques du tissu : l’élasticité
Les tissus en chaîne et trame partagent une caractéristique
principale : ils ne sont naturellement pas extensibles dans le sens
des fils. Par conséquent, si la matière première utilisée n’est pas
extensible, le tissu ne sera pas non plus extensible, ni dans le sens de
la chaîne, ni dans le sens de la trame. Cependant, les tissus en
chaîne et trame permettent une légère déformation en diagonale,
dans le biais, en fonction de la qualité du fil et de la densité du
filage.
En pratique
Il est important de couper les tissus en chaîne et trame dans le droit fil afin que les fils
supportent le poids du vêtement. Le tombé sera tout à fait différent si les pièces sont
coupées dans le biais plutôt que dans le droit fil. Faites le test avec vos tissus en chaîne et
trame en fibres naturelles pour bien comprendre leur comportement dans le droit fil et
dans le biais.
Extensible
Étant donné l’effet zigzag permanent du fil, les tissus en maille sont
naturellement extensibles. Ainsi :
Fragile
La réalisation des tissus en mailles fines (type jersey) demande
l’utilisation d’un fil très fin. Pour cette raison, à grammage égal, les
tissus en maille sont bien plus fragiles à la couture que les tissus en
chaîne et trame. Il sera donc impératif d’utiliser une aiguille spéciale
jersey : elle a un bout légèrement arrondi qui glissera entre les fils au
lieu de les abîmer.
Facile
Enfin, les tissus en maille ne s’effilochent pas du tout. Cela signifie
que les bords laissés sans finition ne se détériorent pas, même après
de nombreux lavages en machine. Cela permet de coudre tous les
tissus en maille avec une simple machine à coudre, sans finition à la
surjeteuse, par exemple. C’est propre, rapide et durable !
LE NON-TISSÉ : L’ANARCHISTE
Des fibres enchevêtrées
Lorsqu’il est question des non-tissés, c’est encore un abus de
langage ! Parce que, techniquement, les mailles et les dentelles ne
sont pas tissées et n’appartiennent pourtant pas non plus à la
famille des non-tissés !
Les tissus non tissés pour la couture sont la laine bouillie, la feutrine
et le thermocollant. Cependant, il existe bien d’autres applications
des non-tissés tout à fait insoupçonnées, à mille lieues de notre
monde de la couture :
Histoire
La dentelle telle que nous la connaissons voit le jour en Italie, au XVIe
siècle. Les premières dentelles se font à la main, soit à l’aiguille, soit
aux fuseaux. Les premières machines pour produire du tulle datent
du début du XIXe siècle. Jusqu’à cette époque, la dentelle est réalisée
avec des fils de lin. L’arrivée massive du coton sur le marché
européen va profondément transformer la production de dentelle.
La majorité des dentelles que nous trouvons dans les merceries sont
faites avec des fibres synthétiques. Elles sont faciles à coudre et
s’entretiennent facilement. Même si l’effet visuel est proche des
dentelles de nos grands-mères, cela reste du synthétique !
En pratique
Durant toutes les phases de fabrication et d’ennoblissement, les tissus sont tendus et étirés
parallèlement à la lisière du tissu. Les fibres sèches conservent cette déformation. Voilà
pourquoi, lors du premier lavage, vous avez l’impression que votre tissu rétrécit,
principalement en longueur pour les tissus chaîne et trame, et dans les deux sens pour les
tissus en maille. En fait, les fibres reprennent leur longueur initiale !
Aussi, n’oubliez pas l’étape préalable indispensable à tous vos projets couture : passez
votre tissu en machine à laver ou décatissez-le avec un fer à repasser et beaucoup de
vapeur avant de découper votre patron et de le coudre !
En fonction de sa destination, le tissu pourra encore subir deux
traitements d’apprêt, pour des raisons purement pratiques :
2.
point de départ.
Leur transformation en fil (diamètre, retors, structure) apporte une première série de
3.
caractéristiques très variées.
4.
tissus à l’épaisseur, l’élasticité et la souplesse éminemment variables.
Les vêtements et les tissus que nous portons laissent un impact sur
la planète. À nous de le comprendre pour mieux les choisir. Mais ici
aussi, le chemin qui mène à la compréhension de l’impact
écologique d’un tissu est semé d’embûches !
