Reponse Immunitaire

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Université Blida 1

Institut des Sciences Vétérinaires


Microbiologie Générale (2e année) 2020/ 2021
Dr AKLOUL K.

IMMUNOLOGIE LA REPONSE IMMUNITAIRE


Les réponses immunitaires correspondent aux mécanismes de défenses de l’organisme
qui discriminent le « soi » du « non-soi ».
Deux types de réponses immunitaires rentrent en jeux :
 la réponse immunitaire innée (ou naturelle ou non spécifique) qui est
immédiate, ce qui signifie que la même réponse sera donnée quel que soit
l'antigène
 la réponse immunitaire adaptative (ou acquise ou spécifique) qui est tardive.
Les éléments impliqués dans la réponse reconnaissent spécifiquement
l'antigène et leurs réponses sont dirigées spécifiquement contre lui.

De même que l'on distingue une immunité spécifique d'une immunité non spécifique,
on distingue une immunité humorale (reposant sur la synthèse et la sécrétion de
substances solubles) d'une immunité cellulaire.

L’immunité est assurée en premier lieu par des barrières naturelles physico-chimiques
(la peau, le mucus des muqueuses, les enzymes et les sucs digestifs…), puis par
l’ensemble des molécules (protéines du complément, anticorps), cellules
(macrophages, lymphocytes), tissus et organes lymphoïdes) du système immunitaire.

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1. Réponse immunitaire innée
L’immunité innée est la première ligne de défense vis-à-vis des agents infectieux et
pathogènes qui nous entourent. Elle est mise en jeu immédiatement et est
fonctionnelle 4 jours. L’immunité innée est une immunité rapide, non spécifique et
sans mémoire.

Elle met en jeu différents modules de défense :


 Des modules constitutifs comme la barrière peau-muqueuse.
 Des modules induits comme la phagocytose et la réponse inflammatoire, qui
nécessite les cellules phagocytaires et les cytokines.

Reconnaissance de l’agent pathogène


La réponse immunitaire innée est induite par un signal danger émis suite à
l’interaction spécifique entre des récepteurs du soi appelés PRR (« Pattern
Recognition Receptors ») et des molécules du non-soi appelées PAMP (« Pathogen
Associated Molecular Patterns ») présent au niveau des microorganismes qu’ils soient
pathogènes ou non.

Les PRR sont des récepteurs exprimés au niveau de différentes cellules : les
macrophages, les cellules dendritiques (CD), les cellules NK (« natural killer »), les
polynucléaires, les mastocytes et les cellules résidentes (fibroblastes, cellules
musculaires, cellules épithéliales).

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Dans les tissus où débute l’infection, existent en permanence des macrophages et des
cellules dendritiques, dont l’une des propriétés est la capacité de reconnaître le non-
soi infectieux.

Les macrophages et les cellules dendritiques reconnaissent des molécules portées par
la paroi des micro-organismes, molécules appelées PAMP, communes à de
nombreuses familles de micro-organismes. Ces PAMP sont uniquement produits par
les micro-organismes et non par les cellules du soi, permettant ainsi une distinction
nette entre soi et non-soi. Ces différents PAMP sont reconnus par des récepteurs PRR
présents chez les macrophages et les cellules dendritiques, notamment dans leur
membrane.

Cette reconnaissance provoque l’activation des macrophages et des cellules


dendritiques immatures, ce qui se traduit par la production et la sécrétion de
messagers chimiques désignés globalement sous le terme de cytokines.

Lors d’une infection, une excitation nerveuse déclenche une réaction générale qui a
pour centre l’hypothalamus et qui se traduit par une élévation de la température
interne. C’est la fièvre. Celle-ci permet à elle seule, dans certains cas, de tuer l’agent
étranger (par exemple, 90 % des virus polyomyélitiques sont détruits à 38,5 °C).

1.1. Barrières naturelles


1.1.1.Barrière cutanéo-muqueuses
La barrière cutanéo-muqueuse, recouverte en continue par des cellules épithéliales
constitue la première ligne de défense non spécifique. Elle s’oppose à la pénétration

