1930-07, (A19, N3)
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REVUE •
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DES
SCIENCES PHILOSOPHIQUES
ET
: THÉOLOGIQUES,
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des religions
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M.--Î5. Chenu, M. <Jac<juin, G. Théry, M.T M. G-orce.r 'Bulle-
tin d'Histoire des Doctrines chrétiennes. — Occident. 569
CHRONIQUE , ._
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' RECÉNSION DES REVUES ~ «35
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PARIS
LIBRA.IRIE PHILOSOPHIQUE Je YRIN
6, P&A.GI3 Dît LA SOHBONNE
La Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques est publiée
sous la direction d'un groupe de Dovninioaùis français', proies=
seurs au collège Ihéologique du SAULCUOIR, Elle paraît tous les
trois mois, par fascicules de 200 pages in-8° raisin.'
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E. BRÉHIER La'ihéoiic des incorporels dans l'ancien stoïcisme.
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phie (1815-1854). Xn-S de 225 pages 30 fr.
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ID. — La philosophie de Malebranche et son. expérience reli-
gieuse. In-S de 435 pages , . . . « . . . 40 ir.
.. '.
L — Remarques préliminaires.
(2) AVICENNE, M.elaph., I, c. 2, circa initium. Venise, 1508, fol. 70a verso.
(3) Ibid., V, ç. 1, circa initium ;,fol. 86a verso. Dans ces textes le mot rendu
par le latin intentio est le terme arabe ma'na, qui aie sens de signification. Je
dois ces renseignements à l'obligeance de M.L. Massignon, professeur au Collège-
de France. Qu'il trouve ici l'expression de ma gratitude.
(4) Ia Ilae, q. 12, a. 1, c. De même : II Sent., d. 38, q. 1, a. 3, c.
LÀ NOTION D'« ÏNTENTIÔ y> Ail
qui n'a plus rien d'arabe, c'est le sens obvie du mot latin tendere
et de ses dérivés -.intentus, intentio, être en direction vers, tendre 0).
Mais le seul verbe latin intendere commande deux notions voisines
qu'il faut distinguer : inten tio, tendance, direction vers un but,
et intensio, intensité, tension. Au second vocable appartiennent les
expressions de : « intensio et remissio, pperatio intensa »,- les ver-
bes : « intendi et remitti», spécialement dans leur emploi au passif.
Le premier terme figure dans les expressions techniques suivantes :
«intentio finis, finis intentus, id quôd agens intendit. » Souvent
d'ailleurs les deux notions sont juxtaposées : «intense tèndere (2)
«intensio intentionis ( 3) ». Parfois même il est malaisé de les distin-
guer et de savoir à laquelle de deux notions on a à faire. On se con-
tente d'étudier ici la seule notion d'intenlio, et non pas celle d'in-
tensio tension.
(1) S. Thomas signale, dans une objection d'un article de la Somme, une
définition de Vintentio proposée d'après S. Jean Damascèné (De Fide oriho-
doxa, II, c,22, P. G.,t; 94, col. 941-944). Dans laréponseàf objection, S. Thomas
interprète bénignement ce texte en fonction de sa propre doctrine (Ia P., q. 79,
a. 10, ad.3. ; jet commentairede Cajetan in hune locum). La citation de Da*-
mascène est sans influence sur le vocabulairepropre de S. Thomas.
(2) IXICont. Gcnt., c. 138, § Videntur autem,
(3) Ia IKe, q. 19, a. 8, c. .
.
(4) IIanae,q. 100, a: 4, ad 3. -.
,
(5) III De Anima, lec. n. 637,638,651.
5,
448- H. D. SIMONIN^
ces emplois, le mot intention doit garder le sens qu'il possède dans
la philosophie de S. Thomas.il s'agit d'un acte psychologique-plus:
volontaire qu'intellectuel, tandis que intention, en français, désigne
souvent une détermination de l'espritseul, Maissi les deux notions '
l'ancienne et la moderne, ne se recouvrent pas exactement l'une:
l'autre, les deux mots doivent néanmoins être employés l'un pour :
ces êtres que l'on a coutume d'appeler inlentiones, parce qu'ils res-
semblent à l'être possédé par l'esprit et qui est de l'être en minia-
ture « ens diminutum », ainsi qu'il est dit au VIe Livre des Méta-
physiques (!). Le mot intentio désigne donc Un mode spécial de l'être,
un être réduit, et c'est pourquoi on emploie un même vocable pour
désigner à la fois et l'être qui existe objectivement dans l'esprit
et.la vertu causale imparfaitement possédée par l'instrument.
Danscette définition dé Yinlenlio comme réalisant un certainmode
d'être, le mot être doit être pris au sens technique, c'est-à-dire dans
sa distinction d'avec l'essence. En effet, une forme peut être reçue
de façons diverses tant sous le rapport de son essence que sous celui
de son être. Dans là causalité univoque ,lâ forme est possédée de
même façon, sous l'un et l'autre rapport, tant par la cause que par
l'effet. Dans la causalité équivoque, au contraire, la forme est reçue
par l'effet de sa façon parfaite quand à son mode d'être, mais de
façon imparfaite quand à son essence. Dans le cas particulier de
Vinlentio instrûmenti, la forme est participée de façon imparfaite
tant dans son espèce que dans le mode d'être qui lui échoit. Enfin,
cette intentio del'instrument est distinguée, de façon un peu empi-
rique, de l'être possédé par l'esprit. Celui-ci en effet est, dans l'âme,
sous forme d'inlentio quiesccns, d'acte qui termine une puissance,
au contraire la motion instrumentale est une intentio fluens, elle
suppose à la fois le progrès du mobile vers son terme et l'action ef-
fective de l'agent (2).
.....
lï.expressionensdiminutum figure bien dans les Métaphysiques,mais dans
(1):
le commentaire qu'en a donné Averroès, (In VI Metaph:, circa finem. Venise,
1560, fol 186 verso). S. Thomas, dans son propre commentaire,reproduira déplus
près les expressions mêmes d'Aristote. Il écrit : « ens (scil. : quod est in mente)
est alterum ab his quae proprie sunt ehtia'», (VI Metaph., lec- 4, n. 1241). Le i
(1) DePolentia,q.5,a.I,ad6.
(2) De Poténtià, q. 3, a. 7, ad 7.
(3) Ibid., a. 11, ad 14, '
:; : ,; V,;:
(4) ïbid., q. 6, a. 4, c. fin. '.y..'\
(5) De Veritate, q. 27, a. 4, ad 4 ; a. 7, e.
(6) DePoteniia,q. 5, a. 1, ad 6 ; q. 6, a. 4, c. fin. ... > ''<.'.
(7) IV Sent, d. 1, q.'l/a. 4, quaesi. 4, c, De Veritate, q. 27ya. 4, ad.4. DePo-
eniia, q. 3, a. 7, ad 7.
(8) "©e #?afo, q. 4, a, l,ad 15 et 16 ; a. 3?e< -
'/]-.';..
,--;-. ,.\ >v
LA NOTION D'« INTENTIO » 451
dernier sens (1). Bien plus on nie que l'instrument comme tel possède
une intentio, puisque seul l'agent principal peut posséderV intentio
finis, l'effet à produire dépassant l'effet propre de l'instrument :
« Instrumentum inanimatum non habet aliquam intentionein res-
pectù. effectus, sedloco intentionis est motus quo movetur a princi-
pali agente ( 2) ». On sent ici tout le changement apporté à la ter-
minologie, mais à la terminologie seule, car la doctrine concernant
la nature de la motion instrumentale, être Incomplet et fluent, reste
partout et toujours identique. Il nous faut maintenant aborder les
deux acceptions principales données par S. Thomas au mot intentio,
celles que nous rencontrons d'un bout à l'autre de: son oeuvre,
(3) Nous avons suivi le texte même de la Somme dont l'exposé est plus- clair
et plus concis que celui des autres passages parallèles, .
"
(4) De Veritate, loc. cit., ad 3. Il ne faut pas prendre ici le mot français ordre
dans|le sens à'imperium : «id quod jubetur» — mais dans un sens purement
formel d'ordonnancement qualitatif entre formalités diverses. C'est à ce titre
qupï'ordre est du ressort de l'esprit.
(5) De Veritate,loc.çit.,incorporeariiculi.infine,
LA NOTION D'« INTENTIO » 453
(1) Ibid., ad 16. Le texte parallèle des Sentences (II Sent. , d. 38, a. 3, ad 5)
est beaucoup moins satisfaisant sur ce point précis. On notera que le même glis- :
sèment du sens s'est produit entre le français et le latin pour intentio et eleçtio.
Election, en français, n'implique que les éléments intellectuels d'un choix et sa
signification au dehors; elle ne fait aucune allusion à la tendance volontaire
vers les objets choisis. •'
(2) IaIIae, q. 12, a. 5, c. ' '
:-
(1) I Çont Gent,c. 53 ; IV, c. 11. Ces textes sont les plus explicites que nous
possédions touchant la nature de l'acte intellectuel. !,
(2) IV Cont Gent. c. 11 ; circa initium.
1,
\ V
(1) De Potentia, q. 9, a. 5, c.
(2) Intentiones singulares : De Veritate, q.10, a. 5, ad 2. Inteiitiohespai-iicii*
larium: II Cont Gent, c.73,§ Adhuc scientia. intentionesindividùalium,ratio-
nes universalium : II De Anima, lec. 13, n. 396. Intentiones individùalium :
IaP., q. 81, a. 3, c. Intentiones sensibiles, inientiones universalium/. Ia P.; q. 78,
a. 3, c. Intentiones individtiales, intentiones sensibiles, Ia P., q, 78, a. 4, c. ,:
(3) :LIISent,JL.19,q. l,:a. 3, ad 1. II De anima, lec, 14, n. 418. Ia P, q. 78, a. 3,
c. Ia IIae; q. 22, &. 2, ad 3.
(4) I Sent., d. 2; q. 1, a. 3, c.
.,;.:::.\- ..„.,.,
:j-,;.,.:.;::
* ,\ :
'458 H. t>. SIMONIN L
. . .
qui n'a de réalité que dans l'esprit, mais qui suppose l'esprit préa-
lablement en contact avec l'être objectif (l). Ainsi Vinleniio genèris
n'est pas dans cet animal particulier qu'est unâne, mais l'âne pos-
sède la nature animale, qualifiée de genre par l'esprit (2). :-
Nous;atteignons ainsi le problème, fameux en logique, delà dis-
tinction entre intentions premières et intentions secondés, problème
que S. Thomas expose, de façon lumineuse, au de Potentia^). ,Un
premier acte d'intellection nousfait atteindre les choses elles-mêmes,
grâce bien entendu à une intentio intellecta, un second actenoùs les
fait concevoir selon le mode propre d'universalité qu'elles possèdent
seulement dans l'acte de l'esprit•(•*). Les prima mlëllèeia, ce sont les V
choses extra animam, telles que les atteint le premier regard de l'es-
prit, les secunda intellecta, au contarire, ce sont les intentiones con-
sécutives au mode de rintellection. Elles supposent une certaine
réflexion de l'esprit sur son propre j eu (E).
Une notion voisine, difficile à traduire en français, implique la
même doctrine. A plusieurs reprises S. Thomas distingue la nature,'
c'est-à-dire les éléments intelligibles qui la constituent et qui- se
retrouvent objectivement dans les choses, de Vintentio universali-
taiis qui échoit à cette même nature dans l'esprit, du fait du mode
d'être spécial qu'elle y possède (6). Cette intentio universaliialis est
exactement constituée par la possibilité d'une attribution à plusieurs
individus d'un élément intelligible qui leur est commuû; Cela
s'exprime, de façon plus brève dans le latin de S. Thomas-: « hàbi-
tudo unius et ejusdem ad multa » (7). D'où un triple aspect est à
envisager dans le processus de rintellection : là nature elle même
connue, Ta nature « simûl cum intentiorie uhiversaïitatis », enfin
I' «intentio generis yel speeiei», nous dirions le concept de genre et
d'espèce fondé sur cette aptitude positive d'attribution que la na-
ture possède dans l'esprit. Cette analyse de l'objet de connaissance
commande une distinction, importante dans le; vocabulaire techni-
que de S. Thomas, entre le « nomen intèntionis » et le « nomenrei »,
(6) II De Anima, lec, 12, n. 378, 380. VU Metaph., lec.13, h. 1550. Ia P.;
q. 85, a.3,adl. IaIIae,q. 29, a. 6, c. ^'
Ç) Pï„ q. 85, a, 3, ad L *
.
-
LA NOTION D'« INTENTIO ». 459
,
V. — Conclusion.
Une remarque d'ordre pratique semble s'imposer commeTa con-
clusion biplus obvie de cette étude, à savoir la nécessité ou l'on est
d'apporter une circonspection spéciale dans l'emploi de la notion
thomiste d'in ieniio. S. Thomas lui-même a renoncé à l'utilisation
du mot pour désigner la nature de la causalité instrumentale, on ne
peut'qu'imiter saréserve. Par contre,la notion joue un rôle prépon-
dérant tant dans le traité de la causalité efficiente et finale, et dans
les problèmes de morale, que dans l'exposé de la nature propre'de
l'acte intellectuel. IL semble indispensable de l'employer dans l'un
et l'autre domaine; Mais il est alors nécessaire de bien définir la no-
tion et de savoir toujours à laquelle des deux acceptions on entend
se référer (1). Comme acte d'une tendance, la notion s'applique d'a-
bord et proprement aux seules, puissances de l'appétit, elle désigne
une impulsion motrice, un influx causal. Au contraire, dans l'ordre
de la connaissance, la notion d'intentio perd complètement son sens
moteur, elle convient à l'objet possédé par l'esprit dont elle désigne
le mode,d'être spécial. Passer indûment de l'un à l'autre domaines
ce n'est pas utiliser l'ampleur analogique d'une même notion, c'est,
suivant l'affirmation dé S. Thomas, tomber dans l'équivoque. Il
semble qu'il faille, sur ce point, respecter la pensée explicite du
Maître,! surtout si l'on tente d'exprimer à nouveau sa doctrine et
d'en formuler d'authentiques développements.
Rome. H, D. SIMONIN, 0. P.
P. Glorieux a publié dans cette Revue Q-) une étude très intéres-
sante sur un Mémoire justificatif découvert par lui dans le Cod.
3490 de la Bibliothèque Mazafine, et attribué à Bernard de Trilia.
G renvoie lui-même à quelques pièces apparentées (2). Comme je
.
me suis beaucoup occupé, depuis quelque temps, delà littérature
des catalogues d'erreurs et des mémoires justificatifs, là découverte
de Glorieux m'a particulièrement rejoui et j'ai étudié très soig-
neusementles conclusions qu'il a établies à son sujet. Puisque je
n'admets pas, en partie au moins, ses résultats, je voudraisjustifier
brièvement mon point de vue.
'...-
;
'
.
(4) L. ç., p. 34 s. v|.
468 J. K0CH
Olivi) les textes incriminés étaient puisés mot pour mot dans les
ouvrages de leurs auteurs. Mais i] s'agit là de condamnations solen-
nelles, prononcées par les autorités de l'Ordre, après un examen offi-
ciel, prolongé ;;ici,-il s'agit simplement d'une dénonciation, venue
on ne sait de .qui, et transmise aux autorités ; dénonciation fausse,
prétend l'auteur du Mémoire justificatif : « Istos articulos non dixi-
«/mihiimponuntur..; Parafus sum etiam... per légitima documenta
docere quod'non' dixi seu docui eo modo quo mihi imposili sunt ».
Il prétend dans les différents articles de ce Mémoire qu'on a déna-
turé ses paroles ou malin ferprété sa pensée. 11 fait appel enfin à des
réportations qu'il a pu contrôler et où certaines de ses nuances, de
ses précisions ont été notées ; il suppose ainsi que le texte qui a
fourni matière à la dénonciation anonyme n'est pas des meilleurs.
Quant à la rèportation du ms. de la Mazarine, où se trouvent
en effet bien des notes intéressantes sur lesquelles il y aurait avan-
tage à revenir, elle est cependant fort inégale et incomplète ; les
quelques exemples cités dans le cours de l'article (v. g. p. 27, 32, 34
.et note I) le montrent assez.
