Histoire Lumiere
Histoire Lumiere
Histoire Lumiere
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 1/26
Le musée vous propose une découverte de la vie en Franche-Comté de la fin de l'Ancien Régime au milieu
du 20è siècle:
- un parcours géographique qui montre des maisons construites différemment en fonction du climat, des
ressources (bois, pierre, terre) et des activités pratiquées (polyculture, élevage)
- doublé d'un parcours chronologique qui précise la lente évolution des manières de vivre dans la Franche-
Comté rurale entre 1770 et 1950. Cette évolution est commune à l'ensemble de la région.
Cette découverte se fait en visitant six maisons :
Les Bouchoux: La vie à l'époque de la révolution française dans le haut Jura
Les Arces: la vie au temps de Napoléon 1er dans le Haut Doubs
Joncherey : la vie à l'époque pré-industrielle (vers 1840) dans le Sundgau belfortain
Recouvrance: la vie ors de la 1ère révolution industrielle (vers 1885) dans le Sundgau belfortain l
Boron : la vie après la première guerre mondiale (vers 1925)
La Proiselière : la vie dans les Vosges saônoises dans les années 1950
Les cinq premières servent de support aux trois jeux de piste : « La vie à la campagne, c'était vraiment mieux
avant ? »
Nous vous proposons un dossier sur le thème de l'éclairage.
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 2/26
Table des matières
1 La lumière naturelle.........................................................................................................................................2
2 L'éclairage dans la maison...............................................................................................................................3
2.1 La lampe à huile........................................................................................................................................3
A Le carburant ...........................................................................................................................................3
B Les mèches..............................................................................................................................................4
C Les récipients..........................................................................................................................................4
D problèmes mécaniques et leurs solutions...............................................................................................5
2.2 la chandelle ...............................................................................................................................................7
2.3 La bougie...................................................................................................................................................8
2.4 Les supports : chandeliers et bougeoirs....................................................................................................8
2.5 La lampe à pétrole.....................................................................................................................................9
2.6 La lampe à gaz de pétrole ou à gaz d'essence.........................................................................................11
3 L'éclairage au dehors : la lanterne.................................................................................................................13
4 L'éclairage public...........................................................................................................................................14
5 L'électricité.....................................................................................................................................................14
6 Briquet et allumette.......................................................................................................................................15
7 Annexes..........................................................................................................................................................16
A tableau chronologique...........................................................................................................................16
B L'électrification des campagnes françaises..........................................................................................17
C le verre à vitres en Franche-Comté......................................................................................................21
1 La lumière naturelle
A l'intérieur des maisons rurales, la lumière naturelle entre par les ouvertures faites dans les murs. Celles-ci
sont fermées par de simples volets de bois. Elles ne connurent pas de verre à vitres avant longtemps.
Les Romains employaient dans les palais la corne amincie ou la spéculaire (pierre) débitée en feuilles
minces.
Au 12e siècle, on sut réaliser des vitres ou vitraux translucides de quelques cm². Auparavant, aucune maison,
aucune église, si riche soit-elle, n'avait de vitres; les fenêtres fermaient par des volets pleins, des treillis de
bois ou des toiles cirées; parfois, un parchemin ou un papier huilé. Jusque vers 1600, le prix des vitres est si
élevé que même dans les maisons riches, on ne vitre que la partie supérieure des fenêtres, le reste étant
occulté par un volet de bois plein.
En France, les verres à fenêtre sont restés rares durant les 17e et 18e siècles. Les carreaux tiennent avec des
petits clous ou des bandes de papier collé. Le mastic est mentionné en 1773. Au 19e, la technologie du verre
plat s'améliore, le prix chute permettant au verre de se démocratiser et d'équiper les maisons. Le vitrier
ambulant sillonne la France.
Dans ce contexte, la Franche-Comté faisait exception car elle produisait du verre : la nature de la région le
permettait (eau, sable, forêts, fougères). Les verreries étaient installées en bord de rivière-lisière de forêts.
Dès le 17e siècle, les modestes maisons rurales montraient une ou plusieurs fenêtres vitrées.
A l'intérieur de la maison, c'est d'abord le feu ouvert qui donne la lumière, suffisamment pour cuisiner,
manger et accomplir quelques tâches simples.
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 3/26
2 L'éclairage dans la maison
A Le carburant
D'une façon générale, pour alimenter leurs lampes, nos ancêtres ont utilisé d'abord de la graisse animale,
comme l'huile de baleine1 puis végétale, principalement l'olive (la première pression étant réservée à
l'alimentation, les huiles de seconde catégories étaient prises pour brûler).
1 On utilisa tant d'huile de baleine en Europe du nord aux 18e et 19e siècle que la grande baleine blanche de l'océan
atlantique disparut presque au milieu du 19è. Même les réverbères publics de certaines villes anglaises et hollandaises
fonctionnaient à l'huile de baleine ! On passa alors à l'huile végétale.
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B Les mèches
Pour les chandelles, bougies ou lampes, le rôle des mèches est primordial.
On en trouve de toutes sortes, réalisées avec les moyens du bord : en mousses sèches et lichen chez les
esquimaux, en moelle de sureau ou de roseau en Europe encore à l'époque moderne. Avec les produits de la
culture, on réalise des mèches à partir des fibres textiles. C'est le cas en Franche-Comté qui en fait en filasse
de chanvre.