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des micro-organismes.
Cet épithélium comprend la peau, les sécrétions glandulaires et les cellules
épithéliales des muqueuses des tractus respiratoires (BALT), gastro-intestinales
(GALT) et uro-génitales. Elles contiennent des substances de défense microbicides.
Ces barrières sont appelées barrières naturelles.
a) Peau
La peau est une barrière très importante contre l’environnement externe et sa grande
surface lui permet de jouer un rôle important dans les réactions de défense non
spécifiques. Le risque d’infection survient quand cette barrière est lésée (plaie, piqûre,
morsure, brûlure).
b) Secrétions glandulaires
Le sébum sécrété par les glandes sébacées et la sueur sécrétée par les glandes
sudoripares ont une action antifongique par certains acides gras et antibactérienne par
l’acide lactique.
c) Flore commensale
Les germes de la flore commensale rentrent en concurrence avec les agents
pathogènes vis-à-vis de l’espace vital et forment un biofilm protecteur à la surface des
muqueuses. La flore commensale défend son territoire et s’oppose à l’implantation de
bactéries virulentes. Un traitement antibiotique agressif, en détruisant la flore
intestinale normale, peut favoriser le développement de germes pathogènes (ex :
diarrhées post-antibiothérapiques).

1.1.2. Barrière épithéliale muqueuse


Les muqueuses sont les zones de contact entre l’organisme et les agents pathogènes
ou antigènes solubles provenant de l’extérieur.
Les muqueuses sont vulnérables aux pathogènes qui exploitent activement leurs
fonctions de communication pour accéder à l’intérieur du corps.
La barrière épithéliale muqueuse, plus fine donc a priori plus exposée que la peau,
s’équipe de moyens supplémentaires :

a) Facteurs mécaniques
Les turbulences de l’air au niveau du nez, les mouvements des cils vibratiles qui
tapissent l’arbre respiratoire, le balayage de la muqueuse oculaire par les paupières,
les vibrations de l’épithélium cilié de l’intestin ou le lavage sous pression de la
muqueuse urétrale par l’urine s’opposent à l’implantation des micro-organismes.

b) Facteurs chimiques
Les facteurs chimiques sont représentés par les sécrétions comme les larmes, la salive,
le mucus nasal et bronchique, le suc gastrique, la bile.
Ces sécrétions jouent un rôle parce qu’elles sont toxiques pour les micro-organismes
(acidité, lysozyme, sels biliaires, enzymes protéolytiques) ou parce que le mucus
qu’elles contiennent englue les micro-organismes (il forme une substance visqueuse
emprisonnant les éléments étrangers et qui sera ensuite éliminée par expectoration).

1.2. Cellules de l’immunité innée au début de l’infection


En cas de franchissement des barrières naturelles par un pathogène, une réponse
inflammatoire s’impose. De nombreuses cellules de l’immunité innée interviennent:
les NK, les phagocytes, les basophiles, les éosinophiles…

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Une fois l’agent infectieux dans l’organisme, les modules induits prennent le relai. En
effet, une fois reconnu (interaction PRR-PAMP), l’agent infectieux sera phagocyté
par une cellule phagocytaire qui sera à l’origine de la formation du signal danger, et
qui activera ainsi la réaction inflammatoire à l’endroit où elle est rentrée en contact
avec l’agent pathogène. L’activation de la réaction inflammatoire se fera grâce à des
cytokines.

a) Lymphocytes NK
Les lymphocytes NK sont capables de lyser des cellules cibles de manière spontanée,
sans activation préalable et sans rentrer en contact avec l’agent pathogène.
L’activation des lymphocytes NK entraine la libération d’interféron gamma
responsable de l’activation des macrophages et de cytotoxines solubles comme le
TNF-α qui engendre une mort cellulaire par apoptose en fragmentant l’ADN des
cellules cibles.

b) Cellules Phagocytaires de l’immunité non spécifique


Les monocytes, les macrophages et les polynucléaires neutrophiles sont tous trois des
cellules issus de la moelle osseuse ayant pour fonction principale la phagocytose.

Les polynucléaires neutrophiles sont les premières cellules à se rendre sur le lieu de
l’inflammation, suivis quelques heures plus tard par les monocytes, qui subiront une
différenciation en macrophages.
Les polynucléaires passent par diapédèse du vaisseau sanguin où il situe en temps
normal, vers les tissus conjonctifs cibles.

Les cellules dendritiques jouent le rôle de cellules phagocytaires et de cellules


présentatrice d’antigène, leur permettant d’activer les lymphocytes (B et T) présents
au niveau des organes lymphoïdes secondaires.

Les macrophages possèdent de nombreux récepteurs à leurs surfaces leurs permettant


une détection non-spécifique de nombreux micro-organismes. Ainsi, toute stimulation
d’au moins un de ces récepteurs, produira une activation du macrophage qui
deviendra davantage phagocytaires en libérant des substances toxiques contre les
micro-organismes envahisseurs et engendrera la libération de nombreux messages de
recrutement pour d’autres cellules de l’immunité.

