L'Evangile Medite Avec Les Peres 4
L'Evangile Medite Avec Les Peres 4
L'Evangile Medite Avec Les Peres 4
P a r Th. M. T H I R I E T , O. P.
TOME IV
PARIS
L I B R A I R I E V I C T O R L E C O P F R E
90. ROK ÎÏONAPAHTK. 90
190f>
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L'ÉVANGILE
PERMIS D'IMPRIMKU :
Paris. 17 Février 1905.
G. Lekeiivre,
A SAINT DOMINIQUE
DE L'ÉVANGILE
I j r véritable grandeur.
Xiith. XVIII.
dirent : Qui pensez-vous qui est le plus grand dans le DES DISCIPLES
1. royaume des cieux?
A quel moment faut-il placer cette question des Apôtres?
S. Matthieu la place après l'épisode de la didrachme, et il semble en SON OCCASION
effet qu'elle soit bien amenée par ce fait. Jésus, ayant dit à
S. Pierre de donner pour eux deux la pièce d'argent trouvée dans
la gueule du poisson, semblait lui donner une place a part près de HferoD.
lui. « Et à ce moment, dit S. Jean Chrysostomc, les Apôtres
subissent l'influence d'un passion toute humaine. Quand ils
avaient vu le Sauveur choisir trois d'entre eux, Pierre, Jacques et
Jean, pour les conduire avec lui à la montagne de la Transfigu
ration, ils n'avaient rien ressenti de pareil. Mais quand ils voient
cette nouvelle marque d'honneur conférée à un seul, ils en
prennent de l'ombrage. » Toutefois, n'osant entreprendre une Chrys. Hoinil. 58
question personnelle, ils posent leur question d'une façon géné tu Matth. n. «.
}
rale : Quel est le plus grand dans le royaume des cieux :
D'après S. Marc qui supprime l'épisode «le la didraclitnc, que
sans doute S. Pierre par humilité supprimait dans ses prédi-
Mire. IX. 32. cations, ils discutaient cette question entre eux dans le voyage, et
c'est Jésus lui-même qui les interroge : De quoi disputiez-vous
ensemble dans le chemin P Et ils demeuraient silencieux, voyant
que leur Maître connaissait leurs pensées ambitieuses.
« Il faut toutefois remarquer, dit S. Jean Chrysostomc, qu'ils
n'ambitionnaient rien de la terre; leur ambition se portait
aux premières places dans le royaume des cieux. Kl plus
tard, comme ils se débarrassèrent môme de celle ambition, et
furent empressés à reconnaître la primauté de l'un d'eux ! Pour
nous, nous sommes bien loin d'atteindre aux sentiments qui
étaient chez eux un défaut, et nous cherchons ce qu'il y a de plus
grand, de plus riche, de plus puissant dans les royaumes de la
terre. » M. ih.
« Dans nos doutes et nos ignorances, imitons au moins l'em
pressement des Apôtres à interroger Jésus, et leur déférence à Oriften. Tom. 13
accepter ses réponses. » in Miltb. n. 15.
Il faut aider à devenir petits ceux qui par amour pour le royaume
des cieux veulent devenir petits. Et pour cela il faut les accueillir
au nom de J . - C , et les rendre dignes de J.-C.
Il faut accueillir quiconque est faible, petit, et le faire grandir
au nom de J . - C . Désormais toute faiblesse sera sacrée, car elle
sera relevée parle nom de J . - C . : c'est J.-C. qu'il s'agit de former
dans toutes les âmes, même les plus humbles. 11 y a un reflet de
Dieu sur l'âme de l'enfant, il y a en elle des germes de J . - C : ce
sont ces germes qu'il faut faire grandir. Quand une gloire si
grande est offerte à tous, de pouvoir honorer et servir le Christ
en tous ceux qui sont à lui, dans les petits comme dans les
grands, comment chercher une prééminence? Celui-là aura la Cyrlll. ID Lac.
prééminence qui se sera fait le plus petit, car il sera le plus proche
du Christ.
4 CCXIII — L A V R A I E GRANDEUR
sements il est aussi grand que le Père. » Quel honneur pour celui
Beda in Lue. h.l.
qui accueille ainsi le disciple du Christ, s'humiliant pour ressem
bler au Christ : il accueille le Christ et celui qui Ta envoyé.
« Mais il faut, dit S. Jérôme, que celui qui est ainsi honoré, se
souvienne que c'est le Christ qui est honoré en lui. » Voilà donc
Hferoo. b . l . Matih.
quelle est la véritable grandeur, se faire petit avec le Christ.
O Jésus, que je puisse dire avec sincérité : Pour l'amour de
vous, fni choisi d'être à la dernière place dans la maison de
mon Dieu !
CCXIII
I^a v r a i e g r a n d e u r , * a r a i n e p a r J e a e a n d a l e .
ni. 17. ciel, dit S. Jacques, est chaste et pacifique, » Admon. 33.
CCX1V
que par ouï-dire, dit que les Anges députés aux ministères exté
rieurs sont ceux des degrés inférieurs, ceux des degrés supérieurs Grenor. lïomil. 31
demeurant exclusivement à l'adoration et à la jouissance de Dieu. in Ev. D . I l
Tout en nous assistant, ces Anges ne cessent pas de voir la face
de Dieu. Ils sont envoyés et ils demeurent près de Dieu. « Com
ment pourraient-ils relever ceux qui sont tombés, dit S. Grégoire,
s'ils perdaient la vue de Dieu ? Comment pourraient-ils faire des
cendre sur nos ténèbres la lumière d'en haut s'ils l'avaient eux-
mêmes perdue ?... lis sont donc envoyés et ils demeurent devant
Dieu. Ils peuvent aller et venir, car ils ne sont pas infinis.
Par l'intime de leur être ils demeurent toujours présents à Dieu,
et à cause de cela ils ne s'éloignent pas de lui. Occupés à leurs
œuvres ils se maintiennent dans la contemplation de l'essence
id. Moral. 1. 1 . e. 3.
divine. » n. 3 . <
« Les Anges de Dieu sont appelés nos Anges, dit S. Augustin.
Ils sont les Anges de Dieu, car ils n'ont pas abandonné Dieu ; et
ils sont à nous, car ils commencent dès maintenant à être nos
compagnons. Nous serons donc associés à toutes leurs gloires et à
toutes leurs joies : nous verrons Dieu comme ils le voient e u x -
mêmes, c'est-à-dire face à face. Nous le verrons tel qu'il est,
nous dit S. Jean: cette face de Dieu est la manifestation parfaite
de Dieu. » Avoir à notre garde un de ces Anges qui sans cesse Ang. d e Civit. 1. 23*
voient la face de Dieu, c'est un gage que nous sommes appelés à e. M .
voir, nous aussi, la face de Dieu.
Nombreux sont les Anges qui accomplissent des missions sur
terre. « Si quelqu'un sait regarder avec les yeux de l'âme, dit
S. Ambroise, il verra que les Anges sont partout, dans les airs,
sur terre, sur les mers, dans les églises : ils sont partout, pré
sident à tout, envoyés par Dieu à la défense de ceux qui doivent être
les héritiers des promesses divines. » Mais plus nombreux encore Amhroft. ID P«. 118.
i e r m . 1. n . 9 .
sont ceux qui se tiennent devant Dieu. Un million d'Anges le ser-
vaient, dit Daniel racontant la vision qu'il avait eue de l'Kternel,
D<n vu. 1 0 . et mille millions se tenaient devant lui. La multitude des Anges doit
nous inspirer un respect profond de la grandeur divine. « Devant
cette multitude d'Anges dont nous nous sentons environnés sur
terre, qui ne craindrait, dit S. Ambroise, d'accomplir le péché
dont on a eu la pensée ?» Si nous nous rappelons cette multitude id. i b .
d'Anges qui nous environnent, notre vie ne revêtira-t-elle point
un caractère plus surnaturel ?
Leurs Anges voient sans cesse la face de mon Père. « C'est
là, d i t S . Jérôme, une grande dignité pour lésâmes, que chacune,
depuis le jour de sa naissance, ait un Ange préposé à sa garde, » Ilieroo. h . l . Mitth.
« que les prières de ceux qui doivent être sauvés par le Christ
soient offertes chaque jour à Dieu par les Anges. » IIHir. ot sopr.
Il y a là pour nous un motif de respect profond pour les plus
petits de nos frères. « Ce n'est point sans péril, dit S. Ililaire,
12 CCXIV — L A V R A I E G R A N D E U R :
que Ton mépriserait relui dont les désirs et les prières sont portés
id. i b . au Dieu éternel par le ministère des Anges. » Quelle faute on
commettrait si on entraînait au mal celui que l'Ange de Dieu veut
conduire au bien et à Dieu !
11 y a là pour nous un > motif de respect pour nous-mêmes et
d'espérance.
Comment ne pas nous respecter si Dieu a eu pour nous un si
Chrvi. IlomH. fc9
grand respect, et nous a donné pour nous garder un des princes
io M an h. n. -i. de sa cour ?
« La vierge chrétienne, dit S. Basile, sera gardée de toute
action et même de toute pensée indigne par la pensée que son
Ange la voit. S'il n'est permis à aucun homme de mépriser la pré
R i t i l . vel qulsq. a. sence de l'Ange de Dieu, combien plus la vierge doit respecter
de »eri vinrinit- D. 29.
lot. op. S. Kasi). le paranymphe de sa virginité ! »
DEVOIRS QUE NOUS Nous avons des devoirs à remplir à l'égard de l'Ange qui veille
AVONS A REMPLIR A
L'EGARD DE NOTRE
sur nous. « Nous lui devons le respect, dit S. Bernard, nous lui
AN6E GARDIEN devons l'amour, nous lui devons la confiance. Marchez avec pru
dence, car le Seigneur a ordonné à ses Anges de vous suivre en
"toutes vos voies. En- toute retraite cachée, gardez le respect à
LE RESPECT votre Ange. Craignez de faire en sa présence ce que vous ne vou
driez faire devant aucun homme. L'Ange est là près de vous, non
seulement avec vous, mais pour vous. »
L'AMOUR « Nous lui devons l'amour. En aimant Dieu de tout notre
cœur, nous devons aimer ses Anges, avec qui nous devons un jour
goûter la béatitude, et qui sont maintenant nos aides pour y
atteindre. »
LA CONFIANCE « Nous lui devons la confiance. Encore que nous ne soyons que
dos onfanls, que la route soit longue et pleine de dangers, que
pourrions-nous craindre avec un tel guide ? Ils ne peuvent être
vaincus, ils ne peuvent être trompés, moins encore peuvent-ils
tromper ceux qui nous gardent dans nos voies. Us sont iidèles,
Bernard, serm. 12 sages, puissants, que craignons-nous ? Attachons-nous à eux et
In l's. Qui habitat,
a. 6-8. nous demeurerons sous la protection du Dieu du ciel. »
« Ils ont reçu l'ordre de nous porter dans leurs mains pour que
nous ne heurtions pas du pied la pierre ; avec eux nous devons
}
marcher sur l aspic ci. Ic basilic, fouler au.r pieds le lion et le
dragon. Un maître, ou plutôt un porteur est nécessaire à celui qui
marche en de tels chemins, surtout si c'est un enfant. Mais celui
id. il>. qui ost porté par de telles mains passe bien facilement. »
L'IMITATION Et nous devons aussi les imiter. « De môme que dans leurs œuvres
extérieures ils se maintiennent toujours dans la contemplation de
Grpgor. ut supr. l'essence divine, » nous devous nous efforcer d'arriver à un état
semblable, et accomplir nos œuvres extérieures sans perdre de
vue la présence de Dieu.
Nous devons avoir pour nos frères un zèle semblable à celui
que les Anges ont pour nous. Ils sont d'une nature différente de
LA CHARITÉ EN L'HONNEUR DES SAINTS ANGES 13
Bernard. Serm. i la vie charnelle, et que 1 Esprit, 1 esprit de vie, d unité et de paix r r
in frai. S . Miehtcl. . . . ' *
n. se. n unit pointées membres divises. »
DÉVOTION La dévotion aux S. Anges habitue à la vie surnaturelle ; elle
AUX s. AN6ES m e <] j
t quelque chose d'angélique ; le respect que nous
a n a e s a m e s
aurons pour les petits à cause de leurs Anges qui sans cesse
voient la face du Père, sera un respect profond, qui nous élèvera
et nous donnera pour nos frères un dévouement fructueux. La vie
avec les Anges est une vie pleine de grâces et de joies. « Les
Anges, dit S. Laurent Justinien, répriment les attaques des puis
sances mauvaises pour que leurs tentations ne soient pas trop
violentes ; ils découvrent leurs fraudes. Quand nous tombons, ils
nous relèvent ; quand nous sommes dans l'ignorance, ils nous
instruisent ; dans la tiédeur, ils nous embrasent ; partout ils nous
accompagnent, quand nous dormons, quand nous marchons,
quand nous travaillons, quand nous nous reposons ; ils nous
apportent la lumière d'en haut, en la tempérant suivant nos dispo
sitions ; ils éloignent les imaginations trompeuses. Quand nous
faisons l'aumône, quand nous prions, ils présentent à Dieu nos
prières et nos offrandes, et nous apportent la grâce et les dons
spirituels. Oh ! comme ils se réjouissent quand ils nous voient
recourir à Dieu par des prières fréquentes et pleines de ferveur,
quand ils nous voient chanter avec dévotion les louanges de Dieu,
assister avec foi aux saints mystères, nous adonner à la lecture, à
la méditation, nous empresser au service de Dieu. Ils ont l'espé
rance de notre salut, et celte espérance les remplit de joie, quand
ils nous voient veiller sur notre cœur, ordonner nos pensées,
diriger nos intentions, peser nos paroles avant de les mettre au
u r s n o u s
de oVomîb ' v e r b ' e i j° * ^ aiment alors, et s'empressent à notre salut, voyant
mima», c. 8. on nous leurs futurs associés dans le royaume des cieux.»
UNION AUX s. ANGES 11 nous faut répondre à cette action des Anges. « Quand nous
chantons les louanges de Dieu, nous devons le faire devant eux,
avec eux. comme eux. (Test en présence des Anges, disait le
Psalmiste. que je ferai monter vers vous, 6 mon Dieu, ma
louange. Et quand on chante les louanges de Dieu avec les Anges. Pa. 137.
peut-on le faire avec négligence ? Ne faut-il pas y être avec toute
sa voix, tout son esprit, tout son cœur, et toute la vie ne se met-elle
point à l'unisson ? Qu'y a-t-il de plus beau que de faire,
pendant notre pèlerinage ici-bas. ce que les Anges font dans le
ciel ? de faire dans la foi ce qu'ils font dans la gloire ? de faire au
milieu de toutes nos infirmités ce qu'ils font dans leur puissance
triomphante? Malgré la disparité des conditions, nous pouvons
avoir dans le cœur les mêmes pensées, les mômes intentions,
id. d e nisriplin. Soyons leurs semblables en cela, jusqu'à ce que nous leur soyons
« çerfect. « o n a s t i c . s e m W a lb . »
l e S d a n s l a g o i r e
vous travaillez, que vous parlez... Bienheureux celui qui sait dis
cerner les saintes inspirations ! Que de lumières et de conseils il -
recevra de son Ange gardien ! »
Quel jour merveilleux sur le monde des esprits et sur nos
rapports avec lui nous a donné la parole si brève et en môme
temps si formelle de J.-C. : Gardez-vous de mépriser un seul de
ces petits; car leurs Anges dans le ciel voient sans cesse la face
de mon Père ! Les Anges avaient joué un rôle considérable dans
l'Ancien Testament : maintenant le ciel est ouvert, et par nos
Anges gardiens nous pouvons nous mettre en communion avec
lui.
CCXV
La v r a i e g r a n d e u r : l a c h a r i t é a l'exemple
d u Sauveur.
croix et s'il est mort pour les hommes, que ferons-nous ? Comment
demeurer en repos ? Pourquoi nous épargner ? Allons donc tous,
Origen. H omit.
io Krecli. descendons du ciel au secours de l'homme. »
Si Jésus a aimé les âmes jusqu'à se sacrifier pour elles, quel
respect ne devons-nous pas avoir pour les âmes qu'il a ainsi
estimées ? Avec quel empressement ne devons-nous pas travailler
COMMENT NOUS DE- au salut de ceux que Jésus a ainsi aimés ? « Il faudra, dit S. Jean
VONS TRAVAILLER AU Chrysostôme. que nous ne refusions aucune tâche si humble, si
SALUT DES AMES
difîicilc qu'elle soit : que nous ne refusions de servir qui que ce
soit, si humble soit-il ; que nous craignions pas, s'il le faut, de tra
verser les montagnes et les précipices... Toute les fois que nous
sortons de chez nous, n'ayons en vue que ce but, sauver lésâmes;
n'ayons que ce souci, sauver celui qui est en péril. Je ne parle pas
des périls du corps, ce ne sont pas des périls, mais des périls de
l'Ame que le démon prépare aux hommes. Le marchand pour
augmenter ses richesses traverse les mors ; l'artisan pour augmen
ter sa fortune n'épargne aucun labeur. Pour nous, si nous nous
occupions uniquement de notre salut, nous le mettrions en péril.
Le soldat qui dans le combat ne s'occupe que de lui et de sa sûreté
personnelle, se perd, lui et les autres avec lui : au contraire,
l'homme de courage, qui combat pour les autres, se sauvegarde
et les autres avec lui. »
« Notre vie est une guerre et la guerre la plus ardente : il faut
que dans lo combat, prêts à tout, nous pensions surtout au salut
de tous ; que nous encouragions nos compagnons, que nous rele
vions ceux qui tombent. Car dans ce combat, beaucoup de nos
frères gisent blessés, couverts de sang, et personne ne s'occupe
d'eux, ni prêtre, ni maître, ni ami, ni frère : chacun est à ses
affaires personnelles. »
« Kt par là nous nous diminuons nous-mêmes. Nous pouvons
avoir confiance et être fiers quand nous ne nous occupons pas
seulement de nous. Quand au contraire nous ne saurons pas nous
couvrir de cette charité qui est selon Dieu, nous serons faibles et
Chrvs. Horail. 59
in Mitth. D. 3 . nous succomberons facilement sous les attaques du démon. »
« C'est ce qui faisait dire à N.-S. qu'il y en aurait peu de sau
vés : car pour être sauvés, il faut que nous pensions non pas
seulement à notre salut, mais à l'exemple de notre Maître, au salut
dos autres. »
t Mais comment puis-je me plaindre de cette indifférence, quand
vous êtes indifférents au salut des personnes avec qui vous vivez,
au salut de votre femme, de vos enfants, de vos domestiques ?
Pour vos domestiques, vous ne songez qu'à bien régler leur ser
vice ; pour voire femme, vous ne songez qu'à ses parures sans
songer à sa piété : et pour vos enfants, vous ne songez qu'à leur
amasser de la fortune, saus vous occuper de savoir s'ils sont bien
id. D. 6. élevés. »
LA CHARITÉ A L'EXEMPLE J>U S A U V E U R 17
phème épargné. « C'est ainsi, dit Bcde, que nous devons détester
dans les hérétiques et les mauvais chrétiens, leurs divisions, leurs
oppositions à la paix, à la vérité et à Dieu, mais non ce qu'ils
ib. gardent de commun avec nous. *
CELUI OUI N'EST Le second motif que J.-C. leur donne est que celui qui a des
PAS CONTRE LES DIS- •
CIPLES EST POUR EUX commencements de foi. et n'aura pas été repoussé, ne tardera pas
à venir complètement à eux. C a r c e l u i q u i n ' e s t p a s c o n t r e
v o u s est pour vous. T . 39.
Mais cette parole, dit S. Augustin, n'est-elle pas en opposition
a v e c c e e u
Au* de COQS E V ^ H ^ disait auparavant : Celui qui n'est pas avec moi est ^ - > u b
CCXVI
TRAVAILLER l'occasion d'admirer une fois de plus à quelle activité nous appelle
A DÉTRUIRE LE MAL
le Sauveur, et quelles merveilleuses ressources il nous donne pour
le bien.
LA CORRECTION S i v o t r e frère a p é c h é c o n t r e v o u s , a l l e z e t r e p r e n e z - l e Mttlh. X V I I I
seul à seul entre v o u s et lui. 15.
J.-C. nous enseigne le devoir de la correction, et il nous
apprend qu'elle est avant tout une œuvre d amour ; elle est un des
actes de la charité chrétienne.
CE DEVOIR Rarement, on peut dire jamais, ce devoir n'est compris et pra
RAREMENT PRATIQUÉ
tiqué par le monde. « Quand il y a lieu, dit S. Augustin, d'en
seigner, d'exhorter les égarés, d'autres fois de leur faire des
reproches et de les corriger, on se retient malheureusement, soit
que l'on veuille épargner sa peine, soit que l'on craigne de faire
honte aux coupables, soit que Ton ait peur d'exciter des ressen
timents qui pourraient nous empêcher d acquérir ce que nous
convoitons, où nous faire perdre ce que nous possédons. »
« Et ce n'est pas seulement les fidèles engagés dans la vie
commune, ajoutait le S. docteur, mais quelquefois aussi les
chrétiens élevés à une vie supérieure qui se laissent aller à cette
faiblesse. C'est là se laisser prendre dans les liens de la cupidité ;
ce n'est plus pratiquer les devoirs de la charité. »
« Ce devoir incombe principalement aux prélats, mais il incombe
aussi à tous ceux qui ont quelque lien avec les coupables. »
« Et la négligence de ce devoir est une des raisons pour
lesquelles les lions sont frappés avec les méchants. Comme ils
Aiiff. de (MWl.
seraient puissants si. en acceptant le châtiment commun, ils s'em
1 i . C. 9. ployaient à avenir coux-ci de leur faute. »
D'autres fois quand on se meta corriger, on le fait avec un 7 c l e
amer, parce qu'on a considéré les défauts du prochain avec colère
et mépris au lieu de les voir avec compassion.
LA CORRECTION I N S - Ici donc, pour détruire le mal Jésus nous enseigne le devoir de
TRUMENT DE CHARITÉ
la correction fraternelle. « Pour détruire les inimitiés, dit S. Jean
Chrysosfômc. il se sert do d i (Té rentes voies. Tantôt, comme
dans lo sermon sur la montagne, il envoie celui qui a offensé à
celui qu'il a blessé. Si offrant votre, sacrifice vous vous souvenez
que votre frère a quelque chose contre vous, aliez vous récon-
cilier avec voire frère. D'autre fois, il ordonne à celui qui est
offensé de pardonner simplement à celui qui l'a offensé. Ici, il
emploie une autre méthode : ce n'est pas l'offenseur, mais l'offensé
qu'il fait a g i r : l'offenseur retenu par la honte serait peut-être venu
difficilement vers l'offensé : il veut que celui-ci le prévienne, non
d'une façon quelconque, mais pour l'amener à réparer sa faute.
C'est pourquoi il ne dit pas : Faites-lui dos reproches, accusez-le,
punissez-le : mais: Montrez-lui sa faute, remettez la lui en
mémoire; dites-lui ce que vous avez souffert. 11 était malade :
c'est un devoir pour vous qui êtes en santé de travailler à sa gué-
UN MOYKN, LA CORRECTION FRATERNELLE 21
rison. Mais si vous savez lui montrer ainsi sa faute, vous le mettez Chrys. Homll. 60
en garde contre elle. » in Matth. n. 1.
ib. S'il v o u s é c o u t e , v o u s a u r e z g a g n é v o t r e frère.
« I/inimitié, dit S. Jean Chrysostôme, causait un détriment
général. Par la faute qu'il avait commise, votre frère perdait son
âme : vous, vous perdiez un frère : par la correction fraternelle
bien faite, l'un et l'autre sont retrouvés. » Id. i b .
« En aidant au salut de votre frère, dit S. Jérôme, vous avez
assuré le vôtre. » HieroD. h . l .
C'est à l'enfer que vous l'arrachez. Aussi l'Apôtre S. Jude
parlant des pécheurs qui paraissaient perdus sans rémission,
disait : Reprenez ceux qui paraissent déjà condamnes : sauvez-
Jad. tt. lez, comme si vous les arrachiez au feu. Aussi il n'est pas
étonnant que Dieu promette le salut et la rémission de ses péchés
l i e . V. Î I . à celui qui aura ramené son frère d'une voie mauvaise.
Si on ne combat pas le mal. c'est un signe qu'on l'aime dans une
certaine mesure et qu'on est de connivence avec lui. a Et quand
on peut amender quelqu'un et qu'on néglige de le faire, dit
Gregor. Moral. 1. 10.
S. Grégoire, on se rend complice de sa faute, n e. 7. n. 8.
Mais pour que la correction produise cet cflet précieux, il faut COMMENT DOIT SE
qu'elle soit accompagnée de certaines qualités : elle pourrait faci PRATIQUER LA COR
RECTION ?
lement irriter, si elle avait les apparences d'un jugement ou encore
de l'injure.
Elle doit être avant tout une œuvre d'amour. « Nous devons
corriger en aimant, dit S. Augustin, non pour le plaisir de
blesser, mais avec le désir d'amender. Si vous ressentez principa
lement l'offense qui vous a été faite et que vous agissiez sous
l'influence de ce sentiment, vous n'avez rien fait. Mais si
vous faites votre correction par amour, vous avez fait une œuvre
excellente, llappcloz-vous le but que vous propose le Sauveur :
Vous aurez gagné votre frère. » Aug. aerni. 8S. n . 4.
Mais rarement, trop rarement on s'emploie à cette œuvre parce
qu'on n'aime pas assez, a Facilement, dit S. Augustin, l'homme
inflige l'injure, et dillicilcmcnt il s'emploie à rétablir la concorde.
On vous dit de demander pardon à celui que vous avez blessé, et
vous répondez : Je ne veux pas m'humilicr. Vous ne voyez donc
pas la différence qu'il y a entre s'humilier et être à terre. Vous
êtes à terre; votre faute vous a mis par terre; et vous ne voulez pas
vous humilier ! » Aug. I b . D . G.
« Vous voyez ce que doit faire celui qui a blessé. Et que doit
faire celui qui a été blessé? Heprenez-le, vous dit le Sauveur. Si
vous ne le faites pas, vous êtes pire que lui. Il s'est infligé une
blessure, vous le voyez périr, et vous n'en avez cure : vous êtes
plus coupable en vous taisant que lui ne l'a été en vous insultant. » ib. D. 7.
« Donc, quand quelqu'un vous offense, ayez-en de la peine, non
à cause de vous : il est glorieux d'oublier les injures reçues ; mais
22 rCXVI — LA VRAIK (UtANDKUR
LLITTH. X V I I I .
p e r s o n n e s , afin q u e t o u t s o i t c o n f i r m é p a r l a p a r o l e d e d e u x DES RÉFRACTAIRES
l i e r e z s u r l a t e r r e , s e r a l i é d a n s l e ciel, e t t o u t c e q u e v o u s
24 CCXVl — LA VRAIE ORANDKUK
I J R v r a t e g r a n d e u r : le pardon.
m a î t r e o r d o n n a d e l e v e n d r e , lui, s a f e m m e e t s e s e n f a n t s ,
e t t o u t c e qu'il a v a i t , p o u r s a t i s f a i r e à s a d e t t e . Les créan- ». S5.
eiers pouvaient se porter à ces exigences. Cette justice si rigou
reuse nous aimonco que Dieu atteindra dans tout ce qui lui
appartient celui qui a dilapidé ses biens. « Cette femme qui doit
être vendue avec celui dont elle a été la complice représente la
convoitise qui a pris part à ses fautes et qui partagera son sup-
Remijr. plicc. J»
* 11 sera vendu avec tout ce qu'il possède, c'est-à-dire qu'il
tombera sous la domination d'un autre, du démon dans l'autre
vie. et même dans la vie présente : le démon dominera sur toutes
Theonbyi h i. Matin, puissances, sur sa chair et sur ses œuvres. »
LE CRI D'UN SUPPLIANT E t s e p r o s t e r n a n t d e v a n t lui le s e r v i t e u r le suppliait
d i s a n t : A y e z p a t i e n c e e n v e r s m o i , e t je v o u s r e n d r a i t o u t . ». *6.
Ohrvs. Homii. « C'est bien là le cri du débiteur aux abois et c'est bien là le cri
in decem mUlii.ii.fi. ^ r „ | > m m ( 1 snjsj j „d l e R v e châtiments
( e g o s f a u l e f l o t d c s
lui que son maître avait pris en pitié. 11 avait obtenu la rémission
de sa dette, et celui-ci ne lui demandait qu'un délai. » E t i l n e Chrysost. al s u p r .
v o u l u t p o i n t l e l u i a c c o r d e r , e t s ' e n a l l a n t , il l e fit m e t t r e e n n. I.
M é c h a n t s e r v i t e u r ; j e t'ai r e m i s t o u t e t a d e t t e p a r c e q u e
t u m'en a s prié.
N e fallait-il p a s à t o n t o u r a v o i r p i t i é d e t o n c o m p a g n o n
c o m m e j ' a v a i s e u p i t i é d e toi ?
« Moi. ton maître, je t'avais remis une si grande dette ; et toi
tu n'as pas eu pitié de ton compagnon qui était de même condition Chrys. Ho m il. 27
que toi ! » in fier»es. n . 7.
nous a pardonné ? » Cette pensée devrait mettre en nos Ames une id.llomil.27 lo G e n ê t .
D. 7.
sainte émulation à pardonner.
« Le Sauveur a voulu apporter à nos esprits et à nos cœurs le
grand bien de la paix ; et c'est pourquoi il veut que le pardon
vienne du plus profond de notre cœur. »
« Quand nous accordons ce pardon, le bien que nous procurons
à autrui est infiniment moindre que celui que nous nous faisons à
nous-mêmes. » ib:
« Âpres avoir établi la paix dans notre Ame, nous nous prépa
rons à recevoir le don excellent do Dieu, à nous approcher avec
conlianec de la table redoutable du Seigneur, à dire la prière qui
précède le grand mystère: Pardonnez-nous nos offenses .. » ib. n . 8.
« Je suis tout heureux, ajoutait le Saint, de voir avec quel em
pressement vous écoutez mes paroles, et vous vous montrez dis
posés à accomplir le commandement divin. Là est la santé de nos
âmes, le remède à toutes nos blessures, la voie qui plaît à Dieu,
la preuve assurée de notre amour pour lui... Empressons-nous à
la pratique de ce commandement comme on court à un trésor. > ib.
Dans cette parabole, Jésus donne peut-être aussi une leçon au UNE LEÇON
AU PEUPLE J U I F
peuple Juif si prompt à implorer le pardon do Dieu dans les
grandes calamités, et qui fut souvent si dur pour les Gentils,
dans les revendications qu'il eut à exercer auprès d'eux. A la fin,
pour toutes ses duretés, il fallait bien qu'il fut livré en proie aux
Romains, les exécuteurs de la justice divine. Raban Maur.
C A nous tous, dans cette parabole, dit S. Jean Chrysostôme, J.-C.
demande deux choses : de condamner nos péchés et de pardonner
aux autres. Celui qui pense à ses fautes est porté à l'indulgence
pour autrui. »
« Rappelez-vous que celui qui vous a offensé ne vous a pas fait
autant de mal que vous ne vous en fuites en roulant votre colère
en vous. Rappelez-vous que de plus vous vous préparez une con
damnation sévère. »
« Et vous aviez le moyen de vous délivrer de vos fautes : vos 6RAN0S BIENS O U
dettes sont peut-être considérables, plus grande sera la rémission. » PARDON
CCXVIII
fiC A C R V L T C U R Inutile.
NÉCESSITÉ 0£ LA FOI « Los Apôtres avaient été frappés de la sublimité des enseigne
POUR LES GRANOES ments que le Sauveur leur avait donnés, sur le scandale, la
ŒUVRES QUE J.-C.
DEMANDE A SES DIS nécessité d'y résister, le détachement, la pauvreté, la charité fra
CIPLES ternelle : ils avaient la foi ; mais pour bien pratiquer ces devoirs,
pour résister à toutes les causes de chute, ils sentaicntla nécessité
Theophyl. h . I . d'une foi plus parfaite. » C'est p o u r q u o i i l s lui d i r e n t : S e i g n e u r
a u g m e n t e z e n n o u s l a foi. LUE. X V I I .3.
Le Sauveur approuve leur demande et reconnaît qu'ils ont une
idée vraie des bienfaits do la foi. Il l e u r d i t : S i v o u s a v i e z d e
la foi c o m m e u n g r a i n d e s é n e v é , v o u s d i r i e z à c e m û r i e r :
Déracine-toi e t v a t e planter a u milieu de la mer, e t il v o u s
obéirait. v. 7.
devons nos services à des titres bien plus stricts qu'à tous les
autres. « Peut-on comparer, dit S. Pierre Chrysologuc, les obli
gations de l'homme envers Dieu à ses obligations envers ses
semblables? Ce sont des ordres bien différents, les sources de ces
l.*KVAI«r,II.K MKTUTK AVKC I PM*!'!*, T. 'l • 3
34 CCXV1II — LE SERVITEUR INUTILE
CCXIX
J é s u s c o n t i n u a i t sa r o u t e v e r s J é r u s a l e m , e t il p a s s a i t
e n t r e l a S a m a r i e e t la G a l i l é e . L A C XVII.
LA RENCONTRE E t c o m m e il a l l a i t e n t r e r e n u n e c e r t a i n e b o u r g a d e , d i x
DES DIX LÉPREUX
l é p r e u x v i n r e n t a u d e v a n t d e lui, e t s ' a r r ê t a n t à u n e cer
taine distance, ils é l e v è r e n t la v o i x et dirent : Jésus notre
maître, ayez pitié de nous. R. LÎ-13.
E t il s e j e t a a u x p i e d s d e J é s u s , l e v i s a g e c o n t r e t e r r e , l u i
T. 16. rendant grâces.
Quelle humilité dans cette attitude ! Quelle reconnaissance ! Il a
reconnu son Dieu dans la personne de Jésus. « Les impics, dit
Bède, sont quelquefois jetés, prosternés parterre, mais en arrière,
le visage comme aveuglé do la majesté divine entrevue ; tandis
que les humbles se prosternent la face contre terre ; ils humilient
devant Dieu ce front qui a subi la honte du péché , et ils savent
pourquoi ils s'humilient : leur humiliation est voulue, pleine de
lumière. » Beda. h . l .
Et cet homme était Samaritain. Les autres, qui étaient C'ÉTAIT
Juifs, étaient plus occupés des prescriptions légales qui devaient UN SAMARITAIN
leur rendre rang dans la société que de la reconnaissance qu'ils
devaient à Jésus. Peut-être regardaient-ils cette guérison comme
due à leur qualité de Juifs.
Et J é s u s répondant lui d i t : T o u s l e s dix n'ont-ils p a s PLAINTE DE JESUS
r. 17. é t é g u é r i s ? Où sont l e s neuf a u t r e s ?
Le bonheur est souvent moins bon conseiller que l'infortune.
Ces malheureux avaient été unis tout le temps qu'ils avaient dû
supporter leur misère. Aussitôt que la santé est revenue la plupart
ne pensent plus qu'à en jouir.
Il n e s'est t r o u v é p o u r r e v e n i r e t rendre g r â c e s à D i e u
T. 18. q u e cet étranger.
38 R C X I X - (UJftRISON OB DIX Ltil'RKUX
C'était une leçon que Jésus adressait aux Juifs : ils devaient
se montrer moins reconnaissants que les étrangers des bien
faits qu'il leur apportait. C'était une leçon qu'il adressait à
beaucoup de chrétiens empressés à demander à l)ieu les grâces
dont ils ont besoin, et qui oublient de remercier. Cet oubli existe
surtout dans la guérison du péché qui nous est représenté par la
lèpre : on s'empresse à demander à Dieu pardon des fautes com
mises, surtout dans les circonstances qui nous remettent en face
de nos péchés, comme dans une mission ou à l'approche d'une
féle : on devrait après le pardon vivre dans le sentiment de la
grâce obtenue, en témoigner à Dieu une reconnaissance infinie, et
souvent on traite Dieu comme si on lui avait fait une grâce. « Kt
notre ingratitude, dit S. Bernard, est peut-être cause que beau
coup de nos prières demeurent inexaucées, lit c'est encore là une
miséricorde de Dieu qui ne veut pas augmenter notre dette et
llernird. fier m. 17 aggraver notre jugement. »
de divers, D . G.
LA RECONNAISSANCE Dieu lient à la reconnaissance ; il y tient pour lui et pour nous.
DEVANT DIEU La reconnaissance est le vrai culte à offrir à Dieu. « Le vrai culte
de Dieu, dit S. Augustin, consiste surtout en ceci que l'âme ne
lui soit pas ingrate. « Aussi, dans notre sacrifice, qui est le sacri
fice vrai, le sacrifice unique, il nous est recommandé de rendre
An*, lin. de Spîrit.
et Muer. c. 1 1 . n. 18. grâces à Dieu. »
Les dons de Dieu ont été si nombreux ! C'est pourquoi S. Ber
nard disait : « Quel que soit le fardeau qui pèse sur mes épaules,
je sens sur moi un autre poids, un poids infiniment plus grand,
mais très doux, qui m'empêche de sentir celui-là. Dieu m'a telle
ment comblé, tellement écrasé de ses bienfaits que je ne puis plus
sentir que ce poids. Que rendrai-je au Seigneur? Je ne puis lui
1
otfrir aucune reconnaissance qui soit digue (h lui, mais mon âme
a l'ingratitude en horreur. • L'ingratitude est meurtrière, elle est
Bernard, s e r m . S l'ennemie de la grâce, l'ennemie du salut. » « Kilo est l'ennemie
in Dom. <ï"> p o s t .
Pentpc. n. 1.
de l'âme, la ruine des mérites, la destruction des vertus, l'obstacle
aux bienfaits. Kilo est un vent brûlant, qui dessèche la source de
d. in ( i n i t i e . s e r m . n l .
n. 6 .
de la bonté, la rosée de la miséricorde, les fleuves de la grâce. »
c A mon avis, rien ne déplaît tant à Dieu, surtout dans les
enfants de la grâce ot. les hommes de la pénitence. Aussi j'ai peur
quand je vois ces hommes s'abandonner si facilement à la légè
reté : je crains qu'ils ne se souviennent plus assez des grâces de
Dieu et que bientôt ils ne soient abandonnés de cette grâce qu'ils
Id. serm. S in Dom.
nt supr. ne vénèrent pas suffisamment. »
On en voit qui s'enorgueillissent de la grâce qui les a convertis,
comme si elle venait de leurs mérites. Ou en voit qui semblent
avoir fait une grâce à Dieu quand ils sont revenus à Dieu et ont
accepté ses dons. « Que dirai-je, dit S. Bernard, de celui qui
regrette de s'être attaché à Dieu, faisant ainsi injure à la grâce de
CCXIX — ( H J É m s O X DG DIX LÉI'IIËUX 30
Dieu ?... Ne faut-il pas regarder comme perdu ce qui a été donné
à un ingrat? » Id. a . * .
u Apprenez donc à rendre grâces à Dieu, et à n'être pas. dans
cette œuvre, lent ou lAclie : apprenez à rendre grâces pour lous
les dons reçus. » M. in Cantlc. ut supr.
« Dieu veut que nous ayons de la reconnaissance à cause Chrys. H o n i l . 2iî
de nous plus encore qu'à cause de lui, » dît S. Jean Chrysostôme. fn frênes, D . H.
«. w J é s u s l u i d i t : L è v e - t o i , v a , c a r t a l o i t'a s a u v é . Il s'était
prosterné aux pieds de Jésus, type de l'homme qui, conscient de
ses fautes, se réfugie dans son humilité. Mais Jésus lui ordonne
de se relever et de marcher : car il rend apte aux œuvres bonnes
celui qui s'est abaissé devant lui. Il sera sauvé par sa foi, par
cette foi qui s'est manifestée et qui s'est encore accrue dans son
humilité. Reda. b . l .
Et il nous est un exemple des fruits que la reconnaissance envers LES FRUITS 0£
Dieu apporte à l'homme. LA RECONNAISSANCE
nVlnrif s s o l n M l l t ć dn m a r i a g e , l a v i r g i n i t é .
J é s u s a y a n t t e r m i n é c e s d i s c o u r s , p a r t i t d e Galilée, e t
v i n t a u x frontières d e la Judée, d a n s c e p a y s qui e s t a u -
d e l à d u J o u r d a i n , qu'on appelait à cause de sa situation la M«uih. X I X .
1.
Pérée. ou la contrée au-delà. Il continuait ce voyage à Jérusa
lem où il devait rencontrer sa Passion.
ENSEIGNEMENT ET Et les foules se réunirent à n o u v e a u autour de lui, e t elles
MIRACLE l e s u i v a i e n t . « Cela ressemblait à un cortège d'enfants accompa- Mare. x. i
C h r r i . Homii. 6 i
in'Matth. o. 1. gnant leur père en partance. »
E t il l e s e n s e i g n a i t à n o u v e a u c o m m e i l l ' a v a i t f a i t a u p a
ravant. ib.
E t i l g u é r i t l e u r s m a l a d e s : « 11 se retrouvait dans cette région Matth. £.
Orieen. T. 14
où autrefois Jean administrait le baptême. Ces guérisons étaient
in Matlh. e . i 5 . l'emblème des grôccs que devait opérer le baptême. »
« Dans ce voyage qui l'achemine à son terme, dit S. Jean Chry
sostôme, il continue à joindre la doctrine au miracle, fortifiant
Tune par l'autre, et augmentant par la doctrine le fruit du
Chrys. ut s u p r . miracle, »
a Jésus continuait à faire le bien : à ceux-là d'abord, et par eux
à beaucoup d'autres qui devaient venir après eux : il leur révélait
Dieu. »
« Admirons avec quelle simplicité et quelle absence d'ostentation
l'Evangéliste dit ces mencilles. Que de choses en ce mot de
grandes fou les ! Et en cet autre il les guérit! Il nous donne en
Ib. cela une leçon de simplicité. » Puissions-nous toujours nous tenir
dans ces hautes régions surnaturelles, et être en état d'en parler
dignement et simplement.
« Toutefois les Pharisiens demeuraient réfractaires, et tous ces
ib. miracles ne faisaient que les irriter davantage. » Ils lui font donc
une question qui paraissait devoir l'amener en des difficultés inex
Tbennhyl. In Mare, tricables : « C'étaient de toutes parts des abîmes. » « Toutefois,
malgré leur improbité, dit S. Astère, je ne puis m'empêcher de
m'applaudir de leurs questions : car elles donnent l'occasion à
celui qui est la sagesse infinie d^lablir les règles qui doivent
Aiteriu* Ami»,
en Çombefls. régir le mariage, cette base de toute société. »
CCXX — L'INDISSOLUBILITÉ DU MARIAGE, LA VIRGINITE 41
p o u r q u e l q u e c a u s e q u e c e soit.
C\Hait le sentiment de Mille! et de son écolo, interprétant dans
le sens le plus large le défaut honteux dont avait parlé Moïse, et
pour lequel il autorisait le renvoi de l'épouse; tandis qu'une autre
école, (Celle de Schammaï), restreignait la répudiation au seul cas
d'adultère. « De telles questions, dit l'auteur de Y Opus imperfec-
tum, prouvent quelles pensées les occupaient habituellement. On
juge qu'un homme qui va souvent au médecin se sent malade : un
homme qui pose des questions au sujet de la dissolutian du mariage
est malade dans son mariage. L'homme qui aimerait vraiment sa
femme n'aimerait pas à agiter de pareilles questions. Pour les
Juifs, à ce moment, le mariage n'était pas ce qu'il doit être, la
possession tranquille de la chasteté, mais un désert où la passion
emprisonnée s'agitait et rongeaitson frein... L'amour chaste de la Oui» iinperfeel.
vie conjugale est la seconde espèce de pureté. » Hoioil. 3*.
« Ces Pharisiens mettaient donc Jésus dans une situation
embarrassante. S'il se prononçait dans un sens aussi large que
les premiers, il devenait le partisan de la morale relâchée :
s'il se prononçait absolument contre la répudiation, il se
mettait en opposition avec Moïse : on pouvait l'accuser de sacri
lège. » « Peut-être se souvenaient-ils qu'il s'était déjà prononcé Hieron. h . I .
sur cette question, et ils espéraient le mettre en contradiction avec Cf. Médit. CVII.
lui-même. » Chrys. ut supr.
« Que d'embûches ! s'écrie S. Jean Chrysostôme. Nous nous
indignons, et lui ne s'indignait pas. 11 ne leur redit point 2a parole
qu'il a dite plusieurs fois : Hypocrites, pourquoi me tenlez-vous ?
11 leur répond avec douceur, enseignant aux docteurs à répondre
toujours ainsi, même quand on cherche h les surprendre. 11 profite Id.etOriften.inMattR.
de leurs questions insidieuses pour répandre la vérité. » T. l i . n . 16.