L'arrivée du coton va bien changer et améliorer les performances. Tout d'abord, dès le 16e, on trouve des
mèches de coton roulé (cf tableau « La Madeleine Terff »), puis à partir de 1766, des mèches de coton tressé
et en 1780 c'est la révolution de la mèche plate. Elle offre une plus large surface au contact de l'air, elle
assure une meilleure combustion tout en diminuant la production de suie.
Plus la mèche est grosse, plus la flamme est grande, plus la consommation de carburant augmente. Dans tous
les cas, il faut moucher la mèche au fur et à mesure de la combustion car elle devient trop charbonneuse : on
prend les ciseaux en fer, les mouchettes, sur lesquelles est montée une petite boîte destinée à recevoir les
fragments consumés.
C Les récipients
La lampe à huile peut être une simple cupule en terre cuite avec une dépression pour accueillir la mèche. La
lampe à huile romaine est en terre, plus rarement en bronze ou en pierre.
Dès 800, on trouve de petites lampes en verre ceinturées de métal avec une anse. Dedans, la mèche est
soutenue par un flotteur en liège (cf tableau de La Tour, Méditation de la Madeleine Terff, musée du Louvre:
verre rempli à moitié d'eau sur laquelle flottent quelques cuillerées d'huile alimentant une mèche courte).
Dès le 12e, on va trouver des lampes en fer forgé ou en tôle de fer imitant les anciennes lampes romaines en
terre, dotées d'un système de suspension. On fait des lampes à plusieurs becs permettant d'avoir plusieurs
mèches (comme le croissel qui a 4 becs en croix)
On fait aussi des lampes fermées à couvercle mobile pour le remplissage, par exemple les lourdes lampes
utilisées dans les mines et souvent pourvues d'un petit coq ornemental, symbole de la vigilance.
Celles que l'on connaît le mieux, ce sont les lampes composées d'un pied qui reçoit le carburant (l'huile), d'un
bec pinçant la mèche qui plonge dans l'huile, et surmontées d'une cheminée en verre. Ce système fut ensuite
perfectionné pour les lampes à pétrole mais l'aspect extérieur est très proche. Dans les maisons rurales, on
retrouve ces différentes solutions.
ferme des Arces : lampe à huile en ferme des Bouchoux : lampe à maison de Joncherey : lampe à
verre du même type dans le placard huile suspendue au poêle au-dessus huile à deux becs en forme de
du poêle de l'établi du lapidaire chandelier (sur la table du poêle)
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D problèmes mécaniques et leurs solutions
Quand la chimie moderne au 18e siècle explique la composition de l'air et les réactions chimiques de la
combustion d'une flamme, les lampistes fabriquent des lampes à mèche plate d'abord, puis à mèche tubulaire
associée à un verre de tirage (verre de lampe). Cette évolution, entamée vers le milieu des années 1770,
constitue le premier pas vers une modernisation des appareils d'éclairage. Par la suite, les becs et luminaires
conçus pour les nouveaux carburants (gaz, pétrole...) en tiendront compte. La mèche tubulaire permet le
passage d'un courant d'air au centre de la flamme en plus de l'air arrivant de l'extérieur, d'où le nom "lampe à
double courant d'air".
Le verre, droit ou étagé, favorise l'apport d'air en créant un tirage ascendant.
En 1780, le chercheur français Proust imagine de séparer le réservoir de la mèche : le long d'un axe vertical,
il fixe un réservoir latéral et, plus bas, le bec de lampe. Le bec est alimenté en continu via un petit tuyau qui
le relie au réservoir (système des vases communiquants).
En 1798, la lampe Proust est équipée du bec d'Argand
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le quinquet : du nom de son inventeur, en fait il s'est
agi tout simplement pour Quinquet de fabriquer et
commercialiser l'invention d'Argand couplée au
système Proust en améliorant le tout avec un
réflecteur !
Début 19e, un horloger parisien, Guillaume Carcel, invente un mécanisme d'horlogerie qu'il greffe sur les
anciennes lampes à pompe pour faciliter la montée de l'huile dans la mèche. Peu de succès
Vers 1810 : lampe hydrostatique fonctionne sur le principe des vases communiquants et des liquides de
différentes densités.
En 1837 : Franchot invente la lampe à modérateur et obtient le prix de l'Académie des sciences en 1853
pour cette invention. Une aiguille engagée dans le tuyau d'ascension de l'huile régularise l'arrivée sur la
mèche. Un piston de cuir actionné par un ressort à boudin est tendu par une clé située sous le bec, au même
niveau que la molette de réglage de la mèche.
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2.2 la chandelle
La cire d'abeille qui donne les meilleures chandelles, est réservée aux cierges de l'église. Le peuple utilise le
suif.
Recette anglaise : Si on débarrasse un jonc de son écorce, on obtient une mèche faite de moelle et
parfaitement absorbante. En laissant une bande d'écorce, on conserve suffisamment de rigidité. Reste à
trouver de la graisse animale fondue pour l'y tremper à plusieurs reprises, et c'est la graisse de mouton qui
donne les meilleures chandelles. Laisser durcir entre chaque bain. La chandelle est prête. Longue de 40cm,
elle brûle ½ heure. Elle fume et sent la graisse brûlée.
