1930-07, (A19, N3)

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DIX-NEUVIÈME ANNÉE K» 3 JuiLILE'l 1S30.

REVUE •
'

DES

SCIENCES PHILOSOPHIQUES
ET
: THÉOLOGIQUES,

VEEV.OE .TS.IîîESTBÏEtl.E<

H.-D. Simonin. La notion d'« intentio ». ' 445


. . . . . .
NOTES ^ ^
" - " '
_ ,
S. Koch. Le mémoire justificatif de Bernard de Tiilia". 464
-,
P. Glorieux. JBernard_de Tnlià ? ou 3ean de Paris? ."': 469
.
-BULLETINS^ " - r~
t
F. Vial, Th. Bésiaaé. Bulletin de Philosophie. —III. Philo- _.
sophic des sciences: KVr Philosophie -sociale -. 475
. , .
&.. Lemoanyer, P. Synasre,"Er B. Allô. Bulletin de Science
(

des religions
. _,. . .- .
"
, .
z 506
M.--Î5. Chenu, M. <Jac<juin, G. Théry, M.T M. G-orce.r 'Bulle-
tin d'Histoire des Doctrines chrétiennes. — Occident. 569
CHRONIQUE , ._
,\ „i -. Z ".
.
\.
:f . .627
' RECÉNSION DES REVUES ~ «35
. . _ . . ~
.

PARIS
LIBRA.IRIE PHILOSOPHIQUE Je YRIN
6, P&A.GI3 Dît LA SOHBONNE
La Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques est publiée
sous la direction d'un groupe de Dovninioaùis français', proies=
seurs au collège Ihéologique du SAULCUOIR, Elle paraît tous les
trois mois, par fascicules de 200 pages in-8° raisin.'

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Dominicains, Le Saulchoir, à Kain (Belgique).
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etc.. s'adresser à la librairie Yiun, 6, place de la Sorbonne, PARIS,V.
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.
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J. SÎRVEN. Les années d'apprentissage de Descaries (159G-1628),
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; Ll NOTION B* " ÎNÏENTIO'V
DANS:;L'(EUY1E'DE S. THOMAS; BlQlM e).

Le présent travail a pour but de rechercher; à travers les oeuvres


de S. Thomas d'Aquin, les significations diverses que revêt chez" lui
le mot, si fréquemment employé, d'ihientio. On se propose de'grou-
per ces différents sens sous des rubriques générales qui permettent
d'atteindre une exacte-compréhension de la notion, qui permettent
surtout de bien distinguer les unes des autres lés acceptions princi-
,
pales dans leurs divergences irréductibles.
Les deux seuls lexiques, que nous possédions jusqu'à présent des
oeuvres du Maître, sont, de l'aveu de tous, notoirement insuffisants.
La fabula de Pierre de Bergame, reproduite dans les éditions com-
plètes de S. Thomas, a été établie d'un point de vue doctrinal^2).
Tous les renseignements qu'elle donne sont à contrôler, de façon
spéciale, au point de vue du vocabulaire, bien souvent le mol an-
noncé ne figure pas dans les textes cités. Le Thomas-Lexicon de
Schùtz, plus satisfaisante cet égard, est extrêmement confus (3). Il
ne met pas suffisamment en relief les acceptions générales propres
à une notion donnée, les subdivisions qu'iLadopte semblent parfois
arbitraires. D'ailleurs ni l'un-ni l'autre de ces ouvrages ne présente
aucun souci d'information historique. Ils ne nous renseignent ja-
mais ni sur les origines littéraires d'une notion, ni sur l'évolution
qu'elle peut présenter dans ses différents sens, essentiels ou seçon-

(1) Au commun intérêt historique et doctrinal de ces noies lexicographiqu.es {Cf.


Rev. se. ph. th., 1927, pp. 435-446 ; 1928, pp. 82-94 ; 1929, pp. 269-281), celle-ci
ajoute ïe particulier bénéfice d'une détermination objective du concept médiéval
d'intentlo au moment où la philosophie dé Eùssefl le remet à sa manière cil cir-
culation dans le vocabulaire et dans ta pensée modernes.
(2) Édition de Panne, vol. XXV. -? .
,
(3) L. SCHÛTZ, ThOmas-Lexicon,2. Auîl:, Padefborn, 1895. A propos dù-mot
intentiàZlà. première édition (Paderbom, 1881) est peut-être plus satisfaisante;
L'essentiely est mieux dégagé.
REVUE DES SCIENCES. —T. XIX.,FASC.3. —29.
446 H. D. SIMONIN

daires. Il semble au contraire qu'une méthode qui mettrait en relief


la date à laquelle telle notion apparaît dans l'oeuvre de S. Thomas,
où la date à laquelle elle disparaît, et qui surtout noterait ceux de
ses ouvrages dans lesquels elle est le plus souvent employée et le
mieux définie, permettrait un contact beaucoup plus étroit avec la
pensée même et la doctrine vraie de l'auteur ; une simple énuméra-
tion matérielle de références ne rendra jamais ce-service. Une telle
méthode est évidemment délicate à manier, elle vaut surtout par
l'usage qui en est fait, mais les résultats escomptés sont indéniables.
C'est de ce point de vue, nettement historique, que l'on essaiera de
donner une vue d'ensemble du champ d'application qui convient
à la notion d'intentiodans les oeuvres de S. Thomas.

L — Remarques préliminaires.

On a déjà fait remarquer que le mot inteniio se trouvait fréquem-


ment usité dans les traductions d'ouvrages arabes effectuées aux
xiie et xme siècles^1). On le rencontre, de façon spéciale, dans les
traductions d'Avicenne, et non pas isolé mais englobé dans une série
d'expressions toutes faites qui passeront sans modification aucune
dans la terminologie technique de S. Thomas. On trouve par exem-
ple dans la Métaphysique d'Avicenne les termes suivants : « in-
tentiones primo intellectae, intentiones secundo ' intellectae » (2),
«quidditas cui accidit universalitas, intentio universalitatis » (3).
Nous tenons donc là une des origines authentiques de la notion.
Nous verrons d'ailleurs S. Thomas lui-même donner une référence
implicite aux arabes en cette matière.
Mais il est un autre emploi du mot inteniio, pour lequel S. Thomas -
se réfère explicitement à l'étymologie du mot latin. Il écrit par ex-
emple : « intentio, sicut nomen ipsum sonat, significat in aliud ten-
dere»(4). Voilà évidemment une source différente de la notion et

(-1)A. GOMEZ-IZQUIEHDO, Valor cognoscitiva de la « iniehlio» éh S. l'ornas de


Aq.,dans Ciencia Tomisïa, mars 1924, p.-170. :

(2) AVICENNE, M.elaph., I, c. 2, circa initium. Venise, 1508, fol. 70a verso.
(3) Ibid., V, ç. 1, circa initium ;,fol. 86a verso. Dans ces textes le mot rendu
par le latin intentio est le terme arabe ma'na, qui aie sens de signification. Je
dois ces renseignements à l'obligeance de M.L. Massignon, professeur au Collège-
de France. Qu'il trouve ici l'expression de ma gratitude.
(4) Ia Ilae, q. 12, a. 1, c. De même : II Sent., d. 38, q. 1, a. 3, c.
LÀ NOTION D'« ÏNTENTIÔ y> Ail

qui n'a plus rien d'arabe, c'est le sens obvie du mot latin tendere
et de ses dérivés -.intentus, intentio, être en direction vers, tendre 0).
Mais le seul verbe latin intendere commande deux notions voisines
qu'il faut distinguer : inten tio, tendance, direction vers un but,
et intensio, intensité, tension. Au second vocable appartiennent les
expressions de : « intensio et remissio, pperatio intensa »,- les ver-
bes : « intendi et remitti», spécialement dans leur emploi au passif.
Le premier terme figure dans les expressions techniques suivantes :
«intentio finis, finis intentus, id quôd agens intendit. » Souvent
d'ailleurs les deux notions sont juxtaposées : «intense tèndere (2)
«intensio intentionis ( 3) ». Parfois même il est malaisé de les distin-
guer et de savoir à laquelle de deux notions on a à faire. On se con-
tente d'étudier ici la seule notion d'intenlio, et non pas celle d'in-
tensio tension.

Quant à la traduction française du mot intentio, elle n'est possi-


ble que dans les acceptions extra-philosophiques de la notion. On
.
la rend alors, tout naturellement, par le terme français correspon-
dant : intention. Ainsi il est dit d'Abraham achetant la grotte de
Macpela : « non intendebat emere hisi terram communem » (4) :
il n'avait pas l'intention d'acheter une terre consacrée. Ailleurs, et
fréquemment dans les commentaires ou les citations, le mot inten-
iio signifie exactement : l'intention de l'auteur commenté ou cité.
Soit une leçon prise au hasard dans le commentaire de Anima :
« et primo dicit (Philosophus) de quo est intentio », plus loin : « pro-
sequiturintentum »,plusloîn encore : « primo ponit quod intendit » (5),
toutes ces expressions se traduisent en français en faisant usage
du mot intention. Il en est de même dans la question, débattue
en théologie, de l'intention requise de la part du ministre dans la
collation des Sacrements. Il faut d'ailleurs remarquer que, dans tous

(1) S. Thomas signale, dans une objection d'un article de la Somme, une
définition de Vintentio proposée d'après S. Jean Damascèné (De Fide oriho-
doxa, II, c,22, P. G.,t; 94, col. 941-944). Dans laréponseàf objection, S. Thomas
interprète bénignement ce texte en fonction de sa propre doctrine (Ia P., q. 79,
a. 10, ad.3. ; jet commentairede Cajetan in hune locum). La citation de Da*-
mascène est sans influence sur le vocabulairepropre de S. Thomas.
(2) IXICont. Gcnt., c. 138, § Videntur autem,
(3) Ia IKe, q. 19, a. 8, c. .
.
(4) IIanae,q. 100, a: 4, ad 3. -.
,
(5) III De Anima, lec. n. 637,638,651.
5,
448- H. D. SIMONIN^

ces emplois, le mot intention doit garder le sens qu'il possède dans
la philosophie de S. Thomas.il s'agit d'un acte psychologique-plus:
volontaire qu'intellectuel, tandis que intention, en français, désigne
souvent une détermination de l'espritseul, Maissi les deux notions '
l'ancienne et la moderne, ne se recouvrent pas exactement l'une:
l'autre, les deux mots doivent néanmoins être employés l'un pour :

l'autre. Au contraire dans les acceptions plus techniques de la notion, :

le.termè français correspondant est impossible à trouver, et c'est


pourquoi le mot latin est utilisé -tel quel dans là présente note.
Intentio est l'un de ces vocables scolastiques rebelles à tout essai
de traduction et qu'il faut bien se résigner à employer sans pouvoir '
les traduire. D'ailleurs les techniques les plus modernes usent sans
vergogne de procédés analogues, pourquoi auraient-elles seules ce
privilège? .

II. —«Intention comme synonyme de «motion instrumentale ».

Au début de son enseignement, S. Thomas emploie fréquemment


le mot inteniio pour caractériser la motion spéciale reçue dan-sTin^
strument du fait de là dépendance où il est vis à vis d'uhe;cause su-
périeure. Cet usage est bien attesté dans plusieurs textes où il établit
ex professo sa doctrine de là causalité instrumentaleX1). Dans le'
premier de ces textes, le Commentaire sur les Sentences, il; s'agit
de définir la causalité des Sacrements (2). Il est nécessaire de poser !

dans les Sacrements une vertu causale, virtus agendi, proportionnée"..


à celle dèl'agent.Mais tandis que l'agent possède cette vertu à l'état
1

de forme et de qualité qui réside chez lui selon son/être propre:-


«liabens completum esse in natura», l'instrument, qui n'agrtqu'^en
tant qu'il est mû, n'a droit qu'à une vertu proportionnée au mouve- '.

ment qu'il reçoit. Et comme le mouvement n'est pas lui-même un


être complet : « ens completum», cette vertu de l'instrument, qui
ne lui convient qu'en tant qu'il est mû, ne constitue pas, elle: non
plus, un être complet, fixe dans sa nature : « non est ensxompletum,
.
habens esse fixum natura». C'est donc un être-imparfait, un-dé
in

(1) IV Sent, d. .1, q. 1, a. 4 ; quae'sl. -2, c. et qùaest. 4,c.DèVeHtaîë,q.Z7,


a.4,ad,4. ;|a.7,c. (Le mot inteniio n'y figure pas). DePotentia, q.5,a,ï,ad6 ;
q. 6, a. 4, e. -.,->^ ' '->.';:•;;
(2) IVSen?.d,l,q. l,a.4,çuaesf.2,c. -
-z:; ;. J
.
LA .NOTION DV INTENTIO » 449

ces êtres que l'on a coutume d'appeler inlentiones, parce qu'ils res-
semblent à l'être possédé par l'esprit et qui est de l'être en minia-
ture « ens diminutum », ainsi qu'il est dit au VIe Livre des Méta-
physiques (!). Le mot intentio désigne donc Un mode spécial de l'être,
un être réduit, et c'est pourquoi on emploie un même vocable pour
désigner à la fois et l'être qui existe objectivement dans l'esprit
et.la vertu causale imparfaitement possédée par l'instrument.
Danscette définition dé Yinlenlio comme réalisant un certainmode
d'être, le mot être doit être pris au sens technique, c'est-à-dire dans
sa distinction d'avec l'essence. En effet, une forme peut être reçue
de façons diverses tant sous le rapport de son essence que sous celui
de son être. Dans là causalité univoque ,lâ forme est possédée de
même façon, sous l'un et l'autre rapport, tant par la cause que par
l'effet. Dans la causalité équivoque, au contraire, la forme est reçue
par l'effet de sa façon parfaite quand à son mode d'être, mais de
façon imparfaite quand à son essence. Dans le cas particulier de
Vinlentio instrûmenti, la forme est participée de façon imparfaite
tant dans son espèce que dans le mode d'être qui lui échoit. Enfin,
cette intentio del'instrument est distinguée, de façon un peu empi-
rique, de l'être possédé par l'esprit. Celui-ci en effet est, dans l'âme,
sous forme d'inlentio quiesccns, d'acte qui termine une puissance,
au contraire la motion instrumentale est une intentio fluens, elle
suppose à la fois le progrès du mobile vers son terme et l'action ef-
fective de l'agent (2).

Cette doctrine dé la motion instrumentale ainsi établie est appli-


quée par S. Thomas dans tous les ordres de réalité où cette causalité
s'exerce. Elle est utilisée pour expliquer la conservation des créa-

.....
lï.expressionensdiminutum figure bien dans les Métaphysiques,mais dans
(1):
le commentaire qu'en a donné Averroès, (In VI Metaph:, circa finem. Venise,
1560, fol 186 verso). S. Thomas, dans son propre commentaire,reproduira déplus
près les expressions mêmes d'Aristote. Il écrit : « ens (scil. : quod est in mente)
est alterum ab his quae proprie sunt ehtia'», (VI Metaph., lec- 4, n. 1241). Le i

texte d'Aristote, viséparles Commentateurs, est le suivant : ,-co ô' ovtmçov


(scil. : zô oeç âkrjOêç ov) ëregov ov imv XVQla)ç (Metaph., s 4,10276 31).
(2) Cette doctrine est exposée de façon identique dans IV Sent, d. 1, q. 1,
a. 4, quaest. 4, c. et dans de Veritate, q, 27, a. 7, c, maïs peut-être de façon plus
claire dans le de Veritate avec cette réserve que le mot intentio ncs'ytrouvepas.
Au contraire nous rencontrons le iriot inteniio avide Poleiilia, q. 5, a. 1, ad 6,
mais ici la^question n'est plus enivsagée tout à fait sous le même angle.La doc-
trine supposée est d'ailleursici et là identique.
450 j H. D. SIMONIN
.

•turcs dans l'être (a), et la nature du concours divin nécessaire pour


toute action créée. « ïd quod a Deo. fit in re naturali,. quo actualiter
agat, est ut intentio sola, habens esse qupddam inçornpletum » f2).
Ailleurs, la vertu delà substance spirituelle est laissée dans le;corps
qu'elle meut : «non sicut forma habens esse completum in natura
sed per modum inleniionis, sicut virtus artis est in instrumènto ar-
tificis ( 3) ». Ailleurs, mais toujours dans le de Potentiû, la vertu de
Dieu dans le thaumaturge est assimilée à une inteniio- « vîrtus/ad
:
coôperandum Deo in miraculis in sanctisjntelligi potest ad modum
formarum imperfectarum quae intentiones vocantur » (4). A propos
des Sacrements, la doctrine des Sentences est Se nouveau exposée
dans le de ¥eritcae (6), à cette exception près que le texte le plus signi-
ficatif ne porte pas le mot même d'inlentio. Dans tous ces textes,
S. Thomas fait constamment appel, à titre d'exemple, à l'existence
intentionnelle de la lumière et des couleurs dans l'air, véliicule de
leur transmission. La lumière possède son être naturel dans le corps
qui luit, lucidum, elle n'est reçue dans l'air, corps diaphane, que de
façon intentionnelle (6)De même les couleurs existent de,façon stable;
sur la paroi colorée, elle sont transmises par l'airambiant- squsun
mode intentionnel, et sans qu'il devienne lui-même coloré'"(?); Tels
sont les deux cas types envisagés par S. Thomas.

L,edePotenlia clôt la liste des oeuvres du, Docteur Angélique dans


lesquelles le mot intentio est employé pour désigner la motion reçue
par l'instrument. Au de Malo, où S. Thomas établit que; le semen
humain est cause instrumentale tant dans la propagation -de la
nature humaine que dans la transmission de la faute originelle,
le mot intentio n'est plus employé si ce n'est dans l'expression i;
inteniio agehiis qui possède un autre sens (8). Dans la Somme théo-
logique, qui reprend en détail la question de la causalité des sacre-x
ments, le mot intentio n'est plus employé également que dans ce

(1) DePolentia,q.5,a.I,ad6.
(2) De Poténtià, q. 3, a. 7, ad 7.
(3) Ibid., a. 11, ad 14, '
:; : ,; V,;:
(4) ïbid., q. 6, a. 4, c. fin. '.y..'\
(5) De Veritate, q. 27, a. 4, ad 4 ; a. 7, e.
(6) DePoteniia,q. 5, a. 1, ad 6 ; q. 6, a. 4, c. fin. ... > ''<.'.
(7) IV Sent, d. 1, q.'l/a. 4, quaesi. 4, c, De Veritate, q. 27ya. 4, ad.4. DePo-
eniia, q. 3, a. 7, ad 7.
(8) "©e #?afo, q. 4, a, l,ad 15 et 16 ; a. 3?e< -
'/]-.';..
,--;-. ,.\ >v
LA NOTION D'« INTENTIO » 451

dernier sens (1). Bien plus on nie que l'instrument comme tel possède
une intentio, puisque seul l'agent principal peut posséderV intentio
finis, l'effet à produire dépassant l'effet propre de l'instrument :
« Instrumentum inanimatum non habet aliquam intentionein res-
pectù. effectus, sedloco intentionis est motus quo movetur a princi-
pali agente ( 2) ». On sent ici tout le changement apporté à la ter-
minologie, mais à la terminologie seule, car la doctrine concernant
la nature de la motion instrumentale, être Incomplet et fluent, reste
partout et toujours identique. Il nous faut maintenant aborder les
deux acceptions principales données par S. Thomas au mot intentio,
celles que nous rencontrons d'un bout à l'autre de: son oeuvre,

III. — «Intentio finis».

Un texte du de Veritate, exactement la réponse à une objection,


distingue et met en pleine lumière la double signification que peut
revêtir le terme unique d'intentio (3). L'objection faisait jouer les
deux expressions d'inteniio finis et d'intentio boni. S. Thomas répond
en distinguant absolument l'une de l'autre les deux acceptions du
même mot. L'in'teniio finis (d), la fin, première dans l'intention de
l'agent, fait appel à cet acte psychologique spécial, élément de tout
acte humain, qui est Vïnlendere. Au contraire les termes d'intentio
veri ou intentio boni désignent la raison, ratio, signifiée par la défi-
nition (6). Il ne s'agit plus ici d'un acte psychique mais d'un objet
d'intellection, de la représentation intellectuelle d'une réalité donnée.
Aussi, affirme S. Thqnias, il y a équivoque entre l'un et l'autre sens
donné au mot intentio : « unde aequivoee (intentio) accipitur utro-
bique». Ce sont deux acceptions totalement diverses d'un même
vocable, deux notions distinctes pour un, seul et même terme.

(i) IaP.,q.43,a.6,ad4 ; IIIaP.,q.62,a.3et4 ;q.63,a, 2. Mêmes remarques


à propos du Concours divin : Ia P., q. 105, a. 5 ; Compend. théol., c. 130, $dit.
Mand. II, pp. 88-89 ; à propos du semen: IaIIae, q. 8i, a. 1 ; Compënd.theol,
c. 195. Mand. II, pp. 134-135 ; In Rom., c. V, lec. 3 ; à propos de la lumière :
Ia P., q. 67; a. 3, c ; q. 105-, a. 5, c ; IIaIiae, q. 171, a. 2, c.
(2) IIIaP.,q. 64, a. 8,adl.
(3) De Veritate, q. 21, a. 3, ad 5.
(4) Les deux expressions : intentio finis et inteniio agéntis sont équivalentes,
la fin étant ce vers quoi tend, de soi, l'action de l'agent.
(5) K Ratio quam significat nomen est definitio.» C'est une expression tech-
nique littéralement empruntée à Aristote : Metaph., y 7,1012 a 23,-— S. THO-
MAS, IV Jiletaph., lep. 16, n. 733,
452 H. D. SIMONIN

L'acte psychologique :« actusv mentis qui est intendere » (% à-


été étudié par trois fois ex professo par S. Thomas, dans les Sentences,
dans le de Veritate et dans la Somme, à toutes les étapes par consé-
quent de sa carrière scolaire (2). A trois reprises il enseigne exacte-
ment la même doctrine et dans les'mêmes termes^ à peine peut-on
glaner dans le de Veritate quelques précisions particulières. Il s'agit
de démontrer comment Vinteniio est un acte de la volonté. Le mot
lui-même signifié tendre vers un but : «in aliudtendere». Or, si
moteur et:mobile tendent l'un et l'autre vers un terme, là tendance
du mobile est essentiellement fonction de l'action exercée sur lui
par le moteur ; l'action de tendre, intentio, revient donc première-
ment et principalement au moteur. Par ailleurs, parmi les facultés,
del'àme, le rôle moteur est assuré par la volonté ; l'action de tendre,
intentio, est donc, en termes propres, le fait de la volonté : « intentio
est proprie actus voluntatis » (3).
Mais cette thèse qui fait de Vintentio un acte de la volonté appelle
une contre partie. D'abord, comme tout acte volontaire, Vintentio
suppose la connaissance de la fin, et, de ce chef, elle né se distingue
pas du simple vouloir de la fin, du mouvement absolu de la volonté
vers son bien. Mais, de plus, Vintentio retient, un sein même de l'acte
volontaire,-un certain ordre établi par l'intelligence entre les moyens
et la fin, ceci lui est essentiel comme acte volontaire et la distingue
du simple velle. C'est une marque et une emprise de l'intelligence
sur le vouloir, tout ordre hiérarchique établi entre des réalités ne
pouvant être institué que par l'esprit (4) ; la volonté, selon sa nature
propre, est simplement motrice, l'ordre selon lequel elle se meut lui
vient des exigences de la raison (5). La distinction entre eleçiiô et
intentio est établie selon le même procédé. ' L'un et l'autre acte vo-
lontaire retient quelque-chose du mode d'activité propre à la rai-
son ; mais tandis que lKintenlio suppose seulement une certaine
hiérarchie établie entre moyen et fin, Yeleçtio implique une com-

(1) De. Veritate, loc. cit.


(2) II Sent, d. 38, a. 3, c. De Veritate, q. 22, a. 13,c. Ia IIae, q. 12,ia. 1,
:

(3) Nous avons suivi le texte même de la Somme dont l'exposé est plus- clair
et plus concis que celui des autres passages parallèles, .
"

(4) De Veritate, loc. cit., ad 3. Il ne faut pas prendre ici le mot français ordre
dans|le sens à'imperium : «id quod jubetur» — mais dans un sens purement
formel d'ordonnancement qualitatif entre formalités diverses. C'est à ce titre
qupï'ordre est du ressort de l'esprit.
(5) De Veritate,loc.çit.,incorporeariiculi.infine,
LA NOTION D'« INTENTIO » 453

paraison rationnelle entre différents moyens préalàblements ordon-


nés à la fin C).

Une conclusion importante se dégage aussitôt de cette doctrine.


Puisque Vinjentio, ea. tant qu'acte volontaire déterminé, doit re-
tenir .quelque chose qui appartient en propre à la raison;; cet acte
.spécial se trouvera, principaliter et proprie, dans les seuls êtres doués
de raison (2). Certes tous les autres êtres tendront eux aussi vers leur
fin, mais ils ne pourront le faire que sous là motion d'une cause su-
périeure intelligente qui^eule aura connaissance delà fin. Ces êtres
inférieurs sont moins des moteurs indépendants que dès êtres mus,
tels la flèche dirigée vers le but par l'archer. La notion d'intentio,
se répartira donc analogiquement, selon les divers degi'és,de l'ac-
tivité et de l'appétition, entre,les êtres doués d'intelligence et de
volonté libre, les êtres soumis à des instincts de nature, les êtres
vivants, mais dépourvus de connaissance, enfin les êtres inanimés.
Sur chacun des-paliers de cette hiérarchie, la notion se réalisera en
perdant quelque chose de son constitutif formel, seuls les êtres con-
scients de leur fin peuvent tendre vraiment vers elle (3).
A ce titre analogique et avec ces réserves, la notion d'intentio
sera l'une des pièces maîtresses du traité philosophique de la causa-
lité efficiente et finale : « finis est primus in intentione agentis, post-
remus in executione » (4). Si l'on fait abstraction de la causalité ac^
cidentelle, on doit dire que tout agent tend vers un but déterminé

(1) Ibid., ad 16. Le texte parallèle des Sentences (II Sent. , d. 38, a. 3, ad 5)
est beaucoup moins satisfaisant sur ce point précis. On notera que le même glis- :
sèment du sens s'est produit entre le français et le latin pour intentio et eleçtio.
Election, en français, n'implique que les éléments intellectuels d'un choix et sa
signification au dehors; elle ne fait aucune allusion à la tendance volontaire
vers les objets choisis. •'
(2) IaIIae, q. 12, a. 5, c. ' '
:-

(3) On retrouve ici, à la limite inférieure,le cas de l'instrument inanimé par-


ticipant à la motion intelligente et volontaire de l'artiste, participant à son in
tenlio. On rejointla première acception du mot étudié au § II. Mais le point de
vue n'est plus le même. Plus haut c'était sa débilité-ontologiquequifaisait qua-
lifier la motion instrumentale d'intentio, tandis que l'agent principal possède
•de façon parfaite la forme selon laquelle il.agit.Ici la notion d'intentio.est réser-
vée au seul agent raisonnablecomme tel, l'instrumentn'y participequede façon
déficiente. Si le mot employé, le nomen est le même dans les deux-cas, la raison
pôlS- laquelle on l'utilise, ratio significata per nomen-, est ici et là différente.
.'-' (4) Cl par exemple : De Potentia, q. 5, a. 1, c, Ia IIae q.l, a. 1, ad 1 ; a. 4, c, ;
q. 11, a, 4, c, et ad 3.
454- H.JP. SIMONIN ..":,':' >';'(
à l'avance soit par sa nature, soit par son vouloir raisonnable;; c'est
affirmer que toute action a un sens, toute tendance qui se réalisé un
terme,; Le mouvement, être imparfait, n'est pas spécifié par une :

forme qui luiserait irxïmanente ; par tout ce qu'ibest il dit tension,


progrès vers une forme définitive qui lui reste toujours extérieure
mais qui le spécifie. Cette doctrine deVintentio finis, entendue dans
son sens métaphysique absolu, a été largement établie; à deux re^.
prises par S. Thomas, une première fois au début ;du IIIe Livre du
Contra Génies (a),en fonction du gouvernement divin dés créatures
et de leur retour à Dieu (2) ; une secondefois au débutdu de Màlo (3),
le mal; étant, de soi, ce vers quoi aucun être ne peut tendre (*).;
Il ne s'agit pas ici d'exposer pour elles mêmes ces doctrines, il suffit
de noter que, dans tous ces traités, ainsi que dans les passages paral-
lèles, là notion cVintentio est employée avec la signification analogi-
que qui a été décrite (5).
Mais d'autre part, si Vintentio est l'acte de l'agent qui s'oriente
vers sa fin, cette même intentio est aussi de quelque façon l'oeuvre
de la fin. S. Thomas l'affirme de façon explicite : « appetibile movet:
appetitum faciens se quodammodo in ejus intentiône» (6). Il ne,
s'agit plus ici que de l'agent doué de connaissance. En effet, cette
intentio finis est la conséquence immédiate de la compjacentiaboni
et de la coaptatio appetilus qui en résulte. On touche icià là question
même de la causalité finale, à cette motion d'un typé spécial, exer-
cée sur le vouloir ('). L'amour inspiré par la fin, «spire »/par le
bien qu'elle présente à l'esprit, est le moteur direct et universel de
tout mouvement de l'appétit, de toute tendance consciente vers une
fin.

(1) III Cont Gefit., c. 2,3,4,5,6,24,107.


(2) Ibid.,c.lZ
(3) De Malo, q. 1, a. 3.
(4) « Nullum irialuin potest intendi. » Cf. EIBEKB DE BERGAME,21àîiuîà au.
mot: inteniio, h. 17. «Malum est praeter intentionem agentis;»..i3e Ikfaio,
q. 1, a. 3, c. :
(5) C'est ainsi également qu'il faut entendre l'expression,technique.: inten-
tio naturae. La nature tend à la sauvegarde de l'espèce," seule permanente,
tandis que les individus disparaissent. De Veritate, q. 3,-a.;8, e. DePofenUa,
q. 10, a.1 2, ad 12.''' De Anima, a. 18, c. Ia P., q. 85, a. 3, adl fin ; q, 98, à, 1, ç.
Quod. VIII, a. 2, c.
(6) îaIlae,q.26,a.2,c. .'^ '";- .-*., :;.'=
.„>
... 4. De Potentia, 5,
(7) I Sent, d. 8, q. 3,^. 1, ad ; d.2 34, q. a. 1, ad
2, q.
a. 1, c, III Plu/s,, îeç. 5, n. 15. Ia P., q. 82, a. 4, p,
LA NOTION D'« INTENTIO » 455

A ce titre d'acte raisonnable, de poursuite consentie d'une fin,


Vintentio possède dans la terminologie morale de S. Thomas une
place dé premier plan. En effet, la question de la moralité de la vo-
lonté est à régler d'après la nature et l'objet de son intentio ; S. Tho-
mas distingue, de ce point de vue, Vintentio qui précède l'action et
celle qui l'accompagne (x). Il faut doser le degré de Vintentio, son
caractère soit actuel sbit habituel, aussi bien que son objet formel.
Ce problème revêt une acuité spéciale à propos d'actes particuliers
d'une importance majeure. La question de Vintentio requise est
posée explicitement par S.Thomas à propos du voeu (2), à propos de
la prière (3), à propos de la collation et de la réception des Sacre-
ments (4). Dans tous ces cas la notion d'intentio voisine avec une
donnée psychologique d'un autre ordre, plus strictement intellec-
tuelle : l'attention.
Là volonté en effet exerce un rôle moteur sur toutes les puissances
de l'âme, les facultés intellectuelles n'échappent pas, dans l'exer-
cice de leur acte, à cette emprise. L'intentio volontaire peut avoir
pour objet un acte intellectuel à poser, ceci est requis notamment
.pour que l'esprit considère, de façon actuelle, les données qui pré-
existent à l'état habituel dans la mémoire (s). Ce fait psychologique
est revêtu d'une signification morale spéciale lorsqu'une délectation
sensible retient captives et l'attention de l'esprit et Vintentio de la
volonté. D'où une série de problèmesqui mettent en jeu les rapports '
réciproques de la sensibilité et de la volonté (e). Dans toutes ces
questions la notion d'intentio conserve évidemment sa valeur d'acte
de la volonté, l'attention étant l'acte de l'esprit.
Il n'en va pas de même dans d'autres passages dans lesquels S.
Thomas emploie les expressions suivantes: « intentio cogiioscitivae
partis » ('), « intentio cognoscentis » (8). A vrai dire ces termes sont
assez rares, ils constituent cependant un emploi spécial, bien c'arac-

(1) Ia IIae, q. 19, a. 7 et 8.


(2) III Cont Gent., c. 138. \
(3) Ha IIae, q. 83, a. 13, c. In I Cor., c. XIV, lec. 3, med.
(4) IV Sent, d. 6, q. 1, a. 2 ; d. 8, q. 2, a. 4, quaest 2, ad 1 ; d.30, q. 1, a. 3,
ad3.IIIaP.,q. 60,a. 8 ; q. 64, a. 8.
(5) De Malo, q. 16, a.11, ad 4. .
<6) Ia IIae, q. 4, a, 1, ad 3 ; q. 37, a. 1, c ; q. 77, a. 1, c.
(7) De Veritate, q. 13, a,".3, c.
(8) I Sent, d. 3, q. 4, a. 5, c. et ad 3. Quod. VII, a. 2. Il est utile de faire re-
marquer que ces textes appartiennent au début de la carrière de S.Thomas,
456 ;
... ..: H. D. SIMONIN. -

térisê, de la notion d'intentio. Celle-ci;est appliquée analogiquement


à l'ordre intellectuel, le caractère potentiel de l'intelligence créée
et la portée analogique de la notion permettent cette transposition.
Mais, dans ce sens; l'intènlio ne voisine plus a^ec attention Me mot
ne désigne plus un acte psychique conscient, c'est;touf;:simpieinênt
la constatation d'un fait métaphysique, l'ordonnance d'une puis-
sance à son acte;. Oh revient ici à l'acception métaphysique:dé^a
notion telle qu'elle a été signalée, >;.;.;...
IV. —L'« Intentio » comme mode d'être de l'objet connu.

Dans le Contra Génies, S. Thomas s'emploie à situer exactement


Vintentio parmi les éléments qui intègrent l'acte intellectuel (')
.

L'expression technique dont il se sert est celle d'intentio iniclleeia.


« Dicq autem
intentioném intellectam, id quod intellectus in seipso
concipit de re intellecta » (2), et plus loin : «ipsa intentio verbum
interius nominafur » (3). Au Ier Livre cette inteniio intellecta tst
parfaitement distinguée de la species intelligibilis, delà-species quo.
« Intellectus, perspeciemrei formatus, intelligendo format
in seipso
quandam intentioném rei intellectae quae est ratio ipsius, quam
signifiCat definitio... Haec autem intentio intelîecta, cum sit quasi
terminus intelligibilis operafionis, est aliud a specic intelligibili
quae facit intéllectum in actu, quam oporLet considerari ut intelli-
gibilis operationis principium, liect utrumque sit rei intellectae
sîmilitudo (4);». Seule Vintentio intellecta est de l'être connu comme
tel, la species quo est de l'intelligible, le principe de l'opération intel-
lectuelle et non son terme (5). Cette inteniio intellecta est donc seule
de l'esse inientionale, distingué partout de l'esse naturale (°). « Yer-
bum côneeptumin intelleçtu riostro, cum procédât ab intcllectuin
quantum est intellectus, non unitur ci in natura sed solum in in-

(1) I Çont Gent,c. 53 ; IV, c. 11. Ces textes sont les plus explicites que nous
possédions touchant la nature de l'acte intellectuel. !,
(2) IV Cont Gent. c. 11 ; circa initium.
1,
\ V

(3) Ibid., paulo.infrà: . ;,


- ' '
> .
(4) IConi. Gcnt,.c: 53, §Ulterius autem. " .;:
(5) On rencontré cependant l'expression d'fo/WUï'otn/e/J^
à species inlelligibilis, (III De Anima, léc. 8,.n. 718 ; Ia;P., q..85, à. I ad 4.).
Mais dans ces textes, moins précis, S. Thomas n'entend pas distinguer Récifs
quo et species guod.~ Il parle de façon plus générale. ':• V •:'.'.
' (6) Par exemple : la:P., q: 56, 4 2, ad 3, ':/',;'/
LA NOTION D'« INTENTIO » 457

teliigere^) ». C'est toujours la même doctrine, seulle verbe, ter-


;

me de Tintellection, appartient à l'ordre intentionnel.


D'ailleurs le mot intentio- n'est pas réservé par S. Thomas à la
seule activité de l'intelligence ; il est employé, de façon analogique
évidemment, à:propos de l'objet de la cogitative et de l'objet du
sens. Les expressions techniques sont alors celles d'intentio indivi-
dualis, ou pariicûlaris ou singularis et d'intentio sensibilis (2). Mais
ici aussi la doctrine est la même. L'iriteniio sensibilis n'est pas la
modification physiologique de l'organe, requise pour la sensation,
mais c'est la possession spirituelle de l'objet connu par la faculté (3).

Dans cette première- acception, Vintentio désigne donc l'objet


connu comme tel, c'est-à-dire en tant: qu'il se distingue des modifi-
cations préalables des puissances, requises pour l'acte de connais-
sance. Mais ailleurs ce même mot est réservé par S. Thomas à un type
spécial d'objet connu, aux intentiones;, fruit.du travail de l'esprit
et qui se distinguent des « naturàe communes », objets premiers
de Pintellection. Dès les Sentences les Docteur Angélique se préo-
cupe de ce problème et lui donne, à propos delà distinction à appor-
ter entre les attributs divins, sa solution définitive (4). La doctrine
est d'ailleurs délicate à établir, d'une part les inientiones ne consti-
tuent pas la -similitude directe d'un objet extérieur, extra-mental,;
mais d'autre part elles ne sont pas totalement indépendantes des
réalités: objectives. Si elles ont leur fondement immédiat dans l'es-
prit, elles ont leur fondement médiat dans les choses. Elles consti-
tuent une modalité propre à l'activité de l'esprit, consécutive à
l'appréhension des objets extérieurs. Ainsi ce qui est signifié par
le mot genre n'est pas la similitude d'une réalité qui existerait comme
telle, indépendamment de l'activité de l'esprit ; mais, du fait que
l'esprit conçoit l'animalité comme un caractère commun à plusieurs
espèces, il lui attribue Vintentio generis, il en fait un genre, ; objet

(1) De Potentia, q. 9, a. 5, c.
(2) Intentiones singulares : De Veritate, q.10, a. 5, ad 2. Inteiitiohespai-iicii*
larium: II Cont Gent, c.73,§ Adhuc scientia. intentionesindividùalium,ratio-
nes universalium : II De Anima, lec. 13, n. 396. Intentiones individùalium :
IaP., q. 81, a. 3, c. Intentiones sensibiles, inientiones universalium/. Ia P.; q. 78,
a. 3, c. Intentiones individtiales, intentiones sensibiles, Ia P., q, 78, a. 4, c. ,:
(3) :LIISent,JL.19,q. l,:a. 3, ad 1. II De anima, lec, 14, n. 418. Ia P, q. 78, a. 3,
c. Ia IIae; q. 22, &. 2, ad 3.
(4) I Sent., d. 2; q. 1, a. 3, c.
.,;.:::.\- ..„.,.,
:j-,;.,.:.;::
* ,\ :
'458 H. t>. SIMONIN L
. . .

qui n'a de réalité que dans l'esprit, mais qui suppose l'esprit préa-
lablement en contact avec l'être objectif (l). Ainsi Vinleniio genèris
n'est pas dans cet animal particulier qu'est unâne, mais l'âne pos-
sède la nature animale, qualifiée de genre par l'esprit (2). :-
Nous;atteignons ainsi le problème, fameux en logique, delà dis-
tinction entre intentions premières et intentions secondés, problème
que S. Thomas expose, de façon lumineuse, au de Potentia^). ,Un
premier acte d'intellection nousfait atteindre les choses elles-mêmes,
grâce bien entendu à une intentio intellecta, un second actenoùs les
fait concevoir selon le mode propre d'universalité qu'elles possèdent
seulement dans l'acte de l'esprit•(•*). Les prima mlëllèeia, ce sont les V
choses extra animam, telles que les atteint le premier regard de l'es-
prit, les secunda intellecta, au contarire, ce sont les intentiones con-
sécutives au mode de rintellection. Elles supposent une certaine
réflexion de l'esprit sur son propre j eu (E).
Une notion voisine, difficile à traduire en français, implique la
même doctrine. A plusieurs reprises S. Thomas distingue la nature,'
c'est-à-dire les éléments intelligibles qui la constituent et qui- se
retrouvent objectivement dans les choses, de Vintentio universali-
taiis qui échoit à cette même nature dans l'esprit, du fait du mode
d'être spécial qu'elle y possède (6). Cette intentio universaliialis est
exactement constituée par la possibilité d'une attribution à plusieurs
individus d'un élément intelligible qui leur est commuû; Cela
s'exprime, de façon plus brève dans le latin de S. Thomas-: « hàbi-
tudo unius et ejusdem ad multa » (7). D'où un triple aspect est à
envisager dans le processus de rintellection : là nature elle même
connue, Ta nature « simûl cum intentiorie uhiversaïitatis », enfin
I' «intentio generis yel speeiei», nous dirions le concept de genre et
d'espèce fondé sur cette aptitude positive d'attribution que la na-
ture possède dans l'esprit. Cette analyse de l'objet de connaissance
commande une distinction, importante dans le; vocabulaire techni-
que de S. Thomas, entre le « nomen intèntionis » et le « nomenrei »,

(1) Ibid. ' '.'


(2) I Sent, d. 33, a. 1; ad 3.
(3). De Potentia, q. 1, à. 1, ad 10 ; q. 7, a, 6, c.'.; a. ô, c.
(4) Jftzrf,, q. 7, a. 6, c.
. .
(5) Ibid., q. 7, a. 9, c, •

(6) II De Anima, lec, 12, n. 378, 380. VU Metaph., lec.13, h. 1550. Ia P.;
q. 85, a.3,adl. IaIIae,q. 29, a. 6, c. ^'
Ç) Pï„ q. 85, a, 3, ad L *
.
-
LA NOTION D'« INTENTIO ». 459
,

bu bien entre le «nomen primae intentionis vel impositionis » et


le «nomen secundae intentionis vel impositionis » (1). Il suffit de
signaler, à sa place logique, cet usage normal de la notion.
On se Contente également de signaler ici certaines expressions,
peu usitées par S. Thomas, mais caractéristiques cependant du sens
donné à.la notion, celle de'distinction secundH/n i/î/en/ionem, celles
également d'analogie et d'univocité secundum intentioném. La pre-
mière se rencontre dans le Commentaire dû, de Hebdomadibus :
«sicut esse et quod est différant in simplicibus secundum intentio-
nes, ita in compositis différant realiter » (2). Un.texte de la Somme
parle lui aussi de distinction et d'inteniiones : « non oportet secun-
dum diversas rationes vel intentiones logicas, quae consequuntur
modum intelligendi, diversitatemin rébus naturalibus accip.ere » (3).
L'expression d'analogie« secundum intentioném et non secundum
esse» se rencontre aux Sentences dans un passage spécialement
important pour l'histoire de la notion d'analogie chez S. Thomas (4).
Dans ce même passage l'analogie « secundum esse et non secundum
intentioném» suppose l'existence d'une univocité «secundum in-
tentioném », univocité logique qui se résout pour le métaphysicien

(1) Nomen intentionis, nomen rei : 1 Sent, d. 25, q. 1, a. 1, c. Ia P., q. 29,


a. 1, tibj. 3 et ad 3 ; a. 2, c. ; q.30, a. 4, C Nomen primae intentionis : I Sent,
d 23, q. 1, a. 3, c. ; d. 26, q. 1, a. 1, ad 3.. III Sent, d. 6, q. 1, a. 1,quaest 1, c.
Nfimen primae impositionis : I Sent, d. 26, a. 1, ad 3 ; d. 27, q. 1, a. 1, ad 3.
De unione Verbi inc, a. 2, c. Cette distinction, qui intéresse les questions déli-
cates touchant la nature et la personne, a été mise au point de façon précise par
leR. P. Roland-Gosselin dans les notes qu'il a jointes à son édition du de Ente
etEssentia de S.Thomas, (Bibliothèque thomiste, Le Saulçhoir, Kain,1926 ; cf.
p. 122). J'ajoute que, selon une indication concordante fournie par Armand de
Beivézer (Declaratio difficilium terminorum, ï, c. 6. Venise, 1586, p. 6) et'.par
Albert de Saxe (Expositio aurea super arlem veierem, Proemium, q. iv, Bologne,
1496, sans pagin.), les deux expressions de « nomen primae intentionis vel impo-
sitionis » sont équivalentes, mais la première appartient au vocabulairetechnique
dû logicien, tandis que la seconde est propre au grammairien.Je signale aussi que
les expressions : inteniio prima et intentio secunda sont employéespar S. Thomas
lui-même pour désigner les deux volontés divines : la volonté antécédente et la
volonté conséquente (De Veritate; q. 23, a. 2, c.) ainsi qu'une double inienMo
naiùrae, (Ibid. et IV Sent, d. 36, q. 1, a. 1, ad 2). Mais ce n'est là qu^un rap-
prochement purementverbal, dans cette acception inteniio singifie tendance
appétitive vers une fin et non pas objet d'intellect-ion.
(2) De Hebdomad., lec. 2. Edit. Mand., I, p. 175.
(3) PP., q. 76, a. 4, ad 4.
(4) I Sent., d. 19, q.5, a. 2, ad 1.
46Ô H. i>. SÏMONIN' ''"'

efïy analogie C). Enfin, l'analogie « secundum esse et sjeçuhdum intérim:


tionem»;présente un type classique de l'analogie. Mais quoiqu'il en
soit des difficultés de doctrine, auxquelles ce texte donne occasion;":
le sens dû mot in/en/io y est clair. IL désigne, ici comme ailleurs, ce
qui estpropre à l'activité de l'esprit, ce qui est du ressortdé l'esprit, I
non pasde l'esprit seul, évidemment, mais de l'esprit saisissant là '
réalité selon le mode qui lui est propre comme esprit.
Ainsi, dans l'ordre de la connaissance; la notions d'intëntioy mal-
gré les diverses applications dont elle est susceptible, possède; une-
indéniable unité. Uintentio c'est l'objet de la connaissanèeyenvi- '
sage comme tel. On peut le considérer de façon globale et sans pré-:
cisions spéciales, c'est alors Vintentio intelligible: ou f sensible - et'
Vintentio intellecta; mais on peut aussi-considérer:le mode d'être;;
particulier qui convient à l'objet connu, à savoir;ison;Miversâlité
' et son abstraction, c'est ce que signifient les notions d'inteniio
universaliidiis et d'intentio generis. Dans cesdérnières acceptions,;
moins que dans toute autre, la notion latine ne possède d'équivalent;
français (2). ;•

(1) Cette notion d'tmivocité« secundumintentioném » estrjeprise dans II Sent::


d. 3, q. i, a. 5, ad 3, passage qui fait allusion," à titre d'exemple, à là notion de
nombre, univoque seulement « sec.undunïintentionemç.pàhsles Métaphysiques
on rencontre aussi une allusion à la notion de genre logiqué:(X.,Melaph;jiec.V2,z
h. 2.142); P.ar contre d'autres passages, concernant l'analogie, ne font plus al--
lusionârunivocité« secunduiliintentionémèf nonséeùndiïhresse.i(De Vériia-'
te, q. 2, a. 11, c. IV Metaph:, lec. 1,-n." 535-536). Un texte de lalSomme, trop
concis, est d'interprétation;difficile(IaP., q. il, a. 4,'ad l.).:Ëhfin danslePéri
Ilermeïieias, donc à lafin 'de sa carrière, S. Thomassemble bien ne plus faire
place à l'univocitë « secundum intentioném >.En tous cas; lès nombres;sont fort
mélleméht déclarés uhivoques entre eux, car s'ils possèdent un certain ordre
les uns par rapport aux autres, ils participent tous cependant à la notion dé
nombre et d'uûemênlèfâçoti(IPÊrïiÎÉrm.,leç.8, n. 6). 'f\. ''.''.
(2) On pourrait essayer de rapprocher ici la notion d'intentio dés expressions
sColastiques postérieures d&concept formel et de~concept objectif.41 semble que
l'inieniio -nelsôit à proprementparler ni le concept formel, ni; le concept objecC
tiï, mais;plus exactement le mode d'être:qui conviênt.au coneeptôbjéctif. En-
térines plus modernes,Vintentio ne désigne pas lé contenu particulier de tel acte
de connaissance, son objet spécial ; c'est.âu contraire le mpàe selon lequel tout'
contenu de pensée est nécessairement saisi par l'esprit, lemode d'être propre à;
l'intèlléçtion comme telle. Il ne s'agit ici d'ailleurs que de rintellectionihUmaihe
c'est-à-dire portant sur des natures, de soi matérielles, que l'esprit ahstrait dû--
sensible, ' ' :";. - -. "- -•;- -
LA NOTION D INTENTIO ))
4M
«

V. — Conclusion.
Une remarque d'ordre pratique semble s'imposer commeTa con-
clusion biplus obvie de cette étude, à savoir la nécessité ou l'on est
d'apporter une circonspection spéciale dans l'emploi de la notion
thomiste d'in ieniio. S. Thomas lui-même a renoncé à l'utilisation
du mot pour désigner la nature de la causalité instrumentale, on ne
peut'qu'imiter saréserve. Par contre,la notion joue un rôle prépon-
dérant tant dans le traité de la causalité efficiente et finale, et dans
les problèmes de morale, que dans l'exposé de la nature propre'de
l'acte intellectuel. IL semble indispensable de l'employer dans l'un
et l'autre domaine; Mais il est alors nécessaire de bien définir la no-
tion et de savoir toujours à laquelle des deux acceptions on entend
se référer (1). Comme acte d'une tendance, la notion s'applique d'a-
bord et proprement aux seules, puissances de l'appétit, elle désigne
une impulsion motrice, un influx causal. Au contraire, dans l'ordre
de la connaissance, la notion d'intentio perd complètement son sens
moteur, elle convient à l'objet possédé par l'esprit dont elle désigne
le mode,d'être spécial. Passer indûment de l'un à l'autre domaines
ce n'est pas utiliser l'ampleur analogique d'une même notion, c'est,
suivant l'affirmation dé S. Thomas, tomber dans l'équivoque. Il
semble qu'il faille, sur ce point, respecter la pensée explicite du
Maître,! surtout si l'on tente d'exprimer à nouveau sa doctrine et
d'en formuler d'authentiques développements.
Rome. H, D. SIMONIN, 0. P.

TABLE DES TEXTES CITÉS.


(Les passages où figurent les mots: intentio, intendere, sont marqués
d'un astérique),
la Pars. -\. ' .'. *q, 67, a. 3, c: p. 451, n, 1.
Sq. 29, a,l, ad3. p. 459, n. 1. *q. 76, a. 4, ad 4, ' p. 459, n. 3,
*q. 29, a. 2, c. p. ,459, n. 1. :
q, 77, a, 4,,ad 1. p. 460, h. 1.
*q. 30, a. 4, c. "
p. 459, n, 1. . *q. 78, a. 3, c. p. 457, h. 2, 3,
.

q. 43, a. 6, ad 4. .. p. 451, n. 1. *q. 78, a. 4, c. p, 457, h. %


*q. 56, a. 2, ad 3. p. 456, n. 6. *q. 79, à. 10, ad 3, p. 447, n. 1.
.

{1) On ne peut s'empêcher de songer ici à la thèse delà causalité intentionnelle


des Sacrements, proposé jadis par le R.P.Billot, ainsi qu'à la doctrine épistélno-
logique exposée plus récemment par le R.P.J.Màréchal.Sansporter atteinte au
mérite Indéniable de tels travaux, oh peut néanmoins se demander si l'un et
l'autre auteur distingue toujours de façon suffisamment nette le sens qu'ÎIen-
tend donner, d'aprèsi. Si Thomas, au mot intentio.
REVUE DES SCIENCES,—. T. XIX., FASC. 3.—30.
4.62 -''.. rj. b. SIMONIN

*q. 81, a. 3, c;- ''. - p. .457, n. .2, *d,25, q. 1, a. J, e. p. 459, n. 1.


V q. 82, a. 4, c. *d. 26, q. 1, a. 1, ad 3.
p,454, n. 7. p. 459, n. 1.
'',*<t. 85, a; î;ad:4, v p. 456, n: 5,. *d. 27, q. 1, a. 1. ad 3. p. 459, n. 1.
.-
"*q. 85, a, 3, àd.l.-: p, 454, n.. 5.; *d. 33, a. 1, ad 3. p. 458, n. 2.
Ç. 45S, n. 6,7". d. 34, q. 2, a. 1, ad 4. p. 454, 11. 7.
*q. 98, a. 1, c...: p. 454, n, 5. II,-*d. 3, q. 1. a. 5. ad 3. p. 400, n. 1.
q..'105, ai 'S, ç;:''. ' p. 451, n. 1. *d. 19, q. 1, a. 3, ad 1, p. 457, 11. 3.
*d. 38. q. l,a. ,3 c. p. 446, n. 4 ;
452, n. 2.
la IIae. ;"\ : -
453, n. 1.
;*q. Ua..l,,ad.l: ..".. p, 453, n. 4. a?d. 38, q. l,a. 3, ad 5. p,
p; 453, n.,4. Il, *d, 6, q. 1, çuaê6U.c. p.
459, n. 1.
' *q.l, a. 4, c. : i,
*q,-4,,à.'l, ad 3. p. 455, n. 6. V, *d. q. La. 4, 1,2.
:c\ p,453, n." 4. quaest 2, c. p. 448, n.
*q. -11, a.- 4, ;: -: -,
'„

*q. 11, ài-4',-:ad"3;. p! 453, n. 4.: *d. 1, q. 1, a. 4,


,.*qvl2,:a..l, a î ';...-' n. 446, n. 4 ; quaest. 4, c. p. 448, n. 1 ;
.'.:..- -452 ii.r2, 449, n. 2:450
*q,.lg,ia.5,ç.:;;"': p.453,n.2. n, 7,
*q.~l9, a, 7.: 455, 1. | *d. 6.
q. 1, a. 2. p. 455, n. 4.
p. n.
\,-,*qïï&, a. 8,C;, ,-p.447, h. 3; *d. 8, q. 2, a. 4,
,-.''.' 455, n. 1, quaest. 2, ad 1. p. 455, n. 4.
*q.:22, a. 2;ad3. p. 457, n. 3. M. 30, q. 1, a.3, ad3. p. 455, n. 4.
^q.^e.ja.^t; ...-' n.,454, n.6^
.
>d. 36, q. 1, a.l, ad2. p. 459, n. L
"*q.29,â.,0, c-z p..;458,.n, 6. '
.
*q. 37, a. 1, c. p. 455, n, 6. Cont. Gent.
-.
ï,*c. 53. p. 456,U. 1,4.
*q. 77, a; 1, c. p. 455, n. 6;
81, à. 451, 1. II, *c. 73. p. 457, n. 2.
- q. 1, c.. : ; p. n.
II, c. 1. p. 454, n. 2.
llallae. ; *p,2-6. p. 454, n. l.
• ---.*q; 83, a. 13, e.
.
p. 455, n. 3. *e. 24. - p. 454, n. 1.
*q."i0Ô^a.'4,adS.' ;p.-447, n. 4. *c. 107. p. 454, n. 1.
q.T71, a. 2,0. p. 451, n. 1.
*c.l38.' p. 447, n. 2;
^ 455, n. 2.
IllaPars. V, *c. 11. p. 456,11.1,2,3.
*g.;Q0l-a. 8^.0,- ..p. 455, n. 4.
q. 62, a. 3.\ ;
. .
' ;p. 451,n,l.
.
De Veritate.
' 451,n.,l. q. 2, a. 11, c. p. 460. 11. 1.
q. 62, a. 4. p.
451, 1: *q. 3, a. S, c. p. 454,11. 5.
q. B3, à. 2. p. n.
*q.64, a: 8, c.x;
.
-p. 455,h. 4.
} *,q. 10,
,% 5, ad 2. p. 457, n. 2.
8,.ad 1.
,
451, n. 2. *.q. 13, a. 3, c. p. 455, n. 7.
*q. .64, a. p.
*q. 21, a. 3, ad 5. p. 451,11. 3 ;
452,11. 1.
In Sent. : 2,5.
3, 457, n. 4 ; *q. 22. a. 13, c._ p. 452, n.
1, *d. 2, q. 1, a. c... p. _
:: 458, n. 1. g. 22, a. 13, ad 3. p. 452, n. 4.
%;.3, q. 4, a.°5; c. p. 455, n. 8.. *q, 22, a. 13 ad 16.. p. 453, n.l.
*d. 3, q. 4, à. 5, M 3. p. 455, n. 8. *q. 23, a. 2,' c. p. 459, n. 1.
dï'8, q. 3, à. 1, ad2.. p. 454, n, 7. *q;. 27, a. 4, ad 4. p. 448,. n. 1 ;
*d,:i.9, q^5,:â,'2, aui.jp. 459, n. 4. .450,51.5,7.
' *d; 23, q. 1, à;
%'è. ;.V..'459,.h. .1., q. 27, a. 7, c. p. 448, n. 1 ;
449, n. 2 ;45Û
I '
- '. n. 5,
.
LA NOTION D'« INTENTIO » 4ê&

De Potentia. In Rom, '


*q. 1, a. 1, ad 10. ' 458, n. 3.
p. V, lec.3, p. 451, n. 1.
*q. 3, a. 7, ad 7. 450, n. 2, 7.
p.
*q, 3, a. 11, ad 14. '450,-n. 3.
p. In I Cor.
*.q. 5, a. 1, c. " 453, n. 4 -; -- :.XIV, lec. 3.
p. ,p. 455, n. 3.
454, n, 7. : i ;

*q. 5, a. 1, ad G. -, p;:448, n. 1.; In Péri Herm.


449, n.2 ; 450, I, lec. S, n: 6. p. 460,:n. 1.
h;'1,6.
*q. 6, a. 4, c. p. 448, n. 1 ; InPhYs. „;;:'.'
450, n. 4, 6. III, lec. 5, n. 15..
,
p. 454,-h.'%'\ '
*q. 7, a. 6, c; p. 458; n.. 3, 4.-
*q. 7, a. 9, c. p. 458, n. 3, 5. In de Anima.
q. .9, a. 5. p. 457, n. 1. II, *lec. 12, n..378-380. p. 458, n. 6.:
*q. 10,'a. 2, ad 12. p. 454, n.5. *lec. 13, n. 396. p. 457, n,2:.; '
*lec. 14, n. 418. p. 457, n. 3;.
De Màlo. - --
III, *lec.5,n,637, 638,
*q. 1, à; 3, .c. p. 454, n. 3, 4. 651, p..447,n. 5,
q,,4,.a 1; ad 15. p. 450, n 8. *leç. 8, n. 718. p. 456, n. 5, ;
*q. 4, a. 1,-ad 16. p. 450, n. 8.
q. 4, a. 3, c. p. 450, n. S.
.
In Metaph.
*<x: 16, a. 11, ad 4. p. 455, n. 5. IV, lec. 1, n. 535-536. p. 460, n. 1.
lec. 16; n. 733.'. p. 451, ri. 5;
De unione Verb. iric, VI, lec, 4, n, 1241. p. 449,h.-l,
*a. 2, c. p. 459, n. 1. VII*, lec. 13, n. 1570 p. 458, n,. 6.
X, lec. 12, n. 2.142. p. 460, n. 1.
Dé Anima,
*a. 18, c. p. 454, n.5. .
Compend. theol.
.
c. 130, p. 451, H. 1.
Q,uod,. c. 195. : p. 451, n. IV.
*yii,:a.2,c. p.. 455, n. S.
*VIII,a. 2, c. p. 454, n. 5. In Boet. de ïlebd.
*lec. 2. p. 459, h>2..
NOTES

Le mémoire justificatif de Bernard de Trilia.

P. Glorieux a publié dans cette Revue Q-) une étude très intéres-
sante sur un Mémoire justificatif découvert par lui dans le Cod.
3490 de la Bibliothèque Mazafine, et attribué à Bernard de Trilia.
G renvoie lui-même à quelques pièces apparentées (2). Comme je
.
me suis beaucoup occupé, depuis quelque temps, delà littérature
des catalogues d'erreurs et des mémoires justificatifs, là découverte
de Glorieux m'a particulièrement rejoui et j'ai étudié très soig-
neusementles conclusions qu'il a établies à son sujet. Puisque je
n'admets pas, en partie au moins, ses résultats, je voudraisjustifier
brièvement mon point de vue.

I. Bernard de Trilia es t-il l'auteur du mémoire justificatif ?


Je crois, avec GL, qu'on peut l'affirmer. Des raisons qu'il donne
l'unité d'écriture des fol. 83-158 du Ms. 3490 me paraît la plus im*
portante : « Pour cette dernière partie (c. à. d. fol. 83-156) l'écriture,
fort nette et très lisible, est de la fin du XIIIe siècle ; l'exécution est
soignée ; des rubriques, des sigles de couleur, indiquent les divisions
et subdivisions des questions. Or c'est absolument le même procédé,
la même écriture aussi qu'on retrouve au f. 157 » (3), Or les fol. 83
à 156 contiennent des Questions authentiques de Bernard; d'où l'on
conclut que le Mémoire justificatif est également son,oeuvre. J'ai
rencontré récemment un cas analogue dans un manuscrit d'Olivi :
Vat. Burgh. 322 contient au milieu de Questionsauthentiques d'Olivi

(1) Un mémoire justificatif de Bernard de Trilia dans Rcv. se. ph,'.'-'Wi.5C.yii..


;

(1928), pp. 405-426 ; XVIII (1929), pp. 23-58. /-


(2) L. c, p, 413.
(3) L. c, p, 406.
LA MÉMOIRE JUSTIFICATIF©E BERNARD DE TRILIA 465

sa Revocatio adressée aux censeurs parisiens de 1283 (fol.l27ra-va).


La pièce commence au milieu de la ligne sans aucune rubrique, si
bien que le scribe lui-même qui, au moyen-âge, adressé l'index, ne
l'a pas vue.Le cas cependant est clair, l'authenticité de la Revocatio,
qui du reste a été imprimée (x), étant connue par ailleurs. Mais, même
si ce n'était pas le cas, on pourrait fixer sans plus l'origine du docu-
ment par le reste du contenu du manuscrit.
La Qudestio de paupertate Christi, qui dans le manuscrit delà
Mazarine remplit les fol 72-82 a pour auteur HERVÉ DE NÉDEL-
LËG (2) et date de l'année 1322. Cette constatation rend encore, plus
manifeste le caractère dominicain du manuscrit.

lï.LeCod. Maz. 889 contient-il le commentairesur les Sentences de


Bernard de Trilial' Gl. croit que « l'identité d'auteur ne peut faire
de doute, et dans le ms. 889 de la Mazarine, c'est bien l'oeuvre de
Bernard de Trilia qu'on retrouve » (loc. cit. p. 27). Mais lorsque l'on
soumet ses affirmations à un examen critique, on en arrive à ce
résultat, que la démonstration ne prouve pas. Quelques-unes seule-
ment des propositions censurées, comme le montre le schéma sui-
vant, se trouvent,: d'après les propres dires de Glorieux, dansTe
commentaire susdit:
-i. Gl. constate une « parenté réelle » entre l'article i et le texte de
IlSent, d. 32 (1. c, p. 32).
ii. «Les articles II et xn... n'ont pas laissé de trace dans le
Commentaire que bous étudions » (p. 30).
ni. « fNul doute qu'on soit bien là eh face du texte où l'accusateur
anonyme de Bernard est allé chercher l'énoncé de son article ni »
(P-26).
iv; « Le cas de l'article iv est plus typique encore, car c'est à
peine si, dans lé Commentaire, ce problème des oeuvres faites sans
la charité et deleur valeur sàtisfactoire, se voit accorder les honneurs
de deux lignes » (p. 33).
v. vi. «.. le Commentaire laisse deviner ce qui a prêté à criti-
que» (p. 30).

Pelrus Joan. Qlivus Provenzalis, Quodlibeiaelimpugnatïoquorundqm


(-1)
.
articulorum, Venise, 1509, f. 50 vb -51 rb. Réimprimé (avec des fautes) par
C. Duplessis d'Argentré, Collectio iudiciorum de novis erroribus, I 1, 1724,
pr230-23l.
^:Gf.iV,at,?at.3740^:t168-ra-200y6,
.
ma ,",',•'.-, J. K0CH

vu- Ici;,il-y ; a uneborrespondance parfaite entre le texte du


Mèinoire et du Commentaire anonyme (cf p 24s.).
...
viïi. « L,;es précisions apportées par le maîLre sur ce qui caractérise
le çrimen oçcultum ne se retrouvent pas dans le Commentaire
ip,:32 s).'/y.
,
ix, « Pour ^article rx.le texte du Commentaire se présente de
façon plus heureuse et ajoute quelques lumières aux réponses
données ensuite par Bernard » (p. 34). Mais dans les pages suivantes
je.n'ai trouvé rien relativement à l'art, ix.
.
;x. Lé passage correspondant se retrouve îv Sent. d. 38 (p. 30),
xi. « Qu'on rapproche... de cela le onzième des articles incrimi-
nés, il est bien évident.,., que de part et d'autre c'est le même au-
tour (p, 27),;Mais il y a là seulement de la parenté entre les Uic-
?>

ses, pas du tout entre les détails.


..>
XIL ǣ.It. .:"..: i
'

n'y (c; a, d. IV Sent, d. 49) trouve pas cependant


Xiii. « On
les formules nettes et Surtout les précisions et rectifications aux-
quelles, renvoie lie .Mémoire justificatif » (p. 34).
.
xiv. « De 1 -article on ne trouve qu'une mention assez voilée»

xv. Pour l'art, xv, Gl. ci te (p. 34 n. i) un texte dont je ne com-


prends. ; qu'une partie • et i] dit lui-même qu'il « n'est pas beaucoup
plus satisfaisant » que le précédent.
..
xvi. Quant au dernier article Gl. n'en dit pas un mot, bien qu'il
soit dit plusieurs fois quele texte du Commentaire est reproduit
p. 35 (cf. p. m, 56).
Quel est,le résultat auquel nous aboutissons? Seuls les articles
.,
m, vu, et k peuvent être retrouvés dans le Commentaire anony-
me. ;,,pour tous lès autres il faut dire : Non liquct. Gl. s'efforce, il
gst.yrai/dé.WPhtrer que les réportations sont des travaux d' élèves,
et par conséquent imparfaits. Soit. Mais il n'est pas permis de se
baser sUr le manque d'attention cf d'intelligence de l'élève pour
cpjbbler les;.lacunes de sa propre démonstration. J'ai étudié pour
mon compte en automne 1928 le Ms. 889, et j'ai eu l'impression
que le reportateur a travaillé avec beaucoup d'intelligence. Le
Commentaire est écrit avec beaucoup de soin et contient des détails
intéressants. P.ex., fol. 7 ra, sont cités : « multi magni, sicut Petrus,
Âlbertus, Romanus ». Fol. 45 va : « Alii dicunt, et habetur ista
opinio in libèllô qui intitulatur De intelligentiis. quem composuit
'aritiquus quidam magister in theologia... » Fol. 1 Irb. et 19 r on cite
Moysè Maimonide, Celui qui retient de tels détails retiendra et écrira
J.EMÉMOIRE.roSTlFIÇATIFPFbPRNARDDETRILîA 467
.

certainement aussi des propositions dumâîtreiquipatlôurBinguIarité


devaient exciter et ont excité de fait Tattëntiobde l'élève. '
-
^De plus, en étudiant les Catalogues d'erreurs de cette époques
j'ai pu faire la constatation suivante : les articles censurés se re-~
trouvent toujours mot à mot dans lés écrits incriminés. Lé P, G,
THÉRY l'a montré dans une étude fameuse $ur le procès de Cologne
':contre Maître Eckhart pour une matièib aussi difficile que les
serinons de ce Maître i1), Moi-même, je l'ai montré pour les deux
catalogues dressés en 1314 et 1316-17 contré Durand de Saint-
PqUrçain (2). Actuellement j'ai trouvéla même chose poùrlei cata.'-
ïogues dans lesquels on a réuni en 1280 et 1283 les erreurs; d'Olivi.
Mêmelà.où Olivi prétend n'avoir pas affirmé telle où telle proposi-
tion, T article se trouve dans ses Questions/ Remarquons bien ;
les accusations contre Olivi. Durand et Eckhart (pour be citer que
ceux-là) se basent sur des réportatiôns! On peut en tirer, sembjé-
MI; le principe méthodoldogiquesuivant ;0/z ne peut affirnjeraveG
certitude."avoir retrouvé la source d'un catalogue d'erreurs;: que
quand leè différentes projiositions incriminées ou du moins laplus
grande partie, se trouvent textuellement dans le document en ques-
tion. \
Bref, il faut dire que Gl. n'a pas démontré que leGod. 889 delà
bibliothèque Mazarine contient le Commentaire sur les Sentences
de Bernard de Trilia.

ÏÏL Que signifie cette phrase du Mémoire jùÈlificatif mPostea Vem


iniesponsione de quolibet ienui sicut Petrus» (art. 9)? G-. Jjèiise que.
Bernard renvoie à un Quolibet qu'U aurait tenu lui-même, et côn^
struit sur cette interprétation tout un ensemble de éonolusions,
surtout celle-ci,-que Bernard aurait composé le Mémoire" justificatif;
en tant que jnaître (3). Il croit mênie avoir retrouvé les .questions
du Quolibet dans la collection des Quaèslionesde Nicolas deBar (4).
Tout cela repose sur une interprétation erronée des paroles de
Bernard. Gl. lui-même a réuni dans son beau livre La littérature
quodlibétique de 1260 à 1320, p. 12 s., les articles des statuts de l'U-
niversité dé Paris du 14e siècle, ou .^ob•''î&pÔSë'..âùx' bacheliers

(1) Gl.Archivesd'Mstdoct.elliii.dum.a., I.(1926i27), 147ss.


(2.) J, KOCH, DuraMusde S. Porciano, I,,1927,'MO ss,
?(3)L.c, p. 415 sz; •"'"• v;; > ,

'...-
;
'
.
(4) L. ç., p. 34 s. v|.
468 J. K0CH

l'obligation dé la Responsio de Quolibet. Dans les statuts de 1335-


66, il est dit, par exemple, : « Item nota quodbachalaïii in ilieo-
logia tenentur respondere de queslione.... quinqùies ad minus, anté^
quamiiceniienluT,sciliccl.... z'/emsemeZ de Quolibet..,.» Dans les sta^
tutsplus récents également la Responsio de quolibet est imposée
aux bacheliers sous serment. Oron est d'accord aujourd'hui pour
dire que les coutumes qui sont à la base des statuts du 14e siècle
appartiennent déjà au 13e. Le Respondens est un personnage bien
connu dans les Quolibets de ce siècle. Il me suffit de renvoj'er à ce
que "Gl. dit avec tant de compétence au sujet du bachelierdans le
rôle de Respondens, à la p. 31' deson livre.
IÏ is'ensuit pour le texte du Mémoire justificatif que Bernard,
par l'expression technique « in responsione de quolibet », ne renvoie
pas à une determinatio demaître.mais auxrépliquesqu'il a faite comme
Respondens ,à la dispuldtio de Quolibet d'un maître. A cela il n'y a
àucundoute.SiBernard avait voulu renvoyerà l'Un de ses Quolibets,
il aurait employé l'expression qu'on trouve si souvent chez les
Maîtres :« in quolibet (primo, secundo, etc)... determinavi ou dixi ».
...
Que suit-il de cette constatation? 1° Bernard de Trilia n'a pas
écritle Mémoire justificatif en tant que maître, mais comme bacher
lier ; :2° l'étude de Glorieux sur la Q. 7 de la collection; de Nicolas
de Bar repose sur un présupposé erroné et demeure donc sans
résultat, malgré tous les arguments de critique interné ; 3° il faut
en dire autant de la chronologie que Glorieux à établie, de tout ce
qu'il dit de la carrière magistrale^1) et de l'occasion du Mémoire
justificatif, IL resté en fait de résultat positif : que le Mémoire est
très probablement de Bernard ; l'attribution du Quolibet anonyme
à Pierre de Tarentaise ( 2) est également justifiée. Tout le reste me
parait douteux;
Breslau. J. KOCH.

(1) A'lapage43, Gl.dit :« Au cours delà seconde année,aprèsî'àchèvement;du


troisième livre, le bachelier soutenait l'examen qui devait lui faire oclroyer la
licence d'enseigner en qualité de maître». Jusqu'à présentje n'ai rien trouvé sur
1
untelëxaniéiidarisles statuts universitaires, mais j'admets volontiers Icreiisëigrië-
ment.
(2) Cf. loc, cit, p. 49-58,
BERNARD DE TRILIA OU JEAN PB PARIS ? 469

Bernard de Trilia? ou Jean de Paris?

La note de M, J. Koch que vous avez eu l'amabilité de me commu-


niquer m'a vivement intéressé. J'aimerais vous adresser à mon tour
quelques lignes à ce propos, si je ne craignais d'alourdir vos pa-
ges ; ce ne serait point toutefois pour une discussion inutile, mais
parce que des données nouvelles vont, je crois, permettre d'aboutir
à des conclusions précises.
Permettez-moi, de façon à mettre un peu d'ordre dans cette ré-
ponse, d'emprunter comme cadre là vieille formule que je modifie-
rai légèrement : «Concedo non totum, sed amplius ». ". -

A. ~^- Concedo non totum- —Les remarques fort courtoises, et


judicieuses, de M. Koch portent principalement Sur trois points.
Je commencerai par le dernier.
1. Lé quodlibet que soutint l'auteur du Mémoire justificatif,
et auquel il renvoie (art. 9), peut fort bien se rapporter à son en-
seignement de bachelier, et ne prouve donc pas que le dit Mémoire
date de sa maîtrise en théologie. — Il est vrai ; et la formule em-
ployée, à bon escient sans doute, autorise cette conclusion et sem-
blerait même la suggérer : « Posfea vero, in responsione de quolibet
tenui sicut Petrus».
2. L'auteur du Mémoire justificatif (Paris, Mazarine 3490, fol.
157 r-v) est-il le même ^ue celui du Commentaire sur les Sentences
(PariSjMazarine 889, f.l-102v)? —: Je me suis efforcé de le prouver
dans mon article ; M. Koch ne juge pas cette preuve évidente. Je
maintiendrai cependant mon point de vue.
Il est certain, et je le concède de grand coeur, que le texte du
Commentaire ne reproduit pas ad verbum le texte des 16 articles
incriminés. Il n'eût pas été loyal de passer sous silence les diffé-
rences plus ou moins considérables qui les séparent ; et en les sig-
nalant, je prêtais le flanc à cette critique.
Mais à côté dés différences il y a des fessemblaUcès ou des coïn-
cidences qui semblent trop nettes pour être l'objet du hasard,snrtout
pour les articles 3, 7, 10 et 11 elles me semblent autoriser; très
légitimement à elles seules la conclusion proposée.
D'autant que l'argument tiré, contre cette identification, des
moindres ressemblances que fournissent les autres articles n'est
pas absolu. Il est vrai que dans les trois cas cités (Durand, Eckhart.
'4?0 ; ' •.'.-'•,: - f. GLORIEUX

Olivi) les textes incriminés étaient puisés mot pour mot dans les
ouvrages de leurs auteurs. Mais i] s'agit là de condamnations solen-
nelles, prononcées par les autorités de l'Ordre, après un examen offi-
ciel, prolongé ;;ici,-il s'agit simplement d'une dénonciation, venue
on ne sait de .qui, et transmise aux autorités ; dénonciation fausse,
prétend l'auteur du Mémoire justificatif : « Istos articulos non dixi-
«/mihiimponuntur..; Parafus sum etiam... per légitima documenta
docere quod'non' dixi seu docui eo modo quo mihi imposili sunt ».
Il prétend dans les différents articles de ce Mémoire qu'on a déna-
turé ses paroles ou malin ferprété sa pensée. 11 fait appel enfin à des
réportations qu'il a pu contrôler et où certaines de ses nuances, de
ses précisions ont été notées ; il suppose ainsi que le texte qui a
fourni matière à la dénonciation anonyme n'est pas des meilleurs.
Quant à la rèportation du ms. de la Mazarine, où se trouvent
en effet bien des notes intéressantes sur lesquelles il y aurait avan-
tage à revenir, elle est cependant fort inégale et incomplète ; les
quelques exemples cités dans le cours de l'article (v. g. p. 27, 32, 34
.et note I) le montrent assez.
Que dans ces conditions on constate à côté de ressemblances
indéniables et probantes.des lacunes et des différences,ccs dernières
ne doivent pas, semble-t-il, infirmer les conclusions qu'autorisent
les premières;
3. L'auteur du Mémoire est-il Bernard de Trilia? — Ce point
n'est pas trop controversé. 11 est bon cependant de rappeler que la
présentation manuscrite, le voisinage du Mémoire et des questions
authentiqués de Bernard, la continuité dans la transcription et la
forme» ne sont pas le vrai motif de l'attribution qu'on en a faite
à ce maître Dominicain ; c'était uniquement un point de départ
provisoire, mais demandant à être vérifié.L'argumentationpassait
par les stades suivants : a) L'auteur du Mémoire est urt Dominicain,
ayant complètement terminé la leclure des quatre livres des Sen-
tences ; donc au moins bachelier formé, sinon maître, b) 11 est-l'ah-
teur du Commentaire du ms. Mazarine 889. c) Il est également l'au-
teur (disons au moins le respondens), d'une dispute quodlibétique.
d) Celle-ci, conservée en partie dans le recueil de Nicolas de Bar, est
à dater de 1285-86. e) A cette époque les maîtres en exercice à
'

Saint-Jacques ne peuvent guère être qucBernard de Trilia ou Etienne


deBesançon. /) En faveur du premier on peut invoquer le rapproche-
ment éntreje Commentaire et la question disputée qui dans le ms.
Mazarihe 3490 introduit (f. 83a-84b) les questions disputées de
Bernard/de anima coniuncta.
BERNARD DE TRILIA OU JEAN DE PARIS ? 471

A mon avis c'est à cette dernièreétape que se trouve le point-fai^


ble de l'argumentation ; car il n'est pas absolument certain que
cette question soit bien. authentiquement de Bernard de Trilia.
L'hésitation resterait donc possible ; mais strictement limitée à ces
deux Maîtres ; tout paraissant d'ailleurs militer pouf Bernard ^

le ms. qui contient le Mémoire justificatif ; la date du quolibet où


il prit position «sicut Petrus » ; la ressemblance avec la première
question disputée.
il y a lieu cependant de revenir sur ces conclusions. Et nous
arrivons par là à la seconde partie de mes réflexion s. '

B. —Non toium, sed amplius. —Ni M. Koch ni moi,n'avions


raison ; ni lui, qui reconnaît Bernard de Trilia comme auteur du
Mémoire, mais non du Commentaire ; ni moi qui, acceptant l'iden-
tité d'auteur de ces deux écrits, les attribuais à Bernard. L'auteur
du Commentaire est en effet JEAN DE PARIS ; et par conséquent, si
l'on admet ce qui a été redit plus haut, le Mémoire justificatif serait
aussi de lui-
1. Le Commentaire du ms. Mazarine 889 est de Jean de Paris.
Le dépouillement du ms. m'avait donné entre autres précisions ces
quelques détails (M.: Koch doit les avoir relevés aussi sans doute) :
IN LIB. I, Inc. (f. 1) : Circa I Sententiarum queritur utrum Deus
sit subiectum; dicendum quod differunt materia et subiectum..
2a Quaest. : Utrum modus Scripture Sacre debeat habere'sub "una
littera plures sensus. Vit. quest. : Utrum divinâ voluntas habèat
aliquam causam a se ita quod sit aliquid extra ipsam divinam vo-
lUntatem quod possit ipsam movere. -
IN LIB. II, la quest. : Queritur utrum créature sint in continUo
fieri vel.sint in facto esse ...2a quest. :Utrum in creaturis esse
et essentia différant realiter... Ulf. quest, : Utrum religiosi ténean-
tur pbedire prelatis in omnibus. .
«
IN LIB. III, l3,quest, : Utrum natura divina et humanapotuerunt
uniri in uno supposito... Ult. quest. Utrum sint tantum decem
precepta.
IN LIB. IV, ProZ. : Vincula illius alligatura salutaris. Ecch. VI.
.
Secundum quod videtur in paraljola Luc 10 sauciatus... la quest. :
Utium sacramenta sint causa gi-atie... VU. quaest. Utrum anima
separatàintelligat per species.
Or tout ceci correspond trait pour trait à la description détaillée,
que Mgr: Grabmârin a donnée jadis du Commentaire de Jean de
Paris d'après le rns. deBâleB. III, 13. Mais ce pis. al'incipit copi-
4f2 P. GLORIEUX

plet pour ïe 1erlivre : «Cupidités, etc. Libro 1° suo Magistcr pre-


mittit -prôhemium et dividit iri quatuor partes. In quarum prima po-
nitur excusatio açtoris.., ». Pour le IIIe : «Transite ad me omnes
qui eoncupiscitis me... Magister déterminât in sententiis de gene-
rationibus In primo libro de gencratione filii dei... ». Pour le IVe :
« Vincula
illius alligatura salutaris. Eccli. VI. Secundum quod
dicitur..,. »
Ce dernier incipit, les autres détails, la liste des. questions prin-
cipalement que donné Mgr. Grabmann, montrent la pleine coïnciden-
ce des deux Commentaires.
Il faut dobese rendre à l'évidence et attribuer à Jean de Paris
le texte de la Mazarine, qui vient sej oindre ainsi aux autres manus-
crits déjà connus.
,2. Le Mémoire justificatif doit donc lui être attribué . — Les
raisons exprimées au cours de l'article, et les remarques faites ici
même, inclinent à cette conclusion. Les rapprochements si nets qui
existent entre certains articles du Mémoire (1, 3, 7, 10, 11 surtout)
et les passages correspondants du Commentaire le demandent mal-
gré les lacunes Ou lés moindres précisions sur les autres points.
Mais il y aun argument d'un autre ordre qui vient étrangement
.
corroborer tout ceci et projeter de la lumière en cette affaire. Mgr.
Grabmahn, dans son étude sur «le Correctorium Corruptorii de
Jean Quidort » (Rev. Néo-Scol., 1912, p. 404 ss.) avait signalé parmi
lés manuscrits, le ms. 147 de Bordeaux qui jadis avait contenu ce
Correctoire. Dans un remaniement du recueil toute une partie
a disparu ; mais le contenu primitif est connu grâce à cette note qui,
se lit au fol. 4v : « ubi; (i. e. fol. 158) incipit lectura fr. Johannis de
Parisiis super 4 libr. Sent, finitur fol. CCLXXVI. Ibi incipit expo-
sitio articuloruni qui impositi fuerunt fratri Joli, de Parisiis quando
legit Sententiâs et duratusque ad CCCXXXVIII fol. et ibi incipit
correctorium Sunmie fratris Thome et incipit : In prima parte
Surnme : terininàtur'autem CCCXLVJII fol. »
Ce recueil des ouvrages de Jean Quidort comprenait donc autre-
fois outre le Commentaire sur les Sentences et la réplique au Cor-
rectoire de Guillaume dé la Mare, une « expositio articulorum qui
impositi fuerunt fratri Johanni de Parisiis quando legit Sententiâs ».
Il nous paraît hors de doute que nous avons là affaire au Mémoire
justificatif, avec toutes les indications concordantes: « articuli
qui impositi fuerunt quando legit Sententiâs » : c'est bien la conclu-
sion qui se dégageait dé l'analyse du Mémoire, et que M. Koch ad-
met volontiers ;« qui impositi fuerunt fratri Joh. de Parisiis»:
c'est ce qu'il est Ipisibl^de déduire si Von admet l'identité d'auteur
BERNARD DE TRILIA ? OU JEAN DE PARIS ? '4Ï3

du Mémoire et du Commentaire étudiés dans l'article ; enfin « ex-


positio articulofum » : c'est la réponse faite par Jean de Paris
lui-même, c 'est à dire le Mémoire édité dans notre article.
Mais que deviennent dans ces conditions les conclusions préala-
blement écliafaudées ? Elles doivent céder à la vérité, et faire place
aux suivantes.
G. — Conclusions -,

1. Relativement à Bernard de Trilia. •— Il-faut évidemment re-


noncer à lui attribuer la paternité du Mémoire justificatif ainsi
que du Commentaire sur les Sentences"; renoncer par le fait aux
quelques précisions biographiques que ces attributions semblaient
autoriser, concernant particulièrement son temps d'enseignement
comme bachelier, son-séjour préalable à Paris sous Pierre de Ta-
rentaise,. et les attaques dont il aurait été l'objet de là part de
certains étudiants. Les grandes lignes de sa-carrière, cependant,
ne sont pas affectées par tout ceci, car ses séjours à Paris et les dates
de sa régence étaient attestés par ailleurs.
Il lui reste, au point de vue de ses oeuvres, ses trois quodlibets,
dont le dernier est incomplet ; et il n'est pas impossible encore que
les questions 7-14 du recueil de Nicolas deBar appartiennent à cette
ultime soutenance.
2. Relativement à Jean de Paris. —C'est lui qui bénéficie de
cette enquête et des comparaisons étalalies; Il y a donc lieU.de mettre
à son actif : a) le Commentaire du ms. Mazarine 889, qu'il faudra
ajouter aux trois autres mss. connus (Bâle B. III. 13 ; Admont
60 ; Vienue, Hofbibliothek, lat. 2165) et à celui que contenait jadis
Bordeaux 147 ;—&) Le Mémoire justificatif.
Les précisions apportées par celui-ci permettent d'affirmer la
présence à Paris deJean Quidort, et son rôle de bachelier sententiàire
en 1285-86 ; car il soutint certainement, comme respondens, le
quo'dlibet dont le recueil de Nicolas de Bar a conservé quelques
questions. Or ce quodlibet date de ces années ; Jean avait déjà lu
alors le IVe livre des Sentences. Ceci rejette donc sa lecture des
Sentences au moins en 1284-86; et par le fait fournit aussi une
date approximative poUr sa naissance :- vers 1260 au plus tard.
Cette activité du barehélier concorde fort bien avec ce qUe l'on
sait par ailleurs dé son Correctorium Corruptorii qui vient se placer
en ces mêmes années (1285, d'après le témoignage de l'ancien ms
deVenise, SS. Jean et Paul, 217).
4j4" ; '"<::' "
#. GLÔRlMte'' ' 'fZ-Z- ; ,-. V

Là dénonciation à laquelle il fut en butte, expliqué aussiTinfeÉ-


-
rup-tion que subit alors sa carrière enseignante, puisque il ne de-
vint maître qu'en 1304 ; et en même temps cettebssuranée et cette
pleine possession de soi dont témoignent ses dernières oeuvres': son
traité de l'Antéchrist (1300), De. poieslate regia ëtpapaîi (fin l-3Ô2fv
sa Determinatio de confessionibus fratrum (1304) et surtout Dêmodo
éxistehdi corpus Çhristi in sacramento aZ/aris (1304^O5).Çes audaces
qui étonneraient chez un jeune bachelier ou Un maître'fraîchement
émoulu, se comprennent si quinze ans ses ont écoulés déjà depuis
sa lecture des Sentences.
Il est bien évident encore qu'il est à distinguer nettement du Jean
de Paris, bachelier ès-arts, que Befthaud de Sâiht--benys refusa à
là licence ès-arts en 1290. Une seule chose demeure 'incertaine: 'ses
rapports aves Pierre de Tarentaise. Le texte dé son Comniêhtâirë
dans lequel il fait allusion à l'enseignement de çe-niâîtfé; (et? qui ,
eût dû se trouver en note à la page 35 de 'f article) né dit pas for-
mellement s'il l'entendit personnellement trancher lé cas litigieux,
ou s'il entendit seulement parler de cette solution.
Utrum auteni heneficiatus possit ponerè vicarium qui locp'ipsius çlicat,vél
Utrum monachus studens absolvatùr eo qui in fratribus absentibus dicuritlir
dico quod monachus non potest ab.solvi prop.ter hoc quod alilïdieunt, si possit
dicere. De prebendato qui non tenetur nisi ratione beneticii.diço sicutaudivi
déierminari in: quolibet qùod potest ponere vicarium qui dicat horas suas
loco ipsius, quia non obligatùrnisiadhoeût.dicat horas, ethôcpbtéstîâcérével per.
se vel per alium, tamen in hoc tehenda est consuetudo ceclésie.:(ÏÏazar,8$9
190t.) ..' ' 'Z;-'.;
S'il s'agit là du quodlibet de Pierre de Tarentaise,- et sLJéabdë
Paris l'entendit lui-même soutenir cette thèse, il faudrait aidrs/ le
supposer déjà étudiant à Saint-Jacques en 1264-
Je me borne à. ces quelques notations rapides, fort;longues déjà.
J'espère que Bernard de Trilia verra sans trop de jalousie soti/ ;toa*
gage littéraire d'un jour, passer à un confrère qui fut, très-pKoî*a>-
Mement d'ailleurs, son étudiant et son bachelier. .; /
Lille. TV GLORIEUX.
BJJLLEÉfK; DE FJÏIL0SÔPHIÊ

:V-.">;V' III. — PIIILQ8QPHffi;BES;SGIErsrGES C);/ -;

CONTINU' OU DISCONTINU. .,.::


:: 'Gé; problème naît-/ au coeur de la quantité et s'étend partout.
.Mais il est, comme la finalité, décisif;;.il sert d'épreuve aux: dè'ux-
théoriès qui se partagent la pensée humaine, Les uns cherchent les
râïsôbs d?être, en bas, dans la matière";lé problème leur est insoluble,'.
Les autres cherchent les raisons d'être,; en haut, dansleshàtures';"'
"lé problème n'offre alors aucune difficulté. ''•'
', La quantité;:—;Ml. WARRAIN ;(2): Veut définir ou rejoindre les
1.
notions de quantité, d'infini et de cbntihu, en se conformant à
là « loi de Çrëatidh: de: Wronski. Çetteloi, « inconnue de là plupart
M

des pliilosophes », n'est, rappelée dans là conclusion de chacune des


trois parties de l'ouvrage que pour rnontfèr comment les déductions
-précédentes la réalisent exactement,; et...comment elle; se trouve j us-
'."
;

tifiéepar ces réalisations mêmes. -,'} -:r "... ,,'.' \ .-.'•.'.


''lie'principe d'identité, A est A, sUt signifie quelque chose, doitim-'
-..
-pliqUër la distinction de l'existence et dé la manière d'être (quiddité),
én>meinë temps, naturellement, que îeur; identité. 'Eh- tant qu'iden-
,
tiques, lès deux-termes, participentT'ùU de l'autre," "ils ont, de
cohtinuh l'être ; ,êh tant que, distincts,"ils. soht'iriênie et", autre.'
"Lé rapport dé l'êtrëà'la quiddité définit' la /qualité;; lé ràpport'dê
l'être participé à;,l'être non participé,, de cé;qui. est A à tout; ce qui
Jestbph A, définifcla quantité. La quantité est le rapport entrèl'èxis-'
ténceiéfl'ective et l'existence possible (ou la noh-êxisténce possible)
pour une certaine quiddité ; elle est la notion qui détermine la par-
ticipation d'une quid'dité à l'existence possible. ,'..
Âïâis il y a antinomie dans le eonceptde quantité,pure.L'achève-
mèntde la quantité est à là fois nécessaire et. impossible, néces-
saire parce qu'il; faut bien s'arrêter, impossible parce qu'on ne voit
jamais où l'on doit' s'arrêter. La quantité est à la fois finie;et infi-
nie. Y a-t-il là. contradiction? Non, assure M. Warràin. Infini iîe'~

(1)"G.Ï.: la
première partie. de; ce bulletin,,£p,t3<H5.(B Évolution. ouÇréaiioUi,
,
(2) fe WARRAIN. Quantité, Infini, Coh*mû,'ï>aris;AJcan,,aS28 ;in-8y:Ï94pp,?
476 _[':'-. BULLETIN DE P1I1L0 SOPHIE

veut pas dire poursuite illimitée, terme insaisissable, mais annonce


uiie transformation,nn-changement de nature. L'infini a une double
face, l'une homogène et quantitative, et, de ce côté, il est unique ;
l'autre, qualitative, et, de ce côté, il est divers. « Ce qui justifie les
mathématiciens d'avoir conservé le même mot alors que la consti-
tution essentielle de l'objet signifié se trouve changée.e'est que le
même symbole algébrique correspond aux deux natures et que la
formule algébrique exprime l'opération même qui elïeclue le chan-
gement » (p.TOT). « Cette réalisation de l'infini (le passage à la li-
mité) ne signifie pas que les éléments y demeurent distincts et
qu'ils réalisent en acte une collection iniinie d individus ; cela in-
dique que l'objet défini obtenu (le cercle, par exemple) équivaut
à un nombre infini de ces éléments (les côtés du polygone inscrit)
et qu'il faudrait un nombre infini de ces élémenls pourl'épuiser »
(p. 79). Là quantitéest une abstraction, elle ne se réalise que dans
une qualité, nombre ou figure. L'infinitésimal a une valeur dyna-
mique, « unetendance àf évanouissement ou à la naissance du finir
C'est la vieille métaphysique d'Aristote qui seule permet de défini,
exactementTinfinïment petit. L'ini'iniment petiL est une quantité
non nulle en puissance et nulle en acte. C'est un zéro réel contenant
une virtualité' de grandeur. Par la se résolvenl les contradictions
apparemment impliquées par la notion d'infiniment petit. On les
eût évitées si l'on avait distingué l'être en puissance et l'être en acte.
On aurait reconnu alors là véritable nature du continu qui consiste
à passer de la tendance à l'acte » (p. 150).
Il y a des ordres d'infinis mathématiques ; il y a des ordres d'in-
finis dans la nature ; il y a, ici et là, entre ces ordres, des passages
à la limite, des phases critiques, des changements de nature. Ces
réalisations de 1 infini, on les saisit sur le vif dans a sensation, c'est
1

« la
psychophysique de l'infini » (pp. 184-191).
Xa sensation est ûuelhtégration, elle organise en unité concrète
une infinité d'éléments. Mais la sensation n'est qu'un détail de la
vie psychique. Les ordres de la nature, depuis les étoiles jusqu'aux
atomes et électrons, sont des infinis superposés, relatifs quant à leur
superposition, et absolus quant à leur infinité; Cette antinomie se
rësoud dans la pensée, qui les conçoit comme simultanés et concou-
rant à la réalisation du même univers. « 11 faut donc distinguer pour
l'infini, comme pour l'Espace et le Temps, comme pour toute no-
tion métaphysique, un -fondement absolu qui est l'essence de cette
notioii, et une manifestation relative faisant fonction d'absolu dans
un certain domaine... Par là, on comprend que le monde des réali-
sations phénoménales est comme le reflet d'un monde archétype
(l'Aziluth de la Kabbale) où tout revêt le caractère de l'Absolu réel,
c'est-à-dire de Dieu. Et l'on conçoil alors pourquoi les philosophes
et les théologiens ont souvent considéré l'Infini comme une manifes-
tation de l'Essence divine. C'est que la Quantité C5t liée si intime-
ment à la notion primordiale et mystérieuse de l'Existence qu'elle
semble être l'expression la plus directe de l'Abîme insondable où
plongent ses racines» (Fin).
"PHILOSOPHIE DÉS SCIE-NCfeS -,
477

La définition de la quantité comme rapport del'existence, à la,


quiddité (que nous ne confondrons pas avec la manière d'être) est
le fondement de la thèse. Cette définition, M. Warrain la tire du
principe d'identité. «L'identité suppose une distinction entre l'e-
xistence » et la quiddité. Grâce à cette distinction,'ce principe signi-.
fie quelque chose. Sinon que peut-ilêtre, que tautologique? Mais il
ne.faut pas avoir peur de le dire : A est A,.est'une tautologie. Il
s'agit du même A. Ce mur est un mur. Ce principe est premier,
antérieur au "discours^ avant toute explication, avant toute distinc-
tion. Il énonce un fait, une évidence. L'évidence ne s'explique pas,
On la signale, on la rappelle. Si le principe d'identité n'était pas
tautologique, sa contradictoire ne serait.pas absurde. Absurde est
un termeinjurieux, personne ne veut être absurde. Une répétition
peut être vaine, mais n'est pas absurde, La contradiction est.dans
la confusion de deux termes, et le principe de contradiction, est
à les démêler. Le principe d'identité vaut pour l'un.'et-.pour l'autre
des "termes confondus. Le principe de contradiction supposela.dis-
tinction, la distinction suppose l'identité, et non inversement.
Cependant, selon M Warrain, bien que l'existence et la quiddité
soient supposées distinctes par le principe d'identité, «leur.disjonc-
tion n'est jamais complète. Elles ne peuvent être séparées que par
abstraction ». Leur distinction alors est au moins de raison ! Mais
il ajoute : « On ne conçoit l'existence pure qu'en la transformant
en manière d'être. Et l'on ne conçoit pas la manière d'être sans
l'être : séparant la manière d'être de l'existence on l'érigé en exis-
tence. » Ne concevant pas l'une sans l'autre, comment pouvons-nous
les séparer par abstraction ? Leur distinction n'est donc que de raison
raisonnante L'existence est la quiddité. En fait, M. Warrain tient
!

pour la distinction de raison. A notre avis, elle ne suffit pas. On


n'imagine pas une existence sans quelque chose qui existe? Sans
doute, mais on comprend très bien une quiddité sans l'existence.
On la conçoit alors comme structure idéale, cohérence conceptuelle,
non contradictoire, par conséquent possible. Ce n'est.pas de ses
constituants logiques que la quiddité tient l'être, ils ne peuvent que
la définir, La concordance incomplète qui se produit entre ; l'exis-
<t

tence donnée et la quiddité proposée constitue une participation >>.