Voici les principales certifications qui vous permettront d’y voir plus
clair :
L’armure toile
Cependant il existe de nombreuses autres armures, selon que l’on
saute un ou plusieurs fils de chaîne ou bien que l’on choisisse des fils
de qualités différentes pour la chaîne et pour la trame. Parmi les
armures les plus répandues, on trouve : la popeline, le sergé, le
jacquard, le satin, etc.
LA TOILE
La toile est le tissu le plus simple des tissus tissés. Bien connaître la
toile permet de mieux comprendre les tissus qui en sont directement
dérivés, comme le voile, le chambray, etc.
Astuces couture
La toile classique teinte non imprimée n’a pas d’endroit ou d’envers. Aucun risque, donc, de
couper sur le mauvais côté du tissu !
LE CHAMBRAY
Le chambray est une toile classique et légère. Seul un petit détail
fait toute la différence !
Astuces couture
Le chambray est un tissu facile à coudre. Mais, selon les fils utilisés, l’effet moiré peut être
différent sur l’endroit et sur l’envers. Faites donc bien attention à couper toutes les pièces
du même côté, soit sur l’endroit, soit sur l’envers, à vous de choisir !
LA POPELINE
Particularités techniques : les fils de chaîne sont deux fois plus fins
(et donc deux fois plus nombreux au centimètre) que les fils de
trame.
C’est aussi un tissu idéal pour les vêtements des bébés et petits
enfants, pour la couture de doublures et d’accessoires (pochettes,
sacs, etc.).
Structure de la popeline
Astuces couture
La popeline est un tissu délicat qui demande à être cousu avec une aiguille neuve et fine
pour ne pas abîmer les fils de chaîne qui sont très fins. Les finitions avec des coutures
anglaises sont très adaptées à la légèreté du tissu et permettent de finir joliment et
solidement de superbes cousettes !
LE VOILE
Voici un tissu très fin et transparent que l’on retrouve dans la galaxie
textile sous une myriade de formes différentes. Mais attention, le
voile est une toile très particulière !
Pour quelles cousettes ? Les voiles sont des tissus légers et vaporeux
qui conviennent aux vêtements d’été amples : robes, blouses,
chemisettes, etc. Les voiles en fibres naturelles sont très utilisés pour
la réalisation de robes de gala ou de mariée, alors que les voiles en
fibres synthétiques seront utilisées dans le prêt-à-porter ou dans
l’ameublement pour la confection de voilages pour fenêtres, par
exemple.
Astuces couture
Le voile est un tissu qui, par définition, est très fin. Son tissage peu serré en fait un tissu très
peu résistant aux coutures. Il est donc recommandé de réaliser toutes les finitions avec des
coutures anglaises.
LE CRÊPE
Le crêpe a plus d’un tour dans son sac ! Son petit secret à lui est bien
caché dans les fils utilisés pour le tisser.
Particularités techniques : les fils utilisés pour le crêpe sont des fils
torsadés à l’extrême et qui ont tendance à se « contracter » (voir p.
51).
Astuces couture
Pour coudre un crêpe fin et fluide, pensez à l’amidonner pour le stabiliser pendant la
coupe et la couture (voir p. 109). Le crêpe peut avoir une légère élasticité grâce à la torsion
importante de ses fils.
LE SEERSUCKER
Astuces couture
Le seersucker est un tissu facile à coudre, qui peut éventuellement présenter une légère
élasticité du fait de la torsion des fils. Attention, toutefois, au repassage lors de la couture :
un fer trop chaud peut endommager l’aspect gaufré dans le cas d’un gaufrage réalisé à
chaud. Ce tissu se froisse très peu et les vêtements en seersucker ne nécessitent pas de
repassage après leur passage en machine à laver.
Structure de la gaze
Astuces couture
La gaze est très transparente ; la double gaze un peu moins. Elles devront être doublées
pour les robes et les jupes. La gaze, comme la double gaze, est plus solide que le voile, pour
un même poids et un même tombé.
Le saviez-vous ?