Recette française : prendre un moule à chandelle en étain, en fer blanc (2 ou 4 pièces), en bois2
1) y tendre une mèche de filasse de lin ou de chanvre
2) couler le suif de mouton ou de chèvre, parfois aussi de boeuf (moindre qualité, la graisse est moins dure et
à tendance à fondre en été, ce qui fait que la chandelle s'affaisse !) et laisser durcir
variante : remplacer le suif par des noix pilées
2 à Rome, déjà, on coule du suif ou de la cire d'abeille dans des moules où une mèche est tendue
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2.3 La bougie
On trouve dans la littérature jusqu'au 19e siècle confondues bougie et chandelle. On pourra cependant les
distinguer en fonction du contexte et de la façon suivante : la bougie est plus noble, brûle mieux, car elle est
composée de cire d'abeille ou de blanc de baleine.
Jusqu’en 1823, on ne connaissait que la bougie de cire –d’abeille-, un objet de luxe, qui ne servait donc qu'à
l'éclairage des édifices du culte et des salons dans les châteaux.
Après dix ans de recherche, en 1823, le chimiste Michel Eugène Chevreul publie « Recherches chimiques
sur les corps gras d'origine animale ». Il y explique la composition des corps gras et la réaction de
saponification. On appelle saponification une réaction qui permet de transformer les graisses sous l’effet des
alcalis (substances basiques). Ses recherches sur la saponification du suif animal (alors utilisé pour la
fabrication de chandelles) l’amènent à découvrir qu’il est un mélange constitué principalement de trois corps
gras (triesters) qu’il nomma : oléine, palmitine et stéarine. La saponification de la stéarine qu’il apprend à
isoler produit de l’acide stéarique : sous l'action de la soude, la stéarine donne du stéarate de sodium et de la
glycérine. Isolé et traité par de l’acide, le stéarate de sodium se transforme en un acide gras, l’acide stéarique
(C18H36O2).
Chevreul vient de synthétiser un acide gras -solide jusqu’à 69°C- dont les propriétés de combustion se
révèlent idéales pour devenir le constituant essentiel d’un nouveau type de bougies : la bougie d'acide
stéarique. Chevreul a compris qu’en isolant et en transformant un des constituant du suif dont sont faites les
chandelles (peu de lumière et beaucoup de fumée) on obtient des bougies stéariques (plus de lumière et
moins de fumée).
Dès 1834, ces travaux conduisent à la fabrication de bougies en série, donc bon marché. Jusque dans les
intérieurs les plus humbles, on remplace les chandelles en suif d’animal par des bougies stéariques plus
dures. Elles se consument mieux et produisent de ce fait plus de lumière, moins de fumée et ne dégagent
pratiquement aucune odeur incommodante.
A partir de ce moment, l'industrie de la stéarinerie a connu une période de très grande prospérité. Vers le
milieu du siècle, la bougie stéarique était répandue dans la plupart des pays du monde. En 1873, la
production de stéarine de la France dépassait 300 000 quintaux et atteignait une valeur de 55 millions de
francs (francs or, avec leur pouvoir d'achat de l'époque).
L'industrie a tiré des découvertes de Chevreul, d’autres applications capitales : l'industrie des savons lui doit
de nombreux et importants perfectionnements, l'emploi de l'acide oléique pour la préparation des laines au
tissage est devenu général, et l'industrie de la glycérine fut la base, entre autres, de celle des dynamites.
Comme pour la lampe à huile, la qualité de la mèche est importante.
En 1858 : Jules de Cambaceres invente la mèche à trois brins tressée, puis de Milly traite les mèches à l'acide
borique : elles ne charbonnent plus.
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 9/26
Bougeoir : il récupère la cire, il a
un manche ou une anse et pas de
pied
chandelier à pince en fer
Chandelier à douille en forme de colonne
forgé dans la ferme des
appelé aussi flambeau : celui-ci ne
Bouchoux
comporte pas de bobèche pour recevoir la
cire qui coule
Vers 1860 apparaît l’huile de pétrole, ou pétrole lampant, ou encore plus tard kérosène. Bien plus fluide et
inflammable que les huiles végétales ou animales, il ne nécessite pas les mécanismes des lampes Carcel ou à
modérateur. La lampe à pétrole est toute simple : la mèche trempe dans le liquide qui monte naturellement au
brûleur par capillarité. Elle copie le dernier modèle de lampe à huile et ajoute une molette externe : celle-ci
commande une roue dentée mordant dans le tissu de la mèche et permettant d'en régler la hauteur. Le bec est
aussi amélioré : le bec d’Argand, utilisé pour les lampes à huile, est conservé, légèrement modifié mais
toujours avec un verre coudé : c'est le bec Kosmos.
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 10/26
Les abat-jour à franges furent fabriqués depuis la fin du 19e siècle à nos jours, leur période de grande
popularité se situant dans le premier quart du 20e siècle. Ils furent utilisés sur les lampes et suspensions à
pétrole, à gaz et pour l'électricité, notamment dans les suspensions à monte-et-baisse au contrepoids en
céramique.
Les manufactures étaient situées en Europe Centrale, Bohème, Silésie, l'Est de la France.
On trouve des réservoirs en verre de différents coloris, ou des lampes en métal repoussé serti de cabochons
en verre coloré.
Les franges de l'abat-jour adoptent divers motifs et coloris. Les perles sont moulées ou étirées dans du verre
de couleur ou argenté, strass, etc. Simple bille, tube, épis, poires, clochettes et prismes, les formes sont très
diverses. Les franges composées majoritairement de petites perles appelées aussi rocaille sont dites de type
Venise, alors que les franges comprenant de grosses perles à facettes alternées avec des tubes et de la rocaille
sont dites de type Bohème.
