Chapitre 3
Chapitre 3
Chapitre 3
Pour Emile Durkheim, la sociologie est la science des faits sociaux. Mais quels sont les faits, qui
en raison de leurs caractéristiques peuvent être considérés comme tels et être alors étudiés par les
sociologues ?
La réponse à cette question permet à l’auteur de différencier la sociologie des autres disciplines.
Selon Durkheim, un fait social consiste « en des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à
l’individu, et qui sont douées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui ». Or, un
fait social ne peut pas se définir par sa généralité. En effet, ce n’est pas parce qu’un fait est général,
qu’il est social car, sinon, tous les faits seraient sociaux (dormir, manger, boire).
D’après cette définition, les faits sociaux se distinguent donc par deux caractéristiques :
Leur extériorité par rapport aux consciences individuelles : les faits sociaux existent en
dehors de nous. Ils préexistent avant notre naissance et perdurent après notre mort.
En effet, les faits sociaux existent :
- avant et après nous, puisque leur temporalité est plus longue que la durée de vie humaine.
- et en dehors de nous, comme ils n’ont pas besoin de notre présence physique pour se
manifester.
Durkheim illustre cette idée par l’exemple du suicide, ce phénomène a existé avant que nous ne
venions au monde et existera après notre mort. Et nous n’avons pas besoin de nous suicider pour que le
suicide existe en tant que phénomène social.
Leur pouvoir coercitif : Les faits sociaux exercent sur les individus une contrainte si forte
qu’ils s’imposent à eux, que ces derniers le veulent ou non. La contrainte se manifeste sous forme de
sanctions sociales répandues ou organisées. Par exemple, « nous ne sommes pas obligés de nous
habiller tous de la même manière ou de parler la même langue, mais si nous ne tenons aucun compte
des usages vestimentaires et langagiers en vigueur, nous risquons de provoquer le rire, le ridicule ou la
mise à l’écart ».
Le fait social peut être aussi le fruit d’une organisation définie (systèmes financiers, règles
morales, école politique), mais également de quelques chose de moins organisée, tel que les courants
sociaux (manifestations collectives, grands mouvements d’enthousiasme, de pitié).
Selon Durkheim, les faits sociaux sont des manières de faire qui sont d’ordre physiologique si on
les considère individuellement mais il existe des manières d’être collectives. Mais ces manières d’être
Chargée de cours : Ousidhoum Souhila
ne sont pas des manières de faire consolidées. La structure politique d’une société n’est que la manière
dont les segments qui la composent ont pris l’habitude de vivre les uns avec les autres.
Selon Durkheim, est fait social toute manière de faire, de penser, fixée ou non, susceptible
d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure, ou bien encore, qui est générale dans l’étendue d’une
société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelle.
Pour pouvoir comprendre des phénomènes sociaux et aborder quelques réalités contemporaines,
Durkheim présente la démarche et les règles relatives à l’observation des faits sociaux.
La première règle fondamentale à respecter est de considérer les faits sociaux comme des choses
et donc comme des « faits physiques ». Il faut, dit Durkheim, «considérer les faits sociaux comme des
choses».
Cela ne signifie pas que les faits sociaux sont assimilables à des faits physiques. L’auteur veut
dire que la méthode en sociologie doit être analogue à la méthode en physique. Autrement dit, il faut
expliquer et considérer les faits comme des objets semblables aux phénomènes de la physique ou de la
chimie. Pour Durkheim, expliquer ce n’est pas comprendre. Expliquer, c’est analyser, chercher les
causes alors que comprendre, c’est ramener à l’unité, faire la synthèse.
Dire qu’il faut considérer les faits sociaux comme des choses, c’est aussi dire que ces
phénomènes ne sont pas immédiatement transparents pour l’intelligence et qu’il faut recourir à une
démarche inductive utilisant observation et expérimentation : « Traiter les faits d’un certain ordre
comme des choses, ce n’est pas les classer dans telle ou telle catégorie du réel ; c’est observer vis à vis
d’eux une certaine attitude mentale. C’est en aborder l’étude en prenant pour principe qu’on ignore
absolument ce qu’ils sont et que leurs propriétés caractéristiques, comme les causes inconnues dont
elles dépendent, ne peuvent être découvertes par l’introspection même la plus attentive. ». Alors selon
Durkheim, il faut rejeter l’introspection. Ce n’est pas par une observation, même attentive de nous-
même, qu’on pourra expliquer le comportement humain.
Chargée de cours : Ousidhoum Souhila
Mais, la question qui se pose, quels sont ces faits sociaux qu’il s’agit de considérer comme des
choses ?
Durkheim reconnaît le fait social à ce qu’il exerce une contrainte sur l’individu. En effet,
l’homme n’agit pas librement, mais son comportement dépend d’un contexte social qui le fait agir.
En effet, la société entraîne des coercitions, des contraintes plus ou moins explicites. Ainsi, la
vérité première n’est pas l’individu, mais la société. Cette dernière ne s’explique pas comme la simple
somme des individus qui la compose, mais c’est plutôt le comportement individuel qui s’explique par la
société.