Les neutrophiles, les monocytes et les macrophages sont des cellules phagocytaires
attirés sur les lieux d’une inflammation par chimiotactisme. Ces signaux d’appel sont
constitués de différents stimuli : histamine relarguée par les mastocytes, granulocytes
basophiles, débris de cellules.

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La phagocytose est un procédé par lequel certaines particules (poussières, bactéries,
cellules, débris cellulaire…) sont éliminées au cours d’une digestion intracellulaire
par des enzymes hydrolytiques des phagocytes. Ce mécanisme de défense non
spécifique est effectué par les phagocytes.

Elle s'amorce par une réaction inflammatoire qui permet le déplacement des
phagocytes (granulocytes et macrophages) par chimiotactisme vers le lieu de
l'inflammation.

La phagocytose se déroule en trois étapes : l’adhésion, l’ingestion et la digestion de


particules.

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1) Reconnaissance et adhésion de la cellule phagocytaire à la particule via les
lectines. On observe une attraction chimique (chimiokines, histamine, kinines,
prostaglandines, leucotriènes) des phagocytes vers le foyer d’infection.

2) Ingestion de la particule
- Formation de pseudopodes, prolongements cytoplasmiques par la cellule
phagocytaire afin d‘entourer la particule à phagocyter
- Formation d’un phagosome, vacuole intracellulaire contenant les particules
nouvellement internalisées
- Formation d’un phagolysosome, vacuole « digestive », correspondant à la fusion
d’un phagosome et d’un lysosome.

3) Digestion intracellulaire
- Dégradation des particules par les enzymes hydrolytiques des lysosomes
- Exocytose des débris de particules hors de la cellule phagocytaire

Le processus de phagocytose est fondamentalement le même chez les granulocytes et


les macrophages. Cependant, les conséquences sont différentes pour les phagocytes
engagés, en effet, ce processus entraine la mort des polynucléaires neutrophiles par
épuisement de ses réserves en glucose par contre, les monocytes et les macrophages
survivent après l’acte.

Lors d’un contact avec un allergène, deux types de médiateurs sont libérés par les
basophiles et les mastocytes : les médiateurs préformés (Histamine, Héparine,
Tryptase) qui permettent une activation du complément, une attraction des
polynucléaires et les médiateurs néoformés tel que l’IL4, l’IL5 qui permettent une
prolifération et une différenciation des cellules B, basophiles, éosinophiles.

Les éosinophiles sont des granulocytes contenant de nombreuses granulations


(protéine basique majeure et une pexoxydase). Les éosinophiles ont plusieurs
fonctions notamment la destruction des parasites intracellulaire par perforation de
leurs membranes grâce à la dégranulation de sa protéine basique majeure et la
phagocytose des complexes antigènes-anticorps. Pour cela, leurs membranes

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possèdent des récepteurs pour le fragment C3b du complément, pour les fragments Fc
des IgG et des IgE et des récepteurs pour l’histamine.

Les macrophages et les granulocytes interviennent à tous les stades de la réponse


immunitaire. A un stade précoce, par phagocytose des antigènes, mais également au
cours de l'immunité spécifique (stade tardif) avec la phagocytose des complexes
immuns et des cellules lysées par les LT8 cytotoxiques. Les LB sont eux même
capables de phagocytose après reconnaissance spécifique de l'antigène.

1.3. Système du complément


Le système du complément est une cascade de protéines qui s’activent les unes les
autres. Il facilite la phagocytose ou conduit à la destruction des bactéries, soit de façon
directe (voie dite alterne) soit de façon indirecte, en s’associant à des anticorps (voie
dite classique).

Certains composants du complément augmentent la perméabilité des vaisseaux


sanguins, permettant aux globules blancs d'atteindre la zone infectée ; d'autres les
attirent vers ce site, d'autres encore s'assemblent et percent un trou dans la paroi des
bactéries pour les tuer.

1.4. Interférons
Les interférons (IFN) sont des protéines (glycoprotéines de la famille des cytokines).
naturellement produits par les cellules du système immunitaire, mais également par
d'autres types cellulaires (cellules dendritiques, mononuclées, épithéliales, etc.) en
fonction des sous types.

Ils sont produits en réponse à la présence d'une double hélice d'ADN étranger dans
l'organisme. Ils ont pour rôle de défendre l'organisme des agents pathogènes tels les
virus, bactéries, parasites et cellules tumorales. Ils le font en induisant la production
de protéines de la fonction immunitaire (notamment antivirales et anti-bactériennes,
ou à effet sur la réponse immune, et à visée anti-prolifératives).

