Deuil
Deuil
Deuil
internationales
vol. 34 - n°2 et 3 | 2018
La santé mentale en migrations internationales
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/remi/10930
DOI : 10.4000/remi.10930
ISSN : 1777-5418
Éditeur
Université de Poitiers
Édition imprimée
Date de publication : 1 octobre 2018
Pagination : 159-186
ISBN : 979-10-90426-62-7
ISSN : 0765-0752
Référence électronique
Cyrille Kossigan Kokou-Kpolou, Daniel Mbassa Menick, Charlemagne Simplice Moukouta et Élodie
Gaëlle Ngameni, « Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques auprès d’une
population d’immigrés ouest-africains en Europe », Revue européenne des migrations internationales [En
ligne], vol. 34 - n°2 et 3 | 2018, mis en ligne le 01 janvier 2021, consulté le 07 décembre 2022. URL :
http://journals.openedition.org/remi/10930 ; DOI : https://doi.org/10.4000/remi.10930
Introduction
Le deuil d’un être aimé est l’un des événements de vie difficiles à vivre
(Bonnano, 2004 ; Holmes et Rahe, 1967 ; Rando, 1993). En général, il s’accom-
pagne de perturbations transitoires au niveau biopsychosocial chez la personne
endeuillée. Mais faute de ressources intra et interpersonnelles adéquates,
ces perturbations peuvent devenir sévères et chroniques. Plusieurs concepts
désignent ce syndrome : deuil compliqué (Prigerson et al., 1995), deuil complexe
persistant (DSM-55, APA, 2013), deuil prolongé (CIM-116, Maciejewski et al., 2016).
Le deuil compliqué est caractérisé par des sentiments de choc, de tristesse, de
colère persistante, par des difficultés à accepter la perte, par la détérioration de
sa vie sociale et professionnelle au-delà d’une période moyenne de six mois.
Selon plusieurs études, 10 à 25,4 % de la population générale seraient confrontés
au deuil compliqué (Lundorff et al., 2017 ; Newson et al., 2011). Cette prévalence
varie considérablement. Craig et al. (2008) ont trouvé dans une population de
réfugiés aux États-Unis que cette prévalence était de 54 %. Ce qui indique que
dans le contexte migratoire, le deuil revêt davantage une charge potentiellement
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Cyrille K. Kokou-Kpolou, Daniel Mbassa Menick, Charlemagne S. Moukouta et Élodie G. Ngameni
Contextualisation de l’étude
Pays francophone ouest-africain, le Togo forme une bande étirée entre le
Ghana à l’ouest et le Bénin à l’est. Il est bordé au sud par l’Océan Atlantique
(le golfe de Guinée) et limité au nord par le Burkina Faso. D’un point de vue
historique, le Togo et le Cameroun sont les deux pays de l’Afrique qui ont
connu successivement une triple domination coloniale : allemande, anglaise7
et française (Gayibor, 2011). L’histoire du Togo avant et après l’indépendance
en 1960 est marquée par des tensions et des violences politiques, notamment
au cours des périodes électorales (Améganvi, 2011 ; Sarkin et Tetevi, 2017). Ces
tensions et ces violences politiques, accompagnées de leur lot de perte en vies
humaines, d’arrestations arbitraires, de torture physique et morale et des persé-
cutions politiques, étaient à l’origine de trois grandes vagues d’exil (Rapport
Commission Vérité, Justice et Réconciliation, 2012). La première vague d’exil
est consécutive aux violences qui ont suivi la première élection présidentielle
en 1958. La deuxième vague est intervenue au début des années 1990, dans le
contexte des mouvements de démocratisation marqués entre autres par des
élections législatives (1991 à 1999) et présidentielles (1998) contestées. Enfin,
la dernière vague d’exil est intervenue à la suite à l’élection présidentielle de
2005, violemment réprimée et marquée par de nombreuses pertes en vies
humaines (500 selon les Nations unies, 1 000 selon les sources locales ; voir
Rapport Commission Vérité, Justice et Réconciliation, 2012). Le Togo compte
7 millions d’habitants dont 60 % sont âgés de moins de vingt-cinq ans. Il n’y a
pas de données statistiques sur le nombre de réfugiés togolais, mais la diaspora
togolaise est estimée à environ 1 500 000 de migrants, soit environ un quart de
la population générale. Il n’existe pas non plus à notre connaissance des études
dans le champ de la psychopathologie ayant porté sur cette catégorie de la
population.