En plus, pour Durkheim, l’intérêt du sociologue est la manifestation collective des faits sociaux.
Tous les faits sociaux s’incarnent chez les individus, mais ce ne sont que leur expression collective qui
intéresse le sociologue. Par exemple, le sociologue s’intéresse au crime et non aux criminels, au suicide
et non aux suicidés, au mariage et non aux mariés. Donc le sociologue doit étudier le fait social en
dehors de son incarnation individuelle car il existe en dehors des individus. Il a « une existence propre,
indépendante de ses manifestations individuelles ». Pour l’appréhender, on peut parvenir à l’isoler en
utilisant les statistiques, de telle sorte qu’on le traite comme une chose. Par exemple, on peut isoler le
suicide à travers le taux de suicide, le mariage à travers divers indicateurs sociodémographiques ( l’âge
moyen du premier mariage, taux de divorce ), le crime à travers les taux de criminalité.
Pour Durkheim, la première règle est : considérer les faits sociaux comme des choses. En effet,
les faits sociaux doivent être traités comme des choses parce qu’ils sont les data immédiats de la
science, tandis que les idées, dont ils sont censés être le développement, ne sont pas directement
données. Ils ont tous les caractères de la chose. Il faut donc les traiter de manière objective en tant que
tels, de l’extérieur sans avoir recours à une méthode idéologique.
Une deuxième règle consiste à écarter de la science toutes les prénotions, les fausses évidences
autant que possible. Le sentiment est objet de science, non le critère de vérité scientifique.
La troisième règle est de donner les définitions de ces choses comprenant les caractères
extérieurs. C’est à dire définir les choses dont le sociologue traite, afin que l’on sache et qu’il sache
bien de quoi il est question. La définition des choses n’explique pas les faits sociaux pour autant, elle
fournit seulement le premier point d’appui nécessaire à nos explications. Les phénomènes ainsi
regroupés, feront partie d’une même rubrique et ce classement ne dépendra pas du sociologue, donc ne
sera pas influencé par ses prénotions.
Chargée de cours : Ousidhoum Souhila
Une dernière règle consiste à écarter les données sensibles qui peuvent influencer l’observation
par leurs caractères personnels et ne retenir que les données réellement objectives. Les faits sociaux
doivent être les plus objectifs qu’il est possible et donc, le sociologue doit s’efforcer de les considérer
par un côté où ils se présentent isolés de leurs manifestations individuelles.
Prééminence du collectif : Durkheim soutient que la société est plus que la somme de ses parties
individuelles. Il accorde une importance particulière aux phénomènes sociaux qui transcendent les
actions individuelles et qui sont le produit des interactions collectives.
Autonomie du social : Durkheim soutient que le fait social a une réalité et une existence
indépendantes des individus qui le composent. Ces phénomènes existent en tant qu'entités
distinctes et influencent le comportement des individus de manière contraignante.
Contrainte sociale : Les faits sociaux, selon Durkheim, exercent une contrainte sur les individus.
Ils limitent et guident le comportement des membres de la société, et cette contrainte est
nécessaire pour maintenir la cohésion sociale.
Ainsi, le holisme de Durkheim en sociologie insiste sur l'idée que pour comprendre pleinement la
société, il est nécessaire de prendre en compte les phénomènes sociaux dans leur ensemble, en
mettant l'accent sur les structures et les dynamiques collectives plutôt que sur les individus isolés.
Ce cadre théorique a eu une influence significative sur le développement ultérieur de la
sociologie.
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Weber définit une action comme : « un comportement humain quand et pour autant que
l’agent et les agents lui communiquent un sens positif »1.
Parmi les actions humaines weber s’intéresse en particulier à l’action sociale qu’il définit
comme suit :
« L’activité qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement
d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement. »2
La notion d'activité, telle que définie, revêt une importance particulière dans le champ de la
sociologie, où l'accent est mis sur la compréhension des interactions sociales et des
dynamiques collectives. En considérant l'activité du point de vue de l'agent social, l'analyse
sociologique peut explorer les motifs, les intentions et les significations qui sous-tendent les
actions individuelles au sein d'un contexte social.
La référence à l'orientation de l'activité par rapport au comportement d'autrui souligne
l'interconnexion inhérente des individus au sein d'une société. Les actions individuelles ne se
produisent pas dans un vide social, mais plutôt en réponse aux attentes, aux normes et aux
influences des autres membres de la communauté. Ainsi, la sociologie s'intéresse à la manière
dont les individus construisent et négocient leur identité au sein de ces interactions sociales.
De plus, en mettant en avant la dimension dynamique de l'activité, la définition souligne la
variabilité des comportements en fonction des contextes sociaux changeants.
1
natalie rigaux,(2008), introduction à la sociologie par sept grands auteurs, ed de boeck, bruxelles, p 134.
2
135
3
barbusse B. et Glaymann D., (2000), introduction à la sociologie, Foucher, Paris,page35.
Chargée de cours : Ousidhoum Souhila