Guide Pratique Des Tissus Rebecca

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GUIDE PRATIQUE DES

TISSUS
Compositions, spécificités & usages en couture

REBECCA DERAECK
Table des matières
PRÉFACE
Plongée dans le monde textile
POURQUOI MIEUX CONNAÎTRE VOS TISSUS ?
Avez-vous déjà raté vos cousettes ?
Nos erreurs les plus fréquentes
À chaque projet couture, son tissu
Le tombé du tissu qui ne convient pas
Le mauvais comportement du tissu
Le choix de la mauvaise finition
Développez votre toucher pour sentir la « main du tissu »
Les caractéristiques essentielles
Les caractéristiques complémentaires
Le tombé du tissu
COMMENT EST FAIT UN TISSU ?
Qu’est-ce qu’un tissu ?
Mieux comprendre les matières premières
Caractéristiques générales
Les matières premières naturelles
Les matières premières synthétiques et artificielles
Le fil, premier élément de construction du tissu
De la fibre au brin
Des brins au fil
La structure du tissu
Le tissu tissé : un pris, un sauté
Le tissu tricoté : une histoire de mailles
Le non-tissé : l’anarchiste
Les tissus en dentelle : un monde de délicatesse
L’ennoblissement : l’étape ultime pour tous
La couleur : le plaisir des yeux
L’apprêtage : le fin du fin
L’impact écologique de nos tissus : l’impossible tissu parfait
PETIT INVENTAIRE DES TISSUS
La famille des tissus tissés
Les types de tissus tissés : l’armure du tissu
La toile
Le chambray
La popeline
Le voile
Le crêpe
Le seersucker
Des classiques pas comme les autres
La gaze et la double gaze
Le sergé, le denim et la gabardine
Le jacquard
Le satin
La famille des tissus tricotés
Les types de tissus tricotés
Les tissus tricotés
La maille
Le jersey
L’interlock
Le molleton
Le velours et les tissus éponge : entre le chaîne et trame et
la maille
COMMENT PROGRESSER EN COUTURE ?
Tenez un cahier de tissus
Confirmez votre combinaison tissu/patron
Inspirez-vous du prêt-à-porter
Posez des questions dans vos merceries
ANNEXE
L'AUTRICE
REMERCIEMENTS
PAGE DE COPYRIGHT
PRÉFACE
PLONGÉE DANS LE MONDE TEXTILE
L’univers du textile est passionnant. Il y a de nombreuses raisons
pour tomber en amour avec ce monde empli de promesses
créatives. Certaines aiment rêver de leurs projets couture tandis
que d’autres préfèrent sentir les innombrables matières des tissus
sous leurs doigts.

Personnellement, j’ai aimé les tissus bien avant de toucher à une


machine à coudre.

Je suis fascinée par les histoires qu’ils racontent avec beaucoupde


subtilité. Leur toucher, leur tombé et leurs couleurs nous content
parfois mieux que mille mots un folklore ou une tradition.

Les tissus nous habillent de notre naissance à notre mort. Ils sont en
contact quotidien avec notre peau. Et, en couturières passionnées,
ils peuplent aussi nos rêves de création.

Mais, malheureusement, nous les connaissons mal. Vraiment mal !

Ma passion pour les tissus et mes déboires en couture m’ont


poussée à me plonger la tête la première dans l’univers textile. Ce
monde qui nous paraît familier est pourtant incroyablement
méconnu.

Au fil des pages de cet ouvrage, je vous emmène à la découverte


des étoffes, des matières et des textiles qui nous touchent tous les
jours. Laissez-vous guider !
POURQUOI MIEUX CONNAÎTRE
VOS TISSUS ?
La couture est une passion merveilleuse. De fil en aiguille,
couture après couture, nous redécouvrons le pouvoir de
création de nos dix doigts. Nous pouvons nous coudre des
vêtements qui sont parfaitement adaptés à notre mode de vie,
à notre morphologie et à nos goûts uniques. C’est un pur
plaisir !
La couture, c’est aussi un univers fabuleux de tissus joliment
imprimés aux couleurs qui font rêver ! Seules les passionnées
de couture peuvent comprendre le sentiment d’excitation et
d’amour qui nous habite lorsqu’un tissu nous fait vibrer !
Mais ce que l’on nous cache, à propos de la couture, c’est la dose
de frustration qu’elle peut aussi occasionner !
AVEZ-VOUS DÉJÀ RATÉ VOS COUSETTES ?
Imaginez :

vous craquez sur un tissu qui fait naître une colonie de


papillons exotiques dans votre ventre ;
vous passez des heures à rêver de la cousette parfaite pour
ce tissu ;
après de longues heures de doutes et de multiples
changements de projet, vous vous lancez enfin dans la découpe de
votre merveilleux tissu ;
finalement, vous vous attaquez à la couture (avec, parfois,
l’aide nécessaire du découd-vite), puis aux ajustements et aux
finitions.

Mais quelque part au milieu de ce processus de création, vous vous


rendez compte que la magie tant espérée n’est pas au rendez-vous.
La mayonnaise ne prend pas. Les papillons dans votre ventre se
sont transformés en une sensation amère, une aigreur… C’est ce qui
s’appelle une cousette ratée !

Je n’ai pas besoin d’imaginer ce sentiment parce que je le connais


trop bien.

Lors de mes débuts en couture, très peu de mes projets étaient


portables. Je pensais alors que c’était dû à mon manque de
technique en couture. La bonne excuse ! Heureusement, la passion
m’a nourrie pour persévérer face à ces cousettes importables. J’ai
appris les bonnes techniques de couture, me suis appliquée sur la
découpe des tissus, puis sur les finitions, de plus en plus propres.

Très vite, mon niveau purement technique s’est amélioré. Pourtant, je


ne portais pas toujours mes cousettes bien cousues et bien finies. Le
tombé du vêtement correspondait rarement à ce que j’avais
imaginé. Au final, j’étais terriblement déçue !

Après plusieurs années de couture intense (j’ai cessé d’acheter des


vêtements dès mes débuts en couture), j’ai enfin compris le sortilège
qui s’abattait sur mes cousettes !

Et aujourd’hui, après en avoir parlé avec de nombreuses


couturières, je me suis rendu compte que ce n’était pas seulement
moi qui étais soumise à ce maléfice.

Selon une petite étude personnelle menée auprès d’un échantillon


de couturières (uniquement représentatives de mon panel
d’inspirations sur les réseaux sociaux), 47,8 % des cousettes
frustrantes sont dues à :
un mauvais choix de tissu ;
une mauvaise association tissu/patron de couture.

Mais si l’on cherche plus loin, on s’aperçoit que ces deux problèmes
proviennent en réalité d’un même phénomène : débutante ou
passionnée de couture, nous connaissons finalement très mal nos
tissus !

NOS ERREURS LES PLUS FRÉQUENTES


À CHAQUE PROJET COUTURE, SON TISSU
La couture, ce n’est pas comme la pâtisserie : il ne suffit pas de
suivre les instructions à la lettre pour obtenir le résultat souhaité.

Non, en couture, la toute première étape, c’est de bien choisir son


tissu ! Et rien n’est fait pour nous y aider : nous sommes très souvent
livrées à nous-mêmes face à un jargon technique souvent mal
compris, ou parfois mal utilisé.

Les tissus ont de très nombreuses caractéristiques, parfois très


différentes. C’est pour cette raison que connaître les tissus est loin
d’être une science infuse ! Mais c’est aussi ce qui rend le monde
textile un tantinet périlleux et absolument passionnant !

Pour chaque projet couture, il existe le bon tissu. Mais c’est à vous de
dégager ses caractéristiques et de le trouver. Trouver LE bon tissu,
c’est un peu comme une histoire d’amour !

Nos premières amours peuvent être de pures « attirances


physiques ». Par exemple, ce tissu aux couleurs chatoyantes qui vous
fait terriblement de l’œil. Attention, avec celui-là, la déception vous
attendra bien souvent au tournant !

Mais plus nous expérimentons, plus nous grandissons, plus nous


sommes insatisfaites par ces simples « attirances physiques », et plus
nous accordons de l’importance à la « beauté intérieure », à l’accord
parfait entre les caractéristiques du tissu et le projet couture dont
nous rêvons.

En somme, un tissu doit être joli, certes, mais doit aussi correspondre
à votre projet couture et à votre style de vie.

LE TOMBÉ DU TISSU QUI NE CONVIENT PAS


Une des erreurs les plus communes est de choisir un tissu qui n’aura
pas le bon « tombé », celui qui permettra de réaliser votre cousette
rêvée.

Prenons par exemple un patron de robe estivale bohème. Vous


voyez, la robe légère qui est une suite sans fin de fronces, avec un
tissu qui crée un joli mouvement lorsque vous partez cueillir des
fleurs des champs pour décorer la table de votre repas champêtre ?
Ce patron pourra être cousu avec un tissu au tombé fluide (comme
la soie, la viscose ou le jersey) ou un tombé plus mou (comme la
double gaze, le voile, le seersucker). Mais le résultat sera
complètement différent !

Et si le résultat n’est pas en phase avec votre rêve de petite robe


bohème, vous serez déçue. Pour bien choisir votre tissu, il est donc
impératif de faire correspondre le tombé du tissu à la robe de votre
rêve !

LE MAUVAIS COMPORTEMENT DU TISSU


Une autre erreur très répandue est de sélectionner un tissu dont les
caractéristiques ne sont pas adaptées à sa future utilisation.

Voici quelques exemples :

la doublure qui ne glisse pas bien. Impossible alors d’enfiler


facilement les manches de ce nouveau manteau sur lequel vous
avez passé deux semaines de couture intensive. C’est la frustration
assurée !
la petite blouse réalisée dans un tissu imprimé avec un motif
supercoloré. Ce tissu, il vous a fait craquer et vous l’avez gardé
précieusement depuis des mois, ou peut-être même des années.
Pas de chance, ce tissu contient du polyester et, avant la fin de la
journée, vous sentez le poney comme après une séance de saut
d’obstacles. Déception immédiate !
la combipantalon, cousue dans un tissu qui n’est pas assez
élastique. Voilà une bien jolie cousette, mais à porter uniquement en
position debout, ou couchée. Pas vraiment pratique au quotidien et
tellement triste !
la robe d’été réalisée dans un tissu qui ne respire pas et qui
vous donne l’impression, après quelques minutes au soleil, d’avoir
été enfermée dans un hammam portatif ! S’ensuit
immanquablement un moment de crise et de remise en question de
votre passion pour la couture.

Toutes ces déceptions et ces frustrations sont évitables en


connaissant mieux vos tissus. Comment sont-ils faits ? Quelles sont
leurs caractéristiques intrinsèques ?

Si vous pouvez répondre à ces questions, vous allez pouvoir éviter


bien des écueils lors de vos prochaines cousettes !

LE CHOIX DE LA MAUVAISE FINITION


Enfin, il existe une autre erreur en couture, due à l’incompréhension
de nos tissus : l’application du mauvais type de finition quand on
coud un tissu méconnu.

Si vous êtes une couturière un peu expérimentée, ou simplement une


couturière aventureuse, il vous arrive parfois de faire des essais
créatifs. Par exemple :

utiliser un patron avec un tissu complètement différent des


préconisations ;
vous lancer dans votre propre patron ;
bidouiller un vêtement à partir de formes géométriques assez
simples ;
recopier des vêtements du commerce.

Et, dans ces cas-là, c’est à vous de choisir la bonne finition pour
votre projet.

Je suis une aventurière en couture. Et il m’est arrivé de nombreuses


fois de trébucher sur ces écueils. Ne connaissant pas bien mes
tissus, j’ai par exemple surjeté à quatre fils les bords d’une soie
merveilleuse avec laquelle je me suis cousu une robe pour assister à
un mariage. Autant vous dire que ce n’était pas une idée lumineuse !

D’abord, l’épaisseur des surjets se voyait au niveau de la couture du


décolleté. Mais surtout, les marges de couture ont été désintégrées
par cette finition violente sur un tissu si léger et délicat. La robe a
été portée… une seule fois ! Et heureusement, personne n’est venu
regarder les finitions de trop près !

Mieux connaître mon tissu m’aurait vraiment permis :

de mieux le comprendre ;
de mieux le respecter ;
de mieux le coudre ;
d’en profiter beaucoup plus !

Bref, si vous êtes une aventurière en couture, bien comprendre votre


tissu est d’autant plus important pour la réussite de vos projets
couture !

DÉVELOPPEZ VOTRE TOUCHER POUR


SENTIR LA « MAIN DU TISSU »
Avant de disséquer nos tissus et de commencer leur analyse
détaillée pour comprendre les secrets qu’ils dissimulent au creux de
leurs fibres et dans les méandres de leurs fils, il est primordial
d’aborder une notion plus intuitive et globale : la « main du tissu ».
La main du tissu n’est pas une notion scientifique. Pas besoin de
brûler le tissu, de le disséquer, de l’effilocher ou de le faire passer
par une batterie de tests de laboratoire pour définir la main d’un
tissu. Non, la main du tissu, c’est simplement ce que le tissu vous dit
de lui lorsque vous le touchez et que vous le manipulez.

Oui, votre tissu parle sous vos doigts ! À vous de l’écouter…

Comprendre la main d’un tissu est fondamental pour le combiner au


mieux avec le bon patron. La plupart du temps, la seule chose que
vous aurez à disposition pour découvrir vraiment votre tissu, c’est
cette compréhension tactile.

N’avez-vous pas, dans votre stock de tissus, des étoffes dont vous
ne savez même plus d’où elles viennent ? Lorsque vous achetez des
tissus sur le marché, avez-vous d’autres informations que leur prix ?
Les avez-vous notées quelque part ?

Alors, prenez ces tissus en main, faites-les parler, écoutez-les.


Caressez-les et soyez à l’écoute de leurs réponses !

Pour mieux comprendre la main de vos tissus, voici un petit lexique


qui vous guidera.

LES CARACTÉRISTIQUES ESSENTIELLES


Ces quatre caractéristiques sont celles que l’on peut le plus
facilement identifier. Elles sont souvent disponibles lors de vos
achats sur les sites de vente en ligne.
Le poids
C’est la caractéristique basique par excellence, qui est donnée sur
la plupart des sites de vente en ligne. Attention ! Le poids d’un tissu
peut s’exprimer en grammes par mètre carré ou bien en grammes
par mètre linéaire (ou mètre courant). Si une laize de 150
centimètres, par exemple, fait 100 grammes par mètre linéaire, elle
ne pèsera que 66 grammes au mètre carré ! La différence est de 33
%, c’est très important ! Et comme vous le répétait certainement
votre professeur de physique : on ne mélange pas les pommes et les
poires ! Alors, vérifiez bien les unités utilisées. Si les informations dont
vous disposez spécifient uniquement un poids en grammes,
n’hésitez pas à demander une clarification.

En pratique
Voici un petit mémo pour faire correspondre le poids de votre tissu à votre projet couture
(il est établi en g/m2 que vous pourrez facilement transposer en g/mètre linéaire en
considérant la laize de votre tissu).
350 g/m2 est parfait pour un manteau.
180 g/m2 fera une très jolie veste.
100 g/m2 est tout indiqué pour les chemises et blouses.
Pour coudre un jean, comptez entre 250 et 350 g/m2.

Di érence entre le poids en grammes par mètre carré et par mètre


linéaire
Poids en grammes par mètre carré : 66 g
Poids en grammes par mètre linéaire : 100 g

L’élasticité
Il existe de nombreux types de tissus à l’élasticité différente, plus ou
moins extensibles. L’élasticité d’un tissu est due soit au type de
mailles, soit au type de fibres, qui elles-mêmes peuvent être
élastiques. Mais attention ! Il existe une petite subtilité, bien souvent
ignorée : saviez-vous qu’élastique et extensible ne veulent pas dire
exactement la même chose ? En effet, les tissus extensibles ne
reviennent pas aussi promptement dans leur forme et dimension
d’origine que les tissus élastiques qui, eux, se comportent comme de
vrais élastiques ! Les mailles en fibres 100 % naturelles sont souvent
plus extensibles qu’élastiques. Attention ! Un tissu peut être élastique
ou extensible soit dans une seule direction (le sens de la laize ou le
sens perpendiculaire), soit dans les deux directions.

