Madame Bovary Gustave Flaubert Prof1
Madame Bovary Gustave Flaubert Prof1
Madame Bovary Gustave Flaubert Prof1
de
Gustave Flaubert
-Bardet, Daniel, Les incontournables de la littérature en BD: Madame Bovary, Glénat, 2010.
-Turiel, Frédéric, Étude de l’œuvre : Madame Bovary de Flaubert, Hachette Éducation, 1998.
-Winter, Genevièvre, Écrire Madame Bovary (Lettres, pages manuscrites, extraits), Gallimard,
2009.
-Version utilisée :
Structure du roman :
- Trois parties
- Point culminant : chapitre 11 (seconde partie) : moment de gloire pour Charles (opération du
pied bot).
- Symétrie dans la structure : Charles commence et termine le roman.
Gustave Flaubert (1821-1880)
-Naissance à Rouen en 1821
« Le seul moyen de n'être pas malheureux, c'est de s'enfermer dans l'art et de compter pour rien tout le reste »
Gustave Flaubert (1821-1880)
1846 : Mort de son père. Flaubert touche un héritage confortable de 500'000 francs qui le met à
l'abri du besoin. Il peut se consacrer pleinement à l'écriture.
Début de sa relation avec la poétesse Louise Collet.
1849-1851 : Long voyage en Orient en compagnie de son ami Maxime Du Champ (source de son
inspiration romantique).
1851 :
Le 19 septembre, Gustave Flaubert débute la rédaction de Madame Bovary...
Gustave Flaubert et l'écriture de Madame Bovary
- Cinq années de dur labeur pour la rédaction du manuscrit 1851 – 1856.
- Ambition de Flaubert :
« J'ai commencé hier au soir mon roman. J'entrevois maintenant des difficultés de style qui
m'épouvantent. Ce n'est pas une petite affaire que d'être simple. J'ai peur de tomber dans le Paul
de Kock (écrivain populaire contemporain de Flaubert) ou de faire du Balzac chateaubrianisé. »
« Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attache
extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être
soutenue se tient en l'air, un livre qui n'aurait pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque
invisible, si cela se peut. Les œuvres les plus belles sont celles où il n'y a pas de matière ; plus
l'expression se rapproche de la pensée, plus le mot colle dessus et disparaît, plus c'est beau . »
1851
XIXème
Romantisme
siècle
Réalisme
Des glaneuses de Jean-François Millet (1857)
Le réalisme
-Mouvement artistique et littéraire apparu en France vers 1850, né du besoin de réagir contre le
sentimentalisme romantique.
Les hommes du milieu du XIX e siècle ont perdu leurs idéaux de fraternité, de liberté. 1848 et le
coup d'état de Napoléon III a installé une bourgeoisie d'affaires à la tête de l'état français.
À une époque où la photographie se développe, les artistes visent à une reproduction intégrale
et objective de la réalité la plus banale par la recherche du document humain et social.
-Le père Rouault s’exprime comme un campagnard : nombreux provincialismes tels que « la petite », « manger le sang », « chez
nous » (pour "à la maison")
-Lors de l’arrivée des époux Bovary à Yonville, Homais leur tient un discours où il se gargarise de termes savants pour impressionner
son auditoire mais où, sous l’éloquence scientifique, percent l’intérêt et la stupidité. (début chap.VIII, partie 2)
« Certainement, je m'y entends (...) une gargote semblable ! »
-Flaubert, observateur-scientifique
Comme un savant, Flaubert constate les lois biologiques qui régissent individus et sociétés. S’il insiste sur l’adolescence d’Emma,
c’est que son héroïne est en partie conditionnée par ses expériences de pensionnat.
Les réalistes et Flaubert
Flaubert dérange les réalistes.
Les réalistes de cette époque disent combattre l'ordre établi et notamment la censure du
gouvernement impérial.
Certes, Flaubert choisit comme thème la vie de gens modestes et peint un sujet de la vie
quotidienne (thèmes réalistes) mais selon les réalistes il n'est pas l'un des leurs.
« Ce livre est une application littéraire du calcul des probabilités. Je parle ici pour ceux qui ont pu
le lire. Le style a des allures inégales comme chez tout homme qui écrit artistiquement sans sentir :
tantôt pastiches, tantôt lyrisme, rien de personnel (...) toujours description matérielle et jamais
impression. Avant que ce roman eût paru, on le croyait meilleur. Trop d'étude ne remplace pas la
spontanéité qui vient du sentiment. »
les lectures d’Emma au couvent : Chapitre VI (Analepse sur le passé d'Emma) p.51-52 « le soir » à « paysages »
Emma qui lit des vers poétiques à Charles : Chapitre VII p.59
Fatalité romantique
-mariage avec Charles (Chapitre IV – p.42 à 47) : opposition désir d’une cérémonie nocturne aux flambeaux (cliché
romantique) et matérialisme du père qui pense seulement à la nourriture et aux plaisirs.