Le calme qu'il met dans sa réponse a aussi pour but de nous LE CALME DE JÉSUS
DANS SA REPONSE
révéler la grandeur de l'œuvre qu'il accomplit dans ce moment :
il fait à la fois œuvre de docteur ramenant l'Kcriturc à son sens
véritable, et œuvre de législateur, réparant une brèche' qui avait
été laissée dans l'œuvre de Moïse, « opposant l'institution primi
tive de Dieu à la permission qui avait été donnée dans la suite. > Utcron. li.l.
socs de mon Poro ; mais il tient à montrer son accord avec Moïse,
détruisant à l'avance la calomnie des hérétiques qui s'efforceraient
de le mettre en opposition avec l'Ancien Testament. Il venge
Moïse de toute accusation que l'on pourrait élever contre lui pour
la faire retomber sur eux. » ib.
Il l e u r d i t : C'est à c a u s e d e l a d u r e t é d e v o s c œ u r s q u e RÉPONSE DE JÉSUS:
L E M 0 T I F 0 E K 0 I S E
M o ï s e v o u s a p e r m i s d e r e n v o y e r v o s f e m m e s ; m a i s c e l a n'a
T 8
- - p a s é t é a i n s i d è s l e c o m m e n c e m e n t . Un mal dont la loi s'oc
cupe deviendra moins fréquent : les prescriptions à accomplir, la
publicité seront un frein puissant. « Celui qui aime à boire, et a
qui il ne sera permis de le l'aire que publiquement, arrivera plus
vile à la sobriété. » « Moïse, dit S. Jérôme, voyant les crimes opns imperfect.
auxquels auraient pu conduire les passions violentes de son peuple Homii. 3t.
préféra une répudiation réglée par des lois à des crimes accom
plis dans le secret. » llieron. h.l.
c Après les avoir réduits au silence, il établit la loi avec autorité, j.-c. CONFIRME LA L O I
comme il l'avait fait pour l'observance du sabbat et pour la dis
tinction des aliments, quand il avait déclaré devant les foules
qu'aucun aliment ne souillait l'homme, et qu'il était permis de
faire bien le jour du sabbat. » O r je v o u s d i s q u e q u i c o n q u e rhrys. ut m p r .
r e n v o i e s a femme, si ce n'est pour c a u s e d'adultéré, e t e n
épouse u n e autre, c o m m e t u n adultère; et celui qui épouse
f- o. l a f e m m e r e n v o y é e c o m m e t u n a d u l t è r e . Il est permis à l'époux
outragé de renvoyer son épouse pour ne pas paraître pactiser avec
Le mal ; « et cependant, dil S. Augustin, là où l'on sait que par
les clés du royaume des cieux on peut obtenir la rémission des
péchés, la réconciliation des époux ;»près la faute commise ne sera
ni un acte honteux, ni un acte dillicile : après sa réconciliation
avec le Christ, celle qui est ramenée à la maison conjugale ne peut An(f j
d e 0 o n n ( [
Il y a d e s e u n u q u e s q u i s o n t n é s t e l s d é s l e s e i n d e l e u r
m é r e ; e t il y e n a q u i o n t é t é f a i t s t e l s p a r l e s h o m m e s ; e t
v. i .
il y e n a q u i s e s o n t f a i t s t e l s p o u r le r o y a u m e d e s c i e u x .
Voici donc un nouvel ordre do choses qui commence, t Par la
puissance de l'esprit commandant aux convoitises de la chair, dit
S. Jean Chrysostôme, on fera ce que les hommes font en recou
rant aux moyens violents et à la mutilation, ot on fera davantage
encore. »
« U ne s'agit pas de mutilation : ce serait un crime de détruire LA CHASTETÉ
l'œuvre de Dieu : ce serait donner gain de cause à ceux qui pré VOLONTAIRE
c C'est à dessein que Jésus exalte cet état. Les Apôtres qui
connaissent les charges de la vie du mariage y voient une déli
vrance ; mais Jésus ne les laisse point à ce degré inférieur, il veut
les faire monter plus haut. Il leur a fait sentir les charges du
mariage, mais ensuite il les élève bien plus haut, et il les entraîne
par la beauté de l'état nouveau qu'il leur propose. Tous ne com-
prennent pas celte, parole, mais ceu.r à qui cela a été donné. » lb.
Il y aura dans la morale du Christ des précoptes et dos conseils :
dos préceptes qui sont imposés à tous, et dos conseils qui sont
proposés à quelques-uns. Kt ces conseils seront pour lésâmes
que J.-C. invitera à los pratiquer une preuve de prédilection.
« Le précepte, dit S. Ambroise, se donne à des sujets, le conseil
à des amis. Le précepte indique le régime de la loi, le conseil
celui de la grâce. » Ambros. De viduis.
« (Vest mu' chose nouvelle, très élevée, au-dessus do ce que la
loi commande ; et c'est aussi u no chose possible avec l'aide de la
grâce. Il les excite par ces perspectives. »
« U y faudra la grâce d'eu haut, mais il y faudra aussi la vo POUR LA PRATIQUER
lonté, il y faudra de grands combats. La grâce ne sera donnée NÉCESSITE DELÀ GRACE
ET DE LA VOLONTÉ
qu'à ceux qui l'auront voulue ; et s'il n'y avait pas des combats à
soutenir, si ceux qui se vouent à la virginité n'y apportaient rien
d'eux-mêmes, ils ne dilïércraicnt point des autres eunuques et ib. n. 4.
n'auraient aucun droit au royaume des cieux. »
Ht de nouveau il fait entendre qu'il s'agit d'une chose très rolc-
4<i CCXX — L'INDISSOLUBILITÉ DU MARIAGE, LA VIRGINITÉ
ils avaient besoin d'être sauvés de ce péché. Que les enfants et les
faibles viennent donc au médecin : que ceux qui sont en perdition
viennent au Sauveur. Et à vous tous qui êtes ptus avancés en Age,
ajoutait S. Augustin, nous recommandons ceux qui ne peuvent
encore parler, ceux qui ne peuvent que pleurer. Que ce ne soit
pas en vain que vous soyez leurs aînés. Soyez, leurs protecteurs.
La perdition s'est étendue à tous, (pie le salut s'étende aussi à
tous. Nous avions péri ensemble : ensemble retrouvons-nous A n r . l o r m . u s .
1
, , ,« . . al. M de Verbis Dom.
dans le Christ. » . *. n
L'avènement d u r o y a u m e de IMcu.
E n c e jour-là q u e c e l u i q u i s e r a s u r l e t o i t e t q u i a u r a s e s
hardes d a n s la maison, n e descende p a s pour les prendre î
e t de m ê m e q u e c e l u i q u i s e r a d a n s l e s c h a m p s n e r e v i e n n e
pas. T. 3i.
S o u v e n e z - v o u s d e la f e m m e d e L o t h . r. 31
Celui qui c h e r c h e r a à s a u v e r s a v i e la perdra : e t celui
q u i s a u r a la p e r d r e , l a s a u v e r a . v> 33
Qu'on se tienne dégagé de tout, n'ayant qu'un désir, celui de
suivre le Christ aussitôt qu'il apparaîtra. Que celui qui s'est
id. n. 40. élevé aux hauteurs de la perfection ne redescende pas. « 11 vivait
dans les hauteurs, au-dessus des convoitises delà chair, respirant
l'air pur et les brises spirituelles ; ce n'est certes pas le moment
Beda. ut sopr. de revenir aux préoccupations ni aux joies de la terre. »
« Cette heure dont il parle, dit I3ède, n'est pas celle où il appa
raîtra comme j u g e : i l est évident qu'à ce moment tous seront forcés
d'accourir vers lui ; mais cette heure où comme les Anges le
firent pour Loth, il veut nous presser de quitter Sodome ; c'est
ib. l'heure dans laquelle il nous invite à veiller dans l'attente du juge. »
11 faut être à la préparation de cette venue avec un entier détache
ment de tout le reste.
« Il faut, dit S. Augustin, que celui qui travaille dans le
champ, dans le champ de l'Eglise, ne regarde plus aux choses de
1 r
Aug. qq. E T . 1. 3 . , , ' » » & r
q. 4 t . la terre. »
t 11 faut que celui qui a quitté le monde et ses joies ne regarde
Ambros. ut sopr. pas en arrière comme la femme de Loth, » 11 faut qu'il n'ait aucun
B 4 5 ,
* regret pour ce qu'il a quitté. « Il faut qu'il ne regarde pas en
arrière même au milieu des grandes catastrophes, comme ceux
qui se défient de Dieu. C'est pour cela que cette femme fut
CCXXII - L'AVÈNEMENT DU ROYAUME DE DIEU 55
dans la vie des hommes. Pendant que les uns sont laissés à la
médiocrité et à la routine de leurs occupations, à tourner la meule
ou labourer la terre, d'autres sont choisis par le Christ pour être
constamment avec lui. Grande est la différence qui existe entre
ces destinées, grande aussi est la différence des pensées et des
affections qui les préparaient. « Dans ce champ qui est l'âme, dit
S. Ambroise, on peut faire pousser dos plantes bien différentes.
Ambros. nt rapr.
L'esprit humain est un moulin qui travaille toujours, et il peut
n . 49. moudre des farines de bien des sortes. »
Les disciples sont saisis par ces scènes mystérieuses et ter
ribles. I l s l u i d i s e n t : O ù c e l a , S e i g n e u r ? Où se passeront ces v. 36.
choses y Où iront les âmes ainsi appelées? Et Jésus leur répond
par une parole qui lout en laissant subsister l'obscurité sur le lieu
et le moment, ailirme à nouveau la certitude et la rapidité avec
J.-C. CENTRE DU lesquelles ces choses s'accompliront. I l l e u r d i t : E n q u e l q u e
ROYAUME
l i e u q u e s o i t l e c o r p s , l e s a i g l e s s'y a s s e m b l e r o n t . v. 37.
Veut-il parler des vengeances divines qui, rapides commel'aigle
Enieb.r.it.Gree.i'P. qui fond sur sa proie, s'abattront sur les méchants?
11 est probable qu'il veut montrer dans cette image l'empresse
ment des Ames justes allant vers le Sauveur. « Les âmes justes,
dit S. Ambroise, sont souvent comparées aux aigles: comme les
Ambros. or supr. aigles elles aiment à se tenir dans les hauteurs. > « L'aigle, dit
n. 5$.
Hèdc. aime à contempler la splendeur du soleil. L'aigle établit son
nid à la cime des rochers, lii où les serpents ne pourront atteindre
ses petits. De même les aigles spirituels, pour préserver leurs
couvres des attaques dos démons, les établissent sur cette pierre
qui est le Christ. Ils aiment à contempler le soleil des Ames qui
Bedi. h.l. est le Christ. »
« Et pourrions-nous, dit S. Ambroise, avoir un doute nu sujet
du corps dont il est question ? N'est-ce pas ce corps que Joseph
d'Arimathic demanda avec tant d'assurance à Pilate, ce corps autour
duquel nous voyons les Apôtres et les saintes femmes se rassembler
pendant qu'il était au tombeau ? N'est-ce pas là ce corps dont il a
dit lui-même : Ma chair est une nourriture P II y a sans cesse
près de ce corps des aigles qui, portés par leurs ailes spirituelles,
Ambros. ut supr. ne volent qu'autour de lui. » Au jour on il apparaîtra, où sa lumière
rayonnera dans le monde entier, où partout se répandra son
parfum céleste, les aigles voleront vers lui rapides comme la
îlècho.
« Il a appelé ce temps une nuit, dit Théophylactc, à cause de la
soudaineté de son apparition, et à cause des ténèbres dont seront
environnés les méchants ; mais pour les justes ce sera un jour
plein de splendeur : il viendra dans la gloire de son Père, et les
Theophil. li ] . justes eux-mêmes brilleront comme le soleil. » Dans le corps
qu'il a assumé, le Verbe incarné sera le centre de toutes choses:
que dos maintenant il soit le centre de nos pensées et de nos désirs !
CCXXIII
« Âpres nous avoir révélé les afflictions et les dangers qui nous LE GRAND MOYEN
DU SALUT
attendent, dit Théophylaole, le Sauveur nous indique le grand
moyen par lequel nous devons être sauvés, la prière persévérante
et ardente. » Kt pour nous montrer la puissance de cctle prière, Theophvl. in l u e .
<:. XVIII.
il ne craint pas de se représenter, lui ou sou Père, sous des
images indignes de lui. « Il aime, dit Bèdc, à procéder par com COMPARAISONS
ÉNERGIQUES
paraisons; et dans ses comparaisons les unes prouvent par res
semblance, comme celle du père de l'enfant prodigue ; d'autres
par dissemblance : Si Dieu vêt avec tant de magnificence Vherbe
qui doit être jetée demain au four, avec quel soin ne s* accu pera-
t-ilpas de vous ? Et cette dissemblance, comme dans le cas pré
sent, donne à J a preuve une plus grande force. » La comparaison Reda. h . l .
Je v o u s d i s d e m ê m e , d e m a n d e z e t il v o u s s e r a d o n n é . T. 9.
LA PRIÈRE DE NUIT « Nous recevons ici, dit S. Ambroise, le précepte de prier non
pas seulement le jour mais la nuit. Le roi David nous apprend
lui-même qu'il se levait au milieu de la nuit pour demander à
Dieu ces trois pains que Dieu nous a préparés. Il ne craignait
pas d'invoquer celui qu'il savait toujours éveillé. »
« Si ce saint roi. si occupé par le soin de son royaume, savait
offrir sept fois chaque jour, à Dieu, le sacrifice de louanges,
combien plus devons-nous nous appliquer à la prière, nous qui à
cause de la fragilité de notre esprit et de notre chair, tombons si
souvent dans le péché. Voyageurs fatigués dans les chemins
Ambros. in Lut. I. 7.
de la vie, il nous faut obtenir le pain qui fortifie le cœur de
n. K7. l'homme. »
« A toute heure de la journée nous devons être vigilants,
puisque nous ne savons pas à quelle heure viendra notre Maître.
Si vous sentez le sommeil vous envahir, réveillez-vous afin d'aller
ib. D. S9. frapper à la porte du Christ. »
« Pouvons-nous trouver quelqu'un qui nous soit plus ami que
i b . n . HT. celui qui nous a livré son propre corps ?» A celui qui nous a fait
un pareil don ne pourrons-nous pas dire avec confiance : Prêtez-
moi trois pains ?
« Si nous avons confiance en notre Maître, dit encore S. Am
broise. nous pourrons mériter non seulement pour nous, mais
encore pour d'autres, n aller demander le pain pour ceux qui
nous arrivent de loin : voilà une vérité que nous- apprend cette
parabole.
L'AMI QUI NOUS « Il vous est peut-être venu un ami, dit S. Augustin, qui vous
DEMANDE OU PAIN
a demandé ce que vous ne pouviez lui donner : il vous demandait
la vérité, et vous ne pouviez la lui donner. Il était en voyage : la
vie présente est un voyage ; nous passons comme des voyageurs,
et chacun s'entend dire : Vous avez pris votre réfection, passez Eccli.xxix.
votre chemin et donnez la pince à un autre. Ou bien il revenait 33.
de voies mauvaises, fatigué, parce qu'il n'avait pas trouvé cette
vérité qui rend heureux, lassé de la cupidité et de la pauvreté du
siècle. 11 est venu à vous comme à un chrétien ; il vous a dit :
Eclairez-moi, rendez-moi chrétien. Et il vous pose des questions
que dans la simplicité de votre foi vous ignoriez : vous ne pou
vez rassasier cette Ame qui a faim ; vous sentez votre indigence ;
vous êtes forcé de chercher ailleurs, »
« Où eherchorez-vous la vérité ? Dans l'Ecriture ? Vous y ren
contrez bien des obscurités. Ah ï si vous pouviez vous adresser à
ces docteurs que l'on appelle l'Apôtre Pierre. l'Apôtre Paul! Mais
ils reposent dans le Seigneur, et les ténèbres qui vous entourent
sont profondes : vous êtes au milieu de la nuit. Et votre ami qui
L E JUGE INIQUE 59
a faim insiste. La foi simple vous suffisait : elle ne lui suffit plus.
Faut-il l'abandonner, l'éloigner dé chez vous ? Non, adressez-
vous au Maître lui-même, à celui avec qui repose toute la famille :
frappez, demandez, insistez. Malgré son insensibilité apparente,
il n'est pas du caractère de cet homme qui se lève seulement
quand il est vaincu par l'opportunité. Il veut donner : c'est là son An*, t e r m . 101 ai
b 0 B
plus grand désir. »> J« * ï à . ° ' **"
« Il nous a proposé cette comparaison à laquelle il a joint des LA GÉNÉROSITÉ
0 E D1EU
exhortations si pressantes, pour nous dire son .grand désir do
donner. » « Si celui qui ne voulait pas donner a fini par donner Au;. tb. D. 1.
ce qu'on lui demandait, parce que celui qui demandait n'a pas
cessé de demander, combien devons-nous être plus assurés
de recevoir de celui qui nous engage à demander, et qui
éprouve un vif déplaisir si nous ne demandons pas. » « Cet td. aerm. 6 1 . n . 5 .
homme qui était endormi, et qui voulait continuer à dormir, a
fini par céder : combien plus devons-nous compter sur celui qui
ne dort jamais, et qui réveille ceux qui dorment afin qu'ils de
,d erm l 3 0 ,
mandent. » - * *
« Il se fait attendre? Ce n'est pas qu'il veuille vous refuser, POURQUOI LES RE
TAROEMENTS DE DIEU?
c est au contraire pour que vous désiriez avec plus d'ardeur : car
ce que vous obtiendriez trop tôt perdrait peut-être de son prix à
vos yeux. » i d . serin. 105. n . 3.
noble vengeance, t Quand une offense nous sera faite, dit S. Cyrille,
nous penserons qu'il est glorieux d'oublier : mais quand nous
verrons Dieu outragé, la guerre faite à ceux qui ont reçu le dépôt
de la vérité divine, alors nous irons vers Dieu, nous crierons vers
lui. et nous lui demanderons secours contre ceux qui l'attaquent, » Cyrill. In Luc.
A. E t il f u t l o n g t e m p s s a n s v o u l o i r l e faire.
Dieu souvent paraît insensible à nos cris, il semble se désinté
resser de sa cause, quelquefois même prendre parti pour les
méchants. Quelle confiance ne devons-nous pas avoir, même
quand nous paraissons abandonnés ! Tout cela a été prédit.
M a i s e n f i n il s e d i t e n l u i - m ê m e : Q u o i q u e je n e c r a i g n e COMBIEN PLUS S
COURABLE IST DIEU
p o i n t D i e u e t q u e je m e s o u c i e p e u d e s h o m m e s , c e p e n d a n t
p u i s q u e c e t t e f e m m e m ' i m p o r t u n e , je l u i f e r a i j u s t i c e , d e
v. 4-;;. p e u r q u ' à la fin e l l e n e m e f a s s e affront.
V o u s e n t e n d e z , a j o u t a l e S e i g n e u r , et l'on sent dans sa pa-
v. C. rôle comme un accent d'indignation, c e q u e d i t l e j u g e i n i q u e .
Et Dieu n e v e n g e r a i t pas le droit de ses élus qui crient
T. 7. v e r s l u i l e j o u r e t l a n u i t , e t il s o u f f r i r a i t q u ' o n l e s é c r a s â t ?
v. 8. Oui, je v o u s l'affirme, il n e t a r d e r a p a s à l e s v e n g e r .
« Voilà, dit S. Jean Chrysostôme, ce que la prière a fait sur un
homme sans cœur : quel effet ne produira-t-olle pas sur le Dieu
de bonté et d'amour, qui ne veut qu'une chose, faire miséricorde,
qui ne fait des menaces que par amour ? » Ne craignons donc pas Chrys. O n t . 2 d
ftrecat. o n . t. ?
de redire à Dieu : Protégez-moi contre mon adversaire, surtout I». 941.
si nous comprenons quel est cet adversaire contre lequel il faut
demander protection. « Le vieil adversaire des hommes, dit
S. Cyrille, celui qui s'acharne, à nous faire tomber, c'est Satan. » €yrlll. in Lue.
Mais pour comprendre ces choses, pour comprendre que Dieu
veille sur nous, moine lorsqu'il se cache, pour continuer à l'invo
quer malgré son silence, il faut de la foi, une foi profonde. « Si la
foi fait défaut, dit S. Augustin, il n'y a plus de prière. Comment
peut-on demander des choses auxquelles on ne croit pas ? » Kt le Au*, s e n n . lin
n. 1. alias, de Verb
Sauveur pensant à celte nécessité absolue de la foi, de la foi vraie, Dom. 36.
profonde, pour obtenir les grandes choses promises à la prière,
voyant à combien de dangers est exposée la foi au milieu des
préoccupations de la terre,'disait avec trislcsse : M a i s p e n s e z - LA FOI NÉCESSAIRI
v o u s q u e l e fils d e l ' h o m m e , q u a n d i l r e v i e n d r a , t r o u v e r a A L'EFFICACITÉ DE L/
PRIERE
ib. d e la foi s u r t e r r e ?
« Donc, dit S. Augustin, pour pouvoir prier, croyons : et pour
que la foi dans laquelle nous prions ne défaille pas, prions. C'est
la foi qui fait jaillir Ja prière, et la prière obtient la grâce d'une
foi solide. » tb.
Où eu sommes-nous du la foi ? Ne serions-nous pas arrivés à
62 ccxxm — P E R S É V É R A N C E D A N S LA P R I È R E
EiC P h a r i s i e n et le P u M I c a t n .
UNE SOURCE o'EFFi" * J.-C. avait recommandé la prière: il en avait montré la puis-
t*HUWLITE* * L P R , E R E
sance. Des hommes pouvaient se rencontrer, et se rencontraient
en effet, qui étaient remplis de confiance parce que leurs prières
étaient fréquentes. Il avait exalté le pouvoir de la foi : des
hommes se rencontraient qui avaient confiance parce qu'ils
croyaient posséder la foi. Il va leur montrer que la vraie foi se
reconnaît non dans les paroles, mais dans les œuvres: la vraie foi
Beda. la Lue. est toujours accompagnée d'humilité. »
Il d i t a u s s i p o u r q u e l q u e s - u n s q u i , s e f l a t t a n t d ' ê t r e
justes, se confiaient en eux-mêmes et méprisaient les autres. . v v l l t
la p a r a b o l e s u i v a n t e : 9.
D e u x h o m m e s m o n t è r e n t a u t e m p l e p o u r prier : l'un é t a i t
pharisien e t l'autre publicain. T . 10.
Le p h a r i s i e n s e t e n a n t d e b o u t p r i a i t a i n s i e n l u i - m ê m e :
O D i e u , je v o u s r e n d s g r â c e s d e c e q u e j e n é s u i s p a s c o m m e
le r e s t e d e s h o m m e s , v o l e u r s , i n j u s t e s , a d u l t è r e s , e t a u s s i
comme ce publicain. v. t i .
Je j e û n e d e u x f o i s l a s e m a i n e , e t je d o n n e l a d î m e d e t o u t
ce q u e je p o s s è d e . T . st.
Oui. Dieu veut nous voir accomplir toutes sortes de bonnes
œuvres : il cherche on notre vie quelque chose qu'il puisse récom
penser: « un verre d'eau, une ohole donnée à un pauvre, un soupir
de compassion, il accueille tout cela, et il réserve à chacun de
ces actes une récompense. Mais il veut que ce soit lui qui en garde
le souvenir. »
n II faut donc que pour notre part nous sachions oublier le bien
que nous avons fait. Cet oubli dans lequel nous mettrons nos
bonnes actions sera la meilleure garantie de conservation que
nous pourrons leur donner. Or nous oublions les fautes que nous
commettons chaque jour, et si nous faisons une aumône nous en
sommes tout occupés. »
« Nous oublions qu'y revenir sans cesse c'est exciter la colère
de Dieu, inviter notre ennemi à nous ravir notre mérite : notre
„ „ , mérite sera au contraire en sûreté s'il est connu de celui-là seul
in Matin, n. i. et s. qui peut nous le garder. »
CCXXIV — LE PHARISIEN ET LE PUBLICA1N 65
sont graves entre toutes ; elles croulent de plus haut. » serm*. 3. n. 35.
« 11 avait des blessures ; il avait commis des fautes, mais oubliant
dans son cœur pervers où il était, oubliant qu'il était chez le
médecin, il cachait ses blessures. Ne faites point cela, vous.
Acceptez que Dieu couvre vos blessures, mais ne les cachez point :
Dieu ne pourrait les guérir. Et à qui essayeriez-vous de les cacher?
à celui qui connaît tout. » AoR.jn v*. si.
« Il a voulu s'affermir en. lui-même, et il est devenu faible ; ses
os ont vieillie (Ps. Tout en lui est demeuré dans la vieillesse,
parce qu'il n'a pas voulu en confessant son péché venir ù la vie
nouvelle. » j . . 13.
B a
Le Jeune h o m m e riche.
toute vertu ? On peut dire qu'il sera aidé par les prières de ceux
qu'il aura secourus, recevant de leur abondance spirituelle en
échange de ses richesses temporelles : et par ce secours il arrivera
sûrement à l a perfection, encore qu'il subisse quelquefois le choc
des passions. On peut dire que par ce sacrifice il s'est préparé des
grâces qui l'amèneront à toute vertu. El par dessus tout, à ce mo
ment, commencera pour lui l a vie avec Dieu qui est la source de
toute vertu. C'est alors que l'on commence à suivre J.-C. sans
t r e
nriïren. T . 15. io ^ distrait par aucune préoccupation, et suivre J . - C . c'est le
Matth. n. 16-18. moyen d'arriver à toute perfection. »
SUIVRE J.-c. Car il faut quelque chose de plus que distribuer ses biens aux
pauvres. « Faire cela sans posséder la charité, disait S. Paul,
os
chrji. Momii. a* in *' *- " ° "
P U a
^ » ï^ rc
ï joindre l'amour, et on trouve l'amour
n u l t
CCXXVI
B é c o m p c n s c de l a p a u v r e t é volontaire.
(1) La leron Àlexuruiriiu- de S. tuv accuse mieux encore cčttc itiće : Ayant
tu ut yiatfe, non* rous avans ,stin-L
CCXXVI — LA RÉCOMPENSE DE LA PAUVRETÉ VOLONTAIRE Sî
Apoc. xxi. Dieu. Voilà que j e renouvelle toutes choses. Selon sa promesse,
b
- dit l'Apôtre S. Pierre, notts attendons de nouveaux cieux et une
u Petr. m. nouvelle terre où la justice habitera. Un des actes de cette régé-
u
' nération sera la résurrection de la chair. « quand les morts res
susciteront de la corruption, désormais incorruptibles, et que la
chair sera renouvelée par cette incorruptibilité comme l a m e l'avait
été par la foi. » Les trônes que vit Daniel, i.vit, 9;. seront posés; le Hieroo. h. 1.
iils de l'homme s'y assoira et les douze avec lui.
Quel est cet Israël que les Apôtres doivent juger? D'abord les apôtres juges
dk
l'Israël selon la chair, dit S. Jean Chrysostôme. « Comme la reine '2™busd'ISRAEL
du midi doit se lever au j o u r du jugement et condamner cette
race incrédule, les Apôtres condamneront les tribus d'Israël, car
élevés dans les lois et les usages des Juifs, ils doivent condamner
ceux qui auront affirmé qu'il était impossible de croire au Christ,
ou que la Loi était en opposition avec ses commandements : c'est
pourquoi Jésus leur avait déjà annoncé que leurs enfants seraient
MattïK_ xii. leurs j u g e s . 11 y aura cette différence entre eux et la reine du
midi que celle-ci ne sera qu'un témoin déposant contre ceux qui
n'auront pas voulu croire, tandis qu'eux seront juges avec J.-C. » Chrys. Homii.
« Mais souvent le nombre douze, dit Bède. est employé pour
désigner une universalité ; dans ces douze tribus, nous devons
donc voir l'universalité des hommes. » Ces pauvres pècbeurs Beda in Mattb.
méprisés de leurs concitoyens seront les juges de leur peuple et
de tous les peuples, et leur propre vie sera la règle suivant laquelle
ils jugeront.
Et il y aura un autre jugement, celui du Christ entrant en
possession de son royaume, il y aura un jugement de condamna
tion contre le peuple infidèle, contre la cité déicide ; et les Apôtres
y prendront part avec le Christ. Il y aura un jugement de justice. juQgg l*univer- DE
par lequel le Christ déclarera les voies de la sainteté, si opposées salue des fidèles
à toutes les idées du monde : et les Apôtres seront associés aux
jugements que portera le Christ : avec lui il jugeront le monde
dans U équité et tous les peuples dans la vérité. Tontes les filles
Ps-93- de Juda, c'est-à-dire les âmes vraiment fidèles, applaudiront à
ce jugement., iPs. %. 9), et en feront la règle de leurs pensées et de
leurs sentiments. « Quand après son Ascension, dit VOpus imper-
fecturn. le Christ sera assis sur son trône de gloire, et que com
mencera son règne sur les nations, les Apôtres avec lui siégeront
sur des trônes, c'est-à-dire sur les cœurs des fidèles : car tout
fidèle qui reçoit la parole d'un Apôtre devient comme un trône
pour cet Apôtre. Variées sont les vertus de ces fidèles, c'est pour
quoi ou peut les diviser en tribus comme l'était le peuple d'Israël.
Chacun des Apôtres règne sur l'une de ces tribus, se recomman
dant de quelque don excellent. Au-dessus de ces douze trônes
s'élève le trône du Christ qui réunit en lui toutes les vertus et
, . . . 1 Opus imueifect.
toutes les gloires de ses Saints. » Hom. 33.
î,fcVAMilU:MLDiTL AVEC J,i;» l'Èîli.S, T. 4. V>
82 CCXXVI — LA RÉCOMPENSE DE LA. P A U V R E T É VOLONTAIRE
celles qui sont sur terre et celles qui sont dans le ciel. » M»uh. n. i&.
« Le renoncement, dit S. Jean Chrysostôme, nous délivre d abord ^ NO HCÊMENT S F U
une affection bien plus douce que toutes les affections naturelles. » c«« ««r.
Les religieux des premiers siècles, dont les renoncements
étaient si complets, rendaient témoignage de ces joies avec un
véritable enthousiasme. « Pour une maison que nous avons aban
donnée, disait un des interlocuteurs des conférences de Cassien,
ne possédons-nous pas tous les monastères do nos frères? Partout
ne nous trouvons-nous pas chez nous ? Ne recevons-nous pas plus
que le centuple, nous qui. pour quelques serviteurs que nous avons
laissés, recevons les services do tant d'hommes de condition élevée?
Pour un père et une mère que nous avons abandonnés, partout
nous trouvons dos pères, des mères, des frères, des servi leurs
qui nous aiment, nous accueillent avec empressement et nous , ^ : 3 S 8 i i n ( l 4
auprès de J.-C. des joies plus grandes que toutes les joies de la
terre.
Los disciples de J.-C. renoncent à tout le reste pour alfirmer
qu'ils ne veulent avoir d'autre richesse que lui. « Pierre disait au
mendiant qui lui demandait l'aumône : Je n'ai ni or ni argent,
mais ce que fai. je te le donne : an nom de Jésus de Nazareth... Act. m.
voilà quelle est ma part, voilà ma richesse. le Christ. Au nom de
Jésus lève-foi et marche. La part que j'ai choisie me donne la
richesse, me donne la puissance... Oui. Pierre, tu as choisi la
bonne part. Ce nom est pour toi plein de gloire, plein de richesse ;
il te rend maître non des richesses de la terre, mais de celles de
la grâce. Ton héritage ne sera point dévoré par la sécheresse,
détrempé par la pluie, stérilisé par le froid, abîmé par la tempête...
Garde la part (pie tu as choisie. Que pourrait-on comparer à une
demeure d o n t le Seigneur a dit : Je m y promènerai. Que le» Leva WVJ.
autres se plaignent de l'étroitesse de leurs possessions : Dieu
trouve en toi un vaste domaine, puisque celui à qui est la terre s'y
Amhrot. in P s . lis. trouve au large. Les martyrs disaient : Mon héritage c'est le Sei-
Serm. 8. n. 8. gneur. Vivons donc pour celui en qui il est glorieux de mourir. »
J.-C. annonce a ses disciples qu'ils goûteront leur récompense
sur terre même au milieu des persécutions. En leur promettant
le centuple, il leur annonçait des persécutions, c II leur faisait
déjà comprendre qu'ils rencontreraient la persécution en leur par
lant de séparations nécessaires, dit S. Jean Chrysostôme. S'il faut
quitter son père, sa mère, c'est une preuve qu'ils rencontreront
des oppositions. Mais ils goûteront leur récompense même dans
Chrys.Homii.fU.n.s. la persécution. » « Et même au milieu de la persécution, dit Bèdc,
la solidité de leur Toi, la certitude de leur espérance, leur union
fraternelle avec les saints du ciel, leur feront goûter les joies du
B e d t . In Lue. royaume céleste. »
Et Jésus termine ce discours par une parole qu'il a déjà dite et
qu'il redira encore. I l y a u r a b e a u c o u p d e s p r e m i e r s q u i s e r o n t
l e s d e r n i e r s , e t d e s d e r n i e r s q u i s e r o n t l e s p r e m i e r s . U est
venu accomplir dans le monde la plus grande révolution morale
qui ait existé. Ceux qui n'étaient rien, en acceptant tous les renon
cements, vont devenir les premiers, et ceux qui se croyaient quel
que chose, à cause de leurs richesses ou de leurs dignités, seront
les derniers.
CCXXVI ï
Ce n'est qu'un jour devant J.-C. pour qui ont été créés et
adaptés tous les siècles. Ce spectacle des siècles qui se déroulent
autour île lui. lui est une occasion do nous dire en quelques paroles
l'histoire du royaume de Dieu sur terre.
Il appelle tous les hommes à travailler à sa vigne.
c Cotte place où il vient chercher ses ouvriers représente, dit
S. Hilaire, le monde avec ses foules mélangées, ses querelles, ses
calomnies, le tumulte de tant d'affaires diverses, on Dieu n'a point
Hilir. In M m h .
c. ÎO. n. r>. dédaigné de descendre. »
LES DIFFÉRENTES « Eu aucun temps il n'a cessé d'envoyer des ouvriers à sa vigne;
VENUES DU MAITRE d abord par les Patriarches, ensuite par les docteurs de la Loi,
ensuite par les Prophètes et enfin par les Apôtres, il n'a fessé d'y
Gregor. ut «apr. travailler. » E t a n t s o r t i v e r s l a t r o i s i è m e h e u r e , il e n v i t
d ' a u t r e s q u i é t a i e n t s u r l a p l a c e à n e r i e n f a i r e ; e t il l e u r T. 3.
dit : Allez, v o u s aussi, à m a v i g n e ; e t je v o u s donnerai c e
qui sera juste. E t i l s y allèrent. T. I .
Il sortit encore v e r s la s i x i è m e e t la n e u v i è m e h e u r e , e t
il a g i t d e m ê m e . Y. S.
E n f i n v e r s l a o n z i è m e h e u r e il s o r t i t e t il e n t r o u v a
d'autres qui étaient là, e t il leur dit : Pourquoi demeurez-
v o u s là tout le long d u jour s a n s travailler ? v C.
Et ils répondirent : Parce q u e personne ne nous a loués.
E t il l e u r d i t : Allez,, v o u s a u s s i , à m a v i g n e . r. 7.
« Il n'est peut-être pas nécessaire, dit S. Jean Chrysostôme de
faire l'application de tous les détails de la parabole, application
qui pourrait être forcée : il faut voir avant tout son but dans son
Chrvs. Homll. Ci. ensemble. » Nous devons voir dans ces sorties réitérées du père
n. 3.
de famille le souci que Dieu a eu dans tous les temps du salut du
genre humain, et ses venues vers les hommes à toutes les
époques.
« Le matin de l'histoire du monde, dit S. Grégoire, représente
Gregor. ut snpr. le temps (pu va d'Adam à Noé. » Il y a tout au commencement
une convention passée entre Dieu et les hommes : il y a la promesse
d'un denier. Le denier qui vaut dix autres pièces de petite
monnaie et qui porte sur lui l'image du prince, représente le
salut qui est le résumé de tous les biens, et qui consiste dans la
Oriçen. possession de Dieu.
N. S. fait peut-être aussi allusion aux promesses faites aux
pères du peuple Hébreu, à ces promesses que S. Hilaire appelle
des testaments, promesses par lesquelles Dieu prenait des enga
gements positifs. A cause de ces promesses, ce peuple servira
toujours en mercenaire, avec les défauts des mercenaires.
« La troisième heure, d'après R. Grégoire, représente le temps
qui va de Noé à Abraham; la sixième, le temps qui va d'Abraham
Gregor. a t supr. à Moïse : la neuvième de Moïse à l'avènement du Sauveur. »
Le père de famille ne fait plus de convention avec les ouvriers
CCXXVII — LES OUVRIERS DE LA VIGNE 87
vaient-ils donner?
« Les ouvriers appelés à la onzième heure, dit S. Grégoire,
représentent les Gentils. Pendant que le peuple Hébreu, à toutes
les îicures de la journée, était venu travailler dans la vigne de
Dieu, en le servant avec une vraie foi, les Gentils pendant long
temps avaient négligé de travailler pour la vie véritable, et avaient
perdu leur temps dans des agitations stériles. »
« Et ils peuvent donner comme excuse à leur désœuvrement
que personne n'est venu les employer. Us n'ont vu ni Patriarches,
ni Prophètes, et personne n'est venu leur parler de la vie éter
nelle. » Gregor. ut supr.
Opus itnperf. al supr. mais pour se rendre utile. » « Quiconque, en si petite mesure que
ce soit, a accompli avec une foi sincère une bonne action, devient
f.rpfror. ut t u p r . n . J . un ouvrier de cette vigne. »
Et il y a aussi une vigne de Dieu plus proche de nous, c'est notre
Ame <pic Dieu lui-même cultive et que nous devons cultiver avec
lui pour lui en offrir les fruits. » Il ne cesse d'en extirper les mau
vais germes, d'ouvrir nos cœurs par le soc de sa parole, d'y
implanter les germes des vertus, d'en attendre les fruits que'doit
An?. Serm. 87. n . 1. lui offrir la piété. »
« La vigne de Dieu c'est la vertu au dedans de nous, qui porte
comme autant de rameaux la douceur, la chasteté, la patience,
la persévérance, et toute qualité qui peut se rattacher à la vertu. »
« Quand nous commettons le péché, nous ravageons cette vigne
de Dieu qui est nu-dedans de nous : nous la cultivons quand nous
Opus imprrfect. ut faisons le bien ; et c'est le Christ lui-même que nous formons en
supr. nous. »
LES DIFFÉRENTES « Les différentes heures de la journée, dit S. Grégoire, se
HEURES OE LA VIE
retrouvent dans notre vie : le malin, c'est l'enfance ; la troisième
heure, la jeunesse où déjà se fait sentir la chaleur des passions ;
la sixième, l'heure de midi, c'est la maturité do l'Age avec toutes
les forces de l'homme dans leur plénitude; la neuvième où le
soleil se penche vers son couchant, c'est la vieillesse avec ses
déclins : et enfin la onzième l'Age de la décrépitude où la journée
fircpor. ui supr. n . 2 . tend vers sa lin. »
Les hommes peuvent entendre l'appel de Dieu à toutes les
heures de leur vie. « Et pour faire son appel, dit S. Jean Chry
sostôme, Dieu choisit l'heure à laquelle il les sait le mieux dis
( l i r v s . ut supr. n. 3. posés à y répondre. Ainsi fit-il pour S. Paul, pour le larron. »
« Que signifie celle parole dite purquolquos-uns de ces ouvriers:
Personne ne nous a embouchés? Itciuarqucz, dit S. Jean Chry
sostôme. qu'elle est donnée pour excuse par les ouvriers oisifs.
Etait-elle vraie ? Dès le matin, le père de famille était venu pour
louer tous les travailleurs disponibles. S'il ne relève point celte
ib. parole, c'est pour ne point les rebuter. » Quand nous répétons
cette parole et que nous prétendons que, si nous avons perdu
jusque-là notre vie, c'est parce que nous ne trouvions point
d'emploi à lui donner, sommes-nous sincères? Si nous nous étions
mis plus tôt à la disposition de Dieu, il nous aurait employés à ses
œuvres. A tout Age on peut cire un ouvrier de Dieu.
Que ceux qui se sont mis a son service de bonne heure y persé
vèrent avec amour, comptant pour leur persévérance sur la pro
tection du Maître : qu'heureux d'être au service d'un tel Maître,
ils fassent bon accueil à ceux qui y viennent plus tard, et que ceux
qui y viennent tardivement fassent leur travail avec joie et recon
naissance.
NE PAS DIFFÉRER • Mais quand nous sommes appelés ne différons pas. dit S. Au-
CCXXVII — LES OUVKIEKS DE LA VIGNE 91
CCXXVIII
v o u s l u i d i t e s : V o u s b l a s p h é m e z , p a r o e q u e j'ai d i t : J e s u i s
T
le F i l s d e D i e u . - *•
« Si on peut appeler dieux ceux qui participent à Dieu en rece
vant sa parole, à combien plus forte raison celui qui participe à
id. ib. Dieu en tant «pie Verbe de Dieu » celui que le Père a sanctifié et
envoyé dans le monde, qu'il a sanctifié avant de l'envoyer, qu'il a
sanctifié par conséquent avant tous les temps. « qui a été sanctifié
irf. ib. par le seul fait de sa naissance. »
r.hr>f. ui supr. Après avoir donné cet adoucissement à leurs préventions, après
avoir jeté ce pont, il prouvée nouveau la vérité qu'il avait aiiirmée:
NOUVELLE AFFIRMA- il la démontre avec douceur, mais aussi avec fermeté. S i je n e
v
TiON DE SA DIVINITÉ f i pa s ai s oeuvres de m o n Père, n e m e croyez pas.
e s - **•
LA PREUVE PAR LES M a i s si je l e s fais, e t q u e v o u s n e m e c r o y i e z p a s , c r o y e z
ŒUVRES ^ m e s œ u v r e s , afin q u e v o u s c o n n a i s s i e z e t q u e v o u s
c r o y i e z q u e l e P è r e e s t e n m o i e t q u e je s u i s d a n s l e P è r e . »• a.
c Puisque nous ne pouvions voir la substance elle-même de la
divinité, dit S. Jean Chrysoslénie. le Sauveur nous montre dans
chrys. utsîipr. légalité des œuvres l'égalité de la puissance. » « Si les voiles de
l'humanité assumée cachent le Fils de Dieu, dit S. Iliiairc. notre
foi s'appuiera sur les œuvres. Comment le mystère de sa nais
sance humaine empêcherait-il de croire à sn naissance divine si
la nature divine continue à se manifester dans les œuvres ? • Que
u n i r , d e Trinit. i. 7. I o n regarde ses œuvres et il sera facile de voir que le Père est en
n i 6
* ' lui ot agit avec lui dans toutes ses œuvres.
« Des hommes, dit S. Augustin, peuvent dire : le Père est en
moi et moi je suis en lui. Si nos pensées sont droites, nous sommes
en Dieu, et si notre vie est bonne. Dieu est en nous : nous qui
participons à sa grâce et sommes éclairés par lui. nous sommes
on lui et lui en nous, mais non de la même façon que Dieu était
dans le Christ, ot le Christ en Dieu. Vous clos on Dieu parce que
Dieu vous tient dans sa main, ot Dieu est en vous parce (pie vous
êtes le temple do Dieu. Mais qui de nous pourrait dire : Celui qui
me voit voit mou Père! Le propre do J . - C . c'est l'égalité avec le
Père : la grâce faite au serviteur, c'est la participation à la grâce
Au*, ut supr. n. 1°. du Sauveur. »
« Je ne suis rien moins que le Père, tout en demeurant son Fils,
nous dit-il : ot le Père n'est pas autre chose que moi. tout eu
);hrys.iiomii.oi.n.3. demeurant Père. » Si nous aimons à rencontrer l'union, l'union
allant jusqu'à l'unité, l'unité signe de perfection, c'est là que nous
devons la chercher.
t Nous trouvons sur terre, dit S. Hilaire. une image grossière
do cotte unité dans le feu. H y a dans le feu la lumière, la chaleur,
la puissance, l'activité, et tout cola est dans une seule et môme
nature : on ne peut pas séparer la lumière de la flamme, ni la
flamme du fou. Le fou a celte infériorité de ne subsister que par
iiiiar ui supr. p. i% des aliments qu'on lui fournit sans cesse. > Mais suppose/ un feu
CCXXIX — LA RÉSURRECTION DE LAZARE
CCXXIX
l'amour, dit Rupcrt, elle vont dans la douleur de son cœur, avec
une foi pleine d'humilité, ailirmor la puissance de celui qui les
Ropert. h. 1. aimait. » Maintenant qu'y a-t-il à faire ! Elle sait que tout ce qui
est à désirer dans la circonstance présente, il l'obtiendra de Dieu
par sa prière : elle sait que sa prière est puissante auprès de
Chrys. ut. supr.