L’élasticité d’un tissu

En pratique
Plus vous voudrez coudre un vêtement moulant, plus le taux
d’élasticité de votre tissu devra être élevé. Les tissus les plus
élastiques sont les tissus en fibres 100 % synthétiques comme le
Lycra®, utilisé pour les combinaisons de gymnastique. Pour mesurer
le taux d’élasticité d’un tissu, prenez-en 10 centimètres et étirez-le.
La différence entre la longueur totale obtenue et la longueur initiale,
divisée par la longueur initiale, vous donne le taux d’élasticité. Ce
test se réalise dans les deux directions pour mesurer l’élasticité dans
le sens de la laize et l’élasticité dans le sens perpendiculaire.
L’épaisseur
Voilà une caractéristique générale des tissus qui est bien souvent
confondue avec le poids. Et pourtant, il s’agit de caractéristiques
complètement différentes. Souvenez-vous de cette devinette
d’enfant : « Vous avez un sac d’un kilo de plumes et un sac d’un kilo
de plomb. Lequel des deux sacs est le plus lourd ? » De la même
façon, deux tissus peuvent avoir le même poids, mais pas du tout la
même épaisseur. Il existe des méthodes pour mesurer l’épaisseur
des tissus, mais elles sont peu applicables à notre quotidien de
passionnée de couture. Préférez manipuler vos tissus : comparez
l’épaisseur du tissu de votre futur projet couture avec des tissus de
même poids que vous connaissez bien. Un tissu plus épais aura plus
de gonflant alors qu’un tissu plus fin sera dit plus sec.

En pratique
Attention ! L’épaisseur d’un tissu peut vous jouer de mauvais tours
lors de vos cousettes. Imaginez par exemple que vous souhaitiez
reprendre un patron de couture qui vous a particulièrement bien
réussi. Si la sélection de votre nouveau tissu se fait uniquement sur
la base d’un poids similaire, vous pourriez avoir des surprises ! En
effet, selon que le tissu de votre nouvelle cousette est plus ou moins
épais comparé à celui de votre cousette initiale, le tombé sera
différent et le type de finitions ne sera peut-être plus du tout
adapté !
L’isolation
Voici une caractéristique qu’il est essentiel de bien comprendre
pour adapter au mieux nos cousettes en fonction des saisons.
L’isolation thermique, c’est la capacité du tissu à ne pas transmettre
la chaleur lorsqu’il est placé entre deux environnements à des
températures différentes. Le premier environnement, c’est votre
peau, normalement à 32 °C (sauf en pleine crise d’excitation dans
un magasin de tissu !). Le second environnement est l’air extérieur. Si
la température extérieure est basse, le tissu isolant va garder votre
température interne et vous procurer une sensation de chaleur. Si la
température extérieure est très élevée, il va garder la chaleur à
l’extérieur et ainsi vous protéger du réchauffement (pour peu que le
tissu soit respirant et permette d’évacuer l’énergie que votre corps
dégage).
Le type de fibre, le traitement des fils, le type de maille ou de tissage
ainsi que l’ennoblissement agissent sur la qualité d’isolation d’un
tissu. Par exemple, le coton n’est pas naturellement isolant mais le
molleton de coton, tricoté avec une maille grattée pour
emprisonner l’air, est superisolant.

En pratique
Pour savoir si un tissu est isolant ou non, utilisez-le pour prendre un
objet chaud (comme une tasse de café). Faites le test avec
différents tissus et comparez vos sensations. Si vous ne sentez pas la
chaleur de la tasse, cela signifie que le tissu est isolant.

LES CARACTÉRISTIQUES COMPLÉMENTAIRES


Pour bien comprendre la main de nos tissus, il faut aussi se plonger
dans certaines caractéristiques qui ne se mesurent ni avec des
poids ni avec des échelles. Ici, il s’agit de deux notions opposées qui
permettent de caractériser un tissu. Comprendre vraiment la main
d’un tissu demande de naviguer dans un océan d’appréciation et
de relativité : votre tissu se situe quelque part, entre l’une et l’autre
de ces deux notions. Mais pas de panique ! Vous trouverez ci-
dessous plusieurs points d’ancrage pour vous éviter de vous perdre
en mer !
Doux / Rugueux
Voilà une opposition immédiatement identifiable. La douceur d’un
tissu peut avoir de nombreuses origines : la matière première, le
type de tissage ou de traitement du tissu. Par exemple, une soie
sauvage sera bien plus rugueuse qu’un satin de soie, le fil de soie
étant « sauvage » dans le premier cas, calibré dans le second.

Cette caractéristique est particulièrement difficile à évaluer lors de


vos achats en ligne. En magasin, ne vous laissez pas avoir par vos a
priori sur les matières premières et faites confiance à votre main
pour comprendre celle du tissu.
Plat / Relief
Pour cette caractéristique, faites confiance à vos yeux et à vos
doigts pour bien comprendre si un tissu est complètement lisse,
comme poli, ou s’il a du relief. Le relief peut être côtelé, gaufré,
bosselé, etc.

Entre deux tissus de même poids confectionnés avec les mêmes


matières premières, celui qui a davantage de relief procurera une
sensation plus aérée sur la peau. C’est une sensation que vous
rechercherez pour des cousettes estivales, par exemple.
Compact / Nerveux
Voici une caractéristique qu’il est plus compliqué d’appréhender.
Plus le tissu est compact, moins il formera de plis sur une
déformation imposée. Les sergés de coton et les laines bouillies
constituent des exemples typiques de tissus compacts.

Les tissus compacts sont parfaits pour créer des vêtements avec
des volumes dessinés et structurés. À l’inverse, plus le tissu est
nerveux, plus il conviendra pour des vêtements qui jouent avec le
mouvement. Alors, chaussez vos lunettes d’architecte pour choisir le
tissu qui vous donnera le volume le plus adapté à votre projet !
Compressible / Incompressible
Cette caractéristique est plus discrète. Cependant, vous êtes
nécessairement confrontée à cette différence de comportement de
vos tissus. Faites le test en plantant une aiguille dans votre tissu puis
en formant une grosse vague avec votre fil : certains tissus ne
permettent pas d’aplatir la vague et ont tendance à faire une
bosse ; d’autres, au contraire, s’aplatiront pour absorber la
déformation imposée par l’aiguille ou par le fil. Les premiers sont
incompressibles ; les seconds sont compressibles et se compriment
pour prendre plus facilement la forme que l’on veut leur donner.
Ainsi, une surpiqûre sera beaucoup moins visible avec un tissu
compressible.

LE TOMBÉ DU TISSU
Les caractéristiques suivantes vont vous donner une
compréhension encore plus fine de la main de votre tissu pour
mieux comprendre et nommer son tombé. Finalement, ces
caractéristiques vont vous permettre de compléter votre
compréhension instinctive du tissu pour déterminer s’il est idéal pour
votre projet.

Quelques exemples :

les tissus en maille, généralement plus plombants, seront


parfaits pour des drapés lourds et étirés ;
les fibres synthétiques et artificielles, souvent utilisées pour
des tissus plus fluides, seront idéales pour des lignes finement
dansantes ;
les tissus en chaîne et trame épais, souvent plus raides,
permettront de construire des volumes structurés et nets ;
les popelines, le seersucker et les cotonnades légères sont de
très bons exemples de tissus craquants : ils vous permettront de
réaliser des volumes bouffants.

Le tombé d’un tissu


COMMENT EST FAIT UN
TISSU ?
Dans ce chapitre, nous allons disséquer nos tissus pour en
comprendre les caractéristiques intrinsèques. Nous allons bien
sûr aborder les fondamentaux textiles et leurs inévitables liens
avec l’histoire. Mais nous nous intéresserons aussi aux impacts
écologiques de la filière, tant la protection de l’environnement
est un enjeu majeur de nos sociétés.
Plonger au cœur des tissus, c’est aussi répondre à certaines
questions qui touchent la construction de notre société :
comment l’évolution des tissus a-t-elle accompagné, et parfois
façonné, le monde dans lequel nous vivons et nous nous
habillons aujourd’hui ?
QU’EST-CE QU’UN TISSU ?
Voilà bien une question qui pourrait sortir de la bouche d’un enfant
de cinq ans ! Si la réponse à cette question semble évidente, sa
formulation, elle, l’est beaucoup moins !

Pour définir ce qu’est un tissu, le dictionnaire ne nous aide pas


vraiment. Le Larousse, par exemple, définit le « tissu » comme le nom
courant de l’« étoffe », l’« étoffe » comme un assemblage de matière
« textile » et le « textile » comme étant relatif aux « étoffes » ! Mais fort
heureusement, on entrevoit une lumière au cœur de cette obscurité
définitionnelle : le dictionnaire nous parle aussi de « fibre » !

Un tissu, autrement appelé une étoffe ou un textile, est un


assemblage particulier de fils. Ces fils sont eux-mêmes constitués
de fibres. L’assemblage des fibres en fils et des fils en une structure
bidimensionnelle est finalement soumis à un traitement appelé
ennoblissement. Un tissu est donc le produit de la transformation
d’une fibre suivant quatre étapes.

Les 4 étapes de fabrication du tissu

Avant d’arriver dans nos mains, les tissus ont déjà vécu une grande
aventure ! Les fibres naturelles sont cultivées (ou produites) dans
des régions du monde qui sont propices à leur culture. Elles sont
ensuite nettoyées et prétraitées dans une première usine,
généralement proche du lieu de culture. Les balles de fibres en vrac
voyagent alors vers l’étape du filage, qui peut se situer à l’autre bout
du monde. Le fil sera ensuite envoyé dans le monde entier sous
forme de bobines pour être finalement tissé ou tricoté. Bien souvent,
le tissu passera encore dans d’autres mains pour une étape
d’ennoblissement (teinture, impression). Enfin, les tissus finis sont
généralement stockés chez des grossistes, puis dans des magasins
avant de finalement atterrir dans votre stock de tissus (ou de
continuer leur chemin vers l’industrie du prêt-à-porter).

De la fibre au tissu : incroyables voyages


Le saviez-vous ?
Les mots « tissu » et « étoffe » sont des mots dérivés du mot « tissage ».
Et c’est très logique, puisque le tissage était la méthode principale
de production textile pendant des millénaires. Comme nous le
verrons un peu plus loin dans l’analyse des structures des tissus, il
existe maintenant bien d’autres méthodes d’assemblage des fibres
et des fils textiles. La langue française a suivi cette évolution : les
termes « tissu » et « étoffe » se réfèrent maintenant aussi bien aux
textiles tissés qu’aux autres formes de textiles.

Partons à la découverte de ces quatre opérations qui déterminent


toutes les caractéristiques de vos tissus.
MIEUX COMPRENDRE LES MATIÈRES
PREMIÈRES
Commençons par le commencement ! Pour tout tissu, voici les
premières questions à se poser :

De quelles fibres est-il composé ?


Quelles sont les origines de ces fibres ?
Et, plus important encore, quelles en sont les propriétés ?
Dans le prêt-à-porter, on trouve cette information étiquetée sur
tous les vêtements ! Et pourtant, nous n’y faisons pas assez
attention.

Mon objectif ici n’est pas de vous exposer de manière rébarbative la


composition chimique précise des fibres que nous portons au
quotidien. Non, mon objectif est plutôt de vous donner les grandes
lignes, les clés de compréhension qui vous permettront de choisir
vos tissus en toute connaissance de cause.

Chaque matière première développe des caractéristiques


particulières. Étant donné que vous vous apprêtez à coudre ces
tissus, à y broder une partie de vos rêves, et à porter ou utiliser ces
cousettes au quotidien, autant ne pas vous tromper dans votre
sélection.

Il est grand temps que vos tissus vous livrent enfin leurs petits
secrets !

CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
Pour nous simplifier un peu la tâche, nous pouvons d’abord classer
les fibres textiles en trois grandes catégories : les fibres naturelles,
les fibres artificielles et les fibres synthétiques.

Pour bien comprendre la différence entre ces trois types de fibres, il


est nécessaire de regarder de plus près les matières premières dont
elles sont constituées.

Globalement, il existe deux types de matières premières : les


matières d’origine naturelle et celles d’origine synthétique (issues de
la pétrochimie).

Les matières d’origine naturelle qui peuvent être transformées en fil


ou en tissu sans avoir recours à un procédé chimique sont appelées
fibres naturelles.

Ces fibres, comme la laine, le coton, le chanvre, le lin ou encore la


soie sont filées et tissées depuis que l’homme est sorti de sa
caverne, il y a bien longtemps. Pourtant, aujourd’hui, moins de 30 %
des fibres textiles produites sont des fibres naturelles.

Les matières d’origine naturelle qui nécessitent un traitement


chimique de transformation de leur structure pour en obtenir un fil
sont appelées fibres artificielles. Ce sont toutes les fibres
communément appelées « viscose », faites à base de bambou, de
pulpe de bois, etc. Ce procédé de fabrication a été inventé il y a un
peu plus de 100 ans, pendant la révolution industrielle. Les fibres
artificielles représentent environ 6 % de la production textile.

Enfin, les matières et fibres qui sont le résultat d’une réaction


chimique sont appelées fibres synthétiques. Ces fibres, d’un type
tout nouveau, ont fait leur apparition au milieu du XXe siècle avant
d’inonder le marché du textile (elles représentent aujourd’hui plus de
65 % de la production de fibres textiles).

Les trois grands types de fibres


Répartition du type de fibre dans la production mondiale
Globalement, les matières d’origine naturelle (fibres naturelles et
artificielles) sont respirantes, contrairement aux matières d’origine
synthétique. Par ailleurs, les tissus nécessitant un filage chimique
(fibres artificielles et synthétiques) ont, avec les techniques de
production actuelles, un impact important sur l’environnement.
Mais, du point de vue de l’impact environnemental, tout n’est pas
rose (ni vert !) du côté des fibres naturelles non plus !

Aventurons-nous maintenant au cœur des matières premières pour


comprendre quels sont leurs comportements, leurs caractéristiques
et leurs impacts environnementaux.

LES MATIÈRES PREMIÈRES NATURELLES


Le coton, la reine des fibres
Le coton est la fibre naturelle reine. C’est une fibre végétale,
composée presque exclusivement de cellulose. Elle représente 80 %
de la production des fibres naturelles et 25 % des fibres textiles en
général. On trouve cette fibre dans le textile sous de nombreuses
formes : tissée, tricotée, fine, épaisse, gaufrée, grattée, satinée, etc.
Au milieu de cette extraordinaire variété, il n’est pas toujours facile
d’identifier le tissu qui correspondra à votre projet couture. Mais
tous les tissus en coton partagent certaines caractéristiques.

Caractéristiques
La fibre de coton est :

respirante ;
absorbante ;
non isolante ;
résistante à l’usure.

La fibre mesure entre 20 et 40 millimètres de long et possède un


diamètre de 20 à 40 microns.

La fibre de coton apparaît plus de 5 000 ans avant J.-C., au Pérou,


au Mexique et en Inde.
Impacts écologiques
La production du coton conventionnel a un très grand impact sur
l’environnement pour plusieurs raisons :

sa culture consomme 25 % des pesticides produits pour


l’agriculture à travers le monde ;
les engrais chimiques y sont utilisés en abondance, ce qui a
un impact sur l’acidité et la pollution des sols ;
les cultures intensives du coton sont généralement installées
dans des régions dont le climat ne correspond pas au climat
nécessaire au développement harmonieux du cotonnier
(alternance de périodes très chaudes et de périodes très humides).
Pour éviter de dépendre des caprices de la météo, le coton
conventionnel est cultivé dans des régions chaudes, avec une très
généreuse irrigation qui lui apporte l’humidité nécessaire ;
le traitement du coton et sa teinture demandent beaucoup
d’étapes successives, chacune consommant énormément d’eau.