-« Bovarysme » : désir forcené d’une autre existence plus exaltante. Emma cherche à s’échapper sans cesse de ce monde
ennuyeux qui l’étouffe.
de p.150, ligne 2525 « M. Lieuvain se rassit alors » à « leurs doigts se confondirent » p.151, l.2585
PLAN : Intérêt du passage : entrelacement des deux discours afin de les ridiculiser.
DECOUPAGE du passage.
-2525 à 2543
-2543 à 2585
-Mime d'une continuité dans les répliques qui ne se complètent pas du tout.
Ex : intrusion de « A M. Bizet de Quincampoix » (l.2551) dans le discours amoureux. Rompt
continuité (effet comique).
Imbrication des deux discours les invalide encore davantage qu'ils ne le font.
- « fumiers » (l.2555), « race porcine » (l.2567): injures à l'encontre des deux amants emportés par
leurs discours niais?
ANALYSE : Scène des comices agricoles
3) Ridicule des deux discours.
-Flaubert ironique :
discours de Rodolphe plein d'emphase, de questions rhétoriques et volontiers dramatisé.
Emphase :
-par la graduation : « ce soir, demain, les autres jours, toute ma vie ! »
-l'exclamation : « ma vie ! »
Ridicule :
-réaction de Madame Bovary qui se laisse avoir par le discours car elle reconnaît les
métaphores banales de ses lectures.
Cadre dans lequel le discours est déclamé : les amants sont entourés par les vaches...
CONCLUSION :
Chacun des deux discours (qui ont en commun leurs artifices et le fait qu'ils se prennent au
sérieux) s'anéantit.
Les thèmes abordés dans Madame Bovary
Filature de coton dans laquelle est envoyée la pauvre Berthe (misère ouvrière)
Industrialisation vantée par Homais n'est pas bonne pour tous (chute d'Emma à cause de sa
fascination pour l'argent.
Bêtise et médiocrité
-Personnage d'Homais qui ne s'exprime que par poncifs d’origines diverses (littérature,
sciences, érudition latine).
-Homais ne pense pas par lui-même.
-Homais : l'homme nouveau, l'homme des Lumières mais de manière caricaturale (assurance,
certitudes toutes faites).
Bêtise et médiocrité
-Recours aux italiques pour dénoncer les clichés du discours social :
-L'italique indique les « discours commun » étranger à l'auteur.
Utilisation du style indirect libre marque l'idée que la phrase est le reflet de ce que la société
de Yonville pense d'Emma.
L'italique signale la phrase toute faite, le cliché, une condamnation morale de la société.
-Emma est laissée seule dans cette société. Elle ne dispose d’aucun mentor, d'aucun adjuvant.
(pessimisme de Flaubert à l'encontre de la société qui l'entoure)
-
Les thèmes abordés dans Madame Bovary
L'ennui :
Madame Bovary se déroule sous la Monarchie de Juillet (de 1840 à 1848).
« La France est une nation qui s'ennuie. Et prenez-y garde, l'ennui des peuples devient
aisément convulsion et ruines » (Lamartine, discours à l'assemblée, 1839)
- ennui de Léon.
Chap.VI (partie 2) : p.124
p.228-270 (ennui avec Emma)
Les thèmes abordés dans Madame Bovary
L'adultère :
Adultère pas idéalisé (version pervertie du mariage) :
c.f « elle retrouvait dans l'adultère toutes les platitudes du mariage » (p.270)
Mariage Adultère
Cortège du nuptial (chap.IV) Cortège funèbre (chap.X partie 3)
Bal de Vaubyessard (chap.VIII) Bal masqué (chap.VI partie 3) p.270
Nom Bovary Mlle LeBoeuf (épousée par Léon)
(dévalorisation de « Bovary »)
L'adieu au romantisme :
Madame Bovary est une condamnation de la disposition de l'esprit à tout enjoliver, à parer la
réalité la plus banale de atouts de la rêverie.
-Physique :
les canons romantiques : cheveux noirs (p.34) /yeux bruns. Charme tous les personnages
masculins. -> p.33 (description « érotisée » par le regard de Charles) ; p.135-194 (Rodolphe) ;
p.222-249 (Léon)
-Première apparition : description des mains / du regard d'Emma.
sa main : « une tourterelle captive qui veut reprendre son envol » (p.151) sous l'emprise de
Rodolphe
« elle aurait voulu, s'échappant comme un oiseau, aller se rajeunir quelque part, bien loin,
dans les espaces immaculés » (p.271) pour fuir les créanciers.
