Impact Des Modèles de Comportement Sur La Modélisation Des Ouvrages Souterrains

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18ème Congrès Français de Mécanique Grenoble, 27-31 août 2007

Impact des modèles de comportement sur la modélisation des ouvrages


souterrains

Yousef HEJAZI, Daniel DIAS & Richard KASTNER

INSA de Lyon
LGCIE Site Coulomb 3
69621, Villeurbanne, France
[email protected]

Résumé :

La prédiction des tassements en surface étant un élément clé lors de l’exécution des travaux souterrains
en milieu urbain, il est donc nécessaire d’utiliser des lois de comportement adaptées au calcul des
ouvrages géotechniques en phase de service.
Dans cet article, des modèles de comportement à différents niveaux de complexité sur des argiles
surconsolidées sont mis en oeuvre. L’étude ne repose pas sur un chantier réel mais les paramètres
mécaniques sont déduits d’essais triaxiaux puis utilisés pour la modélisation du creusement d’un tunnel
peu profond en déformations planes. L’impact des modèles de comportement est ainsi mis en évidence sur
les déplacements au sein du massif.

Abstract :

The prediction of the surface settlements is a key element during the execution of an underground
work, it is thus necessary to use adapted constitutive models to the design of the underground works
during their use.
In this article, constitutive models at various complexity levels on overconsolidated clays are
used. The study does not present a real site but the mechanical parameters are deduced from triaxial
compression tests and then used for the modeling of the excavation of a shallow tunnel in plane strain.
The impact of the constitutive model is thus highlighted on displacements within the soil.

Mots-clefs : Modèles de comportement ; modélisation numérique ; ouvrages souterrains

1 Introduction

En milieu urbain, l’estimation de l’influence du creusement d’un tunnel sur les bâtiments
avoisinants est un aspect économique et environnemental important. En effet, la perte de
volume en tunnel se répercute en surface, créant des mouvements de sol susceptibles d’affecter
de manière plus ou moins importante les structures en surface.
L’interaction entre les structures existantes et les ouvrages souterrains est un phénomène
complexe où le comportement du massif environnant représente un des aspects du problème de
creusement. Toutefois, un modèle réaliste pour le sol est un élément essentiel afin de prévoir les
magnitudes et la distribution des déformations.
Le modèle de comportement fréquemment utilisé lors de la simulation numérique du
creusement des ouvrages souterrains est élastique linéaire parfaitement plastique avec un critère
de rupture de type Mohr-Coulomb. En général, son utilisation conduit à des cuvettes de
tassement moins profondes et plus larges que celles observées expérimentalement. Afin de
prendre en compte certains des aspects fondamentaux du comportement des sols tels que la
dilatance avant rupture, la variation du module en fonction de l’état de contrainte, un module en

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déchargement différent de celui en chargement, il convient donc d’utiliser un modèle


élastoplastique avec écrouissage isotrope. Pour une analyse des tassements, il apparaît
également nécessaire de tenir compte de la variation du module des sols à faible déformation.
Afin de mieux modéliser le comportement de l’argile surconsolidée lors de creusement des
tunnels, Boháč et al. (2002), Mašín et Herle (2005) et Addenbrooke et al. (1997) étudient
l’influence de l’utilisation des différentes lois de comportement à différents niveaux de
complexité comprenant le radoucissement (après le pic), la non linéarité avant rupture ou encore
l’anisotropie sur les déformations autour des tunnels. Ils mettent tous l’accent sur l’importance
de la prise en compte de la non linéarité du terrain dans les modèles numériques.
Dans cet article, trois modèles de comportement sont mis en œuvre dans une simulation
bidimensionnelle de creusement d’ouvrage souterrain en déformations planes : un modèle
élastique linéaire parfaitement plastique (modèle de Mohr-Coulomb), un modèle élastoplastique
avec écrouissage isotrope (Hardening Soil Model, Schanz et al., 1999) et une évolution de ce
modèle prenant en compte l’évolution du module de cisaillement en fonction du niveau de
déformation (Hardening Soil Small, Plaxis, 2006). L’étude se base sur les résultats des essais
triaxiaux représentant une argile surconsolidée (Gasparre, 2005), elle est ensuite appliquée à un
creusement de tunnel peu profond. L’influence du modèle choisi est mise en évidence en terme
de tassements et de déplacements horizontaux.