De plus en plus de cotons biologiques sont cultivés à travers le


monde pour répondre à la demande croissante de fibres naturelles
moins polluantes. En 2018, la culture du coton biologique représente
moins de 1 % de la production mondiale. Dans la culture biologique
du coton, les plantes ne sont pas modifiées génétiquement (non
OGM), et aucun engrais ni pesticide chimique ne sont utilisés. Il
existe de nombreuses certifications plus ou moins contraignantes
qui garantissent une production plus responsable du coton
biologique (voir p. 71).

Le saviez-vous ?
Le coton est une fibre produite par le cotonnier (Gossypium), plante initialement cultivée
en Inde et en Amérique du Sud. Au fil des siècles, la culture du cotonnier va lentement se
développer dans le monde entier. Mais ce n’est qu’à la période des grandes colonisations
européennes, au XIXe siècle, que le coton va être massivement produit en Afrique et en
Amérique du Nord.
Aux États-Unis, l’histoire du coton est intimement liée à celle de l’esclavage, qui permet
alors une main d’œuvre abondante et bon marché. Avec la guerre de Sécession, qui
oppose le nord et le sud du pays, avec notamment pour enjeu l’abolition de l’esclavage, on
voit le cours mondial du coton s’envoler pour des années. D’autres pays profitent de cette
opportunité pour s’engouffrer dans la brèche : c’est l’apparition des cotons d’Égypte.
Aujourd’hui, le cours du coton varie tous les jours, en fonction surtout de la spéculation,
mais aussi des récoltes plus ou moins abondantes, des nouvelles réglementations, de la
météo et, désormais, des changements climatiques.

Le coton en couture
Le coton étant la fibre naturelle la plus répandue, c’est aussi celle
que l’on pense connaître le mieux. Mais attention, voici quelques
petites précisions :

le coton est une matière très absorbante qui se tache


facilement ;
le coton n’est pas une fibre isolante et n’est donc pas adaptée
au froid, à moins de sélectionner un tissu très gonflant et épais ;
le coton est une fibre relativement fragile. Pour coudre des
tissus fins ou des tissus conçus avec des fils fins (type jersey), utilisez
toujours une aiguille adaptée et neuve.
La laine, la grand-mère des fibres naturelles
La laine est la matière première protéique (qui vient du monde
animal) la plus répandue. Il y a encore 250 ans, c’était la fibre textile
la plus courante sur le continent européen. Elle sera ensuite
distancée par le coton avant que celui-ci ne soit, à son tour,
supplanté par les fibres synthétiques. Aujourd’hui, la laine
représente moins de 1 % de la production textile mondiale. Elle est
produite par de nombreux animaux : le mouton, le lama, la chèvre
(cachemire et mohair), le lapin (angora) et le chameau.

Caractéristiques
La laine est :

respirante ;
isolante ;
souple, mais peu résistante à la traction ;
non absorbante ;
très difficile à faire brûler.

La fibre de laine mesure 5 à 15 centimètres de long et possède un


diamètre de 15 à 30 microns environ.
On retrouve la laine dès le Néolithique, dès lors que des outils ont
permis de tondre les animaux. Les tissus en laine les plus anciens
datent de -8000 avant J.-C. et ont été trouvés en Cisjordanie.

Impacts écologiques
La production de laine à petite et moyenne échelle présente très
peu d’inconvénients écologiques. Cependant, à l’heure actuelle, les
problématiques suivantes posent question :

les productions intensives de laine en Australie et en Mongolie


sont responsables de la désertification des sols ;
les conditions imposées aux animaux pour la récolte
industrielle des laines angora et mérinos sont dégradantes ;
la filière biologique et durable (production locale, circuits
courts) reste extrêmement confidentielle. La Belgique a développé
sa toute première filière locale en 2019 avec une production de 500
kilos de laine (projet « Laine Fleurie »).

La laine en couture
Le principal problème, avec la laine, c’est qu’elle peut se feutrer. On
peut rechercher cette transformation pour des projets particuliers
mais, le plus souvent, on tentera de l’éviter. Le feutrage de la laine va
dépendre de l’origine et de la qualité des fibres, mais le processus
est toujours le même :

sous l’action de la chaleur, les écailles constituant les fibres


vont s’ouvrir et absorber de l’eau ;
ces écailles vont s’accrocher entre elles et les fibres vont
s’emmêler ;
le frottement et la présence de savon vont accélérer le
processus ;
au moment du séchage, les fibres vont se resserrer et le
feutrage sera irréversible.

Pour éviter de feutrer vos vêtements en laine, lavez-les à basse


température et avec un programme pour linge délicat (qui génère
moins de frottements).

La laine est considérée comme un tissu idéal pour nos vêtements


d’hiver. Mais ses propriétés isolantes en font aussi un excellent choix
pour des vêtements d’été. Il existe des tissus en laine très fins,
comme le jersey ou l’étamine, qui isoleront votre corps en cas de
grande chaleur, sans vous donner un air de Père Noël exilé sous les
tropiques !
La soie, la luxueuse

La fibre de soie est extraite du cocon de la chrysalide formée par le


ver à soie lors de sa transformation en papillon de nuit. C’est donc
une fibre protéique (d’origine animale), comme la laine, mais qui
possède en outre des propriétés étonnantes. En effet, elle est
naturellement très longue, très fine et très solide. La soie est une
fibre coûteuse puisqu’elle demande une « récolte » très délicate et
l’élevage de colonies de vers à soie. C’est une étoffe destinée aux
vêtements de qualité et au secteur du luxe.
Caractéristiques
La soie est :

respirante ;
isolante ;
très résistante ;
absorbante ;
naturellement légèrement élastique ;
peu froissable.

La fibre mesure de 700 à 1 200 mètres de long (plus de 1 kilomètre


pour un cocon de soie !) et possède un diamètre d’environ 10
microns.

On trouve les premières traces de soie en Chine, environ 2 000 ans


avant J.-C.

Impacts écologiques
La production de soie demande de grandes plantations de mûriers,
les arbres qui abritent et nourrissent les vers à soie. Il existe très peu
de soie biologique ou artisanale. La majorité de la production se
trouve toujours en Inde et en Chine.

La soie est pointée du doigt par les associations de protection du


bien-être animal. En effet, avant que la fibre puisse être prélevée sur
le cocon, celui-ci est ébouillanté alors que le ver à soie se trouve
toujours à l’intérieur. Il existe des techniques permettant d’extraire le
ver du cocon avant de récupérer les fibres, mais elles ne sont pas
mises en œuvre, car elles abîment la qualité de la fibre.

La soie en couture
Il existe beaucoup de types de tissus en soie : taffetas, crêpe, crêpe
georgette, satin, organza, twill, mousseline, soie sauvage, etc. Si je
vous dis « soie », vous imaginez sans doute un satin particulièrement
fluide et léger, n’est-ce pas ? C’est sans compter que le crêpe
georgette est vaporeux, le taffetas craquant et le crêpe légèrement
plombant ! Bref, quand il s’agit de soie, mieux vaut vérifier au
toucher ce dont il est question !

Le saviez-vous ?
Le ver à soie est une exception chinoise ! Et la Chine a très jalousement gardé son précieux
secret, refusant pendant des siècles de vendre aussi bien les cocons des vers à soie que
les graines des mûriers dans lesquels ils installent leurs colonies. Cette étoffe souple, fine
et luxueuse (de type « soie sauvage » et non satinée) en met plein la vue aux Occidentaux
qui la découvrent en même temps que le coton avec Alexandre le Grand. Puis, des
échanges commerciaux entre les continents s’établissent au fil des siècles. La Chine a
besoin de chevaux et de verre ; l’Europe craque pour les épices et la soie. Les caravanes
mettent alors des années pour acheminer les denrées d’un continent à l’autre, sur la route
de la soie.
Les Européens tentent d’acquérir le secret de la soie en envoyant des espions et des
voleurs dans l’empire du Milieu. Mais la légende raconte que tous les étrangers qui
quittent la Chine sont soumis à une fouille méticuleuse et que celui qui est pris en
possession du précieux cocon est décapité.
Le secret finira néanmoins par passer les frontières de la Chine : la soie est produite au
Moyen-Orient à partir du VIe siècle. Elle arrivera bien plus tard en Europe grâce aux
invasions des Arabes en Espagne et aux croisades.

Concernant le satin de soie, il est impératif de le coudre avec une


aiguille fine et neuve car ce type de tissu est assez fragile. Oui, je
sais, cela semble contradictoire avec la supersolidité dont je vous
parlais plus tôt… mais pas du tout ! La fibre de soie est extrêmement
solide comparée aux autres fibres, à section égale (en imaginant
des fibres de laine ou de coton avec une section de 10 microns). Et
comme la fibre de soie est beaucoup plus fine naturellement, elle
est aussi plus fragile dans le produit fini.

Le satin de soie est aussi un tissu très vivant. Résultat : c’est un vrai
cauchemar à coudre ! Il est impossible d’en faire une découpe
précise et compliqué de le coudre régulièrement… Bref, ce tissu vous
en fera voir de toutes les couleurs ! La solution est de penser à
amidonner votre tissu avant de le couper : cette astuce vous évitera
de gâcher votre beau coupon ! (Voir marche à suivre pour
amidonner votre tissu, p. 109
Le lin, la plus durable

Le lin, tout comme le chanvre, la ramie ou le jute, est une fibre


végétale, donc cellulosique, extraite de la tige de la plante (Linum
usitatissimum). Ce sont les rares fibres textiles d’origine végétale qui
sont produites sous nos climats tempérés d’Europe centrale et
occidentale. De plus, ce sont les fibres n° 1 du point de vue
écologique, car leur impact sur l’environnement est très faible.

Caractéristiques
Le lin est :

respirant ;
non isolant ;
solide ;
absorbant ;
peu salissant ;
non pelucheux ;
non élastique ;
enclin à moisir en présence prolongée de forte humidité.

La fibre mesure de 10 à 100 centimètres de long et possède un


diamètre d’environ 20 à 40 microns.

On trouve les premières traces de textile en lin en Chine, environ 8


000 ans avant J.-C. En Égypte, les défunts sont enveloppés dans
des bandelettes de lin à partir de 5 000 ans avant J.-C. : ce sont les
momies.

Impacts écologiques
Le lin, et son petit frère le chanvre, sont les grands champions
écologiques des fibres textiles. En effet, les cultures de lin et de
chanvre demandent très peu d’engrais chimiques ou de pesticides.

Pour nous, Européens, ce sont des cultures locales, qui n’épuisent


pas les sols (la rotation des cultures est nécessaire) et dont les
besoins en eau sont adaptés aux climats tempérés tels que ceux du
nord de la France, de la Belgique et des Pays-Bas. Cette zone
géographique est actuellement la plus grande productrice de fibres
de lin.

Il existe très peu de lin certifié biologique étant donné que la filière
conventionnelle est déjà très respectueuse de l’environnement.

Cependant, le lin vit un nouvel essor commercial. Depuis quelques


années, la culture du lin en Chine s’intensifie. Par ailleurs, la majeure
partie des fibres cultivées en Europe est expédiée en Chine pour
être filée et tissée avant d’être réexpédiée en Europe.

Ce va-et-vient logistique, qui permet de produire des tissus à bas


prix, grève l’impact écologique de ces fibres pourtant produites et
vendues localement.

Le lin en couture
Les tissus en lin ont beaucoup évolué ces dernières décennies. Ils
sont généralement passés sur une lame très chaude pour aplanir
les petites aspérités du fil. Grâce à ce procédé, les lins de belle
qualité ne gratouillent plus !

La toile de lin classique n’a pas d’endroit ou d’envers, ce qui vous


facilitera la vie pour la couture !

Le bémol de la toile de lin, c’est qu’elle peut être très vivante quand
le tissage est peu serré. Il est difficile de couper dans le droit fil
(c’est-à-dire dans le sens de la trame, de la longueur) ou de coudre
droit. Pour couper perpendiculairement au droit fil, tirez un fil de
trame et faites froncer la largeur du tissu pour vous servir de guide.
Si vous effectuez une couture qui demande beaucoup de précision,
pensez à amidonner votre tissu au préalable (voir p. 109), vous vous
simplifierez le travail !

Astuces antifroissage
Malgré les évolutions techniques et l’ennoblissement des textiles, le lin et le chanvre
restent des tissus qui se froissent très rapidement (sauf lorsqu’ils sont tricotés). Voici trois
petites astuces pour éviter les plis :
préférez des coupes plus amples qui ne créeront pas de plis aux entournures ;
ajoutez deux balles de tennis ou de lavage dans le tambour de votre machine à laver
pour assouplir le tissu et éviter les plis ;
privilégiez un essorage doux et sortez vos vêtements en lin immédiatement après le
lavage pour les étendre le plus rapidement possible.

LES MATIÈRES PREMIÈRES SYNTHÉTIQUES ET ARTIFICIELLES


La viscose, l’insaisissable
La viscose est une fibre artificielle bien connue des couturières. C’est
le nom générique employé pour désigner tout un tas de fibres
artificielles : la rayonne, la fibranne, le lyocell, le Modal®, le Tencel®
ou encore les tissus en bambou. Leurs matières premières sont
végétales (eucalyptus, bambou, fibres de bois, déchets de coton,
algues, maïs, etc.), mais n’existent pas à l’état naturel sous forme de
fibres. Aussi, on en extrait de la cellulose qui est ensuite dissoute
grâce à un procédé chimique puis extrudée en longs fils fins qui sont
finalement calibrés.

Ces fibres ont été développées pour créer des textiles imitant la
soie, mais à moindre coût. Cependant, l’impact environnemental
des viscoses n’est pas du tout négligeable. Les fibres artificielles
représentent environ 8 % de la production mondiale de fibres, tous
usages confondus.

Production de la viscose

Caractéristiques
La viscose est :

respirante ;
non isolante ;
fragile ;
absorbante ;
froissable ;
brillante.

La longueur et le diamètre de cette fibre artificielle sont définis par


le procédé de fabrication.

Le procédé de fabrication de la viscose est mis au point en 1892, en


Angleterre. Des développements moins polluants de ce procédé ont
été brevetés respectivement en 1965 et en 1990 pour produire le
Modal®et le Tencel®.

Impacts écologiques
La viscose est un des tissus préférés des couturières pour créer des
vêtements fluides et tendance, mais du point de vue écologique, le
tableau est beaucoup moins joli !

La production de la viscose utilise des produits chimiques pour


permettre de dissoudre la matière première végétale et de la
transformer en « soupe ». Le procédé le plus courant utilise le
disulfure de carbone (CS2), un produit extrêmement toxique et
polluant. Ce produit ne peut pas être réutilisé. Le bambou, lui, est
dissous dans un bain d’acide sulfurique et de soude caustique, tout
aussi polluants. Ce procédé ne permet pas non plus la récupération
de ces produits chimiques pour plusieurs usages consécutifs.

Il n’existe aucune filière biologique pour les fibres artificielles étant


donné le lourd processus chimique nécessaire à leur fabrication,
même si certaines matières premières peuvent être cultivées dans le
respect de normes biologiques.

Heureusement, il existe un procédé viscose moins toxique, avec


récupération et réutilisation de 97 % des solvants chimiques : c’est un
procédé de lyophilisation de la cellulose connu sous le nom de
lyocell. Les fibres lyocell sont commercialisées sous les marques
Modal®, Tencel® et Lenpur® qui possèdent les brevets de ce
procédé de fabrication.