Dieu ; elle ne sait pas encore qu'il peut tout par lui-même. Sa foi
u. 3 . à la divinité du Sauveur est encore imparfaite.
Aut;, ut. supr. n. 13. Au reste, elle s'en remet complètement à lui.
Je s a i s q u e p r é s e n t e m e n t D i e u v o u s a c c o r d e r a t o u t c e q u e
vous lui demanderez.
Quelle sagesse en ces femmes ! dit S. Jean Chrysostôme.
Quand elles rencontrent J . - C , elles ne se répandent pas en san
glots, comme nous le faisons, quand, dans nos deuils, nous ren
Chrys. u t . snpr. controns nos amis. Kilos le traitent aussitôt comme un maître.
LA PROMESSE DE Jésus veut apprendre à Marthe que l'idée qu'elle se fait de sa
JESUS
puissance est incomplète : mais au lieu de lui montrer son erreur,
il lui annonce l'œuvre qu'il va accomplir. U l u i d i t : V o t r e f r è r e
id. i b . ressuscitera.
Jésus n"a point précisé le moment ; aussi Marthe ne veut point
regarder cette promesse comme une promesse personnelle et
immédiate. O u i , j e s a i s , d i t - e l l e , qu'il r e s s u s c i t e r a à l a r é s u r
r e c t i o n , a u d e r n i e r jour. ». H.
E t J é s u s l u i d i t : J e s u i s l a r é s u r r e c t i o n e t l a v i e . Celui
q u i c r o i t e n m o i . fut-il m o r t , v i v r a . E t q u i c o n q u e v i t e t
c r o i t e n m o i n e m o u r r a j a m a i s . C r o y e z - v o u s c e l a ? < Voilà v. Îo-S.
ce qu'il fallait croire, la doctrine de la résurrection, et de la résur-
leetion par J . - C . C'est à cette doctrine qu'avant de ressusciter
Lazare, il élève l'Ame de Marthe et des assistants. Tl veut que l'on
sache que c'est par sa propre puissance qu'il ressuscitera les
morts et qu'il n'est pas nécessaire qu'il soit présent, d'une puis
sance corporelle ; car il est la vie. Puisqu'il est la résurrection et
la vie. ne vous troublez point en face de la mort : croyez seule
ment. Kt quand la mort reviendra, ne la craignez point : la mort
id. i b . n'a pas été victorieuse de lui, elle ne le sera pas de vous. »
Marthe a compris que Jésus ramenait sa pensée sur sa personne.
« Kilo n'a pas compris tout ce qu'il y avait dans les paroles de
Jésus : cependant elle y voit de grandes choses, et elle se contente
id. i h . do faire à Jésus une profession de foi générale sur sa personne. »
Oui, S e i g n e u r , je c r o i s q u e v o u s ê t e s l e Christ, l e F i l s d u
Dieu vivant, qui êtes v e n u dans ce monde. r. r.
« Kt toutefois, dit S. Augustin, si nous voulons bien y regarder*
nous verrons (pie tout est inclus dans cette profession de foi. Je
crois que vous êtes la résurrection, que vous êtes la vie, que celui
qui croit en vous, même s'il meurt, sera vivant ; et que celui qui
Aut. m. supr. n. 1 5 . vit et croit en vous, ne mourra jamais. »
CCXXIX — LA RÉSURRECTION DE LAZARE 105
rcxxix - LA RÉSURRECTIOX.DK LAZARE
E t J é s u s p l e u r a (1).
« Ne scmhle-t-i) p;is. dit S. Jean Chrysostôme. qu'il vienne non
pour ressusciter un mort, mais uniquement pour pleurer sur lui ? » Chrys. ut m p r .
Oh ! larmes bénies, qui donnèrent occasion de voir combien il les
aimait, et qui nous révèlent la tendresse du cœur de Jésus ! Kilos
nous révèlent aussi à nous-mêmes ce que nous sommes. « Il
pleure, dit S, Cyrille, sur la déchéance de l'homme qui formé à
l'image de Dieu est devenu la proie de la mort. » Cyrill! ni. supr.
< Mais pourquoi pleurer s'il va le ressusciter ? Il pleure, dit
S. Ilippolyte, pour nous apprendre à compatir aux misères des
autres, à compatir non pas seulement en paroles, mais par une Hipuolvt. io.resurr.
Laz. Pit'ra. Aualect.
compassion réelle ; il pleure pour ordonner notre amour. » S . t.
« Il ne 'veut pas, dit S. Ambroise, que son Kglise pleure seule
sur les misères des pécheurs ; il prend part à toutes les douleurs
de sa bien-aiméo. » Quelle consolation ce sera pour elle et pour Ambres, dm Pœnilent
I. *. c. 7 n. 57.
toutes les Ames qui pleurent de savoir que Jésus a pleuré avec
elles, < O Seigneur Jésus, combien je souhaite que vous veniez à
ce tombeau qui renferme mon Ame coupable, et que vous répan
diez vos larmes sur moi, car mes yeux sont trop socs et je n'ai pas
de larmes capables de laver mes péchés. Mais si vous répandez
vos larmes sur moi, ce sera pour moi le salut. » ib. c. S o . 7 1 .
S u r q u o i l e s J u i f s d i r e n t : V o y e z c o m m e il l ' a i m a i t I
Mais quelques-uns disaient : Lui qui a ouvert les y e u x
d'un a v e u g l e - n é , n e p o u v a i t - i l p a s e m p ê c h e r q u e c e l u i - c i n e
mourût ?
Toujours la même dureté! Le miracle qu'il a fait, et dont ils
témoignent, ne sert qu'à les rendre plus exigeants. Chrys. ut. supr.
Ils ne savent pas non plus s'élever plus haut qu'à la pensée
d'une guérisou qu'il aurait pu apporter, « Ou croît que son pou
voir n'allait pas plus loin que de l'empêcher de mourir... On croit
qu'il n'a que des larmes et cotte frémissante horreur à donner à
un tel mal. Voilà tout le genre humain dans la mort; il n'y a qu'à
pleurer son sort, on n'y voit aucune ressource. » Hossuet. ut supr.
bonne est avec la Loi, mais celui qui vit mal est sous la Loi,
écrasé par elle. Jésus dit : Ofez la pierre, c'est-à-dire, faites que
le fardeau de la Loi no pèse plus sur cet homme, enseignez-lui la
Auff. ot. snpr. n . 32. grâce, faites pénétrer partout l'esprit. »
J é s u s d i t : Otez la pierre. T.
J.-C. COMMANDE Quelle autorité on sent dans cette parole ! On y sent le maître
de la vie. Mais pourquoi veut-il qu'on été la pierre ? Ne pouvait-il
pas l'appeler à travers cet obstaele ? Ne pouvait-il pas, lui qui,
par sa parole, a fait marcher un homme mort, lié de bandelettes,
par sa parole renverser cette pierre ? 11 veut que tous se
convainquent que le ressuscité qui va apparaître à leurs yeux est
bien Lazare : il veut qu'on ne puisse pas dire comme on Ta fait
Chryg. Homil. 6 3 . pour l'avcugle-né : C'est lui. ce n'est pas lui. »
« M veut que l'on ôte la pierre, dit S. Augustin, car Dieu aime
Au*. Serm. 9 5 . à associer l'homme à son action, et il veut que ce qui est au
App. Al. 10i d e temp.
n. ,*;. pouvoir de l'homme *oit accompli par lui. »
CRAINTE DE MARTHE M a r t h e , la s œ u r d u m o r t , l u i d i t : S e i g n e u r , il s e n t d é j à
m a u v a i s , c a r il y a q u a t r e j o u r s qu'il e s t m o r t . < Clic n'avait T. 39.
donc pas compris, dit S. Jean Chrysostôme, la promesse que
J.-C. lui avait faite tout à l'heure, quand il avait dit : Même s'il
est mort il vivra, et elle croyait qu'il n'avait voulu faire qu'une
Chrys. ut supr. pieuse visite au tombeau de son ami : et devant celte demande,
elle était effrayée do l'état humiliant où Ton allait trouver son
frère. » « On se hâte d'enterrer les morts avant qu'Us sentent
mauvais, dit S. Cyrille, par respect pour eux, et aussi afin qu'ils
y riII. ut. supr. n'inspirent pas de répulsion aux vivants. » Kt voilà toutes ces
précautions qui allaient devenir illusoires. « Mais toutes ces cir
constances, dit S. Jean Chrysostôme. et en tous ces hommes qui
viennent au tombeau, qui enlèvent la pierre, qui délient le ressus
cité, le témoignage de tous leurs sens, de la vue. de l'ouïe, de
l'odorat, et les craintes des sœurs rendront impossible la suppo
Cforys. ut. supr. sition d'une supercherie. »
APPEL A LA FOI J é s u s l u i r é p o n d i t : N e v o u s ai-je p o i n t d i t q u e s i v o u s w. 40.
croyez, v o u s verrez la gloire de Dieu ?
Il lui avait annoncé, si elle avait la foi. une résurrection pleine de
gloire pour son frère. Dans ce moment il appelle cette rouvre la
gloire de Dieu. Au lieu des horreurs de la mort qu'elle craint de lais
ser voir aux assistants dans le cadavre de son frère c'est la gloire de
Dieu qui s'y manifestera dans une complète victoire sur la mort.
C'est la gloire de Dieu plus encore que la consolation de son
cteur qu'il invite celle àme à voir dans cette résurrection.
Jésus réclame la foi de Marthe, sinon comme la condition, au
moins comme l'accompagnement nécessaire du miracle. Comment
mettre eu face de la gloire de Dieu une àme qui no serait pas
livrée à Dieu par la foi?
C'est la foi qui nous introduit dans le monde surnaturel. « À
CCXXIX — LA RÉSURRECTION DE LAZARE 109
le mulheur d'y tomber. Jésus donne une promesse dans les trois
morts qu'il ressuscite.
« J . - C . dit S. Augustin, a ressuscité la fille du prince de la
synagogue dans sa maison ; le fils de la veuve de Naïm. à la porte
de la ville ; Lazare déjà enseveli depuis quatre jours, dans son tom
beau. »
« Le péché, qui est la mort de l'àme, quelquefois n'est que dans
la pensée. Vous vous êtes complu dans le mal et vous avez con
senti à cette complaisance : vous avez commis un péché ; car le
seul consentement donne la mort à l'Ame, mais la mort demeure
an-dedans. C'est la résurrection d'une telle âme qu'annonce J.-C.
en ressuscitant cette jeune fille dans l'intérieur de la maison. »
« Si en vous abandonnant à la délectation, vous avez commis
une faute extérieure, le mort est dehors : si vous voulez vous
repentir, J.-C. vous ressuscitera et vous rendra à votre mère
TKglise. »
« Et il y a une espèce de mort qui est vraiment horrible, c'est L
* * 0 R T
COMPLÈTE
l'habitude mauvaise. Celui qui a l'habitude du péché est déjà
enfermé dans son tombeau, il porte avec lui sa corruption : on dit
avec justesse de l u i : / / sent mauvais ; ses mauvais exemples
répandent une odeur de mort. Vous lui dites : Ne faites donc plus
cela ! Vous cnLond-il celui que la Lerre éloulfe, qui est dévoré par
id ib
la corruption, qui est écrasé par le poids de l'habitude? » - -
« Il y a des hommes qui nous paraissent vivants, dit S. Jean
Chrysostôme, et qui sont morts, parce qu'ils sont dans le péché,
et qui sont en pire état que les morts. »
« Ils ne sont pas dévorés par les vers, c'est vrai, mais ils sont
dévorés par les passions plus hideuses «pie les vers. •
« Leurs yeux ne sont pas clos, c'est vrai : mais ils ne sont ou
verts que pour introduire dans l'âme des poisons toujours plus
nuisibles. »
« Leur corps ne pourrit pas encore, c'est vrai ; mais leurâino
est dévorée par la corruption, et leur bouche est pleine d'im
pureté. »
« Le corps subit une seule fois la corruption qui est selon les
lois de la nature ; la corruption se renouvelle constamment dans
lamo pécheresse. Kt si ce mort se meut encore, c'est pour prome
ner partout autour de lui sa mort et sa corruption. »
< Si vous pouviez voir l'àme de ce pécheur qui vit dans les
délices, vous verriez qu'il vaut beaucoup mieux être couché dans le
tombeau, lié. que d'être enchaîné dans les liens du péché, avoir
sur soi une dalle de pierre qu'un couvercle d'endurcissement. »
« La tête de ce mort qui est au tombeau est cnvclopppéc d'un
suaire : mais en celui qui s'abandonne à l'ivresse des sens, la tête
n'est-elle point plus prise encore ? Ses mains sont liées ; mais lava-
112 CCXXIX — LA RÉSURRECTION D E LAZARE
ricc no los lic-t-clle pas aussi? Sos pieds sont liés, mais le pécheur
quand il s'agit d'aller à Dieu n'a-t-il pas los pieds liés? «
f.lirv«. Iloniil. 17. in « Kt quel est le fossoyeur de ces tristes funérailles ? c'est le
"Mallh. n. i. démon lui-môme. »
POUVOIR DE JÉSUS « Cependant, dit S. Augustin, si complète que soit la mort en
SUR UNE TELLE MORT de telles âmes, la vertu du Christ n'est pas moindre pour les
L ' K V Â M ; I L E M K I M T K A V K C I.KH P F H K S , T . t. f
CGXXX
chôment. Jésus pouvait leur dire : C'est vous qui êtes toujours
• demeurés fermes avec moi dans toutes les persécutions que fai
lac X X I I . j . ' r
ï f Chrys • ut supr.
18. subies. » o. 4.
Et la P â q u e d e s Juifs approchait, e t beaucoup d e cette
. xi. 55. r é g i o n a l l a i e n t à J é r u s a l e m p o u r s e purifier.
Ils cherchaient donc Jésus e t s e disaient entre e u x , se
tenant dans le temple : Que v o u s e n semble ? Pensez-vous
r. 56. qu'il n e v i e n d r a p a s à l a f ê t e .
Or l e s p o n t i f e s e t l e s P h a r i s i e n s a v a i e n t d o n n é Tordre que,
s i q u e l q u ' u n s a v a i t o ù il é t a i t , il l ' i n d i q u â t afin q u ' o n le
i. 57. saisit.
« Si les descendants de ceux qui ont donné cet ordre, dit S. Au
gustin, voulaient savoir où est le Christ, nous le leur dirions, et
nous leur indiquerions le moyen de le saisir. Mais, dira-t-on,
comment saisir un absent, saisir celui qui est dans le ciel ? Vous
pouvez le saisir par la foi : vos ancêtres l'ont possédé par les sens ;
vous, vous le possédez par le cœur. Car il est encore présent
quoique absent ; il a emporté son corps au ciel, mais il n'a pas A u g T r ^ i n J o t n #
CCXXXI
Pendant que le Sanhédrin méditait sur les moyens de le faire RETOUR DÉFINITIF
mourir, Jésus s'était donc retiré à Kphrem. C'est de là qu'il partit
pour accomplir cette manifestation solennelle que ses proches lui
ta. vu. G. demandaient depuis si longtemps et qui devait le conduire à la
mort. D'Kphrcm il se dirigea d'abord sur Jéricho pour se joindre
aux pèlerins, nombreux sur cette route.
Ils é t a i e n t d o n c e n c h e m i n , m o n t a n t à J é r u s a l e m ; e t J é s u s RÉSOLUTION DE JÈSUS
les précédait. Ils étaient d a n s la stupeur, e t e n le s u i v a n t
fer. X.M. i l s é t a i e n t r e m p l i s d e c r a i n t e . Jésus portait sur son visage
lV.vpression d'une résolution extraordinaire: ils sentaient qu'il
allait au devant de grands périls. Il leur avait parlé d'un baptême
mystérieux dont il devait être baptisé, et à sou altitude, ils
voyaient qu'il allait au devant de ce baptême.
Et d e n o u v e a u p r e n a n t à part les douze, il s e m i t à leur S U P R É I E RÉVÉLATION
». révéler ce q u i allait arriver.
118 CCXXXf — TROISIÈME PRÉDICTION DE LA PASSION
rait être sauvée sans le Christ : à moins que son mari ne fut mort
après la vocation de ses enfants. Malgré la faiblesse de son sexe et
son Age avancé, elle s'était donc mise à la suite du Sauveur: la foi
ne connaît point la vieillesse et la piété ne sent point la fatigue.
Tout cela lui donnait confiance, et sou amour maternel lui donna de
Opus imperfecl. l'audace pour faire sa demande. » « Les fils de Zébédée, ayant
Ho mil. 3 5 .
honte de présenter eux-mêmes leur demande et pensant que le
C h r t s . Homil. 65 Sauveur ne pourrait rien refuser à leur mère, préféraient qu'elle
In M i u h . n. 2 . fut présentée par celle-ci. >
Comme une autre mère célèbre dans l'histoire du peuple Juif,
Bethsabée, elle demande une grâce sans rien préciser, pensant que m. iu*. i
w
Jésus, si large dans ses dons, ayant fait une promesse, ne pourra '
plus la retirer. La seule chose qu'elle fait connaître, c'est que
cette grAce lui tient nu cœur, et c'est pourquoi elle accom
pagne sa demande des démonstrations du plus profond respect.
M a i s J é s u s déjoue sa ruse, et tout d'abord l u i d i t : Q u e v o u l e z -
v o u s ? « afin que la demande exposée au grand jour apparaisse
Opus ioaperf* dans son étrangeté. »
E l l e d i t : O r d o n n e z q u e m e s d e u x fils q u e v o i l à s i è g e n t
l'un à v o t r e d r o i t e e t l ' a u t r e à v o t r e g a u c h e , d a n s v o t r e
royaume. Matih. «-*
C'était une demande singulièrement osée. % On peut, dit
S. Ambroise, l'excuser dans une certaine mesure en considé
ration de son amour maternel. S'il y a là une erreurj-c'est Terreur
de son cœur: le cœur d'une mère ne sait pas attendre. Quand
elle aurait été en droit d'attendre soutien et consolation de la part
de ses enfants, elle acceptait, à cause de la récompense qu'elle
Ambros. I. R. de Dde
espérait pour eux, d'en être abandonnée. Avant de la juger, rap
c. 5. pelez-vous qu'elle est mère. »
« Puis il faut bien reconnaître, ajoute S. Ambroise, que
la Passion du Sauveur ne l'avait pas encore transformée : elle était
Ambros. ib. encore une fille d'Eve. » Elle accomplissait aussi un grand acte de
foi. « Les Juifs préparaient leur coup demain contre Jésus, dit
S. Basile de Séleucie. Jésus parlait de sa Passion ; les Apôtres
étaient dans la terreur, et cette femme voit sur son trône celui qui
doit être crucifié et elle lui demande un trône pour ses enfants. Son
acte de foi est semblable à celui du larron en croix parlant, à
Basil. Scleac, in illnd celui qui est crucifié avec lui, de son royaume. » Mais se rendait-
/»/c Ht t e tirant.
elle compte de ce qu'elle demandait ? Jésus profite de son erreur
pour élever nos âmes à la connaissance des plus hautes vérités.
CONDITIONS INDIQUEES S'adressant aux fds de Zébédée, car il sait que c'est à leur
PAR J.-C. demande que leur mère lui a fait sa requête, t et il voulait
aussi, dit S. Ambroise, user de ménagements envers la mère, »
J é s u s d i t : V o u s n e s a v e z p a s c e q u e v o u s d e m a n d e z . « S'ils *• &
avaient su ce qu'ils demandaient, s'ils avaient connu les conditions
supérieures à toutes les forces naturelles qui s'imposent à ceux
I/AMBITfON DKS FILS i)K Z&lifcD&R 121
ce qui doit leur donner confiance : c'est une grâce qu'il leur fait ;
a r m
définis Zehfld. P * pourront faire ce qu'ils promettent de faire. »
LES PLACES Mais q u a n t à s i é g e r à m a droite o u à m a g a u c h e , ce n'est
DANS
A\A°D*s posmoN ou
U SE p a s à m o i à v o u s l e
d o n n e r ; cela e B t r é s e r v é à c e u x à q u i
PERE m o n P è r e Ta p r é p a r é . »• *•
Qu'est-ce à dire ? N'est-il plus égal à son Père ? N'est-ce pas
lui qui les a appelés ? En se refusant à faire cette promesse ne
fait-il pas entendre, comme le dit S. Jean Chrysostôme, que son
tronc est si élevé, à la droite de son Père, que personne ne peut
id. ut s u p r . n. 3 . s'asseoir à sa droite et à sa gauche ?
Il y aura des trônes pour les élus, des trônes pour les Apôtres,
il le leur a promis ; mais ce n'est pas le moment de régler les pré
séances. Elles appartiendront à ceux qui les auront méritées
par leurs travaux. (Vest ainsi que le juge des jeux du stade, dit
S. Jean Chrysostôme, sollicité à l'avance pour des athlètes, répond
que ce n'est pas à lui à distribuer les couronnes, qu'elles apppar-
tiendront à ceux qui les auront méritées, voulant faire de la justice
"L ib. et non des faveurs.
Toutefois il nous fait entendre que ce n'est pas la justice seule
qui préside à la distribution de ces places ; elle est réglée par un
ordre supérieur à la justice, dans les décrets éternels de Dieu, où
la grâce a et doit avoir la pemière place. C'est à son Père que
nous devons nous en rapporter.
c C'est à l'homme, dit S. Ambroise, que cette mère avait fait sa
demande : et Jésus lui fait entendra que c'est Dieu seul qui distri
bue les récompenses promises. 11 dit : Ce n'est pas à moi à les
donner, comme il avait dit : Ma doctrine n^est pas ma doctrine.
AmhroR. i. n. de flde. Maïs puisqu'elle s'était adressée à l'homme, il leur fera part de ce
t.. a. n. 7S-;i». qu'il possède e n tant qu'homme, il leur fera part de sa Passion. »
Il jette donc un voile sur ces questions de préséance dans son
mur. in Maiih. royaume. Moïse et lîlie y seront: quelle y sera leur place? Quelle
t. m n. îo. j p j . £ J - n a p t i s t e qu'il a déclaré le plus grand de
a i U c Q eall
ceux qui sont nés de la femme ? Qu'il leur suflise de savoir que
leur récompense sera grande à l'excès, et que c'est un honneur
pour eux d'être admis au partage de ses souffrances. « La demande
que les fils de Zébédée ont faite dans un sentiment trop humain,
il ne la repousse ni ne la concède : il ne veut ni les pousser à
la présomption ni les attrister : mais il ne veut point qu'ils laissent
le trouble entrer dans leur Ame pour ces questions de préséance :
chrys. ut supr. c'est pour cela qu'il jette sur elles un voile. » Et ce voile relève la
grandeur des mystères de la vie future.
» Apprenons par cet exemple, dit Bossuct, à boire le calice de
notre Sauveur, selon qu'il lui plaît de le préparer... On nous fait
une injure, ne regardons pas celui qui nous déchire : que la foi
nous fasse apercevoir la main de J.-C. invisiblement étendue pour
nous présenter ce breuvage Quoi J.-C. vous le présente, et
L'AMBITION DES FILS DE ZKRÊDÈE 123
C'est la leçon que Jésus profitant de leur erreur va nous donner. LEÇON SONNÉE PAR
JÉSUS
L'humble et doux Maître ne fait point de reproches aux Apôtres
pour la faute qu'ils commettent en cotte circonstance : il ne fait
point de reproches aux deux frères pour la faute qu'ils ont
commise avant eux. 11 profile de leur faute pour leur indiquer la
nature et les moyens de la véritable grandeur. Chrys. ib.
ib. Ce sont les Gentils abhorrés des Juifs, les Gentils privés de la
vraie lumière cl de la grâce d'en haut qui agissent ainsi. « Ceux
ib. qui veulent dominer comme eux se meltent à leur niveau. »
Il n'en s e r a p a s a i n s i p a r m i v o u s : m a i s il f a u t q u e c e l u i
qui voudra être le plus grand parmi vous, soit votre servi
teur ; T . 26
T
Et que celui qui voudra être le premier soit votre esclave, -
Oui c'est le fait d'un payen d'abuser du pouvoir pour exercer
la tyrannie : c'est le fait d'un payen de se contenter d'une gran
deur extérieure. « La vraie grandeur est intérieure : elle n'est pas
dans le nom ou dans les hommages du dehors. La grandeur
extérieure s'impose par la violence et la crainte : la vraie gran
deur est semblable h la grandeur de Dieu ; elle existe même quand
on ne la connaît pas : et le superbe, même quand il reçoit des
chfTs. nt supr. n. s. hommages demeure avec toutes ses misères. »
« Les louanges qui sont données à l'orgueilleux sont factices et
contraintes, c'est pourquoi sa gloire tombe vite. Celui qui s'attache
à la grandeur véritable s'y attache par la volonté, par une volonté
invincible et c'est pourquoi elle est stable en lui. »
« L'orgueilleux méprise les hommes, et cependant il en exige
des louanges : quelle contradiction ! Et il veut recevoir d'eux des
honneurs toujours plus grands. L'homme humble au contraire
fait cas des hommes : il regarde comme étant au-dessus de ses
mérites toute louange qui vient d'eux. »
<c L'âme humble ne se laisse captiver par aucune passion, ni
par l'amour de la gloire, ni par l'envie, ni par la jalousie, ni par
la coK*re ; 1 âme orgueilleuse au contraire est sans cesse en proie
à ces vices : laquelle est la plus grande Y Lequel est le plus avisé
de l'oiseau qui s'élève au-dessus de tous les pièges, ou de celui
id. ib. qui vient se jeter dans les mains du chasseur f »
« Q ? i e peut-il y avoir de plus grand pour l'homme que d'offrir
un sacrifice à Dieu ? C'est l'âme humble qui offre à Dieu le sacri-
H>. fiée <pie Dieu agrée. » Heureux donc ceux qui dans l'humilité
servent leurs frères ! Ils sont arrivés à la grandeur véritable.
Ils sont les véritables bienfaisants ; ils amènent les hommes à
l'unité et au bien par la seule persuasion « Pendant qu'ailleurs
régnent la contrainte et la violence, les Apôtres du Christ qui
doivent régner sur les âmes, ne doivent exercer leur empire que
OrisTii. nt supr. par l'amour (pie leur porteront leurs subordonnés. »
« A l'encoutre des princes de ce monde, les princes de l'Eglise
sont établis pour servir ceux qui sont au-dessous d'eux, et leur
donner ce qu'ils ont reçu de J.-C.. pour songer à l'intérêt des
autres en oubliant leur propre intérêt. C'est pourquoi il n'est ni
juste, ni utile de désirer la primauté dans l'Eglise : le sage ne
tient pas à s e soumettre de lui-même à la servitude, ni à assumer
L'AMBITION DES FILS DE ZÉBÉDÉE 125
cette grave responsabilité d'avoir à rendre compte pour toute une <)png . mpfirJ
Eglise. » ut supr.
« Donc désirer la primauté c'est à la fois vanité et folie : une
charge impose des devoirs : l'Apôtre sera loué de Dieu non parce
qu'il aura été Apôtre, mais parce qu'il aura bien accompli les
devoirs de l'Apôtre. La supériorité ne peut être bien portée que
par celui qui la craint. » >*>•
L'autorité fait grandir ceux qui en sont les dépositaires et elle
devient bienfaisante, si on en use comme le Christ, pour servir
autrui : G o m m e l e F i l s d e l ' h o m m e q u i e s t v e n u n o n p o u r
être servi, m a i s pour servir, e t donner sa v i e pour la
». *8. r é d e m p t i o n d e b e a u c o u p . « S'il a été servi par Marthe et par
les Anges, il n'était pas venu pour cela : il est venu pour servir. .
Et il a voulu dans le service aller jusqu'à la mort, pour notre Orijren. ut supr. n. 8.
salut, pour le salut de tous en droit, en fait pour le salut de beau
coup, pour le salut de ceux qui ont voulu croire en lui.
Il est venu donner sa vie. « Ainsi donc quoique vous fassiez,
vous ne pourrez jamais vous humilier et vous abaisserautantqu'il
l'a fait. Vous, quand vous vous humiliez, vous le faites pour
vous : et quand il s'humiliait, il le Taisait non pour lui, mais pour
vous. C'est par ses humiliations qu'il est entré dans sa gloire, et
qu'il a relevé toutes choses avec lui. Ne craignez donc pas de
nuire à votre honneur en vous abaissant : vous préparez au con
traire votre grandeur : en vous exaltant, vous vous nuisez à vous-
mêmes. » - «t supr. n . X.
C h r v B
G n é r l e o n «le l'aveugle de J é r i c h o ,
E t e n e n t e n d a n t l e b r u i t d e l a foule q u i p a s s a i t , i l d e m a n d a
c e qu'il y a v a i t . E t o n l u i d i t q u e c'était J é s u s d e N a z a r e t h
tu XVIII.
1W7. qui passait.
a Jésus, dit S. Augustin, était la vraie rose dont parle la
16
fecli. XXIV. S Ecriture : J'ai été comme la rose plantée en Jéricho, la rose
18.
toute blanche de la candeur de la sainteté, la rose toute vermeille
de son sang répandu. El comme la rose se trahit par son parfum
avant qu'on ne s'approche d'elle, ainsi cet aveugle de loin sentit
le parfum de sa divinité. » Au*, serm. 349. n. 5
(pii passe, celle parole n e sera pas sans avoir pour eux quelque
sens. « 1/aveugle qui a déjà une certaine foi au Sauveur esl assis
(îregor. ut supr. près de la voie, »
Mais l'aveugle qui fut guéri par le Sauveur mendiait. « Si celui
(pli a la foi a u Sauveur, qui est assis a u bord du chemin, ne sait
pas prier pour recevoir le don de la lumière éternelle, il oublie de
CCXXXII — OUŽRISON DE L'AVEUGLE DE JÉRICHO 129
mendier. 11 faut qu'il reconnaisse qu'il est aveugle, qu'il est dénué
de tout, il faut qu'il mendie. » ib.j
t Et quand il apprend que c'est Jésus qui passe, il faut qu'il se
mette à l'implorer en criant : il faut qu'il cric par toutes les fibres
de son cœur, par toutes les voix de son âme : Jésus, fils de
David, ayez pitié de moi ! » ib.
Quelle est cette foule dont le bruit couvre la voix de l'aveugle ?
« C'est la foule des désirs charnels et le tumulte des vices qui
mettent le trouble dans nos pensées et l'agitation dans nos prières,
qui empêchent notre voix d'aller jusqu'à J . - C II faut que nos cris
soient assez forts pour les dominer. » Au*, ut s u p r .
« Ils nous crieront de nous taire quand nous ferons appel à
Dieu ; ils s'interposeront entre nous et Dieu. » « Quand nous Gregor. utmpr. n. i.
voudrons nous tourner vers J . - C , les chrétiens tièdes nous diront
que c'est inutile. » Au*, ut » p r .
Et r aveugle criait fou/ours plus fort. « Plus nous sommes
empêchés par les pensées charnelles, plus il faut que notre prière
devienne ardente ; et .que, plus on veut étouffer nos cris, plus ils
deviennent puissants. » L'aveugle n'avait aucun respect humain.
« 11 ne doit plus y avoir de respect humain, dit S. Cyrille, nous p r o p i « M i m * s a -
1 l t 0
devons êtes animés d'une sainte audace, quand il s'agit de sauver ^ J mï"dâe?' ™* s a
notre âme, de trouver Dieu : la foi sait résister à tout, elle sait m e r e f '
vaincre tout. » « Que Ton cric donc, dit S. Augustin, que Ton C j r m . in Lue.
continue à crier sans se laisser arrêter par l'autorité de la foule ;
et ceux qui tout à l'heure voulaient nous faire taire nous aideront ^ " - y'jJJ'
l g
A
i»- Anges. » Qu'y a-t-il de plus précieux que cette lumière ? Souve
nons-nous que dans cette vie, notre grand travail, comme le dit
S. Augustin, doit être de guérir cet œil du cœur par lequel nous
A H - •» wpr. D. s. voyons Dieu.
Et pour cela il faut avoir foi en J . - C . « Si nous le voulons, dit
Origène, comme cet aveugle nous arriverons par la foi à la
lumière. La parole du Prophète doit se vérifier en nous : Si vous
ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. Mais si comme lui, i». vi. 9.
—i . . „ nous avons foi en J . - C . nous arriverons par la foi à la lumière et
a. 9. a la vraie liberté. »
Jésus toucha ses yeux. • C'est par le contact avec J . - C , c'est
An*;, qq. E T . I . i . par la foi à l'Incarnation que nous arrivons, dit S. Augustin, à la
c 4 8
' lumière des choses éternelles. » Aussitôt que nous sommes en
contact avec J . - C , tous les desseins de Dieu pour le salut des
hommes s'illuminent devant nos regards.
Et il suivait Jésus. « Si nous aimons la lumière, combien
devons-nous aimer Jésus qui est la lumière des cœurs, la lumière
id. sera. 349. n s. indéfectible ! » Cet aveugle avait la certitude que, près de Jésus,
il ne connaîtrait plus de cécité d'aucune sorte.
« Dans ce passage et dans cet arrêt que Jésus fait dans le
chemin, » et dans ce voyage qu'il continue, et auquel il permet à
l'aveugle guéri de s'associer, J . - C nous donne un enseignement
sur lui-même et sur nous. « Passer, dit S. Grégoire, c'est l'acte
de l'humanité, tandis que le propre de la divinité c'est de
demeurer. En tant qu'homme il connut la naissance, la croissance,
la mort et la résurrection ; il connut les changements d'un lieu à
un autre. Par sa divinité, il était toujours présent partout. C'était
l'homme qui passait qui fut ému à la vue de ce malheureux ; il
était accessible à la compassion parcette chair qu'il avait assumée
pour nous : et quand il s'arrête il nous apparaît dans la majesté
immuable de la divinité, et c'est dans cette majesté qu'il nous
G r e r o r . n t s n p r - D . f i . donne la lumière. »
(Vest du Dieu qui est au-dessus de tout que nous devons
attendre la lumière : mais c'est le passage du Christ qui doit nous
donner l'occasion de la demander et de la recevoir. « C'est le
passage du Christ qui a réveillé l'attention des hommes aveugles.
Le passage du Christ c'est tout ce qu'il a fait pour nous dans le
temps. Il passait quand il naquit sur terre, il passait quand il
croissait, quand il dormait, quand il mangeait et buvait, quand il
fut pris et attaché à la croix, qu'il fut percé d'un coup de lance :
et maintenant il est remonté au ciel, il est à la droite du Père ; il
ne passe plus, il s'est arrêté pour toujours. Criez vers lui. il vous
Anjr. t e m . 3 4 9 . n. s. donnera la lumière. »
Et vous aurez la lumière, non pas encore la lumière parfaite,
mais une lumière toujours grandissante, si vous voulez le suivre
dans son passage ici-bas, si vous voulez raccompagner dans tous
CCXXXIII — J . - C . CHEZ CACHÉE 131
CCXXXIII
Ambroi. nt snpr.
Zachée sera dans la foule, il ne pourra apercevoir le Christ ; il le
n. 8 8 . verra quand il s élèvera au-dessus d'elle. »
// était petit. « En nous parlant de Texiguité de sa taille, l'Evan
géliste ne veut-il pas aussi nous indiquer l'exiguïté de ses mérites
avant qu'il n'eût connu J.-C. Quelle différence il y a entre lui
et Jean dans son désert, Jean reconnaissant aussitôt le Christ, et
id. n . 87. voyant l'Esprit S' descendre sur lui ! » Qu'ils sont petits, ceux
qui sont toujours dans les intérêts du moment présent !
ZACHÉE Alors, courant e n avant, il monta pour le voir s u r u n
DANS L E S Y C O M O R E
s y c o m o r e (1) ; c a r i l d e v a i t p a s s e r p a r l à . Le sycomore avec
ses branches basses se prêtait à cette ascension.
Et lorsque J é s u s arriva à c e t endroit, l e v a n t l e s y e u x , il
Theophyl. h. 1,
l e v i t . « 11 le vit avant que lui-même vit Jésus. » « C'était, dit
S. Ambroise, un fruit d'un genre nouveau : c'était le fruit des
temps nouveaux dont l'Ecriture disait : Le figuier a produit ses
fruits. J.-C. est venu pour faire produire à la terre non des fruits,
mais des hommes. Il rencontre Nathanaël sous le figuier, Zachée
Ambros. ut supr.
sur le sycomore ; l'un encore sous la Loi, l'autre s'élevant au-
n . 8». dessus de la Loi. »
Et il lui dit : Zachée, hâte-toi de descendre.
INVITATION DE JÉSUS Jésus le connaissait par son nom avant qu'il ne l'eût vu. « Si
Jésus ne l'avait connu, ne l'avait vu à l'avance, dit S. Augustin,
Zachée n'aurait pas cherché à voir Jésus : Dieu appelle ceux qu'il
An g . s e r a . 174. o. 4 . a connus et prédestinés à l'avance.
Hâte-toi d e descendre, car il l a u t q u e je loge aujourd'hui
dans ta maison.
« C'est par un dessein de sa miséricorde qu'il s'invite lui-même
chez cet homme : comme il avait fait acte de miséricorde en
attendant l'aveugle : il savait quelle serait la récompense de cette
hospitalité : et s'il n'avait pas reçu de lui une invitation formelle,
Ambros. nt suur. il connaissait ses sentiments intérieurs. » € Quelle grâce supé
n. 82.
rieure à tout ce qu'il avait désiré ! Il avait voulu seulement voir
A B R . «erm. 113. n. 3. passer Jésus, et voilà qu'il va le posséder chez lui ! »
H le faut. Il semble ne pas faire un acte de liberté, mais de
nécessité. « Il le faut, à cause de l'amour que je te porte : il faut
que je donne satisfaction h cet amour. Il le faut à cause de toi qui
dois posséder la vraie richesse. Il le mut à cause dos pauvres que
Albert, in Lue. je veux enrichir. »
I l s e h â t a d e d e s c e n d r e , e t il l e r e ç u t a v e c joie.
J É S U S OANS LA MAISON « Oui, il a raison de se réjouir, dit S. Pierre Chrysologue. car
DE ZACHÉE
il reçoit celui qui doit un jour accueillir les justes ; il offre sa
nourriture à celui qui nourrit les hommes ; lui coupable, il peut
CCXXXIV
• J R p a r a b o l e de* d i x mine».
Il l e u r d i t d o n c c e t t e p a r a b o l e : U n h o m m e d e h a u t e
n a i s s a n c e s'en a l l a d a n s u n e c o n t r é e é l o i g n é e p o u r ê t r e
u
'* * i n v e s t i d e la r o y a u t é e t revenir.
Jésus aimait à se servir, pour expliquer les mystères du royaume
des cieux, des différents événements que l'on avait chaque jour
sous les yeux, comme des différentes scènes de la nature. On avait
vu dans ces temps les petits princes de ces régions s'en aller à
Rome pour y réclamer, de l'empereur ou du Sénat, l'investiture
royale. Le livre des Machabécs lait cette réllexion: Ceux que lest
Romains voulaient voir sur le trône y demeuraient ; et ils en
•Veh.vm. faisaient descendre ceux qu'ils voulaienl. Lorsqu'après la mort
d'Hérode, son fils Archélaûs se rendit à Rome pour y être mis en
possession de sa couronne, les Juifs envoyèrent une contre-am
bassade pour protester contre son élévation au trône.
Un homme de haute naissance s'en alla dans une contrée L'HOMME
DE HAUTE NAISSANCE
éloignée. « Il est facile, dit S. Cyrille, de reconnaître les mystères
auxquels Jésus fait allusion, de reconnaître dans le Dieu qui s'est
fait homme l'homme de noble naissance, car J.-C. est noble par
sa naissance éternelle ; » « et il l'était aussi, dit S. Basile, par sa Cyrill. in L a c .
descendance de David. » Basil. Cat. Graee. PP.
Cette région lointaine c'est la région où Dieu habite dans sa ALLANT CHERCHER
L'INVESTITURE D'UN
gloire. Bien que Dieu soit proche de chacun de nous, cependant ROYAUME
à cause des conditions de notre vie présente, il y a une distance
infinie entre nous et Dieu.
t Ce départ pour cette région lointaine c'est son ascension au
ciel. Tout en étant homme, il possédait en tant que Dieu la
majesté royale. Après avoir accompli dans sa chair le mystère
de notre rédemption, il est parti pour entrer en possession de son
royaume, c'esl-à-dirc pour recevoir en son humanité cette gloire
que déjà il possédait eu sa divinité, pour placer son humanité à la
droite de son Père. » « Son Père lui a dit : Demandez-moi les Theophyl.
CAPITAL STÉRILISÉ Et u n autre vint, disant : Seigneur voici votre mine que
je t e n a i s c a c h é e d a n s u n l i n g e ; c a r je v o u s c r a i g n a i s , p a r c e
que vous êtes u n homme exigeant, qui redemandez ce que
vous n'avez point donné, e t qui recueillez ce q u e v o u s n'avez
p o i n t s e m é . « 11 y a en effet, dit S. Augustin, des hommes qui se
font illusion à eux-mêmes en disant: Il suffit que chacun s'occupe
de soi. Quel besoin y a-t-il que Ton s'occupe du salut des autres,
et qu'on se charge des responsabilités d'autrui? N'est-ce pas
cntreprendrc-là une tâche excessive ? N'a-t-on pas déclaré inexcu
sables ceux qui n'ont pas reçu la Loi, par la raison qu'ils pouvaient
aller à la connaissance du Créateur par la vue des créatures? N'est-
ce pas là vouloir moissonner où l'on n'avait pas semé? C'est ainsi
Aujr, ut stipr.
que raisonnent ceux qui veulent se dispenser d'avoir du zèle. »
Ce serviteur prétend être quitte envers son maître en lui rap
portant intact le don qu'il avait reçu, le don de la foi, le don de
sa grâce. « Mais il y a une différence entre les richesses matérielles
et les richesses de la grâce, dit S. Jean Chrysostôme : celles-là,
il suilit de les rendre telles qu'on les a reçues, tandis que celles-ci
r.hrys.cat. G r v e . P P . ont besoin qu'on les fasse fructifier » « 11 faut, dit Bède, que ce
que vous entendez de la bouche des docteurs, vous lui donniez
du corps en le faisant passer dans la pratique ; il faut que d'une
Reda. vérité connue vous passiez à la connaissance d'autres vérités. »
11 faut faire part du don que l'on a reçu à ceux qui ne le possèdent
pas. « Comme le riche qui ne fait pas participer le pauvre à ses
richesses, celui qui possède la science cl ne la communique
Amhros. ut snpr. pas aux ignorants, dit S. Ambroise, celui-là se rend coupable
n. 9 5 . d'une faute grave. »
Mais il y a des chrétiens qui prétendent n'avoir pas ce qu'il faut
pour instruire les autres, disent que Dieu est trop exigeant quand
d'eux il réclame de l'action, qu'il n'ont pas reçu ce qu'il faut pour
cela. Le Sauveur semble avoir répondu à cette objection en mettant
l'égalité dans le don reçu. Quiconque a reçu la grâce doit la faire
valoir, et le don qu'il a reçu étant employé ira sans cesse
croissant.
Au contraire celui qui prétend garder pour lui-même le don
reçu, et le rendre à Dieu tel qu'il l'a reçu, qui pour cela l'a enfoui
en terre, en réalité le dissipe, A car, dit S . Ambroise, il étouffe
sous les voluptés charnelles limage de Dieu qui était en lui, il
id. i b . l'enfouit dans la fosse de ses sens. »
LES REPROCHES Le maître lui répondit : J e t e juge p a r ta propre bouche,
PU MAURE
m é c h a n t s e r v i t e u r - T u s a v a i s q u e je s u i s u n h o m m e s é v è r e ,
CCXXXIV - LA PAUAJJOLE DES DIX MINES 141
r e d e m a n d a n t c e q u e je n'ai p o i n t d o n n é , m o i s s o n n a n t c e
r. tt. q u e je n'ai p a s s e m é .
E t p o u r q u o i n ' a s - t u p a s m i s m o n a r g e n t à la b a n q u e ,
1.13. p o u r q u ' e n r e v e n a n t je p u s s e le r e t i r e r a v e c l e s i n t é r ê t s ?
Celui qui a la craiate de Dieu et de ses exigences, au lieu de
s'abandonner à la paresse, devrait au moins se servir de cette
crainte comme d'un excitant. Il devrait, s'il se sent incapable
d'une initiative personnelle, au moins se confier à la conduite
de ceux qui sont plus actifs, « Cette banque à laquelle le
Maître à défaut de l'action personnelle aurait voulu qu'on confiât
son argent, c'est, dit S. Augustin, la profession publique de sa
foi, profession nécessaire au salut. » Par cette profession publique An*, ut snpr.
vous la mettez en circulation, vous augmentez sa richesse et vous
la faites servir à la richesse publique.