Le principe de participation répond au Werden de Hegel. «Il y a
place pour la coexistence des contradictoires dans la pensée, et il
y a place pour eux dans l'existence grâce à la distinction de l'In-
dividualité et del' Universalité ». Sous lé mot existence il faut mettre
identité et universalité, et sous le mot quiddité ilfait mettre indi-
vidualité et contradiction. Ces oppositions, intérieures à' tout ce
qui existe, se résolvent dans le principe de participation. L'existence
partlcipeàla quiddité, et la quiddité à l'existence. La participation
de l'existence comme identité, à la quiddité comme contradiction
(tout ce qui n'est pas A est non A) fonde la qualité,-où le-rapport
""du même à l'autre. La participation de la quiddité comme indivi-
REVUE DES SCIENCES. ;—T. XIX., FASC. 3.-^ 31.
4^8 BULLETIN DÉ PHILOSOPHIE

dualité, à l'existence comme universalité, fonde la quantité, oh le


rapport de A à tout ce qui existe.
La participation est le moyen terme entre l'opposition et l'insé-
parabilité de l'existence et delà quiddité. C'est par la participation
que ces deux éléments se joignent, se croisent. Il y a' de l'existence
dans la quiddité et de la quiddité dans l'existence. Mais ce mot par-
ticipation nous paraît pris ici dans deux acceptions très différentes.
Dans la participation de la quiddité à l'existence, il ne peut être
question que de participation au sens philosophique du mot. L'exis-
tence est un élément commun aux quiddités, cet élément ne peut
être que participé. Vous ne lui trouverez pas sa raison d'être dans
les quiddités, qui sont, comme telles, diverses. L'existence est rela-
tive à l'Absolu, o.i existence= quiddité. (Mais on voit comme cette
identité est conclue, dérivée, et suppose, au départ, l'autre, celle de
A est A, ce mur est un mur). Le rapport de l'existence à la quiddité
n'est donc pas celui du même à l'autre, mais du commun au divers.
L'identité, si elle signifie quelque chose, doit définir le rapport du
même au même, et ici de l'existence à elle-même; le rapport de
l'existence ne peut être que de l'Un à l'autre, donc de deux choses
distinctes. Dans le second cas (participation de l'existence àia quid-
dité) le mot participation est pris dans le. sens néologique d'avoir
part et implique un partage. Le rapport de l'existence à la quiddité
est celui du tout à la partie, ou de la totalité dé ce qui est non A à
la quantité d'existence de A. On définit la quantité par la quantité.
La quantité a cette propriété singulière, paradoxale, d'être divi-
sible en parties quelconques où on la retrouve toute toujours. Elle
implique le continu, un tout ; une division fait dé ce tout deux par-
ties, deux autres touts plus petits. Les parties diminuent à mesure
que les divisions augmentent. Le continu décroit à mesure que le
discontinu grandit. Il n'y a aucune raison de s'arrêter, car la divi-
sion vous rejette toujours en deçà du bord, ou de la coupure où la
quantité devient nulle. La grandeur tend à zéro et le nombre à l'in-
fini. Imaginez l'infini actuel, le continu est au zéro, c'est impossible,
coiitradictoire.il faut imaginer une dernière division, lebombré est
donc fini; ce dernier coup de division devrait amener le zéro, la
grandeur nulle, or il vous donne deux parties. Il n'y a pas d'co dans
la quantité. La raison de s'arrêter est sur les bords du tout, mais ces
bords terminent la quantité, ils sont inaccessibles à la division. Il
faut chercher dans le tout la raison des p arties, dans l'unité la raison
du nombre, dans le continu la raison du discontinu, bref, en-haut,
dans le corps, dans sa nature, la raison de la quantité.

Le fascicule 15 des Cahiers de la Nouvelle Journée (l) se révèle ici


précieux. Le sommaire en dira tout l'intérêt : Jacques CHEVALIER

(1) Cahiers de ta Nouvelle Journée (15). Continu et Discontinu. Paris, Blûud,


1929 î in-8, 197 pp.
PHILOSOPHIE DÈS SCIENCES 479
.

Le continu et le discontinu ; Victor CARLHÏAN, Nombre et géométrie ;


Louis DE BROGLIE, Continuité et individualité dans la physique mo-
derne; G.URBAIN, Les structures matérielles secrètes ; Louis VIALLE-
TON, Types d'organisation et types formels ; Maurice HAURIOU, De
la répétition des précédents judiciaires à la règle de droit coutumière ;
A. MEILLËT, Le développement des langues; Edouard LE ROY,
Continu et discontinu dans la matière : le problème xlu morcelage.
Les conclusions philosophiques de M. CHEVALIER et de M. LE Rov,
à l'un et à l'autre bout de l'enquête, ne concordent que pour imputer .
à une méprise ou à la grossièreté de l'intelligence conceptuelle les
difficultés du problème, à son inaptitude « à comprendre la qualité,
qui échappe à ses prises, et à laquelle elle substitue naturellement
la quantité » (Chevalier) ; au fait d' « une pensée que hante un souci
de fabrication mécanique, de manufacture » (Le Roy). Pour le
reste, l'opposition est complète. M. Le Roy cherche ses explications,
..en bas, au principe de 1' évolution, dans l'effort d'invention tâton-
nante. M. Chevalier juge. la" notion dévolution toute artificielle, et
seule féconde, seule réelle, celle de développement. « Le développe-
ment d'un être suppose donc à son origine une discontinuité radi-
.
cale, ou une création ; mais, vu de ce point, il réyèle une continuité
fondamentale dans le mouvement qui le porte, à travers la durée,
de l'état initial à son état final d'achèvement. Le développement,
.
cette synthèse de l'un et du multiple, du discontinu et de continu,
n'est que la finalité au travail : or la fin, qui fait l'unité de l'être
et qui constitue pour lui la substance même du devenir, est posée
: par un acte créateur, qui fait la
discontinuité des Êtres et l'irréduc-
tibilité foncière des individus. Cependant cette discontinuité réelle
n'est, pas absolue: Une certaine continuité règne entre ces êtres
discontinus ; mais elle ne s'établit entre eux que si on les regarde
: .d'en haut, dans la pensée qui les crée, dans l'unité supérieure où ils
peuvent communier entre eux, chacun dans son ordre, sans cesser
d'être eux-mêmes »...-..
« La quantité est quelque chose d'artificiel ,et d'essentiellement
relatif à un procédé démesure ». Cet artifice est-un produit de l'in-
telligence conceptuelle. Mais alors d'où vient la mesure? La mesure
préexiste donc à la quantité ; mais, sans la quantité, que peut être
la mesure ? On comprend que la mesure soit quelque chose d'arti-
ficiel et de relatif à la quantité, mais l'inverse ne s'entend pas. De
plus, parler de la « discontinuité des êtres » est ici un abus de lan-
gage. Le mot « des êtres » implique la pluralité, le nombre, la quan-
tité. Et voir la continuité dans l'unité supérieure, c'est voir la res-
-
semblance, mais la ressemblance implique la discontinuité des ter-
mes semblables, la quantité encore. Et, sans la quantité,. ces termes
semblables que peuvent-ils être, sinon simples, indivisibles, ponc-

tuels? Non, la quantité est un attribut positif que l'intelligence
analyse, et c'est l'intelligence qui nous montre comment il n'y a
d'antinomie du continu et du discontinu que pour ceux qui cher-
chent des raisons des'arrêterlà où,par définition, cesraisons n'exis-
480 .'; BULLETIN DE.PHILÔSÔPlilE

tent pas. Les limites sont, plus haut-, dans les natures. Nous rejoi-
gnons ici les critiques de M. DESGRIPPES formulées en termes que
nous ne pourrions qu'affaiblir : « Nier la valeur du concept c'est
s'engager à deux attitudes possibles : ou bien à résoudre les natures
dans un réseau Continu de rapports sans référence à l'être, ou bien
poser que les faits sont appréhendés immédiatement dans leur es-
sence par mie,intuition aussi simple et directe que l'intuition sen-
sible laquelle se termine à l'objet présent aux sens, ou que l'intui-
tion mathématique qui voit le « principe » de la notion dans la no-
tion. Or, M. Chevalier ne songerait pas à nier la discontinuité des
natures : puisqu'il les maintient comme « idées », « formes », ou
« types d'équilibre», il lui resterait
alors à penser que nous voyons
ces « idées » par un autre moyen que le concept. Lequel ? comme on
ne peut prétendre voir du premier coup les formes — c'est un fait
que nous ne les voyons pas —, il faut les reconstruire pour nous ;
et le concept est le terme où précisément la pensée retrouve, par
une analyse qui divise et une synthèse qui compose, l'unité des
rapports qualitatifs ». (La Vie intellectuelle, 10 février 1930. Note
sur « Continu et Discontinu », pp. 337-8).
De l'étude; de M. URBAIN sur les structures matérielles secrètes, il
faudrait tout citer. Évidemment c'est d'un empirisme un peu strict,
mais les observations n'en ont que plus de force. Mais quelle idée
d'aller chercher les origines de notre souci d'harmonie dans l'Inde-
antique !


Voici, sur la relativité, trois livres qui ne se ressemblent guère.
Pour M. EppiNGTON (^ il y- a deux mondes, celui qu'explorent
les sens, et celui que construit la Science. Ces deux mondes n'ont
rien de .commun : la table où j'écris n'est qu'un tourbillon d'atomes.
De ces deuxmondesvquelestlèbonjlevrai? Des sens ou delascien-
ce,qui nous trompe ? Les sens, n'en doutons pas. Sans que l'on puisse
pourtant beaucoup se fier à ce que la science énonce. La physique
reste encore en deçà de ce que l-on-pèut appeler la réalité ; elle en
estréduite à des lectures de graduations. Que la réalité lui échappe,
nous en recevons la conviction du témoignage de l'Esprit. L'Esprit
est; essentiellement en nous le sentiment du devenir, du progrès,
d'une direction du temps dans le sens passé-futur. La physique
par une nécessité venue de l'instrument mathématique, construit
un inonde où lai relation de cause à effet est réversible, l'ancienne,
physique du moins. Car la tendance inhérente à l'Esprit l'a amenée
de nos jours a expliquer les phénomènes d'après la deuxième loi
de la thermodynamique. C'était introduire dans les phénomènes
le dynamique. Mais le monde marchait alors au rebours de l'Esprit.
Si l'univers se dégrade, il aété parfait au commencement. Or l'hom-

(1) A. S.EDDING.TON. The Nature ofthe phgsicalivorldyÇaiabtiàgÈr


Sity Press, 1929 ; in-8, xix-361 pp. -
PHÏLOSOPHIES DE SCIENCES 481

meéstletermedel'organisation,il est au sommet du développement,


et l'homme est récent: La nouvelle théorie des quanta, en suppri-
mant la causalité, a,décidé la question. Désormais les atomes sont
représentés comme s'ils agissaient librement. La Nature et l'Esprit
;se rejoignent ainsi dans un arrière-fond qui doit être d'étoffe spi-
rituelle, «L'idée d'un Esprit ou Logos universel serait, je crois, une
Tnférehçe assez plausible dans l'état actuel des théories scientifi-
ques » (p. 334). z/'Z"
On comprend que;çelivre ait fait du bruit,-Apporter dans une
.-''.
étude dé'la relativité cette préoccupation de l'idée religieuse, qui-
VLexclut ni le scepticisme ni l'humour,^ c'était scandaliser: les « sa-
vants» et émouvoir le public. On voit ici comment les deuxhypo-
thèses^ àtomisme et evolutiohis^ sont inévitables et liées, dès
que fon-cherche, en.bas, dans les divisions de la matière, la raison
'dès-formes, des déterminations, ou dans la multitude la raison de
Tubité:,- •.,' '•-''.
~-M:,:Ëddington est astronome, il a le souci dés arrière-fonds, ses
vues sont vastes. Celles de M. REICHENBACH (^ sont moins étendues,
j II met au-dessUs dé tout la relativité;; là relativité consommé, la
physique de tous les temps et absorbe la philosophie même. « C'est
un; rare don du destin;qu'ici (Einstein) vision philosophique et cçr-
tîtUde înàthématico-physique aient été unies dans un même cer-
veau ». En prouvant la relativité de la simultanéité, Einstein a ra-
mené la physique àson Véritable objet, la mesure. La mesuré sup-
posé deux choses : l'Esprit qui mesure et la chose à mesurer ; il y
a dans la mesure 1^ partde l'Esprit, c'est le choix de l'Unité ou la
définition; quant à la réalité, elle demande que la mesure lui cor-
responde,Commè dëfinition,la mesure est arbitraire, comme côrfes-
pondâhce, elle est imposée. D'où la notion de « définition dé corres-
pondance » quiestlàpièce maîtresse de l'ouvrage. La physique nou-
velle ne s'entend que par ce mélange dé contingence et de nécessité.
Elle part de définitions. Il faut donc prouver qtie toutes les géomé-
tries, euclidienne ou non-euclidiennes,-sont non intuitives ou arbi-
traires; 'C'est l'objet dé la première partie ;; Espace (pp. 8-123). Il
faut prouver que la simultanéité est Une définition, c'est l'objet de
la2e partie : Temps;(pp. 130-173), et par raison de symétrie surtout,
car Cette 3e partie n'ajoute rien d'essentiel à la thèse, une combinai-
son de l'espace et du temps nous ramène, sous le nom de « multipli-
cités espace-temps sans gravitation», à la relativité restreinte
(2e partie), et, soùs le nom de « multiplicités espace-temps avec gra-
vitation », à la relativité généralisée .(Impartie);
Soit d'abord, poursuivre l'ordre naturel, la relativité de la simul-
tanéité. * .

.
(1)/H.
:}928;; gr, jn-8, 380 pp, -Z ''
REICHENBACH, Philosophie der Raujn-ZèU-l-ehre.
'">
Berlin, de Gruyter.
482 BULLETIN DE PHILOSOPHIE

On objecte à la relativité, dit M, Reichenbach, d'être une « con-


tradiction logique ». Si deux événements sont simultanés, ils ne sont
pas en même temps non simultanés. La simultanéité est absolue.
Ces philosophes « auraient raison si les déductions d'Einstein entraî-
naient véritablement une contradiction avec la logique, avec l'a-
xiome A n'est pas non A. Car les fondements delalogique nepeuvent
êtreébranlésparaucunethéoriephysique ». Oril n'en est rien. Deux
événements sont simultanés et non simultanés en même temps par
rapport à TobservateUr, comme le Havre est à gauche et à droite
de Paris « selon le point de vue ». Que la simultanéité soit relative,
Einstein l'a prouvé, et M. Reichenbach le tient pour acquis. Il ne
s'agit plus de «constater» la simultanéité, mais de la «définir»
(Définir veut- dire ici disposer à son gré). Les difficultés que l'on
oppose àl'isotropie de la lumière disparaissentalors,et voici comment.
Le raisonnement est un peu compliqué, subtil, mais très curieux.
Supposons qu'il parte du point Abu temps t un signal lumineux
et qu'au même temps un point voisin A' s'éloigne de A. Pour A la
propagation est d'ondes sphériques, pour A' elle ne l'est pas. Il y
a contradiction,pourquoi?
Près de A supposons un point Bi dont la force électrique a sa va-
leur ïhàxima au temps tj., et un point B2 voisin de Bi, dont la force
électrique est maxima au même temps. Bi et B2 sont demême phase.
« Déplaçons-nous de proche en proche, nous trouvons que tobs les
points B d'égale phase sont à la même distance du centre A ; ils
sont donc sur une sphère de centre A :c'est ce que nous nommons
« surface d'onde ».
Passons de Bi au point C qui a au temps t2 la même phase de Bi,
nous ne nous déplaçons plus sur une sphère ;les ondes ne sont plus
sphériques. La contradiction vient de la simultanéité des phases
incluse dans la définition de surface d'onde. Supprimez la simulta-
néité, la contradiction disparaît ; la définition de la surface d'onde
devient quelconque et vaut pour A comme pour A'.
Le raisonnement ne tient pas.
La surface d'onde est lé lieu géométrique des phases égales au
même temps (ou simultanées). L'égalité des temps définit donc l'éga-
lité des phases et l'inégalité des temps définit l'inégalité des phases
Si les temps sont égaux, les phases sont simultanées ; si les temps
sont inégaux, les phases sont non simultanées. La simultanéité entre
dans la définition des phases simultanées ; le temps mesure les phases.
Si la simultanéité entrait dans la définition de la phase comme phase,
toutes les phases seraient simultanées, la propagation serait instan-
tanée.
Que la simultanéité n'entre pas dans la définition de la surface
d'onde, M. Reichenbach nous en donne la preuve. Notre déplace-
ment sur lès points B de même phase, n'est possible que si ces points
coexistent, que s'ils gardent pendant notre déplacement leur valeur
maxima. Nous parcourons alors une surface immobile ; le temps ne
compte pas, La définition de la surface d'onde est imposée par l'équj-
PHILOSOPHIE DES SCIENCES'' 483

distance des points au centre. II ne faut pas confondre coexistence


et simultanéité.
QUe là simultanéité soit une chose à « définir », et non à « consta-
ter », oh le prouve encore ainsi. .-
Il faut distinguer entre simultanéité au même lieu et simultanéité
en des lieux différents.,: La première est perçue, la seconde est déduite.
E Comment se fait lé passage de l'une à l'autre ? C'est le problème de-
là simultanéité telqu'il se pose dans la théorie de la connaissance ».--"
Or la déduction qui nous donnerait la seconde est impossible, c'est
Un cerclé. Car pour connaître la simultanéité dé deux horloges éloi-
gnées, il faut connaître la vitesse des signaux, et pour connaître
cette vitesse, il faut connaître cette simultanéité. « La voie du salut,
qui a été trouvée, par Einstein, est très simple : la simultanéité, en
dés points éloignés est une chose dont je puis disposer d'une façon
entièrement arbitraire ».
Mais le Cercle n-est qu'apparent. On connaît la simultanéité quand
lés horloges sont sous nos yeux ; on né la connaît plUs quand elles
sont transportées en des lieux éloignés ; rien ne nous garantit alors
qu'elles ne se soient pas déréglées. L'incertitude vient de l'imper-
fection dés instruments de mesure. Un instrument parfait ne doit
pas changer. La connaissance de la vitesse des signaux dépend de la
.

connaissance de là;simultanéité, mais là simultanéité dépend de la


perfection des horloges. « Les meilleureshorloges sont celles où toutes
lès causes possibles dé désorganisation deTénergie,le frottement par
exemple, sont supprimées dans la plus large mesure : autrement dit,
l'instrument le plus pal-fait pour mesurer le temps est celui qui dis-
simule le plus la flèche du temps » (Eddington, p. 112).
Il reste à prouver que la géométrie euclidienne n'est pas intuitive.
Ce raisonnement n'est pas moins étonnant.
"' -.-."1.-9Je puis me représenter intuitivement une petite sphère ;
,2° J'affirmequelà grande sphère est géométriquement semblable
àlapetite.
'.Lé 1° est indiscutable. Le 2° n'est nécessaire ni rationnellement ni
intuitivement. -
.:

Il n'est pas nécessaire rationnellement, « car il est établi depuis


longtemps qu'on peut travailler rationnellement avec des géométries
bon euclidiennes dans lesquelles l'affirmation 2 n'est pas vraie».
-=- C'est toujours le même argument : L'affirmation 2 et sa contra-
dictoirebe peuvent pas être vraies et faussés" en même temps, elles
léseront donc « selonTe point de vue ».--; la vérité devient relative ;
les raisons d'opter sont de commodité. Mais l'affirmation 2 est vraie.
La grande sphèrébst géométriquementsemblable à la petite ; grande
où petite, une sphère; est une sphère. On ne. conçoit là quantité
que déterminée, limitée. Cette limitation,, cette détermination est
la figure. Les dimensions dépendent delà figure, mais la figure ne
dépend pas des dimensions. La quantité est. définie parla figure,
là figure est définie par des propriétés analytiques absolues.- On peut
tquj ours renverser l'ordre, et faire dépendre la-figure delà, grandeur,
mais ;H\grandeur recevra alors ses déterihinatjous de définitions ar-,
484'. BULLETIN DE PHILOSOPHIE

; bitraires. ;Ce n'est plus de la géométrie, c'est un langage, c'est surtout


un jeu, il.suffit d'en observer les règles.
Le 2° n'est.pas nécessaire intuitivement ». La grande sphère est
supposée la Terre. « Une sphère de la grandeur dé la Terre n'est pas
représôntable intuitivement ». Parce qu'elle est trop grande pour
que je puisse me la représenter j'affirme que la terre n'estpàs géo-
métriquement semblable à une petite sphère, : elle .n'est pas une
sphère. Mais non. Tout ce que je peux affirmer, c'est que je ne sais
ce qu'elle est, disque, cylindre ou tétraèdre. Mais.là terre n'a rien à
vûir: avec l'affirmation 2, "qui est vraie absolument. Les dimensions
ne font rieil-àlà:figuré j n n'est pas nécessaire d'avoir une représen-
tation égale aux dimensions pour avoir une représentation exacte
delà figure. Si nous avions l'intuition des dimensions, nous n*auriohs"
lias besoin de mesures. La lune et le soleil sont représèntàbles intui-
tivement, il est nécessaire intuitivement que la lune soit plus grande
que le soleil. Si la vérité dépend dé nos nécessités intuitives, il n'est '

que de se taire. ' ;:.


Mv Reichenbach veut que la philosophie « se limite à analyser Ta
structure logique des systèmes scientifiques ». .Même 'ainsi,' lés phi-
losophes; par le temps qui court," ne manqueront pas d'ouvragé. '.'.

Nous avons ce que M. DUPONT (^ appelle « des partis pris for-


mels» ; ce sont, entre autres, la notion de temps et le principe de
contradiction. Comprendre, c'est entrer dans une pensée, dans une
théorie où ces partis pris sont respectés. Or la théorie de la relativité
heurte nos jiârtis pris, non pas évidemment par ses déductions mathé-
matiques, mais par lé discours dont elle les accompagne. Dans une
théorie physique il y à deux choses, lé discours et iesiéquàtions, en
relation l'une à l'autre, commele sont, dans un opéra, la musique et
les paroles. Les mêmes équations comportent des explications dif-
férentes, comme la même musique peut s'adapter à dès livrets Op-
posés. Dans là relativité, le discours heurte d'abord notrehotion du
temps. « Nous voyons dans l'ordre de succession un fait de,nature
purement psychologique et nous y accommodons les horlogespour
le représenter physiquement ». Les relativistes « prennent les divi-
sions réglées parla lumière dansl'ordre des numérosbe ces divisions
et disent : voilàlé temps et sa mesure ». « Sans savoir réfuterpar-dés
raisonnements en forme ces affirmations noUvelles,bbus les rejetons
instinctivement:: nous y répugnons d'une manière ïnyihéfblèbê
qui prouve qu'elles sont incompatibles avec nos partis"pris formels.-».
La relativité heurte aussi le principe dé contradiction. « À côté
des "deux alternatives : ai>a2, on en admetune-troisième; à savoir
que a jpeut n'être ni plus grand ni plus petit que a2, Ou être-à la fois
plus grand eipïus petit, ce qui revient au même, puisquehepbuvaht

(1) P. DUPONT. Essai philosophique sur la théorie de ta relativité. Paris, Alcany


.
1929-]-jn-8, yiij.204.pp, ;,;;..]\Z>
;,,-' ' ;
.
PHILOSOPHIE DES SCIENCES 4g5
affirmer ni une proposition ni l'autre, on a le droit d'affirmer leurs
contraires respectives, qui sont lés mêmes propositions en ordre
inversé ».
:
Selon nous, la relativité n'a rien à voir avec la notion de temps, et
le principe de contradiction, comme le dit très bien M. Reichenbach,
doit rester sauf.
Einstein raisonne ainsi : Deux événements à la fois simultanés et.
non simultanés ne peuvent être tels « en soi » ; ils-;sont donc tels par
rapport aux observateurs. Mais il faut prouver que deux événements
peuvent être à la fois simultanés et bon .simultanés. La-preuve est
en.défaut, nous l'avons assez dit et redit pour n'y plus révenir. La
simultanéité étant tenue pour relative, on conclut à la négation
dutemps absolu. S'il s'agit de nier le temps comme mesure de l'ordre
de succession, la prétention est vaine ; s'il s'agit dé nier l'exacti- ;
titude de nos mesures, iranseat. —-Nous n'ayons pris le livre de M.
Dupont que par ses points faibles. Que l'on ne le juge pas d'après nos
citations. C'est un exposé impartial dé la question. Les'« partis
pris » n'y sont que de logique et.de clarté.
IL L'organisation. — Si on ne regarde qu'à la matière, tout est
continu. Maais ce ne peut être que l'effet d'un préjugé,, car le dis-
continu saute aux yeux. Pour expliquer les natures, il faut lés faire
naître de la rencontre de quelques"éléments.; le discontinu est alors :

au point de départ, et les diversités restent méconnues. Tout se


résout aisément si, dépouillant toute prévention, on suit le sens,.
'les''.données. Continu et discontinu s'accordent dans l'un ; l'un
-numérique, principe et mesure déjà multitude, l'un ontologique,
raison immédiate des parties constituantes. C'est ce que nous dé-
montre par les faits M. H. ANDRÉ dans une étude pénétrante sur la
typologie des plantes (1).
Il y a dans le monde vivant les lois communes et les lois de spéci-
fication, comme il y a dans une langue les règles particulières de la
; prose ou de
la poésie et les règles générales dé la syntaxe. Jusque là
; on s'est occupé en biologie surtout des lois matérielles. Communes
àuxvbiàtériaux en circulation dans les règnes, on passait insensi-
bîehrèùt, par elles, du minéral à laplante.et dèlaplânte à l'animal.
Les.différences disparaissaient. On revient actuellement de plus
éb plus à l'étude en profondeur de l'organisation, et de plus.en plus
on réconnaît combien les anciens, avaient, raison, qui voyaient dans
les trois fonctions de nutrition, de croissance et de reproduction les
propriétés mêmes de la vie, La plante par ses lois de spécification
se distingue radicalement du minéral d'une part et dès animaux dé

(1) Mélanges (l** série)La Méditerranée par Pierre TEHMÏER ; La Typologie :


:
dès Plantes par Hans ANDRÉ ; Cultures dè.Tisshs et Biologie générale par Reniy

Philosophie de la Nature. .II), Paris, Vrin,1929 ; in-8,211 pp. -. '.'


COLLIN ; Philosophie et Science expérimeniate^ai Jacques MÀRITAIN (Cahiers de
486 BULLETIN DE PHILOSOPHIE

l'autre. Nous "ne pouvons qu'indiquerles conclusions de M. H, André,


c'est regrettable. L'intérêt singulier de ces pages est aU récit dés
observations et des expériences de l'auteur, niais cela ne se résume
pas. .'.-..-
Pour la physiologie analytique' de la nutrition, lé devoir exclusif
du savant est de suivre dans la plante le processus physico-chimique
de la formation des matériaux. Mais la physiologie ressent inévi-
tablement le besoin de saisir son objet dans sa spécificité originale,
de voir en lui ce qui correspond dans un poème aux lois propres
de la poésie, et non pas seulement aux règles de là syntaxe. Or les ;
transformations chimiques, dans l'assimilation, sont réglées comme
par des directions invisibles et selon les exigences, de la croissance
..
et de la différenciation, « La formation et l'excrétion des ferments
se produisent à partir du protoplasme, conformément aux néces-
sités du moment, et de là ressort clairement le caractère vital delà :

nutrition, c'est-à-dire que, comme dit Aristote, l'aliment subît l'a-


limenté. Cfe modelage de l'aliment par le sujet alimenté trouvé fi-
nalement sa conclusion dans l'assimilation proprement dite des
particules nutritives préparées ». :''
Un cristal peut naître spontanément d'une substancebon cris-
tallisée, quand celle-ci est en solution saturée dans une eau-mère.
La substance vivante requiert toujours comme origine, première
un" autre complexe vital, relativement organisé, quebous pouvons
appeler « organisateur de l'assimilation ». La substance vivante
croît par génération additive de nouvelles particules vivantes et
sous une forme ^thmique tout à fait nette. -.
La science dé l'hérédité n'a pas toujours distingué nettement les
complexes potentiels et les complexes actuels, et la fonction mode-
;
lante de ces derniers dans le développement. En aucun cas, une partie
du germe ne peut s'élever originellement d'elle-même delà puissan-
ce à l'acte, mais il faut toujours qu'une partie déjà en acte lui soit
adjointe. Ce progrès qui fait graduellement sortir delà potentialité
la pleine actualité par l'action déterminante des parties lés uhës sur
les autres, ettoujours sous le primat d'un complexe de-fonctions
vitales déjà actuel en quelque manière, exprimé de la màriière la
plus profonde la véritable nature du processus dû développement
au sens d'Aristote, Spemann,en démontrant - là muitipqtentialité
primitive des parties du germe et leur détermination progressive
par lés « centres d'organisations », a retrouvé la trace des doctrines
d'Aristote. La plante est modelée beaucoup plus par en haut que
par en bas. -
Il existé une certaine hiérarchie des trois fonctions vitales des
plantes : la nutrition, la croissance et la reproduction. Une fonction
supérieure (croissance) peut commander et modifier unie fonction
inférieure (nutrition), au moyen de laquelle elle se construit. La
fonction végérale la plus élevée, considérée d'un point de vue pure-
ment analytique, est la génération.
S| la caractéristique du monde végétal n'est pas la diversité dans
PHILOSOPHIE DES SCIENCES. 487

l'action, mais la richesse des formes, on peut trouver dans ce qui


modifie les conditions de la reproduction de manière à procurer une
élévation de la capacité de la substance héréditaire, le point de Vue
formel le plus élevé pour l'édification du système de classification.
D'où l'importance capitale : 1° de la théorie dès générations alter-
nantes, ou loi de réduction, qui exprimel'affaiblissement progressif
de la génération X (masse héréditaire simple) et l'épanouissement
concomitanl delà génération 2X (masse héréditaire doublé) ; 2° de
la loi d'intégration des éléments cellulaires en un système toujours
plus élevé et accomplissant la même fonction, où apparaît combien
était erronée la conception qui faisait de là cellule un organe élé-
mentaire toujours le même, toujours homologue et équivalent sous ;
toutes ses formes ; 3° des lois morphologiques de stylé. Mais ici
« nous sommes arrivés à un point mort"et ne pourrons avatieer que
si, laissant de côlé ces problèmes d'ordre plutôt platonicien (spec-
tre systématique de Friedmann),nous nous tournons Vers léproblème
proprement aristotélicien de l'espèce naturelle ». La solution se
laisse entrevoir dans la théorie du cycle des formes, ou de-l'espèce"
naturelle définie par ses variétés suivant lés milieùx,et s'adaptant
à un pays pour l'exploiter et le dominer, au lieu seulement de le
subir. "". ' '

Il faut remercier 1' Union intellectuelle sous les auspices de qui


cette conférence fut donnée à Paris. L'union sera effective quand
les principes du sens commun, défendus parles savants delà qualité
de M. H. ANDRÉ, domineront ici et là. Écoutons plutôt M. Jacques
MAJUTAIN, à qui ce travail est dédié, et dont l'article Philosophie
et Science expérimentale, qui termine ces,Mélanges, est comme le"
programme dont on dirait que se fût inspiré le botaniste allemand :.
« Ainsi serait restitué dans l'âme humaine ce bien divin de l'unité
intellectuelle, brisée depuis trois siècles ».
L'ouvrage de M. THOMAS (X) est une défense vigoureuse, parfois
un peu rude, quelquefois incertaine, dé l'imriiutâbilité dé l'instinct.
M. Thomas n'est pas transformiste ; il ne l'est pas, pour avoir lu et
relu les Souvenirs entomologiques, et pour avoir vu ses propres ob-
servations confirmer celles du grand naturaliste. La rudesse de sa
défense a son excuse dans la manière discourtoise, injurieuse, hau-
taine ou basse, haineuse, dont les marchands de théories-ont traité
l'oeuvre du Maître. Kabre n'était pas transformiste parce que rien
dans lé monde qu'il étudiait ne lui permettait de conclure à une
transformation.
Ce n'est pas un biologiste, écrit M. Çoulon, c'est un psychologue
et sur le terrain où il s'est cantonné, il n'affirme que deux choses.
Ses vérités se réduisent à deux : 1° L'homme est, au point de vue
psychologique, un être radicalement différent de l'animal. Autre-

(1), M. THOMAS, L'Instinct. Théories,,Réalité, PàriSjPayot, 1929,,in~8, 3.34 p.


488. BULLETIN DE PHILOSOPHIE

ment dit, l'instinct et la raison ne sont pas réductibles,aui même


principe ; 2° Les instincts des animaux ne peuvent" être te produit -
d'accumulations héréditaires, parce que l'insecte: (Ianimal où l'in-
stinct est le plus jiarfait) voue sa descendance) à la mort,. S'il
n'arrive pas du premier coup à laperfection dans.des pratiques plus
complexes que les plus compliqués actes humains. ...
Le transformisme veut que le plus sorte du moins, il s'agit donc
de mettre en série progressive les instincts.Mais comme!! est surtout
deux instincts vitaux, celui de conservation et celui de propagation,
quel en doit être lé premier, le plus simple ? Pour Marchai, il ne
fait aucun doute que ce ne soit l'instinct de conservation. Car le
Cerceris oriiala, au lieu de paratyser seulement, sa victime, l'Halycte,
comme il serait naturel s'il se jrcoccupait de sa descendance, la
malaxe et la tue. L'Ammophile, au contraire, montre un degré
d'évolution supérieur, car elle paralyse sans tuer, guidée à la fois
par son intérêt propre et par le souci de sa lignée. « Que serait de-
venue l'espèce, demande M. Thomas, si le premier Cerceris n'avait
pas songé, soit à pourvoir à ses propres besoins, soit à pourvoir à
ceux de l'oeuf qu'il allait pondre? lia dû penser à sa progéniture
d'abord, sans, quoi sa race n'aurait pas persisté. Que par la suite
l'intérêt personnel s'en soit mêlé, qu'il soit même apparu en même
temps que l'autre, quoi de plus naturel? Il faut vivre, que diable,
et. si la mère Cerceris a trouvé moyen de faire d'une pierre deux
coups, qui oserait voir dans ce fait Une preuve d'infériorité psycho-
logique? N'est-ce pas le contraire qui est vrai ? » En somme pour
que le transformisme eût raison, il faudrait que le premier Cerceris
n'eût été ni; mâle ni-femelle!
-M. Hachet-Souplet prévoit que l'avenir « reprochera à Pabre
d'avoir compliqué à plaisir les instincts pour satisiaire son rêve d'une
création inexplicable ». (La Genèse des Instincts, p. 12). Car M. Ha-
chet-Souplet a découvert, en dressant des animaux dans des labo-
ratoires de psycho-zoologie, le secret de. la genèse des instincts.
C'est très simple. Il y â les excitations du dehors et les sensations
au dedans. Quand les mêmes excitations se suivent, la bête associe
les sensations correspondantes, Elle lie-la sensation à l'excitation.
De ces sensations lès unes sont représentatives,les autres affectives.
La bête associe la sensation affective aux sensations représentatives
antécédentes, elle remonte dans le passé.D'où chez la bête la faculté
d'anticiper. Dès qu'elle reçoit la première sensation, celle qui com-
mande la chaîne dont le terme est une sensation affective, elle pré-
* vient cette sensation et réagit. C'est la loi de récurrence. Au lieu du

dresseur, mettez la. Nature, vous avez la^gen^se des instincts. Mais
imagine-t-on la Nature dressant les bêtes? Sans doute. La Nature
de M. Hachet-Souplet est très intelligente.. D'où vient la « logique »
des actes d'un animal qui mange par.exemple? « De cette harmonie
qui règne dans les lois physiques » (p. 93). « La perfection des acies
ou des industries des animaux consiste à être adaptés étroitement
aux' besoins que les circonstances extérieures leur ont créés; or,
.•'. PHILOSOPHIE DES: SCIENCES 489
.

les phénomènes extérieurs ne s'enchaînent-ils pas logiquement?


Ce sont eux qui correspondent à l'action raisonnée du dresseur, et
la logique des choses vaut bien celle d'un homme ! » J'appelle cela
se payer de mots, observe M. Thomas. Le problème est surtout
recule. Le dresseur, Homme ou Nature, exploite les instincts, com-
ment peut-il les créer ? La Nature a-t-elle créé les besoins de manger
et de se reproduire ? Elle a donc créé les animaux. S'il est « une créa-
tion inexplicable », c'est celle-là. M. Thomas ici lâche Fabre ; il
admet l'anticipation, niais veut que ce soit « un phénomène intel-
lectuel», quand la mémoire y suffit. Et il rejoint M. Hachet-Souplet
qui né voit pas entre l'intelligence et l'instinct de « différence radi-
cale », encore que l'instinct soit défini «une espèce de nom de
famille des phénomènes d'impulsion motrice irraisonnée » (p. 91).,
Fabre à propos des insectes qui « font le mort », n'admetpas que
ce soit l'effet d'une ruse, mais une sorte d'hypnose causée par la
peur, M.Rabaud nie au contraire que la peurou tout autre sentiment
aient là moindre part dans l'immobilisation; elle résulte d'un ré-
flexe pur à trajet déterminé. A ce réflexe immobilisant s'oppose
un antagoniste mobilisant.Le premier a sa région dans le thorax. ;
-
et la tête, et le second, naturellement, dans l'abdomen et les pattes.
Excitez la tête, l'insecte ne bouge pas ; excitez les pattes, il remue.
On s'étonne que Fabre n'ait pas vu cela ! Cependant entre toutes les
"excitations possibles, les ébranlements de l'air sont les plus commu-
nes. S'ils sont brusques, ils immobilisent ; s'ils sont faibles, ils mo-
bilisent. Les insectes fixés sur une branche et qui tombent à l'ap-
proche de notre main, ne tombent pas parce qu'ils ont vu ou senti
le danger, mais simplement parce que l'air a été brusquement dé-
placé. Allez-y doucement, ils ne tomberont pas. Souvent ils prennent
leur Vol en tombant, c'est parce que l'air de la chute les frotte fai-
blement.Soufflez légèrement sur la bête immobilisée, elle se met en
mouvement. — L'insecte est une mécanique trop compliquée pour
des explications si simples. Et tout cela ne serait qu'amusant, si
ce n'était présenté sous des mots pompeux et des tons d'autorité.
M. Thomas dit très bien que si des ébranlements de l'air suffi-
saient: pour déterminer l'immobilité des insectes, le même coup de
vent devrait les mettre tous par terre. « Je puis Certifier qu'il n'en
n'en est rien ». Mais-il faut y regarder de plus près.
-.- Le déplacement brusque de l'air meut l'insecte, le fait tomber,
tomber comme une. brindille, un corps quelconque. L'insecte est-il
immobilisé, incapable de se mouvoir? Comment M. Rabaud peut-il
lesayoir ? Il y a deux choses :1a chute et l'immobilisation. Un méca-
histè nous donne la cause de la chute, il doit se taire sur celle de
.
l'immobilisation.
Lé déplacement faible de l'air émeut l'insecte qui tombe, le- fait
se mouvoir, s'envoler ; la cause de l'envolée est le déplacement de
Lair. L'insecte est-il mobilisé? Apparemment, puisqu'il se meut.
Mais d'où lui vient la mobilisationja faculté de se mouvoir ? M. Ra-
baud n'a pas le droit de le savoir.
'490 BULLETIN DE PHILOSOPHIE

M. Thomas hésite quandil doit distinguer l'instinct de l'intëlligehcè.


C'est le défaut même des auteurs qu'il discute. La"bête n/çst point
l'homme, mais pourquoi ? Aucun de ces messieurs hele peut décider,
L'intelligence,n'est pas'l'instinct, mais dès qu il ^s'agit de définir
l'une ou l'autre,;on les confond. Le vice.est inhérent à l'hypothèse.
On veut que lés êtres s'engendrent les uns des autres ;ia parente est" .

universelle, où mettre'les séparations, les commencements? II faut


donc mêler 1 intelligence et l'Instinct, afin dé pouvoir passer de
l'animal à l'homme. Il faut mêler l'instinct avec la vie, supposer la
conscience dans la cellule, afin de pouvoir passer de là plante à
Lanimal. Et pour passer de la matière au protoplasme, il faut re-
pousser ce mélange au-dessous delà classification.. A moins de s'en
tenir au mécanisme strict ; ce sont alors les tropisrnes, mais l'expli-
cation est sans fin, car les automates sont très nombréux,léurs com-
portements extrêmement nombreux, et les agents qui les font
remuer sont en nombre très limité et suivent des voies inflexibles.
De plus, il faut prendre ces automates comme ils sont, tout formés.
Deraconter commentils sont apparus,c'estimpossible, par définition.
•M. Thomas rejette le transformisme, mais en accueille toutes lés
conséquences. Parce que Fabre conclut au « discernement » dans
l'insecte, M. Thomas s'accorde avec M. Bouvier, qui veut que Fabre
ait ainsi fait « fléchir sa conception de l'instinct immuable,.. Lé dis-
cernement ainsi compris n'est-il pas une forme de l'intelligence ? »
(La Vie psychique des Insectes, p. 29.3). Mais non,;.lé discernement
ne dépasse pas lés capacités de l'instinct, ni la conhaissahee'des"sin-
guliers n'empêché que l'animal ne soit perfectible par l'expérience.
Parce que M.Pierre Jean interprète les tropisrnes comme excitations
sensorielles, M. Thomas pense que « l'instinct serait la propriété de
tous les êtres vivants en général». (L'Instinct, p, 227), Comment
prouver alors l'immutabilité de l'instinct et peut-on défendre un
auteur quand on se commet avec ceux quile combattent? -.:--'
« La plupart des naturalistes du moyen âge n'ont
guère falUque
compiler, traduire, commenter Aristote et Pline, discutant dans le'
vide sans songer à observer l'animal » (p. 34). Si M. Thomas avait
lu Aristote ou quelqu'un de ceux qui l'ont commenté, il serait fixé
sur la notion d'instinct,et il admirerait comment Fabre a rejoint les
Anciens, qu'il n'a peut-être jamais lus.
Il faut, comme eux, reconnaître, dans la Nature, dés règnes, mar-
qués par des propriétés absolues, le végétal par les fonctions mêmes
de la vie, l'animalpar là sensation, l'homme par là pensée; Il le faut,
non pas pour des raisons métaphysiques ou commêùb retour d'amar
teur au passé, mais par égard aux directions nouvelles delà science,
lesquelles nous montrent, comme dit M. H. André « à qb<à point la
méthode qui consiste à effacer les plans appartient aujourd'hui à la
vieille ferraille». --
Angers. FR. ViAL, O. P.
PHILOSOPHIE SOCIALE i§i

V. —PHILOSOPHIE SOCIALE.
Grâce au volume que M. D. ESSERTIER vient de donner dans la
collection Philosophes et Savants français du XX? siècle, Extraits
et notices, Vol. V: La Sociologie (1), on aura une présentation
excellente" du développement et des courants divers de la sociologie
française. On sait quel est le but de cette collection, où les textes
représentatifs des philosophes doivent être présentés dans leur
contexte historique et doctrinal. M. E. a admirablement réalisé
ici cette formule : non seulement il a entouré les extraits choisis
dehotices précises'ét pénétrantes, mais il a habilement reconstitué
la trame dans laquelle ils s'insèrent.
N intervenant qu'avec Une extrême discrétion dans le conflit des
doctrines, il souligne cependant d'un mot les bénéfices, les lacunes,
les espoirs de chacun des systèmes, et montre les progrès obtenus
peu à peu au prix de redressements successifs. Sympathie et clair-
voyance sont ainsi heureusement associées,sansque cependant soient
dépassées les limites du genre, ici requis, dé la simple exposition,
' « Nous avions à mettreun peu d'ordre et de clarté dans un domaine
où la quantité et la diversité des travaux, l'abondance des polé7
mïques, l'abus des théories et des discussions abstraites ont créé une
grande confusion. Nous avons défini, classé; daté ; nous avons essayé,
malgré les obstacles qu'on devine, — et en premier lieu le manque
de placé, — de ne rien omettre d'essentiel.Objections et difficultés
.
ont été signalées, avec les références convenables : il ne s'est pas
agi un seul instant, pour nous, de faire le procès de telle ou telle
doctrine, mais de donner au lecteur tous les moyens d'en apprécier
par lui-même la valeur et la portée, et surtout de savoir où en est,
actuellement, le travail sociologique et sur quel point il a Iè plus de
chances de faire porter utilement son propre effort » (p. vin). C'est
bien cela, mais, encore une fois, avec un sens de la genèse des théo-
ries et des méthodes, qui dépasse très intelligemment la simple
mise en ordre documentaire.
L'aspect principatsouslequel est envisagéecette genèse, est, comme
on pouvait s'y attendre de la part de l'auteur de Psychologie et
Sociologie (2), le problème des rapports de la sociologie et de la psy-
chologie. C'est dire encore l'intérêt général de ce précieuxinventaire
intellectuel.

M. René MAUNIER nous offre une Introduction à la Sociologie (3),

(i) D. ESSERTIER, Philosophes et Savants français du XX" siècle. Vol. V. La


Sociologie. Paris, Alcan, 1930 ; in-12, vin-450 pp.
(2) Ci Rev. se. ph. th., 1927, pp. 463-468.
(3) René MAUNIER, professeur à la Faculté de droit de Paris, Introduction à,
la Sociologie. Paris, Alcan, 1929 ; in-16, VIII-112 pp.
492: BULLETIN DE PH.ÎL0SÔPHÎÈ ;, ":" "" ' :,
,
,

« sous forme d'un livre de poché... ou de chevet, pour l'usage des


studieux et des curieux », p. vu. Il y a verse la quintessence des
leçons d'introduction à la sociologie qu'il a professées, pendant
quatre ans, à l'École des Hautes. Etudes so.çi^ès.^dfe.Eàri's.i'.'.G'ést''
le monde social vu en sept jours : 1. Notions de la sociologie :'dé-
finition, délimitation, dénomination ; 2. Définition: des faits so-
ciaux : notion des sociétés, notion et sanction des faits sociaux; ,
3. Division des faits sociaux : a. les groupements humains, biologi-
ques, géographiques, sociologiques ; 4. Division des faits Sociaux :
b. les comportements humains : la vie de production, de relation,
d'adoratioh ; 5, Procédé de là sociologie : description, comparaison
explication des faits ; 6. Histoire de la sociologie : a. la prépâràtîon :
comparaison biblique et critique; comparaison méditerranéenne;
comparaison universelle ; 7. Histoire de la sociologie ;b. comparaison
des faits, affirmation et démonstration des causes. Le petit volume
contient aussi une bibliographie descriptive et un index deSniatiè-
rès. '.:.-.
SelonM.Mauhier, la sociologie est «l'étude descriptive; comparative
et explicative des sociétés humaines », p. 2. Il y voit uné/brançhe de'-..-
la connaissance positive de l'homme (anthropologie politique). .
L'aptitude à la Vie en commun, caractère.essentiel et élément éter-
nel de la nature humaine, est-elle un attribut des animaux eKfaùt-
il intégrer l'étude des animanx dans la sociologie? M, M. ne veut
pas trancher la question ; il est prudent, croit-il, de se borner,.
pour le présent, à l'examen des faits sociaux chez l'être humain.
M.M. appellerait volontiers cette science « anthropologie sociale ou.
ethnologie » ; mais il garde le mot « sociologie »,en l'appuyant d'un
qualificatif sous-entendu rsociologiè comparée, puisque comparaison
suit description et précède explication.
Les sociétés sont des composés de faits sociaux, objet d'études
principal et final de là Sociologie. En toute société, pn trouve une
organisation sous une autorité '(*). Une société est donc Un groupe
d'hommes obéissant à une même autorité, qui en fait le lien et la
durée, ayant des comportements communs, qui traduisent lé'.pou-
voir conformateur de l'autorité imposée ou acceptée. Elle est le
milieu où sontinçlus les faits sociaux. ' '...,'
Par faits sociaux, M. M. entend les uniformités ou conformités,
qui se manifestent dansle temps (coutumes) ou dans le lieu (usages),,
les faits généraux, les façons de penser et de Vivre, lés notions, et
actions qui se répètent, se multiplient et peuvent se compter,;chez
les hommes assembles. Il y a-sociabilité dans lamesure où peut jouer
la loi des grands nombres. La sociologie devra donc finir par une
statistique, p. 15. D'ailleurs, la conformité n'est absolue ni dans le

(1) Ce. mot est pris dans un sens asse2 Comprëliensiï pour, s'ëtendrelusqtfà
J'influence de la mode et de la convenance;
piliLÔSOPHIÊ SOCIALE 493

temps ni dans l'espace, mais elle persiste souS les transformations


et les diversités.
L'autorité est l'essentiel du fait social. Elle exerce sur les individus
une pression, une contrainte infiniment nuancée : il y a l'imposé,
l'usité, l'accepté, le recommandé, le toléré (1). M- M- distingue
quatre sortes de sanctions : sanction mystique (expiation), sanction
juridique (punition), sanction éthique (réprobation), sanction sa-
tirique (dépréciation)!
Les faits sociaux sont donc des usages communs sanctionnés
Il y a en eux deux traits essentiels : répétition et obligation, ré-
pétition parce qu'obligation, conformité, fruit d'une autorité. « Que
réste-t-il de liberté à l'homme, et dans le for intérieur même ? Assez
peu, semble-t-il, chez le vulgabe tout au moins. Ses idées comme ses
actions sont inspirées et provoquées ; sa personnalité n'est qu'ap^
pàrehce et que fictions (2). S'il s'écarte trop des chemins battus,
il encourt des sanctions qui souvent se cumulent entre elles»,
p. 23.
'/-' Il faut considérer, dans les faits sociaux, non seulement'ce qu'ils
ont de général et d'identique, mais encore ce qu'ils ont de divers
dans leur nature et leurs effets, et opérer leur classification. « L'on
peut s'aider ici des résultats de la biologie. Non qu'il faille appliquer
aux sociétés tout ce qu'on sait ou croit savoir des organismes...
liais les méthodes sont semblables et les cadres sont analogues »,
p. 24. De même que, dans les organismes vivants, l'on distingue les
organes et les fonctions, de même, dans les sociétés, il y a les groupe-
ments sociaux (morphologie sociale) et les comportements sociaux
(physiologie sociale). M. M. classe les groupements sociaux eh
trois catégories qui se diversifient par leurs idées et leurs usages :
groupements biologiques, fondés sur un fait de nature,commUnauté
de sang ou de complexion (groupements sexuels, groupes d'âge
et parentés) ; groupements géographiques ou territoriaux, fondés
surd'habitation et le voisinage (tribus, villages, villes, nations...) ;
groupements sociologiques, fondés sur l'unité de situation-sociale
(castes et classes sociales) et l'unité de fonctions et de fins (religion,
magie, occupations, professions, distractions). Les comportements
sociaux sont les notions et actions que les hommes àssernblés-rap-
portent a des besoins économiques, politiques et mystiques: « Sans
s'aventurer dans lé glauqUe tréfond du subconscient », p. 40J"M. M.
constate que les objets visibles, tangibles, des pensées et dés gestes
dèshommés vivant en commun sont : les choses du mondé matériel
(Vie dé production, qui embrasse trois sortes d'actions : tranformâ-
-
tion, translation et destruction), les hommes ou le niohdé personnel

(1) Pourquoi ne pas dire : le prescrit, le prohibé, le conseillé, le toléré ?


(2) C'est aller un peuloin ; il faudrait prouver que le vulgaire ne se conforme
par librement aux usages reçus. Obéissance et liberté ne sont pas deux ternies
^antinomiques. -
.
REVUE DES SCIENCES. •— T. XIX., FASC. 3. — 32,
4Ô4 BULLETIN i>É PHILOSOPHIE
-

(vie de relation qui a pour moyen le langage et qui suit les règles
de la morale et du droit : contrat et statut) .(1), et les dieux ouïe
monde spirituel (vie d'adoration, aves ses croyances et ses rites
positifs et négatifs) (2).
Après avoir défini et divisé les faits sociaux, M. M. traite des
procédés par lesquels la sociologie cherche à lés constater, à les
rapprocher, à les expliquer. Question d'ordre technique, D'abord
description ou constatation ou observation des faits, soit directe
soit indirecte. Puis la comparaison les rapproche, par des parallèles
historiques et ethnographiques, dans lesquels l'exotique éclaire
l'archaïque,les usages d'un temps et d'un lieu avec les usages dîautres
temps et d'autres lieux (3), pour discerner, de l'accidentel, l'essen-
tiel, le normal, le fondamental, car il n'y a de science que du général
et donc que du comparé, p. 59. L'explication des faits répond à la
question : « Pourquoi trouve-t-on, ici ou là, des usages semblables
et en vertu de quoi sont-ils conformes?»
La théorie de l'emprunt ou de la diffusion, selon laquelle
les hommes se ressemblent, parce qu'ils s'imitent, et qui cherche
des origines plutôt que des causes, est une explication insuffisante ;
car l'emprunt très réel, certes, a ses. conditions^ ses limites, ses
obstacles, et il veut lui-même être expliqué. C'est à l'invention,
à là formation (â) qu'il faut rapporter fréquemment la conformité
des usages, à travers lès temps et les lieux. « Les mêmes faits ou les
mêmes effets procédant des mêmes causes, l'explication est donc
surtout la recherche des causes, la poursuite des rapports entre les
faits.» Le monogénisme est une illusion ; c'est le « polygénisme »
qui traduit bien mieux la vérité. Et en voici la preuve (logique?) :
Dans les mêmes occasions, les hommes créent les mêmes inventions ;
à des problèmes tout semblables, ils trouvent dé semblables solu-
tions, mêmes croyances et mêmes pratiques leur sont imposées ou
suggérées par le climat et le milieu. (Ce qui dénoterait, à notre
avis, l'identité de nature entre les hommes, puisqu'ils réagissent

(1) M. M. estime que la morale et le droit ne diffèrent que par, leur sanction.
Le droit est sanctionné par la coutume ou par la loi : la morale, par l'opinion,
p. 46. Est-il vrai que, la liberté l'emportant de plus en plus, le contrat gagne
sur le statut, par l'effet des progrès ? « Ce n'est pas sûr », répond M. M. ,p. 47,
tout en admettant que le droit est et conforme et divers. '
(2) M. M. distingue la religion et la magie, mais sans les définir par leurs
traits propres et en les mettant sous la même accolade : superstition. C'est plus
sommairequ'objectiî.
(3) « La monographie, en soi, est stérile », p. 58. Mais que vaudront les paral-
lèles, s'ils ne reposent pas sur de bonnes monographies? N'a-t-on pas abusé,
dans l'école durklieimieiuie,pour laquelle M. M. a tant desympatliie, des rap-
prochements appuyés sur des observations imprécises ou incertaines?
(4) Sur le rôle des novateurs, cf. Essatsur les groupements sociaux, p. 115,-
du même auteur.
PHÎLOSÔPHiE SOCIALE 495
d'hhè manière identique) (1). Voilà le postulat de la sociologie :
l'analogie des conditions de vie produit l'analogie des idées et des
moeurs. C'est la leçon de la méthode de comparaison, p. 63 (2).
Donc, pour parvenir aux causes, pour, découvrir les rapports il
n'y a qu'à employer la méthode de concordance et la méthode des
variations concomitantes.- Entre deux faits, il y a lien, quand ils
sont ensemble présents ou absents, et davantage, quand ils varient
cônformémentLa sociologie doit tendre à préciseront ant quepossible
ces rapports de concordance et de variation.
Le même auteur a publié en volume (3) les leçons qu'il a profes-
sées, en l'année 1928-1929, à la Faculté des Lettres de Paris, sur
les groupements sociaux. Après avoir rappelé les idées fondamen-
tales exposées dans son Introduction à la Sociologie, savoir que la
communauté des besoins et des nécessités delà vie en société produit
l'autorité, et que l'autorité engendre la conformité, il rattache tous
les groupements sociaux, soit à la parenté (4), soit à la localité,
soit à l'activité, et il esquisse leur histoire, en allant du primitif
au civilisé, —- en dix leçons, où il utilisé, avec des documents de
l'histoire, les enquêtes de l'ethnographie et tout spécialement sa
connaissance personnelle des coutumes du Maghreb. « Les groupe-
ments anciens : famille, tribu, cité, nation, pourvoyaient à tous
besoins, tandis que les, associations d'activité pourvoient à un
besoin déterminé ; ce sont des groupements dé spécialité » (6). M. M.
conclut que tout groupe humain obéit à deux grands besoins, à
deux lois fondamentales: conservation (s) et transformation (7),
ordre, et progrès, dont les rapports différencient les sociétés et les
époques de chacune.
Les deux études de M. M. sont écrites dans une langue claire,
nette, sobre, élégante, Spirituelle, et conduites avec une haute
habileté, qui excelle à mettre en valeur une science fort étendue.

(1) N'est-ce pas le sens de cette parole de Joubert que M: M. cite et admire,
p. 64 : « Il y a des moeurs et des coutumes attachées à la nature humaine et qui
se trouveront partout et toujours ».
(2) M. M. ajoute : « Toujours un usage en suppose un autre, une institution
rend compte d'une autre », p. 64. Est-ce-vrai ?
(3) R. Maunier, Essai sur les groupements sociaux. Paris, Alcan, 1929 ; itt-
12, 120 pp.
(4) « L'idée de parenté, avec l'identité de corps et d'âme qu'elle exprime,
est au fond dé tout lien social », p. 20. A la parenté, M. M. annexe les sexes et
les âgés.
(5) Notons une étude intéressante sur la caste (état de droit) et la classe
(état dé fait), où l'on retrouvela séparation, l'opposition et la superposition des
rangs, pp. 65-75.
(6) Respect de la coutume assuré par des sanctions.
(7) Influence des insatisfaits ; désir d'amélioration et de révolution,
4§6 BULLETIN DÉ PHILOSOPHIE

Mais, sans parler des observations peu exactes, concernant ce qu'il


n'a « ni vu ni vécu » (par ex. : les ordres religieux,p. 96) et dés généra-
lisations et comparaisons hasardeuses sur la définition des faits X1);
sociaux et des sociétés, discernent-elles avez assez de soin le prin-
cipal, le secondaire et l'accidentel, et les divisions né rentrentcelles
pas trop les unes dans les autres?
M. G. PIROU étudie les rapports des doctrines sociales et de la
science économique (2). « Ep présence des faits sociaux, l'homme peut-;
prendre deux attitudes : celle du savant, celle dû moraliste ou du
politique. Dans le premier cas, il s'attache à connaître la réalité
présente et passée, à en analyser les mécanismes. Dans le secondv
cas, il porte sur cette réalité une appréciation, et il se demande par': f
quels moyenspourrait être réformé,sur les points oùil est défectueux, :

le régime économique existant, quels pourraient être; les principes


et les grandes lignes d'un régime supérieur. Ces attitudesisont I^une-
et l'autre légitimes. Mais y a-t-il une liaison entre la science et-
quelqùe doctrine qui mérite seule d'être appelée scientifiquej parcez
que seule en accord avec les lois économiques f.. Science^t doctrine.<
se déroulent sur des plans différents, et les doctrines ne sont jamais
le simple prolongement, dans l'avenir, de la courbé d'évolution "
ou la déduction obligatoire des enseignements de la;] science «»,
Pp.;2-4. ;
'
Les doctrines ne sont qu'açcessobement oeuvre de science, mais
elles sont objet de,science, p. 6, parce qu'elles sont des faits sociaux;
engagés dans le déterminisme social, et que leur évolution,; leur •

essor, leur succès, leur échec dépendent de révolution économique,


politique, philosophique. Leur destinée est liée aux modifications;-
qui surviennent dans l'intensité des croyances où la puissance des
intérêts en/conflit. « Les doctrines doivent donc être étudiées non
comme des vérités en formule, mais comme des forces en action»,
p. 7. Telle est la thèse de M. Pirou.
Libérée de toute préoccupation doctrinale, limitée à la recherche
des régularités caphées sous l'apparent chaos.; des phénomènes
.
économiques, la science rectifie son objet (explication de labéalîté
économique) (8), sa méthode (celle des autres sciences positives :

(1) Est-ce que tous les faits répétés sont des faits sociaux? N'y^a-t-il-pasdés
faits individuels, qui répondent à des besoins constants et se répètentrégulière-
.

ment ? Est-ce que tous les faits sociaux sont des faits répétés ? Parex. la victoi-
re d'une armée?
(2) G. PIROU, prof, à la Faculté de droit de Paris, Doctrines sociales ét'ibiènce'*
économique. Paris, Sirey, 1929; in-8, 204 pp.
(3) Par suite d'une insuffisante séparation de' l'observation et de l'appré-
ciation, les économistes individualistes ont trop souvent considéré lés faits-
d'économie collective comme des manifestations pathologiques;,que la science
devait condamner eh raison de leurs effets plutôt que de les expliquer parieurs
,,: ""- PHILOSOPHIE SOCIALE 497-

physique, chimie, biologie.. (x), ses conclusions générales ; bien


que les contributions positives de la science; économique ne soient
" pas assez étendues pour se rej oindre en une synthèse, on peut prévoir
que là-science économique reconstruite par là méthode, positive
ne sera, pas radicalement différente dé celle que les classiques
et: néoclassiques, dans un effort hardi de déduction, avaient éla-
borée ;-les analysés des nouveaux économistes corrigeront ce
qu'il y à de trop rigide, d'insuffisamment psychologique ou sociolo-
gique dans celles de leurs prédécesseurs, rhais n'en détruiront pas
l'essentiel. .'."'.
Ainsi, la séparation de la science économique et des doctrines
:
sociales montre, d'une part, sous leur vrai jour, les doctrines sociales
;et permet de mesurer leurs perspectives de succès, et offre, d'autre
part, dans la science, Un terrain de rencontre à tous les esprits
impartiaux, de quelque horizon philosophique,: religieux, politique
ou social.qu'il viennent, pourvu qu'ils se plient aux exigences d'une
.discipline scientifique,'p. 11.
Dahslapremièrépartié(pp. 15-105), M. P. consacre trois chapitres
auxrapports de làseiéhee économique et du socialisme, delà science
et des doctrines économiques, et aux nouveaux aspects du çoopéra-
; tisine.
L'individualisme n'est plus que la réalité d'hier ; Car depuis un
:
demi-siècle, producteurs et consommateurs, patrons et ouvriers
ont- appris à se servir de l'action collective, à restreindre par elle
la concurrence, à subordonner à des règles communes lés tractations
:entre individus, et: la liberté des entreprises privées a été grignotée
: par
la réglementation légale des conditions du travail et des échan-
ges : faits qu'on ne peut ni écarter ni négliger et qui s'expliquent
par des tendances profondes, techniques, psychologiques, politi-
ques,, du monde actuel.
Mais le socialisme est-illa réalité dedemain ? L'évolution commen-
' -céè contlnuera-t-éïie sur le terrain démocratique, réformiste; ou
aboutira-t-elleà \iïie révolution, qui substituerait à lapropriété pri-
vée, là-propriétésociale des moyens dé production? "Voilà au-
jourd'hui le véritable champ d'hésitation et d'option, p. 16.
Quelle lumière bous apporte la science économique moderne?
JJn 1904, M. Maurice Bourguin, dans un livre célèbre, Les systèmes

Causes et, dans la description du mécanisme économique, écartant comme


secondairesles faits qui heurtaient leurs préférences, ils ont maintenu, à la base
deleur théorie, l'hypothèse de la libre concurrence,
(1) Beaucoup d'économistes estiment que la complexité extrême des faits
,
sociaux et l'impossibilité de l'expérimentation empêchent d'en dégager les
lois par les procédés de l'induction baconnienne. M. P. confronte lés résultats
obtenus par la méthode déductive et par la méthode inductive, en France,
dans les 50 dernières années,et il estime quel'emploi delà technique statistique
a fait faire àlaséienpe un progrès plus sepsihle,
49CS BULLETIN DE PHILOSOPHIE

socialistes et l'évolution économique (Paris, Colin), se prononçait


contre le socialisme, parce qu'aucun des principaux types de société
future esquissés à la fin du xixe s. n'assurerait l'équilibre de la
production et des besoins, et parce que le développement des forces
collectives s'oriente vers une adaptation démocratique du régime
de la production et de la répartition aux exigences et capacités
accrues des masses ouvrières. Le second argurneiit,valable peut-être
contre le marxisme orthodoxe, ne porte pas, ilote M. P., contre le
syndicalisme révolutionnaire français et le bolchevisme russe, qui
prétendent que la révolution économiquesera l'oeuvre des hommes,
concourant avec la fatalité des choses. Lui donnerons:nous notre
adhésion personnelle ? Avant tout, le socialisme est une philosophie
dé l'histoire ; il se place sur le terrain dynamique et historique, p: 3.
L'indifférence du marxisme pour tout ce qui n'est pas la technique
dé la production apparaît trop matérialiste et trop simpliste. Mais
le point essentiel est de savoir si nous ne sommes pas portés au
socialisme par les forces de l'évolution: forces économiques (in-
dustrialisation et concentration), surtout/forces psychologiques,
intellectuelles, politiques, puisque l'ouvrier exige d'autant plus
qu'il est mieux payé ; mais ces forces psycholoqiuès sont sou-
mises à des régularités, à des constances, à un déterminismeX1).
Il y a aussi,dans le socialisme, un problème de technique sociale.
Mais quoi qu'en dise M.Aftalion (dont, à notre avis, la thèse si péné-
trante contre le socialisme, contraire à la production, à l'épargne,
à l'invention et même à la justice, est décisive), M. P. pense que
le socialisme, une fois établi, serait forcé, pour se maintenir, en
assurant la production des richesses et la satisfaction dés besoins,
de se plier aux lois économiques et il s'y pliera par des biais ingé-
nieux, — donc, ajouterons-nous, de se renier dans une large me-
sure (2).Les exigences de la vie et la plasticité sociale suggéreront
et feront triompher, malgré théoriciens et mystiques du socialisme,
les adaptations et transactions nécessaires qui incluront l'idée
nouvelle, sans la détraquer, dans le mécanisme préexistant.
M. P. prouve que les individualistes ont raison de souligner les
difficultés et les limites qui résultent, pour toute politique inter-
ventionniste ou socialiste, dé la nécessité de respecter les lois du
mécanisme économique et la liberté des individus, mais qu'ils ne
sont pas fondés à prétendre que l'abstentionnisme économique et
social (laisser faire, laisser passer) est la seule doctrine stricte-
ment scientifique. La doctrine individualiste se base sur les lois
statiques qui régissent les actions et réactions, immédiates ou à
courte échéance du mécanisme économique ; la doctrine marxiste,
sur les lois dynamiques qui président au déroulement historique
de l'évolution sociale. D'après M. P., il y a beaucoup à retenir

(1) Mais notre liberté peut agir sur ce déterminisme?


(2) Et pour aboutir à quel équilibre, et au prix de quelles ruines ?
PHILOSOPHIE SOCIALE 499

du marxisme (surtout sa méthode réaliste et positive^); mais


ses théories économiques (valeur, intérêt, profit, crises) sont en
désaccord flâg ant avec l'état actuel de la science ; et même la loi
de concentration doit être rectifiée, car elle ne correspond pas à
l'évolution de l'agriculture, qui tend Vers le morcellement de la
propriété et la multiplication des entreprises. Le marxisme a trop
cédé au désir de Chercher dans l'histoire des arguments pour le ré-
gime qu'il préfère.
Quant aux doctrines Intermédiaires (Waldeck-Rousseau, catholi-
ques Sociaux, Georges Valois), image en acte de l'économie contem-
poraine, à la fois collective et individualiste, M. P. estime qu'elles
.traitent la vie économique comme une.matière indéfiniment (?)
modifiable, â réglementer et à réformer au gré des hommes, plutôt
: que comme une matière dont il faut connaître lés lois (2).
M, P. conclut : Donc toutes les doctrines sociales ont tort de
,

s'identifier avec la science et chacune n'apporte que des vérités


partielles et fragmentaires.
Dans la deuxième partie de son ouvrage, dont nous ne pouvons
donnerici que la nomenclature, M.P.expose en trois chapitres : l'état
actuel de la science économique en France (les meilleurs économistes
français sont acquis à une méthode où domine l'élément expérimen-
tal, et préfèrent aux solutions simples et unilatérales les explica-
tions nuancées ;maisleur interprétation desphénomènes économiques
diffère grandement) ; le fondement de la-yàleur et les lois de réchan-
ge (disçunion des théories de Ch. et Ch. H. Turgeon, psychologues,
opposes aux sociologues et aux mathématiciens) ; les rapports de
M, Pàntaleoni avec l'école autrichienne, avec l'école classique,
avec l'école de Lausanne (Walras et Pareto).
Cet exposé est remarquable parle soin que l'auteur apporte^
bien qu'il n'y réussisse pas toujours, à présenter objectivement
l'opinion de chacun;'par la calme pôndërationj'ampleur compréh.en--
sivé, la délicatesse nuancée de ses jugements, qui parfois néanmoins
semblent plutôt tributaires du sentiment que de la science (s), par
: sa répulsion pour lès solutions simplistes, par sa modestie qui sait
réserver les affirmations, et, sur une question capitale, reconnaître
que la science économique n'a obtenu que quelques résultats frag-
mentaires, qu'elle cherche encore sùn unité, pp. 155,179. Il dépasse
cependant la mesuré; quand il semble engager les jeunes chercheurs
à ne pas descendre.jusqu'au fond de l'âme,humaine, p.' 176, sans
laquelle pourtant Oh n'expliquera jamais la vie économique. ;
Assurément,nous admettons qu'il puisse y avoir une science
.

; (1) Cette méthode est-elle donc propre à Marx ,et à ses disciples ?
(2) Cette constatation est parfaitement inexacte, notamment pour lès catho-
liques sociaux qui s'appuient sur ces lois, pour réformer la vie économique.
(3) Par ex., contré l'héritage, p. 26, et pour la conception matérialiste de
l'histoire, p. 33,
5ÔQ-
BULLETIN DE PHILOSOPHIE

positive des lois empiriques de la réalité économique, indépendante


en soi de la morale et de là métaphysique. Car la science a le droit
d'abstraire; elle peut choisir son point de vue propre, dans le réel
complexe, saïts toutefois nier qu'il y en ait d'autres, accessibles à
notre connaissance et relevant d'autres méthodes que les siennes.
Rien de plus légitime, pourvu qu'elle ne prétende pas ehsùite,par
un Inconséquence flagrante, embrasser, épuiser tout lé réel, dont
elle n'atteint, au vrai, qu'un aspect, leplus superficiel. Oiyau-dessus
de la,science expérimentale de la réalité économique, il y à place
pour, une science plus haute et plus coinpréhensive,pour;une doctrine
,
qui est aussi une connaissance et certaine et explicative, mais plus
profonde, pour une sagesse, qui cherche les causeset raisons su-
prêmes de cette réalité, soit à la lumière des principes rationnels,
soit au del ':, pour le croyant, à la lumière "de la foi.
M. P. a raison de dire que la doctrinese déroule sur un autre plan
que la science positive, qu'elle n'en est ni le prolongementhistorique
ni la conclusion logique.
Ajoutons qu'on ne peut pas se contenter de transposérpurement
et simplement, dans le domaine de là pratique, les conclusions de la
science expérimentale. Il n'y a pas, dans ce sens-là, de .scienceéco-
nomiqueappliquée.Car,siIascience spéculativepèutâbstràire,l'acïiOh
n'en a pas le droit ; elle est essentiellement synthétique, Bonum ex
intégra causa. L'action économique, qui est unézaction:humaine,
n'est vraiment et pleinement huttiaine, que si elle âl'objét, le but
et les circonstances qui lui conviennent, parce qu'elle esivhjimaine,
et ce n'est pas la science empirique qui les lui dicté. C'est la doctrine
économique, qui est à la fois explicative et normative, qui utilise
dans ses mineures les conclusions de la science empirique mais en
1

les subordonnant à la fin dernière de l'homme,.règle suprême de


toute l'activité humaine, même économique (1). Telle est,-nous sem-
.
ble-t-il, la position delà Semaine sociale de France (2). -

Sous le titre : L'autorité et la hiérarchie (3), les Anna les de l'In-


stitut international de Sociologie publient les travaux du 9e Congrès
ténu à Paris, du 3 au 5oct. 1927.
Aprèsl'allocution de M. Ferdinand Buisson qui présidé la réunion
d'ouverture, M- Gaston RICHARD dit excellementçe.quélasociologie
doit à.René Worms, « qui était,tout dans cette société de sociologie,
tout dans cette bibliothèque, tout dans ce congrès » (4) ; il analyse

(1) Nous en dirions tout autant de la science politique, d'ordre purement


positif, de la doctrine politique, et de la science politique appliquée,
(2) Ces distinctions capitales, le R. P. Gillet les a mises: en pleine lumière
.
.dansle chapitre : Unionsacrée : science, raison, foi de son/ouvrage Conscience
chrétienne et justice sociale.
(3) L'autorité et la hiérarchie, Marcel Giard, Paris, 1928. ïn-S, :364 pp.
f
(4) C'est hommage que M, Buisson a rendu à. sa méin,oire.
PHILOSOPHIE SOCIALE -
501

somrnairement ses oeuvres: Organisme et Société ; De natura et


.
methodo sociologiae, Philosophie des Sciences soc ia les, «livre unique
qûiligure ou doit figurer dans toute bibliothèque sociologique et
Où il faut chercher le véritable esprit de la sociologie française, fait
,de patience et de mesure, épris de sens commun, hostile au para-
doxe, plus soucieux de montrer les difficultés des problèmes que 1

d'en proposer des solutions aussi éphémères que téméraires » p. 62 ;


,-La science et l'art en économie politique, Etude d'économie et de
législation rurales, natalité et régime successoral i1), La sociologie, sa
nature, son contenu et ses attaches (Giard et Brière): La conception
sociologique de Worms se distingue par trois traits. D'abord, W.
.Conçoit la sociologie comme la synthèse philosophique des sciences
sociales ou la recherche des conclusions communes à ces sciences.
Ensuite, il estime que ces conclusions ne peuvent être atteintes que
si toutes ces sciences ont une même méthode, l'induction, reposant
surl'obse.rvation directe ou, à sondéfaut, sur l'histoire d'Un milieu
observable, donc des sociétés occidentales de souche aryenne et -

plus spécialement de race blanche. Enfin, évitant de dépouiller ,

l'individu au profit, de la société, il regarde l'individualité, la con-


science, la raison, comme des données premières et irréductibles!..
C'est par ses soins qu'ont parules quatorze volumes des Annales de
l'Institut international de Sociologie, sur le matérialisme historique,y
les luttes sociales, la solidarité sociale, le progrès, etc..
-
Voici les mémoires qui ont été lus et discutés, dans les séances du
Congrès : S. REINAÇH : L'origine de la souverainiié (caractère irra-
tionnel, religieux, puissance fascinatrice, ascendant personnel, qui
spécifie la royauté primitive et dont en né peut donner une expliça-
;
tionrationaliste et utilitaire). ; M.DESCAMPS : L"autoritéet lahiérarchie.
chez: les peuples non civilisés (là notion d'autorité est fonction des:
hiérarchies et doit être étudiée après) ; feu le prof. STARCKE :-
L'idée de la souveraineté ; Ed. SANZ V. EscARTIR : L'autorité et la
hiérarchie sociale (l'autorité, essentielle à toute société organisée, a,
comble; la liberté, pour origine, la nature des choses et la Raison
suprême, pour limite son but même: la réalisation du Droit dans
la forme et le degré que le Bien public réclame ; le développement
régulier des sociétés exige aussi un ordre hiérarchique, fondé sur
les .valeurs morales et ouvert aux mérites) ; M. FR. DE LUCCA : Le
principe de l'autorité dans les Etais, modernes (procès de l'idéologie:
démocratique et apologie du gouvernement fasciste) ; Fr, ROMAN :
-L'autoritédans les écoles ; G.-L. DUPRAT : La sociologiedes hiérarchies.
soci#/es,(mémoire très fouillé, divisé en quatre parties : morphologie

:
(1) Pour remédiera la dénatalité, R.W. ne croit pas qu'il faille substituer, à
l'égalité des partages limitée par la quotité disponible, l'entière liberté de tester.
Car la crise sévit cliezbes peuples qui pratiquent autrem eut que nous la trans-
_
mission de l'héritage,et elle ne sévit pas chez des peuples qui ont .un droit suç-:
çpssoral analogueau nôtre.
502 BULLETIN DE PHILOSOPHIE

descriptive, comparative et sélective, physiologie explicative, patho-


logie et systématisation sociale); P. CHOTCH : jicior Hugo et la
sociologie ; enfin mémoire de M. G. RICHARD : Léclqssement social
et les règles de la répartition, des avantages et des charges, dus à la
coopération ou imposés par-elle (lois naturelles, inviolables, delà vie
des sociétés : fonction protectrice et directrice ou coordonnatrice
de l'autorité.; trois modes de dévolution des pouvoirs et, des fonc-
tions : hérédité, élection, cooptation; si lé troisième mode tend
à prévaloir, l'héritage est inséparable de la vie de famille).
Dans les observations sur les travaux du Congrès, M. G. Richard
relève le caractère scientifique et politique des mémoires et des
communications orales et il explique les dissentiments dé leurs
auteurs ; d'après lui, la liberté politique peut et doit s'accorder avec
la hiérarchie des fonctions et des compétences et ne saurait être
sacrifiée à la violence dictatoriale ; le régime parlementaire à l'an-
glaise pourrait d'ailleurs être remplacé par le régime présidentiel
ou congressiohnel, tempéré par l'autonomie locale.

Dans une première série de leçons de droit naturel, publiées en


un volume sous le titre : Le fondement du Droit et de; la Société,,}!.
l'abbé Jacques LECLERCQ avait recherchéles principes fondamentaux
sur lesquels doit se baser la science sociale ou science du droit, en
montrant pourquoi.l'homme doit vivre en sociétébt en déterminant
.
ce qu'est la société et quels principes généraux régissent les rela-
tions de la société et de ses membres. Il se proposede consacrer une
autre série de leçons à l'application de Ces principes, c'ëst-à-dire :
à l'organisation de la société (x). « Il y" abordé des sujets d'une
actualité brûlante..". Notre temps aspire à la vérité, mais ses idées
restent extrêmement confuses et, malgré la réaction antilibérale, il
est encore tellement imprégné de libéralisme qu'ii suffit.souvent
qu'une solution soit antilibérale pour qu'elle paraisse paradoxale »,
pp. 1-2. D'ailleurs la politique est envahie par la philosophie ; il
n'est pas sûrque ce soit un bien ; en plus d'un en droit, la philosophie
est une intruse ; il faut laisser au jugement pratique ( 2) sa liberté
d'actions dans ce domaine, p. 2.
M- L. n'écrit pas pùur des techniciens, mais pouf des lecteurs dési-
reux d'avoir des idées, nonpas des idées claires, il n'y en a que, trop,
mais des idées justes et précises. Tentative de juste milieu entre l'é-
rudition pure et la vulgarisation rapide, son ouvrage vise simple-
ment à être un instrument de formation qui marque lés étapes à
suivre et les relais à établir dans la recherche' .difficile du bien
commun, p. 3. Ony trouve de nombreuses citations de bons auteurs,

(1) J. LECLERCQ, professeur à la Faculté de Philosophie et Lettres de l'In-


stitut S» Louis, à Bruxelles. L'État ou la Politique.Bruxpïi.es, De-wit, et Paris,
Giraudon, 1929 ; in-8, 430 pp.
(2) Encore faut-il qu'il soit dirigé par un saine doctrine politique,.
PHILOSOPHIE SOCIALE 503

dont plusieurs sont pourtant des auteurs effacés ; mais qu'on n'y
cherche.pas une bibliographie de la matière. M. L. ne recule pas de
vant les longueurs, pour envisager les faces multiples des problèmes,
et ilreinoiite, autant qu'il le peut, aux origines des controverses.
Le présent volume traite de l'Etat ou de la Politique, en sept
chapitres : notion de l'Etat ; conditions de légitimité des sociétés
et devoir d'adhésion des citoyens : mission générale de l'Etat ;
nécessité du pouvoir ; conditions de légitimité du pouvoir et devoir
d'obéissance des citoyens ; égalité des citoyens et des groupements
particuliers ; organisation du pouvoir.
Ce qui recommande l'ouvrage de M. L. à l'attention du public
éclairé, c'est, nous semble-t-il, un grand souci de précision et de
pondération, la loyauté avec laquelle il aborde les questions les
plus brûlantes,!'application constante à'montrerla genèse et l'évolu-
tion des problèmes, l'ordre, la clarté, l'habile disposition typogra-
phique-be l'exposition, et la richesse des tables.^1).

Dans son Analaqse de la notion du Droit, M. Adrian STOOP ( 2)


répond à cette question fondamentale de la science juridique :
« Qu'est-ce que le droit en vigueur dans un groupe social et à une
époque déterminée ? » question non encore résolue. ( ! ?). M. S. vou-
drait contribuer à la « mûrir », en s'appuyant sur la philosophie
du sens commun, telle que l'entend M. Gény. Voici sa pensée con-
ductrice. C'est dans notre conscience qu'il faut chercher, la solution
du problème ; or les contenus de notre conscience que nous traduisons
en disant qu'il y à des règles impératives ou permissives en vigueur
dans tel groupe social, sont des contenus extrêmement complexes
et formés par un processus intellectuel qui a éléboré certaines données
de l'expérience ; c'est ce processus intellectuel qui détermine, et
c'est donc en l'analysant qu'on découvrira les marques caractéris-
tiques par lesquelles ces contenus de notre conscience se distinguent
des autres catégories et se rangent en espèces diverses : règles juridi-
ques ou morales, règles d'hygiène, de politesse ou de convenance,
etc.. A ce critère,M. S. attribue une valeur objective, car en'général
les hommes désignent par les mêmes mots des contenus de conscience
identiques ou semblables.„« Ma conscience individuelle est donc un
Champ d'investigation suffisant (3)_ Si je réussis à bien analyser ma

(1) Mais le réalisme social n'est-il pas quelque peu minimisé et l'élément
contractuel exagéré? p.- 42, Nous regrettons que l'auteur n'ait pas'insisté da-
vantage sur l'explication des constantes sociales, p. 87.
(2) Adroan STOOP, docteur en droit, Analyse de la notion du Droit. Haarlem,
Tjeek Willink et Zoon, 1927, in-8, VIII-252 pp.
(3) Mais le contenu de ma conscience ne peut-il pas être pauvre, inadéquat,
inexact? Et qu'est-ce qui m'empêche de le contrôler, de le compléter, de le re-
dresser par celui des autres, qui se manifeste à moi par des signes (paroles et
actes) dont je puis établir la valeur ? M. S, le fait à tout instant,
504 BULLETIN DE PHILOSOPHIE '-.

conscience, je-pourrai, prétendre avoir trouvé un résultat .d'^un haut


degré de valeur objective, avec lequel bien des gens se déclareront
d'accord; et je ne crois pas qu'il soit possibIé]de se servir d'une
autre méthode susceptible de mener à un résultatplus satisfaisant »,
85. //- "..'
p. .-.
« En parlant
d'une règle impérative ou permissive en
. .
vigueur dans
un groupe social déterminé, nous sommes essentiellement toujours
conscients d'un jugement d'appréciation quant à la conduite qu'en
certaines circonstances,les membres de ce groupe doivent ou peuvent
observer, jugement qui est partagé par ceux des membres pour qui
ces circonstances peuvent se réaliser et qui se; manifeste dans la
conduite qu'ils observent, quand elles se réalisent ?>. Mais qu'y a^t-il
dans les concepts : « devoir ou pouvoir » faire Un certain acte?
<

M- S- étudie fa nature de la réaction sentimentale que provoque


en lui la conscience de pouvoir ou de devoir se conformer à ces-rè-
gles impérativesou permissives. En disant : « je dois faire: cet.acte »,
ou « je peux faire cet acte », j'exprime ma conscience dp jugement
que, dans les circonstances où je nie trouve, cet acte vaut mieuxQOIIT
moi que les autres actes possibles ou qu'il ne vaut pas mieux, pour
moi, en ces circonstances, faire un autre acte possible que! de faire
cet acte, p. 158, selon le critère qui me fait apprécier la valeur des
actes et de leurs conséquences pour moi. J'estime que les règles
impératives ou permissives sont en vigueur quand j'attribue ?Iés
mêmes jugements à l'ensemble des sujets de ces règles, dans un
milieu déterminé: Or le critère, c'est le motif pour, lequel je m'imagine
que ceux à qui la règle s'adresse peuvent juger généralement
qu'ils doivent ou peuvent se conduire comme elle le leur prescrit
ou permet. Pour les règles juridiques c'est « d'éviter de provoquer
parmi nos semblables de tels sentiments de blâme, de pitié 0)ou
d'inquiétude ( 2) que nous pouvons estimer que;: dans l'intérêt dés
relations sociales pacifiques et régulières, il vaut mieux qu'ils soient
apaisés, au moyen d'une intervention coercitive, suivant des règles
prédéterminées, de la part delà puissance publique, contre j'in-
.
fracteur, » p. 204. Lés règles juridiques qui concernent les agents
de la puissance publique sont telles que leur violation provoquerait
dans le groupe socialdes sentiments de blâme, de pitié, d'inquiétude
dangereux pour la paix sociale (S)JV« L'état de conscience des mem-
bres du groupe social étant la source proprement dite du droit »,
p.241, c'est de là que la coutume, en jurisprudence, et"la loi tirent
leur force juridique. Les peuples créent le droit et les parlements ne

'(1) Four la victime. ',.


.
(2) Crainte que l'infracLeur ne recommence ou que d'autres ne l'imitent.
(3) M. S. ne parle pas du rôle coordonnateur et directeur de la "puissance
.
publique, ni du progrés social. Et je voudrais voir aussi comment, avec sa
méthode purement psychologique, il résoudrait le problèmedes^anpbrts^des
rèples en viptieur avec le droit juste.
PHILOSOPHIE' SOCIALE 505
-

peuvent, gouverner qu'en tâchant d'en pressentir les besoins et les


désirs, p. 251.
Il y a certes de la pénétration et de la vigueur, avec un robuste
bon sens, dans les analyses, les définitions et les raisonnements de
M. S. et son ouvrage, malgré ses redites obstinées, ses longueurs
sinueuses, ses tours de phrases compliqués et obscurs, ne manque
pas d'intérêt. Mais la méthode introspective et déductive qu'il a
suivie est-elle la seule qui puisse aboutir et est-elle suffisante?

A en croire M- Stoop, les règles fiscales, concernant le paiement


des impôts indirects ne sont pas des règles juridiques, car « celui
qui les viole ne fait rien de blâmable aux yeux de ses semblables »,
p. 326 ; par rapport aux citoyens, ce: ne sont que des règles de
coercition publique. Mais elles sont des règles juridiques permissi-
ves, en tant qu'elles concernent les agents de la puissance publique
et qu'elles leur permettent d'exercer la contrainte contre ceux qui
les violent. C'est précisément cette opinion que réfute brillamment
et solidement l'opuscule de M.Georges: RENARD, sur La théorie des
Leges mère poenales (1), où il développe,contreelle, avec une logique
et une ardeur puissamment persuasives,ces trois griefs d'ordre phi-
losophique : elle suppose, entre le droit et la morale, entre le droit
positif et le droit naturel, une solution de continuité inadmissible ;
elle tend au volontarisme ; elle abuse d'une casuistique purement
déductive et abstraite.
Le temps nous manque pour analyser dès maintenant la Théorie
de VInstitution que nous venons de recevoir ; M. G. Renard nous
y offre un très remarquable «essai d'ontologie juridique», qui
mérite une étudie approfondie et que nous Sommes heureux de
signaler de suite à nos lecteurs.
Amiens. Avril 1930. Th. BÉSIADE, O. P.

(1) G.- RENARD, professeur de droit public à l'Université de Nancy, La théorie


des Leges mère poenales. Paris, Sirey, 1929 ; in-8, 38 pp.
BULLETIN ;
,'
''DE -
..f
SCIENCE DES RELIGIONS

I. —RELIGIONS DES PEUPLES NON-CIVILISES.

Etude générale. — Le baron DESCAMPS, professeur à l'Univer-


sité de Louvain, publie chez Alcan une seconde édition de son Essai
sur les origines du phénomène religieux (a). L'étude scientifique de
ce problème et son éclaircissement historique, dans la mesure où
ils sont possibles, relèvent proprement de l'Ethnologie. Le travail
ethnologique, d'autre part, ne peut atteindre cet objectif que.s'il
est conduit selon l'esprit de la méthode historique et d'après ses
règles essentielles. De plus en plus l'accord tend à se faire sur ce
point dans les milieux scientifiques exactement informés.
C'est sous l'empire de cette persuasion, dont, s'inspirait déjà la
première édition de son Essai, que l'auteur, dont on sait la Vaste
culture et la toujours vive curiosité d'esprit, a remanié son travail
aux fins, tout ensemble d'allégement et d'enrichissement.Certains
développements, d'une pertinence un peu vague ou d'une moins
décisive efficacité, ont été éliminés. En revanche, les chapitres
consacrés à l'Ethnologie religieuse comparée ont bénéficié de co-
pieux enrichissements et d'une sérieuse mise à jour pour lesquels
ont été utilisés le bel ouvrage du R. P.- Pinard sur L'Etude comparée
des religions (Paris, Beauchesne) et de .façon générale, les travaux
méthodologiques et positifs de l'Ecole de l'Ethnologie historique
(Grâbner, "W. Schmidf, W. Koppers, etc.).
L'Essai du baron Descamps, dont cette intelligente révision a
encore accru la valeur, rendra d'appréciables services à tous ceux
qui, sans être ethnologues, désirent se former une opinion justi-
fiée sur ce grand sujet d'intérêt universel (2).

(1) Baron DESCAMPS. Le Génie des Religions : tes Origines. Paris, Alcan, 2* éd.
930 ; gr. in-8, xxn-539 pp.
(2) Certaines graphies insolites étonnent.Les fautes d'impression sont nom-
breuses.
RELIGIONS DES PEUPLES NON-CiVILISÉS 507

Etudes comparées. •— Plutôt qu'une étude véritablement com-


parative, l'ouvrage du Dr. HUBER représente une série de ïnonogra-
.

phies, en somme indépendantes les unes des autres, sur les offran-
.
des de boissons dans le culte des anciens peuples historiques, à sa-
voir les Babyloniens, les Égyptiens, les Juifs, les Arabes, les Aryens
d'Asie, les Aryens d'Europe (Grecs et Romains), les Chinoise).
Ces monographies sont précédées d'une étude générale en six cha-
pitres d'un intérêt plus dbect pour l'ethnologie religieuse.L'auteur
y traite tour à tour de la vie religieuse en général chez « les peuples
primitifs », du sacrifice, du rôle du prêtre dans le sacrifice, des lieux
dé-sacrifice, des offrandes sacrificielles, du repas sacrificiel, des
oblations de boissons. Le Dr. Huber n'est pas, que je sache, Un spé-
cialiste de l'Histoire des religions. En tout cas, c'est sûrement un
« idiota » au sens de saint Paul en matière d'Ethnologie religieuse.
On connaît de lui dés études sur la bière et la fabrication de la bière
chez les peuples dé l'antiquité.C'est par cette voie qu'il semble avoir
été amené à traiter deToblation des boissons dans le présent ouvra-
ge, dédié au président de l'association des brasseurs allemands.
Les chapitres d'introduction développent sur la religion, le sacri-
fice, les oblations de boissons enivrantes chez les peuples primitifs,
des vues, sinon très originales,du moins très représentatives d'une
méthode et d'une mentalité heureusement périmées. Il est difficile
d'imaginer une plus parfaite candeur d'ans'l'a priori.
La forme spécifique de la vie religieuse chez les primitifs est
l'extase et l'un des objectifs caractéristiques du culte est de la pro-
voquer. Comme preuve, c'est assez de neuf lignes où sont allégués
certains usages des «peuples africains», des «populations primiti-
ves » de l'Amérique et « des indigènes des îles de la Malaisie ». Sui-
vent des spéculations sur l'extase comme participation à la condi-
tion divine.
Le sacrifice est un rite d'ordre alimentaire. Il s'agit de nourrir le
dieu. Aussi lui offre^t-on les mêmes choses qui composent l'ali-
mentation humaine, aliments solides et boissons. Certaines obla*
tions comportent uniquement des boissons, jamais des aliments
solides seuls. La raison en est obvie, qui est que si l'homme boit
parfois sans manger, il ne mange jamais sans boire. Le dieu non plus,
naturellement. Lesliquides, d'une matérialité moins grossière, sont
d'ailleurs plus indiqués pour la table divine. Le sang est sans doute
la primitive boisson humaine et divine. Le bon sens a, chez le Dr
Huber, des sécurités admirables.
Au premier rang des boissons servies au dieu par son fidèle, figu-
rent, comme de juste, les boissons enivrantes, génératrices d'ex-
tase et dont les primitifs apprécient si fort, à cause de cela, la valeur

:
(1) E. HUBER, Das.Trankopfer im Kulte der Volker : Die Rauschselmsuche
der Menschheit in der VÔUcerpsychologic. Hanover, Kirchrode, s. d., in-8, de xvi-
273 pp. ".''
5"08 BTJLLETIN DE SCIENCE bESRÈLIGIôkè

religieuse. Le D? Huber paraît né pas soupçonner l'existence de


recherches ethnologiques, positivés et critiques, concluant à l'ap-
parition relativement tardive des boissonsenivràntes,au cours de
l'évolution culturelle. «De l'exposé, qui précède,'écrit le P, W.
Schmidt, il est permis de conclure, avec une quasi-certitude, que
l'apparition des premières boissons enivrantes ne saurait être cher-
chée, dans les civilisations primitives. Il est, autant dire certain,
qu'on doit y von l'accompagnement ou la conséquence dé progrès'
plus récents dans le régime économique. Celles de ces boissons7qui
sont d'origine végétale appartiennent en propre à "la civilisation '
de la petite culture adroit maternel. -Celles où entrent des ingré-'
dients d'origine animale ont pour milieu original la cilvlisa'tioh des'
Pasteurs nomades » (1).
Les-chapitrés monographiques sur Toblation de boissons dans lé "

culte des peuples historiques ont pour base une docuihëntatioh plus
sérieuse, quoique insuffisamment à jour. L'interprétation et encore '

plus l'élaboration du point de vue de l'histoire religieuse et cultu-


relle, demeurent bien imparfaites.

M. R. PETTAZONI, lui, est un homme du métier, et du premier


mérite. Ses travaux, en particulier,sur la formation et le dévelop-
pement du monothéisme dans l'Histoire des religions et sa concep-
tion, très personnelle, de l'Etre céleste des peuples primitifs-(1922
sSr) l'ont placé au premier rang des historiens italiens delà-religion.
Le nouveau volume qu'il vient de faire paraître dans là collection
« Storia délie
religion! » dirigée par lui-même, traite de la confession
des péchés chez les Primitifs, dans l'Amérique ancienne", au Japon,-
en Chine, dans le Brahmanisme,, le Jaïhisme et le Bouddhisme (2);
«Bien que distribuée, écrit-il, selon un schèmé typologique, la
matière demeure répartie en ses cadres naturels dé lieu et- dé temps/
ce qui donne à notre travail une allure différente de celle dél'oU-
vragé consacré par F. Heiler à la prière. » Le livre de P,: en prend-
un caractère plus analytique que synthétique, qui îàcditelé côn^
trôle critique. Cela n'empêche pas qu'il ne sqit conçu comme ;la:;
justification d'une conclusion générale, ainsi formulée;tbuchaht là
confession. Originairement la confession apparaît comme hhacte-
magique ressortissant à la magie delà parole. Au cours de l'évolu-
tion, elle a pris, dans le Bouddhisme (et dans le Christianisme) une
Valeur nouvelle, en relation avec une nouvelle conception du péché >
non toutefois sans des retours offensifs de la conception magique- 7

primitive; -
;

Au commencement était la Magie. Le chapitre' consacré aux pri-

(1) .W. SCHMIDT, W. KOPPERS, Volker und Kulturen. Regensburg, Hahbel,


1924, p, 418.
(2) R, PETTAZONI, La confessiohe dei peccaii. Parte prima. Bologhà, Zahicheî-
}i, s. d. ]1929] ; in-12, xiv-355 pp. L'ouvrage comporte une autre partie à paraître.
RELIGIONS DES PEUPLES NON-CIVILISÉS 509

ihitifs, qui doit prouver cette affirmation, est évidemment décisif"


Il comprend 74 pages, dont 63 de texte et 11 de notes justificatives.
Sur les 63 pages de texte, 46 sont consacrées à l'exposé des faits, ce
qui est peu, le reste à leur interprétation.
L'exposé des faits est d'un homme informé niais dont là formation
méthodologique n'est pas au point, ne veut pas se mettre aupoint.
D'où, tout d'abord, l'indétermination du concept fondamental de
«primitifs». Aussi voyons-nous allégués pêle-mêle des peuplés
: appartenant à toutes sortes de types culturels et plutôt aux civili-
sations primaires qu'aux civilisations primitives. Il en résulte une
mise au même rang des faits de confession reçue illis dans ces
milieux culturels les plus divers et, au lieu d'une individualisation
aussi précise que possible de cas particuliers saisis dans leur contexte
propre, une assimilation extérieure et une sorte d'uniformisation qui
égalisent tout et embrouillent tout.
Une masse pareille abstraite et hétérogène, se prête à toutes les
interprétations qu'on voudra, l'interprétation magique comme les
les autres. Naturellement M. P-, comme tout autre savant, y appor-
te, de plus, ses « préjugés ». Son grand préjugé", c'est sa théorie de
l'Etre céleste qui n'est pas un Etre Suprême. Il faut ajouter : qui ne
peut pas en être un, Et pourquoi? Parce que l'Etre Suprême n'est
pas un article à l'Usage de sauvages. Son interprétation de l'offrande
de leur propre sang que les Semang font à Karl, en l'accompagnant
d'une confession dé leurs péchés, lorsque l'orage ébranle la forêt,
suggère.l'influence d'autres à priori dans le domaine de la psycho-
logie religieuse. Touchant, les. notions de péché, de regret du péché,
de réparation du péché,M. P., pour distinguer le religieux du magi-
que, semble se référer à des critères, non seulement d'une sévérité
inhumaine, mais encore, en dépit de leur idéalisme apparent, d'une
très réelle indigence spirituelle.Dès lors qu'il s'agit de « se libérer »,
il ne peut être question que de magie ! .'"".
On ne peut que regretter ces vices de méthode et Cette psychologie
.artificielle qui semblent barrer à M. P. la route du progrès dans la
compréhension des; formes primitives de la religion.

Monographies.— Les Bukana et leurs Voisins sont des tribus


déjà évoluées vivant en civilisation matriarcale. Ils sont actuelle-
ment fixés sur le golfe Huon dans le nord-est de la Nouvelle Guinée.
L'excellent mémoire que M. Stephan LEHNER vient de. leur consa-
crer traite de la croyance:aux esprits et aux âmes O). Il n'y aurait
:
plus trace parmi eux de culte ni même de notion d'ùnDieu créateur
; du mondé (Etre Suprême)'. Le soleil etlalune « son fils », qui,;mani-
festément, l'ont évincé, ne reçoivent plus eux-mêmes qu'un, culte

(1) ST. LEHNER. Geister- und Seclchglaube der Bukana- und anderer Eingebo-
rencnstâmme im Huongolfe Nord-Neu-Gulneà.: (Mitl. aus detn Muséum fur
yolkerkunde in Hamburg^^KlM), Hamburg, Rriederieheli, 1930 ;'in-4, 44 pp.
REVUE DES SCIENCES.—T. XIX., FASC. 3,-^-33,
.510 "BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS \
fort réduit. La croyance aux mânes et aux esprits et la magie ont
tout submergé. Il y a des esprits bienfaisants et des esprits malfai-
sants: Les premiers comportent trois catégories : pour chaque fa-
mille, les mânes de ses ancêtres particuliers ; pour le village, les mâ-
nes du chef ; pour tout le district, un esprit qui n'est pas autrement
individualisé ni même défini. Toute une série d'observances sont
prescrites à leur endroit et sont strictementpratiquées sous l'ènipirè
de la crainte. Lié au culte des Ancêtres subsiste,'quoique; affaibli
chez les Bukana; un totémisme, avec exogamie et emblèmes tqtéini-.
ques, que M. Lehner rapproche de celui des tribus du centré austra-
lien, Arunda et Loritja. Les esprits malfaisants (esprits dé làNature,
âmes vagabondes d'êtres humains dont la mort fut violente ou -in-
solite, etc.) sôbt extrêmement redoutés, et, pour se protéger contre
leurs entreprises, des règles et pratiques diverses s'observent avec
une constante application. Toute la psychologie *de ces Noirs est
dominée et -faussée par la crainte. M. Lehner signale au':passage
l'origine magique dé l'anthropophagie.
-; En appendice, l'auteur nous donne un choix de légendes, de récits
dé rêves avec interprétation, de chants funèbres.