Que dans ces conditions on constate à côté de ressemblances
indéniables et probantes.des lacunes et des différences,ccs dernières
ne doivent pas, semble-t-il, infirmer les conclusions qu'autorisent
les premières;
3. L'auteur du Mémoire est-il Bernard de Trilia? — Ce point
n'est pas trop controversé. 11 est bon cependant de rappeler que la
présentation manuscrite, le voisinage du Mémoire et des questions
authentiqués de Bernard, la continuité dans la transcription et la
forme» ne sont pas le vrai motif de l'attribution qu'on en a faite
à ce maître Dominicain ; c'était uniquement un point de départ
provisoire, mais demandant à être vérifié.L'argumentationpassait
par les stades suivants : a) L'auteur du Mémoire est urt Dominicain,
ayant complètement terminé la leclure des quatre livres des Sen-
tences ; donc au moins bachelier formé, sinon maître, b) 11 est-l'ah-
teur du Commentaire du ms. Mazarine 889. c) Il est également l'au-
teur (disons au moins le respondens), d'une dispute quodlibétique.
d) Celle-ci, conservée en partie dans le recueil de Nicolas de Bar, est
à dater de 1285-86. e) A cette époque les maîtres en exercice à
'
(1)"G.Ï.: la
première partie. de; ce bulletin,,£p,t3<H5.(B Évolution. ouÇréaiioUi,
,
(2) fe WARRAIN. Quantité, Infini, Coh*mû,'ï>aris;AJcan,,aS28 ;in-8y:Ï94pp,?
476 _[':'-. BULLETIN DE P1I1L0 SOPHIE
« la
psychophysique de l'infini » (pp. 184-191).
Xa sensation est ûuelhtégration, elle organise en unité concrète
une infinité d'éléments. Mais la sensation n'est qu'un détail de la
vie psychique. Les ordres de la nature, depuis les étoiles jusqu'aux
atomes et électrons, sont des infinis superposés, relatifs quant à leur
superposition, et absolus quant à leur infinité; Cette antinomie se
rësoud dans la pensée, qui les conçoit comme simultanés et concou-
rant à la réalisation du même univers. « 11 faut donc distinguer pour
l'infini, comme pour l'Espace et le Temps, comme pour toute no-
tion métaphysique, un -fondement absolu qui est l'essence de cette
notioii, et une manifestation relative faisant fonction d'absolu dans
un certain domaine... Par là, on comprend que le monde des réali-
sations phénoménales est comme le reflet d'un monde archétype
(l'Aziluth de la Kabbale) où tout revêt le caractère de l'Absolu réel,
c'est-à-dire de Dieu. Et l'on conçoil alors pourquoi les philosophes
et les théologiens ont souvent considéré l'Infini comme une manifes-
tation de l'Essence divine. C'est que la Quantité C5t liée si intime-
ment à la notion primordiale et mystérieuse de l'Existence qu'elle
semble être l'expression la plus directe de l'Abîme insondable où
plongent ses racines» (Fin).
"PHILOSOPHIE DÉS SCIE-NCfeS -,
477
tent pas. Les limites sont, plus haut-, dans les natures. Nous rejoi-
gnons ici les critiques de M. DESGRIPPES formulées en termes que
nous ne pourrions qu'affaiblir : « Nier la valeur du concept c'est
s'engager à deux attitudes possibles : ou bien à résoudre les natures
dans un réseau Continu de rapports sans référence à l'être, ou bien
poser que les faits sont appréhendés immédiatement dans leur es-
sence par mie,intuition aussi simple et directe que l'intuition sen-
sible laquelle se termine à l'objet présent aux sens, ou que l'intui-
tion mathématique qui voit le « principe » de la notion dans la no-
tion. Or, M. Chevalier ne songerait pas à nier la discontinuité des
natures : puisqu'il les maintient comme « idées », « formes », ou
« types d'équilibre», il lui resterait
alors à penser que nous voyons
ces « idées » par un autre moyen que le concept. Lequel ? comme on
ne peut prétendre voir du premier coup les formes — c'est un fait
que nous ne les voyons pas —, il faut les reconstruire pour nous ;
et le concept est le terme où précisément la pensée retrouve, par
une analyse qui divise et une synthèse qui compose, l'unité des
rapports qualitatifs ». (La Vie intellectuelle, 10 février 1930. Note
sur « Continu et Discontinu », pp. 337-8).
De l'étude; de M. URBAIN sur les structures matérielles secrètes, il
faudrait tout citer. Évidemment c'est d'un empirisme un peu strict,
mais les observations n'en ont que plus de force. Mais quelle idée
d'aller chercher les origines de notre souci d'harmonie dans l'Inde-
antique !
•
Voici, sur la relativité, trois livres qui ne se ressemblent guère.
Pour M. EppiNGTON (^ il y- a deux mondes, celui qu'explorent
les sens, et celui que construit la Science. Ces deux mondes n'ont
rien de .commun : la table où j'écris n'est qu'un tourbillon d'atomes.
De ces deuxmondesvquelestlèbonjlevrai? Des sens ou delascien-
ce,qui nous trompe ? Les sens, n'en doutons pas. Sans que l'on puisse
pourtant beaucoup se fier à ce que la science énonce. La physique
reste encore en deçà de ce que l-on-pèut appeler la réalité ; elle en
estréduite à des lectures de graduations. Que la réalité lui échappe,
nous en recevons la conviction du témoignage de l'Esprit. L'Esprit
est; essentiellement en nous le sentiment du devenir, du progrès,
d'une direction du temps dans le sens passé-futur. La physique
par une nécessité venue de l'instrument mathématique, construit
un inonde où lai relation de cause à effet est réversible, l'ancienne,
physique du moins. Car la tendance inhérente à l'Esprit l'a amenée
de nos jours a expliquer les phénomènes d'après la deuxième loi
de la thermodynamique. C'était introduire dans les phénomènes
le dynamique. Mais le monde marchait alors au rebours de l'Esprit.
Si l'univers se dégrade, il aété parfait au commencement. Or l'hom-
.
(1)/H.
:}928;; gr, jn-8, 380 pp, -Z ''
REICHENBACH, Philosophie der Raujn-ZèU-l-ehre.
'">
Berlin, de Gruyter.
482 BULLETIN DE PHILOSOPHIE
dresseur, mettez la. Nature, vous avez la^gen^se des instincts. Mais
imagine-t-on la Nature dressant les bêtes? Sans doute. La Nature
de M. Hachet-Souplet est très intelligente.. D'où vient la « logique »
des actes d'un animal qui mange par.exemple? « De cette harmonie
qui règne dans les lois physiques » (p. 93). « La perfection des acies
ou des industries des animaux consiste à être adaptés étroitement
aux' besoins que les circonstances extérieures leur ont créés; or,
.•'. PHILOSOPHIE DES: SCIENCES 489
.
V. —PHILOSOPHIE SOCIALE.
Grâce au volume que M. D. ESSERTIER vient de donner dans la
collection Philosophes et Savants français du XX? siècle, Extraits
et notices, Vol. V: La Sociologie (1), on aura une présentation
excellente" du développement et des courants divers de la sociologie
française. On sait quel est le but de cette collection, où les textes
représentatifs des philosophes doivent être présentés dans leur
contexte historique et doctrinal. M. E. a admirablement réalisé
ici cette formule : non seulement il a entouré les extraits choisis
dehotices précises'ét pénétrantes, mais il a habilement reconstitué
la trame dans laquelle ils s'insèrent.
N intervenant qu'avec Une extrême discrétion dans le conflit des
doctrines, il souligne cependant d'un mot les bénéfices, les lacunes,
les espoirs de chacun des systèmes, et montre les progrès obtenus
peu à peu au prix de redressements successifs. Sympathie et clair-
voyance sont ainsi heureusement associées,sansque cependant soient
dépassées les limites du genre, ici requis, dé la simple exposition,
' « Nous avions à mettreun peu d'ordre et de clarté dans un domaine
où la quantité et la diversité des travaux, l'abondance des polé7
mïques, l'abus des théories et des discussions abstraites ont créé une
grande confusion. Nous avons défini, classé; daté ; nous avons essayé,
malgré les obstacles qu'on devine, — et en premier lieu le manque
de placé, — de ne rien omettre d'essentiel.Objections et difficultés
.
ont été signalées, avec les références convenables : il ne s'est pas
agi un seul instant, pour nous, de faire le procès de telle ou telle
doctrine, mais de donner au lecteur tous les moyens d'en apprécier
par lui-même la valeur et la portée, et surtout de savoir où en est,
actuellement, le travail sociologique et sur quel point il a Iè plus de
chances de faire porter utilement son propre effort » (p. vin). C'est
bien cela, mais, encore une fois, avec un sens de la genèse des théo-
ries et des méthodes, qui dépasse très intelligemment la simple
mise en ordre documentaire.
L'aspect principatsouslequel est envisagéecette genèse, est, comme
on pouvait s'y attendre de la part de l'auteur de Psychologie et
Sociologie (2), le problème des rapports de la sociologie et de la psy-
chologie. C'est dire encore l'intérêt général de ce précieuxinventaire
intellectuel.
(1) Ce. mot est pris dans un sens asse2 Comprëliensiï pour, s'ëtendrelusqtfà
J'influence de la mode et de la convenance;
piliLÔSOPHIÊ SOCIALE 493
(vie de relation qui a pour moyen le langage et qui suit les règles
de la morale et du droit : contrat et statut) .(1), et les dieux ouïe
monde spirituel (vie d'adoration, aves ses croyances et ses rites
positifs et négatifs) (2).
Après avoir défini et divisé les faits sociaux, M. M. traite des
procédés par lesquels la sociologie cherche à lés constater, à les
rapprocher, à les expliquer. Question d'ordre technique, D'abord
description ou constatation ou observation des faits, soit directe
soit indirecte. Puis la comparaison les rapproche, par des parallèles
historiques et ethnographiques, dans lesquels l'exotique éclaire
l'archaïque,les usages d'un temps et d'un lieu avec les usages dîautres
temps et d'autres lieux (3), pour discerner, de l'accidentel, l'essen-
tiel, le normal, le fondamental, car il n'y a de science que du général
et donc que du comparé, p. 59. L'explication des faits répond à la
question : « Pourquoi trouve-t-on, ici ou là, des usages semblables
et en vertu de quoi sont-ils conformes?»
La théorie de l'emprunt ou de la diffusion, selon laquelle
les hommes se ressemblent, parce qu'ils s'imitent, et qui cherche
des origines plutôt que des causes, est une explication insuffisante ;
car l'emprunt très réel, certes, a ses. conditions^ ses limites, ses
obstacles, et il veut lui-même être expliqué. C'est à l'invention,
à là formation (â) qu'il faut rapporter fréquemment la conformité
des usages, à travers lès temps et les lieux. « Les mêmes faits ou les
mêmes effets procédant des mêmes causes, l'explication est donc
surtout la recherche des causes, la poursuite des rapports entre les
faits.» Le monogénisme est une illusion ; c'est le « polygénisme »
qui traduit bien mieux la vérité. Et en voici la preuve (logique?) :
Dans les mêmes occasions, les hommes créent les mêmes inventions ;
à des problèmes tout semblables, ils trouvent dé semblables solu-
tions, mêmes croyances et mêmes pratiques leur sont imposées ou
suggérées par le climat et le milieu. (Ce qui dénoterait, à notre
avis, l'identité de nature entre les hommes, puisqu'ils réagissent
(1) M. M. estime que la morale et le droit ne diffèrent que par, leur sanction.
Le droit est sanctionné par la coutume ou par la loi : la morale, par l'opinion,
p. 46. Est-il vrai que, la liberté l'emportant de plus en plus, le contrat gagne
sur le statut, par l'effet des progrès ? « Ce n'est pas sûr », répond M. M. ,p. 47,
tout en admettant que le droit est et conforme et divers. '
(2) M. M. distingue la religion et la magie, mais sans les définir par leurs
traits propres et en les mettant sous la même accolade : superstition. C'est plus
sommairequ'objectiî.
(3) « La monographie, en soi, est stérile », p. 58. Mais que vaudront les paral-
lèles, s'ils ne reposent pas sur de bonnes monographies? N'a-t-on pas abusé,
dans l'école durklieimieiuie,pour laquelle M. M. a tant desympatliie, des rap-
prochements appuyés sur des observations imprécises ou incertaines?
(4) Sur le rôle des novateurs, cf. Essatsur les groupements sociaux, p. 115,-
du même auteur.
PHÎLOSÔPHiE SOCIALE 495
d'hhè manière identique) (1). Voilà le postulat de la sociologie :
l'analogie des conditions de vie produit l'analogie des idées et des
moeurs. C'est la leçon de la méthode de comparaison, p. 63 (2).
Donc, pour parvenir aux causes, pour, découvrir les rapports il
n'y a qu'à employer la méthode de concordance et la méthode des
variations concomitantes.- Entre deux faits, il y a lien, quand ils
sont ensemble présents ou absents, et davantage, quand ils varient
cônformémentLa sociologie doit tendre à préciseront ant quepossible
ces rapports de concordance et de variation.
Le même auteur a publié en volume (3) les leçons qu'il a profes-
sées, en l'année 1928-1929, à la Faculté des Lettres de Paris, sur
les groupements sociaux. Après avoir rappelé les idées fondamen-
tales exposées dans son Introduction à la Sociologie, savoir que la
communauté des besoins et des nécessités delà vie en société produit
l'autorité, et que l'autorité engendre la conformité, il rattache tous
les groupements sociaux, soit à la parenté (4), soit à la localité,
soit à l'activité, et il esquisse leur histoire, en allant du primitif
au civilisé, —- en dix leçons, où il utilisé, avec des documents de
l'histoire, les enquêtes de l'ethnographie et tout spécialement sa
connaissance personnelle des coutumes du Maghreb. « Les groupe-
ments anciens : famille, tribu, cité, nation, pourvoyaient à tous
besoins, tandis que les, associations d'activité pourvoient à un
besoin déterminé ; ce sont des groupements dé spécialité » (6). M. M.
conclut que tout groupe humain obéit à deux grands besoins, à
deux lois fondamentales: conservation (s) et transformation (7),
ordre, et progrès, dont les rapports différencient les sociétés et les
époques de chacune.
Les deux études de M. M. sont écrites dans une langue claire,
nette, sobre, élégante, Spirituelle, et conduites avec une haute
habileté, qui excelle à mettre en valeur une science fort étendue.
(1) N'est-ce pas le sens de cette parole de Joubert que M: M. cite et admire,
p. 64 : « Il y a des moeurs et des coutumes attachées à la nature humaine et qui
se trouveront partout et toujours ».
(2) M. M. ajoute : « Toujours un usage en suppose un autre, une institution
rend compte d'une autre », p. 64. Est-ce-vrai ?
(3) R. Maunier, Essai sur les groupements sociaux. Paris, Alcan, 1929 ; itt-
12, 120 pp.
(4) « L'idée de parenté, avec l'identité de corps et d'âme qu'elle exprime,
est au fond dé tout lien social », p. 20. A la parenté, M. M. annexe les sexes et
les âgés.
(5) Notons une étude intéressante sur la caste (état de droit) et la classe
(état dé fait), où l'on retrouvela séparation, l'opposition et la superposition des
rangs, pp. 65-75.
(6) Respect de la coutume assuré par des sanctions.
(7) Influence des insatisfaits ; désir d'amélioration et de révolution,
4§6 BULLETIN DÉ PHILOSOPHIE
(1) Est-ce que tous les faits répétés sont des faits sociaux? N'y^a-t-il-pasdés
faits individuels, qui répondent à des besoins constants et se répètentrégulière-
.
ment ? Est-ce que tous les faits sociaux sont des faits répétés ? Parex. la victoi-
re d'une armée?
(2) G. PIROU, prof, à la Faculté de droit de Paris, Doctrines sociales ét'ibiènce'*
économique. Paris, Sirey, 1929; in-8, 204 pp.
(3) Par suite d'une insuffisante séparation de' l'observation et de l'appré-
ciation, les économistes individualistes ont trop souvent considéré lés faits-
d'économie collective comme des manifestations pathologiques;,que la science
devait condamner eh raison de leurs effets plutôt que de les expliquer parieurs
,,: ""- PHILOSOPHIE SOCIALE 497-
; (1) Cette méthode est-elle donc propre à Marx ,et à ses disciples ?
(2) Cette constatation est parfaitement inexacte, notamment pour lès catho-
liques sociaux qui s'appuient sur ces lois, pour réformer la vie économique.
(3) Par ex., contré l'héritage, p. 26, et pour la conception matérialiste de
l'histoire, p. 33,
5ÔQ-
BULLETIN DE PHILOSOPHIE
:
(1) Pour remédiera la dénatalité, R.W. ne croit pas qu'il faille substituer, à
l'égalité des partages limitée par la quotité disponible, l'entière liberté de tester.
Car la crise sévit cliezbes peuples qui pratiquent autrem eut que nous la trans-
_
mission de l'héritage,et elle ne sévit pas chez des peuples qui ont .un droit suç-:
çpssoral analogueau nôtre.