E t il d i t à c e u x q u i é t a i e n t l à : Otez-lui s a m i n e , e t d o n L E CHATIMENT
nez-la à celui qui a dix mines.
« 11 répugne à la grandeur de punir elle-même : c'est pourquoi
Dieu n'inflige pas directement le châtiment, il le fait infliger par
ses Anges. » Ou bien il laisse la faute porter cllc-mômc ses fruits Chrys. Ho mil. 4»
et devenir le châtiment du coupable. Fatalement celui qui n'a pas in Aeta. A post. i d
noem.
fait fructifier le don de Dieu s'en verra privé ; et ceux qui ont fait
fructifier le don reçu non seulement verront s'augmenter leurs
dons, mais ils seront mis en possession de ce qui avait été
d'abord le lot des serviteurs infidèles : Dieu leur transférera les
charges et les grâces qu'il avait d'abord conférées à ceux-ci.
C'est ce que J.-C. fait comprendre dans ce moment.
L e s a u t r e s s e r v i t e u r s é t o n n é s l u i d i r e n t : M a i s il a d é j à
.t. S . d i x m i n e s . Et en effet cette répartition devenait étrange.
E t Jésus reprit : Je v o u s déclare qu'on donnera à celui qui LA LOI
a déjà, e t il s e r a d a n s l ' a b o n d a n c e ; q u a n t à c e l u i q u i n'a D'ACCROISSEMENT
p o i n t , o n l u i ô t e r a m ê m e c e qu'il a.
Chaque jour nous voyons se vérifier cette loi. Ce n'est pas seu
lement ceux qui possèdent la fortune et la font valoir qui lui voient
prendre ses accroissements de tous les côtés, c'est plus encore
dans la vie chrétienne ; pour recevoir sans cesse de nouvelles
richesses, nous n'avons qu'à posséder réellement, c'est-à-dire à
faire valoir celles que nous avons reçues. Il sara donné à colu i qui
a déjà.
Ce maître qui jusque-là s'était montré si bon nous apparaît UN ACTE OE RIGUEUR
continuant son rôle de justicier, mais avec une rigueur inexo
rable. Q u a n t à m e s e n n e m i s q u i n ' o n t p a s v o u l u q u e je
*.13. r é g n a s s e s u r e u x , a m e n e z - l e s ici, e t t u e z - l e s d e v a n t m o i .
Nous avons quelque répugnance h appliquer ces paroles à J . - C ;
elles sont si peu dans son caractère. Kt cependant il n'a pas craint
de se manifester sous ce rôle de juge impitoyable. La bonté de
Dieu n'est pas de la faiblesse ; sa justice a des exigences, et Jésus,
142 CCXXXV — L'ONCTION DE BÉTHANIE
CCXXXV
l/oiirtflon de IBéthanflc.
(1) S . M a t t h i o u e t S . M a r c s e m b l e n t p i n c e r c e l u i t d e u x j o u r » a v a n t l a P A q u e .
C'était la Pâque deux jours après ; e t c e t t e i n d i c a t i o n u i n d u i t e n e r r e u r p l u
v B
sieurs exégètes. H a i s c o m m e le fait r e m a r q u e r S. Augustin, cette indication se - £pj[J g f
(1) L e v é r i t a b l e n o m d o M a r i e M a g d e l e i n e é t a i t M a r i e : J é s u s n o l u i d o n n e qiifl
r e n o m q u a n d ù In r é s u r r e c t i o n il v e u t s e fnire r e c o n n a î t r e d ' e l l e . O n a j o u t a i t l e
s u r n o m d e Mnjçdpleine ( p r o b a b l e m e n t d o l a v i l l e o ù c l i c a v a i t s é j o u r n é ) , q u a n d
on v o u l a i t In d i s t i n g u e r d e s n u l r e s M n r f e s . Q u a n d S . F.ur e t S . J e a n In m o n t r e n t
« v e r M î i r t h e cl L . H / n n \ il l u p p r l l e n l M a r i e .
CCXXXV — L'ONCTION DE HÉTUANIK 145
même que la pécheresse qui s e prosternait à ses pieds possédée de J" J*"^ J ^ ^ ' s
sept démons. » Iternard.
Comment une pécheresse d'autrefois a-l-elle pu porter dans ses
rapports avec J.-C. une toile simplicité et une telle aisance ? Voilà
une objection que font avec Oritfène ceux qui refusent d'idoulifior
1
ûrigen. Mries
, , i »i • i /•< • r . ii Comm. fn Matin.
la pécheresse avec Marie de Bethanio. Ceux qui font cette . 77. allai. T. 35. n
v. g. Renan. S. Jean est sévère pour Judas, ot des écrivains modernes le lui
oui reproché. Après un forfait (cl que le sien, forfait qui est resté
COMMENT IL DEVINT dans la conscience de l'humanité le type de la trahison, cette sévé
TRAITRE? rité élail légitime. Pendant que Marie de Béthanie demeure le
type tics Ames qui s'attachent au Christ. Judas demeurera le type
de ceux qui rompent avec le Christ. Celui qui envoyant ses dis
ciples leur avait recommandé de n'avoir ni or, ni besace, gardait
pour lui. ses disciples et les pauvres, quelque chose des offrandes
des lidèles. « C'est là. nous dit S. Augustin, que commença pour
Tuoc priraum eeele- l'Kglise l'usage de posséder, et qu'elle apprit comment elle devait
tiistica pfcuoisp for
ma pst instituta. An p. posséder. Nous apprenons du Sauveur que, si nous ne devons pas
Tr. ~î. in Joan. D. .V nous inquiéter du lendemain, les saints peuvent réserver quelque
chose pour le lendemain ; mais qu'on ne doit pas se mettre à sa
suite par intérêt, et qu'on ne doit jamais par crainte de la pauvreté
trahir la justice, »
Au lieu d'être pour Judas un moyen de s'avancer dans la cha
rité, cette vie commune, et la continuée que Jésus avait eue en lui.
avaient été pour lui l'occasion do s'abandonner à ses pensées
terrestres. San« doute il était de ceux qui pouvaient dire à Jésus :
Voilà (/rte nous avons tout quitté pour vous suivre : mais il
gardait dans son cœur les espérances judaïques. Quand, après la
multiplication des pains. Jésus s'était dérobé au rôle d'un Messie,
roi temporel, que la foule voulait lui imposer, pour élever les
esprits de ses disciples à l'idée d'un royaume spirituel, Judas
1
avait manifesti' du mécontentement, et Jésus avait aflirmé à
ses Apôtres qu'il y avait parmi eux en ce moment un démon.
11 voyait qu'actuellement Jésus, au lieu de s'acheminer vers
la royauté, allait à une catastrophe,: et il pensait à ses inté
rêts. >t Ainsi dom*, «lit S. Augustin, il était voleur et de plus
sacrilège: il était voleur d'un argent qui avait une destination
sainte, qui devait être employé à la subsistance de Jésus et de ses
id. Tr. i » . n . 10 Apôtres. » Il en était arrivé là par les racines d'avarice qu'il avait
gardées dans son renoncement apparent. « C'est une grande
chose de mépriser les richesses, dit S. Ambroise, mais combien
Ambros. serra. 8 cela est rare! « La prodigalité de Marie et la réponse de Jésus
in (>s. 118. D. 15. portèrent son irritation au comble, et à partir de ce moment il
était résolu à livrer Jésus à ses ennemis. Chacun de nous peut un
jour devenir un Judas. Si ce malheur devai'
voyons dès maintenant par quelle racine mauvais
conduits.
LA TOLERANCE « Pourquoi, demande S. Jean Chrysostôme, J<
DE JESUS son vice, lui avait-il laissé en mains cette bourse <
de le satisfaire? ("était peut-être, répond le S. docteur, pour lui
r,hry«. Homil ti5
enlever tout prétexte de le trahir, puisqu'il avait à sa disposition
in'joaii. o. S. tout l'argent qu'il désirait. »
C'était aussi pour montrer avec quel respect il traite ceux qu'il
CCXXXV — L'ONCTION DE B1STUANIE 147
c e t t e f e m m e ? L a i s s e z - l a . E l l e a fait e n m o i u n e b o n n e
ttfc. XXVI. œ u v r e , c a r v o u s a u r e z t o u j o u r s d e s p a u v r e s a v e c v o u s ,
10-11. m a i s moi v o u s n e m'aurez pas toujours.
« Oui, dit S. Augustin, cela est bien vrai, les pauvres n'ont
jamais manqué à l'Kglise. Mais comment faut-il entendre cette
autre parole: Vous ne m'aurez pas toujours avec vous ? N'esl-
elle pas contraire à cette autre du Sauveur : Je suis avec tous
les jours? Remarque/ que celte parole était dite à Judas : et Judas
n'était pas seul : Judas représente tout le r.orps des méchants,
comme Pierre représentait l'Eglise toute entière. Celte parole
était dite à ceux qui sont avec Judas. Mais si vous Aies avec
Pierre, si vous faites partie du corps du Christ, vous possédez le
Christ dans le présent et dans l'avenir. Vous le possédez dans le
présent» par la foi, par sou signe, par le sacrement du baptême,
par la nourriture et ie breuvage de l'autel. Kl vous le posséderez
dans l'avenir, car en sortant d'ici, vous irez vers celui qui a dil au
larron : Vous serez avec moi aujourd'hui au Paradis. » Et à i.i. Jb. n. I I .
celui qui sera toujours ainsi présent au milieu de. nous, nous
1
aurons la joie de pouvoir toujours offrir le parfum d- Magdc-
Icinc.
11 voulait aussi, quand il promettait lu hicnïnit do sa présence,
nous parler d u n e autre présence. « Par sa chair, par cette chair
que les Juifs pouvaient saisir, qu'ils pouvaient attacher à la croix.
Jésus ne pouvait pas toujours demeurer avec nous. Mais il devait
toujours demeurer au milieu de nous par la présence de sa
majesté, par sa providence et par une grace invisible et inelTable. » Id. i b . n. 13.
Vous aurez toujours des pauvres avec vous. Si nous devons LA MAGNIFICENCE
ENVERS N.-S. PRÉPA-
toujours avoir des pauvres avec nous, il est bien juste (pie nous RANT LA MA6NIF1-
montrions en celui en qui nous honorerons cl aimerons les pauvres CENCE DE LA CHARITÉ
cette pécheresse qui répnnd son parfum sur la tôle de Jésus, dit
Théopliylacio. est le type de l'Eglise rassemblée de toutes les
Theophyl. in Wtllh. nations, qui vient rendre hommage à la divinité de J.-C".. hom
mage symbolisé par l'onction de la tète, » « et qui ensuite avec
id. in J o u i . grand respect se mot à oindre les pieds du Christ, c'est-à-dire à
assister les pauvres. >• ces membres humiliés du Sauveur.
Déjà Dieu le Père avait répandu sur la tête de Jésus une onction:
Dieu vous u oint d'une /tniie d'allégresse au-dessus de tous ceux
qui ont participé à votre gloire. Celle onction c'est la divinité
elle-même. C'est de cette onction que Dieu a répandue sur la tête
de son Fils que découle toute grâce sur les membres de Jésus,
C'est pourquoi l'Eglise qui est tout entière employée à honorer ce
mystère, «près avoir répandu ses parfums sur la tète de Jésus,
après avoir adoré sa divinité, se met à oindre ses pieds avec grand
amour. « Jésus, dit S. Augustin, permettait cette profusion pour
Au?. De dottrin.
Christian. 1. B. c. I i - nous apprendre un grand mystère. »
« Dans les saintes lettres, dit Origène. l'huile signifie les œuvres
Oriscn. Serine, de miséricorde, qui font rayonner la parole de Dieu, et aussi la
r.oimn. in Matin, al. doctrine qui rend la foi plus lumineuse. »
T. 3"». ». T7.
« Toute œuvre bonne peut être appelée de l'huile: comme il y a
de l'huile commune et du baume, il y a des œuvres bonnes et des
œuvres excellentes: les œuvres que nous faisons pour les hommes
et selon les hommes, et les œuvres que nous faisons pour Dieu et
selon Dieu ; dans ces dernières œuvres l'huile devient un parfum. »
LE PARFUM REPAN « C'est déjà un parfum précieux (pie les œuvres accomplies à
DU SUR LES PIEDS DE
JÉSUS cause de Dieu, en faveur des hommes, comme l'aumône, la visite
des malades, les art es d'humilité, de douceur, d'indulgence :
accomplir ces œuvres c'est répandre des parfums sur les pieds de
Jésus : c'est à de telles œuvres que se portent les pénitents pour
14. ib. la rémission de leurs péchés. *
S'attacher aux pieds de Jésus, cela est nécessaire à tous. Baiser
ces pieds, c'est-à-dire aimer les membres les plus humbles de
Jésus, cela est nécessaire à tous. Mais îl y en a qui ont du
superflu : qu'ils en fassent l'usage auquel Marie-Magdeleine employa
sa chevelure. La chevelure représente bien le superflu: elle peut
être un ornement, mais elle n'est pas nécessaire: t>\ c'est un sacri
fice de s'en défaire, ou peut Je faire sans une souffrance réelle.
« Si vous ave/ du supeillu. dit S. Augustin, donnez-le aux
pauvres, et comme Marie de Béthanie, vous aurez, de vos cheveux,
essuyé les pieds de Jésus, et vous entendrez J.-C. au dernier jour
vous dire : Ce que vous avez fait au plus petit des miens c'est à
Ans;, nt 8op. n. G. moi que vous l'avez fait. »
LE PARFUM REPAN « El il y a un autre parfum plus précieux que celui-là : celui qui
DU SUR LA TETE DE
JESUS
se donne à la chasteté, qui est assidu au jeune et à la prière, qui
dans l'épreuve conserve la patience comme Job, qui dans la per
sécution est fort pour confesser la vérité divine, toutes choses qui
CCXXXV — 1/ONCTloN DK liKTflANIE 151
l/ciitrćc t r i o m p h a l e À Jérusalem.
L e l e n d e m a i n d o n c , u n e foule c o n s i d é r a b l e d e c e u x q u i
étaient v e n u s à la fête, a y a n t appris q u e Jésus v e n a i t à Jé
r u s a l e m , s o r t i t p o u r a l l e r a u - d e v a n t d e l u i . Cette foule se
rencontra avec celle qui l'accompagnait de Béthanic. C'est S.Jean
qui nous donne ces détails, complétant les autres Evangélislos
dans la narration desquels le triomphe de Jésus se présente avec
un caractère de soudaineté inexpliquée.
Non seulement Jésus se prête à ce triomphe qu'on veut lui
décerner, mais il le prépare lui-même.
Q u a n d on approchait de B e t h p h a g é , a u p r è s de la m o n
t a g n e d e s Oliviers, Jésus e n v o y a deux de ses disciples, leur
disant : Allez à ce village qui e s t d e v a n t v o u s ; vous y trou
v e r e z u n e â n e s s e liée, e t s o n â n o n q u e p e r s o n n e n'a e n c o r e
monté. Déliez-les e t m e les amenez.
Et si quelqu'un v o u s dit : Qu'est-ce q u e v o u s faites? Dites
q u e l e m a î t r e e n a b e s o i n , e t a u s s i t ô t il l e s l a i s s e r a a l l e r .
« U ne veut point qu'ils disent : Votre maître, ou notre maître,
ou le maître de ces bêtes ; pour que tous comprennent qu'il est le
seul maître, non seulement des animaux, non seulement des
hommes qui se soumettent à lui, mais de tous les hommes, même
de ceux qui se tournent contre lui. »
E t s'en a l l a n t i l s t r o u v è r e n t l'ânon l i é d e v a n t la p o r t e ,
dans u n carrefour. Et ils le délièrent.
Et quelques-uns de ceux qui étaient là se mirent à crier :
P o u r q u o i d é l i e z - v o u s l'ânon ?
Et ils répondirent comme Jésus le leur avait commandé ;
e t o n l e s laissa aller.
» Dans ces circonstances si humbles, que de miracles et que de
prophéties, dit S. Jean Chrysostôme. Avec quelle précision Jésus
annonce ce qui va s'accomplir ! Et avec quelle puissance il con
duit lui-même les événements ! Ces gens étaient pauvres, sans
doute des paysans : ot ils obéissent avec cet empressement
non au Maître lui-même, mais à ses disciples. Quelle est la puis
sance (pli los persuade si promptemont? Far là J.-C. nous apprend
qu'il aurait pu arrêter les Juifs, s'il l'avait voulu, quand ils vinrent
pour lo prendre. Il apprend aussi à ses disciples à ne jamais rien
lui refuser, même s'il leur demande leur vie. puisque dos inconnus
lui ont ainsi obéi. •
Jésus, dans coite circonstance accomplissait une prophétie ; et
son acte dévouait lui-même une prophétie.
T o u t c e l a s e fit, remarque S. Matthieu, afin q u e f u t a c c o m
plie cette parole d u Prophète :
D i t e s à l a fille d e S i o n : V o i c i q u e t o n r o i v i e n t à t o i p l e i n
d e d o u c e u r , a s s i s s u r u n e â n e s s e e t s u r l e p o u l a i n d e celle
q u i p o r t e l e joug.
Et en effet le Prophète Zacharie avait dit : flè/onis-toi, fille de
CCXXXVI — L'KNTRfcK TRIOMPHALE A JÉRURALKM 155
S ion. pousse des cris d'allégresse. Voici ton roi qui vient à
toi, le roi juste, le roi sauveur ; il est humble, il est monté sur
A. IX. ïi une dncssc. et sur le poulain de l'dnesse.
lit le Prophète annonçait en mémo temps que l'humilité et la
douceur du roi-Messie, la puissance do sa royauté : Je réduirai
en poussière les chariots d Ephraïm et les chevaux de Jérusalem :
les arcs seront brisés et II annoncera la paix aux nations : et sa
puissance s'étendra d'une mer à l'autre, et du peuple du Jour-
dain jusqu'aux extrémités du monde.
C'est vous, 6 rot\ qui dans le sang de votre alliance, avez fait
1.10*11 sortir vos captifs du fond du lac sans eau.
« Voilà toutes les nations les plus belliqueuses et les plus Hères, l^V"îir»"îîiÎ!
mr
de la maison. « Le, peuple des Gentils, dit S. Jérôme, était, Mire. Xti
comme cet animal, Hé par ses péchés ; et il demeurait au dehors,
Hieron. i b . a u dehors de l'Eglise et de la vérité. »
Dans le carrefour, car le peuple qu'il figurait était incertain ib
de ses voies.
Il était là exposé à tomber en toutes sortes de mains. « Il n'y
a pas de servitude plus misérable, dit S. Ambroise, que celle ou
l'on est exposé à avoir plusieurs maîtres. Celui-là subit tous les
maîtres qui n'en a pas un bien déterminé. Mais voyez la différence
qu'il y a entre le joug de J.-C. et celui des étrangers: ceux-ci
attachent ce qu'ils veulent posséder ; Jésus, au contraire, délivre
c o u x
libres in lue ! 9 I1"
R o n t IH
* ' * C'est par scs dons qu'il devient le maître de
n. 5.' " " ce qu'il possède. »
Cet animal représente tout homme éloigné de Dieu. L'homme a
beau être fier: quand il s'éloigne de Dieu il est bien proche de
l'animal. « Que sont les hommes sans la grâce de Dieu, dit
S. Augustin, sinon des animaux muets, suivant l'expression de
l'Apôtre S. Pierre, qui semblent n'avoir été créés que pour la
Au(. in P i . T . captivité et la mort ? » Quand il est loin de Dieu il est fatalement
le cnptif du démon. « Le démon, dit S. Augustin, se sert des
td
* méchants, comme un maître se sert de son bétail. »
Jésus, dans les ordres qu'il donne à ses disciples au sujet de
ces bètes, nous apparaît agissant avec une autorité souveraine.
« Ce pauvre qui parcourt la Judée à pied, vivant d'aumône, agit
et parle néanmoins partout et toujours en maître souverain des
hommes et en possesseur souverain des choses. 11 appelle qui bon
lui semble, il entre où il lui plaît : il prend à celui qui les possède
les pains et les poissons qu'il va multiplier, comme il prend à la
mer la pièce d'argent dont il paie le tribut; il dit à Zachée : Je loge
aujourd'hui chez toi, et il vide les mains du publicain comme il
emplit les filets des pêcheurs. Au moment d'entrer à Jérusalem il
donne un autre exemple de cette domination et de ce domaine qui
lui appartient sur la terre. U envoie deux disciples délier l'ânesse
et son poulain, et il exprime son droit par une parole qui ne ren
contrera pas de résistance : Vous direz: Le Seigneur en a besoin,
non pas Jésus ou le tils de David, mais le Seigneur. »
En usant de cette autorité, il voulait montrer avec quelle puis
sance il devait agir dans les âmes.
Les deux disciples qui sont envoyés ne parlent pas en leur
nom : ils ne font que répéter les paroles de Jésus. C'est en parlant
au nom du Christ, en répétant les paroles du Christ que ses
envoyés persuaderont les peuples.
Comme les deux envoyés amenèrent ces animaux à Jésus, ainsi
les nations infidèles seront amenées à Jésus parles Apôtres. Et ils
r.hrys. ut m p r . seront ainsi assistés dans leur œuvre par une vertu divine.
Ils se dépouillent de leurs vêtements pour les déposer sur le dos
CCXXXVI - L'ENTRÉE TRIOMPHALE A JÉRUSALEM 157
« J . - C , dit encore Origène, donnait la vraie liberté à celui qui HEUREUX CEUX
à ce moment était lié. Bienheureux celui qui portera ainsi Jésus ! » QUI PORTENT DIEU
id. . b .
« Bienheureux, dit S. Ambroise, celui qui en fera le maître de ses
pensées et de ses affections les plus secrètes. » Il possédera la
Ambros. nt snpr.
vraie liberté.
« Apprenons donc à porter le Christ, comme il nous a portés,
o. 9.
lui le premier, quand il rapportait au bercail la brebis errante ;
apprenons à nous soumettre à J.-C. afin d'être supérieurs au
monde entier. » Celui qui voudra porter le Christ recevra du Christ id. n . 11.
des forces surhumaines, c Un moine nommé Martyrius, dit S. Gré
goire,, avait rencontré sur son chemin un pauvre tout couvert de
lèpre, qui ne pouvait marcher. Touché de compassion, il l'avait
chargé sur ses épaules, après l'avoir enveloppé dans son manteau.
Quand il approchait de son monastère, il entendit le supérieur qui
disait à haute voix : Ouvrez vite les portes ; voici Martyrius qui
arrive, portant Dieu. Kt en effet, à ce moment, le lépreux se déga
geant de ses bras apparut dans une forme divine, et remontant au
ciel, lui dit : Tu n'as pas rougi de moi sur terre, je ne rougirai
pas de toi dans le ciel Et Martyrius disait que quand il le por
tait, il ne sentait pas son poids. Et en effet, ajoute S. Grégoire, il
Gregor. Homil. 39
portait celui-là même qui le portait. » in E T . n . 10.
J.-C. conduira jusqu'au temple celui qui tout à l'heure était
captif, symbole de la réconciliation des Gentils avec Dieu.
Aussitôt que Jésus se fut assis sur cet ânon, il devint le centre, LE VOYAGE TRIOMPHAL
visible de tous, de toute cctlc foule, [j'enthousiasme éclata de
^Xll.U. toutes parts : O n p r i t è n m a i n s d e s b r a n c h e s d e p a l m i e r s .
Les branches du palmier étaient des symboles de victoire. Simon,
r e U ( a s
CC4X
. UL k ^ ^ * Machabéc, rentrant en triomphe à Jérusalem,
b. portait, lui et ses soldats, des branches de palmier.
D'autres coupaient d e s branches d'arbres et les jetaient
158 CCXXXV1 — L'ENTRÉE TRIOMPHALE A JÉRUSALEM
n'a pas été aussi acharnée. Vos ennemis, c'est-à-dire les esprits mau
vais vous ont environné de toutes parts, ils vous ont séparé de tout, ils
0 r i g e 1 3 8 v o u s
m LuT* ' serrent sans cesse de plus près. » Et cela arrive parce que vous
n'avez pas voulu reconnaître le temps de la visite du Sauveur. Àh!
si vous aviez voulu vous teni r avec celui qui apportait le salut. La fa i m
est grande, et les destructions qui se fonten vous sont effrayantes.
« Ses ennemis n'y veulent pas laisser pierre sur pierre. Si vous
tombez dans le péché, souvenez-vous qu'il a été dit: J'oublierai
ses justices d'autrefois... Supposez un homme qui a pratiqué la xviil*î Execk
chasteté et qui se laisse emporter à l'impureté, comme il tombe
Origan, îb. bas, perdant à la fois tout courage et toute pudeur. »
t Etrange état de cette amo, dit Bossuet; renversement universel
de tout l'édifice intérieur! Plus de raison ni de partie haute ; tout
est abruti : tout est corps, tout ost sens ; tout est abattu et entiè
rement à terre. Qu'est devenue cette belle architecture qui
marquait la main de Dieu? il n'y a plus rien : il n'y a plus pierre
sur pierre, ni suite, ni liaison dans cotte aine ; nulle pièce ne tient
à une autre, et le désordre y est universel. Pourquoi ? le principe
on est oté : Dieu, sa crainte, la conscience, ces premières
impressions qui foui sentir à la créature raisonnable qu'elle a un
0 M s m i v e r m
sur rE7 dern 8cm- ï * ' ce fondement renversé, que peut-il rester en son
j. entier ? »
U vient un moment où les ennemis de l'àme la pressent avec
plus d'acharnement, et où les destructions se font plus complètes,
plus irréparables. cVst le moment de la mort. « Ils lui rappellent
toutes sos faulom, dit S. Cîrégoiro, lui ferment toutes les issues
pour l'entraîner dans la damnation... Elle est jetée à terre, quand
elle voit sa chair, qu'elle avait crue le tout d'elle-même, se réduire
p n l , S R U î , v o i St s
r*r«ffftr Homil 39 P° ' * uvec elle, quand ses pensées coupables
m KT. n. i. sont réduites à néant. »
« C'est sur ces ruines que le Sauveur chaque jour, par ses élus,
verse des larmes... 11 pleure ceux qui ignorent pourquoi on les
pleure, ceux qui, suivant le mot de Salomon, se réjouissent
lorsqu'ils ont fait le mal. Que de secours leur avaient été offerts
pour leur paix, et ils les ignorent ! Le châtiment se prépare et ils
n'y pensent pas ! L'Ame pervertie, toute adonnée aux choses de la
vio présente, so dissolvant dans les joies de la terre, écarte la vue
do* maux futurs : elle so refuse à prévoir ce qui dans l'aveuir
pourrait troubler los joies du présent : ot que Tait-elle on s'oubliant
Ib. o. 3. dans ces joies? Elle va à l'enfer les yeux fermés. »
Pour éviter do si grands maux, recevons en triomphe notre roi
toutes les fois qu'il vient nous visiter. Qu'il s'avance dans sa
beauté, f\uil règne en nous par sa vérité, sa justice et. sa
douceur; car c'est par ces forces qu'il veut régner sur les âmes.
c c x x x v i r
liC llffiilci* I I I H I M I H .
fruits du figuier ont uno saveur très douce, mais ses feuilles sont
âpres et ne peuvent servir à aucun usage. Autrefois Adam et Eve,
dans leur nudité, symbole de leur innocence et de leur déga
gement de toute attache temporelle, vêtus de leur innocence et de
la grâce de Dieu, offraient à Dieu les fruits suaves de la vertu que
Dieu attendait d'eux. Rebelles à Dieu ils perdirent cette innocence
qui était leur vêtement de gloire : ils sentiront leur nudité, et pour
la couvrir se firent des ceintures de feuilles de figuier, symboles
de ces agitations stériles par lesquelles les hommes veulent se
dissimuler la pauvreté do leur vie. Ils se rapprochèrent de
l'animal, et à cause de cela Dieu les couvrit de vêtements de peaux
de hèles. Ht Jésus en son temps est venu, pressé d'une grande
Damasren. Homil. faim, chercher des fruits sur le figuier, et il montre combien il est
in fieam arefact. n. 3 . s
stérile. *
ib. « Il lui a rendu par sa Passion le pouvoir de porter des fruits. »
Ht maintenant les âmes doivent donner des fruits en tout temps.
Ht il y a des âmes qui ne donnent jamais de fruits, et qui n'ont
que des feuilles, qui sont tout en apparence : ces âmes sont une
déception pour J . - C . Ce figuier était le symbole de ces âmes :
Jésus allait leur montrer comment elles doivent être traitées.
Ce figuier était aussi le symbole de la Synagogue sur laquelle
Jésus allait prononcer son jugement.
« Elle était, dit S. Jérôme, en dehors du chemin, et ne crovait
pas à celui qui est la voie. Elle se tenait immobile comme cet
arbre, au lieu de marcher pour venir à Jésus comme ses disciples.
Jésus dans son dé-sir d'y trouver du fruit n'y avait trouvé que des
fouilles, c'est-à-dire un vain bruit de promesses stériles, les tra
ditions des Pharisiens, et l'ostentation des observances, des
Hteron. h. I. Mitth. paroles pompeuses, mais sans les fruits do la vérité. »
Dieu autrefois avait dit par le prophète Miellée: J'ai désiré
manger des figues printanières, figurant ces Aines qui se donnent Mich.vn.t
à Dieu do bonne heure. Et dans cet arbre qu'il avait cultivé avec
tant de soin et qui était son peuple, il n'avait trouvé qu'appa
rences vaines. // n'y u plus de saint sur ferre, et l'homme droit
ne se trouve plus parmi les hommes. « 11 n'y avait pas de fruit T. i.
dans la Synagogue parce que le Christ n'y était pas. dit S. Au
gustin. U n'y a do fruit que là où se trouve le Christ, car là seu
A OC- serm. Mt. n . 1.
lement se trouvent l'unité et la charité. »
LA MALEDICTION E t il l u i d i t : Q u ' à j a m a i s a u c u n f r u i t n e n a i s s e d e t o i . E t Mitth. m
les A p ô t r e s f u r e n t f r a p p é s d e c e t t e p a r o l e , remarques. Marc. Marei». . SI. ii
« Pourquoi on effet maudissait-il cet arbre qui n'avait que des
feuilles et pas de fruits? demandes. Augustin. Sa stérilité lui était-
elle imputable ? Mais il y a des êtres qui sont stériles par le fait de
leur volonté. Los Juifs, possédant les paroles de la Loi et n'en
accomplissant pas les œuvres, étaient semblables à cet arbre qui
id. serm. 88. n. 3 . avait des feuilles et n'avait pas de fruits. » « Ce n'est pas cet arbre
CCXXXVII —
LK FIOMKR MAUDIT
in Matin, n . 3 9 .
ccxxxvm
UN ACTE ou MiNis- Au jour de son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus s'était di-
TERE DE JÉSUS A • •
JÉRUSALEM R
' ^ 1° *°niple. comme le faisaient tous les triomphateurs.
; V O R S
afin d»* rapporter à Dieu son triomphe, le plus complot qui fut
Bosstift. Wfiit jamais. * et nui était la figure de tous ceux qu'il devait remporter
1 n 1
s u r l K v . n e r n . Si-m. , , . , . . , 1
7- j . dans le ciel, sur toute la terre et dans les on Tors. »
T o u t e la v i l l e , dit S. Matthieu, a v a i t é t é r e m u é e . O n d i s a i t :
Qui e s t c e l u i - c i ? E t l e s f o u l e s r é p o n d a i e n t : C'est J é s u s , M t t t h ^
le P r o p h è t e , d e N a z a r e t h e n G a l i l é e .
11 avait dit accomplir la plus grande partie de son ministère en
Galilée, pour éviter des oppositions violentes, se renouvelant
toujours. ïl avait paru à Jérusalem seulement en quelques fêtes
solennelles, manifestant sa participation à la vie de ce peuple. La
région qu'il avait évangélisée gardait de son séjour un rayon de
gloire, ("était avec une véritable fierté que lesGaliléens disaient :
C'est Jésus de Nazareth en Galilée. Arrivé au terme de sa car
rière, il venait couronner son ministère dans la capitale religieuse
du peuple de Dieu : il y apparaissait avec, une autorité extraordi
naire ; hier il était acclamé par la foule fils dit David et roi :
aujourd'hui nous allons le voir agir en lils de Dieu ; demain il
apparaîtra le prophète des temps nouveaux et le juge suprême ;
puis il agira, il accomplira ses fonctions de grand pontife et de
Sauveur du monde.
Au soir de son triomphe, étant venu au temple, i l a v a i t j e t é
u n c o u p d'oeil rapide autour de lui. le coup d'œil du maître, dit Hire. Xtt?
Kulhyme, et après avoir constaté les désordres qui y régnaient,
il était rentré à Béthanie, remettant au lendemain son œuvre de
justicier.
VENDEURS DU TEMPLE
EXPULSION OES II revint donc le lendemain à Jérusalem, et é t a n t e n t r é d a n s
le t e m p l e , il s e m i t à c h a s s e r t o u s c e u x q u i v e n d a i e n t e t
a c h e t a i e n t d a n s l e t e m p l e , e t il r e n v e r s a l e s t a b l e s d e s c h a n
M , u h
geurs e t les sièges de c e u x qui vendaient des colombes. -
E t i l l e u r d i t : 11 e s t é c r i t : M a m a i s o n s e r a a p p e l é e u n e
m a i s o n d e p r i è r e ; e t v o u s e n a v e z fait u n e c a v e r n e d e v o
leurs.
CCXXXVII — LA S E C O N D E EXPULSION
^ x x , E t d e s a v e u g l e s , d e s b o i t e u x s ' a p p r o c h è r e n t d e l u i , e t il
Ù. les guérit.
Quelle différence entre ces estropiés que leur infirmité rendait
humbles et à qui le Fils de Dieu apporta la guérison, et ces
docteurs de la Loi que leur science rendait orgueilleux et que
Jésus dut traiter si sévèrement. « Maintenant encore, dit Origène,
il y a sur terre des aveugles et des boiteux ; et ceux qui com
prennent que Jésus est encore là. ayant le pouvoir de les guérir,
viennent et sont guéris, n Orlgen. ut supr.
CCXXXIX
Amos : Ils ont haï relui qui les reprenait à la porte : ils ont eu en
abomination celui qui leur parlait dans la vérité. M a i s i l s n e Amoi.1
t r o u v a i e n t p a s c e q u ' i l s a u r a i e n t p u l u i faire, c a r l e p e u p l e
tout entier était suspendu à ses lèvres. U t . %,
INTERPELLATION DES G o m m e il s e p r o m e n a i t d a n s l e t e m p l e , i l s l ' a b o r d è r e n t et
PRINCES DU PEUPLE lui dirent : D e quel droit faites-vous c e s choses e t q u i v o u s
a donné cette autorité? Nirc.xi
Quand la lumière paraît, on l'accueille avec joie, elle porte en
elle-même la preuve de sa mission. « Ces hommes auraient dû
être transportés d'admiration devant celui qui apportait, les ensei
gnements célestes, reconnaître dans ses paroles et ses actes le
Christ que les Prophètes avaient chanté à l'avance: et amenant ce
Fosfh.Cat.Grfrc.rp. peuple à sa ruine, ils barraient, le chemin au Christ. »
Qui vous a donné cette autorité? Ils lui avaient posé cette
question lors de la première expulsion des vendeurs. Cette fois il
avait exercé son autorité avec plus de plénitude encore. D'où
tirait-il cette autorité ? « Le Sanhédrin ne lui avait pas donné de
mandat: le pouvoir civil dont le pontificat avili recevait main
tenant l'investiture ne le connaissait pas. Ils ne pouvaient
CCXXXIX — J . - C . FERME LA BOUCHE A U X JUIKS 173
XXI.
leur répondit : Je v o u s demanderai u n e seule chose : le J.-C. LEUR RÉPOND
9. b a p t ê m e d e J e a n d'où é t a i t - i l ? D u c i e l o u d e s h o m m e s ? PAR UNE QUESTION
EMBARRASSANTE
« Ce n'était pas au hasard, dit Origine, que Jésus leur posait
une question relative à Jean et à son baptême. Jean était la voix
de celui qui crie au désert, r A tige envoyé comme précurseur de
Dieu. Ils ne pouvaient ignorer que le baptême de Jean venait du
ciel, semblableinent la puissance de Jésus venait aussi du
ciel. » Ils pouvaient donc savoir de Jcan-Jlaplistc d'où Jesna tenait Or i «en. T. 17.
io M ait h. n . 3 .
son autorité. Jean avait été aux hommes un guide pour les
conduire à J . - C Celui qui est la lumière du monde n'avait pas
dédaigné de s'appuyer sur le témoignage de celui qui ne possé
dait qu'une lumière participée, et cela par ménagements pour
f
nous. « Telle est la faiblesse de nos \ eux, dit S. Augustin, qu'un
flambeau nous accommode mieux que le soleil ; nous cherchons le
soleil avec un flambeau. » Jean était venu avec une mission; son Aug. »erm. i î 8 . a . t.
baptême était l'acte le plus caractéristique de sa mission et
résumait sa mission tout entière : d'où Jean tirait-il sa mission Y
Ces hommes étaient embarrassés. I l s p e n s a i e n t e n e u x -
m ê m e s : S i n o u s r é p o n d o n s : d u c i e l , il n o u s d i r a : P o u r q u o i
O XXI.
donc n'y avez-vous p a s c r u ?
Kt en effet ce n'étaient pas seulement les nombreux Pharisiens
qui n'avaient pas voulu recevoir le baptême de Jean qui méritaient
ce reproche de n'y avoir pas cru : c'était, on peut le dire, la plu-
174 CCXXXIX - J.-C. FERME LA BOUCHE A U X JUIFS
part de ceux qui l'avaient reçu. Jean ne conférait son baptême que
comme une préparation; il accompagnait son baptême d'un témoi
gnage : Jésus avait renvoyé les Juifs à ce témoignage, et il pou
vait leur reprocher de n'y avoir pas cru.
M a i s s i n o u s d i s i o n s , pensaient-ils encore : U v i e n t d e s
h o m m e s , n o u s aurions lieu de craindre le peuple. Car tous
t e n a i e n t J e a n p o u r u n p r o p h è t e . < Ils craignaient d'être ib.
lapidés, dit Rède, mais ils craignaient bien plus de confesser la
Redi. in Marc. vérité. » « On le voit, dit Jean Chrysostôme, ils n'avaient de con-
C|jj"ys^H<>MM^87 sidération pour Jean que par respect humain. » Le respect de Dieu
el le respect de la vérité leur importaient peu.
LEUR EMBARRAS Pour se tirer d'embarras. Ils répondent donc par une parole de
fausse humilité, « qui devait servir, dit S. Jérôme, à prolonger
Hieron. in Muth. ] embûche. » N o u s , n e s a v o n s , d i r e n t - i l s . Us ne savaient
t M i r ». r,
pas, eux les sages, qui s'arrogeaient le droit de prononcer sur les
questions les plus graves, sur les miracles du Christ! Ils préten
daient ne pouvoir se prononcer sur un fait aussi patent que la
mission de Jean-Baptiste. La jalousie qu'ils avaient contre l'éter
nelle vérité les portait à jalouser le (lambeau qui l'annonçait et qui
était une des gloires de leur nation.
<< C'était un mensonge, dit S. Jérôme. Jésus aurait pu leur
répondre de même : Je ne sais pas. Mais l'éternelle vérité ne peut
H>. mentir. » Kt c'est pourquoi opposant une parole d'autorité a cette
JÉSUS DÉCLARE Q U ' I L parole de mauvaise foi. il l e u r d i t : N i m o i n o n p l u s , j e n e v o u s
NE REPONORA PAS dirai e n quelle p u i s s a n c e je fais c e s choses. ik'
t 11 ne dit p a s : Je ne sais p a s : mais: Je ne veu.v pas vous dire.
C'était la parole qu'ils auraient dû dire eux-mêmes pour être dans
Victor Antioch. la vérité. » Celte parole, il avait le droit de la dire, lui. On doit
refuser de répondre à ceux qui refusent dalfirmer ce qu'ils
iiedi. in i.nr. savent.
S'ils ne sont pas compétents pour se prononcer sur la mission
de Jean, comment seraient-ils compétents pour se prononcer sur
la mission de Jésus qui est infiniment plus haute ?
« La vérité éternelle qu'ils consultent mal, dit Bossuct, n'a rien à
leur répondre et n'a qu a les confondre devant tout le peuple. Ainsi
nous arrivera-t-il quand nous la consulterons contre notre propre
conscience sur les choses déjà résolues: nous ne cherchons qu'à
Bossoet. Dernière tromper le monde ou à nous tromper nous-mêmes. Cessons de
sem. t\* j . chercher des expédients pour nous perdre. »
« Ainsi, dit Bèdc, s'accomplissait la prophétie du Psalmiste :
J'ai préparé un flambeau à mon Christ et je couvrirai de eon-
Reda. in Luc. fusion ses ennemis. » ^JjJ
Ils n'étaient pas compétents pour se prononcer sur la mission
de Jésus. Mais Jésus était compétent pour leur dire ce qu'ils
étaient : il le fera en deux paraboles qu'il p r o n o n ç a , dit S. Luc,
d e v a n t tout le peuple. U c . xi
CCXL
W. \'ô. découle toute paternité au ciel et sur la ferre. « Celui qui par sa
nature est maître veut être aimé comme un père plutôt que craint
comme un maître. » Ib.
Quels sont ces deux fils ? C'est, nous disent les Pères, la Gen-
tilité et le peuple Juif. La Gcntililé est représentée par l'aîné : elle i d . Hieron. e t c .
remonte en effet à Noé, tandis que le peuple Juif a son origine en
Abraham. La Gentilité a reçu la première les ordres de Dieu.
S ' a d r e s s a n t a u p r e m i e r , il l u i d i t : M o n fils, v a , a u j o u r d ' h u i , PAROLE OE DESO
BEISSANCE OU PRE
3 ».*. t r a v a i l l e r à m a v i g n e . MIER
Avec quelle douceur le père lui avait donné cet ordre. Mon fils,
lui avait-il dit. Cet ordre venait de l'amour. 11 lui demandait de
travailler seulement aujourd'hui. Aujourd'hui ! c'est un temps
bien court, lia vie présente n'a que la durée d'un jour, et c'est le
seul jour qui nous soit donné. Si aujourd'hui vous entendez sa
voix n'endurcissez pas vos cœurs, disait le Psalmiste. Il lui
demandait de travailler à sa vigne, c'est-à-dire d'accomplir toute
justice, « mais cette justice était tout entière contenue dans ce
précepte de la loi naturelle : Ne faites pas à autrui ce que vous ne
voudriez pas qu'on vous fit à vous-même. » Kn accomplissant ce Hieron. h . l . Matth.
précepte du père de famille, en travaillant à sa vigne, en réalité il
travaillait pour lui-même.
». Gelui-oi répondant dit : Je n e v e u x pas.
176 CCXL — LA P A R A B O L E DES DEUX FILS DÉSOBÉISSANTS
DÉSOBÉISSANCE
était assez fréquent que les enfants donnassent à leur père ce titre
OE FAIT de respect. E t il n ' y alla p o i n t . ib.
« Celui-ci, dit S. Jérôme, ligure bien le peuple Hébreu qui avec
tant d'empressement disait à Moïse : Tout ce que Dieu nous dira,
Exod. Xfl
nous le ferons ; et qui ensuite au lieu d'aller travailler a la vigne 9.
id. i b . de Dieu, en tua l'héritier. » Ses protestations de fidélité ne servi
ront donc qu'à le condamner, puisque les faits leur donnent un
démenti.
Cette parabole, même dans son sens littéral, avait une portée
plus générale encore. Il y avait chez les Juifs, et il y aura jusqu'à
la iin des siècles, dans le monde, des hommes qui se montreront
empressés au service de Dieu, qui promettront tout et ne feront
rien. Us parleront à Dieu avec grand respect, et lui diront non pas
seulement : J'irai, mais : /*;/ vais, et qui n'iront pas. Cette piété
stérile est dangereuse, parce qu'elle se fait illusion à elle-même,
plus dangereuse que la révolte ouverte ; car celle-ci, à un moment,
pourra avoir honte d'elle-même et de son insolence, et être amenée
à résipiscence par son excès même. Il se rencontrera dans la vie
chrétienne des hommes dont le premier mouvement sera mauvais :
si. rentrant en eux-mêmes, ils désavouent ce premier mouvement
ot accomplissent les ordres de Dieu, ils demeureront de véritables
enfants do Dieu.