Les sergés et les gabardines ont été largement utilisés pour leur imperméabilité, renforcée
par les nervures obliques du tissage qui permettent aux gouttes d’eau de ruisseler
facilement. C’est notamment le tissu des célèbres trench-coats anglais ! Le denim, quant à
lui, a été à l’origine conçu pour fabriquer des vêtements extrêmement solides pour les
mineurs et les ouvriers des champs de coton.
Astuces couture
Pour rendre vos cousettes aussi solides que ces tissus, faites des coutures rabattues. Il
existe plusieurs techniques pour faire des coutures rabattues. Veillez bien à adapter vos
marges de couture en fonction de la technique choisie.
Par ailleurs, ces tissus épais peuvent facilement faire de la résistance face à une machine
à coudre classique. Voici quelques petites astuces pour passer au travers des épaisseurs :
en premier lieu, utilisez toujours (je dis bien toujours !) une aiguille neuve et adaptée
(taille 90 ou 100) ;
utilisez un petit support (par exemple, un assemblage de carton plié) sous le talon de
votre pied de biche pour l’aider à maintenir l’épaisseur du tissu pendant la couture ;
si votre machine bloque, levez le pied de la pédale et aidez-la en tournant le volant à la
main.
LE JACQUARD
Le saviez-vous ?
Joseph-Marie Jacquard a inventé son métier à tisser en 1796.
Ce métier permet de faire automatiquement des armures complexes grâce à un système à
cartes perforées qui déplace les fils de chaîne en fonction du motif désiré. Auparavant, il
fallait le travail de plusieurs enfants pour produire ces motifs tissés. Joseph-Marie
effectuait lui-même ce travail dès ses 12 ans dans la fabrique de son père, située dans la
région de Lyon. Le métier Jacquard aura beaucoup de mal à se faire accepter, car
l’invention sera accusée de priver les enfants de travail. Joseph-Marie regretta lui-même
les conséquences sociales de son invention, car elle obligea les enfants à travailler dans
d’autres industries, dans des conditions beaucoup plus dures. Il faudra plus de 30 ans pour
que le métier Jacquard soit accepté et propulse la région lyonnaise à la pointe de
l’industrie textile mondiale.
Type d’assemblage : chaîne et trame, avec une armure complexe
pour réaliser un motif, généralement de plusieurs couleurs.
Astuces couture
Certains tissus jacquard peuvent être très fragiles en fonction de la complexité du motif.
Aussi, prenez de grandes marges de couture et finissez bien les bordures pour éviter toute
détérioration du tissu.
LE SATIN
Dites « satin » et votre esprit risque de se perdre au beau milieu
d’images de robes de bal et de princesses romantiques ! Mais le
satin a bien plus de choses à vous offrir qu’un tas de froufrous
réfléchissant la lumière ténue des chandelles !
Structure du satin
Astuces couture
Le satin est, par définition, un tissu fragile. Il est important d’utiliser une aiguille fine et de
réaliser des finitions en coutures anglaises pour éviter qu’il s’effiloche et soit endommagé
au niveau des coutures.
Astuces couture
La surjeteuse est la meilleure amie de tous les tissus tricotés : elle coupe et finit votre
bordure en un clin d’œil ! Mais une machine à coudre normale, avec un point élastique
(deux points en avant, un point en arrière) fera aussi très bien l’affaire pour coudre ces
tissus naturellement élastiques.
Étant donné que les bordures ne s’effilochent pas, il n’est pas nécessaire de faire un point
zigzag de finition.
Utilisez toujours une aiguille spécial jersey, en particulier pour les mailles fines, c’est-à-
dire tricotées avec un fil fin.
LA MAILLE
Pour quelles cousettes ? Ces tissus sont les grands amis des
couturières qui ne tricotent pas. En effet, ils permettent d’assembler
des pièces tricotées de manière industrielle pour en faire des pulls
et des gilets bien plus rapidement qu’avec deux aiguilles à tricoter.
LE JERSEY
Le saviez-vous ?