502 BULLETIN DE PHILOSOPHIE
dont plusieurs sont pourtant des auteurs effacés ; mais qu'on n'y
cherche.pas une bibliographie de la matière. M. L. ne recule pas de
vant les longueurs, pour envisager les faces multiples des problèmes,
et ilreinoiite, autant qu'il le peut, aux origines des controverses.
Le présent volume traite de l'Etat ou de la Politique, en sept
chapitres : notion de l'Etat ; conditions de légitimité des sociétés
et devoir d'adhésion des citoyens : mission générale de l'Etat ;
nécessité du pouvoir ; conditions de légitimité du pouvoir et devoir
d'obéissance des citoyens ; égalité des citoyens et des groupements
particuliers ; organisation du pouvoir.
Ce qui recommande l'ouvrage de M. L. à l'attention du public
éclairé, c'est, nous semble-t-il, un grand souci de précision et de
pondération, la loyauté avec laquelle il aborde les questions les
plus brûlantes,!'application constante à'montrerla genèse et l'évolu-
tion des problèmes, l'ordre, la clarté, l'habile disposition typogra-
phique-be l'exposition, et la richesse des tables.^1).
(1) Mais le réalisme social n'est-il pas quelque peu minimisé et l'élément
contractuel exagéré? p.- 42, Nous regrettons que l'auteur n'ait pas'insisté da-
vantage sur l'explication des constantes sociales, p. 87.
(2) Adroan STOOP, docteur en droit, Analyse de la notion du Droit. Haarlem,
Tjeek Willink et Zoon, 1927, in-8, VIII-252 pp.
(3) Mais le contenu de ma conscience ne peut-il pas être pauvre, inadéquat,
inexact? Et qu'est-ce qui m'empêche de le contrôler, de le compléter, de le re-
dresser par celui des autres, qui se manifeste à moi par des signes (paroles et
actes) dont je puis établir la valeur ? M. S, le fait à tout instant,
504 BULLETIN DE PHILOSOPHIE '-.
(1) Baron DESCAMPS. Le Génie des Religions : tes Origines. Paris, Alcan, 2* éd.
930 ; gr. in-8, xxn-539 pp.
(2) Certaines graphies insolites étonnent.Les fautes d'impression sont nom-
breuses.
RELIGIONS DES PEUPLES NON-CiVILISÉS 507
phies, en somme indépendantes les unes des autres, sur les offran-
.
des de boissons dans le culte des anciens peuples historiques, à sa-
voir les Babyloniens, les Égyptiens, les Juifs, les Arabes, les Aryens
d'Asie, les Aryens d'Europe (Grecs et Romains), les Chinoise).
Ces monographies sont précédées d'une étude générale en six cha-
pitres d'un intérêt plus dbect pour l'ethnologie religieuse.L'auteur
y traite tour à tour de la vie religieuse en général chez « les peuples
primitifs », du sacrifice, du rôle du prêtre dans le sacrifice, des lieux
dé-sacrifice, des offrandes sacrificielles, du repas sacrificiel, des
oblations de boissons. Le Dr. Huber n'est pas, que je sache, Un spé-
cialiste de l'Histoire des religions. En tout cas, c'est sûrement un
« idiota » au sens de saint Paul en matière d'Ethnologie religieuse.
On connaît de lui dés études sur la bière et la fabrication de la bière
chez les peuples dé l'antiquité.C'est par cette voie qu'il semble avoir
été amené à traiter deToblation des boissons dans le présent ouvra-
ge, dédié au président de l'association des brasseurs allemands.
Les chapitres d'introduction développent sur la religion, le sacri-
fice, les oblations de boissons enivrantes chez les peuples primitifs,
des vues, sinon très originales,du moins très représentatives d'une
méthode et d'une mentalité heureusement périmées. Il est difficile
d'imaginer une plus parfaite candeur d'ans'l'a priori.
La forme spécifique de la vie religieuse chez les primitifs est
l'extase et l'un des objectifs caractéristiques du culte est de la pro-
voquer. Comme preuve, c'est assez de neuf lignes où sont allégués
certains usages des «peuples africains», des «populations primiti-
ves » de l'Amérique et « des indigènes des îles de la Malaisie ». Sui-
vent des spéculations sur l'extase comme participation à la condi-
tion divine.
Le sacrifice est un rite d'ordre alimentaire. Il s'agit de nourrir le
dieu. Aussi lui offre^t-on les mêmes choses qui composent l'ali-
mentation humaine, aliments solides et boissons. Certaines obla*
tions comportent uniquement des boissons, jamais des aliments
solides seuls. La raison en est obvie, qui est que si l'homme boit
parfois sans manger, il ne mange jamais sans boire. Le dieu non plus,
naturellement. Lesliquides, d'une matérialité moins grossière, sont
d'ailleurs plus indiqués pour la table divine. Le sang est sans doute
la primitive boisson humaine et divine. Le bon sens a, chez le Dr
Huber, des sécurités admirables.
Au premier rang des boissons servies au dieu par son fidèle, figu-
rent, comme de juste, les boissons enivrantes, génératrices d'ex-
tase et dont les primitifs apprécient si fort, à cause de cela, la valeur
:
(1) E. HUBER, Das.Trankopfer im Kulte der Volker : Die Rauschselmsuche
der Menschheit in der VÔUcerpsychologic. Hanover, Kirchrode, s. d., in-8, de xvi-
273 pp. ".''
5"08 BTJLLETIN DE SCIENCE bESRÈLIGIôkè
culte des peuples historiques ont pour base une docuihëntatioh plus
sérieuse, quoique insuffisamment à jour. L'interprétation et encore '
primitive; -
;
(1) ST. LEHNER. Geister- und Seclchglaube der Bukana- und anderer Eingebo-
rencnstâmme im Huongolfe Nord-Neu-Gulneà.: (Mitl. aus detn Muséum fur
yolkerkunde in Hamburg^^KlM), Hamburg, Rriederieheli, 1930 ;'in-4, 44 pp.
REVUE DES SCIENCES.—T. XIX., FASC. 3,-^-33,
.510 "BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS \
fort réduit. La croyance aux mânes et aux esprits et la magie ont
tout submergé. Il y a des esprits bienfaisants et des esprits malfai-
sants: Les premiers comportent trois catégories : pour chaque fa-
mille, les mânes de ses ancêtres particuliers ; pour le village, les mâ-
nes du chef ; pour tout le district, un esprit qui n'est pas autrement
individualisé ni même défini. Toute une série d'observances sont
prescrites à leur endroit et sont strictementpratiquées sous l'ènipirè
de la crainte. Lié au culte des Ancêtres subsiste,'quoique; affaibli
chez les Bukana; un totémisme, avec exogamie et emblèmes tqtéini-.
ques, que M. Lehner rapproche de celui des tribus du centré austra-
lien, Arunda et Loritja. Les esprits malfaisants (esprits dé làNature,
âmes vagabondes d'êtres humains dont la mort fut violente ou -in-
solite, etc.) sôbt extrêmement redoutés, et, pour se protéger contre
leurs entreprises, des règles et pratiques diverses s'observent avec
une constante application. Toute la psychologie *de ces Noirs est
dominée et -faussée par la crainte. M. Lehner signale au':passage
l'origine magique dé l'anthropophagie.
-; En appendice, l'auteur nous donne un choix de légendes, de récits
dé rêves avec interprétation, de chants funèbres.
-"._-- .
IILH..RELIGIONS SEMITIQUES.
1. -^RELIGION CANANÉENNE.
iLesAmorrhéeiis, ^— On sait i1) que le P. DHORME avait opposé
une rigoureuse répliqué: a là thèse deThéo BAUER sur le jpâys d'A-
ibiourrbu, dont le critiqué allemand niait!-existence à l'ouest de la
Babyiôhie au troisième millénaire avant notre ère.'Lè savant do-
: minicain avait montré que la désignation géographique Amourrou
correspondait à un pays situé à l'ouest de l'Ëuphrate et s'étendait
jusqu'à là Méditerranée, Bauer a tenté de réfuter les arguments du
;R. DhOTme (2). Celui-ci maintient énergiquéineht son point dé Vue
.•dansbn article dé laîJîëpize biblique (s) et il poursuit l'histoire des
Amorrhéens jusqu'au second millénaire ây. J,-C, puis au temps des
; lettres d'El-Amarnà. L'auteur s'arrête tout spécialement à retracer
l'histoire de la confédération des Habiri :(4), groupés pour détacher
de lacausé égyptienne les roitelets de la côte et de l'intérieur. L'effort
d'unité bationaledé ces Amorrhéens est dû à un vaillant guerrier,
Abdi-Ashirti, et à .l'un-.de ses fils Azirou : « C'est Azirou qui réussira
a faire d'Amourrou un royaume uni dont il sera le chef » (p. 175).
-Temples. — Nous avons signalé quelques-unes des trouvailles
principales qui ont été faites à Beisân, en ce qui touche .surtout aux
témpies (E), au syncrétisme religieux (6),'au culte de Mical et d"A-
(3) P. DHORME, O. P., Les Amorrhéens, dans Rév.bibt, avril 1930, pp. 161-178.
(4) « Nous ne cessons de protester, écrit le P. Dhorme, toc. cit., p. 171, note 1,
contre l'assimilation dés Habiri aux Hébreux, malgré 1-engouement d'un cer-
tain nonïbre d'orientalistes pour une théorie qui va à rencontre de la philo-
logie et be l'histoire ». .
" (5) Gl Rev. se. p/utfy juillet 1928, pp. 492-495,
V (6) Ibid., juillet 1929,:p. 508.
}, Ç7) |tid., juillet 1929^p; 512-513,
514'., BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS
2. — RELIGION PHÉNICIENNE.
(1) A. BARROIS, O. P., Les fouilles américaines de B eison, dsns Reiue biblique
oct. 1929, pp. 555-566.
(2) Cf. suprap. 512.
(3) Maurice DUNAND, Nouvelle inscription phénicienne archaïque, dans Revue
biblique, juillet 1930, pp. 321-331.
(4) Sur l'inîportançe des inscriptions trouyées à Byblos au point de vu'e-de
>.-.'.;. KELISIONS SEMITIQUES ""'".' SIS
elle plus Lardive d'une cinquantaine d'années, laps dé temps suf-
fisant pour expliquer Iévolution dé certaines particularités paléo-
.grâphiques (l).
; L'inscription phénicienne sera désormais désignée sous le nom
dé son principal •.personnage, Yehimilk.'Voici la traduction que
M- DUnànd propose de l'inscription de Yehimilk : ---:
.
......
.
,,; «Temple qu'a construit Yehimilk, roi de Gebal,
''';:'.: Voici qu'il a restauré toutes les ruines de ces tèmples-là.
.
->; Que protègent leBa'al Shamïm et leBa'al Gebal.et latotalité des dieux saints de
ïGebal,. les jours de Yehimilk. et ses années sur Gebal,. car. c'est un roi juste et
Un roi droit a la face des.dieux saints de Gebaî.i».
.:
divinité le faire correspondre? M. DUnànd pense au dieu Hadad.
i: ; 3. — RELIGION ASSYRQ-BABYLONIENNE.
- :
' (3) R. GAMPBELD THOMSON, The epic of GiVgamish. Oxford, Clarendon Press
1930 ; in-folio de 92 pp. avec 59 planches,- " ." '
.
516 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS
.
4;.
— LA RELIGION SAFAITIQUE.
Ouvrage général, — M. le professeur Hubert GRIMME à; qui
l'on doit plusieurs études sur lès inscriptions Sinaïtiqùês (}) a jugé
qu'il y avait trop,longtemps (20 ans) que le silence se faisait sûr les
inscriptions safâïtiques et il a repris le problème-':'en publiant.des :
Textes et recherches sur la religion safaïtico-aiabe (*).
L'ouvrage dû professeur de Munster s'ouvre par une introduction,
sur l'Épigraphie safaïtique : quelques pages (pp. :ll-30) sont, con-
sacrées à la région du Safa (à l'est du Djebel Hauran), à l'histoire
de la découverte des inscriptions safâïtiques par,Graham, de Vo-
gué, ;Dussaud-Macïer et Littmann, à leur déchiffrement, à. leur '
écriture et a sa relation avec les autres écritures sémitiques, a leur
orthographe, à leur'langue, à leur chronologie, à leur véritable ca-
ractère. C'estici que l'auteur marque la différence qui le sépare; de
ses devanciers : pour ceux-ci, les inscriptions étaient surtout des
inscriptions commémoratives ; G. estime que ce sont avant, tout
des inscriptions religieuses (p. 25) ; bien loin d'avoir un caractère
profane, les inscriptions safâïtiques ont un caractère,sacré. .
iious présente sur le.culte des âmes. Selon lui, les inscriptions qui
nous relatent les noms du père, du grand-père, du frère, etc., des
auteurs qui les ont gravées seraient non pas l'ndication de la simple
généalogie de ces auteurs, mais un témoignage en faveur de leur
croyance à une vie future, diminuée, des âmes de leurs ancêtres..
5. — RELIGION ISLAMIQUE.
(1) Sur les ruines de ce temple voir R. DUSSAUD, Les Arabes en Syrie avant
l'Islam. (Paris, Leroux, 1907), pp. 159-160.
(2) R: STR0THMANN,.Tas/i6(7i,daris E. /.,fasc. L, 1929, pp. 719r721,
520 BULLETIN DE SCIENCE DÉS RELIGIONS
JAUSSEN.
Le, Saulchoir.
'".''
Son livre est à mettre à côté des Etudes palestiniennes du P.,
P. SYNAVE,
:,"'-.'
.0. P.
2. — GRÈCE ET ROME.
...
REVUE DES SCIENCES, — T, XIX., FASC. 3, -^ 34.
026- BULLETINDE SCÎENCE DES RELIGIONS
f
de or enda du jeûneur, et négatif, celui d'éviter les forces démonia-
ques nocives cachées dans la nourriture et la boisson. Ainsi, le
jeûne augmentera le pouvoir d'un magicien, préparera à l'extase ;
plus tard, les Orphiques, et lés écoles philosophiques presque toutes,
en ont fait une ascèse, un moyen rationnel de perfectionnement ;
la médecine populaire, puis la médecine savante, l'ont beaucoup
employé dans l'antiquité ; mais la notion qui parait la plus essen-
tielle et la plus généralement admise est celle de la valeur « àpotro-
péique » ; c'est l'origine des interdictions orphiques et pythagori-
ciennes, des prescriptions alimentaires des flammes romains, etc.
L'interdiction fameuse des haricots (pp. 53 ss.) résulté-de motifs
de cegenr..',;bien prosaïques et bien mystiques à la fois : lés « flatus:
ventris » qu'ils occasionnent troublent les entrailles et le sommeil,
et amènent des cauchemars, donc une entrée en contact avec le
monde dangereux des morts et des esprits Ce livre dont la partie
théorique n'est pas, on le voit, spécialement originale, est surtout
intéressant par les détails instructifs qu'il groupe sur l'interdiction
de tel ou tel aliment, comme le porc plein d'orenda, etc., l'étude
du jeûne dans les mystères, dans les cultes d'Isis,Mitlira et autres,
et par ce qu'il nous apprend sur l'ascèse des philosophies et l'hygiène
des écoles médicales antiques.
.
ZÏNGÈRLE, en étudiant les «^?soat» (2), cherche à élucider, en
-discutant des opinions de Weinreich, Ditt-enherger, etc., les prati-
ques des temples'où la littérature mentionne de Ces « oreilles» ou
«écoutes», qui étaient eh rapport surtout avec les divinités guéris-
seuses. A Epidaur-e, et Pergame, il y verrait des échos mystérieux,
comme Psellos attesté qu'il y en avait,un à Nicomédie,. Peut-être
la raillerie dé Lucien (Icarûménippe,. 25) se rapportait-elie à ce
sens.
QLOVER, à propos des Bacchantes d'Euripide (?), attribue à ce
/tragique, un genre dé sentiment religieux qui n'est pas celui qu'on
lui reconnaît d'ordinaire. Le poète athénien, sails doute après avoir
.
(2) Josef ZINGERLE. Akoai, ARW, 1929, B, XXVII, JH. 1-2, pp. 53-56.
.
(3) M. R. GLOVER, The Bacchae, Journal pî Helleniç Studies, vol. XjVIX?,
'parti, 1929,pp. 82-89;:. ' .* ' /
' '.
530 BULLETIN DE SCIENCE DES RELIGIONS
. -
-
(1) Macrohe, dif C, avait déjà pensé à ce Saloninus sans le nommer (Satpr*
nqleS(Uli7-&), et demême là plupart 4?s anciens,
.