L'Université de Goettingen a entrepris de faire connaître au public


par la publication, non seulement d'un catalogué, mais de mono-
graphies scientifiques, les richesses de sa collection ethnologique.
L'étude de M. H. PFLISCHKE sur Kukailhnôku,un dieu haïtien de là
guerre, ouvre la série des monographies -(1). '-.
Il s'agit d'Uiie précieuse imagé en plumes recueillie jadis par Ja-
mes Cook lors de son troisième voyage aux îles du Pacifique (1776-
79), au cours duquel il trouva la mort. M. P. encadré là;-.description,
avec photographies, qu'il en donne dans un ensemble de renseigné-
ments des plus intéressants sur ce genre de travaux en plume qui
.

sont une spécialité de Hawaï,


Le dieu iùiTinême, sa nature, son origine et son culte sont étudiés
avec beaucoup de soin. Kukailimoku est le dieu propre dé Factuelle
dynastie royale deHawa'ï depuis les jours du~roi Umi (commence-
ment du xvie siècle) et déjà sous sonpère (xve siècle). Onle^nommait
alors Kaili. Il succédait à un dieu antérieur semblable appelé :Ku
ou Tu, que l'on sait être le dieu polynésien de la guerre et de la
conquête. Kukailimoku, dont on a des imagés en'boisà côte d'ima-
ges en plume, possédait plusieurs temples et u_h nombreux clergé
comportant des prêtres et des prophètes, avec, comme chef habituel,
le propre heveu du roi. On lui Offrait" des victimes humaines, dont
certaines d'bprès un rituel singulier. Son image était portée dansîles
combats. -.'•.".

(1) H, -PJJ'LÏSCM'KE, liukailitnoku; ein îlriegsgôii von lldwaii.: (Arbeiten ails


der eihnogràphischenSammlung der TJniversiiài Goltihgeni i).:Beriib,"V^eidmanh,
1929 ;in~-8, 40 pp, et 7 planches, ' :' -
.
.
àÈLIGÎONS DES PEUPLÉS NON-CIVILISES 5li
"Letrayail soigné de M. P. est enrichi de plusieurs belles planches
documentaires et d'une bibliographie fort bien établie.

La librairie Deichert, de Leipzig, qui; publie, sous la direction


dû professeur H. HAÂS, un Bilderatlas zur Religionsgeschichle,
vient d'eli faire paraître le fascicule 1,6 consacré à la religion mexi-
caine (x). On y trouve, en 21 planches, 73 figures reproduisant soit
des sculptures religieuses soit des illustrations de manuscrits, à quoi
S'ajoutent deux cartes, l'une du Mexique, l'autre des environs de
Mexico-Tenochtitlan. L'introduction qui est de K. Th. PREUSS,
vise à nous rendre intelligibles ces images par un exposé d'ensemble
des idées mexicaines sur le monde et sa création, les hommes et les
astres,-les dieux, le culte. Preuss distingue les dieux « créateurs»
et les divinités « naturistes ». Au premier rang des dieux créateurs
figure Tonacatecutli ; au-dessous de lui se placent, dans là même
catégorie, le dieu respectif des diverses tribus.Texte, bibliographie,
figurés, constituent, touchant la religion de l'ancien Mexique, une
documentation d'une extrême richesse' sous un petit volume. Le
travail n'est certes pas sans mérite, étant donné la complication
bien connue de l'imagerie aztèque. -
Rome. A, LEMONNYER, O. P.

II. — RELIGION EGYPTIENNE.


Âtnoïi. •— Je n'ai pas reçu l'ouvrage de M. G. LEFEVRE sur l'His-
toire des Grands Prêtres d'Amon de Karnak jusqu'à la XXIe dynas-
tie (2)'/..
: Une allusion
...
à la fête thébâine célébrée en l'honneur du dieu Amon
.
Se trouve dans le récit qu'Amen-em-heb fait de ses exploits et qui
était gravé dans son tombeau : « Alors que naviguait Amon en la
magnifique fête d'Apit, au milieu de l'allégresse de l'Egypte en-
tière.;. » M. Paul T.RESsoN commente cette allusion en donnant une
nouvelle traduction avec notes de la biographie d'Amen-em-heb (s).
Sêth et Anta. — L'article, où M. Pierre MONTET(4) cherche à
montrer qu'il faut « situer à Tanis et la ville des Hyksos, Avaris

(i) Mexikanische Religion. (Bilderatlas mr Religiohsgèschichte, hrg.v. D.H.


HAAS,. 16. Liel). Leipzig, Deichert, 1920 ; iri-4, XVII pp. et 21 plaliches;
(2) G. LEFËVRE, Histoire des Grands Prêtres d'Amon de Karnak jusqu'à la
XXi" Dynastie, Paris, G.euthner, 1929 ; in-8 de 304 pp. avec 5 planches.
(3) PaùlTREssôN, La biographie de VofficierAméh-em-heb.(Epoques de ThoUl-
inosis III et d'Aménophis II-, XVIIIe dynastie), dans Revue biblique, Oct.
1929, pp. 567-579. "
-
(4) Pierre MONTET, Tanis, Avaris et Pi^'Ramsès, dans Revue biblique, -janv.
1930, pp. 5-28. — M. M. réfute l'opinion de jl, GARDINER qui veut mettre Pi-
512 BULLETIN DE SCIENCE DES RÉLi.GÏOkë.

et la résidence des Ramsès, Pi-Ramsès », contient plusieurs rensei-


gnements sur Seth qui était la véritable dieu de Tanis. Les inscrip-
tions associent à Seth sa compagne, la déesse Anta. Pendant les
fouilles préliminaires de 1929, M. M. a découvert « un groupe éii
granit grisTpresque intact, à sa place antique, face à la porte inonur
mentale du grand temple, qui représente Ramsès II protégé: par
la déesse Anta ».
Syncrétisme. — Les campagnes précédentes des fouillés de Byr
blos avaient amené M. Maurice DUNAND ( 2) à cette conclusion « qu'il
n'y a pas lieu de distinguer à Bjblos deux temples, l'un sémitique,
l'autre d'origine égyptienne, coexistant sur le plateau de l'acropole,
mais bien un seul sanctuaire déjà attesté dès le ïve millénaire avant
notre ère. Incendié à la fin de l'Ancien Empire, il fut, à l'époque dé
la XIIe dynastie, remplacé par un temple nouveau qui,-avec de
nombreux remaniements, resta utilisé jusqu'à l'époque romaine».
La septième campagne de fouilles, entreprise en mai-juin 1928,
a permis à M. Dunand ( 2) de distinguer parmi les divers éléments
trouvés : « 1° les constructions de l'époque romaine ; 2° Celles encore
utilisées à cette date, succès qui sont un legs des âges antérieurs,
voire même du Moyen Empire ; 3° les constructions qui relèvent du
Premier Empire Thébain lui-même et qui ont été oubliés par la
suite». ;- -
Une page de M. Dunand résume en termes très clairs les nouvelles ,

constatations auxquelles il aboutit : « Il devait donc y avoir dans la


Byblos romaine deux sanctuaires. L'un, d'ancien style, où l'on véné-
rait Isis-Hathor, la divinité traditionnelle, qui s'élevait près de la
mer, sur l'emplacement des sanctuaires antiques dont il était l'hé-
ritier et que nous identifions avec celui mentionné par PlUtarque
(De Iside et Osiride, XVI) ; l'autre, à quelque distance du rivage,
d'origine et'de construction purement romaines, dédié à une divinité
représentée par un bétyle et qui peut être le temple des Àdonîes
dont les rites sont décrits par Lucien (De Dea Syria, ch. VI et Vil).
La représentation d'Isis sous des traits humains est constante à
Byblos, attestée par de multiples documents qui proviennent tous
de l'emplacement que nous fouillons .Cela exclut, en quelque sorte,
sa représentation bétylique. Pour la représentation d'une déesse,
l'ashéra eût été d'ailleurs plus conforme que le bétyle- aux concep-
tions habituelles des Sémites. D'autre part, on admettra difficile-
ment qu'à l'époque romaine on ait abandonné un.temple,quatre-'

Ramsès à Péluse et place la ville biblique de l'Exode au telle de San, près du


village de San el Hagar, sur lahranche pélusiaque du'Nil. Dans lanouvellerevtie
égypLienne, Kêmi (I, p. 177), M. GAUTHIER cherche à reconnaître Pi-Ramsès
dans les ruines de Quantir, au sud du tell de San,
(1) Cf. Rev. se. ph. th., juillet 1929, pp. 509-510.
(2) Maurice DONAND, La septième campagne des jouiUes de Byfifos (mai-jûlii
1928), dans Syria, 1929, fasc. 3, pp. 2Ô6'216.
;' ':"[) RELIGIONS SEMITIQUES 513

fois millénaire pour installer la déesse dans un sanctuaire nouveau.


Dès lors, en admettant l'existence du culte d'Isls sur l'acropole et
sa représentation anthropomorphiqué, oh est obligé d'attribuer à
biie autre divinité lé temple élevé sôus lé'règne de l'empereur Ma-
crin. Et sil'on reconnaît une triade locale, avec Isig Hâthor cornme
divinité;féminine, dans les trois statues colossales assises à l'Orient
de l'esplanade du temple-traditionnel, il convient de les faire remon-
ter à .l'origine même-de ce sanctuaire, ;spit à la XIIe dynastie ?
: (pp. 212-213).

-"._-- .
IILH..RELIGIONS SEMITIQUES.
1. -^RELIGION CANANÉENNE.
iLesAmorrhéeiis, ^— On sait i1) que le P. DHORME avait opposé
une rigoureuse répliqué: a là thèse deThéo BAUER sur le jpâys d'A-
ibiourrbu, dont le critiqué allemand niait!-existence à l'ouest de la
Babyiôhie au troisième millénaire avant notre ère.'Lè savant do-
: minicain avait montré que la désignation géographique Amourrou
correspondait à un pays situé à l'ouest de l'Ëuphrate et s'étendait
jusqu'à là Méditerranée, Bauer a tenté de réfuter les arguments du
;R. DhOTme (2). Celui-ci maintient énergiquéineht son point dé Vue
.•dansbn article dé laîJîëpize biblique (s) et il poursuit l'histoire des
Amorrhéens jusqu'au second millénaire ây. J,-C, puis au temps des
; lettres d'El-Amarnà. L'auteur s'arrête tout spécialement à retracer
l'histoire de la confédération des Habiri :(4), groupés pour détacher
de lacausé égyptienne les roitelets de la côte et de l'intérieur. L'effort
d'unité bationaledé ces Amorrhéens est dû à un vaillant guerrier,
Abdi-Ashirti, et à .l'un-.de ses fils Azirou : « C'est Azirou qui réussira
a faire d'Amourrou un royaume uni dont il sera le chef » (p. 175).
-Temples. — Nous avons signalé quelques-unes des trouvailles
principales qui ont été faites à Beisân, en ce qui touche .surtout aux
témpies (E), au syncrétisme religieux (6),'au culte de Mical et d"A-

: (l)Rev. se. ph. th., juillet 1928, pp. 490-492; -,


(2) Zeits'chriftfùrAssgriologie,déc. I928,pp. 166 et sv.
.
"

(3) P. DHORME, O. P., Les Amorrhéens, dans Rév.bibt, avril 1930, pp. 161-178.
(4) « Nous ne cessons de protester, écrit le P. Dhorme, toc. cit., p. 171, note 1,
contre l'assimilation dés Habiri aux Hébreux, malgré 1-engouement d'un cer-
tain nonïbre d'orientalistes pour une théorie qui va à rencontre de la philo-
logie et be l'histoire ». .
" (5) Gl Rev. se. p/utfy juillet 1928, pp. 492-495,
V (6) Ibid., juillet 1929,:p. 508.
}, Ç7) |tid., juillet 1929^p; 512-513,
514'., BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

Le P. A. BARZOÏS (!) rend compte des dernières découvertes,dé


la campagne de fouilles entreprises par les Américains sous la direc-
tion de M. A. Rowe. A l'ouest du temple de Mekal (Mikal), contenir,
porain du règne de Thoutmès III, l'on a dégagé les restes d'un mig-
dol rectangulaire, spécimen de migdol cananéen au xive siècle, type
architectural assez mal connu jusqu'ici ; ce migdol «devait jouer-
le rôle de réduit fortifié, et pouvait être tenu par la défense, alors
même que l'enceinte de la placé serait tombée aux mains des assail-
lants ».
Le P. Bai-rois donne ensuite une
"."''.'"
idée d'ensemble du sanctuaire
de Mekal (Mikal) : « à la plate-forme irrégulièré où se trouvait éri-
gée la massébah, emblème aniconique du dieu de Beisan, dont la
stèle égyptienne gisait à proximité» correspond vers l'ouest une
autre « plate-forme rectangulaire en briques à laquelle on accédait
par deux marches de degré, et dont les dimensions s'harmonisent
avec l'ordonnance monumentale et la partie sud du Temple ».
Cette plate-forme à degrés fait penser au naos à degrés dès repré-
sentations égyptiennes, sur lequel siège le roi ou la divinité, et en-
core au « siège à degrés, surmonté d'un baldaquin qui figure, plus
ou moins simplifié, dans les innombrables scènes de présentation
ou d'intercession des bas-reliefs ou des cachets mésopotamiens et
nord-syriens ». A signaler la découverte faite à proximité de.cette
plafe-forme d'un bétyle conique en basalte et d'un objet en terre
cuite qui est probablement un brûle-parfums. Nous aurions donc
•'"''.-..
dans le sanctuaire de Beisan (temple de Mekal) un sanctuaire ca-
nanéen très particulier,

2. — RELIGION PHÉNICIENNE.

Ba'al Shamim. — On vient de voir plus haut ( 2) quelques-uns


des résultats de la septième campagne des fouilles de Byblos en
mai-juin 192S.Le compte-rendu de la huitième campagne (mai-juil-
let 1929) n'apas encore paru dans Syria. PourtantM. DuNANDpublie
dans la Revue biblique le déchiffrement et le texte d'une Nouvelle
inscription phénicienne archaïque (3) : cette inscription fut trouvée
au cours de cette huitième campagne de fouilles, avec deux/autres
inscriptions phéniciennes et une quatrième en caractères inconnus
jusqu'à ce jour.
L'inscription publiée « présente l'intérêt exceptionnel d'être écrite
en caractères phéniciens très voisins de ceux qui apparaissent sur
le sarcophage d'Ahiram (4) ». Peut-être la nouvelle inscription, est-

(1) A. BARROIS, O. P., Les fouilles américaines de B eison, dsns Reiue biblique
oct. 1929, pp. 555-566.
(2) Cf. suprap. 512.
(3) Maurice DUNAND, Nouvelle inscription phénicienne archaïque, dans Revue
biblique, juillet 1930, pp. 321-331.
(4) Sur l'inîportançe des inscriptions trouyées à Byblos au point de vu'e-de
>.-.'.;. KELISIONS SEMITIQUES ""'".' SIS
elle plus Lardive d'une cinquantaine d'années, laps dé temps suf-
fisant pour expliquer Iévolution dé certaines particularités paléo-
.grâphiques (l).
; L'inscription phénicienne sera désormais désignée sous le nom
dé son principal •.personnage, Yehimilk.'Voici la traduction que
M- DUnànd propose de l'inscription de Yehimilk : ---:
.

......
.
,,; «Temple qu'a construit Yehimilk, roi de Gebal,
''';:'.: Voici qu'il a restauré toutes les ruines de ces tèmples-là.
.
->; Que protègent leBa'al Shamïm et leBa'al Gebal.et latotalité des dieux saints de
ïGebal,. les jours de Yehimilk. et ses années sur Gebal,. car. c'est un roi juste et
Un roi droit a la face des.dieux saints de Gebaî.i».

.'..- L'inscription révélé donc un certain nombre de divinités phéni-


ciennes, ayant probablement chacune leur 'temple. Parmi ces di-
vinités sont mentionnés expressément le Ba'àl Shamim et le B'â'al
Gebal..'
-z Le Ba al Gebal est probablement le diéù El, le fondateur, d'après
-la tradition, de la Ville de Byblos ; sa déesse parèdré était Astarté.
Quant au Ba al Shamim, on n'en avait aucune mention antérieure
;a;lï3 avant notre ère (inscription d'Oùmm el-A mâd) ; Philon de
Byblos en- avait gardé lè-nOm et on pouvait reconnaître le nom sûr
deux autels trouvés à Byblos. Il était encore mentionné dans un
irâité entre Asarhaddohet le roi de Tyr.
..Le
•--..-..
voici mentionné dans le panthéon giblite dès le xne siècle,
à côté dé Ba'al Gebal (= El) auquel il faut joindre sans doute la
; Ba àlat Gebal (= Astarté). Quel était son véritable norii? A quelle

.:
divinité le faire correspondre? M. DUnànd pense au dieu Hadad.
i: ; 3. — RELIGION ASSYRQ-BABYLONIENNE.
- :

V Ouvrage généràï.— Je ne puis que signaler, faute de les avoir


.reçus, les;deux volumes que M. L. Gmseppe FURLANI (S) consacre à
JLdi religion assyro-iàpylonienne.

Epopée de Gilgamès. —M. R. CAMPBELL THOMSON(4) publie

l'invention et de l'évolution de l'alphabet phénicien et notamment de l'inscrip-


tion d'Ahiram, cf. Rev.sc. plu th., juillet 1925, p] 335, noté 3,. •— Surleproblcriie
de l'alphabet en général, cf. Sev. se. ph. th., juillet 1929, pv',.510, note 4. '""".. 'Z
:(lj L'on a ainsi les points de repère suivants :"1° Inscription. d'Ahiram (xiuc
siècle) 2°.Inscription de Yehimilk (xue siècle) ; 3° Flèche de Roueisseh (xi-xe
siècles) ; cl Syria, 1927, pp. 85-186 ; 4° Inscription d'Abiba'al (vers 847-925)
5« Inscription d'Elibâ'âl (vers 925-889) ; 6° Inscription.du roi Mésa (842),"
- .(2) L. Giuseppe FURLANI, La religione babylonerassira, Bologne, Zanichélli
:1928-1929 ; deux vol. in-8.' ':.. '

' (3) R. GAMPBELD THOMSON, The epic of GiVgamish. Oxford, Clarendon Press
1930 ; in-folio de 92 pp. avec 59 planches,- " ." '
.
516 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS
.

une nouvelle édition de l'Épopée de Gilgamès ; le P.. DHORME (x).


souligne l'intérêt de cette édition, dans laquelle l'auteur a réussi
à mieux souder les morceaux les uns aux autres, et à en insérer de
nouveaux. Il donne la traduction d'un fragment qui comble une
lacune, les lignes 9 à 10 de la col. I et complète ainsi la traduction
du prologue paru dans son Choix de textes (pp. 183; et sv.) ''-"
Législation assyrienne.—DansnnprécédentBuiletin( 2) j'avais
attiré l'attention sur les belles études où M. l'abbé P. CRUVEILHIER
compare les législations hammoùrabienne et assyrienne qui régissent
le mariage et j'avais marqué l'intérêt tout spécial qui s'attache aux
rapprochements établis entre ces législations et celle des codes
d'Israël. Le dernier numéro du Muséon de Louvain contient la,fin
de ces études (3). M.Cruveilhier groupe ses observations sôiis deux
chapitres : la monogamie relative (femmes de second rang ; concu-
bines ; prostituées et hiérodules) et le divorce (et aussi mesure sui-
vant laquelleune femme éloignée de son mari peut se remarier).
Chemin faisant,'l'auteur rapporte tous les textes législatifs ou his-
toriques de la Bible qui ont quelque relation avec les lois h'ammoura-
biennes et assyriennes. Et c'est parce que l'analyste àssyriologue
s'unit chezdui à l'exégète scripturaire que ses articles ont un inté-
rêt tout particulier même en regard d'ouvrages monumentaux -com-
me celui que vient de publier M, Edouard CUQ (*) sous le titre mo-
deste d'Etudes sur le droit babylonien. M. Cuq en fait lui-même la
.remarque: l'analyse des actes servant à régler les rapports d'af-
faires « exige la collaboration des assyriologues et des juristes:
les uns pour préciser la signification littérale de l'acte, les autres
pour en reconnaître la nature véritable et en déterminer la portée
pratique, à l'aide des rapprochements suggérés par l'histoire com-
parative du droit » (Préface, p. vi).
Voilà bien, en effet, ce qui donne une valeur inestimable à ce
volume imposant du membre de l'Institut : la science juridique de
l'auteur qui lui permet nombre d'éclaircissements dans l'explication
des lois et des contrats babyloniens, assyriens et hittites.
Dans son introduction, M. Cuq indiqué les sources dé ses diffé-
rentes études. Celles-ci se sont développées au hasard des découver-
tes et des déchiffrements : mais une pensée maîtresse et organisa-
trice a présidé aux diverses publications.du juriste, de sorte queJe
volume présent se trouve tout composé après vingt-cinq ans de
travaux différents.
.

(1) Revue biblique, juillet 1930, pp. 46S-469.


(2) Cf. Rev. se. ph. th., juillet 1928, pp. 496-498.
(3) P. CRUVEILHIER, Recueil de Lois assyriennes dans le' Muséon, 1929, t.
XLII, pp. 129-156.
(4) Edouard GUQ, Etudes sur le droit babylonien. Les lois assyriennes et tes
lois, hittites, Pans,,Geuthner, 1929 ;m-8,522pp.
'-'RELIGIONS SEMITIQUES 517

La première étude porte le titre général : Le mariage d'après les


lois de Haminourahi, On a reconnuTune des premières contributions
à l'explication du code babylonien. Quelques lignes nous en avertis-
sent : « Cette étude est le développement d'une note insérée dans la
2e édition de la loi de Hammourabi par V..Scheil, p.'57-59; Elle a
été cOmmuiiiquéeyen partie à l'Académie des Inscriptions en 1905
et publiée par la Revue Biblique, 1905, p. 350. Elle a été précisée
sur certains points dans NRH., 1909, XXXIII, 277, et complétée
.
dans la présenté publication » (p. 21, n. 1).
Puis viennent des études sur l'adoption, l'affranchissèment, lés
successions, la donations.
L'une des sections les plus étendues est celle qui concerne la pro-
priété foncière (pp. 77-149). La reconstitution de la législation qui
la régit est faite en majeure partie, à l'aide des «koudourrous»,
grâce aux inscriptions qui y sont gravées. L'auteur expose d'abord
brièvement le régime de la propriété au temps de la Ire dynastie ;
il examine ensuite les renseignements fournis par les boudourrous
Conservés dans les grands musées, en particulier ceux du Musée du
Louvre et du Musée Britannique. « Les koudourrous ont pour objet
principal de placer"sous la protection des dieux la constitution d'une
propriété privée faite par le roi aux dépens d'une tribu. Le roi ac-
quiert à titre onéreux ou gratuit une terre, propriété collective d'une
tribu, et la donne.'à titre de propriété privée à un particulier ou à
un temple. La.donation royale est parfois accompagnée d'un acte
de franchise, ou,lorsqu'elle est faite à un prêtre, de l'attribution
d'une part des revenus du temple auquel il est attaché. L'usage des
koudourrous a été étendu dans certains cas, à la protection de
la propriété privée, acquise par achat, donation,"constitution de dot,
échange ou partage ». (pp. 127-128).
Mentionnons simplement les sections sur l'exploitation du do-
maine royal, sur lés contrats, sur les nouveaux fragments de Suse
et de Nippour, sur les sociétés, sur le cautionnement, sur .le gage.
L'étude suivante est intitulée : Essai sur l'organisation judiciaire
de la Chaldée. C'est un véritable traité juridique qui commence
par bien marquerla différence entre les juges du temple et les juges
civils;
Je ne puis m'attarder sur les études qui comprennent les cent
dernières pages du volume : les contrats de Kerkouk au Musée Bri-
tannique et au Musée de l'Irak ; les lois assjoiennes ; les lois hittites.
Tout le long de l'ouvrage on voit apparaître le nom du P. Scheil.
Il n'est presquepas de page où il ne soit cité. Aussi est-ce avec bon-
heur qu'on lit cette finale de la Préface : « Les progrès accomplis
depuis un quart de siècle dans l'explication des textes cunéiformes
permettent aujourd'hui de traduire exactement la plupart des
actes juridiques. Ces progrès sont dus, dans une large mesure, aux
travaux du P. Vincent Scheil. Il aie premier déchiffré et traduit
les lois de HammOuràbi avec une maîtrise incontestée. Il contribue
chaque jour à l'avancement de la science, dans le dopiaine de l'As-
518 : BULLETIN DE SCIENCEDES RELIGIONS :

syriologie, par son enseignement à là Sorbonne, par là publication


de textes nouveaux accompagnés de précieux .commentaires, par
son empressement à mettre à la disposition de ceux :qui le consul-
tent les trésors de sa vaste érudition. C'est pour nioi un dôyolrJde
luj témoigner ma reconnaissance en lui dédiant ce livré. Il voudra ..

bien en agréer l'hommage à l'occasion du 70e-abjiiVersairéde sa
.naissance», :. :
-

4;.
— LA RELIGION SAFAITIQUE.
Ouvrage général, — M. le professeur Hubert GRIMME à; qui
l'on doit plusieurs études sur lès inscriptions Sinaïtiqùês (}) a jugé
qu'il y avait trop,longtemps (20 ans) que le silence se faisait sûr les
inscriptions safâïtiques et il a repris le problème-':'en publiant.des :
Textes et recherches sur la religion safaïtico-aiabe (*).
L'ouvrage dû professeur de Munster s'ouvre par une introduction,
sur l'Épigraphie safaïtique : quelques pages (pp. :ll-30) sont, con-
sacrées à la région du Safa (à l'est du Djebel Hauran), à l'histoire
de la découverte des inscriptions safâïtiques par,Graham, de Vo-
gué, ;Dussaud-Macïer et Littmann, à leur déchiffrement, à. leur '
écriture et a sa relation avec les autres écritures sémitiques, a leur
orthographe, à leur'langue, à leur chronologie, à leur véritable ca-
ractère. C'estici que l'auteur marque la différence qui le sépare; de
ses devanciers : pour ceux-ci, les inscriptions étaient surtout des
inscriptions commémoratives ; G. estime que ce sont avant, tout
des inscriptions religieuses (p. 25) ; bien loin d'avoir un caractère
profane, les inscriptions safâïtiques ont un caractère,sacré. .

Là deuxième partie du volume comprend, les textes avec leur=;


commentaire (pp. 31-130) ; ces textes sont empruntés aux collec-
tions déjà publiées, aux copies faites par J. G. Wetzstein durant
son Voyage à travers la Traclionitide en 1858 etlégué.es-à la<< préus-
sischeh Staatsbiblïothe.k » de Berlin, aux inscriptions d'OUihméi- -
Gimâl. ' : '
.
La troisième partie traite
.
de la religion safaïtioo-arabe (pp. 131-
171). Elle se divise en trois paragraphes : 1. Lés divinités duSâfà ;
2. Les attributs et les activités des divinités safâïtiques";3.Le culte
des âmes.
Primitivement, le Safa était conçu comme un district sacré {Got-
tesbezirk) ; dans ce haram, il n'y aurait eu qu'une seule divinité
comme dans le haram de la Mecque il n'y avait; qa'ÀllahrHobal.
Peut-être, ensuite, ce dieu a-t-il eu une déesse parèdre. Mais, quoiqu'il

(1) La dernière en date jiorte le titre suivant : Die alisinailischén Buchstàben-


inschriflen. Berlin, Reutheruild Reicliard, 1929 ; in-4,, 134 pp. ...-;- v ;•
,
(2) Dr. Hubert GRIMME, Texte und Vnlersuchungénzursafaleniscli-orabischen
Religion. Padêrborn, Sçligningh, 1929 ; in-8,1.90pp,-, aveçlS planches,,: .'
_
.''-.' RELIGIONS SEMITIQUES 519

en soit, le panthéon, tel que le révèlent les inscriptions, est assez


fourni. On y trouve les divinités Allâth, Allah, Roudâ, Gad-'Awïdh,
Chams, Ilhâ , Chai'-al-qaum, Rahâm, Be el-Somîn, Doucharâ. G.
supposé que le dieu de Safa aurait été le dieu arabe Aiarsam qui
aurait été supplanté par le dieu araméen Be el-Samîn,- lorsqu'un
temple fût édifié à.Sî a (près de Kanatha) par Hérode le Grand en
l'honneur de ce dieu araméen (*) et que son culte fut devenu préé-
minent dans la Damascène entre 200 et 300 après J.-C. Cette der-
nière hypothèse, du culte primitif d'Atarsam chez les Safaïtes, est
l'une des nombreuses que G. met en avant dans son ouvrage. Aucune
inscription safaïtiquen'a, en effet, conservé le nom du dieu Atarsam.
Il vaut mieux s'en tenir aux faits certains et, sous ce rapport, l'ou-
vrage classique de M. DUSSAUD n'a rien perdu de sa valeur,. Nul mieux
que lui'n'a parlé du panthéon safaïtique (çhap. V) : notons que, d'a-
près M. D., «les Safaïtes empruntèrent Be el-Samîn aux éléments
syriens de l'Auranitide. Mais cette région avait reçu, surtout dans
le premier siècle avant notre ère, un fort apport de population na-
batéenne. A ces éléments nabatéens, les Safaïtes ont emprunté le
dieu Dusarès » ( = Doucharâ) (p. 166). Le culte du dieu Chai'-al-
: qaum
serait aussi emprunté aux Nabatéens (p. 155).
La liste des attributs et des activités des divinités safâïtiques est
dressée au moyen des noms théophores : ces noms renseignent sur
la nature astrale des dieux, sur leur activité près de leurs rochers
sacrés, sur la détermination qu'ils impriment aux destinées, sur
.":'

leurs propriétés et activités corporelles, sur leur nature, sur leur


intelligence, sur leur providence, sur l'apparentement que les hom-
mes ont avec eux, sur leur culte!
L'esprit systématique de G .se manifeste dans la conception qu'il .

iious présente sur le.culte des âmes. Selon lui, les inscriptions qui
nous relatent les noms du père, du grand-père, du frère, etc., des
auteurs qui les ont gravées seraient non pas l'ndication de la simple
généalogie de ces auteurs, mais un témoignage en faveur de leur
croyance à une vie future, diminuée, des âmes de leurs ancêtres..
5. — RELIGION ISLAMIQUE.

Encyclopédie de l'Islam. — Signalons quelques articles de


l'Encyclopédie de l'Islam qui continue sa parution en deux direc-
tions de l'alphabet arabe.
Tashbîh et Ta iîl.~— Ce sont deux méthodes d'interprétation théo-
logique du texte du Coran. M. R. STROTHMANN ( 2) les caractérise
de cette manière : le tashbîh est « l'action de considérer comme sem-

(1) Sur les ruines de ce temple voir R. DUSSAUD, Les Arabes en Syrie avant
l'Islam. (Paris, Leroux, 1907), pp. 159-160.
(2) R: STR0THMANN,.Tas/i6(7i,daris E. /.,fasc. L, 1929, pp. 719r721,
520 BULLETIN DE SCIENCE DÉS RELIGIONS

blable, comme égal, d'assimiler » ;le ta lîl est «T action dédépouiller,,


de vider ». Les textes du Coran sont souvent anthropomorphiques :
d'où les deux tendances dont il faut se garder : faire trop d'assi-
milation (tashbîh), faire trop de dépouillement. (ïa'Yii). Nous, pour-
rions dire verser dans l'univocité ou dans réquivocîté.
Tawba. —. M, R. A. NICHOLSON Ç 1) consacre quelques lignes au
repentir (tawba). La validité de la tawba dépend de trois choses :
1. la conviction du péché ; 2. le remords ; 3. la ferme résôlutiobde
s'abstenir du péché à l'avenir. :'".""".
Tayammum.— Le layammum, selon M. A. J. 'WEN.SINCK:(2),est la
prescription ou la permission d'exécuter la purification rituelle avec
du sable au lieu d'eau. Cette permission repose sur deux passages
du Coran (Sourates, IV, 46- et V, 9). .

Malâ ika.'-~M:'t>. B. MACDONALD (3) rassembleles renseignements


que l'on possède dans la théologie islamique sur les anges : leur
mention dans le Coran, leur soumission absolue et leur jobéissanee

et des hommes, '.--.'


envers Allah, leur nature, leur sexe, l'excellence relative des anges
Tarîqa. — D'après M. Louis MASSIGNON (4), tarîqa signifie che- «_•

min, route, voie». En mj'stique musulmane ce terme arabe a pris
« deux acceptions techniques successives : 1. auxixNx6 siècles de
notre ère, c'est une méthode de psychologie morale-pour guider pra-
tiquement des.vocations individuelles ; 2. après le xie siècle, ce de-
vient l'ensemble des rites d'entraînement spirituel préconises pour
la vie commune dans les diverses, congrégations musulmanes qui
commencent dès lors à se fonder ». M. M. donne une; introduction
à la liste des tarîqa de l'Islam.
Tasawwuf. —-.M. Louis MASSF NON (B) bous apprend que ce mot
tasawwuf vient d'une racine qui signifie «l'habitude de revêtir
le vêtement de laine » (sûf veut dire,» laine v): Tasawwuf c'est l'acte
de se vouer à la vie mystique et de devenir ce que l'on appelle en
Islam Ma.'suit. M. M. retrace lés origines du sufisme, soiibôle dans
la communauté islamique, l'évolution historique.de la définition
de l'union mystique, lés autres notes caractéristiques dû sufisme et
l'étude critique de ses. sources. ,

'-. Abenhazara de Gordoue. — M. Miguel ASIN. PALAGIOS :(6)vcon-

(1) R. A. NICHOLSON, Tawba, dans E. I., fasc. h, 1929, p,:740, :


:
(2) À. J. WENSINÇK, T-ayammum, dans E. I., fasc. L, 1929, p.;745.
(3)' D. B. MACDONALD, Malâ'ika, dans E. I., fasc. 40, 1929, pp. 201-204.
(4) Louis MASSIGNON, Tariqa, dans E. I., lasc. L., 1.929,pp. 700-705.
(5) Louis MASSIGNON, Tasauwuf, dans E.I., iasc, L,. 1929, pp. .715-719.
(6) Miguel ASIN PALACIOS, Abenhazam de Cordobay su'lnstoriadè làsjideas'
religiosas. T. III. Madrid,, Tip. de la Rev, de Arehivos, Bibliotecasy Museps,
192.9 ; in-8, 333 pp. ''}'
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 521

tinue la publication de sa traduction du Fi&al ou de l'Histoire cri-


tique des religions, des sectes et des écà.les, ouvrage célèbre, encore
en usage, du Cordouan Abenhazam (x). Nous avons déjà parlé de
cettetraduction (2). Le tome présent achève la traduction du premier
traité du Fisal (Critique des évangiles et de la religion chrétienne)
et donne en espagnol le contenu du second traité(Étude des sectes ;
unité et simplicité divine ; science divine ; vie divine ; quiddité ou
essence divine; volonté, générosité et pouvoir de Dieu ; influence
divine sur les actes humains ; la liberté ; la grâce ; la création).
Cette simple nomenclature montre l'intérêt qui s'attache à ces con-
troverses du Cordouan et il faut savoir gré, une fois de plus, à M.
Asin de mettre à la disposition du public ces riches documents sur
l'apologétique islamique.
Folklore palestinien. — Le docteur en médecine Taufik CA-
NAAN (?) nous fait bénéficier de sa parfaite connaissance des milieux
palestiniens en nùUs offrant une brochure sur La croyance aux dé-
mons au pays de la Bible. Dans sa préface l'auteur nous avertit
qu'une grande partie des matériaux mis en oeuvre dans son:travail
.

a été rassemblée parmi-la population arabe et appartient au bien


commun du m'onçle musulman ; certains des éléments rassemblés
ici sont de la période hébraïque qui suit l'exil ; d'autre proviennent
d'une civilisation plus ancienne.
Après une courte mention des bons esprits, l'auteur traite de l'o-
rigine des djinns ou mauvais esprits, de leur vie, de leurs noms, de
leurs classes, de leur influence. On sent que le Dr. Canaan nous livre
les observations directes qu'il a pu faire parmi les populations su-
perstitieuses.
;

JAUSSEN.
Le, Saulchoir.
'".''
Son livre est à mettre à côté des Etudes palestiniennes du P.,

P. SYNAVE,
:,"'-.'
.0. P.

IV.'— INDO-EUROPÉENS et EXTREME-ORIENT

Ces dernières années ont vu paraître trois manuels allemands


d'histoire des religions dignes d'être largement connus. Leurs au-
teurs ont conscience de faire oeuvre très actuelle, soit qu'ils aient
des visées apologétiques dans un esprit catholique ou protestant,
soit qu'ils veuillentrépondre (comme dans celui de Glemen) à la curio-
sité universelle, excitée par le mouvement religieux du présent,
pour tout ce qui regarde les religions. Ils partent d'abord de la

(1) Cf. Rev. se. ph:th., juillet 1928, pp. 506-50S, ;

(2) Ibid., juillet 1929, pp. 520-521. ,


(3) Dr. Taufik CANAAN, DàmonenglaubeimLande der Bibel, Leipzig, HinricliS
1929 ; iii-8, iv-64 pp.
522 BULLETIN DE SCIENCE 'DES RELIGIONS

notion de la religion en soi, et de ses formes préhistoriques ou « pri-


mitives » (au sens ethnographique) et arrivent aux religions « uni-
verselles », avec ou sans le judaïsme et le christianisme. Nommons
tout d'abord Anton ANWANDER, qui donne des aperçus généraux,
très bien ordonnés et agréables à lire, pour initier des cercles étendus
parmi les catholiques allemands, avec des vues fréquentes sUrie
présent (1). Une introduction sur la religion en général est suivie
de l'histoire des « religions de nature», puis des « religions de
culture», pour aboutir à la « religion surnaturelle». ' -;"'..
-
Le pasteur. Alfred BLUM-ERNST a remanie l'ancien manuel de
WURM,estimé en Allemagne, en développant surtout les chapitres
consacrés aux religions qui subsistent encore et spécialement celles
de l'Inde, où l'auteur a passé quelques années de sa vie (2). Lui
aussi garde continuellement les yeux attachés aux problèmes mo-
dernes (Bouddha ou Christ — Krishna ou Christ ; — Christianisme
ou Islam), mais sans traiter directement de la religion révélée, et
il fait des résumés soignés des diverses mythologies, dont le plus
original est celui de l'Inde, avec l'espoir qu'une étude consciencieu-
se des religions les plus imparfaites servira au Règne de Dieu.
Le Prof. Cari CLEMEN, avec le concours de nombreux spécialistes
qualifiés, présente au grand public les « Religions de la terre1» ( 3) ;
après l'exposé de ses idées (qui ne coïncident pas totalement, comme
on le suppose bien, avec celles des auteurs ci-dessus) sur la religion
préhistorique et la «religion primitive», viennent les études sur
les « religions nationales » et les « religions mondiales » ; nous ana-
lyserons celles qui touchent à la matière de ce bulletin.
Nous avons jusqu'ici peu de chose à communiquer sur les rapports
.présentés au Congrès d'histoire des religions qui s'est tenu à Lund"
en août 1929, . .

I. -.'ORIGINES " '"'.''


Études générales. — Signalons là publication, en 1928, d'un
ouvrage de J. KARST sur l'histoire primitiv, 1' thnograpîrk et les
religions des Méditerranéens et des Asiatiques, c'est-à-dire les Li-

(1) Anton-ANWANDER, Die Rêligwiich der Mchschheit, xvm-567 pp., iii-8,


Herder, Freiburg, -1927. Vingt-neuf illustrations et une carte. De la p. 454 à 54.5, .
' tin Lesebuch instructif de documents religieux.
(2) WURM, Handbuch der Rcligionsgcschichlc in durchgreifender Neubear-
beitung, von Alfred BLUM-ERNST, Pfarrer. Stuttgart, Calwer Vel'eilisbûclih&hd- ,

lung,1929 ; in-8, 647 pp. ' ' ''".-'


(3) G. GLEMEN. Die Religiohene der Erde, ihr Wesen und ihre Geschichte,xii-
515 pp, gr. in-8, 135 illustrations. Muncheh, Bruchmann, 1927 ; publié par Cle-
men et d'autres nombreux spécialistes. Nous désignerons cet ouvrage par les
JettreRE.
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT " 523

gures fet Ibères, les Proto-Illyriens, le groupe Lélège-liittite-ala-


rodien (*).

Egéens et races du Nord. —Les fouilles françaises du palais


de M allia (voh bulletin de 1929) ont révélé trente-deux nouvelles
inscriptions minoënnes, avec de'nouveaux symboles hiéroglyphi-
ques et dé nouveaux groupements de signes, qui, joints aux soixante
'douze trouvées par EVans à Cnossos, ont mis CHAPOUTHIER à même
d'écrire sûr «les écritures minoënnes »'( 2) un livre qu'on annonce
et qui marquera un pas nouveau vers l'interprétation de ces gra-
phiques; dont le déchiffrement nous apprendrait, à ce qu'on peut
espérer, tant de choses neuves.
Axel PERSSON à étudié un cénotaphe, le seul de l'époque mycé-
nienne connu jusqu'à ce jour, qui a été trouvé dans une nécropole
dé la fin de l'âge mycénien explorée à Dendra en 1926-1927 (3) ;
comme là chambre funéraire où il a été découvert contient des restes
d'animaux sacrifiés, mais pas un seul ossement humain, on peut en
conclure que les "Mycéniens, comme plus tard les Grecs, érigeaient
des céhotaphes pour y appeler l'âme d'hommes trépassés au loin ;
et deux pierres-idoles du genre des menhirs sculptés d'autres pays,
ainsi que la table de sacrifice excavée, rappellent la culture méga-
lithique de l'Ouest et du Nord plutôt que la religion Cretoise. P. voit
dans ces pierres le substitut des défunts ; ce seraient là des survivan-
ces de la vieille culture indo-européenne, subsistant au milieu des
rites indigènes, et un nouveau témoignage du mélange de races
d'où les Grecs sont sortis.
Notons en passant que SCHROÎDER (R.E., y.'inïra, chap. « Europe
barbare») tient pour un fait établi que les Indo-Europeens ont eu.
leur centre de rayonnement dans la Russie du Sud. GROUSSET
(HEO, pp. 6 ss., y. infra), énumère, sans choish catégoriquement,
toutes les théories qui font varier leur centre de dispersion depuis
le Turlcestan chinois jusqu'à la région du Danube, en remontant
au Nord jusqu'à la Lithuanie ou la Sibérie occidentale. On ne le
cherché donc plus guère (sauf en certains cercles allemands) sur

(1) Le. titre est: J, KÀKST,. Gruhdsieihe zu eiher Miiteilàndisch-Asiahischeh


Vrgéschichic, Ethiiographische Zusamineiibânge der Liguro-Iberer und Proto
Illyrer mit der Lelegisch-H^titisch-Alarodischen Volkergruppe erwieseh in
Topoiiymie vôlkischer Onomastik und vergieichender Mythologie.
(2) Eernand CHAPOUTHIER, Les écritures mihoennes au palais, de Mallia, vn^
99 pa^es gr. in-4, avec huit planches et 36 figures, Paris, Geutiiner, 1930 (tpine
II des Etudes Cretoises publiées par l'École française d'Athènes, sous la direction
de Ch, Picard et P. Roussel.)
(3) AxelW. PERSSON, Ein mykenisches Kenotaph in Dendra, ARW,^ XXVII,
H, 3.-4, 1929 («Beitrâge.» de Stockholm), pp. 395^394, C'est le premier rapport
qui soit venu à notre connaissancedu Congrès de Lund.
524 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

les rives Ouest delà Baltique et Est de la mer du Nord, berceau de


la « race nordique », laquelle n'aurait élé qu'assimilée.
H. R. HALL a publié des conférences sur la civilisalion de l'âge
du bronze en Grèce X1), où il décrivait entre autres choses les poteries
Cretoises, et relevait les éléments mycé. icns pénétrés à Tell-el-
Amarna, ou en Chypre, ainsi que les commencemenf s de la sculpture
àchéenne, et les travaux des Mycéniens pour leurs envahisseurs.
L'ouvrage dé FRAZER sur « les dieux du ciel » fut traduit en 1927
par Pierre Sayn ( 2) ; le chapitre H traite du « culte du Ciel chezles
peuples aryens dans l'antiquité », et parle des Iraniens et des Hin-
dous védiques en même temps que des Grecs et des Romains.
Il nous plaît de signaler, à propos du culte préhistorique du soleil
que l'on a reconnu depuis longtemps chez les populations néolilhi-
- ques du N- O. (enceinte de Sto.nehenge en Angleterre), une curieuse
étude de l'archéologue MERLET ( 8) à propos d'une enceinte de mé-
galithes qui se trouve dans l'île d'Erlanic, sur la côte du Morbihan.
Elle est bien plus grossière et plus archaïque que Stonchengc, mais
là aussi, le regard, orienté par le centre d'une aulre enceinte assez
éloignée, (et dont l'axe principal est dirigé vers le lever du soleil
au solstice/d'hiver), trouverait à l'horizon un menhir qui, d'après
des calculs astronomiques, marquerait le point solstitial d'été
du Vie millénaire avant Jésus-Christ ; Stonehenge ne date que de
3000-2500. Ainsi le culte du soleil aurait subsisté aux bords de l'At-
lantique plusieurs, milliers d'années, et précédé ce qu'on trouve
d'analogue en Egypte. On voit la portée qu'aurait pareil fait pour
la science, s'il est bien confirmé et arrive à s'appuyer sur d'autres
découvertes — et quelle consolation cela apporterait à M. Salomon
Reinach £
Hittites, Etrusques. —• GARSTANG décrit l'histoire, l'expansion,
les mefeurs., la religion de l'Empire hittite^), en dehors même de
la perspectiye-de l'histoire égyptienne et assyrienne.
H.H. VON DER OSTEN a publié un rapport préliminaire des explo-

(1) H, R. HALL, The Civilisation:Of Greûct in the Bronze Age. XXi.i;-S02:pp^


370 illustrations, ,et2 cartes, Londpn, Methùen," 192,8. .{Conférences: données,en:,
1923 àÉdinbourg), ' ' ' ' :
(2) James George FRAZER,LCS Dieux du Ciel. Traduit de l'anglaispar Pierre
SAYN, 359 pp. petit in-4, Paris, Geuthner, 1927. (Le çh.' IVtrâite.del/Exti'êmér
Orient, Chine, Corée, Ànnam).
(3) René MERLÈT,Peut-on calculer, à l'aide de Vasu-onomic, Iq'dàle îapprVMma-
y
iive de [Certains monuments mégalithiques Mémoires'de laSociété, d^histoirext*
d'archéologie de Bretagne, 1929, t. X, n° 2, pp. 13-26, Reniïesèt Paris,
(4) John GAKSTANG, The Hittite Empire, SS/ÏI,-364pp. iil-8, Londoji, Çonsta-
ble,1929. Richesillustrations.—: Signalons L. VmjKVôTxïKj Eléments dé-la langue
hittite, volume paru en 1929, Paris; MâisonneuVé.
^ iNDO-EÛROPÉÊNS ET EXTRÊME-ORTENT 525

rations, en Asie-Mineure héthéehne (*), "et un autre sur les explora-


tions de 1926 en Anatolie centrale (2)- qui contient entre autres
choses intéressantes l'étude d'un ancien bas-relief phrygien, et des
vues sur les rapports de l'Anatolie avec l'Egypte, au temps du
Moyen-Empire (par T. G. ALLEN).
Il y a deux ans déjà que TROMBETTI (3) a fait paraître dans une
grammaire les résultats qu'il estime avoir obtenus dans le déchif-
frement de la langue étrusque.
H.DEBARENTON, étudiant le texte étrusque de la momie d'Agram.^)
qu'il traduit et commente, traite du rituel funéraire ou «.Livres
àchérontiques » des anciens Etrusques, dont on connaît 1- impor-
tance pour la religion romaine, de leurs mystères religieux, et de
leurs migrations.

2. — GRÈCE ET ROME.

Fouilles. Ouvrages généraux. ^- Deux nouveaux tomes ont


paru sur les fouilles de l'Ecole française d'Athènes à Délos ; l'un
de BOURGUET sur le trésor des Athéniens (B), l'autre de Ch. PICARD
et P. DE LA COSTE-MESSELIERE sur les trésors ioniques (c). -— Les
comptes rendus de l'exploration de Délos se sont enrichis d'un vo-
lume de PLASSARD (f) sûr les sanctuaires et les cultes du mont
Cyiithe.
Signalons les deux ouvrages historiques de CAVAIGNAC sur le

(1.) H.H. VONDEB OSTEN, ExploratiollsinHittiteAsiaMinor, 1928.(Oriental


Instiiuie Communications,Chicago,n° 2. Uni\'ersity Press).
(2) IDEM, Explorations mCentral Analolia Sedson of 1926, xix-167 pp. in-4°.
..
planches et figures nombreuses, 1929 (University Press, Chicago, Oriental
~InslituiePublicalions,yol.'\t.)
(3) Le titre est: A. TROMBETTI, La lingua etrusca : grammaticâ, testi con
commento, saggi de traduzione interlineare, lessico, XIII-237 pp. gr. in-8,1928.
(4) H. DE BARENTON, Le texte étrusque de la momie <f il;)7'<H7!,RittieIfunéraire
ou «Livres Achérontiques » des anciens Étrusques, 1929, in-8.(«Études orien-
tales », n° 6). - -
(5) E. BOURGUET, Inscription de l'entrée du sanctuaire au trésor des Athéniens.
École fr. d'Athènes, Fouillesde Delphes, t. III, Epigraphie,fasc. 1,1929.
(6) Ch. PICARD et P. DE LA COSTE-MESSELIËRE,Les trésors ioniques. Ecole
fr. d'Athènes, Fouilles de Delphes, t. IV, Mon. figurés, sculpture, art archaïque,
fasc. 2, 1929.
(7) A. PLASSARD, Les Sanctuaires et les cultes du mont Cynthe, Exploration
archéologique de Délos, t. XI, 1929.

...
REVUE DES SCIENCES, — T, XIX., FASC. 3, -^ 34.
026- BULLETINDE SCÎENCE DES RELIGIONS

monde méditerranéen jusqu'au ive siècle avant notre ère i1), et


d'ALBERTiNi sur l'Empire romain (2).
Eh anglais, ROSE a donné un manuel de la mythologiegrecque (3),
sans l'approfondir philosophiquement, mais en la rendant attrayante
pour'le grand public par les nombreuses comparaisons avec les
contes populaires ; des notes satisfont les érudits.
EARP nous montre « la voie des Grecs » (4), c'est-à-dire leur mo-
ralité et leur religion telles que les révèle la littérature, en insistant
beaucoup sur le pouvoir que là tradition exerçait sur eux.
ANWANDER (5) consacre soixante-dix pages à la Grèce et à Rome ;
il note les analogies de la religion de Rome primitive avec celles
des anciens Germains ; il décrit l'époque du syncrétisme comme «la
plénitude des temps ».
PFISTER, dans le manuel de Clemen (6), pose à la base de la reli-
gion grecque la notion d'orenda (mana) ; c'est une « Mischreligion »
formée à l'époque mycénienne ; les héros sont d'anciens dieux, ils
ne sont pas tous chtoiiiens,et leur culte se distinguait originairement
de celui des dieux beaucoup plus par sa moindre extension que par
sa nature ;-Homère était un évhémériste avant la lettres(Pour Romè^
v. infra). .
MAGNIEN veut préciser la théologie et la foi des Grecs qui se ca-
chaient sous la mythologie et les cérémonies.rituelles(?) ; c'était,
d'après lui, un système métaphysique de macrocbsme-microcosmë
se rattachant à l'Egée, à l'Egypte, à l'Asie. Dans l'homme il y a
le corps, le Nous et la Psyché, celle-ci comprenant le Thymos et
l'Epithymia ; les « Souffles » (pneumata) font agir ces forces les
unes sur les autres ; et telle est aussi la constitution de la cité, de
la terre et du monde. Ces forces, quand on les considère comme iso^
lées, deviennentles dieux ; en réalité, elles sont toujours et partout
identiques ; M. entend appuyer sa thèse sur des passages philoso-
phiques d'auteurs dé différentes époques. Poséidon est le : nvEVfiq
des eaux, Ariemis-Britomarlis est la force qui présidé aux naiSsab-

(1) E. CAVAIGNAC, Le monde.médiicrtanéeti fmqu'au IV* siècle ubàht JésUS-


Christ, 1929, t. II, de l'Histoire du monde, publiée sousïa direction d'Ë. Cavai-
gnac. i '.;.".- :

(2) E. ALÈÈRTINI, L'Empire romain, 1929, t. IV àeYHistoire générale, publiée


sous la direction de Halphen et Sagnae.
-
(3) H. J.ROSE, AHandbookofGrcekMylhology,ix-361pp.London,Methuen,
1928,
(4) F. R. EARP, The Way of tlie Greeks, vn-223 pp., Oxford University Press,

(5) ANWANDER, op. laud., pp. 364-436;


(6) Fiiedrich PFISTER, R. E., pp. 153-231, sur la Grèce et tlome,
(7) V. MAGNIEN, Noies sur l'antique théologie grecque,dahs L'Acropole, Paris,
Janvier-juin 1929 et juillet-décembre 1929. '.-'""'
-, INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 527
ces, Athena TritogeneiaYair illuminé,le souffle lumineux descendu
d'en haut, et qui produit la pensée, etc. (!).

Usages et croyances. Sentiment religieux et superstition.


Magie. -^ Le livre de WEINREICH, spécialiste des miracles païens,
intitulé « Prière et Miracles » (2), est formé d'études qui concernent
aussi bien la critique littéraire que la religion, et l'époque romaine
que la Grèce. Dans une première partie, consacrée à l'« égoïsme dans
la prière», il étudie deux vers de Téreiicé dans l'Ajiib7"a,qui expri-
ment la prière naïve, d'une esclave pour sa maîtresse, et il conclut
qu'ils manifestent un sentiment bien romain, et ne proviennent pas
de Ménândre, le modèle du comique latin. Chez les Grecs on con-
naissait bien l'« apopompè » et 1' « épipompè », pour détourner un
mal. menaçant sur : des ennemis, ou sur des êtres non-humains ;
mais chercher à lés^renvoyer sur des voisins ou le premier venu,
comme dans VAndria, c'est Un sentiment d'égoïsme rustique qui
existe bien à toute époque, mais s'affirmait plus ingénument dans
la dévotion romaine, — La partie la plus longue traite de 1' « ou-
verture des portes «surnaturelle, dans les miracles, prodiges ou
incantations de l'antiquité, du judaïsme et du christianisme. Elle
se fait pour l'entrée ou la sortie invisible d'un dieu, ou pour la dé-
livrance de captifs. D'Homère à Xénophon, Tacite, Josèphe, Apulée,
etc., ces prodiges se multiplient, et ils sont particulièrement dé style
dans le cycle de Dionysos, dont W. rapproché, après beaucoup d'au-
tres auteurs, les libérations miraculeuses des Actes, des Apôtres.;
(il concède, p. 144, que ces récits ont bien pu naître spontanément,
sans dépendance littéraire, chez les premiers chrétiens, mais juge
qu'ils s'étaient imposés pour égaler la nouvelle religion à l'ancienne,
sans examiner la solution des croyants, la plus simple de toutes,
que les faits se seraient bien passés ainsi). Il trouye beaucoup d'ana-
logies chez les peuples païens non classiques, Hindous et autres,
et dans les légendes et romans païens, juifs et chrétiens. Noter
(p.241, s.) les recettes, avec figures à l'appui, de Héron d'Alexandrie
(un ingénieur du iie"-s,"ay. J- C. édition Schmidt, I, p. 714 ss.) pour
l'ouverture automatique des portes des temples au moyen d'un
dispositif à eau ou à air chaud ; c'était donc un « nriracle » courant..
ARBESMAN ,élève de Pfister, étudie le jeûne chez les Grecs et lés
Romains (â). Il rattache le concept du jeûne (vnareia, jejuniûm)
et les notions qui souvent y équivalent (comme celle d'ayvoç) à
1' « orehda ». Ces abstinences ont un but positif, augmenter la force

(1) Le même âuteiir a publié « Les Mysières d'ElèusiSileùîs origines, le rituel


de leurs initiations », 224pp. gr. in-8, Paris, Payot, 1929.
(2) OttoVVEiNREicn,Gebetund Wunder,298 pp.in-8,Stuttgart,Kohlhammer,
1929. (Einzelausgabe aus Genetlùiakon Wilhelm Schmid, Tûbinger Bèitràge
ziir Altertums-wissehschaft,Heît 5). ".
(1) P. R. ARBESMAN. Das Fasten bei deh Griechen iihd Rômerh, vni-131 pp,;
Giessen, Topelmann, 1929 (RGW^, B. XXI, H. 1).
528 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

f
de or enda du jeûneur, et négatif, celui d'éviter les forces démonia-
ques nocives cachées dans la nourriture et la boisson. Ainsi, le
jeûne augmentera le pouvoir d'un magicien, préparera à l'extase ;
plus tard, les Orphiques, et lés écoles philosophiques presque toutes,
en ont fait une ascèse, un moyen rationnel de perfectionnement ;
la médecine populaire, puis la médecine savante, l'ont beaucoup
employé dans l'antiquité ; mais la notion qui parait la plus essen-
tielle et la plus généralement admise est celle de la valeur « àpotro-
péique » ; c'est l'origine des interdictions orphiques et pythagori-
ciennes, des prescriptions alimentaires des flammes romains, etc.
L'interdiction fameuse des haricots (pp. 53 ss.) résulté-de motifs
de cegenr..',;bien prosaïques et bien mystiques à la fois : lés « flatus:
ventris » qu'ils occasionnent troublent les entrailles et le sommeil,
et amènent des cauchemars, donc une entrée en contact avec le
monde dangereux des morts et des esprits Ce livre dont la partie
théorique n'est pas, on le voit, spécialement originale, est surtout
intéressant par les détails instructifs qu'il groupe sur l'interdiction
de tel ou tel aliment, comme le porc plein d'orenda, etc., l'étude
du jeûne dans les mystères, dans les cultes d'Isis,Mitlira et autres,
et par ce qu'il nous apprend sur l'ascèse des philosophies et l'hygiène
des écoles médicales antiques.

Deux ouvrages maintenant sur la ôei'tJiSat/xovl-g,. qu'il n'est pas


très exact detraduirepar» superstition ». BOLKESTEIN (dâhsRGYV)
analyse point par point le caractère du « deisidaimon » de Théo-
phraste (2). L'épithète n'avait pas de sens défavorable chez les au-
teurs plus anciens (p. ex. Xénophon) ; et chez Thëophraste, où nous
voyons qu'elle commence à en prendre un (au moins chez certains
écrivains), elle ne caractérisa pas un homme qui s'occuperait des
« démons » plus que des dieux, car « theion » et « daimonion »
étaient
alors synonymes, mais qui a vis-à-vis des dieux une attitude faite
essentiellement d'anxiété et de crainte, menant à de vraies hantises ;
ses croyances sont celles de tous les autres •—en partie sans douté
celles de Théophraste lui-même —, il n'y met pas non plus de tar-
tufferie, mais il a toujours peur que les dieux ne lui fassent du mal
s'il omet le moindre rite cathartique, comme si, dira Plutarque un
jour,il ne croyait pas les dieux meilleurs que nous, comme le veut
la véritable piété (evasfleia) ; d'ailleurs ses scrupules ne sont nul-
lement de nature éthique. Il est bien « superstitieux » à notre sens,
non à celui des Grecs. Il en fait trop, et fait tout à contretemps.
L'auteur se permet à ce sujet une observation piquante contre la
théorie de Zielinski qui voudrait trouver Chez les Grecs; une « reli-
gion d'amour » opposée à la « religion de crainte » des Juifs (p. 4).

(1) Hendrik BOLKESTEIN, ïheoplwasiës' Ùharakter der beisidaimohia, èi pjj;,


Giesseh, Tôpelmann, 1929 (RGVV, XXI, 2).
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT ' .529

Notons une dissertation intéressante (pp.50 ss.) sur le sens dé té-


léiè, té las, (org ia) qui signifiaient d'abord tout simplement l'accom-
plissement d'une cérémonie religieuse^ avant de passer au sens de
« ïhystèré » par l'intermédiaire de l'idée de « sacrifice » de purifica-
tion, comme les Mystères" en exigeaient tant ; Htppocrate l'entend
des rites magiques des guérisseurs. Ou encore ce trait que la « deisi-
dàimon» se soumet chaque mois, âvec-sa famille obligée à lajsuïvre,
aux rites.des « orphëotélestes », sans être,pourtant orphique ; c'é-
taient, comme la plupart des autres « purificateurs, xaBâoTai », dès
bharlatans ordinairement sortis de la lie du peuplé, et voilà pourquoi
Théophraste se moqué de son homme, qui va partout pour se puri-
^lièr.'Notons encore (pp. 23-30) le sens de « nQooxvvsïv » Chez les
Crrécs ; Fauteur établit qu'ils se mettaient bel et bien à genoux pour
prier, mais pas devant les hommes comme les Orientaux, et guère
dans le culte des dieux de la cité, mais plutôt dans celui des dieux
infernaux, influencés par l'Orient. A la p. 70-71, Théophraste blâme
son dévot de « cracherdans son sein » en rencontrant un épileptique ;
hiaislamajorité des Grecs l'aurait certainement trouvé tout naturel.
':;La même année, KOETS, dans une thèse de doctorat, établissait
de son côté que là 'ÔEIOlôai/iovja ne signifiait d'abord que respect,
piété envers les dieux (l) ; il estime que c'est le dédain de la religion
populaire qui a donné à ce mot un sens péjoratif chez la plupart
des auteurs à partir dé Théophraste, pour caractériser des pratiques
exagérées et ridicules ; mais, chez d'autres, il a gardé sa significa-
tion favorable jusqu'au me siècle de notre ère.,

.
ZÏNGÈRLE, en étudiant les «^?soat» (2), cherche à élucider, en
-discutant des opinions de Weinreich, Ditt-enherger, etc., les prati-
ques des temples'où la littérature mentionne de Ces « oreilles» ou
«écoutes», qui étaient eh rapport surtout avec les divinités guéris-
seuses. A Epidaur-e, et Pergame, il y verrait des échos mystérieux,
comme Psellos attesté qu'il y en avait,un à Nicomédie,. Peut-être
la raillerie dé Lucien (Icarûménippe,. 25) se rapportait-elie à ce
sens.
QLOVER, à propos des Bacchantes d'Euripide (?), attribue à ce
/tragique, un genre dé sentiment religieux qui n'est pas celui qu'on
lui reconnaît d'ordinaire. Le poète athénien, sails doute après avoir

(i) P. J.KOETS. Aéiorôaifiovîa : A contribution io the knowledge of religious


terminology in Greece, xii-llO pp. in-8, Purmurend, J. Muusses, 1929.
.

.
(2) Josef ZINGERLE. Akoai, ARW, 1929, B, XXVII, JH. 1-2, pp. 53-56.
.
(3) M. R. GLOVER, The Bacchae, Journal pî Helleniç Studies, vol. XjVIX?,
'parti, 1929,pp. 82-89;:. ' .* ' /
' '.
530 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS
. -

vu en Macédoinedes formes extrêmes de la religion bàcçhiqué,vaurait


bien cru à la puissance surnaturelle de Dionysos, mais comme à
un pouvoir mystérieux, terrible et mauvais malgré tout son esthé-
tisme, qui n'est bon qu'à troubler sans ressourcé la Vie humaine ;
ce n'était pas un matérialiste du.xixe siècle; mais?uri Grec pessimiste,
qu'on voit dans cette riièce trembler devant l'inyisible. Là « sàn>
teté » prônée dans les Bacchantes n'est pas la pureté morale, mais
la soumission devant une présence surnaturelle.
HALLIDAY a traduit en anglais et commentëlës ((Questions grec-
ques » de Plùtarque X1')» qui, sans provenir dé sources bien Variées
(elles dérivaient principalement, selon lui, des ÏIo7vix£io\i d'Aristote), '
n'en contiennent pas moins le signalement de beaucoup de'fàits-
intéressants pour l'histoire religieuse.
On signale un livre anglais de LOWE sur la magie dàiis la littéra-
ture -gréco-latine (2), avec notices sur Médée, Clrcé, été,
Religion de Rome antique. — PFISTER (*) donne l'ancienne
religion romaine comme partie des couches les plus basses , dé la
pensée, se développant sous l'action des Etrusques, de la .Gran-
de-Grèce. Les dieux, voyant s'étendre leur domaine, se multir
plient par une sorte, de segmentation, et leur nombre s'enrichit de
créations proprement romaines, surtout d'abstractions personne
fiées. Puis vient l'influence de l'Orient, et l'histoire de la religion
romaine se fond dans celle de l'hellénisme et des cultes orientaux.
FRAZER (4) a édité les Fastes d'Ovide en cinq Volumes in-8Q,
illustrés et coûteux, avec texte, traduction et exégèse:

Mysticisme à Rome : "Virgile. — L'éternel et toujours pas^


sionnant sujet delà IVe Ëglogue de Virgile à inspiré deux nouveaux
ouvrages dé conclusions tout opposées. Parlons d'abord de celui
de GARCOPINO,- Virgile et le mystère de la IVe Ëglôgùê (Fji un livré
aussi instructif qu'agréable à lire. Ce mystère, pour l'auteur de La
Basilique pythagoricienne de la Porte Majeure .'(voir•Bull,,, 1927); :

-s'élucide encore par la néopythagorisme qui, à ï'ppoque de^îrgile;


imprégnait, comme jamais avant ni plus tard, la pensée romaine.
Il ne s'agit pas d'une naissance messianique et hiiràculéusë ; ce:
n'est pas Un Messie qui doive naître en Egypte (contre Norben,

(1) W. R. HAXLIDAY, The Greek Questions of Plularch,234pp. Oxford, Univer-


sity Press, 1928.
(2) Le titre: est : J. E. LOWE, Magic in Greek and'Latine Literature, X929.
(3) PFISTER, R. E., pp. 206-231.
(4) Titre : The Fasti of Ovid. Text, wilh translation and commentary by
.J. FRAZER, 1929.
(5) Jérôme GARCOPINO. Virgile et le mystère de la IVe Eclogue^; 221 pp. hi-12,-
Paris,!'Artisanau Liyre,'1930,
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÉME-OHIENT. : 531

ly. BulL 1926, p. 376 ss., et Boll), ni un écho d'Isaïe (Sabatier,


Ràmsày, al.), ni une incarnation divine pu un nouveau Dionysos
.(contre Gruppc, Sal. Rehiach, Norden, Jéanmaire infrâ) ; l'Églogue
ne contient pas non plus de louange à l'adresse d'Auguste, neuf ans
avant Actium Elle n'est pas davantage influencée par î'Orphisme,
!

qui n'avait plus alors d'existence indépendante. L'espérance mys-


tique dû poète a plutôt ses racines'bans les livres sibyllins influencés
-par les livres sacrés des Étrusques (Lactanee, Màcrobe), que les
Ibéopythàgoriciens avaient vulgarisés ;en dehors des vestiges de là foi
d'Ëtrurie, tout provient dans l'Eglogue dés conceptions propres de
cetteëcole : c'est la certitude mystique délapàlingénésie, et non plus
un espoir tremblant comme certains aimeraient à le voir à la fin
des quatre Ages d'Hésiode. Tout le canevas est pythagoricien : pro-
phétie de Cumes, série des « saecula » dont le premier, le « règne de
'Saturne », va renaître à l'expiration dû dernier, pour recommencer
la « Grande Année », dont la dernièrepériode, quimène au renouveau
sans catastrophe ni embrasement stoïcien, était,;d'après l'oracle de
la Sibylle, consacrée au dieu préféré duhéopythàgorismé, Apollon
.(« Tuûs jam régnai Apollo », non lé soleil). D'Enfant célébré
n'est qu'un bébé en chair et en os ; il ne sera nullement l'auteur de
lapàlihgénésie, mais il a la chance dé naître quand l'aurore en point
à l'horizon, dans le grand mouvement de confiance et d'pptimisme
que suscita à Rome, après tant de guerres Civiles, la paix conclue
â Bfindes entre Octave et Antoine (5-6Voçtobre.40); Usera comme un
gage du renouveau dont i l profitera comme les autres. La «Vierge »
ne-l'enfantepas, elle ne fait que « réapparaître » (Jamredit et Virgo),
elle qui personnifie l'idée'de la Justice et de l'Age d'Qr;(cfr. Gêor-
giqueSjIl, v. 473-474, Erigone), après que le soleil a quitté la constel-
lation dé la Vierge, dont il voilait la splendeur, pour entrer, dans le
signe de la Balance ; — en l'an 40, l'Epi (l'étoile la plus brillante de
la Vierge) caché depuis le 23 août, reparut,d'après les calculs d'Hof-
manb, aUx premières heures du 5 octobre. Cet enfant n'est pas
Julie, ni Marcellus — ni les jumeaux de Cléopâtre (Norden, Jean-
maire, Éisler, hypothèse « qui se moque delà critique » et'de la chro-
nologie, p. 162) ; Virgile eût fait un impair en célébrant une postérité
dé Cléopâtre et d'Antoine,quand ce dernier venait d'être fiâhcé
par là paix de Brindes à Octavie, soeur d'Octave. Ce n'est qu'Un
,
fils de Pollion, un certain Saloninus, très inconnu par ailleurs, né
quand son père, non encore destitué du,consulat, était à Salohe en
Dalmàtie, où il faisait la guerre ; parce qu'il était alors séparé de
sa femme et du nouveau-né, Virgile a écrit, au v, 62 : « Qui non
"; risere parénti » (au singulier, la vraie leçon) sans associer, ie père
à la faveur de ce sourire (x).
L'indice nous paraît tout de même un peu faible, et il y. a des

-
(1) Macrohe, dif C, avait déjà pensé à ce Saloninus sans le nommer (Satpr*
nqleS(Uli7-&), et demême là plupart 4?s anciens,
.
53.2 BULLETIN DE SCIENCE DES B.ELIGÏÔNS ...

quantités d'objections qui se présentent contré cette négation de


l'interprétation commune par une « naissance divine «.Mais 'Car-
copirio les résout ainsi. Aux vers 8-10 :
Tu modo nascenti puero, çuo ferrea priniuni
Desinet, ac toto surgét gens aurea mundo,
Casta fave Lucina....,
le relatif quo-ne serait qu'un « ablatif d'accompagnement», non d'a-
gent. Au vers 50, le « nulantem mundum ». ne signifie pas que; le
monde chancelle, mais qu'il gravite harmonieusement, comme l'a
vu Pythagore (preuves linguistiques à l'appui). Au vers.7 :
Jam nova progenies coélo démittitur altoj
la «nouvelle postérité» n'est pas un individu nùuveàu-né, mais
une, génération nouvelle qui verra l'Age d'Ôr.Carcbpino remarque
quéNorden n'a trouvé aucun texte antérieure Virgile et aux chré-
tiens qui le fonde à dériver leur croyance dé la religion égyptienne
1 de I'« Aion » (p. 81). Au vers 49 :.
Gara deum'su&oZes, magnum Jovis incrementum,
il est signifié tout simplement, non qu'il va naître un nouveau dieu
fils de Jupiter,mais que le Zeus unique des pythagoriciens, père des
dieux; et dés hommes,aura un nouveauîils qui sera grand ; « subôles »
et «incrementum.» ne marquent que cette «addition » à'ia ©ivinité
(conçue alors comme un Panth'e? cette idée est une dè'béllés qui
nous paraissent le plus douteuses). — Pourétablirlathèse, 11 faut
prouver encore que TËglogue est postérieure à la paix dé Brindes •
Carc. s'en acquitte dans une longue dissertation historique (p. 107'
et ss) ; il met la date du poème en octobre-novembre 40, un mois,
après le traité ; Virgile l'aurait improvisé en quelques jours, dans
ratmostphère de joie répandue.en Italie par cet événement ; Pol-
lion, qui était alors occupé en Dalmatie, avait été désigné comme
consul dès 43, et il occupa sa magistrature aux débuts de la paix,
dans le cours du dernier trimestre de 40, avant d'être déposé préma-
turément. Ainsi tout s'accorde, et l'églogue. est « inséparable de la
paix de Brindes, comme du pythagorisme ». L'ouvrage se termine
par, l'histoire de l'interprétation de TËglogue ; si les événements
' démentirent bien vite l'espoir du poète, ces beaux vers n'en restent

pas moins un témoignage toujours émouvant de sa foi, de son idéa-


lisme et de sa tendresse.

Tout à l'inverse est l'interprétation de JEANM AIRE, Le Messianisme


de Virgile (1), Nous en parlons en second lieu, quoique cet Ouvrage
ait été composé un peu avant l'autre et n'ait pu s'y référer qu'à la
fin de l'impression, dans une «Note additionnelle »•; car l'auteur

(1) H, jEANMAiREjLeJfeswa^z'sniede V;>^7e,216pp.ïii-8b,Paris,Vrin, 1930;


-
Z- ;>;- INDO-EUbOPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT Ô33
-

y fait de la controversé contre Carcopino, (qui avait déjà exposé


ses idées, à quelquéS.nùiances près, dans, la Repue dés éludes latines,
Janvier-Mars, 1929, et Connaissait aussi celles de son contradicteur,
proposées dès 1923). Jeanmaire nie la chronologie donnée ci-dessus ;
il ne peut s'agir du.fils de Pollion, né à là.fin de l'été 40, mais l'églo-
.gùe'daté d'un an plus tôt, de la fin de 41, -au plus tard du début dé
40, elle coïncide avecTinauguration du consulat de Pollion, (cfr.
Carcopino, suprà), et chante la naissance imminente d'un Enfant
divin, selon une prophétie messianique dont l'accomplissement tom-
bera dans l'année dû ce consulat. Il ne peut donc être question dé
la paix de Brin des et de la vague d'optimisme qu'elle aurait amenée ;
une preuve subsidiaire, c'est que rÈpode.XVI d'Horace, franche-
ment défaitiste etrévélatrice.d'un pessimisme profond dans lasociété
de Rome (J. donné à la Un du livre le texte et la traduction de ces
deux poèmes) apparaît J., pour des raisons de critique littéraire,
:
être une réponse àl'églogue (et non vice-versa), et qu'elle ne peut
.être plus ancienriéquè la première moitié de l'an 40, avant-la paix.
L'événement qui inspire Virgile n'est donc pas le traité de Brindes,
mais la célèbre rencontre à Tarse d'Antoine avec Cléopâtre, ,c'est.
à-dire du Nouveau Dionysos — qui resta très populaire, et sous cet
'aspect, jusqu'à Açiium —, et de la nouvelle Isis — identifiée à la
«Vierge céleste »-*r% dont l'union donnera naissance à un petit dieu
«magnum Jovis'incr.ementum». Aux pages 185: ss. et. ailleurs, l'au-
teur appuie ses dires sur l'histoire des enfants du Romain et de l'É-
gyptienne, sur là prétention qu'affichèrent leurs parents pour eux
à-IâboyaUté universelle, et sur la nature des plantés (égyptiennes
et dionysiaques) qui,entourent le berceau du nduveau^né ; celui-ci,"
réalisant une apocalypse sibylline qui a prédit des bouleversements
dont une naissance miraculeuse doit donner le signal, verra l'univers
danser d'enthousiasme (nutantem) comme Un bâcchant, il grandira
et mûrira au milieu-de divers signes prodigieux, jusqu'à ce que ce
héros virgilien ait atteint l'âge de clnquahté-six ans (combinaisons
.
d'astronomie et de,philosophie, de spéculations orphiques, de théo-
ries mill naristes étrusques et d'idées pythagoriciennes au sujet
des naissances et de la Grande Année) ;;alors il deviendra in actu
le Sauveur de l'Univers entier ; ainsi, par réaction, l'Églogue porte
témoignage du triste état présent des choses. Dans l'incertitude de
.
TaV.ênir, l'Opinion "romaine flottait entre Octave et Antoine, et la
Sibylle égyptisâit.. Octave n'eh doit pas moins recevoir un hom-
mage en passant, dans la personne de son protecteur Apollon (« Tuus
jam régnai Apollon), mais il existait d'ailleurs Une doctrine orphique
sur un règne d'Apollon-Hélios-NouveauDionysos à là fin des temps.
Comme on le volt; Jeanmaire ne se fie pas aunéopythagorisme ; il
fait appela une mystique hellénistique commune, qui aurait pris un
grand essor grâce Ma politique d'Antoineet de Cléopâtre. les domina-
teurs possibles dé l'avenir, et il se rapproche ainsi des conceptions
de Norden (Die Geburt des Kindes), et de plusieurs autres, parmi
lesquels on s'étonnerait de ne pas trouver Ëisler, « dont la prodi-
534 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS, "',

gieuse érudition touche à tous les sujets,et qui en arenouvélé;:piu-


sieurs »(p,15,note), lequel voit dans Fégloguebiie allusion aux ora-
cles sibyllins fabriqués en Egypte avant la naissance -d'Alexandre -• ;
Hélios, le fils de Cléopâtre. Jeanmaire y va mêmèbussi de sa petite
hypothèse (pp\M59 ss:) sur les Évangiles delà Nativité du Christ,
(Carcopino a eu, lui, le bon esprit de s'en dispens|r) ; ' ily reconnaî-
trait l'emprunt, fait vers la fin du i r siècle, de^certains éléments
à quelque ouvrage égyptien traitant en forme didactique ou pro- ,
phétique delà vie merveilleuse d'un héros messianique.
Malgré tout ce que la thèse, prise en bloc, a dé contestablepu de
trop ingénieux,ellè offre un vif intérêt par les yuésîqu'ellè développé
sur un sujet à côté, l'essai fait par Antoine et Çlèùpâtre d'iniposér '.;.
au monde une monarchie de droit divin rayonnant de l'Egypte, au
moyen du plus « audacieux » des syncr.étismes,l'ëpiphâbie dé dieus *
anciens souslès traits des maîtres du jour —qû-ii soit Vrai où non
que les oracles les eussent favorisés en Occident. Le chapitre sur
le «Règne dé Bâcchus », qui aurait été ainsi renouvelé, est à lire
(pp. 119 et suivantes). Les Bacchanales si durement réprimées au
ne siècle avant Jésus-Ghrist(Tite-Live)auraient caché un mouvement
apocalyptique,» qui avait conquis déjà l'Egypte dés Ptolêméës
où l'on croyait à l'incarnation de Dionysos dans lés. souverains.
C'est ce qui servit de base à la politique d'Antoîhes tandis que son
vainqueur Auguste, par réaction, montra toujours beaucoup dé;
prudence en ce qui concernait le culte de sa propre personne;. An-
toine avait été le dernier des potentats hellénistiques. Mais, plus
tard, dans la folie divine de Caligulà, coïncidant avec l'octroi dé
ses. faveurs à Isis„ on pourrait voir une réaction « antohiènné »
contre la formule gréco-romaine du culte impérial opposée à la for-
mule gréco-briéntale des Lagides. "."-.'•
Voilà au moins deux nouvelles pièces importantes versées à un
débat fâmeùî, qu'elles ne cloront sans doute ni l'une ni l'autre.
Culte des empereurs. — La distinction essentielle dont nous :

parlait Jeanmaire entre cette apothéose à l'orientale, dans laquelle


aurait donné Virgile, et le culte proprement romain dés empereurs,
institué à partir d'Auguste, est bien mise en lumière .par l'article
de BICKERMANN sur L'apothéose impériale romaine (^Eh principe,
la religion d'État romaine n'admet pas qu'il y ait dans les princes-
l'épiphanie d'une divinité déjà existante (comme c'était le cas ;
pour les diadoques hellénistiques) ; mais pour elle un homme ne '
devient dieu que s'il est enlevé de la terre au ciel (comme Romùlus).
C'est pourquoi, au 1er siècle, il fallait la production officielle d'un
témoin affirmant avoir vu l'envol au firmament de l'aine glorifiée ;

(i), Elias BicKERMANN, Die rSmische Kaiserapotheose: ARW, 1929, XXVII?


|-2, pp. 1-34,;: ;';" ;
"
"
;
v .
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 535

à partir, du ne, depuis l'apothéose de; Trajan, la « Gonsecratio »


posthume n'a lieu qu'après des seconde funérailles, où l'on brûle
un simulacre en cire du défunt ; il n'en reste naturellement rien,
pas un os, alors on peut dire qu'il a été enlevé de ce monde ; cette
fiction, qui suffit au.décret du Sénat, est un « charme par analogie ».
Ce genre d'apothéose est attesté par des médailles, des textes litté-
raires, des monuments. Tout cela n'est valable que pour'le culte
public ; car la dévotion privée pouvait adorer des souverains vivants,
comme épiphanies de dieux, à la manière hellénistique ; et. c'est
même ce qui arrivait régulièrement dans les provinces, quoique,
officiellement, les hommages ne dussent s'adresser qu'au « genius »
de l'Empereur, ou bien à l'empereur lui-même seulement en tant
que dépositaire de la force civile qui gouverne l'oikoumènè. Le reste
n'était pas « romain »; César, en devenant « divus Julius » était
un dieu spécial et nouveau ; Caligulà et Commode, en prétendant
être des incarnations d'Olympiens, passèrent à Rome pour ce qu'ils
étaient, des fous. L'auteur note bien cependant qu'il y avait assez
de manières détournées pour diviniser les vivants ;mais l'apothéose
directe et officielle se réglait sur des lois assez strictes," et elle prit
même un caractère éthique, équivalant à une sorte de « jugement
des morts » prononcé par le Sénat,

Cultes et croyances à travers l'Empire. — Dans la nouvelle


édition des « Religions orientales » de CUMONT,-signalée par nous
l'an dernier, l'Appendice qui décrit «les Mystères de Bacchus à
Rome» (pp. 195-204) (*) montre bien Comme les croyances bachi-
ques, au témoignage des incriptions et des sarcophages, avaient
imposé leur forme, surtout dans les classes peu cultivées, aux espé-
rances d'immortalité bienheureuse. Ce qu'il faut d'ailleurs bien dis-
tinguer de 1' « orphisme » grec, religion dû passé. — Le même auteur,
.dans une étude qui nous transporte en Syrie, au temps des Anto-
nins, décrit lé sarcophage d'un enfant (2), dont les sculptures mon-
trent, la courte vie et la mort prématurée les Champs-Elysées qui
l'attendent, et où il paraît avec les attributs d'Héraklès, qui avait
gagné le ciel par ses labeurs. C'est un témoin de la spiritualisation
alors assez répandue des idées rsur l'Au-Delà.
Signalons, pour autant qu'il touche aux cultes, le livre, paru il
y a trois ans, de GRAINDOR qui décrit « Athènes sous Auguste » (3).

(1) Franz CUMONT. Les Religions orientales dans le Paganisme romain,


Quatrième édition, xvi-339 pp. in-4° couronne,16planches, 13 fig. Paris, Geuth-
ner,-1929. '
(2) Franz CUMONT. Un sarcophage d'enfant trouvé à Beyrouth. Syria, 1929,
3, pp. 217-237.
(3) P. GRAINDOR. Athènes sous Auguste, x-259 pp. in-4», Le Caire, 1927 (Re-
cueil de travaux publiés par la Faculté des Lettres de l'Université égyptienne.
§3â :. BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS V
,

Nous avons une bonne étude de R. ToNNËAUsur YAr'lémis éphé-


Sienne et son culte au 1er siècle dé notre ère (r). Elle commence p al-
la description de la ville et de son fameux temple, d'aprésles textes
et les fouilles, et cherche à fixer les transformations delà célèbre sta-
tue pplymaste (à multiples mamelles), depuis le fétiche vénéré sous
un chêne au temps des Amazones (Callimaqué); eiipâssànt par le:
« Xo.anon » que rappellent des figurines éphésienneS, jusqu'au type -
classique, doiltla polymastie, emblème de la fécondité (donne.même
à des dieux masculins : Zeus de Labrandï) ne réihôhté peut-être
pas au-delà dû sj'iicrétisme commencé du temps d'Alexandre. Puis
l'auteur étudie la nature de là déesse, qui régna sur le ciel, la terré,
les animaux, les femmes en couches, les eaux et la navigation. C'est
un mélange dé l'Artémis grecque et des Déesses-Mèresanatolienhés,
comme l'a vu Picard (Ephèse et Claros), commencé par les premiers
colons ioniens qui avaient identifié leur Artémis, déesse dé la fécon-
dité, avec là divinité locale. La légende qui la fit naître à Ôrtygie,
comme un des deux jumeaux de Léto, n'est qu'une transposition
du mythe apollinién de Délos. Si, comme son homonyme grecque,
elle protégait les vierges, c'était en vue de la fécondité dé leur ma-
riage futur. Suivent des détails sur les sacrifices célébrés par.16 « col-
lège des Courétes » à Ortygie, lesquels étaient peut-être accompagnés
de mystères et d'initiations (Strabon), sur les cortèges et processions,
les jeux à Ephèse, devenus un thème des romans grecs. Au temps de
Saint Paul, l'ancien grand prêtre eunuque, le « Megabyze», n'exis-
tait plus, elles prêtres étaient supplantés par un collège dé prêtres-
ses, tenues à une virginité temporaire. Cultes de dévotion privée,
mots barbares des « ephesia grammata » employés'par les devins
.
et les prêtresses, et gravés sur des parties de la statue.; Enfin, quel-
ques mots sur les autres cultes éphésiens, de Dionysos, Hermès,
Zeùs, des empereurs.
s
Nous ne pouvons encore rendre compte du livré de BOULANGER
SUT l'Hermétisme (2). — BIDEZ. dans son écrit sur Michel Psellus'l?),
a édité, comme on sait, un texte de Proclus interprétant philosophi-
quement la magie, et traitant de la « sympathie » comme fondement
de l'astrologie et de toute la manttque.

(1) R. TONNEAU, Ephèse au temps de saint Paul, Revue Biblique, 1929;, pp. 5-
34 et 321-363. , ;.''
(2) A. BOULANGER,. Hermès, Rapports entre l'hermétisme et le -christianisme,
.

1929. (Coll. «Christianisme » de Couchoud, n» 35), 1929, - .. - -


(3) J. Bï-ùÈz, MichelPsellus, Bruxelles, 1928 (V. bull. 1929,.p. 532). .
ÏND.0-EUPR0PÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 537

3. —EUROPE BARBARE.
Il est'passionnant d'explorer ce terrain, mais on s'y trouve tou-
jours perdu dans des champs de ruines, où l'on n'a que trop de li-
berté de construire des hypothèses. La pénurie des sources et des
monuments antiques n'est pas compensée par l'étude du folklore
médiéval ou moderne, car il reste souvent trop difficile de décider
( et ceci vaut surtout pour les Slaves), si les traits les plus intéres-
sants sont d'origineindigène ou méridionale, des vestiges d'anciennes
croyances païennes (presque toute la « haute mythologie » ayant été
anéantie par la christianisation avant l'apparition de la plupart
des documents écrits), ou d'un christianisme altéré par la supersti-
tion. Les plus sérieux chercheurs le reconnaissent en général ; mais
la récherche ne se ralentit pas.
Celtes. — ANWANDER ne consacre que quelques pages, parmi les
« Naturreligionen », aux Celtes,Germains et Slaves (x). — CLEMEN-,
traitant des Celtes dans son manuel, ne fait guère qu'effleurer le
sujet ( 2) et se borne à peu près à ce que nous en apprennent les
anciens et les monuments gallo-romains. Il insiste beaucoup sur
les dieux de fécondité et les rites de fécondité, distingue les Druides
(peut-être préceltiques) des prêtres proprement dits, et, d'après Stra-
bpn, qui leur attribuait la croyance à la victoire, future de l'eau et
du feu, ce que paraît confirmer un document irlandais du temps dés
Vikings, il chercherait volontiers en terre celtique la première idée
du « Crépuscule dès dieux ». ,
Une monographie assez étendue a été écrite (dans la Revue de
l'hist.:des rei.) par LINCKENHELD sur Sucellus (le dieu au marteau),
et sa parèdre la déêssè Nantosvelta (3) fort connus dans l'archéologie
celtique.des Gaules. Mais ils manquent dans les pays danubiens,
où l'on trouve par Contre Dispater (cfr. César) etHerecura, qui jouent
sensiblement le même rôle, chaque couple sur son territoire. Aussi
L. les identifie, c'est une. double désignation du même couple divin,
dont lé caractère est à la fois domestique, chtonien, infernal et sidé-
raï.L'auteur rapproche Sucellus-Dispatér de. Sylvain (non du Thor
Scandinave ; d'ailleurs « Taranis» en est bien distinct, c'est le dieu-
cavalier, non le dieu au maillet), et Nantosvelta-Herecura des
« ïnatres » (4).

(1) ANWANDER, op.laud., pp. 110-132..


.
(2) CLEMEN, R. E.; pp. 233-242 : Die keltische Religion.
(3) E. LINCKENHELD, Sucellus et Nantosvelta, RHR, janvier-février 1929,
pp. 40-92. .
(4) LiNCKENHELDadémontréqueTaranis,ledieuduciellanceur delafoudre,
.était le « Cavalier au Géant » (dans l'« Ann. de la Soc. d'histoire et d'archéologie
dëLorraine», 1929). — LemêmesavantaétudiéXesj/mftoh'smeasïrûZdes stèles
funérairesgallo-romainesdes Vosgeseide l'Illyrie. Revue celtique, 1929, pp. 29-49,
B38 BULLETIN DE SCIENCE DÉS RÈLiGIONS

W. KRAUSE a donné dans les Lectures Bertholet une deuxième


,
édition augmentée du cahier des Celtes (1). Elle comprend trentetrois
morceaux, tirés; des auteurs classiques et des littératures irlandaise.
et kymrique, qui n'ont été rédigées malheureusement que longtemps
après la conversion des Celtes, et toutes deux très évhémérisées, la
seconde surtout. L'archéologie renseigne aussi, pour la GaUle prin-
cipalement, mais il faut se défier des mélanges chrétiens du folklore.
Successivement défilent les textes gréco-latins, les dieux irlandais
(ex. gr. Dagda, je principal des « Tuatha Dee Danann » et sa fille
Birgil), le Royaume des morts et les Iles des Bienheureux (« femmes
delà mer » identiques aux Nixes des Germains, Morrigan,l& déesse
femelle et peu aimable des champs de bataille, etc. le sombre
royaume des morts de Procope dans l'Atlantique), les « chaudrons
de fécondité (çfr. la « cuve à brasser la bière » de l'Edda) et les ré-
surrections qui s'y opèrent, les Druides et leurs idées (préceltiques ?)
enfin la divination, les charmes et la magie (armes parlantes, etc.).
En général, lé compilateur caractérise ces pièces de valeur inégale,
qui vont de la poésievisionnaire à un style de glosesarides,commel'oeu-
vre de races à la sauvagerie débridée, trouvant leur volupté dans
les sens, mais aussi pleines des aspirations d'une imagination bril-
lante vers un Au Delà de beauté et de paix ; les voyages aux îles
mystérieuses, en particulier, sont parfois d'un charme littéraire très
prenant.
La « Revue Celtique » donne un long article sur le « dieumourani »
dans la littérature brittonique, par Mary "WILLIAMS (2). ILs'agit de
Lieu (ou Llcw), fils de Gwydion, le dieu-magicien, et d'Arianrod,
dans le Mabinogi de Math vab Mathonwy. L'auteur y voit un dieu
du grain, et le compare à Tamuz, Adonis, Attis, avec une infini-
té d'autres "rapprochements, parmi lesquels il né faut pas oublier
le Balder Scandinave. D'autres motifs, comme celui de la conception
merveilleuse, se retrouvent dans ce mythe.
LOOMIS retrouve.dans la littérature arthurienne de Bretagne et
1

du continent des mythes naturistes du Soleil (s).


Germains.— Sur les Germains nous savons sans doute un peu
plus de choses, mais ce n'est pas encore un ensemble, bien assuré.
SCHRÔDER, (dans le mahuel Clemen) (4) fait leurs ancêtres indo-eu-
ropéens, au milieu du 11e millénaire ou plus tard, émigrer de la Russie

(1) Wolfgang KRAUSE. Die Reltch, 2" éd., vi-46 pages, BertholetRL, Tùbin-
gen, Mohr, 1929.
(2) Mary WILLIAMS.- thé « Dyiiig God » in Welsh lilèfature, Revue Celtique
t. XLVI, 1929, pp. 167-214. '

(3) Roger Sheririan LOOMIS. Celtic Myths and Arthùtian Romance, xli-371 pp.
in-8, New-Yôrk,Columbia University Press, 1927.
(4) Ffanz Roîf SCHRÔDER. Die germanische Religion, ILE., pp. 243-260.
ÎNDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT êàS

du Sud(probablement) vers le Nord-Ouest, où le mélange avec les


populations primitives donna naissance à là race des Germains.
Dans leurs religions il faudrait distinguer, plusieurs couches .-d'a-
bord la « germanique.» propre où dé là multitude des démons se
développèrent les grands dieux ; ils né vinrent pas de l'Orient, Ziu
à peu près seul é1 ait une ligure indo-européenne, mais déjà des in-
fluencés Orientales s'étaient répandues dans les mythes et rites de
fécondité. Ensuite, aux environs de notre ère, Vinrent les influences
méditerranéennes, helléniques, celles des cultes astraux; d'elles
sortirent la croyance au Wallhalla ; que lés Germains aient connu
la « Grande Année», une preuve s'en" trouverait dans le nombre
des « Einherjer » (héros morts compagnons d'Odin) qui sortent au
nombre de 800 par chacune des 540portes de "Wallhalla (800 x 540
;.= 432.000, nombre babylonien). Ainsi Hèimdallr, le mythe de
Baldér, la fin du monde (d'une période du monde), le loup Fenris
Vinrent de l'Orient. Thor et Wodan étaient venus avant eux de la
frontière celto-germanique ; que ce dernier soit originairement un
démon des morts, peut-être identique à sou cheval Sleipnir qui les
emporte sur son dos, c'est là, pour Seh.,un des résultats lés,plus
sûrs dé la science. La Vôluspa a pu incorporer des traits celtiques ;
mais le noyau de ce chant, avec ses mélanges helléno-chrétiens,
remonte au temps de la migration despeûples ; la création duinpnde
.avec les débris du Géant Ymir peut se comparer au mythe mani-
chéen, et le «sacrifice rl'Odin » aurait une origine chrétienne.
; Lé même SCHRÔDE : a aussi réédité et élargi ses « Germains » de la
rcpllection Bertholet (*), où il utilise les principaux témoignages
gréco-latins antiques et médiévaux, et principalement les textes
nordiques des Eddas et des sagas. L'on possède assez peu de docu-
ments sur les Germains de l'Ouest (et de l'Est et du Sud) ; -mais il
;y a les Nordiques. L'auteur â compilé 57 morceaux, sur : les dieux,
r^ le commencement et la fin du monde, — la culte et la magie,
^-là fin jusqu'au christianisme ; il y a compris naurellement ceux
qu'onrélit toujours avec le plus de Curiosité, comme le rapt par Odin
-dela boisson poétique, l'histoire de Balder, la Vôluspa, la.descrip-
\tion du sanctuaire d'Upsal dans Adam deBréme, les sacrifices d'en-
fants royaux à Odin (dans le Heimskringla),etc. lia choisi pour la
ViéilIé;:Edda le texle de Neckel, pouf l'Edda dé Snorri et lé Ileims-
kringlà,celui de Finnur Jonssori, et:il a cherché surtout à mettre
bien en relief ce qui peut servir à l'étude des religions comparées,
avec là conscience de faire ainsi quelque chose de nouveau et de
nécessaire.

Oh bote quelque réaction contre les idées reçues dans l'étude de

(1) IDEM, Die Gertnanéhi 2° édition, vi-77 pages, Tûbihgen, Mohr, 1929(
(Bertholet RL). ...:-
540. \ BULLETIN DE SCIENCE DÈS RELIGIONS

P HERRMANN sur le sacerdoce chez les vieux Germains (Vj. Ilprend


comme type de ceux-ci l'ancienne société islandaise, « arïstOTdémO-
cratique » avec un certain communisme ; la royauté n'a. vraiment
existé parmi eux "qu'aux premiers siècles de notre ère. Aussi'n'admet-"
il pas qu'il se soit établi une différence (de fait), de religion.entre
l'aristocratie Scandinave (Odin): et le peuple (Thprj, d'autant plus -
que les sealdes, chantres d'O.din, n'étaient que des transmetteurs
de traditions, sans beaucoup d'esprit inventif. La sacerdoce était
en conséquence essentiellement laïque celui dû père de famille
pu du chef, sans doctrine secrète comme celle de la caste des Druides,
cela même dans le Nord ; et s'il y eut des prêtres proprement dits
pour desservir les « Sanctuaires ». des confédérations cultuelles,
ils n'absorbèrent pas, même à l'époque romaine^ les fonctions reli-
.

gieuses et restèrent des fonctionnaires subordonnés aux chefs laï-


ques. Les places sacrées étaient d'abord les tombeaux, dès rochers^
des sources, des cours d'eau ; des poteaux, des arbres, des. forêts fu-
rent consacrés d'abord aux morts, puis aux dieux,; et les"premières
« images » étalent.-des poutres, des tas depierr:es>
dés représentations
d'animaux aumilieu des bois. Les grands lieux deculte furent surtout
des forêts dans l'Europe centrale, des montagnes en .Scandinavie ;
quant aux « temples » ornés de statues, ils n'apparaissent-qu'à l'é-
poque romaine et furent sans doute spécifiquement nordiqes, ceux
d'Allemagne ((malgré Tacite qui parie d'un temple & .Isferthus)
n'étant vraisemblablement que des enceintes à ciel ouvert qui.méri-
taient à peine; ce nom. Depuis le 11e siècle, les troupes germaniques
au service dé l'Empire se mirent à''faire des inscriptions votives, à
'l'instar des Romains, c'était de l'imitatioii.L'ouvrâge.traite encore
des trésors des temples, des fêtes des temples, delà divination ré-
servée aux femmes, des runes et des incantations ; la croyance au
mauvais oeil et les conjurations d'esprits montrent dans le Nord un
contact avecles Lapons et les Finnois ; les « sOrt.s » pour le: tirage
desquels les Germains usaient de petites branches: d'arbre (Taéite)
trouvent leurs analogies chez des peuples non-gernianiq.uès dn Sud-
Est, Alains et Scythes, (qui furent voisins dès Gôths). Le swastikà
et le triskèle; 'fréquents comme amulettes (symboles du soleil ou du
feu?) seraient des emprunts remontant à l'âge du bronze ancien
(1500 av. J. C.). — Il y a, croyons-nous, dans cet ouvragé, surtout
pour ce qui concerne les âges archaïques, à prendre quelque chose,
mais aussi à laisser ; le point dé départ paraît restreint-et-arbitraire^
Dans le bulletin-de VArchtv fur Religionswissenséhàfï où ICAUF-
MANN critiqueles,ouvragesparus au cours de ces dix dernières années
sur la religion germanique ( 2) (nous les avons pour la plupart slgna-

(1)Paul HERRMANN. bas'altgermahîsche-Priesteru>ùschy&b'px>.iû^%-,&^^i


Vi-
gnettes, Iena, Didericbs, 1929;
(2) Fr. KAUFMANN, Altgermanische Religion, ARW, XXVII, 3^4, 1929,-pp.
$34^345, - '
'"
'
:';r
ÎNDÔ-.EUR.OPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 541

lésbu recensés), jenote surtout le courant d'opinion qui tend à rat-


tacher des fractions importantes de la mythologie et du culte à l'hel-
lénisme et à l'Asie Antérieure (Neckel, Schrôder, Jostes, al.). K., qui
fait là-dessus ses réserves, note que Jostes (v. notre bulletin 1927,
pp. 355 ss.) a poussé ce système à l'absurde. — D'autre part NECKEL
dans son livre populaire « Germains et Celtes » (^a tenté d'opposer
U"e barrière à la « celtomanie » qui menace, paraît-il, d'envahir la
science allemande (2).