APPLICATION Ces prétendus zélateurs de la Loi. que J.-C. rencontrait tou
jours sur son chemin, pouvaient se reconnaître dans cette piété
toute en paroles. L e q u e l d e s d e u x a f a i t l a v o l o n t é d u p è r e ?
leur dit Jésus. I l s r é p o n d i r e n t : L e p r e m i e r . Après les avoir T. Il
forcés de reconnaître que celui qui paraissait avoir été le plus
désobéissant à Dion avait été on réalité le plus obéissant, Jésus
ajouta : E n v é r i t é j e v o u s d i s q u e l e s p u b l i c a i n s e t l e s c o u r t i
s a n e s iront plutôt q u e v o u s a u r o y a u m e de Dieu. ib.
Les doux grandes classes de pécheurs sont là représentées :
ceux qui ne pensent qu'au gain cl aboutissent à l'injustice ; ceux
C.hrvs. Homil. 67
ÎD Mitth. n. 3 . qui ne cherchent que le plaisir et aboutissent à l'avilissement.
Et un fait prouve la vérité de cette affirmation. J e a n e s t v e n u
d a n s l a v o i e de l a j u s t i c e . Il portait avec lui, dans sa vie sainte,
la preuve de sa mission : e t v o u s n ' a v e z p a s c r u e n l u i ; m a i s
l e s p u b l i c a i n s e t l e s c o u r t i s a n e s o n t c r u e n lui. Et v o u s qui
CCXLI — LKS VIGNERONS HOMICIDES 177
CCXLI
elle-même. L o r s q u e l e m a î t r e d e la v i g n e v i e n d r a , q u e f e r a -
î.W. t-il à c e s v i g n e r o n s ?
I l s r é p o n d i r e n t : Il fera m o u r i r m i s é r a b l e m e n t c e s m i s é
r a b l e s ; e t il l o u e r a s a v i g n e à d ' a u t r e s v i g n e r o n s q u i l u i e n
T. n. donneront les fruits en leur saison.
Cependant une partie de l'assistance, au témoignage de S. Luc
qui place ce jugement dans la bouche du Sauveur, (il y avait fait
sans doute écho en le répétant lui-même), devant la perspective
de ce châtiment que l'on sentait suspendu au-dessus de toute la
fat \%. 10. nation, s'écria : O h ! q u e c e l a n e n o u s a r r i v e p a s .
Et cela arriva, u Ils avaient prononcé eux-mêmes leur condam
nation qui sera accomplie sans pitié par les Romains. » Thcophyl. in Mitth.
« Ils avaient prononcé eux-mêmes In justice de la suhsfilutiori
qui leur fut faite dans la personne des Apôtres à qui Jésus dit: Je
vous ai choisis et je vous ai établis pour que vous rapportiez du oniren. t-*7. inMatth.
fruit. n . 11.
Et Jésus les regardant leur dit : N'avez-vous jamais lu C E L U I
Qui EST RE-
. J i « -x _ , . . . . . POUSSE DEVIENDRA LA
ceci d a n s les Ecritures : La pierre que c e u x qui bâtissaient B R S E 0 E T 0 U T
a v a i e n t r e j e t é e e s t d e v e n u e la p i e r r e a n g u l a i r e ? C'est le
S e i g n e u r q u i a f a i t c e l a e t n o s y e u x le v o i e n t a v e c a d m i -
Oefc. v.Jt r a t i o n . Ces paroles sont tirées du psaume JI7 où David célèbre
son élévation au trône malgré sa petitesse originelle, ligure de
l'élévation du Christ, malgré tous les mépris qu'il rencontrera. Il
y a non plus seulement une vigne à cultiver, il y a un édilice à
construire, œuvre à laquelle doivent s'employer tous les serviteurs
de Dieu, et principalement les princes des prêtres. S. Paul dira de
même aux fidèles de l'Kglise : Vous êtes la culture de Dieu, vous
i(f*f.lll. 9. êtes la bâtisse de Dieu. Il y a eu une pierre qu'ont rejetée emix
182 CCXLI — L E S VIGNERONS HOMICIDES
Une chute est d'autant plus grave que l'on tombe de plus haut.,
et un écrasement d'autant plus complet que le poids qui écrase
est plus considérable. « Celui qui pèche en conservant cependant
la foi. dit S. Jérôme, se heurtera à la pierre et se brisera : et
cependant il pourra en rester des morceaux qui pourront être
réparés par la pénitence. Mais celui qui reniera le Christ sera
écrasé par le Christ, de façon qu'il ne reste pas de lui un tesson
Hieron. h . l . capable de contenir une goutte d'eau. » « 11 ne sera plus que cette
An*, de i.oos. E T .
1. 1. c . 30. poussière que le vent de la colère divine chasse de dessus la terre. »
Comme le fait remarquer Bossuct. dans cette parabole toutes
les prédictions sont réduites à trois faits palpables, la désolation
du peuple Juif, la conversion des Gentils arrivant conjointement
et dans le même temps que J.-C. a paru.
« Ces trois choses, mises dans l'ordre des temps, Tétaient encore
beaucoup davantage dans l'ordre des conseils de Dieu. »
« Si Ton ne découvre pas ici un dessein toujours soutenu et tou
jours suivi, si Ton n'y voit pas un ordre des conseils de Dieu, qui
CCXLI — LES V MINERONS HOMICIDES 183
CCXLII
Les princes des pretres et les Pharisiens s'étaient reconnus dans OCCASION
OE CETTE PARABOLE
la parabole des vignerons révoltés et homicides ; leur cœur était
rempli de colère, et ils ruminaient contre Jésus de sinistres projets.
J é s u s r é p o n d a n t à leurs pensées, voulant leur montrer combien
ils avaient été insensés do ne pas répondre aux invitations de
XXII.
Dieu, l e u r d i t c e t t e a u t r e p a r a b o l e :
Le r o y a u m e d e s c i e u x e s t s e m b l a b l e à u n r o i q u i v o u l u t
1.1. c é l é b r e r l e s n o c e s d e s o n fils.
Et il e n v o y a s e s serviteurs pour appeler l e s invités. E t
v. 3. ils n e voulaient p a s venir.
11 y a des rapports entre celle parabole et celle du chapitre XIV
de S. Luc et certains auteurs les ont confondues. Mais elles Cf. Mii\t. (XIV.
diffèrent par des détails essentiels et par le but qu'elles se pro
posent, comme elles diffèrent par le moment et les circonstances
où elles furent prononcées.
Jésus prononça la première en Galilée au commencement du DIFFÉRENCE ENTRE
long voyage qui devait l'amener à Jérusalem; les Pharisiens CETTE PARABOLE ET
CELLE OU GRAND SOU
n'avaient pas encore rompu complètement avec lui, puisqu'il se PER
trouvait ce jour-là a la table de l'un d'eux. Ouand il prononce
celle-ci. à Jérusalem, la rupture est complète et les Pharisiens
veulent se débarrasser de lui. Dans la première qui mot en scène
un homme riche, libéral, tenant à remplir sa salle de fêle, les
invités s'excusent, ils traitent d'égal à égal celui qui les invite, et
leur seule punition sera d'être désormais laissés de côté. Dans
celle-ci il s'agit d'un roi qui a autorité : aussi le refus des invités
est déjà une révolte et aboutit au meurtre des envoyés du roi. Il
y aura châtiment, et il y aura substitution d'autres invités. Toute-
186 CCXLII — LA PARABOLE DU FESTIN DES NOCKS
fois ceux qui ont été substitués ne doivent pas regarder les choses
comme terminées par le fait qu'ils ont répondu a l'invitation : ils
doivent être attentifs h s'y rendre dans une tenue convenable.
Dans la première, il indiquait surtout les raisons pour lesquelles
on repousse l'invitation de Dieu ; en celle-ci il fait ressortir prin
cipalement le châtiment réservé à ceux qui ont méprisé l'invi
tation, soit en insultant les serviteurs envoyés pour les amener au
banquet, soit en s'y présentant dans une tenue indigne.
Celte parabole complète celle des vignerons homicides : là,
Dieu se présentait sous la ligure d'un maître qui réclame ce qui
lui est drt : ici, il apparaît sous la figure d'un roi qui se montre
infiniment généreux ; « et il y a progrès dans lu malice,
dit Théophylacte : dans la première, des vignerons tuent ceux qui
viennent réclamer les fruits de la vigne; dans la seconde des
invités tuent ceux qui viennent les appeler pour le banquet. »
Comme Jésus s'y montre généreux ï t 11 sait, dit S. Jean Chry
sostôme. qu'ils veulent le crucifier : il vient de le leur dire dans la
parabole précédente : et malgré leur méchanceté il les invite
encore, il les presse. 11 leur annonce que ce fils bien-aimé du roi,
qu'ils ont tué. célébrera des noces, et il les invite, eux qui l'ont
tué. »
Le royaume des cieux est semblable à un roi qui voulut célé-
brer les noces de son fils.
« Votre charité, dît S. Grégoire, sait quel est ce roi et quel est
son (ils. C'est celui dont le Psalmistc disait : Donnez* 6 Dieu,
votre justice au fils du roi. Dieu le Père mariait son Fils quand
dans le sein de la Vierge il l'unissait à la nature humaine,...
quand il l'unissait par le même mystère à l'Eglise. »
Avec quelle facilité et quelle plénitude J.-C. nous explique les
plus hauts mystères! Le grand mystère de l'Incarnation c est pour
lui les noces d'un (ils de roi. Comme un mariage unit les époux
dans une unité parfaite, le Fils de Dieu, par un amour infini, s'est
uni la nature humaine. Dans le mariage l'union ne peut être brisée
que par la mort: ici l'union ne sera même pas brisée par la mort.
Le roi célèbre magnifiquement ces noces de son fils. Le banquet
qui accompagne le mystère de l'Incarnation est splendide au-delà
de tout ce que l'esprit humain aurait pu imaginer.
« Et il envoya ses serviteurs, pour inviter ceux qu'il aimait, à
ces noces. Il les envoya à plusieurs reprises : il envoya d'abord les
Prophètes pour annoncer l'Incarnation comme devant s'accomplir ;
il envoya ses Apôtres pour annoncer qu'elle était accomplie. »
La première invitation, celle qui était faite par les Prophètes,
invitation encore lointaine, avait eu peu de succès : les Prophètes
invitant de la part de Dieu le pou pie d'Israël à des noces qui
devaient se faire plus tard, noces auxquelles il fallait se préparer
CCXLII — LA PARABOLK DU PKSTIN DES NOCES 187
a u x i n v i t é s : J'a* p r é p a r é m o n f e s t i n ; j'ai f a i t t u e r m e s
b œ u f s e t t o u t c e q u e j ' a v a i s fait e n g r a i s s e r ; t o u t e s t p r ê t ,
1.4. v e n e z a u x n o c e s . Ce devait être un festin splcndidc, digne de
personnes si élevées.
Tout est prêt, venez aux noces ! Voilà le cri que liront entendre RICHESSE DU BAFQUET
PRÉPARE
les Apôtres quand le mystère de notre Rédemption eut été
accompli. 7««/ est prêt* venez aux noces ! Voilà le cri que nous
font entendre tous les ministres de Dieu. « Dans le festin qui nous
est préparé, dit S. Ililaire, nous trouvons les mérites de ces opu
lentes victimes qui sont les martyrs, de ces martyrs qui ont
donné leur sang pour la gloire de Dieu: nous trouvons l'abon
dante doctrine de ces docteurs qui pour nourrir après eux d'autres
âmes, se sont nourris du pain céleste. » « Dans les aliments qui Hilir. e . 2 2 .
ID .Matlh. n . A .
sont offerts à nos âmes, on trouve tout : leur vertu nourrissante
est figurée par la viande des bœufs, leur élévation par la chair des
oiseaux, leur variété, leur richesse par la multitudo des mets
préparés. On sent bien quand une parole est creuse et quand une
parole est nourrie : à Ja table de notre roi il n'y a que des aliments Origen. 1.17 ÏD Mitth.
parfaits. • o. M .
A ce banquet il y a quelque chose de plus, c'est la chair elle-
même de celui qui célèbre ses noces.
M a i s i l s s e s o u c i è r e n t p e u d e c e t t e i n v i t a t i o n e t i l s s'en INDIFFÉRENCE DES
INVITES
t. s, allèrent, l'un à sa ferme, l'autre à s o n négoce.
Voilà bien la vie du monde : les plus grands mystères, comme
celui de l'Incarnation, de l'union du Fils de Dieu avec l'humanité,
sont devant nous ; il s'agit d'en accepter les richesses, d'y associer
notre vie, et beaucoup, absorbés par les plaisirs ou les intérêts de
la terre, n'ont pour eux que de l'indifférence ou de la gêne. On Gregor. ut sopr. D. S.
aime mieux rester chez soi, ne possédât-on qu'un taudis, que de
venir dans la maison de Dieu.
Et d'autres se saisirent d e s serviteurs, et après l e s avoir MÉCHANCETÉ
il a c c a b l é s d'outrages, l e s t u è r e n t . « IMus le roi est patient, plus DE QUELQUES-UNS
les autres sont féroces. » On ne demeure pas toujours dans l'in Kit thym.
différence à l'égard des envoyés de Dieu ; leur insistance et leur
zèle importunent, et l'indifférence se change vite en haine. A brève
échéance, les Apôtres, chargés d'outrages, maltraités, mis à mort
par ceux à qui ils annonçaient la bonne nouvelle, réalisaient la
prédiction de J . - C Et dans quelques jours, le plus grand de ces
188 (VXL1I — LA l'AKABOLE DU FESTIN DES NOCES
prouve que dans cette parabole J.-C. s'adressait surtout aux Juifs.
Ils furent tous appelés, mais peu furent élus, parce que peu
répondirent à l'appel. » II ne sert de rien d'être les enfants Theopbyl. b.l
d'Abraham : les Juifs croyaient que cette seule qualité leur don
nait droit au royaume des cieux ; il faut l'appel de Dieu, cet appel
est une grâce et il faut répondre à cette grâce.
Mais il est évident que J.-C. s'adresse aussi à tous, qu'il pro
mulgue une loi générale du royaume des cieux. Il y a beaucoup
d'appelés, « et dans cet appel adressé à tous, dit S. Hilaire. nous
apparaît la bonté infinie de celui qui invite ; » il y eu a beaucoup u n i r , m s u p r . o. 7 .
qui refusent ; ils s excluent eux-mêmes par leur refus ; un seul est
repoussé. « L'appel aurait dû le rendre bon, car cet appel était
saint et procédait d'un immense amour : mais les dispositions de
la volonté mettent des différences eu ceux qui répondent à l'appel.
Il pouvait se tromper sur ses dispositions, mais le regard de Dieu
ne se trompe pas. Les serviteurs qui admettaient au banquet
avaient pu se tromper : Dieu voit toutes choses dans leur vérité. » id. ib. . g et 7. D
C'est en répondant dignement à l'appel de Dieu que nous ame- QUELS SONT LES
ELUS
nons à leur terme les desseins de Dieu sur nous. C'est pourquoi* *
disait l'A potre S. Pierre, efforcez-vous, mes frères, de plus en
plus, par vos bonnes œuvres, de rendre certaines votre vocation
et
. M r . M O . - votre élection.
Tous nous sommes appelés à des noces. « En venant sur terre, A QUELLES NOCES NOUS
dit S. Augustin, le Christ s'est uni à son ftglise en des noces spî- SOMMES APPELÉS?
rituelles... Invités à y prendre part, h prendre part au banquet du
1
Père, du Fils et de l'Ksprit S , voyez quels vêtements vous devez
prendre... Que notre hôte divin ne trouve en nous rien de vil. rien
qui offense ses yeux. Si vous voulez comprendre, vous saurez qu'à
ces noces vous aurez le rôle de l'épousée. Comprenez à quelles
noces, à quel époux, à quel banquet nous sommes appelés. Nous
sommes appelés à une table où Ion ne trouve pas la nourriture des
hommes, mais le pain des Anges. Au lieu d'ornements précieux n'y ,A| csrsar.
n ( P f e
CCXLIII
lie t r i b u t de Céwar.
NOUVELLE TENTA « tjuund on a opposé une barrière à une eau courante, dit l'au
TIVE POUR SURPREN
DRE JÉSUS
teur de VOpus imperfection, on la voit, après avoir rebroussé en
arrière, chercher, à droite et à gauche, une issue. C'est ce que
font les Pharisiens après les sévères avertissements que leur a
Opus imperf* donnés Jésus. » Les Pharisiens, s'en allant, se concertèrent
Homil. Ai.
pour le surprendre dans ses paroles. IL
Pour qu'il fut sans défiance, ils lui e n v o y è r e n t de leurs dis
ciples a v e c des partisans d'Hérode, ces hommes qu'ils trai-
CCXL11I ~ LE TRIBUT DE CÉSAR 193
« II faut lui rendre cette image telle qu'il l'a mise en vous, non
boursouflléc par l'orgueil, rongée par l'envie, brillée par l'avarice,
couverte des enveloppes menteuses de l'hypocrisie, souillée par la
luxure, empestée par l'habitude de la détraction, vidée par l'amour
du bavardage, mais affermie par la foi, rendue brillante par la
charité, invincible dans, la patience, tranquille dans son humilité,
rayonnante de chasteté, aimable dans sa paix; car c'est ainsi
qu'était cette monnaie frappée par la main de Dieu. César livre
aux bourreaux ceux qui altèrent sa monnaie : Dieu livrera aux
Oon« imp»rf.
peines de Venfer ceux qui auront altéré sou image. *
En combien de façons Dieu a imprimé en nous son image ! U l'a
fait par la création : « Il nous a donné l'intelligence ; il faut la lui
rendre en agissant toujours avec intelligence, et en évitant de nous
ravaler au niveau de la brute. » À nouveau, d'une façon plus Thcophyl. in Lae.
intime et plus profonde, il a imprimé en nous son image à la
rédemption. « U n o u s a rendus semblables à lui par la foi, l'espé
rance et la charité. » 11 a imprimé en nous son image en nous
attirant vers lui. Il faut craindre de déformer cette image de Dion
qui est en nous ; il faut sans cesse l'offrir à Dieu : en la lui donnant,
nous la rendons plus brillante, et en l'acceptant Dieu rend son
empreinte en clic plus profonde.
L'accomplissement des devoirs de justice qui obligent envers LES DEVOIRS ENVERS
DIEU BASE DES AUTRES
Dieu est une garantie de l'accomplissement des devoirs de justice DEVOIRS
envers le prince et envers tous les hommes. C'est en même temps
une barrière aux empiétements que le prince pourrait prendre sur
les droits de la conscience. Ce droit de César est limité par le
droit de Dieu, c Quand, dit S. Jean Chrysostôme, vous entendez
cette parole : /tendez- à César ce qai est à César, entendez-la des
choses qui ne sont pas contraires à la piété due n Dieu : car si clins
lui étaient contraires, ce ne serait plus le tribut de César, ro serait
le tribut de Satan. » II n'y aura plus de droit pour César là où Chrvs. Homll. 70
in Matth. D. 2 .
César voudra enfreindre le droit de Dieu.
Et de fait les chrétiens, ces observateurs si fidèles du droit de
Dieu, ont toujours été. de tous les hommes, les plus respectueux
du droit, de l'autorité civile. S. Pierre continuait renseignement
du Sauveur quand il disait : Craignez Dieu, honorez le roi. De
17.
même S . Paul quand il disait : Quêtante dme soit soumise an.r
puissances supérieures; car il n\q a point de puissance qui ne
3.XlM. 1. vienne de Dieu. Cette vue de Dieu donnant son origine au pouvoir
imprimait à leur obéissance un caractère do plus grande liberté.
Et d'autre part, il ne s'est trouvé personne qui ail contribué
autant que les chrétiens à rappeler au pouvoir qu'il avait des
limites, et qu'il ne pouvait rien contre la conscience et la loi éter
nelle. C'est le respect qu'ils curent pour Dieu qui détruisit la
tyrannie et créa la liberté.
J.-C. dans cette réponse nous apprend à parler avec prudence,
196 CCXLÏII — LE TRIBUT DK CÉSAR
« Dieu, dit S . Cyrille, a créé les sexes, parce «pie dans la vie
présente il voulait la propagation de la race humaine ; mais à la
résurrection, délivrés de toute corruption, nous aurons un corps
spirituel, c'est-à-dire un corps qui n'agira plus que pour s'associer
aux fonctions de l'esprit. L'esprit ne sera plus enclin au vice, le
Créateur nous conservant, comme les Anges. par l'Esprit S', dans
rattachement à sa volonté. » 17rili. lo Lue.
I l s s e r o n t l e s é g a u x d e s A n g e s , dit S. Luc, Us s e r o n t l e s
e n f a n t s d e D i e u , p u i s q u ' i l s s e r o n t l e s e n f a n t s d e la r é s u r
r e c t i o n , a C'est Dieu qui opérera en eux leur résurrection glorieuse,
répandant en eux ses perfections, et a cause de cela ils seront
vraiment les enfants de Dieu. » Theophyl. in Luc.
« Commençons donc dès cette vie, dit Bossuet. ce que nous
ferons dans toute l'éternité. Commençons à nous détacher des
sens,'et à vivre selon cette partie divine et immortelle qui est en
nous. » « Commençons, dit S. Augustin, à vivre de la vie des Bossuet. nt s a p r .
Anges. Nous serons comme les Anges après la résurrection ; quel
mérite si nous commençons à leur ressembler avant la mort I
Gardez donc votre rang, car Dieu vous garde vos gloires. Les
âmes bienheureuses ont été comparées aux étoiles du ciel. Une
étoile diffère en clarté aVune autre étoile, dit l'Apôtre: ainsi en
sera-t-il à la résurrection des morts. Il y aura une gloire parti
culière pour la virginité, une autre pour la chasteté conjugale,
une autre pour la viduité : l'éclat sera différent, mais le ciel sera
à tOUS. »
200 G C X L I V — R É P O N S E Dp] J É S U S A O X S A D D U C É E N S
I J O yriind c o m m a n d e m e n t
• 11 vient seul, dit Bode, de sorte que. s'il est vainqueur, tous
seront victorieux avec lui : et s'il est vaincu, la confusion ne
B e d t . lu Mitih. retombera que sur un seul. »
Quiconque, dit Origène. interrogeundocteurpourlesurprendre
et non pour apprendre, quiconque appelle Jésus Maître et ne se
livre pas complètement au Verbe pour devenir la plantation
aimée de Dieu, celui-là est le frère de ce Pharisien qui tente le
v n
in°M«?h' A " " T ° ™ " ' ^ ' * *
M R
l'appelant du nom de Maître » « J.-C. a pris pour lui,
a.t. • • - • .j ^ n l o
r o f jt, à lui-même tout ce qui est fait à ses saints,
o o n ï i n o a
soit par ceux qui les haïssent, soit par ceux qui les aiment. Il a
dit dans la personne de ceux qui ont faim : J'ai eu faim. Ht il a
pu dire aussi : J'ai souffert l'injure, j'ai été frappé, j'ai été tenté
ib. n. i . parce que les siens devaient l'être. » Combien sont nombreux ceux
qui cherchent à surprendre dans leurs paroles les disciples de
J.-C. afin d'accuser la doctrine de J.-C.
Toutefois cet homme ne paraît pas complètement hostile. Il
a v a i t v u , dit S. Marc, que Jésus avait fait a u x Sadducéens
la réponse qui portait coup. Peut-être avait-il accepté d'être le M«cJ«
mandataire des Pharisiens à cause d'un attrait qui le portait vers
Jésus. Dans le cours de l'entretien il est complètement gagné par
. , „ J.-C..il souscrit à toutes ses réponses, et il mérite d'entendre Jésus
1
Aoff. d« «.on». Ev . „, , ,. . , , j n- « u
1. ï. e. 73. lui dire en terminant : lu n es pas éloigne au royaume de Dieu. *• »
Maître, quel e s t dans la Loi le grand c o m m a n d e m e n t ? où NUI*.U
d'après S. Marc : le premier de tous l e s c o m m a n d e m e n t s ? ••«.*
La question était insidieuse, car les commandements étaient
nombreux, et venant tous de Dieu, ils étaient tous grands : en
CCXLV — LE GRAND COMMANDEMENT 203
rien. Sije parlais toutes les langues des hommes et des Anges,
disait l'Apôtre,... que j'eusse (e don de prophétie et-tonte science.
CCXLV - LE GRAND COMMANDEMENT
La charité nous fait adhérer à Dieu. Celui qui s'attache à Dieu, L'AMOUR NOUS FAIT
ADHÉRER A DIEU
disait S. Paul, devient un seul esprit avec lui. Et la charité nous
fait adhérer à tout ce qui est en Dieu, à ses vues, à ses sentiments,
à ses volontés. « Elle nous agglutine à Dieu, dit Clément d'Alexan CLemeosAlex. Siro-
mit. 1. 4. c. 18.
drie, et elle nous établit dans l'harmonie parfaite avec lui. » n. Sll.
Elle fait davantage : elle nous transforme en lui. « Chacun IL NOUS TRANSFORME
devient semblable à ce qu'il aime, dit S. Augustin. Vous aimez la EN DIEU
JÉSUS NOUS A INDI Ayant appris du Sauveur que le premier et le plus grand des
QUE LA MANIERE DANS
LAQUELLE NOUS DE commandements était celui d'aimer Dieu, il est naturel que nous
VONS AIMER DIEU nous demandions comment nous devons aimer Dieu. Nous l'ap
prendrons en méditant les paroles de la Loi rappelées par J.-C. :
Tu aimeras le Seigneur (on Dieu de tout ton cœur, de toute ton
âme, de tout ton esprit, de toutes tes forces. Mare.»
Demandons à Dieu de nous faire pénétrer dans le sens de ces
paroles.
CES EXPRESSIONS < Il ne faut pas tourmenter l'esprit, dit Bossuet, à distinguer la
ACCUMULÉES I N D I
QUEE UNE PLÉNITUDE
vertu de chacune de ces paroles ; ni à distinguer, par exemple, le
cœur d'avec l'âme, ni l'un ni l'autre d'avec l'esprit et l'intelligence... '
11 faut seulement entendre que le langage humain étant trop faible
pour expliquer l'obligation d'aimer Dieu, le St-Esprit a ramassé
tout ce qu'il y a de plus fort, pour nous faire entendre qu'il ne
reste plus rien à l'homme qu'il puisse se réserver pour lui-même;
mais (pie tout ce qu'il a do force cl d'amour pour aimer, se doit
Un « n r t. Mlriil. réunir en Dieu. » « Comment dois-jc aimer mon Dieu ? demande
*iir l'K*. O e m . se m.
43-J. S. Augustin. Tu F aimeras de tout ton cœur. Ce n'est pas assez :
de tout ton esprit et de toutes tes forces. Que voulez-vous déplus?
Pour moi, ajoute le Saint docteur, je voudrais peut-être quelque
Au* d e morib.
chose de plus, si je croyais qu'il pût y avoir quelque chose au-
'Eecl. c. 6. delà. »
Recueillons cependant quelques-unes des interprétations des
Pères analysant chacune de ces expressions.
LES FORCES c Nous trouvons dans l'Aine trois grandes forces, dit S. Gré
OES TROIS VIES goire de Nysse : la puissance de se nourrir et de croître qui nous
est commune avec les plantes, la sensibilité qui nous est
commune avec les animaux, et la vie raisonnable qui ne se
trouve que dans l'homme. Le cœur représente ici la première de
ces vies, la vie végétative; rame représente l'âme sensitive. et
Greffor- N y s s . d e fesprit la vie de la raison. » Dieu nous demanderait donc d'or
tiooiin créât, c. 8 donner tellement notre amour pour lui, de le rendre si complet et
Et etiim Theophyl.
si puissant que toutes les vies qui sont en nous fussent employées
à l'aimer. Il faut évidemment que ce soit la raison qui commence ;
CCXLVI — LA MANIÈRE DONT NOUS DEVONS AIMER DIEU 201»
L'ESPRIT A LES FORCES Si nous estimons réellement que Dieu est le souverain bien, si
INTELLECTUELLES
non* voulons l'aimer comme le bien unique, nous devons employer
à cela toutes les forces de notre Ame : et d'abord nos forces intel
lectuelles : et c'est pourquoi Dieu a dit : De tout cotre esprit.
« Celui dont la sagesse est en Dieu, dont la pensée va sans cesse
aux choses de Dieu, dont la mémoire rappelle sans cesse les bien
l<l. faits de Dieu, celui-là aime Dieu de tout son esprit. »
Dieu avait dit à son peuple, a Aie les commandements de ton
Dieu toujours présents la nuit et le jour... Tiens les continuelle- Deuur.TU
ment liés à ton cœur... Quand tu marcheras qu'ils marchent avec
toi; qu'ils te gardent quand tu dormiras, et aussitôt que tu seras
éveillé, entretiens-toi avec eu.v. Voilà ce que produit l'amour de Pitr.VLft'
Dieu, un inviolable attachement à sa loi. une application à la gar
der, un soin de la tenir toujours présente, de la lier à ses mains,
Rossaei. 4 1 ' j . et de ne cesser jamais de la lire. »»
< Il faut aimer Dieu, dit S. Ambroise, avec toute son intelli
gence, toute sa volonté et toute sa mémoire. 11 faut l'aimer autant
qu'on le comprend, et l'avoir en sa mémoire autant qu'on l'aime.
Puisqu'il n'y a pas un seul moment où l'homme n'use ou ne jouisse
Arahros, Apji De de la bonté et de la miséricorde de Dieu, il ne devrait pas y avoir
divnu, cood. hum.
c. 2. un seul moment où la mémoire n'ait Dieu présent. »
L'ENERGIE INTË • Et de toutes vos forces. U faut mettre au service de l'amour
RIEURE ET L'ACTION divin tout ce que l'on a d'énergie intérieure ; il faut y mettre aussi
EXTERIEURE
toutes nos actions extérieures qui constituent, elles aussi, autant
de forces. « Car on ne peut l'aimer sans lui obéir, ni lui obéir sans
l'aimer : ce que le Sauveur explique en disant : Si vous m'aimez,
gardez mes commandements ; et réciproquement : Celui qui
garde mrs commandements est celui qui m'aime. 11 ne suffit pas
de garder l'extérieur de la loi : l'àme de la loi. c'est de la garder
Hossuet ui inpr. par amour : l'elfet de l'amour est de garder la loi. n Kt quand on
met au service de l'amour toute son activité intérieure et extérieure,
quand on pratique le précepte de S. Paul : Cherchez la charité^ LGor.SIT
quand on fait de tout, du travail, de la joie, de la souffrance, un
exercice de charité, à quelles hauteurs peut s'élever la charité !
quelles ressources nous avons pour nous avancer dans la charité
si nous savons bien les employer !
Voyez donc si vraiment vous aimez Dieu. « Que l'on demande
à l'un de vous s'il aime Dieu, dit S. (irégoirc, avec assurance il
répond : Oui. je l'aime. Mais rappelez-vous ce que l'éternelle
Vérité a dit : Si quelqu'un minime, if gardera ma parole. La
t'rnbalio dilcriionît preuve de l'amour se trouve dans les œuvres que Ton accomplit...
exbihitio e s i o p e n s . Nous aimons vraiment Dieu si par amour pour lui nous savons
m m i Jésus ajouta : L e s e c o n d c o m m a n d e m e n t e s t s e m b l a b l e à ^ T 0 0
^ 0
^ ^
* celui-ci : V o u s aimerez votre prochain c o m m e vous-même. A U PREMIER
Ce n'est pas un commandement différent du précédent : il lui est
semblable, il en est comme une autre face et la mise en pratique.
« En disant: Vous aimerez votre Dieu de tout votre cœur, de
toute votre âme, de tout votre esprit, il ne nous avait laissé, dit
S. Augustin, aucune partie de nous-mêmes pour jouir d'autre
chose ; il voulait que toute affection qui existerait en «nous fut
entraînée à ce but unique de notre amour. Celui qui aimera le
prochain l'aimera donc de façon à aimer Dieu de tout son cœur. Au*. »e doctr.
de toute son àme, de tout son esprit. » n!' iV.' ' r
" * " e
e u r p r ( , p R u o
Au». <t* ?*r reiiir ^ ^- H l'aimerait plus comme lui-même, il l'aimerait
n. 87. c o m m e une bote de somme ou comme un oiseau brillant. »
c Si l'homme n'aimait qu'à cause des liens charnels qui
l'unissent à d'autres hommes, il n'aimerait que pour des motifs
restreints et transitoires. C'est pourquoi le Sauveur voulant nous
élever à des affections parfaites, voulant nous faire aimer l'homme
en tant qu'homme nous ordonne de nous affranchir de l'empire de
îb. D. 8S. ces liens. »
« Mais, dit S. Augustin, nous ne devons pas nous aimer pour
nous, nous devons nous aimer pour celui dont nous devons jouir.
I/homme est parfait quand par toute sa vie il va à celui qui est ln
v i o parfaite, et s'attache à lui de tout son c œ u r : s'il s'aime pour
Aujf. de d o e t r . ^ h r i t t . lui-même, et qu'il ne se rapporte plus à Dieu, il demeure dans la
M. Kp. Ï3i> &d Proh. mort. » H Aimer Dieu, c'est donc s'aimer soi-même, » s'aimer
îd "Épiais:;. d ' u n e m e n t i large, intelligente. <c S'aimer autrement c'est en réalité
9il M»ced. o . i n . s e haïr. »•
« Kt maintenant, si vous ne devez pas vous aimer pour vous-
même, mais pour celui dont l'amour vous établit dans votre per
fection véritable, que les autres ne s'indignent pas si vous les
id. d« dôctr. christ, aimez pour Dieu. • « Si nous nous aimons d'une façon intelligente
ut «opr. seulement quand nous aimons Dieu, nous devons nous efforcer
id. Ep. 155. n. 14. d'amener à Dieu ceux que nous devons aimer comme nous-mêmes. »
Kt la véritable amitié, qui est, dit Bossuet. la perfection de la cha*
Rossuei. Médit. ... . . . ,.. . •i . • • i r\-
47* j . rite, sera une liaison particulière pour s aider a jouir de Dieu.
Une fois que l'on aime ainsi son prochain, comme soi-même et
pour Dieu, on est à sa place, on veut tout le monde à sa place, on
est dans l'ordre universel.
Une fois que Ton aime ainsi son prochain pour l'amener à la
possession du bien infini, il n'y a plus de haine ni d'envie. « Kt
lorsque la possession ou la recherche de quelque bien particulier
nous divise, comme celui d'une charge, d'une dignité, d'une terre,
il se faut bien garder d'en aimer moins notre frère. Ce qu'il faut
id. ib. moins aimer, c'est le bien qui nous fait perdre notre frère. »
« Nous nous appliquerons à amener notre prochain à ce but
sublime, dit S. Augustin, en lui donnant l'assistance qui le
consolera, la doctrine qui ]'éclairera, au besoin la correction qui
Auir. E p . U " , n. 13. l'amendera. »
LES ACTES OE LA « Nombreux, dit S. Grégoire, seront les actes des vertus que la
1 tG R ia|,
OO*PROCHAIM * ° ^ » l é mettra en œuvre en évitant tout ce que l'on ne voudrait pas
subir, ou en accomplissant ce que l'on aimerait recevoir. En se
gardant de ce qu'elle ne voudrait point rencontrer, elle évitera
l'orgueil qui arrive vite au mépris du prochain, l'ambition et
l'envie qui convoitent les biens du prochain, la luxure qui
engendre les désirs impudents, la colère q»i porte à l'injure, la
jalousie qui s'attriste de la félicité des autres, le bavardage qui
attaque volontiers les réputations, la rancune qui amène aux
L'AMOUR F>U PROCHAIN
M . E p . 192. ad
Diar. Cptettin. ( p o s
sans la donner : et plus est grand le nombre de ceux à qui on la
te* pontif. rom) n. 1. donne, plus elle grandit. »
c Nous la devons même à nos ennemis, comment la refuserions-
nous h nus amis ? Aux ennemis on la donne avec précaution, aux
amis en toute assurance, o
Elle donne pour donner, cela est dans sa nature, B Et cependant
ceux-là mêmes à qui elle rend le bien pour le mal, elle travaille
à les amener à rendre ce qu'ils reçoivent. Nous n'aimons vrai
ment notre ennemi que si nous travaillons à le remplir de
bonté. »
« 11 y a cette différence entre la charité et la richesse tempo
relle qu'elle s'augmente, tandis que celle-ci diminue par l'emploi
qu'on en fait. U y a aussi entre elles cette autre différence que nous
nous montrons grands quand nous ne réclamons pas l'argent qui
nous est du, tandis que nous faisons encore acte de charité en la
réclamant pour nous : car celui de qui nous la réclamons s'enri
chira en nous la donnant, »
a C'est pourquoi, disait-il à son correspondant, volontiers je
m'acquitte envers vous de cette dette, et je la réclame aussi de
vous ; en la recevant, je la réclame encore ; et en m'acquiltant je
1b. D . ï . reconnais la devoir toujours. »
« Celui qui en matière de charité se croirait affranchi de sa
F u i r e n t . Serm. 5 .
dette, dit S. Fulgence, celui-là loin de se réjouir devrait plutôt
Miilk.ll
De Carit. D. 3 . pleurer, car il serait privé d'une grande richesse. »
TOUTE LA LOI REN Le Sauveur ajoutait : E n c e s d e u x c o m m a n d e m e n t s e s t
FERMÉE EN CES DEUX
COMMANDEMENTS
c o n t e n u e t o u t e l a L o i , a i n s i q u e l e s P r o p h è t e s . « Comme toute
Ja Loi.ditS. Augustin, est contenue en ces deux préceptes, l'amour
le
de Dieu et l'amour du prochain, la S Ecriture les emploie souvent
l'un pour l'autre, soit l'amour de Dieu comme dans ce texte : Tout
coopère au bien de cen.v qui aiment Dieu, soit l'amour du pro- Ro«, «
chain : Toute loi eut renfermée dans un seul mot: Vous aimerez
Auff. do Trinit.
le prochain comme vous-même. Car c'est par un seul et même GlULl
1. 8 . c . 7. amour que Ton aime Dieu et le prochain. »
« Et en effet, la vertu ne consiste-l-elle pas à aimer ce qui doit
être aimé ? Savoir choisir l'objet de son amour, c'est la prudence ;
ne s'en laisser détourner par aucune peine, c'est la force : par
aucun plaisir, c'est la tempérance ; par aucun orgueil, c'est la
justice. Et que choisirons-nous comme l'objet suprême de notre
amour, sinon le bien suprême, c'est-à-dire Dieu? Si nous mettons
quelqu'autre bien au-dessus ou à l'égal de celui-là, nous ne savons
Aug Ep.
• d Matedon. D . 13. plus nous aimer nous-mêmes. »
« , C'est pourquoi, disait-il encore écrivant à ce même person
nage, vicaire de la province d'Afrique, si toute votre prudence
dans laquelle vous vous efforcez de pourvoir à l'administration des
choses humaines, si toute votre force dans laquelle vous ne vous
laissez effrayer par aucune attaque de l'injustice, si toute votre
CCXLVHI — COMMENT J . - C . EST-II« P l h S DR DAVID ? 210
CCXLVHI
L'envoyé des Pharisiens avait été tellement gagné par l'ensei ASSENTIMENT DON
NÉ AUX PAROLES DE
gnement si lumineux, si élevé, si simple du Sauveur qu'il s'était JESUS
rangé complètement h sa doctrine : Oui. Maîtrei lui avait-il dit :
c'est bien dans la vérité que vous avez déclaré qu'il n'y a
qu'un Dieu, et qu'il n'y en a point en dehors de lui, et que
l'aimer de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son
âme et de toutes ses forces, et son prochain comme soi-même,
M. est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices.
Et Jésus, voyant qu'il avait sagement répondu, lui avait
dit : Vous n'êtes pas loin du royaume de Dieu.
Pourquoi ne lui dit-il pas : Vous êtes entré dans le royaume de
Dieu? C'est sans doute parce qu'il lui restait à y être introduit
par celui qui en possède lu clé, qui nous apprend à aimer Dieu de
tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes.
CCI.XVIII — COMMKNT J.-C. KST-ÎL KILS DK DAVID ?
a connu celui qui était son fils en tant qu'il était le Fils éternel du
Hieron. h . l . Père. »>
« S'il est assis à la droite du Père, dit Romi d'Auxerre, c'est
Kemiff. f.at. »nr. donc qu'il lui est égal en dignité et en gloire. » Pourquoi après
DISPOSITIONS r.t- tant d'œuvres divines qu'il avait accomplies, après une si haute
CESSAMES POUR LA
COMPRENDRE
sainteté qu'il avait manifestée, ne savaient-ils pas élever leurs
regards à ces hauteurs que le Prophète avait contemplées avec
tant de joie ? « C'est là un grand mystère, dit S. Augustin, et pour
le goûter il faut y être préparé par toute la vie. 11 demeure fermé
aux indignes, il s'ouvre à ceux qui en sont dignes. Il faut frapper
pour qu'il nous soit ouvert, et on frappe là, non avec des pierres,
des poutres, les pieds ou les poings, mais avec la vie ; c'est à la
vie que Ton ouvre. U faut d'abord aimer Dieu pour lui-même, ne
pas chercher de récompense en dehors de lut, car il n'y a rien de
meilleur que lui. S'il vous donne la terre, vous êtes content, vous
qui aimez la terre et qui êtes devenu terre : mais combien plus
faudrait-il vous réjouir quand il se donne lui-même, lui qui a fait
le ciel et la terre? IL faudrait donc d'abord aimer Dieu pour lui-
Ao|r. nt supr. n . 3 .
même. »
u II faut ensuite purifier le cœur. Tous les actes et toutes les
pensées sont comme des rameaux qui germent du cœur. Si vous
laissez la cupidité s'implanter dans le cœur, vous verrez germer
les épines : si vous 3* plantez la charité, vous verrez naître des
fruits de charité. C'est pourquoi tout à l'heure, les Juifs ayant
refusé de répondre à la question qui leur était posée, J.-C, atta
Id. o . 5 . quera les vices qui souillaient leur cœur. »
LUMIERE CONTENUE « Mais d'abord pour les amener à une crainte salutaire, dit
OINS TOUT LE PSAUME S. Jean Chrysostôme. pour montrer l'accord parfait qui existe
entre son Père et lui, il montre le Père abaissant ses ennemis
jusque sous ses pieds : Jusquà ce que je fasse de vas ennemis
C h m . Mo-n». 7 !
in Matth. n. t l'escabeau de vas pieds. >»
c Ce n'est pas par suite d'une infériorité dans la puissance, dit
S. Ambroise, mais pour établir l'unité de la nature dans l'un et
dans l'autre, que le Père assujettira les ennemis de son Fils : et
déjà le Fils descendu sur terre avait soumis les ennemis du Père
Atnbros. ul supr. en rendant gloire au Père. « Avec amour soumettons-nous au
n . .1. doux empire de Jésus a(in que le Père s'armant de sa puissance
ne nous jette pas vaincus et frémissants à ses pieds.
« S'ils avaient voulu, dit Origène. se rappeler le Psaume tout
entier, ils se seraient fait une idée plus complète du Christ : ils
auraient compris qu'il était non seulement au-dessus de la nature
humaine, mais au-dessus de toute nature créée. Je vous aiengen-
dre de mon sein dans les splendeurs de la sainteté, avant, lustre
Origen. t . 3 in Matth.
a. t>. de la lumière. » « Devant que cette lumière qui se couche, et qui se
lève tous les jours eût commencé à paraître, il y avait une lumière
éternelle qui fait la félicité des saints : c'est dans relie lumière
CCXLVHI — GOMMENT J - C . EST-IL KILS DE D A V I D î 223
Oifffli. ut topr. Maître et comme Pontife. » Combien grand aurait été leur gain.
Puis avec les disciples, avec S. Etienne, ils auraient dit : Je vois
les cieux ouverts et Jésus à la droite de Dieu, d'où il viendra un
jour pour juger les vivants et les morts.
Etenattendantils l'auraient vu, aprèsavoirlaisséaux persécuteurs
le temps d'exercer leur rage, les briser les uns après les autres :
// brisera contre terre les têtes de beaucoup, pendant qu'il dirait
à ses disciples : Ne craignez rien, petit troupeau, car il a plu à
votre Père de vous donner le royaume.
Us auraient compris le mystère de ses humiliations, et s'ils
l'avaient vu souffrir ils n'en auraient pas été scandalisés : ils au
raient vu qu'elles avaient prédites par son royal ancêtre, et qu'elles
étaient le prix de sa gloire. Il boira en passant de Veau du
torrent, et c'est pourquoi il élèvera ensuite sa tête. Ils auraient
compris pourquoi ses disciples boivent librement au torrent des
souffrances de la vie. tandis que les autres se laissent entraîner
par ses eaux, et pourquoi ils portent toujours la tête haute et
hère.