La viscose en couture
Les viscoses sont des tissus généralement fluides. Elles sont très
appréciées des couturières pour réaliser des robes et des jupes
légères estivales. Mais prenez garde ! La viscose peut vous jouer
plusieurs mauvais tours :
certaines viscoses se froissent très rapidement. Mieux vaut
donc tester le tissu au préalable : froissez la viscose entre vos doigts
et observez si les plis marquent rapidement le tissu ;
c’est un tissu très fragile, beaucoup plus fragile que la soie à
grammage égal. Aussi, un vêtement en viscose qui subit des
frottements répétés sera très vite usé, voire troué. Les tissus en
viscose vieillissent généralement rapidement ;
les viscoses les plus fluides, comme tous les tissus vivants,
risquent d’avoir raison de vous et de votre patience lors de la
découpe et de la couture. Comme tout tissu fuyant, pensez à
l’amidonner avant de commencer pour obtenir un résultat à la
hauteur de vos efforts (voir p. 109).

Si la viscose tissée est la plus répandue, il existe aussi des mailles de


viscose, appréciées pour leur tombé plombant.
Le polyester, la synthétique qui nous inonde
Voici la fibre textile la plus produite dans le monde, avec plus de 51 %
de la production mondiale. Et pourtant, nous savons très peu de
choses sur cette fibre. Saviez-vous par exemple que la matière
première du polyester est le pétrole ? En moins d’un siècle, les
polyesters ont dominé le marché des fibres naturelles,
principalement grâce à leur coût de production très bas.

Le fil de polyester est issu d’un processus chimique de


polymérisation d’acide téréphtalique et l’éthylène glycol. Le
polymère obtenu est fondu et filé au contact d’air froid.

Production du polyester
Caractéristiques
Le polyester est :

non respirant ;
non isolant ;
solide ;
non absorbant ;
difficile à teindre ;
une fibre qui a tendance à boulocher.

Fibre d’origine 100 % chimique, la finesse et la longueur de celle-ci


sont définies par le procédé de fabrication.

Les premières fibres polyester sont produites dans les années 1940
aux États-Unis par la firme DuPont.

Impacts écologiques
Le polyester est à l’origine de deux problèmes environnementaux :

il est fabriqué à partir du pétrole. Et il faut environ 1,5 kilos de


pétrole pour fabriquer 1 kilo de polyester. Ainsi, pour produire les 45
millions de tonnes de polyester annuelles, l’industrie textile rejette 22
millions de tonnes de déchets pétroliers ! De plus, le procédé de
transformation chimique du pétrole en fibre polyester est lui aussi
très polluant ;
il disparaît dans nos machines à laver. En effet, tous les tissus
en polyester relâchent des microparticules à chaque lavage. Ces
microparticules sont évacuées discrètement dans les eaux de
lavage et de rinçage. Elles se retrouvent ensuite dans les cours
d’eau et viennent finalement polluer les océans. Les microparticules
de polyester ne se dégradent pas. Nous avons encore très peu de
recul pour chiffrer exactement l’ampleur de leur impact écologique.
Il semble qu’en mer, elles aient tendance à s’agglomérer entre elles
et à flotter entre deux eaux. On les retrouve notamment dans la
chair des poissons. Les scientifiques se mobilisent pour alerter les
consommateurs, les politiques et les industriels.

Une nouvelle filière de polyester recyclé a vu le jour il y a quelques


années. Cette filière a le grand mérite de proposer une alternative à
l’incinération : la réutilisation des déchets en polyester. Cependant,
à ce stade de développement, ce recyclage présente les
désavantages suivants :

les textiles en polyester recyclés sont moins solides ;


le retraitement du polyester est tout aussi polluant que sa
fabrication initiale ;
il y a toujours autant de microparticules libérées dans votre
machine à laver et polluant les océans.

Le polyester en couture
Les tissus en polyester sont attirants : on craque pour leur légèreté,
leurs couleurs souvent très vibrantes et leur prix bas. Mais faites
attention : si vous cousez des vêtements en polyester, vous risquez
fort d’être déçue ! En effet, le tissu polyester ne respire pas du tout et
retient énormément les odeurs ce qui, en fin de journée, peut
devenir très encombrant !

Prêtez également attention aux tissus vendus sous des appellations


peu identifiables, du type « effet viscose » : ce sont majoritairement
des tissus en polyester.
L’élasthanne, l’élastique
L’élasthanne est aussi un dérivé du pétrole ; c’est un polyuréthane
thermoplastique dont la propriété essentielle est l’élasticité. La fibre
d’élasthanne est toujours associée à une autre fibre, soit naturelle,
soit synthétique, avant le tricotage ou le tissage. En fonction de sa
position dans le tissu (l’élasthanne peut être ajouté sur les fils de
chaîne, ou sur le fil de trame, ou sur les deux), celui-ci devient plus ou
moins élastique, dans un seul sens (une élasticité dans le sens de la
chaîne ou dans celui de la trame) ou de manière uniforme. Dès
l’ajout de 2 % d’élasthanne, le tissu devient plus extensible et
apporte du confort aux vêtements coupés près du corps. Cette fibre
est connue aux États-Unis sous le nom de Spandex® et en Europe
sous le nom de Lycra®.

Caractéristiques
L’élasthanne est :
non respirant ;
non isolant ;
solide ;
non absorbant ;
élastique (jusqu’à 7 fois sa longueur au repos !).

L’élasthanne est une fibre continue d’origine chimique dont la


finesse est définie par le procédé de fabrication.

Cette fibre a été inventée par DuPont aux États-Unis et est arrivée
en Europe dans les années 1960.

Impacts écologiques
L’élasthanne a les mêmes impacts écologiques que le polyester : sa
production est très polluante, les matières premières utilisées sont
non renouvelables et il pollue les océans à chaque cycle de lavage.

Par ailleurs, l’élasthanne pose un sérieux problème au niveau de son


recyclage. Les tissus dits Lycra® contiennent entre 2 et 40 % de fils
d’élasthanne mélangés à d’autres fibres textiles naturelles ou
synthétiques. Lors du recyclage, la séparation des fibres
synthétiques et des fibres naturelles est irréalisable, ce qui rend le
recyclage de ces tissus tout bonnement impossible.
Malheureusement, l’industrie du prêt-à-porter utilise toujours plus
de tissus mélangés avec de l’élasthanne pour simplifier la coupe
des vêtements et augmenter le seyant et le confort, quelle que soit
la morphologie.

L’élasthanne en couture
L’élasthanne est énormément utilisé pour la lingerie et les vêtements
de sport. Plus vous désirez un vêtement moulant, plus celui si devra
contenir d’élasthanne (pantalon skinny, legging, maillot de danse,
lingerie invisible, etc.).

Attention, l’élasthanne vieillit mal lorsqu’il est exposé aux rayons


ultraviolets du soleil et lavé à hautes températures (plus de 50 °C).
Avec le temps il finit par perdre ses propriétés élastiques.
L’élasthanne bouloche aussi facilement. Les bouloches sur votre
pantalon skinny ne sont pas dues au coton, mais bien à l’élasthanne
qui arrive en fin de vie !
L’acrylique, la fibre gonflante
L’acrylique est une fibre produite à partir de houille (charbon) et de
chaux. C’est la fibre synthétique la plus agréable au toucher. Elle est
isolante, gonflante, légère, facile à entretenir (pas de feutrage ni de
rétrécissement) et ne coûte pas cher à produire. Aujourd’hui, il est
extrêmement difficile de trouver un pull, un bonnet ou une écharpe
qui ne contienne pas d’acrylique, ce qui témoigne du raz-de-marée
des fibres synthétiques !

Caractéristiques
L’acrylique est :

non respirant ;
isolant ;
fragile ;
non absorbant ;
très léger (plus que la soie) ;
une fibre qui a tendance à boulocher.
L’acrylique est une fibre courte de production chimique dont la
finesse est définie par le procédé de fabrication.

Il a été inventé en Angleterre dans les années 1950. Aujourd’hui, il


représente 8 % de la production des fibres synthétiques.

Impacts écologiques
Les fibres acryliques ont un procédé de fabrication encore plus
polluant que celui du polyester (c’est celui qui consomme le plus
d’eau et d’énergie). Elles sont aussi responsables de la libération de
microparticules lors du lavage en machine.

Les fibres acryliques, lorsqu’elles ne sont pas mélangées, peuvent


être recyclées, par exemple en matériau isolant pour la
construction. C’est ce qui s’appelle un « down-cycling » : un
recyclage en un produit de moindre valeur.

L’acrylique en couture
L’acrylique est une fibre fragile qui peut facilement boulocher. De
plus, cette fibre douce et légère au premier abord a été identifiée
comme une source potentielle d’allergies et d’irritations. Prudence,
donc !

Chez les couturières, les tissus acryliques sont peu cousus. On


trouvera plutôt l’acrylique mélangé à d’autres fibres ou dans des
tissus en maille, utilisés pour coudre des sweats ou des pulls. Mais
cette matière première est à l’inverse bien connue des tricoteuses,
car son prix est beaucoup plus attractif que celui de la laine.

LE FIL, PREMIER ÉLÉMENT DE


CONSTRUCTION DU TISSU
Après avoir compris l’importance de l’origine des fibres et leurs
matières premières, il est maintenant temps de nous intéresser au
premier élément de la fabrication d’un tissu : le fil.

En effet, la majorité des tissus sont des assemblages de fils. Le fil,


mais aussi son assemblage avec d’autres fils, sont les deux éléments
fondamentaux de la structure du tissu.

Mais que savons-nous exactement des fils ?

Le flou autour de cet élément de base est entretenu par toute la


filière textile. Les utilisatrices finales que nous sommes ne trouvent
jamais d’informations sur les propriétés des fils utilisés lorsqu’elles
souhaitent acheter un tissu. Mais pas de panique ! Voici les
caractéristiques de base des différents fils qui vous permettront de
mieux comprendre certains secrets bien gardés.

DE LA FIBRE AU BRIN
Le brin est le résultat de l’assemblage de fibres naturelles ; ses
caractéristiques varient.
La finesse
Plus une fibre naturelle est longue (comme la soie, le lin, etc.), plus
l’entortillement des fibres entre elles sera important et le brin de
fibres solide. À l’inverse, plus une fibre naturelle est courte, plus le
brin de fibres sera fragile. En conséquence :

il n’est pas possible de réaliser des brins fins avec des fibres
naturelles courtes, sous peine d’avoir un brin puis un fil trop fragiles ;
les tissus de soie peuvent être très fins. En effet, la fibre de soie
est à la fois fine et extrêmement longue, de l’ordre du kilomètre ;
la qualité de la récolte du coton est primordiale. La longueur
de la fibre de coton varie entre 2 et 4 centimètres, en fonction des
variétés et de la qualité de la récolte. Une fibre plus courte ne
donnera pas un tissu de même solidité. L’impact sur la qualité du
tissu final est essentiel ;
les tissus en lin sont particulièrement solides, car la fibre de lin
mesure entre 10 centimètres et 1 mètre.
La torsion
Chaque brin de fibres est enroulé sur lui-même pour maintenir les
fibres enchevêtrées entre elles. Le nombre de tours de torsion d’un
brin par unité de longueur est le paramètre important. C’est le même
principe que l’entortillement d’une serviette pour l’essorer. Plus la
torsion est importante, moins la serviette absorbera l’eau, moins elle
sera molle et plus elle deviendra raide. Elle se raccourcira ainsi pour
devenir compacte et solide. Après un nombre assez élevé de
torsions, la serviette va commencer à se recroqueviller sur elle-
même, se contracter en petites ondulations. C’est exactement le
même principe avec les torsions du brin. Sous l’effet des torsions, le
brin va ainsi se renforcer, se raccourcir et devenir plus élastique.
Quand les fibres se recroquevillent sous l’effet de la torsion, on peut
produire un brin de section irrégulière, le brin crêpe (voir p. 81 pour le
tissu crêpe).

DES BRINS AU FIL


Une fois les fibres étirées, enchevêtrées et tordues en brins continus,
ceux-ci sont ensuite assemblés à plusieurs en torsions hélicoïdales
pour former un fil. Le nombre de brins, le type d’assemblage et le
nombre de torsions jouent un grand rôle sur la qualité du fil, et donc
du tissu.

Le fil simple, qui est le plus répandu, nécessite la torsion de deux


brins, alors que le fil retors (utilisé pour l’ameublement) et le fil câblé
(utilisé pour des tissus très solides comme les toiles de tonnelles) en
utilisent respectivement quatre et huit. Plus un fil est tordu, plus il est
résistant et compact, moins il crée de bouloches et de petites fibres
qui peuvent gratouiller. Cependant, il n’est pas possible de produire
des fils retors ou câblés fins. Impossible, donc, de tricoter du jersey
fin avec un fil retors ou câblé !

Il existe beaucoup d’autres types de fils : guipés, flammés,


boutonnés, chinés, à bouclettes, fantaisies, etc.

Le plus souvent, les fils ainsi obtenus seront directement utilisés pour
la fabrication du tissu. Parfois, les fils seront traités (traitement
antibouloche, par exemple) avant d’être tissés ou tricotés en mailles.
Les fils peuvent aussi être préalablement teints, comme pour les
tissus denim et chambray.

Le saviez-vous ?
Le filage est une activité qui fait partie de notre patrimoine historique. Pensez aux rouets
des contes de fées, au fuseau de la Belle au bois dormant, mais aussi à Gandhi, dont le
rouet était un symbole de sa lutte contre l’emprise de l’Empire britannique en Inde. Le
filage manuel des fibres naturelles était une activité qui existait dans les villages du
monde entier. Avec l’industrialisation galopante, ces savoir-faire familiaux ont été
relégués dans les musées.
Les premières machines mécaniques de filage ont été inventées au XVIIIe siècle. Elles se
sont répandues et standardisées au XIXe siècle, en pleine révolution industrielle.
Le filage industriel des fibres naturelles est très technique et comprend de nombreuses
étapes : le brassage, l’ensimage, le cardage, le peignage, l’étirage, le passage en
retordeuse et le dévidage. Le procédé chimique des fibres artificielles et synthétiques
permet quant à lui d’obtenir un fil long, déjà peigné et étiré. Présenté ainsi, cela semble
plus simple ! Mais c’est sans compter le procédé chimique, souvent complexe.

Les principaux types de fils

En résumé
La structure du fil influence les caractéristiques du futur tissu :
en limitant le nombre de torsions des brins, on obtient plus de gonflant et de souplesse ;
en augmentant le nombre de torsions des brins (voire en ajoutant un brin d’élasthanne
en guipe), on obtient davantage d’élasticité.

LA STRUCTURE DU TISSU
Vous connaissez désormais les matières premières, les fibres, les
brins et les fils. Il est maintenant grand temps d’en apprendre plus
sur la fabrication de vos tissus !

Il existe quatre grandes familles de tissus qui correspondent à des


techniques de fabrication très différentes :

le tissu tissé, appelé « chaîne et trame » ;


le tissu tricoté, appelé « maille » ;
le tissu « non tissé » (principalement le feutre et les tissus
techniques, comme les différents types de tissus des vestes
imperméables) ;
la dentelle.

Les tissus membres de chacune de ces quatre familles ont des


propriétés vraiment différentes.

LE TISSU TISSÉ : UN PRIS, UN SAUTÉ


Chaîne et trame
Le principe des tissus chaîne et trame est très simple : il s’agit d’un
entrelacement perpendiculaire de fils dits de chaîne (ceux de la
longueur du tissu) et de trame (ceux de la largeur du tissu). Les fils
principaux sont les fils de chaîne, ils sont tendus parallèlement à la
lisière du tissu.

Perpendiculairement, le fil de trame vient structurer le tissu en


passant successivement au-dessus puis en dessous des fils de
chaîne.

Fils de chaîne et fils de trame

Histoire
Le tissage simple, pour être rapide, demande un minimum de
matériel technique. Le métier à tisser est une des premières
« machines » inventées et construites par l’homme. Des tissus chaîne
et trame ont été retrouvés et datés de 3 000 ans avant J.-C., chez
les Égyptiens. Il est très probable que l’origine de cette technique
soit bien antérieure, mais les textiles ne traversent pas aussi bien les
âges qu’un morceau de terre cuite !