Exemple de lampe à pétrole à suspension à Petite- Lampe à pétrole courante vers 1920 présentée dans la
Chaux (Haut Doubs) ferme de Boron
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2.6 La lampe à gaz de pétrole ou à gaz d'essence
Vers 1860, Mille propose ses lampes sans liquide : le réservoir contient des fibres d’éponge, qui absorbent
toute l’essence . La mèche s'imbibe au contact de cette éponge, et conduit le liquide en haut du bec d'un
demi-centimètre et haut de trois environ. La flamme éclaire à peu près comme une bougie, plus blanche, sans
fumée. Pigeon brevette en 1884 une lampe borne standard directement issue de sa lampe de sécurité très
massive . Le principe, une mèche pleine cylindrique de 7 mm de diamètre est enfermée dans un tube; le bec
étanche est vissé sur le réservoir garni de rondelles de feutre.
Système pigeon à flamme simple : une mèche cordon, un réservoir bourré d'un tissu spongieux (étoupe,
feutre, poil de lama ou éponge) pour augmenter la sécurité. Le réservoir est rempli, les matières s'imbibent
d'essence. Une colonne assure l'arrivée d'air qui se charge ainsi de vapeurs et parvient au bec dans lequel se
trouve la mèche, combustible ou non. Celle-ci est utile pour le réglage de la flamme. Un bouchon empêche
l'évaporation. Lorsque le brevet tombe dans le domaine public en 1900, de nombreuses copies envahissent le
marché. Elles sont souvent de moins bonne qualité, mais elles copient très fidèlement la taille et la forme de
la lampe standard. D'autres modèles, en revanche, sont plus élégants et leur bec se démarque de celui de
Pigeon par exemple, la lampe Gardon -
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 12/26
Il existe aussi des lampes à essence à suspendre ou à
poser avec cheminée de verre pour optimiser
l'éclairage.
Par exemple : la lampe à essence pour suspension
« Titus » de Tito Landi, Paris . On peut enlever le pot
de la suspension et le poser directement sur un
meuble.
De gauche à droite : lampe à pétrole, lanterne pour voiture hippomobile, lampe à essence, lanterne d'écurie
(dessins J. Garneret)
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 13/26
3 L'éclairage au dehors : la lanterne
Pour éclairer l'écurie, ou déplacer la lumière sans risques excessifs à l'extérieur du logis, on utilise la lanterne
qui protège la flamme contre le vent et les intempéries.
Le corps est le plus souvent en métal mais on en trouve aussi aussi à montants en bois avec cheminée en tôle.
La paroi transparente est en corne mince, puis en parchemin, en feuille de mica, enfin en verre
On trouve des lanternes en fer ajouré cylindriques à toit pointu.
On allume dans la lanterne une chandelle ou bien une petite lampe à huile ou à pétrole
au musée, on en trouvera à l'entrée des Bouchoux et dans le cul de four des Arces, toutes deux proches de
l'écurie. Une troisième sur un tonneau dans la chambre des Arces jouxtant l'écurie.
Et une dans chacune des maisons du Sundgau.
Lanterne à bougie au corridor des Bouchoux Lanterne à huile chambre sud-ouest des Arces
La lanterne à acétylène
Le gaz acétylène fut isolé dès le début du 19e. Il est obtenu par l'action de l'eau sur le carbure de calcium.
Cependant, son usage ne se généralisa qu'à l'aube du 20e siècle. Il fut ensuite pendant plusieurs décennies un
contributeur majeur au développement de l'industrie. L'acétylène fut également une source d'éclairage simple
d'utilisation et peu onéreuse qui remplaça petit à petit l'huile, le pétrole et le gaz de houille. Les lampes à
acétylène étaient alors de tous les usages : éclairage des bicyclettes, des véhicules hippomobiles et
automobiles, des motocyclettes et des trains. Elles étaient aussi utilisées sur les chantiers, dans les carrières
souterraines, les mines non grisouteuses et dans les champignonnières. Bien que rapidement concurrencé par
l'électricité, l'acétylène perdura jusqu'en 1960 et même jusqu'au début du 21e siècle par les spéléologues.
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 14/26
4 L'éclairage public
Il fut installé à Paris dès la fin du 17e siècle, avec un système de grosses chandelles dans des réverbères. Puis
on utilisa des lanternes à huile dont l'allumeur de réverbères s'occupait deux fois par jour: pour l'entretien de
la lampe et des vitres de la lanterne, puis à la tombée de la nuit pour l'allumage. L'extinction se faisait
automatiquement par épuisement du carburant.
Le 19e siècle est l'ère du gaz mis au point par Cooke vers 1790. Au départ, il éclaire les places des villes et
les édifices publics, par exemple l'ancien pont de Londres en 1813. Paris l'adopte en 1819. et les grandes
agglomérations à partir de 1855.
L'éclairage au gaz cohabite un certain temps avec l'éclairage électrique puis lui laisse la place.
5 L'électricité
C'est la lampe d'Edison (1879) qui lance ce mode d'éclairage. Mais dans les campagnes, l'électricité tarde à
arriver. L'installation d'usines électriques depuis la fin du 19e siècle, la mise en place des réseaux électriques
et la volonté politique de la troisième république amènent progressivement l'électricité dans toute la France
entre 1919 et 1939, espérant par là enrayer l'exode rural. D'autant plus que les poilus qui ont survécu à la
grande guerre, ont traversé les villes : ils y ont vu l'importance de l'électricité dans la vie quotidienne.
Mise au point en 1909, la lampe à filament de tungstène, emblème du 20e siècle, vit maintenant ses dernières
années. Elle est remplacée actuellement par des lampes plus économes en énergie.