7 Après la Grande Guerre, le Togo fut placé sous mandat de la Société des Nations avec
deux tutelles : l’une «Togo français » et une autre à l’ouest « British Togo ». Cette adminis-
tration franco-anglaise fut soldée par le partage du territoire : deux tiers du territoire à la
France et un tiers au Royaume-Uni.
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Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques
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plusieurs études (e.g., Bhugra et Gupta, 2011 ; Carswell et al., 2011 ; Carta et al.,
2005 ; Craig et al., 2008 ; Levecque et Van Rossem, 2015 ; Missinne et Bracke,
2012 ; Pumariega et al., 2005). Par exemple, l’étude de Missinne et Bracke (2012)
menée dans vingt-trois pays européens a examiné le lien entre les symptômes
dépressifs et certaines catégories de population : les migrants et les minorités
ethniques. Au rang des pays ouest européens, les migrants en France et aux
Pays-Bas avaient manifesté un niveau élevé de symptômes dépressifs comparé
aux « autochtones ». Concernant l’ensemble des pays enquêtés, lorsque l’effet
cumulé du sexe, de l’âge et de la présence du partenaire de vie conjugale est
contrôlé, les migrants de la première génération sont plus vulnérables aux
risques des symptômes dépressifs. Les résultats ont aussi montré que les
migrants moins scolarisés, les sans-emplois, les migrants ayant des difficultés
financières étaient enclins aux symptômes dépressifs. Dans une autre étude
récente menée dans vingt pays européens, Levecque et Van Rossem (2015) ont
examiné le lien entre l’intégration des immigrés européens et non européens
(premières et deuxièmes générations) et la dépression. Cette étude a confirmé
les résultats de l’étude de Missinne et Bracke (2012). Cependant, ils n’ont pas
observé que les immigrés des pays comme la Belgique, la France, le Pays-Bas
étaient plus enclins à la dépression, mais c’étaient plutôt les immigrés des pays
de l’Europe de l’Est. Carta et al. (2005) ont, quant à eux, effectué une revue des
études menées en Europe, ayant examiné le lien entre les déterminants associés
à l’immigration et la santé mentale des migrants. Cet examen de la littérature a
permis de montrer qu’outre les facteurs liés à l’émigration, les difficultés d’accès
aux services de soins, le deuil d’un parent proche constitue un des facteurs stres-
sants associés à des troubles psychiques chez les migrants.
Dans une étude réalisée auprès des réfugiés cambodgiens aux États-Unis,
le deuil d’être aimé a reçu une attention particulière (Hinton et al., 2013a). Il
s’agit des réfugiés ayant survécu au génocide de Pol Pot et dont l’élaboration
des traumatismes et des deuils était difficile. Les participants avaient rapporté
plusieurs types de deuils à la fois, vécus lors de ce génocide : deuil d’un frère
ou d’une sœur, le deuil d’un parent et le deuil d’un enfant. Les résultats ont
montré que 76 % des participants avaient manifesté des souvenirs douloureux
au cours du mois précédent l’enquête. Ces souvenirs étaient fortement associés
à la détresse émotionnelle et somatique ainsi qu’à la sévérité du trouble de
stress post-traumatique. Ces souvenirs douloureux et traumatiques étaient
souvent revécus à travers des rêves. Les participants avaient perçu ces morts
comme une « mauvaise mort », faute de supports rituels adéquats pour donner
un sens à ces morts. Hinton et al. (2013a) ont ainsi proposé de prendre en
compte des éléments anthropologiques, notamment les rituels de deuil pour
mieux expliquer le processus du deuil d’être cher dans le contexte migratoire.
Rappelons que la question sur les bénéfices psychologiques des rituels de deuil
a été largement abordée dans la littérature. Les résultats des travaux empiriques
qui y ont été consacrés, surtout en 1970 et 1990 restent mitigés (e.g., Bolton et
Camp, 1987 ; Euster, 1991 ; Thomas, 1985).
Comme il nous est donné de le constater, peu d’études ont examiné le lien
entre le deuil et la santé mentale en situation migratoire. En France, il existe
quelques travaux basés sur des cas cliniques qui ont élucidé les difficultés
dans la prise en charge des deuils pathologiques chez les migrants africains
(Kokou-Kpolou et al., 2016 ; Moukouta et al., 2016). Ces difficultés s’expliquent
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Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques
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ont souligné que le deuil d’un parent ou d’un proche parent décédé dans le
pays d’origine était ressenti comme une tragédie et vécu avec appréhension et
inquiétude. Ces migrants étaient souvent les premiers à être informés du décès,
à cause des espoirs placés sur eux en ce qui concerne l’organisation financière
des funérailles. Ceux d’entre eux qui étaient dans l’impossibilité de participer
aux cérémonies funéraires au pays d’origine avaient organisé des « bricolages
rituels »8 afin de tenter d’apaiser leur chagrin. Ces rituels renégociés consistaient
notamment en une mini-veillée funèbre sans dépouilles mortelles du parent
décédé, rythmée par des prières et des chants religieux pour le repos du défunt.