Mais au lieu d'entrer dans cette merveilleuse lumière, ils se
buttent a la question du Sauveur : Si David Vappelle son fils,
comment est-il son Seigneur ? *• *
fis ne pouvaient lui répondre, ajoute l'Evangéliste. Ils auraient
pu l'interroger, « mais ils préféraient, dit S. Augustin, crever de
leur orgueilleux silence que de recevoir la lumière que leur aurait
Au*, in F « . 109. méritée l'humble aveu de leur ignorance. » c Ils l'avaient interrogé
n
* pour le surprendre, en se posant en docteurs. Jésus avait répondu
à toutes leurs interrogations, et leur avait prouvé qu'il était le
vrai maître de la doctrine divine : et les ayant interrogés à son
tour, il leur avait prouvé par leur impuissance à répondre qu'ils
ri**». T. ss. n . tî. étaient de faux docteurs. » « Celui qui a marqué à la mer ses
Oposiaperr limites a marqué aussi à l'insolence de Satan les limites qu'il ne
Homil. u. doit pas franchir. »
E t à p a r t i r d e c e m o m e n t p e r s o n n e n'osait p l u s l'inter
roger. *«
M a i s , ajoute S. Marc, u n e foule n o m b r e u s e l ' ê c o u t a i t v o
l o n t i e r s . La foule sans prévention écoutait volontiers le docteur Mire M
dont toutes les paroles étaient divines.
CCXMX
LE TROUBLE DE JESUS J.-C. aunoneuit. donc le grand mystère par lequel il donnerait la
vie au monde, le mystère de sa mort; il révélait la voie par
laquelle ses disciples participeraient aux fruits de celle mort, la
voie du renoncement et de la mortitication. Et tout à coup il
s'écria : E t m a i n t e n a n t m o n â m e e s t t r o u b l é e . Joaa.114
« Et d'où vient donc, ô Seigneur Jésus, lui dit S. Augustin, que
votre âme est troublée ? Vous disiez tout à l'heure : Celui qui hait
son unie dans la vie présente la garde pour la vie éternelle.
Au* Tr Aimeriez-vous votre âme pour ce monde, puisqu'elle se trouble
n\"\.
ia'joao. quand il s'agit de quitter ce monde ? »
« Je l'entends dire : L'heure est venue où le fils de r homme sera
glorifié. Si le froment meurt en terre, il portera du fruit. Je
l'entends dire : Celui qui hait son dme en ce monde la garde pour
la vie éternelle. Je dois non pas seulement admirer mais imiter.
Ensuite par ces paroles : SI quelqu'un veut être mon serviteur,
qu'il me suive, et là oit je suis, mon serviteur y sera avec moi. je
me sens enflammé à mépriser le monde, et ma vie, si longue
qu'elle soit, ne m'apparaîl plus (pie comme une vapeur qui passe ;
par l'amour des choses éternelles, toutes les choses temporelles
me paraissent viles: et maintenant j'entends à nouveau ce Dieu
qui de ma faiblesse m'a élevé à sa grandeur ; et sa parole est une
parole de faiblesse : Maintenant mon dme est troublée. Qu'est
cela ? Comment voulez-vous que mon âme vous suive si je vois la
vôtre troublée ? Comment ma faiblesse portera-l-elle ce qui
accable une force si grande ? Quel fondement trouverai-jc si la
CAUSE DE CE TROUBLE pierre est ébranlée? Mais j'entends le Seigneur me parler au
cœur et me dire : Tu suivras mieux, parce que je viens pour
t'aider à porter ton fardeau : tu as entendu la voix de ma force qui
id; ib. o. s. venait vers toi, entends la voix de la faiblesse qui parle on moi. »
« Oui, je le sais, il nous a pris en lui, il nous porte en lui, lui qui
est notre tète ; il a pris en lui les affections de ses membres... Il
fallait que l'unique médiateur des hommes, l'homme-Dieu, le
Christ Jésus, en nous conduisant aux hauteurs les plus sublimes,
LA GLORIFICATION P A R LA PASSION 293
connût avec noua toute faiblesse. Et c'est pourquoi il n'est pas trou- id. ib. •. i .
blé par une action étrangère qui s'imposerait à lui : à la résurrec
tion de Lazare il s'était troublé lui-même ; il en est de même ici. »
De lui-même il se représente les tourments de sa Passion, l'ingra
titude des hommes, et lui-même amène ce trouble en son âme. »
Jl regarde ceux qu'il vicnl sauver. « Tl nous voit fatigués,
abattus, et il veut nous transfigurer en lui. H ne veut pas que
quand l'un de ses membres arrivera à son dernier jour et qu'il se
sentira troublé par la crainte de la mort, il puisse se dire qu'il
n'appartient pas au Christ, dans la pensée que le Christ n'a point
conîiu ces troubles et des tristesses de ce genre. Pour leur
épargner ces pensées de désespoir, il a recueilli en lui ses
membres infirmes, comme la poule recueille ses poussins : et c'est
en leur nom qu'il dit : Et maintenant mon âme est troublée. Et il
leur dit à eux-mêmes ; Reconnaissez-vous en moi, et quand vous
vous sentez troublés, ne désespérez point : ramène/, votre regard
à celui qui est votre chef ; et souvenez-vous que quand il disait :
Mon âme est troublée, c'est vous qui étiez, en lui, c'est en votre
nom qu'il parlait. Dites à votre Ame qui ne voudrait pas voir finir
cette vie misérable, d'autant plus misérable qu'on l'aime davan
tage : Pourquoi es-tu triste, 6 mon âme, et pourquoi me troubles-
tu P Tu ne trouves en toi que tristesses et que faiblesses, sors de
toi, et espère en Dieu. Espère en celui qui t'a choisie avant la
création du monde, en celui qui t'a prédestinée, qui t'a appelée,
qui t'a justifiée, qui t'a promis la gloire éternelle, qui a souffert
pour toi une mort injuste, qui a répandu son sang pour toi et qui
te prenait on lui quand il disait : Mon âme eut troublée. Tu es à
lui et tu craindrais l » t e m . sos. n. À
« O Maître, o Médiateur, vous qui êtes Dieu infiniment au-
dessus de nous, et homme à cause de nous, je reconnais là votre
misérfeorde, car en acceptant ce trouble, vous qui êtes si grand,
vous console/, ceux qui par la faiblesse de leur nature, subissent le
trouble. »
« Vous qui voulez suivre Jésus, entendez ce qui suit. Vous vous
êtes trouvés quelquefois en des moments terribles : en face d'une
faute à commettre, d'une souffrance à subir, votre Ame était dans
le trouble : que faire? Ecoutez celui qui vous a créés, et qui pour
vous enseigner ce que vous devez faire, s'est fait semblable à vous.
Ecoutez-le s'écriant : Et maintenant mon âme est troublée. Où FERMETÉ DE LA
• . o r j VOLONTE DE JÉSUS
me tournerai-jc r Je me tournerai vers mon Pere. E t q u e DANS CE TROUBLE
dirai-je? Que v o u s m e sauviez, ô Père, de cette h e u r e ?
«.G. M a i s c'est p o u r c e t t e h e u r e q u e je s u i s v e n u . U ne veut donc
i.n. faire qu'une seule prière : P è r e , glorifiez v o t r e n o m . » C'est un id. Tr. •» in J O H .
e l
cri semblable qui bientôt sortira de «es lèvres au jardin «les olives : '
Que ee calice s'éloigne de moi. Et son Ame reprenant le dessus :
Non pas ma volonté, mais que la vôtre se fasse, o mon Pere !
234 CCL - DKS GENTILS nfiSIRKNT VOIR J.-C.
E t J é s u s l e u r d i t : Ce n ' e s t p a s à c a u s e d e m o i q u e c e t t e
v o i x s'est f a i t e n t e n d r e , m a i s à c a u s e d e v o u s .
Elle avait sans doute donné une grande joie à son oreille et à
son cœur, elle avait mis la paix dans ses sens troublés ; cependant
il affirme que cette voix était pour eux plutôt que pour lui. « De
même que son âme avait été troublée à cause de nous, de même
cette voix venant de Dieu était plutôt pour nous que pour
lui. » Puisque J . - C , dit Bossuet, nous déclare que cette voix est « *• *
pour nous, prenons-la donc pour nous. Rappelons-nous que son Bec i a et. Dern. BABI.
U*}.
Père a voulu le glorifier, et le glorifier en nous faisant accepter
ses paroles comme celles de son fils bien aimé.
Aussitôt Jésus nous révèle de quelle façon il doit être glorifié,
et comment nous devons nous associer à sa glorification.
C'est m a i n t e n a n t , dit-il, l e j u g e m e n t d u m o n d e : m a i n t e LA VRAIE GLORIFI
CATION OE JESUS
n a n t le prince d e c e m o n d e sera jeté dehors.
Remarquez en ce verset et dans le suivant la particulière solen
nité du langage : ces phrases brèves, allirmatives, pleines de
choses et qui paraissent comme rhythmées.
Cest maintenant le jugement du monde..\ LE JUGEMENT
OU MONDE
« Si le jugement du monde se fait maintenant, dit S. Augustin,
que faudra-t-il attendre à la fin du monde ? A la fin du monde ce
sera le jugement des vivants et des morts, ce sera la distribution
des récompenses et des peines éternelles. Mais outre ce jugement
qui fera la séparation définitive, il y a un jugement qui fait une
séparation réelle. C'est ainsi que le Prophète disait : Jugez-moi et
séparez ma cause de la nation impie. » Et en effet quelle sépa Aug. ut supr. n . 6.
ration s'est faite parmi les hommes ! En tous ces hommes qui
vivent côte à côte, il y a deux cités complètement distinctes, de
pensées, de goûts, de désirs, la cité de la terre et la cité du ciel,
et cette séparation s'est faite au pied de la croix du Sauveur. Le
monde'qui n'a pas voulu croire à la rédemption par la souffrance
et l'amour a été jugé et condamné.
Le prince de ce monde sera jeté de/tors.
« Le démon était le maître du genre humain, dit S. Augustin, LEXPULSION f
DU DÉMON
et par la signature qu'ils avaient donnée en commettant leurs
péchés, il tenait les coupablcs réservés aux supplices. 11
régnait dans le coeur des infidèles en leur faisant adorer la
créature après leur avoir fait abandonner le Créateur. Il les
entraînait trompés et captifs; ils n'avaient même plus conscience
de leur servitude. Et voilà que par la foi dans le Christ, la foi dans
sa mort et sa résurrection, par son sang répandu pour la rémis
sion des péchés, des milliers de fidèles sont délivrés de la domi
nation du démon, deviennent membres du corps de J . - C , et sous
1
un tel chef vivent conduits par l'Esprit S . C'est là ce (pic J.-C.
appelait le jugement, la séparation, l'expulsion du démon. »
« Et comment est-il jeté dehors Y Nous comprenons qu'au der-
236 CCL — D E S G E N T I L S D É S I R E N T V O I R J.-C.
nier jour il sera jeté dehors, quand il sera chassé en enfer. Mais
Ib. n . 7 . maintenant ? Maintenant il est en beaucoup de cœurs, » « et ces
cœurs il les tient par la concupiscence : il n'est pas le maître du
monde, mais il est le maître de la concupiscence qui se porte aux
choses du monde : c'est par elle qu'il possède le cœur de l'homme
el qu'il est le maître de l'homme. Il sera donc chassé de ces
id. de apone.
cœurs, et il en sera chassé, quand de tout cœur on renoncera à
Christian, n. 1. ses œuvres, à ses pompes, à ses anges, i.
« Sans doute il n'en sera pas chassé de façon à ne plus les
attaquer, mais de façon à ne plus y établir son règne. Une place
forte peut être purgée de tout ennemi, et cependant être exposée
encore n quelque incursion du dehors. Chassé de nos cœurs, le
démon ne cessera pas de nous attaquer : nous opposerons à ses
traits la cuirasse et le bouclier dont nous parle S. Paul : et s'il
parvient à nous faire une blessure, il y a là quelqu'un qui guérit.
An*. Tr. M 1 Quelque machine qu'il élève contre nous, tant qu'il ne tient pas le
in Joan. n. 10. cœur, il est dehors, n
Nombreux autrefois étaient les cœurs dont le démon était le
maître: nombreux maintenant sont les cœurs d'où il est chassé et
1
où l'Esprit S habite.
LA GRANDE ŒUVRE Et en regard du démon vaincu et chassé de son royaume, J.-C.
DE J . - C .
montre l'œuvre qu'il va accomplir. E t moi, q u a n d j ' a u r a i é t é T. H
élevé d e t e r r e , j ' a t t i r e r a i t o u t à moi. E n d i s a n t cela, ajoute
l'Evangéliste. il a n n o n ç a i t d è quelle m o r t il d e v a i t m o u r i r .
N l'avait annoncé déjà : il devait être élevé comme le serpent,
dans le désert, afin que tous pussent se tourner vers lui. Il y
aurait ensuite une autre exaltation qui suivrait celle-là, celle de
l'Ascension.
Il dit : J'attirerai tout à moi. et non pas tous, car il y aura des
hommes qui se refuseront à son action. « Mais son action se fera
sentir à toute classe et à toute condition, à tout âge, à toute lan
gue, à toute sorte d'esprits ; depuis le roi jusqu'au mendiant, il
sera la téte de tous. »
« Et il élèvera tout ce qu'il y aura dans l'homme, l'esprit, l'âme,
ib. n. 11. le corps, et tout ce qu'il y aura sur terre. »
Et en elTet ne voyons-nous pas maintenant l'humanité et toutes
choses regarder en haut, tendre en haut ? Et cela se fait depuis la
venue du Christ, par l'action du Christ.
Et c'est vraiment par "sa croix qu'il a attiré toutes choses à lui
et en haut. C'est par sa croix qu'il s'est lié le plus fortement les
à mes : c'est après l'avoir adoré sur sa croix que des âmes nom
breuses oui dit avec S. Paul : Maintenant je suis attaché à la
croi.r de J.-C. Et encore : J.-C. est mort pour tous afin que ceux
qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui
est mort et ressuscité pour eux. C'est par sa croix qu'il a saisi
LA GLORIFICATION P A R LA PASSION 23?
CCM
qui ils ont cru ; loin de lui ils ne sont que ténèbres, tandis que la
lumière est toujours avec lui, toujours lui-même. Nous croyons à
la lumière dérivée, mais non pour demeurer avec elle, nous
y croyons pour aller avec elle à la source de la lumière. »
« El en disant que celui qui croirait en lui ne demeurerait pas
dans les ténèbres, il établit clairement que tous se trouvaient
d abord dans les ténèbres, et que, pour sortir de ces ténèbres, ils
doivent demeurer dans la lumière par qui le monde a été fait et
id. ib. n. A. qui est venue dans le monde. »
Autant la foi est grande, autant est grave la faute par laquelle
l'homme refuse de croire. S i q u e l q u ' u n e n t e n d m e s p a r o l e s ,
e t n e l e s g a r d e p a s , je n e l e j u g e p a s , m o i ; c a r je n e s u i s p a s
v e n u pour juger le monde, m a i s pour le s a u v e r . ». 41.
« U avait dit que le Père ne jugeait personne, mais qu'il avait
remis tout jugement au Fils ; et maintenant il déclare qu'il ne juge
pas. parce que le temps présent est, non pas le temps du juge
ment, mais le temps de la miséricorde : il est venu non pour juger,
id. ib. D. 5. mais pour sauver. Le temps du jugement sera plus tard. »
Et le jugement se fera par sa parole qu'il distribue si large
ment et qui maintenant est la parole du salut ; elle juge déjà, elle
juge ceux qui la repoussent. Celui q u i m e r e j e t t e e t n e r e ç o i t
p a s m a p a r o l e a d é j à s o n j u g e . L a p a r o l e q u e j'ai a n n o n c é e ,
c'est e l l e q u i l e j u g e r a a u d e r n i e r j o u r . v. Si
Car cette parole est identique à Dieu lui-même, à Dieu qui
juge nécessairement les œuvres de l'homme. J e n e p a r l e p a s d e
moi-même, m a i s c e l u i q u i m'a e n v o y é m'a l u i - m ê m e p r e s
crit ce que je d o i s d i r e e t c o m m e n t je d o i s l e d i r e . »• S .
E t je s a i s que son c o m m a n d e m e n t est la v i e éternelle. Les
choses que je d i s , j e l e s d i s c o m m e m o n P è r e l e s a d i t e s . *• SI
Son Père lui a tout donné en l'engendrant; la vérité est en lui et
en toutes ses paroles. « Le Père est lumière, et lui, il est, comme l'a
dit S. Paul, la splendeur du Père : la splendeur ne diffère pas de la
lumière, le Fils ne diffère pas du Père, et il est venu dans le
monde pour être la lumière du monde. Comme la lumière se
manifeste elle-même et rend toutes choses visibles, le Fils en se
manifestant a révélé le Père et a rempli de lumière le cœur de ses
Theophyl. h . l . J o a n . disciples. » Celui qui accepte avec foi et amour les paroles du Christ
se sent en communion avec le Dieu éternel et infini.
« Pour amener les hommes à croire ce qu'ils ne pouvaient
encore comprendre, dit S. Augustin, voici que des paroles sont
sorties de la bouche d'un homme ; elles ont passé, mais elles ont
été conservées par des hommes qui nous les ont transmises. Tou
tefois, dans les âmes qui comprennent, la vérité parle d'une façon
plus parfaite, elle parle au dedans, sans bruit, répandant une
lumière qui nous donne l'intelligence. Celui qui se rend compte
C C U I — J.-C. E t LES PHARISIENS DE JÉRUSALEM. 243*
de son origine éternelle, l'entend qui lui parle comme il a dit que
son Père lui parlait. Il nous excite à un grand désir do goûter sa
douceur intérieure : mais pour la goûter il faut grandir, pour
grandir il faut marcher, marcher toujours jusqu'à ce (pic nous
arrivions au terme. » Oh ! puissions-nous toujours être enseignés aoit. ut supr. n. s.
par celui qui est la vérité et la lumière !
CCLll
Jésus avait plus d'une fois accusé les Pharisiens, ces domi UN DERNIER «VIS
nateurs du peuple d'Israël, qui avaient tant contribué à le DE J.-C. AU SUJET
DES PHARISIENS
pousser dans les fausses voies on il s'égarait. Lors de son départ
de la Galilée, il leur avait adressé, ainsi qu'aux Scribes, de
sévères avertissements. À Jérusalem, après qu'il leur eût fermé la
A XXIII, bouche, il se mit à parler, nous dit S. Matthieu, an peuple et à
I. disciples.
Arrivé à ses derniers jours, s'ndressant au peuple pour la der
nière fois, car ensuite il n'adressera plus la parole qu'à ses dis
ciples, il vêtit une dernière fois prémunir le peuple contre les
maîtres qui l'égarcnt. Il veut aussi prémunir ses disciples contre
le levain pharisaïque qui s'insinue si facilement dans l'Ame de
l'homme qui se donne aux choses religieuses.
Ce discours, dont S. Luc et S. Marc ne donnent qu'un abrégé,
est rapporté plus au long par S. Matthieu. U fut prononcé sous le
portique du temple. Nous y retrouvons des enseignements déjà
entendus : il se peut que S. Matthieu ait groupé ici des ensei
gnements donnés déjà en d'autres circonstances ; il se peut aussi
que J.-C. ait répété ici des paroles déjà prononcées ailleurs : car
ce discours est un dans son ordonnance.
Les Pharisiens n'osaient donc plus l'interroger. « Ce silence
forcé fut avantageux à la foule, > nous dit S.Jean Chrysostôme.
Alors Jésus parla a u peuple e t a s e s disciples, disant : L e s
Scribes e t l e s Pharisiens s e sont assis sur la chaire de
Moïse.
c Jésus, dît S. Jean Chrysostôme, veut dire à ce peuple les
causes de l'incrédulité des Scribes et des Pharisiens ; celait la
244 l'CLJI — J.-C. KT LES PHARISIENS DE JÉRUSALEM.
CCIJI1
Leur faute n'en est que plus grave, parce que ces veuves sont
sans défense, parce qu'ils les trompent par les dehors de la piété,
leur faisant croire que leurs longues prières seront pour elles une
sauvegarde, et aussi parce qu'ils sont sans pitié et vont jusqu'à
les conduire à la ruine. « Ils ne mangent pas, ils dévorent. » Et ils Chrys. ul &upr.
Bossuet. 60» j. droic. » Il fallait d'abord s'attacher à ces grandes choses, la jus-
tice, qui rend à chacun ce qui lui est dû, la miséricorde qui va
plus loin que la justice et donne gratuitement, et la bonne foi qui
garde la parole une fois donnée. Il fallait s'attacher à c e s gran
des choses s a n s toutefois omettre les autres. tt>
* Quand il parlait des purifications légales, dit S. Jean Chry
sostôme, il en disait la vanité. Ici, comme il s'agit d'une aumône
aux prêtres, il ne supprime pas ce qui se faisait, tout en montrant
Chrys. ut supr. qu'il y a des choses plus importantes. »
« La menthe, l'anis et le cumin étaient, dit Origène, des condi
ments et non des aliments : de même dans notre vie, il y a des
choses qui sont des parties essentielles de la vertu, comme la jus
tice, la miséricorde et la bonne foi ; et d'autres donnent une forme
à nos actes, comme le maintien, les abstinences, les génuflexions.
Aveugles sont ceux qui ne donnent d'importance qu'à ces choses
Oriiteo. m supr. n.io. en négligeant les choses essentielles! »
Dans leurs préoccupations de la minutie, ils allaient jusqu'à des
puérilités ridicules. Guides aveugles, qui coulez le moucheron
e t avalez le c h a m e a u 1 T. IL
Ils avaient peur de contracter une impureté légale en avalant
quelque moucheron, et c'est pourquoi ils filtraient avec soin leur
boisson, et ils commettaient sans trouble les infractions les plus
graves à la justice. Ils le firent bien voir quelques jours après,
quand, réclamant la mort de Jésus, ils refusaient d'entrer dans le
prétoire pour ne pas contracter de souillure légale.
SIXIEME ANATHÈME Malheur à vous, Scribes e t Pharisiens hypocrites, parce
que v o u s n e t t o y e z le dehors de la coupe e t d u plat, e t au-
dedans v o u s êtes pleins d e rapine e t d e souillure ! ». il
« Il servirait de peu, dit S. Hilaire. de nettoyer le dehors d'une
coupe si l'intérieur en demeure souillé : car c'est l'intérieur qui sert
et non l'extérieur. De même il faut que l'homme établisse la pureté
d'abord dans sa conscience, et de là elle se répandra sur toutes ses
Hilar. C. S i actions extérieures. » « Ah! si l'on pénétrait, dit S. Jean Chrysos
in Mitth. n . 7
tôme, dans la conscience de certains hommes qui se présentent à
nous avec de brillantes apparences, qu'y trouverait-on ? des vers,
de la pourriture, une horrible puanteur, des convoitises désordon
Chrys. ut supr. nées qui sont pires que les vers. » J.-C. rétablit l'ordre véritable
en exigeant que la pureté soit au-dedans d'abord et se répande du
dedans au dehors.
Pharisien a v e u g l e , nettoie d'abord l'intérieur du calice et
du plat pour q u e l'extérieur soit net. y, %
SEPTIEME ANATHEME Négligeant la pureté intérieure, ils se contentaient uniquement
dos apparences. Jésus leur révèle ce que couvrent ces apparences
plus ou moins brillantes. Malheur à vous, Scribes e t Phari
s i e n s hypocrites, parce q u e v o u s êtes semblables à des sé-
II. LES ÀNVTHÈMKS 255
•ENTS* O B FAUTES v i e n n e s u r v o u s t o u t le s a n g i n n o c e n t q u i a é t é
° i u e
est mère ; mais on reconnaît toujours qu'une poule est mère, lors
même que ses petits ne la suivent pas : on le reconnaît à ses ailes a»*. Tr. ta
,n , 0 , n
abattues, à ses plumes hérissées, à ses gloussements. » » Elle a ' •• -l'
ld
une telle affection pour ses petits que quand ils sont malades, elle * |J* *•
devient malade elle-même. » « Ainsi Jésus s'est fait infirme pour i d > T r > w in J o i n >
7
que vous soyez forts par son infirmité. » •« *
10
Plus d'une fois, dans les S " Ecritures, Dieu s'était représenté
couvrant son peuple de ses ailes. Moïse, parlant de la protection
çff|fr qu'il avait étendue sur son peuple, disait : II a étendu ses ailes,
m u il. et il les a pris avec lai. Et David chantait : Sous la protection de
vos ailes, les enfants des hommes espéreront. Jésus était allé plus
loin. « Notre mère, la Sagesse éternelle, dit S. Augustin, s'est
faite infirme pour nous, prenant avec notre chair toutes nos fai
blesses ; elle s'est faite infirme, afin do fortifier notre faiblesse,
selon la parole de S. Paul : Ce qui est faiblesse en Dieu est plus
Anr
puissant que tous les hommes. » * *H- E t
* u t
••P*-
confiées, afin de les rendre dignes de celui à qui elle les offre.
« Bienheureuse, dit S. Ambroise. cette femme qui peut offrir au Auihros. De Viduis.
Roi sou imago dans toute s o n intégrité. » s . 30.
Ce fait jugé par le Sauveur esl une leçon donnée à tous, pour
nous apprendre comment nous devons nous comporter avec Dieu,
il y a des hommes qui croient donner beaucoup à Dieu, en don
nant de leur superflu, et qui croient que Dieu leur est redevable à
cause de ce qu'ils lui ont donné. Ceux-là seuls donneront vrai
ment beaucoup qui à l'exemple de cette femme donneront tout ce
qu'ils possèdent. « C'est vous que Dieu veut, dit S. Jérôme, et non
ce qui est à vous. » Kl chacun peut apporter ce don, offrir sa Hieron. E p . 92
pensée, sa parole, ses a c L e s et comprendre que si nous pouvons i d JuliiQ.
offrir cela à Dieu, c'est parce que Dieu nous l'avait donné d'abord ;
et Dieu nous fait une grâce en l'acceptant. Avec le Psalmisle il
faut dire: Je garderai pour vous, 6 mon Dieu, toutes mes forées,
parce que vous m'accueillez ; et toujours la miséricorde de mon
MO-».
Dieu me préviendra.
Quelque don que vous fassiez à Dieu, vous recevrez toujours de
lui des dons meilleurs. « Vous apporterez par exemple votre
humble offrande, et vous recevrez en échange le corps du Christ,
dit S. Ambroise. Ne venez donc jamais devant Dieu avec une
Ambbrofl. ot supr.
âme vide, vide de miséricorde, vide de foi, vide de pureté. « D. 34.
« Gloire h vous, ô Christ, dirons-nous avec Théophylacte,
gloire à vous qui préférez ce qui est humble à ce qui est grand !
Je veux que mon âme soit comme cette veuve, qu'elle renonce à
Satan, et qu'elle vous apporte tout ce qu'elle possède, ces deux
oboles de son corps et de sou esprit, qu'elle les réduise à leur
véritable mesure, le corps par la mortification et l'esprit par
l'humilité, pour que je puisse entendre ce témoignage (pie j'ai
tout donné à Dieu, sans garder aucune pensée ou aucune affection
pour ce monde. » T h e n p h r l . h. t. Mire.
CCLVI
» XXiv. E t J é s u s a y a n t q u i t t é l e t e m p l e s'en a l l a i t .
Le temple ne devait plus le revoir. On était en effet au mardi l'MiEU AU T E M P L E
i. r, 4. v o u s s é d u i s e . CONTRE CE DANGER
Car b e a u c o u p v i e n d r o n t e n m o n n o m d i s a n t : J e s u i s l e
«. I. Christ, e t i l s e n s é d u i r o n t p l u s i e u r s .
Dans les temps qui suivirent la disparition du Christ, ils furent
nombreux ceux qui se présentèrent comme le Christ, c L'un de
ceux-là, dit S. Jérôme, fut Simon le Samaritain qui, selon le livre
des Actes, s'appelait lui-même la grande vérin de Dieu. Nous
trouvons dans ses écrits des paroles telles que celle-ci : Je suis la
parole de Dieu ; je suis tout puissant; je suis le tout de Dieu.
L'Apôtre S. Jean dit dans son Epître : Vont: avez entendu dire
que r Antéchrist doit venir : maintenant déjà nous voyons que
ijMtU. beaucoup d'Antéchrisfs sont venus. Pour moi, ajoutait S. Jérôme,
je pense que tous les hérésiarques sont des Anléchrists: car sous
le nom du Christ, ils enseignent des choses qui lui sont contraires. » tlieron. h . l .
A la fin des temps, les faux Christs apparaîtront plus nombreux
que jamais.
Et ils en séduiront plusieurs. « Car, dit Origène, la voie qui
conduit à la perdition est large. Toute vertu vraie va au Christ;
toute vertu fausse s'attaque au Christ; celui-là est un antéchrist
dont la doctrino produit des dispositions qui ne conduisent pas
au Christ. Au milieu de toutes les causes d'erreur dont nous som
mes environnés, nous avons besoin du secours de Dieu pour ne Origen. ot snpr.
point nous laisser séduire. » n. 3 3 .
t Les vérités que Dieu nous a révélées, les grAccs qu'il nous a
faites, dit S. Athanase, dépassent tout ce que l'homme pouvait
connaître, et tout ce qu'il pouvait attendre, par exemple les règles
de la vie céleste, la puissance contre les démona. l'adoption divine,
la connaissance du mystère du Père et du Verbe, le don do l'Es
1
prit S . Le démon notre ennemi tourne autour de nous pour nous
enlever quelqu'un de ces germes déposés en nous par le Verbe.
C'est par un don du Verbe, don précieux, que nous sommes pré
servés de l'erreur extérieure, cl que nous discernons le sens inté Athanas. Orat. 1
rieur des choses. » Cootr. Ariio.
V o u s entendrez parler de combats e t d e bruits dé combats. IL LES PRÉMUNIT
N e v o u s t r o u b l e z p a s : il f a u t q u e c e s c h o s e s a r r i v e n t , m a i s CONTRE LA CRAINTE
«. » I I .
Dans ces tribulations, il y en a qui n'atteindront que les dis
ciples. P r e n e z g a r d e à v o u s , leur dit le Sauveur en S. Marc.
Alors on v o u s livrera a u x tribulations, e t on vous tuera, TRIBULATIONS PRO
PRES AUX DISCIPLES
et v o u s serez e n haine à toutes les nations à cause de m o n
». ». ». n o m .
« Do tout temps, dit Origène, la persécution a été le lot des
chrétiens; mais il y a des époques où ils rencontrent plus que
jamais la persécution et la haine : ce sont les époques de calamités
publiques ; ceux qui souffrent veulent trouver des causes de leurs
souffrances ; ils aiment h en accuser les chrétiens, à affirmer que
- les fléaux dont on souffre doivent être attribués à la colère des
dieux dont on a abandonné le culte. » On disait cela au temps Origen. ut sopr.
D . 39.
d'Origène, on le disait au temps de S. Augustin. Plus tard on est
allé jusqu'à accuser les chrétiens d'amener eux-mêmes les fléaux.
Dès les commencements, l'historien Tacite nous en est un témoin,
les chrétiens avaient encouru la haine du monde entier.
« Quand quelqu'un, dit S. Ephrcm, a sali son vêtement, un
riche vêtement, il souffre de voir sans souillure le vêtement de stm
compagnon, et il cherche à lc»snlir. Ainsi en est-il des hommes
pervers : une fois qu'ils ont perdu la beauté de la vérité, ils sont
offusqués de l'éclat qu'elle garde dans les croyants. » Kphraem.
«•U. la fin s e r a s a u v é . * LA P E R S É V É R A N C E
CCLVII
La p r é p a r a t i o n du dernier j o u r .
II. La r u i n e de Jérusalem.
pas de pareille.
S. Luc ajoute : Car ce seront les jours de la vengeance où
doit s'accomplir t o u t ce qui est écrit. On sentira qu'une œuvre
de justice, et de justice implacable, s'accomplit. E t i l y aura une
grande détresse s u r terre et un grand courroux c o n t r e ce
peuple. Et ils tomberont par le tranchant de l'épée, et ils ^
seront emmenés captifs chez t o u t e s les nations. Infiniment f.£>
nombreux furent ceux qui périrent, par le tranchant du glaive;
plus nombreux encore furent ceux (pie l'on vendit comme esclaves.
Jamais sur les marchés, on n'avait vu une telle offre d'esclaves.
« Qu'on lise, dit S. Jean Chrysostôme. l'historien Josèphe qu on
n'accusera pas de partialité en faveur des chrétiens, et il vous
dira que les calamités de ces temps ont surpassé tout ce qu'avait
inventé la tragédie, et que jamais nation ne vit des fléaux pareils.
Et d'où viennent ces châtiments inouïs, sinon de ce crime inouï
Chry$. ut supr. d'avoir crucifié J.-C. Y »
« Et cependant, ajoutait le S. docteur, le châtiment demeurait
au-dessous de la faute: J.-C. le déclare : Si ces jours n'eussent
été abrégés, nul homme ne fut demeuré vivant. H parle des
Juifs qui étaient répandus dans le monde entier, et qui dans lo
ib. monde entier furent en bulle à la colère des Romains. »
Mais ces jours seront abrégés à cause des élus. •
« Qu'un ne dise point, dit S. Jean Chrysostôme. que ces cala
mités sont venues par suite de la prédication de l'Evangile et du
culte rendu au Christ. J.-C. établit à l'avance que si les chrétiens
FI. LA RUINE DR JÉRUSALEM 279
n'avaient pas été là, la race juive aurait été exterminée. Quelle
consolation et quelle source d'espérance pour eux ! Quelle certi
tude ils auront d'une protection tout*; particulière do la Providence,
si à cause d'eux les restes du peuple juif sont conservés ! » « Dieu id. nt i n p r . n. 2 .
aime tant les siens dit Bossuet, que non seulement il les épargne,
mais il épargne les autres pour l'amour d'eux. Si on n'aimait pas
les justes, si on ne les protégeait pas pour eux-mêmes, il les fau
ïloasnet. Dcrn. l e m .
drait protéger pour le bien public. » «3* j .
E t J é r u s a l e m sera foulée a u x pieds p a r les Gentils jusqu'à JERUSALEM FOULÉE
iXII.W. c e q u e l e s t e m p s d e s G e n t i l s s o i e n t a c c o m p l i s . PAR LES GENTILS
pour ces temps difficiles être habitué à une nourriture plus subs-
l l i l i r . ut i u p r . n. ti. t a i l t i c l l c . »
Priez pour que votre fuite ne se fasse pas fbiver, c'est-à-dire
au milieu du froid que le péché produit dans l'àme. ou an jour de
sabbat, c'est-à-dire quand l'Ame est engourdie à l'égard des bonnes
ib. a. œuvres. Pour les combats de ces derniers jours, on a besoin de
tonte son énergie.
LES FAUX CHRISTS Alors si on v o u s dit : Le Christ e s t ici, ou il e s t là, n e le
croyez pas. ». *
S, Matthieu et S, Marc placent ici des paroles que S, Luc rap
porte ailleurs, comme réponse à la question que les Pharisiens
r.r. M. a.wu. avaient faite au sujet de l'avènement du royaume de Dieu, lors du
dernier voyage à travers la Pérée. (1 est très possible que J.-C.
les ait prononcées deux fois, dans Tune et l'autre circonstance,
car elles cadrent bien avec le contexte.
Pour quelle époque Jésus donne-til cet avertissement ? Est-ce
pour celle de sa manifestation finale ? Est-ce pour l'époque do la
ruine de Jérusalem ? Parle-t-il de ces avènements invisibles qu'il
Hfcron. h . I . doit accomplir dans tout le cours de l'histoire de son Eglise? 11
est possible qu'il fasse allusion à tous ces moments qui sont con
nexes entre eux. « Ces paroles, dit S. Jean Chrysostôme, s'adres
sent à nous aussi bien qu'aux Apôtres; et elles s'adressent à tous
Chrv*. Homil. 76
' n. *. ceux qui viendront après nous. »
« Cet alors, dit le même docteur, peut, suivant l'usage de la
!p
S Ecriture, s'appliquer à une époque très étendue, et négligeant
tout l'espace intermédiaire nous transporter de la ruine de Jéru
i.l. i b . salem aux temps de l'avènement final du Christ. »
Alors si on v o u s dit : Le Christ e s t ici, où il e s t là, n e le
croyez pas.
« Il les prémunit contre les séducteurs: il y eu avait au temps
des Apôtres : ceux qui vicndrontavnnt le second avènement seront
plus dangereux encore. Il s'élèvera de faux Christs e t de faux
prophètes, e t ils feront de grands miracles, de façon à
induire e n erreur les élus eux-mêmes si cela s e pouvait. 11 ** *
annonce là l'Antéchrist et ceux qui le suivront, celui que S. Paul
appelle l'homme de péché et de perdition, et à qui il attribue
M. ib. aussi des prodiges menteurs pour séduire ceux qui périssent. l.ntt,B
n Ainsi dit S. Augustin, le Sauveur nous apprend que les
les méchants peuvent faire des choses que les bons ne peuvent pas
faire : les mages d'Egypte pouvaient faire des prodiges tandis
«pie le peuple d'Israël n'en faisait point. Le don des miracles n'est
pas accordé à tous les saints, de peur que les ignorants ne le
mettent au-dessus do la justice qui mérite la vie éternelle. Mais
on peut toujours discerner les miracles des saints des autres
miracles. Les saints dans leurs miracles recherchent la gloire de
Dieu, tandis que les autres recherchent leur propre gloire. Ceux-ci
n . LA WTINK r>E J É R U S A L E M £81
CCLYIII
Aussitôt après, alin de tenir ses fidèles dans l'attente. D'ailleurs FIGURE
L e s o l e i l s ' o b s c u r c i r a , e t l a l u n e n e d o n n e r a p l u s sa
Mittb n
lumière, et les étoiles tomberont d u ciel. 19.
Comme l'annonçait le prophète Joël, le soleil se changera en
ténèbres, et la lane prendra fa couleur du sang, avant T arrivée
du grand jour du Seigneur. Toute la création sera dans l'épou Joël. Il \
vante à cause du châtiment prochain qui viendra frapper tant de
péchés. - I F avènement du Seigneur. «lisait S. Pierre, les cieux
seront emportés comme par une violente tempête; les éléments
embrasés se dissoudront, fa ferre avec tout ce qu'elle contient
II. Peu. ta
sera consumée par fe feu. 10.
Ou bien cet obscurcissement du soleil sera causé, comme le
pensent Origène. S. lïilaire. S. Jérôme, par l'apparition d'une
lumière infiniment plus brillante, par l'apparition du signe du fils
de F homme. M i t * . %\
L'APPARITION Alors apparaîtra d a n s le ciel le s i g n e d u Fils de l'homme.
OU SIGNE DE J.-C.
« A l'apparition de la vraie lumière, tout le reste paraîtra téné
breux, dit S. Jérôme. Si donc le soleil qui resplendit avec tant
d'éclat dans le monde entier, la lune qui est le second luminaire,
les étoiles qui sont la joie des nuits, les vertus des cieux dans
lesquelles nous voyons les armées des Anges, ne sont plus que
ténèbres devant le Fils de Dieu, il faut que ceux qui se croient
Hieron. h . l . justes abaissent toute fierté pour paraître devant leur juge. »
Ce qui répandra celte lumière éclipsant toute autre lumière sera
la croix du Sauveur, qu'il appelle le signe du Fils de r Homme*
a De même qu'autrefois, devant la croix de Jésus, dit Origène, le
soleil s'est éclipsé, il s'éclipsera encore à cette apparition de la
Oriicen. Tr. 30 croix. » mais d'autre façon : il s'éclipsait à ce moment devant les
In MiUh. n . i S .
humiliations de la croix, et devant la grandeur du forfait qui était
commis sur le Fils de Dieu : il sera éclipsé cette fois parles gloires
de la croix.
« J.-C. l'appelle son signe, dit S. Jean Chrysostôme, et il la
montre dans cette gloire au dernier jour, plus spleudide que le
soleil, afin que ses disciples n'aient point honte de la porter. La
croix apparaîtra pour confondre les Juifs : dans son jugement, le
Christ ne montrera pas seulement ses blessures, mais encore le
Chrys. ut supr. genre de mort qu'il a enduré. » Le Prophète Zacharie annonçait
que les habitants de Jérusalem verraient celui dont ils avaient
percé les membres, et qu'il?/ aurait alors une grande lamentation
comme celle que l'on répand sur la mort d'un fils aine. « Kt en Z i c h . U C
effet, dit S. Jean Chrysostôme, Jésus ajoute aussitôt : E t t o u t e s
l e s t r i b u s d e l a t e r r e p l e u r e r o n t . En face de la croix, elles »tUfc. t D
reconnaîtront quelles n'ont pas profité de la venue de celui qui
était mort pour nous ; elles pleureront pour avoir crucifié celui
ib. qu'elles devaient adorer. »
v Ceux-là pleureront, dit S. Jérôme, qui avaient leurs noms
III. LE DERNIER AVÈNEMENT DE J.-C. 285
écrits sur la terre et dont In demeure n'était point dans les cieux ;
c'est pourquoi il a dit : Toutes les tribus de la terre. » Hieron. h. I.
Ayant présenté sa croix comme le mémorial de ce qu'il a fait
pour nous, c il la montrera, dit S. Jérôme, comme le signe de sa
victoire. » C'est par elle qu'il est vainqueur du péché, de la mort : ib.
heureux ceux qui seront associés à sa victoire ! « La vue de la
croix causera une grande terreur à ses ennemis, dit S. Cyrille de
Jérusalem, et aussi une grande joie à ses amis qui ont cru en lui, Cvrill. Hier.
qui ont prêché son nom, qui ont souiïcrt pour lui. » Cateeh. * 3 . » . ti
Dans l'attente des grands événements qui s'annoncent, il y aura LA TERREUR
DES HOMMES
dans l'univers une terreur comme il n'en a jamais connu. Il y
aura sur terre une détresse des nations, qui seront dans
l ' a n g o i s s e a u b r u i t q u e f e r o n t la m e r e t l e s f l o t s ; e t l e s
hommes sécheront de terreur.dans l'attente de tout ce qui
- g . XXI.
va arriver a u monde ; car les puissances elles-mêmes des
cieux seront ébranlées.
Quelles sont ces puissances des cieux ? Peut-être les forces qui
soutiennent les corps célestes dans l'espace ; plus probablement
les milices Angéliques. « Oui, dit S. Jérôme, les Anges eux-mêmes
seront troublés de tels événements. » Quand les astres du ciel
étaient créés, les Anges louaient Dieu, nous dit la S"" Ecriture.
« Mais devant ces bouleversements, dit S. Jean Chrysostôme,
devant le jugement terrible et le châtiment qui doit atteindre
l'homme appelé comme eux aux service de Dieu, grande est leur
épouvante. « Et nous, nous ne tremblerions pas ! « Que fera le Chrys. nt supr.
pauvre arbuste du désert quand le cèdre du paradis est ébranlé? » Reda. in Mare.
Et alors on verra le Fils de l'homme v e n a n t d a n s les n u é e s LA VENUE DU FILS
a i * ) , du ciel, a v e c u n e g r a n d e p u i s s a n c e e t u n e g r a n d e majesté. DE L'HOMME
rend sans contester tous les ossements humains qu'elle possé Opni Imperfect.
dait. > Homii. 44.
c Quelle joie le son de cette trompette produira dans les élus
qui se lèveront pour la gloire ! Quelle terreur en ceux qui se lève
ront pour le châtiment ! » Chrys. at sapr. n. 4.
Tous les élus seront rassemblés, dit Origène, non seulement
ceux qui auront vécu depuis l'avènement du Christ jusqu'au der
nier jour, mais encore ceux qui comme Abraham, ont vu son
jour à l'avance et s'en sont réjouis ; non pas seulement ceux qui
étaient encore dans leur corps au moment de ce suprême avène
ment, mais ceux qui en étaient sortis depuis longtemps et qui
habitaient déjà les cieux : a anmmis ctrlovum. Quelle assemblée ! » Origeo. ut snpr.n.si.
L'Apôtre S. Paul rappelle aussi celte trompette qui se fera
entendre, ce vol joyeux des élus au-devant du Christ. ii,The*s»i., iv, is.)
« C'est pour leur faire honneur que les Anges les rassembleront :
puis les nuées viendront au-devant d'eux. " Puis ce sera la vie
avec le Christ. Chrys. nt supr.
u Les disciples se demandaient quand arriveraient ces choses ; J.-C. VEUT QU'ON
REGARDE CES CHOSES
J.-C. veut qu'ils les regardent comme prochaines, qu'ils les atten COMME PROCHAINES
dent sans cesse, et aussi qu'ils les attendent joyeusement : si pour
beaucoup elles sont l'hiver* elles doivent être pour eux un été. » id. Homii. 77 n. î .
R e t e n e z l ' e n s e i g n e m e n t q u e v o u s d o n n e l e figuier : q u a n d
ses r a m e a u x s'attendrissent et q u e ses feuilles naissent,
% r.3t. v o u s s a v e z q u e l'été e s t p r o c h e .