Les personnages
Charles
Physique :
-aucune description « sensuelle » (yeux, « beauté »), peu de description physique de Charles
-peu séduisant, lourdaud --> p.110 (disc. Indirect libre d'Emma) (début chap.V partie 2)
-Casquette – objet « totem » de Charles.
-p.22 : casquette = Charles.
-p.110
Charles ne décide pas de son destin : p.29 / p.30 (avec Héloïse)/ p.36 (mère et Héloïse)
/p.173(opération d'Hippolyte)
Virilité dévoyée
deux passages en parallèle :
p.25 (éducation manquée par le père) et p.70 (crapote et tousse en fumant)
Les personnages
Homais : L'arriviste
Première apparition (p.84) Homais apparaît sous la forme d'une ombre.
« entre deux bocaux rouges et verts », « comme deux feux de Bengale ».
Tout au long du roman, il sera l'ombre de quelqu'un qu'il considère comme supérieur et
dont il veut s'attirer les grâces (ex. p.316 avec le roi).
-Psychologie d'Homais : il est « guidé par l'amour du progrès et la haine des prêtres » (p.314).
Truqueur et manipulateur :
p.97-98 (affaire judiciaire qu'il traîne)
p.174 (mise en scène de l'opération d'Hippolyte)
p.313-314(veut faire condamner l'Aveugle « au nom du progrès »)
Pédant
p.92
p.155 (article dans le Fanal de Rouen)
ANALYSE : p.50-51 De « Jusqu'à présent » à « livres »
Chap.V – première partie
Contexte :
Charles et Emma jeunes mariés. Désillusion pour Emma // Bonheur pour Charles.
Découpe du passage :
(l.1015-1029) : Charles (avant : 1015-1024 après mariage : 1024-1029)
(l.1030-1040) : Emma (après : 1030-1035 avant : 1036-1040)
Le passage est construit sur des contrastes et des oppositions entre les deux personnages.
-Charles appartient au monde matériel
-Emma évolue dans un univers imaginaire et abstrait.
- « son temps de collège, où il restait enfermé entre ces hauts murs, seul au milieu de ses
camarades »
Adverbe de lieu complète un groupe nominal
Gr. nominal de sens temporel. Le temps de Charles est un
de sens Adverbe de lieu lieu. Un lieu fermé.
temporel
-Horizon limité avec Emma « L'univers, pour lui, n'excédait pas le tour soyeux de son jupon »
(l.1024).
Caractère ironique de la phrase : litote « n’excédait pas » au lieu « se réduisait à » renforce
ironiquement l'enfermement. (ex : de litote « c'est loin d'être tout faux » veut dire « c' est vrai »)
« il se reprochait, il avait envie, il s'en revenait, montait, il arrivait, il la baisait dans le dos. »
« avec la veuve, dont les pieds, dans le lit étaient froids comme des glaçons »
discours indirect libre.
- Narrateur omniscient mais qui adopte fréquemment le point de vue d'un personnage.
Ex : Le narrateur ne vient pas démentir l'opinion d'Homais qui croit Justin amoureux de
Félicité (p.107 chap. IV, partie 2). Le lecteur est laissé dans l'erreur pendant un moment.
Ex : Les manigances de Lheureux ne sont dévoilées au lecteur qu'au chapitre VII (p.280) de la
troisième partie.
-Les autres personnages ne le connaissent pas et le narrateur laisse libre cours aux points de
vue à son sujet.
« On ignorait ce qu'il avait été jadis : porteballe, disaient les uns, banquier à Routot, selon les
autres. » (p.112 chap.V, partie 3)
Ex : Lors des adieux de Léon. Les pensées d'Emma sont volontairement occultées (discussion
banale et mots creux. Rêverie vague d'Emma. (p.126 chap.VI, partie 2)
Le narrateur dans Madame Bovary
-Focalisation interne
-Madame Bovary offre bien souvent un discours polyphonique (plusieurs voix se croisent, se
complètent et/ou se contredisent).
-Le monde décrit n'est pas objectif. Les points de vue des personnages y transparaît.
Ex : description de Yonville.
Pour le voyageur : « bourg paresseux (...) tout couché en long sur la rive, comme un gardeur
de vaches que fait la sieste au bord de l'eau » (p.83, chap.I, partie 2)
Pour Homais : Yonville est objet d'étude (article suivant les Comices) ou d'un éventuel profit
-Léon voit Emma comme une femme plus mûre et inaccessible (p.224-225, chap.I, partie 3)) et
ensuite elle se transforme en figure stéréotypée de la maîtresse.