53.2 BULLETIN DE SCIENCE DES B.ELIGÏÔNS ...
(1) R. TONNEAU, Ephèse au temps de saint Paul, Revue Biblique, 1929;, pp. 5-
34 et 321-363. , ;.''
(2) A. BOULANGER,. Hermès, Rapports entre l'hermétisme et le -christianisme,
.
3. —EUROPE BARBARE.
Il est'passionnant d'explorer ce terrain, mais on s'y trouve tou-
jours perdu dans des champs de ruines, où l'on n'a que trop de li-
berté de construire des hypothèses. La pénurie des sources et des
monuments antiques n'est pas compensée par l'étude du folklore
médiéval ou moderne, car il reste souvent trop difficile de décider
( et ceci vaut surtout pour les Slaves), si les traits les plus intéres-
sants sont d'origineindigène ou méridionale, des vestiges d'anciennes
croyances païennes (presque toute la « haute mythologie » ayant été
anéantie par la christianisation avant l'apparition de la plupart
des documents écrits), ou d'un christianisme altéré par la supersti-
tion. Les plus sérieux chercheurs le reconnaissent en général ; mais
la récherche ne se ralentit pas.
Celtes. — ANWANDER ne consacre que quelques pages, parmi les
« Naturreligionen », aux Celtes,Germains et Slaves (x). — CLEMEN-,
traitant des Celtes dans son manuel, ne fait guère qu'effleurer le
sujet ( 2) et se borne à peu près à ce que nous en apprennent les
anciens et les monuments gallo-romains. Il insiste beaucoup sur
les dieux de fécondité et les rites de fécondité, distingue les Druides
(peut-être préceltiques) des prêtres proprement dits, et, d'après Stra-
bpn, qui leur attribuait la croyance à la victoire, future de l'eau et
du feu, ce que paraît confirmer un document irlandais du temps dés
Vikings, il chercherait volontiers en terre celtique la première idée
du « Crépuscule dès dieux ». ,
Une monographie assez étendue a été écrite (dans la Revue de
l'hist.:des rei.) par LINCKENHELD sur Sucellus (le dieu au marteau),
et sa parèdre la déêssè Nantosvelta (3) fort connus dans l'archéologie
celtique.des Gaules. Mais ils manquent dans les pays danubiens,
où l'on trouve par Contre Dispater (cfr. César) etHerecura, qui jouent
sensiblement le même rôle, chaque couple sur son territoire. Aussi
L. les identifie, c'est une. double désignation du même couple divin,
dont lé caractère est à la fois domestique, chtonien, infernal et sidé-
raï.L'auteur rapproche Sucellus-Dispatér de. Sylvain (non du Thor
Scandinave ; d'ailleurs « Taranis» en est bien distinct, c'est le dieu-
cavalier, non le dieu au maillet), et Nantosvelta-Herecura des
« ïnatres » (4).
(1) Wolfgang KRAUSE. Die Reltch, 2" éd., vi-46 pages, BertholetRL, Tùbin-
gen, Mohr, 1929.
(2) Mary WILLIAMS.- thé « Dyiiig God » in Welsh lilèfature, Revue Celtique
t. XLVI, 1929, pp. 167-214. '
(3) Roger Sheririan LOOMIS. Celtic Myths and Arthùtian Romance, xli-371 pp.
in-8, New-Yôrk,Columbia University Press, 1927.
(4) Ffanz Roîf SCHRÔDER. Die germanische Religion, ILE., pp. 243-260.
ÎNDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT êàS
(1) IDEM, Die Gertnanéhi 2° édition, vi-77 pages, Tûbihgen, Mohr, 1929(
(Bertholet RL). ...:-
540. \ BULLETIN DE SCIENCE DÈS RELIGIONS
(1) GustaV NECKEL. Germanth und Iletieh, 142 pp. in^j Heidelbetg, Wihtef,
1929. ;
(2) A. Haggary'KrtAppË,dans ses Etudes de Mythologie et de folklore germani-
ques: (VIII, 191 pp. in-8, Paris, E, Leroux,.1928) pose souvent la question deia
communauté d'origine des légendes germaniques et celtiques, — Signalons du
même auteur « Déuxépisodés de provenance celtique dans la Greilissaga », saga is-
landaise du xme siècle (Rev. celtique, 1929, pp. 130 ss.).
(3) Ernst Alfred PHILIPPSON. Germanisches Heidentum bei den Atigelsachseh)
239 pp., in-8°, Leipzig, Tauchnitz, 1929.
REVUE DES SCIENCES. — T. XIX*, FASC. 3 — 35,
54-2 BULLETIN bÉ SCIENCE DÉS RELIGIONS'
Lés ancêtres légendaires des tribus étaient héroïsés, sans qu'on dé-
couvre à proprement parler de « culte des ancêtres ». Le culte du
Soleil subsistait, pùique l'Église a. dû l'interdire, mais il n'avait rien
de spécifique et remontait à l'âge de bronze européen commun ; le
jeu national du foot-ball se rattache à ses rites (pp.106 ss). Les An-,
glb-Saxons paraissent avant tout des adorateurs dés Ases (et non
des Vîmes). Parmi ces grands dieux, Dunor, venu autrefois des peu-
plades voisines des Celtes, était sans doute un ancien démon du ton-
nerre (soit Fjorgynn, cfr. Perkunas lithuanien) grandi du fait de sa
parenté avec le celte Tanaros ou Toranis ; il ne nous offre rien du
caractère pittoresque que prit le brave Thor des Nordiques. Le dieu
céleste indo-européen Tiw subsistait (Tuesdqy,mardi, jour de Mars,
après l'adoption du calendrier romain, qui se substitua au babylo-
nien) ; mais il était effacé par Wodan. Celui-ci n'est pas européen,
ni même -germanique commun, car les Germains orientaux l'igno-
raient ; c'est un démon de la tempête et des trépassés, qu'il entraî-
nait dans la « chasse sauvage », pendant les douze nuits du Jul
réservées au culte des morts et à la «Wilde Jagd » ; comme Dunor,
il paraît être devenu dieu à la frontière celtique, aussi quelques-uns
l'pnt-ils identifié au gaulois Esus (pour les Romains, tous deux étaient
Mercure). Son culte s'est étendu avec les conquêtes, des Germains
dël'Ouest, puis il à passé vers le 1er siècle aux Scandinaves, qui l'ont
appelé Odin. Il n'a rien à faire avec la fécondité ; ses deux aspects
sont celui de dieu des morts et de la guerre, de dieu des runes et de
la magie. Jamais les Anglo-saxons n'en ont fait un dieu du ciel, et
il n'a été créateurdu ciel chez aucun peuple germanique ; seulement,
comme il donnait la Victoire, il a passé pour l'ancêtre des guerrières
famillesroyales. —-Dans le domaine du culte, on sait que les prêtres
étaient guérisseurs, et c'est même là que Philippson voit l'origine
du pouvoir attribué aux rois d'Angleterre (comme à ceux de France)
de guérir les écroûelles en les touchant. Les Anglo-saxons, si l'on
s'en rapporte à Saint Grégoire, avaient pour temples de véritables
maisons, (à l'imitation des églises chrétiennes). Au printemps, temps
du commencement de la guerre, se célébrait le grande fête de Woden ;
il y en avait d'autres à l'automne, sans doute au solstice d'été, et
au Jul, fête des âmes ; celle du début dé l'hiver était la principale ;
elles étaient accompagnées de banquets, de buveries, de sacrifices
d'animaux, mais on ne découvre pas de sacrifices humains, malgré
quelques indications (dans les chroniques et Beovralf) du fait que
les armées ennemies pouvaient être « dévouées » à Woden. Les malé-
fices, les charmes amoureux, la superstition du «mauvais oeil»
étaient fort répandus. Surtout les Anglo-Saxons croyaient au « sort »
(Wyrd, devenu les Parques) ; la soumissionà FAnankê leur inspirait
le mépris du danger et de la mort, mais aussi l'esprit de mélancolie
trop résignée qui imprègne leurs anciennes poésies, et qu'il serait
faux d'attribuer chez- eux à un culte, des Vanes. On ne connaît
pas leurs idées sur la destinée du monde ; ont-ils eu des poèmes dp
genre de la Vôluspa, qui seraient perdus? peut-être, était-elle pour
Ui BULLETIN DE SCIENCE DÈS RELIGIONS
T
V
;
'i. — IRAN,ET ASIE CENTRALE.
Mazdéisme. — ANWANDER ( 2) donne vingt-cinq pages à la
Perse (y compris Mithra et là Manichéisme). Le temps de Zoroastre
dit-il, est incertain, mais c'était en tout cas une forte personnalité,
dont le rôle, par certains'côtés, ressemble à celui de Mahomet en
Arabie. -
/
' WURM-BLUM (3) comparerait ce réformateur, (qu'il pense avoir
.
Infini, est une attre déformation, attestée dès le iye siècle avant
notre ère, et qui paraît avoir dominé aux v-vie siècles après J.-G.
L'eschatologie à subi probablement, pour certains traits, l'influencé
juive et chrétienne. Les pages 160-1.62 touchent aux Parais et
Guèbres modernes, dont on nous décrit les fêtes de-"mariage, celles
du Jour de l'An et des Morts, le sacerdoce. Beaucoup sont tombés
dans l'agnosticisme ou la théosophie, (Pour lé, manichéisme, voir
ci-dessous).
BENVENISTE a publié en anglais un petit livre sur la religion des
Perses d'après les principaux témoignages grecs C1). Ils montrent
la complexité de cette religion, et son influence sur les systèmes hel-
lénistiques (par exemple là conception de l'« Aion »).; Mais ni Grecs,
ni Syriens, ni Arméniens ne connaissent l'enseignement des Gath£S
ni la.figure de Zoroastre telle que l'Avesta nous la présente ; le.
zoroastrisme ne pouvait être qu'un mouvement local à l'Est de"
l'Iran, qui s'était bien transformé quand il atteignitl'Iran occidental.
Hérodote parle de la vieille religion naturiste, Stràbpn d'un maz-
déisme dégénéré, et Plutarque (d'après Théopompe), du zérvanisme,
toutes formes religieuses de diverses périodes, et peut-être de divers
pays. -
WESENDONK a étudié l'entité avest-ique d'Aremati ( 2) (« pensée
obéissante », «dévotion ») et. conclut que cette abstraction de
Gâthas était peut-être originairement une Déesse-Terre, boni le
caractère avait déjà été effacé chez les Indo-Iraniens par. celui de
dévotion et de piété. On en trouve des traces dans l'Inde (l'Âramati
védique, également abstraite), et,entre autres, un texte du commen-
tateur médiéval du Rig-Veda, Sâyana, la désigne comme là; Terre, ;
bhumi. Le concept de piété peut facilement s'unir à l'idée de la
Terre-Mère chez des peuples de cultivateurs. De fait, chez d'autres
Iraniens, en Cappadoce, en Arménie, parmi les Scythes (témoin le
nom Artimpasa, formé peut-être avec une racine composante:comme
rita ou urtom, la règle éthique), on trouve, dit W,, la même notipn
de moralité avec les noms plus ou poins analogues. Et il y avait
des déités chtoniennes en Iran à l'époque achéménide ; chezles Scy-
thes du Pont, la Terre, Api, était l'épouse du ;GieI (Hérodote)*
et la mère divine de la nation. Ainsi, chez tous les; Iraniens, sans
parler de leurs voisins de Thrace et d'Asie-Minèure, pli constate la
vénération de la Terre. L'Avesta récent appelle bien la terre Zam,
mais cette pâle figure inventée par les. prêtres s'est effacée devant
le nom Aremaiti, repris comme synonyme. Donc ce caractère ori-
ginel d'Aremaiti a laissé des traces chez les Indiens,la tradition était
(1)' Emile BENVENISTE. The Persian Religion, according to thé chief Greek
texts, l-2'l pp. in-12, Paris, Geuthiier, 1929.
(2) O. G. .von WESENDONK. Arémati als arische Erdgotthëit, AR"Wf 1929,
XXVII, H, 1-2, pp. 61-76. "'
' INDO-EUROPÉENS ET EXTRÊME-ORIENT 547
encore plus forte chez les Iraniens ; et la réaction opérée par les
Mages (lés» Chaldéens») contre la réforme de Zoroastre a ramené
cette conception populaire dans l'Avesta postérieur ; cela s'accorde
bien avec les vieilles données d'Hérodote sur la religion des Perses*
5. — INDE.
Etudes d'ensemble. — Tous les manuels signalés s'occupent
dé l'Inde avec une certaine prédilection, et s'étendent sur les mou-
vements religieux modernes de cette intéressante et inquiétante
contrée. ANWANDER l'appelle « le inonde des merveilles », et termine
par des pages claires sur «Bouddhisme et christianisme » (s).
STRAUSS (4) présente l'hindouisme comme un mélange d'idées
aryennes et dravidiennes. Il note la part considérable de l'élément
divin féminin surtout dans le Çivaïsme, s'étend sur la bhakli, et
montre chez les Alvars, prophètes sud-indiens des viie-ixe siècles,
la préparation à la religion du Bhagavata-Pourana. Il relève les
luttes entre le monisme illusionniste de Çankara et le vishnouis-
me dévot de Ramanuja, caractérise le vishnouisme et le çivaïs-
me (avec les diverses écoles çivaïstes et la secte des Lingayats),
la Çakti et les Tantras, la religion des Sikhs, et décrit les sectes
syncrétistes modernes avec la part de la religion dans le mouvement
d'émancipation politique.
BLUM (6) donne aussi une étude très complète dont nous relevons
quelques traits : l'idée de « Sauveur » s'est développée dans le brah-
manisme pour faire au bouddhisme une opposition plus efficace;
les rivalités d'école ont abouti à fortifier des divisons confession-
nelles, dont le rapprochement sous la notion de « Trimourli » n'a
été qu'un essai théorique ; détails sur les bhaktas, entre autres
Çaïtanya, (Bengale, xvie s.), prophète de la foi sans oeuvres ; sUr
les Lingaïtes, qui sont la secte çivaïte la plus remarquable, héritière
« qui retient les fleuves » n'est pas en effet une création de l'Inde
tropicale, et ce n'est pas non plus le génie de la sécheresse ; H. jus-
tifie sa thèse par des considérations climatériques, contre ses contra-
dicteurs traditionnalistes.
Mystique et vie sociale dans l'Inde ancienne'. -— Les plans
de vie proposés dans l'Inde antique aux gens religieux (doctrine
dite des Açràma) ont été étudiés dans un article de WEINRICH (*)',
La voie et les états de perfection ont varié avec les livres et les épo-
ques. Les brahmanes d'ancien style avaient tous les égards pour le
maître de maison qui payait bien les sacrifices ; la doctrine del'Açra-
ma fut le compromis par lequel ils cherchèrent et réussirent à main-
tenir leur idéal contre celui d'une vie purement ascétique et contem-
: plative prôné par les Upanishads. W. distingue diverses formes de
ces compromis, et cherche à leur assigner une date. La forme clas-
sique (succession nécessaire des états de disciple, de père de famille,
d'ermite ou d'ascète errant) se trouve dans les dernières Upanishads.
Le Mahabharata montre l'opposition entre l'école des « Nivritti »
(renoncement) et cédé des « Pravritti » (action). La propre doctrine
des Açramas prescrit l'ascension d'un état à l'autre, mais en lais-
sant bien voir que l'état de maître de maison occupe la place'prin-
cipale, et qu'aucune défaveur ne s'y attache, car il est le plus néces-
saire à la société ; quant à la Bhagavadgila, de même époque, elle
prescrit à tous, comme le meilleur, l'action accompagnée de renonce-
ment.
LAMOTTE a publié des « notes sur la Bhagavadgila » ( 2) ; il en
étudie le milieu d'éclosion (Krishna, la secte des Bhagavatas, etc.),
puis les doctrines spéculatives (le Bhagavat principe, support spi-
rituel et substrat physique du inonde, ses avatars,la liberté divine,
la délivrance de l'âme) enfin les doctrines morales, et il critiqué la
théorie de Garbe, qui considérait ce fameux écrit comme remanié
dans un sens panthéiste.
(1) Friedrich WEINRICH, ARVV, XXVII, H. 1-2, 1929, pp. 77-92, Entwick-
lung und Théorie der Asrama-Lehre im XJmriss.
(2) Etienne LAMOTTE. Notes sur la Bhagavadgila, xvi-153 pp. in-8. Paris,
Geutlmer, 1929. (Spe. belge d'Études orientales). Préface de L. de la Vallée-
Poussin.