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 15/26
6 Briquet et allumette
L'homme est capable de produire du feu depuis 400 000
ans. Le feu peut être naturel (foudre) ou produit
– par frottement ou friction : c'est sans doute le mode le
plus courant.
– par percussion en frappant deux pierres dures ou encore
une pièce de fer contre un silex ; ce dernier mode de
production du feu, connu sous le nom de fusil ou de
briquet, resta en usage en Europe jusqu'à la fin du 19e
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 16/26
7 Annexes
A tableau chronologique
Invention/découverte Usage public Usage domestique
courant
Feu 400 000 ans
Lampe à huile - 15000, peut-être oui
avant
Torches résineuses Idem oui
Chandelle - 3000 oui
Bougie en cire Moyen Age Églises et châteaux
d'abeille seulement
Gaz 1800 1830
Lampe à arc 1808 1844 marginal
électrique
Arc dans un gaz vers 1900 1960 : la lampe à 1945 : tube
vapeur de sodium faussement appelé
néon
Bougie stéarique 1825 1840
Pétrole Exploitation à partir 1880
de 1850
Lampe à carbure et Gaz acétylène1836 Éclairage des lanternes
acétylène application pour véhicules (trains, 1910
l'éclairage 1892 voitures )
Lampe à essence 1860 1900
Électricité, 1879 (Édison) Fin 19e 1910
incandescence
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 17/26
B L'électrification des campagnes françaises
Aux alentours de 1900 l’arrivée conjointe de l’électricité et du pétrole va constituer la seconde révolution
industrielle après celle du charbon et de la machine à vapeur des années 1840-1850 en France.
L’arrivée de l’électricité dans les fermes, provoque, bien sûr, un changement radical de l'éclairage dans la
maison mais va bien au-delà : cette électricité signe aussi l’arrivée d’une nouvelle force motrice qui va
favoriser un développement rapide du machinisme agricole. Le moteur électrique, par sa polyvalence, sa
simplicité de fonctionnement et d'entretien, et surtout sa petite taille, séduit immédiatement. Il entraîne des
meules, scies, motopompes, broyeurs, batteuses, treuils, aplatisseurs, mâches paille, coupes racines,
concasseurs à tourteau, pétrins mécaniques, barattes, malaxeurs, écrémeuses, tondeuses, couveuses,
trayeuses...Ses avantages en font un auxiliaire indispensable à la petite et moyenne exploitation.
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 18/26
1910 l’ampoule à filament de tungstène s’impose
1910 Georges Claude invente le tube au néon (gaz rare) lumière rouge, utilisé pour la publicité.
1920 : Les machines à laver sont équipées d'un moteur électrique
1936 Georges Claude présente le premier tube fluorescent au Mercure à basse pression (faussement appelé
néon). Production en 1936 et développement après 1945. Lumière très blanche. Avec les progrès et la
miniaturisation de l’électronique, l’intégration du ballast dans le culot donne naissance à la première lampe
fluocompacte à alimentation électronique par Philips (annoncée en 1976, introduite en 1980), puis Osram
(1981) suivis par les autres fabricants
En France, trois grandes périodes ressortent de la lente marche vers l’électrification des campagnes :
1- Les années 1880-1918 sont les années de balbutiement et d'expériences. Si les blocages financiers et
techniques sont multiples, la question des mentalités -les populations rurales demeurent traditionalistes-,
constitue certainement un obstacle important. Mais cette résistance ne s’inscrit pas dans une position de rejet
total.
L’espoir de produire de l'électricité à partir de petites usines au fil de l'eau retarda aussi l’électrification des
campagnes. Cela aurait été le symbole de reconquête des anciens moulins actifs avant la révolution
industrielle et tombés en désuétude depuis le déplacement des industries vers les bassins houillers.
L'autonomie de cette production aurait permit de produire une hydroélectricité à moindre coût. En réalité, ces
petites usines hydroélectriques constitueront plus des forces d'appoint et seront intégrées dans un véritable
réseau régional.
La solution retenue est de distribuer l'électricité à tous par l'intermédiaire de stations centrales et de réaliser
ainsi des économies d'échelle de grande ampleur. Mais on fut alors confronté à une impasse technologique :
le transport de l'électricité sur de longues distances. Les progrès techniques en matière de transport de
l’énergie vont rapidement apporter une solution.
Néanmoins, les sociétés de distribution rechigneront longtemps à apporter l'électricité au cœur des
campagnes. Le fermier ne constitue pas un client comme les autres : les frais de raccordement sont bien
supérieurs à ceux des villes et sa consommation est trop faible en comparaison de celle des citadins et surtout
des industriels.
2- C’est entre 1920 et 1938 que l’électrification rurale de la France est réalisée en grande partie:
En 1919, sur les 38 014 communes que compte la France métropolitaine, 7 500 , soit environ 20 %,
seulement sont raccordées au réseau électrique : il s'agit de communes urbaines. Vingt ans plus tard, Au 1er
janvier 1941, 36 899 communes, soit 97 % des communes sont desservies. La France de l'entre-deux-guerres
conserve une forte dominante rurale. En 1928, notre pays est peuplé de 20 millions de ruraux, soit environ la
moitié de la population française métropolitain
À l’origine de ce développement se trouve la Première Guerre mondiale. Les « Poilus » qui ont survécu à la
Grande Guerre et qui, souvent, n’avaient jamais quitté leurs terres, ont entrevu le progrès apporté par
l'électricité dans les villes qu'ils ont traversées en se rendant sur le front. La grande ville illuminée fait
désormais rêver. Les campagnes sont décimées et il faut apporter une réponse aux effets négatifs de
l'industrialisation, notamment l'exode rural qui se poursuit inexorablement. L’électricité à défaut de ramener
les hommes vers les campagnes peut-t-elle simplement les retenir ?