-Emma voit d'abord Léon comme un amant romantique idéal puis en est déçue.
-Rodolphe voit Emma avec le regard du séducteur désabusé (p.135, chap.VII, partie 2)
-Pour Emma, Rodolphe est l'incarnation de tous ses fantasmes secrets.
Le narrateur dans Madame Bovary
-Focalisation externe
-Utilisation du pronom « on »
-Ponctuellement :
-Pour une scène complète : la scène du fiacre prise en charge par une « voix off ».
« On la (la voiture) vit à Saint-Pol, à Lescure... »
Rappel théorique :
Discours direct
Discours rapporté
Discours indirect Discours narrativisé : rapporte
paroles comme des événements.
Discours indirect libre
Comment le reconnaître ?
Être attentif au décalage entre mots utilisés et le reste du discours
(nécessite très bonne connaissance des personnages).
Ce mode sert à rapporter les paroles (de manière biaisée) ou les pensées de personnages.
Ex : Décalage visible lorsque, dans un dialogue, les propos des personnages ne sont pas
rapportés sur un même mode.
-> dialogue Emma-Lheureux (p.266-267, chap.VII, partie 3).
1) Portrait d'Emma
a) Le point de vue adopté est celui d'Emma. (disc.ind.libre reconnaissable à l'utilisation de
l'imparfait = regrets du personnage)
b) Un regard moqueur
-Emma et sa naïveté :
-Vague théorie permet de dire que « certains lieux produisent certains effets »
-Méconnaissance excusable de Charles sur un terme technique
-Sur Charles :
-l'image du trottoir
Conclusion :
L'extrait lance l'histoire d'un aveuglement réciproque entre les deux personnages.
Emma est aveuglée par ses rêves romantiques. Charles l'est par l'amour béat qu'il porte à sa
femme.
Tous deux manquent de réalisme. Le couple est voué à l'échec.
La description dans Madame Bovary
Les descriptions comme outils.
-Casquette de Charles – équivalent « chosifié » du personnage
-La pièce montée contient les poncifs romantiques qui guideront Emma tout au long du
roman (p.45, chap.IV, partie 1).
-Le porte-cigares en soie verte symbole du monde entrevu lors du bal auquel Emma rêve
d'accéder (p.71, chap.IX, partie 3)
-description de la course du fiacre dans lequel se trouvent Emma et Léon afin de narrer le
second adultère.
(p.231-232, chap.I, partie 3)
-lecture érotisée du décor dans lequel évoluent Emma et Léon à leur retour de chez la Mère
Rolet.( p.105, chap.III, partie 2)
La description dans Madame Bovary
Des paysages porteurs de sens
Départ de Léon ---> (p.127, chap.VI, partie 2) paysage décrit du point de vue d'Emma et l'orage
qui déchire le ciel renvoient à la psychologie d'Emma (passage de la tristesse à l'oubli et
retour à la sérénité).
La description de Yonville contient déjà toutes les raisons qu'aura Emma de s'y ennuyer :
-village sans caractère, réfractaire au progrès, conservatrice, sans accentuation. (p.83, chap.I,
partie 2)
1)
« La bêtise est abominable quand on la subit, mais quand on l’observe, elle a son charme, et
on peut la savourer »
Du haut de la solitude (1980), Michel Campiche (écrivain et historien vaudois)
2)
Dans son Dictionnaire des idées reçues, Flaubert écrit, à l'entrée "Imagination" :
"Imagination : Toujours vive - S'en défier - Et la dénigrer chez les autres".
En quoi cette définition permet-elle d'éclairer l'écriture de son roman Madame Bovary ?
Le procès de Mme Bovary
- Madame Bovary parait d'octobre à décembre 1856 dans la Revue de Paris.
- Malgré les coupures faites par la Revue de Paris, Flaubert est convoqué en janvier 1857.
- Le procès débute le 29 janvier.
- Flaubert est acquitté le 7 février.
- Le roman sera publié par l'éditeur Michel Lévy en avril et connaît un succès immédiat.
« M.Flaubert est homme de cœur pour avoir dans les six dernières pages déversé toute l'horreur
et le mépris sur la femme, et tout l'intérêt sur le mari. »
« Sa mort (celle du mari) est aussi belle, aussi touchante que la mort de sa femme est hideuse. »
« M.Flaubert fait constamment ressortir la supériorité du mari sur la femme (...) Celle du devoir
rempli, tandis qu'Emma s'en écarte. »