Le métier à tisser manuel a évolué au fil des siècles, mais le principe


de base est resté le même. Chaque métier nécessite le travail d’une
ou plusieurs personnes pour déplacer les cadres portant les fils de
chaîne et pour y lancer la navette qui porte le fil de trame.

Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, en 1764, en Angleterre, que les premiers


métiers mécaniques voient le jour. À cette époque, les métiers sont
entraînés par la force motrice de l’eau via une roue à aubes, qui
sera remplacée plus tard par la machine à vapeur.

Au début du XXe siècle, les métiers à tisser sont actionnés par des
moteurs électriques. La révolution industrielle leur permet de
gagner en vitesse et en précision grâce au développement d’aciers
spéciaux résistant à l’usure et aux chocs violents répétés des
métiers les plus rapides.
Conséquence sur les caractéristiques du tissu : l’élasticité
Les tissus en chaîne et trame partagent une caractéristique
principale : ils ne sont naturellement pas extensibles dans le sens
des fils. Par conséquent, si la matière première utilisée n’est pas
extensible, le tissu ne sera pas non plus extensible, ni dans le sens de
la chaîne, ni dans le sens de la trame. Cependant, les tissus en
chaîne et trame permettent une légère déformation en diagonale,
dans le biais, en fonction de la qualité du fil et de la densité du
filage.

En pratique
Il est important de couper les tissus en chaîne et trame dans le droit fil afin que les fils
supportent le poids du vêtement. Le tombé sera tout à fait différent si les pièces sont
coupées dans le biais plutôt que dans le droit fil. Faites le test avec vos tissus en chaîne et
trame en fibres naturelles pour bien comprendre leur comportement dans le droit fil et
dans le biais.

L’élasticité du tissu tissé

L’élasticité naturelle dans le biais des tissus chaîne et trame a été


particulièrement mise à profit dans les années 1920-1930 pour créer
des vêtements sensuels et épousant les courbes féminines en tissu
tissé.

LE TISSU TRICOTÉ : UNE HISTOIRE DE MAILLES


Des mailles et des points
Le tissu tricoté, comme son nom l’indique, est un textile constitué de
fils tricotés entre eux. Oui, exactement comme les pulls
confectionnés avec amour par votre grand-mère !

Le tricot est un ensemble de mailles qui sont réalisées soit à l’endroit,


soit à l’envers. Des combinaisons bien définies de mailles tricotées à
l’endroit et/ou à l’envers forment des motifs sur le tissu. L’assemblage
de plusieurs mailles s’appelle le point :

lorsque toutes les mailles sont tricotées à l’endroit, on parle de


point mousse ;
lorsque toutes les mailles sont tricotées à l’envers, on parle de
point jersey ;
les combinaisons de mailles envers et endroit sont multiples
(on parle de point de riz, de côtes, etc.).

Les deux principaux assemblages de mailles


La seule différence entre le tricot de nos ancêtres et votre tissu
préféré en maille, c’est la section, le diamètre du fil. En effet, les tissus
tricotés sont réalisés avec des fils deux à trois fois plus fins que les
fils utilisés pour un tissu de même opacité en chaîne et trame. C’est
en partie pour cela que les tissus en maille se sont développés plus
tardivement, lorsque les technologies ont permis à la fois de
produire des fils très fins, suffisamment résistants, et des machines
capables de faire des nœuds de manière précise, régulière et
rapide.
Histoire
Le tricot existe depuis très longtemps. Les plus anciennes pièces ont
été découvertes dans des tombes égyptiennes. Mais ce n’est que
lors de l’invasion de l’Espagne par les troupes arabes, au VIIIe siècle,
que le tricot arrive en Europe. Cette technique sera utilisée jusqu’à
nos jours pour confectionner des produits aux formes complexes
pour lesquelles le tissu tissé ne convient pas : gants, bas, chaussons
et bonnets (d’où l’appellation de « bonneterie »).

La première machine à tricoter est inventée au XVIe siècle par un


Anglais. Mais la technologie sera finalement développée à Rouen et
la première machine à tricoter en rond inventée à la fin du XVIIIe
siècle.

Si une tricoteuse passionnée peut réaliser entre 80 et 100 mailles à


la minute avec deux aiguilles, les premières machines du XVIe siècle
produisent environ 300 mailles par minute et celles du XIXe siècle 300
000 mailles. Une vraie révolution industrielle !

Ce n’est que lors de la Première Guerre mondiale que les tissus en


maille quittent leur image peu valorisante de tissus pour sous-
vêtements pour entrer dans nos garde-robes par la grande porte.
En France, les manufactures de tissus chaîne et trame pour
l’habillement se trouvent dans le nord du pays, alors occupé par
l’armée allemande. Face à cette pénurie, Coco Chanel s’adresse aux
manufactures de maille qui se trouvent dans le sud de la France
pour continuer de créer des vêtements pour la haute couture,
propulsant ainsi la maille au-devant de la scène.

Aujourd’hui, la maille prend sa revanche et les étoffes tricotées sont


dans toutes nos garde-robes, des vêtements de sport aux petites
robes de cocktail ! Aux oubliettes, les vêtements de corps en maille
peu sexy de nos grands-parents !
Conséquences sur les caractéristiques du tissu
Les tissus tricotés ont plusieurs caractéristiques générales.

Extensible
Étant donné l’effet zigzag permanent du fil, les tissus en maille sont
naturellement extensibles. Ainsi :

ils se drapent beaucoup mieux sur les silhouettes ;


les ajustements morphologiques sont moindres. Le tissu va en
effet pouvoir s’adapter aux variations de volume de telle sorte
qu’un même patron va convenir à plusieurs morphologies. C’est
aussi pour cette raison que les tee-shirts, même moulants,
confectionnés avec des tissus tricotés, n’ont pas besoin de pinces ;
les coutures aussi doivent être extensibles pour pouvoir
accompagner l’extension du tissu. Voilà pourquoi il vous faudra
utiliser le point élastique ou un point zigzag serré de votre machine
à coudre.
Plombant
Étant donné le tricotage, un tissu en maille est environ trois fois plus
lourd qu’un tissu en chaîne et trame pour une même opacité et avec
la même matière première. De fait, les tissus en maille sont plus
plombants.

Fragile
La réalisation des tissus en mailles fines (type jersey) demande
l’utilisation d’un fil très fin. Pour cette raison, à grammage égal, les
tissus en maille sont bien plus fragiles à la couture que les tissus en
chaîne et trame. Il sera donc impératif d’utiliser une aiguille spéciale
jersey : elle a un bout légèrement arrondi qui glissera entre les fils au
lieu de les abîmer.

Facile
Enfin, les tissus en maille ne s’effilochent pas du tout. Cela signifie
que les bords laissés sans finition ne se détériorent pas, même après
de nombreux lavages en machine. Cela permet de coudre tous les
tissus en maille avec une simple machine à coudre, sans finition à la
surjeteuse, par exemple. C’est propre, rapide et durable !

LE NON-TISSÉ : L’ANARCHISTE
Des fibres enchevêtrées
Lorsqu’il est question des non-tissés, c’est encore un abus de
langage ! Parce que, techniquement, les mailles et les dentelles ne
sont pas tissées et n’appartiennent pourtant pas non plus à la
famille des non-tissés !

En réalité, le terme générique « non-tissé » s’applique uniquement


aux tissus formés d’un enchevêtrement aléatoire de fibres naturelles
ou synthétiques. Les fibres naturelles protéiques (d’origine animale)
n’ont besoin d’aucun liant pour former cet enchevêtrement de
manière permanente : c’est le feutrage de la laine bouillie, par
exemple (voir p. 33). Les matières premières synthétiques sont
utilisées pour confectionner des non-tissés synthétiques tels le simili
cuir, l’alcantara et les tissus techniques. Dans ce cas, il est nécessaire
d’appliquer un liant chimique pour fixer les fibres en « nappes ».
Histoire
Les non-tissés sont probablement les premiers tissus créés par
l’homme, avec le feutrage de la laine, qui n’exige que de l’eau
chaude et de l’huile de coude ! L’usage du feutre s’est développé à
travers les siècles, pour faire des tentes, des yourtes, des chapeaux
et des bottes, mais aussi des uniformes militaires. Le feutre est
extrêmement résistant (plus que le cuir) et isolant. Les premières
machines pour la production de non-tissés sont inventées au XIXe
siècle, en France. Il s’agit alors de valoriser les déchets des industries
textiles. Aujourd’hui, les tissus non tissés sont présents dans votre vie
de couturière, notamment avec le thermocollant non tissé.
Conséquences sur les caractéristiques du tissu
Les tissus non tissés ne présentent aucun risque d’effilochement ou
de démaillage. Ils sont extrêmement solides et relativement
imperméables.

Selon l’épaisseur du tissu, ils peuvent être légèrement extensibles.


Ces tissus n’ont ni envers, ni endroit, ni droit fil, ni biais. Bref, vous
pourrez créer le puzzle le plus serré possible pour optimiser votre
tissu : un pur plaisir !

Les tissus non tissés pour la couture sont la laine bouillie, la feutrine
et le thermocollant. Cependant, il existe bien d’autres applications
des non-tissés tout à fait insoupçonnées, à mille lieues de notre
monde de la couture :

les feutres d’isolation phonique utilisés dans la construction ;


les géotextiles utilisés pour la stabilité des remblais ;
les tissus filtrants des filtres à air, à huile, etc. ;
le papier « essuie-tout » à usage unique ;
les tissus à usage unique utilisés dans les hôpitaux.

LES TISSUS EN DENTELLE : UN MONDE DE DÉLICATESSE


Une structure ajourée
Après les tissus les plus anciens et les plus techniques, passons au
sommet de l’élégance et du raffinement : la dentelle !

Dites « dentelle » et laissez venir à vous une foule d’images chics ou


bohèmes, tirées de votre catalogue de tenues de rêve ! De nos jours,
la dentelle est partout, dans les leggings de sport comme dans les
merveilleuses robes de soirée. Mais la dentelle, techniquement,
qu’est-ce que c’est ?

La dentelle fait partie de la famille des tissus à structure ajourée,


avec un motif créé par enroulement ou accrochage des fils formant
la structure. Le tulle est la structure la plus courante de la dentelle.

Des dentelles aux structures très variables

Histoire
La dentelle telle que nous la connaissons voit le jour en Italie, au XVIe
siècle. Les premières dentelles se font à la main, soit à l’aiguille, soit
aux fuseaux. Les premières machines pour produire du tulle datent
du début du XIXe siècle. Jusqu’à cette époque, la dentelle est réalisée
avec des fils de lin. L’arrivée massive du coton sur le marché
européen va profondément transformer la production de dentelle.

La France compte de nombreuses villes productrices de dentelle :


Puy-en-Velay, Arras, Calais, Alençon... Mais les deux guerres
mondiales successives vont détruire la plupart des ateliers.
Aujourd’hui, la dentelle de Calais est labélisée ; les autres sites ont
vu leur savoir-faire relégué dans des musées vivants, proposant des
démonstrations de fabrication de dentelle manuelle aux fuseaux.

Néanmoins, depuis quelques temps, la réalisation artisanale de


dentelle s’invite aussi dans le monde du DIY, notamment avec la
renaissance du macramé, qui n’est autre que la réalisation d’un tissu
ajouré ! Vous ne verrez plus votre suspension de plante verte de la
même façon !
Conséquences sur les caractéristiques du tissu
À cause de leur construction ajourée, les dentelles sont des tissus
très fragiles.

La majorité des dentelles que nous trouvons dans les merceries sont
faites avec des fibres synthétiques. Elles sont faciles à coudre et
s’entretiennent facilement. Même si l’effet visuel est proche des
dentelles de nos grands-mères, cela reste du synthétique !

Les dentelles en fibres naturelles (en coton ou, éventuellement, en


soie) sont réservées aux grandes occasions, principalement pour les
robes de cérémonie ou de mariée. Elles nécessitent une attention et
un soin très particulier pour être cousues sans être abîmées.

L’ENNOBLISSEMENT : L’ÉTAPE ULTIME POUR


TOUS
Une fois le tissu fabriqué, il n’est pas encore complètement abouti. Il
reste une dernière étape appelée communément l’ennoblissement :
c’est la touche finale vers la vraie noblesse du tissu.

Les techniques évoluent d’année en année et participent à la


révolution permanente du monde textile. À la vitesse d’une machine
à tricoter industrielle, les tissus vont recevoir un traitement final qui
va les transformer en tissus prêts à être utilisés, pour le plus grand
plaisir de vos yeux et de vos doigts !

L’ennoblissement comprend deux grandes familles de finitions : « la


couleur » et « l’apprêtage ».

LA COULEUR : LE PLAISIR DES YEUX


Histoire
Les premiers fragments textiles retrouvés en Inde et en Égypte (2
500 ans avant J.-C.) portent des traces de teinture. Jusqu’au XIXe
siècle, les techniques de teinture et d’impression avec des pigments
naturels se développent partout dans le monde. On trouve alors
des plantes tinctoriales comme l’indigo (bleu) et la garance (rouge)
sur les marchés. Les étoffes aux couleurs lumineuses et franches
constituent des biens de luxe.

C’est au XIXe siècle que sont développés les premiers colorants


synthétiques. Au début du XXe siècle, plus de 700 sont
commercialisés pour teindre les fibres naturelles. Depuis, des
gammes complètes de colorants synthétiques ont été développées
et permettent de teindre aussi bien les fibres naturelles que les
fibres synthétiques.
Procédés
Pour teindre un tissu, on le trempe dans un bain de teinture.

Au-delà de la teinture uniforme, il existe une variété infinie de


possibilités pour apporter aux tissus de la couleur par impression de
motifs colorés :

les teintures manuelles et artisanales : l’impression à la


planche, au bloc, par sérigraphie, le batik (ou wax) ;
les teintures industrielles : l’impression rotative ou l’impression
à jet d’encre, par exemple, permet de produire de manière continue
des motifs répétitifs.
Dans l’industrie, les tissus subissent en général plusieurs traitements
avant d’être teints ou imprimés : le coton sera flambé pour éliminer
les petites fibres de surface et éviter que le tissu ne bouloche trop
rapidement. Comme les fibres naturelles ne sont pas de couleur
homogène, le tissu sera préalablement blanchi afin de permettre
une maîtrise parfaite des couleurs. Le coton peut aussi être
mercerisé : c’est un traitement à la soude caustique qui permet
d’obtenir un tissu plus souple et plus doux.

D’autres traitements donnent des effets peau de pêche, gratté,


feutré, brillant, etc.

Il est aussi possible d’apporter des qualités spécifiques aux tissus en


traitant les fils avant leur tissage ou tricotage. On peut ainsi utiliser
des fils traités antibouloches ou de couleur ; le motif sera alors tissé.
La broderie est également considérée comme un ennoblissement
du tissu.

Après impression, les tissus subissent un premier cycle de fixation


des produits tinctoriaux, par chauffage et séchage : passage à la
vapeur, lavage (pour éliminer les excès éventuels de teinture et de
pigments colorés) et, enfin, séchage.
Impacts écologiques
Les colorants pour les fibres synthétiques et pour les fibres
naturelles sont fondamentalement différents. Cela signifie que les
tissus contenant à la fois des fibres synthétiques et des fibres
naturelles passent dans deux systèmes de teinture ou d’impression.
La consommation d’énergie, d’eau et de produits chimiques est
donc bien supérieure à celle d’un tissu sans mélange de fibres.