Dans ces conflits d'hypothèses, il est précieux de posséder une


monographie exactement scientifique sur l'une des religions des
Germains en particulier.
PHILIPPSON vient d'en fournir une, sur le Paganisme anglo-saxon,
qui nous paraît assez bien répondre à ce souhait (8). Il cherche à
déterminer ee que les Saxons, Angles et Jutès envahisseurs de la
Bretagne, avaient connu sur le continent, ce qu'ils en avaient con-
servé et perdu, et ce qu'ils empruntèrent d'étranger. Ses moyens
d'investigation comprennent naturellementl'histoire, l'archéologie,
lalittérature et lé droit, la mythologie et le folklore, mais comme tout
cela, en bloc, donne assez peu, l'auteur recourt de préférence — et
il a raison faute de mieux — à l'pnomastique et à la toponymie ;
et là encore il faut bien distinguer, comme du reste dans le folklore,
ce qui est breton indigène ainsi que ce qui a été importé tardivement
chez les Anglo-Saxons par les envahisseurs nordiques du ix-xie siè=
clés. Les troispeuples, Saxons (successeurs des Chauques deTacite)*
Angles et Jutes étaient tous des Germains occidentaux, non deâ
Nordiques (à la différence des habitants actuels du Jutland) ; ils
occupaient, dans l'ordre indiqué, les côtes de la mer du Nord, depuis
le pays des Frisons, leurs parents, jusque vers le Nord de la pénin-
sule danoise. Saxons et Angles appartenaient à la confédération cul-
tuelle des Ingvéons (« Ing », dénomination extraite de là, fut une
épithète nationale de Tiwaz ou Ziu, leur dieu primitif indo-européen
"du Ciel, appelé aussi Saxnot, qui était déjà, lors de la migration,
supplanté par Wodan) ; cependant leurs rites religieux différaient,
car les Saxons enterraient leurs morts, tandis que les Angles pra-
tiquaient la crémation, venue du Sud avec la croyance à l'Hadès.

(1) GustaV NECKEL. Germanth und Iletieh, 142 pp. in^j Heidelbetg, Wihtef,
1929. ;
(2) A. Haggary'KrtAppË,dans ses Etudes de Mythologie et de folklore germani-
ques: (VIII, 191 pp. in-8, Paris, E, Leroux,.1928) pose souvent la question deia
communauté d'origine des légendes germaniques et celtiques, — Signalons du
même auteur « Déuxépisodés de provenance celtique dans la Greilissaga », saga is-
landaise du xme siècle (Rev. celtique, 1929, pp. 130 ss.).
(3) Ernst Alfred PHILIPPSON. Germanisches Heidentum bei den Atigelsachseh)
239 pp., in-8°, Leipzig, Tauchnitz, 1929.
REVUE DES SCIENCES. — T. XIX*, FASC. 3 — 35,
54-2 BULLETIN bÉ SCIENCE DÉS RELIGIONS'

Les Bretons furent pratiquement expulsés d'une assez grande région


au Sud-Est par les Jutes (venus par les pays du Rhin inférieur) et
par les Saxons, mais, dans toute le reste du pays,succèssivement con-
quis, le mélange des races celtique et germanique s'opéra dans des
proportions Variables ; seulement, comme les Bretons, en se faisant
chrétiens, avaient déjà perdu toute leur « haute mythologie », il n'a
guère pu en passer dans la religion des envahisseurs ; lès emprunts
dé ceux-ci aux indigènes se borneraient à l'héritage dé lieux sacrés,
à des traditions de basse mythologieet de magie non encore étouffées
(ainsi les magiciens s'appelèrent chez eux Dry = Druides), Quant
aux tracés que lés Danois laissèrent plus tard de leurs conquêtes
passagères, lorsque les Anglo-Saxons étaient déjà christianisés, elles
se bornent à quelques formules et légendes, etià un - certain nombre
de noms, surtout de localités ou de personnes (par exemple ceux qui
contiennent le nom mythologique de « Thor ».j ou encore la forme
actuelledu nom du j eudi, Thursday). Les Anglo-saxons de l'invasion
ignoraient les figures et les mythes Scandinaves les plus caracté-
ristiques, comme les dieux Loki, Freyr, et aussi Bàlder (même sous
le nom prétendu de Phol, du moins on ne peut prouver lé contraire).
Si le joli mythe de Balder est composé de deux couches, l'une formée
;

de rites.anciens de végétation, venus dJAsie-Mineûré à une haute


époque (et comprenant peut-êtrela mort rituelle du (iieùnommé plus
tard Freyr, et le meurtre rituel du prêtre de Freyr), l'autre étant
une transpositiontardive du culte d'Adonis, les AnglO-saxons n'au-
raient connu que la première ; du reste le cultedes Vanes, adorés en
Orient parlés Goths et transmis aux Scandinaves, n'àlaissë en An-
gleterre que fort peu de traces ; il y a bien chez eux des vestiges
certains d'un culte d'une déité de la Terre, analogue à là Nerlhûs
de leur ancienne patrie, mais le nom lui-même deva.it être oublié.
D'ailleurs leurs déesses bien reconnues sont très rares : Bostre (l'Au-
rore?), Sunna, Erce, Frig (Freya est une étrangère), et' Weyrd,
déesse du sort, (qui devint triple par contamination des Parques
romaines, les « weird sisters » de Macbeth). De commun avec les
Scandinaves, ils avaient cependant le culte de WMeh (Odin), les
guerrières "Walkyries (Waelcyrian),et l'idée du Walhaïla XValholl)
pour les morts des champs de bataillé, luttant avec celle du funèbre
Hel des vieux. Germains. Quel était donc, en somme, l'aspect positif
dé la religion d'Angleterre ? Au plan inférieur on trouve les géants,
les nains, les dragons gardiens de trésors, lès démons des marais
( conime le farouche Grendel du Beewulf, celui-ci nommé d'après-
un démon du grain, Beow, étranger aux Nordiques) ; mais les Mer--
maids ou ondines du folklore actuel paraissent d'prigiHë roniàiio-
celtique.Le culte des animaux est oublié, et ilb'y a pas de raison de
penser que les héros légendaire Hengist et Horsa -(deux noms pour
«cheval») aient des noms de totems, ou. doivent mm plus être
assimilés aux Dioscures, ces noms pouvant venir des chevaux sacrés
qui étaient peut-être des hypostases d'Ing et de Tiw, (comme nous
savons qu'il y en avait de tels à.Upsal, consacrés à Tyr et à Freyr).
ÎNbÔ-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 54'è '
.

Lés ancêtres légendaires des tribus étaient héroïsés, sans qu'on dé-
couvre à proprement parler de « culte des ancêtres ». Le culte du
Soleil subsistait, pùique l'Église a. dû l'interdire, mais il n'avait rien
de spécifique et remontait à l'âge de bronze européen commun ; le
jeu national du foot-ball se rattache à ses rites (pp.106 ss). Les An-,
glb-Saxons paraissent avant tout des adorateurs dés Ases (et non
des Vîmes). Parmi ces grands dieux, Dunor, venu autrefois des peu-
plades voisines des Celtes, était sans doute un ancien démon du ton-
nerre (soit Fjorgynn, cfr. Perkunas lithuanien) grandi du fait de sa
parenté avec le celte Tanaros ou Toranis ; il ne nous offre rien du
caractère pittoresque que prit le brave Thor des Nordiques. Le dieu
céleste indo-européen Tiw subsistait (Tuesdqy,mardi, jour de Mars,
après l'adoption du calendrier romain, qui se substitua au babylo-
nien) ; mais il était effacé par Wodan. Celui-ci n'est pas européen,
ni même -germanique commun, car les Germains orientaux l'igno-
raient ; c'est un démon de la tempête et des trépassés, qu'il entraî-
nait dans la « chasse sauvage », pendant les douze nuits du Jul
réservées au culte des morts et à la «Wilde Jagd » ; comme Dunor,
il paraît être devenu dieu à la frontière celtique, aussi quelques-uns
l'pnt-ils identifié au gaulois Esus (pour les Romains, tous deux étaient
Mercure). Son culte s'est étendu avec les conquêtes, des Germains
dël'Ouest, puis il à passé vers le 1er siècle aux Scandinaves, qui l'ont
appelé Odin. Il n'a rien à faire avec la fécondité ; ses deux aspects
sont celui de dieu des morts et de la guerre, de dieu des runes et de
la magie. Jamais les Anglo-saxons n'en ont fait un dieu du ciel, et
il n'a été créateurdu ciel chez aucun peuple germanique ; seulement,
comme il donnait la Victoire, il a passé pour l'ancêtre des guerrières
famillesroyales. —-Dans le domaine du culte, on sait que les prêtres
étaient guérisseurs, et c'est même là que Philippson voit l'origine
du pouvoir attribué aux rois d'Angleterre (comme à ceux de France)
de guérir les écroûelles en les touchant. Les Anglo-saxons, si l'on
s'en rapporte à Saint Grégoire, avaient pour temples de véritables
maisons, (à l'imitation des églises chrétiennes). Au printemps, temps
du commencement de la guerre, se célébrait le grande fête de Woden ;
il y en avait d'autres à l'automne, sans doute au solstice d'été, et
au Jul, fête des âmes ; celle du début dé l'hiver était la principale ;
elles étaient accompagnées de banquets, de buveries, de sacrifices
d'animaux, mais on ne découvre pas de sacrifices humains, malgré
quelques indications (dans les chroniques et Beovralf) du fait que
les armées ennemies pouvaient être « dévouées » à Woden. Les malé-
fices, les charmes amoureux, la superstition du «mauvais oeil»
étaient fort répandus. Surtout les Anglo-Saxons croyaient au « sort »
(Wyrd, devenu les Parques) ; la soumissionà FAnankê leur inspirait
le mépris du danger et de la mort, mais aussi l'esprit de mélancolie
trop résignée qui imprègne leurs anciennes poésies, et qu'il serait
faux d'attribuer chez- eux à un culte, des Vanes. On ne connaît
pas leurs idées sur la destinée du monde ; ont-ils eu des poèmes dp
genre de la Vôluspa, qui seraient perdus? peut-être, était-elle pour
Ui BULLETIN DE SCIENCE DÈS RELIGIONS

eux aussi incertaine que le sort de l'homme aux derniers temps


avant leur conversion, celui du passereau, comme disait leur Vieux
prêtre, qui traverse la salle éclairée de ce monde pour passer « de
Même in hiemem ».
Rappelons que Magnus OLSEN a publié dans la « Revue d' histoire
desreligions », juillet-août 1927, ses conférences dePâris : « Magie et
culte dans la Norvège antique ».

Slaves. Finnois. •— K. H. MEYER traite chez Clemen dé la re-


ligion des Slaves (x). Lui aussi, vu la pénurie delà documentation et
l'origine incertaine du folklore, s'attache surtout aux considéra-
tions linguistiques, qui peuvent nous révéler avec une certitude re-
lative les notions religieuses que les anciens Slaves possédaient ou ne
possédaient pas. Il y avait chez eux une collectivité d'esprits bien
avant aucun panthéon. Le mot employé pour « dieu », bogù (procu-
reur de richesse) nous rapproche de l'indo-iranien. Au reste, barmi
les Slaves du Sud, il n'apparaît pas un seul nom divin qu'on puisse
croire originel. Ceux de la Baltique se donnèrent un grand nombre
de dieux individualisés, surtout des déliés de la guerre, au cours
de leurs luttes sanglantes contre les Germains. Chez tous, il n'ap-
paraît pas grandes traces d'un culte du Ciel,de la Terre ou de l'Eau,
mais du Soleil (plutôt que de la Lune), et du Feu, Svarogu. Chez
les Russes, Perun, dieu du tonnerre, paraît n'être qu'un Thor sla-
visô ; Vélès serait un dieu des morts, devenu celui des troupeaux et '
de la maison,-à titre d'ancêtre. Il n'y avait pas anciennement, avant
le contact du christianisme, de diable individualisé (contre les théo-
ries sur un « dualisme » slave). Esquisse prudente, on le voit, ce qui
vaut inieux du reste que l'excès contraire.
Le manuel WURM-BLUM accorde quelques pages aux Finnois
d'Europe (2). Leur religion nationale était assez organisée à la fin
du xne siècle, où ils devinrent chrétiens, mais le Kalewala ne repré-
sente pas leurs croyances populaires plus que les-Eddas celles des
Scandinaves. Un dieu suprême, Jumala (Jubmal ches les Lapons,
Jummél chez les Esthes) règne au Ciel, assez abstrait ; au-dessous,
un monde fantastique d'esprits, et d'âmes des morts, qui se mêlent
facilement aux vivants, et pas souvent à l'avantage de ces derniers.
Magie développée,mais l'éthique n'est pas absente. Ukko (le « Grand
Père »), dieu delà foudre et époux delà « vielle mère » Akka,) efface
en fait Jumala ; on l'invoque en toutes les entreprises, il chasse
mauvais esprits et maladies, quand Akka ne le contrarie pas trop.
La Terre-Mère est invoquée pour la végétation, les divinités, des
eaux pour la pêche ; le maître du monde inférieur, avec sa laide
femme et leur fils, surveille les morts et aide à trouver les choses ca-
chées. II en subsiste beaucoup dans le Kalevala. - ,

(1) Karl H. MEYER. Die slatvische Religion, RÊ, pp. 261-272/


(2) WURM-BLUM, op. cit., pp. 533-535.
/. INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT '545
On a annoncé récemment une nouvelle traduction française de
I?ëpopée finnoise, par L. PERRET (X).

T
V
;
'i. — IRAN,ET ASIE CENTRALE.
Mazdéisme. — ANWANDER ( 2) donne vingt-cinq pages à la
Perse (y compris Mithra et là Manichéisme). Le temps de Zoroastre
dit-il, est incertain, mais c'était en tout cas une forte personnalité,
dont le rôle, par certains'côtés, ressemble à celui de Mahomet en
Arabie. -
/
' WURM-BLUM (3) comparerait ce réformateur, (qu'il pense avoir
.

vécu entre 1500 et 900, eii suivant Mills) à.Abraham et Melchisé-


dech, sauf son excès de légalisme. Il fait des Citations intéressantes
dés Gâthàs et d'autres passages avestiques. Zoroastre est le prophète
qui à transformé en antagonisme éthique du Bien et du Mal l'an-
cienne opposition physique du Feu-Lumière et des Ténèbres ; mais
le dualisme n'est pas encore déclaré dans les Gâthas.L'invasion des
conceptions babyloniennes étd'Anahita fit perdre au mazdéisme
son cara.çtèrè moral. L'ésçhatologisme des livres pehlvis a été pé-
nétré d!influences juives, chrétiennes et mahométanes, mais le
fond, eh est bien zoroastrien et antérieur au christianisme.L'auteur
admet l'ancienne croyance à la résurrection des morts, d'après
Théôponipe (théorie que le P. Lagrange nous semble avoir bien
ébranlée). Le culte des Athràvans tombe souvent dans le mécanisme
et là magie, au niveau moyen des religions païennes nationales ;
mais les Pàrsis actuels se défendent d'être purement « adorateurs »
du Feu; ::'-
CLEMEN", dans R. E., a résumé ses idées sur la religion perse (*)'.
Zàrathustra, vers l'an 1000, a mis au premier rang Ahura-Mazdà,
peut-être identique au Varuna de l'Inde ; auparavant il n'y avait
qu'une religion naturiste, dont un élément notable était le culte du
feu (comme dans l'Inde encore), sans exclure des personnifications
plus, ou moins abstraites bous un aspect, parmi lesquelles serait
Mithra, qhi, dans le traité des Hittites avec le Mitanni, apparaît
déjà cphime dieu lumineux de la fidélité. Plus tard, la déesse des
eaux, Anàhita, fut contaminée par Ishtar, et des rites païens de
végétation vinrent de Bâbylone, comme en témoigne en partie la
fêté des Sacâea. L'opposition, du Bien et du Mal, avec l'obligation
morale quiétait la caractéristique de laréformezoroastrienne,aboutit
finalement à un vrai dualisme. Le « Zervanisme », culte du Temps

'(•i) Titré : Le Kalevala, Introduction, traduction nôuyelle et notes par L,PER-


RET, 1928 {Qoïl. des Cent chefs-d'oeuvreétrangers).
(2) ANWANDER,.op. cit., pp. 276-299.
.
(3) ,'WHRJI-BLUM, op. cit., pp. 418-448.
..:,(4) CarlQLËMEN, Die persische Religion, E.
R. pp. 145-1(32,
546 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

Infini, est une attre déformation, attestée dès le iye siècle avant
notre ère, et qui paraît avoir dominé aux v-vie siècles après J.-G.
L'eschatologie à subi probablement, pour certains traits, l'influencé
juive et chrétienne. Les pages 160-1.62 touchent aux Parais et
Guèbres modernes, dont on nous décrit les fêtes de-"mariage, celles
du Jour de l'An et des Morts, le sacerdoce. Beaucoup sont tombés
dans l'agnosticisme ou la théosophie, (Pour lé, manichéisme, voir
ci-dessous).
BENVENISTE a publié en anglais un petit livre sur la religion des
Perses d'après les principaux témoignages grecs C1). Ils montrent
la complexité de cette religion, et son influence sur les systèmes hel-
lénistiques (par exemple là conception de l'« Aion »).; Mais ni Grecs,
ni Syriens, ni Arméniens ne connaissent l'enseignement des Gath£S
ni la.figure de Zoroastre telle que l'Avesta nous la présente ; le.
zoroastrisme ne pouvait être qu'un mouvement local à l'Est de"
l'Iran, qui s'était bien transformé quand il atteignitl'Iran occidental.
Hérodote parle de la vieille religion naturiste, Stràbpn d'un maz-
déisme dégénéré, et Plutarque (d'après Théopompe), du zérvanisme,
toutes formes religieuses de diverses périodes, et peut-être de divers
pays. -
WESENDONK a étudié l'entité avest-ique d'Aremati ( 2) (« pensée
obéissante », «dévotion ») et. conclut que cette abstraction de
Gâthas était peut-être originairement une Déesse-Terre, boni le
caractère avait déjà été effacé chez les Indo-Iraniens par. celui de
dévotion et de piété. On en trouve des traces dans l'Inde (l'Âramati
védique, également abstraite), et,entre autres, un texte du commen-
tateur médiéval du Rig-Veda, Sâyana, la désigne comme là; Terre, ;
bhumi. Le concept de piété peut facilement s'unir à l'idée de la
Terre-Mère chez des peuples de cultivateurs. De fait, chez d'autres
Iraniens, en Cappadoce, en Arménie, parmi les Scythes (témoin le
nom Artimpasa, formé peut-être avec une racine composante:comme
rita ou urtom, la règle éthique), on trouve, dit W,, la même notipn
de moralité avec les noms plus ou poins analogues. Et il y avait
des déités chtoniennes en Iran à l'époque achéménide ; chezles Scy-
thes du Pont, la Terre, Api, était l'épouse du ;GieI (Hérodote)*
et la mère divine de la nation. Ainsi, chez tous les; Iraniens, sans
parler de leurs voisins de Thrace et d'Asie-Minèure, pli constate la
vénération de la Terre. L'Avesta récent appelle bien la terre Zam,
mais cette pâle figure inventée par les. prêtres s'est effacée devant
le nom Aremaiti, repris comme synonyme. Donc ce caractère ori-
ginel d'Aremaiti a laissé des traces chez les Indiens,la tradition était

(1)' Emile BENVENISTE. The Persian Religion, according to thé chief Greek
texts, l-2'l pp. in-12, Paris, Geuthiier, 1929.
(2) O. G. .von WESENDONK. Arémati als arische Erdgotthëit, AR"Wf 1929,
XXVII, H, 1-2, pp. 61-76. "'
' INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 547

encore plus forte chez les Iraniens ; et la réaction opérée par les
Mages (lés» Chaldéens») contre la réforme de Zoroastre a ramené
cette conception populaire dans l'Avesta postérieur ; cela s'accorde
bien avec les vieilles données d'Hérodote sur la religion des Perses*

ScythéSi" Dans une collection « Skythika » commencée à Pra-


gue, lé savant exilé'ROSTOVTZEFF (^ a publié une étude archéolo-
gique surles motifs d'ornementation ou d'héraldique de style animal
qui se sont répandus de la Russie à la Chine. Pareilles études, et
surtout le grand ouvrage du même auteur, dont on annonce l'appa-
rition prochaine, sur « 7a Scythie et le Bosphore » (a), éclaireront le
problème très actuel des anciens rapports culturels et religieux
entrerËurope, l'Asie Centrale et l'Extrême-Orient, dont le royaume
scythiquédu Bosphore cimmérien et la Russie du Sud furent le
principal chemin. (Voir GROUSSET, ci-dessous).
Manichéisme. Peuples turcs. — CLEMEN (s), dans un chapitre
sur la religion perse, note bien la différence essentielle entre le dua-
lisme mazdéen et le manichéisme ; en cette seconde doctrine, lé
Bien et le Mal, émanant chacun de leurs sources respectives,mélan-
gent leurs éléments dans, lès mêmes êtres, et il s'agit de délivrer les
parcelles du Bien.
GROUSSET (4), dans son Histoire de l'Extrême-Orient(voir bull.
précédent), retrace les grandes lignes de l'histoire de cette religion
à travers l'Asie-Centrale ef la Chine. Dans ce dernier pays, elle pé-
nétra, après le mazdéisme, sous la dynastie des Tang (vri-viiie siè-
cle), qui avaient étendu leur empire vers l'Asie Centrale. En 753,
lerol des Ouigours,peuplè turc qui avait hérité des Tokhariens indo-
européens autour dé Turïan, et dominait la Mongolie,, fut converti
âlàfoide Mani, et cette nation, la plus avancée alors parmi les: Turcs,
devint protectrice du manichéisme, jusqu'au jour où elle succomba
sous les coups des Kirghiz (840) et abandonna alors le manichéisme
qui fut vite expulsé de l'Empire du Milieu. Le. lamaïsme exista
aussi chez les Ouigours, comme on peut lé Voir par un rituel magique
'' trouvé dans les fouiïlé,s de Tourfan (6). —A une date plus ancienne,

(1) M. I. ROSTOVTZEFF. Le centre de l'Asie, ta Russie, la Chine, et le style


animal;48 pp. in-4°, 11 planches,Prague, Kôndakov, 1929.
(2) Titre annoncé : Skythien und der Bûsphorus,-par M. ROSTOVTZEFF, traduit
du russe par E. PRIDIK; in-4 ; le premier volume doit paraître au cours de l'été
1930. v
,
(3) CLEMEN, R. E., çhap. cité. '
(4) René.GROUSSET, H.. E. O., pp. 351 ss., 356 s., 407 s. Lès Cumans ouPo-
lovtay du Sud de la Russie, qui avaient succédé aux Petchénègues, autre race
turque, se rattachaient aussi aux anciennes populations indo-européennes (To-
thariens)duTurkestah (Grousset), p. 408, n. 1).
(5) Ft yf-, K, MftLtÉR, Ein uigurisçlt-lamaistisches Zauberritual aps den
548 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

le grand empire des Tou-kiue ou Turcs qui avait couvert l'Asie-


Centrale et lutté contre les maîtres de la Chine, les Huns, les Sas-
sanides (vie siècle), paraît avoir subi principalement l'influence de
la culture irano-araméenne ;il s'était ouvert partiellement au boud-
dhisme, comme plusieurs des peuples mongoliquès voisins (l). Le
Nestorianisme aussi y avait fait des adeptes (a).
-

5. — INDE.
Etudes d'ensemble. — Tous les manuels signalés s'occupent
dé l'Inde avec une certaine prédilection, et s'étendent sur les mou-
vements religieux modernes de cette intéressante et inquiétante
contrée. ANWANDER l'appelle « le inonde des merveilles », et termine
par des pages claires sur «Bouddhisme et christianisme » (s).
STRAUSS (4) présente l'hindouisme comme un mélange d'idées
aryennes et dravidiennes. Il note la part considérable de l'élément
divin féminin surtout dans le Çivaïsme, s'étend sur la bhakli, et
montre chez les Alvars, prophètes sud-indiens des viie-ixe siècles,
la préparation à la religion du Bhagavata-Pourana. Il relève les
luttes entre le monisme illusionniste de Çankara et le vishnouis-
me dévot de Ramanuja, caractérise le vishnouisme et le çivaïs-
me (avec les diverses écoles çivaïstes et la secte des Lingayats),
la Çakti et les Tantras, la religion des Sikhs, et décrit les sectes
syncrétistes modernes avec la part de la religion dans le mouvement
d'émancipation politique.
BLUM (6) donne aussi une étude très complète dont nous relevons
quelques traits : l'idée de « Sauveur » s'est développée dans le brah-
manisme pour faire au bouddhisme une opposition plus efficace;
les rivalités d'école ont abouti à fortifier des divisons confession-
nelles, dont le rapprochement sous la notion de « Trimourli » n'a
été qu'un essai théorique ; détails sur les bhaktas, entre autres
Çaïtanya, (Bengale, xvie s.), prophète de la foi sans oeuvres ; sUr
les Lingaïtes, qui sont la secte çivaïte la plus remarquable, héritière

Turfanfunden, in-8, 1929. (Sitzungsberichte der Preussischen Akademie der


Wiss.).
(1) GROUSSET, op. cit., pp. 251 ss., 255, 263.
(2) Les Yue-iche (ou Indo-Scythes) qui conquirent le N.-O. de l'Inde aux
abords de notre ère, et eurent tant d'action, par leur roi Kanisbka, pour la pro-
pagation du bouddhisme en Asie-Centrale, n'étaient pas des Turcs, mais des
Indo-Européens, soit Iraniens orientaux, soit Tokhariens ; en tout cas, leur
culture et leur religion furent'pénétrées aussi d'éléments iraniens (GROUSSET
pp. 61 ss.).
(3) ANWANDER, op. cit., pp. 170-236 (y compris le Bouddhisme).
(4) Otto STRAUSS, Die Indische Religion, R. E. pp. 95-144.
(5) WURM-BLUM, op. cit., pp. 281-418,
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME ORIENT 549
,

des pré-aryens du Dekkart, dégagée de l'organisation brahmanique ;


le çaktisme, avec la « main gauche » et les courtisanes sacrées, ten-
dance opposée au Védanta. L'étude de la religion des Sikhs (pp.
405ss.)esttrêsnette,avecsonhistoire,sonlivresacré(le« Granth »),
son temple unique d'Amritsar, son rejet de l'idolâtrie, qui ne l'em-
pêche pas pourtant de se rattacher toujours au panthéisme des
brahmanes.Les dix pages finales traitent de la vie religieuse moderne,
du Krishnaïsme, du Ramaïsme, des diverses réformes jusqu'au
Déva-Samaj. et de la renaissance comtemporaine de l'hindouisme
mêlé à la politique. Notons encore les pages 402 ss. sur l'organisation
détaillée du sacerdoce et du culte brahmanique.
GROUSSET, en son Histoire de VExtrême-Orient, dont nous avons
déjà indiqué le contenu l'an dernier (x), fait à la religion, comme il
se doit, une place très importante. Ce qui fait un des caractères les
plus précieux de cet ouvrage, (très technique et aride, par nécessité,
en certaines parties), c'est que la compétence en histoire, de l'art
que possède le savant conservateur du Musée Guimet lui permet,
en montrant la propagation des influences artistiques, de faire sai-
sir aussi l'interpénétration, qui y est liée, des civilisations et des
religions. L'Inde tient cent soixante-quinze pages du premier vo-
lume. La population primitive appartenait aux races kolarienne (ou
munda, qui se rattache aux Austro-asiatiques et aux Malayo-Poly-
nésiens, et dont il ne reste que cinq à six millions, la plupart sau-
vages et païens, refoulés dans les montagnes et les marécages),
et dravtdienne, qui domine encore dans le Dekkan, avec sa culture
toujours originale malgré l'adoption de l'organisation et de la re-
ligion brahmaniques, mais qui s'est étendue autrefois jusqu'au
Bëloutchistan ; elle a laissé au N. O. des traces d'une antique civi-
lisation, (récemment exhumées par sir John Marshall et ses compa-
gnons), qui est appelée par eux « indo-sumérienne», parce qu'elle
s'apparente à la culture des Sumériens et même de l'Egée ; quelques
motifs peut-être en ont subsisté dans l'art hindou. Sur la date de
l'arrivée des Aryas, Grousset reste prudemment réservé, car pour
lui la chronologie qu'on lit entre les lignes desVédas est fort hypo-
thétique; mais il préfère la chronologie courte, et, comme pour Syl-
vain Lévy, là rédaction par écrit que nous possédons des Védas
(dont le recueil du reste est resté longtemps encore ouvert) ne re-
monte pas pour lui plus haut que le premier quart du dernier millé-
naire av. J.-Cils nous présentent unereligion purement liturgique,de
rites, non dé dogmes, laissant beaucoup de latitude aux spéculations ;

(1) Voirbull. 1929. René GROUSSET. Histoire de l'Extrême-Orient, 2 volumes


avecfrontispice,26 planches et 4 cartes, xvm-770 pp. gr. in-8°. Paris, Geuthner
1929. Soixante-pages, à la fin, d'« Éléments de bibliographie », qui sont très ri-
ches. Les belles illustrations eh font un véritablelivre d'art, (Nous désignons ce
ouvragé par les lettres HEO.)
550 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

les dieux y étaient pour la plupart des déités atmosphériques etlU-


mineuses, amenées avec eux par les Aryas du plateauiranien. 'Pour
les Upanishads, qui enseignent le Brahman un et subconscient, les
plus anciennes mêmes peuvent avoir été contemporaines du boud-
dhisme à ses débuts. A elles s'opposent le Jamisme pluraliste, et le
bouddhisme primitif, sorte de positivisme agnostique, qui .devait
cependant promettre un nirvana positif (La Vallée-Poussin) et
dont le meilleur était sa sensibilité. L'auteur suit l'art et là pensée
bouddhiques depuis les Maurya jusqu'à la dynastie Guptà et au-
delà, ainsi que les diverses formes de la pensée védàntique. L'école'
bouddhique yogâcâra et l'Université de Nalanda ont bien pu com-
biner diverses tendances provenant du Gandhara Voisin dé l'Iran,
et leur idéalisme absolu, qui rejoint celui d'Açvagosha, et s'oppose
au nihilisme màdhyamika, se rattacher aux écoles, syro-persanes
héritières d'Alexandrie ; comme disait Vàsubandhu : «L'existence
.."'-','
de l'Idée pure se trouve établie par la connaissance même qu'on a
de l'irréalité (objective) de l'idée ».

Mythologie ancienne.-—Le second volume delà Mythologie vé-


dique de-HiLLEBRANDT (v. bull. 1928, p. 540), était encore: en ma-
nuscrit à la mort de l'auteur ; il vient d'être édité par Scherhïan (i).
Cette fois il s'agit des Adiiyas (Varuna, Mitra,vAryamàh, etc.
Aditi) ; de Savitri et des Rihhus ; d'Indra et des Marùts ; de ^ishnpu
et Poushan ; des mânes, démons, Asuras ; enfin dé-Rudrâ. Le re-
gretté savant procède toujours par l'analyse détaillée des textes,
que suit celle du rituel ; il note (p. 47) que la grande uniformité des',
dieUx védiques, sous la variété infinie de leurs noms, s'explique
par le syncrétisme qui a juxtaposé et plus ou moins fondulés dieux
de nombreuses peuplades. Comme il avait trouvé ubcaractère luni-
solaire chez les Açvins et Agni, solaire chez Mithra, il s'est chargé
d'établir ici que Varuna, dans son origine préhistorique,.n'étaitni
le dieu du ciel, ni celui de la mer, mais que son caractère lunaire,
quoique oublié déjà à l'époque Védique, est le seul par lequel où
puisse en expliquer toutes les attributions postérieures. Même cà^
ractère chez Yàrnâ, Apam Nàpât déesse dés eaux, et d'autres ;
tandis qu'Indra, Vishnou, Pushan, Savitri étaient; solaires à leur
naissance. Ainsi Yama, si on l'a fait « mourir comme premier des
mortels », n'est .point pour autant le premier homme, m'àisy comme
la Lune meurt chaque mois, il était le dieu lunaire d'une époque
indo-iranienne, ou plus ancienne encore. Dans le liom. de -Mitra, le
sens d' « ami » n'est que dérivé. H. incline avoir en lui un dieu solaire
indo-iranien. Rudra n'est pas un démon monté en grade, ni un dieu
des morts (contre Arbman), c'est une déité créée sous le climat tro
pical, dont elle incarne les effrois depuis le commencement de la

(1) f Alfred HILLEBRANDT,VedischeMythologie, t. Il, x-496 pp. iiir8c, Pres-


Jjiu, Marçus, 192^,
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 551

saison chaude et humide jusqu'au passage à l'automne, ce qui est


le temps des épidémies. Les Maruts sont les dieux des vents de
mousson ; les « trois » Ribhus, anciens dieux d'une tribu qui cultivait
l'art de la charronnerie, répondent aux trois périodes de l'année.
Les « trois pas » de Vishnou ne répondent pas au lever du soleil, au
zénith et au coucher, mais aux trois royaumes de la terre, de l'at-
mosphère et du ciel. Les déités purement abstraites sont rares rela-
tivement ; mais il n'en faut pas conclure qu'elles n'étaient pas an-
ciennes, populaires et importantes ; à preuve le Ri ta. 11 y a peu de
déesses (ni de Durga, ni de Çri), et ce sont de pâles doublures de leurs
époux. Les dénions sont innombrables ; la Nuit appartient aux mau-
vais esprits et aux Mânes, dont les uns ont droit à des honneurs, les
àufres non : c'est du culte de Vishnou qu'est venue l'espérance d'une
vie future au ciel ou dans le soleil. Sur la question des Asuras (en-
nemis des Devas), H. admet, contre Darmesteter,l'opinion de Haug
et de Burnouf ; le nom « Asura » signifiant en soi « Seigneur », et nûn
«ennemi», leur distinction d'avec les autres dieux doit résulter
d'un schisme religieux préhistorique.— Ce qui nous a le plusintéres-
së dans ce livre bourré de science originale, ce sont les deux disser-
tations sur les Adityas et sur Indra. Hillebrandt juge très peu solide
la thèse d'Oldenberg (et autres) qui veut identifier les premiers avec
les Amèsha-Spentas avestiques. D'abord on ne peut prouver que
les Adityas soient au nombre déterminé de sept ;leurs noms et leur
caractère ne correspondent pas à ces entités allégoriques iranien-
nes ; les plus grands, Mitra, Varuna, Aryaman(celui ci apparenté
peut-être à Agni) ne sont pas chez les Perses des Amschaspands ;
ni ceux dont le caractère est plus abstrait,tel Bhaga (idée de prospé-
rité, compar- au « Zeus Bagaios » des Phrygiens,et au nom de « dieu »
chez les Slaves, il est préaryen), Daksha, Ança, etc. Mais tous sont-
des dieux du monde Céleste, fils d'Aditi, qui est,elle, « la lumière
du jour dans sa nature impérissable », ne fut identifiée que tardive-
ment à la Terre, et n'eut jamais qu'une simple analogie avecHéra,
Dionè ou Junon. On voit donc qu'Adityas et Amesha-Spentas ré-
pondent respectivement à deux séries de notions et de noms qui ne
révèlent "guère dé parenté interne ou externe. — Plus paradoxale
encore, et très frappante, est l'étude sur Indra. Ce « dieu de l'orage »
serait primitivement un-dieu du so!eiI,(au nom prévédique), qui
est.devenu dieu de la pluie et de l'orage parce que la saison pluvieuse
atteint son summum, dans la péninsule indo-gangétique, avec le
solstice d'été. La démonstration (confirmée d'ailleurs par l'analyse
du rituel) se fait par l'analyse de son mythe le plus fameux, le
combat d'Indra contre Vritra, pour délivrer les eaux; comme ce
mythe se retrouve en Iran et en Arménie, pays froids, H. établit
qu'Indra est le soleil Septentrional, qui dégèle les cours d'eau im-
mobilisés par le froid, en perçant de ses traits le Géant de l'Hiver ;
lés Indiens auraient pris sa légende dans le Kashmir, ou quelque
part ailleurs du côté de l'Himalaya, au N.-O., d'où ils l'auraient
transportée, en l'adaptant, dans leur nouvelle patrie ; le démon
552 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS"

« qui retient les fleuves » n'est pas en effet une création de l'Inde
tropicale, et ce n'est pas non plus le génie de la sécheresse ; H. jus-
tifie sa thèse par des considérations climatériques, contre ses contra-
dicteurs traditionnalistes.
Mystique et vie sociale dans l'Inde ancienne'. -— Les plans
de vie proposés dans l'Inde antique aux gens religieux (doctrine
dite des Açràma) ont été étudiés dans un article de WEINRICH (*)',
La voie et les états de perfection ont varié avec les livres et les épo-
ques. Les brahmanes d'ancien style avaient tous les égards pour le
maître de maison qui payait bien les sacrifices ; la doctrine del'Açra-
ma fut le compromis par lequel ils cherchèrent et réussirent à main-
tenir leur idéal contre celui d'une vie purement ascétique et contem-
: plative prôné par les Upanishads. W. distingue diverses formes de
ces compromis, et cherche à leur assigner une date. La forme clas-
sique (succession nécessaire des états de disciple, de père de famille,
d'ermite ou d'ascète errant) se trouve dans les dernières Upanishads.
Le Mahabharata montre l'opposition entre l'école des « Nivritti »
(renoncement) et cédé des « Pravritti » (action). La propre doctrine
des Açramas prescrit l'ascension d'un état à l'autre, mais en lais-
sant bien voir que l'état de maître de maison occupe la place'prin-
cipale, et qu'aucune défaveur ne s'y attache, car il est le plus néces-
saire à la société ; quant à la Bhagavadgila, de même époque, elle
prescrit à tous, comme le meilleur, l'action accompagnée de renonce-
ment.
LAMOTTE a publié des « notes sur la Bhagavadgila » ( 2) ; il en
étudie le milieu d'éclosion (Krishna, la secte des Bhagavatas, etc.),
puis les doctrines spéculatives (le Bhagavat principe, support spi-
rituel et substrat physique du inonde, ses avatars,la liberté divine,
la délivrance de l'âme) enfin les doctrines morales, et il critiqué la
théorie de Garbe, qui considérait ce fameux écrit comme remanié
dans un sens panthéiste.

Philosophie et religion. — L'ouvrage italien de FORMICHI sur


« la pensée religieuse de l'Inde avant Bouddha » a été traduit en fran-
çais par F. Hayward (s). Il contient de belles et longues citations
des livres sacrés. L'auteur montre d'abord ce qu'on sait, ou le
peu qu'on sait, sur l'histoire primitive des Aryas dans l'Inde, et

(1) Friedrich WEINRICH, ARVV, XXVII, H. 1-2, 1929, pp. 77-92, Entwick-
lung und Théorie der Asrama-Lehre im XJmriss.
(2) Etienne LAMOTTE. Notes sur la Bhagavadgila, xvi-153 pp. in-8. Paris,
Geutlmer, 1929. (Spe. belge d'Études orientales). Préface de L. de la Vallée-
Poussin.
(3) C. FORMICHI. La pensée religieuse de l'Inde avant Bouddha, trad. de l'ita-
lien par Fernand HAYWARD, 207 pp., in-8, Paris, Pavot, 1930 (Bibl. historique),
INDO-EUROPEENS ET EXTREME-ORIENT 553

insiste sur l'apparition de l'idée philosophique de l'Unité deDieu


(= l'Univers vivant) dans les hymnes les plus récents du Rig-Veda.
II passe de là à l'idée qui nous paraît la plus originale — et qui est
en même temps l'idée directrice —- de son travail : la lutte, qui com-
mence à se dessiner dans YAUiarva-veda, et devient une victoire
dans les Upanishads, de la déification de l'âme humaine, Yalmàn,:
identifiée avec l'âme de l'Univers, contre le Brahman, déification
delà prière et du rite ; c'est l'idéal laïque des Kshatryiis qui s'at-
que à l'idéal sacerdotal, et finit par en triompher, quoiqu'il y ait
des réactions dans les Upanishads elles-mêmes (la Kena- Z7p.)Dans
l'Atharva-veda cette idée se glisse, encore voilée, parce qu'elle est
d'une hardiesse hérétique. Au cours des temps, elle devint l'ortho-
doxie, le Brahman fut absorbé dans l'Atman. Il y a du juste dans
cette vue ; mais, pour établir dans cette simplicité le développement
de « la pensée religieuse de l'Inde avant le Bouddha », l'auteur dé-
clare qu'il rejette tout ce qui est « scorie », ainsi d'abord toute la
sorcelleriequi tient la plus grande place dans l'Atharva ; et il supprime
-
même tout ce qui lui déplaît dans les Upanishads où « nous enten-
dons parler uhidiot qui de temps en temps se transforme en un ora-
cle ». (p. 136) ; il va plus loin, en écarte dédaigneusement la doctrine
de la grâce divine, comme indigne les « Upanishads dignes de ce nom »
(p. 191), et il pousse jusqu'au bout son schème de cette « force dy-
namique et laïque» qui mène la pensée de l'Inde et m rit jus-
qu'à i, akya-Mouni, pour lui faire reconnaître tout le divin en nous-
mêmes, dans notre identité avec « le miracle de l'Univers » ; et il
considère ce résultat —• c'est son affaire — comme toùt-à-fait con-
forme au progrès humain et à la science moderne.L'histoire de l'Inde
est donc arrangée en leçon de panthéisme pour les lecteurs. Il se
demande pourtant si l'Atman, qui est une «vérité scientifique»,
peut être l'objet d'une religion, et il cite à ce sujet une jolie parole
qui lui dit R. Tagore : « Qui donc pourra jamais apaiser son âme U
tourmentée eh pensant à la loi de la gravitation ? » Il paraît âpprou- y
ver en partie la réaction de Hertel contre l'interprétation des Upa-
nishads par Çankara avec son- monisme absolu, et il cite même la
parole de l'Hindou contemporain Srikrishna Sadashir Gharpur, trai-
tant le commentaire çankarien de «malhonnête»; cependant il
déclare que l'Atman équivaut à un Dieu personnel, et inspire la plus
haute mystique de charité, parce que l'intuition de l'Unité et
1' « introspection mystérieuse » de Yoghi rendent facile d'aimer tout
être comme soi-même, et passionnément. — Oui, la ferveur mystique
.se rencontre Chez beaucoup d'Hindous ; mais c'est surtout grâce
à là bhakti et à l'abandon à la « grâce divine » c'est-à-dire dans la
mesure même où ils échappent au panthéisme théorique.
Après ce savant européen, écoutons deux Hindous,professeurg
de philosophie à Calcutta.
P. MUKHOPADHYAYA a publié en un gros volume douze conféren-
554 BULLETIN DÉ SCIENCE DES RELIGIONS'

rences qu'il a données sur le Védanla, à Calcutta, en 1927X1). La


principale originalité de ce livre, assez technique et ardu, consiste
à présenter le Védanta — (qui, pour l'auteur, n'est pas une pensée
morte, mais la pensée essentiellement humaine, Cherchant à s'ex-
primer avec plus ou moins de bonheur chez tous lés peuples, dans
toutes les religions ou magies et toutes les écoles) — en fonction des
théories de la physique moderne, qui sont au moins une approche
de la vérité. « De très puissantes méthodes, comme celles que repré-
sentent le calcul différentiel et intégral, le calcul dés variations, les
quaternions, la théorie de la probabilité, celles de la métagëométrie
et de la relativité, etc., ont sans doute été réquisitionnéésbe l'arsenal
de Maya (la « Mesureuse ») opérant dans le cerveau humain ; mais
j que sont ces méthodes à côté de la grandeur et de la complexité
j infinie du problème tel qu'il est présenté par une infime goutte de

! rosée?
» (p. 181) ; il n'en est pas moins vrai que beaucoup «des cou-
j rants les plus profonds dans la science et la philosophie » convergent
vers une position qui est celle des Upanishads, c'est-à-dire un
«animisme panthéistique » que le rationalisme n'a nullement, dé-
truit ; l'ancien Brahmananda était seulement en avance sur le « mo-
nisme scientifique» de nos jours. Nous ne prétendons pas résumer
toute cette thèse, ni suivre exactement la marche dé la pensée à
travers ces conférences, mais en noter seulement les traits princi-
paux concernant la métaphiysque et la religion.
M. veut partir de l'expérience de l'homme ordinaire, du «réaliste
naïf ». Dès que n'importe qui ouvre les yeux, il saisit un fait global,
qui est le Tout (le Brahman), avec des zones de conscience, de sub-
conscience, sans distinction de cause et d'effet, de sujet et d'objet,
etc. ; ce n'est que lorsqu'il commence à traiter cette expérience glo-
bale, à la juger, qu'intervient le principe de limitation et de distinc-
tion (la Maya), qui isole du reste ce qui est pleinement conscient,
et Construit un Univers logique dans l'Univers a-logique qui avait
d'abord été confusément saisi par intuition. Alors on a sujet et ob-
jet, et le reste. Ce n'est pas que la Maya soit une illusion, une pure
irréalité, elle et tout ce qu'elle fait voir ; l'école de Çankaràla con-
sidère bien comme telle, parce qu'elle fait de « changement » et
de «limitation» le synonyme d'« irréalité » ; mais ce n'est qu'une
question de mots, il suffit de s'entendre. De même, tous les êtres
pensants, ou sentants, ou existants, pris individuellement, ne sont
pas illusoires, ce sont des « projections » sur des plans divers dé
l'Etre-Unique, le Pouvoir-Expériencetotal, qui est à la fois un Point
et un Continu, toujours en mouvement de concentration. et d'ex-
pansion, en restant identique à lui-même ; ce Centre suprême com-
prend et connaît tousles centres subordonnés ; il est la Conscience

(1) Pramathanath MUKHOPABHYAYA, Introduction to tedahiaPhùosophy',


tl-258-xvn pp. in-8, Oalcutta, the Book Company, 1928.
iNDO-ËÙROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 555

absolue, et du logique et de Fa-logique, dépassant d'ailleurs infini-


ment tout ce qui pourrait être « mesuré »,même par son intelligence
infinie.Ce Brahman est la source de la matière et la forme de l'Expé-
rience la cause"matérielle et formelle de l'Univers ; il est Çakti, Prakri-
ti,Maya, sous son aspect dj'namique et mouvant ; mais, comme sta-
tique ou quiescent, il est Çiva. Si on compare le Tout à un cône
infini, chaque « centre » partiel, avec ses corps ou « enveloppes »
physiques, mentales, conscientes, inconscientes,avec tout son « kar-
ma », peut-être considéré comme une « section » normale ou oblique
(donc parfaite ou imparfaite) opérée dans ce Cône universel. Et,
comme le Centre suprême est tout conscience, joie (ananda), jeu et
liberté et spontanéité (lila), ainsi tout centre inférieur, de l'homme
à l'électron, l'est de même et ne peut pas ne pas l'être ; seulement,
ses « enveloppes » sont plus ou moins enroulées ou développées.
Sur quoi, dira-t-on, le Tout peut-il se projeter pour produire ces
«
centrés», puisque.rien ne peut être en dehors de Lui? Mais ce
n'est que pour nous qu'il se projette, dans lé monde «logique».
de sa Maya ; les centres, menés par leur karma, doivent seulement
s'efforcer de rectifier l'excentricité de leur section, jusqu'à ce qu'ils
aient pris conscience qu'ils sont le Tout. La métapsychique, la
lévitation, etc., nous enseignent (??) qu'on peut penser en de-
hors du cerveau, agir en dehors des muscles ; c'est la « sub-
conscience cosmique » qui agit dans les centres, mais le Centre
suprême, qui est aussi le «summum genus », (Aditi dans, lé Rig-
Veda, Prajapati dans les Brahmanas, ïçvara (le Seigneur) dans les
philosophies et religions postérieures), est tout entier conscience
-
(de Lui-Même et des autres centres), Liberté, Amour, Joie. Toutes
les écoles védantistes l'admettent. Seulement, Gankara veut qu'il
soit « Pure Conscience » sans contenu, au-dessus même d'ïçvara,
tandis que Ranianuja s'efforce de prouver que C'est là une impossi-
bilité ; de même le monisme pur de Gankara s'attache à considérer
l'Absolu « impersonnel », le « Pur Ether » de conscience, sous la.
substance de tout être, tandis que les « monismes modifiés »" de
Ramanuja, Nimbarkha, Madhva, Vallabha, croient à une « fédéra^-
tion de personnalités » dans laquelle le Centre Suprême comme les
centres subordonnés ont chacun leur personnalité distincte et assu-
rée ; les Upanishads, visant avant tout un but pratique, ne tran-
chent pas ces questions entre le « pan-réalisme » et 1' « àcosmisme ».
Gankara et les Mayavadins appellent « fausse » l'expérience prag-
matique ; cela est juste si par« réel » ou « vrai » on entend l'Expé-
rience-Etre «pure» et « parfaite », biais non autrement ; encore
une affaire de définition.Tout est vrai dans l'expérience, et il n'y
a pas de « Chose en soi » inattingible.
Au point de Vue religieux et moral, que vaut le système ? La dis-
tinction entre Bien et Mal, Beau et Laid, vrai et faux, n'est pas af-
faiblie ; le Bralvman comme tel abstrait bien de ces distinctions,
quoique toutes les « polarités » qui s'entraînent l'une l'autre,soient
en lui ; mais, si oh le conçoit « logiquement », il est parfaitementvraif
556 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

Beau et Bon (comme le Dieu de Platon), parce que les concepts dé


faux, mal ,laid, ne sont que des « obstructions » ouhégations pra-
tiques, donc ne sont pas en Lui. Aussi toutes les écoles—et non seu-
lement celles de « Bhakti » ou de « Yoga » — enseignent que la con-
dition pour trouver le Brahman est d'être moralement pur ; d'où
leur valeur religieuse, qu'elles mettent l'accent sur la «science»
ou sur la « dévotion ». L'auteur reconnaît cependant bien que cer-
tains types de védantisme (ou de bouddhisme) présentés aux « in
compétents » but eu l'effet indéniable de déprécier les valeurs hu-
maines, et que le côté actif de l'Inde en a souffert ; mais le Védanta
n'en est pas responsable, puisqu'il condamne lui-même la commu-
nication de ses hautes vérités à de telles gens (En tout cela dirons-
nous, il est bien à l'antipode du christianisme !). D'ailleurs, il se con-
cilie avec toutes les religions, qui, dans leur meilleur fond, et même
sans exclure la magie du sauvage, ne sont qu'un effort pour monter
à l'Identité. On peut avoir l'Absolu en soi, ou adorer les dieux sub-
tils ou grossiers, puisque tous les Dévas ou les objets de la nature
peuvent servir de représentation du Brahman quils contiennent.
Là prière est toujours efficace ; par elle, en effet, ou bien un centre
inférieur se met en relation avec le Centre suprême, d'où écoule-
leinent de potentielen lui, ou bien il adore un centre partiel qui le
représente; ce sont deux méthodes valables, qu'on pourrait dire
l'une « conductive », l'autre « inductive ». Les « Rishis » ou voyants
sont les Centres.dont la « section » est le plus normalement orientée,
ils connaissent le « Tout » par expériencepersonnelle, et transmettent
leur science aux autres d'autorité, par la « Shruti » (révélation)..
« Véda » et « Shruti » sont des conceptions communes à toutes les
anciennes religions dignes de ce nom. Et la destinée de l'âme, c'est
l'immortalité, par droit dé naissance, comme la liberté, puisque
chaque « centre » est une position du « VOuloir-être-et-deyenir » du
Brahman ; chacun fait son karma pour déterminer sous quelle forme
il renaîtra, mais toujours avec un pouvoir d'efficience plus grand
que les limitations du type d'existence qu'il revêt, et avec la poten-
tialité d'autres types progressifs, jusqu'à son identification pleine
avec l'Infini, Conscience et Joie.
Voilà une religion qui paraît mettre tout le monde à l'aise. Mais
cet exposé, si imparfait, montre bien, malgré les intentions du phi-
losophe de Calcutta, comme védantisme et christianisme sont in-
compatibles ; leur prétendue identité foncière est illusoire. Si le
Continu-Point « dépasse » toute connaissance «logique » des « cen-
tres » que nous sommes, il reste toujours de l'ordre de l'expérience
naturelle ; rien de surnaturel, rien de ce « Transcendant » véritable
dont nous avons besoin pour être et pour être heureux eh face du
monde du Devenir; d'ailleurs, ces «centres» dans le Centre, ce
Devenir dans l'Absolu, ce jeu libre, mais inutile, d'inyolution et d'é-
volution dans l'Etre invariable et pleinement satisfait, ce sont là
choses auxquelles aucune intuition ne peut trouver de raison d'être.
L'Infini a-t-il besoin de s'amuser comme un serpent qui ferait des
INDO-EUR'OPÈENS ET EXTRÊME-ORIENT 557

boucles avec sa queue? Le Védanta n'est pas en soi une vraie reli-
gion, c'est un jeu d'intellectuels. De là vient l'insuffisance méta-
physique et morale des religions mêmes de bhakti par où l'Inde
a toujours cherché à vivifier cette grande Forme vide, et qui ne se
rapprochent plus ou moins du christianisme qu'en publiant autant
qu'elles peuvent la métaphysique monisté et naturaliste sur laquelle
:
elle prétendent reposer. t

Plus accessible au commun des mortels est le petit recueil des


conférences données à Oxford par RADHÀKRISHNAN, Thé Hindu
View pj Life, qui ont été traduites d'abord en allemand par Scho-
bièrus (y. bbll. 1929), puis en français par MASSON-OURSEL SOUS le
titre « l'Hindouisme et là Vie » (*). Il esquisse une histoire de l'hin-
douisme : c'est del'aryaèt du dravidien pétris ensemble, et, à l'ana-
lyser d'une manière purement matérielle, on pourrait dire qu'il a
incorporé à travers les siècles « tout le bonét le vrai, aussi bien que
lemal-etle faux, en dépit d'un effort constant, pas toujours heureux,
pour éliminer les éléments fâcheux » (pp. 35 ss.). Nous pourrions,
nous autres; nous en tenir à ce jugement très bien formulé ; mais le
philosopheindien y voit là condition d'un organisme vivant qui tend
à tout unifier, et c'est Une supériorité à ses yeux, car l'hindouisme,
cette « tapisserie », absorbe avec générosité toutes les voies par les-
quelles on va à Dieu, sans aucune étroitesse dogmatique, ni souci des
contradictions logiques ; le maître religieuxne cherche qu'à exciter
des aspirations, non à arrêter un système, dans l'intelligence de
ses disciples j il leur infuse un esprit qui sait tirer parti de n'importe
'quelle théorie. Ainsi les « fantaisies des Pouranas » passèrent pour
faire partie de la tradition « pour cette simple raison que dés gens '
y prenaient intérêt », et les Tantras furent admis de même.Maiheu-
reùsement, concède R.,la majorité des Hindous ne s'efforce pas de
gravirl'échelle de la spiritualité, et ils se complaisent dans des no-
tions de Dieu reconnues insuffisantes ; même les gens éclairés, sous
prétexte dé sympathie, ontdes pratiques contraires à leur profession
de foi. Mais comment, dirons-nous, en irait-il autrement là où tout
est facultatif ? L'adogmàtismeproduit nécessairementl'indifférence.
•S'il faut « une règle de vérité », comme R. l'admet bien, où la cher-
cher dans l'hindouisme? Rejeter la dualité du naturel et du sur-
naturel (p. 128), c'est là leur erreur foncière, comme celle de nos mo-
dernistes. Croire que tout mal et toute erreur ne sont que des étapes
vers le vrai et le bien, c'est une doctrine ou une attitude commode,
et d'apparence généreuse, mais paresseuse-et bien inefficace pour
l'élévation de la masse, faute de révélation garantie et de directions
impératives. L'histoire dé l'Inde ne le prouve que trop. En somme,
ce livre d'un patriote qui connaît le reste du monde, et qui est plein

(1)' S. RADHÀKRISHNAN,L'jttindouismé et ta Vie, traduction de P.MABÈON»


ÔÙRSEL, 134pp., in-12, Paris, Alcan, 1929. -
REVUE DES SCIENCES.—T. XIX., FASC. 3» — 36» -
558 .BULLETIN DÉ SÇIÉNfCÉ DÉS RELIGION^ ,- "
;i
,

de bonnes intentions; montre bienia noblesse dé rhindouisnie, niais


plus encore ses faiblesses. R. ne cherche pas à cacher celles-ci, bien
qu'il n'en reconnaisse pas les vraies causes. Pour lui, suivant sa jolie
formule : «quand la mèche brûle à sapointe(il veûtdire;cliezlésHin-
dous les plus nobles et les plus religieux), c'est làlâmpe entière (I'hin7
douisme avec son chaos, ses immoralités, son idolâtrie) qui,éclaire ».
(p. 92). Qui, si la flamme se nourrissait de toute la mixture qui
' remplit la lampe, ce qui n'est pasv Dans le détail,l'autéur proclame
que la doctrine du Karma est moraleen soi, et nbnfataliste (on aies
cartes en main, on peut s'en servir comme oh yéut), mais; qu'élié/
fut trop confondue dans l'Inde avec la fatalité ; lés exemples qu'il
donne de la moralité de l'hindouisme sont parfois sujets à caution
(voir p. 85), Il reconnaît les faiblesses de l'esprit de caste, cause de
la stagnation hindoue ; mais, ajoute-t-il, l'àrrêf de certàïhes nations
sur le chemin du « progrès » matériel n'ést-il pas utile quand ce
progrès entraîne le reste dans de fausses voies? C'est à méditer.
Contre le laxisme actuel des moeurs occidentales, l'auteur dit vi-
goureusement ; « Nous avons eu le péché avec nous depuis le début
de notre histoire, mais c'est récemment que bobs nous -sommes mis
à l'adorer » (p. 87). On pourrait lui dire, il est Vrai, que l'hindouisme
a toujours permis d'adorer le.péché sous bien des formes divinisées;
En d'autres pages, nous aimons à relever la constatation que« lès
différents systèmes théistes adoptés par la majorité des Hindous
n'invoquent pas la doctrine de la Maya » (p. 58) ; c'est: ce qui laisse
de l'espoir ; mais, peu après, l'auteur critique, sans la comprendre.,
l'idée du Paradis chrétien, et place aussi le salut définitif dans la
disparition de l'individualité en Dieu, c'ést-à-dire qu'ÎLhé sort pas
du panthéisme. Il croit que la-solution hindoue du problème dû
conflit dés religions est celle qui devra être partout acceptée à l'a-
venir ; mais il ne fera guère partager ce désir. Là note finale est op-
timiste • après un long hiver de plusieurs siècles,, dit-il, nous voici
dans l'une des périodes créatrices de l'hindouisme. Certes, pourtant,
le monde a besoin d'autres prophètes que ceux par lesquels l'intel-
lectualité hindoue nous catéchise depuis quelques années. « Mèdiçe
cura teipSuln ».
Jàinistne. — Sur cette religion très spéciale de deux millions
d'Hindous, influents et actifs, nous avions omis/de signaler un livre
de GUÉRINOT, paru en 1927 (1), qui traite de l'histoireybélà doctrine,
du culte et'des institutions. Cette religion « athée »bè l'est plus;de
nos jours,^(GROUSSET, pp. cit.); connue dans le. bouddhisme-, la
sublimation des « personnages éminehts » (Tirthàblairàs) âlini par
lui fournir une divinité,
Inde et christiahistoe. — Une page significative de Radhâ-

(i) Titre : À. GUÉRINOT. La religion djaïna, 353 pp* petit u>4,25 planches,
INDO-EUROPÉENS ET ÈXTRÈME-OhlENT. -
559

krishnan (v. supra, op. cit., p. 45) indiquait bien quel est le grand
obstacle à la propagation du christianisme dans l'Inde, malgré le
cas qu'en font les meilleurs penseurs de ce pays ; il ne convient pas
d'admettre, disait-il, qu'un peuple seul, ou uii race, - est l'élue de
Dieu, que sa religion est la seule vraie. L'orgueil national etintellec-
tuel maintiendra longtemps l'Inde dans son chaos. C'est une des
conclusions qui ressortent de l'étude d'un missionnaire catholique
dans!'Inde du Nord, lé P. PAUL, sur l'énigme religieuse des Indes (*).
Ce religieux reconnaît bien qu'il y existe, latents, un monothéis-
me et une vraie spiritualité ; mais l'indifférence nationale au principe
de contradiction, qui ressort de l'analyse des livres sacrés et des
philosophies, le goût de la spéculation sans frein sur des abstrac-
tions, le besoin de tout ramener à la sagesse de leurs propres ancê-
tres, qui les empêche de placer l'Évangile plus haut que leur Bha-
gavadgita, mettent entre la masse des Hindous et le christianisme
une barrière que les événements politiques élèvent encore. Surtout
l'opposition entre védantisme et catholicisme est irréductible.
Par ailleurs, la situation a une grande analogie avec celle de l'Em-
pire romain, qui a pourtant été converti ; le grand moyen d'aposto-
lat, dit le P. Paul, celui qui impressionne l'Hindou moyen, c'est la
charité chrétienne effective.

6.—BOUDDHISME.

Etudes d'ensemble. — Nous avons mentionné ci-dessus les


indications'données par GROUSSET sur le bouddhisme dans l'Inde,
et plus bas nous verrons ce qu'il- dit de cette religion en Extrême-
.
Orient (2). — HACKMANN (dans le manuel CLEMEN) (3) a décrit le
bouddhisme suivantle schème qu'on peut dire traditionnel, eh assi-
milant la doctrine primitive au Hinayana. Depuis Açoka, le boud-
dhisme se popularisa sous forme religieuse, avec culte des reliques
-et mélange d'idées étrangères ; le grande division en Petit et Grand,
Véhicule se fait entre Açoka et Kanishkâ.. Actuellement on peut
distinguer le bouddhisme du Sud (Ceylan, Birmanie), qui est le
mieux conservé, celui du Nord (Népal et états himalayens, Tibet, .

Mongolie, quelques régions de Sibérie)qui est un Mahayanisme pé-


trifié et aûtoritabe, enfin celui de l'Est, dégénéré en Chine par l'effet

(1) P.PAUL. L'énigme religieuse des Indes, série d'articles publiés dans les
Etudes franciscaines, 1929-1930, t. XL, XLI,XLII.
(2) Chez Pion, Paris, 1929. R. GROUSSET, Sur les traces du Bouddha, in-8,
relate, d'une façon savante et pittoresquejes pèlerinages des Chinois à travers
les pays bouddhiques au viiè siècle, et fait ressortir les renseignementstrès pré-
cieux que l'on tire de leurs récits pour l'histoire de la pensée et de la mystique
indiennes au haut Moyen Age.
(3) Heinrich HACKMANN, Der Buddhismùs, R. E., pp.3i8, 362.
5ÔÛ BULLETIN DÉ SCIENCE DÉS RELIGIONS V
-

de là routine, superficiel tant en Annam, où il en-est qu'un;reflet


du bouddhisme chinois, qu'en Corée Où il retourne au naturismeet
au démonisme primitifs, mais eh mouvement de renaissance, au
contraire, chez les Japonais (x).
Documents, histoire. —- Il a paru une traduction française de
la compilation faite par BRE-WSTER de morceaux des Écritures p.a-7
lies pour nous présenter la vie du Bouddha (2). Deux récits du Maj-
jhima-Nikaya sur la recherche de la vérité, des. passages du' Mâha-
vagga concernant les débuts de la carrière dé Gotàmà, ètlé « Màha
Parinibbanà Suttanta », qui raconte ses derniers :jbûrs, autour dés-
quels se groupent les autres chapitres (qui n'y ajoutent pas d'ail-
leurs grand supplément d'information) peuvent, former en effet
l'esquisse d'une biographie. Rhys Davids a raison d'avertir dans la
Préface qu'il ne faut pas trop s'attacher aux dehors des prétendues
«paroles du Bouddha » ni à leurs formules stéréopypées; (si fati-
gantespour le lecteureuropéen, quoiqu'on lui aitfait grâce, èh muL
tipliant les « et caetera » dès innombrables répétitions mot à mot
où se délectaient les moines hinayahistes). Leul canon aurait été
arrêté au concile de Palnà (250 ây. J, C), sur de vieux récits oraux,
mais rédigé par écrit beaucoup plus tard. La simplicité très pauvre
du fond, contrastant avec les ouvrages plus récents, (du Mahayana
surtout) n'est peut-être pas à expliquer, comihé'Ie veut Bréwstèr,
parlés « premières périodes d'une tradition orale ï, mais aurait plu-
tôt l'air d'une schématisation faite par des gens qui ne pensaient
qu'aux détails de leur discipline conventuelle. B. admet d'ailleurs
que certains de ces récits peu distrayants ont pUibtreinventés peu
avant le Concile ; et l'on peut croire avec -Rhys Davids, à eïi juger
par des exemples trop rares (un ou deux,) que,,, Çâkya-Mouni, le
grand conducteur d'hommes, renommé pour son silence autant que
pour ses discours, n'était pas si fanfaron qu'on: l'a fait, et qu'il
avait le talent'(ce dont on ne se douterait plus guère) de dire.beàu-
coup en peu de mots. — Signalons encore la publication de mprceaùx
choisis des « Jataka » (vies antérieures de Gotama)> p ai" R. DAVIDS (S) .
L'ouvrage de PRZYLUSKI dont nous annoncions l'appaïitioh il
y a quatre àns",(v. bull. 192 6, pp. 398 s.). sur le Concile de Rajdgrihafy

(1) Sous.le patronage de M. Fiilot et de plusieurs autres orientalistes .connus


a commencé à paraître, depuis 1929, dans la,collection Buddhica, dirigée par M
Przyluski, une Bibliographie des études bouddhiques, qui sera annuelle..
' (2) E. H. BRE-WSTER, Golama le Bouddha, sa Vie, d'après les Écritures pa=
lies choisies par Ë; H. Brewster, avec une préface de C. A. F. Rhys Davids, tra-
duction Irariçaisepar G. Lepage, 255 pp. in-8, Paris, Payot, 1929 ; avec quelques
bonnes reproductions delà statuaire bouddhique (Bibliothèque historique).
(3) Titre : Jataka, Stories of the Buddha being selectioiis-fromthé Jataka,
%ith ah introduction, by R. DAVIDS, XXVII-245 pp. iii-8,1929. ..".':'..
(4) Jean PRZYLUSKI. Le Concile de Rajagrha, vi-431 pp;.gr. in-8, Paris, Geuth*
Jier, 1926-1928. Voir bull. 1926. '..,,"-''' -",
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 561

comprend trois parties : I. Le Concile d'après les sûtra et les commen-


taires Chinois et indiens, avec trois récits mahayanistes ; II. le
Concile d'après les Vinaya de diverses écoles (tous ces seize textes,
dont treize n'avaient pas encore été traduits enEurope.sonttraduits,
comparés, expliqués)"; III.' les «fêtes saisonnières et le Concile. »
En cette dernière partie,qui ne fait pas,à notre avisja valeur prin-
cipale de ce savant'travail, P. veut appliquer au bouddhisme pri-
mitif les théories de l'école sociologique, et il interprète deux traits
de ces récits (l'entrée au Nirvana de. l'ascète Gavampati quand il
est prié de se rendre au Concile, et l'expulsiontemporaired'Ananda,
l'intime du Maître et le principal récitateur de ses enseignements,
èh attendant qu'il soit arrivé à l'état d'Arhat), comme étant res-
pectivement des souvenirs dé deux rites dont la nature était d'ail-
leurs oubliée : la mort du « démon de la sécheresse », et une cérémo-
nie de purification devenue une excommunication expiatrice, l'ex-
pulsion d'une sorte de « pharmakon » ; cela conviendrait à dès fêtes
dudébutet de la fin des pluies, quandles religieux, quiavaient admis
d'emblée une religion possédant calendrier, mythologie, cosmologie,
se faisaient alternativement errants pendant la saison sèche et sé-
dentaires dans l'autre. Plus solides et importantes nous paraissent
les conclusions de l'auteur sur l'évolution du bouddhisme depui,
ses origines. Toutes lés relations de ce « Concile de Rajagriha »
censé ténu après la mort de Gotama, et qui ont leurs traits princi-
paux communs, remontent à des légendes relatives aux premiers
« vârsa» (réunions de bhikkus à l'ouverture de la saison des pluies)
dont on fit un concile solennel assemblé pour codifier des Écritures
a l'instar des Védas, sous la présidence de Mahakasyapa, un ex.-
brahmane. C'est la clé de l'histoire bouddhique primitive : le brah-
mane préside, tandis qu'Ananda, la personnification de l'idéal
primitif, lui le saint sensible et humain, est traité de haut et a
besoin d'être "purifié. C'est le monacliisme du Hinayana, aristocra-
tique, nihiliste et athée, avec "les « Arhats » impassibles et indiffé-
rents, son Nirvana-Néant, en réalité un bouddhisme «secondaire»,
tel qu'il a été représenté particulièrement dans l'école Sthavira,
qui prend le pas sur l'ancien bouddhisme égalitaire et laïque des
« Mâhasamghika », lequel croyait à la persistance de l'âme
après la
mort et à sa réception dans un Nirvana positif, pareil au paradis de
Bràhma ; malheureusement cette formé primaire est mal connue,
aucune collection de textes sacrés n'ayant été conservée pure, tan-
dis que la majorité des canons hinayanistes ne connaissent plus que
l'idéal del'Arhat. Plus tard se déyeloppâun bouddhisme « tertiaire »,
le « Mahayanâ », qui fut à la fois et un retour aux traditions des
Mâhasamghika, à la doctrine de l'humilité, de l'amour, de l'immor-
talité, ouvrant le bouddhisme à l'art et aux spéculations philoso-
phiques, et un renouveau de la magie et du tantrisme. Tout Ce déve-
loppement marcherait de pair avec l'expansion géographique: il
est probable que le groupe, Mâhasamghika correspond à l'Église
priêntaîe,c'est-à-dbe précisément aux çôninrunautés les plus ancien-
562 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

nés, tandis que. le groupe Sthavira-Sarvastivadinreprésentait l'É-


glise de l'Ouest, plus récente, et se propageant dans des pays qui
étaient le domaine par excellence de la-culture brahmanique,'lors-
que se fixèrent les traditions relatives à ce concile légendaire. Il
ne s'agissait d'abord, du reste, que de controverses disciplinaires ;
celles qui portèrent sur le dogme, sur la nature de l'Arhat, ne se
firent jour qu'au Troisième Concile. Mais l'analyse des canons ma-
hayanistes montre bien l'insuffisance des théories reçues jusqu'ici :
il n'y eut pas seulement un « Grand Véhicule » né au Nord, et issu
de l'école Sarvastiyadih, comme une dix-neuvième secte s'ajoutant
au dix-huit, de Hinayana; c'étaient_les tendances anciennes qui
avaient subsisté, plus ou moins étouffées, dans un grand/nombre
d'écoles, et qui se concentrèrent plus tard, sur divers points à la fois,
dans le vaste ensemble du Maliàyana, ce développement deslradi-
lions primitives, qui s'affirma à son tour surtout dans les pays du
Nord. •
Toute cette histoire s'est poursuivie aumilieu des controver-
ses et des schismes; et la diversité des relations du « Concile de
Rajagriha» s'explique par la diversité des sectes qui avaient toutes
leur-canon respectif, et voulaient chacune faire remonter-le sien à
cette assemblée vénérable, fixatrice de l'orthodoxie. — Ainsi Przy-
luski développe, avec beaucoup d'arguments qui semblentde-bonne
qualité scientifique, une thèse historique dont les premiers jalons
avaient été posés par Minayeff, et qui peut être très efficace pour
éclaircir l'énigme des origines et des divisions bouddhiques.
Symbolique. — Un album, de soixante-huit planchés, réunies
par MENSCHING, montre au public les principaux/symboles de la
religion du Bouddha (x). Il est regrettable que cet historien des
religions ait fait montre d'une hostilité peu éclairée à l'égard du
carholicisme, auquel il compare à plusieurs reprisésle bouddhisme
« dégénéré » des lamas ; l'ouvrage n^en a pas moins ses mérites, et
donne une idée assez complète de son sujet. Après une introduction
à l'histoire du bouddhisme, il analyse et montre aux yeux. : I. lès
symboles généraux delà doctrine ; IL ceux delà personne duBouddha
et de la communauté ; III. la symbolique du culte ; IV. celle de
la structure des temples (stupas, pagodes) ; V. de l'enceinte des
temples; VI. la symbolique animale. Le Hinayana a fourni peu
de chose (sauf les stupas pour reliques), vu son idéal de pure contem-
plation dégagée des sens, son Nirvana sans forme, et sonBouddha
qui n'était pas divin ; mais le Mah'ayana est entré — et combien
brillamment ! ^— dans les voies de l'art. On'voit défiler la représen-
tation du monde sous la forme du mont Merou mythologique, les
bas-reliefs commémorant, avec beaucoup d'embellissements.mythi-

(1) Gustav MENSCHING, Buddhislische Synibolik, mit 68 Tafeln, vn-52 pp.


in-4, Gotha, Leopold Klot?, 19g9,
; ,": :-•' INDO-bUROPÉENS ET EXTRÊME-OhîENT -563
..

que.s, les trois « grands événements » de la vie du Bouddha (concep-


tion, naissance, retraite) et ses trois. « grands miracles » (la pleine
illumination, la première prédication, le Parinirvana). et toutes les
histoires des Jatakàs et des mythes desBodhisattvas. Lés « stupas ?,.
tombeaux pour les reliques, dont l'érection était censée recomman-
dée par Çakya-Moùni lui-même, (Dighanikaya pâli, XVI, 5, 8),
et leur déyeloppementieh « pagodes », tours à nombre impair d'é-
tages,, lès grandioses terrasses superposées du temple de Borpbùdur
à. Java, chargées de leurs bâtiments et de leurs statues, que le fidèle
gravit cplnme une voie ascendante depuis le monde des sens, où.
.

tout lui devient symbole et auxiliaire du recueillement, jusqu'à la


terrasse supérieure, tpute nue avec ses stupas,image du-nirvana fi-
nal, tout cela montre lé progrès d'un art mystique, toujours plus
varié et plus sûr de ses .moyens. La contrepartie grossière ne manque
pas, les démons gardiens, les moulins à prières. Parmi les symboles
animaux,"le Lion représente la force de la doctrine, l'Éléphant
rappelle lé mythe de la conception ; le Taureau, le mois de la nais-
sance dû Bouddha ; la'Gazelle, le parc des Gazelles à Bénarès, où
lut miseen mouvement la roue de la Loi, au-premier sermoh. On
voit encore cette « roue 'de la Loi », les tambours et les cloches, l'au-
tel qui rappelle la présence spirituelle des bouddhas, avec sa gar-
niture et ses ornements, brûle-parfums, etc., les statues de génies
et de saints. Bref, Un bon résumé de l'art et du culte bouddhique,
surtout dans les temples du Mahayana.
z:-::;zy:.:. 7,; — EXTRÊME-ORIENT.
:

Insuïinde et Indo-Chine. — Dès le iV?-iiie siècle avant notre


ère, hpté GROUSSET (^/l'influence de l'Inde,avait atteint les îles
de la Sonde, et il se fonda Un empire sumàtranàis hindouisé, Au haut
Moyeh Age, lé bouddhisme màhayaniste semble avoir été prépon-
dérant à Sumatra ; et, à Java, le çivaïsmè. C'est pourtant dahs
cette seconde île que s'éleva le fameux monument bouddhique de
BorobudUr (viiie-ïx? s.). L'Islam n'a pas effacé toutes traces de
cet état ancien. ';
C'est aussi l'Inde qui a éduqué l'Indor-Çhine (sauf l'Annam) (2).
.

.-Les Khmèrs, ancêtres des Cambodgiens, pratiquent d'abord le


'bouddhisme avec des réactions brahmaniques, ils flottent entre
çivaïsmè et Mahayana,/et cette histobe se reflète dans leurs grands
monuments d'Angkor,: groupe commencé au ixe siècle. Le temple
d'Angkor-Vat (xiie s.) paraît vishnoûiste. Lés Chams; dans la Co-
chinchinè/ét le S. del'Anbàm, ont un développement assez analogue,
et Un art remarquablebussi, quoique à un moindre degré ; ils dé-

Xi) GROUSSET, HEO, pp. 154, ss.


/$} lbid/,pp. 547-599, passinr.
564 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS

truisseht l'empire dés Khmers, avec les Siamois, nouveaux venus, '
qui s'assujettirent au xivesièclè les pays du centre, où'ils apportè-
rent une nouvelle forme de culture, c'est-à-dire le Hinayana reçu
de Ceylan, qui de chez eux se répandit aussi au Cambodge, où il
supplanta le Mahayana chez les restes des Khmers, Le Pégou avait
adopté aussi le Hinayana au haut Moyen-Age, et le pâli, comme au
Siam, y devint la langue sacrée.Pour la Birmanie proprement dite,
du v° au xie siècle, on y trouve un mélange de Mahayana, de tan-
trisme et d'hindouisme, jusqu'à ce que le « Petit Véhicule » finisse
par y dominer aussi au xne siècle.
Les Annamites (x), dont le domaine était d'abord le Tonkin et le
pays au Nord des Chams, détruisirent au xve siècle la puissance .

de ces derniers. Depuis longtemps ils étaient sous l'influence reli-


gieuse du grand empbe chinois leur voisin, ils avaient adopté ses "
classiques et son écriture, le bouddhisme chinois et la murale confu-
céenne ; mais le iieuple conserva sa langue, ses Coutumes, et la plu-
part des traditions de son ancien paganisme.
Chine et Corée. — "WURM-BLUM ( 2) note avec justesse la diffé-
rence essentielle qu'il y a entre les religions nationales de la Chine
et du Japon. En Chine, les bases sont la piété filiale et une philoso-
phie cosmique, tandis que le Shinto ne saisit pas d'un coup d'oeil
l'ensemble de la nature, il s'en tient au détail des phénomènes, à
l'extérieur plutôt qu'à l'intérieur. — KRAUSE (dans les ''-.-Rei. der
Erde) (*) montre que, en Chine, c'est toujours le vieux fond cos-
mique et éthique que Lao-tseu et Corifucius ont élaboré chacun
à leur manière, le culte familial'des ancêtres subsistant toujours à
part. Le ritûalisme excessif fait que l'Empereur peut réglementer
par ses décrets le inonde même des dieux. Le taoïsme est organisé
en religion sur le modèle du bouddhisme. Quant, à là religionpopu-
laire, elle est'devenue depuis longtemps un syncrétisme indéchif-
frable,
GRANET a retracé dans son vo'ume l'histoire ancienne de la ci-
vilisation chinoise, paysanne, féodale, puis impériale"(*).; et, il à
réédité aussi l'ouvragé qui en étudie les fêtes et.les chansons (ç).

(1) Ibid., pp. 599-619, passim. ' '"- /.'


(2) WURM-BLUM, op. cit., pp. 220-279, sur les religionspopulairesde la Chine
et du Japon. - *
(3) F. E. A; KRAUSE, Die chinesische Religion. RE, pp. 79-94.
(4) Marcel GRANET, La civilisation chinoise, la vie publique et la vie privée,
xxi-523 pp. in-8, avec carte,s planches et ligures. Paris, 1929. (Bibl. dé Synthèse
historique, de BERR).
(5) M. GRANET, Fêtes et Chansons anciennesde la Chine, 2e édition, 303 pp.
gr. in-8, Paris, 1929. (Bibl. de l'École des Hautes-Études, Sciences religieuses,
t._xxxiv),
INPO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 565

GROUSSET (!) signale ce fait ethnographique que la civilisation


ancienne de la Chine paraît se relier dans l'espace, malgré son indé-
pendance et son originalité, à la culture néolithique et énéolithique
de l'Asie-Antérieure (poteries, trouvailles d'Anderson et Arne). Il
note (pp. 235 s.) les influences scytho-sârmates, donc iraniennes,
qui, (d'après les études de Rostovtzeff et d'Ardénne de Tizac), se
sont exercées sur l'art chinois des Tcheou et des Han, qu'elles met-
taient ainsi en rapport indirect avec l'art grec. Le bouddhisme lui-
même, par ses missionnaires dont la plupart étaient de nation yue-
tche, donc iraniens (v. supra), a pénétré en Chine sous une forme
presque aussi iranienne qu'indienne, ce qui expliquerait le grand dé-
veloppement du culte des Bodhisattvas et dé l'Amidîsme. Après
des persécutions, on le voit devenir religion d'état.dans le royaume
tartare.des Wei (ve siècle). Le v'ne'-siècle, sous la dynastie des Tang,
f
est âge des fameux pèlerins bouddhistes chinois ; puis il se forme
un syncrétisme philosophique et moral entre le Mahayana, la morale
confucéenne, et là métaphysique taoïste. Le bouddhisme se montra
Intolérant à son tour sous la fanatique impératrice "Wou Tsô-t'ien
(699) qui persécuta le christianismenestorien, obligé finalement de
se réfugier en Mongolie jusqu'aux Gengiskhanides (xme siècle).
A l'époque des SOng, le bouddhisme recule devant le positivisme
confucéen; Tchou-Hi (né en 1130) fonda cet évolutionnisme scien-
tiste qui devint la doctrine officielle des Lettres, parce qu'il avait
su donner pour fondement à leur morale traditionnelle une philo-
sophie première constructive, née, semble-t-il, soùs l'influence in-
dbecte; des spéculations taoïstes; c'est, d'après le Père Le Gall,
traducteur de Tchou-Hi, un « monisme d'émanation», qui reste
intellectualiste grâce à la notion de « Li » (la « Norme »), ' avec le
déterminisme de destructions du mondé et de créations alternantes
et nécessaires (pp. 379 suivantes). Kubilaï et les autres empereurs
mongols furent très tolérants pour tous les cultes, mais favorisèrent
surtout le bouddhisme. Kubilaï emploj^a un lama tibétain, son au-
xiliaire, à convertir les Mongols dans leur ancienne patrie, et à
gouverner le Tibet (pp. 460 suiv.) Enfin, sous la dynastie nationale
Ming, Une réaction contre Tchou-Hi fut produite par le philosophe
Wang Yang Ming (1471-1528 ou 1529), qui, sous le nom d'Oyomei,
a trouvé surtout du succès au Japon ;.avec lui, le système de Confu-
ciûs ,à l'exemple du Mahayana, tendait à une sorte de monismeidéa-
liste (p. 490 ss.)
Le D* MATIGNON, annonce-t-on, a donné sous le titre « la Chine
hermétique » une cinquième édition, tout à fait mise au courânt,de
son ouvrage, que l'on dit impartial, quoique peu encourageant,sur
les superstitions chinoises (2).

(1) GROUSSET, HÉO, chap. II, III, IV, passim.


(2) Titre : J. J. MATIGNON. La Chine hermétique, superstitions, crime et misère,
^•'.édition, xx-401 pp. ih-4,1929. / «
566 .BULLETIN DE SCIENCE .DÉS RELIGIONS

L'histoire religieuse de la Corée trouve de fréquentes mention


dans les ouvrages que nous avons recensés. WURM-BLÙM 3' montre
siégeant, au-dessus de confucianisme et du bouddhisme, l'Etre Su-
prême Hananim, analogue à l'Empereur d'Eu Haut/chinois (-1).

Tibet et Mongolie. — Le même ouvrage caractérise (d'après


Franke) l'antique religion « Bon » des Tibétains, laquelle serait ve-
nue du Tùrkestan, comme étant, dans son état actuel, moins une .
:
religion naturiste aux données antérieures au bouddhisme,;qû'une^
religion anti-bouddhique, qui s'est d'ailleurs fortement mêlée
d'éléments pris à celle du Bouddha (2). '

GROUSSET décrit la manière dont l'état tibétain s'est formé, et


comment il est devenu le refuge et le conservatoire d'é'l'a'littérature
bouddhique sanscrite, quand les Hindous, les musulmans ou les
confucéens chassaient le bouddhisme de l'Inde, de la Kacligarie et
de la Chine. On a vu r action qu'eut l'empereur de Chiné Kubilaï.
La théocratie bouddhique qui gouvernait le Tibet depuis le xe
siècle ayant été réformée par Tsong-kha-pa (1357-1419), un grand
nombre de clans mongols furent convertis par le « clergé, jaune »
sous le troisième grand-Lama, et, depuis lors, il existé une alliance
étroite entre les Mongols et l'église réformée (3). ' '.
M™e Alèxandra DAVID-NEEL nous, a décrit les mystiquès/et les
. .
«
magiciens » du Tibet d'aujourd'hui (4).
Japon. — Voir WURM-BLUM, ci-dessus. —- F. KRAUSE,-dans
RE.(5), note lés mêmes contrastes, du Shinto avec laReligion/indi-
gène de la Chine ; s'il y a de part et d'autre culte de/la nature et
culte des ancêtres, au Japon le premier n'est pas,fondé.sur; l'hbsèr-
vation systématique, mais sur des contes'et des fantaisies puériles, .

et celui des morts n'est à l'origine que, pratiques dictées par la


crainte. L'anthropomorphisme et le nationalisme dominent ,toùL;
l'idée de l'« Univers » est absente. Le Bouddhisme, introdùitparlà
civilisation .chinoise, et mêlé au Shinto, n'a pas donné une religion
populaire syncrétîste avec un Culte d'État presque pur; coihmèdans
l'Empire voisin, ihais une nouvelle forme de culture, par un parfait;
mélange avec l'hindouisme.
On a annoncé l'année dernière une histoire de la religièhiapo-

(1) WURM-BLUM,. op. cit., pp. 277 s. '".'" :


(2) Ibidem. - -
360. suiv., 460 suiv., 517 suiv., passini. "';---.:'
. . .
(3) GROUSSET, HEO, pp.
(4) Alexandre DÀVID-NEEL. Mystiques et magiciens-du Tldbet, in-8, gravures,
Paris, Pion, 1929. ) "-
(5) F, E:A. KRAUSE. Die japanische Religion, RE, pp. 273-280.'
INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 567
.

baise/par le savant ANESAKI (')- Cette année, c'est un ouvrage du


Prof. GÈNCHI KATO sur « la religion nationale du Japon» (2), qui
doit eu faire l'histoire et la relever aux 3'eùx des étrangers en mon-
trant que le Shinto n'a pas seulement un intérêt archaïque,que les
patriotes y tiennent, et que cette religion de la nature est aussi
éthique et intellectuelle. Nous ne pouvons encore rendre compte de
ces livres, non plus que de celui de RIBAUD ( 3) qui mène au Japon
« lé jeune Stanislas », émule du jeune Anacharsis, pour s'initier à
l'histoire, à la religion, à la philosophie, littérature, beaux-ârts de
ce pays.
Mais nous reviendrons sur la « Mythologie japonaise » de MATSU-
MO.TO, dont nous avons déjà donné un aperçu l'an dernier (bull.
1929, p. 551) (4), Cette'thèse de doctorat parisienne offre un réel
intérêt, parce qu'elle relève les analogies des mythes et des cérémo-
nies shintoïstes avec, ceux de beaucoup de races primitives bu
demi^civiliséès d'Extrême-Orient ou de plus loin encore. Ainsi les
récits de la terre tirée des eaux, par Izanaghi et Izanami, du mariage
du frère et delà soeur, de la séparation du ciel et de la terre, etc,
trouvent leurs pendants chez des populationsmaritimes de Formose,
de la Polynésie, et la théogonie est analogue à celle de la caste sa-
cerdotale des Maaoris ; la réapparition ou résurrection de la divinité
du soleil, certains mythes de corbeaux, l'efficacité de la danse ou
des gestes libres des femmes, représentant la fécondité, pour vaincre
le démon de l'hiver, se retrouvent chez les Aïnus (E) de la grande
île septentrionale, et sont connus des Indiens de l'Amérique du Nord,
des Tchouktchis de Sibérie, des Esquimaux. L'auteur fait remonter
les éléments du Kojiki, du Nihongi et du Kogoshui aux anciennes
corporations chargées de transmettre les traditions ancestrales.
Les prêtres d'Lzumo étaient adorateurs de Susanoo, qui est le dieu
de l'orage fécondant, sous son aspect favorable (car les dieux japo-
nais ont deux caractères, deux « âmes », l'une bienfaisante, l'autre-
malfaisante), en rapport avec le tonnerre, l'eau et le serpent ; les

(1) Titre: M. ANESAKI, History of Japanes de religion,wilh spécial référence


io the social and moral lifeofthe nation, gr. in-8,1929.
(2) Titre : GENCHI KATO, prof, à l'TJniv. de Tokyo. — Le Shinto, religion na-
tionale du Japon, in-12, Bibl. de vulgarisationdu Musée Guimet.
{3) Titre : Michel RIEAUD. Voyage du jeune Stanislas au Japon, ou Essais sur
la civilisation Japonaise'', in 16. Le tome premier, 301 pp., a déjà paru en 1929,
chez Geuthner, Paris. ,
(4) Nobuhiro MATSUMOTO. Essai sur la mythologie japonaise, in-4 couronne,
chez Geuthner, 1928 (v. bull. de 1929).
(5) Léo STEiNRERG,T/ie Ainu problem, rattache pourtant ce peuple, en raison
de sa civilisation et de ses caractères physiques^ aux populations del'O. del'Aus-
trpnésie, non aux peuples polaires ni à la Sibérie, à la Chine ou à la Corée. (An-
propos, Sept. déc. 1929, pp. 755-799).
568 -ÎSULLETIN DE SCIENCE DES REDIGIONS

ancêtres de la famille impériale qui soumit Izumo et le reste du pays,


adoraient Amétérasu, la déesse du soleil, dont l'auteur yoitl'liypôr
stase dans une ancienne prêtresse-reine, pareille aux prêtresses ârr
chaïques des îles Biou-Kiou. Le prêtre était dieu dans les cérémonies,
aussi le caractère d'une divinité se déterminë-t-il; par là classe de
prêtres et les rites qui ont rapport a elle. Le pouvoir masculin se
substitua au féminin,mais la divinité de l'Empereur est un: souvenir.
de celle des prêtres et des prêtresses. Rlatsumota .montréTsur. quels
points les cultes des deux familles divines différaient, et ;ce qui
passa de celui d'Izumo dans l'autre qui le réduisit;au second rang. Et
ce n'est là que la partie principale de ces curieuses remarques. Le
eh. I donne en vingt-sept pages le résumé des mythes japonais tel
qu'il est dans le Kojiki, en omettant toutefois ce qui est antérieur
au couple Izanagi-Izanami. Beaucoup d'autres; traductions sont
éparses dans lé livre. ;'
E. BERNARD ÀtLôj O. P.
Fribourg, juin 1930.
.BULLETIN DÏÏISTOIBE;.
DES:
DOCTRINES CHRÉTIENNES
.

III, -_ OCCIDENT. ANTIQUITÉ.