2 Modèles de comportement

Les lois de comportement utilisées dans les modélisations sont brièvement décrites :

2.1 Modèle de Mohr-Coulomb (MC)


Pour la modélisation de l’élasticité linéaire parfaitement plastique, on utilise le modèle de
Mohr-Coulomb avec ses cinq paramètres : les paramètres élastiques, E (module d’Young) et ν
(module de Poisson), et les paramètres plastiques ϕ (angle de frottement interne), c (cohésion),
et ψ (angle de dilatance).

2.2 Modèle Hardening Soil Model (HSM)


Le modèle HSM, dérivé du modèle hyperbolique de Duncan-Chang (1970) car il en
reprend, en les améliorant, les formulations hyperboliques et est adapté à tous les types de sols.
La surface de charge est décrite par deux mécanismes avec écrouissage isotrope contrôlant
respectivement les déformations volumiques et déviatoriques (Figure 1).

FIG. 1 – Relation contrainte/déformation et surface de charge (d’après Schanz et al., 1999).

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Les paramètres d’entrée sont :


- les paramètres de résistance ϕ, c, et ψ.
ref ref
- la rigidité du sol est définie par les paramètres E50 caractérisant le cisaillement, Eoed
qui contrôle le comportement volumique et Eurref le module de déchargement-
rechargement, avec un paramètre m de type Janbu (1963) qui contrôle la dépendance
contrainte/rigidité selon une fonction de puissance.
La description complète du modèle est donnée par Schanz et al. (1999).

2.3 Hardening Soil model with small-strain stiffness (HSsmall)


Le modèle HSsmall est une évolution du modèle HSM. Cette modification prend en
compte l’évolution du module de cisaillement en petites déformations. A faible niveau de
déformations (< 10-5), les sols possèdent une rigidité plus élevée que celle couramment utilisée
pour dimensionner les ouvrages qui est déduite d’essais triaxiaux classiques (niveau de
déformations > 10-3). Cette rigidité en cisaillement se dégrade d’une façon non linéaire avec les
déformations. Ce comportement est décrit par le modèle HSsmall en utilisant deux paramètres
supplémentaires : G0 , le module en petites déformations et γ 0.7 , le niveau des déformations où
le module de cisaillement est réduit à 70% de sa valeur initiale.

3 Calage des paramètres

Les simulations sont basées sur une compagne intensive d’essais en laboratoire et in situ.
Ces expérimentations permettent de caractériser l’argile surconsolidée de Londres (Gasparre,
2005). Les échantillons retenus concernent l’exécution du Terminal 5 de l’aéroport de Heathrow
(Londres). Selon la coupe géologique de cette zone, on distingue la lithographie suivante : une
couche de graviers pouvant aller jusqu’à 2.5 m de profondeur. Au-dessous de cette couche, se
trouve une couche d’argile dont on peut distinguer trois unités lithologiques différentes. Afin de
simplifier le modèle, on ne prend en compte qu’une seule couche dont les paramètres
représentent une argile moyenne. La figure 2 montre la dégradation du module d’Young en
fonction du niveau des déformations axiales pour les deux échantillons dont les profondeurs
sont 18 m et 20 m respectivement. Cette figure montre également les courbes numériques
correspondantes aux paramètres retenus pour les modèles de comportements cités dans le
paragraphe précédent. Les chemins de contraintes suivis sont donnés par Gasparre 2005. Les
paramètres retenus pour les trois modèles de comportement sont donnés dans le tableau 1. A 73
m de profondeur se trouve le substratum.
160
essai 1
essai 2 140
MC 120
HSM
E (MPa)

100
HSsmall
80
60
40
20
0
1,E-05 1,E-04 1,E-03 1,E-02 1,E-01
Déformations axiales

FIG. 2 – Calage des paramètres des différents modèles à partir des essais triaxiaux.