Ils renforcent la réponse immunitaire en inhibant la réplication virale dans les cellules
de l'hôte, en activant des cellules NK et les macrophages et améliorent la résistance
des cellules de l'hôte aux infections virales.

Ils sont utilisés dans le traitement de maladies virales (hépatites, virus des papillomes,
VIH, etc.), et éventuellement en cancérologie

2. Réponse immunitaire acquise


Cette réponse spécifique, ou acquise, est beaucoup plus efficace que la réponse non
spécifique, ou innée (ou encore naturelle). De plus, lors d’une seconde infection par
un même agent, elle se met en place beaucoup plus rapidement que la première fois,
grâce à l’existence de cellules-mémoires (phénomène à la base de la vaccination).

La réponse immunitaire adaptative est la seconde ligne de défense contre les agents
infectieux. Elle se met en place au bout de 4 jours environ et est caractérisé par la
participation des lymphocytes qui ont un rôle majeur. Les lymphocytes sont de deux
types, les lymphocytes B (LB) et les lymphocytes T (LT).

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L’immunité innée fait intervenir les récepteurs BCR présents sur les LB, et les
récepteurs TCR présent sur les LT ; ces récepteurs vont reconnaître un seul ligand
uniquement. En effet, un lymphocyte est programmé pour répondre à un antigène, il
présente donc un seul type de récepteur.

Les lymphocytes T seront responsables de la réponse cellulaire et les lymphocytes B


de la réponse humorale.

2.1 Lymphocytes T
Les lymphocytes T sont induits dans les organes lymphatiques.
Pour les lymphocytes T4 : Résumé des différentes étapes de l'induction menant à la
sécrétion de cytokines (messagers chimiques activateurs) et à l'expansion clonale des
LT4.

Les lymphocytes T4 différenciés sont appelés helpers ou auxilliaires car ils vont
coopérer avec les LB et les LT8.

Pour les lymphocytes T8 : Les LT4 activés produisent des interleukines les auto-
activant (mitoses) et activant les LT8 lorsqu'ils ont été induits par la reconnaissance
d'un épitope présenté par un CMH de type I. Les LT8 se différencient alors en
lymphocytes T cytotoxiques.

2.2 Les lymphocytes B


A l'origine de l'activation des lymphocytes B, il y a :
1. Reconnaissance entre l'épitope de l'antigène et les Immunoglobulines
membranaires du LB. Le LB met en place des récepteurs aux cytokines sur sa
membrane externe

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2. L'antigène est phagocyté puis dégradé dans le LB
3. Le LB présente un peptide du non soi issu de l'antigène avec le CMH de classe
II
4. Le peptide du non soi peut alors être reconnu par le récepteur spécifique du
LT4
5. Le LT4 est enfin activé et produit des cytokines et des récepteurs aux
cytokines . Cela permet l'autoactivation du LT4
6. Les interleukines permettent l'activation du LB qui possède des récepteurs aux
interleukines depuis la reconnaissance entre anticorps membranaire et épitope

2.3. Phase effectrice de la réponse immunitaire spécifique

a) Réponse à médiation cellulaire et les lymphocytes T8


Parmi les lymphocytes T4 issus de l'expansion clonale, certains servent de mémoire (à
l'origine d'une seconde réponse immunitaire immédiate) et d'autres sont effecteurs
(sécréteurs de cytokines).
L'expansion clonale des lymphocytes T8 s'accompagnent d'une différenciation en LT8
cytotoxiques ou tueurs. Ils sécrètent une perforine (protéine) libérée par exocytose
lors du contact avec la cellule cible. La perforine crée des pores dans la membrane de
cette dernière puis sa destruction. Il existe une collaboration cellulaire entre LT4 et
LT8 par l'intermédiaire de l'interleukine puisque l'interleukine est à l'origine de
l'expansion clonale des LT8.

b) Réponse à médiation humorale et les lymphocytes B


Parmi les lymphocytes B résultant de l'expansion clonale, certains servent de mémoire
(principe de la vaccination) et d'autres sont effecteurs différenciés en plasmocytes.
Les plasmocytes produisent des immunoglobulines ou anticorps spécifiques de
l'épitope qui a servi à leur sélection. Les anticorps sont libérés dans le milieu extérieur
et neutralisent les antigènes en formant des complexes immuns (complexe antigène-
anticorps) éliminés par phagocytose.

Les complexes immuns provoquent l'activation des protéines sériques du


complément. Le complément est à l'origine de la formation d'un complexe
membranaire qui entraîne la lyse des cellules portant les déterminants antigéniques
ayant réagi avec les anticorps spécifiques.

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