Pour le XVe centenaire de S. Augustin (430-1930).
Le XV? centenaire de la mort de S.Augustin est et sera l'heureuse
occasion de multiples publications sur la personne et les oeuvres
du grand docteur africain. Mais il y a sans doute à cet intérêt des
motifs plus profonds, renforçant lapermanenteséduction qu'exerce
Augustin sur la pensée chrétienne, et même sur toute pensée hu-
maine. La renaissance des études médiévales et le souci des per-
spectives historiques en lesquelles on veut maintenant comprendre
Albert le Grand, Bonaventure ou Thomas d'Aquin, devaient néces-
sairement conduire à leur commun maître et à l'inspirateur de la
spéculation religieuse médiévale en Occident.
Il semble par ailleurs que, au delà des préoccupations de l'histoire,
il y ait dans la vie intellectuelle présente du catholicisme, après
un fécond épanouissement du thomisme, de son intellectualisme
aristotélicien, de son humanisme et de son rationalisme theplogique,
une poussée diffuse vers une philosophie d'inspiration augùstinienne,
où les valeurs intuitives et affectives sont remises au premier plan
et ou les besoins religieux de l'âme tendent-à absorber la nature
dans le primat mystique de la grâce.
: De toute manière, le développement de la pensée chrétienne occi-
dentale est commande, à son entrée, spécialement en anthropologie
et en sotériologie, parles expériences et par les doctrines de S. Au-
gustin. Historien et théologien, chacun selon sa méthode, trouvent
donc là un inépuisablesujet.
' Ne voulant point faire une bibliographie des travaux récents
(notre Recension des revues, avec ses tables, y pourra aider le lec-
teur) (x) nous nous attacherons plutôt à discerner, à l'occasion des

(1)Pour la bibliographie générale, cï. E.NEBREDÀ, Bibliog'vaphiaaugusUnicL"


lia, sëu Operum collcctio qitioe divi Augustini vitam et doctrinam quadantenuse$«
S7Ô BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

principales publications, les points de vue qu'on se plaît à dégager


Nous signalerons ensuite quelques monographies. '. 7

C'est l'étude du moyen âge qui a conduit M.E. GILSÔN à S.Augus-


tin (1). Le rencontrant à chaque pas, l'historien se devait une fois
pour toutes d'aborder le problème posé par cette présence permanen-
te, au coin dés plus petits articles des Sommes comme au départ des
oeuvres maîtresses des mystiques et des scolastiques.
Ainsi posé le problème, il ne s'agissait point d'explorer les sources
de l'augustinisme, ni même d'inventorier en son détail les opinions
d'Augustin. On devait atteindre l'esprit même de l'augustinisme,
en dégager les thèses capitales, les lignes génétiques, « qui, comman-
dant l'ensemble de la doctrine, permettent seules d'en ordonner et
d'en interpréter exactement le détail » (p. I). Il fallait l'activité
d'esprit peu commune de M. G. et la souplesse affinée dé sa psycho-
logie, pour mener à bien une telle besogne, au milieu de ses autres
études historiques du moyen âge. Si, en effet, il a recouru aux tra-
vaux antérieurs (dont est dressée, avec de précieuses indications
la bibliographie), il s'est attaché ayant tout aux textes, contractant
ainsi avec la lettre d'Augustin une familiarité qui est le gage d'une
authentique communion avec son esprit.
En abordant la pensée de S.-Augustin, on se sent arrêté par une
première impuissance : unifiée à fond (même à travers ses varia-
tions, Cf. p. 293, notel), au point qu'on reconnaît sa lumière et
qu'on sent sa présence active jusqu'en sa plus ordinaire expression
verbale, cette pensée semble cependant inorganique; oh ne-peut
en dénombrer-et dissocier les articulations ; tout y-est dans tout ;
c'est un cercle sans entrée. Comment donc y « introduire »? Et com-
ment en dresser le plan ?
Sans doute l'amateur ou le fidèle peuvent Se fier à leur sympathie
pour contracter ce commerce spirituel; mais l'historien est plus
exigeant et sa recherche veut être plus technique, sans cependant'
laisser évanouir sous ses doigts l'âme indivisible. C'est le mérite dé
M. G. d'avoir conservé pour lui, et ménagé pour le lecteur, le
sentiment de cette impuissance, d'un bout à l'autre de l'exposé

ponu.nl. ftoma,-ïip. poi. Cuol'e di Maria», 1928 ; in-8, Xïi-272 pp.. ; 20 l.~
«
C'est un répertoire mal tenu ; mais tel quel il peut rendre service.
(1) E.' GILSON. Introduction à l'étude de saint Augustin. (Etudes de philos,
tnéd., XI) Paris, Vrin, 1929 ; gr. in-8, n-352 pp. — Ce titre nous invite à men-
tionner, une întroduccion a la jiloso/ia- de San Agustin, du P, C. A. VEGA,
Monasterio del Escoriàl, 1928; gr. in-8, xvi-190 pp. ; 6 pes.C'est un recueil
d'articles, parus dans La Ciudad de Dios, et groupés sous les titrés : « Valeur
caractéristique de la philosophie de S. A. », «Valeur systématique», «Valeur
actuelle». Mais'nous y sommes beaucoup plus près du genre panégyrique qufe
du travail scientifique.
' OCCIDENT, ANTIQUITÉ Ôvl

Synthétique auquel il faut bien tout de même réduire la doctrine de


S;Augustin.
Cet exposé prend son départ dans l'équivalence, même dans l'iden-
-tité^ entre la sagesse et la béatitude : c'est déjà tout Augustin, son
eudémonisme, son intellectualisme, son volontarisme aussi,-—si
l'on consent à immobiliser dans ce vocabulaire massif les souples
démarches d'une si compréhensive spiritualité. La possession de
Dieu étant l'unique rassassiement possible de cette aspiration vers
le bonheur, c'est dans la" recherche de Dieu que tiendra toute la
philosophie augustiniénne : recherche par l'intelligence (Ie partie),
recherche par la volonté (IIe partie) ; enfin, assumée dans cette re-
cherche comme une suppléance du Dieu encore inattingible, la
contemplation de Dieu dans son oeuvre (IIIe partie). Ainsi les élé-
ments de physique, de cosmologie, de psychologie (vestiges et image
de Dieu) se trouvent engagés dans cette dialectique vivante, comme
ils Tétaient en l'âme d'Augustin, et trouvent là leur sens et leur
réduction à l'unité. C'est un des plus appréciables mérites de cette
« introduction », que n'avaient pas su toujours ménager les interprè-
tes anciens. ""-..-
Une seconde impuissance nous arrête, de plus en plus contrai-
gnante à mesure qu'on lit les textes, et qu'on pénètre la mentalité
augustiniénne : même aux endroits où ses énoncés sembleraient
devoir être précis et fermes, et où nous pourrions enfin la saisir en
dès formules techniques, elle nous échappe, suggérant sans définir,
variant ses expressions avec une déconcertante mobilité, toujours
oo.verte vers un achèvement irréalisé. Loin de s'acharner à réduire
une si radicale difficulté, M. G. y voit le trait essentiel de cette
doctrine, mieux, de cette méthode, en parfaite harmonie avec la
condition fondamentale, selon Augustin, de toute recherche philoso-
phique. Sic ergo quaeramus lanquam ihventuri, et sic inveniamuS
ianquani quaesiiuri. Chacun doit pour soi poursuivre la béatitude
et posséder la sagesse ; les formules n'en sont point communes, et
toute recette serait vaine. Il ne s'agit point de vérité toute faite,
qu'il suffit de commenter et d'apprendre ; le bonheur ne se donne
pas en décrivant les moyens de l'acquérir.
Mais, respecté ce caractère foncier, encore faut-il suspendre notre
expérience et nos efforts à l'expérienced'Augustin, M. G. analyse alors
avec une savoureuse pénétration les formules où elle s'exprime, à
travers les allitérations verbales, les contextes variables, les inter-
prétations métaphysiques. Il a souci surtout de saisir les « positions »
du problème où, plus que dans les conclusions, l'intuition origi-
nelle est perceptible en sa fraîcheur.
Ainsi, en particulier, délimite-t-il, pour le problème si délicat
dés rapports de-la raison et de la foi, « le terrain d'élection sur
lequel la pensée d'Augustin s'est Constamment tenue et où l'his-
toire doit se maintenu' pour le comprendre »... » Pour comprendre en
quel sens l'augustinisme est une philosophie, c'est l'opposition de
la foi et de la raison considérées comme des systèmes de connais-
5')2 '; BULLETlk D'HISTOIRE DÉS DOCTRINES CHRÉTIENNES

sances autonomes qu'il faudrait dépasser : or on ne le peut qu'en


comprenant l'une et l'autre dans l'unité d'une réalité qui les inclut
et qu'il suffit de poser pour les poser » (p. 42). C'est celte inclusion
de l'effort rationnel à l'intérieur.de la croyance — imposant et im-
pérant dans l'expérience concrète d'une vie de l'esprit toutes les
démarchés (à-commencer par cette démarche première de la recher-
che de Dieu)—qui rend compte del'authentique sens du Crede
ut inlclligas augustinien. Non pas* donc, déduction de conclusions
philosophiques à partir de la révélation et par voie d'appel à ]a foi ;
ni non plus philosophie préalable assumée comme servante par la
théologie, ce qui supposerait, une distinction antérieure de la phi-
losophie et de la théologie ; mais unique sagesse, en face de son
unique objet adéquat, le Dieu béatifiant, sagesse qui use de ses
ressources rationnelles selon leur qualité propre, pour mieux péné-
trer l'objet que lui livre la foi. C'est la « philosophie chrétienne »
d'Augustin. .
Par ce retour, difficile même à l'historien, à une mentalité que
n'a pas touchée la distinction explicite de deux ordres de connaissan-
ce, M. G. atteint le concept augustinien d'intcllecfus, récompense
de la foi ; c'est le fausser, historiquemêrit et doctrinalemenl, que de
l'équiparer à ce que nous appelons raison, et c'est s'exposer à des
mécomptes que dé chercher dans là définition augustiniénne des
rapports entre la foi et l'intelligence, la solution du problème mo-
derne des rapports entre la foi et la raison.
Ce retour, cette involution de l'historien vers une « position »
dépassée de ce"problème, est sans doute difficile à réaliser. Le
P. BÔMEYER, dans une étude critique deT Introduction de M.G. (})j
veut absolument reprendre et reconstruire la synthèse augustiniénne
selon les schèmes et les divers registres ultérieurement fabriqués:
philosophie, crédibilité, théologie (?); Mais non, ce ne fut pas là
l'itinéraire d'Augustin vers Dieu.
C'est également pour n'avoir pas ressaisi cette conception augusti-
niénne, que certains ont voulu dissocier et contreposer en Augustin
néoplatonisme et christianisme. Certes c'est une opportune et légi-
time besogne d'étudier dans Augustin la relation du néoplato-
nisme et du Christianisme, mais ce n'est pas la bien engager que de
rechercher comment Augustin a progressivement répudié la phild-

(1) \trois problèmes de philosophie augUstîliiennc. Apropûs d'un: livre récetiti


dans le cahier 2 du vol. VII des Archivés dè.Philosophie(ParisyBeaUchesnêj1930),.;
tout entier consacréà dés Etudes sur siant Augustin, que nous aurons;l'occaïioïi
de mentionner ici.
..
(2) «M. Gllson n'aperçoit pas chez Augustin l'élélnelit ihterhiëdiaire:dephi»
losophie, qui, au moins implicitement, se situe entre la/philosophie grecque: ou:
séparée et la philosophie du credo » (p. 207.) C'est î'ihtétlïge ui:credas-,M\aiit'îe:
Qrede ut inielligds.
..;•". OCCIDENT. ANTIQUITE 5Ï3

sophie platonicienne au nom de la philosophie. chrétienne. C'est


encore introduire une perspective anachronique dans: la.'genèse
spirituelle7d'Augustin. Certains historiens commirent cette faute,
et.la commettent aussi certains théologiens qui, exploitant pour
construire une théologie de la vie spirituelle, l'expérience d'Augustin,
veulent purifier cetteexpérience de son âthmosphère platonicienne,
et dissocier dans sa contemplation ce qui relève d'une philosophie,
à leurs yeux dommageable, et ce qui relève du pur surnaturel,, seul
digne.aliment du croyant et seule matière d^une vie contemplatt-,
ye,;— comme si la contemplation était.d'autant plus chrétienne
qu'elle engage moins les ressources ratioiielles: du contemplatif,
et sa .mentalité (sinorn son système) philosophique P).
En vérité, comment dissocier de la mystique. dfAugustin,, tant
dans son expérience que dans sa théorie, ce qui relève del'illumina-
.Hott (néoplatonisme)..? La théorie de 1 illumination. - est au coeur
même, 'dé-, la « philosophie », de la sagesse, de la cflntempiatifl.n
augustiniénne. Invoquer l'autorité d'Augustin en éliminant cette
illumination, c'est faire de la mauvaise histoire sous prétexte de
poursuivre en théologie une vaine et inutile uniformité de la trà-
dition..
,

L'un des meilleurs: chapitres de M. G. est précisément., celui où.


il interprète, avec beaucoup de discrétion,rilluinination augustinien".
ne, et, par elle, toute la îioétique (chap. V, 103-125).. Nous, ne po.Uj-
vons, qu'y renvoyer, ainsi.qu'au paragraphe suivant.(pp. 12:5-137)
où « la vie de l'âme » est décrite à partir dé cette présence de- l'âiné
à elle-même, qu'est.la. memoria.
Mgr GRABMANN vient de rééditer, après de notables amélioration^.,
la; monographie où il donne une interprétation — identique en: subr

(1) îl convient également de faire le départ entre ce qui,, dans ia..prièrJ3


«
d'Augustin, est d'origine purement chrétienne et ce qu'il a gardé toute sa Vie.
du néoplatonisme ; or, la discrimination n'est pas toujours,aisée». M* GÔMEAU,

...
1

La vie intérieure du chrétien, d'après les « Tractaius in J.oannemj» de S. Augusiiil,


dans Rech. se. rel., 1930, p. 6.
« Il y aune véritable difficulté à décider, en de très nombreux cas, s'il;parle
en chrétien ou en philosophe... Beaucoup [de textes], même de ceux qui ontété
plus tard interprétés dans le sens de la mystique chrétienne, sont si voisins du
nëoplatpnisriie, qu'il estbien difficile de se prononcer sur leur véritable.hature ».
M..VILLER, S. J., La spiritualité des premiers siècles cAre7;'e/3SjParis,Bloud, 1930,
.p. 147-148.
C'est une dissociation du même genre, et aussi peu historique, que certains
opèrent sur S. Jean dé la Croix, pour le désolidariser de Dehys, qu'on trouve
compromettant et qu'oniv.oudrait.jeter par dessus bord, afin de rendre indemne
"de tout néoplatonismela mystique de S. Jean delaCroix. Cf. P. Bnt)KTo DE J. M.
Saint Jean de la Croix, Paris, Pion, 1929, p. 276 sq.
REVUEDESSCIENCES,^—T.XIX.,FASC.3.—37.
MA BULLETIN D'HISTOIRE DÉS DOCTRINES CHRÉTIENNÊê

stance à celle de M. G. — de là noétique d'Augustin et de ses con-


séquences dans là connaissance de Dieu-(1).- ;-'
Dans les Archives de Philosophie, loc., cit. (2), le P. BO^ER réprend
pour son compte l'examen de «la preuve de Dieu augustiniénne »,
dont le sens dépend aussi de la théorie de l'illumination.
Rappelons enfin les solides chapitres où le P. GARDEIL met au
service de la doctrine thomiste de la structure de l'âme sa longue
méditation de textes augustiniens du De Trinïtale sur'le ifteits; et
sur la genèse intérieure du verbum (*). Le P.Romeyer a bien tort de
voir» une offensive effrénée» (4) dans ces analyses, qui, en vérité,
allient à point l'admiration pénétrante de la-pensée id'Augustin
et le sentiment très probe d'une profonde divergence; entre cette
pensée et là mentalité aristotélicienne de S. Thomas.

Ce n'est pas sortir de la « philosophie » d'Augiîstih,mais en préciser


l'esprit par l'une de ses plus significatives conséquences que d'exa-
miner l'anthropologie augustiniénne, et plus ^particulièrement sa
doctrine ^uittâriage et de la sexualité, point névralgique d'une
conception de la vie humaine aux prises avec lé péché.- Passant sur
ce plan moral, après le plan psychologique, nous sentirons davanta-
ge la répugnance de Faugustinisme à envisager comme telle une
loi de nature, dans son contenu propre et sa légitimité.
Vient de paraître précisément une thèse de droit, présentée par
Meue G. SERRIER à la faculté de Nancy, sur le mariage contrat-sa-
crement, où la recherche porte particulièrement sur «la doctriiïe
augustiniénne des biens du mariage » (E).
L'oeuvre de chair est-elle bonne ? et à quellesr conditions ? Le plai-
sir y. a-t-il une place normale, ou ne vient-il pas au contraireladis-
qualifier, comme Une souillure originelle, dont seuls-des «biens»
ultérieurs pourront esquiver lé fâcheux effet?... Ces- trois biens
sont, selon la formule devenue classique, prolek,fides,.sacrameiitum.

(1) M. GRABMANN, Die Grtlndgedanken des M. Augmtiliiis ûbër Secte hndùott,


inihrer Gegenwarlsbedealung. Kôln,Bachem,1929 ; in-8,111 pp.—La.premlèré
édition date de 1918.
Mentionnons aussi. M. HAESELË, Beilràge zur auguslinisclieti- Psychologie,
Glarus, R. Tschudy, 1-929 ; in-8, 55 pp. v
(2) Vol, III, cahier 2, pp. 105-141.
(3) A. GARDEIL. La structure del'ame et l'expérience mystique. Paris, Gabalda
1927. VoL I ;Première partie : te nierissujet récepteur de notre vie divine, pp.,
3-267. Et vol. II, appendice II : S. Thomas et l'illuminisme augustinien, pp.313-
-325.. .•'-" •

/ (4) Arch. de Philos., loc. cit., p. 212.


(•5) G; SERRïERi De quelques recherches concernant le mariage contraUsacremenij
et plus particulièrement de la doctrine augustiniénne des biens dujnariage. Paris,
de Boccard, 1928 ; in-8, iv-256 pp.
-
"
-
: OCCIDENT ANTIQUITÉ 5:7S

C'est du contenu de cette formule que MelIe S. veut retracer


l'histoire. Nous avons cependant peine à reconnaître un travail
historique dans cette compilation de notes mises bout à bout ; les
textes y défilent sans contexte ni élaborationsuffisante, et de banales
transitions de style remplacent souvent les liens génétiques par
lesquels on voudrait ressaisir l'évolution de ce thème doctrinal.
Cette fâcheuse impression s'aggrave lorsqu'on s'aperçoit qu'en
fait ce dossier n'est qu'une cueillette de. textes au service d'une
thèse : le mariage est un contrat, et il est inopportun (et antitraditibn-
nel) de recourir à la théorie «institutionnelle» pour en définir la
nature. Quoi qu'il en soit ici du fond de cette controverse (x),
la méthode est mauvaise et rappelle trop les procédés des manuels.
Pour ce qui est de S. Augustin en particulier (pp. 76-75), créateur
de là formule tripartite des biens du mariage, son témoignage (fa-
cilement favorable à la thèse «.contractuelle ») est exploité hors de
son contexte et des principes généraux de la doctrine. L'exégèse en
est dès lors très matérielle ; les trois termes de la formule sont
interprétés, puis utilisés, sans précision ; sortis du cadre et de la
position des problèmes qu'envisageait Augustin,ils voient leur valeur
déplacée. ~~

Toute la question est dominée chez Augustin parle fait de la


concupiscence résultant de la faute originelle. Comment le mariage, *

dont l'oeuvre est liée à la concupiscence, reste-t-il bon? Car contre


les doctrines des manichéens, et malgré les imputations des pél.a-
gieiis, Augustin maintient la bonté du mariage. Mais comment?
.

Le P. ALVES PÉREIRA, dans son ouvrage un peu systématique


sans être suffisamment synthétique, sur La doctrine du mariage
se Iqn S.Agustin (3), donne avec clairvo yance les éléments du problème.
Le mariage est un remède, remède pour une nature déchue, impuis-
sante à vaincre la concupiscence ; grâce à lui et en lui, on use bien
d'un mal, on met ce mal de la concupiscence au service de la procré-
ation des enfants, afin que du vice résulte un bien. Si l'homme n'avait
pas péché, l'oeuvre dé la génération se serait accomplie, certes, mais
dans la perfection, c'est-à-dire sans la jouissance qui l'accompagne
à présent. De même, maintenant, le mariage serait beaucoup plus
parfait s'il ne se développait que dans la continence, dans un

(1) "On pourra Voir le plus récent exposé de la théorie « institutionnelle»


.appliquée au mariage, dans G. RENARD, La théorie de l'institution. Essai d'onto-
logie juridique. Vol.I. Paris, Sirey, 1930 ; 36 leçon, pp. 126-147. Dans lès notes
de ce chapitre, M. R. revendique nettement (contre S.) l'autorité de S. Thomas
en faveur de sa thèse, spécialement grâce au texte de la Summa contra Genliles,
IV, c. 78.
(2) B. ALVES PEREIRA, O. M. La doctrine du mariage selon S.Augustin. Paris;
Beauchesne ; 1930 ; in-8, xi-247 pp. C'est une thèse' de doctorat présentée à
l'Université de Fribourg (Suisse), en 1917.
5.7-ë- BULLETIN D'HISTOIRE DÈS DOCTRINES CHRÉTIENNES

amour conjugal entièrement purifiés selon lequel les conjoints;ai-


meraient en eux ce qui est de l'homme et haïraient ee;<qui est de
l'époux. •;.'.
C'est dans ce contexte que se place et s'éclaire la doctrine des.
biens du mariage: proies, fides, sacramentumty, dpntle sens est
imprégné de la conception «médicinale» du mariage.
Le P. A. P., qui en tout cela souligne l'obscurité de là pensée de
S..Augustin, propose,pour réclaircir, une distinction entre le. but du
nfariage, but naturel et unique, la génération,'-.&% lés biens, tout
pénétrés de l'idée de remède (cf. Ghap. 3, pp. 41^65). Distinction;
heureuse en soi? Peut-être, mais qui me semble introduire dàns.ig.;
doctrine d'Augustin un facteur dépassant sa pensée. Augustin m'a;
point à la base de sa doctrine la notion de nature .et de loi naturelle/;
tout entier absorbé par l'état de fait de riiomnie-— règne du pé-,
ché, triomphe de la grâce — il n'a pas discerné rii; abstrait ce qui;
.
relève de la nature dans le mariage* dans saloijètdâns sesplaisirs.
Peut-être, le P. A., n'à-t-il pas assez marqué cette mentalité spus-
jacenteà tous les textes d'Augustin, si bien équilibrés, soient-ils
entre le pessimisme de Manès et le naturalisme de. Pelage. Aingl,
"par exemple, aurait-il reconnu la raison profOnde pour laquelle
Augustin n'a pas affirmé sans réserve l'indissolubilité,: ne la ratta^
chant pas à un ordre de,nature, mais seulement|au synibolisme'&%..
sacmmentum(-pp. 82, 128).

C'est toucher encore au plue profond de l'âme et de la doctrine


.
augustiniennes qUe de les aborder par le problème de la prédesti-
nation. Autant d'ailleurs le sens général et l'esprit des solutions
d'Augustin nous paraissent clairs:-=r- à la gloire de la totale indépen-
dance de l'action divine et de l'absolue gratuité de sa grâce (contre
Portalié) —• autant le détail des formules est difficile à analyser et
l'ordonnance systématique délicate à reconstruire, ainsi qu'en té-
moigne la très laborieusehistoire de l'augustinisme dans la théologie
chrétienne.
Dans sa thèse de doctorat, consacrée à La pensée de S. A ugusiin
sur ta prédestination gratuite et infaillible des élus à la gloire, le P.
iFr: SAINT-MARTIN (2) applique à celle analyse et à cette reconstruc-
tion.une méthode bien fâcheuse, où s'allient étrangemenL, comme
dans les mauvais manuels de théologie, de graves imprécisions his-
toriques et des précisions spéculatives hors de propos, hors de la

(1) Le chapitre VlII sur Le mariage:en tant que «sm-diwnliïm»VpV 57.2-228,,


est particulièrement soigné et attentif aux textes, sur ce point très délicat du.
sens du mot sacramentum. "
(2) Fr. SAINT7S1ARTIN, A. A., La pensée de'S. Augustin sut:ta préàesiiimtioH
gratuité et infaillible des élus à la gloire d'après ses derniers écrits (426L430)j
Paris, Bonne Presse^ 1930; gr. in-8, 165 pp;
OCCIDENT. ANTIQUITÉ :577
.

.perspective de S. Augustin : son enquêté est toute entière menée «n


dépendance et en fonction des catégories thêplogiqués du xyie siè-
cle, au lieu dé se modeler sur les démarches d'Augustin' aux prises
vavec Pelage, Julien ouïes moines dé Marseille. Ce déplacement de
perspectïye provoque un trouble continu dans l'interprétation
des textes, même lorsque matériellement le sens en est exactement
rapporté. Nous ne 'citerons qu'un exemple ; il est topique, et au
centre même de la thèse de S.-M. On sait que, dans la théologie delà
«prédestination, la fameuse distinction de l'ordre d'intention et de
l'ordre d'exécution est l'une des plus fécondes et sûres lumières. -La
théologie en est redevable à la spéculation médiévale ; elle fut alors
l'élément•.-clarifiant;et le point névralgique de la construction. C'est
;elle qui manquait aux: Anciens. Leur attribuer après coup, même
avec les réserves protocolaires, et surtout organiser autour d'elle
leur pensée, c'est porter à leur actif un avoir qui leur manque, et
dont l'absence précisément rend seule compte de leur inquiétude,
'dé la gaucherie de certains de leurs concepts, de l'excès de leurs
-expressions. Or S.-M. dispose (chap. 3 et 4) autour de cette distinc-
tion là doctrine de S. Augustin, sous prétexte que l'absence de
cette distinction n'est attribuable qu'au caractère concret de ren-
seignement du saint docteur, tout ordonné ou ramené à la pratique.
« Ce
n'est donc pas altérer sa pensée, mais seulement la coordonner,
'que d'y déco uvrir laconsidération du double aspect de l'intention
:
étdèrexécution »(p;t>ï). « Y découvrir »... le mot trahit la méthode !
Lesméritesréels de cette dissertation sont gâtés par une telle métho-
L'intention permanente de S.-M. est d'établir l'équivalence S. Paul
V;'="g. Augustin == S: Thomas. Nous tenons, certes, nous aussi cette
.'équivalence ; mais nous la traitons avec la discrétion de l'historien,
qui en maintient les ternies sur des plans et dans des âges différents
de la pensée chrétienne, -— avec la discrétion aussi du théologien,
qui distingue et qualifie diversement, selon lès «lieux» théologiques,
donné révélé, autorité (probable) d'un Père, « science » theologique
(thomiste). M. S.-M;, dépourvu de cette double discrétion, passe
incessamment et indûment de l'un à 1-autre, tant en analyse histo-
rique qu'en qualification théologique.
Une lionne manière de se familiariser avec la «philosophie» de
S. Augustin est de suivre son influence sur la pensée chrétienne à
travers les siècles. La; tâche est d'ailleurs délicate d'insérer dans
-Augustin les augustihismes de l'histoire et d'en mesurer la légiti-
mité. Les grands sj'stèmes ont, dans le cours des temps, une fécon-
.
dite assez déconcertante, déterminant dés courants de pensée où
méthodes et thèses originelles sont réemployées dans des systè-
'mes d'esprit différent qu'anime une intuition initiale toute autre.
A maintes reprises,. M;.- GILSON a excellemment noté ces genèses
'-$% indiqué leur orientation. (S. Anselme, p. 28 j les augustinisjueg
578 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES: CHRÉTIENNES

du xine siècle, p. 117, 122 n. 3, etc. ; le Jansénisme, p. 205 note ;


Descartes et Pascal, p. 303, n. 3).

En ce même ordre d'idées, M. G. a, dans des Réflexionssur la


controverse S. Thomas - S. Augustin (*'), très nettement fait le point
sur la question de l'augustinisme de S. Thomas en philosophie. Ces
notes concises marquent d'un trait sûr les lignes de démarcation.
Elles paraissent décisives.

Les discrètes réserves que fait M. BLONDEL (2) aux observations


de M. Gilson ne relèvent pas de l'histoire, mais d'une philosophie de
l'histoire de la pensée chrétienne ; on deviné quel est alors leur in-
térêt, pour le bel et difficile idéal d'une synthèse où les méthodes
augustiniénne et thomiste cohabiteraient.
Monographies.—Les « Confessions ».— J. BILLICSICH. Studien zu
den Bekenlnissen des hl. Augustinus. (St. der Leo-Gesellschaft,30).
Wien, Mayer, 1929 ; in-8, 157pp. ; 5 mk.
Un article du P. D.FRANSES, O. M. expose les Controversenover
Augustinus' Belijdenissen. (3)
Trinité. — Rappelons l'ouvrage de M. SCHMAUS, Die psychologi-
sche Trinilâlslehre des hl. Augustinus. Munster, Aschendorff, 1927.
gr. in-8, xxv-431 pp. Première partie (pp. 77-194) : Fondements
doctrinaux de la spéculation augustiniénne : l'être et la nature de
Dieu, la foi trinitaire, les formules contre les hérétiques, les proces-

(1) Dans les Mélanges Mandonnel. Etudes d'histoire littéraire et doctrinale du


moyen âge. Tome I. (Bibliothèque thomiste, XIII). Paris, Vrin, 1930 ; gr. in-8,
pp. 371-383.
(2) M. BLONDEL, La fécondité toujours renouvelée de la pensée augustiniénne
Pans Cahiers de la Nouvelle Journée, 17, pp.. 3-20. Paris, Bloud, 1930. — Et :
Les ressources latentes de la doctrine augustiniénne, dans Rï'). Néo-Scol:, août
1930, pp. 261-275.
Le premier de CÎS-articles fait partie d'un recueil (pp. 3-161) où nous.avons
encore : M. COMEAU, L'évolution de lasensibilitéde S. A. ; J. RIMAUD, Lëmaitre
intérieur; J. CHAIX-RUY, La perception du temps chez S. A.; È. CASTELI.I,
Le double aspect du problème du mal et S. A. ; J. DÉ PANGE, La Cité de Dieu ;
CH. BOYER, La contemplation d'Oslie.
Le second est; une partie de l'étude qui sera publiée en Angleterre, dans un
volume à paraître (Londres, Sheed and Ward). . -
(3)' Dans le fascicule consacré par la revue Stndia CatholUa (Nimègue) à S.
Aug., VI (1930), p. 344-361. Les autres articles sont C. SMITS, De H. Aug. als
leeraarder genade ; H. VAN LIESHODT, Wegen van waarhcid hij A. ; J. FEBON,
A. en de Kerlc ; J. v. D. GRINTEN, De staatsleer v. A. ; J. SCHRIJNEN, Deoniw iklte,
lingsgang in de faalvan S.A. ; J. DE JONG, A.en Janseqius, '
' OPGIBENT. ANTIQUITÉ/:. ..._;;: 5^9-
; ;
-

sions,lesrelations,lès personnes, la eircumincession des personnes,


-
les théophanies, les missions, etc. Deuxième partie (pp. 195-416) :
Les'analogies trinitaires empruntées à la.psychologie, en particu-
lier dans l'homme intérieur ; les diverses « triades ». — Analyse
fnihjrtieuse, correcte, mais statique, et un peu pesante en face de la
souplesse verbale et intellectuelle des textes. - -

/Çreatioà.—. L. PERA, p. s. A., La creaziohesimultanea e virtuale


secondei'-S. Agoslinb. Ipoiesi risolutivé dei problemi cosmogonici^
bio logic ieps ich ic i fondûie su l la concezione agos t in iana de l la creazione.
Voï.,1; I problemi cosmogonici. Vol. II. Iproblemi biologici. Firerize,
Libri e*dit,fior.,1929 ; in-12,xv-109 et xix-82pp. Opuscules préparant
un plus ample ouvrage. A partir des textes sur la création virtuelle, .
expose les théories: ahgustiniennes sur les corps inorganiques et
sur les êtres vivants. S. Aug. est nettement évolutionniste, ou,
plus exactement, pour écarter l'évolutionnisme matérialiste, « vir-
•tùàliste ».. Il le serait même pour le corps humain, quoique, après
hésitation, il incliné vers le créatiohhisme ; niais le P.. P. va pour
son compte, et selon là ligne augustiniénne; jusqu'à cette applica-
tion du. « virtualisme ». —'Etude intéressante, mais où l'exposé des
théories modernes et le souci de c.oncordisme ne peuvent pas ne pas
offusquer l'interprétation historique de la pensée d'Aug. en elle-.
même.;' y .

.-<--Dans son article précis et circonspect -.Saint Augustin et le


iranformisme (dans Arch. de Phil., Vil, 2, loc. cit., pp. 244-272),
ïeP. DE SINÉTY divisé au. contraire très opportunément son exposé
en deux parties : l'interprétation historique d'Augustin (contre Dor-
.

Ipdôt et Laminne (% il faut dire qu'il est fixisté) ; puis ce que pen-
serait un Augustin moderne, à la fois conséquent avec les principes
d'Augustin et informé des sciences biologiques (il rejetterait le
fixismè créationniste, adopterait le transformisme, mais non le
transformisme généralisé ni le transformisme anthropologique).
Signalons enfin Une très intéressante discussion entre le P.

GAEDEIL et M. GILSON sur la relation entre la création, creare, et
l'information de là matière, formare. Cf. Gilson, Introduction, loc.
<M,,
pp. 258-264.
'> Morale. Le Prof. J. MAUSBACH réédite très opportunément,

après amélioration. Die Ethik des hl. Augustinus, Freiburg, Hèrder,
1929 ; 2 vol. in-8, jai-442 et vin-432 pp. Ouvrage classique en la
matière, véritable somme de morale augustiniénne, non seulement
de;ses éléments philûSophiques,mais de toute la conception surna-
turelle de la destinée humaine, du péché à la béatitude.Rappelons-.

'- (1) Dans son article delà Rev. se. ph, et th., 1908, pp. 505-5gl.; L'idée d'évolu-
lioiiçficz S'.Augustin,;
'580 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNE^ .

en le plan : I. L'ordre moral et ses fondements (la béatitude-; l'ordre


moral ; Dieu et le monde ; la charité, centre de la vie morale ; la
cupidité, essence et source du péché; le monde et la culture ; là
fuite du monde). II. La capacité morale de l'homme et sa^ réalisa-
tion (lutte contre le pélagianisme ; le rôle de la grâce ; le péché origi-
nel ; l'esclavage de l'homme déchu ; la vie morale hors du Christia-
nisme ; la victoire du bien dans le chrétien).

A. REUL, Die siiiliche Idéale des hl. Augustinus. Padernorn,


Sclioningh, 1928 ; in-8, 168 pp. Exposé plus sommaire, honnête-
ment et clairement conduit. Béatitude, foi, espérance, vertus mora-
les, iCe sont les éléments envisagés de cet «idéal moral ».

R. JOLTVET.Le problème du mal chez S. Aug.ùslinj'dans les Arch.:


dePhil., VII, 4, pp. 1-104. Monographie pénétrante et attrayante,
colligeant et ordonnant idées et textes dans une présentation facile.
' Après les deux chapitres sur la nature et sur l'origine du mal, un
appendice montre la distance qui sépare la solution plotinaenne de
la'solution augustiniénne. -

H. JONAS. Augustin und das paulinische Freitheiis problème. Eiti


philosophischer Beitrag zur Gènesis der christlich abendlandischen
Freiheilsidee. Gôttingen, Vahdenhoeck, 1930; gr. in-8, 79 pp.
Lé noeud de l'évolution du problème de la liberté dans la .pensée
chrétienne occidentale, c'est l'interprétation du texte de ï'Ep. aux
Romains, chap. VII, au cours du conflit pëlagien. J. décrit-.l'orien-
tation générale de cette exégèse avant S. Augustin «tenez S. Augus-
tin-, puis en analyse les divers éléments daçtrînaux, —le tout au
•service d'Une philosophie personnelle de la liberté, ce qui ne va pas
sans donner Une tournure tendancieuse à son interprétation. En
fait, S. Paul et S.Augustin semblent n'intervenir ici que comme
occasion, et sans doute sans grand profit pour l^xégètë «ommé
pour l'historien.
H. ARÊNDT. Der Liebesbegriff bei Augustin (Philos. Fôrsch., 9).
Springer, 1929 ; in-8, 90 pp. Travail solide, fruit d'une lecture éten-
due et d'une assimilation très personnelle. Appétit, amour, cupidité,
chàïïté, ce sont, on le sait,les plus riches thèmes augustinièïïs.
V. STEGEMANN. Auguslins Gotlessiaat. (HeidelbergérAbhandl., 15).
Tùbihgeii, Mohr, 1928; gr. in-8, 79 pp. Après deux paragraphes
sur la genèse du De civilaie Dei et sur l'évolution intellectuelle
d'Augustin, un long chapitre (pp. 18-63) est consacré à l'exposé
des notions de civitas Dei et civilas lerrena. Un dernier chapitre
décrit la destinée de l'homme. Ouvrage concis, de dessin,très fer-
me, et de présentation synthétique: Les influencés sous lesquelles
se développe, de manière extrêmement personnelle d'ailleurs, la
philosophie de l'histoire de S. Aug., font délimitées (Clçéron, g.
OCCIDENT. ANTIQUITE 581

-Amfôoise). Le pessimisme de cette'philosophie rélève des concep-


tions théologiques d'Augustin. Bonne introduction au De civitaïe
JD0Ï, en particulier liv. Xl-XXII.

Rédemption. — J. RIVIÈRE. Le dogme de la rédemption chez. S.


Augustin. Paris, Gabalda, 1928 ; gr; in-8,115 pp. Recueil des articles
:jjûbliés dans la Revue des sciences religieuses, contre l'interprétation
ïd'H.-Gallerand (La rédemption dans-S. Augustin, dans Revue d'hist.
-.et de UM. religieuses, 1922, pp. 38-77), qui;a fourni ainsi l'occasion
::de -cette excellente monographie. trcséqurlibréoetfinement.Huancéë,
exégèse de détail ou vues générales. On y reconnaît la difficulté
d'établir en la pensée d'Augustin une. théorie pleinement cohérente.
"Il ne faut pas cependant, pour cela, pousser a l'extrême l'usage de
'certaines métaphores sur les droits du démon, ni non plus arguer de
la théorie de l'abus de pouvoir pour affaiblir la doctrine — au-
îïnentïquemenl traditionnelle, celle-là — de là rédemption par le
sacrifice du Christ. Le jeu est facile.mais arbitraire ; historiquement,
il -est illégitime, et théologiquement il tombe dans le travers dé
-ceux q^i construisent des systèmes, sur les textes, à Coup de dialecii-.-
qùè,-sans souci psychologique.
-
Cette place du démon dans la sotëriologie augustiniénne est un
ïncohtestahle archaïsme. «Dès que là réflexion théologique s'est
^exercée sur ces constructions trop habiles, Observe justement Dom
-Gâppefle (Rech. Théol. nv'd., 1929, bulletin, n. 74), le plus augusti-
nien des scolastiques, S. Anselme, dut se résoudre à les abandon-,
lier, et -elles ne furent jamais reprises »(*).:
L/eiSaulchoir. M. -D. CHENU, O.P..

-IV..— "QS'CIDENT. IBIÏÏT MOÏENAGE


1,_. MONOGRAPHIESD'AUTEURS/
'.-- '"S; Isidore çfe ISçViïïe. — Le nom du docteur espagnol, plus
que le contenu du présent ouvrage, invite a en faire mention ici.
M 's'agit en effet, et presque exclusivement, comme d'ailleurs le
tâtréE'iïidique, du râle d'Isidore « daris l'histoire du droit canonique »
ét-dèsUnstitutions (?). Mais on n'ignore pas que, dans le haut moyen

M. RIVIÈRE a poursuivi son travail •:• Le dogme, de la Ridempiion.après


.: ;-(i)
St Augustin. I. S.Léon le Grand. Même revue, 1928, pp. 11-42, 153-187; II. in
-tèmpsâeS. Grégoire^ihâd.^ 1929,pp. 305-342,477-512.
, .
(2) Dom P. SÉJOURNÉ, Le dernier Père de l'Église. Saint Isidore de-Séville.
Son rôle dans l'histoire du Droit canonique. (Etudes de Théologie historique),
JBapjÇj.G, Beauchesiiej 192'9. In-8°, 535 pages.
582 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES-

âge, droit canonique et théologie sont souvent étroitement unis ;


leur histoire ne se peut complètement séparer. rf
La biographie de saint Isidore est assez paiivre.; « Tout ce qu'on
peut affirmer sur sa famille, c'est qu'elle appartenait par ses origi-
nes à Carthagène, qu'elle était de religion catholique et quelenom
de ses membres était romain,Il est extrêmement ^probable qu'elle
appartenait à l'élément hispano-romain de la population. Bu lait '
qu'Isidore et ses deux frères furent éyêques, on peut augurer que
cette famille, quelle qu'ait été son origine, ..étaits puissante et in- -
fluente» (pp. 21-22). Isidore naquit, croit-on, à Séville, où ses pa-
rents s'étaient retirés après l'occupation de Carthagène par: les
Bs^zantins, en.554. Il fut' élevé par ïessoins de son frère Léandre,
archevêque de Séville, entra dans l'état ecclésiastique, devint abbé
d'un monastère qu'il dirigea de 590 à 600 environ, s'occupa de
travaux scripturaires et succéda à Léandre vers'600 ; jusqu'à sa
mort (636), il gouverna l'église de Séville, tout en continuant .ses
travaux littéraires.
On a dit qu' Isidore était « le dernier humaniste du monde latin » ;
il fut surtout un remarquable encyclopédiste, utilisant,-grâce.à sa
riche, bibliothèque, l'héritage du passé. lia recueilli tout/ce: qui
était à sa portée et dans tous les domaines ; mais il semble avoir eu
une prédilection pour les monuments juridiques. Il les a largement
utilisés dans ses oeuvres.: De ecclesi-asticis officiis/les^Eïynwlo-gies,
et plus encore dans les Actes des conciles de Séville (619) et de
Tolède (633), qu'il rédigea, ou du moins inspira. ;Gette science du
droit apparaît surtout dans la collection dite Èispixna, que l'auteur
incline à lui attribuer. Sur ce dernier point, Dom Séjourné établit
.
une longue et minutieuse démonstration ; si ses conclusions né;sont
pas universellement admises, du moins il leur assure une très sé-
rieuse probabilité. '{'
A propos dés conciles dé Séville et de Tolède,;l'auteur fournit.
sur l'église d'Espagne, sa discipline, sa liturgie, sur les relations
de l'Eglise et de l'Etat, un exposé du plus haut intérêt (pp.;1.14-253).
Non moins importante l'étude consacrée à l'influence posthume
d'Isidore, du vne au xne siècle ; elle s'exerça dans presque tous les
pays du monde occidental.
Fidèle à son plan, l'auteur n'a pas traité directement des idées
théologiques d'Isidore ; çà et là, il en mentionne quelques-unes au
passage. Il signale notamment l'intervention de j'archevêque dé
Séville contre un évêque espagnol ayant des tendances monophysites ; "
Isidore poursuivait tous les Acéphales avec d'autant plus d'énergie
que lui-même était partisan de Théodore de Mopsuéste et dés Trois
Chapitres ; leur condamnation par Justihien augmentait encore
l'hostilité que son patriotisme espagnol lui inspirait contre ce prin-
ce. Vis,à vis de la papauté, son attitude est assez complexe^ du
fait qu'ilest partisan d'une église nationale centralisée autour du
siège de Tolède et étroitement unie à l'Etat. Il reconnaît au pàpè :
la primauté doctrinale," parce que Rome est le Siège Apostolique
mais à cette autorité suprême on ne recourt guère que;<ï/dans ï§s?
OCCIDENT, HAUT MOYEN ÂGE 583

cas les plus difficiles, où deux traditions s'affrontent, exigeant une


prompte solution... ; pour la conduite ordinaire-de l'Eglise d'Espa-
gne,Te sénat épiscqpal se suffit à lui-même. » — En matière sacra-
méntaire, Isidore est favorable à la pratique d'une seule immersion,
dans Ta cérémonie du baptême, les ariens baptisant par triple
immersion (pp. 154-155). Admettait-il une réordination au sens
absolu du mot? Ce n'est pas clair, puisque, dans les cas de réinté-
gration, l'imposition des mains exigée pour l'ordination n'était pas
requise; d'où l'auteur conclut : « Il faut dire que l'usage espagnol
n'admettait pas en fait une vraie réordination, encore que les doc-
teurs parlassent de perte des ordres. »
Cet ouvrage très riche, mais dont je ne puis donner ici qu'une idée
imparfaite, témoigne d'une large information et d'un sérieux esprit
Critique ; les résultats, dans l'ensemble, sont de haute valeur ; on
pourrait désirer cependant un peu plus d'ordre et de clarté dans la
rédaction de certaines parties ; il est regrettable aussi qu'on ait '
laissé subsister de nombreuses fautes d'impression.

Jonas d'Orléans. —L'ouvrage que M. J. REVIRON consacre à


Jonas d'Orléans (^contient deux parties : une étude sur la vie et
les idées politico-religieuses de cet auteur,puis l'édition critique de
son De institutione regia.
Jonas est un Aquitain, né avant 780 ; il fit dans sa jeunesse un
voyage en Espagne, rejoignit Louis le Pieux en France, lorsque
celui-ci devint empereur (814) et fut nommé évêque d'Orléans,après
la destitution de Théodulphe, en 818 probablement. Il passait
pour/lettré et était estimé dans le monde ecclésiastique aussi bien
qu'à la cour ; dans les synodes de ce temps, il joua un rôle de premier
plan et, à plusieurs reprises, fut choisi pour en rédiger les actes.En
politique, lors des troubles qui divisèrent le père et les fils, il resta
fidèle àTempereur. Sa mort arriva en 842 ou 843..
Ses oeuvres poétiques sont perdues, mais on a conservé de lui
plusieurs traités en prose. Ce sont : une Vita sancti Hucberti, re-
maniement d'une Vita plus ancienne, composée en 824 à la demande
de F*évêque de Liège, Walcaud, ainsi qu'un récit de la translation
des reliques; le De institutione laicali, rédigé en réponse à une
consultation du comte Matfrid sur les devoirs de l'état conjugal;
en réalité l'ouvrage dépasse ce sujet et traite d'autres points delà
morale chrétienne :Te Decultù imaginum, réfutation de l'iconoclaste
Claude de Turin, écrite à la demande de Louis le Pieux, mais achevée
seulement après 840 ; l'auteur s'en tient aux idées carolingiennes
sur ce sujet : il condamne l'iconoclasme, mais n'admet pas le culte
proprement dit ; le De rébus ecclesiasticis, découvert en 1898,

(1) J. REVIKON, LÉS idées politico-religieuses d'un évêque du ix? siècle. Jonas
d'Orléans et son « De institutione regia». Etude et texte critique. (L'Eglise et
l Etataumoyen âge, 1). P^ris, J. Vrin, 1930. In-8°, 197pages,
584 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

Temontrance à l'adresse de Pépin, pour 1-inviter à respecter les


biens ecclésiastiques (837) ; enfin le De institutione regia.
Ce traitéïut composé en 831, après le concile de Paris_.de 829 et
le De institutione laicali, qu'il utilise. L'ouvragé" est adressé à
Pépin d'Aquitaine, pour l'exhorter à remplir ses devoirs de prince
.- en vue du bien général ; c'est moins le travail, d'un politique' que
l'enseignement d'un évêque sur une matière politique. Gomme
la plupart des écrivains de son temps, Jonas recourt facilement aux
citations ; elles sont nombreuses, empruntées à l'Ecriture et aux
auteurs ecclésiastiques ; aussi peut-on, sans exagérer, parler de
l'érudition de Jonas, bien qu'elle ne soit pas toujours de première
main.
Sa doctrine politico^religieuse est quelque peu hésitante', l'exposé
•"

qu'il en fait « n'est ni suffisamment complet, ni assez logique pour


qu'on puisse y trouver une doctrine cohérente ». Cela "tient, à ce
queT évêque se préoccupe« du salut des âmes, plus que des problèmes
qui intéressent la constitution du royaume et la théorie du pouvoir ».
Néanmoins il propose des principes, dont il ne tire pas toujoursles
conséquences, mais qui seront repris et développés par la suite,
dans l'étude des relations des deux pouvoirs.'
D'après Jonas, le pouvoir royal a pour mission et pour ïondement
de procurer la justice ici-bas, et par elle le salut éternel du peuple.
Il vient de Dieu ; mais Jonas « lie se préoccupe guère dé préciser si
cette autorité vient de Dieu directement, ou, au contraire, par l'in-
termédiaire du peuple». Ses attributions consistent à réaliser la "
justice, c'est à dire la justicedistributivej'équïté judiciaire et même
<cette justice qui comprend l'ensemble des vertus; Aussi le roi doit'
commencer par être « saint » lui-même; Vis à, vis de ï'Églisè, «il
doit non seulement la protéger, mais encore, d'une certaine façon,
l'instruire et la régir «.Mais cette dernière fonction lùï.revient surtout
du fait que le clergé est. par trop désarmé, en face dé l'hérésie
ou des empiétements des grands. Dans le cas où lé roi se montrerait
infidèle à son devoir, deviendrait un t37ran, pourrait-ôn le déposer,
qui en.aurait le pouvoir? Jonas ne conclut pas ; ni âusujets, ni aux
évêques, ni même au Souverain Pontife il ne dohheun pareil rôle ;
il paraît plutôt s'en tenir à des remontrances, à des corrections im-
posées par .l'autorité spirituelle des évêques, qui, en principe, est
supérieure ; il ne fait même pas mention du pape, et né marque non
plus, de façon précise, les sanctions auxquelles'.;sîexposèntles rois
prévaricateurs. .

.
L'édition critique du De institutione regia est établie d'après
un- manuscrit de la Ribliothèque des Chanoines de Sàiht-Pi.errè
.

à Rome, D. 168, le seul aujourd'hui connu, mais comparé à Pédi-


tion de d.'Achery qui avait pu utiliser un manuscrit ;:d';Qrléans,
maintenant perdu ; des notes identifient les citations. '; •;.-'. .
,
Cet ouvragé est le -premier d'une série sur L'Eglise et ? Etat au :
moyen âge ; il est excellent. Une bonne bibliographie l'accompagné ;
pourquoi M. Reviron n'y a-t-ilpas fait rentrer le travailBienconnu;
-OCCIDENT. HAUT MOYEN.AGE 585

de A. Solmi, Slato e Chicsa seconda li scrilli politici da Carolo Ma-


gno fino al ConcorAaio di Worms (Modène, 1901)?

ïean ScotEx-igène et le Pseudo-Denys. — On a annoncé la


publication d'un nouveau travail ..sur Jean Scot Erigène : Çl. AL-
BANESE, Il pensiero di Giovanni Eriugena, Messine, 1929, mais je
n'ai pu en prendre Connaissance. '
A Jean Scot se rattachent, d'une certaine manière, les études sur
le Pseudo-Denys au moyen âge, dont le P. THÉRY s'est fait une spé-
cialité ; il y revient dans un long article, prélude d'autres publica-
tions (^.Apartir duixe siècle,rinfluencédes oeuvres du Pseudo-Denys
sur la théologie médiévale est de première importance. Jean Scot
Ërigène,,Hugues.de Saint-Victor, Albert le Grand, Thomas d'Aqùin,
l'école franciscaine^ pour ne citer que les plus célèbres, sont large-
ment tributaires de ces écrits. Le P. Théry a pensé que pour con-
trôler et juger cette influence, l'historien devait avoir « devant les
yeux, non pas le texte le plus pur de l'Aréopagite, mais le texte qui,
en fait, concrètement, a déterminé le courant dionysien médiéval ».
Il faut donc posséder ce qu'il appelle une « édition historique » ;
en vue de celle-cL son article veut «établir quelques principes
directeurs ».
Après avoir énuinéré les principales éditions de Denj^s, le P.
Théry mentionne lès deux grandes .classes de manuscrits qui nous
présentent ses oeuvres, Selon lui, elles s'originent, l'Une au manuscrit
remis en 827 à Louis le Pieux par les légats de Michel le Bègue,
manuscrit actuellement conservé à la Bibliothèque nationale de
Paris, 437 du fonds grec ; l'autre se rattache à un manuscrit utilisé
par Anastase le Bibliothécaire : c'est d'une part la souche franque,
d'autre part la souche romaine. La première n'a pas de filiation^,
le-manuscrit 437 n'ayant pas été transcrit ; à la seconde,par contre,
se rattacheraient « la plupart des manuscrits de Denys ». Or le
manuscrit 437, quoique fournissant un texte moins,correct que les
autres, est très important, car c'est lui qui a servi de base à la tra-
duction de Hilduin et à celle de Jean Scot, les seules utilisées jus-
qu'au xne siècle, et partiellement encore au xme chez Albert le
Grand et chez saint Thomas. Les traductions de Jean Sarazin
(vers 1167) et de Robert Gross_etête représentent un meilleur texte,
mais; moins répandu : c'est donc le manuscrit 437 qui a la plus
grande valeur historique.
Ces conclusions,dans l'ensemble, meparaissentjustes ; néanmoins
je iné permettrai deux remarques. En ce qui concerne le manuscrit
43.7-j. est-il nécessaire, pour l'histoire du mouvement théologiquéji
d'en donner une édition complète? Ce qui importe avant tout

-
(l)
G.TiiÉBY, Recherches pour une édition gtécqiiê historique du Pseudo-Denys^
dans The New Scholaslicism,.II (1929), pp. 353-442;
5é6 BULLETIN'D'HISTOiRÉ DES DOCTRINES CHRETIENNES'

c'est d'avoir une édition critique des versions latines puisque les
théologiens n'ont travaillé que sur les versions. Cette édition pour-
rait se référer à l'occasion au texte grec du manuscrit 437, sans
pourtant le reproduire en entier. Si l'on entrait dans la voie proposée
par le P. Théry, ne faudrait-il pas donner aussi des éditions grecques
justifiant les travaux d'Anastase, de Jean Sarazin, de Robert Gros-
setêtè? — En outre, peut-on ramener les manuscrits, autres que
le 437, à celui qu'utilisa Anastase, et qui serait « le prototype des
manuscrits romains » ? D'autres manuscrits n'ont-ils pu avoir
une influence sur la tradition textuelle ? On sait que l'Italie du sud
et la Sicile, tout au long du moyen âge, ont été pénétrées d'influences
byzantines ; n'ont-ëlles pas agi dans la diffusion des oeuvres de
Denys?
L'article se termine par une étude sur un manuscrit conservé
au Musée du Louvre, département des ivoires, n. 100 ; il contient,
lui aussi, les oeuvres du Pseudo-Denys, mais n'a pas eu d'action
sur le mouvement théologique occidental, puisqu'il n'est arrivé
à l'abbaye de SaintfDenys qu'en 1408. Son texte est plus correct
que celui du n. 43 7.
Gerbert. — Le but principal de M. Fr. EICHENGRUN dans l'ou-
vrage qu'il Vient de consacrer à Gerbert (*), est de discerner le
principe fondamental qui unifie sa vie et forme sa véritable per-
sonnalité. Il en trouve l'expression dans une activité que rien n'arrê-
te ; celle-ci, à son tour, est produite par des conceptions philoso-
phiques empruntées à l'antiquité, qui le poussent à se conformer
à la loi du monde. Or la loi du monde n'est autre que la transforma- \
tion du chaos en un cosmos organisé ; on s'y conforme par la science
et par l'amour, qui ramène au principe de tout, lui-même amour.
Ces idées commandent, non seulement l'activité personnelle de
Gerbert, mais encore son attitude vis à vis de l'autorité-pontificale.
Pour lui, la succession de Pierre ne comporte qu'une primauté
d'honneur, «sans signification juridique ou dogmatique d'aucune
sorte »~(p. 52) ; le pape n'a le droit de commander qu'autant qu'il
possède la science et la charité. Ces idées faisaient de Gerbert un
précurseur et expliquent, jusqu'à un certain point, le légende formée
autour de lui.
Dans l'étude de M. Eichengrun, on doit distinguer une partie
critique et une partie constructive. La première concernant la vie
de Gerbert et le recueil de ses lettres ne manque pas de valeur ; il
semble bien qu'on doive admettre ce qu'il dit dû manuscrit de
Leyde, contenant les lettres et les rapports sur les conciles de Reims
et de Mouzon ; ce recueil aurait un caractère littéraire, juridique

f; (1) P. EICHENGRUN, Gerbert (Silvêster II) als Persônltchkeit. (Beîtrâge zut


iiultwgeschichte des Mittelalters und der Renaissance, 35). Leipzig, Teub-
fier, 1928. Ib-8°, IV-76 pages.
..;':- .-
jÔëtsifeÉNT. HAUT MOYEN AGE

587',

etiion historique. L^autre partie, celle à laquelle l'auteur attache


le plus d'importance; est fort discutable et très artificielle. Les don-
nées fournies sur l'histoire de la rjhilosophie. et de la théologie sont
particulièrement sujettes à caution : la notion.dé la philosophie et
la division présentées par Gerbert n'ont rien de nouveau» ni d'ex-
traordinaire à cette.époque ; faire de Bérenger le représentant type
de-l'école de Chartres (p. 60), c'est oublier qu'il était combattu
par son ancien maître,-' Fulbert de Chartres.En outre, on sent trop,,
bien :qu'elié ne soit pas .nettement exprimée, la tendance à faire
de Gerbert un précurseur lointain de Ta Réforme protestante (pp.
52, 72). De tout çelafiln'y a presque rien à reTénir.

S. Anselme.—Dom SCHMITT vient de donner d'excellentes


éditions du Cur Dejis:hpmo et du Monologion de saint Anselme (*).
Pour le premier, négligeant l'édition de Dom Gerberon, reproduite
par Migne, il a utilisé quatre incunables et deux manuscrits : le
n.M.de la Bodléienne à Oxford et le n. 21248 lat. de Munich, tous
deux du xne siècle; Chose remarquable, bien qu'indépendants
Pun de l'autre, ils offrent, sauf quelques Variantes de peu d'impor-
tance, un texte identique, ce qui montre leur proche parenté avec
l'archétype. L'éditeur a adopté la division en chapitres fournie par
le manuscrit de la Bodléienne ; elle diffère, à plusieurs reprises, de
celle présentée par dom Gerberon.
.Le Monologion, dont la meilleure édition jusqu'ici était celle de
GvtJbaghs (Louvain, 1854), estreproduitd'aprèslesdeux manuscrits
déjà cités et un troisième appartenant à la Bodléienne, le cod.
Rawlison A 392, aussi ancien que les précédents, et provenant dé
l'abbaye de Troarn- en Normandie. Ces trois manuscrits diffèrent
assez peu les uns des autres.


Ë.;
JJans les Recherches de science religieuse, 1930, pp. 162-166*
DRUWÉprésente sa découverte d'Une première'rédaction du
Cur Deus homo. Dom Wilmart, nous, dit-on,-aurait apporté.son
suffrage à cette découverte, qui « nous met devant ce fait que S,
Ansélme introduisit après coup la forme apologétique dans Un ouvra-
gé dont la première conception était purement théologiqUe » M. D.
ànhpnce la publication de cette rédaction.

—Sans doute cette découverte présentera un notable bénéfice


pourle point de vue que présente le P. G. v. d.PLAS, O. S. B., dans
; dans ses articles sxix Dés hl. Anselm « Cur Deus homo auf dem Boden
,>

'" (1) ^. ÀNSELMI.'Cur'jÙèus homo, recensuit F. S. SCHMÎTT. (Plorilegium ptf-


irlsiicum,i8). Bonti, P. Hànstein, 1929. In-8°, x-65 pages.
(2) ;S. ANSELMI. Liber;Monologion recensuit F. S. SCHMÎTT. (Floritegiuin
.
patfisticum, 20): Bônft, P.: Hansteiii, 1929. ïn-8d, viïi-65 pages.
5.88 BULLETIN? D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

der jâdischchristlichén Pelcmik des MUielaliers, dans Divus Thomas


(Friboûrg, Suisse), 1929, pp. 446-467 : 1930, pp. 18-32. -

— M. A. DYROPI? a.consacré quelques pages au fameux argument


de saint Anselme (*). Il l'envisage surtout dans sa genèse et dans
l'influence qu'ila exercée par la suite. Sur le premier point, le seul
que je veuille relever ici, l'auteur signale chez saint Anselme l'ac-
tion préliminaire de la foi, en vertu du principe : Credo ut intelli-
gam; la conviction que l'idée de l'être absolument parfait est causée
par Dieu ; enfin la présupposition du travail fait dans le Monologion...
travail partant des créatures pour aboutir à l'être parfait. L'argu-
ment du Proslogioii ne serait que la synthèse des précédentes dé-
monstrations, et par conséquent garderait, d'une certaine ma-
nière, une base empirique. Cette dernière affiimati.on p,araît con-
testable, en tout cas insuffisamment prouvée ; la première, par
contre, l'influence, plus ou moins consciente, du donné de foi par
raît ressortir assez nettement des premières pages du Proslogion.
Anselme detaon. —Le Dr F. BUEME'JZRIEDER, à qui on.
doit une édition.des Sentences d'Anselme de Laon (2), continue ses.
recherches sur ce. théologien. 11 vient de publier, d'après le recueil
de Sentences appelé Liber pancrisis (Bib. de Troyes, n. 425) et
d'autres manuscrits d'Avranches et de Munich, des fragments iné-
dits. d'Anselme, qui avaient été négligés par G. Lefèvre (Anselmi
Laudunensis et Rodulfi fratris ejus sentenlias excerptas... Evreux,
-
1895). (3).
Ailleurs, sous-le titre : Autour de l'OEuvre ihéologique d'Anselme
de Lagn (4), il étudie les relations scientifiques de ce maître avec
' Guillaume de Champeaux, qui avait été son disciple. D'une part,
il montre que le De origine animac doit être attribué à Guillaume
et qu'Anselme en combattit les idées dans un fragment intitulé
De animabus hominum. D'autre part, Guillaume de Champeaux
ne se faisait pas faute d'utiliser les oeuvres de son maître ; même
quand il recourt à Yves de Chartres, c'est souvent par l'intermédiai-
re d'Anselme. Ces faits sont significatifs pour montrer la formationf
à cette époque, d'e'colés théologiques.

Abélard. — Je m'excuse presque dé faire place dans ce bulletin

(1) Àb. DYKOFF, P>er oniotogischeQottssbeweîsdésht.. Anseliniisin, àér.SclioiaS?:


iik, dans Problème der Goiteserkentnis, pp. 79-115. Munster iii. W., Âsctiélidorff,
1928.
<2) Ansèlhius voh Laon systematische SeMenzên. Munster, Asehèndorîî, 1919.
(3) FR. .BLIEMETZMEDEK, Trente-trois pièces inédites de. l'oepre théologique;,

pp. 54-79. ....-..-


d:'Anselme de Laon, dans Recherchesde Théologie ancienne et médiévale,]!0.93Q)

(4) Recherches de Théologie ancienne etméàiêvale,! (1929), pp. 435-483_,


OCCIDENT. HAUT MOYEN AGE 589

à l'étude de M. P. LASSERRE sur le conflit entre Abélard et saint


BernardX1) ; c'est un travail littéraire plus que scientifique ; mais
son titre, aussi bien que la notoriété de l'auteur,ne permettent pas
de le passer complètement sous silence. Le débat en question ne
consiste pas seulement, d'après l'auteur, en une divergence d'o-
pinion sur tel ou tel point particulier, fût-il de première impor-
tance : Trinité, Incarnation, Rédemption,, c'est l'antagonisme de
deux attitudes en face du dogme, de deux typés d'hommes et
même de deux races. C'est ce point de vue général qui intéresse
surtout M. P. Lasserre. Les titres des chapitres l'indiquent suffi-
samment: 1. Hérésie et orthodoxie; 2. La libre pensée'au xne
:
siècle ; 3. Deux hommes. Deux races ; 4. L'humanisme d'Abélard.
Seul le dernier chapitre : 5. Le concile de Sens, traite plus en
détail des phases du conflit et de la victoire de saint Bernard,
victoire de la piété traditionnelle sur l'esprit critique. Il y a là une
simplification à outrance ; la réalité est plus complexe et plus nuan-
cée ; pour n'en donner qu'un exemple : Abélard, combattu par saint.
.
Bernard, combat lui-même Roscelin, et pourtant l'un et l'autre se
trouvent dans le camp des dialecticiens. Quant à la conclusion
finale, elle n'étonnera personne de ceux qui connaissent les idées
politiques et les tendances intellectuelles de M. Lasserre.« Il faut
à l'humanité des héros .d'ordre et d'autorité, comme saint Ber-
nard, pour que les choses humaines ne tombent pas en décompo-
sition et en pourriture, Il lui faut des héros de critique et d'in-
dépendance, pour l'empêcher d'étouffer. » (p. 200)
Le talent littéraire de l'auteur n'est pas en cause ici, mais il ne
"suffira pas à faire que son livre soit de quelque utilité aux historiens
7 de la théologie : il y a trop d'à peu près, d'erreurs même, dans ses
aperçus. A la base de tout, une fausse conception du dogme, qui
; revient à travers tout l'ouvrage : hérésie et orthodoxie ne se placent
pas sur le plan vérité, mais s'opposent dans le domaine religieux^
ou, pour mieux dire,;pragmatique (p. 22, cf. 17, 19,111). L'incorrec-
tion du langage thèologique étonne Chez quelqu'un qui aborde de
pareils sujets (pp.35,52,144). Les notions historiques sur les milieux
scolaires du haut moyen âge sont très insuffisantes ; l'auteur écrit
(p. 38) : « J'ai fait des connaissances dont disposait cette époque
un tableau un peu simpli-fié » ; c'est le moins qu'on puisse dire
;

eh face d'un affirmation comme celle-ci : « Faute de connaissances


d'origine profane (pour les écoliers du siècle d'Alcuin), on demanda
' aux connaissances d'origine sacrée le genre d'utilité qu'on ne devait
chercher, par la suite, qu'aux connaissances d'origine profane. Le
Uvre de larévélation fut lelivre de la science » (p. 31). Cette érudition
; est un peu « primaire », pour rependre une expression chère à M. P.
Lasserre; à cette date, les encyclopédies d'Isidore de Séville et de

; (l)'.P. conflit religieux au Xll* siècle. Abélard contre saint


L'ASSËHIIE, XJn
Bernard. Paris, L'ArLisan du Livre, 1930. In-12,205: pages.
B.EVUE DES SCIENCES. ^- T. XIX., FAS .
3. — 384
èÔÔ BULLETIN D'HISTOIRE DÈS DOCTRINESi CHRETIENNES

Bède étaient communément utilisées dans les écoles et elles met-


taient à la portée de tous les résultats de la sciençe,sinôn delà philo-
sophie, antique.

—A l'école d'Abélard se rattachent les Sentences dites de Saint-


Florian. Avec VEpitome theologiae christianae, longtemps attribué
à Abélard lui-même, et qui est d'un certain Maître Hermailn, avec
les Sentences de Roland Bandinelli (Alexandre III) et les Sentences
de Maître Omnebene, elles forment un groupe dépendant de; là
Theologia d'Abélard, appelée à tort Introductio ad theolôgiam. Jus-
qu'ici, seuls ï'Epitome et les Sentences de Roland étaient publiées ;;
le Dr. H. OSTLENDER vient de donner une édition des :; Sentences
de Saint-Floriân X1) ; elle est faite d'après l'unique mairuscrit de
l'abbayè de Saint-Florian ; encore paraît-il n'être qu'une reportàtio
d'étudiant. Des notés renvoient aux passages d'Abélard;correspon-
dants ; l'éditeur y a joint la lettre deTévêque Gautier de Maurétà-
nie, contre les erreurs d'Abélard. -, :
2. —MONOGRAPHIES DE_DOCTJAINËS;;

Bàptêâtè, ^- L'étude queM-A . LANDGRAF colisacre à'iâ quëstioil


du baptême des enfants mis en rapport avec làToi (^ se'rattaché
à ses travaux précédents, non seulement parla méthode, mais aussi
par la matière. Ce problème a été posé dans le haut moyen âge, en
raison dés textes seripturaires qui paraissent exiger laToi pour la-
réception du baptême, ce dont les enfants sont incapables. Lésré-
ponses furent diverses, d'après la tradition patristique : tantôt
on déclarait que des deux conditions nécessaires pour le salut, une
.

seule pouvait suffire en certains cas ; pluscommunément, on admit


que la foi des parrains, ou même de l'Eglise, suppléait àvsoii défaut
chez l'enfant. La lutté contre les hérétiques qui rejetaientJe baptême
des enfants*; Pétrobrusiens et autres, amena à justifier lès positions
prises : influence de la foi des parrains, ou absence d'une obligation
de la foi pour les enfants. A partir du moment (xiie siècle) oû;iês
théologiens, surtout avec Pierre Lombard, admirent la théorie des
vertus infuses, la question changea de face : C'est le baptême qui
produit la foi. Quelques théologiens renversèrent même les données
duproblème, en sedemandant si lafoidesparènts,sanslebaptênie,
pouvait suffire à justifier les: enfants. ;:>-.-

(1) Senténiiae Florianeftsès hùnc prirnuiïi edidit, prolegoinéhis, appàtâtû


critico, notis instrûxit H. OSTLENDER. (Florilegium putristicum, 19). Bpnii,
P. Hanstein, 1929. In-8°, VIII-48 pages.
.
;....;'
(2) A. LANpeiîAF, Kindertaufe undGlaube in derFrùhscholastiki dans Grë-
gorianum, IX (1928), pp. 337-372;et 497-543. -
OCCIDENT. HAUT MOYEN AGE
Ûï
Etude intéressante et très riche en citations d'ouvrages encore
inédits.
Eucharistie. —• Le Dr GEISELMANN, qui a déjà consacré plusieurs
ouvrages à l'étude des doctrines eucharistiques du haut moyen
âge (*), complète ses travaux précédents,-en exposant la théologie
de Guibert de Nogent sur ce sujet (2). Elle est contenue dans le De
pignoribus sanclorumet le De bucella Judae.Traitant des reliques,
Guibert en vient à parler de prétendues reliques du corps de
Notre Seigneur. Selon lui, elles ne peuvent être authentiques, car, '
après la Résurrection, il ne reste rien ici-bas du corps historique du
Christ, l'Eucharistie a été instituée pour en tenir la place. Ce lui
est une occasion de traiter de ce sacrement et de montrer les rapports
du corps sacramentel avec le corps historique du Christ. Guibert
est décidément opposé au symbolisme bérengarien ; l'eucharistie
aune fonction réelle : effacer les péchés et donner la grâce ; elle a
-un contenu réel, qui n'est autre que le Sauveur, identiquement le
même sous sa forme sacramentelle que dans sa forme historique
et glorifiée; identité que Guibert appelle vicaria idenlitas, parce
que lés espèces sacramentelles tiennent lieu des conditions du
corps historique et glorifié. Cette notion a été féconde et marque
l'apport principal de Guibert dans le développement de la doctrine
eucharistique.
Contrairement à quelques-uns de ses prédécesseurs, il ne fait pas
dépendrela réalité eucharistique des dispositions subjectives du con-
sécrateur ou du communiant ; mais comme, selon lui, l'impassibilité
est de l'essence du corps sacramentel, il n'admet pas la réalité du
sacrifice eucharistique.
Fribourg (Suisse). A. M. JACQUIN, 6. P.

v. — OCCIDENT. MOYEN AGÈ.


1. THÉOLOGIE SPÉCULATIVE.

Albert le Grand. — L'ouvrage du Dr. DOMS (S) sur ia théologie,


de la grâce chez le Bx. Albert le Grand, fruit d'un contact prolongé
avec la pensée du Bx., est un inventaire sérieux des éléments qui,
chez Albert,constitueraient un moderne traité De Deo élevante. L'A

(1) Ci Rev. c. ph. ta.,XV (1926), pp. 236-239.


--.
(2) J, GEISELMANN, Die Siellung des Guiberg von Nogent (4-1124) in der
.
Eucharistielelue der Frûhscholastik,da.ns TheologischeQuarlalsclwift QX(1929)
pp.66-84 et 279-305.
(3) H, DOMS Die Gnaienlèhre des sel. Albertus Magnus.(Brcslauer Slûdiéii)
-@d. XIII), Breslau, Millier et Seiîierl, 1929 ; gr, iii-8, 304 pp.
5Ô2 BULLETIN D'HISTOIRÉ DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

débute en exposant (pp. 8-36, cf. aussi p, 168-171, 185,. etc.) la


doctrine qui, à son sens, est la clef de la théologie albertinienne de
la grâce : la tendance de l'homme à la possession parfaite de Dieu.
Toute chose participe.Dieu, et par là toute chose désire Dieu à sa
manière ; mais la créature rationnelle ne peut se tourner, vers Dieu
parfaitement que par la grâce. Ce n'est pas que la grâce soit au
terme des prises efficaces de la nature f1), mais elle la parfait
dans sa ligné et lui donne d'atteindre à cette assimilation divine en
quoi consiste son ultime perfection. Cette vue générale d'Albert,
en laquelle oh remarque bien l'inspiration platonicienne et augus-
tiniénne que D. relève à plusieurs reprises chez lui, donnelesens
profond deplusieurs de ses doctrines. Ne pouvant iciles résumer
toutes (2X nous signalerons seulement la notion de grâce gratis
data chez Albert. Celui-ci (cf. p. 153-192) comprend spus le nom
de grâce gratis data tous les dons de Dieu qui ne sont pas la grâce
sanctifiante elle même : aussi verra-t-on le mot désigner chez lui
sept ou huit réalités différentes, et jusqu'au concours divin. Ôr, si
Albert appelle gratis data ces dons naturels et surnaturels, ce n'est
pas seulement parce qu'ils sont de purs dons dé Dieu,; sans mérite
de notre part, c'est aussi parce qu'ils nous ordonnent à la grâce
sanctifiante. Albert a beaucoup marqué l'unité de l'ordre, moral,
qui est, dé fait, surnaturel, et pour lui, tout acte bon, fruit en
nous de la.« grâce » gratis data, est orienté déjà vers la fin dernière.
A un exposé très calme et très objectif, D. a ajouté, soit au cours
même de l'ouvrage (p. 69 s., 102, etc.), soit en appendice (pp. 277-
293) une réponse aux accsations portées par Harnack: contre la
théologie scolàstique de la grâce et du mérite. Ces pages nous sem-
blent excellentes : elles sont mesurées, souvent neuves ; elles ont
aussi le grand mérite de ne pas tourner en une polémique d'un in-
térêt très limité, mais de présenter des considérations qui découlent

del'exposépositif luimême : elles montrent simplementla valeur mo-
rale et religieuse de la théologie scolastiquê de la grâce et du mérité,
spécialement chez Albert.—A ces pages il faut joindre celles où,
après avoir exposé la doctrine albertinienne déjà prédestination,
D. s'attache (p. 236-243 ; 248-252) à redresser l'interprétation don*
née par Heim à la théorie d'Alexandre'de Halès sur laprédestiiia-

(1) C'est ainsi, pour n'indiquer qu'un texte intéressant des débats toujours
actuels, qu'Albert marque très bien que le désir naturel vise Dieu.co/nme cause.
(Meiaph., I, tr, 1, c. 5 ; éd. Borgnet, t. VI,p. 10). Cl. p. 26,28-29.
-
(2) Voici, lès principaux titres de l'ouvrage : 1) théorie de la tendance de
l'homme à une possession parfaite de Dieu ; 2) le mens comme imagé de Dieu j
3) la mission temporelle ; 4) l'habitation des divines Personnes ; 5) cognoscibili-
té dé la missiontémporelle; 6) nature ontologique de la grâce, grâce et .vertus ;
7) les effets delà grâce ; 8)'remarques sur la théologie d'autres auteurs scqlasti-
ques ; 9) le mérite ; 10) grâce gratis data; il) la prédestination ; 12) _grâce et
liberté. ;
OCCIDENT. HAUT MOYEN AGE 593
.

tion (1), et par là à prévenir tout traitement similaire delà doctrine


d'Albert. Toute la diffiçulé consiste à interpréter le mot ratio, car
Albert reconnaît à la prescience des mérites un rôle non de cause,
mais de-ratio, vis àvvis de l'élection divine, « eo quOd voliintas ex
ratione est, » c'est à dire pour assurer la rationalité du choix divin :
cette position d'Albert, dit D., éclaire celle d'Alexandre, chez qui
leinot ratio doit avoir non le sens philosophique de motif, mais le
sens théoïogique exprimant la rationalité du vouloir divin, la ratio
aeiefna de l'intelligence divine : notation intéressante à retenir ;
niais le caractère composite de l'oeuvre d'Alexandre invite peu à en
rechercher une interprétation uniforme et systématique.
A l'étude méthodiquement et heureusement conduite dé D,, il
manque cependant un peu de sens historique : soit à l'intérieur
même de l'exposé dé la doctrine d'Albert, exposé, en somme, re-
construit par D: et où l'on-aurait aimé trouver l'indication dé l'ordre
et de la place des questions chez Albert lui-même, — soit surtout
dans la comparaison d'Albert avec ses prédécesseurs et ses contempo-
rains. À vrai dire, D. fait cette comparaison avec Guillaume d'Au-
vergne, Alexandre de H. et S* Bonaventurè, même avec S* Thomas
(vis à Vis duquel il use un peu de concordisme) ; mais cette compa-
raison n'éclaire guère la genèse des problèmes, et les études du Dr.
Lahdgraf par ex. auraient du être utilisées pour marquer l'état des
questions poées et des solutions proposées au sujet de la grâce, au
temps du Bx. Albert. Une telle utilisation aurait ajouté de la vie
et apporté de là lumière à l'exposé un peu terne, mais toujours sé-
rieux et solide, du pT, Doms.
S, Thomas. — Jusque maintenant, ce n'est guère qu'auprès
dés grandes bibliothèques qu'on pouvait avoir sous la main le texte
du commentaire de S. Thomas sur les Sentences. C'est pour remédier
à cette difficulté, que la maison Lethielleux vient de rééditer sur
les conseils-du R. P. MANDONNET (2), ce commentaire dé S. Thomas,
à dés conditions très avantageuses. Les Ier .et IIe livres ont paru ;
les autres; vont suivre incessamment.
,.
Le R. P. M., présentant cette édition, rappelle dans la préface
que le commentaire sur les Sentences représente l'enseignement de
S Thomas comme bachelier sentehtiaire à l'Université de Paris
en 1254-1256. Plus tard, vers 1266, il eut l'intention de le refaire et
il composa même le. premier livre ; mais renonçant à son projet, il
entreprit la Somme Théologique
pans cette édition, «le texte du Commentaire est le texte vulga-

(1) Gi.'Rev.sc. p7j.t/i.,IÏ(l9.08),p. 400.


(2).S, THOMAE AQ. Scripium super libros Senientiarum Magisiri Pétri Lom-
bardi episcopi Parsiensis. Editio nova, cura R.-P.MANDONNET. Paris, Létliielléux
1929, petit in-8, t. I, vin-1116 pp. ; t.'ll,1159 pp.,— Prix de sçusçription aug
|-p)l. ;;200fr, ' '-'-.' ,-
.
'''."'-'
. .
594 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES -

risé. Il est bon et suffira amplement aux exigences qu'il est destiné
à satisfaire : rendre, sans tarder, un précieux service aux studieux
des écrits de saint Thomas .d'Aquin. » (p. vin). Tous les travailleurs
seront reconnaissants au R. P. Mandonnet de son initiative, et à
la maison Lethielleux de l'avoir si promptement mise à exécution.
Nous présentons aussi à nos lecteurs la deuxième édition de l'ou-
vrage du DR HOOGVELD Q-) : Introduction à la vie et à l'enseignement
de S. Thomas d'Aquin. Cet ouvrage écrit en hollandais est une re-
fonte très personnelle de VEinleitung de Mgr Grabmanii ; l'auteur
adopte toutefois la chronologie proposée par le R. P. Mandonnet.
L'ouvrage se divise en deux parties (la vie de S. Thomas ; la doctrine
de S.Thomas) composées de dissertations claires et pleines d'aperçus
sur la doctrine et le milieu du grand docteur. Le succès de cet ouvrage
atteste sa valeur, et nous voudrions le voir très répandu dans les
milieux de langue hollandaise et flamande,

Gilles de Rome. — C'est en 1858 que Gh. Jourdain découvrait


le traité de Gilles de Rome, supposé jusqu'alors perdu : le De eccte-
siastica po tes taie, dont il publiait quelques extraits. En 1908, deux
italiens, Boffito et Oxilia, T'éditaient à Florence. Mais leur édition
reproduisaitun seul manuscrit, le ms Magliabechiano, I, VIL, 12, de
labibliothèque nationale de Florence, le plus mauvais des manus-
crits du De ecclesiasiica poiestate ; et ëncorefaut-il ajouter que cette
reproduction était très défectueuse.Une édition scientifique était
donc nécessaire Elle vient d'être faite par M. R. SCHOLZ (2). L'auteur
s'est servi de quatre mass. : Paris, B. N. ms. 4229 ; Nat.iat. 5612 ;
ce sont les deux meilleurs témoins ; Vat. lat. 4107 ; Florence, Bibl.
Nàt., Magliabechiano I, vu. 12. (tous deux défectueux ; le Vat. lat.
4107 apparaissant d'ailleurs comme une simple copie du ms. de
Florence). Les trois autres mss. connus (Bibl. Angelica, Romè,ms.
130 ; 181 ; 367) ne présentent aucunintérêt critique.
Composé par Gilles de Rome, de la famille des Coloirna ou du
quartier romain de Colonna, en 1301, le De ecclesiasiica poiestate
a servi de principal document à Boniface VIII pour écrire la bulle
TJnam sanctam. Ce seul fait suffit à faire soupçonner l'importance
de l'ouvrage de Gilles de Rome, dans la politique pontificale. Son
influence fut considéable. En quelques traits précis, H. Scholz en
marque les différentes étapes.
Comme ce savant l'écrivait déjà il y a vingt-cinq ans, le De po-
iestate ecclesiasiica de G. de Rome est la production la plus impor-

(1) J. H. E. J. HOOGVELD, Inleiding tôt Leven en Leer van S. Thomas van-


Aquino. Nijmegen-Utrecht,N. V. Deklcer, 1929 ; in-S, vn-215 pp. '";-
^(2) Aegidius Romanus. De ecclesiasiica poiestate, hrsg, vop R. SCHOLZ, "\Vef-
inar, Bôhlaus^ J929 ; in-8, xiv-215 pp.|
--
' OCCIDENT. MOYEN AGE -595

tante dé la chancellerie de cette époque, le premier travail d'ensem-


ble; sur le pouvoir pontifical, le premier essai de systématisation
denses doctrines politico-religieuses àj'âide des principes posés par
S. Thonias (l). A tous ces titres, il est très heureux d'avoir dé ce
traité une édition critique, que M. Scholz, plus que n'importe qUj,
était préparé à nous; donner,

::- 2.:. THÉOLOGIE MYSTIQUE.

Hildegarde de Bingen. — Hildegarde naquit à Baeckelheim


en .1098, époque extrêmement troublée pour l'Église ; la querelle
des Investitures vaprendre fin ; mais les succès qui s'affirmeront
bientôt pour le Pape, laissent cependant dans un grand relâchement
ta discipliné des clercs, C'est dans cette ambiance que vécut Hilde-
garde. A 49 ans, elle fondera le monastère de Bingen où elle mourra
le 17 septembre 1179. Bingen est le lieu de son activité. C'est là qu'elle
reçoit ses visions, qu'elle parlera en prophète. Ces visions et ces pro-
phéties nous les connaissons par le Scivias (= Connais lés voies
; .'dé'Dieu), lé Livré des oeuvres divines, et le Livre de la Vie des Mé-
rités.
S. Hildegarde.S'y exprime en images, en symboles. C'est cette
représentation allégorique du monde, que H. LIEBBSCHUTZ ( 2)
;
vient, d'étudier .dans, un magnifique volume, contenant six re-
productions originales qui permettent de se rendre compte des re-
présentations imaginatiyes d'Hïldegarde. Mentalité curieuse que
celle delà moniale;de Bingen, qui revêt lés idées théologiques les
plus simples d'images si compliquées que le sens nous en échappe.
Mélange d'idées religieuses et des théories physiques les plus invrai-
semblables ; annonce des malheurs prochains, et critique acerbe du
temps présent. Hildegarde pourrait être prise, comme le modèle
des prophétesses et; des visionnaires réformatrices.Ce sont toutes ces
notions que Liebschutz étudie, avec maîtrise. Dans son premier

(1) R.SCHOLZ,DiePùbljzistikzUrZeilPhilippsdes Schônen undBonifazVIII,


I903j,p..46 : « Der grosse Kirchenpolitische Traktat des Aegidius ist ohneZwei-
fel das bedeutendste Erzeugnis der KurialistiscbenScliriftstélIêrei dieser Ëpo-
chë. Er ist zugleich das erste, zusammeniassende Werk dieser Art, das mit den
Mitteln der tliomistiscbén "Wissenschaft die Lehre von.der papstlichen Gewalt
systeiiiatiscli darstellt;'Der Person seines Verfassérs. wie seines Iphalts wegen
konnteesniclit oline^yirkungbleiben. » r -
Sur Gilles de Rome, nous renvoyons aussi très volontiers au travail du R. P. TJ.
:
MAEIANÎ, 0. S. A.y.Scriilori politici Àgostinianidelsec.XIV. Florence, Liberria
éditrice îiorentina (s. d.), p. 10-50, 748-179.
(2) H.LIEBSCHÛTZ,pasallegorischeWeltbildderheiligenHildegûrdvonBingen,
; dans Studien der Biblinthek Warburg, H, 16, Leipzig, Teubner, 1930 ; gr. in-8,
xi-179 pp., avec 6 reproduction. ;
.
596 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

chapitre, c'estla méthode même d'enseignementd'Hildegarde qu'il


dégage de ses visions et de ses symboles ; il expose ensuite sa con-
ception du monde (le Macrocosme : ses contours, ses différentes
sphères ; les forces des vents et les forces des étoiles), et de l'homme
(microcosme). De là nous passons aux visions grandioses de phistoire
du monde: les principales époques ; le péché,Adam et les prophètes ;
la critique dutemps présent et les vues apocalyptiquesd'Hildegarde ;
l'annonce de la fin du monde. Lé dernier cbapitre—le moins sûr -—
étudie la prophétesse en elle-même, et les fondements psycho-phy-
siques de la vision (l).
Cet ouvrage édité avec luxe,composé avec clarté, selon une érudi-
tion adaptée et saine^ nous paraît un travail de premier ordre pour
connaître le caractère et le contenu des prophéties et des visions
d'Hildegarde,
Eckhart. — Edition. — Le IVe volume des Archives d'Histoire
doctrinale et littéraire du moyen âge ( 2) contient la fin du commen-
taire de maître Eckhart sur le livre de la Sagesse. Comme pour la
première partie de ce commentaire, nous avons essayé, dans de
nombreuses notes, dé déterminer les sources utilisées par Eckhart,
de dégager les tendances fondamentales de l'esprit du maître. Le
texte lui-même de ce commentaire de la Sagesse a été revu avec
grand soin, par M. J. KOCH. professeur à l'Université de Breslau.
2. Traduction.— On ne saisit le véritable pensée d'un auteur qu'en
le lisant dans sa langue originale. La langue d'Eckhart est âpre,
ses phrases solidement articulées, de façon à laisser dans l'esprit
des auditeurs ou des lecteurs des schèmes de raisonnement aux con-
tours définis. Traduire les oeuvres d'Eckhart en langage académi-
que, c'est quelque peu trahir la pensée même du maître. La traduc-
tion italienne (3) de quelques sermohs d'Eckhart, ne nous donne
plus l'impression de vivacité et de force qu'on éprouve en lisant
l'original allemand ; la langue a perdu tout relief ; la construction
grammaticale qui nous heurte dans sa forme primitive, et qui, en
nous heurtant, force notre attention, est devenue, en italien, une
construction régulière et normale. Les phrases se développent, dans
cette traduction, monotones et sans vie. Un Eckhart en italien est
presque inconcevable ! Qu'on lise une simple phrasé :

(1) P. POURRAT. La spiritualité chrétienne, t. II, p. 121, écrit à ce sujet : « Il


est permis "de croire, cependant, que ce don [de vision] tenait aussi au tempéra-

...
ment d'Hildegarde, »
(2) P. G. THÉRY, 0. P., Le Commentaire de maître Eckhart sur le livre de.la
Sagesse (lin), dans Archives d'Histoire doctrinale et littéraire du moyen âge, t. IV,'
p. 233-394.
(3) Maestro ECKART. Prediche e Traitati. Traduzioîie di G. C. Introduzione di
E. BUONAIUTI, dans la Collection Maeslri délia Vita Spitituali, Bologne, Zani-
çhelji, 1927 ; in-12, XXV-370 pp,
GGIDENT. MOYEN AGE 5p,7

;.':" Butiner, t}), I, p. 2. ..^Traduction italienne, p. 2.


So wirdauch das ewige Wort in- Cosi anche l'eterna pâroîa viene
nerliçli gesprochen, in deiii Herzen pronunciâta interiormente nel cuo-
déf Seêlé, in ihren Innersteii und ..re deir anima, nella sua parte' piu
L.autëî'sten, in den Haupte'der Seele remotà e piu pura. Ma la nascita si
ftber, in den Vernunft, 4à vollziebt compié poi ilel capo délT anima,
siçh die Geburt.. neliaragione. '

Il eût été possible, .croyons-nous, de donner plus de vigueur et


de;relief à cette traduction. Ce qui caractérise cet ouvrage, c'est
précisément le manque d'effort, et lé de>lce farniente. On a traduit.
32 sermons ou parties de traités, mais pour aucun on ne s'est posé
la question d'authenticité ; nulle part on n'a laissé soupçonner les
raisons qui ont motivé lé choix de tel ou tel sermon ; le texte alle-
mand qui a servi au traducteur est celui de Bùttner, comparé à
celui de Pfeiffer, quand cette comparaison était possible ; et c'est
tout.
E.'BUONÀIUTI a écrit pour cette traduction, une préface qu'il a
insérée à nouveau dans son ouvrage Misticismo medioevale{?).
On y trouve quelques considérations, de monnaie courante, sur
l'activité d'Eckhart et son hétérodoxie..
3. Etudes. —M. 6. KARRER (3) s'est consacré depuis quelques
années, à la défense de maître Eckhart. Sa dernière étude traite de
la doctrine de la grâce.- La grâce a pour effet de nous unir à Dieu,
dé nous transformer en Lui, de nous faire un avec Lui. Toutes ces
expressions si énergiques de maître Eckhart, ne lui sont point par-
ticulières. Ruysbroeçk et saint Jean de la Croix les emploient,
eux aussi, pour essayer de définir l'effet merveilleux de la grâce ;
et oh sait avec quel réalisme S. Thomas lui-même a parlé de l'union
de l'âme à Dieu. Par conséquent, en parlant d'union, de transfor-
mation,-de présence de Dieu en nous, Eckhart n'est pas plus hé-
térodoxe qu'un saint Thomas et un saint Jean de la Croix. Telle
est'la coupe du raisonnement de Karrer. Cet auteur a raison de faire
dés rapprochements entre Eckhart et les autres mystiques; mais,
il enest victime. II suffit de lire Eckhart pour se rendre compte
que, fsous des identités de formules entre lui et saint Thomas, par
exemple, se cache une différence essentielle, dans la façon même
de comprendre le problème de l'union à DieU. S. Thomas l'envisagera
en théologien, et parlera à ce sujet de l'habitation de la Trinité dans

(1) H. BÛTTNER, Meister Eckeharts Schriften und Prediglen, Iena, 2e édit.,


19l2^p,2.
(2) Misticismo Medioevale, Pinerolo, 1928, p. 130-160.
(3). 0. KARRER, Um.Meister Eckehart, dans Literarische Berichte'aus dem
Çebiete der Philosophie, :Erfurt, Stejrger, 1928 ; H, 17-18; pp, 54-64,
.
598 BULLETIND'HISiOIREDESDOCTRINESCHRÉTIENNES

l'âme des justes ; Eckhart y aboutit comme un philosophe chrétien.


Karrer se classe aujourd'huiparmi ceux qui connaissent le mieux
et le plus mal, maître Eckhart : le mieux, parce qu'il a lu, disséqué,
recopié les oeuvres d'Eckhart ; le plus mal, parce que son analyse
l'empêche de saisir l'élément vital des textes, et de les projeter dans
les perspectives d'ensemble. '-,

— Nous ne voulons passer sous silence deux études proprement


philologiques sur maître Eckhart : l'une est due à R. FAHRNER,la
seconde au Dr J. QUINT, L'u,ne et l'autre étudient;]a langue de maître
Eckhart,
R. FAHRNER (!), après avoir posé quelques principes généraux pour
dirimer les questions d'authenticité que soulèvent les ceUvres alle-
mandes d'Eckhart (comparaison des textes allemands avec les oeu-
vres latines ; avec la bulle de condamnation de 1329, le catalogue
d'erreur suivi de la défense de maître Eckhart (1326) ; renseigne-
ments de mss., renvois d'Eckhart à ses oeuvres personnelles ; étude
du style), applique ces principes à quelques cas particuliers (Liber
Benedictus, Reden der Unlerscheidung, sermons 8, 21, 32, 40, 45,
56, 83, 84, 87 (d'après la numérotation de Pfeiffer), Ayantdétérminé
ainsi ses documents, l'auteur aborde son sujet principal,, la langue
et le style d'Eckhart : changement des formes verbales en substan-
.
tifs, à l'aide des désinences heit, keit, unge (substantifs positifs, qui
obtiennent une valeur négative en y ajoutant simplement un préfixe
un). Eckhart emploie également un grand nombre d'adjectifs à for-
me verbale (participes présents et passés utilisés avec valeur d'ad-
jectifs) ; Fahrner énumère aussi un grand nombre d'exemples d'ad-
jectifs en ig etich, mettant en relief le caractère tout àîait nouveau
de la langue d'Eckhart. Une partie importante du travail est consa-
crée aux infinitifs employés comme substantifs. Nous ne pouvons
nous arrêter aux détails de cette étude philologique, riche en obser-
vations ; nous la recommandons à ceux qui s'intéressent aux pro-
blèmes eckhartiens, en les mettant eh garde toutefois contre cer-
taines généralisations et un enthousiasme un peu exagéré (par
exemple, p. Ï21 : In Eckehart aber — so kônnen vyir unsere Beo-
bachtungen zusammen fassen — hat sich 'wirklich die geisilicher
betrachlunge aùf die geistliche werli gerichtet und seine îièUsùbstan-
tivierten Infinitive sind Frùchte dièses Geschehens [ 1]). Les préjugés
de l'auteur contre la méthode du P. Denifle, le maître incontestable
des études eçkhartiennes, nous paraissent aussi tout à fait injus-
tifiées.

(1) R. FAHRNER, Worlsinn und WorlschSpfung bei Meister Eeckehart, dans


" Beilrâge zur deutschen Literaturwissenschaft, hrsg. von Ernst ELSTER, 31,; Jlar-
Jjurga.L., Elwert. 1?3? jhl-8, vni-144pp.. .
OCCIDENT. MOYEN AGE 599.
.

M. QUINT (*) a.ehtrepris son étude philologique d'Eckhart avec


despreoccupationsphilosophiqu.es. Nous ne saurions l'en blâmer,
bien que dans le détail cette comparaison entre la doctrine de maître
Eckhart et l'expression de Cette doctrine nous paraisse parfois pous-
sée unpeu trop loin. V
Eckhart est un scolastique. De la scolastique, il a pris la majeure
partie de ses doctrines, et la méthode d'exposition. Mais Eckhart
est aussi un mystique, dont les élévations débordent les cadres de
la scolastique.
Ces deux tendances fondamentales doivent se retrouver dans sa
langue et son style, Scolastique et spéculatif, il emploiera beaucoup
de formes abstratiës en heit, keit, (pour la description statique d'un
être). Ces noms abstraits, il les forme lui-même, de substantifs déjà
existants, d'adjectifs, de verbes.— Quand il parle de l'état dynami-
que d'un être, c'est la forme abstraite unge qu'il emploie.
Cette abstraction dans les mots, cette idéalisation des termes con-
crets, est spéciale à Eckhart. On les rencontre beaucoup moins
dans Tâuler et Suso, dont la mystique possède un caractère plus
pratique.
Mais, comme on l'a dit plus haut, Eckhart n'est pas seulement un
spéculatif ; sa doctrine est vivante, puisqu'elle cherche avant tout
à exprimer ce qu'il y a de plus vivant dans la vie même, l'union de
l'âme à Dieu. Pour exprimer cet aspect de son enseignement, Eck-
hart va créer encore un nouveau vocabulaire : il déconcrétise des
termes courants pour leur donner un sens spirituel ; il crée des méta-
phores, il manie l'hyperbole et l'antithèse, presqu'instinctivement,
pour arracher la pensée des objets terrestres et l'élever jusqu'à
Dieu. _"
"
-
On prendra plaisir et réel intérêt à cette étude de M. Quint qui
s'est acquis déjà tant de mérites dans le" domaine des études eçk-
hartiennes.

Tauler. — 1. Editions. — Après avoir publié en 1924, le codex


-
2744 de la Bibliothèque de Vienne, un des plus anciens recueils des
Sermons de Tauler, M. A. L. CORIN, professeur à l'université de Liège
a édité récemment lé ms. 2739 de la même bibliothèque (2), édition
établie avec un soin parfait. Ce ms. 2739 provient du monastère

(1) J. QUINT, Die Sprache Meister Eckeharts als Ausdruck sciner mgstischen
Geisieswelt. Sonderabdruck aus Deutsche Vierleljalvsschriftfur Lileraturwissen
schaft und Geislesgeschichie, Jalirg. VI, H. 4, in-8, numéroté pp. 671-701.
(2) A. L. CORIN, Sermons dé J. Tauler et autres écrits mystiques. II. Le Codex
Vindobonensis 2739, édité pour la première fois avec les variantes des éditions,
de Vetter (1910), de Leipzig, (1498), d'Augsbourg (1508), et de Cologne (1543)
précédé d'une introductionet annoté [par A. L. Corin], dans la Bibliothèque de la
Faculté de Philosophie et Lettres de V Université de Liège, Liège, Vaillant-Gar-
manne ; Paris, E. Champion, 1929 ; in-8, xxv-492 pp.
600 BULLETIND'HISTQÏRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

des moniales de Campe; en Rhénanie, en face de Boppard. C'est


de cette même bibliothèque que provient le ms. Theol. 2205 de .Ham-
bourg, décrit par Strauch, et contenant des sermons d'Albert le
Grand, de maître Gérard (sans doute Gérard de Minden), et un sermon
d'Ulrich de Strasbourg (1). Le monastère de Campe est encore men-
tionné dans le ms. 14686-87 de Bruxelles.
Ce manuscrit 2739 est du xive siècle ; il est à ranger, par-conséquent
« parmi la demi-douzaine des plus anciens manuscrits de Tauler » :
ceux de Vienne 2744 (xive s.), 124 d'Engelbert (achevé le 20 sept.
1359, du vivant même dé Tauler, mort en juin 1361), 41 de la biblio-
thèque de l'Université de Fribourg, dont Vetter écrit : «Dièse Hs
ist mindeslens ébenso ait mie die Engelbcrgen » ( 2) ; mss. A. 88, A 89,
A, 91 quifaisaient partie avant 1870 de la bibliothèque de Strasbourg,
et dont il ne nous reste aujourd'hui que la copie et les collations faites
par C, Schmidt. Peut-être ce ms. 2739 a-t-il été utilisé par Pierre
de Nimègue pour son édition de Tauler. ' • '

Mais ce qui «fait surtout l'intérêt de notre manuscrit, c'est sa.

richesse variée ». Il contient d'abord un groupe de 27 sermons de


Tauler, déjà connus par les mss. de Strasbourg. Ce sontles sermons
2-6,-10-15, 19,23, 24, 64-73, 77, 78, 80 de Vetter et D. Helalider) ;
un autre groupe de cinq sermons, contenus dans l'édition de Cologne,
de 1543 : '
1. Fol. 76v-1 : Qui exDeo est, verba Dei audit. Incipit du thème:
.

Lieben Kinder, ich bitte euch das ir mit offnen orerî.


2. Fol. Sô1-1 : Exivi a Paire et veni in mundum Inc. du thème :
Kinder, diss ist die lauterste wareste und blossie léer, die man haben
mag. Ce sermon a été parfois attribué à Suso ; Bihlmej^er tout en
le publiant, p. 518-528 de son ouvrage Heinrich. Seuse Deutsche
Sçhriflen, met en doute cependant que ce sermon soit de Suso, et
remarque, p. 518, que son contenu le rapproche du sermon Ego vox
Clamantis, de Tauler (édition de Cologne, fol. 23^-1).
3. Fol. 194v-2 : Diliges dominumdecem tuum (édition de Cologne).
Beati oculi qui vident que vos videtis (ms. 2739). Inc. du thème :
[Dans l'édition de Cologne] : Lieben Kinder, die schreibén und.pha-
riseen bekorten. [Dans le ms. 2739] : In dy semé ewangelio van disemc
dage, da sprach unse lijbe lierre. Le début de ce sermon, dévelop-
pant des prothèmes différents, est naturellement différent dans
l'édition de Cologne et dans le ins. 2739 ; mais les deux textes se
rejoignent bientôt.
Ces trois premiers sermons sont attribués expressément à Tauler
dans le ms. de Vienne ; et M. Corin ne voit aucun motif de nier cette
attribution. ;
4. Fol. 781'-1 : Qui ex Deo est, verba Dei audit. L'incipit et là pre-

(1) Cf. MelIe J. Ulrich de Strasbourg, prédicateur, dans la


DAGUILLON, V-iç
spirituelle, nov.1927, supplément, p. [84-98].
(2) F. VETTER, Die Predigten Taulers, p. iy.
OCCIDENT. .MOYEN AGE 601

nlière phrase diffèrent dans l'édition dé Cologne et dans le ms. de


Vienne. [Cologne] : Lieben Kynder, in sait mil ablassen das worl
gottes zu hôren. [Ms. 2729] :'Eyn mensche sal allewege gerne van ho-
hen dingen horen sagen.
5. Fol. 83r- 2 : Ego si exaltalus fuero à terra. Inc. du thème : Und
meyntè den menschen, den nennel men das er sei aile dyng.
Ces deux derniers sermons contenus encore dans l'édition de Co-
.
logne, sont anonymes dans le ms. 2739.
Sont également anonymes dans ce manuscrit cinq pièces qui n'ont
point l'allure de sermons, et qui sont reproduites dans l'édition de
1543. :
1. Eyn kurcz wort (éd. Cologne, fol. 306r-2).
2. War-umbe eyn mensche sine viendè gerne sulle liden (éd. 00.,
.
fol. 311V-*).
3. In unseme hère Ihesu Christo, grozen ich uch (éd. Col., fol.
326r-2).
4. Ouch liben susteren, ich biden uch und manen uch (éd. Col.,
fol. 328r-2). ; -
5. In der eyniger, unsprechlicher mihnen des himelschen vaders
(éd. Col., fol. 330r^).
Jusqu'ici nous avons donc un ensemble de 37 sermons ou autres
pièces, qui sont pour la plupart certainement, pour quelques autres
très probablement; l'oeuvre de Tauler (27connues déjà par les mss.
de Strasbourg, et éditées par Vetter ; 10 reproduits daiis l'édition
de 1543. De ces 10, trois sont attribués explicitement à Tauler
dans le ms. 2739"; deux autres sermons et cinq pièces qui n'ont pas
l'aspect de sermons, ne portent pas de noms d'auteurs; mais, à
bon droit, M. Corin déclare qu'il ne voit aucune raison de les rejeter
comme oeuvre de Tauler.)
Le ms. contient de plus, sept autres morceaux qu'il attribue à
Tauler et qui sont encore inédits. Leur présence dans un manuscrit
du xivè siècle, leur attribution à Tauler, dans ce manuscrit, consti-
tiuent de sérieux arguments en faveur de l'authenticité taulérienne
de ces sept morceaux inédits.
Après en avoir pris connaissance, nous nous rallions complète-
ment à'cette conclusion de M. Corin : « Sans doute nous ne sommes
lias en état de démontrer, à l'évidence, l'authenticité de tous ces
morceaux ; néanmoins, nous ne voyons pas non plus de raison pour
en refuser la paternité (jusqu'à plus ample informé) au Prêcheur
strasbourgeois. S'il faut être prudent, il ne faudrait pas pourtant
négliger la valeur de cet argument : un manuscrit du xive siècle
attribuant ces textes .à Tauler. » (p. xilï).
Notre manuscrit contient aussi deux extraits de sainte Hildegarde
de Bingen ; ils ont été copiés sur un manuscrit orné de miniatures,
comme le sont les deux principaux mss. des oeuvres de sainte Hil-
degarde.
D'Eckhart, il contient le traité Des douze bénéfices de l'eucharistie
pour l'homme intérieur : Von den XII Nutzen unsers Herren Li«
602 BULLETIN D*HISToiRE i>ES I30CTRINÈS CHRETIENNES

chames, publié par Pfeiffer, t. II, p. 373-382, et rejeté comme apo-


cryphe par Behaghel, Bèitrâgezur Geschichte der deutschen Sprache
und Lïlleralur, t. XXXIV (1909), p. 530 sq. ,

Notre ms. 2739 contient encore un sermon authentique de Suso,


publié par Bihlmeyer (op. cit., m. 529-536); contenu aussi dans
l'édition de Cologne de 1543, fol. l'OS^-lO?1'-1 ; enfin un sermon de
Henri de Louvain, publié déjà par Pfeiffer ; huit morceaux attri-
bués à Eckhart le Jeune, dont trois ont été publiés par Preger,
Geschichte der deutschen Mystik im Miltelalter, p. 434-439.
Enfin, le ms. de Vienne reproduit douze pièces anonymes, parmi
lesquelles deux pourraient être de Tauler : 1. De la véritable hu-
milité : Unse herre ihesus clu-islus, der alrre dugende nature an ime
hait (Corin, n. 57 ; ms. 2739, fol. 61r2- 67r-2). 2. Lettre sur le recueil-
lement constant : In chrislo ihesu domino nostro, aile uns zuversicht
in gelazenheil (Corin, n. 61 ; ms. 2739, fol. lOS^-lOgv-2).
Nous avons tenu à donner avec quelques détails le contenu du
ms. de Vienne, afin de mettre en relief l'importance du travail de
Corin, ses principaux résultats critiques,et de signaler en même temps
les nouveaux sujets d'étude qu'offre le ms. 2739, dont nous posséd-
dons désormais une édition parfaite.
Etudes, — Gomme Eckhart, Tauler a fait l'objet d'études philo- .
sophiques ; et.nous avons à signaler à nos lecteurs Tauler als Redner
du Dr A. KORN (1). C'est toute l'oeuvre authentique de Tauler que
l'auteur a étudiée du VJoint de vue de l'art oratoire : composition du .
sermon, en lui-même (étude de la partie centrale du sermon, de l'e-
xorde, de la conclusion), et comparaison de l'art oratoire de Tauler
avec l'art de Berthpld de Regensbourg et d'Eckhart. Dans une se-
conde partie, fauteur étudie en particulier quelques procédés ora-
toires de Tauler. Une pareille étude était délicate : les sermons de
Tauler ne nous -sont parvenus que par l'intermédiaire de reporta-
tions ; de plus, Tauler est un improvisateur qui se laisse aller à l'in-
spiration du moment, et qui n'a guère le souci delà belle composi-
tion. Il se répète fréquemment ; parfois, emporté par son discours,
il laisse ses phrases inachevées. Tauler n'est pas un orateur de cham-
bre ; c'est un improvisateur, et dont les paroles dépourvues de toute
recherche, ne nous'ont été conservées que par les auditeurs. C'est
tout cela qui fait le charme de l'éloquence naturelle de Tauler, et
en même temps la difficulté de l'étudier. M. Korn s'en est bien aper-
çu : il a procédé dans son étude avec prudence, et on la lit avec
plaisir.
En appendice, Korn étudie quelques problèmes d'authenticité.
D'après lui, le sermon I de.l'édition Vetter : Man beget bute drier
leige geburt, n'est point de Tauler. Il est à rattacher au groupe des

(1) Â. KORN, tauler als llèdhér, dans Porschmgèh nnd fiuhâe, tî.-';2i j Mti.il-
(jter i. W., Aschehdorîi, 1928, in-8, vni-175 pp.
:"> ; .OCCIDENT. MOYEN AG'È 6Ôà

-Sermons Î-IV de Pfeiffëri qui traitent de la naissance de l'âme en


nous ; on y trouverait le même art oratoire,; et le même développe-
ment-dans les pensées,; Nous avons lu avec beaucoup d'intérêt
cette dissertation fort bien conduite ; mais nous préférons attendre
quelque temps avant de porter un jugement personnel.
;- Les Sermons III-lV n'eu forment .qu'un seul O.Le sermon IV est
en effet la première partie du sermon III ; la deuxième partie du
sermon est représentée par, le sermon 111 lui-même ; la troisième
partie se trouve à la suite dans le ms. de Vienne 2739 et dans l'édi-
tion de Cologne de 1543;
Dans un troisième appendice, Korn relève les relations entre les
pièces n.58, 60 de Vetter et les sermons certainement authentiques de
Tauler, et conclut de ces relations à leur authenticité. Enfin,- les
derhières pages du Voluhie sont consacrées à déterminer la date d'un
certain nombre de sermons, et le lieu où ils ont été prêches ; les
sermons de Cologne forment un groupe compact (ils sont au nombre
;
de 27) et ils Ont été prononcés vers 1344.