Au lendemain du premier conflit mondial, l'électrification des campagnes devient une priorité mais est
estimée à 10 milliards de francs. Qui doit payer les sommes extraordinaires nécessaires à la construction des
réseaux haute, moyenne et basse tensions ?
L’électrification se fera par l’intermédiaire d’entreprises privées, mais c’est l'État et les collectivités
publiques qui vont jouer le rôle de financier. C’est certainement l’une des plus belles réussites de cette
époque.
• L'aide de l'État est triple :
- étude gratuite des projets par l'intermédiaire du Service du Génie Rural (Ministère de l'Agriculture),
- les lignes à haute et moyenne tension sont subventionnées à un taux variant de 25 à 55 % suivant la
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 19/26
dépense par habitant tandis que pour les lignes à basse tension, les taux de subvention sont de 10 et 20 %
- des avances à taux réduits sont faites par le Crédit Agricole. L'État a institué, par la loi du 2 août
1923, un régime d'avances consenties par le Trésor – par la Caisse de Dépôts et Consignations – à l'Office
national du Crédit Agricole, lequel a pour mission d'accorder aux collectivités des prêts au taux maximum de
3 % sur une durée de 40 ans. Le crédit d'engagement fixé par la loi du 2 août est de 600 millions de francs.
En 1938, ce crédit s'élève à 900 millions.
L'effort considérable fait par l'État français est indéniable : subventions publiques et prêts à taux réduits du
Crédit Agricole couvrent 49,4 % du total. On soulignera que 63,10 % des dépenses proviennent de ressources
à titre de fonds perdus et 36,90 % de ressources par voie d’emprunt : prêts à taux réduit du Crédit Agricole,
emprunts locaux et emprunts divers
• Les départements participent également aux charges par la construction de lignes à HT
• Les privés. En premier lieu, il est décidé, pour diminuer les frais d'installation, que l'implantation des
poteaux électriques dans les propriétés privées ne donnerait lieu à aucune indemnité, sauf en cas de
dommage réel aux propriétaires. De plus, un article de la loi de finances de 1925 stipule que l'attribution
d'une subvention entraîne automatiquement l'utilité publique, c'est-à-dire la réduction des formalités de
contraintes face aux opposants. D'autre part, les usagers sont dans l'obligation de payer leur contribution sous
la forme d'une taxe de premier branchement perçue au profit de la commune. Enfin, les usagers doivent
également souscrire à des emprunts locaux émis par les communes.
Financement de l’électrification rurale au 1er janvier 1938 (en %)
Source : ROYCOURT, 1944, p. 92-93
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 20/26
L’électrification des campagnes par département en 1926
En Franche Comté une grande partie de l’électrification est réalisée avant 1925. Elle est pratiquement
terminée en 1930.
3- De 1948 au milieu des années 1960 s’achève, avec Électricité de France (EDF) créée en 1946, l'œuvre
entreprise sous le signe de l’équité territoriale par la péréquation des prix et tarifs.
EDF rassembla les trois types de sociétés industrielles : la production, le transport et la distribution
d’électricité.
Lorsqu'une commune rurale est totalement électrifiée sont entrepris d'autres projets d’aussi grande ampleur :
les chantiers d'adduction d'eau, de raccordement téléphonique, de voirie ...
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 21/26
C le verre à vitres en Franche-Comté
Verrerie au bois
Loye
Loye
Grâce à l’étendue de ses forêts, la
Franche-Comté est une région de riche tradition verrière. M André Seurre dans la verrerie en Franche-Comté
(1960) a dénombré trente-sept verreries comtoises ayant fonctionné entre 1650 et 1850, fabriquant, aussi
bien, les unes des verres plats que les autres de la gobeleterie. Les dernières représentantes sont Passavant-la-
Rochère fondée en 1475 qui maintient toujours une activité de cristallerie alors que la plus célèbre, celle de
la Vieille-Loye, dans la forêt de Chaux, cessa en 1931 une activité longue de plus 6 siècles. On y fabriquait
notamment des « clavelins » bouteilles trapues utilisées pour les vins du Jura.
Avant la révolution industrielle, pour faire du verre il fallait beaucoup de bois afin de chauffer du sable
(silice) à environ 1700°C. En ajoutant un fondant, de la soude (obtenue anciennement par la cuisson d'algues
marines ou de la potasse (obtenue anciennement à partir de cendres végétales, en particulier de fougères) la
température est abaissée de quelques centaines de degrés. Ensuite, afin de rendre le verre insensible aux
agents chimiques comme l'eau par exemple, il faut rajouter un stabilisant comme la chaux, la magnésie ou
l'alumine. Enfin par mesure d'économie, pour diminuer encore le point de fusion il est possible de mélanger
du calcin, c'est à dire du verre recyclé.
Grandes dévoreuses de bois, les verreries s’installaient au cœur de régions bien pourvues de forêts, et
déménageaient après épuisement du combustible. On estime que, pour produire un kilo de verre commun, il
fallait consommer environ deux stères de bois.
Pour les principales verreries établies en Franche Comté, La Vieille Loye consommait près de 7000 stères de
bois par an et pour les verreries produisant du verre plat, Miellin et le Bief d’ Etoz (en 1778), environ 2500 à
3000 stères de bois par an.