Q u a n d ces choses c o m m e n c e r o n t à s'accomplir, regardez
i 1.18. e t l e v e z la t ê t e , p a r c e q u e v o t r e d é l i v r a n c e e s t p r o c h e .
S a c h e z q u e l e C h r i s t e s t p r o c h e e t qu'il e s t déjà à la
3.f. 33. p o r t e .
« Ces événements arriveront avec la même certitude que les
saisons succèdent aux saisons. U y a dans la nature une puissance
intérieure, qui aboutit avec certitude à son effet : de même Dieu a
donné à l'humanité une loi qui ramènera certainement au terme.» ib. Id.
Toutes ces tempêtes seront pour les justes ce qu'est l'hiver pour
les plantes. « De même que pendant l'hiver, dit Origène, la sève
du figuier se recueille et, quand la chaleur revient, s'épanouit
dans les bourgeons et les feuilles, annonçant l'été qui mûrira les
fruits, ainsi dans les élus, la sève de vie demeure cachée avant
l'avènement du Christ, et à l'approche du Christ, tout s'attendrit,
les germes s'épanouissent et portent des fruits que le Christ con
duira à maturité. Oui, pour eux l'été est proche: c'est l'avène
ment du Verbe de Dieu. » Origeo.nt supr. a.53»
c Ce qui doit être, pour que les desseins de Dieu soient accom
plis, n'est pas encore arrivé à son terme, mais est en travail pour
y arriver; de même que le figuier, quand ses rameaux s'amollis
sent et que ses bourgeons se développent, travaille pour produire
son fruit : ainsi le Sauveur, par sa présence, exerçant une action
288 CCLVlll — LA 1'KŽI'AllATlOK DU DKRNlKU JoUtt
Le c i e l e t l a t e r r e p a s s e r o n t , m a i s m e s p a r o l e s n e p a s s é CERTITUDE
DE CES CHOSES
es, ront pas.
La parole humaine est un son qui passe ; et cependant « les
choses qui paraissent avoir le plus de stabilité passeront avant la
moindre parcelle do la parole du Christ ».
« Par cette affirmation, dit S. Joan Chrysostôme, il montre qu'il
ost le Créateur do toutes choses, ut il montre que l'Eglise qu'il a
fondée est plus solide que la création matérielle. »
« Le ciel et la terre, si stables qu'ils soient, dit S. Hilaire, n'ont
en eux aucun caraetèro de nécessité qui assure la perpétuité rie
leur existence, car ils sont sortis du néant; mais les paroles du
Christ, qui viennent de l'éternité, mil une telle vertu qu'elles doi
vent demeurer éternellement. » Le ciel e t ht terre n'ont d e soli llilar. C. «C
in Matin, a . 3 .
dité que par la parole do Dieu: celle; parole est donc plus ferme
que le ciel et la terre. Quelle assurance, donnée à ceux qui fondent
leur vie sur cotte parole !
« Préparons-nous donc à la venue du Souverain juge. « Nous
verrons son avènement avec d'autant plus do sécurité, cl i t S. Gré
goire, quo nous aurons prévenu, par nos craintes, sa juste sévé
rité. » Si les premiers fidèles, sous l'influence des paroles de lïre&ttr. ût n'i|ir. fl.é.
J . - C , regardaient comme très prochaine la venue du Christ,
maintenant, habitués que nous sommes à voir les événements de
la terre se succéder les uns aux autres, n'éloignons-nous pas par
trop l'avènement du Christ? Ne le regardons-nous pas comme ne
devant jamais s'accomplir ?
Préparons-nous à cet avènement (pie charpie jour il accomplit
dans l'Ame du juste, « avènement plein do lumière cl. de gloire,
nous dit Origène. Il faut quo dans la mesure rlo sou progrès dans
le Christ, cotte Ame, comme un vaillant athlète, connaisse les
LKVANUII.K MKIlITh JkVW. L K S l ' K H K S , lï»
CCLIX — L A PRÉPARATION OU DERNIER JOUR
CCLIX
Kn S. Marc, le Sauveur nous présente une autre image: Gomme AUTRE IMAGE : LA
u n homme qui, s'en allant a u loin, laisse s a maison e t donne VARIETE DES FONC
TIONS
pouvoir à ses serviteurs, à chacun suivant sa lonction, e t
i XIII.
commande a u portier de veiller.
« Dans son Eglise, dit liède. chacun a sa fonction, sa grâce,
1
que lui donne l'Esprit S . Le portier qui reçoit les instructions les
plus pressantes, représente le pasteur. > C'est lui qui ouvre aux Reda. In M m .
fidèles pour les faire entrer dans la maison ; et c'est lui qui doit
être principalement dans l'attente de la venue du Maître. < Mais le
20S CCLX — [.A P R É P A R A T I O N DÏJ DKRKIKR J O U R
il faut que nous attendions celui qui doit nous y introduire; c'est de
là qu'il doit venir pour nous prendre avec lui. « De même quo la
grande dévotion des Juifs était d'altendre le premier avènement
de J . - C , dit S. Augustin, la grande dévotion des chrétiens doit
être d'attendre son second avènement, ainsi que nous le. recom
mande l'Apôtre : Etant toujours dans l'attente de Vespêranve
bienheureuse, et de l'avènement de la gloire de notre grand Dieu
d. 13. M Sauveur J.-C.
< Si nous aimons le Christ, dit S. Augustin, nous devons
désirer son avènement. » Chaque jour nous lui (lisons : Que votre id. En. in h t .
règne arrive. S I nous sommes des sujets fidèles, nous devons i
Hitar, in M m h .
« Dans celle parabole, dit S. llilairc, il est encore question du
e . zl. n. 3. grand jour du Soigneur. »
t J . - C . dit Bossuet, semble n'avoir destiné les derniers
jours de ra vie qu'à nous préparer à la mort, et que ce soit
r t o s s u e t . 89* j . là son unique amure : c'est en effet d'elle d'où tout dépend. »
Mais sous quel aspect grand et lumineux il nous fait envisager la
mort et la vie !
L'ATTENTE OU DER S'il nous demande de la vigilance dans l'attente de la venue du
NIER JOUR DOIT El RE Seigneur, cette vigilance ne doit pas être de l'anxiété ; il veut que
JOYEUSE
cette vigilance soit active et joyeuse. 11 nous dit cela en deux para
boles, celles des dix vierges etdesciuq talents. Ces deux paraboles
nous rappellent, dit S. Thomas, qu'il y a deux préparations né
Thftm. A i ] , cessaires. Tune par les dispositions intérieures, l'autre par les
Connu, in M a U h. oeuvres.
C'est la parabole des dix vierges qui nous dit les dispositions
intérieures par lesquelles nous devons nous préparer à la venue
du Seigneur.
Celte parabole a été populaire dans tous les siècles de l'Eglise.
Au Moyen-Age on aimait à la sculpter au portail des cathédrales,
à enté de la grande scène du jugement dernier. Elle devait sans
doute adoucir l'impression d'elfroi causée p a r l a vue de la sépara
tion finale, en montrant combien il était facile et doux de se pré
parer ii prendre place parmi les élus.
Alors le r o y a u m e d e s cieux sera semblable à d i x vierges
qui. p r e n a n t l e u r s lampes, allèrent a u d e v a n t d e l'époux e t „ j
| | U
d e l'épouse. '*
Dans les mariages hébreux, des jeunes filles, invitées par
l'épouse, devaient le soir attendre l'époux et l'épouse, avec des
lampes allumées, pour les conduire à la maison nuptiale.
LES DIX VIERGES ici. elles sont au nombre de dix. D'après les idées juives, ce
REPRESENTENT L'UNI
VERSALITÉ DES Fl-
nombre constituait une société complète : il suffisait de dix per
PEIW sonnes pour former une église, de dix convives pour manger
l'agneau pascal. Nous devons donc voir en ces dix vierges l'en-
VI. L E S DIX V I E R G E S 301
semble des âmes invitées par l'Eglise à assister à ses noces avec
le Fils de Dieu.
« Ce n'est pas seulement aux vierges, dit S. Jérôme, c'est à
tous les hommes qu'est adressée cette parabole, leur indiquant la
vie sublime à laquelle ils sont appelés. » C'est à tous les fidèles Hieron. li. I.
que S. Paul disait : J'ai voulu voua fiancer au Christ comme une
*.Xi.3. vierge chaste. « Le Yerbe de Dieu, dit Origène, rend vierges tous
ceux qui le reçoivent ; car il fait participer à sa pureté tous ceux
qui par lui viennent du culte des idoles au (tulle de Dieu. * « La Orifen. Tr. 31
foi, dit S. Augustin, est une véritable virginité qui doil se trouver in Mttth. n. t»3.
en tous les chrétiens. » Et en elfet elle rend l'Âme lidèle au Christ. Aur. serm. 73. o. 4.
« Etc'cst pourquoi l'Apôtre, aprèsavoir parlé de cette union pleine
de pureté que les fidèles avaient contractée par lui avec le Christ,
disait : Je crains maintenant, que comme, le serpent a séduit Eve,
>. il ne dêlojirne votre esprit de la chasteté qui est due au Christ, » Ib.
Mais les Ames qui ont été appelées à l'état de virginité doivent
plus q.ue les autres accueillir ces instructions. Elles y ont été
appelées par une grâce de choix : Tons n'entendent pas cette
tut. parole, mais ceux-là seulement, à qui cela a été donné. Et cepen
dant par le fait qu'elles demeurent vierges, elles ne sont pas sau
vées pour cela, puisqu'il y en a cinq qui sont exclues du banquet
des noces.
* Il faut, dit Y Opus imperfectum, que les vierges véritables
soient, comme le disait S. Paul, saintes do corps et d'esprit. Le
corps perd sa virginité en s'abaudouuaiit à l'adultère, mais lame
aussi devient adultère, en s'abaudonnanl aux volontés de Satan.
Elle fait partie des vierges Toiles celle qui croit plaire à Dieu par
Oiins Impprf.
la seule pureté extérieure. » Iloimi. 5 1 .
Il y e n a v a i t c i n q d ' e n t r e e l l e s q u i é t a i e n t folles, e t c i n q DISPARITÉ
M . qui étaient sages.
Toujours J.-C. nous annonce le mélange qui se trouvera dans
l'Eglise. « où les bous se rencontrent avec les mauvais, et les
réprouvés avec les élus, dit S. Grégoire, et qui pour ce motif est «iroffor. Honul it.
assimilée à cette réunion do vierges sages, et de vierges folles. » n. i .
il n'est pas étonné do ce mélange, et il ne veut pas que nous en
soyons étonnés nous-mêmes.
L'époux dont on célèbre les noces est connu de tous: c'est QUEL EST LE MARIAGE
«dui qui esl venu contracter un mariage, éternel avec son Eglise. ANNONCÉ ?
que lui fournil noire travail personnel. « Mlles n'ont point d'huile
les Ames qui veulent rendre hommage au Sauveur par une foi
semblable à celle des premières, mais négligent les œuvres des
vertus. » ib.
S. Jean Chrysostôme, toujours ardent à recommander la chnrité
envers les pauvres, voit dans celte huile les œuvres de miséri
corde ; et en effet si les bonnes œuvres entretiennent la foi et don
nent à sa lumière un éclat soutenu, les œuvres de miséricorde plus
que toutes les autres produisent ce résultat. Klles mettent dans le
cœur une onction qui y entretient la force et la joie. « Klles sont
vraiment folles, ajoule-t-il, les Ames qui après avoir vaincu la
passion la plus impérieuse, la passion charnelle, perdent tout leur
mérite en reculant devant un sacrifice moindre, celui de leurs ,„ „
. , t b r v s o s t . Ilomil. < 8
richesses. » in Mauli. n. 1 .
L'huile, dil S. Augustin, c'est les œuvres bonnes accomplies
avec une intention droite. « Les vierges folles, sont ces Ames qui
savent éviter la corruption qui tend à nous envahir par nos cinq
sens, mais ne savent pas garder leur bien dans leur conscience,
sous le regard de Dieu. Klles cherchent à plaire aux hommes, et
elles se jettent ainsi au dehors d'elles-mêmes, se soumettant au
jugement d'autrui. Le témoignage de leur conscience ne leur suflit
pas, ce témoignage dont l'ApoIre disait : Que chacun éprouve
soi-même iron travail, et alors il aura de la gloire en lui-même,
et non en un autre. La lampe des vierges folles s'allume encore,
car leurs œuvres semblent répandre quelque lumière, mais cette
lumière ne peut durer, parce que l'huile intérieure fait défaut. » Au*. I » i".
B
« Entretenue par les louanges des hommes, leur lampe s'éteint "
quand cette approbation leur fait défaut. On voit celle lampe
s'éteindre surtout quand arrive le moment du jugement, ee mo
ment où chacun doit rendre raison pour lui-même. » Mais quand J' R R' I
*
1
L
Â
K , K !
T
L 4 F T
une aine a l'habitude d'agir pour Dieu, de se recueillir en toutes ctY». ' '"
ses œuvres devant lui dans le secret de sa conscience, (die peut
agir sans s'épuiser jamais ; la provision d'huile est toujours renou
velée. « Les vierges sages portent cette huile dans leurs vases.
c'est-à-dire dans leurs cornrs. C'est pour cela que l'Apôtre disait :
Notre gloire c'est le témoignage de notre propre conscience;
Sans doute ce n'est pas nous qui avons créé le bien qui esl en nous:
ce n'étaient pas ces vierges qui avaient créé les olives. Ce bien
vient de Dieu : mais vous devez le garder au-dedans de vous ;
c'est là au-dedans de vous qu'il vous faut plaire à Dieu. » Au*, serra, 9 3 . 0. 9.
« L'huile, dit S. Augustin, c'est encore la charité. L'Apôtre
S. Paul, parlant de la charité, disait : Je veu.v vous enseigner la
voie excellente. La charité domine toutes les vertus: de même
nous voyons l'huile demeurer au dessus de tous les antres liqui
des. » La vertu qui n'est pas unie à la charilé s'épuise vite: la id. sera». 9 3 . D . S .
vertu unie à la charilé devient toujours plus brillante.
304 CCUX - L A PRÉPARATION DU DERNIER JOUR
S. Grégoire, ou mieux encore des dispositions qu elle sait être Gr«(r. Homil. 12. D. 3.
agréables à Dieu.
Mais avant cette rencontre suprême, quand Jésus vient visiter
les âmes qui sont à lui, dans les épreuves qu'il leur envoie, dans
les services qu'il leur demande, il faut qu'il y aitdans leurs lampes
assez de lumière pour le reconnaître, assez d'huile pour le suivre
jusqu'au bout.
A ce moment les vierges folles s'upcrçoivcnl de leur impré LE MANQUE O'HUILE
CHEZ LES VIERGES
voyance : leur lampe est vacillante étoiles n'ont point d'huile pour FOLLES
rontretenir au milieu de cette nuit profonde, il n'y a rien en elles
d'où elles puissent tirer de la lumière, c 11 y avait dans leur vie
quelques lueurs intermittentes, leur lumière n'est point continue,
leurs œuvres ne sont point persévérantes. Une Ame qui aime
vraiment la pureté ne doit pas se contenter de ces vertus médio
cres qui se flétrissent à la première sécheresse ; elle doit aspirer
aux vertus solides pour pouvoir donner une lumière sansintcrmil-
teneos. » Hieron. h . l .
« Et au dernier jour, à la lumière du souverain juge, leurs œu
vres qui avaient une certaine apparence devant les hommes, n'ont
plus aucun éclat. » Cretjor. Homil. l î
Eplorées, elles disent aux vierges s a g e s : Donnez-nous de LEUR DEMANOE
votre huile car nos lampes s'éteignent.
Elles étaient habituées à toujours emprunter au dehors. « Elles
cherchaient au dehors les approbations qui les soutenaient. » Elles ib.
20
306 CCLXl — LA PRÉPARATION DU DERNIER JOUR
le font encore à ce moment. Dans les visites que Jésus fait aux
Ames, elles voient des âmes l'accueillir sans trouble, avec joie, se
mettre avec empressement à tout ce qu'il demande, tandis qu'elles-
mêmes demeurent troublées, sans courage, et elles leur disent : Quel
est donc le secret de votre paix? Kt au dernier jour, quand elles ne
voient que pauvreté dans leur vie, et qu'elles voient les âmes qui
ont été vigilantes aller pleines de contiance vers le juge, elles
leur disent : Donnez-nous donc de vos richesses. Pourquoi ne se
recommanderaient-elles pas des bonnes œuvres des personnes
avec qui elles ont vécu ? Cette idée ne se retrouve-t-elle pas tous
les jours ? Tous les jours ne voyons-nous pas des personnes
compter pour le jour du jugement sur les mérites de leur famille,
de leurs amis? « Mais cela ne se peut : les mérites sont person
nels. »
L e s s a g e s r é p o n d i r e n t : D e p e u r qu'il n ' y e n a i t p a s
assez pour nous, allez plutôt à c e u x qui en v e n d e n t et
achetez-en pour v o u s .
« C'est là. dit S. Augustin, une parole d'humilité plutôt que
de dureté. Nous devons certainement donner de notre supcrilu
quand nous avons du superflu ; mais en matière de justice, en
fait de mérites, l'humilité nous oblige à déclarer qu'il n'y a pas do
superllu. i < Au jugement de Dieu, chacun rendra raison pour
lui-même ; aucun témoignage n'est recevable auprès de Celui qui
pénètre les secrets des cœui s : et chacun aura assez à faire de
répondre pour lui-même. » C'est le jour de la justice, ce n'est plus
le jour de l'intercession. « Quand, dit YOpus imperfeefnm les i
LA R É P O N S E L'époux répondit : E n v é r i t é je v o u s l e d i s , je n e v o u s
DE L'EPOUX „ « o w il
connais pas. *• n
li los connaissait peut-être, puisqu'elles étaient invitées à ses
noces, niais il ne les avait pas vues dans le cortège nuptial, il ne
les connaissait plus. * Dieu, dit S. Augustin, ne peut connaître et
admettre au partage de ses joies ceux qui ont accompli quelqucs-
id. ib. uns de ses commandements pour plaire aux hommes et non à lui. »
Il ne connaît point ceux qui ne lui ressemblent pas ; et on res
semble au Fils de Dieu surtout quand on l'imite dans sa bonté et
sa miséricorde.
« La virginité est une vertu sublime, dit S. Jean Chrysostôme,
si hante que les justes de l'ancienne Loi n'avaient pas osé entre
prendre de la pratiquer. Elle exige un combat incessant contre les
attaques toujours renouvelées du démon. Depuis que celui qui est
la Heur do la virginité a paru sur terre, la virginité y a pris
racine. Mais pour avoir toute sa beauté, elle doit être unie à la
miséricorde. Si elle en est séparée, le Sauveur lui dira : Je ne vous
Chrvs. Homii. 3 connais pas P >- fit quel malheur d'être ignoré de celui de qui
d e pœnit. n. 3 . vj t toute grâce et toute joie !
e n
P r é p a r a t i o n «lu « l i m i e r Jour.
VII. Le»* elni| talenta.
Dans la parabole des vierges, J.-C. avait recommandé le travail CETTE PARABOLE
CONTINUATION DE LA
intérieur comme préparation nu dernier j o u r ; il va maintenant PRÉCÉDENTE
réclamer l'activité qui se traduit dans les œuvres, et dont la vie
intérieure prépare la fécondité. On ne pourra plus dire, après
l'avoir entendu, que la vie des disciples de J.-C. est une vie
d'inertie : le Maître au contraire réclame l'activité sous toutes ses
formes.
ÏI y a des ressemblances entre la parabole des mines et celle DISTINCTE QE LA
PARABOLE DES MINES
des cinq talents, mais il y a aussi des dissemblances essentielles.
Dans la parabole des mines, adressée à tous, le Sauveur enseignait
la nécessité de faire fructifier le don de la grace divine accordé à
tous : ici il enseigne la nécessité de faire fructifier les dons iné
gaux qu'il confie à ses serviteurs pour l'utilité de tous. Cf. Médit, c c x x x i r .
J.-C. met la négligence en celui qui n'a reçu qu'un talent pour
nous montrer que personne ne sera admis à s'excuser sous pré
texte qu'il a reçu trop peu : et en effet s'il avait voulu employer ce
talent qui représentait une somme considérable, il aurait fait des
gains considérables.
• Ce serviteur qui cache son talent en terre, dit S. Hilaire, c'est
cette partie du peuple d'Israël, qui se ligeant dans la Loi, stupide,
charnel, empêche par envie que l'Kvangile ne soit porté aux
Jiiiar. ut supr. o . 9 . nations, enfouissant ainsi en terre le talent qu'il a reçu de Dieu. »
Ainsi dans ses paraboles les plus simples, Jésus faisait des pro
phéties et annonçait le cours universel des événements.
Mais cette infidélité se retrouve en beaucoup de cUrvlicns,
VII. LES CINQ TALENTS 313
C a r on d o n n e r a à celui q u i a e t il s e r a d a n s l ' a b o n d a n c e ;
CCLXH — LA PRÉPARATION DTT DERNIER JOUR
cclxiii
I j A préparation du dernier j o u r .
V I I I . I«e j u g e m e n t dernier.
aussi quel sera l'aboutissant de cette Passion : c'est par elle qu'il
doit mériter sa gloire. Il va être jugé par les hommes, il les
jugera à son tour.
« C'est alors que s'accomplira la prophétie du Psalmisle : Dieu
viendra dans sa gloire. 11 ne sera plus comme autrefois caché
par la chair qu'il a assumée, de façon que les justes pouvaient à
peine le reconnaître ; il viendra dans une telle gloire que les
méchants seront forcés de le reconnaître ; et ceux qui l'auront
méprisé dans son humilité le connaîtront dans sa puissance : et
Opus imperf.
ceux qui n'auront pas voulu éprouver combien était douce sa
Ho mil. 54. miséricorde, sentiront combien est terrible sa colère. »
Quand le Fils de l'homme... « Il viendra, dit S. Augustin,
dans cette forme humaine qu'il a prise de nous, dans laquelle il a
été jugé, et dans laquelle les impics le verront aussi bien que les
A n r . Tr. I!» justes. » Il fallait qu'il eût la gloire de juger le monde dans cette
ta J o i o . Q. 1 6 .
forme dans laquelle il a sauvé le monde, i Mais ensuite il appa
raîtra aux justes dans cette forme divine qu'ils désirent contem
fd. i b . pler. »
« Ce jugement que vient accomplir le Fils de l'homme, nous
l'appelons, dit S. Augustin, le dernier jugement. Dieu dès le
commencement, avait jugé l'homme, quand il l'avait éloigné du
Paradis terrestre : il avait jugé les Anges pour lesquels il avait
été sans miséricorde, (il P e u . , u, t ) Il nous juge maintenant chaque
jour. Dans ce jugement final les hommes et les Auges seront
jugés ensemble. Par la puissance de Dieu toutes les œuvres
bonnes et mauvaises seront ramenées dans une pleine lumière,
afin que la science infaillible de Dieu accuse ou approuve la
conscience de l'homme. Nous appelons ce jugement le dernier
jour : combien de temps dureront ces assises du genre humain?
w
Je vous dis en vérité que vous qui m avez suivi, dans la rénova-
tion, quand le Fils de ïhomme siégera, sur le trône de sa majesté,
XIX.
vous siégerez avec lui sur douze trônes jugeant les douze tribus
d'Israël.
Il les associera à sa puissance de juge afin de manifester sa
bonté qui élève des hommes, et les plus humbles des hommes, à
cette dignité si haute. « Qu'y a-t-il de plus noble dans toute
l'éternité, dit S. Grégoire, que d'assister Dieu en qualité de Grcgor. Moral. I 50.
juge ? » t 16. n. AU
comme s'il était déjà présent. Car le Christ enverra ses Anges, et
ils rassembleront devant lui toutes les nations. » Aufif. in h . l .
E t il fera la s é p a r a t i o n p a r m i les h o m m e s , c o m m e u n LA SÉPARATION
b e r g e r s é p a r e les b r e b i s d e s b o u c s .
Cette séparation se fera comme d'elle-même, sous l'action «le la
lumière venant du Christ. « Actuellement tous les hommes se
mentent, dit YOpus imperfectum : il y en a qui se disent pécheurs,
quand ils sont justes; d'autres se font passer pour justes quand
ils sont pécheurs. Il en est qui cachent jusqu'à la mort leurs actes
honteux, ayant la crainte des hommes plus que celle de Dieu.
320 CCLXIII - LA P R É P A R A T I O N DU DERNIER JOUR
Opus imperf. demeurant dans leurs blessures plutôt que de laisser voir qu'ils
Homil. 5t. sont blessés. »
Non seulement ils se mentent, mais souvent ils s'ignorent et se
méconnaissent eux-mêmes, a Tant que les méchants s'ignorent et
ignorent le Christ, dit Origène. et tautque les justes ne connaissent
encorequ'en énigme, leshonsne sont pas séparés des méchants. Mais
quand le Christ se manifestera, tous se connaîtront : les pécheurs
connaîtront leurs fautes, et les justes verront avec clarté les ger-
Oiigen. Tr. 34. n. 70. mes de justice qui étaient en eux. » Quand le Christ apparaîtra,
dit S. Jean, nous lui serons semblables parce que nous le verrons
tel qu'il est. Joti.il
Alors il fera la séparation, comme le berger sépare les brebis
des boucs. « H appelle des brebis, dit Origène, ceux qui seront
sauvés, à cause de leur douceur, de celte douceur qu'ils ont
apprise auprès de Celui qui a dit : App.enez de moi que je
suis doux et humble de cœur, et dans laquelle ils étaient toujours
id. ib. prêts à se laisser égorger. » « U les appelle des brebis, procla
mant par là ia fécondité de leurs œuvres et la générosité de leur
c o M i r . dit S. Jean Chrysostôme. car les brebis donnent à leurs
maîtres leur laine, leur lait et leurs agneaux : proclamant aussi
Chrys. ut s u p r . leur docilité, simplicité et innocence. > Les méchants, au con
Hieron. traire, sont semblables au bouc. * celle bêle lascive et insolente ».
OriffeB. « qui aime à aller à travers les précipices » « et qui ne donne
Chry». rien à son maître. »
« Toutes les consciences seront ouvertes en un instant, dit Bos
suet et tout le secret eu sera manifesté à tout l'univers. Où se
cacheront ceux qui mettaient toute leur confiance à se cacher, dont
toutes les actions étaient honteuses, même à dire et à penser, et Epfc. v,
qui verront tout à coup toute leur turpitude révélée devant tous
les Anges, devant tous les hommes, et ce qui confirme en uu mot
toute confusion et toute honte, devant le Fils de l'homme, dont la
Rossn<t. Dçrn. sera.
présence, dont la sainteté, dont la vérité convaincra et confondra
«• j . tous les pécheurs ? »
Ils se connaîtront par la comparaison qu'ils feront d'eux-mêmes
avec les justes, avec le Fils de Dieu ; et ils se connaîtront par la
vue de ceux avec qui ils se trouveront. « Dans quelle compagnie
es-tu malheureux? On a honte de se trouver avec un seul scélé
r a t : tu seras avec tous les méchants et tu en augmenteras le nom
bre infâme : chacun portera sur son front le caractère de son
péché... (Vest avec eux qu'il faudra vivre, si c'est là une vie que
id. t»î- j . ' de ne vivre que pour son supplice ou pour sa honte. »
E t il p l a c e r a l e s b r e b i s à s a d r o i t e e t l e s b o u c s à s a
gauche. *•
« Les saints qui ont employé leur droite à faire le bien, dit
Origène. sont placés à< la droite du roi qui va travailler à leur
VIH. LE JUGEMENT J)ËUNIEk 121
rieupcment aux autres hommes, il les ait appelés ses frères ! Mais
que devons-nous dire quand dans sa gloire, il aime encore à les
appeler ses frères, alors qu'il suflirait à leur gloire d'être appelés
ses serviteurs ! » Opus Imperf. ut » o p r .
Si les plus petits étaient déjà ses frères, « combien plus proches
de lui sont ceux qui ont accompli ses commandements, el parti
culièrement le commandement de la miséricorde ! Il peut donc
leur dire : Venez t II veut qu'ils soient tout proches do lui. » Orlgen. oi i n p r .
m a u d i t s , a l l e z a u f e u é t e r n e l q u i a é t é p r é p a r é p o u r le d i a b l e
». 41. et ses anges
Car j'ai e u f a i m , e t v o u s n e m ' a v e z p a s d o n n é à m a n g e r ; L E
POURQUOI
« la mort qui consiste à être loin de Dieu. Cette mort sera perpé
tuelle, car ils ne peuvent jamais retrouver Dieu, et Tame ne peut
ld ih c 3
- - - plus rire réparée du corps par la douleur. « Allez maudits au
supplice éternel.
•< Il y a là de> houes et des brebis, dit Théophylaelo. les boucs
ne peuvent pas devenir brebis, et les réprouvés ne peuvent devenir
Thcoiihyi. «es élus. Jls sont dans les ténèbres extérieures : ils en sont enve-
in h.l. M»uh. loppés. ils ne peuvent plus revenir à la lumière, »
Kt la justes iront à la vie éternelle.
u VIE ÉTERNELLE C'est p a r l a nue J.-C. termine : la vie éternelle est le but des
U m DES ŒUVRES j ^ , /
« I I fait plus que cela : il vous propose la vie avec lui, les mêmes
vêtements, la même table, il vous invite à marcher avec lui dans
la même voie, à régner nvoc lui dans la cité dont il est l'archi
tecte. 131 si vous acceptez ses offres si généreuses, il agira avec
vous comme s'il était votre débiteur. »
« Je suis, vous dit-il, votre père, votre nourricier, votre
époux. Je suis l'abri qui vous protege, la racine qui vous nourrit,
le fondement qui vous porte, le vêtement qui vous couvre. Je vous
servirai, car je suis venu, non pour être servi, mais pour servir.
Je suis votre ami, la tète du corps dont vous êtes les membres : je
suis votre frère, votre sœur, votre mère, votre tout. Ayez soin
seulement de vous unir à moi très étroitement. Je suis devenu
pauvre pour vous enrichir, j'ai souffert sur la croix pour vous
racheter. J'ai voulu mourir et être enseveli pour vous tirer de la
mort et du tombeau ; et maintenant au ciel j'intercède pour vous.
Vous êtes tout pour moi : vous êtes pour moi des frères, des amis,
des cohéritiers, vous êtes mes membres Pourquoi fuyez-vous
celui qui vous aime? Pourquoi travaillez-vous pour vous rendre Chrya. nomii. 76
61 S
misérables ? Pourquoi courez-vous sans avoir de but? » lîtit!!?" * "
c Celui qui est venu dans l'humilité viendra un jour dans la
gloire, dit S. Augustin. Reconnaissons-le dans son humilité pour
ne pas le redouter dans sa gloire. Embrassons-le dans son humi
lité pour le désirer dans sa gloire ; il viendra plein Ijle miséricorde
pour ceux qui le désirent. » i" w. w
Heureux ceux qui le désirent et mettent leur confiance en lui !
« Celui qui viendra vous juger, c'est celui qui a accepté d'être
jugé pour vous. Ne craignez pas d'avoir ce jour-là un mauvais
avocat: vous pouvez prendre pour avocat dès maintenant celui qui
doit être votre juge. Vous aurez aussi comme témoin votre cons
cience: vous pouvez dès maintenant vous rendre ce témoin favo
rable. » Nous devons toujours nous tenir en de telles dispositions Au*. i n P s . U 7 . B. I .
que non seulement nous attendions ce jour avec sécurité, mais
que nous le désirions. Car celui qui aime le Christ doit désirer
son avènement. »
D a n s c e s j o u r s , nous dit S. Luc, J é s u s d e m e u r a i t d a n s l e
t e m p l e y e n s e i g n a n t , e t la n u i t s o r t a n t d e la ville, il s e reti
nt a:, r a i t s u r l a m o n t a g n e a p p e l é e d e s O l i v i e r s .
« 11 confirmait par son exemple, nous dit Bède, l'enseignement
qu'il nous avait donné, de nous préparer par la vigilance. Celui-
ftc(1 iD L a c
là pratique la vigilance qui enseigne et qui prie. » « 11 enseignait «- -
à l'apôtre, dit Théophylacte, quelle doit être sa véritable vie : la
nuit, parler à Dieu, et le jour aux hommes ; lu nuit recueillir la
lumière, et le jour la répandre sur les hommes. » Comme esl ton- ThMphyl. in U e .
chante celte attitude de Jésus après avoir annoncé ces vérités
grandioses qui touchent à la consommation des temps, se mettant
330 CCLXIV — LA PASSION : SA PRÉPARATION
CCLXIV
MM P h m I o i i : Sa préparation
E t il a r r i v a , q u a n d J é s u s e u t a c h e v é t o u s c e s d i s c o u r s ,
qu'il d i t à s e s d i s c i p l e s : V o u s s a v e z q u e d a n s d e u x j o u r s
s e fera l a P â q u e , e t l e F i l s d e l ' h o m m e s e r a l i v r é p o u r ê t r e
crucifié.
Tous les jours, depuis son entrée triomphale à Jérusalem, il
avait paru dans le temple, comme le maître du temple et comme
le docteur et le prophète suprême. H va dans sa Passion accom
plir des fonctions plus sublimes encore, celles de prêtre et de vic
time : il s'y est préparé dans la prière : Hpassait, nous dil S. Luc,
la nuit sur la montagne appelée des Oliviers ; et il veut y prépa
rer l'esprit de ses disciples.
Son heure était venue, t Plus d u n e fois les Juifs avaient voulu
se saisir de lui et ils ne l'avaient pu : son heure n'était pas venue.
Il avait été décrété qu'il ne serait pas livré avant qu'il n'eût donné
sa doctrine au monde. » Et maintenant la chose était faite : il
avait conduit ses disciples jusqu'à la consommation de toutes
choses. « En unissant sa Passion à ces enseignements suprêmes,
il répand, dit S. lïilaire. sur le mystère de sa croix, quelque chose
des gloires de l'éternité. » Ils comprendront que les gloires de sa
judiealuro suprême seront jointes aux humiliations de sa Passion.
Son heure était venue, et il le leur annonce : Dansden.u jours...
Cette rois la prédiction est bien claire et bien précise. « Quand
elle se réalisera, il ne faudra pas qu'ils soient scandalisés. » Kt il
montre qu'il y a une connexion entre sa Passion et la Pàque, con
nexion voulue par Dieu : nue Pàque nouvelle va être établie dans
le monde.
« Le mol de Pdque signifie Passage, dit S. Jérôme. Il rappelle
CCLXIV — LA PASSION : S A PRÉPARATION 331
s'appelait Gaïphe. I
Et ils tinrent conseil pour s e saisir adroitement de Jésus
e t l e f a i r e m o u r i r (1). *• *
La mort de Jésus était résolue depuis la résurrection de Lazare:
ils avisaient aux moyens d'exécuter leur résolution. Leur embar
ras était causé par la faveur dont Jésus jouissait auprès du peuple,
et principalement auprès des Cïaliléens qui se trouvaient en grand
nombre à Jérusalem pour les fêtes de Pâques.
Ils d i s a i e n t d o n c : P a s p e n d a n t la fête, d e p e u r d e t u m u l t e
dans le peuple. t. i
« Ce n'était pas par respect pour la fête, dit S. Léon, c'était
uniquement pour assurer leur crime qu'ils s'appliquaient à éviter
, KU le tumulte dans le peuple. Us avaient moins le souci d'éviter une
I.#o m. «erra. 5 » . i i , 1 1 * y^» .
de P i » . 7. t. t. faute au peuple que de s assurer de la personne du Christ. »
« Ils étaient réunis dans ce lieu où l'on aurait du se concerter
pour combattre le mal, dit S. Jean Chrysostôme, et ils se concer
taient pour commettre le plus grand des forfaits. Ils étaient la
plusieurs princes des prêtres, dit l'Evangile : c étaient les anciens
grands-prêtres déposés. D'après la loi, il n'y aurait dû jamais se
trouver qu'un seul grand-prêtre occupant cette charge toute sa
vie. La présence de plusieurs grands-prêtres déposés par le pou-
v o
r h r w Homîi 7 9 " * * * P ° l i fltait une preuve de l'avilissement où était tombé lo
, m o r
avait au-dessus d'eux une sagesse plus haute que la leur qui
déjouait leurs desseins et faisait servir à ses vues leur malice. Us
ne voulaient point que l'arrestation de Jésus se fit au jour do la
Fête; mais il avait été, au contraire, résolu dans le conseil de
Dieu qu'elle se ferait au jour de la Fête : la fête de Pâques n'avait
été instituée que pour préfigurer ce grand événement. « Ce fut, il
faut le comprendre, par l'effet d'une disposition divine, dit S. Léon,
que les chefs des Juifs qui avaient cherché si souvent l'occasion de
sévir contre le Christ, ne purent le faire que dans la solennité
pascale : il fallait que ce qui avait été si longtemps annoncé on
ligures eût enfin son accomplissement, que le véritable agneau
remplaçât l'agneau figuratif, et que la variété des sacrifices vint
dit S. Ambroise, il est souvent trahi dans la personne de ses ser Aiubr. In I*s. 6 1 .
viteurs; » Que d'hommes ont été trahis parce qu'ils étaient à a . £4.
J.-C. et voulaient faire son couvre: c'était donc J.-C. qui était
trahi en eux. « Et dans ce cas, dit S. Cyprien. ceux qui sont
trahis sont trop honorés d'avoir cette conformité avec J . - C , et
ceux qui trahissent, même quand leur trahison est couronnée de
succès, doivent être grandement humiliés de faire ce qu'a fait CypriiD. Kp. S5
ttd Cornel. de Fortu-
Judas. » o i t o et Feliciss.
E n r e c e v a n t s a p r o p o s i t i o n , i l s f u r e n t r e m p l i s d e joie.
Bien triste joie ! Ils croient avoir fait un gain considérable
qu'ils vont reconnaître par une somme d'argent, et ils achètent
leur perte.
.t. 15. Et ils lui proposèrent trente deniers. LE PRIX PROPOSÉ
Joseph, nous dit S. Jérôme, avait été vendu vingt pièces d'ar
gent : il convenait que le Maître fut vendu plus cher que le ser- Ilieron. h . l .
XXI, vitcur. Mais cette somme de trente deniers était celle que, d'après
la Loi. on devait donner pour compenser la perte d'un esclave que
Ton avait tué involontairement. C'était la somme qui avait été
annoncée par les Prophètes (Zieh. xi. 1 2 ) . 11 fallait qu'ils fussent bien
aveuglés pour ne pas remarquer ces coïncidences. Ainsi Jésus,
le Maître du monde, qui avait pris, pour nous racheter, la forme
de l'esclave, était vendu au prix d'un esclave.
E t il c o n v i n t a v e c e u x . ACCEPTATION
Malgré son avarice il ne marchande pas.
E t à p a r t i r d e c e m o m e n t , il c h e r c h a i t l ' o c c a s i o n d e l e
livrer loin de la foule.
« Ainsi, dit S. Léon, ceux qui devaient au commencement de la
solennité pascale, orner le temple, purifier les vases, veiller avec
grand soin à se purifier eux-mêmes, transportés par une haine
parricide, ne songent qu'à leur forfait. »
« Et pendant ce temps, Jésus maître de sou dessein, invincible LA PRÉPARATION
DE JÉSUS
dans l'accomplissement des volontés de son Père, donnait son
couronnement à l'ancienne alliance et établissait une Pàque nou
velle. Et quand dans la salle de Caïphe. on agitait la question de
savoir comment on pourrait mettre à mort le Christ, lui, établis
sant le sacrement de son corps et de son sang, enseignait quelle
l.co m. serm. TA.
victime on devait désormais offrir à Dieu. » de l'ass 7. e. t et 3 .
Et Jésus associait à sa préparation les disciples fidèles.
L e p r e m i e r j o u r d e s A z y m e s , . . . disent les trois premiers LE PREMIER JOUR
DES AZYMES
Evangélistes.
C'était au soir du premier jour des Azymes qu'on immolait
l'agneau et qu'on célébrait le repas pascal. Les jours se comptaient
du soir nu lendemain soir, et dans le jour qui précédait on enlevait
avec soin tout pain fermenté. Etait-on ce jour-là au \t\* jour do
Nisan. jour auquel on célébrait la Pàque V Jésus alors serait mort
336 CCLXIV — LA PASSION : S A P R É P A R A T I O N
n , w D
11 semble prendre un soin particulier de cacher lo nom de l'hôte ' '*'
qui doit les recevoir. Peut-être voulait-il que Judas l'ignorât
jusqu'au bout et ne put le révéler aux princes des prêtres, afin
qu'on ne put troubler l'auguste mystère qu'il allait accomplir. c y r i l l . in L a c .
Encore une fois Jésus montre à ses disciples avec quelle certi
tude il connaît et conduit les événements. Que cet homme se ren
contre juste à point nommé, avec sa cruche remplie, et (pie la
maison où il entre soit celle où Ton doive accueillir Jésus, ceci
indique une science et une puissance infaillibles. Cette preuve
qu'il donne à ses disciples de sa science et de su puissance à con
duire les événements répand sur toute su Passion une lumière
L ' É V A N G I L E MKDITK AVKC L K 8 l'KHKH. T '» 22
338 CCLXIV — LA PASSION : S A PRÉPARATION
CCLXV
lu. XXII. le e n t r e v o u s (1). Celte coupe était ofierte à Dieu par le chef de
17. famille, au commencement du repas, en action de grâces. Béni
soyez-vous, disait-il, en tenant cette coupe dans ses mains, béni
soyez-vous, Seigneur, roi du inonde, qui ave/ créé le cep de la
vigne ! Jésus offrait cette coupe en action de grâces du passé; Cf. Li«htfooï. Houe
Hebraie. in Matth.
mais combien son action de grâces était haute et étendue ! Il
remerciait Dieu d'avoir fait de toute la création et de toute l'histoire
du peuple élu la préparation du mystère qu'il allait accomplir.
<
' Il rendait grâces, dit Bède, pour tout ce passé qui s'en allait, et
pour tout l'avenir qui allait être renouvelé. » Reda. lo U c .
Car je v o u s l e d i s , Je n e b o i r a i p l u s d e c e f r u i t d e l a v i g n e , AOIEU ADRESSÉ
A LA CREATION
r. 18. j u s q u ' à c e q u e l e r o y a u m e d e D i e u a r r i v e , ou, selon S. Mat
thieu, j u s q u ' à c e q u e j e l e b o i v e d e n o u v e a u a v e c v o u s d a n s
le royaume des cieux.
Quel est ce vin nouveau qu'il doit boire avec ses disciples dans
le royaume de cieux ? Veut-il parler du temps qui suivra la résur
rection, où il mangera encore et boira avec ses disciples ? Il est C h r j s . Homii. 82
In Mulh. a. 3 .
probable que sa pensée s'élève plus haut, et qu'il pense à ce ban
quet du Père céleste où il doit se trouver assis avec ses disciples,
qu'il pense à ce banquet qu'il va leur servir lui-même et qui est
le centre du royaume do Dieu sur terre. Reda. In U e .
Quoiqu'il en soit, Jésus dans ce moment, disait adieu à toute la
création dont il avait usé jusque-là. C'était la dernière fois qu'il
goûtait ce breuvage matériel. « Le prêtre offrant son sacrifice, dit
Origène, avait l'ordre de s'abstenir de vin et de toute liqueur
enivrante : Jésus, montant à l'autel de son sacrifice, obéit à cet
ordre » Après avoir goûté au calice Eucharistique, il boira le Orifan. Homii. 7
lo Lavit. o . î .
calice de sa Passion sans y laisser entrer aucun mélange ; il re
poussera la potion assoupissante qu'on lui présentera au moment
du crucifiement ; il connaîtra sur sa croix les angoisses de la soif.
Mais il ne connaîtra plus ce breuvage matériel, « jusqu'à ce que
Id. I b .
tous les siens étant réunis dans la gloire, il boive au calice enivrant. »
Mais dans cet adieu adressé à la création, Jésus sans cesse élève
les âmes à cette rénovation qu'il va accomplir par sa mort et qui
jette sur cette mort une radieuse lumière.
Avant d'aller plus loin dans l'établissement du royaume de Dieu, UN ACTE PRÉLIMINAIRE
A L'EUCHARISTIE
il accomplît un acte qui en proclamait le caractère, et dont S. Jean
nous a conservé le souvenir.
S. Jean ne dit rien de l'institution elle-même de l'Eucharistie
qui a été rapportée par les trois autres rLvangélisteset par S. Paul,
« Tout, même le traître dont il saura se servir pour réaliser ses des
seins d'amour, » « mais plus particulièrement ces disciples dont Au*, ut snpr. u. 5.
il disait à son Père : Vous me les avez donnés. Il faudra qu'il
n'épargne rien pour leur salut. » Son Père lui a tout remis entre c h r y i . ut snpr.
les mains... Il faudra qu'il fasse tout ce qu'il est possible de faire
pour la manifestation de son amour et le salut des siens. Son
Père lui a remis tout pouvoir cl particulièrement le pouvoir
d'établir une alliance nouvelle à la place de l'ancienne, le sacrifice
véritable à la place du sacrifice figuratif.