À la suite de Thomas (1985), on peut penser que ces veillées sans corps du
défunt ne permettent pas toujours une bonne séparation d’avec le mort. Elles
laisseraient un sentiment d’inachevé fortement culpabilisant. Dans leur étude,
Rachédi et al. (2016) ont fait deux suggestions intéressantes à partir des enjeux
autour de la mort et du deuil chez les familles immigrantes au Québec. Ces
auteures ont suggéré d’appréhender l’expérience du deuil chez les migrants
non exclusivement sur le plan psychopathologique, mais aussi de prendre en
compte l’implication des pratiques et savoirs cultuels (religieux ou non), souvent
renégociés et transformés dans le cadre de l’immigration pour répondre au
besoin et à la quête de sens à la mort d’un des leurs. Elles ont aussi suggéré de
prendre en considération les réseaux d’entraide, au niveau local et/ou transna-
tional qui joue un rôle de support social lors des événements de vie majeurs.
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Méthode et matériels
Notre démarche empirique a utilisé des méthodes mixtes : quantitative et
qualitative. Dans un premier temps, nous avons collecté et analysé les données
quantitatives. Afin d’approfondir ces données, nous avons mené, dans un
deuxième temps, quatre entretiens exploratoires. Cette approche combinatoire
est ce que Creswell et Plano Clark (2007) appellent une modélisation explicative.
Participants et procédure
Les participants à l’étude ont été recrutés à travers trois associations togo-
laises dont nous avons pris connaissance et dont les membres tiennent des
rencontres régulières. Deux de ces associations sont localisées France et une
en Belgique. Nous avons défini cinq critères de sélection. Tout d’abord, le décès
devait concerner un parent ou un proche parent, car c’est ce type de deuil qui
requiert essentiellement une implication rituelle (Eisenbruch, 1984b). Nous
n’avons pas pris en compte le deuil du conjoint ou le deuil d’un enfant dont la
ritualisation en Afrique en général et au Togo en particulier est plus complexe.
Ensuite, le décès devait remonter à six mois au moins de la date de l’enquête
(Prigerson et al., 1995, 2009)9. Ensuite, les participants devaient être immigrés
de première génération. Ce qui suppose qu’ils ne devaient pas être nés dans
le pays d’immigration, d’un ou de parents immigré(s). En outre, ils devaient
avoir résidé au moins douze mois dans le pays d’arrivée. Car, en général, il
s’agit d’une période moyenne au terme de laquelle le statut de réfugié est
régulièrement obtenu. Enfin, dernier critère, un consentement éclairé était
nécessaire pour participer à l’étude. Pour ce faire, nous avons envoyé une lettre
aux présidents des associations, présentant l’objectif et l’intérêt de l’étude. Les
membres déclarés volontaires et ayant rempli les critères de sélection ci-dessus
mentionnés ont constitué l’échantillon de l’étude. La passation des question-
naires et la collecte des données ont couvert une période de cinq mois, de
juillet à novembre 2015. Au total, quatre-vingt-quatorze questionnaires ont été
distribués dont quatre-vingt-deux ont été remplis et collectés. Nous en avons
exclu huit qui comportaient plusieurs données manquantes. L’étude quantitative
a donc inclus soixante-quatorze participants dont 62,2 % étaient des hommes
et 37,8 % des femmes. L’âge moyen était de 37,12 ans (± 11,03). Le volet quali-
tatif a porté sur quatre participants volontaires aux entretiens que nous avons
proposés. Il s’agit de deux femmes et deux hommes (M = 44 ans, ± 11,03),
recrutés à travers les associations susmentionnées.
Mesures
S’agissant de l’étude quantitative, les participants ont rempli un question-
naire structuré en plusieurs sections dont six sont ci-dessous présentées selon
la problématique abordée dans cet article.
9 Le critère de la durée varie d’un auteur à un autre. Selon les critères de diagnostic du
deuil compliqué selon Prigerson et al. dont nous utilisons l’outil, cette durée est de six
mois.