^Sùsôj — Le Wonde tourne. H fut un temps ou la lecture de.M,


Susoétalt défendue dans la compagnie de Jésus (2), et aujourd'hui
; iiôus-voyons avec plaisir, le R. P. RICHST4ETTER, S. J., éditer
-l'Horologium Sapieïitidè (*). Son édition est celle dé Strange, sans
l'appareil critique; le seul changement introduit est celui de l'or-
thographe (4). Elle est précédée d'une brève introduction sur la vie
dé Suso, ou plutôt des dates de la vie dé Suso (p. ix), des dates de la
rédaction allemande (1327-1328), et de là rédaction latine (1334)
de l'Etorohgium ; et de quelques pages sur là théologie mystique de
;.= SusOjTauler, Eckhart, d'après le P. Deiiifle, (interprété par le R. P.
Riçhstâttef). Nous voudrions bien savoir à quels endroits de ses
oeuvres le P. Denifle portece jugement que lui attribue l'auteur :
; « Impiimis P. Denifle yariis locis ostendit, B, Susonèm de rébus
;: mysticis prorsus ideni sentire quod Tàulefus, gravissimus inter
mysticos auctor, atque Magistêr Eckardus,quoilliColonïaemodera-
tore spifituali utebantur. Iterum iterumque (5) ineulcat P. Denifle,

(1) Voir Sermons de tauler-, Traduction sur les plus anciens manuscrits aile»
malldsparlesRR. PP. HUGUENY, THÉRY, O.P., et À. L. CORIN, t. I,p. 184, n, 1 ;
192,ii.:2,;-'193, n. l";d:96,.n,"l.
(2) .P. HiLDEERAND, Un mouvement psêudo-^mystiqtie chez les premiers Capu-
cins belges, dans Françiscaha, 1924, p. 261 ; P. B. KKTJITWAGEN, De iutlige
Pelrtis Cànisius en demysiiek van Johannes Tauler, O. P., dans Sludien, t. XCV
(1921); p. 347-362. ''-':''
(3): Beali H. Susonis tforologium Sapieniiac, Accedunt tractatus et notâë
quaedam de theologia nlystica ex ôperibus H. Denifle" 0..-P; Edidit G. Ricii-
STâTTER, S. J. Taurini (Itaîia), Marietti,;i929 ; in-12, xx-279 pp.
(4) Dès lors, pourquoi présenter dans les Annali dell' Italia catlolica, 1930,
p. 39.1, ce travail de simple copiste, comme une « nuovd èdizibne critica » ?
(5) À îapage XVIII,,n. 3,1' éminent auteur cite le P DENIFLE, EineGeschiclilê
.
604 .
BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRETIENNES

doctrinam illorum trium magnorum mysticorum in sententiis fun-


damentalibus eandem fuisse, quam et magni theolbgi mystlci Or
dinis Garmelitarum et Societatis IesU inde a saeculo xvn tradide-
runt, neque ullo modo differre ab ea, quaih Hugo et praecipue
Richardus Victorinus primi fundaverant. » (p. x-xi). Quel dommage
pour le lecteur qUe l'auteur n'ait pas donné ici de référence, et qu'il
ne nous-ait pas livré son opinion personnelle et objective sur ce
point.
Cette petite préface écrite avec UUe négligence apparente, devient
très affirmative sur certains points, par exemple : « Taulerus,
inquit Denifle [le lecteur aurait voulu savoir où] anté omnià tan-
quam principium fundamentale statuit : non omnès vocatos esse
ad contemplationem mysticam » (p. XI-XII). A la fin de la préface,
nous relevons aussi un point que l'auteur affirme avec une assurance
déconcertante: « Neqûe aegre concedimus ut nostris dlebus ita
etiam temporibus medii aevi alios aliud de ré mystica sensisse ac
scripsisse,praesertim cum tanta tune fuerit auctoritas Pseudo-Dio-
nysii Areopagitae.Hunc autem fuisse Severum Antiochenum atque
cap ut et principém sectae cuiusdamMonophysitarum ho die constat »
(p. XVIII-XIX). Constat pour qui ? pour quelles raisons cogentes ? (1). :
!

Le moins qu'on puisse dire de cette reproduction, c'est que ce n'est


vraiment pas un travail sérieux.
Nicolas de Gués. — MM. E. HOFFMANN et R. KLIBANSKY ( 2)
qui ont entrepris la publication,critiqué des oeuvres: de Nicolas de
Cues, nous ont donné récemment l'édition du sermon Dies sanlifi-
catus. Ce sermon inédit et conservé de la main même du cardinal
est dans le ms. 220 de la bibliothèque de l'hôpital'^ Saint-Nicolas,
à Cues. D'après les indications de ce manuscrit, il est facile dé voir
que ce sermon a été prêché à Augsbourg, le jour de Noël, 1439. A
cette époque, Nicolas de Cues est tout absorbé, par son grand tra-
vail De docia ignorantia qui sera achevé le 12 février 1440. Rien

der deutschenMystik, Historisch-Polilische Blâller, t. 75 (1875), p. 972. On aurait


aimé avoir les autres références et les textes exacts.
(1) En réponse à l'article du R. P. STIGLMAYR, Der sogenannte Dionysius
Areopagita und Severus von Anliochien, dans Scholastik, t. II (1928), voir l'arti-
cle de R. DEVREESÉ, Denys l'Aréopagite et Sévère d'Antioche, dans Archives
d'Histoire doctrinale et littéraire du moyen âge;, t. IV, 1930, p. 159-169. L'auteur
conclut qu'avant la moitié du ve siècle, Denys était mis en circulation, Sévère
n'était pas né! (p. 167).— —Certains semblent avoir voulu bien vite faire une
.fortune à l'hypothèse de Stiglmayr...
(2) Cusanus-Texle. I. Prediglen, 1. « Dies sanciificaiUs » vont Jahre 1439.
Lateiniscli und deutsch mit Erlâuteruhgen, lirsg. voii Ë. HOFFMANN uhd R.
LKLIB ANSKY, dans Sitzungsberichle.derHeidelbergerAkddemieder'Wissenaschaftën,
Philosophisch-historischeIClasse. Heidelberg, 1929 ; ih-8,56 pp., et reproduction
d'un feuillet de l'autographede Nicolas de Cues.
; OCCIDENT. MOYEN AGE 605

d'étonnant par conséquent à ce quenous retrouvions dans le sermon.


.
Dies sanclificatus, les mêmes préoccupations et quelques fois les
mêmes termes que dans le De docla igiioranlia, à tel point que le
sermon peut servir à mieux comprendre ce dernier ouvrage.et même
à en miçUx établir le texte.
Le .sermon — qui est un sermon de Noël •— traite tout naturelle-
ment des différentes nativités : de la génération éternelle du Verbe
1

(cette partie s'adresse aux peritioribus) ; de la nativité temporelle


(pro communibus) ; de la naissnace du Verbe en nous (pro coniempla-
tivis). Il est étonnant que les savants auteurs n'aient point pensé
à comparer ce sermon dé Nicolas de Cues à celui de Tauler sur le
même sujet.
Une traduction allemande accompagne le-.texte latin et ce petit
ouvragé composé avec un soin remarquable se termine sur quelques
considérations sur les relations de la doctrine de Nicolas de Cues
aveclapensée grecque,, surtout la philosophie d'Heraclite, de Par-
ménidé et de Platon.
Romà, Santa Sabina. G. THÉRY, O. P.

VI. — OCCIDENT. TEMÏ>S MODEREES,

1. THÉOCRATIE ET GALLICANISME FRANÇAIS,

Mgr V.MARTIN s'était préparé à son nouveau livre sur Le gaili=


canismé politique () par deux importantes études sur les doctrines
gallicanes assez antérieures à la déclaration de 1682 (2). Maintenant
il étudie la période de préparation de cette déclaration de 1682,
Il a restreint son champ d'étude pour en Intensifier l'éclairemènt ;
et, laissant de côté tout ce qui constitueTépiscopalisme des trois
derniers, articles de la déclaration, il s'en est tenu à Y explication
historique du premier article définissant l'indépendance absolue
du roi par rapport au pape dans le domaine temporel. Ce travail qui
prend place dans la Bibliothèque de l'Institut de droit canonique
de l'université de Strasbourg avait paru en articles, dé 1926 à 1928,
dans la Revue des sciences religieuses.il renouvelle le sujet, surtout
par sort chapitre IÎI : Transformation de la notion de souveraineté,
l'évolution du gallicanisme aux environs de 1682 apparaissant liée
a la nouvelle notion qu'on se faisait de la souveraineté. Là thèse

(1) V. MARTIN, Le gallicanisme politique et le clergé.dc France. Paris, Picard,


1929 ; in-8, n-337 pp. :

:y(2) V. MARTIN. Le gallicanisme et la réforme catholique: essai historique sut


l'introduction en France des décrets du concile de Trente (1563-1615). Et Les né-
gociations du nonce Silingatdi relatives à la publication du concile de Trente en
France (Documents). Paris, Picard, 1929 ; in-8.
_; ..REVUE DES SCIENCES.— T. XIX.., FASC. 3.— 39,
606 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHEÉTIENkÈè

de l'indépendance absolue du roi par rapport au pape dans les ter- '
mes de la déclaration de 1682 est un corollaire inévitable de cette
nouveauté que constituait,alors la théorie du droit divin du pouvoir
royal. Cette théorie n'avait pris consistance que sous lé règiie d'Hen-
ri IV, dans le dégoût des outrances démocratiques des ligueurs.
Les ligueurs se montrèrent souvent plus extrêmes sur ce sujet que
ne l'avaient été les huguenots d'après la Saint-Barthélémy, Théo-
dore de Bèze et François Hotman. L'université de Paris avait repris,
contre Henri III et Henri IV, d'anciennes théories médiévales. Mais
après la paix. d'Henri IV, le succès du pouvoir absolu contribua à
faire abhorrer cette agitation. Le pouvoir absolu trouvait d'ailleurs
en Guillaume Barclay son théoricien. L'épiscopat du royaume se
mit à adhérer à cette thèse du pouvoir divin de son roi. L'épiscopat
ne mesurait point toutes les conséquences qui allaient s'en suivre
dès qu'ils y aurait conflit tant soit peu accusé entre le roi et le pape.
Le temps passa donc vite où les anciens gallicans continuaient à
combattre à l'université de Paris contre les jésuites. Richelieu s'em-
ploya "avec habileté à ne tirer de l'ancien gallicanisme que ce qui
:
était favorable à la nouvelle théorie du droit divin royal. Les événe-
ments de 1663 ne tardèrent pas à marquer une étape décisive dans
le succès de cette thèse. Mgr M. a très heureusement insisté sur ce
point. A cette date, les relations entre le pape et Louis XIV sont
des plus tendues. A la suite de l'incident de la garde corse, la con-
signe est donnée d'humilier encore plus le pape de toutes ma-
nières. Or, il est remarquable que, tandis que le Parlement pousse
la Faculté de théologie vers les anciennes formes du gallicanisme,
les théologiens, biaisant sur la question de l'infaillibilité et de la
supériorité des Conciles sur le pape, proclament au contraire avec
éclat l'indépendance absolue du roi par rapport au pape dans le
domaine temporel. Aussi lorsque vers 1682 la tension entre Versail-
les et Rome recommence, plus forte que jamais, c'est de très bon
coeur qu'à l'Assemblée du Clergé les théologiens français rédigent,
ou agréent le premier article de la déclaration, article touchant le
droit divin du roi. Il fallut au contraire la passion de la lutte, l'im-
pulsion de Colbért l'interventiond'un gouvernement qui cherchait
un effet moral, pour faire légiférer l'Assemblée sur les libertés de
l'Église gallicane et les droits respectifs des papes et desconciles.
Mgr M. s'est bien gardé d'exagérersa thèse. Si è.dulcoré ou nuancé
qu'ilsoit, le gallicanisme politique de 1682 tire bien quelques-unes
au moins de ses origines des anciennes théories des gallicans démo-
crates. Gomme le note Mgr M. dans sa conclusion, si les théologiens
dei 682 n'eussent pas approuvé chacune des vingt-cinq propositions
énoncées cent ans plus tôt par Pierre Pithou dans ses Libertés de
l'Eglise gallicane, c'est quand-même un de ses énoncés qui s'ap-
plique le mieux à la mentalité dé 1682 : « Le pape ne peut exposer
en proye ou donner le Royaume de France et ce qui en dépend ny
en priver le roy ou en disposer en quelque façon que ce soit.Et quel-
ques monitions, excommunications ou interdictions qu'il puisse
.
OCCIDENT. TÉAtpS MODERNES 607

faire, les sujets ne doivent laisser de rendre au roy l'obéissance.deue


pourle temporel et n'en peuvent être dispensés ny absous par le
pape ». Et Mgr M. clôt son livre par cette généralisation : « Le clergé
ne dit ni ne voulut dire autre chose. Mais sur ce point là il ne se ré-
tracta jamais, aussi longtemps que subsista la monarchie fran-
çaise. »
Parla, Mgr M. déclarait qu'il y avait antinomie séculaire, conti-
nue entre le sentiment de l'Église de France et ce sentiment théo-
cratiqué énoncé, il y avait longtemps, par Grégoire VII en ces ter-
mes forts (x) : « Comment donc une dignité inventée par les hommes
dusièçlequiparfoisignoraientDieune serait-elle pas soumise à cette
dignité que la Providence du Dieu tout-puissant a instituée p'our sa
gloire et accordée au monde par un effet de sa miséricorde ? Son fils,
Dieu et homme suivant une indubitable croyance, est aussi le pon-
tife suprême, chef de tous les prêtres, assis à la droite de son Père
et intercédant pour nous sans cesse ; il a méprisé le royaume du
siècle et s'est spontanément revêtu du sacerdoce de la croix. Qui ne
sait que les chefs temporels ont eu pour ancêtres des hommes qui,
ignorant Dieu,se sont efforcés avec une passion aveugle et une into-
lérable présomption'dédominerleurs égaux, c'est-à-dire les hommes,
par l'orgueil, la rapine, la perfidie, l'homicide, en un mot par une
infinité de moyens criminels, très probablement à l'instigation du
prince de ce monde, le démon ? A qui les comparer, lorsque les prêtres
du Seigneur s'efforcent de les faire marcher sur leurs traces, sinon
à celui qui est le chef de tous les fils de l'orgueil et qui, voulant tenter
le pontife suprême, tête des prêtres, fils du Très Haut auquel il
promit tous les royaumes du monde, lui dit : Je te donnerai tout cela
si lu te prosternes et si lu m'adores. Qui doute que les prêtres du
Christ ne doivent être considérés comme les pères et les maîtres des
rois, des princes et de tous les fidèles ? »
;.- Dans une réplique à Mgr M., le P. DUDON (Z) lui reproche de mé-
connaître l'intérêt historique de la thèse relativement théocratique
de Bellarmin. Mgr M. n'explique le discrédit de Bellarmin auprès
des gallicans que par les écrits de ce docteur. Il est exact qu'une
explication vraiment ^historique semble, dévoir faire intervenir
des facteUrs d'ordre plus psychologique. La personnalité même, de
Bellarmin, jésuite,-italien, diplomate ennemi de la réunion des con-
ciles nationaux eh'.' France était souverainement antipathique à
bon nombre de théologiens français. Mgr M. en caùoniste et en théo^
lùgien, tend souvent à ne voir dans L'histoire des doctrines que. le
dossier des textes-et l'enchaînement des disputes juridiques ou
scolaires. Son excuse est qu'il était obligé de condenser en trois

(1) A. FLICHE, La réformé grégorienne. T. ÎI. Grégoire Vïî, Louvain, 1927,


p. 392.
(2) P. DUDON, Gallicanismepolitique et théologie gallicane dans Recherchés de
Science Religieuse, t. XlX (1929), pp. 513-529.
608 BULLETIN D'HISTOIRE DÈS.DOCTRINESl CHRÉTIENNES

cents pages une matière considérable, que d'ailleurs il connaît jus-


que dans ses moindres détailsiMais Mgr M. se trouve aVoir entière-
ment raison et le P. Dudon entièrement tort, lorsque le P. Dudon
prétend contre Mgr M. que la thèse traditionnelle en France est la
thèse théocratique et qu'il y eut seulement en 1682 « une parenthèse
gallicane ».Le P.D. n'est pas heureux lorsqu'il conteste le caractère
originairement démocratique des doctrines gallicanes. «Je chi-
canerai volontiers, écrit-il, parce qu'elle peut être équivoque, sur
cette ëpithète de démocratique dont Mgr Martin gratifie le système
des docteursgàllicans. Ils sont à cent lieues du ContratSocia l,comme
aussi des préférences décidées que les démocrates chrétiens du ving-
tième siècle accordent au gouvernement du peuple par le peuple ».
Mais pour juger objectivement, il ne faut pas pousser à là carica-
ture la thèse de Mgr M. C'est avec, toutes les nuances désirables
que Mgr M. a fondé cette thèse de la démocratie des anciens gallicans
sur un nombre d'exemples tel qu'ils ne peuvent:être récusés. Pre-
nons par exemple le cas d'un des plus célèbres gallicans,.Edmond
Richer. Instruit par- les anciens tfayâux dePuyol Ç), Mgr M. se
contente de voir en Richer, ce quil est réellement, un épisCôpaliste
modéré. Il n'en fait pas le moins du monde un multitudînariste.
Tel était pourtant l'avis erroné de théologiens contemporains com-
me Pétau et Fénelon. Mais Mgr Martin a bien relevé dans ses très
bonnes pages sur Richer que cet auteur admirebeaucoup Gersqn,
d'Ailly,ët tous les partisans de la démocratie conciliaire. L'un des
plus anciens, et non des moins fameux ancêtres du gallicanisme ainsi
compris n'est-il pas le violent Defensor Pacis, si multitudinariste et
démocrate, de Marsile de Padoue et de Jean de .Tanduh ? Qui sait
même si E. Richer a écrit tout ce qu'il pensait? Il est sûr qu'au
XVIIIe siècle bien des gallicans, à nouveau démocrates, s'appuieront
sur lui. Car si la déclaration dé 1682 a été mie «parenthèse galli-
cane », c'est dans uii contexte qui n'est pas fait de doctrines théocra-
tiques mais de gallicanisme démocratique.
L'ouvrage de Mgr M. permettait de constater le gallicanisme dé-
mocratique avant les événements de 1682. La thèse remarquable
de M. E. PRÉCLIN ( 2) permet de suivre la reprise de ce gallicanisme
démocratique au xvine siècle et d'apprécier au plus juste son rôle
dans l'élaboration de la Constitution civile du Clergé. Ici encore le
P. Dudon se trouve contredit. : « De fait, la doctrine la plus communé-
ment répandue dans la France catholique du xvne sièle n'était ni
l'ultramontanisme, ni le laïcisme, mais le gallicanisme ».; Par une

(1) È. PDYOL, Edmond Richet, Paris, 1876..


(2) E. PRÉCLIN. Les Jansénistes du xViir 6 siècle et la Cohsiilutioh civile dit

1713-1791. Paris, Gamber, 1929 ; ih-8, xxxi-578 pp.


.
"...''..
Clergé. Le développement du richérisme. Sa propagation dans le Bas-Clergé
OCCIDENT. TEMPS MObEHfîES ©00

multitude d'analyses de détail — la table des -matières en mentionne


entre deux et trois cents — P. montre que la situation du galli-
canisme démocratique ne fait que se înàintenir au xVnie siècle.
P. a rendu son livre facile à consulter en, dressant un index-dé-
taillé. 11 est dit en tête de cet index qu'on y laissera de côté lès ter-
mes trop généraux et trop usités ; gallicanisme, richérisme, etc..
Au mot E. Richer, P. écrit : « allusions à chaque page ». Ce n'est pas'
rigoureusement exact, encore que ces allusions soient en effet nom-
breuses, tout en étant parfois bien imprécises. Mais pourquoi ne
pas avoir ajouté aux références à la personne de E. Richer lés
références à ses écrits comme leDeÈcclësiastibaélpoiitiça
potesiale libellus ? Un siècle après sa mort c'est par de tels écrits que
E. Richer pouvait encore exercer une influence qui puisse lui
être attribuée en propre. P. donne en son index les références aux
autres ouvrages mentionnés au cours de sa thèse. Pourquoi excluMl
les écrits de Richer de cet index, index d'un volume qui s'intitule
précisément « le développement du Richérisme... »?
Que vaut d'ailleurs cette épithète générique de richérisme? P.
après avoir reconnu tout ce qu'il y a de nuancé, d'incertain ou d'in-
cohérent dans la doctrine propre à Ë. Richer, déclare ensuite égale-
ment/richéristes des gallicans à tendances laïcistes ou au contraire
dés gallicans qui ne voient dans l'Église qu'une caste sacerdotale.
Je crains qu'il n'en soit pour beaucoup dé ces soi-disahts richéris-
t'es du xvine siècle comme pour certains soi-disânts averroïs-
tes du xive et du xve siècle et qu'ils ne méritent guère leur appa-
rentement. Au reste le recours à ces termes généraux, comme
Riebérismè, Averroïsme, n'a pas que des inconvénients. Il permet
de suivre des courants d'idées divergents les uns des autres, bien au
delà de ce qui a pu être, plus ou moins, pour eux, une source com-
mune:.jD'ailleurs le caractère analytique de l'étude dé P. le sauve de
ce qui serait des généralisations arbitraires à partir d'un « richéris-
me » de convention. •;'.;'-
Les principes d'Edmond Richer .n'avaient rien à voir avec les
préoccupations des premiers jansénistes, ses contemporains. Gfe n'est
qu'àpartïr delà fin du xvn° siècle que des «disciples de S. Augustin »,
menacés par la conjonction du roi,des évêques et du pape expriment
tout naturellement des idées sur la constitution de l'Église qui s'àp-
pârèhieht à celles de l'ancien syndic dé l'Université de Paris.; Le
dëhioeratisme de Quesnel dépasse d'ailleurs; nettement les positions
plus modérées de Richer. Cependant le bénédictin Dom Thierry
de: Vlàixhes réédite le Libe îlus et fait imprimer en 1707 la Demonstra-
tiolihèmd'E. Richer. :'''/":'/-'' "
Puis ce fut le coup de tonnerre de la Bulle Unigenitûs. (1713).Du-
rant les années 1717-1720, l'indignation des théologiens de P.àrîs
va jusqu'à travailler à une réconciliation des églises gallicane et,
anglicane. P.ne rem arque' peut -être pas assez quel traumatisme cette
Bulle: Unigenitûs a-été, au point de départ de foute une évolution -
gâlljcane et démocratique. La parenthèse du gallicapisme régpliçn
610 BULLETIN D.'HISTOIEE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

de 1682 était désormais fermée. On revenait à Gerson. Est-ce à


dire qu'on revenait directement et principalemeiiL à ce panégyriste
de Gerson qu'était Edmond Richer ? Ce serait à voir. L'un des prin-
cipaux auteurs du nouveau mouvement, Louis-Ellies Du Pin, est
l'auteur connu d'une Bibliothèque dés auteurs ecclésiastiques du
XVII* siècle, eu six volumes. Or, parmi un nombre considérable
de théologiens obscurs gratifiés chacun d'une notice détaillée,on ne
trouve point Edmond Richer, sauf en deux brèves allusions dans les
notices qui visent d'autres personnages. P. nous donne comme la
charte du richérisme de cette période le livre du rémois LE GROS :
De renversement des libertés de VEglise•gallicane, 2 vol. 1716. Ce li-
vre connaît en effet E. Richer et le défend même conlre les interpré-
tations tendancieuses du P. Petau (V)t : « Le Père Petau, écrit Le
Gros, avoue qùeGerson, Almaïn et les auLres théologiens de Paris
qui enseignent que lé Concile est au dessus du Pape reconnaissent
qu'ils tiennentl'un et l'autre leur autorité de Jésus-Christ immédia-
tement et il rapporte leurs paroles qui sont expresses. Richer à qui
il impute de croire le contraire dit nettement qu'il est très certain
que les autres évêques comme le Pape reçoivent immédiatement de
DieUleur juridictiortij Certissimumest ceieros episcopos sicut et joma-
numsuam haberè auctoritalem immédiate a Deo (Apol. Gerson. Parte
3, axiom. 30). » Cependant, à lire lé livre de Le Gros, on voit bien
qu'il lie s'agit pas d'un commentaire de Riche]-. Le titre complet
du livre est : « Du renversement des libertés de l'Église gallicane
dans l'affaire de la Constitution Unigenitûs ». Comme on pouvait
s'y attendre, en de telles occurences de polémique, les références
fréquentes del'abbé Le Gros vont à Quesnel, Nicole, ou au Père Noël
Alexandre, non point à Richer.
Dans cette première moitié du xyiiie siècle, la démocratie quasi
représentative-dont rêve Lé Courayer, la démocratie sacerdotale
à qui Travers donne ses préférences, l'oligarchie mystique que chérit
le Père de Génnes sont des idéologies incompatibles qui ont surtout
en commun de procéder d'une même psychologie d'opposants à la
Bulle Unigenitûs. Des tendances presbytériennes, puis laïcistes,
s'accentuent. Des prêtres transforment les prières ou les usages li-
turgiques pour rendre aux laïcs la place qu'ils leur croient due dans
l'Église.Bientôt on verra un canoiliste laïc, C. N. Maultrot.composer
en faveur du Bas-Clergé contre le Haul-clergé un Code Curial.
Dans le troisième quart du xvine siècle, les gallicans richéristes ont
encense quelque influence sur les jansénistes et sont favorables aux
revendications du Bas-Clergé, revendications qui sont souvent,
bien différentes des récriminations gallicanes ou jansénistes déjà
anciennes contre la Bulle Unigenitûs. Ce point est un des plus im-
portants de la thèse de P., l'un aussi où il est le.plus prudent et le

(1) ANONYME (Le Gros), Du renversement des libertés,dé l'Eglise gallicane


J. 1716, t, î, p. 434-435, ' '
" %. ;y' : '"';
OCGIDENT-. TEMPS MODERNES:: :' 611....

;.'-- *Ç -.'.'..
'
,

plus nuancé. Entre lés auteurs gallicans démocrates on peutnioins -:

que jamais parler d?une unité de doctrine. Des tendances bien di-
verses se manifestent,.chez Le Clerc, Piheï, -Duhamel, Jàbineau,
F. Richer aine, Pinault, H.'Reymond. Ce dernier 'publie en L776;:
.
•Les droits des curés et des paroisses considérés: sous leur'doublé rap^
pori spirituel et temporel, où il affecte de laisser de côté tout ce qui
scrail querelle entre jansénistes et jésuites.' Il s'en tient à unparo-
chisme, les curés lui paraissant les successeurs des soixante-douze,
disciples. Mais il s'étend longuement sur des revendications pécu-
naires, économiques qui dénoncent rapproche de la Réyolutiçh.
En ce temps-là le gallicanisme profite du prestige nouveau de Fe- ;

bronius dont des adaptations françaises, que P. ne semble pas toutes


connaître, vantent les grands noms du gallicanisme : Gerson ét'Nbël -
Alexandre toujours plutôt que E. Richer.
Arrive la Révolutioh française et la Constitution civile du Clergé.
AvccdessLatistiques'précises,P. montre que cette Constitution n'est
pas l'oeuvre des jansénistes. Ceux qui s'y rallièrent ne le firent que
comme pis-aller. Certes, la Constitution civile donnait satisfaction
aux revendications-de prestige et d'argent çfubas-çlergé, à ces re-
vendications qui s'accommodaient si bien dé certains gallicanismes
démocratiques. Mais la plupart de ces gallicanismes n'osaient que le
presbytérianisme. Par son système d'élection des curés la Constitu-
tion introduisait unlaïcisme qui étonnait des gallicans et choquait
des jansénistes. P.. a su;nuancer son jugement (x) : « L'activité des
adversaires de la Bulle Unigenitûs manifestée par les développe-
ments successifs de la pensée richériste a beaucoup contribué à la
préparation tant lointaine que prochaine dé la constitution civile. ,
Les Mémoires écrits lors de l'affaire des Bulles de 1718, le rétablissér-.
menL en 1724 de l'archevêché d'Utrecht, les doctrines élaborées par
les jansénistes vers 1755, les canons des Conciles d'Utrecht et de
Pistoie, les conclusions du Code curial sont autant d'ébauches
du rapport Martineàu, La constitution civile n'en rejette pas moins
l'idée cardinale, continuellement proclamée du richérisme de tout
le siècle : le droit pour ce bas-clergé de participer au gouvernement
de l'Église par le moyen des Synodes ». Le propre auteur du Code
Curial, Maultrot, S'oppose à la Constitution civile.Lorsque.après les
difficultés de la Terreur, -l'Église des constitutionnels gallicans sera
libre de se réformer; elle s'empressera dans son Concile national de
1797,de faire prévaloir ses vraies revendications et de se débarrasser
d'un système électoral donné par une Assemblée nationale laïque
issue de Lelles élections et qui n'avait vu rien de mieux pour l'Église."
Mais le beau rêve gallican se dissipa au moment où il semblait -prêt
d"; s'accomplir. L'Église concordataire deBoiiapârte était d'un tout
autre esprit. Les deux monarchies, la laïque;et la sacerdotale, s'y
rejoignaient. Au contraire la plupart des Cures cessent d/êtfeinanio-

:(l)Op.: cit., p. 48à,::


612 fetîLLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

vibles comme desprélaturës à vie. L'épiscopat du xixe siècle devien-


dra de plus en plus docile-au pape. Lé gallicanisme démocratique
.disparaîtra.
Ainsi le livre dé P. renferme bien des richesses. Malgré ses dimen-
sions, il ne suffitpas à rendre compte avec quelque exactitude suf-
fisante de toutes les pensées et dé tous les hommes qui se trouvent
liés au gallicanisme français du xviii 0 siècle. On n'est jamais sûr
que l'auteur n'a pas oublié quelque personnage intéressant. Sans
cesse on souhaiterait de nouveaux détails. Il est regrettable que les
écrits du jansénisme, du richérisme,; du parochisme ne soient pas
représentés par des extraits suffisants, que des livres rares, des let-
tres, des pièces d'archives, qui se laissent découvrir à la condition
qu'on lès cherché, ne viennent pas substituer leur irrécusable témoi-
gnage aux jugements, si pondérés soient-ils, de P. Ces critiques
ne sont d'ailleurs que bien peu de chose, surtout si l'on se représente
le mérite de l'ouvrage de P. qui rend historique une matière qui
méritait tant cet honneur. Pour connaître le jansénisme du xvinc
siècle nous en étions réduits aux pages, excellentes mais si courtes,
du manUerdeA. Gazier, Le Mouvement janséniste. Maintenant que
P. a bien déblayé le terrain, souhaitons-lui de ne pas en rester là.
Ne pourrait-il nous donner le dossier de son xvm ° siècle gallican et
janséniste,c'est-.à; dire des morceaux choisis décisifs encadrés par des
biographies précises des auteurs? Ce serait si peu de choses pour P.,
qui connaît merveilleusement la question. Dans le nouveau travail
les épithètes génériques ou spécifiques : jansénisme, richérisme,'
etc. n'auraient plus guère d'emploi. Nous serions débarrassés
de leur équivoque, en même temps qu'instruits réellement de ce
qu'elles, étiquetaient.

Le mouvement antithéocratique, qui se manifestait du xive au


milieu du xviie siècle par des gallicanismesdëmocratéSj puis par un
gallicanisme régalien pour aboutir ensuite après l'affaire dé la Bulle
Um^enîïùs; aux. revendications du Bas Clergé ;et- à la Constitution
Civile,poussàit parfois des pointes jusqu'au protestàhfisme, Lé'gal-
licanisme, quoique catholique, cherchait alors un allié dans l'angli-
canisme. On rêvait d'unir dans un même statut démocrate les
églises des deux nations. M. Préclin a été ;bien; inspiré de Choisir
comme sUjèt'dê sa thèse complémentaire la principale tentative
d'union des deux églises qui eut lieu sous le règne de Louis XV,:celle
du génovéfain Le Courayer (!),
II était naturel;que pendant toutIexvne siècle"les bons chrétiens
de France et d'Angleterre aient cherché à se rapprocher. Lorsque
l'un des anglais qui aspiraient lé plus à l'union, Wàke, devint en

(1) E. PRÉCWN. L'union dès églises gallicane et anglicane.: Une tentative:au


temps de Louis XV. P. F. Le Courayer (de 1681 à 1732), et Guillaume MaJ(ë
Parjsy Gambçr, 4928 -( in-8, xxi-179 pp, /--..-."" ' >'
;; OCCIDENT. TEMPS MODERNES
. ..
613

1716 archevêque de Cantorbéry, il se trouva justement que la grande


majorité des théologiens et catholiques de France étaient exaspérés
par la Bulle Unigenitûs. Dans leur mouvement d'indiscipline contre
Rome, ils se tournèrent vers l'Église anglicane-et autour de 1719
d'activés négociations avaient lieu à Paris. Mais elles's'ébruitèrent.
Dès protestants secrets affluèrent aux offices de la chapelle hollan-
daise calviniste. Là cour du Régent prenait peur et le principal des
négociateurs français, Du Pin, mourait sur ces entrefaites. C'est
alors qu'apparaît le Père le Courayer. P., qui n'a guère jusqu'alors
dans sort livre présenté ses personnages : Wake ou Du Pin, présente
du moins Le Gourayer. Peut-être même eût-il bien fait d'élargir
cette étude psychologique et de nous renseigner sur ce milieu anti-
tbéocratique que; semble constituer alors à Paris l'abbaye dé sainte
Geneviève. C'est dans ce milieu que Le Couràj^er a puisé ses doctrines,
pour une part qu'il serait intéressant de'préciser davantage. Pas-
sionné de vérité et de franchise, peu prudent à engager des négo-
ciations qu'il se croit de taille à faire agréer à la fois aux Églises
d'Angleterre et de France, ce petit chanoine régulier de Sainte-Ge-
neviève entre eh relations avec Wake, controverse sur la validité
dés ordinations anglicanes que bien entendu il admet, reçoit en
récompense un doctorat d'Oxford, mais fait suspecter son orthodoxie
par. ses compatriotes catholiques. Il est blâmé, censuré, meurtri,
désorienté. Enfin, en janvier 1728 il rompt, fuit à Londres, adhère
au protestantisme. L'union des Églises eh restait là. P. qui a pris
goût à ce curieuxpersonnage annonce une étude Le Père Le Courayer,
.-•'
traducteur des historiens de la Réforme. Cette étude promet d'être.
intéressante.

La reine d'Angleterre disait du Père Le Courayer (1) : « Je crains


qu'il ne soit rien de plus qu'un fort bon déiste, ce qui est le cas de
là:plupart des savants qui cessent d'être papistes. » Cette mentalité
plus éloignée encore de la théocratie romaine que ne l'est le protes-
tantisme, se répandait, en France même, jusque dans les provinces.
Le livre monumental de M. Marcel BOUCHARD montre, comment
se fit,à Dijon, cette évolution qui va de l'humanisme à l'Encyclo-
pédie et à la Révolution française (s): Cet ouvrage contient en texte
imprimé ce que l'on a plus généralement l'habitude de répartir en
plusieurs volumes. Il faut du temps pour le lire, mais on y est aidé
par le double charme d'une grande rectitude historique et d'un vrai
talent d'écrivain. Sur ce dernier point, on peut même se demander-
parfois si B. n'a pas trop cédé à la tentation d'amuser. Lorsqu'il
s'agit de quelque médiocre ragot sur des monastères et des prélats
ilse départit quelque peu de son souci d'histoire et sans cesser de
donner ses sources, fait parade de cet équivoque butin. Mais il faut

(1) Op. cit., p.162V


(2) M. BOUCHARD. De l'humanismeà VEncyclopédie-L'esprit public eii'Bow-
pgnesousl'AncienRégime.'Pms,Hachette, 1930 ;ip-8,xin-978PP.
614 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHEÉTIENNES"
-

voir surtout dans,son livre une efficace contribution à l'histoire


de la France dans les deux siècles qui ont préparé la Révolutoin.
Le procédé de M. B.. consiste à exposer abondamment tout ce
qui concerne le. domaine qu'il a fixé à son étude,, domaine qu'il a
voulu, sinon exigu, du moins limité. S'il n'avait pas mis à son livre
De l'Humanisme à UEncyclopédie ce sous-titre en Bourgogne, iL
aurait été réduit à disperser son attention à travers toute l'Europe
et ensuite à nous parler de courants généraux d'idées, plus ou moins
conventionnelset factices.Voyant moins de choses,il les voit de plus
près. Il évite les abstractions. Il étudie, un à un, bien concrètement,
les robins, les salons, les sociétés. Parce que, avec M. B., nous res-
tons à un poste fixe d'observation : Dijon, nous voyons avec lui les
faits particuliers et nonî'imagination d'un écrivain tracer la courbe
de révolution de.l'esprit public, de l'humanisme à la Révolution.
Certes, beaucoup des détails relatés par B. semblent à première vue
concerner davantage l'histoire littéraire que l'histoire doctrinale.
Du moins, par:ces traits psychologiques, l'histoire doctrinale se
trouveJt-elle utilement éclairée comme du dehors.
La haute bourgeoisie dijonnaise, la noblesse de robe, au début
du xvne siècle, est absolument maîtresse de la terre et de la ville.
Elle emploie sa sécurité à donner assez libre cours au tempérament
sensuel, railleur et parfois grossier de la race. Des Jésuites du collège
des Godrans oh retient.'-moins la culture ou même la religion que
l'aptitude à la. parole publique et les relations mondaines nouées
chez eux. Cependant dans cette ville qui fait encore figure de capi-
tale littéraire, les meilleurs esprits occupent leurs loisirs à un huma-
nisme tantôt mondain, tantôt érudit. En religion, ces parlemen-
taires sont gallicans. D'instinct ils seraient plutôt multitudinaristes,
niais là mode du gallicanisme régalien les gagne dans la seconde
moitié du XVIIe siècle. Cependant, à cette même époque l'affectation
de piété qui sévit à la cour de Versailles n'atteint pas Dijon. Le
grand homme;;y. est La Monnoye, un doux épicurien qui rappelle
Rabelais et fait présager Voltaire «... placé non pas'entre deux
flots immobiles, celui du seizième siècle et celui du dix-huitième
siècle,.mais dans une tradition mouvante, dans un vaste courant
qui va d'un siééle à l'autre et traverse en chemin tout le règne de
Louis XIV» (p. 314). L'humanisme attardé d'un président Bouhier
garde encore ses sympathies aux Jésuites, et même l'affaire de la
.
Bulle Unigenitûs ne semble pas avoir fait de Dijon un centre de
jansénisme. Si l'esprit antithéocratique se développe dans cette
ville, ce n'est pas pour cause de jansénisme. Ici B. rejoint M. E. Pre-_
chin qui voit la préhistoire de là constitution civile du clergé ailleurs
que dans le jansénisme strict. Pour comprendre ce qui se passe à
Dijon, il faut considérer que l'élite pensante, susceptible d'une op-
position philosophique ou doctrinale â une doctrine donnée comme
la théocratie, est bien plus développée aU xvne siècle, qu'elle ne l'est
de nos j ours dans une Aillé d'égale importance. Et il se trouva qu' au
xvnie siècle lenoinbre d'esprits forts s'agrandit ; et ses recrues nou-
velles faisaient parti des. castes sociales moins élevées que l'élite
OCCIDENT. TEMPS MODERNES 61.5

intellectuelle du siècle précédent. La petite robe, les avocats, les


médecins, le prolétariat ecclésiastique prennent l'influence prépon-
dérante. Avec ces nouveaux venus, à l'érudition curieuse et désin-
téressée du siècle précédent, se substitue de plus en plus l'esprit
utilitaire des petits bourgeois et l'esprit généralisateur de la vulga-
risation populaire. Lé goût du jour passe à la morale, puis à la.phy-
sique. Un président de Brosses, lui-même, s'est mué d'humaniste
en encyclopédiste. Du moins aimait-il encore les Jésuites, Mainte-
nant l'opinion publique leur devient défavorable et s'attarde aupau-
vfe petit scandale donné par le Père Girard. Lathéocratie romaine
est abhorrée. Un manuscrit de Dijon, corroboré par beaucoup d'au-
tres, .s'exprime ainsi : « Sous couleur de religion, le pape condamne
avec la même sévérité les auteurs des livres où l'autorité des princes
et des magistrats séculiers est soutenue contre les usurpations ecclé-
siastiques, où le pouvoir des conciles et des évêques est maintenu
contre.les prétentions de la Cour de Rome, où sont découvertes l'hy-
pocrisie et la tyrannie qu'elle couvre du manteau de la religion pour
abuser et maîtriser les peuples ; en un mot on ne trouva jamais un
plus beau secret pour hébéter et abâtardir les hommes par la reli-
gion » (p. 800). A l'époque où le clergé plébéien récriminait contre
le haut clergé, il se trouva que l'évêque de Dijon, un grand seigneur,.
M. de Vogué menait une Vie peu édifiante (p. 804). Gallicans, pres-
bytériens, antijésuites, jansénistes, démocrateschrétiens faisaient
cause commune, la haine contre l'absolutisme royal rejoignait la
haine contre l'absolutisme papal. A la fin du règne de Louis XV, à
propos de sa liaison avec Mme de Pompadour, on chantait à Dijon
sur l'air 0 filii et filiae des couplets comme celui-ci : «Le Saint Père
lui a fait don - D'indulgences plénières - Pour effacer ce péché-là -
Alléluia ». Mais les préoccupations de plus en plus utilitaires finissent
par se porter surtout sur des revendications économiques. C'est le
temps oui'on ne parle dans les salons que grains et farines; B. a très
justement insisté sur l'importance de cet économisme aux origines
de là Révolution française. Moins que des philosophes diversement
athées ou idéalistes, les esprits qui agitent cette époque paraissent
des candidats à l'intendance. Ce sont ces même gens, soupçonneux
à l'égard de tout régi ne autoritaire, qui feront la Révolution et vo-
teront la Constitution Civile pour le clergé lui-même. L'esprit de
cette Constitution civile du Clergé dépasse donc de beaucoup L,
petit groupe des « disciples de Saint Augustin » et des théologiens de
la grâce. Il s'apparenterait plutôt à tous ces émules de Bâylé qui
joignent aux aspirations libérales d'anciens humanistes les préoc-
cupations économiques et égalitaires des contemporains de.'l'Ency-
clopédie.
Si en toute chosellfaut se défier des généralisations, c'est spécia-
lement le cas pour ce qui concerne les ennemis français de la théo-
cratie romaine, au xviie et au xvme siècle.Le mot le plus vague de
gallican ne suffirait pas à les contenir. Les uns sont gallicans à la
manière de Bossuet., les autres à la manière de Noël Alexandre, les
616 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

uns sont partisans de Tunion avec leséglises protestantes, les autres-


comme E. Richer veulent introduireles synodes dans l'administra-
tion-de l'Église,- d'autres.y veulent introduire les laïcs, d'autres dé-
noncentles jésuites, d'autres suivent les doctrines des jansénistes,
d'autres sont des parlementaires qui veulent tout à l'image de leur
parlement, niais les uns sont pour les jésuites, les autres pour les
jansénistes, d'autres veulent surtout relever le sort du pauvre curé.
Unis dans uhe défiance plus ou moins prononcée d'une curieromaine
que la plupart.ignorent, ils sont divisés pour tout le reste. Mgr Mar-
tin nous montre lès gallicans régaliens se séparer du gallicanisme
traditionnel. M. Préclin, dans sa-thèse principale, montre gallicans
et jansénistes étonnés de la Constitution Civile du Clergé, et dans sa
petite thèse il montre Le Courayer incapable d'imposer aux autres
cette union avec les anglicans qu'ils souhaitaient quelques années
plus tôt. Enfin, M. Bouchard nous montre qu'à la veille de la Révo-
lution beaucoup qui continuaient à .honnir la théocratie étaient sur-
tout soucieux de politique financière ou de doctrines économiques.
Le Saulchôir, M.-M. GORCE, O. P.

2. LA RÉFORME, LES THÉOLOGIES PROTESTANTES.

Faute de place disponible, nous sommes contraints de limiter celle


section du bulletin, et de ne publier qu'une recension sommaire des
très .nombreux ouvrages de Vannée.

Origines de la Réforme. Luther. — 1. La < fin » du moyen âge.


— Reprenant dans un domaine plus restreint, l'étude de Dilthey,
« Auffassuiig und Analyse des Menschéh im 15. und 16. Jahrhun-
dert », qui décrivait -la-mentalité complexe de l'homme de la Renais-
sance et de la Réforme, le Prof: R. STADELMANN (:) analyse plus
particulièrement les transformations, intellectuelles, morales, sen-
timentales, qui s'opèrent dans lès esprits à la fin du xve siècle, et
qui marquent la dislocation delà mentalité et de la culture médiévale.
Un certain nombre de.sujets représentatifs, hommes el femmes de
l'Allemagne du xve siècle, de Nicolas de Cuse à Sébastien .Franck,
sont choisis pour manifester les traits et tendances de l'époque:
.scepticisme (ch. 2), résignation (ch.-3), émancipa Lion (ch. 4), pes-
simisme (ch. 5). Analyses extrêmement attrayantes. Sentiment

de l'auteur : « Le concept de « préréforme » a été sans doute récem-
ment écarté comme sujet à erreur ;; mais l'idée d'une continuité

(1) R. STADELMANN. Vom Geist dés ausgehenden Mitlelaliérs. Studienzur Ge-


schichte der 'Wellànschauung von Nicolaus Cusanusbis Sébastian Prçimk,fiiOi&t
ÎSfiemeyer, 1929.;ln-§?:yrii-294pp, •>' -
-',^; ::]::.
OCCIDENT". TEMPS MODERNES " 617

interne demeure qui conduit de Wiclif, Huss, et du mouvement con-


ciliaire, d'une pari, et, d'autre part, des mystiques allemands et
de la devotio moderna néerlandaise, à Luther et à Calvin» (p. 1).
2. Genèse de Luther. — Travaux très nombreux , et de notable
intérêt. Réédition, refondant et doublant l'ancien texte de 1911
(364 pages au lieu de 146), de l'ouvrage d'O. SCHEEL, Dokumente
zu Luthers Entwicklung (bis 1519). Tubingen, Mohr, 1929 ; in-8°
xii-364:pp,, 12 mk.^
K. BAUER, Die Wittenberger Universilalstheologie une die An-
.
fàngè der deutschen Reformation. Tubingen, Mohr, 1928 ;'gr. in-8°,
x-159 pp., 9 mk. 60. Le luthéranisme n'est pas tant le résultat de
l'évolution morale de Luther que l'effet de l'évolution intellectuelle
(humanisme, herméneutique, théologie) dont Wittehberg est le
centre.
M. BURGDORF, Der Einfluss der Erfurler Humanisten auf Luthers-
Eniwickiung bis 1510. Leipzig,- Dôrffling u. Franke, [1928] ; in-8°,
141 pp., 3 mk. 50. Les initiations de Luther à la culture humaniste,
à Erfurt, avant son entrée en religion; les problèmes que cette
culture pose à son esprit, après son entrée en religion.
R; H. FIÉE, Young. Luther. The intelleciual and religions develop-
ment of Martin Luther to ISIS. New-York, Macmillan, 1928; in-
12, 232 pp, Conférences données à l'Université d'Upsal en 1927.
Vulgarisation bien informée.
A. HYMA. Luthér's thelogical development from Erfurt to Augsburg
New- York, Crofts, 1928 ; vi-09 pp.
E. VOGELSANG. Die Anfànge. von Luthers Chrisiologie nach der
erslen Psalmenvorlesung, insbesondere in ihren exegetischen und
éystematischen Zusammenhângen mit Augustin und der Scholasiik
dargestellt. Berlin, de Gruyter, 1929 ; in-8°, xii-184 pp., 15 mk.
Disciple de Holl, élève d'Ë. Hirsch, qui contribuèrenttant à l'étude
de la genèse intellectuelle de Luther (H. a édité, en 1929, Luthers
Vorlesung ùber den Hebrâerbrief, Berlin, "de Gruyter), V. fait hon-
neur à ses maîtres par cette excellente monographie, neuve tant
dans sa.matière que par sa méthode. I. Luther et la chrïstoiogie
systématique et scripturaire de l'École. II. Rôle du Christ dans la
découverte luthérienne du sens évangélique de la justification.
III. Conception de là personne et de l'oeuvre du Christ. IV. Luther
et les dogmes christologiques.
P.-W. GENNRICH. Die Chrisiologie Luthers im Abendmahlstreit
JS24-1529. Gôttingeii, Vandenhoeck, 1929'; in-8°, 160: pp., 5 mk.
J: MACKINNON, Luther and the Reformation. Vol, III: The pro-
• gress of the movemenl (1S21-1629). London, Longmans, 1929 ; in-8,
xVn-338 pp., 16 sb. Le premier volume (1925) avait retracé la jeu-
nesse et l'évolution religieuse de L. avant 1517 ; le second (1928)
la rupture avec Rome, 1517-1521 ; celui-ci, l'avant dernier, suit L,
618 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES
.

dans son activité multiple au milieu des luttes M dès premiers dé-
chirements. Ouvrage de vulgarisation, d'inspiration «protestante ».
3. Portraits. — V. MACCHIORO, Martin Luther, éin Held des
Glaubens. Gotha, Klotz, 1929 ; in-8°, 144 pp., 4 mk.
H. WENDORF, Martin Luther. Der Aufbau séùier Personlïchkeil.
/.
Leipzig, Hinrichs, 1930 ; in-8°, vi-211 pp., 10 mk.
L. FEBVRE. Un destin: Martin Luther. (Coll. Christianisme).
Paris, Riedèr, 1928 ; in-12, 314 pp., 15 fr. À-la seule manière dont
est établie la bibliographie sommaire, et fixée l'orientation des étu-
des luthériennes depuis la rude et féconde iiitéryehtiott de DenifeL
on sent un maître en son domaine. De fait, cette biogràpbie psycho-
logique est de première qualité, attrayante, passionnante, sans que
cependant le « romancé » supplée jamais l'inlofmatiohla plus solide.
Franche, directe, de fond et de forme, avec peut-être ûiie pointe
d'amplification psychologique dans le Style. On trouvera sans doute
que M. F. enveloppe dans les sinuosités d'une;'irbp complexe et
tumultueuse psychologie les incohérences de pensée et d'action de
son héros. Désordre de la pensée..., le « génie» né compense pas une
telle défaillance. La vérité seule est cohérente. Comment éviter un
jugement sévère? Mais M. F. refuse de juger, etne veut qu'esqUis-
ser le « destin » posthume de cet homme.
Biographie psychologique, mais non point anémiée dans une in-
trospection qui la couperait de son milieu historique et- social;
Explicitement, M. F. veut « poser, à propos d'un homme d'une sin-
gulière vitalité, ce, problème des rapports de l'individu et de; la col-
lectivité, de l'initiative personnelle et de la nécessité sociale qui est,
peut-être, le problème capital de l'histoire ». Et ce dessein est bien •
exécuté. Lé mérite est double. (*). "
.

4. Théologie de Luther. — E. SEEBÉRG. Luthers Théologie. Motive


uné-Ideen. .1:. Die Goltesanschauung.QQttlngen,^Rnâénlwec'k,192Q,
vi-218 pp., 14 mk. Premier volume d'une série (qui comprendra
encore trois volumes : l'idée de sacrement, la çhristologie, les vues
sur'la vie et la mort d'après L.) où le successeur de Hbll à l'Uni-.
Versité de Berlin, veut mettre à profit les résultats; des nouvelles
études sur L. pour exposer sa théologie, moins dans son détail, que
dans ses idées-forces.
C. STANGË. Studien ZUT Théologie Luthers. Bd. I. Gûtersloli, Ber-
telsmann, 1928 ; ln-8°, vii-495 pp., 15 mk. -,

Lulherana. V. Gotha, Klotz, 1928; in-8°, pp. 167-354. C'est un

(1) Du mêrne auteur, le remarquable article : tlne question mal posée: tes brU
gines de la réforme française et le problème général des causes de la Réforme. iDang
jXev. Hist., niai 1929, pp. 1-73,
OCCIDENT. TEMPS MODERNES' 619

fascicule spécial, le cinquième de ce genre que l& revueTheologische


Studïèn und Kriliken (F. Kattenbusch et F. Loofs) consacre à Lu-
ther (Bd. 100, H, 2-3). En voici le contenu : H. VOLZ, Wie Luther
in der-Gencsisvorlesungsprach, pp. 167-196; F. KATTENBTJSCH,.- Die
Doppêlsichtigkeil in Luthers Kirchenbegriff, pp.197-347 (principale
pièce du recueil, par un vétéran des études luthériennes : la distinc-
tion de l'Église invisible et de l'Église. Visible trouve son vrai sens,
son principe et sa cohérence dans la doctrine delà Parole de Dieu :
au sens large, la communion des chrétiens est l'Église ; la communion
cultuelle est l'Église au sens spécial; mais cette Église organisée
n'est qu'une des formes prises dans le monde par la communion
des saints, dont les autres manifestations sont la famille et l'État ;
elle n'a donc pas le privilège de la sainteté. — Étude publiée à
part) avec quelques compléments* viii-160..pp., 5 mk.) ; J. FICKER
Luthers ers lé vorlezung — welche ? pp. 348-353.
H. M. MUELLER. Erfahrung und Glaube bei Luther. Leipzig,
Hinrichs, 1929 ; in-8°, vin-199 pp., 9 mk. 75.. -
P. SCHEMPP. Luthers Stellung zur Heiligen Schrifl. Munchen,
Kaiser, 1929 ; in-8°, VII-85 pp., 3 mk. 50.
S. JACOB. Der Gewissensbegriff in der Théologie Luthers. Tubingen,
Mohr, 1929 ; in-8°, III-67 pp., 5 mk.
K; MATTIIES. Das Corpus Chrisiianum bei Luther im Lichle seiner
Erforschung. Berlin, K. Curtius, 1929 ; in-8°, 134 pp., 4 mk. 80. La
théorie de l'État selon L. ; les diverses interprétations projjosées ;
le Corpus christiahum embrasse en son unité organique l'Église et
l'État, sans que l'un ou l'autre s'absorbent réciproquement.
e .

Les divers proteëtasatistnes et leur théologie. -— O. Ritschl


n'a conduit sa monumentale Dogmengeschichte des Proiestaniismus
(4. vol., 1908-1927) que jusqu'aux premières décades du xvne siè-
cle. Quoique très différent de méthode et d'objet, l'ouvrage de H,
LEUBE: Kalvinismus und Luthertum im Zeilalter der Orthodoxie,
'
.
dont le t. I vient de paraître (Leipzig, Deichert, 1928 ; ih-8°, xiv-
402 pp., 18 mk.), permettra de poursuivre une partie de cette his-
toire des conflits théologiques au cours du xvne siècle, car cette
« lutté pour la primauté en Allemagne » entré calvinisme et luthé-
ranisme orthodoxe (c'est le sous-titre de ce t. I), tout en engageant
maints éléments politico-religieux, est cependant à base dé contro-
verses théologiques. L. en connaît bien les nombreuses et pesantes
pièces, en particulier pour la doctrine de la nature et de l'origine
de l'État.

Calvinisme, —-J. PANNIER a donné un second fascicule à là


collection inaugurée par lui (cf. Rev. se. pli. th., 1928, p. 312) pour
l'étude du calvinisme français. Il publie l'Epilre à tous amateurs
de Jésus-Christ, de Calvin, Préface à la traduction française du
Nouveau Testament par Robert OUvetan (1535), le plus ancien texte
français de Calvin qui ait été imprimé (Paris, Fischbacher, 1929 J
620 BULLETIN'-D'HISTOIRE DES DOCTRlkËs: GHRÊTÏPNNEë, "

gr. in-8°, 56 pp.). Une longue introduction (30 pages) montré qu'une '-
première version française de l'Institution chrétienne & dû paraît/Te
en 1537, bien avant l'édition de Genèye de 1541..
Piétisme. —'.'-H. W. ERBE.. Z.inzendorf und der fmmmehbheAdel
seiner Zeit. Leipsig, Heinsius, 1928 ; in-8°, 262 pp., S mk. Étudie
la première période de l'histoire du piétisme, en-vue d^ùne;:-plus
ample recherche ultérieure. Le notable intérêt de l'ouvragé, outre
l'utilisation du matériel d'archives, est de s'âttaeher.;pendant.tout,.
un chapitre (pp. 13-84) au milieu dans lequel;va entrer Zinzehdorf,
le piétisme de Halle. Un second chapitre est consacré à Z(, un troi-
sième aux premières divisions intérieures. ..'';''

Méthodisme. — J. L. NUÉLSEN, Th. MANN und; J; J.ÏSOMMER,


Kurzgefassle Geschichte des Methodismùs. vonseinenAnfângetibis
zur Gegenwart.. Br.emên, Tr aktathaus-A.nker-Verïag, 192 9 ; lii-S 0,
:,
x-875 pp., 9 mk. 50. Édition revue et corrigée de cet excellent mà-<
nuel, publié par là maison d'éditions de l'Église méthodiste dé Bre-
men. I. Le méthodisme en Angleterre jusqu'à la mort'dé ^esley.
IL Le méthodisme en Angleterre de Wesley à nos jours, Iïï.jLè;
méthodisme en Amérique. IV. Le méthodisme suriê continent éur
:
ropéen. V. Doctrine et" rôle (10 pages seulement siir la; doctrine.)

Protestantisme américain. — V. FERM. Tlié erjsis in American


Lutheran Theology. With a forewbrd by -L. A. "WEIGLE. New-York,
The Century Go.., [1927] ; in-12, xiv-409pp., 3 doll,
W. BURGGRAAFF, The rise and development of libéral theology in
America. Goes, O'osterbaan en le Goinfre, 1929 .; 3fL 50.
Nous ne connaissons que le premier ouvrage, dont.l'Objet «entrai '
est la crise traversée par le luthéranisme en Amérique (établi par
Muhlenburg en 1742) du fait de l'action de Samuel jSchmuclcer
(1799-1873), qui proposa dans sa « definite. syhodieal pïâtfôrm-:»;.-,
(1855) une révision de la Confession d'Augsbourg ;et l'organisation
d'un type distinctif d' « american lutheranism »,. d'où seraientÂéli-'
minés les restes de romanisme. Cet ouvrage repose sur iejdépouille-
ment quasi exhaustif d'une immense documentation ; il est claire-
ment composé; avec sérénité et discrétion. Le'T)r Férm^éstjlui^
même luthérien. En appendice, la reçension américaine de la Con-
fession d'Augsbourg, et une bibliographie considérable-(pp.;373-
394),

Signalons, pour achever Cette section deux « Féstschtift », où se


trouvent plusieurs-contributions à l'étude des théologies lutliérièh-
nés. Celui qui fut dédié au Dr. L. IHMELS (Das ErMMariikLiïthërs-.
tlnd die gegenwâriige theologische Fotschung, édité' -païR. JELÎÎE,
Leipzig, Dorffling u. Frahke, 1928; fr. ih-8, vin-463 pp., ;18;;mk.)..'
comporte, à côté d'une section biblique et d'une section dogmatique
une section historique, où nous relevons : SocielàsbèiMélanchion}
OCCIDENT. TEMPS MODERNES 621

par W. ELERT, Luthers Katechismus am Niederrhein, par M. RETJ,


Staatsgesinnung und Staatsgestallung im deutschen Protestanlismus,
par H, LEUBE, Die lutherische Kirche imreligiôsen Leben Amerikas,
par A, R. WENTZ. .
Le recueil historique dédié à Hans von SCHUBERT (Leipzig,
Heinsius, 1929; Vii-187 pp., 10 mk.) comporte en particulier:
O. SCHEEL, Wann wurdé Luther rezipièrt und zur profess zugelassenl
.0:' GLEMEN, Melanchton u. Alexander Alesius ; G. BUCHWALD,
Melanchtoniana ; G. ANRICII. Ein Bedacht Bucers ûber die Einrich~
tung von « christliçhen Gemeinschaften » ; K. BAUER, John Colét
und'Erasmusyete.
Monographies de doctrines. —Le Saint-Esprit. — H. WÀT-
KIN-JÔNES, The Holy Spirit from Arminius to Wesley. London, The
Ëpworth Press, [1929] ; in-8, 335 pp., 12 sh. Continuant l'oeuvre de
Swete,'W.-J. avait publié un volume sur « la doctrine du Saint-Esprit
dans l'Église médiévale », qui avait été bien accueilli (Cf. Rev. se.
ph. th., 1923, p. 236). Il poursuit son travail, avec plus de succès
encore, pour la période des xvne et XVIII 0 siècle ; les quelques la-
cunes.; qu'on pouvait lui reprocher dans un exposé des doctrines ca-
tholiques médiévales, ne se retrouvent pas ici, où, méthodiste lui-
même, il se meut aVec une clairvoyante sj'lnpathie eh un domaine
qu'il connaît bien. L'ouvrage est dense, clair, un peu trop morcelé
peut-être dans l'examen des quinze points de doctrine successive^
ment envisagés.
.

Christologie. ^ O. FRICK, Die Chrisiologie dés Johahhês Èreni


(Forsch. z. Gesch. u. Lehre des Protesiahtismus, hrsg.. P. AlthaUs,
K. Barth, K. Heirti,) Mûnchen, Kaiser, ;i927; in-8, xn-271 pp. J
9 mk. 50. Après une introducrion historico-littéraire sur l'oeuvre de
Brenz (1499-1570), F. étudie la genèse de sa christologie en liaison
avecTa doctrine de la cène et de la justification, le système théolo-
gique en lui-même (l'oeuvre du Christ, sa personne, son action âprèâ
la glorification), son opposition avec la théologie de Melahchtôh,
son influence ultérieure.
Eucharistie.—W. P. M. KENNEDY (Toronto), The tdw and cusiôiû
of réservation, 1547-1661. Cambridge, Heffer, 1929; in-8, 31 pp.
Réimpression d'un chapitre des Sludies in Tudor History, où K.,
en spécialiste de l'histoire du droit et des institutions de la période
ëlizabéthaine, examine avec beaucoup d'objectivité la question si
discutée de la réserve eucharistique.
Eschatologie. —W. ÔELSNER, Die Entwicklung.der Eschatologie
Von Sçhleiefmacherbiz zur Gegehwarl. Gutersloh, Bertelsmann, 1929 ;
iû-8,116 pp. ; 3 mk. 80. Étude d'actualité avec le renouveau des
problèmes eschatologiques suscité par la théologie dialèctiquèi
REVOEDESSCIENCES. :— T. XIX.,FASC. 3. ^- 40.
62â BULLETIN D*HISfOIRE DÉS DOCTRINES CHRETIENNES

L'histoire de ces doctrines des fins dernières est d'ailleurs menée


depuis Schleiermacher jusqu'à l'école ..de Bartlt incluse. Série de
monographies, dont un tableau ingénieux proposé à là fin l'agence-.
ment historique et systématique;

Méthode thêologîque. — J. WACH, Das Versteheh. Grundzugé einër


Geschichte der hermeneutischen Théorie im 19. Jahrliundéft.Bâ. II.
Die theologische Herineneutik von Schleiermacher'':l)is Hofmann. Tu-
bingen, Mohr, 1929 ; in-8, vii-379 pp. ; 16 mk. 50. C'est non-seule-
ment la méthode théologique (au sens du protestantisme libéral)
qui est en jeu, mais le problème général dé la connaissance philo-
sophique et théologique, autour des deux notions de « verstehen »
et de « deuten ». W. suit les étapes de son développement;depuis
l'opposition à Schleiermacher jusqu'à J. Ch. Kv Hofmann (18ÏQ-
1877) ; un troisième volume envisagera cette même « Gei$tésgesçhich- -
te » dans les sciences historico-philologiques. On appréciera non
seulement là valeur analytique de cette histoire {travail considéra-
ble, que peu de monographies antérieures préparaient), mais aussi
son intérêt systématique pour l'intelligence de; la théologie alle-
mande contemporaine. Deux longues introductions (pp, 1-44, 45-
97) corsent cet intérêt, examinant soit en eux-mêmes, soit dans leur
genèse à travers le xixe siècle, Ces problèmes',dé philosophie reli-
gieuse. Lecture profitable autant que laborieuse;.-.

Gôntre-ïïéÎ6rKG.ê, — Éditions de textes.— Ée Corpus Càthôîi-


torum (Munster, Àshcenforff) suit avec la même régularité et
la même perfection le cours de ses publications. Trois fascicules
concernent Jean Eck :
J. EcKj Explànatio psàlmi Vigesimi (1538), hr'sg. y. B» V^ALDE
(faso. 13) ; gr. in-8, Lxiv-101 pp., 5 mk. 75. ;

It>\, Vier deuische Schriften gëgen Martin Luther,/dm "Èurget^


meister und Rat von Konstanz, Ambrosius Blaret.und liônfaâ' Êàni,
hrsg. V. K. MEISÈN U. Fr. ZOEPFE (fasc. 14) ; gfe in-85; GXI-^82 ppv ]
6 mk. 80. ;
Très oraiiones funèbres in exequiis Johannis Eckii hàbitae (1543),
hrsg. V. J, METZLER, S. J. (fasc. 16); gt. in-8° cxxxvi-103 pp.;
9mk.30.
Le fasc. 15 contient : J. GOCHLAEUS, In obscuros viros qui décret
ioruni volumen infamicompendiotheutonicecorruperunt exposluïaiio
(1530), hr.sg.v J. GREVEN ; gr. in-8, XLiii-37pp. ; 2 mk. 9.5;
Oh observera que chaque fascicule contient une introduction
bibliographi'co-littéraire et historico-doctrinalë/trés étendue et
toujours extrêmement soignée. Le fasc. 14 contient même une longue
étude du vocabulaire et de la langue.
; DÉCIDENT. TEMPS MODERNES 623

3. —DOCTRINES SPIRITUELLES CATHOLIQUES.

Monographies d'auteurs. — I. MONASTERIO, Mislicos Agus'


iinos espanoles. Real Monasterio dei Ëscorial, 1929 ; 2 vol. in-12,
xn-456-456 pp. ; 8 pes. Réédition très opportune, en ces deux vo-
lumes, des monographiespubliées danslarevue« Espariay America»
et dans l'« Archivé Agustiniano ». Ce n'est sans doufe pas une
histoire, où genèse, filiations, réactions seraient notées ; mais
c'est un très précieux répertoire (même s'il manque parfois de ri-
gueur), du xive siècle à nos jours, où apparaissent entre autres S.
Thomas de Villeneuve, Luis de Montoya, Thomas de Jésus,,Luis
de Léon, Cristobal Fonseca, etc. ; plus dé 80 notices biographiqes
et littéraires. Un appendice en faveur de la « contemplation acquise ».

S. Jean de la Croix. •— BRUNO DE JÉSUS-MARIE. Saint Jean de


la Croix. Préface de J. MARITAIN. Paris, Pion, 1929 ; in-8, 482 pp. ;
21 gravures hors texte ; 36 fr. « Une vie de saint Jean de la Croix
écrite par un religieux du Carmel doublé d'un excellent historien,
voilà longtemps que des propos plus ou moins inexacts concer-
nant le Docteur de la vie mystique faisaient désirer un tel ouvrage
avec une intensité particulière ». La biographie du P. Br. voudrait
satisfaire ce désir. L'art et la science s'y unissent à la psychologie,
que favorise une religieuse (et indispensable) connaturalité spiri-
tuelle avec le Docteur. On s'accorde à observer que le P. Br. s'est
laissé prendre par son sujet et s'est trop attardé aux descriptions
littéraires du milieu géographique ; plus de fermeté et d'austérité
aurait assuré la charpente de l'ouvrage, où parfois l'on craint de
perdre le.fil du développement.
Dans sa préface, M. Maritain pose le problème des rapports doc-
trinaux entre. S. Jean.de la Croix et S. Thomas, et insiste, pour
sauver l'unité foncière des doctrines, sur les deux types de science
spécifiquement différents qu'ils ont eu à mettre en oeuvre. Cette
distinction de points de vue — spéculatif et pratique —s'introduit
jusque dans la conception qu'on se fait de la structure de l'âme (cf.
par ex., p. xvn, note 4). Mais ce changement de perspective ne
Va-t-il pas porter bien loin?. Ainsi le voudrait le P. HUGUENY
(Bull, thom., 1930, pp. 89-91), . qui conteste l'étendue de la forma-
tion thomiste de S. Jean de la Croix.
ùbras de San Juati.de ta Crut, boctor de la îglesia, éditadas y
ânotadas opr él P. SILVERIO DE SANTA TERESA, C. D. Deux premiers
Volumes, Burgos, « EL Monte. Carmelo », 1929 ; gr. in-8, 560 et 522
pp. Avant le texte de la Subida et de la Noehevscura, publié dans le
deuxième volume, le P. S. consacre tout le premier volume à les
Preliminares, dont les dix-sept chapitres contiennent en somme
tine biographie littéraire et doctrinale (ch. 1 à 8), un exposé dé la
méthode du Saint, de la composition de ses ouvrages, de son styléj
624. BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES-CHRÉTIENNES ; ;

de la transcription et diffusion de ses écrits, de leur intégrité.-(ch.


9-13), enfin une histoire des éditions de ces écrits depuis le ;xviie
siècle jusqu'à nos jours. Ce sont des pages très-pleines, solidement
informées, discrètes et nettes à la fois, que nous aurions plaisir à
recenser longuement ici, si nous en avions la place. On n'y cherchera'
pas cependant une biographie complète, ni ùnë'reçpnstitutioh du
milieu intellectuel où vécut S. Jean de la Croix, telle que faVait
entreprise M. Baruzi. \
Viennent ensuite, dans les Preliminares, les introductions à l'èdi-/
tion de la Sùbida et delà Noche : objet, plan, inventaire et Valeur
des manuscrits (pp. 263-309). Pour la Subida, le P. S. prend comme
base de son édition un manuscrit d'Alcandete qu'il aïêtrouvé, ma-
nuscrit copié-par-le disciple du saint, Fray Juan Evangelista ; cinq
autres manuscrits sont, utilisés. Pour la Noche, une dizaine de ma-
nuscrits sont couramment employés. Nous possédons ainsi une
excellente édition, notablement améliorée, y compris par rapport à
celle du P. perardo (Tolède, 1912-1914), faite avec des mpyens;
réduits et non sans précipitation.
—: Le
troisième tome contiendra l'édition du Cântico ; voici en
attendant la reproduction phototypique du manuscrit de Sànlucar
de Barrameda : Çantico espiritual y poesias de S. Juan de la Cruz
segûn cl codiçe de Sànlucar de Barrameda, ediciôn y notas, Burgos,
« El Monte Garmelo »,
Î928 ; 2 vol., xiv-237 pp. On sait quevce ms.J
contient des annotations supposées authentiqués, —r-; ce que DOni
Chevallier, qui prépare de son côté une éditoin du Gantico,' contesté,-
'.
Gf. Viespir., janv. 1930, p. [1]-[11].

CRΧÔ&ÔH0 Î>É JÉSUS SÀCRAMENTADÔ, Garni. Dese. San'Jlmh ët\


la Cruz, suobrd cienlifica y su obra literaria. Madrid^ Mensàiero. de
Santa Teresa, 1929 ; 2 vol. in-8, 499 et 475 pp., 10-pës/ OEuyre ori-
ginale, vigoureuse, fruit d'une lecture étendue et; intelligente ; elle
manque cependant de maturité, de discipliné et de méthode, Plus!
doctrinaire que psychologique. Histoire et spéculation s'y'mélahr:
gent parfois *au détriment l'une de l'autre ; la polémique y ajoute
ses digressions ou ses affirmations tranchantes. 0n; se sent pas,
derrière les conclusions, une enquête attentive, que né supplée
;

jamais, dans le travail d'interprétation, la perspicacité d'une trop


prompte intelligence. Peut-être le P. Cr. exâgèfe-t-ii le caractère
«scientifique» des oeuyres de S. Jean-de là Croix au détriment de
leurs valeur et source expérimentales. Il souligné l'influence phi-.
losophique de Jean Bacon, l'éclectisme qui en résulte pour S. Jean,
qui puise de-ci dé-là dans les opinions en cours de son temps (Ilf
a là une bonne part de vrai ; mais n'est-ce pas précisément réduire
' le caractère constructif de l'oeuvre au profit de son
caractère éxpé-.
rimental ?); Les divergences sont notables entré S: Thomas et SV
Jean. Le P. Arintero et M. Saudreau n'ont pas correctement ihter--
prété S. Jean de la Groix pour la solution de la question mystique:
Le second Volume (oeuvre littéraire) est nph, moins vivant et;
OCCIDENT. TEMPS MODERNES -
625

attrayant que le premier, trop facile de rédaction, et dêrliëtOrique


un-peu sonore, du moins pour des oreilles françaises. Très profitable
en tout cas pour l'interprétation de la forme littéraire,; quoique
n'ayant point la souplesse raffinée des observations deRaruzi.
Âiig-elfts Silesius.
— H. GmEs./Eûie latéinische. Quelle zum
« Cherubinischen Wandersmann » des Angélus Silesius: Untèrsuchuhg'
der Beziéhungen zwischen der mysiichen Dichtung Schefflêrs und der
Glayis pro theologia mystica des Maxîinilian Sàndaeus. :Brèslau,
.Mullef u. Seiiiert, 1929 ; in-8, 144 pp. Scheffler' (plus connu sous le
nom d'Angélus Silesius) a longuement annoté de sa main un exem-
plaire de la Clavis du jésuite néerlandais Sàndaeus ; il en a rempli
lesïpagés interfoliées d'extraits d'auteurs spirituels. Le « ChèrUbini-
scher "Wandersmann » s'inspire étroitement dé ces auteurs : RUys-
broeck, Tauler, Harphius ; puis S. Bernard, S. BonaVenturé, Dehys
le Chartreux, l'auteur de la Perle ëuangélique, etc. Donc inspiration
franchement catholique,

Marie de l'Incarnation. — L'édition des oeuvres de Marié de


l'Incarnation se poursuit : voici le tome II, aussi soigné et aussi
magnifique que le premier (cf. Rev. se. ph. th., T929 ,'p. 771) : Marie
de l'Incarnation, Ursuline de Tours. Ecrits spirituels et historiques
publiés par Dom CI. MARTIN, réédités par Dom' A. JAMET, avec des
annotations critiques, des pièces documentaires et une; biographie
nouvelle. Tome II. Paris, Desclée-De Brouwer ; Québec, Action
sociale, 1930 ; gr. in-8, 512 pp. Ce tome .-contient la fin; des écrits
spirituels de Tours et les écrits spirituels de Québec (relation de
1654). Nous nous plaisons à renouveler ici l'éloge mérité par; le
prehiier.volume. ' '._..,

.Péneloii. — P. DUDON. Le Gnosliquéde S. Clément d'Alexandrie.


Opuscule inédit de Fénêlon, publié avec une introduction,' Paris,
Beauchësne, 1 930 ; in-8, xi-299. pp. Édition d'Un mémoire où F. veut
appuyer sa doctrine sur le vrai sens de la gnose selon Clément d'A-
léxândrie. Ce qui nous intéresse ici, c'est évidemment le Clément de
Fënelon, non le Clément de l'histoire. Lé P. Duâon, durpour Féne-
lon-comme de coutume, donne dans Une longue introduction, toutes
les informations désirables pour l'intelligence.-de.-ce mémoire. En
appendice, analyse détaillée d'un autre mémoire inédit de F. sur
l'état passif.
.Signalons une dissertation. d'H. MARTIN, Fjénelon en Hollande
(Amsterdam, 1928; in-8, vïii-230 pp.), où toute une partie (pp
119-159) est consacrée à la diffusion du: spiritualisme féneloiiieii en
Hpllande, dans les milieux protestants; Anatyse étendue et précise,
soit des tendances piétis'tes au s'ein du protestantisme hollandais,
§9lt de l'influence de Fénélon. Tout cela est fort intérçssant.,
626 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES

Joseph du Saint-Esprit. — Trois nouveaux fascicules ont paru


de la réédition du gros. Cursus theologiae myslico-scholasticae du
carme espagnol (t 1736), par le P.. Anastase de S. Paul. (Bruges,
Beyaert.) Cf. Rev. se. ph. th., 1929, p. 772.

Monographie de doctrine. — Avec son Introduction à la phi-


losophie de la prière, M. H. BBEMOND inaugure, en annexe de son
Histoire littéraire, une série d'« Études et documents pour servir
à l'histoire du sentiment religieux » (Paris; Bloud, [1928] ; gr. in-8,
304 pp.). En tête, après la reprise d'un chapitre de la Métaphysique
des Saints sur la définition de la prière, réédition du fameux mémoire :
Ascèse ou Prière, paru en 1927 dans la Revue des sciences religieuses.
Puis, seconde partie, sous le titre : « Philosophie de la prière »,
une étude (« Nicole et la critique des activités intellectuelles dans la
prière») et des textes choisis du P. Grou surlaprière et la grâce
sanctifiante, des PP. Quarré et Guilloré sur l'adhérence unitive,
du P. Bourgoïng sur l'oraison. Toute leur philosophie de là prière
repose sur le dogme de la grâce habituelle (1).
Nous ne connaissons pas l'ouvrage d'A. PORTALUPPI, Dottrine
spirituali. Altraverso la storia délia religiosilà cristiana. Brescia, Mor-
celliana, 1930 ; in-8, xi-278 pp.
M. G.

(1) En historien, on ne peut que souscrire, malgré les protections des inté-
ressés, à cette observation du P. Lavaud : « Quant à l'ascétisme, dontla première
partie du livre [de M. Bremond] fait le procès, nous croyons qu'on est mal
fondé.à n'y voir qu'un mythe créé de toutes pièces par son imaginationproven-
çale » (Vie spir,, janvier. 1930, p. [26]). — Au point de vue doctrinal, Le. P. L.
ajoute : « On ne peut contester efficacement la valeur essentielle des critiques
qu'il adresse à ses représentants naguère encore triomphants, aujourd'hui
forcés à une retraite évidente ».
CHRONIQUE

' ALLEMAGNE. —- Décès. — On annonce la mort du célèbre professeur À-


dolf von HARNACK, décédé le 10 juin à Heidelhérg, à l'âge de 79 ans. La Revue
publiera une notice biographique dans son prochain fascicule.

AUTRICHE. — Décès.— La mort du R. P. H, GKÛBEB, S. J., décédé à


Vaikenburg (Hollande), à l'âgé de 80 ans, remettra en mémoireles deux ouvra-
ges qu'il publia sur;Àuguste Comte et le positivisme, à l'époque où les divers
positivisme? régnaient encore dans le monde philosophique : Aug. 'Comte, Der
Begriitider des Positivisrhus, 1889, et Der PositivismusVom Tode Augùst Comte's
bis aufunsere Tage, 1857-1891,1891. Ouvragesde valeur, bien informés, corrects
dans leur exposition, discrets dans leur sévère critique, présentés avec art. Tous
dehxïurënttraduitsejifrançaisjepremier en 1892 (avecpréfaçed'OUé-Laprune),
Je second en 1893, .'

•'... ÉTATS-UNIS.;-- Revues. — Sous le titre de The Symposium. A critical".:'


revlewj J. BURNHAM et Pli. E. WHEELWEIOHTpublient une revue où seront
discutés à la fois les-problèmes spéciaux et abstraits de la philosophie, et les
questions générales de culture littéraire et artistique. Elle ne sera l'organe d'au-
cun groupe ni école ; mais, bien que le choix des sujets et la direction des 'dis-.
eussions relèvent dés éditeurs, la forme collective des « symposium » manifes-
tera.les diverses, positions des problèmes, en même temps qu'elle permettra
d'échapper à la présentation trop souvent chaotique de beaucoup de revues.
(ÎSTe#; York, 100 Washington Square Ëast). '-•
yVolçi quelques titres du premier fascicule.: Qualitative Thought, par J. JDe-
wey %. On Classicism, par Ràmon Fernandez ; The jaiih of a logician, par M. R.
Cokén; Galsworthyand the poetics, par F. Gary ; Remarks on theriovel : Fiction
and form, par F. G.Fliïit ; Some tendencies.of the novél, par D. Garnett, etc.

'..''— .Sois la direction de J. DEWEY (Columbia. University) et de C. MTJRCHISON.


(Clark University); Vient de paraître une nouvelle revue, The Journal of social
psyçhplogy, consacrée |\la « political, racial, and differential psychology »
(Clark;, Univ. Press, Wofçester. ; trimestrielle ; S à 600 pages par-an ; abonn. :
7:dolJârs). ' "
-

Publication, — Comme il a été annoncé (Bec. se. ph. th., 1930, p. 181),
MftfciH.alsey THOMAS etïl. W. SCHNEIDER ont pris'occasion du soixantième an-
niversaire de J. Pewéy pour publier la bibliographie dé ses ouvrages. New- York,:
gjpjliînbia UniYersityj 1929 ; xxi-151.pp; 3 doh. Après une introduçtiop sur
628 CHRONIQUE

J. Dëwey's Empiricism, par H. W. Schneider, vient la listé considérable de ses


publications, classées chronologiquement de 1882 à juillet 1929 (pp.3-ï08),
puis la liste des études concernant Dewey ou sa philosophie (pp. 109-130).
L'une et l'autre liste rendent témoignage de la place tenue, en Amérique et
dans le monde philosophique, par le professeur de Columbia University.

Décès. — Le Prof. Charles A. BENNET, de Yale University, est décédé au


mois de mai dernier, à l'âge de 44 ans. Né à Dublin en 1885, il avait accompli
toute sa carrière universitaire dans l'enseignement de la philosophie, depuis
1.911, à Yale University. Il avait publié A philosophical study of mysiicism,
1923, et At a vcnlure, 1924,

FRANGE. — Publications et collections. •— Dans une série complémentaire


à la collection L'évolution de Vhumanité, mais sous le même signe de la «Biblio-
thèque de synthèse historique», M. H. BÉER présente le premier tome d'une
histoire de la science dans l'antiquité : La science orientale avant les Grecs, par
M. Abel REY, qui donnera ensuite les deux autres volumes : La science hellé-
nique, La science hellénistique. Opportune adjonction, qui vient enrichir à point
le plan général de l'entreprise, dont la première section (Préhistoire, Protohis-
toire ; Antiquité) est à peu près achevée. Après des prolégomènes,sur les origi-
nés de la science et le milieu technique où elle s'élabore, M; A. Rey étudie, dans
,
ce premier, volume, la science chaldéo-ass5Tiume, la science égyptienne, la
science chinoise, la sciencehindoue. Une conclusion, de large portée philosophi-
que, décrit «l'éveil de la pensée scientifique » (p. 431-473), éveil qui semble pou-
voir être présenté comme la première appréhension du quantitatif dans le qua-
litatif, dans la lente conquête des notions de nombre, de similitude, de propor-
tion, d'objet, d'espacé. «Trouver la relation sous et dans le bloc, la quantité
sous et comme la qualité, les similitudes etles proportions sous et dans la spéci-
ficité, pour ainsi dire l'objet au sein non point du sujet mais d'un originel in-
-
décis et confus, antérieur à l'un et à l'autre, démêler l'externe et l'espace sous
et dans l'aïitlioropo-centrismeprimitif, le rationnel sous et dans le sensible, plus
exactement peut-être dans le sentiment obscur, autant de démarchés presque
synonymes, en tout cas parallèles, qui nous amènent à ce que les civilisations,
eu devenant plus intellectuelles, ont appelé science ».

— Élargissant les cadres et le programme du Traité de Psychologie (en 2 vol.)


qu'il avait publié en 1923-1924, le Pr DDMAS entreprend un Nouveau traité de
psychologie qui, étendu sur dix.volumes, embrassera un nombre plus considé-
rable de questions, donnera plus d'importance à la pathologie, mentale et à la
psychologie pathologique (2 vol. à elles seules), et à la psychologie appliquée
(1 vol). Quarante-cinqauteurs,logiciens,psychologues, anthropologistes, biolo-
gistes, médecins, sociologues, pédagogues, collaborentà ce traité, qui constituera
un ouvrage unique en France et même a l'étranger (Paris, Alcan).
Le premier volume, qui vient de paraître, comprend avant l'introduction à
la psychologie, de G. DUMAS, et la méthodologie, d'A. LALANDE, un ensemble de
notions préliminaires dont le but est de rattacher les faits de l'esprit aux faits
qui les conditipnnenent dans l'organispie ou qui les préparent daps J'éyolutiop
CHRONIQUE 029

de l'espèce. Le tome II, qui paraîtra en décembre 1930, aura pour objet les
-éléments de la vie mentale : sensations, états affectifs, images.

— M. l'abbé BRICOUT a pris l'initiative d'ajouter à l'encyclopédie des con-


; naissances religieuses entreprise par l'éditeur Letouzey (Paris), un Dictionnaire
.
de sociologie, à paraître selon le même type, que les dictionnaires antérieurs "
:(fasc. in-4, 256 col. ; 20 fr. ; souscription à l'ouvrage complet). « Le Dictionnaire -
de Sociologie étudiera, à son point de vue, soit l'influence réciproque de la vie
-.en société et des opérations intellectuelles ou morales,.soit surtout la genèse et
.le développement, la constitution présente, le fonctionnement et les relations
-mutuelles des sociétés, domestique, politique, économique, spirituelle, dans les-
quelles se déploie notre.activité. Par vie « spirituelle » nous entendons toute la
vie de l'esprit, toutela vie intellectuelle, morale et religieuse ; mais nous n'en
montrerons, comme il convient ici, que le seulâspect social et les rapports gé-
néraux avec le milieu social.
Il dira,s'il y a lieu, comment des sociétés et de la mentalité primitives on en
.est venu aux sociétés et à la mentalité actuelles ; s'il y a une évolution humaine
; et si l'on peut en déterminerle sens.
Il insistera sur la doctrine et l'action catholiques, mais sans négliger ce qui se
pense où fait ailleurs.Des diverses doctrines il fera connaître l'histoire, les prin-
cipes et les réalités qui les commandent ou les conditionnent, les expressions ju-
ridiques ou pratiques, pédagogiques notamment, littéraires ou artistiques, qu'el-
les ont revêtues ; une notice spéciale sera consacrée à chacun des principaux au-
teurs ou représentants de ces théories et de ces applications ».
Un grand nombre de collaborateurs, en particulier des professeurs aux facul -
lés de droit, ont promisléur concours : MM. J. BARTHÉLÉMY, H, BERTHÉLEMY,
; J. BRUHNES, J. DANEL, J. DELOS, E. DUTHOIT, V. FALLON, G. GOYAU, L. LÉ
;FUR, H. DU PASSAGE, G. DESBUQUOIS, G. RENARD, M. TURMANN, etc.

— La direction de l'excellente revue Echos d'Orient annonce, dans son fas-


cicule d'avril 1930, que ses rédacteurs ont décidé la création d'un nouvel organe
de recherches qui aura pour titre : Bibliothèque byzantine et néo-grecque. Deux
séries sont prévues, l'une d'études qui débutera incessamment, l'autre de tex-
tes qui sera inaugurée plus tard. Le domaine préféré restera celui des sciences
.ecclésiastiques, sans exclure aucunement des travaux d'un caractère plus pro-
fane. Voici d'ailleurs la liste des premiers ouvrages prévus : V. LAURENT, Un
éducateur byzantin : Jean , métropolite d'Héraclée du Pont, oncle et précepteur
de l'historien NiçéplioreGrégoras(sous presse, 100pp.,) ; DrF. BRUNET, médecin-
chef de la'marine, Un médecin byzantin : Alexandre de Tralles, sa vie et ses
.
oeuvres. La médecine byzantine et la pharmacopée byzantine au VIe siècle (360
pp., sous presse) ; V. GRUMEL, Histoire du monothélisine ; E. GERLAND, Intro-
duction à l'étude des listes épiscopales des cinq premiers conciles oecuméniques. ..
Essai de géographie ecclésiastique prébyzantine ; E. DALLEGIO D'ALESSIO, Les
églises latines de Conslantinople : essai de nomenclature et de topographie ; S.
SALAVILLE, L'épiclèse eucharistique ; etc. (Éditeur Geutlmer, Paris). On compte
sur un nombre de souscripteurs suffisants. Le prix de souscription sera calculé
à raison de 3 fr. 50 la feuille de 16 pages de texte français et de 4 fr. 50 la feuille
dé: 16 pages de texte français ^vec intercalatiohs de textes grecs, tes souscrip-
630; aîRONiçra -....-; ; •
;

teurs bénéficieront d'une remise de 20 •>/„ ; cette remise sera portée à 30 °/0
pour les soueripteurs h la collection complète, r

•—Dans le même fascicule des Echos d'Orient (p. 176-179), le R. P. Yi LAU-


RENT, au nom de l'admirable équipe des Assomptionistes de Kadi-Koy (Gonstah-
tinople,) nous donne la très heureuse nouvelle de la reprise active du projet,.
lancé jadis (en 1900) par le regretté maître del'équipe, lé P.L. Petit, et accueilli
alors avec faveur et confiance : la refonte de YOrierà chrisiianus. Seuls ceux qui
ignorent les exigences de pareilles entreprises, s'étonneront d'un si long retard
dans la réalisation du projet ; bien dés circonstancesfâcheuses expliquent d'atl-
leurs ce retard et l'excusent.Aujourd'hui le classement et le déppuillenïeht'des
sources est repris et se poursuit régulèrëment, « avec la parfaite conscience dé
la complexité, et des multiples, difficultés de la tâche assumée ». Un mémoire
paraîtra bientôt qui exposera les résultats acquis, les -conditions du travail,
l'état des divers fichiers. Le plan précis delà publication pourra,salis doute être
présenté au Congrès de byzantinisme qui se tiendra à Sofia en 1933.
Quand on voit passer maintes publications prématurées, qu'inspire à.des tra-.
vailleurs improvisés le souci de l'actualité, on apprécie doublement le mérite
et la valeur d'une si courageuse et opportune entréprise scientifique, et l'on sou-
haité que la longanimité de ses promoteurs soit applaudie etsôutehue.

— Sous le titre «Maîtres spirituels », la Revue d'ascétique etdemystiqueinau-


gure . une collection d'auteurs spirituels delà Compagnie dé Jésus:; les volu-
mes, destinés à un public étendu, sont cependant présentés avec grand, soin,
texte, préface,, annotations, tables. Le premier volume contient Les fondements
de la vie spirituelle du P. Surin, publiés par le P. CAVALLERA.Paraîtront succes-
sivement : La manière de conduire les âmes dans la vie spirituelle, du P. Gùilïoré ;
les Exercices, de S. Ignace; les OEuvres spirituelles du P. Rigoleuc ;: L'occu-
pation intérieure, du P. Gotton, etc. -"--.' '.''-.',,'

— Les nombreux et importants articles d'histoire littéraire et doctrinale pa-


rus depuis un ah sur Etienne Langton, par MM. LACOMBÈ, LANDGRAF, Dom -.
LOTTIN, Miss A. L. GREGORY, Miss B. SMALLEY (toutes dèpx sous la direction du
Prof. Powickè), témoignent de l'activité avec laquelle sont:poursuivis lestra-
vaux de dépouillement de la littérature théoïogique du xne-xtiie siècle. Souhai-
tons que soit menée ainsi peu à peu à bonne fin la publication, entréprise parla
- Bibliothèque thomiste, des Sommes qui commandèrent à rentrée du xiïi? siècle,
le développepent dés doctrines philosophiques et théoiogiquës.
M. P. GLORIEUX va prochainement publier par ailleurs, le répertoireen trois
volumes, des maîtres de la faculté de théologie de Paris au xiii? siècle ; sur cha-
cun d'eux seront données d'une manière concise, avec les référencesJ opportu-
nes, les informations biographiques et bibliographiques requises.On devine quel
sera l'intérêt d'un tel instrument de travail.

Concours. -—'La Faculté de Théologie catholique de Strasbourg décernera


en 1931 un prix de mille francs au meilleur travail sur le sujet suivant:: « Les
relations entre Ropte et Gqpstantinople depuis la seconde déposition dp-Photius
CHRONIQUE 631

jusqu'à l'avènement de Michel Gérulaire (886-1043) ». Les manuscrits doivent


parvenir au doyen delà faculté, place de l'Université, avant le 1er avril 1931.
Ils ne seront pas signés, mais ils porteront une devise. Une enveloppe,fermée,
sur laquelle la devisé sera répétée, contiendra le nom et l'adresse de l'auteur.

Prix. —; L'Académie des science morales et politiques a attribué à M. Ch.


DEVIVAISB, professeur au lycée de Guéret, le prix du budget (2,000 fr.) pour son
mémoire consacré à l'oeuvre philosophique de Ravaisson. En raison de la valeur
de ce travail, elle a décidé d'augmenter le montant du prix d'une somme égale
à sa valeur.
— Le 12 juin, l'Académie française a partagé ainsi le prix Marcellin-Guérin :
2000.fr. à M. R. Will, pour son ouvrage sur .Le culte ; 1500 fr. à M. M. RENARD,
pour son ouvrage intitulé : Renan. Les étapes de sa pensée ; 1500 fr. ,à. M. R.
ALLIER, pour son ouvrage intitulé : Les Non-civilisés et nous ; 1000 fr. à. M.
P. PALHORIES, pour son ouvrage : Vies et doctrines des grands philosophes.
— Le 19 juillet, l'Académie des sciences morales a attribué une récompense
de 500 fr. sur le prix MichehPerret, au R. P. LAPEYRE, pour son ouvrage sur
S. Fulgence de Ruspe. "~ :
-
. .

— L'Académie française a attribué, sur le prix Juteau-Duvignaux,1000 fr.


au R. P. BRUNO, pour son Saint Jean de la Croix, et, parmi les prix d'Académie,
2000 fr. à M. V.MARTIN. pour son ouvrage sur Le Gallicanismepolitique, 2000 fr.
au R. P. JAMET, pour son édition des oeuvres spitituelles de Marie de l'Incarna-
tion,

HOLLANDE. — Congrès .•— Du 6 au 8 janvier s'est tenu, au couvent des


Carmes de.Nimègue, un congrès d'histoire de la spiritualité néerlandaise, orga-
nisé et dirigé par le R; P. STRACK, à qui l'on doit déjà l'excellente revue Ons
geestelijkerf. Nous aurons le plaisir de recenser la plupart des communications,
qui paraîtront dans cette revue. Voici le titre de quelques-unes : La mystique
du Carmel, surtout dans les Pays-Bas, avant la Réforme, par le R. T. Brandsma ;
Le rôle d'Henri Herp dans là diffusion de la mystique de Ruysbroeck, par le P.
L. Verschueren ; Les lettres de G. Groote, par le P. W. Mulder ; L'influence de
Ruysbroeck sur S. Jean de la Croix, par le P. L. Reypèns ; La diffusion de la
mystique néerlandaise aux XIV et XVe siècles, par Dom J. Huyben; etc.

—- Du 22 au 25 avril, s'est tenu à La Haye le premier congrès international


hégélien, sous l'inspiration de quelques hégéliens hollandais, groupés dans la
.
« Bolland^Genootschap voor zuivere
Rede » (« Société Bollandienne pour la rai-
son pure»,;du nom de leur maître le philosophé Bolland). Dès rapports furent
d'abord présentés sur le développement pu la renaissance de I'hégélianisme en
AUemange (H. Glockner), en Angleterre (J. A. Smith), en Italie (G.Calogero)
en France (A, Koyré, qui en fait présenta plutôt les raisons de l'insuccès de l'hé
gélianisme en France), en Hollande (B. M. Telders). /
Le 24, après deux conférences, qui occupèrent la matinée, on adopta, dan
l'après-midi, les statuts d'une société internationalehégélienne, destinée à fa-
voriser les études phiïosophieques selon l'esprit dé Hegel. Le comité en est con-
: stitué par MU, HESSING, TELDERS, "WATTJES, WIGERMÀ (Hollande), KRONER
.632 CHRONIQUE

président, BINDER, LASSON, GLOCKNER (Allemagne); SMÏTH,FOSTEH (Angleter-


re), GENTILE, GALOGERO (Italie), KOYRÉ, WAHL (France), TSCHIZEWSKI (Tché-
coslovaquie).
Notons, à ce:sujet, que la revue Logos (directeur : KRONER, prof, à Kiel) a
publié,dans son premier fascicule de 1930, plusieurs articles des représentants
du néohégéliauisme hollandais. Un fascicule sera consacré, l'an prochain, à
l'idéalisme italien.