(3) C. FORMICHI. La pensée religieuse de l'Inde avant Bouddha, trad. de l'ita-
lien par Fernand HAYWARD, 207 pp., in-8, Paris, Pavot, 1930 (Bibl. historique),
INDO-EUROPEENS ET EXTREME-ORIENT 553
! rosée?
» (p. 181) ; il n'en est pas moins vrai que beaucoup «des cou-
j rants les plus profonds dans la science et la philosophie » convergent
vers une position qui est celle des Upanishads, c'est-à-dire un
«animisme panthéistique » que le rationalisme n'a nullement, dé-
truit ; l'ancien Brahmananda était seulement en avance sur le « mo-
nisme scientifique» de nos jours. Nous ne prétendons pas résumer
toute cette thèse, ni suivre exactement la marche dé la pensée à
travers ces conférences, mais en noter seulement les traits princi-
paux concernant la métaphiysque et la religion.
M. veut partir de l'expérience de l'homme ordinaire, du «réaliste
naïf ». Dès que n'importe qui ouvre les yeux, il saisit un fait global,
qui est le Tout (le Brahman), avec des zones de conscience, de sub-
conscience, sans distinction de cause et d'effet, de sujet et d'objet,
etc. ; ce n'est que lorsqu'il commence à traiter cette expérience glo-
bale, à la juger, qu'intervient le principe de limitation et de distinc-
tion (la Maya), qui isole du reste ce qui est pleinement conscient,
et Construit un Univers logique dans l'Univers a-logique qui avait
d'abord été confusément saisi par intuition. Alors on a sujet et ob-
jet, et le reste. Ce n'est pas que la Maya soit une illusion, une pure
irréalité, elle et tout ce qu'elle fait voir ; l'école de Çankaràla con-
sidère bien comme telle, parce qu'elle fait de « changement » et
de «limitation» le synonyme d'« irréalité » ; mais ce n'est qu'une
question de mots, il suffit de s'entendre. De même, tous les êtres
pensants, ou sentants, ou existants, pris individuellement, ne sont
pas illusoires, ce sont des « projections » sur des plans divers dé
l'Etre-Unique, le Pouvoir-Expériencetotal, qui est à la fois un Point
et un Continu, toujours en mouvement de concentration. et d'ex-
pansion, en restant identique à lui-même ; ce Centre suprême com-
prend et connaît tousles centres subordonnés ; il est la Conscience
boucles avec sa queue? Le Védanta n'est pas en soi une vraie reli-
gion, c'est un jeu d'intellectuels. De là vient l'insuffisance méta-
physique et morale des religions mêmes de bhakti par où l'Inde
a toujours cherché à vivifier cette grande Forme vide, et qui ne se
rapprochent plus ou moins du christianisme qu'en publiant autant
qu'elles peuvent la métaphysique monisté et naturaliste sur laquelle
:
elle prétendent reposer. t
(i) Titre : À. GUÉRINOT. La religion djaïna, 353 pp* petit u>4,25 planches,
INDO-EUROPÉENS ET ÈXTRÈME-OhlENT. -
559
krishnan (v. supra, op. cit., p. 45) indiquait bien quel est le grand
obstacle à la propagation du christianisme dans l'Inde, malgré le
cas qu'en font les meilleurs penseurs de ce pays ; il ne convient pas
d'admettre, disait-il, qu'un peuple seul, ou uii race, - est l'élue de
Dieu, que sa religion est la seule vraie. L'orgueil national etintellec-
tuel maintiendra longtemps l'Inde dans son chaos. C'est une des
conclusions qui ressortent de l'étude d'un missionnaire catholique
dans!'Inde du Nord, lé P. PAUL, sur l'énigme religieuse des Indes (*).
Ce religieux reconnaît bien qu'il y existe, latents, un monothéis-
me et une vraie spiritualité ; mais l'indifférence nationale au principe
de contradiction, qui ressort de l'analyse des livres sacrés et des
philosophies, le goût de la spéculation sans frein sur des abstrac-
tions, le besoin de tout ramener à la sagesse de leurs propres ancê-
tres, qui les empêche de placer l'Évangile plus haut que leur Bha-
gavadgita, mettent entre la masse des Hindous et le christianisme
une barrière que les événements politiques élèvent encore. Surtout
l'opposition entre védantisme et catholicisme est irréductible.
Par ailleurs, la situation a une grande analogie avec celle de l'Em-
pire romain, qui a pourtant été converti ; le grand moyen d'aposto-
lat, dit le P. Paul, celui qui impressionne l'Hindou moyen, c'est la
charité chrétienne effective.
6.—BOUDDHISME.
(1) P.PAUL. L'énigme religieuse des Indes, série d'articles publiés dans les
Etudes franciscaines, 1929-1930, t. XL, XLI,XLII.
(2) Chez Pion, Paris, 1929. R. GROUSSET, Sur les traces du Bouddha, in-8,
relate, d'une façon savante et pittoresquejes pèlerinages des Chinois à travers
les pays bouddhiques au viiè siècle, et fait ressortir les renseignementstrès pré-
cieux que l'on tire de leurs récits pour l'histoire de la pensée et de la mystique
indiennes au haut Moyen Age.
(3) Heinrich HACKMANN, Der Buddhismùs, R. E., pp.3i8, 362.
5ÔÛ BULLETIN DÉ SCIENCE DÉS RELIGIONS V
-
truisseht l'empire dés Khmers, avec les Siamois, nouveaux venus, '
qui s'assujettirent au xivesièclè les pays du centre, où'ils apportè-
rent une nouvelle forme de culture, c'est-à-dire le Hinayana reçu
de Ceylan, qui de chez eux se répandit aussi au Cambodge, où il
supplanta le Mahayana chez les restes des Khmers, Le Pégou avait
adopté aussi le Hinayana au haut Moyen-Age, et le pâli, comme au
Siam, y devint la langue sacrée.Pour la Birmanie proprement dite,
du v° au xie siècle, on y trouve un mélange de Mahayana, de tan-
trisme et d'hindouisme, jusqu'à ce que le « Petit Véhicule » finisse
par y dominer aussi au xne siècle.
Les Annamites (x), dont le domaine était d'abord le Tonkin et le
pays au Nord des Chams, détruisirent au xve siècle la puissance .
ponu.nl. ftoma,-ïip. poi. Cuol'e di Maria», 1928 ; in-8, Xïi-272 pp.. ; 20 l.~
«
C'est un répertoire mal tenu ; mais tel quel il peut rendre service.
(1) E.' GILSON. Introduction à l'étude de saint Augustin. (Etudes de philos,
tnéd., XI) Paris, Vrin, 1929 ; gr. in-8, n-352 pp. — Ce titre nous invite à men-
tionner, une întroduccion a la jiloso/ia- de San Agustin, du P, C. A. VEGA,
Monasterio del Escoriàl, 1928; gr. in-8, xvi-190 pp. ; 6 pes.C'est un recueil
d'articles, parus dans La Ciudad de Dios, et groupés sous les titrés : « Valeur
caractéristique de la philosophie de S. A. », «Valeur systématique», «Valeur
actuelle». Mais'nous y sommes beaucoup plus près du genre panégyrique qufe
du travail scientifique.
' OCCIDENT, ANTIQUITÉ Ôvl
...
1
Ipdôt et Laminne (% il faut dire qu'il est fixisté) ; puis ce que pen-
serait un Augustin moderne, à la fois conséquent avec les principes
d'Augustin et informé des sciences biologiques (il rejetterait le
fixismè créationniste, adopterait le transformisme, mais non le
transformisme généralisé ni le transformisme anthropologique).
Signalons enfin Une très intéressante discussion entre le P.
—
GAEDEIL et M. GILSON sur la relation entre la création, creare, et
l'information de là matière, formare. Cf. Gilson, Introduction, loc.
<M,,
pp. 258-264.
'> Morale. Le Prof. J. MAUSBACH réédite très opportunément,
—
après amélioration. Die Ethik des hl. Augustinus, Freiburg, Hèrder,
1929 ; 2 vol. in-8, jai-442 et vin-432 pp. Ouvrage classique en la
matière, véritable somme de morale augustiniénne, non seulement
de;ses éléments philûSophiques,mais de toute la conception surna-
turelle de la destinée humaine, du péché à la béatitude.Rappelons-.
'- (1) Dans son article delà Rev. se. ph, et th., 1908, pp. 505-5gl.; L'idée d'évolu-
lioiiçficz S'.Augustin,;
'580 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNE^ .
(1) J. REVIKON, LÉS idées politico-religieuses d'un évêque du ix? siècle. Jonas
d'Orléans et son « De institutione regia». Etude et texte critique. (L'Eglise et
l Etataumoyen âge, 1). P^ris, J. Vrin, 1930. In-8°, 197pages,
584 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES
.
L'édition critique du De institutione regia est établie d'après
un- manuscrit de la Ribliothèque des Chanoines de Sàiht-Pi.errè
.
-
(l)
G.TiiÉBY, Recherches pour une édition gtécqiiê historique du Pseudo-Denys^
dans The New Scholaslicism,.II (1929), pp. 353-442;
5é6 BULLETIN'D'HISTOiRÉ DES DOCTRINES CHRETIENNES'
c'est d'avoir une édition critique des versions latines puisque les
théologiens n'ont travaillé que sur les versions. Cette édition pour-
rait se référer à l'occasion au texte grec du manuscrit 437, sans
pourtant le reproduire en entier. Si l'on entrait dans la voie proposée
par le P. Théry, ne faudrait-il pas donner aussi des éditions grecques
justifiant les travaux d'Anastase, de Jean Sarazin, de Robert Gros-
setêtè? — En outre, peut-on ramener les manuscrits, autres que
le 437, à celui qu'utilisa Anastase, et qui serait « le prototype des
manuscrits romains » ? D'autres manuscrits n'ont-ils pu avoir
une influence sur la tradition textuelle ? On sait que l'Italie du sud
et la Sicile, tout au long du moyen âge, ont été pénétrées d'influences
byzantines ; n'ont-ëlles pas agi dans la diffusion des oeuvres de
Denys?
L'article se termine par une étude sur un manuscrit conservé
au Musée du Louvre, département des ivoires, n. 100 ; il contient,
lui aussi, les oeuvres du Pseudo-Denys, mais n'a pas eu d'action
sur le mouvement théologique occidental, puisqu'il n'est arrivé
à l'abbaye de SaintfDenys qu'en 1408. Son texte est plus correct
que celui du n. 43 7.
Gerbert. — Le but principal de M. Fr. EICHENGRUN dans l'ou-
vrage qu'il Vient de consacrer à Gerbert (*), est de discerner le
principe fondamental qui unifie sa vie et forme sa véritable per-
sonnalité. Il en trouve l'expression dans une activité que rien n'arrê-
te ; celle-ci, à son tour, est produite par des conceptions philoso-
phiques empruntées à l'antiquité, qui le poussent à se conformer
à la loi du monde. Or la loi du monde n'est autre que la transforma- \
tion du chaos en un cosmos organisé ; on s'y conforme par la science
et par l'amour, qui ramène au principe de tout, lui-même amour.
Ces idées commandent, non seulement l'activité personnelle de
Gerbert, mais encore son attitude vis à vis de l'autorité-pontificale.
Pour lui, la succession de Pierre ne comporte qu'une primauté
d'honneur, «sans signification juridique ou dogmatique d'aucune
sorte »~(p. 52) ; le pape n'a le droit de commander qu'autant qu'il
possède la science et la charité. Ces idées faisaient de Gerbert un
précurseur et expliquent, jusqu'à un certain point, le légende formée
autour de lui.
Dans l'étude de M. Eichengrun, on doit distinguer une partie
critique et une partie constructive. La première concernant la vie
de Gerbert et le recueil de ses lettres ne manque pas de valeur ; il
semble bien qu'on doive admettre ce qu'il dit dû manuscrit de
Leyde, contenant les lettres et les rapports sur les conciles de Reims
et de Mouzon ; ce recueil aurait un caractère littéraire, juridique
—
Ë.;
JJans les Recherches de science religieuse, 1930, pp. 162-166*
DRUWÉprésente sa découverte d'Une première'rédaction du
Cur Deus homo. Dom Wilmart, nous, dit-on,-aurait apporté.son
suffrage à cette découverte, qui « nous met devant ce fait que S,
Ansélme introduisit après coup la forme apologétique dans Un ouvra-
gé dont la première conception était purement théologiqUe » M. D.
ànhpnce la publication de cette rédaction.
(1) C'est ainsi, pour n'indiquer qu'un texte intéressant des débats toujours
actuels, qu'Albert marque très bien que le désir naturel vise Dieu.co/nme cause.
(Meiaph., I, tr, 1, c. 5 ; éd. Borgnet, t. VI,p. 10). Cl. p. 26,28-29.
-
(2) Voici, lès principaux titres de l'ouvrage : 1) théorie de la tendance de
l'homme à une possession parfaite de Dieu ; 2) le mens comme imagé de Dieu j
3) la mission temporelle ; 4) l'habitation des divines Personnes ; 5) cognoscibili-
té dé la missiontémporelle; 6) nature ontologique de la grâce, grâce et .vertus ;
7) les effets delà grâce ; 8)'remarques sur la théologie d'autres auteurs scqlasti-
ques ; 9) le mérite ; 10) grâce gratis data; il) la prédestination ; 12) _grâce et
liberté. ;
OCCIDENT. HAUT MOYEN AGE 593
.
risé. Il est bon et suffira amplement aux exigences qu'il est destiné
à satisfaire : rendre, sans tarder, un précieux service aux studieux
des écrits de saint Thomas .d'Aquin. » (p. vin). Tous les travailleurs
seront reconnaissants au R. P. Mandonnet de son initiative, et à
la maison Lethielleux de l'avoir si promptement mise à exécution.
Nous présentons aussi à nos lecteurs la deuxième édition de l'ou-
vrage du DR HOOGVELD Q-) : Introduction à la vie et à l'enseignement
de S. Thomas d'Aquin. Cet ouvrage écrit en hollandais est une re-
fonte très personnelle de VEinleitung de Mgr Grabmanii ; l'auteur
adopte toutefois la chronologie proposée par le R. P. Mandonnet.
L'ouvrage se divise en deux parties (la vie de S. Thomas ; la doctrine
de S.Thomas) composées de dissertations claires et pleines d'aperçus
sur la doctrine et le milieu du grand docteur. Le succès de cet ouvrage
atteste sa valeur, et nous voudrions le voir très répandu dans les
milieux de langue hollandaise et flamande,
...
ment d'Hildegarde, »
(2) P. G. THÉRY, 0. P., Le Commentaire de maître Eckhart sur le livre de.la
Sagesse (lin), dans Archives d'Histoire doctrinale et littéraire du moyen âge, t. IV,'
p. 233-394.
(3) Maestro ECKART. Prediche e Traitati. Traduzioîie di G. C. Introduzione di
E. BUONAIUTI, dans la Collection Maeslri délia Vita Spitituali, Bologne, Zani-
çhelji, 1927 ; in-12, XXV-370 pp,
GGIDENT. MOYEN AGE 5p,7
(1) J. QUINT, Die Sprache Meister Eckeharts als Ausdruck sciner mgstischen
Geisieswelt. Sonderabdruck aus Deutsche Vierleljalvsschriftfur Lileraturwissen
schaft und Geislesgeschichie, Jalirg. VI, H. 4, in-8, numéroté pp. 671-701.
(2) A. L. CORIN, Sermons dé J. Tauler et autres écrits mystiques. II. Le Codex
Vindobonensis 2739, édité pour la première fois avec les variantes des éditions,
de Vetter (1910), de Leipzig, (1498), d'Augsbourg (1508), et de Cologne (1543)
précédé d'une introductionet annoté [par A. L. Corin], dans la Bibliothèque de la
Faculté de Philosophie et Lettres de V Université de Liège, Liège, Vaillant-Gar-
manne ; Paris, E. Champion, 1929 ; in-8, xxv-492 pp.
600 BULLETIND'HISTQÏRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES
(1) Â. KORN, tauler als llèdhér, dans Porschmgèh nnd fiuhâe, tî.-';2i j Mti.il-
(jter i. W., Aschehdorîi, 1928, in-8, vni-175 pp.
:"> ; .OCCIDENT. MOYEN AG'È 6Ôà
(1) Voir Sermons de tauler-, Traduction sur les plus anciens manuscrits aile»
malldsparlesRR. PP. HUGUENY, THÉRY, O.P., et À. L. CORIN, t. I,p. 184, n, 1 ;
192,ii.:2,;-'193, n. l";d:96,.n,"l.