L’impression numérique des textiles est en plein développement


depuis la fin du XXe siècle. Elle permet de déposer uniquement les
encres aux endroits à imprimer, utilisant ainsi beaucoup moins
d’encre, d’eau et d’énergie. Par ailleurs, ces imprimantes numériques
n’impriment qu’une seule face du tissu.
Le saviez-vous ?
L’indigo est une plante qui pousse en Asie et en Afrique centrale. Ce sont ses feuilles vertes,
séchées puis broyées, qui permettent par la suite de réaliser des bains de teinture. La
couleur bleue apparaît seulement lors du séchage du fil ou du tissu, résultant de la
réaction chimique du pigment au contact de l’oxygène. C’est donc une teinte très difficile à
maîtriser.
Le bleu indigo arrive en Europe par la route de la soie. Ce pigment fait son entrée chez
nous sous forme solide et, longtemps, les Européens croiront qu’il s’agit d’une pierre
broyée. Ils l’ont tout naturellement baptisé « indigo », en référence à son origine indienne.
Ce pigment permet de produire une gamme de bleus incroyablement vibrante et
profonde, bien plus intense que le bleu un peu terne du pastel, alors en usage en Europe.
L’indigo devient rapidement une couleur de luxe, mais elle sera longtemps interdite en
France pour préserver la culture et l’industrie locale du pastel.
Aujourd’hui, les jeans sont teints avec des colorants synthétiques reproduisant la couleur
de l’indigo. La teinture à l’indigo reste une pratique artisanale et de luxe.

L’APPRÊTAGE : LE FIN DU FIN


La toute dernière étape avant de pouvoir toucher votre tissu de
rêve, c’est l’apprêtage. Cette étape regroupe nombre
d’interventions mécaniques ou chimiques qui vont permettre de
modifier les caractéristiques physiques du tissu.

Les premiers apprêts sont développés au début du XXe siècle,


notamment pour imperméabiliser les tissus. Pensez au ciré,
initialement une veste de coton épais enduite de cire, dont la
marque Barbour® fait encore aujourd’hui son produit phare.

Durant ces deux dernières décennies, on a assisté à une explosion


des types de traitements de finition, notamment pour les fibres
synthétiques : on souhaite leur donner l’aspect et le confort des
fibres naturelles et, dans le même temps, créer des tissus dits
techniques (des tissus ayant des caractéristiques choisies pour une
ou des applications précises : isolant, antistatique, imperméable,
luminescent, anti-UV…).

Il existe deux principaux types d’apprêts : l’apprêtage mécanique et


l’apprêtage chimique.
L’apprêtage mécanique
Le travail du tissu est purement mécanique et souvent réalisé à
chaud. Parmi les apprêts mécaniques, on trouve notamment :

le calandrage : on presse le tissu entre deux cylindres


chauffés pour lui donner un aspect lustré ;
le décatissage : on injecte de la vapeur dans le tissu pour
augmenter son caractère plombant ;
le grattage : il permet d’obtenir une face duveteuse en
grattant et en effilochant le fil de coton ajouté à cet effet (voir le
molleton, p. 99) ;
le gaufrage : on passe le tissu entre deux cylindres chauffés et
gravés pour obtenir un relief fait de petits creux et de bosses,
comme le seersucker.
L’apprêtage chimique
L’apprêtage chimique est beaucoup plus varié que l’apprêtage
mécanique et se développe chaque jour un peu plus. Les apprêts
chimiques les plus courants sont :

le laminage, qui permet de fixer ensemble deux textiles grâce


à l’utilisation de colles adhésives, de hautes températures et de
pression ;
l’enduction, utilisée pour produire le simili cuir, les textiles
réfléchissants, les tissus de sécurité, etc., qui consiste en l’application
directe du polymère (plastique) sur un tissu structure utilisé comme
base ;
l’imperméabilisation, qui s’effectue par imprégnation de
silicone ou de produits hydrophobes.

Certains apprêts chimiques sont purement esthétiques : ils donnent


un reflet particulier au tissu ou lui permettent de changer
radicalement de couleur selon la lumière ambiante. On produit
aussi aujourd’hui des textiles qui, alimentés électriquement,
changent de teinte. Les nouvelles techniques d’ennoblissement n’ont
plus de limites !

Les apprêts chimiques permettent aussi de donner des


caractéristiques particulières aux textiles : anti-UV (foulards et
parasols), antibactérien (chaussettes), antistatique (gants de
travail), antifeu (vêtements de travail), antiodeur (vêtements de
sport), antitaches (nappes et revêtements de mobilier), etc.

En pratique
Durant toutes les phases de fabrication et d’ennoblissement, les tissus sont tendus et étirés
parallèlement à la lisière du tissu. Les fibres sèches conservent cette déformation. Voilà
pourquoi, lors du premier lavage, vous avez l’impression que votre tissu rétrécit,
principalement en longueur pour les tissus chaîne et trame, et dans les deux sens pour les
tissus en maille. En fait, les fibres reprennent leur longueur initiale !
Aussi, n’oubliez pas l’étape préalable indispensable à tous vos projets couture : passez
votre tissu en machine à laver ou décatissez-le avec un fer à repasser et beaucoup de
vapeur avant de découper votre patron et de le coudre !
En fonction de sa destination, le tissu pourra encore subir deux
traitements d’apprêt, pour des raisons purement pratiques :

un traitement permettant sa conservation pendant ses


multiples transports et stockages dans le monde entier, depuis sa
fabrication jusqu’à la vente du vêtement en magasin. Cet apprêt
chimique anti-insectes partira au premier passage en machine à
laver ;
un traitement consistant principalement à enduire ou étirer le
tissu pour le conditionner facilement en rouleau. L’effet disparaît au
fil des lavages.

En résumé : quatre étapes pour une infinité de tissus


1. Les différentes fibres textiles (naturelles, artificielles et synthétiques) ne sont qu’un

2.
point de départ.

Leur transformation en fil (diamètre, retors, structure) apporte une première série de

3.
caractéristiques très variées.

Leur assemblage entrecroisé, entrelacé, enchevêtré, tricoté ou ajouré produit des

4.
tissus à l’épaisseur, l’élasticité et la souplesse éminemment variables.

Enfin, chaque tissu reçoit un ennoblissement mécanique ou chimique dont la variété


est quasi infinie. L’impression d’un motif donnera alors libre cours à la créativité des
couturières qui feront de chaque tissu une œuvre unique !

Une galaxie de tissus merveilleux


L’IMPACT ÉCOLOGIQUE DE NOS TISSUS :
L’IMPOSSIBLE TISSU PARFAIT
Précédemment, nous avons abordé l’impact écologique des fibres
textiles les plus courantes. Cet impact écologique, souvent méconnu
ou ignoré, est aujourd’hui primordial. Selon les estimations, la mode
et le textile font partie des industries les plus polluantes au monde.

Nous avons le pouvoir de choisir ce que nous voulons coudre et les


vêtements que nous voulons porter. Nos choix doivent-ils se résumer
à une question de couleur, de style, de forme ?

Les vêtements et les tissus que nous portons laissent un impact sur
la planète. À nous de le comprendre pour mieux les choisir. Mais ici
aussi, le chemin qui mène à la compréhension de l’impact
écologique d’un tissu est semé d’embûches !

En effet, il existe plusieurs problématiques de fond qui nous


compliquent la tâche :

le manque d’informations et de connaissances. Le monde


textile entretient un grand flou sur les réalités de production pour ne
pas entacher le rêve de la mode ! Il semble pourtant fondamental
de partager et d’échanger les informations les plus détaillées
possible ;
l’impossibilité du tissu parfait. Le tissu parfait n’existe pas. Vous
savez, ce tissu qui serait fluide, solide, écologique et pas cher. Si
vous vous retrouvez face à ce type de tissu, il sent en réalité le
greenwashing à plein nez ! Il vous faudra alors enquêter plus avant
sur ce produit ;
la question du prix. Depuis un demi-siècle, nous avons été
accoutumées à acheter des produits de moins en moins chers. Et
l’industrie, pour les produire, a mis en place des méthodes dont les
coûts sociaux et environnementaux sont très importants. Au regard
du seul critère du coût de production, un produit écologique ne
peut donc pas tenir la distance face à un produit issu de l’industrie
de masse.

Si le tissu parfait n’existe pas, une meilleure connaissance des


dessous de l’industrie textile vous permettra de faire des choix en
accord avec vos valeurs.

Il existe par ailleurs de nombreuses certifications textiles qui ont


pour objectif de dissiper le brouillard entourant la production textile
et d’établir la confiance avec le consommateur. Mais
malheureusement, dans les certifications textiles, il existe aussi des
manipulations proches du greenwashing !

Voici les principales certifications qui vous permettront d’y voir plus
clair :

la certification Oeko-tex. C’est la plus répandue. Elle garantit


que le tissu ou le vêtement fini ne garde aucune trace de produits
chimiques dangereux pour la personne qui le porte. Mais elle ne
garantit pas l’origine des fibres ni les étapes intermédiaires du
processus de fabrication ;
la certification GOTS. C’est la plus contraignante. Elle garantit
que 90 % des fibres du tissu sont issues de l’agriculture biologique (ni
engrais ni pesticide chimique ni OGM). Toutes les étapes
industrielles de transformation du tissu sont réalisées en impactant
le moins possible l’environnement (récolte et traitement de tous les
déchets liquides pollués, notamment) ;
la certification BCI (Better Cotton Initiative). C’est la
certification la plus utilisée (notamment par les géants du prêt-à-
porter, comme H&M ou C&A), mais aussi la moins contraignante.
Cette initiative encourage les producteurs à adopter des pratiques
agricoles durables, sans pour autant effectuer de contrôles ni
définir clairement des prescriptions.
PETIT INVENTAIRE DES TISSUS
Ce petit inventaire détaille le mode de fabrication, les
di érentes matières premières ainsi que les possibilités de
cousettes et les astuces ou contraintes techniques applicables
aux principaux tissus du commerce.
Malheureusement, cet inventaire ne peut pas être complet. En
e et, il existe presque autant de types de textiles di érents que
d’étoiles dans notre galaxie ! Mais, en étudiant les principaux
tissus, vous acquerrez des points de repères qui vous
permettront de naviguer plus facilement d’une constellation à
l’autre !
Alors, en avant pour cette petite exploration qui vous
permettra a minima d’identifier les principaux tissus, mais
surtout de les coudre plus facilement !
LA FAMILLE DES TISSUS TISSÉS
LES TYPES DE TISSUS TISSÉS : L’ARMURE DU TISSU
La technique du tissage en chaîne et trame est à la base de
beaucoup de types de tissus différents.

Les tissus tissés


Pour les appréhender, il est important de bien comprendre le
concept d’« armure » d’un tissu. Il ne s’agit pas d’une protection
guerrière, mais simplement d’un terme technique qui permet de
décrire les différents types de tissages. Chaque séquence
d’entrelacement des fils de chaîne et des fils de trame est
symbolisée par des carrés clairs et foncés qui montrent à quels
moment les fils de trame ou de chaîne s’entrecroisent.

Le type de tissage le plus basique est le tissage simple : le fil de


trame passe successivement sous un fil de chaîne puis au-dessus du
fil suivant, etc. C’est ce que l’on appelle « l’armure toile ».

L’armure toile
Cependant il existe de nombreuses autres armures, selon que l’on
saute un ou plusieurs fils de chaîne ou bien que l’on choisisse des fils
de qualités différentes pour la chaîne et pour la trame. Parmi les
armures les plus répandues, on trouve : la popeline, le sergé, le
jacquard, le satin, etc.

LA TOILE
La toile est le tissu le plus simple des tissus tissés. Bien connaître la
toile permet de mieux comprendre les tissus qui en sont directement
dérivés, comme le voile, le chambray, etc.

Type d’assemblage : chaîne et trame.

Matières premières : coton, lin, laine, soie, viscose, polyester, etc.

Particularités techniques : le tissu est construit sur la base d’une


armure simple (2 fils) où chaque fil de trame passe successivement
en dessous puis au-dessus d’un fil de chaîne (voir p. 75).

Pour quelles cousettes ? La main du tissu sera très différente en


fonction de la matière première et de l’épaisseur du fil utilisé. Les
toiles de viscose, fluides et légères, conviendront parfaitement à la
couture de vêtements vaporeux alors que les toiles de coton,
généralement plus raides, sont plus adaptées à la couture
d’accessoires ou de vêtements aux formes plus solides et
structurées.

Astuces couture
La toile classique teinte non imprimée n’a pas d’endroit ou d’envers. Aucun risque, donc, de
couper sur le mauvais côté du tissu !

LE CHAMBRAY
Le chambray est une toile classique et légère. Seul un petit détail
fait toute la différence !

Type d’assemblage : chaîne et trame.

Matières premières : généralement le coton.

Particularités techniques : amure simple. Le fil de chaîne est un fil


teint alors que le fil de trame est un fil blanc. Le tissage des deux
couleurs donne un aspect très particulier au tissu : les tons diffèrent
selon la lumière. Généralement, les fils de chaîne sont teints en
indigo (bleu), mais il existe aussi du chambray rouge foncé, vert
forêt ou noir.

Pour quelles cousettes ? Le chambray est un tissu très utilisé dans la


confection des chemises. Un chambray de fil fin et de grammage
léger sera utilisé pour des chemises de « bureau », alors qu’un
chambray plus épais sera parfait pour des chemises type « cow-
boy ». En fonction de la main du tissu, le chambray est aussi tout à
fait adapté à la couture de robes ou de pantalons légers pour l’été.

Astuces couture
Le chambray est un tissu facile à coudre. Mais, selon les fils utilisés, l’effet moiré peut être
différent sur l’endroit et sur l’envers. Faites donc bien attention à couper toutes les pièces
du même côté, soit sur l’endroit, soit sur l’envers, à vous de choisir !

LA POPELINE

Tout comme le chambray, la popeline est aussi un tissu en armure


toile, mais lui aussi a une particularité ! C’est un tissu que les
couturières connaissent bien : les fameux tissus imprimés de la
marque Liberty of London sont des popelines !

Type d’assemblage : chaîne et trame.

Matière première : le coton.

Particularités techniques : les fils de chaîne sont deux fois plus fins
(et donc deux fois plus nombreux au centimètre) que les fils de
trame.

Pour quelles cousettes ? La popeline est un tissu fin, généralement


très doux. Ce tissu léger et craquant est parfait pour la couture de
chemises et de chemisiers, blouses, robes droites ou structurées.

C’est aussi un tissu idéal pour les vêtements des bébés et petits
enfants, pour la couture de doublures et d’accessoires (pochettes,
sacs, etc.).

Structure de la popeline

Astuces couture
La popeline est un tissu délicat qui demande à être cousu avec une aiguille neuve et fine
pour ne pas abîmer les fils de chaîne qui sont très fins. Les finitions avec des coutures
anglaises sont très adaptées à la légèreté du tissu et permettent de finir joliment et
solidement de superbes cousettes !

LE VOILE
Voici un tissu très fin et transparent que l’on retrouve dans la galaxie
textile sous une myriade de formes différentes. Mais attention, le
voile est une toile très particulière !

Type d’assemblage : chaîne et trame.

Matières premières : fils de toutes origines, naturelles, synthétiques


ou artificielles.

Particularités techniques : c’est une toile au tissage lâche (très peu


serré), réalisée avec des fils fins à torsion élevée.

Pour quelles cousettes ? Les voiles sont des tissus légers et vaporeux
qui conviennent aux vêtements d’été amples : robes, blouses,
chemisettes, etc. Les voiles en fibres naturelles sont très utilisés pour
la réalisation de robes de gala ou de mariée, alors que les voiles en
fibres synthétiques seront utilisées dans le prêt-à-porter ou dans
l’ameublement pour la confection de voilages pour fenêtres, par
exemple.

Astuces couture
Le voile est un tissu qui, par définition, est très fin. Son tissage peu serré en fait un tissu très
peu résistant aux coutures. Il est donc recommandé de réaliser toutes les finitions avec des
coutures anglaises.

LE CRÊPE

Le crêpe a plus d’un tour dans son sac ! Son petit secret à lui est bien
caché dans les fils utilisés pour le tisser.

Type d’assemblage : chaîne et trame.

Matières premières : à l’origine, le crêpe était tissé en fil de soie. Très


vite, la laine et le coton se sont invités dans la liste des tissus crêpe.
Aujourd’hui, il existe également beaucoup de tissus crêpe en fibres
artificielles ou synthétiques.