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Tableau 1 – Les paramètres retenus pour les trois modèles de comportement


C ϕ ψ E E50ref ref
Eoed Eurref G0 γ 0.7
Modèle ν m
kN/m2 (°) (°) kN/m2 kN/m 2
kN/m 2
kN/m 2
kN/m2
MC 7 20,5 4,81 0,28 31×103 - - - - - -
HSM 7 20,5 4,81 0,28 - 32,5×103 32,5×103 97,5×103 0,5 - -
HSsmall 7 20,5 4,81 0,28 - 32,5×103 32,5×103 97,5×103 0,5 65×103 10-4

4 Simulation numérique

La simulation numérique du creusement d’un tunnel peu profond a été effectuée à l’aide du
code de calcul en éléments finis Plaxis2D, un modèle en déformations planes a été créé. La
nappe phréatique se situe à 2.5 m de profondeur. L’étendue du maillage (figure 3) est de 100 m
de longueur et le tunnel est situé à H = 53,75 m du substratum (profondeur supposée constante).
Le tunnel est circulaire et son diamètre est de D = 7,7 m. La hauteur de couverture pour le calcul
de référence est de 2D.

FIG. 3 – Géométrie et maillage en éléments finis.

Karakus (2007) compare différentes façons d’aborder les effets d’un creusement
tridimensionnels dans un modèle bidimensionnel, il conclue que la méthode convergence-
confinement (Panet, 1995) permet d’obtenir une bonne estimation de la cuvette de tassement.
La détermination de la convergence du massif au moment où le soutènement devient efficace,
c’est-à-dire au moment où il commence à exercer une pression de soutènement pour s’opposer à
la convergence, est une démarche essentielle de la méthode convergence-confinement (Panet,
1995). Le choix de la valeur correspondante du paramètre de déconfinement λd constitue une
des difficultés de l’application de la méthode convergence-confinement. La valeur adoptée pour
le calcul de référence est de 35%.
La simulation numérique se fait ainsi en deux phases :
- désactivation du terrain excavé en appliquant simultanément un taux de déconfinement λd
sur les pourtours de l’excavation,
- activation du soutènement et déconfinement total.
Autour du calcul de référence, des calculs supplémentaires ont ensuite été effectués pour obtenir
l’influence de divers paramètres :
• le modèle de comportement (MC, HSM et HSsmall) ;
• la hauteur de recouvrement au-dessus de la clé du tunnel de 1D à 5D ;

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5 Résultats de la modélisation

5.1 Calcul de référence (H = 2D et λd = 35%)


Les cuvettes de tassement ainsi que les déplacements horizontaux correspondants (suivant la
coupe A-A – figure 3) résultants des simulations numériques sont présentés sur la figure 4.
Distance de l'axe du tunnel (m)
Déplacement horizontal (m)
0 20 40 60 80 100 -0,025 -0,02 -0,015 -0,01 -0,005 0
0 0

-5
-0,001
Tassement en surface (m)

Profondeur (m)
-10
-0,002
MC -15

-0,003 HSM -20


HSsmall
-25
-0,004
MC
-30
HSM
-0,005 HSsmall -35

-0,006 -40

(a) (b)

FIG. 4 – (a) Tassement en surface; (b) Déplacements horizontaux suivant un inclinomètre 1D


loin de l’axe. – (Calcul de référence)

L’impact du modèle de comportement se manifeste par une différence de réponse en terme de


mouvements. Malgré une extension longitudinale de maillage conséquente, on remarque qu’en
utilisant le modèle MC, on observe encore des tassements (figure 4a) à 100 m de l’axe, ce qui
semble irréaliste. Ce problème peut être justifié par le fait que même dans les zones de faibles
déformations, le module de cisaillement dans le modèle MC soit constant. Le modèle basé sur
une rigidité plus élevée en petites déformations s’approche le plus des observations
expérimentales (cuvette de tassement plus profonde et moins large, Addenbrooke et al., 1997) à
l’inverse du modèle Mohr-Coulomb qui induit une cuvette qui ne correspond pas à l’équation de
Gauss. On observe également 40% de différence entre le tassement maximal estimé par le HSM
et le HSsmall, ce qui montre l’importance de la prise en compte de la variation du module de
cisaillement.
En ce qui concerne le déplacement horizontal au niveau du centre de tunnel (figure 4b), HSM
fournit un déplacement 65% plus grand que celui prédit par HSsmall. Toutefois, le modèle MC
s’éloigne des deux modèles avec une valeur 290% plus élevée que celle observée par HSsmall
modèle.