(2) .P. HiLDEERAND, Un mouvement psêudo-^mystiqtie chez les premiers Capu-
cins belges, dans Françiscaha, 1924, p. 261 ; P. B. KKTJITWAGEN, De iutlige
Pelrtis Cànisius en demysiiek van Johannes Tauler, O. P., dans Sludien, t. XCV
(1921); p. 347-362. ''-':''
(3): Beali H. Susonis tforologium Sapieniiac, Accedunt tractatus et notâë
quaedam de theologia nlystica ex ôperibus H. Denifle" 0..-P; Edidit G. Ricii-
STâTTER, S. J. Taurini (Itaîia), Marietti,;i929 ; in-12, xx-279 pp.
(4) Dès lors, pourquoi présenter dans les Annali dell' Italia catlolica, 1930,
p. 39.1, ce travail de simple copiste, comme une « nuovd èdizibne critica » ?
(5) À îapage XVIII,,n. 3,1' éminent auteur cite le P DENIFLE, EineGeschiclilê
.
604 .
BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRETIENNES
de l'indépendance absolue du roi par rapport au pape dans les ter- '
mes de la déclaration de 1682 est un corollaire inévitable de cette
nouveauté que constituait,alors la théorie du droit divin du pouvoir
royal. Cette théorie n'avait pris consistance que sous lé règiie d'Hen-
ri IV, dans le dégoût des outrances démocratiques des ligueurs.
Les ligueurs se montrèrent souvent plus extrêmes sur ce sujet que
ne l'avaient été les huguenots d'après la Saint-Barthélémy, Théo-
dore de Bèze et François Hotman. L'université de Paris avait repris,
contre Henri III et Henri IV, d'anciennes théories médiévales. Mais
après la paix. d'Henri IV, le succès du pouvoir absolu contribua à
faire abhorrer cette agitation. Le pouvoir absolu trouvait d'ailleurs
en Guillaume Barclay son théoricien. L'épiscopat du royaume se
mit à adhérer à cette thèse du pouvoir divin de son roi. L'épiscopat
ne mesurait point toutes les conséquences qui allaient s'en suivre
dès qu'ils y aurait conflit tant soit peu accusé entre le roi et le pape.
Le temps passa donc vite où les anciens gallicans continuaient à
combattre à l'université de Paris contre les jésuites. Richelieu s'em-
ploya "avec habileté à ne tirer de l'ancien gallicanisme que ce qui
:
était favorable à la nouvelle théorie du droit divin royal. Les événe-
ments de 1663 ne tardèrent pas à marquer une étape décisive dans
le succès de cette thèse. Mgr M. a très heureusement insisté sur ce
point. A cette date, les relations entre le pape et Louis XIV sont
des plus tendues. A la suite de l'incident de la garde corse, la con-
signe est donnée d'humilier encore plus le pape de toutes ma-
nières. Or, il est remarquable que, tandis que le Parlement pousse
la Faculté de théologie vers les anciennes formes du gallicanisme,
les théologiens, biaisant sur la question de l'infaillibilité et de la
supériorité des Conciles sur le pape, proclament au contraire avec
éclat l'indépendance absolue du roi par rapport au pape dans le
domaine temporel. Aussi lorsque vers 1682 la tension entre Versail-
les et Rome recommence, plus forte que jamais, c'est de très bon
coeur qu'à l'Assemblée du Clergé les théologiens français rédigent,
ou agréent le premier article de la déclaration, article touchant le
droit divin du roi. Il fallut au contraire la passion de la lutte, l'im-
pulsion de Colbért l'interventiond'un gouvernement qui cherchait
un effet moral, pour faire légiférer l'Assemblée sur les libertés de
l'Église gallicane et les droits respectifs des papes et desconciles.
Mgr M. s'est bien gardé d'exagérersa thèse. Si è.dulcoré ou nuancé
qu'ilsoit, le gallicanisme politique de 1682 tire bien quelques-unes
au moins de ses origines des anciennes théories des gallicans démo-
crates. Gomme le note Mgr M. dans sa conclusion, si les théologiens
dei 682 n'eussent pas approuvé chacune des vingt-cinq propositions
énoncées cent ans plus tôt par Pierre Pithou dans ses Libertés de
l'Eglise gallicane, c'est quand-même un de ses énoncés qui s'ap-
plique le mieux à la mentalité dé 1682 : « Le pape ne peut exposer
en proye ou donner le Royaume de France et ce qui en dépend ny
en priver le roy ou en disposer en quelque façon que ce soit.Et quel-
ques monitions, excommunications ou interdictions qu'il puisse
.
OCCIDENT. TÉAtpS MODERNES 607
;.'-- *Ç -.'.'..
'
,
que jamais parler d?une unité de doctrine. Des tendances bien di-
verses se manifestent,.chez Le Clerc, Piheï, -Duhamel, Jàbineau,
F. Richer aine, Pinault, H.'Reymond. Ce dernier 'publie en L776;:
.
•Les droits des curés et des paroisses considérés: sous leur'doublé rap^
pori spirituel et temporel, où il affecte de laisser de côté tout ce qui
scrail querelle entre jansénistes et jésuites.' Il s'en tient à unparo-
chisme, les curés lui paraissant les successeurs des soixante-douze,
disciples. Mais il s'étend longuement sur des revendications pécu-
naires, économiques qui dénoncent rapproche de la Réyolutiçh.
En ce temps-là le gallicanisme profite du prestige nouveau de Fe- ;
dans son activité multiple au milieu des luttes M dès premiers dé-
chirements. Ouvrage de vulgarisation, d'inspiration «protestante ».
3. Portraits. — V. MACCHIORO, Martin Luther, éin Held des
Glaubens. Gotha, Klotz, 1929 ; in-8°, 144 pp., 4 mk.
H. WENDORF, Martin Luther. Der Aufbau séùier Personlïchkeil.
/.
Leipzig, Hinrichs, 1930 ; in-8°, vi-211 pp., 10 mk.
L. FEBVRE. Un destin: Martin Luther. (Coll. Christianisme).
Paris, Riedèr, 1928 ; in-12, 314 pp., 15 fr. À-la seule manière dont
est établie la bibliographie sommaire, et fixée l'orientation des étu-
des luthériennes depuis la rude et féconde iiitéryehtiott de DenifeL
on sent un maître en son domaine. De fait, cette biogràpbie psycho-
logique est de première qualité, attrayante, passionnante, sans que
cependant le « romancé » supplée jamais l'inlofmatiohla plus solide.
Franche, directe, de fond et de forme, avec peut-être ûiie pointe
d'amplification psychologique dans le Style. On trouvera sans doute
que M. F. enveloppe dans les sinuosités d'une;'irbp complexe et
tumultueuse psychologie les incohérences de pensée et d'action de
son héros. Désordre de la pensée..., le « génie» né compense pas une
telle défaillance. La vérité seule est cohérente. Comment éviter un
jugement sévère? Mais M. F. refuse de juger, etne veut qu'esqUis-
ser le « destin » posthume de cet homme.
Biographie psychologique, mais non point anémiée dans une in-
trospection qui la couperait de son milieu historique et- social;
Explicitement, M. F. veut « poser, à propos d'un homme d'une sin-
gulière vitalité, ce, problème des rapports de l'individu et de; la col-
lectivité, de l'initiative personnelle et de la nécessité sociale qui est,
peut-être, le problème capital de l'histoire ». Et ce dessein est bien •
exécuté. Lé mérite est double. (*). "
.
(1) Du mêrne auteur, le remarquable article : tlne question mal posée: tes brU
gines de la réforme française et le problème général des causes de la Réforme. iDang
jXev. Hist., niai 1929, pp. 1-73,
OCCIDENT. TEMPS MODERNES' 619
gr. in-8°, 56 pp.). Une longue introduction (30 pages) montré qu'une '-
première version française de l'Institution chrétienne & dû paraît/Te
en 1537, bien avant l'édition de Genèye de 1541..
Piétisme. —'.'-H. W. ERBE.. Z.inzendorf und der fmmmehbheAdel
seiner Zeit. Leipsig, Heinsius, 1928 ; in-8°, 262 pp., S mk. Étudie
la première période de l'histoire du piétisme, en-vue d^ùne;:-plus
ample recherche ultérieure. Le notable intérêt de l'ouvragé, outre
l'utilisation du matériel d'archives, est de s'âttaeher.;pendant.tout,.
un chapitre (pp. 13-84) au milieu dans lequel;va entrer Zinzehdorf,
le piétisme de Halle. Un second chapitre est consacré à Z(, un troi-
sième aux premières divisions intérieures. ..'';''
(1) En historien, on ne peut que souscrire, malgré les protections des inté-
ressés, à cette observation du P. Lavaud : « Quant à l'ascétisme, dontla première
partie du livre [de M. Bremond] fait le procès, nous croyons qu'on est mal
fondé.à n'y voir qu'un mythe créé de toutes pièces par son imaginationproven-
çale » (Vie spir,, janvier. 1930, p. [26]). — Au point de vue doctrinal, Le. P. L.
ajoute : « On ne peut contester efficacement la valeur essentielle des critiques
qu'il adresse à ses représentants naguère encore triomphants, aujourd'hui
forcés à une retraite évidente ».
CHRONIQUE
Publication, — Comme il a été annoncé (Bec. se. ph. th., 1930, p. 181),
MftfciH.alsey THOMAS etïl. W. SCHNEIDER ont pris'occasion du soixantième an-
niversaire de J. Pewéy pour publier la bibliographie dé ses ouvrages. New- York,:
gjpjliînbia UniYersityj 1929 ; xxi-151.pp; 3 doh. Après une introduçtiop sur
628 CHRONIQUE
de l'espèce. Le tome II, qui paraîtra en décembre 1930, aura pour objet les
-éléments de la vie mentale : sensations, états affectifs, images.
teurs bénéficieront d'une remise de 20 •>/„ ; cette remise sera portée à 30 °/0
pour les soueripteurs h la collection complète, r
-
part annulées par le refus d'envisager l'inauthenticité de plus en plus mani-
feste-de cette compilation. Puisqu'on consacrait tant de labeur,de temps et
d'argent à ce travail, autant Valait l'aborder franchement par la question préa-
lable, et débrouiller ce fameux problème de la compositionde la Somme. En re-
porter la solution à la fin de la publication, c'est mettre la charme devant les
b oeufs, et s'obstiner à. établir un texte dont on reconnaîtimplicitement, au pied
de chaque page, qu'il doit d'abord être dépecé et identifié. Il est à souhaiter
que les éditeurs s'épargnent la peine de poursuivre en pareille voie.
- - -, _ ; f
Centenaire, -^ Dans sa séance du 27 avril dernier, l'« Istituto Vebeto di
Scienze, Lettere ed Arti » a célébré, à l'occasion du centenaire de sa naissance,
la mémoire de Francesço Bonatelli, professeur de philosophie à l'Université de
Padoue. Le Prof. Troilo rappela quel rôle avait joué B. à Padôue, au xix° siècle,
comme représentantdu spiritualisme et de la philosophie chrétienne, au moment
même où R. Ardigo y enseignait le positivisme. Son mérite est d'avoir compris
l'importance de la psychologie, dont il aborda lés problèmes en partie sous l'in-
fluence de Herbart.
;
(1) Tous ces périodiques iiotis sont parvenus au cours du Secofad trimestre
de 1930. Seuls les articles ayant un rapport plus direct avec la matière propre
à la Revue ont été résumés. On s'est attaché à rendre aussi exactement que
possible la pensée des auteurs en s'abstenant de toute appréciation. — Les Re-
vues catholiques sont marquées d'un astérisque. ^- La Recension a été faite
parlesRR. PP. Avsm, CHÂTELAIN, CHENU, COURTOIS,PEMAN,GARDEIL, GORCEJ
HÉRIS, PÈRINEIXE, SYNAVE (Le Saulchôir), SIMONIN (Rome)»
636 RECENSION DES REVUES'
îlev/sc. ph.
Gr. calh. Acqdemiae ilielogicae habita, Leopoli [en ukrainien]. -.Cf..
th., 1930, p. 183.:— P. SAVCUK. Addilamcnta orilïodoxiam Cyrilli Lukaris spec-
taniia. [en ukrainien]; pp. 23-41.— P. CHOMYN. Solémnut inauguralio Gr.cath.:
Academiae thelogogicae Leopoli [en ukrainien], pp. .42-49.; =2. V. 'LEVYCKY'J.
De judiciis eçclesiasticis in Ucrainorum conslilûtioiiihùs pubticis XI et XII
,
des êtres créés unepùissance obédientielle vis à vis de Dieu,: auteur de la nature.)
pp. 129-148. — J. LE ROHELLEC, C. S. S. De genuina liùmaiiae. cogiiiiionis ra-
tione adversus idealismum hodiernUm. (Exposé de la théorie de G.iÇ-entile. .Ré-
futation indirecte de l'idéalisme par réduction à l'absurde.- Réponse aux .diffi-
cultés présentées par les, idéalistes. Défense positive de la valeur objectivé de
la connaissance humaine.) pp. 149-163. — F: GÈUPPENSJ/O. P. Qui^JS. Thomas
de mulliplici sensu litlerali in S. Scriptura senserW! (Selon S..Thomas, il n'y
a pas d'inconvénient à ce que Dieu ait voulu renfermer plusieurs seps littéraux
dans le texte de la Sainte Écriture. Il n'est pas invraisemblable que les hagio-
graphes les aient connus, et même si ces derniers ne les .ont pas tous connus,.
Dieu, auteur de la St- Écriture, connaît tous les sens vrais auxquels se prête la
lettre de la S" Écriture.) pp. 164-175.,— G. M. PERRELLA, C. M. lliradultpre
greco di S. Mailëo e l'ispirazione (suite et fin.). (Dans riiypothèse;où le traduc-
teur grec de S. Matthieu a fait quelque minime additioh.au texte original, .il
a dû nécessairement jouir du charisme de rmspiration.)pp. 176-188. — G..M.
PERRELLAj G.M.Nuovi qrgomenli coniro l'ispirazione verpàle: (Ni de laiperte -
.; doble conclusion dei Evangëlio de S. Juan v.XX, 30-31 y XXI, 24^25. pp. 32-47
-":-47. -^- Ë, UGART.E DE'ERCILLA. 'Vuelta a la lusioria de la- lilosojia médiéval.
;-;-'.-
•
'ETUDES FRANCISCAINES.Mars. — H. KLUG, L'activité intellectuelle
Scot (fin.) (9. La connaissance dé l'âme
-. deTcime selon le bienheureux Jean Duns
; après là, mort. 10. Le pouvoir cognitif occulte ôlè' notre intellect.) pp. .129-
.:,- 145.j^—:P. PAUL. L-énigmè religieuse des Indes, (suite,, à. suivre). (Un védantin
.catholique: le cas dé Swâmi Oupadhyâê, brahme de haute caste, né en 1861,
;,. .converti au catholicismeen. 1891, et qui s'efforça de mille manières de donner
r ;tinefntèrprétation catholique aux traditions intellectuelles et aux coutumes de
l'Inde.. Que penser de sa tentative, et plus généralement des méthodes d'évan-
: gélisation dont elle ;se rapprochait, celle du P. de Nob.ili par exemple.) pp.
..
premënt dite ou occasionnelle. Erreur, dit l'auteur: : l'çeuvre du docteur sera-.,
"; ..phiquë contient tousles éléments delà causalitéinstrumentale dispositivéhiten-
'-' tionpelïe.)
pp. 324-^3%'", ..-
' ETUDES THEO LOGIQUES ET RELIGIEUSES. 1929. Nov. — H.
-CLAVIER. L'Evangile •apocalyptique. (Discours, deréntfée à la fac. de théologie '
-.
protestante de Montpellier."I. Les thèmes-apocalyptiques dans les diverses reli-
gions : légendes primitives, Australiens, Hindous, Mazdéisme,:Juifs ; analogies ;.
;'..'' entre l'apocalypse judéo-ènrètienne et le.syncrétisme hellénistique, II. Carap-
.
:
rÉVâhgilé de Jésus, ont-ils coïncidé ? Contre l'ipterprétatibn apocalyptique et ::
''':"'"-ré^'iè|e: du
« royaume », l'auteur
soutientï'interprétationidéaliste et my§tiqpe?;
642 REGENSION DES REVUES
Pour démontrer ce sens spirituel du royaume annoncé par Jésus, il analyse les
textes, groupés sous ces divers chefs : les convulsions dernières et les signes des
temps ; la parousie ; la résurrection des morts ; le jugement ; le règne intermé-.
diaire ; l'établissement du royaume. « Jésus.ne mettait pas son espérance dans
une révolution des mondes, mais dans une révolution des âmes ».) pp. 430-489.