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Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques
Caractéristiques sociodémographiques
La nature du lien de parenté avec le défunt était indiquée (père, mère, grand-
père/mère, tante/oncle, frère ou sœur) de même que le caractère prévisible du
décès (1 = mort prévisible, 2 = mort inattendue/subite ou inopinée), la période
du deuil (en mois). Il était aussi demandé aux participants des informations sur
la ritualité funéraire (lieu du décès, lieu des cérémonies funéraires, rapatrie-
ment des dépouilles mortelles du défunt ou de ses restes au cas où le décès est
survenu en pays d’immigration, participation ou non aux rituels, les motifs de
non-participation).
Réactions de deuil
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Cyrille K. Kokou-Kpolou, Daniel Mbassa Menick, Charlemagne S. Moukouta et Élodie G. Ngameni
Le seul item dont le coefficient de saturation est faible est celui évaluant « le
sentiment de nostalgie » (.19). Cet item qui semble moins relié au deuil de l’être
aimé qu’au contexte migratoire n’a toutefois pas été supprimé, afin de réduire
le biais qui serait lié au seuil de 31.
Par ailleurs, à part les items de cet outil, nous avons ajouté deux questions
dont la pertinence est ressortie de la pré-enquête. La première question évalue,
sur une échelle de Likert de 0 à 4 (0 = presque jamais, 4 = toujours), la présence
des sentiments de culpabilité relatifs au contexte de la mort. La deuxième est
une question ouverte, qui cherche à explorer les raisons de cette éventuelle
culpabilité.
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Résultats
Données statistiques
Profil des participants
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Les résultats du tableau 2 indiquent que dans 46 % des cas, le décès avait
concerné un des parents (le père ou la mère), dans 24,3 % il avait concerné
un grand-parent, dans 17,6 % un oncle, une tante et dans 12,2 % un frère ou
une sœur. La période moyenne du deuil était de 47,01 mois (± 34,76) : 51,4 %
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Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques
Dans l’ensemble, 35,1 % contre 64,9 % des sujets avaient participé aux rituels
de deuil. Une précision importante : seulement trois ainés sur les quinze ont pu
participer aux rituels funéraires de leur parent. Dans les cas où le décès a eu
lieu au pays d’origine, les difficultés administratives et/ou financières ont été les
motifs majoritairement évoqués pour justifier la non-participation aux rituels de
deuil.
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Facteurs sociodémographiques
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Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques
Les réactions de deuil sont très fortement associées aux risques de dépres-
sion (ß = 0,759, p < .0001). Dans ce modèle de régression, les risques de dépres-
sion ne sont pas associés aux symptômes somatiques. En revanche, la culpabi-
lité et l’intensité des réactions de deuil expliquent environ 55 % de la variance
des symptômes somatiques.
Données qualitatives
Les quatre études de cas élargissent le regard du lecteur et offrent une lecture
plurielle et riche de l’expérience du deuil en situation migratoire. Plusieurs
axes d’analyse s’y dégagent et nous en avons retenu quatre en relation directe
avec notre problématique et les variables associées (les réactions de deuil et
symptômes associés en fonction du lien avec le parent défunt, du statut migra-
toire, de l’identité biculturelle des immigrés et du statut professionnel).
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Cyrille K. Kokou-Kpolou, Daniel Mbassa Menick, Charlemagne S. Moukouta et Élodie G. Ngameni
cas, certes moins représentatives de la diversité des expériences que l’on peut
rencontrer, il en ressort que malgré l’âge du défunt et le caractère prévisible
et imminent de la perte, les participants ont réagi à la perte par un sentiment
de choc. Cela peut suggérer que l’expérience migratoire ne permet pas de se
préparer à la perte même lorsqu’elle est prévisible. Cette hypothèse est à relier
d’une part à la distance géographique qui ne leur permet pas de se confronter
aux éléments matériels de la réalité irréversible de la perte et d’autre part au
manque du soutien social non disponible ou immédiat qui amplifierait l’effet du
choc lié à l’annonce du décès.
En deuxième lieu, nous observons une sévérité du deuil chez les réfugiés
politiques. En général, lorsque le deuil survient dans le pays d’origine, ceux-ci
sont dans une impossibilité de retour. Leur retour les expose à des menaces
qui planent sur leur vie. Sous un autre angle, la sévérité du deuil est également
à mettre en lien, tout au moins en partie, avec la situation d’immigration irré-
gulière (à l’arrivée dans le pays d’installation de certains immigrés. Ce qui, à
l’évidence, ne favorise pas leur intégration notamment économique. Confrontés
au deuil d’un parent, ils sont démunis de moyens financiers pour satisfaire aux
obligations et aux attentes parfois démesurées qui sont placées sur eux. Ce qui
souvent génère et exacerbe le sentiment de culpabilité manifesté par certains
participants.