Les premiers objets en verre trouvés sont des perles de verre égyptiennes remontant
à 2500 avant notre ère. Les premiers objets à vocation utilitaire sont également à
mettre au crédit des Égyptiens : il s'agit de petites bouteilles etde gobelets (1600 av
JC). Durant le premier millénaire avant J-C, les civilisations du pourtour
méditerranéen utilisaient des objets en verre.
Le soufflage du verre a été inventé par les Babyloniens vers 250 avant Jésus-Christ,
rendant facile et bon marché la réalisation de vaisselle en verre.
Les Romains développèrent l'industrie des bols et des petites bouteilles en verre.
Pline, en 79 avant notre ère, notait ainsi que les tasses en verre remplaçaient les
tasses en métal précieux chez les riches Romains. Si le vitrage a occupé une place
très importante dans le développement des thermes, il ne semble avoir été ni
généralisé ni même fréquent dans le reste de la construction; son usage semble
s’être limité à certains édifices publics et à un habitat privé riche (notamment sous
forme de véranda).
Au Moyen Age, la production de verre se cantonne aux vitraux des cathédrales gothiques,
L'art du verre fut redécouvert à Venise au XIIIe et XIVe siècle par les Vénitiens de l'île de Murano. Ils
donnèrent à leur verre fin et clair, le nom de cristal
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 22/26
À partir du XVe siècle, la généralisation de la consommation du verre concerne avant tout les populations
riches et les bourgeoises des villes. Elle ne se démocratise à l’ensemble du peuple que dans les zones de
production. Le verre pare un certain nombre de bâtiments, liés plus ou moins directement à des activités
économiques et commerciales.
On fait du verre en disque au XVIe siècle, sans doute autour de Gray,
voire en forêt de Chaux.
On l’observe dans certaines forges comtoises au XVIe siècle. À
Salins, le verre est employé aux XVe et XVIe siècles – et sans doute
avant – dans les bâtiments de la saulnerie. Des losanges de verre
sont mentionnés en 1459, destinés principalement au corps de la
saulnerie, et plus précisément aux maisons des officiers et à la
chambre des rôles. Il apparaît aussi au château de Joux en 1483, au
château de Bracon en 1532, à Dole en 1564.
Mais la vitre reste si chère jusque vers 1600 que même les maisons les plus riches ne peuvent garnir de
vitraux que la partie haute des fenêtres, le bas fermant seulement par un volet de bois plein, parfois évidé
d'une petite ouverture en son centre.
En Angleterre, du fait de problèmes de déforestation, les verriers durent utiliser du charbon dès le début du
15e siècle. En 1675, les Anglais ajoutèrent des oxydes de plomb dans la composition de base, solidifiant sa
structure
En France, il fallut attendre le 17e siècle avec Colbert pour réussir à créer une industrie compétitive avec la
verrerie vénitienne. L’effort porta sur le verre plat. Le verre fut également poncé et poli ce qui le rendait
désormais complètement transparent. Ces plaques de verre étaient toutefois réservées aux plus riches.
La guerre de 10 ans au 17e siècle, là, comme dans les autres secteurs de l’économie, bloqua son extension et
ce n’est qu’au 18e siècle que le verre à vitre s’imposa. Aux alentours de 1700, des verriers originaires de
Forêt-Noire et de Suisse s’établirent en terre Comtoise pour y produire les feuilles de verre plat selon la
technique du manchon.
Au 18e siècle, en Franche comté, deux principales verreries fabriquaient du verre plat
1) la verrerie de Miellin dans la haute vallée de l’Ognon, créée en 1729, qui a fonctionné jusqu’en 1837; elle
diffusait sa production dans l’ouest de la région. On y fabriquait du verre à vitre légèrement teinté de vert
mais aussi des bouteilles, des gobelets, des aiguières et des verres à boire, colportés de village en village par
les marchands.
2) la plus importante de Franche-Comté pour la production de verre à vitre, est celle du Bief d’Etoz aussi
appelée Essarts-Cuenot, près de la frontière suisse, fondée en 1699 et active jusqu’en1840; elle fournissait les
édifices religieux la ville de Besançon et aussi par exemple, l’église que font construire entre 1733 et 1738,
les Chartreux de la Croix Rousse à Lyon. A noter que la production de cette verrerie ne devait certainement
pas excéder 1500 kg de verre par an. A priori, elle consomme environ 2500 stères de bois en 1778 et il faut
deux stères de bois pour produire un kilo de verre. La réussite de ces deux verreries s’explique par la qualité
de leur production : le procédé du manchon présente le double avantage, par rapport au autres techniques, de
produire des verres plus résistants car d’épaisseur uniforme et aussi de plus grandes dimensions. Les plus
courantes étaient de 54 cm sur 32cm (20 pouces sur 12) et de 49cm sur 38cm (18 pouces sur 14). Leur succès
et aussi du à la qualité des sables employés. Mais toutefois, Henry Bolot, fils de la principale propriétaire à
Miellin n’est pas le dernier à dire « jusqu’en 1796, on n’y fait que du verre à vitre d’une teinte verte ou
jaunâtre »
On peut aussi noter l’existence de verreries sur le Doubs, le long de la frontière suisse, à Blancheroche aussi
appelé la Grand’Combe qui a fermé ses portes en 1817 et d’une au lieu la Caborde fondée en 1696 et
exploitée jusqu’en 1716-17.