= 1930. Janv. — R. ALLIER. La magie de la bénédiction et de la malédiction
(Utilisant quelques faits fournis par. E. Westermarck, dans son ouvrage sur
L'origine et le développementdes idées morales, Paris, 1929, montre que souvent
.
bénédiction et malédiction sont des espèces du genre incantation et se rattachent
à la croyance à l'action magique des paroles prononcées avec bienveillance ou
avec haine. Elles sont considérées comme des énergies ayant une existence sé-
parée, agissant par leur vertu propre ; même notion matérialiste dans lé serment
ou l'ordalie. Au contraire, quand elles prennent valeur religieuse, les formules
de bénédiction et de malédiction sont envisagées comme des prières qui ne se-
ront pas indifféremment exaucées. Magie et religion ne dpivent pas être identi-
fiées.) pp. 3-20. -^ Ch. DURAND-PALLOT. Science et religion. Leurs rapports dans
lé domaine de la cure d'âme. (Lamédecine a-t-elle une puissance curative rendant,
peu à peu inutile la religion, dans la lutte contre le péché, considéré de plusen
plus comme le résultat d'un'àésordre physiologique ? Non. Le mécanisme re-
ligieux lui-même utilise à son profit les procédés psychothérapiques. Et la.re-
ligiongârdesavaleurproprèdanscetraitement.desjtaresmeritales etdes défauts ; .
elle sera l'inspiratrice, la science fournira les moyens. Que science et religion
s'unissent.) pp. 21-50. — Ch. BRUSTON. Fragment d'une lettre perdue de l'apôtre
Paul. (II Cor. se compose de deux lettres : chap. 1-9, chap. 10-14. D'ùnedes cinq
lettres de Paul à Cor., supprimée, il reste un fragment, conservé dans II Cor.
actuel. Chronologiede S. Paul.) pp. 51-57. — H. CLAVIER; La méthode ironique
dans l'enseignement de Jésus, (fin.). (Analyse de quelques paroles ironiques.:
2. L'ironie dans la polémique directe, Le. VI, 24 ; Mt, VI,:2, 5, 16; Mt. XXI,
23-27 ; Mt. XXII, 15-22 ; 41-,46 ; Me. II, 1-12. 3. L'ironie familière. L'ironie
d'une promesse : Me. X, 29-30 ; l'ironie d'un refus : la réponse à la Cananéenne,.
Me. VII, 27 ; l'ironie du passé, Le. V, 39 ; l'ironie de laloï, Le. X, 28. Caractères
etportéedelaméthode.ironiquedeJésus.)pp.58-99. T-Ch.BRUSTON. Un- docu-
ment gallo-romain chrélien.ÇLectùTeplus complète d'une inscrlptiohpubliee dans
la Revue des éludes anciennes, 1928, pi. 1.). pp. 100-103. --'
satisfaire le besoin religieux de l'homme.) pp. 203-215. —A. COATES. Historical '
causes. (Il est indispensable à l'historiendep'osséderunethéorië dès causés lus- :
toriques."Laseule;càUséréeïleest la volonté humaine individuelle. Nous gommes ;
Unes dés innovations de l'intelligence moderne, et dont la plus étonnante semble .'
être .à l'auteur l'indifférence à la contradictionou.le goût d'accorder l'incômpa- ;'-
trois famillesde Ques liones : comment les agencer? comment fixer leur authen-
ticité ? La famille représentéepar lé ms. Paris, Nat. -lat. 1:4556 (St. Victor) con-
tient la réportation des dispuiationes de L. ; preuve par rapprochement avec
la Summa de Geoffroy dé Poitiers. Observation du parallélisme entré ce même
ms. et le commentaire de la Magna Glosatura ;que conclurede ces identités tex-
tuelles. Comment se faisaient les collections de matériel tliéolpgiqûe appelées
Quesliones.) pp. 115-164. — A. L. GREGORY. The Cambridge manuscript pf the
e Quesliones » of St. Latigton. (Ms. Cambridge, St. John's Coll., 57, le plus
important de tous. I. Comparaison avecles mss. français. II. Les commenta-
teurs de ce ms. III. La première section de ces Questions (Ca). TV. La seconde
section (Cb) ses caractéristiques. V. Les dernières sections (Çç, Cd, Ce);
arrangement des quesliones en forme de Summa theplogica.) pp. 165-226. .
NIEUW THEOLOGISCH TIJDSÇHRIFT. 1930. 2. — H. Y. GROENE-
WEGEN. IS het Christendom de absolute godsdiensfi (Le christianisme est-il la
,
religion absolue? A l'occasion du livre de W. Scheller : Die Absolûtheit des Chris-
lenlums. Ihr Sinn und ihre Berechtigung ; comparaison de l'opinion de H. Y.
Gr. avec celle de. W. Sch.) pp. 101-111. — J. L. SNETHLAGE. Humqniseeringof
Daem.oniseering. (Humanisation ou démonisation.Devohs-nous former notre
idée de Dieu en nous le concevant comme un homme ou comme un démon ?
Réponse de l'auteur; au point de vue éthique, l'idée d'un Dieu humanisé vaut
pratiquement mieux. Mais en fait il est plus conforme à la réalité de le concevoir
comme un démon. Desperqtio fiducialis et amor fatil Voilà l'attitude rêvée.)
pp. 112-123. — G, A. VAN DEN BERG VAN EISINGA. Brorinenscheiàing in Hande- '
lingen 17-28. (Distinctions des Sources dans les Actes;) pp. 124-138. — J. R.
BUISMAN. Hélikia: (Matthieu 6, 27. Comment le mieux traduire ce mot : âge ou
taille. Étude comparée avec Hérodote III. 16.) pp. 139-145.
verbale, mais voit clairement que ces formules ambitieuses n'ont dé réalisation
possible.que dans le christianisme, et même pour une paît dans la vie future.
La contemplation chrétienne est un acheminement à la vision béatifique.)
pp. 89-109. — P. CHARLES: La philosophiedu primitif. (Quele primitif soit in-
compréhensible parce qu'il est plongé dans le prélogisme, c'est là une affirma-
tion pernicieuse née d'une méthode délibérément autiscientifique et du dogme
notoirement faux de l'homogénéité des primitifs.) pp. 110-126. = Mars..— J;
MARÉCHAL. La vision de Dieu au sommet de la contemplation d'après Sainl-Au-
guslin (suite). (III. La vision immédiate de Dieu ici-bas. Si la contemplation
chrétienne ne dépasse pas.régulièrement ici-bas une connaissance médiate de
Dieu par intuition intellectuelle des idées et en particulier des images" de la
Trinité que l'âme porte en soi, elle comporte cependant, sous l'initiative di-
vine, une certaine vue directe, mais fugitive de Dieu tel qu'il est en soi ; ce
degré exceptionnel n'est atteint que dans le ravissement et ne peut avoir la
plénitude saturante de la vision béatifique.) pp. 191-214. = Avril. — F. DE
LANVERSIN. A propos de Prière pure ». (Loin de n'être qu'une passive accepta-
%
qui a pour chefs défile Platon et Aristote et celui qui s'autorise de Kânt. ""Après
un exposé de la sévère critique de Kant faite par Br.entano:,;;F. revenant à.ses
idées personnelles conclut que l'avenir de la philosophie sera dans un arlstoté-
lisme platonisant.) pp. 180-188. -— K. ESWEIN. Die WëscnhëiibéiJphâhncs.
Scoltus Eriugcna. (Détermination chez Scot Erigène de la notion d'. « esseirtia »
ou « ousia » par comparaison avec les concepts capitaux du système :; être
substance,nature, corps,genre... Conclusions; d'ensemble portant sur leseps de
tout le système.) pp. 1.8.9-2.06. — A .SEITZ. Golt und Menscfiin der Mysiik dës^
Miltelalters (à suivre.) (Après, avoir défini là mystique comme une tendance.à
RECÈNSIÔN DES RËVTJES "
653.,
l'union divine, l'auteur se cantonne dans l'étude delà mystique de H. Suso dont
elle expose d'abord la conception sur Dieu.) pp. 206-221.
pas lé nom de nouvelle édition. Ainsi entémoigne lerns. deBamberg ÏII. Les
disputes de P. Lombard. Ce même ms. fait allusion à des discussions orales non ,
'-'.'
les trois versions du Dëçalogue, sous l'influencédelà récitationà la-synâgogue.)
pp, 167-170.
;;
REVUE' D'HISTOIRE 3>E LA PHILOSOPHIE. 1930. Janv. — G.
CANTECOR, Elides cartésiennes. L'oisive adolescence de Descaries (à suivre.)
-{L'histoire de la pensée de Déscartes, telle que celui^cinous la présente, au début
dp Discours, est, en bonne partie une fiction. Dans sa jeunesse D. est Un amateur
oisif et nonchalant des choses de l'esprit, plus soucieux:d'improviser des solu-
tions neuves et de résoudredes problèmes curieux que de se soumettre à une dis-
cipline intellectuelle arrêtée;et d'élaborer une méthode scientifique d'investi-
gation. Ce n'est que sur le tard, poussé parles exigences Croissantes de sa propre
pensée qu'il eut l'ambition de faire une oeuvre systématique et dé codifier,
.
après
coup et selon une formule absolue, les règles de, la recherche intellectuelle. C.
critique' avec ironie l'interprétation contraire du "cartésianisme donnée par M;
M. Gilspn.ét Gouhier.) pp. 1-38, — Cl. ESTEVE, Vers Novalis. (Ami de Schlegel
disciple, -jusqu'à un certainpoint, de Fichte, se réclamant également de Spinoza
.
et de Piotin, Novalisiénd vers un idéalisme magique et mystique, qui tenté de
reconstruire la nature selon le rêye conçu par l'esprit. Le mondé est un tout vi-
vant, un ensemblede symboles que l'esprit animedans le sens de l'amour. « La
poésie est le réel absolu.» «L'histoire Véhicule: de l'esprit qui fut... doit être
éclairée par l'esprit vivant. » Les productions littéraires de N. sont la résultante
de ses méditations philosophiques.) pp. 39-86.—H, MARGUERITTE.Notes cri-
.
est caractérisée par l'emprise de Dieu sur l'âme et ses facultés par la foi, l'amour
et la prière.) pp. [36]-[41]. = Mai. — R. BERNARD. Marie, Mère de la divine
grâce, (à suivre.) (La maternité de grâce, consacrée à la Croix, est une extension
inévitable et immauente.de la maternité divine.) pp. 97-114è —R. GARRIGOU-
LAGRANGE. Les trois âges de la vie spirituelle (suite.)(Cette division correspond
bien à l'évolution normale di cette vie, répond parles deux purifications pas-
sives à la division des deux parties de l'âme (sens et esprit), et s'appuie, sur la
nature de la grâce des vertus et des dons.) pp; 115-129. — Dom INNOCENT LE
MASSON. Théorie de l'oraison(suite.) (L'entretien avec Dieu, prière et compli-
ment, doit être simple et paisible.) pp. 164-172. — Dom MONNOYEUR. Gerson
et l'appel général à la contemplation. (Tout fidèle est appelé à la contemplation,
au moins aride et passagère ; une élite seule, en fait, atteint à la contemplation
parfaite, continuelle et suave ; un nombre important niais restreint cependant
est appelé à la vie contemplative organisée ; la contemplation a pour base l'a-
mour.) pp. [51]-[68]. —- VULLIEZ-SERMET. Pour fixer la terminologie mystique. -
(Propose de prendre pour maître S. Alphonse de Liguori.) pp. [76]-[78]. = Juin.
— R, BERNARD. L'insondable richesse de la maternité de grâce (à. suivre.) (Cette
maternité confère à Marie une éminente dignité dans l'être, la rattachant réel-
lement à l'ordre de l'union.hypostatique, et lui vaut dans la vie spirituelle une
sainteté sans exemple, découlant de la façon la plus pleine et immédiate de la
.
grâce sanctifiante et capitale de son Fils.) pp. 193-215. — Dom INNOCENT LE
MASSON. Théorie de l'oraison (fin.) (En cas de distractions, il faut se remettre
tranquillement en présence de Dieu ; la marque de l'oraison bonne est le pro-
grès de la vertu.) pp. 258-263. — P. GLORIEUX. Pour qu'on lise le « De Pcrfec-
tioné ». (Cet ouvrage est dans son état actuel une seconde édition (1270,' avant
.
avril), augmentée par S, Thomas lui-même des chapitres 21 à 25 inclusivement
pour répondre à une dispute quodlibétiquede Gérard-d'Abbeville. Pour y trou-
Ver un exposé très objectif et lumineux de la doctrine catholique sur la perfec-
tion il suffit d'élaguer ces chapitres et quelques séries d'argumentation.) pp
[97]-J126]. — HUGUES DE Si-VICTOR. A la gloire de la charité, (traduction, fin.)
pp. [127]-[130]. — F. CAYRÉ. Pour fixer la terminologie mystique. (Valeur mer-
veilleuse des grâces mystiques. Le fond de l'état mystique est le « sens de Dieu »
dont on peut regarder comme élément essentiel la contemplation infuse ou per-
ception intellectuelle et affective de Dieu reproduite par les dons d'intelligence
et de sagesse. La vie parfaite ou voie unitive suppose d'une part ces grâces mys-
tiques, d'autre part une grande activité et ascèse soit à certains moments de
l'oraison (méditation théologale ou contemplative), soit pour obéir aux
exigences plus hautes- des vertus morales.) pp. [131]-[142],
Ëupplément au N° de Juillet 193Ô.
ces passages du posse à l'esse (la puissance, selon Nicolas de Cusa, est déjà une
tendance à l'êtreactuel) qui sont la réalité. Connaissance relativiste, on île voit,
en ce sens que l'objet connu est une loi, non une nature. En ce système, la science
instrumentale n'est plus là logique, mais la mathématique : tandis que le syllo-
gisme conclut et conduità un résultat, le processus mathématique est mie pro-
motion sans cesse ouverte de jugements inventifs. Là mathématique en elle--
même, notre précurseur tente déjà de lui faire épouser là shiuosité'Créatrice des
formes. En mécanique, il estime que le mouvement n'estpoint déterminé par
les formes mais qu'il rélève du calcul en tout ce qu'il est; dès lors, On peut
rêver d'une mécanique céleste. Il entrevoit la théorie de la matière qu'expli-
quera nettement Descartes. -'.,'...
L'exposé est brillant. Aussi bien le sujet n'est-il pas absolument neuf et M.
Rey nomme-t-il quelques-uns de ses devanciers. Son souci est de dégager de
l'oeuvre qu'il étudie les pensées d'avenir. L'entreprise, qui est séduisante, n'est
pas sans danger et l'on risque, en cherchant l'avenir, d'oublier le passé. Peut-être .
arrivè-t-ilà M. Rey de voir des signes de la pensée moderne en ce qui n'est qu'un
héritage médiévai — réjouissons-nous, du reste, si ces deux qualités se peuvent
rencontrer! Comme lorsqu'il fait l'honneur à son héros de revendiquerl'activité
originalederhitelligenceeiiprésencedesonobjetoudesituer dans le jugement,
non dans le raisonnement,la perfection delà connaissance. — Ily alieu de signa-
ler l'intérêt théologique du traité : non pas seulement en ce sens que l'auteur
emprunte à des considérations théologiques des illustrations pour saphilôsopliie,,
mais, plus rigoureusement, en ce sens qu'il tente "par le moyen de sa philosophie
une interprétation des mystères chrétiens, comme l'Incarnation, par exemple,
au livre III. Th. D.
W. G. DAMPIËR^ DAMMER - WHETAN. A histôry ôî Science âiïd its relation,
with philosophy and religion. Cambridge ; in-8, "xxi-514 pp.
Véritable encyclopédie en miniature qui vise à faire pour la science-— chose
humaine an même titre-que la guerre ou la politique —- ce que les historiens
accomplissent touchant ces derniers objets. A chacune-des six périodes en les-
quelles l'auteur divise l'évolution de la pensée hùmaineen matière scientifique
philosophique et religieuse correspondent un ou plusieurs exposés des princî-..
paux résultats, des tendances dominantes et des méthodes qui la caractérisent.
Dépouillement objectif dans la présentation des faits, concise précision de l'ex-
pression mettent en relief une érudition considérable qui prend -par sa simple
ordonnancé valeur de synthèse. Au cours de ces 500 pages très denses, pp ne-'
trouvera guère plus d'indications,en ce qui concerne renchaînemènt,qùè dans les _
dix pages.d'introduction, c'est que les faits s'enchaînent d'eux-mêmes, livrant
sous un aspect la trame continue d'une vie. :.