— En vertu de la décision prise au,17e Congés international des orientalistes


(Oxford, 1928), le 18e Congre se tiendra aux Pays-Bas. Il a été décidé que la
réunion aura lieu à Leyde, du 7 au 12 sept. 1931. Un plus ample programme sera
publié prochainement. S'adresser au secréatire, Musée ethnographique, Rapcii-
burg, 67, Leiden,.

Décès. — On a -annoncé la mort de G. HEYMANS, ancien professeur de phi-


losophie à l'Université de Groningue,
\
ITALIE. -— . Congrès — L'Académie romaine de
.
S. .....
Thomas avait préparé,
pour célébrer le xve centenaire de S. Augustin, une « semaine augùstino-thp-
miste ». Les réunions se sont tenues à Rome, du 23 au 30 avril, occupées par,des
relations techniques, le matin,et par des conférences publiques, le.soir. Le texte
des unes et des autres en sera publié dansles actes, ainsi que le résumé desdis-
eussions. Quant à l'atlimosphère du congrès, voici ce qu'en dit le Bulletin tho-
miste (1930, pp.' 126-127) :
« Augustin-Thomas : le thème est riche de problêmes délicats, que les études
renouvelées d'histoire doctrinale du moyen âge etla rivalité des courants, spi-
rituels du catholicisme contemporain ont encore élargi et multiplié. Histoire,
.
philosophie, théologie : la matière était séduisante. Malheureuscment,d'un
trait, les organisateurs (sinon les orateurs) en réduisirent la portée et les béné-
fices en proposant comme but avoué deleurs efforts un concordisme entre augus-
tinisme et thomsime : méthode mauvaise, au service d'un but intéressé, — dou- ,
ble tare pour un travail scientifique.' /
Le pis est que, de l'immense champ augustinien, un domaine restreint fut
envisagé,précisément celui qui ne supporte pas ce concordisme, et où le rappro-
chement de conclusions matérielles semblables n'a aucun sens hors de l'esprit
qui les anime dans l'ensemble d'une synthèse : le domaine philosophique. Qu'on
eût abordé les questions théologiques (Trinité, grâce, Incarnation, etc;) et.qûe,
selonles conditions et les procédés de la méthode théologique, on eût manifesté
l'accord des docteurs, soit.Ou même, que,jugeant en théologien des philosophies
différentes, on eût montréqu'elles illustrent l'une et l'autre le même dogme
chrétien, cela eût été conforme à une saine méthode, puisque la philosophie est
ici au service du révélé, et que le jugement du théologien se. règle sur ce révélé,
et non directement sur le moyen terme philosophique .
Mais poursuivre sur terrain philosophique un concordisme de ce genre, c'est
fausser d'avance le travail ; c'est procéder en ce domaine philosophiqueselon
une méthode et avec des critères théologiques ».
Publications et collections, — L'historien des doctrines chrétiennes pourra
fciffioNiQUE ' 633'

bénéficier de la Biblipgrapliia Augustiniana, répertoire des écrivains ayant


appartenu à l'Ordre des Ermites de Saint-Augustin, publié parle P. D. A. Pe-
rini, du même ordre (Scriptores itàli, Vol. I, A-G ; Firehze, Tip. Sordimuti).

:— Le Rme P. Gillet, maître général des Frères Prêcheurs; a réorganisé, par,


lettres du 2 février 1930, la commission des éditeurs des oeuvres de S. Thomas,
constituée jadis par Léon XIII. Le P. Mackey, qui travaille depuis- cinquante
ans à cette édition, est nommé président d'honneur. La présidence effective
est confiée au P. Cl. Suermondt, qui aura pour collaborateurs les PP. A, Walz
et H. Garrastachu. Ainsi pourra-t-on reprendreplus activement-les travaux.
Le livre IV des Contra Gentiles (tome XV) paraîtra incessamment. Puis vien-
dront, dans le tome XVI, les Indices pro ulraque summa, qui seront extrêmement
précieux.

—- Le troisième volumede l'édition de la Somme d'Alexandre de Halès vient


de paraître (Collegio S. Bonaventura, Quaracchi, 1930 ; in-folio, LVÎII-858 pp.) ;
il contient la seconde partie du deuxième livre;L'exécution en est, comme
pour les premiers volumes, de toute première qualité : présentation du texte
détermination des sources, dispositif typographique.Mais plus on admire ce
travail,plus on regrette que son utilité et même sa raison d'être soient en grande

-
part annulées par le refus d'envisager l'inauthenticité de plus en plus mani-
feste-de cette compilation. Puisqu'on consacrait tant de labeur,de temps et
d'argent à ce travail, autant Valait l'aborder franchement par la question préa-
lable, et débrouiller ce fameux problème de la compositionde la Somme. En re-
porter la solution à la fin de la publication, c'est mettre la charme devant les
b oeufs, et s'obstiner à. établir un texte dont on reconnaîtimplicitement, au pied
de chaque page, qu'il doit d'abord être dépecé et identifié. Il est à souhaiter
que les éditeurs s'épargnent la peine de poursuivre en pareille voie.
- - -, _ ; f
Centenaire, -^ Dans sa séance du 27 avril dernier, l'« Istituto Vebeto di
Scienze, Lettere ed Arti » a célébré, à l'occasion du centenaire de sa naissance,
la mémoire de Francesço Bonatelli, professeur de philosophie à l'Université de
Padoue. Le Prof. Troilo rappela quel rôle avait joué B. à Padôue, au xix° siècle,
comme représentantdu spiritualisme et de la philosophie chrétienne, au moment
même où R. Ardigo y enseignait le positivisme. Son mérite est d'avoir compris
l'importance de la psychologie, dont il aborda lés problèmes en partie sous l'in-
fluence de Herbart.

ROUMANIE. •=- Revue. — Les professeurs de l'Université" de Bucarest


font paraître une revue trimestrielle, dont le titre indique" l'objet et. le but :'
Logos. Revue internationale de synthèse chrétienne orihodoxe.EUe vise donc à
faire connaître la vie et les doctrines des chrétiens d'Orientaux chrétiens d'Occi-
dent. Pour mieux atteindre ce but, la langue française a été choisie comme lan-
gue courante. Voici quelques titres du premier fascicule : G. FLOROWSKY,L'idée
de création dans la philosophie clurétienne ; F. "W. FOERSTER, La morale religieuse
et la morale laïque ^ N, BERDIAEFF; SUT- la nature de la foi ; V.,POPESCU, Le dés-
accord entre les conceptions sociales de Tertullien et de la société gréco-romaine }
B34 CHRONIQUE

Al. BUSUIOCEANU,Influencesarméniennes dans l'architecture religieuse:au Ëah


Danube; V. PdpÈscu, Le problème de l'union des Églises • L. P. KARSAWIN
Sur les deux natures dans le Christ ; etc. (Bucarest, Atr. Sârindar, 4. Abonnement-:
600 lei; ëtranger,ÏO0francs).

STRIE. Publication. ^- Mgr N. CARAME, évêque maronite, titulaire de


Myndo, a entrepris et mené à bonne fin la traduction arabe delà Sumnia contra
Gentilcs de S. Tliomàs,en vue de répondre à la curiosité intellectuelle et reli-
gieuse d'une élite musulmane désireuse de connaîtrela philosophie occidentale
et la théologie chrétienne. On sait quelle place tiennent,en particulier"uanscette,
oeuvre, Avicennê, Averroes et les autres philosophes musulmans.
Mgr. G. était spécialement qualifié pour ce traVaildélicat. Traducteur de la
Métaphysique d'Avicenne en latin (1926), traducteur en arabe des ouvrages
philosophiques du Card. Mercier (7 vol. 1912), il a annoté avec compétence le.
texte de S. Thomas, références aux arabes ohnotes doctrinales; Soii style arabe
est par ailleurs fort apprécié des siens. Souhaitons le meilleur succès; à cette
entreprise. (S'adresser au P. Maron Carame, Broumana, par Beyrouth, Liban).

TCHECOSLOVAQUIE.—• Revue. — Le tome premier (1929f in-8, 312:


pp.)d'une revue scientifique spécialement consacrée àl'étude des relations entré
Byzance et les peuples salves, est paru à Prague, sous le titre : Byzantinosla-
vica. (Abonnement : 80 couronnes). ,
BEGHHSION BËS REVUES w

*ANALEÇTA BOLLAiNDIANA. 4930.1-2. — H. DELËHAYE. Loea sancto*


rwn.(Importaneepour l'hagiographede connaître les lieux illustrés par la mort,
la sépulture et le culte des saints. L'auteur, par d'innombrables indications bi-
bliographiques, montre pour les pays occidentaux comment, dès l'antiquité,
le cercle d'abord très étroit où se renferme le culte des saints ne cesse de s'élar-
gir. Trois étapes dans l'exposé : I. « Les vocables antiques » et leurs origines.
II. -« Les .listes des patrons d'Église» établies jusqu'ici par les hagiographes
pour telles ou telles Églises particulières; III. « Les saints et la toponymie ».)
pp. 5-64. — P. MOUTERDE. S. Abùndius de Côme et ses trois compagnons à un
synode de Çonstantinople en 450. (D'après la correspondance de S. Léon, les
messagers chargés par lui de gagner Gonstantinopleà la formule de foi contenue
dans sa lettre à Flavien s'appelaient Abùndius, Asterius, Basilius et Senator.
Le premier est très probablementà identifier avec Abundantius de Côme dont
parle Ëusèbe de Milan. De même le prêtre Senator est-il identique à S. Sénateur
de Milan. Cette double hypothèse est confirmée par un texte syriaque du ms.
Vat. Borgh. Syr. 82, fol. 1007 à 101*, qui précise en outre que Basilius était de
Naples et Aethertus, non Asterius, évêque de Capoue.) pp. 123-129.

AïWïîROlPOLÔ&Bë (h% XL. i-g. — V. NïKÔLSkY. î)e ta méthode eh Pré*


histoire. (Une série de considérationsaboutit aux conclusions suivantes : » L'His-
toire primitive ne se contente pas de collectionner les matériaux de l'Ethnologie'
delà Linguistique, de l'Archéologie, de l'Anthropologie et d'autres seiencesV
Se basant sur tous ces matériaux, elle reconstruit, par des procédés fort coihpb>
qués, le développement delà civilisation primitive, son objet propre. Elle a,
de même, sa méthode dont d'ensemble de civilisation » forme là base. Ainsi
armée, elle parvient à établir une chronologie en combinant les données acquises
par l'Ethnologie et l'Archéologie préhistoriques La Préhistoire n'est pas une
science naturelle. Son objet, sa méthode, ses tendances chronplôgiques, la ca-
ractérisent comme une discipliné historique. Cependant, elle né fait pas partie

;
(1) Tous ces périodiques iiotis sont parvenus au cours du Secofad trimestre
de 1930. Seuls les articles ayant un rapport plus direct avec la matière propre
à la Revue ont été résumés. On s'est attaché à rendre aussi exactement que
possible la pensée des auteurs en s'abstenant de toute appréciation. — Les Re-
vues catholiques sont marquées d'un astérisque. ^- La Recension a été faite
parlesRR. PP. Avsm, CHÂTELAIN, CHENU, COURTOIS,PEMAN,GARDEIL, GORCEJ
HÉRIS, PÈRINEIXE, SYNAVE (Le Saulchôir), SIMONIN (Rome)»
636 RECENSION DES REVUES'

de l'Histoire. L'Humanité primitive est.silencieuse etanonypié. Les: sOutcés


écrites manquent entièrement. La chronologie n'est que relative. Elle mérite -
vraiment le nom d'Histoire primitive». —• L'auteur donne un court résumé de
l'évolution de la civilisation depuis le début de l'âge de la Pierre jusqu'aux
âges des Métaux.) pp. 1-17. — D.PEYRÔNY, Sur quelques pièces intéressantes de
la grotte de la Roche près de Lalinde (Dordogne). (Décrit quelques pièces décorées :
l'une d'elles est un instrument analogue au « churairiga», «planche ronflante»
ou « diable »; d'autres portent dés traits gravés qui pourraient représenter
des femmes sans tête très stylisées.) pp. 19-29. — Raymond FURON. Les gise-
ments préhistoriques du Kaarta (Soudan) paléolithique et néolithique, pp. 31-35
— A. BASCHMAKOFF.Les alignements de Carnac (Morbihan). (Dans chacun.des
neuf champs d'alignement nous aurions l'image d'un clan qui aurait possédé
(en régime de communauté tribale) les terres avoisinant le cromlech. Chacune
des lignées parallèles dans l'alignement serait l'image d'une p/iràïre (subdivisibh
..
du clan). L'ensemble de tous les « champs d'alignement » représenterait donc la-
totalité de la nation, qui occupait à cette époque le Morbihan.) pp. 37-75.
— Léon NICOLAEFF. Quelques données au sujet des méthodes d'excérébraiion em-
ployées par les Égyptiens anciens, pp. 77-92. •— E. CONZENIUS. Une tribu in-
connue du Costa-Rica : Les Indiens Rama da Rio Zapoie. pp. 93-108.

«ANTONI&NUM.1930. Janv. — D. SCHÔTZ. De sacrificiù propitiqlprio


in Veleri Testamenlo. (Sur Lev.,4 et 5. La structure des lois contenues dans ce
texte. Le concept de sacrifice propitiatoire. Le rite.) pp. 3-24.—A. M. VELLIGO
« Episcopus episcoporum » in Tertulliani libro De pudicitia. (Les opinions sur.
l'auteur de l'« édit péremptoire ». Essai de conciliation des opinions : l'adver-
saire visé par T; est un évêque, probablement celui de Garthage, mais l'auteur:
de i'ëdit est le pontife romain.) pp. 25-56. —. L. MEIER. De schotà franciscàha
Erfordiensi saec. XV (à suivre). (Monographies, biographiques et bibliographi-
ques, sur Matthias Doering, Jean Bremer, Kilian Stetzing. Leurs doctrines;;
textes choisis.-)-pp. 57-94. — L. MEIER. Iodocus Gartner de Berching, Alexandri
Halensis assecla Vindobonensis. (Note complémentaire à l'article d'Anton.;
1929, pp. 293-302.) pp. 95-102. = Avril. —- A. LEDÔUX. De gratta creaia etinL
creata juxta quaesiionem inedilam Guillelmi de Ware. (Édition du comm. de G.
sur I. Sent., d. 17, qu. 1, avec présentation doctrinale.) pp. 137-156). — L:
MEIER. De schoïa franciscana Erfordiensi saec. XV. (suite, ài suivre). (Nicolas
Lakmann : vie ; oeuvres ; sources doctrinales, en particulier ouvrages : en sa
possession ; texte choisi. Longue digression, pp. 176-188,sur la littérature d'ab-
breviationes : du Lombard par Hugues de S. Cher, de S. Bonayenture par plu?
sieurs franciscains.) pp. 157-202. — D. DE BRUYNE. Une liste de,manuscrits
prêtés au XIII? siècle à des Frères Mineurs. (A des Frères du couvent de V.al-
Dieu, entre 1260 et 1268. Édition d'après le ms. Vat. lat. 659, fol. lr ; planche.
.
Où se portait la curiosité des Frères : théologie, grammaire, philosophie,méde-
cine, etc. )pp. 229-232.

ARCHIVES^DË PSYCHOLOGIE.XXÏÎ F.ëv^.-^Ùh.ÈAvbOîU.LesahiitHèsêS


chez Victor Hugo. (Explication psychanalytiquedes antithèses de Victor Hugo.)
pp. 121-143. -— R. GARIAYEVA. Sur la loi de ÏEdùcubiiité. (Critique de l'é^çttk-"
REOENSION DES REVUES '
635'

tibp exponentielle proposée par M. Heinis comme loi de l'édùcabilité.) pp.


144-152. — H, ANTIPOFF.Les intérêts et les idéals des enfants brésiliens. (Enquête
du laboratoire de psychologie pédagogique de Bello Horizonte, capitale de Mi-
nas Geraes (Brésil) sur 760 écoliers de 10 à 14 ans.) pp. 153-186. — V. EFROS-
' ROSENBAUM. Quelques observations sur la compassion chez un enfant. (Me E.-R.
voit dans lès premières manifestations de la compassion chez son fils « une preuve
nouvelle de Tégotisme'de l'enfant. ») pp. 187-194..

«ARCHIVUM FRANCISCANUM HISTORIGUM. 1930 Janv.-AVril.


A. STROICIC. Verfasser und Quellen der Cqlleclio de scandalis Ecclesiae (à suivre)
(En vue de préparer le concile de Lyon (1274), Grégoire X consulta certains
évêques et prélats. Nous possédons trois réponses û'Opus tripartiium d'Hum*
bert de Romans, la Relalio de l'évêque Bruno d'Olmutz, enfin la Colleclio de
scandalis ecclesiae. De ce dernier écrit, St.fait la présentation et recherche l'au-
teur. Un franciscain, conclut-il. Mais ni S. Bpnaventure,ni Odoh Rigaldus, ni
Paul de Segni, ni Jean Pechâm.) pp. 3-41, — EPHR. LONGPRÉ. Le quolibet de
Nicolas de Lyre,O.F.M. (Dans le Vat. lat. 869, on trouve une série d'ouvrages
anonymes dont un certain nombre ont été attribués à Duns Scot, C'est le cas
en particulier de treize quesliones (fol. 130r-152v). L'auteur montre que ces ques-
liones sont le quolibet de Nicolas de Lyre, que l'on croyait perdu. De ce quolibet,
L. édite ici la questio De Usu paupere qui se rattache aux controverses francis»
,Caines sur la. pauvreté.) pp. 42-56. -— ALB. HEYSSE. Fr. Richardi de Conington
O.F.M., Tr.aclatus de pauperlate Fralrum Minorum et Abbreviaiura inde a Com-^
.
munitale extrada (à suivre). (Notes biographiques — f 1330 — ; écrits ; publia
cation de son tractatus de paupertate qui se rattache aux discussions " sur la'
nature de la.pauvreté franciscaine.) pp. 57-105. -— W. LAMPEN. Praose seu poc^
mata Pétri de Candia, O.F.M. (Alexandri V, papae Pisani f 1410). (Contenus
dans un ms. de la Bibl. Laurent, de Florence : S. Grucis, Plut. XXV sin., cod.
IX. Sur la louange de la Sainte Trinité, la Sainte Eucharistie, les bienfaits de
.
Dieu, le carême, Sainte Claire.) pp. 172-182. —, W. LAMPEN. De Richdrdo de
:Mediavilla,'O.F.M., socio S. Ludovici Tolcsani.(Note biographique sur ce maî-
tre en théologie du début du xiv° siècle) pp. 246-248. — E. LONGPRÉ. Le Commen-
taire sur. les Sentences .de Jean Gerson. (D'après le his. lat. 15156 de la Bibl.
Nat. de Paris'. G. s'y révèle nominaliste, et partisan de l'ImmaculéeConception.)
pp. 251-252. — M. BIHL. DcFr. Pëtro Mxtzoli, baccalaureo theologiae Tolosaiio
an. 1419-1420. (Publication de dix lettres adressées à ce maître franciscain ou
envoyées par lui.) pp. 252-266. — A. G. LITTLE. Leiler- of Fr. Angélus Christb-
phori, Minister General, appointig an Irish friar to a siudenlship at-Oxford, c.
A^.D. 1450. pp. 267-268, ..:'

*BOGOSLOVNl VESTNIK, 1930. 2.—F. K. LUKMAN. Sv. Irenej O Ma-


rijinem divistvu. (La doctrine de S. Irénée sur là Virginité de Marie, à l'occasion
de l'ouvrage d'H. Koch, Adhuc virgo, Tubingen, 1929. Analyse des textes, mon»
trant. comment K. en énerve la valeur. Intérêt particulier des textes, sur le
.
parallèle entre Marie et; Eve. Aucun texte ne permet d'admettre chez Irénée
un doute sur la virginité «in partu ».) pp. 105-120.

:' *BOSOSLOVIA. 1930.1. — SZEPTYCKYJ. Oralio ocedsiohe itiaugUraiiohis


REVUE DES SCIENCES. — T. XIX., FASC. 3.—41.
âSâ ' RECESSION DÉS REMUES ":

îlev/sc. ph.
Gr. calh. Acqdemiae ilielogicae habita, Leopoli [en ukrainien]. -.Cf..
th., 1930, p. 183.:— P. SAVCUK. Addilamcnta orilïodoxiam Cyrilli Lukaris spec-
taniia. [en ukrainien]; pp. 23-41.— P. CHOMYN. Solémnut inauguralio Gr.cath.:
Academiae thelogogicae Leopoli [en ukrainien], pp. .42-49.; =2. V. 'LEVYCKY'J.
De judiciis eçclesiasticis in Ucrainorum conslilûtioiiihùs pubticis XI et XII
,

saec. [en ukrainien], pp. 119-131.

«'BULLETIN DE-LITTERA'TUREECCLESÎASTIQ'OE; 193p,.-MarS..


— F. OAVALLÉRA. La doctrine de la pénitence au 3" siècle, (suite).(Le classement
des péchés s'ébauche 1) selon leur nature ; Tertullienét Origène reconnaissent
des péchés sources analogues à nos péchés capitaux; 2) selon leur origine:
Intérieurs et 1 extérieurs, également coupables, pour: T. ; de:pensée, parole
ou action pour S. Cyprien et Or. ;3) selon leur gravité : ïémissibles (direct, par
l'Église) irrémissibles (si ce n'estpar Dieu), pour T. ; distinctions plus'subtiles
chez Or. pour qui l'orgueil est le grand péché.) pp. 49-63. '':-'. :

*CIÉNCI&TOMISTA.1Ô30.JanV. — A. COLUNGA. La vida de undogtna.


.
(fin.). (Étapes du développement du dogme de l'Immaculée Genceptien: les
théologiens;du xîne "siècle' en particuliers. Thomas. Scot. Long exposé .dé la
pensée de Gâjetali.) pp. 5-35.,— P. BROCH. Prepardcion inieleeiuat-para la fe
(à. suivre). (Introduction : le rôle de l'intelligence dans la foi.) ppV 36-49. — V.
BELTRAN iîB HEREDIÀ. La faculdad de ieplqgia en la Ùnivérsidad de. Santiago.
(suite, à suivre).. (Liste des professeurs des deux chaires de 16&0 à 1771. Notice
SUT, chacun.) pp. 50-63. = Mars. — V, BELTRAN" DE UEREDIA. Ideas dei
maestro Fr: Franc, de Viloria antèriores a las Rèlecciones De:Indis » .aperça
«.

de la colonizacion de America segun documentas inedilos:(Dans cette cônféren- :


ce, le P. B. utilise sa découverte d'une liasse de lettres.contenant des consulta-
tions de Vitoriâ, et fixe, par elles la penséepremière déV, sur la-colonisation.
Texte d'une consultation en 1534.) pp. 145-165. —- P. BROCH. Prepardcion
intelectual para la fe. (suite, à suivre). (Observations de méthode : ceux qui
Veuleht employer la méthode mathématique dans l'investigation de la vérité
religieuse ; les faux points de départ ; ne pas nier ce qui est clair, à icause dé;ce
qui est obscur-; la position des questions ; etc. Lieux communs dé pratique
apologétique!) pp. 16.6-188. —• J. GARRASTACHU; LOS manuscrilos dei card.
Torquemadaenla Biblioteca Vaticana (à suivre), pp. 189-217.='Mâi.---J. GAR-
RASTACHU. Los.manUsçritosdei card. Torquemadaen là Biblioteca Vaticana.
(fin.) (Listé générale dès traités.) pp. 291-322. -—P. BROCH./Préparation inte-
lectual para la fe. (suite.)(Suite des observations dé méthode et des lieux
communs.) pp. 323-343.

*CIVILÏÀ CATTOLICA. lââÔ. 19 avril. — Larèsufrùziqhe di tàesâ e la


.
soteriologia dî S. Paolo, (à suivre). (La résurrection constatée parles,Apôtres ;
le témoignage de Paul. Relevé rapide des textes, avec allusioh aux opinions cri-
tiques.) pp. 97-109. = 3 mai. — Coliura e religipne in un dîscorso di Giovanni
Gentite a Bologna. (Critique de la conférence, publiée dansWAssàtlo dé Bologne,
15 mars 1930.) pp. 223-237. = Î.7 mai. -— Lâresurrëzivnedi/3esu éla solerià-
logia di S. Paolo. (fin.) (Valeurs «démonstratives» de la résurrection jvaleuf
RËCENSION DES REVUES 639

efficiente» en général ; le Christ ressuscité agent efficace de la justification.)


pp.298-314. '

*CRITÉRION. Janv.—- C.MONTSERRAT. Els Tilols clàssics de l'esclavatge.


pp.5-10. ^—B. XIBERTA. Gùiu Terrenai. Sant Tomàs sobre t'Anàlogia de l'ésser.
(En élaborant sa thèse sur une unité conceptuelle d'être qui sauvegardele pri-
mat de Dieu et les autres thèses communément reçues en son temps, Guy
Terré fait oeuvre personnelle nullement incompatible avec ia doctrine de S.
Thomas.) pp. 11-34. —-F.-M. ROSELL. La Analogia y laensenanz a de la lengua
y litëratûra lalinas. (Emploi d'une méthode historique. Plan progressif d'en-
seignement.) pp. 35-47. —- M,-M. GORCE. L'univers et ses lois. (Il n'existe de
lois physiques qu'en tant que des situations analogues se répètent dans l'unique
cosmos à quatre dimensions comme des rayures sur un tapis.) pp. 48-59. -— J.
BELTRANI GUELL Documentsper a laHistoria delaFilosofiacatalana Influencia
dei sinlèma combinatori de Ramon Llull sobre la filosofta cartesiana. (suite, à
suivre).(Analyso du système cartésien.) pp. 60-75.

*BIVtrs THOMAS. (Fribourg). 1930. Mars. — G. ROHNER. Messopfer


Kreuzesopfer (à suivre), (S. Thomas a affirmé et après lui le Concile de Trente,
que le sacrifice de la messe contenait véritablement le sacrifice du Christ sur
.,1a croix.) pp. 3-17.—H. v. D. PLASS. Des hl. Anselm« Cur Deus Homo » auf :
dem Bôdem der judisch-christlichen Polemik des Mittelalters. (Les combats doc-
trinaux entre juifs et chrétiens s'orientent, à l'époque de S. Anselme, dans de
nouvelles directions : exégèse liéttrale et spéculation philosophique. Place é-
minente prise par S. Anselme dans ce renouvellement. Sa position dans le C,
D. H. Il n'a pas soutenu la nécessité absolue de l'Incarnation.) pp. 18-32.
— R. KLINGSEIS. Moderne Théorien uber' Unterbewustsein und die thomistisclie
Psychologie (suite, à suivre.) (Métaphysique de la pensée inconsciente: 1» Im- "
possibilité d'un fondement purement physiologique de la pensée inconsciente.
-2» L'activité psychique s'achevant dans le Subconscient, dans le cas de pensée
inconsciente. 3° Le fondement métaphysique de la pensée inconsciente d'a-
près S. Thomas.) pp. 33-52, — J. GREDT. Philosophie der Mechanik. (Tout corps
qui est mu localement^ qu'il soit projeté loin de son moteur, ou qu'il reste en
contactaveclui,doitrecevoirunevertuinstrumentalequiestla cause immédiate
du mouvement.) pp. 53-59. — A. ROHNER. Das Eigeniumsrechl nach'dem hl.
T. von Àquin. (Étude critique de 1''ouvrage Eigentumsrechi nach dem hl. T.
von Aquin du P. A. Horvathc. R. distingue soigneusement dans l'ouvrage de
.Horvath l'exposé de la, métaphysique de la propriété selon S. Thomas, qu'il
approuve entièrement, des idées propres de l'auteur qui sont plus criticables.)
.
pp. 60-81. — G. M. MANSER. Das Wesen des Thonismus : Der tiefste Unterschied
; zivischenGolt und Geschopf. (suite, à suivre.) (Étude historique sur la question
de la distinction réelle de l'essence et dei'existence. Dans l'intention d'établir
la doctrine authentique de S: Thomas, M. remonte la série des adversaires, puis
celle des tenants de la fameuse distinction.) pp. 82-97.

*DIVUS THOMAS.Piacenïa1930. Janv. —A.FERNANDEZ,Naturale desi-


deriumvidëndi divinam esseniiam dpud D. Thomam éjusque scholam. (à suivre).
(A partir dé Cajetan la vraie doctrine de S. Thomas subit quelques déviations.
"é.4Ô
REGENSION DES REVUES '/ ':/"'[ '-/-:'
qui s'accrurent jusqu'à nos-jours'.) pp. 5-28. —E. NEVËÙT, G. M.-Rôlë de S:,
Augustin dans lés controverses pélagiennes. (Analyse dèsës écrits- avant la. cph-'
damnation de Cartilage, puis contre les hérétiques et enfin contre Julien d'E-
clane.) pp. 29-59. — C. BOIARDI. Una leoria inlerno< âl/3anto Sacri'fiçio.délia
Méssa. (suite, àsuivre.) (Exposé de-la théorie de^Mgr.^pernarâi5;.le sacrifiée
de la Cène, celui du Calvaire et celui du ciel ne sont quéles 3 phases d'un sënl
et même sacrifice. Critique des arguments scrip'turaires.).pp,.60-68. = Marsr
Avril. — A. M, PIROTTA O. P. Dispulatio de potcnïia obcdientiali, juxia
thomislicam doclrinam (suite, à-suivre). (Il faut admettre qu'il y a ;éncliàcuh
.

des êtres créés unepùissance obédientielle vis à vis de Dieu,: auteur de la nature.)
pp. 129-148. — J. LE ROHELLEC, C. S. S. De genuina liùmaiiae. cogiiiiionis ra-
tione adversus idealismum hodiernUm. (Exposé de la théorie de G.iÇ-entile. .Ré-
futation indirecte de l'idéalisme par réduction à l'absurde.- Réponse aux .diffi-
cultés présentées par les, idéalistes. Défense positive de la valeur objectivé de
la connaissance humaine.) pp. 149-163. — F: GÈUPPENSJ/O. P. Qui^JS. Thomas
de mulliplici sensu litlerali in S. Scriptura senserW! (Selon S..Thomas, il n'y
a pas d'inconvénient à ce que Dieu ait voulu renfermer plusieurs seps littéraux
dans le texte de la Sainte Écriture. Il n'est pas invraisemblable que les hagio-
graphes les aient connus, et même si ces derniers ne les .ont pas tous connus,.
Dieu, auteur de la St- Écriture, connaît tous les sens vrais auxquels se prête la
lettre de la S" Écriture.) pp. 164-175.,— G. M. PERRELLA, C. M. lliradultpre
greco di S. Mailëo e l'ispirazione (suite et fin.). (Dans riiypothèse;où le traduc-
teur grec de S. Matthieu a fait quelque minime additioh.au texte original, .il
a dû nécessairement jouir du charisme de rmspiration.)pp. 176-188. — G..M.
PERRELLAj G.M.Nuovi qrgomenli coniro l'ispirazione verpàle: (Ni de laiperte -

du texte araméen de S. Matthieu, ni" des décrets de la Commission Biblique,


on peut tirer des arguments contre l'inspiration, verbale:;:r:celle-ci, au contraire,
,,-
se trouvé toujom-s plus confirmée.) pp. 189-197.

«EPHËMEÉIÛËS THEOLOeiCAE LOVA5STIENSÊS. Avril. "*-


1Ô3D.
J. VAN DER MÊERSCH. De notioiie entis supernaluralis..-(Étudié la notion"' de
surnaturel et de mystère,la surnaturalité de la vision béatifiqûéetsonrapport
avec le désir .naturel, la nature de la grâce actuelle.) pp. 227-263.;^ H. DE
BLIC. Barthélémy de Médina et les origines du prûbabilismè. (Critique..l'article
Médina du Dictionnaire de Théologie catholique, sur lés points .suivants : 1.
Est-il exact que le mot probable ait signifié pour Médina non pas demi-assuré,
mais certain eh matière contingente? 2. Est-il exact que le. problème envisagé
par Médina ne soit pas celui du probabilisme? 3. Est-il exact que ni les dthéoiq*.
giens qui l'ont précédé ni ceux qui l'Ont immédiatement:suivi, n'aient préparé
.

ou reconnu un Médina probâbiliste ? L'auteur répond à ces différentes questions


par la négative,) pp. 264-291.— J. COPPÉNS. Notes d'exégèse. (Brèveslndicatiôns:
..sur le sens du texte massorétique dans le Psaume CIX, V, 3 ; sur unenotlce'de
A. OEPKE consacrée aux ouvragés publiés dans les dix dernières années sur la
personne et l'oeuvre de Jésus ; sur la quatrième demande;du Pater.) pp. 292 .
;

.298. ' ;:;'.-.


.

"ESTUDIOS ÈCCLËSIASTIÇOS. Î93Ô. Janv.fi- F. SEGARBA. Xâ


;':-; REéENSION DESr REVUES 641

.; doble conclusion dei Evangëlio de S. Juan v.XX, 30-31 y XXI, 24^25. pp. 32-47
-":-47. -^- Ë, UGART.E DE'ERCILLA. 'Vuelta a la lusioria de la- lilosojia médiéval.

: .(-Y à-t-il une synthèse.scolastique unique? L'opinion de M, De "Wulf. Les ca-


ractères delà scolastiquemédiévale.) pp. 48-68.— J. M. MAHCH El examen det
P. F. Suafez. (Homologué :dans un registre d'admission du collège S. J. de Sa-
:

;- lamanquè.) pp. 118-122, =Avril. — Card F. EHRLË. Los mqnusciïlos vaticanos \

: /le;los,leolpgos salmariiinosâeisiglo XVI. (fin ) (Jean Gaïlo, Jean Vicente, Do-


minique^de Guzman,-Alphonse de Luna, Dominique Banez, Jeap de Guévara,
': Louis de Léon, Pierre deUceda Guerrèro, Jean de Medinà, Table chronologique,
J table dès; ouvrages.); pp. 145-187.
— J: DALMÂN, Volunldriedad dei pecado ori-
ginal y explicaciones que dé èlia da S. Tomqs:(Principes qui guidèrent les théplo-
'-. giëris, èii.'dépendance des erreurs dé Baius et des doctrines de Trente. Puis ex-
:; posé'particulier de la solution de S. Thomas.) pp.. 188-212. — D. DOMINGUE?.
.Es ëensurable et eclecUsmo filolsofico suareziano?,(fin.) (4. Il n'est ni censuré ni '-:
."censùrabie.) pp. 213-238.

;-;-'.-

'ETUDES FRANCISCAINES.Mars. — H. KLUG, L'activité intellectuelle
Scot (fin.) (9. La connaissance dé l'âme
-. deTcime selon le bienheureux Jean Duns
; après là, mort. 10. Le pouvoir cognitif occulte ôlè' notre intellect.) pp. .129-
.:,- 145.j^—:P. PAUL. L-énigmè religieuse des Indes, (suite,, à. suivre). (Un védantin
.catholique: le cas dé Swâmi Oupadhyâê, brahme de haute caste, né en 1861,
;,. .converti au catholicismeen. 1891, et qui s'efforça de mille manières de donner
r ;tinefntèrprétation catholique aux traditions intellectuelles et aux coutumes de
l'Inde.. Que penser de sa tentative, et plus généralement des méthodes d'évan-
: gélisation dont elle ;se rapprochait, celle du P. de Nob.ili par exemple.) pp.

; 146-165. = Mai. —-'P.PAUL. La vie spirituelle dans l'Hindouisme (à suivre)..


.
(I, Notions générales. Tendance générale des esprits à ce que nous appelons la
spiritualité. Ce sentiinént; parfois assez inconscient mais très réel dans la foule
: ignorante, -est très conscient et manifeste.dansla classe éclairée. II. Ascétisme

et mysticisme.•Quelques.:manifestations de la pratique de la pauvreté.) pp.


.257-272. — P. REMY; La- causalité des sacrements:d'après S.Bonàvèniure. (Les
.
: 'manuels disent communément que S. Bonavéntur'eénsèlgne.la causalité impro-

..
premënt dite ou occasionnelle. Erreur, dit l'auteur: : l'çeuvre du docteur sera-.,
"; ..phiquë contient tousles éléments delà causalitéinstrumentale dispositivéhiten-
'-' tionpelïe.)
pp. 324-^3%'", ..-
' ETUDES THEO LOGIQUES ET RELIGIEUSES. 1929. Nov. — H.
-CLAVIER. L'Evangile •apocalyptique. (Discours, deréntfée à la fac. de théologie '
-.
protestante de Montpellier."I. Les thèmes-apocalyptiques dans les diverses reli-
gions : légendes primitives, Australiens, Hindous, Mazdéisme,:Juifs ; analogies ;.
;'..'' entre l'apocalypse judéo-ènrètienne et le.syncrétisme hellénistique, II. Carap-
.

; tères.gëuëraux de l'ÉVangilë apocalyptique et psychologie de 1-âpocalypticien.


SymbOlismes traditionnels et cadres communs ^différence entre apocalypse et
-

prophétie; ébauché d'uiië, philosophie dé l'histoire ; en gros, genre suspect,


L JIL ;Dahs quelle mesure l'Évangile apocalyptique et l'Évangile tcut. c'eurt.

:
rÉVâhgilé de Jésus, ont-ils coïncidé ? Contre l'ipterprétatibn apocalyptique et ::
''':"'"-ré^'iè|e: du
« royaume », l'auteur
soutientï'interprétationidéaliste et my§tiqpe?;
642 REGENSION DES REVUES

Pour démontrer ce sens spirituel du royaume annoncé par Jésus, il analyse les
textes, groupés sous ces divers chefs : les convulsions dernières et les signes des
temps ; la parousie ; la résurrection des morts ; le jugement ; le règne intermé-.
diaire ; l'établissement du royaume. « Jésus.ne mettait pas son espérance dans
une révolution des mondes, mais dans une révolution des âmes ».) pp. 430-489.
= 1930. Janv. — R. ALLIER. La magie de la bénédiction et de la malédiction
(Utilisant quelques faits fournis par. E. Westermarck, dans son ouvrage sur
L'origine et le développementdes idées morales, Paris, 1929, montre que souvent
.
bénédiction et malédiction sont des espèces du genre incantation et se rattachent
à la croyance à l'action magique des paroles prononcées avec bienveillance ou
avec haine. Elles sont considérées comme des énergies ayant une existence sé-
parée, agissant par leur vertu propre ; même notion matérialiste dans lé serment
ou l'ordalie. Au contraire, quand elles prennent valeur religieuse, les formules
de bénédiction et de malédiction sont envisagées comme des prières qui ne se-
ront pas indifféremment exaucées. Magie et religion ne dpivent pas être identi-
fiées.) pp. 3-20. -^ Ch. DURAND-PALLOT. Science et religion. Leurs rapports dans
lé domaine de la cure d'âme. (Lamédecine a-t-elle une puissance curative rendant,
peu à peu inutile la religion, dans la lutte contre le péché, considéré de plusen
plus comme le résultat d'un'àésordre physiologique ? Non. Le mécanisme re-
ligieux lui-même utilise à son profit les procédés psychothérapiques. Et la.re-
ligiongârdesavaleurproprèdanscetraitement.desjtaresmeritales etdes défauts ; .
elle sera l'inspiratrice, la science fournira les moyens. Que science et religion
s'unissent.) pp. 21-50. — Ch. BRUSTON. Fragment d'une lettre perdue de l'apôtre
Paul. (II Cor. se compose de deux lettres : chap. 1-9, chap. 10-14. D'ùnedes cinq
lettres de Paul à Cor., supprimée, il reste un fragment, conservé dans II Cor.
actuel. Chronologiede S. Paul.) pp. 51-57. — H. CLAVIER; La méthode ironique
dans l'enseignement de Jésus, (fin.). (Analyse de quelques paroles ironiques.:
2. L'ironie dans la polémique directe, Le. VI, 24 ; Mt, VI,:2, 5, 16; Mt. XXI,
23-27 ; Mt. XXII, 15-22 ; 41-,46 ; Me. II, 1-12. 3. L'ironie familière. L'ironie
d'une promesse : Me. X, 29-30 ; l'ironie d'un refus : la réponse à la Cananéenne,.
Me. VII, 27 ; l'ironie du passé, Le. V, 39 ; l'ironie de laloï, Le. X, 28. Caractères
etportéedelaméthode.ironiquedeJésus.)pp.58-99. T-Ch.BRUSTON. Un- docu-
ment gallo-romain chrélien.ÇLectùTeplus complète d'une inscrlptiohpubliee dans
la Revue des éludes anciennes, 1928, pi. 1.). pp. 100-103. --'

*FRANCE (LA) FRANCISCAINE. 1930. Janv. — P. CHRYSOSTOME. La


spiritualité du Christ-Roi (suite, à suivre.) (Ch. IV. Le Christ prisonnier dans
l'âme. Son ennemi : l'égoïsme. La vie d'« organe conscient» du Christ.) pp. 1-
30. — F. DELORME.- La somme théologique du p. Eulrope Bertrand (+ 1673).-
(Documents sur ce maître franciscain qui enseigna à Toulouse vers le milieu-
.
du xvn-s siècle et qui, nous dit un des documents, «summam integram iheolo-
giae composuit ad mentem Scoli sub eisdem quaestionibus, ariieulis et lilulis qui-
bus divus Thomas suam distribuit ». De cette somme, seuls parurent des extraits
sur les sacrements.) pp. 31-44.

GIORNALE CRITICO DELLA FILOSOFIA ITALEANA.1930. Mars.


~v F. P'^IATÇ. Griardanq Bruno, (B. est homme de la renaissance, avec les.
'...-:-. REGENSION DES REVUES -
-,'' 643

innovations et les timidités de eeLte époque. Son hostilité contre la réforme ï


sop .attachement persistant mais curieux à l'Église romaine. Précurseur de l'i--
déalisipe contemporain par la foi qu'il eut dans la force créatrice de la pensée
humaine.) pp. 81-112. —E. CHIRIOTTI. Il concetto di màteria in Duns Scoto.
(Là différence de ce concept d'avec celui de S. Thomas d'Aquin. Critique de
l'interprétation de Landry.) pp. 113-134. — J. Huszri. Tendenze platonizzanti
::qiiacorteël/Matlia Corvino. (suite,à suivre). (L'activitédeFrancéscô Bahdini,
ami de Ficin et zélé propagateur du néo-platonisïneépHongrie. Le très grand
spêcès de sa propagande.) pp. 135-162.

;;fGREGQRIANUM.1930— Janv. .—P. GALTIER.-SaintAugustin et l'ori-


-
f'g'ine de l'homme. (Expose la conception que s'est faite saint Augustin des ori-
: gines de l'homme selon la Bible,
marque les raisons qui l'ont imposée à saint
Augustin, et précise la part qui y est faite à une intervention spéciale de Dieu
dans là formation du corps de l'homme. Examiné, ep terminant, l'usage qui a
fêté-fait delà théorie augustiniénne, à deux époques fort différentes : par le
pape Anastase II d'une part, pour expliquer l'origine de l'âme humaine en gé-
néral ; pàr-l'évolutionnisme d'autre part, pour expliquer l'origine du corps
duvpremier homme.) pp. 5-31. — C. BÔYER. Dieu:pouvait-il créer l'homme dans
l'état d'ignorance et de difficulté"! Elude de quelques textesi augustiniens. (H est
malaisé de démontrer que saint Augustin ait soutenu jamais l'impossibiUtéab-
solue d'expliquer la misère de l'homme, telle qu'elle saisie dans l'ex-
périence, sans recourir au péchéoriginel. Ils emb le qu'Augustin, en se tenant sur
le seul terrain de la raison et de l'expérience, ne désespérait pas de trouver quel-
que réponse acceptable pour justifier Dieu d'avoir fait l'homme tel qu'il est.)
pp. 32-57. ^-B. LEEMING. Augusline, Ambrosiaster and the massa perditionis.
(Il n'est pas établi qu'Augustin a lu l'Ambrosiaster, et de ce fait, toute preuve
qui tend à établir la dépendance doctrinale du grand Docteur par rapport à
l'Àmbrosiaster semble caduque.) pp. 58-91. —À..D'ÀLES. Le e De Agone chris-
tianoi. (Étude sur la façon dont saint Augustin concevait l'idéal religieux et
dont il le voulait réalisé) pp. 131-145. —'B. JÀNSEN, Qupmodo Divi Augustini
thèorià illuminationis saeculo decimo tertio conèeptà sit. (Recherche çôpiment
,.
S, Augustin a été compris au Moyen-Age sur là question de la connaissance de
layérïté,en particulier par Pierre Jean Olivi.)pp. 146-158.

HARVARD (THE) THEOLOGICAL REVÏËW. 1930.1. — J. S. BIXLER.;


Mèndndténdencièsin German rëligious thought'(Bulletin,rapidesûr les courants:,
delapenséerehgieuse en Allemagne.) pp. 1-18. — R. DUNQERLY. The Oxyrhyn-.
chus Gospel fragments. (Discussion des reconstructions proposées, et détermi-
:--.'nation du sens.) pp. 19-37. — R. H. BAmTON.'The.immoralilies ofthe pairiarçhs.
âccprdingtothe exegesis of the laie middle âges and of IheHeformation. (Comment,
expliquer les immoralités des patriarches, qui pourtant sont considérés comme
des modèles de vertus ? Solutions proposées : 1. Ils agirent par un ordre spécial
de DiéUj qui aujourd'hui ne se renouvelle plus.; 2. Cet ordre pourrait être renou-
velé. 3. Leurs actes peuvent se jus lifier par la loi naturelle, ou par la nécessité,
4. En réalité, les patriarches ne commirent pas l'acte rëprëhepsible.) pp. 39-49.
:
'^R, p. QASEY. The. 'A thens text of Athandsius^oiili^Gentes , anà De -ïnçarpar
vm- RECENSION DES REVUES

tione. (Reprend, pour l'histoire du texte d'Athanase, l'étude du ms. d'Athènes,


Nat. 428, commencée par J. Lebon, dans Rev. hist. eccl., 1925, pp..525 sq.,
1927,pp. 15 sq.)pp. 50-89. •—B. GOHEN. Therabbinic law prcsupposedlyMail,
XII,landLuke,VI,l.pp.91-92.
' JEWISH(THE) QUARTERLY REVIEW. Jânv.
— Dr. G: DUSCHINSKY.
Rabbi David Oppcnheimcr. (Vie du célèbre rabbin, né à V>rorms; en 1664, mort
en 1736. Il avait constitué une riche bibliothèque hébraïque qui fut acquise en
1829 par la Bodléienne pour la somme ridicule de 1350.livres.) pp. 217-247.=
Avril..— Dr. J. LÉON. New Malerial aboul the Jetvs of àhcienl Rome. (Recons-
titution delà vie des Juifs d'après le matériel trouvé sur les inscriptions des
catacombes juives,) pp. 301-312,

JOURNAL OF PHILOSOPHICAL STUDIES. 1930. Avril. —


KOHNSTAMM. Towards a new philosophy. (La conception centrale des philoso-
phies kantienne et néo-kantiennesde la Nature comme système clos n'est plus
conforme aux exigences scientifiques dîaujourd'hui. D'où-la nécessité.d'une-
philosophienouvelle qui se distingueraitpar les traits suivants :1a Qualité dans
le monde doit être considérée non moins que la Quantité ; la vérité n'est point
le prédicat de jugements isolés pas des systèmes complets de connaissance;
l'adhésion d'un homme à une certaine vue du-monde exprime.son expérience
la plus profonde : car il y a plus d'un système cohérent possible enphilosophie.
et nous n'adhérons point à l'un d'eiix sur de seules considérations rationnelles ;
il y a des rapports si étroits entre le langage et la pensée qu'il faut tenir compte,
des différences que le langage introduit dans la pensée; les différences entre
plusieurs situations concrètes étant non seulement quantitatives mais qualitati-
ves, il est impossible de les réduire à la simple expression de principes abstraits
et uniformes.) pp. 159-174. — Z. LUBIENSKI. Hobbes'Philosophy and ils histo-
ricalbackgrcund, (Il est.facile de découvrir dans le système entier de H. la ré-
percussion des événements contemporains. 11 serait opportun que l'on revînt
à ce philosophe, dont l'actualité est frappante. Un congrès international réuni
à Oxford en septembre dernier a fondé à cette fin une « Hobbes. Society »). pp.
175-190. — H. H. PRIGE. The appeal to common sensé (fin.) (Puisqu'on ne peut
écarter le seïiscommun comme fictif ou invalide, quelle attitude adopter envers
lui? Examen et critique'de diverses théories : le sens commun n'a point d'au-
torité parce que ses principes sont faux ; il n'a point d'autPritë parce qu'on né
peut dire si ses principes sont vrais ou faux ; le sens commun et le langage or-
dinaire sont toujours vrais. L'auteur-considère quel'attitude mentale de l'hom-
me commun,telle qu'elle s'exprime dansle langage ordinaire, est généralement
une attitude d'appréhension confuse. Il faut dire que les affh mations particu-
lières de cet homme ont autorité, premièrement comme posant des problèmes
que la philosophie se doit de résoudre,deuxièmement comme excluant certaines
doctrines philosohiques qui voudraient que ces affirmations.'-fussent fausses
et non seulement confuses. Mais il reste que les principes du sens comïpun, si
on pouvait les découvrir, les formuler et surtout en voir l'organisation.systé-.
matique, posséderaient une autorité beaucoup plus grande; une autorité abso-
lue.) pp. 191-201. —; A. E. GARRIE. Religion wiihout God, (Tous: les substituts
de Dieu qu' ont pu proposer les sçiçnces et les phUosophieg sont incapables dç
;';':,-' ; RECENSION DES REVUES " 645 ".

satisfaire le besoin religieux de l'homme.) pp. 203-215. —A. COATES. Historical '
causes. (Il est indispensable à l'historiendep'osséderunethéorië dès causés lus- :
toriques."Laseule;càUséréeïleest la volonté humaine individuelle. Nous gommes ;

tous à tout moment en-train de faire l'histoire.)pp. 216-229. —-W. M. URBAN.'


Modernism in science mid philosophy.(Aperçu ironique et critique.de quelques^ .

Unes dés innovations de l'intelligence moderne, et dont la plus étonnante semble .'
être .à l'auteur l'indifférence à la contradictionou.le goût d'accorder l'incômpa- ;'-

tibie; Nous avons trop longtemps supporté, la monstrueuse irresponsabilité de


maints penseurs. Le temps viendra où l'on jugera comme elles'lé méritent ces .-'
-extravagances.)pp,;230^245. -— W. G. DE BURGH. Ôii right and good, (à suivre),
(Se propose de déterminerles relations dë.ces.deux qualités et les deux types
dé vie qu'elles caractérisent. En ce premierarticle, fixe le sens de chacun des
deux mots, le juste exprimant cette qualité de l'action faite pour l'anipur du
devpir, le bon cette-qualité d'une action ou de préférence d'un caractère ordonné...
à une fin bonne. Là une valeur pratique etpropremënt morale, ici une valeur'--
'théorique, bonnemàisnonproprementmorale.)pp.245-256. — L. J. RUSSELL.'-.
Science and Vafoe.:(La science est elle-même une valeur que les hommes eher-
chept-à réaliser, eïièn'cstpas un simple instrument pour ta réalisation de va-
leurs différentes d;êhes-mêmes). pp. 257-265. '','._.

JOURNAL (THE) OF- PHILOSOPHY. 1930. 27 Févr. — L. E. AKELEY."


Methodology in Phtisies and Psychology with Philosophie Implications. LL. (La -
thëprie physique d'Eddington, aboutissement de la distinction posée par Ga-
liléë entre quâlitésprimâireset secondaires, heurte violemmentle sen s commun
On arriye à trop séparerlernesurable et le non-mesurable, la quantité et la qua- -'
lité, le physique et lé psychologique. A prepdre les éléments de l'analyse scien-
tifique comme absplus et non comme relatifs à un ensemble donné, la science :
-verse dans rirréel;):pp. 113-127. — J. MAÇKAYE.' The Thèbry of Relalivity :For.:
whqt is ita Disguisè 1 (Einstein n'a pas fait des découvertes mais des définitions.'--.
nouvelles. Supposé"iinéther dynamique et non statique, les formules «dlmen-
.
xionnelles » ne font: que traduire la classique théorie des déplacements de ra-
diations de Doppîer.) pp.. 127-134. = 13,Mars. — SIDNEY HOOK. A personql
Impression of coniémporary German Philosophy.(Remarquesgénérales: Toute
discipline en Allemagne -recourt finalement à ta philosophie ; c'est, possible
grâce à l'unité relative.que l'idéalisme donne.à la tradition philosophique alle-
màpde. L'histoire <ïè là philosophie tient une grande placé dans.l'activité des
philosophes. Cependant on s'occupe peu dés penseurs étrangers. On tient éga-; ,
lement peu compte du reiiouvellehientidë là physique. La pure ferveur-philo-
sophique s'allie cependant à des préoccupations étrangères : religieuses, poli?
tiques, sociales, racistes. Suivent quelques aperçus, sur les systèmes de Husserl,
M. Heidegger, N. Hartmann, H. Reicnenb'àch.) pp. 141-161, = Z7 Mars.
—~
GH.JA. BAYLIS. MeqningS and iheir Exémplifications. (Examiné la nature des.-
iiniyërsaux, leurs.rélâtioiis entre eux;, leur.distinction des particuliers, et leurs',,
relations avec e.ux,-ïeur valeur ontologique. Rend compte enfin delà valeur,de
; là .connaissance a:priori.) pp. 169-174.,—. J,; DBWEY. The'Applicdbiliiypf Logic
ip Existence. (Répbhsé,:à E. Nage], supra 1929, p. 705s,q. D, reprendla diseusr-
siopdu principe dii; tiers exclus, delà distinction entre caractères logiques et
caractères ontologiques, de la valeur:ontologique des propriétés logiques.
646 RECBNSIQN DES REVUES

pp. 174-180. — E. B. MACGILVARY. Recension des deux livres d^Eddmgton î


The Nature of the Physical World, Science and the Unseen World, pp. 180-194.
= 10 Avril. — F. S. C. NORTHROP. Concërning the Philosophical Conséquences-.
of theTheoryof iMaZzp;fy.(AuproblèmefondamentaldelamàtièreetdeIaïorme.
ont répondu dans l'antiquité grecque trois théories: l'une physique (Leucippe),
l'autre mathématique (Pythagore, Platon), la troisième «fonctionnelle» (Aris-
tote). Chacune d'elle a dominé l'une des p ériodes suivantes : la seconde le haut
MoyenAge, la troisième la période scolastique,la premièrel'ère moderne depuis
Galilée. La science contemporainecritique la physique traditionnelle. Pour ré-
soudre le problème actuel des relations entre matière et espace-temps trois so-
lutions se font joui-, celles de Einstein, E'ddington, Wlnteliead, répondant.res-
pectivement aux trois tendances primitives": physique, mathématique, fonc-
tionnelle. La théorie de la relativité semble amener à une nouvelle doctrine phy-
sique qui ajouterait à la considérationclassique des atomes microscopiques celle
d'un atome macroscopique qui les contiendraitet qui rendrait compte de l'uni-
formité et delà constance dans l'univers,comme eux de la variabilité.) p,P;197-
210. = 24 Avril. —W. E. HOCKING. Action and Certainty. (Examine i' «instru-
mentalisme ».de J.D.ewey. Critique sa définition delavèritéëtles thèses qui en
dérivent : pas de vérités immédiates, pas de vérités stables, pas de vérités à
priori, pas dé certitudes théoriques.) pp. 225-238. •— G. I. LEWIS. Pragmaiism
and Currenl Thought. (Si le pragmatisme insiste sur l'expérience directe, il
implique aussi une théorie fonctionnelle de la connaissance et conduit nécessai-
rement à un conceptualisme.) pp. 238-246. = 8. Mai. — J. RATNER. Jota
Dcwcy's Theory of Judgment. (La théorie du jugement de J. Dewey fait sortir
la Logique de l'impasse où se débattent idéalistes et réalistes, et lui ouvre une
voie nouvelle. )pp. 253-264. — F. J. E. "WOODBRIDGE. Expérience and Dialectic.
(La théorie instrumentalistede J. Dewey ne s'appuie pas en réalité sur une infé-
rence, mais sur une préférence métaphysique. Elle ne justifie pas l'expérience
par ses propres fruits mais par une dialectique qui en détermine la nature.)
pp. 264-271. — J. DEWEY. In Reply to Some Criticisms. (Brèvesréponsesà l'ar-
ticle précédentde Woodbridgeet aux articles de W. E. Hocking et G.I. Lewis
dans le précédent N°). pp. 271-277. -

JOURNAL DE PSYCHOLOGIE. Janv.-— W. KOHLER. La perception


humaine. (Gonférence de K. au' Collège de France sur la perception selon la
.«psychologie de la forme». Les données sensorielles sont perçues d'emblée
comme un tout organisé. K. attribue à la partie sensorielle du système nerveux
-les processus d'organisation.) pp. 5-30. — M. GRAMMONT. La psychologie et la
phonétique. La phonétique diaclwonique. (Dans l'évolution des phénomènes
« dépendants » (ceux qui se modifient sous l'action des phénomènes
voisins) les
facteurs psychologiques, attention, inattention, etc. jouent un rôle variable
.
suivant les cas.) pp. 31-58. — H. WALLON. Délire verbal, idées de possession,'.
d'irréalité, de négation. (Description clinique d'un, cas de .délire verbal.) pp"
.
60-83. — D. WEINBERG. Contribution à l'élude de la variabilité des individus.
(Problèmes relatifs à la « variabilité individuelle ». La « constance ipdivuduelle »
-
peut-elle être utilisée dans le diagnostic des aptitudes ?) pp. 84-90. —P. GUIL-
-LAUME et I..MEYER'SPN. Quelques recherches sur l'intelligence des singes. (Com-
mentaire d'un filpi: cinématographique,- donné ^ la Société de Psychologie le
.
REGENSIONDES REVUES 647'

13déc. 1928.)pp. 91-98.—J. MAROUZEAU.Prévision: et souvenir dans l'énoncé.'


(« La forme de l'énoncé se trouve déterminée non seulement par les souvenirs
et prévisions propres à celui qui s'exprime, mais par ce qu'il peut attribuer de
souvenirs et de prévisions à celui qui perçoit. ») pp. 99-111. —G. DAVY. Là psy-
chologie des primitifs d'après Lévy-Bruhl. (Étude critique des ouvrages de L.-B.
.
sur la psychologie des primitifs.) pp. 112-176. = Mars. — P. GUILLAUME et
J. MEYERSON. Recherches sur l'usage de Vinslrument chez les singes. (Expé^
riences faites à Paris -r- Institut Pasteur et Jardin des Plantes — sur diverses
espèces de singes, de 1927 à 1929. Toutes ces expériences décrites minutieuse-
ment ont trait à la « manoeuvre du détour », avec ou sans bâton.) pp. 177-236.
—- L. DUGAS. La mémoire des sentiments. (I. La mémoire affective, qui consiste
à éprouver de nouveau des sentiments éprouvés autrefois, est « une mémoire
à part, exceptionnelle». II. D. distingue la « remémoration affective » -— rap-
pel volontaire des idées qui entraîne par contre-coup celui des sentiments —,
de là « reviviscenceproprement dite », retour spontané et imprévu des sentl=
ments eux-mêmes.) pp. 237-257. P. MASSON-OURSÈL. Les aspects dynamiques
du verbe être en sanskrit et leur influence sur la psychologie de l'Inde. (Complexité:
et richesse du verbe être en.sanskrit, en comparaison avec la notion grecque de
l'être.) pp. 259-261.— G.-H. LUQUET. Le rire dans les légendes océaniennes.
(D'après les cas relevés par L. dans les légendes océaniennes, « l'explication du
rire tirée de la psychologie individuelle est objectivement au moins aussi plau^
sible que l'explication religieuse ou sociale ». Déplus «lerifen'auraitpu acquérir
une fonction sociale si les membres de la société n'avaient pas eu déjà l'expé-
rience personnelle du rire. ») pp. 268-288. — J. LÉVY-VALENSÏ." Bovarysme et
constitutions men ta les". (Nature du « bovarysme » ; il se greffe sur plusieurs con-
stitutions mentales.) pp. 289-299. — M.-LATOUR. Remarques pour une théorie
des émotions (« Selon notre théorie, les émotions sont provoquées soit par le
succès, l'affirmationd'une volonté ou la révélation des attributs de la volonté ;
soit par l'échec, l'infirmation d'une volonté ou la négation des attributs de la
volonté».) pp. 300-316. — G. DWELSHAUVERS. Pour remplacer l'ergographe :
le frein dynamométrique, (description d'appareil.) pp. 317-319.

JOURNAL (THE) OF RELIGION. 1930. Avril. — J. MOFFATT. Ignqlius


of Antioch — A study in personalreligion. (La religion personnelle de S. Ignace,
qui insipre tous ses conseils, est commandée tout entière par une ardente, dé-
votionà lapersonnedu SeigneurJésus-Christ,considéré surtout comme Rédemp-
teur.) pp. 169-186. —r R. OTTO. The commontasks of Protëstantism and the me-
thod of their fulfilmenl. (Discours prononcé au Congrès de Màrburg, 12-13 sept
1929. Le protestantismeest un, à travers larichesse deses formes diverses ; mais
il manque d'un lien pratique d'unité et d'un organe pour l'action commune. Un
« Sénat protestant universel pour la protection des intérêts communs du Protes-
tantisme » est particulièrementnécessaire de nos jours ; il conviendrait en effet
de pouvoir donner la réponse du Protestantisme comme tel à des questions uni-
verselles d'ordre moral (mariage, propriété) ou culturel (calendrier, fixation
de la date de Pâques) ; assurer la protection des minorités protestantes ; repré-
senter, dans le mouvement oecuménique,à côté de l'église orientale et dei'église
anglicane, un protestantisme unifié. Il suffirait pour cela d'étendre 1&\ sphère
d'activité du e Bureau Central Européen pourl'eptr'aide des Églises » (Euro-
648 RECENSIQN DES REVUES '
:

pâische Zentralstélle fur.kirchliche Hilfsaktion ».) pp. 187-199.— Th. H.'Ror


BINSON. The prophétie literature in récent criiieism. .(La critique,du .19° siècle sur
les livres prophétiques fut principalement subjective (Duhm). Au xx° s., on a..
pu obtenir des résultats plus objectifs par l'étude du mètre hébreu et de lapsy-
chologie des prophètes. Mais c'est l'examen de la structure; des documents eux-
mêmes (à la manière de Graff-Wellhausen pour l'Hexateuqùe) qui fera faire les
progrès les plus assurés. Cette méthode a déjà permis de distinguer 3 sortes de.
.
textes : oracles (en forme poétique) ; passages biographiques, (en prose, à la 3°
personne) ; passages autobiographiques (en prose,à la Ie personne), — et .3
phases dans la composition : rédaction des oracles particuliers ;leur groupement
en petites collections ; constitution de compilations plus vastes.Les:questions
de date, d'auteur, d'interpolation, seraient à étudier seulement ensuite et en ;
fonction de ces principes.) pp. 200-221.— SHAILER MATHEWS. The religious basis
of elhics. (Critique du livre de W. Lippmann : A Préface to Marais. Les autorités
surnaturelles qui servaient autrefois de base à la morale ne valent.plus. L. veut
fonder la morale sur une « haute religion » qui en réalité n'est qu'un stoïcisme
idéaliste.Maisil faut concevoir Dieu comme l'ensemble des activités productrices
de personnalité à l'oeuvre dans l'univers. Et la morale est l'ajustement de l'ac-
tion humaine à ces forces qui l'enveloppent:et la soutiennent en même temps
qu'elles la dépassent : c'est en ce sens qu'elle peut être dite religieuse.) pp. 222-
231. —- A.GRONBACH.r/ie peace ideals of the Churches. (Étude analytique de 239
déclarations pacifistes émanant de groupes ecclésiastiques. Attitudes géné-
rales. Positions prises sur des points particuliers, comme : propagande, arbitra-
ge, Ligue des Nations, Cour internationale, désarmement, gaz asphyxiants,
Conférence de Washington, Locarno, etc.. etc.. Tendances conservatrices,
.
tendances radicales. « Souhaitons que l'église se montre plus Capable de détour-'
ner la guerre qu'elle ne le fut d'empêcher la participation à une guerre déjà
.
commencée. ») pp. 232-252. — E. E. AUBREY. Graduaté training for ieaching
religion in Collège. (Suggestions relatives à la préparation de professeurs de re^
liglonpourlescollèges. 1. Buts et problèmes de l'éducationreligieuse au collège.
2. Formation intellectuelle nécessaire au professeurde religion. 3. Plan d'étu-
de, destiné à assurer cette formation.) pp. 253-261.
..

JOURNAL OF (THE) THEOLOGICAL STUDIES. 1930. Avril. -^


C. H. TURNER. Pro legomena to the «Testimonia » and « Ad Foriunalum » of
.
St Cyprian -(suite). ( IV. La date et le texte des deux écrits : le Testimonia fut
achevé avant la fin de 250 et ï'Ad Foriunalum est du printemps de 253 ; le texte
de la Bible de Gyprien est d'une homogénéité substantielle.) pp. 225-246.—
-F. W. THOMAS. The Vedas and Upanisads. (Compte-rendu de l'ouvrage d'Ar-
thur Berriedale Keith, The Religion and Philosophy o] tire Vêdas and Upanïs-
hads.) pp. 247-258,—F. C. BUEKETT. The Didascalia. (Compterendu delà ver-
sion des Didascaliq Aposiolorum faite et éditée par .Dom R. Hugh Connolly.)
pp. 258-265. — W. S. TAYLOB. The Seven Seals in the Révélation of John. (Les
visions des sept sceaux sont étrangères au contenu du petit livre dont il est
parlé au chap. V.; la révélation de ce contenu commence, après la rupture dh
septième sceau, avec la série des trompettes.) pp. 265-271.

-L9G9S,1930, Jany.-^F/ALBEGGiAKi, IlfilospfosecoftdoPlaiône,(Adéfaut-


;:;;:; >'ifeicENsiON DES REVUES -..' '649
d'un dialogue exprès sur le philosophe, l'àutèur recueille de divers endroits de
Platon les traits grâce auxquels il peut reconstituerla figure du philosophe selon
'Platon.) pp. 1-17). —.Éï DI CARLO. Recenliriçerche bibliografiche-inlor.no a
P. Galluppi. (Récension d'écrits complètement inconnus du philosophe cala-
brais, récemment découverts par rauteur.-);pp. 18-24. — G. CARBONARA. Léon
Brhnsciwicg (suite), à= suivre:) (2 e partie :1e problème de la science. La philo-
sophiedu Jugement.etl'irrationnalisme ; la-logique des relations ;• l'unité comme
norme, idéale du progrès ; les étapes de la. philosophie mathématique ; I'expé-
; rienceli.umaine et là.causalité physique,) pp. 25-49. —ï,. GRASSI. L'idea délia
.
ragiondi Siqto, seconda il Meincçke. (Exposé de la-pensée de M., spécialement
d'après VEinleiluiig,qùiést comme le cadre, philosophique du vaste tableau his-
tdriquedessiné par l'auteur sur la raison d'État depuis .Machaiveljusqù'à.Treit-
schkè.)pp. 50-61. —j E.; VI'GORITA. Pasquàle Galluppi. (Aperçu surla vie, les
oeuyres.et la philosPphië(gnosiologie et morale) de G., qui tentale premier une
élaboration renouvelée et originale du. kantisme en Italie.) pp. 62-78.

M|ND. 1930. Avril.—A. G. EWING. Directknowledge and Perception. (Pour'


expliquer le fait de là connaissance directe de la-matière, difficultés de la théo-
'. rie.de la perception « directe » ou de la théorie"?; représentative » :: « nous devons
admettre que les réalités perçues sont quelque chose d'intermédiaire entre le
mental et le matériel »).; pp.: 137-153. —- L, A. REID. immédiate Expérience :
Ils Nature and Content. (« L'expérience immédiate, ou.sentiment de connaître,
:sop contenu » — cognition, activité, tonalité affective, états corporels, — « sa
relation à son contenu.:.; à la tonalité affectives, au monde extérieur et à la
vie courante.) pp. 154-174. — D. OAKELEY. Time and the Self in Me Taggart's
System. (II semble que M- T. aboutisse à nier, la réalité du temps par une métho-
de-qui combine l'a priori et l'expérience etse place à des points dé-vue succes-
sivement objectif et subjectif. Cette négation semblé supprimer le fondement
de la logique et ne pas faciliter la solution du problème du mal. Mais surtout il
.paraît;? impossible de concilier une doctrine de la réalité des personnes telle
que la professe M. T. » avec le rejet de la.réalltë du.temps.)pp. 175-193, — H.
'D.;;RpÉLOFS. Sine Qua-Non Conditions. (L'es propositions conditionnelles de
condition nécessaire.et .celles de condition suffisante sont logiquement conver-.
';.tib:ïës,:mais nullement.équivalentespourJe-sens.commun-) PP.- 194-202. ;.

SNËW (ÏHÈ) SCHÔL'ASTÏCÏSM. 193Ô> Janv.


'-''. — A. LANDGRAF. Some
unknownwritings of ihë.éqrly scholastic përidd-, (Grâce à des citations, recueil-
lies au cours de ses lectures parmi les ouvrages, inédits, l'auteur fournit des
inîprmâtipns littéraires sur : Adam du Pétit-Pbnt et Robert de Meluli, Robert
-
Pulleyn (et, en note; Robert de Monte), Maurice .de Sully.) pp. .1-22. '— E. Voîsr
RYÇKEN.WILSON. Empty(l) space. (Compareles doctrihes des Anciens sur l'es-
pace avec les concepts physiques et mathématiques què.s'en font les modernes.)
ppi 23-36i — F. A. WALSH. A récent sludy of universal. (Étude critique d'un
article du R. P. Richardspn, paru dans The Monist, Oct. 1929,) pp; 37-45. -^
.
D.G:. O'GRADY. A feu) notés on themetaphysiçsôf mattër, (Les arguments appor-
tés,.au nom des théories Scientifiques modernes, contre l'existence de la sub»
stahëe-màtérielle et île la matière, ne valent pas.) pp. 46-52. = Avril. — Gv
JjAcoiOEE, The auihenlicity of the « Summan of cardinal St. Lqngton.(Soutient
,
650 RECËNSlON DES REVUES
,.
contre Dom Lpttin, Rcch. de théot. méd., 1929, pp. 497-504, l'authenticité de
la Summa contenue dans le ms. dèBamberg, Patr. 136.) pp. 97-114. — G. LA-
COMBE et A. LANDGRAF. The « Quesliones of cardinal Si. Langlon. ÏIL (Les
-^

trois famillesde Ques liones : comment les agencer? comment fixer leur authen-
ticité ? La famille représentéepar lé ms. Paris, Nat. -lat. 1:4556 (St. Victor) con-
tient la réportation des dispuiationes de L. ; preuve par rapprochement avec
la Summa de Geoffroy dé Poitiers. Observation du parallélisme entré ce même
ms. et le commentaire de la Magna Glosatura ;que conclurede ces identités tex-
tuelles. Comment se faisaient les collections de matériel tliéolpgiqûe appelées
Quesliones.) pp. 115-164. — A. L. GREGORY. The Cambridge manuscript pf the
e Quesliones » of St. Latigton. (Ms. Cambridge, St. John's Coll., 57, le plus
important de tous. I. Comparaison avecles mss. français. II. Les commenta-
teurs de ce ms. III. La première section de ces Questions (Ca). TV. La seconde
section (Cb) ses caractéristiques. V. Les dernières sections (Çç, Cd, Ce);
arrangement des quesliones en forme de Summa theplogica.) pp. 165-226. .
NIEUW THEOLOGISCH TIJDSÇHRIFT. 1930. 2. — H. Y. GROENE-
WEGEN. IS het Christendom de absolute godsdiensfi (Le christianisme est-il la
,
religion absolue? A l'occasion du livre de W. Scheller : Die Absolûtheit des Chris-
lenlums. Ihr Sinn und ihre Berechtigung ; comparaison de l'opinion de H. Y.
Gr. avec celle de. W. Sch.) pp. 101-111. — J. L. SNETHLAGE. Humqniseeringof
Daem.oniseering. (Humanisation ou démonisation.Devohs-nous former notre
idée de Dieu en nous le concevant comme un homme ou comme un démon ?
Réponse de l'auteur; au point de vue éthique, l'idée d'un Dieu humanisé vaut
pratiquement mieux. Mais en fait il est plus conforme à la réalité de le concevoir
comme un démon. Desperqtio fiducialis et amor fatil Voilà l'attitude rêvée.)
pp. 112-123. — G, A. VAN DEN BERG VAN EISINGA. Brorinenscheiàing in Hande- '
lingen 17-28. (Distinctions des Sources dans les Actes;) pp. 124-138. — J. R.
BUISMAN. Hélikia: (Matthieu 6, 27. Comment le mieux traduire ce mot : âge ou
taille. Étude comparée avec Hérodote III. 16.) pp. 139-145.

«NOUVELLE REVUE THEO LOGIQUE. 1930. Jànv.— R. BoiGELOT.


Le moi « personne » dans "les écrits'irinitàires de Saint Augustin. (S. Augustin
donne parfois au mot de personne le sens de rôle, de mandat confié à un être
humain. S'ill'entènd aussi dans notre sens philosophique d'individu doué d'in-
telligence, il répugne à l'utiliser, considérant que ce nom de personne est un nom
absolu, difficile à attribuer pluralément à la Trinité.) pp. 5-16. = Févr. :— J,
MARÉCHAL. La vision de Dieu au sommet de la contemplation d'après Saint Au-
gustin, (à suivre.) (I. La vision intellectuelle. S. Augustin, dans les premières
années de sa conversion ne semble pas avoir clairement distingué l'extase des
néoplatoniciens d'une vision immédiate de Dieu. Il perd assez tôt sa confiance
première dans les dires de ces philosophes et oppose l'impuissance de leurs in-
tuitions orgueilleuses à la surnaturelleefficacité de la vie de foi, sans néanmoins
définir exactement en quoi consiste la « pensée imparfaite et partielle dél'im-
muable vérité » qu'il leur concède encore. II. La contemplation chrétienne. S.
Augustin accorde au contemplatif chrétien, dès la vie présente, la possibilité
d'une vision deDièu aussiprochaine et parfaite que le luipCrmettentla Tradition
: RËGÉNSIÔN DES REVUES 651

et les Écritures. Il ne vide pas les formules platoniciennes deleur signification ,;

verbale, mais voit clairement que ces formules ambitieuses n'ont dé réalisation
possible.que dans le christianisme, et même pour une paît dans la vie future.
La contemplation chrétienne est un acheminement à la vision béatifique.)
pp. 89-109. — P. CHARLES: La philosophiedu primitif. (Quele primitif soit in-
compréhensible parce qu'il est plongé dans le prélogisme, c'est là une affirma-
tion pernicieuse née d'une méthode délibérément autiscientifique et du dogme
notoirement faux de l'homogénéité des primitifs.) pp. 110-126. = Mars..— J;
MARÉCHAL. La vision de Dieu au sommet de la contemplation d'après Sainl-Au-
guslin (suite). (III. La vision immédiate de Dieu ici-bas. Si la contemplation
chrétienne ne dépasse pas.régulièrement ici-bas une connaissance médiate de
Dieu par intuition intellectuelle des idées et en particulier des images" de la
Trinité que l'âme porte en soi, elle comporte cependant, sous l'initiative di-
vine, une certaine vue directe, mais fugitive de Dieu tel qu'il est en soi ; ce
degré exceptionnel n'est atteint que dans le ravissement et ne peut avoir la
plénitude saturante de la vision béatifique.) pp. 191-214. = Avril. — F. DE
LANVERSIN. A propos de Prière pure ». (Loin de n'être qu'une passive accepta-
%

tion, un paisible acquiescement, la prière, oeuvre propre de l'Esprit-Saint au


plus intime de notre volonté libre, est en sa réalité concrète, notre propre
soumission, demande et offrande au Père.) pp. 265-281. — F. JANSEN. Saint
Augustin et la rhétorique. (Comment S. Augustin fut rhéteur ; ce qu'il pensait
de la rhétorique.) pp. 282-297. = Mai. — H. DE LUBAC Apologétique et théolo-
gie. (Une théologie s'anémie et se fausse qui ne conserve pas constamment des
préoccupations apologétiques ; par ailleurs il h'est pas d'apologétique qui,
pour être pleinement efficace, ne doive s'achever en théologie.) pp. 361-378.
—- E. FRUTSAERT. La réconciliation ecclésiastique vers l'an 200. (Pour expliquer
un certain rigorisme disciplinaire dont le dePudiciiia deTertullieii fait men-
tion, on suppose qu'au début de la pénitence-publique l'intervention déterminée
et explicite du prêtre de l'Église, véritable action sacramentelle, était efficace
.
mais ne devait réaliser son efficacité qu'au terme del'exomologèseimposée par
l'Église.) pp. 379-390. —-Ë. MERSCH. Deux traits de la doctrine spirituelle de
Saint Augustin. (Sens aigu du péché ; docilité à se laisser envahir par la grâce.)
.pp. 321-410. = Juin. —- L. PEETERS. La vie spirituelle esUelle en progrès"!
(Symptômes et caractères distinctifs du renouveau spirituel dont se glorifie le
xxe s.) pp. 441-465. — J. DE GHELLINGK. ~Les Rétractations de Saint Augustin
examen de conscience de l'écrivain. (Mieux qu'un simple catalogue critique de ses
oeuvres, les Rétractations de S. Augustin sont un document psychologique et.
littéraire.) pp. 481-500.

«ÔNS GEËSTELiJîs. ËRF. 1930. Avril. — D. À. STRÂCKE, S. j. Ovéf


bekecring en doopselvan Chlodovech. (De la "conversion et du baptême de Glovis.
.—'La valeur et la composition du manuscrit de la Vita Vedaslis veiusliof
(brevïor), (suite, à suivre), pp, 123-167. — Dom J. HUYBEN. O.S.B.De vcrsprep-
-
ding der Nederlandschcspiritualiteil in hetbuitenland in de XVI? en XVe eeuw.
(La divulgation de la spiritualité néerlandaise à l'étranger au 14e et 15° siècle;
—-Quelques facteurs qui ont favorisé cette divulgation.Quelques obstacles.) pp
186-182; — P. L. VERSCHUEREN. O.F.M. Herpuilgaven in Franlcrifk. .(Exemple
de l'influence de la mystique néerlandaise en France. Les éditions de Herp 'fcfc
652 ;REGENSÏÔ^ DES REVUES/ :-S/':
France:) pp. 183-195. — P. M. VERJANS. O.F.M. P. Hendrik vàh'Sàiiteh (j; :
1493). (Un mystique franciscain du temps de Herp, resté inconnu. Notés sur
sa vie ; ses écrits ; sa doctrine et ses sources ; influencé et valeur.) pp.196-20.4.

*PHILQSOPHISCHES JAHRBUCH. 1930. 1. — "H; STRAUBINGER;


Evidenz und Kausalilàisgeselz.(Pour justifier la valeur du principe de causalité,
iln y a pas à se demanders'il est analytiquepu synthétique maiss?il'est: évident
ou non. Critique des tentatives faites particulèrèment par.:G.arrigpu-Lagrange
et Sladeczek pour ramener le principe de causalité à une.éyiûencë médiate.On :
.
ne peut non plus en faire avec Sawicki un postulat. Résteldônc si on'Veut le
tenir pour certain qu^ilsoit donné immédiatement avec .l'être de l'intelligence;)
pp. 1-17; —B. JANSEN. Augustinus und Kanl. (Vue djensemblé sur làphïlpso-
.

phie de la connaissancede Si-Augustin et de Kant considérées comme les ;' deux -


positions antithétiques fondamentales autour et entre lësquëiles s'est disputé
dans l'histoire le problème de la. connaissance. L'auteur fait suivre cet article
de quatre réflexions d'ordre général sur la méthode que devraient suiyxe/dé nos
jours les philosophes sçolastiques.) pp. 18-40.— P; FEÉIG, Die Erlcennlniss
.
der Ausenwelt ndch Thomas von Aqùin. (En étudiant lanotion âespeciès èiïpfessa
dans S.Thomas, F. tenté depréciser la portée du réalisme de .ce-docteur. Il éta-
blit successivement que l'objet propre de la connaissance estppur S; T.là'spe-
cies et non l'objet extérieur en lui-même, que cependant ç'estôcet phjfitqhchpUs;
connaissons et il tente de rendre raison de ces deux affirmations apparemment
-contradictoires en avançant particulièrement..qu'entre, la; species -et l'objet
extérieur il y a similitude parfaite de contenu mais différence sous le rapport
-du mode d'être.) pp. 41-66. — E. PIERNIKARGZIK. Das Nqturgezclz bei Johari- :
nés D uns Scolus, (La notion de loi naturelle dans D. Scot, à) .«L'aniour de Dieu
comme source de la loi naturelle, b) et c) Contenu et- cognoscibilité dé la loi
naturelle, d) Son caractère d'absolu.) pp. 67-91.. — H. ÉBER.T. .Augustinus
Stcuchus und seine phitosophia perennis (fin.) (II. Influenceïde la philosophie
de.Steuchus sur ses contemporains. III. Sa valeur : màlgrélè manque d'esprit
critique qui.caractérise cette oeuvre, on doit louer l'immense éruditiôhVèt les
qualités de composition qu'a su y apporter son auteur.) pp.:92-lÔ0. .== ; 1930.
2. —• L. STURZO. Historismus und Tranzendenz. (Étude dirigée contre.la;çon-
ception.historiciste-idéàhstede B. Groce et de son. École.); pp. 16ïrÏ7:3j — O.
FBCHNER. Zum Problèm der Melaphysik. (Contre la prétention de.Heidegger
et de P. Hofmann de substituer à l'ontologie comme scieheesuprêmeune ànthro-
pologie, F. défend la possibilité d'une métaphysique générale de l'être-et sa-
fonction de science suprême.) pp. 174-179". — H. FELS. Stenlano und'LCqnt.
(Dans la philosophie actuelle oh doit distinguer deux courants principaux celui
,

qui a pour chefs défile Platon et Aristote et celui qui s'autorise de Kânt. ""Après
un exposé de la sévère critique de Kant faite par Br.entano:,;;F. revenant à.ses
idées personnelles conclut que l'avenir de la philosophie sera dans un arlstoté-
lisme platonisant.) pp. 180-188. -— K. ESWEIN. Die WëscnhëiibéiJphâhncs.
Scoltus Eriugcna. (Détermination chez Scot Erigène de la notion d'. « esseirtia »
ou « ousia » par comparaison avec les concepts capitaux du système :; être
substance,nature, corps,genre... Conclusions; d'ensemble portant sur leseps de
tout le système.) pp. 1.8.9-2.06. — A .SEITZ. Golt und Menscfiin der Mysiik dës^
Miltelalters (à suivre.) (Après, avoir défini là mystique comme une tendance.à
RECÈNSIÔN DES RËVTJES "
653.,

l'union divine, l'auteur se cantonne dans l'étude delà mystique de H. Suso dont
elle expose d'abord la conception sur Dieu.) pp. 206-221.

«RECHERCHES DE SCIENCE RELIGIEUSE. 1930.Avril. -^ J. LE-


BRETON. Les origines du symbole baptismal: (Sur là discussion Dom Ûapelle-
M. Lietzmann. Le symholébaptismal estune formule liturgique. La formule
christologique y fut introduite, d'abord après lé 3e article, puis après le second
pour défendre la foi des catéchumènes contre les hérésies.) pp. 97-124..«— MA-
RIE COMEAU. La vie intérieure du chrétien d'après les « Tractalus in Jpannem
de S. Augustin, (fin.) (Au delà de la contemplation philosophique muée en orai-
son, S. Augustin doit à l'Évangile la connaissance d'une voie d'union à Dieu :
par la grâce prévenante et dans la charité fraternelle.. Les antimonies de l'ac-
tion et de la contemplation se résolvent dans la vie apostolique.) pp. 125'149.
A, D'ALÈS. La Théophanie de Mambré devant la tradition des Pères. (L'exégèse
trinitaire de cette théophanie apparaît aux alentours dit 4e siècle chez les grecs,
les latins et peut être dans le domaine syriaque. Elle n'a jamaisréuni le consensus
dogmaticus.)pp. 15Ô-16Q. — J. LEBRETON. S. Cyprlenet Origène. (Contre M. H.
Lewy, la dépendance dé Gyprien n'est pas démontrée.) pp. 160-162. — E. DRU-
TOÉ, La première rédactipn du Cur Deus Homo i,de S. Anselme. (Le- Libellus
«
Anselmi Cantuariensis Cur Deus homo inédit, que l'auteur va éditer, est une
ébauche du Cur Deus Homo apologétique.) pp. 162-166.

*ÏÎEGHERCHËS fiE THEOLOGIE MEDIEVALE* 1§3Ô* JaiWi ;- 13.


GAPELLEiZ.es origines du symbole romain. (Ce symbole R est issu d'un symbole
plus court,qui s'élargit en un credo long dont la caractéristique est le développe-
ment christologique du second articlej Gette amplification eut lieu sans doute
dès le milieu du second siècle, peut être avant S. Justin. Il semble que l'insertion
dé ce développement christologique n'avait pas d'autre sens que de rendre plus
explicite la profession de foi (contre Holl.) Histoire de ce symbold) pp. 5-20.
— O; LOTTIN; La connexion des vertus avant S. Thomas d'Aquin. (Évolution
de ce thème doctrinal en deux étapes : de 1150 à 1215, la connexion est admise
sans distinction par la presque totalité des théologiens; Avec Godefroid de Poi-
tiers (1215), la distinction s'établit entre les vertus acquises et les vertus infu-
ses : d'eu nouvelleposition du problème ; on refuse la connexion des vertus ac-
quises. S; Thomas réagira. Gitations copieuses de textes inédits, en particulier
de Odon Rigaud et de Jean de Limoges, dont on constateral'étroite parenté
littéraire.) pp. 21-53. —^ F. BLIEMETZRIEDER. Trente-trois pièces inédites de
l'oeuvre inédite d'Anselme de Laon. (Une partie des fragments d'A., contenus
dans le Liber pancn'sz's; a été éditée ; on publie ici les fragments qu'on avait
omis et qui sont loin d'être sans intérêt. En note, divergences du manuscrit
d'Avranches, et observations doctrinales. Caractères de ces fragments ; place
d'A. dans le développement de la théologie.) pp. 54-79. —A. LANDGRAF. Notes
de critique textuelle sur les Sentences de Pierre:Lombard. (L Les «notulae »
apposées aux Sent, de P. Lombard. D'après les Glossae super Senleniias dùrhs.
de Bamberg, Pair. 128: Ces Glossae attribuées, sans preuve* à Pierre de Poi-
tiers, sont en tout cas antérieures à ses Sentences. Édition de ces « notulae ».
II. Y a-t-iïplusieurs éditions des Sentences de P. Lombard? Non; pas de chan-
gements substantiels, mais des corrections ou des suppléments qui ne méritent
REVUEDES SCIENCES.;•— T. XIX.,EASC.3. »— 42,
654 RÉCENSION DES REVUES

pas lé nom de nouvelle édition. Ainsi entémoigne lerns. deBamberg ÏII. Les
disputes de P. Lombard. Ce même ms. fait allusion à des discussions orales non ,

fixées par écrit.)'pj>, 80-99. = Avril. — J. LEBON. L'apostoliçiféde la doctrine de


la médiation mariale)(Elle est condition de défhabilité.Comment mener une en-
quête historique sur cette apostolicité.Nepas chercher.un concept technique de
médiâtion,mais des données sur le.rôla actif delà Vierge dâpsf éconpmiedu salut
Trois témoins : S. Justin, S. Irénée, Tertullien. Développement de ce thème:
plus complet chez Irénée : le parallélisme entre Marie et Eve, Son exact contenu.
Comment le témoignage de ces trois auteurs implique une grande antiquité de ;

la doctrine. On peut même, par S. Irénée, y discerner uneorigipe apostolique.


Hypothèse sur Ja toute première genèse de cette doctrinè.)pp. 129-1:59.--— Ch!
BALIC, O.M. A propos de quelques ouvrages faussement attribués àJ:Duns Scot.
(Longue analyse de. trois traités pseudëpigraphës : deux traités stirles Forma-
litatés, dont l'un n'est pas antérieur au début du xve siècle,; etl'autre'pourrait,
avoir pour auteur Pierre Thomas, disciple immédiat de Sept. Le troisième pseii- l
dépigraphe est Un commentaire des Sentences, contenu dans le ms. Cambridge.
Gains and Gonville, Coll., 3.00, que le P. Longpré attribua récemment, Arch,
Fr.Hist. 1929, p. 232; au franciscain Guillaume de Nottiiigham ; description
détaillée, doctrine sur le constitutif des personnes divines.) pp. 160-188;'— A.
WILMART. Les propres corrections de S. Anse Ime dans sa grande prière -à la Vierge -
Marie. (Étude minutieuse de ces corrections. Comment et quand fut-elîé com-
posée ; sans doute'entre 1063 et 1070, certainement avant 1077,,lntérêtd'avoir
.

fixé le texte capital d'A. touchant la doctrine de la maternité divine.) pp.


189-204.

''REVUE ANTHROPOLOGIQUES; lé36... Jajtt^ ' ^f £. HERVÉ/ Xd'


génétique de Buffon (suite et fin.) (Continue une étude parue en juin 1923 sur
les observations de Bùffon relatives à l'hybridation des Chèvres et des moutons,
du chien et du loup,; du renard et du chien.) pp. 5-15. '-T-.D..::ZPLOTARÉV. Les
Caréliens de V U. R. S. S. (Résumé des travaux publiés eh langue russe sur les
Caréliens, qui appartiennent par leurs particularités linguistiques à la famille
des Finnois occidentaux et qui appartienneiitterritorialepiént à la partie nord-
ouestdel'U. R. S. S.)pp. 16-31. —A. NICEFORO. Quelleesllameilleure méthode
à suivre pour faire une psychologie des « races » ? (Cette méthode consiste à dres'
ser d'abord une statistique de la fréquence des différents types de constitution
au sein de chaque race, à désigner dans chaque pays un comité d'experts qui "
choisirait, parmi lés sujets qui passent au conseil de révision, les représentants
les plus rapprochés de Chaque type de race et qui examinerait ensuite pour cha-
cun d'entre eux le type de constitution et en fixerait la formule ; puis à établir
le rapport existant entre le protrait psychologique e la formule constitution-
nelle'; à tirer décès.cemparaispns des cenelusions d'ordrègéhéral ; à avoir re-
cours dans toutes ces recherches à des méthodes statistiques fixes et délicates.)
pp. 32-42. — H. ERÉUIL et D. PEYRONY. Statuette féminine dUTignaçienne de
Sireuil(Dordogne). (Description d'une Statuette stéatopyge. qui appartient à
la collection léguée par le Dr. Capitan au Musée des Antiquités nationales de
Sàint-Germahi-en-Laye.)pp. 44-47. —-D. PEYRONY. Le Mousiier,ses gisëtnenls,
ses industries, ses-couches géologiques (à suivre.) (Description dès lieux, du gi-
sement de la terrasse de l'abri classique, du gisement de la terrasse inférieure \
BË'CËNSION t>ËS REVUES ëôo

étude détaillée des diverses couches géologiques et archéologiques et de leurs


industries.) pp. 44-76. — É. LINCKENHELD. Les dépôts de l'âge du Bronze
en Lorraine (Moselle). (M. L. G. Werner a complété pour l'Alsace la liste des
dépôts de l'âge du Bronzé dressés par Déclielette pour la France ; l'auteur fait
le même travail pour la Lorraine désannexée.) pp. 77-86.

PREVUE APOLOGETIQUE. 1930. Avril. — L. RICHARD. Péché et ré-


demption. (Une étude du péché — actuel, habituel, originel — montre l'huma-
nité impuissante à se libérer elle-même. Il faut une rédemtion, qui est essentiel^
lement un pardon, mais qui, pour être plus adéquate à la grandeur du mal
requiert l'incarnation de l'Homme-Dieu.) pp. 385-408. •—A. TRICOT. Les idées,
religieuses du monde juif palestinien au temps de N. S. (fin.) (Étudie les prati-
ques religieuses, circoncicsion, sabbat, fêtes, jeûnes, purifications, prières, oeu-
vres de miséricorde — le messianisme, l'apocalyptique, la résistance à l'hel-
lénisme.) pp. 409-426. —P. EXBRAYAT. Le non-civilisé et nous. (Analyse le livre
de R. Allier. Les fonctions'mentalesne sont pas spécifiquement distinctes dans
les races inférieures et chez nous ; les non civilisés savent utiliser des données
d'observation et l'idée de causalité ; les civilisés eux ont beaucoup de super-
stitions d'origine émotive, proches de l'animisme. = Mai. — G. BARDY. En
marge du congrès de Carthàge. Les derniers joUrs de l'Eglise d'Afrique. (L'Église
africaine, si florissante au temps de S. Augustin, est très affaiblie par l'invasion
et les persécutions vandales au vc et vie s.. Après une courte période de vie, la
décadence s'accentue jusqu'au xne s. où les quelques communautés qui subsis-
taient encore disparaissent complètement.) pp. 513-530..— P. ANTOINE. Sa-
gesse palestinienne et sagesse alexandrine. (Parallèle entre l'enseignement des
livres sapientiaux palestiniens et du livre grec-alexandrin de la Sagesse, sur
Dieu. Unité foncière de doctrine, avec quelques nuances, dues à'la différence
dés milieux, et une précision croissante sur la sagesse divine et l'immortalité
de l'âme.) pp. 531-549. = Juin. — R. HAMEL.-.Humanismeet christianisme. (Le
christianisme,loin de mépriser l'humain, tend à une.« humanisation » intégrale,
mais qui ne se réalisera pleinement qu'au ciel : d'où son optimisme.)pp. 641-
662. —:. J. BINET. Introduction de la civilisation européenne en Indo-Chine) -
(Bienfaisante au point de Vue économique et social, la civilisation occidentale
n'a guère eu en pays annamite de prise sur les idées philosophiques, morales ou ...

religieuses, sinon sur la jeune génération.) pp. 663-680. — R. JOLIVET. L'ha-


bitude. (Compte-rendu du livre de M. J. Chevalier, dont J. souligne la haute
.
portée métaphysique et la valeur spirituelle.) pp. 691-695.

*REVUË D'ASCÉTIQUE ET SE MYSTIQUE. Avril. •— j.-B. SAINT-


JURE, Lettres inédites à la M. Jeanne des Anges, (fin,) (1652-1657). pp. 113-134.
— P, DUDON. La dévotion à l'Enfant Jésus, d'après le P. Parisot, de l'Oratoire.
(Analyse de l'Explication de ta dévotion à la sainte Enfance de Jésus-Christ
Noire Seigneur, gros volume publié eh 1657 par cet oratorîen, qui appuie sur
.
la: doctrine de Bérulle les pratiques apprises de la sainte carmélite de Beaune
Marguerite du Saint-Sacrement. L'esprit de cette dévotion est l'exinanition de
la mauvaise nature, notamment par les vertus d'humilité, de simplicité et d'in-
nocence,en souvenir des abaissements de l'Enfant Dieu et enhominageà sa sou-
ê56 RECENSÏON DES REVUES

veraine royauté.) pp. 135-155. — M. VILLER. AUX sources de la spiritualité de


S. Maxime. Les oeuvres d'Evagre le Ponlique. (à suivre.) (Maxime a emprunté
à Évagre, bien qu'englobé depuis longtemps dans la condamnation dé l'ùrigé-
nisme, la plupart de ses idées spirituelles. Rapprochement de textes.').pp. 156-.
184.

kJRËVUË BENEDICTINE.Avril, — D. DEËRUYNE.;LeproblèmerdupsaU*


lier romain. (L'étude du texte montre que le psautier romain,-d'usage liturgique
dans l'Italie du pré-Moyen-âge, est un vieux psautier très fautif dont l'auteur
n'est pas S. Jérôme.) pp. 101-126. —M. ANDRIEU. Lessigles dusacrâmeniaire
léonien. (Essai d'interprétation.) pp. 127-135. — A. "WILMART. Allocution de
S. Augustin pour la vigile pascale et complément dés. serinons .sur VAlléluia
(Extraits des manuscrits : Cambridge, university Library lïi. 35, f. 85-sq-ei Wor- .
cesier, Chapier Library, F. 93 /. 1 sq.) pp. 136-142. —. G.MORIN. Une lettre à
restituer à Paul Diacre. (Grâce au style. Déjà publiée dans Monum. Germahia
Epist. IV,. p. 1515.) pp. 145-148. —A, "WILMART. Uneîëttre.sans:adresse écrite
vers le milieu du IXe siècle. (Sur la querelle prédestinàtiéhne; Manuscrit 240
Reginensis. Édition du texte. Attribution à Florus.) pp. 145-162. — Pu. SCHMITZ
Les lectures de table à l'abbaye de Saint-Denys vers la fin du moyen âge. (Liste
annuelle.) pp. 163-168. '
itgfif UË BIBLIQUË;ÀvriL ^- P. DHÔRME, O.P. l'es Amôrrhiens .(suite)
à suivre;) (Maintient contre Bauer l'existence d'un pays; d'A.mourrpu, situé à
l'ouest de l'Euphràte et s'étendant jusqu'à la Méditerranée; Retrace son hls*
toire jusqu'uaumilieu du ne millénaire av. J.-G. puis autémps deslettres d'Ël-'-'-
AmarpaO PP;161-178. — M.-J. LAGRANGE, O; P. La prppliétie des soixàhte-dix
semaines de Daniel (Dan. IX, 24-27); (Fait l'exégèse littérale du.texte. Daniel
aouvertlaperspectivedurègnedeDieUiII faut renoncerà trouver une solution
mathématique adéquate,),pp. 179-198. —A, E, MÀDER. .^es/ouz/fcfi^allemandes
au Rcbnet-et-Kha'Ul. (IV. Les prehiières phases de la construction du sanctuaire
(période préhérodienne). — V. Contribution à la topographie et à l'histoire de
la Mambrébiblique.) pp. 1,99-225. — L.-H. VINCENT, O.P.. Saint Pierre en Gûl*
licante. (Contre la thèse du P. Power, S. J., qui proposéMëlocaliserlâmaison
de Gaïphe en cet endroit.) pp. 226-256. — A. BARROIS.- I/Décpùvgriè. d'une sy-
nagogue à Dferash, — II. Découverte d'une synagogue à Beit Alpha. — III
XJne chapelle funéraire au couvent de Saint Euthyme. pp.257-257,

REVUE DES ETUDES JUIVËS.1926. Oct. — d.: ;RoTh.; Les: Marm


(Reconstitu-
nés à Rouen. Un chapitre ignoré de l'histoire des Juifs en France.
tion de la vie des Marranes au xvne siècle avec l'histoire de quelques familles
influentes.ypp. 113-155. —M. GINSBURGER. Les Juifs etl-arimilitaireaumoyeh
âge. (Contrairement à ce que l'on admet généralement,"lés Juifs du moyen, âge
n'étaient pas exclusivement des commerçants, mais s'adonnaient aussi aux
arts et aux métiers;) pp. 156-166. — V. APTOWITZER. L'usage dé la lecture qup-:
iidienne du Décalogue à la Synagogue et l'explication dë/Màthieu 19, 16-19 et
22, 35-40. (Jusqu'à l'époque de la naissance du christianismej-leBëçalpgùe'se
lisait à la synagogue en liaison avec le Schéma, et avant celui-ci. Lu citation
BBGENSION DBS REVUES '"' 657

primitive dans les Évahgiiës.apparaît comme un.amalgame iugénieux de toutes

'-'.'
les trois versions du Dëçalogue, sous l'influencédelà récitationà la-synâgogue.)
pp, 167-170.