Jadis cantonné aux maillots de corps (mais aussi aux chemisettes et caleçons des années
1950 !), le jersey est devenu le tissu incontournable d’une garde-robe confortable, tout
comme celui des petites robes sexy, moulantes et glamour. Cette ascension fulgurante, le
jersey la doit notamment à Coco Chanel, qui l’utilise abondamment pendant la Première
Guerre mondiale, alors que les usines de production de chaîne et trame sont sous
occupation allemande. Plus tard, Sonia Rykiel imposera le jersey de manière définitive en
utilisant son tombé mou pour sublimer la sensualité du corps féminin. Aujourd’hui, le jersey
est partout !
Type d’assemblage : fils tricotés.
Structure du jersey
L’INTERLOCK
L’interlock est un jersey tricoté en double épaisseur, envers sur
envers.
Pour quelles cousettes ? L’interlock peut être utilisé pour coudre les
mêmes types de vêtements que le jersey, mais le vêtement fini sera
plus plombant et plus chaud.
C’est aussi un très bon choix pour coudre des tee-shirts à manches
longues, des sous-pulls, des leggings pour l’hiver, etc.
LE MOLLETON
Le molleton est aussi un dérivé du jersey. Tricoté avec des fils fins,
c’est un jersey sur lequel vient s’ajouter un fil supplémentaire, qui fait
une boucle toutes les trois ou quatre mailles. Ce fil va ensuite être
gratté pour produire le gonflant et la douceur ouateuse des envers
de molletons.
Pour quelles cousettes ? Ces tissus sont surtout utilisés pour coudre
des sweat-shirts. Mais ils sont aussi un très bon choix pour
confectionner des sarouels ou des pantalons pour bébés et enfants
en bas âge, des robes doudou pour l’hiver, des jupes droites, etc.
Récemment, le molleton s’est aussi invité dans le vestiaire plus strict
des vestes de type « tailleur ».
Structure du molleton
Le velours (2) est le tissu d’hiver par excellence. C’est un tissu qui se la
joue chic, de l’ameublement à l’habillement, en traversant les modes
et les styles. Mais quel rapport avec le tissu éponge (1), me direz-
vous ? Vous allez comprendre, les deux tissus sont en fait
extrêmement semblables !
Type d’assemblage : chaîne et trame, mais aussi maille.
Astuces couture
Selon la qualité du tissu, le velours peut perdre ses fils de surface et s’user rapidement.
Prenez l’habitude de laver vos velours à l’envers pour préserver le tissu. Et pensez aussi à
bien nettoyer l’intérieur de votre machine à coudre après la couture du velours pour la
préserver aussi !
COMMENT PROGRESSER EN
COUTURE ?
La théorie, c’est bien, mais je pense que vous en avez appris
assez pour le moment, grâce à ce livre. Maintenant, il est temps
pour vous d’expérimenter et de construire des ponts entre
toutes vos nouvelles connaissances. Transformez la théorie en
pratique et faites de votre pratique un art, celui de voir,
toucher, comprendre, choisir, afin de mieux couper, assembler,
coudre, et enfin rayonner du plaisir de porter vos cousettes !
Et si les grandes lignes théoriques peuvent se résumer en un
livre, la pratique, elle, se réinvente chaque jour. Pour vous
guider un peu dans cette démarche créative quotidienne, je
vous propose quatre pistes d’expérimentation pour développer
vos savoirs textiles.
TENEZ UN CAHIER DE TISSUS
Si vous êtes d’un naturel organisé, ce carnet de tissus existe
probablement déjà. Sinon, un brin d’effort et ce sera votre point de
départ pour consigner votre expérience textile :
INSPIREZ-VOUS DU PRÊT-À-PORTER
Il n’y a pas que le petit monde de la couture dans la vie ! Le prêt-à-
porter reste un incroyable réservoir d’inspiration et d’information. Il
est le résultat du travail de professionnels qui mettent à votre
disposition gratuitement des milliers d’exemples possibles.
Demandez aux vendeurs des détails sur les tissus, leur provenance,
les matières premières utilisées.
J’ai toujours adoré les tissus. Bien avant de tomber en amour avec la
couture, l’infinité des textiles me fascinait. J’aimais les faire glisser ou
crisser sous mes doigts, comparer leurs tombés, comprendre leurs
structures, admirer leurs couleurs et écouter les histoires que
racontent leurs motifs.
Fabrication numérique :
ISBN papier : 9782317019180
ISBN numérique : 9782317024849
Dépôt légal : août 2020