Madame AA est âgée de trente-huit ans, en couple, mère d’un enfant. Elle a
immigré en Belgique, il y a onze ans. L’annonce du décès de son père, en 2015,
a été vécue comme un choc violent. « C’était un matin vers 11 heures, je me
suis effondrée par terre et j’ai perdu connaissance pendant plusieurs minutes
[confie-t-elle]. La veille [renchérit-elle], j’ai parlé avec mon père au téléphone et
il ne s’était plaint d’aucun souci de santé ». Par manque de moyens financiers,
madame AA n’a pas pu participer aux obsèques de son père qui ont eu lieu
deux mois après le décès. Elle s’explique : « Nous avions une situation difficile.
J’avais un enfant de dix-huit mois environ. Mon partenaire et moi étions au
chômage ». Les yeux embués de larmes, elle dit que son père était tout le bien
qui lui restait. Puis elle confie : « Nous avons dû nous endetter pour acheter le
cercueil ». Madame AA fait le projet d’aller au Togo en 2020, en vue de participer
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Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques
Madame CC, âgée de trente-cinq ans, est le quatrième d’une fratrie de cinq.
Elle vit en couple depuis un an. Elle a perdu sa mère en 2012, alors qu’elle finissait
sa formation paramédicale. Sa mère est décédée en France, où elle venait régu-
lièrement leur rendre visite. À soixante-quatre ans, elle serait décédée des suites
d’un infarctus. Elle fut enterrée en France et un an après, les restes du corps ont
été rapatriés au Togo pour les dernières cérémonies. Madame CC parle du vécu
de la mort de sa mère en ces termes : « C’était la ruine de ma vie ; c’est comme
si ma vie ici n’avait plus de sens ». Au cours des cérémonies du deuil et d’inhu-
mation, elle dit s’être sentie entourée et soutenue par la présence de ses frères
qui vivent en France et en Allemagne. Mais très vite, elle avait tenté d’oublier
cet événement en se concentrant sur la fin de sa formation. C’est plus tard, dans
d’autres circonstances qu’elle se serait sentie affectée par la mort de sa mère.
D’abord, après la réussite à son examen de fin d’études, madame CC dit avoir
été envahie sans cause apparente par des sentiments de colère et de tristesse
pendant cinq mois ; et elle tentait de rechercher sa mère (elle lui arrivait de télé-
phoner au numéro de sa mère, ou de demander à ses frères si celle-ci viendrait
les visiter). Elle faisait des cauchemars répétés et au réveil, elle se sentait menta-
lement épuisée. Elle dit avoir suivi un traitement médical pour motif de troubles
de sommeil. Puis environ deux ans plus tard, alors qu’elle connut sa première
maternité, les souvenirs de sa mère étaient vivaces et insupportables. Dans le
même temps, elle était constamment angoissée à l’idée d’oublier sa mère. Pour
tenter d’apaiser son angoisse, elle confie avoir donné à sa fille le nom de sa
mère.
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Discussion
L’objectif principal poursuivi par cette étude transversale était d’examiner les
réactions de deuil ainsi que les risques de complications de ces réactions dans
la population d’immigrés et réfugiés ouest-africains en Europe, en fonction de
leur profil sociodémographique et migratoire (statut migratoire, durée de séjour
dans le pays d’accueil). Les résultats auxquels nous sommes parvenus indiquent
que l’expérience du deuil d’un parent proche en contexte migratoire, que ce
soit « ici », dans le pays d’accueil, ou « là-bas », dans le pays d’origine ou encore
ailleurs, revêt une charge traumatogène et psychopathogène.
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Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques
pourraient s’expliquer aussi par les difficultés à donner sens à son expérience
migratoire lorsque la mort frappe les personnes qui se sont impliquées dans son
projet migratoire.
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survient dans le pays d’origine, ce qui est majoritairement le cas dans notre
étude, les raisons de non-participation aux rituels funéraires évoquées étaient
les conditions socioéconomiques et administratives (problèmes de papiers).
Cette impossibilité de retour exacerbe le sentiment d’accablement par la perte.