Nous ferons cependant quelques réserves. La part faite aux mathématiques
.
dans la dernière partie (xixe et xx? siècle), qui est aussi la plus importante, est
vraiment minime pour ne pas dire négligeable. Carence qui ne paraît pas en har-
monie avec le titre de l'ouvrage, lequel ne prétendpas restreindre la science aux
seules disciplines expérimentales. Ceci, il est vrai, est en continuité avec le peu
de faveur où sont tenues habituellement les procédés déductifs et les concepts
abstraits, mais enfin ceuxl-à même qui élaborent les théories physiques ne ca-
chent pas le rôle actif et fondamental qu'y joue comme instrument"de découver-
te l'analyse mathématique. Pour ne prendre qu'un exemple, on ne voit, pas
bien ce que serait la théorie de la relativité sans Sophus Lie et Lévi Ciyità.
De même, et malgré de fréquentes et loyales protestations là philosophie,
est parfois un peu asservie à la physique"expérimentale, ce qui entraîne
quelques gauchissements dans l'interprétation. Dire qu'il, a fallu attendre G ali-.
lée pour.que le point de vue dynamique de la matière en mouvement 'rempla-
çât le concept aristotélicien de substance et d'accident, s'accorde difficilement
avec une vue philosophiquement compréhensive des physiques du même Aris--.
totedonttoutelaphilosophieapourpointdedépartréxpliçatioiïdu changement.
Autre exemple : les lois telles que nous les observons "ou les déduisons des
faits,et qui sont objets de science, sont confonduesavec la notion philosophique
de loi, qui engage la question du déterminisme : même si les lois observées
ne sont que statistiques, le déterministe n'en serales'lols
aucunement-, ébranlé : il-
répliquera seulement que nous ne connaissons pas réelles. Le problème
philosophiquequi est posé ici et qui est posé par la science moderne avec plus
d'acuité, c'est celui de la vérification expérimentale du calcul des probabilités,
mais de telles questions paraissent tout a fait étrangères aux préoccupations
de l'auteur,
.';.,: " L — 21* — ';'•''. ''." '
. -
>vre, cet esprit même, delà « practicâl England i dont l'auteur montre souvent
; être fier. ;.
En bref, l'ouvrage s'intitulerait mieux : « histoire de la science, de la philoso-
phie et dé la religion envisagées d'un point de vue expérimental ou concret. »
À ce plan, et sans réserveen ce qui regarde là.science, il reste de-grande valeur,
.et par l'ampleur d,e rinfôrnmtjop, et par la rigoureuse probité de l'exposition,
i ;. '" ' " ' "';: ',''/.--' G, DES L.
-
.
-.
J.NEUBNER. Die HeiligenHandwerker in der Bârstelluxig der =Àbta Sàac.
tor.um »
Miïnster, Aschendprff, 1929; xvi-272 pp. ; 12;Mk.60.;.
Le christianisme dphpe au travail manuel sa vraie valeur : valeur humaine
valeur surnaturelle. Il le préconise comme un agent de moralité, et donc de
bonheur peur l'individu,^comme un facteur d'organisation sociale et de civili-
sation. C'est ainsi quel'Évangile a Vaincu pacifiquement, au cours dès âges, le
: mépris du mondé antique pour le travailleur,argttant parles faits contre l'erreur
de'ceux qui l'accusent d'être irréel et de ne pas s'intéresser aux choses de la* ;
;
terre. ;
Le D' NEUBNER a voulu dégager cette conclusion parvoie positive, en exploi- ,
tant directement les sources: hagiographiques. Son ouvrage voudrait être l'é-
bauchéd'une histoire hagiologiqued'un état défini, l'état de travailleur manuel :
mais il a dû limiter ses recherches à l'église primitive et au Moyen Age occidental,
avec de simples allusions à ce qui existe par ailleurs, et une vue sommaire sur
lés temps -modernes. L'auteur nous présente ainsi quelque 350 points, criti-
quant ses' sources avec uneminutie qui touche à la complaisance et. s'essayant
.à situer ses personnages dans leur milieu, Ainsi, en plus d'une valeur apologéti-
tiqueévidente, et comme base à cette valeur apologétique,l'ouvrage de N.aune
vâleurhistorique eh raison du gros travail de recherche, dans une matière très .
:
-dispersée, et de là riche bibliographie qu'il nous offre. Fâudra-'t-il cependant si-
gnaler quelques inévitables lacunes 1 N. ne connaît pas l'étude du P. Allô' : Le
travail[d'après St Paul, Paris 1914 ; parmi les frères convers dominicains hono-
rés d'un culte officiel, NV connaît le Bx. Jacques d'Uhn, mais ignore le Bx. Si-
mon Bàlacchi, le Bx; Jean Massias, et le Bx. considérable
Martin dé porrès. Mais ces oublis
ne doivent pas fahe spUs-estimer l'érudition de l'ouvrage, dont de
fort bonnes tables (des saints avec leur profession; des noms techniques de ces
.
diversesprofessions) dénoncent la richesse. Cetteérudition elle-même à ses in-
convénients : l'auteur est resté trop souvent à l'analyse, à l'épluchagedés'textes,
aux notations de détail mises bout à bout : avantage et inconvénients d'une éru-
;
dition trop riche. -
H. F.
Ch. BLÙMHARDT. Les trois premiers chapitres de l'Apocalypse. Paris
Fischbâcher; 1929 ;inrÏ2,61 pp. — 10 fr.
La foi..et la piété ardente, qui ont inspiré çes.méditations, qui datent de.plus
... quarante
;dé ans, sont communicatives et peuvent rendre la lecture de ces pages ;
bienfaisante; c'est dans "ce dessein qu'elles ont-été publiées. Défait, bien des
réflexions de l'auteur sont heureuses et même émouvantes. Mais il n'est pas be-
,sôin deisignaler les inexactitudes ou les erreurs d'une exégèse qui date, d?unsym-
bolisme non suffisamment contrôlé, et trop immédiatement conçue eh vue de
-
l'application morale ou religieuse pratique ; ne serait-ce que le rôle propre .attrj-
— 22* —
bué aux Sept Églises dans la nouvelle venue du Sauveur, sur quoi est fixé l'orien-
tation pratique de ces méditations. En appendice, un extrait d'une allocution
prononcée par Blumhardt en 1888. G. S.
n'ont rien de rébarbatif, et leur moelle doctrinale est rendue assimilable grâce
à la clarté de l'exposé et à l'agrément de la forme. Les sept conférences sur lés
sept dons sont précédées d'un chapitre général sur le rôle des dons dans notre
vie surnaturelle. Les prédicateurs ne manquerontpas de mettre à profit une telle
psychologie religieuse et surnaturelle. M. C.
R. AIGRAIN. La Musique religieuse. (Bibl. cath. des se. relig.) Paris, Bloud,
1929 ; in-12, 240 pp. '
Résumé solide et condensé de tout ce qui concernela musique religieuse, des
origines du chant grégorien aux dernières productions de nos contemporains.
Deux parties divisent le travail : d'abord le chant grégorien(origine, évolution,
décadence, restauration), puis la musique figurée (contrepoint, polyphonie, art
classique, écoles modernes). On appréciera dans la première partie une clarté
et une précision qui réussissent à exposer en peu de mots, et d'une façon pourtant
complète, des notions assez délicates ; on remarqueraaussi le ton clame et objec-
tif qui y règne et que l'on aimerait à rencontrertoujours en ces matières. — La
deuxième partie est un répertoire documenté qui ne prétend pas exposer des théo-
ries approfondies sur l'évolution de la musique,mais se propose plutôt de fournir
une foule de renseignements sur un grand nombre de musiciens, peu ou mal con-
nus : leurs dates, leurs oeuvres, l'école ou l'influence dont ils relèvent, la valeur
religieuse de leurs compositions,...Un index alphabétique achève de rendre très
accessibletoute cette érudition. — En un mot, cepetit livre est un manuel précis
et clair, fort précieux à consulter. P. B.
tous les éléments de son système (qui a déjà été critiqué dans cette revue, Ï921,
p. 46l.s's...; 1926, p. 395 ss.) en particulier,ses idées sur les «lois cycliques » et les
castes.Mêmeattitudéaussidèhautainecondescendance,souyentanfiichrêti.ehhe,
pour un catholicismequ'il ne connaît malheureusement pasiassez, -,"' ^ .
Malgré le désir qu'ils en auraient par sympathie pour cette tendance spiritua-
liste, les tenants de la primauté-du.Spirituelne trouveropt.lci riënde sûr qu'ils ;
puissent agréger â leur thèse. Et si parmi les maux dont souffre l'Occident, il
faut cpmptér l'excès; d'esprit critique, nous, avouons que certaines pages pour-
raient; bien plutôt donner le désir de n'en pas guérir, .'-D.;!?..,,
G. LËGBAND. Précis de Sociologie. 3e éd. Bruxelles, A. D.ewit ; - Paris, Girau-
don, 1929,ln-12,.332 pp. —15 fr. ' v' ""'/'":'-"
Le Précis d'Economie sociale publié en 1912, remanié en 1920 est devenu une
Précis de Sociologie. L'auteur, qui se tient au courant du mouvement dés idées :
contemporaines, ai en effet .inséré dans son ouvrage -—dont la valeur est ainsi ;
accrue.-—desétudes nouvéllessurle sens social, rindividuétla société,lainission
sociale de l'art, la réforme de l'état,les formes nouvelles du socialisme) lamorale ;
. et la religion. L'ensemble est digne d'éloges ; il faut louer particulièremept les
exposés historiques, considérables qui viennent éclairer.et corroborerconclusions:
et principes. Mais ce. sont ces derniers qui ne sont pas suffisamment mis: en
lumière.Dansle détail on souhaiterait plus de précision et de clarté, Cf. Lês.lois
en économie sociale, p. 42, le fondement de l'autorité civile, p. 95, et du droit de
propriété p. 171, les principes de justice (commutativè) Téglantle taux des^sa-
laires p. 250 etc. La bibliographie est celle de la vulgarisation.et non dés re- _
cherchestechniques ou des documents de premièremain. Ceprécis s'adressedonc
et sera utile à ceux, qui veulent s'initier à ces questions délicates et si-actuelles. :
G. S,
;;.-
M. O.-L. nous livre une étude psychologique qui n'est pas sans valeur pourf
défendre notre Société contemporaine. L'arrivisme est défini « une affection qu
pousse invinciblement certaines catégories d'individus;;(de:toutes classes)à
-
tolérance est montrée aux: prises avec la morale etles lois, l'esprit de prosélytis-
me et de. prohibition et surtout avec le puritanisme. Tout y est critiqué au nom
delà tolérance, et l'àutéurréste logique avecluwnêîlïe, mais ôuelleintr.ansigeance
.
dans l^énoncé du principe fondamental ! ' '''" P, P,
L. .WOLEK, O. P. Studjaa dziejow Zakomï kàznpdziejskiego w Polsce wa
.
-XlIIwieku. [Études sur l'histoire dé l'Ordre des Frères Prêcheurs en '
Pologne, au
XIIIe siècle], Leopôl,
1929.
Même après l'ouyragedeB. Altaner sur lesinissions dominicaines au xni 6
sièçle,;ilreste de la lumière a porter sur Pliistpiréde cette.province dominicaine
jetée aux confins du monde latin en contact aveela Ruthénie schismatique et
la Prusse païenne. Le R.P. Wolek vient de s'y employer; dans un mémoire.sub- .
stântlèl. Après un çhâpitréintroductif, Utile sans doute au lecteur polonais,
.rédigê.en'tout cas d'après les plus récents travaux de l'historiographie domini-
caïpe,l'auteurétudie la famille des Odrowaz (pron. Odrowonj),sPuchesilésienne
transplantée en'PétitePologne dès lé xne siècle: c'est à cette famille qu'àppar-
tient l'évêque de Cràcovie,; ,lves, et saint Jacek (Hyacinthe), auxquels on doit
.
l'établissement en Pologne.de cet ordre qui; devait y prendre une; si grande
importance et y jouer un rôle de premier.plan nori seulement, religieux mais
national. Le reste de l'ouvrage, qui contient les résultats les plus neufs et les-.
plus importants, estcpnsacré à l'histoire des missions dominicaines en Ruthénie
et en Prusse. C'est, eneffet à l'Ordre des Prêcheurs, que devaient incomber pres-
que exclusivement ces difficiles missions. Néanmoins il ne faudrait pas diminuer
la part des Cisterciens; il y eut vers 1230 un çertaiii Gérard", évêquelatin pour là
Ruthénie;; le P. Wpïek veut l'identifier aVeclé dominicain Gérard de Breslau,
l'uneides plus grandesfigures de l'Ordre en Pologne dans: la première moitié du
xiiié siècle. Or la Chronique de Grande Pologne et le Mémorial de Basco, gardien
du chapitrede PôznaPi font de ce Gérard un cistercien, abbéd'un monastèrefondé
pour les missions dans la région de Sandoipir.Le P. Wolêk, après Th. Wojcie-
chowski se débarrassèdu témoignage de la Chronique en; en rejetantla composi-
tion.aU:Xive siècle finissant ; ceci n 'est rien moins qu'établi ; et reste le Mémorial
du chanoine Basco, oeuvre d'un contemporain. H demeure vrai que l'activité
missionnaire des Cisterciens a été très vite éclipsée par celle des Dominicains.
Je hasarderai une observationqui touche à la méthode même : la difficultéprin-
cipale dé l'étude à laquelle le P. Wolek s'est atataché consiste à faire le départ
entre les sources .d'archives, contemporaines des événements, et la tradition
hagiographique quts'es.t développée autour du tombeau de saint .Jacek ; tâche
extrêmement délicate, qu'il.faudra bien aborder, çt dont la mémoire du saint
n'aura pas à souffrir; liais dans le travail du P. Woïék, les deux perspectives
sont encore trop confondues ; il en résulte, un certain flottement. Malgré cesré-.
servés>;onreconnaîtrâlemérite de cette étude,"sanslaquelle on ne peut désormais
prétendre tracer un tableau des missions du.xine siècle en Europe orientale.
Grqcovie, " •
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.
miste .................
I. P. MANDONNET, O. P., et J. DE&TREZ, Bibliographie tho-
....
nel d'après S/Thomas
III. Mélanges thomistes .
(ne &c vend qa'en collection)
(ne se vend qu'en collection)
IV. 13. KRUii-ftAGEN, O.F.M. S. Thomae de Aquine Summa
Opusculormn. anno ch citer 14S5 typis edita 15 fr.
. .
V. P. GLORIEUX. La littérature quodlibélique de 12GO à
1320 35 fr.
. . .
Dînant. ..,,...._....„„
VI. G. THÉRY, O. P. Autour- du décret de 1210 : J. David de
16 fr.
d'Aphrodise \ „ ..........
VII. -G. TIIÉRY, O. P. Autour du décicî de 1210 : II. Alexandre
..........
VIII. M.-D. ROLAKD-GOSSEUN, O. P. Le a De ente ci esseniia »
de S. Thomas d'Aquin.
16 fr. /
25 fr.
IX. P. GLORIEUX. Les piemières polémiques thomistes; I.
Le Correcloi ium Corrupioi ii, « Quaic » 50 fr.
.....
. . -.
X. J. PÉIUNELLE, O. P. L'atlrltion d'après le Concile de
Trente et d'api es S. Thomas d'Aquin 18 fr.
XI. G. LACOMBE. Piepositini Cancellani Parisiensis opéra
... .........
omma : I. hiude ciitique sur la vie et les OEuvres de
Piévosihi \
........
XII. Jeanne DAGUILLON. Ulrich de Strasbomg, O. P. La
« Summa de Bono ». Liore I.
25 fr.
40 fr.
XIH et XIV. Mélanges Pierre Mandonnet. Deux \olumesP
A ^PARAÎTRE:
P. GLORIEUX. Les premières polémiques thomistes ; II. Le Conecio-
rium Cosruplorii « Sciendum ».
Cath. CAPELLE. Autour du déciet de 121~0: Hl. Amaurij de Bènea
H. MEYLAN. Philippe le Chancelier. s
Marthe DULOKG. Etienne Langlon.
Ed. BAUER et G. LAGOIUBE. Prepositini opéra omaio : 1II. Quaesiiones.
Dom LOTTIN et Dom A. BOON. La e Summa » de Qndcfroid de Poi-
tiers.
J. GÛILLET. Essai sur l'activité intellectuelle d'après S. Thomas
d'Aquin.
M. T. L. PEKIÛO. Le râle de l'analogie en théologie dogmatique.
•VOLUMES PARUS'. ,
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I. Étieime GiLsdN.ieTi10721is.me. Introduction au système <