5.2 Etude de sensibilité


Pour évaluer l’influence du recouvrement au-dessus de la clé sur les déplacements, des calculs
ont été effectués pour λd = 35% et une couverture variable entre 1D et 5D (figure 5). Suivant le
modèle MC, on observe un soulèvement pour les faibles profondeurs (<1,5D). Puis pour une
hauteur de couverture supérieure à 1,5D, on observe que le tassement augmente avec la
profondeur, ce qui semble irréaliste. En effet, les effets voûte autour d’un tunnel limitent la
propagation des mouvements en surface c’est donc le phénomène inverse qui aurait du être
observé. A l’inverse de MC, les deux autres modèles prédisent des tassements qui décroissent
avec la profondeur tout en conservant une différence importante (55%).

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Couverture (D)
1 2 3 4 5

0,001

-0,001

Tassement maximal (m)


-0,003

-0,005

-0,007

-0,009
MC
-0,011 HSM
-0,013 HSsmall

-0,015

FIG. 5 – Influence de la profondeur sur les tassements en surface.

6 Conclusions et perspectives

L’analyse paramétrique menée dans cette communication permet de mettre en évidence


l’influence du choix de la loi de comportement sur la simulation d’un ouvrage souterrain dans
une argile surconsolidée. Cet article montre que l’utilisation d’un modèle de comportement
adapté au problème du creusement d’un ouvrage souterrain (qui comprend la non linéarité et la
rigidité en très petites déformations) améliore sensiblement la prédiction des déplacements
autour de l’ouvrage.
Ce travail doit encore être complété par une étude de l’incidence du taux de déconfinement
et des modèles de comportement basés sur le modèle Cam-Clay (Mašín et Herle, 2005). La
comparaison à des résultats expérimentaux sur un ouvrage réel permettra également de mettre
en évidence les phénomènes importants à prendre en compte dans la modélisation du
creusement d’un ouvrage souterrain.

Références

Addenbrooke, T. I., Potts, D. M. & Puzrin, A. M. 1997. The influence of pre-failure soil
stiffness on the numerical analysis of tunnel construction. Géotechnique 47(3), pp. 693-712.
Boháč, J., Herle, I. & Mašín, D. 2002. Stress and strain dependent stiffness in a numerical
model of a tunnel. Proc. 2nd Int. Conférence on Soil Structure Interaction in Urban Civil
Engineering. Zurich, Switzerland, pp. 357-364
Duncan, J. M. & Chang, C. Y. 1970. Nonlinear analysis of stress and strain in soil. J. Soil Mech.
Found. Div. ASCE96, pp. 1692-1653.
Gasparre, A. 2005. Advanced laboratory characterisation of London clay. PhD Thesis, Imperial
College London. 598 pp.
Janbu, N. 1963. Soil compressibility as determined by oedometer and triaxial tests. European
conf. on soil mechanics and foundation engineering. Wiesbaden, Germany, Vol. 1, pp. 19-25.
Karakus, M. 2007. Appraising the methods accounting for 3D tunnel effects in 2D plane strain
FE analysis. Tunnelling and Underground Space Technology. 22 (2007) pp. 47-56.
Mašín, D. & Herle, I. 2005. Numerical analyses of a tunnel in London clay using different
constitutive models. Proc. 5th Int. Symposium TC28 Geotechnical Aspects of Underground
Construction in Soft Ground, Amsterdam, The Netherlands, pp. 595-600.
Panet, M. 1995. Le calcul des tunnels par la méthode convergence-confinement. Presses de
l’ENPC, Paris.
Plaxis, 2006. Finite Element Code for Soil and Rock Analyses, 2D version 8.4. Material Models
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Schanz, T., Vermeer, P. A. & Bonnier P. G. 1999. Formulation and verification of the
Hardening-Soil Model. Beyond 2000 in Computational Geotechnics, Balkema, Rotterdam,
pp. 281-290.

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