Particularités techniques : les fils utilisés pour le crêpe sont des fils
torsadés à l’extrême et qui ont tendance à se « contracter » (voir p.
51).

Pour quelles cousettes ? Le crêpe a un tombé fluide ou plombant,


selon le grammage et la matière première utilisés. Le tissu crêpe est
très présent dans le vestiaire féminin : blouses, robes, vestes
légères... Il convient bien aux coupes amples et drapées.

Astuces couture
Pour coudre un crêpe fin et fluide, pensez à l’amidonner pour le stabiliser pendant la
coupe et la couture (voir p. 109). Le crêpe peut avoir une légère élasticité grâce à la torsion
importante de ses fils.
LE SEERSUCKER

Voici une toile simple qui combine deux particularités, l’une au


niveau de la couleur, l’autre au niveau de la texture.

Type d’assemblage : chaîne et trame.

Matières premières : généralement le coton.

Particularités techniques : la structure lignée caractéristique du


seersucker provient de ses fils de couleurs et de qualités différentes.
L’effet cloqué ou gaufré du tissu est obtenu soit par alternance de
fils avec des torsions inversées, soit par gaufrage à chaud après
tissage.

Pour quelles cousettes ? Le seersucker est particulièrement


apprécié pour les coutures estivales et décontractées. En effet, sa
surface non uniforme le rend léger et l’air y circule facilement, ce qui
en fait une très bonne protection contre les températures élevées.

Astuces couture
Le seersucker est un tissu facile à coudre, qui peut éventuellement présenter une légère
élasticité du fait de la torsion des fils. Attention, toutefois, au repassage lors de la couture :
un fer trop chaud peut endommager l’aspect gaufré dans le cas d’un gaufrage réalisé à
chaud. Ce tissu se froisse très peu et les vêtements en seersucker ne nécessitent pas de
repassage après leur passage en machine à laver.

DES CLASSIQUES PAS COMME LES AUTRES

Il existe beaucoup d’autres tissus avec une armure simple de type


« toile », mais qui renferment une spécificité qui les rend uniques :

le batiste : cette toile très fine et douce, généralement en


coton ou en lin, possède un aspect légèrement brillant ;
le plumetis (2) : pour cette toile très transparente et légère,
généralement en coton, on ajoute un fil de trame supplémentaire
qui forme des pois en relief à espaces réguliers ;
le fil-à-fil : ce tissu, dérivé du chambray, alterne les fils colorés
et les fils blancs, soit dans les fils de chaîne, soit dans les fils de
trame, ce qui lui donne un aspect chiné ;
la percale : ce tissu léger est réalisé avec des fils de coton très
fins et serrés. On la reconnaît surtout par son apprêt qui lui donne
un aspect lustré, voire brillant, sur l’endroit ;
l’étamine (1) : ce tissu, assez proche du voile mais avec moins
de retords dans les fils, est uniquement fait en coton ou en laine.
C’est un tissu fin, transparent et mou ;
le vichy (3) : pour cette toile de coton classique, on entrecroise
des fils de couleur (généralement une couleur combinée avec du
blanc) en chaîne et en trame pour créer un motif carré
reconnaissable entre mille. Le vichy est généralement une toile à
armure simple.

LA GAZE ET LA DOUBLE GAZE

La gaze, et particulièrement la double gaze, sont deux tissus de plus


en plus en vogue dans la couture actuelle grâce à leur tombé
vaporeux. Mais ces tissus ne sont pas aussi simples qu’ils en ont l’air !
Ils ne sont pas structurés sur la base d’une armure simple comme les
tissus précédents.

Type d’assemblage : chaîne et trame, avec entrecroisement de la


chaîne.

Matières premières : principalement le coton.

Particularités techniques : la gaze est un tissu techniquement


complexe où les fils de chaîne s’entrecroisent pour former un
assemblage à la fois régulier, solide, et très aéré. La double gaze est
constituée de deux épaisseurs de gaze cousues ensemble par des
petits points presque invisibles.
Pour quelles cousettes ? Ces tissus conviennent bien aux vêtements
d’été (robes, blouses, etc.) et à ceux destinés aux bébés ou aux
enfants en bas âge. Le tombé « mou » du tissu en fait un textile idéal
pour les coutures de tous les jours.

Structure de la gaze

Astuces couture
La gaze est très transparente ; la double gaze un peu moins. Elles devront être doublées
pour les robes et les jupes. La gaze, comme la double gaze, est plus solide que le voile, pour
un même poids et un même tombé.

LE SERGÉ, LE DENIM ET LA GABARDINE


Ces tissus partagent un point commun : une armure particulière
reconnaissable aux fines nervures diagonales formées par le
tissage. Le denim (2) et la gabardine (3) sont des dérivés des
tissages de type sergé (1). Ce sont des tissus solides.

Type d’assemblage : chaîne et trame, avec armure sergé (3 fils).

Matières premières : principalement en coton, mais il en existe en


laine et en mélange de fibres synthétiques.

Particularités techniques : ces tissus sont réalisés avec une armure


sergé qui permet un tissage très serré et rend le tissu solide. De plus,
le tissage très serré offre une relative imperméabilité naturelle.
L’armure de la gabardine est encore plus complexe et permet de
faire apparaître des nervures plus marquées, ce qui lui confère une
légère élasticité naturelle. Le denim, lui, est en réalité un sergé dont
les fils de chaîne sont teints à l’indigo et les fils de trame en écru. La
popularité de ce tissu a été incontestablement établie grâce à
l’avènement du jean au début du XXe siècle.

Le saviez-vous ?
Les sergés et les gabardines ont été largement utilisés pour leur imperméabilité, renforcée
par les nervures obliques du tissage qui permettent aux gouttes d’eau de ruisseler
facilement. C’est notamment le tissu des célèbres trench-coats anglais ! Le denim, quant à
lui, a été à l’origine conçu pour fabriquer des vêtements extrêmement solides pour les
mineurs et les ouvriers des champs de coton.

Armure sergé simple

Pour quelles cousettes ? Les sergés et gabardines sont de très bons


alliés pour toutes les coutures de pièces solides : pantalons, vestes
en tout genre, trench-coats, sacs, chapeaux et accessoires. Et bien
sûr, les denims sont utilisés principalement pour les jeans ! L’histoire
du jean et du denim est tellement liée que l’on utilise à tort le terme
« jean » pour nommer le denim.

Astuces couture
Pour rendre vos cousettes aussi solides que ces tissus, faites des coutures rabattues. Il
existe plusieurs techniques pour faire des coutures rabattues. Veillez bien à adapter vos
marges de couture en fonction de la technique choisie.
Par ailleurs, ces tissus épais peuvent facilement faire de la résistance face à une machine
à coudre classique. Voici quelques petites astuces pour passer au travers des épaisseurs :
en premier lieu, utilisez toujours (je dis bien toujours !) une aiguille neuve et adaptée
(taille 90 ou 100) ;
utilisez un petit support (par exemple, un assemblage de carton plié) sous le talon de
votre pied de biche pour l’aider à maintenir l’épaisseur du tissu pendant la couture ;
si votre machine bloque, levez le pied de la pédale et aidez-la en tournant le volant à la
main.

LE JACQUARD

Voilà un tissu dont l’appellation porte à confusion ! En effet,


« jacquard » fait à la fois référence à un type de motif et à un type
de tissu. Il désigne aussi bien le pull avec les motifs en forme de
losange tricoté par votre tantine que le tissu qui sort du métier à
tisser dit « Jacquard », du nom de son inventeur. Mais le motif
jacquard est souvent confectionné en maille et n’a donc rien à voir
avec le métier à tisser du même nom ! Motif jacquard et tissu
jacquard sont donc deux choses différentes, même s’il peut bien sûr
exister des tissus jacquard avec un motif jacquard !

Le saviez-vous ?
Joseph-Marie Jacquard a inventé son métier à tisser en 1796.
Ce métier permet de faire automatiquement des armures complexes grâce à un système à
cartes perforées qui déplace les fils de chaîne en fonction du motif désiré. Auparavant, il
fallait le travail de plusieurs enfants pour produire ces motifs tissés. Joseph-Marie
effectuait lui-même ce travail dès ses 12 ans dans la fabrique de son père, située dans la
région de Lyon. Le métier Jacquard aura beaucoup de mal à se faire accepter, car
l’invention sera accusée de priver les enfants de travail. Joseph-Marie regretta lui-même
les conséquences sociales de son invention, car elle obligea les enfants à travailler dans
d’autres industries, dans des conditions beaucoup plus dures. Il faudra plus de 30 ans pour
que le métier Jacquard soit accepté et propulse la région lyonnaise à la pointe de
l’industrie textile mondiale.
Type d’assemblage : chaîne et trame, avec une armure complexe
pour réaliser un motif, généralement de plusieurs couleurs.

Matières premières : principalement le coton, mais peut-être tissé


avec toutes les fibres et un mélange de fibres.

Particularités techniques : le jacquard est réalisé avec une


technique d’armure complexe qui dessine un motif avec des fils de
chaîne et des fils de trame de couleurs différentes. Le motif peut être
géométrique ou figuratif. Tout est possible avec le jacquard !

Pour quelles cousettes ? Le jacquard est un tissu aux formes


extrêmement variées, mais généralement épais.

Il est utilisé en ameublement, ou bien pour coudre vestes, pantalons


ou accessoires.

Astuces couture
Certains tissus jacquard peuvent être très fragiles en fonction de la complexité du motif.
Aussi, prenez de grandes marges de couture et finissez bien les bordures pour éviter toute
détérioration du tissu.

LE SATIN
Dites « satin » et votre esprit risque de se perdre au beau milieu
d’images de robes de bal et de princesses romantiques ! Mais le
satin a bien plus de choses à vous offrir qu’un tas de froufrous
réfléchissant la lumière ténue des chandelles !

Type d’assemblage : chaîne et trame.

Matières premières : toutes fibres, naturelles, artificielles,


synthétiques et mélangées.

Particularités techniques : l’armure standard du satin consiste à


avoir de longues flottaisons des fils de chaîne entre chaque
croisement avec les fils de trame. Les fils sont donc très peu
entrecroisés. Ce principe fait du satin un tissu lisse (moins de
croisements plus lisse), souple (moins de croisements moins
rigide), et fragile (moins de croisements moins solide). Les satins
de soie ou de polyester sont généralement fluides alors que les
satins de coton sont plus craquants. Attention ! Beaucoup de tissus
« satinés », par exemple utilisés en lingerie, sont en réalité des tissus
en polyester et/ou viscose, traités pour les rendre brillants, souples
et glissants. Techniquement, ces « nouveaux satins » ne sont donc
pas des tissus avec une armure satin.
Pour quelles cousettes ? Les satins ont des tombés très différents en
fonction de la matière première utilisée. On s’en sert pour les
vêtements dont on attend un aspect brillant et luxueux, voilà
pourquoi ils occupent une place de choix dans les garde-robes
féminines. Ce sont aussi les tissus des doublures : on met à profit leur
« glissant » pour faciliter l’enfilage des manches de vestes et jambes
de pantalons.

Structure du satin

Astuces couture
Le satin est, par définition, un tissu fragile. Il est important d’utiliser une aiguille fine et de
réaliser des finitions en coutures anglaises pour éviter qu’il s’effiloche et soit endommagé
au niveau des coutures.

LA FAMILLE DES TISSUS TRICOTÉS


LES TYPES DE TISSUS TRICOTÉS
Le nid d’abeille, le piqué, le gaufré, le molleton gratté, le jersey
jacquard, l’interlock, les bords cotes, etc. sont tous des tissus maille.
Le velours et le tissu éponge peuvent l’être aussi.

Le vocabulaire utilisé pour nommer les tissus tricotés est beaucoup


moins précis. C’est que, pendant très longtemps, les mailles ont été
réservées aux sous-vêtements, donc pas vraiment considérées
comme adéquates pour de vrais vêtements. Et c’est peut-être parce
que les mailles tricotées n’ont pas été sous les feux des projecteurs
pendant des siècles que les appellations sont restées plus vagues :

tous les tissus tricotés sont constitués de mailles, mais le tissu


maille est un tissu spécifique ;
les tissus réalisés avec un fil fin s’appellent « jersey », c’est un
terme générique ;
pourtant, seuls les tissus en maille faits de fils fins assemblés
en points jersey devraient porter l’appellation « jersey » !

Cependant, il existe de grandes catégories assez différenciables


qui rassemblent les tissus tricotés les plus courants. Un peu de
pratique vous permettra de ne plus vous tromper et de choisir la
bonne maille pour le bon projet.

Les principales mailles


LES TISSUS TRICOTÉS
Comment les reconnaître ?
Pour reconnaître un tissu tricoté au premier coup d’œil, repérez ces
caractéristiques :

les colonnes de petits « >>>>>> » formées sur le recto du tissu ;


les bords du tissu ne s’effilochent pas ;
l’élasticité naturelle du tissu dans toutes les directions. La
particularité des tissus tricotés est leur extensibilité naturelle, même
s’ils sont fabriqués avec des fils non élastiques. Celle-ci provient du
pliage du fil lors de la formation de la maille tricotée : il donne
épaisseur et cohésion au tissu sans que le fil soit tendu, sans que la
maille soit serrée. Cette élasticité naturelle peut être renforcée par
l’ajout d’élasthanne dans le fil.
Que coudre avec des tissus tricotés ?
Pour associer le bon patron à un tissu tricoté, il est primordial de
bien mesurer l’élasticité du tissu et de la comparer à l’élasticité
nécessaire à la réalisation du patron. En effet, certains patrons de
couture utilisent la notion d’« aisance négative » pour les tissus
élastiques. Cela signifie que le tissu au repos est plus petit que la
superficie qu’il doit vêtir. Une fois porté, le tissu va se détendre
temporairement pour s’adapter exactement à votre morphologie. Si
vous utilisez un tissu qui n’a pas l’élasticité minimum recommandée,
vous risquez l’effet saucisse : un vêtement moulant manifestement
trop étroit. Alors, soyez vigilante !

Astuces couture
La surjeteuse est la meilleure amie de tous les tissus tricotés : elle coupe et finit votre
bordure en un clin d’œil ! Mais une machine à coudre normale, avec un point élastique
(deux points en avant, un point en arrière) fera aussi très bien l’affaire pour coudre ces
tissus naturellement élastiques.
Étant donné que les bordures ne s’effilochent pas, il n’est pas nécessaire de faire un point
zigzag de finition.
Utilisez toujours une aiguille spécial jersey, en particulier pour les mailles fines, c’est-à-
dire tricotées avec un fil fin.

LA MAILLE

La toute première appellation des tissus tricotés porte déjà à


confusion ! Tous les tissus tricotés sont effectivement faits de mailles,
mais lorsqu’il est question de « maille », on fait référence à un type
de tissu bien particulier qui ressemble à un tricot fait main.

Type d’assemblage : fils tricotés.

Type de fil : un ou plusieurs fils épais.

Matières premières : fibres naturelles, artificielles, synthétiques ou


mélangées.

Pour quelles cousettes ? Ces tissus sont les grands amis des
couturières qui ne tricotent pas. En effet, ils permettent d’assembler
des pièces tricotées de manière industrielle pour en faire des pulls
et des gilets bien plus rapidement qu’avec deux aiguilles à tricoter.

LE JERSEY

Le jersey est le tissu tricoté le plus basique. Et pourtant, on le connaît


très mal ! Le jersey a envahi nos penderies au XXe siècle, car il est très
facile à utiliser et a permis à l’industrie du prêt-à-porter, grâce son
élasticité naturelle, de simplifier les coupes des vêtements. Grâce à
lui, des vêtements aux coupes très simples peuvent ainsi mieux
s’adapter à la morphologie de chacune.

Le jersey est un tissu fin obtenu grâce au tricotage d’une série de


mailles qui sont à l’endroit sur une face du tissu et à l’envers sur
l’autre.