Une autre raison à prendre en considération est l’insécurité ressentie surtout
chez les réfugiés politiques qui avaient peur de s’exposer aux menaces s’ils
retournaient au pays d’origine dans le cadre des rituels funéraires de leur parent
défunt. Ce qui atteste, comme l’ont souligné Rachédi et Tamouro (2012), à quel
point les immigrés endeuillés sont confrontés à des choix déchirants suscep-
tibles de provoquer une décompensation psychique.
Notre étude a révélé que le deuil compliqué afflige davantage les migrants
vivant en couple. A priori ce résultat parait surprenant, car dans la population
endeuillée le deuil compliqué, à part le deuil conjugal et le deuil périnatal, est
moins associé au statut matrimonial (Fujisawa et al., 2010 ; Newson et al., 2011).
La vie en couple est en général considérée comme un facteur protecteur. Au-delà
du fait que nous avons observé que dans notre échantillon plus de réfugiés
vivaient en couple que les autres immigrés, ce qui peut aussi s’expliquer par
la différence d’âge entre ces deux groupes, nous pensons que la parentalité
actuelle réactiverait les sentiments d’une dette envers ses propres parents. C’est
ce qu’illustre le cas de madame AA. Il s’agirait là d’un aspect culturel à prendre
en considération. De même, nous avons trouvé que les ainés de fratrie étaient
plus vulnérables aux complications de réactions deuil d’autant plus que dans
les représentations collectives. Le poids de leur hiérarchie et de leur rôle dans
le roman familial constitue un haut risque de vulnérabilité psychopathologique
(Boucebci, 1994). En effet, leur absence physique lors des cérémonies funéraires
(n = 12/15 des ainés n’ont pas participé aux rituels), même s’ils ont contribué
financièrement à l’organisation de celles-ci, est souvent vécue par eux-mêmes
comme une défaillance vis-à-vis de leur communauté. L’étude de Moukouta et al.
(2016 : 2) soutient notre argumentation. Les auteurs ont montré à travers un des
deux cas qui fondent leur étude, comment l’absence aux obsèques de sa mère au
Congo est vécue douloureusement par un patient « dépressif », ainé de sa fratrie
et réfugié politique en France. Pour ce dernier, cette absence n’est pardonnable
ni par les membres de sa famille ni par les ancêtres, car il a failli aux attentes du
groupe. Dans notre étude, c’est le cas par exemple de monsieur BB qui culpa-
bilise pour avoir manqué à ses obligations d’ainé et vit sa détresse comme la
conséquence d’un châtiment infligé par ses ancêtres. L’impossibilité de retour
évoquée plus haut, ajoutée à l’indisponibilité des supports rituels, exacerbe les
sentiments de douleur et de culpabilité. D’après Eisenbruch (1984b), la recrudes-
cence de la culpabilité est liée à l’incapacité ou l’impossibilité d’avoir comblé les
attentes du défunt : par exemple, porter suffisamment une assistante financière
à son parent avant sa mort. Cette culpabilité est parfois suivie de tentatives de
réparation symbolique ou réelle : l’investissement financier dans les funérailles
(payer le cercueil même s’il faut s’endetter), traduisant a posteriori le besoin
d’affirmation de son lien au groupe ethnique d’appartenance (Mazzucato et al.,
2006).
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Étude du lien entre deuil, dépression et troubles somatiques
deuil avaient manifesté des réactions de deuil moins intenses. Les résultats ont
révélé également qu’ils ont rapporté des sentiments de culpabilité moins acca-
blants que ceux qui n’ont pas pu participer aux rituels de deuil. Dans l’ensemble,
ces résultats vont le sens des travaux de Thomas (1985) qui soutiennent que les
rituels de deuil d’une part fournissent un espace d’expression et de régulation
des émotions et d’autre part remplissent, au plan imaginaire, une haute fonction
d’expiation des sentiments de culpabilité.
Conclusion et perspectives
En définitive, les résultats de cette étude posent les prémisses à des études
ultérieures sur le deuil en contexte migratoire et ouvrent des pistes de réflexion
sur les dispositifs de prise en charge du deuil compliqué chez les immigrés
(Craig et al., 2008). Les résultats pourraient permettre un affinement dans la
compréhension heuristique du deuil d’un parent ou d’un proche parent ainsi que
des troubles associés (dépression, symptômes somatiques) chez les immigrés
selon leur profil sociodémographique et migratoire.
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Cyrille K. Kokou-Kpolou, Daniel Mbassa Menick, Charlemagne S. Moukouta et Élodie G. Ngameni
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Résumé - Abstract - Resumen
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