Les verres à fenêtre sont pourtant restés rares durant toute la première moitié du 18e siècle. A Paris jusque
vers 1750, la production a du mal à répondre à la demande et les vitres resteront le plus souvent réservées
aux façades. Mais, 30 ans plus tard, en France, Paris semble mieux pourvue : « en 1779 ; alors qu’à Paris les
chambres des ouvriers sont éclairées par des vitres, à Lyon, comme dans certaines provinces, on a conservé
l’usage du papier huilé » (Béatrice Fontanel, Nos Maisons du Moyen Age au 20e siècle).
Christiane Roussel ,conservateur du patrimoine à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Franche-
Comté (France) écrit dans L’usage du verre à vitre en Franche-Comté aux XVIIe et XVIIIe siècles (2005)
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 23/26
« L’usage du verre à vitre en Franche-Comté, région de tradition verrière, se répandit dès le XVIe siècle.
Toutefois, d’après les observations faites sur certains édifices bisontins, ou d’autres exemples, les progrès les
plus significatifs en matière de fenêtres s’effectuèrent entre la deuxième moitié du XVIIe siècle et la fin du
siècle suivant. Au départ, des petits panneaux de verre en losanges mis en plomb étaient logés dans d’étroites
ouvertures pour aboutir, à la fin du XVIIIe siècle, aux fenêtres à grands carreaux munies d’une espagnolette. »
Durant ces siècles, les habitations paysannes restent obscures car les ouvertures étaient rares et étroites.
Volets de bois, toiles cirées, toiles, peaux, parchemins ou papiers huilés à peine translucides ou encore les
vessies de porcs tenaient lieu de vitrages dans les fermes. La fumée des tués ou des cheminées contribuait
fortement à l’assombrissement des pièces en noircissant poutres, murs et placards. Les vitres, ont nettement
amélioré la commodité et la salubrité des habitations.
Michel Vernus dans La vie comtoise au temps de l’Ancien Régime note « Les maisons paysannes ne
reçoivent le jour extérieur que par d‘étroites ouvertures. Point de vitre, mais du papier huilé à peine
translucide. L’usage des vitres progresse, il est vrai, mais au village, seules, les maisons bourgeoises, le
château et le presbytère ont des fenêtres ou des portes vitrées. »
En 1774, les verriers de Blancheroche affirment que leur verre est nécessaire « au besoin de l’homme par
l’ordre et la construction de nos maisons : sans verre, on serait obligé de se servir encore de papier pour les
fenêtres, et d’être comme en prison et sans clarté dans nos maisons ».
En 1897, J. Henrivaux, ancien directeur de Saint-Gobain pouvait écrire : « Le carreau de papier commence à
être inconnu dans nos villages, et l'estampe encadrée sous un verre remplace, dans la demeure du paysan,
l'image grossière collée à la muraille. »
Lequinio, député du Nord, missionné par le directoire au printemps 1798 pour faire l’état des lieux du
département du Jura témoigne de « l’usage des vitres aux croisées partout même en plaine » (Voyage
pittoresque et physico-économique dans le Jura, 1801)
Mais la situation est différente d’une région à l’autre. Arthur Young (Voyages en France 1787-1789)
traversant le Quercy en 1787 s’étonne car il es « passé près de cottages excessivement bien construits, en
pierre, avec des ardoises, mais sans vitres aux fenêtres. Un paysan peut-il être prospère quand la grande
préoccupation c’est d’éviter de se servir des objets manufacturés ? »
A la fin du 18ième siècle (1789) la découverte de la soude artificielle (voir fiche 11) marque la première
révolution de la fabrication du verre. Puis, au XIXe siècle, l'énergie hydraulique, puis l'énergie à vapeur avec
le charbon et enfin l'énergie électrique firent chuter le prix du verre permettant au verre de se démocratiser
dans les maisons.
En conclusion :
Le vitrage, qui est encore au 16e siècle une rareté dans les villes, se diffuse notablement dans les deux siècles
suivants, avec une accélération visible peu avant la révolution française de 1789. À l’aube de l’époque
contemporaine, le vitrage est acquis en ville et les enquêtes des préfets du Consulat en 1799 attestent de sa
diffusion dans l’habitat rural.
D'après Jean Fourastié, Machinisme et bien-être. Niveau de vie et genre de vie en France de 1700 à nos
jours, « La glace de 4 mètres carrés qui se vend 2 750 livres en 1702 (près de 40 000 salaires horaires de
manœuvre,) ne vaut plus que 1 245 fr. en 1845 (6 900 salaires horaires), 262 fr. en 1862 (1 000 salaires
horaires). A partir de 1900; la glace de 4 mètres carrés se vend en 1905, 60 francs, soit 200 salaires horaires
de manœuvre. » Le prix des vitres ne sera donc vraiment démocratisé qu’après la révolution industrielle.
La Franche-Comté, grâce aux verreries installées dans sa forêt, a été une région dotée plutôt avant les autres
de vitres à ses fenêtres, même en milieu rural. On peut aussi remarquer que les deux principales verreries de
verre à vitre qui permirent ce confort aux Francs-comtois à cette époque ont été victimes de la révolution
industrielle du charbon en France et durent fermer leurs portes en 1837 (Miellin) et 1840 (bief d’Etoz). Avec
la révolution industrielle les établissements verriers ont abandonné la forêt.
Pierre-Yves Lombardot, Marie Spinelli-Flesch, dossier documentaire sur l'éclairage, avril 2013, page 24/26
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correction du tableau du jeu de piste
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