On le reconnaît grâce à ses colonnes de petits « >>>>>> » sur l’endroit


et ses légères vagues sur l’envers. C’est un tissu qui a tendance à
roulotter naturellement sur les bordures.

Le saviez-vous ?
Jadis cantonné aux maillots de corps (mais aussi aux chemisettes et caleçons des années
1950 !), le jersey est devenu le tissu incontournable d’une garde-robe confortable, tout
comme celui des petites robes sexy, moulantes et glamour. Cette ascension fulgurante, le
jersey la doit notamment à Coco Chanel, qui l’utilise abondamment pendant la Première
Guerre mondiale, alors que les usines de production de chaîne et trame sont sous
occupation allemande. Plus tard, Sonia Rykiel imposera le jersey de manière définitive en
utilisant son tombé mou pour sublimer la sensualité du corps féminin. Aujourd’hui, le jersey
est partout !
Type d’assemblage : fils tricotés.

Type de fil : un ou plusieurs fils très fins.

Matières premières : il existe aujourd’hui très peu de jerseys faits


avec 100 % de fibres naturelles (coton et/ou lin). La grande majorité
des jerseys contiennent quelques pourcents d’élasthanne.

Il existe aussi des jerseys de fibres artificielles (bambou, viscose,


etc.) qui ont un tombé plus plombant.

Pour quelles cousettes ? Les jerseys fins permettent de coudre les


très classiques tee-shirts et leggings, mais ils sont aussi parfaits
pour coudre des robes estivales et des blouses légères. Le jersey est
aussi un grand acteur de la lingerie. Du boxer à la culotte, en
passant par la brassière et le soutien-gorge, son confort est sans nul
doute son principal atout !

Structure du jersey
L’INTERLOCK
L’interlock est un jersey tricoté en double épaisseur, envers sur
envers.

C’est donc un tissu qui combine les qualités du jersey et quelques


petites particularités :

il est deux fois plus épais et plus lourd ;


il ne roulotte pas, ce qui constitue un formidable avantage !
la double épaisseur de jersey, tricotée « dos à dos », donne
aux deux faces du tissu une texture identique ;
plus épais que le jersey, il a généralement un tombé plus
« mou ».

Type d’assemblage : fils tricotés en double épaisseur.

Type de fil : fils très fins.

Matières premières : fibres naturelles, artificielles, synthétiques ou


mélangées.

Pour quelles cousettes ? L’interlock peut être utilisé pour coudre les
mêmes types de vêtements que le jersey, mais le vêtement fini sera
plus plombant et plus chaud.
C’est aussi un très bon choix pour coudre des tee-shirts à manches
longues, des sous-pulls, des leggings pour l’hiver, etc.

LE MOLLETON

Le molleton est aussi un dérivé du jersey. Tricoté avec des fils fins,
c’est un jersey sur lequel vient s’ajouter un fil supplémentaire, qui fait
une boucle toutes les trois ou quatre mailles. Ce fil va ensuite être
gratté pour produire le gonflant et la douceur ouateuse des envers
de molletons.

Type d’assemblage : fils tricotés.

Type de fil : plusieurs fils fins.

Matières premières : généralement du coton, mélangé avec


quelques pourcents d’élasthanne.

Pour quelles cousettes ? Ces tissus sont surtout utilisés pour coudre
des sweat-shirts. Mais ils sont aussi un très bon choix pour
confectionner des sarouels ou des pantalons pour bébés et enfants
en bas âge, des robes doudou pour l’hiver, des jupes droites, etc.
Récemment, le molleton s’est aussi invité dans le vestiaire plus strict
des vestes de type « tailleur ».

Structure du molleton

LE VELOURS ET LES TISSUS ÉPONGE : ENTRE


LE CHAÎNE ET TRAME ET LA MAILLE

Le velours (2) est le tissu d’hiver par excellence. C’est un tissu qui se la
joue chic, de l’ameublement à l’habillement, en traversant les modes
et les styles. Mais quel rapport avec le tissu éponge (1), me direz-
vous ? Vous allez comprendre, les deux tissus sont en fait
extrêmement semblables !
Type d’assemblage : chaîne et trame, mais aussi maille.

Matières premières : toutes fibres (naturelles, artificielles,


synthétiques et mélangées). Renseignez-vous sur la matière
première du tissu pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Les
tissus en coton et en polyester ne se comportent pas de la même
façon, n’ont pas le même touché et surtout ne réagissent pas de la
même manière aux odeurs corporelles en fin de journée !

Particularités techniques : il existe plusieurs types de velours et de


tissus éponge, mais le principe de fabrication reste semblable. Le
velours peut se faire soit sur une base tissée, soit sur une base
tricotée. Dans les deux cas, il y aura un ou deux fils supplémentaires
qui formeront les boucles. Dans le cas du velours, ces boucles seront
ouvertes à la fin du tissage ou du tricotage. La manière d’accrocher
ce fil supplémentaire au tissu de base permet de faire du velours
lisse, du velours côtelé ou milleraies, etc. Pour le tissu éponge, les
boucles sont conservées et apparaissent sur une seule ou bien sur
les deux faces du tissu.

Structure du velours et du tissu éponge


Pour quelles cousettes ? Si le tissu éponge reste réservé à la salle de
bain et à la cuisine (serviettes, nécessaire pour bébé, lingettes
lavables, etc.), le velours, lui, se retrouve aussi bien dans
l’ameublement que dans la confection de nombreux vêtements
chauds (pantalons, vestes et accessoires). Mais la mode et le style
n’ont pas de limites, si bien que le velours s’invite aussi dans la
création de robes, de jupes ou de pulls (maille velours).

Astuces couture
Selon la qualité du tissu, le velours peut perdre ses fils de surface et s’user rapidement.
Prenez l’habitude de laver vos velours à l’envers pour préserver le tissu. Et pensez aussi à
bien nettoyer l’intérieur de votre machine à coudre après la couture du velours pour la
préserver aussi !
COMMENT PROGRESSER EN
COUTURE ?
La théorie, c’est bien, mais je pense que vous en avez appris
assez pour le moment, grâce à ce livre. Maintenant, il est temps
pour vous d’expérimenter et de construire des ponts entre
toutes vos nouvelles connaissances. Transformez la théorie en
pratique et faites de votre pratique un art, celui de voir,
toucher, comprendre, choisir, afin de mieux couper, assembler,
coudre, et enfin rayonner du plaisir de porter vos cousettes !
Et si les grandes lignes théoriques peuvent se résumer en un
livre, la pratique, elle, se réinvente chaque jour. Pour vous
guider un peu dans cette démarche créative quotidienne, je
vous propose quatre pistes d’expérimentation pour développer
vos savoirs textiles.
TENEZ UN CAHIER DE TISSUS
Si vous êtes d’un naturel organisé, ce carnet de tissus existe
probablement déjà. Sinon, un brin d’effort et ce sera votre point de
départ pour consigner votre expérience textile :

choisissez un carnet avec du papier au grammage plutôt


rigide. Vous pouvez aussi créer votre propre recueil de tissus en y
dédiant un classeur à anneaux ;
coupez et collez-y un morceau de chaque tissu qui vous
passe entre les doigts. Consignez précieusement les informations à
votre disposition : la date, la provenance, les matières premières, le
grammage, l’élasticité, le nombre de mètres présents dans votre
stock, etc., et donnez-lui un nom s’il n’en a pas encore ;
le cas échéant, n’oubliez pas de noter le projet que vous avez
cousu avec ce tissu, ou bien le nom du patron dont vous avez rêvé
en achetant cette petite merveille.
Grâce à ce carnet, vous pourrez comparer facilement votre gamme
de plus en plus large de tissus, les avoir tous sous la main, sentir
leurs différences de texture, d’épaisseur, de douceur, etc., en un clin
d’œil.

Essayez d’obtenir un carré d’étoffe pour chaque tissu dont nous


avons parlé dans ce livre. Cela vous permettra d’établir une
connexion physique entre ce que vous avez appris et ce que vous
pouvez sentir du bout de vos doigts.

CONFIRMEZ VOTRE COMBINAISON


TISSU/PATRON
Il peut arriver qu’une couturière passe directement de l’image
fantasmée du vêtement parfait au coup de cœur pour le tissu idéal,
sans passer par la case « Renseignements sur le tissu ».

Le processus créatif en couture


Personnellement, ce raccourci m’a menée à quelques déceptions.
Empressement et excitation sont les deux dimensions qu’il faut
maîtriser. Fort heureusement, nous ne sommes pas sur un plateau de
Monopoly® et nous pouvons décider consciemment de passer un
peu de temps sur la case « Renseignements sur le tissu ». Je sais que
toutes les cellules de notre corps peuvent nous pousser à couper
précipitamment notre précieux tissu, car nous sommes souvent, à ce
moment-là, emplies de confiance suite à une vision fulgurante de
l’association parfaite tissu/patron… Mais c’est justement à ce
moment précis qu’il faut prendre un peu de temps pour vérifier
quelques informations afin de ne pas atterrir sur la case finale
« Déception ».

Voici une méthode en deux étapes pour confirmer votre


combinaison tissu/patron :

d’abord, cherchez un patron indépendant qui a la même


coupe, la même allure, le même niveau de détail et de finition que
votre projet. Dans la majorité des cas, les créatrices de patrons
indiquent une série de tissus recommandés ;
dans un second temps, sur la base de cette première collecte
d’informations, partez à la pêche aux preuves. Par exemple, une
petite robe lambda peut se coudre soit en double gaze, soit en
popeline, mais le rendu sera complètement différent ! Les photos de
projets finis confirmeront vos choix.

Ces précieuses informations sont très souvent disponibles sur les


sites de vente en ligne de patrons et sur les réseaux sociaux.
Moyennant quelques efforts de recherche sur la Toile, vous pourrez
facilement confirmer vos choix et vous assurer la réussite de vos
projets de couture.

INSPIREZ-VOUS DU PRÊT-À-PORTER
Il n’y a pas que le petit monde de la couture dans la vie ! Le prêt-à-
porter reste un incroyable réservoir d’inspiration et d’information. Il
est le résultat du travail de professionnels qui mettent à votre
disposition gratuitement des milliers d’exemples possibles.

Lorsque vous allez dans un magasin, touchez les tissus, analysez


leur tombé et observez la manière dont la coupe et l’élasticité sont
utilisées pour créer une silhouette particulière. Les créateurs de
vêtements choisissent, comme vous, des tissus précis pour
confectionner certains types de vêtements. L’épaisseur, la rondeur,
la rugosité et la texture du tissu ont une importance pour créer un
look spécifique.

Ne vous arrêtez pas au tombé des tissus et à vos premières


impressions. Lisez les étiquettes pour habituer votre œil et vos
doigts à reconnaître les matières premières et les textures. Est-ce de
la viscose ou du polyester ? Est-ce que ce denim est en coton ou un
mix polyester/coton/élasthanne ? Si les tissus que nous achetons
manquent cruellement d’informations sur leurs matières premières,
les vêtements, au contraire, sont tous étiquetés avec une très
grande précision.

Je n’achète plus de vêtements depuis que je me suis lancée corps et


âme dans la couture. Cependant, je continue à pousser la porte des
magasins pour accompagner une amie, conseiller mon homme, ou
simplement par curiosité. Je passe toujours un peu de temps à
regarder les étiquettes pour confirmer mes sensations premières.

Prenez des notes et profitez de l’incroyable variété que vous offre le


prêt-à-porter pour aiguiser votre œil et vos doigts !

POSEZ DES QUESTIONS DANS VOS


MERCERIES
Enfin, mon dernier conseil pour tisser un lien solide entre vous et les
tissus est assez basique : posez des questions dans les merceries.

Demandez aux vendeurs des détails sur les tissus, leur provenance,
les matières premières utilisées.

Interrogez-les sur la différence de tombé, d’épaisseur et de prix


entre deux tissus.

Faites-vous conseiller, décrivez le projet que vous avez en tête et


demandez quel tissu serait idéal pour le coudre.

À l’inverse, vous pouvez aussi demander quoi coudre avec un tissu


qui vous a séduite.

Les personnes à qui vous achetez du tissu sont des professionnels.


Ils partagent la même passion que vous et en ont fait leur métier. Ils
ont beaucoup d’informations et d’expérience à vous donner sur
leurs étoffes, alors, faites-leur confiance !
ANNEXE
Ma recette pour amidonner un tissu fluide
Pour 1 à 2 mètres de tissu fluide.

1. Mélangez une grande 2. Mélangez jusqu’à obtenir un


cuillerée à soupe de Maïzena liquide homogène et
dans 0,5 litre d’eau chaude. légèrement translucide.

3. Option 1 : pulvérisez ce Option 2 : dans un grand


mélange sur votre tissu à l’aide saladier, diluez ce mélange
d’un vaporisateur. dans 1 litre d’eau chaude et
faites-y tremper votre tissu.

4. Faites sécher le tissu


complètement à plat et sans 5. Après la couture, rincez votre
déformation. cousette à l’eau claire pour que
le tissu retrouve toute sa
fluidité.
L'AUTRICE

Je suis Rebecca Deraeck, créatrice de la marque de tissu


biologique Mars-ELLE (www.mars-elle.com).

J’ai toujours adoré les tissus. Bien avant de tomber en amour avec la
couture, l’infinité des textiles me fascinait. J’aimais les faire glisser ou
crisser sous mes doigts, comparer leurs tombés, comprendre leurs
structures, admirer leurs couleurs et écouter les histoires que
racontent leurs motifs.

Mais cette fascination pour les textiles serait restée anecdotique si


je ne m’étais pas entaillé l’orteil en trébuchant sur la vieille machine
à coudre de ma grand-mère. Cette violente rencontre m’a
propulsée dans un autre univers : un univers rempli de liberté et de
la fierté de transformer mes rêves en vêtements uniques. La couture
a illuminé mon quotidien d’ingénieure mécanicienne et a décuplé
ma fascination pour les tissus !

Depuis 2018, j’ai fait de cette fascination mon métier. Je ne trouvais


pas de tissu respectueux de l’environnement qui me fasse vibrer : les
textiles durables sont trop souvent « passe-partout ». Mais comme
j’ai aussi besoin d’un brin de folie et de lumière dans mes coutures,
j’ai décidé de créer des tissus qui allient plaisir et écologie !

À travers ce livre, je suis heureuse de partager avec vous une partie


de mes connaissances des coulisses de l’industrie textile. Mieux
comprendre comment vos tissus d’amour sont fabriqués vous
permettra d’en tirer le meilleur parti, de réussir plus sûrement vos
coutures, et de les porter avec bonheur et fierté.
REMERCIEMENTS
Merci à Yves qui a accepté que notre salon se métamorphose
régulièrement en atelier de couture, que nos vacances soient
ponctuées de visites de salons textile ou d’usines de production, et
que nos conversations évoquent davantage la différence de tombé
entre popeline et batiste que la météo du lendemain.

Merci à Fabiana, Charline et Anne qui sont toujours présentes pour


discuter de mes doutes, de mes questions et de mes blocages.
Parce que créer une marque de tissu bio et écrire un livre, ce n’est
pas toujours un long fleuve tranquille, votre soutien au quotidien
m’est extrêmement précieux.

Enfin, je remercie toutes les bloggeuses couture qui partagent


généreusement leur savoir-faire sur la toile. C’est grâce à leurs
tutoriels et autres pas-à-pas que j’ai appris la couture. Pour la
transmission de cette passion et de ce superpouvoir, je leur suis
infiniment reconnaissante !
PAGE DE COPYRIGHT
Direction : Guillaume Pô
Direction éditoriale : Tatiana Delesalle
Édition : Mélanie Jean
Suivi éditorial : Annabelle Biau-Weber
Direction artistique et couverture : Sylvaine Beck
Création graphique intérieure et mise en pages : Studio Blick
Photos : Rebecca Deraeck

Fabrication numérique :
ISBN papier : 9782317019180
ISBN numérique : 9782317024849
Dépôt légal : août 2020

© Mango, Paris, 2020


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