*REVUE D'HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.1930. Avril.--G. BARDY.


Fragments attribués à Arius. (Les fragments transmis par Gélâse de Cyzique et
Anastase: le Sinaïte, s'ils sont authentiques, -témoignent;de l'activité littéraire
.d'ÀriUs après son retour d'.éXil plutôt qu'ils ne renseignent sur révolution de
sa;dPctrine.) pp. 253-268,— L. DE LACGER. Laprimaiieet le pouvoir métropoli-
tain de l'archevêque de:Bourges au XIIIe siècle, (fin.).(Le déclin du pouvoir
métropolitain n'est pas dû à une action du Saint-Siège, mais à la négligence des
éyêques-qpi abandonnèrent les visites"et raréfièrent les synodes provinciaux.)
pp; 269-3.30. — CH.; MARTIN. Une homélie: « De Peniteniia » de Sévériën de
Gqbqla. (Attribution à Sévériën de cette homélie qui fut attribuée à Sévère,
Proeope, Chrysostome.) pp. 331-343. — M. ANDRIEÏJ. L'onction des mains dans
le.s.âcre épiscùpal. (Apparaît aii xa siècle, après un-rite semblable des ordinations
sacerdotales.) pp. 343-347!,-— M.-D. CHENU, Une; opinion inconnue de l'école
' de: Gilbert de la Porréè (Inll'Sent. d. 29, q. 1. a,2, il n'est pas question des Pé-
lagiens, mais des Pôrrétains. Ce sont eux qui pour rendre intelligible le drame
dé la chute d'Adam pe lui accordaient pas de grâce sanctifiante primitive.)
pp.: 347-353,

;;
REVUE' D'HISTOIRE 3>E LA PHILOSOPHIE. 1930. Janv. — G.
CANTECOR, Elides cartésiennes. L'oisive adolescence de Descaries (à suivre.)
-{L'histoire de la pensée de Déscartes, telle que celui^cinous la présente, au début
dp Discours, est, en bonne partie une fiction. Dans sa jeunesse D. est Un amateur
oisif et nonchalant des choses de l'esprit, plus soucieux:d'improviser des solu-
tions neuves et de résoudredes problèmes curieux que de se soumettre à une dis-
cipline intellectuelle arrêtée;et d'élaborer une méthode scientifique d'investi-
gation. Ce n'est que sur le tard, poussé parles exigences Croissantes de sa propre
pensée qu'il eut l'ambition de faire une oeuvre systématique et dé codifier,
.
après
coup et selon une formule absolue, les règles de, la recherche intellectuelle. C.
critique' avec ironie l'interprétation contraire du "cartésianisme donnée par M;
M. Gilspn.ét Gouhier.) pp. 1-38, — Cl. ESTEVE, Vers Novalis. (Ami de Schlegel
disciple, -jusqu'à un certainpoint, de Fichte, se réclamant également de Spinoza
.
et de Piotin, Novalisiénd vers un idéalisme magique et mystique, qui tenté de
reconstruire la nature selon le rêye conçu par l'esprit. Le mondé est un tout vi-
vant, un ensemblede symboles que l'esprit animedans le sens de l'amour. « La
poésie est le réel absolu.» «L'histoire Véhicule: de l'esprit qui fut... doit être
éclairée par l'esprit vivant. » Les productions littéraires de N. sont la résultante
de ses méditations philosophiques.) pp. 39-86.—H, MARGUERITTE.Notes cri-
.

tiques sur le texte de in Ethique à Eudème » (à suivre). (Étude textuelle, discus-


.
sion et. essai de reconstitution de certains passages du livre. M. ne se prononce
pas sur l'authenticité "aristotélicienne de l'ouvrage, mais semble l'admettre de
.fàit,)pp, 87-97. '. :./ '
.

PJEyÇTE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIjEUSE. ISÇp,


.658 RECESSION DES. REVUES.:' '

Janv.— G. VAN DER LEEUW. Phénoménologie de l'âme. (Conférence faite au V* "


Congrès international d'Histoire des Religions à Lund.)(<< C'est l'expérience du
numineux seule qui-établit la-représentation de l'âme malgré la diversité de
phénomènes particuliers. Seul, son rapport au numineux fait comprendre l'âme
comme phénomène unique- Et c'est aussi ce rapport qui nous aide à comprendre
les structures partielles »). pp. 1-23. — A. GAUSSE.. La crise de la solidarité de
famille et declan dans.l'ancien Israël, (à suivre.) (A leur arrivée en Canaan, les
tribus irsaélites étaient divisées en clans eux mêmes composés de familles. L'or-
ganisation tribale ne devait pas résister longtemps aux moeurs de la vie séden-
taire. Le clan au contraire, qui devint l'unité territoriale du village, demeura
longtemps, sous le gouvernement des anciens, une unité sociale vivante. Mais
l'organisation de la monarchie davidique, conjuguée avec l'influence des civi-
lisations plus évoluées du voisinage, devait nécessairements'attaquer aux vieux
organismes sociaux.) pp. 24-60. — M. GOGUEL. La relation du dernier repas de
Jésus dans I Cor., 11, et la tradition historique chez l'apôtre Paul. (Contre Loisy
qui croit que le texte sur l'institution de" l'Eucharistie de H Cor., 11 a été in-'
terpolé et contre Gouchoud et Alfaric qui font de la doctrine qui y est contenue
une pure création paulinienne, G. établit : 1° Qu'ilfaut» ou bien rejeter l'ensem-
ble de la correspondance de Paul avec les Corinthiens, ou bien reconnaître l'o-
rigine pauliniennedu morceau ». 2° Que le contenu de ce morceau n'est pas une
création de S. Paul mais une donnée qu'il tient de la tradition, Pour finir G.
critique la thèse de l'«i rréalité du Jésus de Paul »d'Alfaric.)pp. 61-89. = Mars.
— M.-P. NILSSON. Existe-l-il une concëplionprimilive de l'âmel (Conférence
faite au Ve Congrès international d'Histoire des Religions à Lund.) (Il n'y a pas
au sens propre du mot de véritable conception primitive del'âme, « ce qui existe
ce sont des groupements d'associations qui se rapportent à un point précis et
sont déterminéspar lui tout en gardant l'indépendanceet la variété des aspects.»)
pp. 113-125. — H. STROHL. Le droit à la résistance d'après les conceptions pro-
lestantes. (On ne peut soutenir sans de grandes réserves que c'est le protestan-
tisme qui a fait triompher dans le monde moderne l'idée du droit à la résistance
au pouvoir civil. Luther et même Calvin prêchaient bien plus volontiers la sou-
mission à celui-ci. C'est à des circonstances particulières que l'on doit attribuer
des soulèvements politiques tels que ceux des calvinistes français ou hollandais.
Les tendances démocratiques du protestantisme ont toujours eu pour contre-
poids le primat donné aux valeurs religieuses.) pp. 126-144. — J. PANNIER.
Recherches sur la formation intellectuelle de Calvin, pp. 145-176. — M. GOGUEL.
Les théories de M. Robert Eisler. (Critique sévère dû Jésus Bqsilëus de R. Eis-
ler. « Il y a dans l'ouvrage de M. Eisler une prodigieuse érudition, il y a des tré-
sors de science, son oeuvre révèle une somme peu commune de travail et il y a
déployé infiniment d'ingéniosité et d'habileté dialectique, mais faute d'une
méthode assez rigoureuse, son livre est un livre manqué. ») pp. 177-190.

REVUE DE METAPHYSIQUE ET DE MORALE. 1930. Janv. — C.


ANDLER. Le dernier enseignement de. Nietzsche. (Conclusion de la monographie
sur Nietzche, sa Vie et sa Pensée.) pp. 1-16. — J. PEHRIN. La Chimie physique.
(Étude sur les méthodes de la chimie physique. Domaine mixte-de la chimie
physique, Les deux grands procédés d'ipventiop et d'explication : par analogies
; .RBGENSION DES REVUES ' '659

et généralisations progressives, par intuition.) pp. 17-26. — D. PARom.ie ra-


ûonalismeet l'idée deDieu,(Comment l'idée et le problème deDieupeuvent-ils
seprésenter de nos jôursà un esprit indépendant, D. P. aboutit àla conception
d'un absolu, immanent à la pensée elle-même, qui est au dessus de-toute idée "
et. qui s'enrichit continuellement par l'épanouissement °-è sa vie.) pp. 27-42.
—-;,J,,RÉNAULD. A la recherche de la Société. (Après avoir critiqué là: conception
delà mentalité des foules de M. Le Bon, J.'.'R. cherche à préciser la notion de
spciâlet celle de collectif.) pp. 43-55. -— P. TISSET. Les notions de droit et de Jus-
tice. (Étude purementipsychologique sur ces notions: Distinction du droit en
droit matériel, abstrait,ou concret et en droit pouvoirnioral. La notion de droit
apparaît d'abord comme une affirmation spontanée de chaque personnalité.
Ce n'est que par une réflexion postérieure'que l'individu cherche à donner des
fondements objectifs et transcendants au droit et à la justice. Les deux notions
fondamentales qui epnstituent celle de justice sont les notions de causalité et
d'identité. Influencedecespotions de causalité et d'identité surle droitmatériel.)
ppV 57-74. — J. WAHL;. Lejournal métaphysique de Gabriel Marcel. (Étude cri- -

tique.) pp. 75-111. —^ G- GURVITCH. Socialisme et Propriété. (Le principe général


qui guide l'auteur dans ses recherches sûr: la socialisation delà propriété est
l'idée d'un équilibre à réaliser entre l'État et la propriété fédéraliste d'un corps
économique indépendant, se' dressant l'un contre rautre.Ce qu'il faut éviter
par dessus tout c'est l'État propriétaire unique. Le Collectivisme décentralisa-
teur, le Syndicalisme extrémiste,Ie Socialisme de guilde ne sont pas parvenus
â échapper à l'écueil dé l'étatisme.) pp. 113-147,

*REVUE NEOSCGLASTIQUE.1930. Mai.— L. NOËL. La Présence des


choses à l'intelligence. (Là connaissanceobjective supppsenon seulement la pré-
sence intelligible de l'objet à la conscience, mais encore une présence réelle et '
physique de l'objet, Dans'le cas de la sensation, cette.présence est assurée par
la coexistencede l'objet dans le temps et dans l'espace, dans le cas d e la connais-
sance intellectuelle cette présence s'identifieavecle « retour, aux phantasmes »
qui Conditionne la connaissance intellectuelle dès: singuliers.) pp. 145-162.—
P,.ARGHAMBAULT. La théorie de la connaissance dans là philosophie de Maurice
Blondel. (Le réalisme intégral de M. B. suppose, en plus de la connaissance sen-
sible et de la connaissancenotiohnelle, une connaissance réelle qui porte sur le "

concret volontairement expérimenté et vécu. Cette conception se distingue de


la théorie bergsohienne de la connaissance.) pp. 163-182. — N. BALTHASARet
A. SIMONET. Le plan de la « Somme contre tés Gentils » de saint Thomas d Aquin.
(Le plan et la méthode adoptés par S. Th. s'expliquent par lé but qu'il poursuit
et les adversaires qu'il combat. L'oeuvre accomplie est à la fois philosophique,
;
apologétique et théolpgique selon les exigences, des matières traitées.)pp. 183-
210. —. N.' BALTHASAR;. Bulletin de Métaphysique (à suivre.), pp. 211-232. :

REVUE DE L'ORIENT CHRETIEN. 1929-19301-2. -— F. NAU! Quel-


ques nouveaux textes grecs de Sévère d'Antioché à l'occasion d'une récente publi-
cation. (Cette publication est celle-d'un nouveau fascicule des Homiliaë cathe*
-dralespai M. Brière,;) pp.. 3-30, — E. BLOÇHËT. Christianisme et Mazdéisme chez'.
rlés.Turks orientais;, pp.31-125. — F. NAÛ. La Cosmographie de Jésus fils de
^QunfX^ siècle, (Le.texte que nous possédons n'est qu'une adaptatipp faite par
.
§60 RECESSION DES REVTJE§

un inconnu de Sâlonion Bas_sora à la suite de Jésus fils dé Npun, Texte original


et traduction française.) pp. 126-139,

REVUE DE PHILOSOPHIE. 1930. Janv. — F. BLANCHE. Sur la langue


technique de Saint Thomas. (Après quelques données philosophiques:sur la nar
ture et l'origine du langage, F. B. montre que S. Thomas use d'une « sage liberté
dans l'emploi des termes, quand il s'agit de questions purementphilosophiques
et que le.danger d'induire en erreur a été écarté ». Il utilise souvent en effet
des; termes synonymes et emploie le même mot en des significations multiples :
« propre», « commune », «
large », etc..) pp. 7-30. — S. BELMOND. L'intellect
actif d'après Jean Duns Scot. (S. B; envisage 1° Le point de départ de la connais-
sance dans le temps. 2° L'intellect actif : sa nature, son rôle ; 3°. L'intellect '
actif et l'être transcendentah son univocité. S. B. montre comment ces théories
de Duns Scot, qui s'opposent aux systèmes augustipiens de S. Bon'aventùre,-de
Mathieu d'Aquasparta etc.. s'inspirent- d'Avicenne et d'Aristote.)pp. 31-54.
— H. DEIIOVE. L'idée du temps et la mémoire. (H. D., a3rant établi que l'idée de
temps tire son origine d'une élaboration intellectuelle de l'expérience, montre
que le phénomène de « la reconnaissance » et tous les actes de la « mémoire rë-
vocative » présupposent l'idée du passé. C'est donc en les expliquant qu'il dé-
couvre la source expérimentale de cette idée dans l'exercice « retentif de la mé-
moire, inséparable en fait de la conscience actuelle qu'il prolonge. ») pp. 55-90..
— F. X. MAQUART. L'universel. (Critique delà doctrine du cônceptéxposéepar
le R. P. Maréchal dans « Le point du départ de la Métaphysique ». F. X. M.
lui reproche particulièrement d'enlever la matière commune à l'objet de l'in-
telligence, et de faire de l'eus quantitatif, l'objet formel de l'intelligence. La
« réintroduction de la métaphysique » =t de l'analogie n'est alors plus possible.
= Mars. Dr. Gh. GiUMBERT.I,es psychopathies ou anomalies mentales et l'eugé-
nisme. (Après avoir établi le degi é d'hérédité « des quatre D débilités, démences,
"

déséquilibres et délires », C. G. montre les tendances des eugénistès outranciers


et comment elles s'opposent au bien moral et social. Et il conclut qu'une eu-
génique bien comprise doit, « sans limiter inconsidérément les-mariages », in-
sister sur la nécessité de la. « pratique morale » et de- « l'hygiène nerveuse-».)
pp. 129-140. — G. DWELSHAUVERS. A propos de l'attention. (Etudiel'évolution
de la psychologie de l'attention. « Simple affaire d'application chez Malebran-
che, deus ex machina issu de la sensation chez Condiîlac, faculté mentale chez
Laromiguière», elle prend encore plus d'importance avec Herbart et 'Wundt,..
Mais avec « la psychologie de comportement », elle redevient « ce qu'elle était
pour les classiques, un moyen pratique d'acquérir des connaissances claires
et de réaliser des buts.) pp. 141-157. — R, CARTON. Déchéance et survie aaj«
siècle du renouveau carolingien. (Ayant montré toute l'étendue delà déchéance
de l'occident latin au début du xG siècle, décrit la renaissancegermanique sous
Othon I, qui s'étend d'abordjusqu'à Reims, et est suivie de la renaissance fran-
çaise sous Robert le Pieux, R. C. montre ensuite comment, même pendant.les
temps les plus sombres, la tradition fut toujours gardée dans certaines écoles
comme celles deFleury et de Cluny.) pp. 158-175. —A. ETCHEVERRY.La notion
de substance. (Étude critique sur « La notion de substance.Critique sur le dévelop-
pement des doctrines d'Aristole à nos fours» par R. Jolivet. A. E..,-â,-la suite de
R;, Jolivet, montre «npnient les empiristes et. les idéalistes ont défiguré la vraie
;REC3ENSION DES REVUES 661

notipn,3e la substance, Aussi leurs « objections et critiques ne fOnt que mettre


pleiiië'lumière §à nécessité absolue et sa signification profonde'*,) pp. 176*
en
\'i?5y
.
V; ;.".. /'
REVUE PHILOSOPHIQUE. 1930. Mars. — j. DE GAULTIER. Les élé-
ments esthétiques de la moralité. (J. de G. après avoirmontré que la société a
toujours besoin d'un facteur d'ordre spirituel pour contrebalànçerèt refréner
ses tendances égoïstes et oitilitaires, croit le trouver dans le sens esthétique. Ce-
lui-ci donne en effet aux hommes "la faculté sublime de jouir des choses sans
lés posséder », et de « se partager l'objet de leur joie sans lé diminuer ».) pp. 161-
;I97; —-D. PARODI.Le sentiment de ressemblance.(D. P. montre quele sentiment
de ressemblance «ne consiste pas à détacher dans les choses.semblables une
partie quileUr serait matériellementcommune,mais qu'il résulte de la commu-
nauté et de la continuité de l'impression qu'elles font sur nous. Présent à tout
état déconscience,!tle jugement de ressemblanceest le jugement de synthèse
par excellence. Sonorigine est dans le sentiment de l'unité et de la continuité
de notre vie spirituelle,) pp. 198-210. —Dr. RENAULT D'ALLONNÉS. Comment
l'action schématise. (îi.d'A. étend son enquête des « automatismes physiologi-
:

ques relativement simples jusqu'aux comportements mentalement et sociale-


ment différenciés. II en tiré deux lois : « 1. Toute capacité est essayéemême sans
besoin au delà de son champ d'application primitif. 2. Toute schématisation
peut, par les apports de l'expérience, être remaniée dans la mesuré où la plasti-
cité individuelle s'y prête. » pp. 211-252. —- H. MÉTZGER, La théorie du feu
d'après Boèrhaave. (H,M. décrit « les théories du feu-chaleur et du feu-combustion
résultant dés méditations de BoerhaaVe ». Pour lui, l'excessive chaleur de nos
foyers est produite « par des mouvements réciproques'de l'élément du feu et de.
Son aliment », mouvements aidés par la pression atmosphérique ou atténués
par sonmanque. « Là se trouvé la liaison » c entre le feu-combustion et le feu-
chaleur».) pp. 253-285.—G. GUY-GRAND, ies aspects de la justice selon Proudhon.
(G.,G. montré que là justice est l'idée maîtresse de sa philosophie. Chez lui,
elle a un aspect subjectifet im aspect objectif. "Elle est à la fois « le respect spon-
tanément éprouvé et réciproquement garanti de la dignité humaine», et « la
loi de l'univers » qui porté deux noms « égalité » et « équilibre ». Pour lui ce-
pendant l'homme et la femme ne sont pas « semblables», mais « complémentai-
res ». La méthode de Proudhon est à la fois dialectique et réaliste.) pp. 286-315.
.-. =
Maj-.jui:a — ,E. MEYERSON. Le physicien et le primitif. (E. M, rappelle
.
tout d'abord les conclusions de ses précédentes études. Puis, à propos de «la
physiquedes quanta »,.ilmpntre qu'il nes'oocupepas du résultat des recherch es,
mais des tendancestfoncièresqui s'y révèlent. A ce point de vue, « la mentalité »
des partisans. « des quanta » ne fait que confirmer ses conclusions. Enfin utili-
sant les études de LeVy-Bruhl sur le primitif, Il établit que la raison * du physi-
çiendenosjours »etdu«primitif» suit invariablementune seule etmême voie. »)
pp., 321^358,—• J. PALIARD; L'illusion de Sinstedm elle problème de V implication
perceptive. (J. P. analyse tout d'abord cetteperception illusoire, puis, à l'aide
dé cet exemple, il-étudie le rôle de la pensée implicite dans la perception et il
en dégage ce que «Top pourrait appeler leslois de.l'illusion ». J. P. tente de
înpntrerp.afcet exemple que « 1s fait psychologiqueest autre chose qu'éyénem e nf„
.662- RECENSION DES..'REVUES
-,

à savoir jugement et organisation de pensée, irréductible à;la logique discursive


qui le traduit. ») pp. 359-409.' — A. SPAIER. De la nature de l'instinct: (A. S.
montre d'abord.la nécessité d'un « empirisme transcendant » maintenant à la
fois les faits de l'expérience et ce qu'ils postulent.ilétablit ensuite que l'instinct
n'est pas un mécanisme mpnté,maisune véritable «intslligence inférieure». Il y
a donc deux formes d'intelligence judicatoire : «l'intelligenceanimale»,immé-
diatement pourvue, mais à possibilités restreintes,» l'intelligence humaine »,
iudéteiminée au début, mais capable d'expansion indéfinie.) pp. 410-445. —
H,WALLON.Del'image au réel dans la pensée de l'enfant.(H-W.esquissecomment
« l'enfant et d'une façon générale l'esprit humain » pajse « des images qui con-
stituent notre expérience immédiate et concrète des choses à une représenta-"
tio.n du réel ». Tput d'abord l'enfant ne distingue pas objet et sujet,. Puis peu à
peu l'existencese détache de l'image particulière et s'étend à d'autres objets.
Le monde de l'invisible s,e découvre ajors,,l'actuel et Je rçejse distinguent.)
pp, 446-458, ""• ;

REVUE DE THEOLOGIE ET DÉ PHILOSOPHIE,1930. Janv. —E.


BRUNNER. Eglise et révélation. (Traduction, d'une conférence faite au corps
pastoral de Zurich, 8 avril 1929. L'église n'est pas une association foimée sur
la base d'une ^expérience religieuse commune ; elle est là communauté dans
laquelle on ne peut être introduit que par l'appel de Dieu,... B. précise ensuite
les rapports de la communauté des croyants avec la révélation divine. « Dieu
a choisi un mode de révélation... qui me contraint à devenir membre delà com-
munauté pour avoir part à la révélation... » La « contingence historique de la
révélation fonde l'église sur le ministère de la parole.. » Là conception de l'église
de B. lui permet de rejeter d'une part l'illuminismè,d'autre part le cléricalisme.)
pp. 5-24. — P.BRIDEL. La philosophie prolestante de-la religion, d'après Emit
Brunner. (Analyse critique de l'ouvrage de É. Brunner « Religions philosophie :

evangelischer Théologie».) pp. 25-61. — À. LEMAÎTRE .Z.a théologie de Karl


Barlh et le retour à la clvristologieorthodoxe. (Exposé et critique delà christologie
de Karl Bartlï .Au rebours de la méthode psychologique et historique, K. Barth
envisage d'abord la trinité divine — la divinité de Jésus, personne, divine —
puis l'incarnation du Fils de Dieu, enfin l'humanité de Jésus et son oeuvre.
L. explique le succès de cette christologie qui est aussi dans ses grandes lignes
celle de Brunner, par «quelques lacunes sérieuses de la théologie d'hier » ; il
critique très^vivement cette «réaction néo-orthodoxe».) pp. 52-82.

*REVUE THOMISTE. 1930. Mai.— R. GARRIGOU-LAGRANGE.Le Primat


de l'être sur le devenir. (Étudie, sous forme de dialogue, le problème du devenir,
en se référant surtout aux fragments d'Heraclite et de Parménide, au Sophiste,
de Platon et au livre Ier de la Physique d'Aristote, ainsi qu'aux livres IV, IX,
et XII de sa Métaphysique.) pp. 201-216. — O. LACOMBE. La critique des théo-
ries de la connaissance chez Duns, Scot (fin.) (Expose les critiqués faites par Duns
Scot aux doctrines de Henri de Gand et de S. Thomas. L'auteur conclut que
« deux pensées maîtresses orientaient les critiques de Duns Scot, et travail-
laient ensemble à organiser sa doctrine personnelle :... D'une part Scot n'entend
rien perdre de la rigueur scientifique et de la profondeur d'analyse âristotélo-
{,homist.e. D'autre part il veut magnifier autant qu'il est possible {ftatelligepçe
HECENSION DES REVUES, 663

humaine».) pp. 217-.235. — J. MESSAUT. L'a Histoire de la Philosophie" de M.


Bréhier. (Étude critique de l'ouvrage de B.) pp. 236-251. — M.-B. LAVAUD.
La vision de Dieu ici-bas. (Tandis que S. Thomas admet la vision de Dieu par
Moïse et par S. Paul, ses prédécesseurs l'accordent à saint Paul, mais la refusent
à Moïse : tels par exemple Achard de SainVVictor, Alexandre de Halès, Hugues
de St-Cher, S. Bonaventure, Albert le Grand.) pp. 252-256. — M.-B. LAVAUD.
A propos de la question ligorienne. (C'est à tort que le P. de Blic revendique S.
Alphonse comme partisan du probabilisme : son exposé de la question ligorienne
est franchement tendancieux. Cette question vient d'être mise au point dans une
excellente étude du P, Delerue.) pp. 257-260. — R, GARRIGOU-LAGRANGE. La
renaissance du modernisme. (A propos de l'ouvrage de M. Le Roy, Le problème
de Dieu.) pp. 261-272..— M. H. LAURENT. Godefrpy de Fontaines et la condamna-
tion de 1277. (Publie le texte de la 5e question du 12e quodlibet de Gpdefroy.)
pp, 273-281,

RIVISTA DI FILOSOFIA. 1930. Avril. —M. MARESCA. Principi di una


teoria dell' educazionc corne redenzione totale dcll' upmo. (La signification de l'oeu-
vre d'éducation est celle-ci : se construire en se rachetant. Il n'y a pas de con-
struction sans rédemption, parce que la construction spirituelle est oeuvre de la
liberté, bond en avant, élan et conquête de la nouveauté, c'est-à-dire libération
de tout ce qui retient l'esprit dans un état particulier de développement. Ré-
demption totale, contre tous les facteurs d'asservissement spirituel : politique,
religieux, artistique, scientifique, philosophique, en ce sens que l'éducation ne
laisse emprisonner dans aucune de ces formes l'élan infini de liberté qui est l'es-
sence de l'esprit humain.)-pp. 97-114. — G. E. BARIÈ. Validità obbiettïva dei
bello. (Étude d'esthétique kantienne. Défense de l'infériorité de l'oeuvre d'art
par rapport à la loi morale.) pp. 115-141. — R. BARISI. Il nominalismo di G.
Berkeley. (De la critique intentée par B. à Locke, il reste cette vérité importante
que tout concept, pour abstrait qu'il soit, a besoin d'une expression qui le dé-
termine concrètement, d'une image. Cette nécessité est établie par B. selon
des voies psychologiques nouvelles), pp. 145-153.

*SCHOL" STIK. 1930. 2. — J. FR BES, S. J. Gibt es eigenartige, geistige


Ge/ûhle ? ( Y a-t-il une affectivité supérieure originale, purement spirituelle,
propre à l'homme ? Bien qu'on ne puisse pas la définir parl'intentionalité, comme
l'ont tenté les phénùmènologucs, il faut répondre : oui : pour maintenir une vie
de sentiment dans l'âme séparée, justifier un passage des plus hautes connais-
sances au sentiment, et expliquer le concours des sentiments inférieurs et supé-
rieurs.) pp. 169-191. — F. M. SLADECZEK, S. J. Die verschiedenèn Bedeulungen
des Seins nàch demhl. Thomas von Aquin. (l«r art.) (I : L'acte d'être. (Wirklich-
sein) : il est indéfinissable, mais on peut le comprendre : par opposition ou non-
être ; comme l'acte d'une forme ou nature ; comme ce qu'il y a de plus parfait ;
infini, de soi, et indivisible.— S. Th. le distinguenettement del'êire de la copule,
pp. 192-209. — A. LANDGRAF. Sûnde und Trennung von der Kirchë in der Frùh-
scholastik. (Il y a une liaison, fondée dans la doctrine de l'Église Corps mystique
du Christ, entre vivre en charité et vivre dans l'unité de l'Église, entre la péni-
f.çpç.e Qt la réconciliation avec l'Église, Cependant « d'après. J'epseigpementguj
66é RECENSION DES REVUES

finit par prédominer dans la scolastique ancienne, le péché sépare du Corps


mystique du Christ, mais pas de la société ecclésiastique juridique ; l'excommu-
nication et de plus en plus considérée comhie purement disciplinaire. ») pp. 210-
248. —.H. WEISWEILER, S. J. Handschriflliches zur Summa de penitentia der
Magister Paulus von Sanlçl Nikolaus. (Les mss. de la Summa de penitentia ;
leurs différences d'attribution et de contenu permettent seulement de détermi-
rer une série d'éditions et de reprises (dont celle, postérieure,du Card. Bérenger,
de cet ouvrage, dont la rédaction première revient à un. certain maître Paul
prêtre de St Nicolas, et peut-être dominicain.) pp. 248-260. —- F.HURTH,' S. J.
« Tuto doceri nonpolest». (Corrobore, et surtout nuance les conclusions -de son
précédent article de morale médicale [cf, supra, p. 206.], en déterminant le sens de
la décision ecclésiastique ; tuto doceri non pot.est.) pp. 260-267,

*SCUOLA (LA) CATOTLICA. 1930. Mars. —'F. OLGIATI. Edouard


Le Roy ed il problema di Dio. (Examine les critiques faites par Le Roy à la
preuve de l'existence de Dieu par le mouvement.) pp. 177-193. P. GALDIROLA. ,
La genesi délia Civilià. (Les premiers apports de la civilisation, l'art,la métal-
lurgie, l'écriture, viennentTde l'Orient.) pp. 194-214. •— E. PASTERIS. Aslrolo-
gia e libertà nella Divina Comedia (IV). (Recherche comment Dante concilie
la liberté humaine avec les influences astrales.) pp, 2Ï5-226. = Avril. A.VER-
MEERSCH. Cinquanl' anni di teologia morale. (Recherche ce que fut, en théolo-
gie, la science de la vie morale au cours des cinquante dernière années.) pp
257-277. —; À. CUGINI. La poesia di Aurelio Prudenzio Clémente. (Étudié l'oeuvre
' du grand poète chrétien.) pp. 278-298. -— F. LIGUORI. Il « Manuale » di Èpiclèlo
.
ira i Christiani. (Étudie l'adaptation et la paraphrase que S, Nil fit du manuel
d'Epictète, pour les moines de son couvent. Donne quelques exemples.) pp
297-303. = Mai. — D. GALLUCCI. Il concelto di Dio ncl libro dei Proverbi.
(Étudie les maximes qui se réfèrent au nom de Dieu, à sa nature, à la personne
divine, à ses opérations dans le temps "et à ses relations avec les êtres créés.)
pp. 337-351. — A. ODDONE. Il linguaggio teologico di S. Agoslino. (S. Augustin
s'est construit une terminologie spéciale dont il importe de tenir compte pour
résoudre les problèmes de doctrine qui se posent, soit à propos de la lutte contre
le Pélagianisme, soit à propos de la liberté, de la grâce et de la prédestination.
Quelques remarques au sujet de la damnation des enfants mortssans baptême
• pp. 352-366. — P. SCOTTI. La devozione al Cuore di Maria. (Étudie l'histoire,
le sens et l'objet delà dévotion au Coeur de Marie.) pp. 367-375. •— E. PASTERIS.
Aslrologia c libertà nella Divina Comedia (V). (Pour Dante, les influences cé-
lestes sont bienfaisantes aux hommes.) pp. 379-389.

SYRIA. 1929. 4. — F. A. SCHAEFFER. Les fouilles de Minet-el-Beida et de


Ras Shamra (campagne du printemps 1929). (Minet-el-Beida est un petit port
naturel situé à i3 Km. au nord de Lattaquiéet Ras Shamra est un tell voisin.
Minet-el-Beida et Ras Shamra se sont révélés un centre de civilisation de.
haute importance. La céramique, les objets de bronze, d'or et d'ivoire montrent
que, sur le fond de la civilisation indigène, se sont greffées des influences venant
d'Egypte, d'Asie Mineure, de la vallée de l'Euphrate, et surtout dumondé égéen.
Gpci s'explique par la situation géographique privilégiée de la ville et de l'ançjep
ftECËNSiON DES REVUES 665
_
port de Ras Shamra eh face de Chypre, le plus grand.centre métallurgique de -
l'ancien m,cmde et à l'entrée d'importantes routes de pénétration vers l'inté-
rieur».) pp. 285-297. —R.DUSSAUD. Note additionnelle. (Sur un passage du
cîironôgraphe byzantin Malalas qui confirme les découvertes précédentes.)
pp. 297-303. — Ch. VIROLLEAUD. Les insaiptions cunéiformes de Raz Shamra. .
Il y en a deux groupes : l'un appartient à une langue comme l'assyro-babylo-
nien pu accadien ; l'autre se compose de documents rédigés en un cunéiforme
entièrement nouveau. « Nous n'avons pas affaire ici à une écriture idéographi-
que ou syllabique," mais bien, sans aucun doute possible, à un alphabet, C'est
un cunéiforme extrêmement simplifié, réduit au minimum et qui est, par rap-
port au syllabaire accadien, à peu près ce que l'alphabet phénicien paraît être
au regard des hiéroglyphes de l'Egypte ». On peut se demander si l'alphabet
de Ras Shamra ne doit pas être considéré comme le prototype du syllabaire
chypriote. Un fait important est désormais acquis : «l'existence sur la côte
syrienne, vers le xnie siècle, d'un alphabet tout différent de celui des Phéniciens .
et dont l'origine ou plutôt le point de départ est évidemment mésopotamien.)
pp. 304-310. — A. T. -ÔLMSTEAD. Two sione idols from Asia Minor ai the Uni-
versity of Illinois, pp. 311-313. — Henri SEYRIG. La Triade héliopolitaine et
les temples de Baalbek. (Jupiter, Vénus et Mercure, tels sont les 3 dieux de la
Triade héliopolitaine. Primitivement une dyade syrienne, composée de Hadad
dieu du ciel, et d'Atargatis, déesse des eaux ; le soleil reçoit alors le culte le
plus important ; c'estleBaaldelaBeka'a. Puis le Baalreçoitle nom de Mercure.
A l'époque hellénistique, le culte local est contaminé par des rites dionysia-
ques.) pp. 314-356.

THEOLOGY; 1930. Â^riî. — W; W. CANNON. Israël and Moab.-(î). ( à


suivre;) (« Pendant longtemps, le langage, les idées et les pratiques religieuses;
la civilisation et la culture de Moab furent à un niveau aussi élevé que ceux
d'Israël ». Étude de l'origine et des relations dés deux peuples, à la lumière de
traditions anciennes d'Israël. Exégèse des oracles de Balaam.) pp. 184-196. —
J. G. Me KERROW. Contra Celsum. (Le positivisme rationaliste de M. Russeï
ne saurait éliminer la religion, qui est affaire du coeur, non dé la raison. Il té-
moigne seulementd'une totale incompréhension du spirituel ;et l'idéal humain
qu'il propose n'est àl'idéal chrétien que ce qu'une idolâtrie est à la vraie reli-
gion.) pp. 197-206. — G. J. SHEBEEARE. The Evangelical conception of the Sa-
craments. (L'attitude » évangélique » à l'égard des sacrements est caractérisée
par le souci de maintenir le rôle essentiel de la conversion du coeur et de la prière
dans la justification et la réception de la grâce. Le système sacramentel reste
néanmoins nécessaire, en relation avec la vie de l'Église ; il faut seulement re-
jeter la thèse de la causalitéphysique.des sacrements et insister sur leur fonction
psychologique et dispositive, toujours subordonnée à l'édification de l'Église
et au bien des fidèles.) pp. 207-216. — BISHOP OF BIRMINGHAM. Pékin Man and
Inpnortality. (Sermon prononcé à Manchesterle 2 mars. Les récentes découver-
tes d'hommes fossiles posent avec une particulière acuité le problème de l'im-
mortalité de l'âme.L'âme commence d'exister avec l'apparitiondelà conscience
morale, et c'est le témoignagede la conscience qui fournit le meilleur fondement
à la croyance enl'immortalité personnelle.) pp. 216-220. = Mai.—; EDITORIAI!
666 '..'.. BECENSIQN DES. REVUES
.
'.;'.

(E. G. SELWYN). (Programme de la Conférence de Làmbeth, juillet. 1930.)


pp. 241-248. —W. W. CANNON. Israël and Moab (II). (suite;) (HistoiredèMoab
et de ses relations, hostiles ou pacifiques, avec Israël, à travers les Livrés dès
Juges, des Rois, et lesécrits prophétiques.)pp. 249-261. -— C.F, NOLLOTH. The
witness of the Fqurtli Gospel to ils aulhor. (La critique interne du 4e;évangile
oblige à reconnaître que son auteur fut l'apôtre Jean.) pp. 262-271'. — 0;C,
-
QUICK. Sacramenlal Theory. (Critique du précédent article de Shebbeare.L'ef-
ficacité des sacrements ne saurait être limitée à leur-action sur la conscience du
fidèle qui les reçoit; c'est-à-dire à leur causalité en tant que signes ; ilïfaut leur
reconnaître en outre une causalité instrumentale,d'ordre mystérieux, qui à sqn
tour réagit sur la valeur attribuée au signelui-même. On admet d'ailleurs que
la causalité sacramentelle dépend toujours du « contexte ». Dans l'Eucharistie
la relation du Christ aux éléments consacrés est réelle et objectivé,.niais spi-
rituelle et non physique.) pp. 271-277.

*VIE (LA) SPIRITUELLE. 1930. Mars. — R. BERNARD. Considérations


sur le péché originel..'.(Fin.) (Toutle genre humain communie àla fauLé: d'Adam
parce qu'il fait corps avec lui ; le mal en nous est avant tout une sorte de langueur
spirituelle ; dans l'état de déchéance, ce qui est directement trânsmissible c'est
l'absence non dé la grâce sanctifiante mais de la-justice originelle.)pp. 209-237,
-— A. VALENSIN. Pour
' fixer la terminologie-mystique. (Précise:en qUélsisens on
peut employer différents termes : l. Oraison surnaturelle (non exclusivement
mais éminemment) pu passive (âme active mais liée à l'opération à laquelle la
meut le S.-E. selon lé mode propre des dons), ou extraordinaire (normale mais
pas commune ou mystique) pénètre davantage dans le commerce avec là Ste'
Trinité ; — 2. Mystique (ontologie de la vie spirituelle), et ascèse (logique dé
cette vie) et ascétisme (sa méthodologie) ; — 3. Contemplation (au sens plein
désigne infuse ; peut s'appliquer à l'acquise par analogie non par identité fon-
cière ; l'acquise n'estpas le terme du progrès spirituel.) pp. ]137])l4l]. .= Avril.
-—
R.GARRIGOU-LAGRA.NGE. L'es trois âges de la vie spirituelle, (à suivre.) (Le.
progrès de la vie spirituelle pour les âmes généreuses est le suivant : justifica-
tion, vie purgative.(commençants) purification passive des sens, vie illuminâ-
tive (progressants) sous forme nettement contemplative ou sous forme active,
purification passiye;de l'esprit, vie unitive (parfaits) sous forme purement con-
teihplative ou sous forme apostolique.Les âmes qui àun stade mànquentde géné-
rosité s'arrêtent .La description de S. Jean de Ia.Groix s'applique à la fprmepu-
rement contemplative chez les âmes les plus généreuses.) pp. .5-23. — D.
INNOCENT LE MASSON. Théorie de l'oraison (à suivre.) (Impuissance de l'industrie
humaine : rôle des vertus théologales ;• peu d'utilité des vues imagipatives.
pp. 66-72. •— H. BREMOND. Adieux à la controverse, (Ënrépônse au P,;iPicard,
(V. spir., fév,), précise la portée de ses articles précédents sur lés Exercices
(avril et mai 1929) :un essai de critique historique sur leur composition, une
affirmation que l'expérience de S. Ignace ne s'applique qu'à un nombre restreint
d'âmes, de choix. Maintient que l'essence de la prière estl'adhesion à l'activité
du Christ en nous.) pp. [l]-[28j. —HUGUÊSDE ST-VICTOR. A là gloire de la cha-
rité (à suivre.) (Traduction d'un opuscule assez savoureux de dévotion.) pp.
[29]-[35]. — R. GEREST. Pour fixer la terminologie mystique. (La vie mystique
REGENSIÔN DES REVUES 667
.. .

est caractérisée par l'emprise de Dieu sur l'âme et ses facultés par la foi, l'amour
et la prière.) pp. [36]-[41]. = Mai. — R. BERNARD. Marie, Mère de la divine
grâce, (à suivre.) (La maternité de grâce, consacrée à la Croix, est une extension
inévitable et immauente.de la maternité divine.) pp. 97-114è —R. GARRIGOU-
LAGRANGE. Les trois âges de la vie spirituelle (suite.)(Cette division correspond
bien à l'évolution normale di cette vie, répond parles deux purifications pas-
sives à la division des deux parties de l'âme (sens et esprit), et s'appuie, sur la
nature de la grâce des vertus et des dons.) pp; 115-129. — Dom INNOCENT LE
MASSON. Théorie de l'oraison(suite.) (L'entretien avec Dieu, prière et compli-
ment, doit être simple et paisible.) pp. 164-172. — Dom MONNOYEUR. Gerson
et l'appel général à la contemplation. (Tout fidèle est appelé à la contemplation,
au moins aride et passagère ; une élite seule, en fait, atteint à la contemplation
parfaite, continuelle et suave ; un nombre important niais restreint cependant
est appelé à la vie contemplative organisée ; la contemplation a pour base l'a-
mour.) pp. [51]-[68]. —- VULLIEZ-SERMET. Pour fixer la terminologie mystique. -
(Propose de prendre pour maître S. Alphonse de Liguori.) pp. [76]-[78]. = Juin.
— R, BERNARD. L'insondable richesse de la maternité de grâce (à. suivre.) (Cette
maternité confère à Marie une éminente dignité dans l'être, la rattachant réel-
lement à l'ordre de l'union.hypostatique, et lui vaut dans la vie spirituelle une
sainteté sans exemple, découlant de la façon la plus pleine et immédiate de la
.
grâce sanctifiante et capitale de son Fils.) pp. 193-215. — Dom INNOCENT LE
MASSON. Théorie de l'oraison (fin.) (En cas de distractions, il faut se remettre
tranquillement en présence de Dieu ; la marque de l'oraison bonne est le pro-
grès de la vertu.) pp. 258-263. — P. GLORIEUX. Pour qu'on lise le « De Pcrfec-
tioné ». (Cet ouvrage est dans son état actuel une seconde édition (1270,' avant
.
avril), augmentée par S, Thomas lui-même des chapitres 21 à 25 inclusivement
pour répondre à une dispute quodlibétiquede Gérard-d'Abbeville. Pour y trou-
Ver un exposé très objectif et lumineux de la doctrine catholique sur la perfec-
tion il suffit d'élaguer ces chapitres et quelques séries d'argumentation.) pp
[97]-J126]. — HUGUES DE Si-VICTOR. A la gloire de la charité, (traduction, fin.)
pp. [127]-[130]. — F. CAYRÉ. Pour fixer la terminologie mystique. (Valeur mer-
veilleuse des grâces mystiques. Le fond de l'état mystique est le « sens de Dieu »
dont on peut regarder comme élément essentiel la contemplation infuse ou per-
ception intellectuelle et affective de Dieu reproduite par les dons d'intelligence
et de sagesse. La vie parfaite ou voie unitive suppose d'une part ces grâces mys-
tiques, d'autre part une grande activité et ascèse soit à certains moments de
l'oraison (méditation théologale ou contemplative), soit pour obéir aux
exigences plus hautes- des vertus morales.) pp. [131]-[142],
Ëupplément au N° de Juillet 193Ô.

OUVRAGES ENVOYÉS A LA RÉDACTION.

A. DEMEYER et |ET. VAN CAUWENBERGH, Dictionnaire d'Histoire et de


Géographie ecclésiastiques. Fasc. 21-24, Arnauld-Athaulf: Paris, Le-
touzey, 1929-1930.
La publication de cet important Dictionnaire s'était sensiblement ralentie
depuis 1914 ; elle vient de reprendre avec une activité renouvelée, qui donne
bon .espoir pour l'avenir : quatre fascicules ont paru durant les années 1929^1930.
L'ensemble est excellent et les notices, sauf quelques rares exceptions, gardent
la juste mesure qui convient à un dictionnaire. Les matières traitées intéressent
surtout la biographie et la géographie, mais l'histoire des institutions n'a pas
été.négligée, comme le montrent les articles : Arts libéraux (R. MARTIN), Asile,
(droit d') (G. LE BRAS), Assemblées du clergé (M. MARION), Astrologie (M.GORCE),
Athanase (Symbole d') (J. STIGLMAYR). Le fameux symbole est attribué à Fui-
, gencéde Ruspe à noter
; que, dans sa récente biographie de cet évêque, G. La- .
•peyre est bien près d'admettre la même opinion ; la concordance est d'autant
plus frappante que le P. Lapeyre semble avoir Ignoré lès travaux du P. Stigl-
mayr sur ce sujet. Les principales notices biographiquessont celles des Arnauld :
Antoine Arnauld, Arnauld d'Andilly, Angélique Arnauld, Henry Arnauld, évê-,
que d'Angers ; les deux Arnobe (P. DE LABRIOLLE) ; au sujet du Praedëstinaius
et d'Arpobe le Jeune, M. de Labriolle fait quelques remarques de valeur ; Atha-
nase d'Alexandrie (G. BARDY). Parmi les diocèses dont l'histoire est retracée, il
convient de citer : Arras, Ascoli, Assise, Asti, Asiorga.XJn article très important
est consacré à l'Asie ecclésiastique, de l'origine à nos jours ; une première partie,
due à M. G. BARDY,.va « depuis les débuts de la prédication chrétienne jusqu'à
l'invasion de l'Islam » ; on y étudie l'organisation administrative civile et reli-
gieuse, la pénétration de la foi chrétienne.les grandes crises provoquées par les
hérésies, les écoles thëologiques, le monachisme ; une place à part est faite à
l'Asie Mineure. Une seconde partie, rédigée par M. J. B. AUFHAUSER, de Munich,
va de la conquête de l'Islam à nos jours ; elle est bien plus courte, mais suffisante,
; car des notices spéciales compléteront ce qui est ici simplement indiqué. On y
traite.dela destructiondes Églises chrétiennes du vne au xiic"sièçle, dés missions
au xiiï?sièele et durant l'époque moderne ; dés statistiques approximatives per-
mettent de se rendre compte de l'influence respective des diverses religions en
ces pays ;un dernier paragraphe énumère les divisions ecclésiastiques de l'Asie.
Il faudrait encore mentionner les notices consacrées à divers Ordres religieux
(Damés de l'Assomption, Oblates de l'Assomption,Petites Soeurs de l'Assomption,
Assomptionnistes) et à des abbayes anciennes. ' M. J.

Dictioiiiiaiïe d'archéologie chrétienté et de îitiiSJgiè; Fasc. 90-91 i


Léonien (Sacramëntaire) -Lexique. Fasc. 92'93 : Lexique liturgique grec-
Liber responsalis, Fasc. 94-95 : Liber responsalis - Lieu (Noms de). Fasc.
96-97 Lieu (Noms de) Listes épisëopales. Paris, Letouzey 1929-1930.
: -• ;
On ne peut qu'admirer la régularité de publication de ce Dictionnaire, qui sort
Une moyenne de quatre fascicules par an. La surprise est plus grande lorsqu'on'
constate que, en dépit du titre « Avec le concours d'un grand nombre de collabo-
rateurs», H. LECLERCQ est le seul à composer, rédiger, corriger cette masse de
copie (l'article Léonien (Sacramëntaire) est seul dû à Dom CABROL) ; sa puissance
de travail, il est vrai, est devenue légendaire. On nepeut évidemment songer à
trouver là des renseignements en tous points contrôlés et mis à jour ; bien des
pièces né valent que ce que valent les travaux antérieurs utilisés (pas toujours
cités d'ailleurs); mais l'ensemble de cet énorme répertoire est ipteUigeminent
construit et brillamment rédigé. L'on y trouve.parfois un peu imprévus dans un
dictionnaire d'archéologie, des articles rassemblant la matière de volumes en-
tiers, tels les deux articles Lettres chrétiennes (200 colonnes) et Lettres classiques
(68 colonnes) ; le premier en particulier, qu'on eût certes pu abréger, présente
un classement très utile des dossiers épistôlaires chrétiens et une histoire de ce
-.
— 18* —
genre littéraire, dont on devrait colliger de-ci de-là les fragments, si H. L. ne le
•faisait ici.
Précieux recueil d'informations-aussi l'article Lettres des papes, où l'on est
renseigné sur le plan, le contenu et la valeur des collections existantes. Intérêt
de même genre dans l'article Liber canonum (collections générales, collections.
particulières, collections systématiques).L'articleXz'ôeZ/i complète la documen-
tation fournie jadis à Dèce sur les certificats d'apostasie. Dans Liber pbnlificalis
on aura en cent colonnes tous les résultatslesdes travaux classiques de Duchesne.
« Depuis qu'il
existe des Académies, on entend émettre périodiquement le
souhait d'un savant et vaste recueil comprenanttous les anciens noms délieu...
Là tâche, répète-t-on, excéderait les forces d'un seul homme. Qu'un homme s'y
mette donc,'et l'on verra bien 1 «AinsiH. L., qui s'y met I Seule la crainte d'occu-
per un volume entier du Dictionnaire, l'a fait renoncer aux listes des anciens
noms de lieu de l'Angleterre, de l'Espagne, de l'Illyricum et de l'Italie : il s'est
résigné à ne donner le catalogue étendu des (Noms de) lieu que pour la Gaule.
« Exercice passionnant » que
l'étude de la langue toponymique. L'article com-
porte 330 colonnes, dont 240 contiennent un essai de classement alphabétique :
que de ressources pour le travailleur
-
1
,:
Article immense encore celui qui traite des Listes épiscopales, 330 colonnes.
Gomme de coutume, plusieurs notices sont consacrées à des villes : Limoges est
bien servie (100 colonnes) ; Liège, Ligugé, Lille, Lillëbonne, etc. Plusieurs noti-
ces de personnes, qui parfois deviennent de vraies biographies beaucoup trop
étendues : Letronne (30 colonnes), Lézardière (Mademoiselle de) (30 colonnes 1),
L'Heureux (Jean), Libri (40 colonnes!). .""' M. D.

DOM E. ROULIN. Linge, insignes et vêtementliturgiques. Paris, Lethielleux


1930 ; in-8?, xn-316 pp.
On ne saurait trop louer le dessein de ce livre. Ni manuel d'archéologie, ni
guide purement technique, il vise surtout .à l'éducation du goût ^et "insiste
pour qu'on rende au vestiaire liturgique la noble simplicité, l'ampleur, le drapé
qui faisaient la beauté des vêtements antiques, spécialement de ceux que la
tradition chrétienne adopta, et qui se sont si déplorablemeiit déformés et sur-
chargés au cours des siècles. Dom R. passe en revue toutes les pièces de ce ves-
tiaire : linges et vêtements de toile, chasuble et ses accessoires,cape, etc.. insignes
pontificaux, même les « vêtements » de l'autel, les téntureset léshannières,rien
n'est oublié. On eût souhaité peut-être un peu plus d'ordre et d'équilibre entré .

les chapitres : certaines questions sont assez sommairement traitées, d'autres


s'étendent et reparaissent à plusieurs reprises : l'auteur utilise de nombreuses
causeries qu'il aurait pu refondre davantage, en même teipps qu'il eût fait dis-
paraître quelques négligences du style oral, « L'art moderne » est assez malmené
par endroits : n'aurait-il pas convenu, avant dé passer une condamnation som-
maire et collective de préciser et d'apporter les distinctions nécessaires ? En re-
vanche plus d'un lecteur sans doute ne partagera pas l'enthousiasme de i'aiitéur
pour tous les spécimens qu'il présente de l'art de Beufon. Ces réserves toutefois
ne sauraient prévaloir contre la multitude des conseils judicieux, des remarques
utilès,des suggestions heureuses, répandue à travers ce Volume. L'illustration;
abondante et bien choisie, montre souvent, de façon très pédagogique, le défaut
à éviter en face du modèle a imiter. Tous ceux qui se sententintéressés à la beau-
té du culte chrétien, à titre d'artisans ou de simples participants, — et ne de-
vrait-ce pas être l'unanimité des fidèles? — trouveront profit à feuilleter au
moins ces pages, ou le sens religieux s'allie au sens esthétique pour servir cet
art supérieur et complet qu'est la divine liturgie. A..M.A.

CÉSALPIN. Questions péripatéticiennes. Traduction de Maurice DOROLLE


(Collection: Textes et Traductions pour servir à l'histoire de la.pensée
moderne, dirigée par A. REY). Paris, Alcan, 1929 ; ih-12, vin-240 pp. *

NICOLAS DE CUSA. Dé la Docte Ignorance. Traduction de L. MOULINIER. In-,


troduction par A. Rey. (Mêniecollection). Paris, Alcan, 1930 ; in-12,229 pp
Cette jeune collection poursuit à bonne allure ses publications.Après Machia-
vel et Pétrarque (Voir Rev. Se. Phil. Théol., janvier 1930, Supplémentpp. 5*-6*)
un volume y paraît.qui rappelle à notre attention l'oeuvre sans doute assez ou-
bliée d'André Césalpin. Le philosophe et le savant fut en son temps célèbre.
Son oeuvre principale, parue en 1571, dont on nous offre aujourd'hui une tra-
duction partielle, est une vaste somme où, de la théodicee à la botanique, 1 on
parcourt tout le cycle.des connaissances humaines. En cette austère promenade,
— 19* —
M. Dorolle est un guide excellent. Il a rendu ce latin serré en un français, non
plaisant sans doute, mais rigoureux. On disputera peut-être avec lui sûr la tra-
duction des mots techniques, qu'il justifie en note : mais tous ceux qui ont tâté
à ces matières savent combien la besogne est ingrate. Il "a fait précéder la tra-
duction d'une très importante préface (pp. 1-92), qui, sur un sujet aussi neuf, .
semble énoncer des jugements définitifs. Les principales doctrines de l'auteur
y sont recensées : philosophie, phyique. biologie, psychologie, botaiiique,mëde-
cine, mais avec le souci de signaler leur nouveauté et d'apprécierla valeurde la
contribution qu'elles apportent à la science et à la pensée modernes ; par-dessus
tout, avec le sens de la méthode qui les a élaborées ; par là, M. D. dénonce l'ori-
gine des erreurs qui s'y trouvent et suit les démarches de l'investigationtrès com-
pliquéede Césalpin. Car cet esprit du xvi° siècle réunit le plus curieusementles
usages du moyen-âge et les exigences modernes. Il se réclame d'Aristote et re-
court à l'expérience ; il raisonne systématiquement et pratique l'observation.
Il n'était point facile de décomposer cette attitude intellectuelle et de prononcer
sur sa valeur. M. D. l'a tenté. Sur l'autoritéet l'usage d'Aristote : « Aristote ap-
paraît bien aussi comme l'inspirateur de la doctrine. Plus encore : pour les con-
temporains, il devait garder le caractère d'une autorité qui justifie. Mais au fond,
notre auteur apporte toujours une interprétation directement pensée ou directe-
ment appuyée... Voilà d'abord la grande originalité de Césalpin : avoir exposé
un Aristote vrai ou, du moins, beaucoup plus vrai que celui du moyen âge.. Mais
s'il n'est pas l'auteur d'un système nouveau, il a pensé pour son propre compte
ce système-emprunté'à l'antiquité » (pp. 5-6). Sur la méthode : « La dialectique
garde toujours son rôle. Il pose toujours la nécessité de l'explication rationnelle.
Mais il"a remarquablement développé lé germe d'expérimentalisme qui ap-
paraissaitdans Aristote, L'appel au fait joue perpétuellement son rôle ; la valeur
en est plus d'une fois expressément affirmée » (pp. 11-12). Quant à la substance
des doctrines, Césalpin est l'un des hommes qui, au xvie siècle, ont vu très net-
tement la petite circulation du sang ; il a apporté en botanique un système très
rationnel de classification. Mais c'est moins par la valeur positive et construc-
tive de son oeuvre que ce philosophe et savant est digne de mémoire : il l'est
plutôt par le caractère à la fois rationnel et naturaliste desa pensée. Il a exercé
de ce chef une influençe.certainesur le xviii 6 siècle.
On ne pouvait souhaiter plus intelligente pénétration d'une oeuvre difficile
sauf peut-être une insistance excessive sur la déformation que le moyen âge a
imposée à l'aristotélisme : ce qui est loin de représenter en cette matière toute
la vérité historique. ..:.-'
L'oeuvre maîtressede Nicolas de Cusa est antérieure de plus d'un siècle (1440)
à Celle qu'on vient de recenser : laborieux enfantement de la pensée moderne!
Elle est en son inspiration sensiblement différente : redevable à Platon plus
qu'à Aristote, favorable à la mathématique plus qu'à l'expérience. On la dirait
en somme plus moderne que l'oeuvre de Césalpin I Tant il faut prendre garde,
lorsqu'on entreprend de comparer ainsi des époques de la pensée humaine, de
ne point verser dans la simplificatoion et dans l'arbitraire.
C'est pour la première fois que paraît en français le -fameux traité de Docta
Ignorantia. La traduction eh a été faite sur l'édition critique de Paolo Rotta
1913, par les soins deM. L.Moulinier : labeur méritoire, si l'on considère l'abs-
traction de cette langue et la complication du style. M. AbelRey, cédant ap-
paremment-àl'enthousiasme,que lui inspire l'Annonciateur de la Pensée moderne '
s'est réservé de nous introduire en cettelecture. L'ambition de Nicolas de Cusa,
explique-t-il, fut de montrer l'accord du platonisme, que l'humanisme est en
train de rajeunir, avec l'aristotélisme, qui inspire la philosophie et la théologie
alors traditionnelles. Epiait, il se trouve servir Platon bien davantage qu'Aris-
tote. Cet esprit du xve siècle a horreur du dogmatisme fermé o.ù semble avoir
abouti la tradition du Lycée, tandis qu'il s'enchante de la liberté de la critique
et du renouvellementperpétuel de la pensée qui sont le caractère de l'Académie
De là procède cette théorie fondamentale selon laquelle la connaissance n'a point
pour but de définir une nature (ce qui imposé une limite à la pensée), mais de
découvrir des lois et des rapports de lois. Ces lois ne se déduisent pas d'un axio-
me premier, ce qui, au fond, n'aurait pas de sens : car un rapport exprime une
modalité singulière, que l'on peut relier à d'autres, mais dont on ne peut rien
extraire et qui ne peut être extrait de rien. Il n'y a de science que de l'indivi-
duel. Le processus de là connaissance par relations, c'est la méthode d'appro-
fondissement sans fin,dè compréhension toujours plus pleine mais sans terme —
sauf Dieu, qui est en dehors du divers. Le tout de la connaissance est la recher-
che et l'établissement des relations à partir des termes sensibles et non la recher-
che vaine de la nature des êtres sensibles.Les sensibles sont des symboles et non
pas des êtres. Les intelligiblesnonplusnesontpasdesêtres,maisleslienscréateurs,
— 20* — ;-
,

ces passages du posse à l'esse (la puissance, selon Nicolas de Cusa, est déjà une
tendance à l'êtreactuel) qui sont la réalité. Connaissance relativiste, on île voit,
en ce sens que l'objet connu est une loi, non une nature. En ce système, la science
instrumentale n'est plus là logique, mais la mathématique : tandis que le syllo-
gisme conclut et conduità un résultat, le processus mathématique est mie pro-
motion sans cesse ouverte de jugements inventifs. Là mathématique en elle--
même, notre précurseur tente déjà de lui faire épouser là shiuosité'Créatrice des
formes. En mécanique, il estime que le mouvement n'estpoint déterminé par
les formes mais qu'il rélève du calcul en tout ce qu'il est; dès lors, On peut
rêver d'une mécanique céleste. Il entrevoit la théorie de la matière qu'expli-
quera nettement Descartes. -'.,'...
L'exposé est brillant. Aussi bien le sujet n'est-il pas absolument neuf et M.
Rey nomme-t-il quelques-uns de ses devanciers. Son souci est de dégager de
l'oeuvre qu'il étudie les pensées d'avenir. L'entreprise, qui est séduisante, n'est
pas sans danger et l'on risque, en cherchant l'avenir, d'oublier le passé. Peut-être .
arrivè-t-ilà M. Rey de voir des signes de la pensée moderne en ce qui n'est qu'un
héritage médiévai — réjouissons-nous, du reste, si ces deux qualités se peuvent
rencontrer! Comme lorsqu'il fait l'honneur à son héros de revendiquerl'activité
originalederhitelligenceeiiprésencedesonobjetoudesituer dans le jugement,
non dans le raisonnement,la perfection delà connaissance. — Ily alieu de signa-
ler l'intérêt théologique du traité : non pas seulement en ce sens que l'auteur
emprunte à des considérations théologiques des illustrations pour saphilôsopliie,,
mais, plus rigoureusement, en ce sens qu'il tente "par le moyen de sa philosophie
une interprétation des mystères chrétiens, comme l'Incarnation, par exemple,
au livre III. Th. D.
W. G. DAMPIËR^ DAMMER - WHETAN. A histôry ôî Science âiïd its relation,
with philosophy and religion. Cambridge ; in-8, "xxi-514 pp.
Véritable encyclopédie en miniature qui vise à faire pour la science-— chose
humaine an même titre-que la guerre ou la politique —- ce que les historiens
accomplissent touchant ces derniers objets. A chacune-des six périodes en les-
quelles l'auteur divise l'évolution de la pensée hùmaineen matière scientifique
philosophique et religieuse correspondent un ou plusieurs exposés des princî-..
paux résultats, des tendances dominantes et des méthodes qui la caractérisent.
Dépouillement objectif dans la présentation des faits, concise précision de l'ex-
pression mettent en relief une érudition considérable qui prend -par sa simple
ordonnancé valeur de synthèse. Au cours de ces 500 pages très denses, pp ne-'
trouvera guère plus d'indications,en ce qui concerne renchaînemènt,qùè dans les _
dix pages.d'introduction, c'est que les faits s'enchaînent d'eux-mêmes, livrant
sous un aspect la trame continue d'une vie. :.
Nous ferons cependant quelques réserves. La part faite aux mathématiques
.

dans la dernière partie (xixe et xx? siècle), qui est aussi la plus importante, est
vraiment minime pour ne pas dire négligeable. Carence qui ne paraît pas en har-
monie avec le titre de l'ouvrage, lequel ne prétendpas restreindre la science aux
seules disciplines expérimentales. Ceci, il est vrai, est en continuité avec le peu
de faveur où sont tenues habituellement les procédés déductifs et les concepts
abstraits, mais enfin ceuxl-à même qui élaborent les théories physiques ne ca-
chent pas le rôle actif et fondamental qu'y joue comme instrument"de découver-
te l'analyse mathématique. Pour ne prendre qu'un exemple, on ne voit, pas
bien ce que serait la théorie de la relativité sans Sophus Lie et Lévi Ciyità.
De même, et malgré de fréquentes et loyales protestations là philosophie,
est parfois un peu asservie à la physique"expérimentale, ce qui entraîne
quelques gauchissements dans l'interprétation. Dire qu'il, a fallu attendre G ali-.
lée pour.que le point de vue dynamique de la matière en mouvement 'rempla-
çât le concept aristotélicien de substance et d'accident, s'accorde difficilement
avec une vue philosophiquement compréhensive des physiques du même Aris--.
totedonttoutelaphilosophieapourpointdedépartréxpliçatioiïdu changement.
Autre exemple : les lois telles que nous les observons "ou les déduisons des
faits,et qui sont objets de science, sont confonduesavec la notion philosophique
de loi, qui engage la question du déterminisme : même si les lois observées
ne sont que statistiques, le déterministe n'en serales'lols
aucunement-, ébranlé : il-
répliquera seulement que nous ne connaissons pas réelles. Le problème
philosophiquequi est posé ici et qui est posé par la science moderne avec plus
d'acuité, c'est celui de la vérification expérimentale du calcul des probabilités,
mais de telles questions paraissent tout a fait étrangères aux préoccupations
de l'auteur,
.';.,: " L — 21* — ';'•''. ''." '
. -

Enfin' si l'esprit de théologie est incriminé comme ayant à toute époque, et


spécialement au Moy.enAge, lié le progrès dessciences, peut-être le point devue
:
scientifique et expérimental auquel se place l'auteur ne lui a-t-il pas toujours
permis de saisir celui delà théologie ni celui dél'.Église. Cette dernière est trop
souvent présentée comme l'aboutissant de causesnaturelles,qu'il.s'agisse de la
:

civilisation gréco-romaine ou delà religion de Mittra ; cette façon de voir reste


;
évidemment discutable:et ne devait pas prendre la portée absolue d'un fait his-
torique. De même onnépeut.affirmer sans distinction qu'uneattaque contre la
philosophie aristotélicienne:-— et à fortiori contre là science — ait jamais été
une attaque contre là îpï:chrétienne : c'est au moins méconnaître que la théologie
n'est pas le dogme, Enfin, pour nous borner,Taùtèur soulève-la conception de .

révolution du dogme aû-Slxe siècle etl'expliqùepar l'influence de Darwin, Mais


l'école allemande lui était antérieure, et il resterait à montrer que. Newinan
par exemple ait dû son originalité au fondateurdu transformisme. Il y a ainsi
trop dèqùéstions, trop systématiquement et scliématiquémént résolues — qùel-
; ques lignes y suffisent d'ordinaire — par là même qu'elle ne sont pas posées com-
me questions, mais coinpie faits, en accord avec l'esprit général de toute l'oeu-
-

>vre, cet esprit même, delà « practicâl England i dont l'auteur montre souvent
; être fier. ;.
En bref, l'ouvrage s'intitulerait mieux : « histoire de la science, de la philoso-
phie et dé la religion envisagées d'un point de vue expérimental ou concret. »
À ce plan, et sans réserveen ce qui regarde là.science, il reste de-grande valeur,
.et par l'ampleur d,e rinfôrnmtjop, et par la rigoureuse probité de l'exposition,
i ;. '" ' " ' "';: ',''/.--' G, DES L.
-
.

-.
J.NEUBNER. Die HeiligenHandwerker in der Bârstelluxig der =Àbta Sàac.
tor.um »
Miïnster, Aschendprff, 1929; xvi-272 pp. ; 12;Mk.60.;.
Le christianisme dphpe au travail manuel sa vraie valeur : valeur humaine
valeur surnaturelle. Il le préconise comme un agent de moralité, et donc de
bonheur peur l'individu,^comme un facteur d'organisation sociale et de civili-
sation. C'est ainsi quel'Évangile a Vaincu pacifiquement, au cours dès âges, le
: mépris du mondé antique pour le travailleur,argttant parles faits contre l'erreur
de'ceux qui l'accusent d'être irréel et de ne pas s'intéresser aux choses de la* ;
;
terre. ;
Le D' NEUBNER a voulu dégager cette conclusion parvoie positive, en exploi- ,
tant directement les sources: hagiographiques. Son ouvrage voudrait être l'é-
bauchéd'une histoire hagiologiqued'un état défini, l'état de travailleur manuel :
mais il a dû limiter ses recherches à l'église primitive et au Moyen Age occidental,
avec de simples allusions à ce qui existe par ailleurs, et une vue sommaire sur
lés temps -modernes. L'auteur nous présente ainsi quelque 350 points, criti-
quant ses' sources avec uneminutie qui touche à la complaisance et. s'essayant
.à situer ses personnages dans leur milieu, Ainsi, en plus d'une valeur apologéti-
tiqueévidente, et comme base à cette valeur apologétique,l'ouvrage de N.aune
vâleurhistorique eh raison du gros travail de recherche, dans une matière très .
:
-dispersée, et de là riche bibliographie qu'il nous offre. Fâudra-'t-il cependant si-
gnaler quelques inévitables lacunes 1 N. ne connaît pas l'étude du P. Allô' : Le
travail[d'après St Paul, Paris 1914 ; parmi les frères convers dominicains hono-
rés d'un culte officiel, NV connaît le Bx. Jacques d'Uhn, mais ignore le Bx. Si-
mon Bàlacchi, le Bx; Jean Massias, et le Bx. considérable
Martin dé porrès. Mais ces oublis
ne doivent pas fahe spUs-estimer l'érudition de l'ouvrage, dont de
fort bonnes tables (des saints avec leur profession; des noms techniques de ces
.
diversesprofessions) dénoncent la richesse. Cetteérudition elle-même à ses in-
convénients : l'auteur est resté trop souvent à l'analyse, à l'épluchagedés'textes,
aux notations de détail mises bout à bout : avantage et inconvénients d'une éru-
;
dition trop riche. -
H. F.
Ch. BLÙMHARDT. Les trois premiers chapitres de l'Apocalypse. Paris
Fischbâcher; 1929 ;inrÏ2,61 pp. — 10 fr.
La foi..et la piété ardente, qui ont inspiré çes.méditations, qui datent de.plus
... quarante
;dé ans, sont communicatives et peuvent rendre la lecture de ces pages ;
bienfaisante; c'est dans "ce dessein qu'elles ont-été publiées. Défait, bien des
réflexions de l'auteur sont heureuses et même émouvantes. Mais il n'est pas be-
,sôin deisignaler les inexactitudes ou les erreurs d'une exégèse qui date, d?unsym-
bolisme non suffisamment contrôlé, et trop immédiatement conçue eh vue de
-
l'application morale ou religieuse pratique ; ne serait-ce que le rôle propre .attrj-
— 22* —
bué aux Sept Églises dans la nouvelle venue du Sauveur, sur quoi est fixé l'orien-
tation pratique de ces méditations. En appendice, un extrait d'une allocution
prononcée par Blumhardt en 1888. G. S.

A. M. LIBERT, O. P. L'esprit du Christ en nous (Coll. Fides).Liège, La pensée


catholique. Paris, Giraudon, 1929 ; in-12, 206 pp., —12 fr.
Ce sont des conférences sur les Dons du Saint-Esprit, données plusieurs fois
au cours de retraites, et dont le bienfait s'étendra fort heureusement à de nom-
breuxlecteurs. Ilest en effet très opportun que cette richethéologie des dons du
Saint-Esprit soit plus accessible aux fidèles, et que jusqu'à eux, hors des cercles
spécialisés, les nombreux travaux récents portent leur fruit. Ces conférences -

n'ont rien de rébarbatif, et leur moelle doctrinale est rendue assimilable grâce
à la clarté de l'exposé et à l'agrément de la forme. Les sept conférences sur lés
sept dons sont précédées d'un chapitre général sur le rôle des dons dans notre
vie surnaturelle. Les prédicateurs ne manquerontpas de mettre à profit une telle
psychologie religieuse et surnaturelle. M. C.

Dom Un maître de la vie spirituelle : Dom Columba


THIBAULT, O.S.B.
Marmion.Abbé de Maredsous (1852-1923). Paris, Descléé, 1929 ; in-12,
556 pp. — 15 fr.
Découvrir dans la vie de D. Marmion le sens de son oeuvre spirituelle, tel fut
le dessein de D. Thibault. L'auteur a trouvé dans la chronologie le cadré indis-
pensable, mais il a su, comme à chaque page de son livre et avec une excellente
technique biographique, dégager -la physionomie intime de Dom Golumba —
et s'il est parfois un peu long, il n'est jamais lassant : il parle dé son père, et le
père est si vivant ! C'est que D. Marmion n'est pas de ces hommes qu'on admire
sans pouvoir les imiter. Son obéissance religieuse, sa bonté si chaude et si gaie,
cette puissante synthèse du « Christ vie de l'âme » qu'il a puisée dans S, Paul
dès son noviciat et qu'il a vécue avant de la prêcher,toute sa vie si surnaturelle-
ment naturelle en font un exemple précieux pour nos contemporains,:que con-
firme encore les chapitres sur l'amitié intime de D. Marmion avec le Gard, Mer-
cier et sur sadirectionde nombreusesâmes, enparticulierde D. Pie de Hemptinhe.
P.P.
Henriette BREY. Quand la nuit tombe sur l'âme. Bruges-Paris, Desclée-De'
Brouwer, 1929 ; in-8, 145 pp.
Cette excellente traduction de l'allemand par la Comtesse Eisa Hartigporte
en sous-titre : Un livre pour ceux qui souffrent et qui pleurent. Lehut escompté,
de pacification, de courage et même de joie, auprès des âmes éprouvées sera
certainement atteint. Le moyen employé, d'ailleurs avec un tact parfait, est le
meilleur qui soit. L'auteur puise dans les enseignements et la. vie du Christ "
le remède pacifiant à toutes les souffrances : épreuvesphysiques, solitude, doute,
désespoir, etc.. Ce qui fait le mérite et la force pénétrante de cet ouvrage, c'est
la reconstitutiondes épisodes évangéliques et la mise en lumière du sens profond
et éternel des enseignements de Jésus ; cela grâce à une connaissance exacte de
la Palestine et des moeurs juives (pourtant, on lit encore Jéhova !.), et à une foi
chrétienne éclairée. Un style riche et coloré ajoute encore au charme de la lec-
ture. G. S.

G. MARQUEZ, S. J. Explicacion literal dei Gatecismo de Astete. Madrid, Ra-


zon y Fe,.l929 ; in-12,430 pp, — 5 pes.
Commentaire littéral du catéchisme du P. Astete, destiné à rattacher les
croyances et les pratiques du chrétien aux textes qu'ii a appris machinalement
lorsqu'il était enfant. Excellente entreprise et assez heureusement réalisée.
Après un exposé global de la Doctrine chrétienne, quatre parties d'explication ;
: la prière, la Vierge et les Saints ;
que croire : le symbole de foi ; que demander l'Église
que faire : les commandementsde Dieu et de ; que recevoir : les.Sacre-
ments. Puis une cinquième partie qui parle des vertus et des;vices_; enfin deux
appendices, sur les erreurs modernes, et sur la Bulle de la Sainte Croisade.
On appréciera le style simple et vivant, la présentation claire. Peut-être la
doctrine dépasse-t-elle parfois un peu lé domaine de la foi, en enseignant par
exemple qu'il y a trois facultés dans l'âme : la mémoire, l'intelligence et là volon-
té? '
— 23* —
On pourra surtout regretter dans le premier appendice, ïa présentation vrai-
ment trop sommaire de certaines erreurs modernes (par ex. le darwinisme)
leur réfutation un peu brutale et étroite, enfin la considération de questions que
l'Église laisse libres (ex. la liberté de la presse). P. B.

L: CHAPELAIN. Un coin d'apologétique objective. Paris, Beauchesne, 1929


in-12, 238 pp.
Pour amener son lecteur à confesser la divinité de. Jésu-Christ, l'auteur part
de trois faits objectifs : Les évangiles, le fait chrétien, le Christ et les prophéties.
' L'authenticité, l'intégrité, la véracité de l'Évangile nous présentent ce livre
comme unique et rempli d'une force surhumaine. D'autre part, les obstacles
gigantesques vaincus par le Christianisme, la disproportion entre la faiblesse
des moyens et les résultats, obtenus, forment aussi un précieux argument que
Mr Chapelain exploite avec habileté. Puis en voyant dans le Christ celui qui ac-
complit les prophéties et aussi celui dont les prophéties se réalisent, il essaie de
montrer que la mission de Jésus est divine et que le Christ est bien le Fils de Dieu.
Cet ensemble de faits universellement objectifs ne forment qu'une partie
très spéciale de la synthèse apologétique ; l'aborder sans parti-pris, en toute
bonne foi, c'est aller vers la lumière. H. V.

R. AIGRAIN. La Musique religieuse. (Bibl. cath. des se. relig.) Paris, Bloud,
1929 ; in-12, 240 pp. '
Résumé solide et condensé de tout ce qui concernela musique religieuse, des
origines du chant grégorien aux dernières productions de nos contemporains.
Deux parties divisent le travail : d'abord le chant grégorien(origine, évolution,
décadence, restauration), puis la musique figurée (contrepoint, polyphonie, art
classique, écoles modernes). On appréciera dans la première partie une clarté
et une précision qui réussissent à exposer en peu de mots, et d'une façon pourtant
complète, des notions assez délicates ; on remarqueraaussi le ton clame et objec-
tif qui y règne et que l'on aimerait à rencontrertoujours en ces matières. — La
deuxième partie est un répertoire documenté qui ne prétend pas exposer des théo-
ries approfondies sur l'évolution de la musique,mais se propose plutôt de fournir
une foule de renseignements sur un grand nombre de musiciens, peu ou mal con-
nus : leurs dates, leurs oeuvres, l'école ou l'influence dont ils relèvent, la valeur
religieuse de leurs compositions,...Un index alphabétique achève de rendre très
accessibletoute cette érudition. — En un mot, cepetit livre est un manuel précis
et clair, fort précieux à consulter. P. B.

W. GURIAN. Die poîitischen und sozialen Ideen des îranzoesischen Ka-


tholizismus 1789-1914. M. Gladbach, Volksverein-Verlag, 1929 ; xvi-
418 pp., —12 mk. 50. -

Cet ouvage veut être un tableau d'ensemble de l'activité politique et sociale


des catholiques françaisdepuis la Révolution jusqu'à la Grande Guerre. Après un
chapitre préliminaire sur la situation de l'Église sous l'Ancien Régime, M. G.
raconte les vicissitudes du catholicisme en France pendant la période troublée
de la Révolution et sous la dictature impériale. Puis, il s'étend longuement
sur les disputes intestines des catholiquesfrançais au cours du xixe siècle et sur
leurs luttes contre la conquête laïque. Les notes abondantesplacées en fin du
volume témoignent que son auteur est pourvu d'une information étendue, pui-
sée souvent aux sources. Nul doute que ce travail sérieux ne puisse devenir :
pour les. lecteurs allemands, comme le souhaite son auteur, un sujet d'utiles et
pratiques réflexions. A des lecteurs français, l'ouvage de M. G., s'il ne leur ap-
prend pas grand'chose qu'ils ne sachent déjà, apportera le précieux tribut du ju-
gement d'un étranger sur leur propre activité. Il constatera par exemple combien
les spectateurs du dehors sont frappés par les divisions qui ont séparé et souvent
opposé les catholiques en France. Peut-être,'à ce propos, est-il permis de penser
qu'en soulignant comme il l'a fait cet aspect très réel de notre histoire, M. G.
n'a pas échappé entièrement au danger de masquer un peu les activités moins
bruyantes mais plus fécondes. G.

Y. DE LA BRIÊRE. L'organisationinternationale du monde contemporain


et la Papauté souveraine. Troisième série, 1927-28-29. Paris* Spes, 1930 ;
in-8, xix-282 pp. — 20 fr.
L'éminent historien du monde contemporain consacre cette nouvelle série
_24* =~ ;; -
.;;;:;.' .;-- ...
d'études à l'histoire delà Question romaine et à sa solution ; aux différentes
accords de la Puissance Pontificale avec la Lithuaniè, ïa: Tchéco-Slovaqùle, la
Roumanie, le Portugal. Puis il dresse le suggestif tableau dés impénalismes'bri-
tannique, américain et soviétique. Ôbervateur-attentifdes choses delà S. d, M.
il oppose à de fallacieux E. U. d'.Europe, là conception d'une certaine Union ' "
Européenne dont il montre les préfigurations au Congrès;de. Vienne. Dans un
chapitre d'une grande opportunité, il montre que la vraie'tmdïtionpiplitiqùèdés
partis de droite devrait être, en France, pacifique et ouverte aux échangés inter-
nationaux.. Les derniers.chapitres sont consacrés au pacteKëllogg.ét à l'activité
de la S, d. N.; où il faut noter l'admission de T Union Internationale des'Ligues ;
Catholiques féminines à là commission consultative pour la'protectipn dé l'En-
fance et de la Jeunesse.
En ces'matières, le nom ,de l'auteur, récemment admis à -l'Institut de Droit
International, est une recommandation qui se suffit.
-
r D. F,
:

R. GUENON. Autorité Spirituelle et Pouvoir temporel."Paris, Viin, 1929 ;


in-12; ix-158 pp. — 12 fr.-
. .
On sait en quelle pitié l'auteurtient la pensée occidëntalecontemporaineetque
c'est de l'Inde surtout qu'ilattendla lumière et la rénovation. -
On retrouvera ici, organisés en vue de prouver le primat,absolu du Spirituel, -

tous les éléments de son système (qui a déjà été critiqué dans cette revue, Ï921,
p. 46l.s's...; 1926, p. 395 ss.) en particulier,ses idées sur les «lois cycliques » et les
castes.Mêmeattitudéaussidèhautainecondescendance,souyentanfiichrêti.ehhe,
pour un catholicismequ'il ne connaît malheureusement pasiassez, -,"' ^ .

Malgré le désir qu'ils en auraient par sympathie pour cette tendance spiritua-
liste, les tenants de la primauté-du.Spirituelne trouveropt.lci riënde sûr qu'ils ;
puissent agréger â leur thèse. Et si parmi les maux dont souffre l'Occident, il
faut cpmptér l'excès; d'esprit critique, nous, avouons que certaines pages pour-
raient; bien plutôt donner le désir de n'en pas guérir, .'-D.;!?..,,
G. LËGBAND. Précis de Sociologie. 3e éd. Bruxelles, A. D.ewit ; - Paris, Girau-
don, 1929,ln-12,.332 pp. —15 fr. ' v' ""'/'":'-"
Le Précis d'Economie sociale publié en 1912, remanié en 1920 est devenu une
Précis de Sociologie. L'auteur, qui se tient au courant du mouvement dés idées :
contemporaines, ai en effet .inséré dans son ouvrage -—dont la valeur est ainsi ;
accrue.-—desétudes nouvéllessurle sens social, rindividuétla société,lainission
sociale de l'art, la réforme de l'état,les formes nouvelles du socialisme) lamorale ;
. et la religion. L'ensemble est digne d'éloges ; il faut louer particulièremept les
exposés historiques, considérables qui viennent éclairer.et corroborerconclusions:
et principes. Mais ce. sont ces derniers qui ne sont pas suffisamment mis: en
lumière.Dansle détail on souhaiterait plus de précision et de clarté, Cf. Lês.lois
en économie sociale, p. 42, le fondement de l'autorité civile, p. 95, et du droit de
propriété p. 171, les principes de justice (commutativè) Téglantle taux des^sa-
laires p. 250 etc. La bibliographie est celle de la vulgarisation.et non dés re- _
cherchestechniques ou des documents de premièremain. Ceprécis s'adressedonc
et sera utile à ceux, qui veulent s'initier à ces questions délicates et si-actuelles. :
G. S,
;;.-

OSSIP-LOURIÉ. L'arrivisme,Essai de Psychologie concrète. Paris, Alcan,


1929 ; in-12, Ï80 pp.— 12 fr. - :"'-:-.''..'•: V;' -:'"•'.' '

M. O.-L. nous livre une étude psychologique qui n'est pas sans valeur pourf
défendre notre Société contemporaine. L'arrivisme est défini « une affection qu
pousse invinciblement certaines catégories d'individus;;(de:toutes classes)à
-

égaler ou dépasser quelqu'un ». — On y trouve là vanitéi l'audace, « l'exhibi-


tionnisme»... cas pathologique semblable à la mégalomanie niais qui pousse
l'individu à réaliser ses rêves. L'auteur,avec des titres peut-être trop techniques:'
pour une étude si concrète (stigmates pathognomoniques, éti01ogie.,.)rfait;défiler...
l'arrivisme collectif, l'arrivisme chez.la femme, le rôle de L'arrivisme dans la ci-
vilisation (américanisme), dans la science (ïllusionisme), dans là Philosophie
la morale et les arts (utilitarisme). „:...:
Pourquoi M.;0.-L. ne s'ëst-11 pas borné à une étude purement psychologique
sansfàire appel, en un style bien amer parfois, à.des théories,morales ou philo-,
sophiques qui diminuent sa thèse? Resterait à savoir si l'arrivisme est chose si
nouvelle et si de tous temps il n'y eut pas des ambitieux. Peut-on ânàthëmatisér'
notre: société parce :que les facilités d'un; siècle démocratique.permettent à
Jjeaucoup ce qui était autrefois le seul apanage des grands? P.;;P?
V ' '
' —25* — '
R. GUYON. Réflexions suy la tolérance. Paris, Alcan, 1930, in-12,116 pp.—10f*
Proclamer la légitimité dé-tout ce qui ne cause pas de sptiffrancèa autrui,'tel
' estîe.but des aphorismés de M. G. ; généralement, à l'occasion de faits divers, la
-

tolérance est montrée aux: prises avec la morale etles lois, l'esprit de prosélytis-
me et de. prohibition et surtout avec le puritanisme. Tout y est critiqué au nom
delà tolérance, et l'àutéurréste logique avecluwnêîlïe, mais ôuelleintr.ansigeance
.
dans l^énoncé du principe fondamental ! ' '''" P, P,
L. .WOLEK, O. P. Studjaa dziejow Zakomï kàznpdziejskiego w Polsce wa
.
-XlIIwieku. [Études sur l'histoire dé l'Ordre des Frères Prêcheurs en '
Pologne, au
XIIIe siècle], Leopôl,
1929.
Même après l'ouyragedeB. Altaner sur lesinissions dominicaines au xni 6
sièçle,;ilreste de la lumière a porter sur Pliistpiréde cette.province dominicaine
jetée aux confins du monde latin en contact aveela Ruthénie schismatique et
la Prusse païenne. Le R.P. Wolek vient de s'y employer; dans un mémoire.sub- .
stântlèl. Après un çhâpitréintroductif, Utile sans doute au lecteur polonais,
.rédigê.en'tout cas d'après les plus récents travaux de l'historiographie domini-
caïpe,l'auteurétudie la famille des Odrowaz (pron. Odrowonj),sPuchesilésienne
transplantée en'PétitePologne dès lé xne siècle: c'est à cette famille qu'àppar-
tient l'évêque de Cràcovie,; ,lves, et saint Jacek (Hyacinthe), auxquels on doit
.
l'établissement en Pologne.de cet ordre qui; devait y prendre une; si grande
importance et y jouer un rôle de premier.plan nori seulement, religieux mais
national. Le reste de l'ouvrage, qui contient les résultats les plus neufs et les-.
plus importants, estcpnsacré à l'histoire des missions dominicaines en Ruthénie
et en Prusse. C'est, eneffet à l'Ordre des Prêcheurs, que devaient incomber pres-
que exclusivement ces difficiles missions. Néanmoins il ne faudrait pas diminuer
la part des Cisterciens; il y eut vers 1230 un çertaiii Gérard", évêquelatin pour là
Ruthénie;; le P. Wpïek veut l'identifier aVeclé dominicain Gérard de Breslau,
l'uneides plus grandesfigures de l'Ordre en Pologne dans: la première moitié du
xiiié siècle. Or la Chronique de Grande Pologne et le Mémorial de Basco, gardien
du chapitrede PôznaPi font de ce Gérard un cistercien, abbéd'un monastèrefondé
pour les missions dans la région de Sandoipir.Le P. Wolêk, après Th. Wojcie-
chowski se débarrassèdu témoignage de la Chronique en; en rejetantla composi-
tion.aU:Xive siècle finissant ; ceci n 'est rien moins qu'établi ; et reste le Mémorial
du chanoine Basco, oeuvre d'un contemporain. H demeure vrai que l'activité
missionnaire des Cisterciens a été très vite éclipsée par celle des Dominicains.
Je hasarderai une observationqui touche à la méthode même : la difficultéprin-
cipale dé l'étude à laquelle le P. Wolek s'est atataché consiste à faire le départ
entre les sources .d'archives, contemporaines des événements, et la tradition
hagiographique quts'es.t développée autour du tombeau de saint .Jacek ; tâche
extrêmement délicate, qu'il.faudra bien aborder, çt dont la mémoire du saint
n'aura pas à souffrir; liais dans le travail du P. Woïék, les deux perspectives
sont encore trop confondues ; il en résulte, un certain flottement. Malgré cesré-.
servés>;onreconnaîtrâlemérite de cette étude,"sanslaquelle on ne peut désormais
prétendre tracer un tableau des missions du.xine siècle en Europe orientale.
Grqcovie, " •
P, DAVID,

Aies (D') A. Eucharistie. (Bibl. cath. des sC. rcl.). Paris, Bloud et Gay, 1930 ;
:':;in-16; 172 pp.:;-^-12 fr.
ALVES PEREIRA B,, O.M, La doctrine du mariage selon S. Augustin. Paris,
-,
,

Beauchesne, 1930 ; gr. in-8, x-246 pp. ^— 30 fr.


ANDËRSON L. F. Grottes Lpgisché Welt. Leipzig, Meiner, .1930 ; iii-8, 288 pp.
-

-.:—' 7 mk. 80.;; "


ASTING R. Die Heîïigkeit im Urchristentum. Goettingen,Vandenhôeck,
.1930 ; in-8, 332 pp.—19 mk. 50.
Etudes
..
sur S. Augustin par R. JOLIVET, Çh. BOYER, P. MONNOT, F. CA-
ÎVALLERA, B. ROMEYER, R. DE SINÉTY (Arcli. de Phil., VII, 2). Paris,
Beauchesne, 1930 ; gr. "in-8, 273 pp; :
BARDY G. Paul de Samosate. Nouvelleédition entièrement refondue. Louvain,
: Spicilegimn sacrum Lpvaniense », 1.929 ; gr, ;in-8, x-573 pp.
BARTMANN B. Das Fegféuér. Ein chrïstliches Trosibuch. Paderborn,Boni-
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— 26* .— -
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Leipzig, Hinrichs, 1930; in-8,271pp. —11 mk. ".-"':
BÀUMGAERTLERJ. Die Erstkommunion der Kinder. Muënchen,Koesel, 1929:;
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— 6 mk. " "'..:;-


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THIBAUT J.-B. — L'ancienne Liturgie Gallicane. Son origine et sa forma -
tion en Provence aux Ve et VIe s. sous l'influence de Cassién et de
S, Césaire d'Arles. Appendice sur Jean Cassien de Serta. Paris.
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TITIUS A. Natur und Gott. Zeite neubearbeite Auflage. Lieferungg 2-3. Got-
_' tingen, Vandenhoeck,1930 ;in-S, 166160pp.
TRICOT, Traité de Logique formelle. Paris, Vrin ; 1930 ; in-8; 316 pp. —32 fr.
ULRICH TH. Pietas (pius) als politischer Begriff im romischen Staate bis
zum Tode des Kaisers Commodus. Breslau, Marcus, 1930 ; in-8, 94
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URBAIN CH. et E. LEVESQUE. Les dernières années de Bossuet. Journal de
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URTIN H. Vers une Science du Réel. Paris, Alcan, 1930 ; in-12,123 pp.-—12 fr.
VAN DEEMTER R. Der Hirt des Hermas Apokalypse oder Allégorie ? Delft,
Meinema, 1929, in-8, 167 pp.
VIALATOUX J. Le discours et l'intuition. Leçons philosophiques sur la
connaissance humaine et la croYance, introductives à l'étude de la"
Logique et dé la Métaphysique. Préface de J. Chevalier. Paris, Bloud
et Gay, 1930 ; in-16,124 pp. — 9 fr..
.WARFIELD B. B. Ghristology and Criticism. New- York, Oxford University
, Press, 1929 ; in-8, v-459 pp. — 3 doll. ;.
.WATKTN-JONES H. The holy Spiritfrom Arminius to Wesley. London, The
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'-"- Epworth Press, 1929; in-8, 335 pp. —12 sh.


WHITEHEAD A. N. The Function of Reason. Princeton, Princeton Univ. Press,
1929 ; in-8, 72 pp. — 1 dol. 50.
WILL R. Le Culte. Tome IV. Les formes du.Culte. (Etudes d'Histoire et de
Philosophie Religieuses). Paris, Alcan, 1929 ; gr. in-S, X-56S pp. -— 60 fr.
WILMERS W. Lehrbuch der Religion. Ein Handbuch su Deharbeskath.
Kathechismus und ein Lesebuch zum Selbstunterrichte. 8 e Aufl,
4erBand : Von der Gnade und den Gnadémittels.Munster, Aschendorff,
1930 ; in-8, xx-94S pp.— 16 mk.
WINKLËR M. Peter Jakovlevic Caadaev. (Osteuropàische Forsch., 1). Berlin,
Ost-Europa-Verlag,"1927 ; in-8, 106 pp. — 5 mk. 50.
ZIEGLER-J. Die Liebe Gottes bei den Propheten. (Allleslamenlliche Abhand-
. lungen, XI, 3). Munster, Aschendorff, 1930 ; in-8, vn-129 pp. — 6 Mk.

Les ouvrages suivants, dont la matière est en dehors de l'objet propre de la


Revue, ne pourront pas être recensés dans les Bulletins :
AUFFRAY A. La pédagogie d'un Saint. Lyon, Vitte, 1930 .
'8 fr. ,:"'. ; in-12, 188 pp.-—•
BLAUSTEIN L. Das Gotteserlebnis in Hebbels Dramen. Berlin,Reuther und
Réichard, 1929 j in-8, vi-68 pp. —- 4 mk.
-"*-..- — 32* —
:\
DAMIEN R. Le :Monde Intérieur. Paris, Alcan, 1930 ; in-8, 143 pp. — 20 fr
-

DE GUYPER À. Gomment faire communier nos jeunes gens à la iiturpie ?


(La Liturgie catholique. N». 4). Louvain, Abbaye du Mont-César, 1929 ;
in-16,. 44 pp. .
DERMINE J. La doctrinedu Mariage chrétien. 3e éd. Louvain, Sociélé d'étu-
des morales,sociales etjuridiques,1930 ; in-12,262 pp. 15 fr.
-—
DOMBROWSKY-RAMSAYNi La morale humaine et la Société des Nations
Paris, Alcan,.1930 ;.in-12, 122 pp. — 12 ir.
FELDMANN J. Okkulte Philosophie. Paderborn, Schôningh, 1927- in-8 Vin
223 pp. —- 4ihk.
GIANNI S., Û.SS.R., P. Cl.rMarc Institutionum IVXoraïium Alfonsianarum
Ëpitome, ad tramitem Juris Canonici ac subsequentium S Sedis
Decretorumaccômmodata. Lyon-Paris, E. Vitte, 1930 : in-16, 568 pp.
HERTLIING J,(von), S, J. Antonius der Einsiedler. Innsbruçk, Rauch 1929
: ln-8,xvi-96pp. —4;Mk.
JORDEN W,, Ô.M.Cap., Das cluniazensische _
Totengedàchtniswesen (Mun-
stcrisçhè Beitrage zui Théologie, 15). Munsler, Aschendorff, 1930; in-8,
viil-116pp. — 5Mk, 40.
KNAK S. Sâkularismus und Mission. (Allgemeine MIssions-Sindien, VIII).
Gutersloh, Bertelsmann, 1929 ; in-8, 42 pp.
KOLBE, Mgr. A çatholic view of Holism'. London, Macmillan, ] 928 ; in-8, vin-
67 pp. — 2 sh. 6: ;
LAGOMBE L. Rao-Sahib-Mahadéva .. Aiver ou le Brahme converti. Paris.
Desclée, in-12,167 pp.-—7ir.
LAPÛRTA-G,,.O.S.B. Piété eucharistique. (La liturgie catholique, N" 2). Lou-
vain, Abbàyë du Mont Gésar,.1929 ; in-16, 22 pp.

in-12,221 pp.—15 fr,- ...


MAIRE E.Histpire des Instituts religieux et missionnaires. Paris, Lethiel-
leux; 1930; :in-12, XII-343 pp.
MARCHET X., À.-...-A. LaT merveilleuse vie de Bernadette, ïa Voyante de
Lourdes. Paris, Téqui, 1930 ; in-12, xx-302 pp..—12 ir.
MAUNIER R, Mélanges de sociologie nord-africaine. Paris. Alcan. 1930:

MOREAU (de) E. Saint Ànschaire. Louvain, Muséum Lessianum, 1930 ; in-S,


157 pp. — 30 fr...-:-,.
MOREAU (dé) H., Ô.S..B. Dom Hildebrand de Hemptinne, Abbé de Mared-
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'.- sous, premier Primat de l'Ordre Bénédictin (1849-1913). Paris et


Bruges, Desclé:e,,l93p in-12, 395 pp. — 15 ir.
MORINEAU B.- M., G.M, Chant de l'âme avec Marie. Élévations. Paris, Spes,
-1930'; in-12, 256 pp. — 12 fr,
MUELLER J.-B,, S.J. Zéremonienbucblein fur Priester und Kandidaten
des Priestertums; nach dèn neuen Rubriken und Dekreten. 10-12
ÀufI,.Freiburg, Herder, 1930; m-J 6, xvi-304 pp. .— 3 mk. 50.
NYSSÈNSP.L'énergieprocréatrice. Bruxelles, Librairie delà Culture Humaine,
: 1928 ; in-12, 115 ppIr-rlO fE
PIERAMI B.,.0,S.B., Vie du Serviteur de Dieu, Pie X, publiée par la Postu-
"" iatioh. Préface dé Pastor. Traduct. G. ROBERT. Turin. Marietti, 1929 ;
in-12, xx-220pp. +-8fr.
ROELANDTSL.,.G.SS.R,Notre Seigneur Jésus-Christ. Le plus beau des en-
..

fants des hommes, 2'« éd. Louvain, Librairie S. Alphonse, 1929 ; in-12,
i25pp., —8îr. 50.
RICHTER J. Das Heidentum als. KEissionsproblem. (Allgemeine Missions-
. ..

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studien, VJI).,GuterslQh, Bertelsmann, 1928 ; in-8, 43 pp. — 0 Mk. 50.
ScHLOSsiNGER G,, O.P. Méditationes de Sanctis Ordinibus pro exercitiis
spiritualibus juxta Pontificale Romanum. Turin, Marietti, 1929;
in-16,234pp;—51ib, ',•-.
SCHNEIDER D. Diekirchîiche Statistik in ihrer apolog-etischen Bedeutung.
(Sïudiendès àpologetischen Seminars, 25). GûLersloh, Bertelsmann, 1929 ;
•in-S, "31 pp.— Imi.
SCHRIJVERS J.j-C.SS.R. Ma Mère. Louvain. Librairie S. Alphonse, 1929 ; in-12.
; 150 pp. —7.rfr.50,
SCHÛRÉE.: Esquisse diune'Cosmogonie PsYchologiicue, d'après les con-
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férences faites à Paris en 1906 par Rudolf Steiner, Paris, Fischbacher,


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ToBiAS Y Ruiz H.Hojàs dé Catècismo. Brèves explicaciones dei P. G, As-
.tete. 7e èd.MadridJ, Apostolàdo de la Prensa, 1930 ; in-16, 270 pp.
VERGNAUD G. Dans la Lumière catholique. Préiaceparle R. P. Serti11 anges.
Paris, Lècôfîré (Gabalda), 1930 ; in-] 2, 197 pp. — 10 fr.
VIDAL J.-M. (Mgr). Henri de Spohde, recteur de S. Louis des Français,
évêque de Pamiers (1568-1643). Rome, Desclée, et Paris, Éditions Pi-
card, 1929 ; in-8, vi-262 pp.
ZIEHEN T. .Das ProWem dei? Gesetse. (Iîallischc UniversiiaUrcden. 33).
iHaîle^ Niemèyer,i927'j in^SjSO pp.—1 k„ 20,
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