Parce qu'il est venu de Dieu el qu'il retourne à Dieu... « Il S O N ORIGINE
peut descendre tant qu'il voudra : aucune humiliation no saurait ET SON TERME
abaisser réellement une telle, grandeur. » Colle grandeur lui est id.
au contraire un motif de s'abaisser : plus on est grand et plus on
veut s'abaisser, plus on est maître et plus on a le besoin de
servir.
11 faut qu'il retourne à Dieu puisqu'il est venu de Dieu ; mais il
y aura ressemblance entre la manière dont il est venu de Dieu et
la manière dont il retournera à Dieu, c II était venu de Dieu, dit
S. Augustin, sans quitter le sein de Dieu ; et il retournera à Dieu
sans abandonner ceux avec qui il a créé dos liens si étroits. » Aug. ui supr.
c Kt de même que Dieu lui a tout remis entre les mains, il
344 C6LXV — LA DERNIÈRE P A Q U E : LE LAVEMENT DES PIEDS
services, pour nous montrer que s'il souffre il souffre pour nous. » Aoff. ut «opr. D. 7
a En essuyant avec le linge dont il est ceint les souillures de leurs
pieds, dit Origène, il nous fuit entendre qu'il prend sur lui. dans
la chair dont il s'est revêtu, toutes les taches de leur Ame. n Origen. nt t u p r .
« L'homme, dans son orgueil, périrait éternellement, dit S. Au
gustin, si Dieu dans son humilité ne venait au devant de lui. » Aug. nt snpr.
« Joseph, dit Origène, voulant honorer ses frères, avait fait
apporter de l'eau pour qu'on leur lavât les pieds. Celui qui a dit
cette parole : T'ai été au milieu de vous non comme celui qui est
à table, mais comme celui qui sert* celui-là verse lui-même l'eau
dans le bassin, et lave lui-même les pieds de ses disciples. » Le Origen. ot supr. D. I.
Fils de Dieu s'est fait lui-même notre serviteur : O les grandes
choses que nous pouvons attendre de lui !
1.1. 6. Il v i n t donc à Simon Pierre.
Commença-t-il par lui? « Car personne n'ignore, dit S. Au PROTESTATION
DE PIERRE
gustin, que le bienheureux Pierre était le premier des Apôtres. » Atiff. T r . m. n . 1.
Et Pierre exprima-t-il le sentiment de tous ? Ou bien quand il
arriva à Pierre, avait-il déjà lavé les pieds des autres Apôtres et
du traître, silencieux dans sa honte ? Ghrjt. ut sopr. n. 1.
Pierre s'écria : Seigneur, v o u s m e lavez les pieds ? à moi !
Vous ! « Que de choses, dit S. Augustin, sont contenues dans ces
deux mots ! Ils contiennent infiniment plus que tout ce que Ton
pourrait dire. » Aug. u t supr.
Vous qui êtes le Seigneur! « Vous, de ces mains qui ont ouvert
les yeux des aveugles, purifié les lépreux, rendu la vie au morts, • Cbrys. ut t u p r .
vous voudriez me laver les pieds! c Qui ne serait dans la stupeur,
dit S. Augustin, en voyant le Fils de Dieu voulant lui laver les
pieds ? » Au*, ut iiupr.
Jésus lui répondit : Ce q u e je fais, t u n e le comprends
pas pour le moment, t u le comprendras dans la s u i t e .
Que de choses en J.-C. n'ont été comprises que dans la suite!
On pourrait dire cela de toute sa vie. Pierre ne savait pas que.
pour le rendre pur, Jésus devait non pas seulement lui laver les
pieds avec de l'eau, mais le laver tout entier dans son sang.
Pierre lui dit : Non, jamais v o u s ne m e laverez les pieds.
« Prends garde, Pierre, lui dit S. Jean Chrysostôme ; tu ne te
souviens plus de la sévère réprimande qui l'a été faite, quand tu
voulais détourner ton Maître de souffrir. Cette fois encore lu es
empressé. Oui, c'est vrai, mais c'est parce que la chose proposée
est inouïe. Et parce qu'il faisait cela par amour, c'est par cet
amour que le Sauveur le prendra. » Si je n e t e lave, lui dit Chrys. ut supr.
Jésus, t u n'auras pas de part a v e c moi. MENACE OE JÉSUS
« Jésus aurait pu lui dire : Je fais cela pour t'enseigner l'humi
lité. Pierre sans doute aurait répondu : Je pratiquerai l'humilité
sans que vous ayez besoin d'entrer dans ces humiliations. » Jésus Theophyl in J o a o .
34> CCLXV - LA DERNIÈRE PAQUE : LE LAVEMENT DES PIEDS
aurait pu lui montrer les lins multiples de son acte : il ne lui pro
pose qu'une seule chose, être avec lui. Etre avec Jésus résume
toule vertu et donne son couronnement à toute vertu.
« Etre avec Jésus, c'était la seule chose que désirât Pierre.
Aussi il se montre encore plus empressé dans l'obéissance qu'il
*;hry«. u i s u p r . p t é dans la résistance. » « Craignant d'être privé de Jésus plus
a c
CCLXVI
Lors donc qu'il leur eut lavé les pieds, e t qu'il eut repris ses DONNE A SES
que je v o u s ai f a i t ?
« Il avait dit à Pierre qu'il saurait bientôt le sens de cet acte
qui l'avait jeté dans la stupeur : il commence à tenir sa Auff T r : : i
J n
promesse. » 'n o"« - *•
Heureux les moments où Jésus nous instruit lui-même et vient
nous dire : Savez-vons ce que faifait pour vous P II a accompli
pour nous des choses grandes, pleines de mystères : lui seul peut
nous en donner le sens vrai.
Il fondait en ce moment son Eglise : il la fondait siir son corps
sacré qu'il allait livrer à la mort pour elle, qui devait êlrc jusqu'à
la fin des siècles sa victime et sa nourriture. U faisait des Apôtres
les dispensateurs de ce corps précieux: il les établissait princes
de son Eglise. « Us devaient être élevés aux honneurs, les uns
plus, les autres moins. » Mais la grandeur à laquelle il les élevait i:hrys. Homil. 71
m J o i n . n. 1.
était incomparable et surpassait toute grandeur humaine. Il
accomplissait ce qu'avait annoncé le Prophète : Vous les établirez
princes sur toute la terre.
Et Jésus ne craignait rien tant pour ses disciples que l'amour
des honneurs et des préséances : le royaume qu'il fondait devait
être établi sur l'humilité e l l e dévouement complet : c'est celle
leçon qu'il leur donne dans ce moment.
Vous m'appelez Maître e t Seigneur, e t v o u s dites bien : je
le s u i s e n effet.
1 II a été dit à l'homme, dit S. Augustin : Que votre, bouche ne
vous loue point. Il est dangereux à celui qui doit toujours s*» tenir
en garde contre l'orgueil de se complaire en lui-même. Mais un
Dieu peut dire sans orgueil ce qu'il est. Il témoigne de la vérité.
Un orateur disait en parlant de son éloquence : Si «Ile élnil par
faite, je ne ciaindrais pas de le dire. Combien moins celui qui est
.IIS P C L X Y I — LE LAVEMENT DES PIEDS : LA LEÇON
péché prie pour nos péchés. Celui à qui on n'a rien à pardonner
pardonne. Combien plus doivent prier et pardonner ceux qui ne
peuvent jamais être sans péché. A nous d'exercer, avec la grace
de Dieu, ce ministère de charité et d'humilité; à Dieu de nous
exaucer et de nous purifier de la souillure de tout pécbé par J . - C .
et en J . - C , afin que ce que nous pardonnons aux autres, c'est-à-
dire ce que nous délions sur terre, soit aussi délié dans le ciel. » ib. o. s .
un.. Vous êtes, leur dil-il. c e u x qui sont toujours demeurés IE BUT AU0UEI
avec moi dans m e s épreuves. CONDUIT L'HUMILITÉ
s e r v i t e u r n ' e s t p a s p l u s g r a n d q u e l e m a î t r e , n i l'apôtre J # | | £
p l u s g r a n d q u e c e l u i q u i l'a e n v o y é . H.
Mais il ne les arrête pas dans ce devoir de justice. Il y va de
leur intérêt, de leur grandeur, de leur bonheur. V o u s serez
b i e n h e u r e u x , leur dit-il. s i v o u s s a v e z c e s c h o s e s e t s i v o u s
l e s a c c o m p l i s s e z . Le bonheur ne consiste pas à dominer, mais t. st.
à se dévouer jusqu'à s'abaisser devant ceux que l'on veut servir.
Mais leur abaissement volontaire ne les empêchera pas d'accom
plir dans le monde le ministère le plus sublime et le plus fructueux:
ils apporteront Dieu au monde, et ceux devant qui ils s'abaisseront
sauront reconnaître leur grandeur surnaturelle. E n v é r i t é , e n
v é r i t é je v o u s l e d i s : Q u i c o n q u e r e ç o i t c e l u i q u e j'aurai
e n v o y é m e r e ç o i t ; e t celui q u i m e reçoit, r e ç o i t c e l u i q u i
m'a e n v o y é . t. Ni
« il faudra, dit S. Augustin, (pie chacun reçoive celui qui est
1
envoyé en regardant en lui celui qui l'envoie. En regardant le
Christ dans Pierre, vous irez jusqu'au Maître ; en regardant le
Père dans le Christ, vous irez jusqu'au premier principe de tout;
Ane:. Tr. 59.
et ainsi en celui qui est envoyé, vous recevrez celui qui l'envoie
in J o i o . " \ T i . sans aucun mélange d'erreur. »
« C'est ainsi, dit S. Jean Chrysostôme, qu'il leur ouvre toutes
les portes, et qu'il leur prépare une double consolation dans la
beauté de la vie à laquelle il les initie, et dans la charité de ceux
in Joan. n. 3 . qui les assisteront, m
C C L V I 1
• / ć l o l g n c m c n t de Judas.
Id. Homil. 80 gnements, les avertissements, les prières, les exhortations, encore
la Maith. n 3. que nous ne gagnions rien. «
A un moment, toutefois, devant l'imminence de Ja séparation
Au*. Tr. fin
in J o i n . n. 1. définitive et de la consommation du crime, Jésus fut saisi
ÉMOTION DE JESUS d'une vive émotion. A y a n t d i t c e s c h o s e s , J é s u s s e t r o u b l a
d a n s s o n e s p r i t , e t fit c e t t e d é c l a r a t i o n : E n v é r i t é , e n v é r i t é
je v o u s d i s q u e l ' u n d e v o u s m e t r a h i r a .
NATURE « Comment ce trouble, demande S. Augustin, a-t-il pu entrer
DE CETTE ÉMOTION
dans rame de notre Sauveur, dans l a m e de celui qui avait le
pouvoir de donner sa vie et le pouvoir de la reprendre ? Comment
est-il possible qu'une force pareille soit troublée, que la pierre
qui porte tout soit ébranlée? C'est notre faiblesse qui est troublée
en lui. Au lieu d'attribuer à leur Maître une faiblesse indigne de
lui, que les membres se reconnaissent dans leur chef. M ne faiblit
pas. mais il vient au-devant de nous : quand il est troublé, lui qui
ne peut l'être (pic par sa volouté, c'est pour consoler celui qui est
îd. i b . n. 3 . troublé malgré lui. »
« Le Verbe, demeurant toujours immuable, excite dans l'àmc
qui lui est unie et appropriée de cette admirable manière qui la
fait être véritablement l'Ame d'un Dieu, des sentiments différents,
selon les divers rapports qu'elle a avec lui, avec son corps naturel,
avec son corps mystique, avec tous ses membres, en un mot avec
tous les hommes : en sorte qu'il a dû souffrir par rapport à nous,
et comme parlent les Pères, par économie, par dispensation. par
condescendance, ce qui n'eut pas convenu à son état s'il n'eut été
qu'une personne particulière: d'où aussi il est arrivé que. sans
aucune diminution de la force qui le tenait invinciblement et
inviolabloinent uni l\ la volonté de Dieu et au Verbe qui réglait
tous ses mouvements ; par le ministère qu'il exerçait de chef, de
victime, de modèle du genre humain, il a diï souffrir les délais
sements et les faiblesses «pie demandaient l'expiation de nos
Bossuet. l.a O o e
péchés, l'exemple qu'il nous devait et les grâces qu'il fallait
i»> j . nous mériter par ce moyen. »
« Son trouble, dit S. Augustin, produit en nous la tranquillité,
SA VERTU POUR NOUS
et sa faiblesse produit en nous la foire : quel bien ue devons-nous
pas attendre de la participation à sa divinité ? »
Aug. ut supr. o. 5. « C'est par une intime participation de ces états du Sauveur,
dit Bossuet, que des âmes saintes au milieu du trouble des sens
et parmi des angoisses inexplicables, jouissent dans un certain
fond d'un imperturbable repos, où elles sont dans la jouissance
autant qu'on peut y être en cette vie. Klles n'ont donc qu'à s'unir
au trouble, aux infirmités, aux délaissements de Jésus, pour, par
ce moyen, trouver leur soutien dans l'union intime qui le tenait si
inséparablement uni à la divinité, et aux ordres de la sagesse
lï os su et. ut 6U|.r. incréée. »
« Périssent donc, dit S. Augustin, les arguments des savants
CCLXVII - iVÉLOIGNEMENT DE J U D A S
facile de voir qu'il était le traître qui avait été prédit par le Pro
phète : Celui qui mangeait mon pain a rendu éclatante aa
Cyrlil. ID J O * D . trahison. Jésus lui montrait sa trahison parliculièromenlodieuse. » t*»- * &
Le moment était décisif : et Judas reçut de la main de son Maître
ce morceau do pain sans que son cœur renonçât à ses projets cri
minels.
LA PLEINE ENTRÉE E t d è s qu'il e u t p r i s c e m o r c e a u , S a t a n e n t r a e n l u i . *. ».
DE SATAN EN JUDAS „
( ( Y ^ ^ g A u g u s l m quamj H lui avait m i g
qui lui était témoigné, méprisant les honneurs et les grâces dont
il avait été comblé, il s'abandonne tout entier à ce vice qui déjà
Cyriii. in J o i n . était en lui ; il en est complètement le captif. » La résistance à la
grace et l'abus des grâces nous mettent sous l'empire du vice et
de Satan.
« Si, comme le dit l'Apôtre, ceux qui* ne savent pas discerner le
corps du Sauveur d'un pain ordinaire se rendent coupables du
corps et dii sang de J.-C., si la négligence peut faire encourir une
telle faute, quelle condamnation encourt celui qui se présente à la
i b . i d . n . t. table du Sauveur en ennemi, pour vendre son Maître? »
JUDAS A-T-IL P A R . Cette bouchée de pain que Jésus lui présenta à ce moment
TiciPÊ A L'EUCHARis- p l'Eucharistie, dit S. Augustin. On se demande si
o m l
CCLXV111
là. Lorsque Judas fut sorti, tous étaient purs, et ils étaient avec
celui qui les purifiait. (Vêlait là l'image du peuple qui sera à
J.-C. quand il aura remporté sa victoire sur le monde. » Cette Au*, ut s u p r .
victoire qu'il remportait en ce petit groupe de ses disciples sur
l'esprit du monde, en les amenant à renoncer à toute gloire
humaine pour se vouer à la gloire de Dieu, était une gloire pour
Jésus. « Et il avait en eux l'image de ce royaume où, après la
séparation des méchants, il demeurera pendant toute l'éternité avec
b
les saints : et il avait déjà quelque chose de cette gloire. » *-
Avant d'arriver à cette gloire, qui est encore, en une eertaine
mesure, extrinsèque, comme celle de ses miracles, il doit posséder
une gloire meilleure, une gloire plus intérieure, une gloire qui lui OMS SYPISSIOM
vient directement de son Père el qui rend gloire à son Père, une
gloire dont celle-là sera la suite. « C'est dans sa Passion, dit
S. Cyrille, qu'il possède celte gloire dans sa perfection. » C
? R I L 1 N T B U R
P *
gloires qui seront données à son corps ; niais il faut aller plus
loin; il faut que le Fils de l'homme arrive jusqu'à la possession
elle-même do la gloire de Dieu. » l)ieu lu glorifiera an lui-
,t>,Si>,s> ,^
aie/ni Hilar. 1. 11 île Trlnit.
n H
fection qui rayonne. « Moïse après avoir conversé avec Dieu avait oriiren. ut i u p r .
le visage rayonnant : il avait vu la gloire de Dieu. Contempler la
gloire de Dieu c'est se revêtir de cette gloire. »
« Mais la vue que le Christ a de Dieu surpasse infiniment celle
que Moïse en eut. Dieu ne peut pas être mieux connu qu'il ne
l'est par son Fils : c'est en son Fils donc qu'il a toute sa gloire : le
Fils est la splendeur du Père. C'est do celle splendeur (pie vient
tout rayonnement de Dieu existant dans l'intelligence créée et
dans toute la nature : le Père est connu, révélé, glorifié par le
Fils et par ses œuvres. » Et la grande œuvre par laquelle il glo- origen. ut supr.
n IT 18 p M i i m
rific le Père c'est celle de Passion. " " * '
Cette gloire commence, puisque la Passion est commencée : le LA P A S S I O N COIN-
traître est parti pour le livrer, et il se livre lui-même par le sacre- " Q ' H ' ^ E * L ' E U C H ï a i s "
ment qui le donne aux hommes, qui est comme un engagement TIE.
qu'il prend de subir sa Passion, sacrement qui montre combien
cette Passion est volontaire, sacrement qui continuera sa Passion
à travers les siècles, continuant à rendre à Dieti les gloires procu
rées par sa Passion, sacrement établissant combien il a aimé les
hommes, et répandant sur eux les gloires de cette Passion
sainte (1).
« Vous qui tout à l'heure allez être libre même entre les morts.
vous l'étiez au regard de ces vivants acharnés contre vous. Vous
pouviez fuir sans lâcheté, disparaître même sans presliges... Vous
n'avez été pris que parce que vous vous êtes livré... Pas une
goutte de votre sang n'a coulé sur la terre que votre cœur ne l'y ait
positivement envoyé... »
t Mais il y a plus : quoiqu'on se bàlc, on ne parviendra pas à
vous précéder dans cette œuvre. Il faut que chacun sache et
comprenne que la haine n'a point le secret de devancer l'amour.
Même avant toute violence, même avant tout essai, étant tout
seul avec vos disciples, sous un toit emprunté, sachant que le
Père vous a tout remis entre les mains.... vous qui élreignez dans
vos bras cette passion qui va vous saisir.... vous vous livre/., vous
constituant victime pour tous, el vous immolant réellement comme
(1)C'cul n vo. moment, nprî-s c*»Un | m rôle : .V/ itien a été glorifie en lui... <{ii<*
Taticu, dmis son J/ar/notn'r AV«//»c//«y»/', pluniit j ' i i i H l i l u l i o n de In S'« Kiirhn- Tatian. Ilarm. Rvang.
rislic, Quelle Iciidross« «n elIVl dana les vorscln (jui suivent : Mes petit» Aralurfc. Ktl. Ciasca
Koma*. 18SK.
enfants...
m . W U r — I/l\STIT(*Tlr"iX HE I/ËCTHARÏSTIE
v o u s a i m i e z l e s u n s l e s a u t r e s c o m m e je v o u s a i a i m é s . NOUVEAU
(1) C'EST o. <*E MOMENT RLU DIFLMIIR* RUPPNRLÔ PAR S . JOUIT t\uo IN PLUPART
DES EXRGÔU-R PINCENT rin^LITUTIOII RIE IN «UIULE KTIRHURITILIN.
D'UTIL ITM LU PHTCRIIL UPRÎ'W LE» V. ÎLÎL'. ftfvs vhevn petit» enfant*, TIVUUT LU RCROIN-
MNWLULION DE IN CHURILÉ.
D'IMLRT'H UVNIIT «C VERSET. Ce. TERME DE LONDRUSSE SERNIT LIT CONLIIITINLIOU DE
L'IICLE TLU SAUVEUR.
D'autrcR «PRÈS LU PREDIELINN DU RENIEMENT DE S . PIERRE,
CEUX QUI FOUT PARTICIPER JUDAS À L'ICUCHURISTIE IN PLACENT HRNURNUP PLUS
TÔT.
QUOIQU'IL EN SUIT, IL EST COR LA IN QUE ION UHNP. XIV ET SNIV. DE S . JEUN SONT
COMME LE ROROLLUIRO DE RELIE INSTITUTION.
CCLXIX
P r é d i c t i o n du reniement de P i e r r e
V ' fois.
C'est S. Marc, le disciple de S. Pierre, celui que Pierre appelait
Marcus films meus (i r e t r . v. 13), qui nous donne cette prédiction dans
tous ses détails. Pierre, dans sa prédication, aimait à rappeler tout
ce qui était de nature à l'humilier.
Il y avait de l'amour chez Pierre, mais un amour qui avait en
lui une confiance allant jusqu'à la présomption, n'entrant pas assez
dans les pensées du Maître et, ne «'appuyant pas assez sur lui.
« Jésus prédit qu'il sera livré et mis à mort; Pierre lui répond :
Epargnez-vous à vous-même ces maux ; cela ne peut. être. Il en
fut repris et ne so corrigea point. Quand Jésus veut lui laver les
pieds, il lui dit : Vous ne me laverez jamais les pieds. Maintenant
son Maître lui dit : Tu ne peux me suivre pour le moment ; il
répond à Jésus : Quand même tous vous renieraient je ne vous
renierai point\ Ton Maître (c d i t : Tu no peux pas, et toi lu dis :
Je puis. Tu apprendras par expérience que ton amour n'est rien
sans la grâce d'en haut. Si tu aimes, il faut obéir à celui que tu
aimes. Et c'est ainsi que Pierre aimera plus tard, en so livrant
pleinement au bien-aimé. Cette chute servira à Pierre en rendant
son amour plus parfait, plus humble ; elle le mettra en déliancede
lui-même, afin que, quand il aura le gouvernement du monde, il chrrs. ut~sopr.
ne retombe plus en cette faute. » ptssim.
Theophyl. io Luc. tous les fidèles jusqu'à la lin du monde. » Un des successeurs de
Pierre. S. Léon le Grand, invitait les fidèles à remercier Dieu
d'avoir donné une telle puissance à celui qu'il avait établi le chef
de l'Eglise : et. ajoutait-il. s'il avait pu faire quelque bien dans
le gouvernement de l'Eglise, il fallait le rapporter aux œuvres et
I.eo m. serai, A c. A. à l'action de celui à qui il a été dit : Affermis tes frères.
ÉTAT DE FAIBLESSE Et maintenant le Sauveur veut, par une image frappante, leur
OU J.-C. LAISSE SES
DISCIPLES faire comprendre l'état de faiblesse où va les laisser son absence,
en opposition avec la paix où les maintenait sa protection, « et les
périls où va se trouver toute la nation juive au milieu des châti
Cyrill. in L a c . ments que vont attirer sur elle les déicides. »
I l l e u r d i t : Q u a n d je v o u s a i e n v o y é s s a n s b o u r s e , s a n s
sac e t s a n s souliers, a v e z - v o u s m a n q u é d e quelque chose ? u. , g t v
Origen. c. cela. sincérité. » S'ils avouent avec tant de simplicité leurs faiblesses,
ils ont le droit «l'être crus quand ils disent les grandes œuvres
accomplies parleur Maître.
CCLXX
Institution de la S t e Eucharistie.
Il r e n d i t g r â c e s , Lae.jnc
Le bénit, le rompit, et le donna à s e s disciples e n leur
d i s a n t : P r e n e z e t m a n g e z , ceci e s t m o n corps, Msttfc. M
Mon corps q u i e s t donné pour v o u s , '*
L s
Mon corps qui sera livré pour v o u s .
Et faites ceci en souvenir de moi. Lac A.
Il p r i t d e m ê m e l e c a l i c e , il r e n d i t g r â c e s e t l e l e u r
donna, disant : B u v e z - e n tous. Mitti. t.t
Ceci e s t m o n s a n g , d e l a n o u v e l l e a l l i a n c e , q u i sera
répandu pour vous, tu. i.f
Qui sera r é p a n d u pour beaucoup, pour la rémission des
péchés. »«ifc.t,t
Faites ceci e n s o u v e n i r d e moi. ».
L'institution du grand rite de la religion nouvelle a été racontée
par les trois plus anciens Evangélistes et par l'Apotrc S. Paul
i cor. \i) qui avait reçu directement de J.-C. la révélation de ce
grand mystère S. Jean qui a rapporté longuement la promesse
de l'Eucharistie (C vr.). qui rapporte les discours du Sauveur qui
en ont précédé et suivi l'institution, n'en raconte pas l'institution
elle-même. A l'époque où il écrivait son Evangile, l'Eucharistie
faisait partie de cette doctrine secrète qu'on ne dévoilait qu'aux
initiés.
un.
E t é l e v a n t l e s y e u x , dit la S Liturgie, r e n d a n t g r â c e s nous JESUS REND GRACES
dit S. Luc. A SON PERE
Oh ! qui nous dira tout ce qu'il y avait dans ce regard levé vers
le ciel ! c II était au seuil de sa Passion, et il rendait grâces à sou
Père de ce qu'il lui avait permis de souffrir pour nous, de répandre
son sang pour nous, nous apprenant à souffrir avec espérance et
action de grâces. » id. i b .
« Il allait répandre son sang et il rendait grâces, dit S. Gré
goire. Il était chargé des péchés d'autrui et de leur expiation, et
il rendait grâces, nous enseignant à accepter volontiers l'expiation
de nos fautes, puisqu'il a voulu porter l'expiation des fautes
d'autrui ; nous apprenant, lui qui étant égal à son Père s'était
soumis à son Père, à nous soumettre volontiers à Dieu, nous qui Grejeor. Moral. I t .
sommes infiniment au-dessous de Dieu. » e . 37. o . fil.
Il rendait grâces h son Père pour le sacrement qui lui avait
permis d'instituer. Avant plusieurs de ses miracles il avait rendu
(1) N o u s in«''(literoiifl p l u » l o i n ( M ô d i t . C C L X X I I I e t C C L X X I V ) , s u r l a m o t i è r o
d e 1'Kiichnristio et l e s p u r o l r a He lu m n s é e i ' R t i i m .
CCLXX — INSTITUTION DE LA. S*» EUCHARISTIE 379
répandu au saint autel, en voyant ces nations nombreuses qui, lu. U'
eomnie Isaïe l'avait annoncé, en seraient arrosées et purifiées,
il disait : Pour beaucoup. Si le sang de l'agneau pascal fut salu
taire à fout un peuple, le sang du véritable agneau sera salutaire
au inonde entier.
« C'est ainsi qu'il les console de sa Passion et de sa croix, dit
Chry*. nt supr. S. Jean Chrysostôme, en leur en montrant le mystère. »
PERPÉTUITÉ Et voulant leur montrer la perpétuité de la vertu de ce mystère,
0F CE MYSTERE
il ajoutait ; Faites ceci en souvenir de moi.
LE MÉMORIAL Moïse, en donnant la Pâque aux Hébreux, avait dit : Elle vous
sera un souvenir perpétuel, un souvenir des miracles qui ont été
accomplis pour votre délivrance. Cette Pàque nouvelle se célé
brera en souvenir de merveilles plus grandes, accomplies pour une
ib. délivrance plus précieuse, la délivrance du péché.
(Vest à tous, jusqu'à la fin des siècles, qu'il donne ce souvenir.
Toutes les fois que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce
calice* disait S. Paul, vous proclamerez la mort du Seigneur,
jusqu'à ce qu'il revienne. 111 avait appris du Seigneur lui-même, I. fi*
disait-il aux Corinthiens, ce qu'il leur avait enseigné au sujet de *"
l'Eucharistie. Et comment, demande S. Jean Chrysostôme,
avait-il appris cela du Seigneur, puisqu'il n'assistait pas à l'insti
tution de l'Eucharistie, puisqu'il était parmi les ennemis du Sau
veur? Il vous dit cela, afin (pie vous sachiez que la table Eucha
ristique contient encore maintenant ce qu'elle contenait au jour do
la Cène. Celui qui en crée maintenant les richesses et les distribue
fihrjn. In E p . I
ad Cor. est le même que celui qui présidait cette tableau jour de la Cène, i
Hom. il.
D. A. L'Apôtre avait reçu des révélations explicites du Sauveur ; et il
puisai! aussi chaque jour ses lumières au sacrement qui était le
mémorial du Sauveur.
IL NE POUVAIT ÊTRE Voulant nous donner un souvenir de lui, il a jugé qu'il ne pou
RAPPELÉ QUE PAR LUI-
MEME AGISSANT EN vait nous donner, comme souvenir qui le rappelât suffisamment,
NOUS que lui-même, sa propre chair ct son propre sang. « Vous devez
savoir, disait S. Augustin à des catéchumènes qu'il initiait ce
jour-là à l'Eucharistie, ce (pic vous allez recevoir tous les jours.
Le pain que vous voyez sur l'autel, sanctifié par la parole divine,
c'est le corps du Christ. Le calice, ou plutôt ce que contient le
calice, sanctifié par la parole de Dieu, c'est le sang du Christ. Par
Anr. Serm. 327. ce sacrement, J.-C. nous confia son corps et son sang, ce sang
Ad infant, la die
Pascli. qu'il a répandu pour la rémission de nos péchés. »
« Il allait après peu de temps, dit S. Cyrille, ressusciter dans
sa chair, et dans celte même chair retourner près de son Père ; ct
il nous fallait la présence de notre Sauveur: car sans la présence,
sans la vie avec nous de celui qui est notre vie, nous ne pouvions
être délivrés de la mort et du péché. C'est pour cela qu'il nous
donne son corps et son sang, afin de nous préserver par eux de la
!
puissance de la corruption, afin d'habiter en nous par l'Esprit S ,
4
CCLXX — INSTITUTION DE LA S « E U C H A R I S T I E 381
« Vous savez ce que font ceux qui aiment. Quand ils voient LE DON SUPRÊME
ceux qu'ils aiment regarder vers les richesses des étrangers et les
désirer, ils multiplient leurs présents ; ils donnent largement ce
qu'ils possèdent, ils ne pensent pas à donner leur sang, et c'est ce
que J.-C. a fait ; et en cela vous pouvez voir combien il vous
id. Hom. 24 in I Ep.
aime. » ad Cor. n . 2.
Il se donne lui-même, mais dans un état qui convient à notre LE DON HARMONISÉ A
situation présente. « Il ne se rendra point saisissable à nos sens, NOTRE CONDITION
dit S. Jean Chrysostôme ; et dans les signes sensibles par
lesquels il se mettra en contact avec nous, toutes les réalités
seront spirituelles. Ainsi dans le baptême, ce qui se produit par le
signe sensible de l'eau, c'est un elfet spirituel, une génération et
une régénération. Si vous étiez un esprit, il ne vous aurait fait
que des dons spirituels ; mais parce que vous êtes une Ame unie à
un corps, il vous fait ses dons spirituels dans des signes
sensibles. » Vous recevrez sous le signe du plus humble des Id. Homil. 82
ID Malih. n . 4 .
aliments l'aliment parfait.
Dans ce mémorial qu'il donnait à ses disciples tous les mystères
de sa vie étaient rappelés.
En leur donnant sa chair, il leur rappelait qu'il l'avait prise LE MEMORIAL
DE L'INCARNATION
d'une femme, leur sœur : il ne faisait que rendre à l'humanité,
pour la sanctifier, ce qu'il lui avait emprunté : l'Eucharistie
rappelait l'Incarnation. « Le Verbe ayant assumé pour notre salut
la chair et le sang qui sont dans le Christ, dit S. Justin, nous
recevons à notre tour cet aliment de sa chair et de son sang pour
transformer notre chair et notre sang. » « En devenant homme, Justin. Apol. 1"
n . t>6.
dit Primasius, il a participé à notre chair et à notre sang, il s'est
uni à notre nature : en recevant son corps et sou sang, nous deve Primas. In En.
nons participants de sa personne. » ad Hebr. «. 2 .
Georges de Nicomédie assure que Jésus fit participer à la
te
S Eucharistie, au jour de son institution, sa Très-sainte mère ot
les femmes pieuses qui l'avaient suivi de la Galilée, subvenant à
ses besoins. « Elle voyait qu'il allait à sa Passion, et elle ne vou
lait plus l'abandonner. Elle participa donc à ce grand mystère,
bien qu'elle ne fût pas à table avec les Douze, mais elle était dans
la même maison ; et elle présida au banquet des femmes. » « C'est fîeorr;. Nieom.ln S.N.
a s s l s l . crnci.
ainsi, ajoute Métaphrasic, «pin Jésus leur rendait ce qu'elles
avaient fait pour elles, les admettant en échange du pain qu'elles
N o t . Çomber.
lui avaient donné à un banquet, d'une noblesse infinie. » In ed. Georg. Nicom.
Tous les miracles qui avaient existé dans sa naissance, dans
382 CCLXX — I N S T I T U T I O N D E L A Su
EUCHARISTIE
Isi'ior. Pelnsiot. dit S. Isidore de Péluse. l'Esprit S fait d'un pain commun le corps
Eu. t . 109. qu'il a formé au jour de l'Incarnation. »
Dans l'Eucharistie il continue et il complète les humiliations de
sou Incarnation : mais il y reçoit des adorations qui le relèvent do
ces abaissements. « U s'est mêlé h la terre, dit S. Augustin ; car
Su*f*pit la chair vient de la terre, et il a pris sa chair de la chair de la
dp terr.l ïprrsm.
Vierge Marie. Et après qu'il a vécu dans cette chair, il nous la
donne à manger pour notre salut : et personne ne la mange sans
l'adorer : et non seulement nous ne péchons pas en l'adorant, mais
Au*. In P s . 98. n. 9. nous pécherions si nous ne l'adorions pas. »
LE MÉMORIAL OE Il était facile aux Apôtres, quand ils célébraient le mystère Eucha
TOUTE LA VIE DE J.-C.
ristique, etil leur était doux de se rappeler la vie du Sauveur:
car elle se renouvelait devant eux, sa naissance, sa présentation au
temple, sa vie cachée, son ministère, les bienfaits se multipliant sous
ses pas. Us comprenaient mieux ses miracles que la S " Eucharistie
renouvelait d'une façon spirituelle dans les Ames, ses paraboles,
la parabole du festin des noces, de l'enfant prodigue, paraboles
dont l'Eucharistie était la réalisation. Elle leur rappelait, en les
renouvelant, les mystères de sa Passion, de sa Résurrection et de
sou Ascension. Comme il était facile aux Apôtres avec l'Eucharistie
de sentir Jésus présent au milieu d e u x comme il le leur avait
promis
L'APPLICATION DES Ï/Eueharistie leur faisait l'application de tous les mystères de
MYSTERES DE JÉSUS
J.-C. puisqu'elle leur donnait J.-C. devenu leur nourriture. « 11
nous a préparé en son corps et en son sang, dit S. Augustin, la
nourriture qui nous donne le salut. Qu'ils la mangent donc ceux
qui peuvent manger : qu'ils boivent ceux qui peuvent boire. Qu'ils
mangent la vie. qu'ils boivent la vie. Et en nourrissant votre âme,
vous ne diminuerez pas celui qui est votre vie. »
An?, serm. IM. a. 1.
(f Ainsi, celui que les Anges ne considèrent qu'en tremblant, dit
S. Jean Chrysostôme. à cause du rayonnement de splendeur dont
il est environné, c'est celui-là qui devient notre aliment : c'est à
cette majesté (pie nous nous unissons : nous devenons un seul
corps et une seule chair avec le Christ. racontera les puis-
sances du Seigneur p Qui fera entendre dignement ses louanges P»
« Quel pasteur a jamais nourri ses ouailles de sa propre chair t
CCLXX INSTITUTION 1
DE LA S ' E U C H A R I S T I E 383
grâces... Cet aliment que nous appelons l'Eucharistie ne peut être Justin. Apol. t . n . 6 7 .
donné qu'à celui qui croit ce que nous croyons, qui a reçu dans le
baptême la naissance nouvelle, et qui vit sol on les préceptes
donnés par le Christ. » ("est l'Eucharistie qui a créé le Dimanche, Ib. a . 66.
le jour du Seigneur ; c'est elle qui a créé le culte chrétien si su
blime, si touchant, si vivant, si rempli de J.-C. En la donnant à
ses Apôtres il leur a dit : Faites ceci en mémoire de moi. Par
l'Eucharistie nous nous souvenons : J.-C. est présent au milieu de
nous.
De même que Jésus avait fait de ce sacrement le mémorial et U FOI A L'EUCHA
RISTIE FORMANT LE
comme le résumé de toute sa vie, c'était dans l'Eglise primitive le VRAI CHRÉTIEN
dernier mystère que l'on révélait au Néophyte. « Si on l'avait
révélé à des catéchumènes encore trop peu instruits des vérités de
la foi, disait S. Cyrille de Jérusalem, ils l'auraient trouvé par trop
étrange et en auraient accueilli la révélation par des moqueries.
Quand vous connaîtrez la sublime grandeur de nos mystères, vous
constaterez combien celui qui n'est encore que catéchumène est
indigne d'en avoir la révélation. » C'est l'Eucharistie qui forme le Cyrill. Hieroiol.
chrétien parfait: aimez, pour vous faire une âme vraiment chrétienne, P r o e i t e e h . n . 1 1 .
à vous tenir près de l'Eucharistie.
Par son Eucharistie J.-C. esl sans cesse présent à son Eglise,
«r Le premier jour de la semaine, dit S. Cyrille, des motifs sublimes'
nous rassemblent dans nos églises ; et quand arrive le moment
d'offrir un sacrifice qui surpasse toute conception humaine, nous
fermons les portes ; puis le Christ se trouvo présent au milieu de
nous, d'une façon invisible et d'une façon visible : d'une façon
invisible en tant que Dieu, et d'une façon visible par son corps.
Car il nous permet et même il nous ordonne de toucher sa chair.
Répondant à la bonté de Dieu, nous nous approchons donc de
TEulogie mystique, et nous constatons que h; Christ se forme lui- Cvrlll. In Joan. 1.11
même son temple. » 20-2*.
Il y a des hommes qui dans leur vie ont été mêlés à de si grands
événements, ont rencontré des affections si profondes, qu'à un mo
ment ils ne veulent plus vivre que dans leurs souvenirs. J.-C. veut
nous faire une vie de ce genre. « En naissant pour nous, il s'est fait
notre compagnon, se nascens dédit socinm ; mangeant avec nous,
il s'est fait lui-même notre nourriture, corwescens in cduiium;
en mourant il se fait notre rançon, se moriens in pretittm. » D. Th. Off. S»l
S i e n m.
Voilà ce que nous rappelle l'Eucharistie, et elle nous fait vivre
dans ces souvenirs. Mais de plus elle nous invite à regarder en
avant et à vivre d'espérance. « Prenant possession de son royaume,
il se donne à nous en récompense. Se régna ns dat in prsvmium. »
L'agneau p a s c a l f i g u r e de l'Eucharistie.
UN SEUL AGNEAU est mort pour tous : et en chaque église, c'est le môme qui, dans le
PAR FAMILLE
mystère du pain et du vin, immolé relève les Ames, donne la vie par
id. la foi que l'on a en lui. consacré sanctifie ceux qui le consacrent. »
« Nous avons dans nos mystères la vraie chair de l'agneau, et
son vrai sang. Le pain vivant descendu du ciel a dit: Le pain que
je donnerai c'est ma chair pour être la vie du monde. Son sang
est sous l'apparence du vin. En disant : Je suis la vraie vigne, il
dit assez que le vin offert dans la représentation de la Passion est
son sang. Jacob Pavait dit : Il lavera son vêtement dans le. vin,
c'est-à-dire le vêtement de son corps dans son sang. »
« Donc le Créateur est le maître de toutes choses, qui de la terre
produit du pain, du pain (car il le peut et il Ta promis), fait son
propre corps ; et celui qui de Teau fait du vin, change le vin en
id. son sang. »
SES QUALITÉS L'agneau ne devait pas avoir plus d'un an : il devait être dans
toute la fleur de sa jeunesse, pour exprimer la jeunesse éternelle
de notre llédempteur.
Il devait être mâle pour exprimer la force de celui qui vient
accomplir la grande œuvre, l'œuvre de notre rédemption.
U devait être sans tache et sans défaut : bien qu'il se soit chargé
Greffor.
de nos péchés, l'agneau de Dieu n'a jamais été souillé par le
N « . Or. 4 5 . n . 13. péché.
SON IMMOLATION L'agneau de Dieu a été immolé dans sa Passion. Le doux
agneau immolé sur la croix était bien représenté par l'agneau
pascal, « qui était disposé, dît S. Justin, sur deux traverses de
Justin. Dialog.
bois croisées, Tune allant des pieds à la tête, et l'autre transver
corn. Tryph. n . 40. sale recevant les épaules. »
LE SANG OE L'AGNEAU Il fallait enduire les portes de la maison du sang de l'agneau.
Quelle est la vertu du sang de l'agneau divin ? « C'est moins
Gregor. Homil. 42 en écoutant les docteurs qu'eu buvant ce sang lui-même que nous
n. 7 . connaîtrons cette vertu, » dit S. Grégoire.
c Nous enduisons de ce sang les montants de notre porte
quand nous nous couvrons des mérites du sang rédempteur,
quand nous avons foi dans la vertu libératrice de cette Passion
ib. bénie. » Alors dans la demeure intérieure que nous nous faisons
au-dedans de nous, nous nous sentons comme enveloppés et pro
tégés par ce sang.
Comme au portail de nos maisons, il y a dans notre édifice
spirituel une partie dominante : c'est notre intention. «• Nous la
teignons du sang de l'agneau quand nous nous glorifions de la
croix de J.-C., et que nous ordonnons notre vie à l'imitation dosa
ib. Passion, » que nous faisons profession de suivre un Dieu crucifié,
et que toute notre vie répèle la parole de S. Paul : Le Christ,
notre Pâque, a été immolé. « Les Juifs, dit S. Augustin, oignaient
Aux. Tr. 50
leurs portes du sang de l'agneau ; nos fronts sont marqués du sang
ia J o a o . n . 2 . du Christ. »
CCLXXI — L'AGNEAU PASCAL FIGURE DE L'EUCHARISTIE 389
a L'Ecriture nous dit comment nous devons manger la chair L A CHAIR D E L'AGNEAU
de l'agneau, ni ente, ni attife dans Veau, mais rôtie au feu. Nous
ne devons manger la chair de l'agneau qu'après une considération
intense de ce qu'il est. Car, dit S. Grégoire, nous faisons comme
passer par le feu ce que nous considérons avec attention. Cette G r e ; o r . n t s u p r . n . 8.
chair de l'agneau ne doit pas être délayée dans les raisonnements
humains ; elle doit être rôtie dans la flamme allumée par l'Esprit
divin, n
« Les Juifs ne voyaient que de la chair crue quand ils disaient:
Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger? 11 faut
qu'avant d'arriver à vous elle passe par la flamme, c'est-à-dire
par une foi sincère ; que vous croyiez ce qui vous est dit : Ceci est
mon corps, ceci est mon sang. Jésus, au milieu du scandale des
Capharnaïtes, annonçait cette flamme à ses disciples quand il leur
disait: C est Vesprit qui vivifie. » G « d « t . uisupr.
avec vous. J.-C. passe pour s'en aller, comme il le déclare lui-
même, vers son Porc. Que pourrions-nous craindre si nous
sommes avec J . - C , et si avec lui nous allons vers le Père ? « Ceux
qui ne sont pas avec lui passent aussi, dit S. Augustin ; mais
autre chose est de passer avec le monde, et autre chose ost
de passer de ce monde, de s'en aller vers le Père ou de son aller
vers la mort. Les Egyptiens eurent aussi leur passage, mais ce
fut pour s'en aller à la ruine... Oui, nous accomplissons un heureux
passage quand nous quittons le démon pour aller au Christ,
quand nous quittons ce siècle changeant pour aller à son royaume
éternel. Nous allons à celui qui demeure pour ne pas passer avec ^ ^
T r
0
Institution de la S* E u c h a r i s t i e s
l a nouvelle alliance.
UNE ALLIANCE NOU Kn donnant à ses Apôtres le calice consacré Jésus leur dit :
VELLE AU REGARD OE
L'ANCIENNE
Ceci est mon sang, le sang de ta nouvelle alliance, ou plus exac
tement : Ce calice est fa nouvelle alliance dans mon sang. LM.*t
Il est évident que Jésus dans ces paroles fait allusion à la vieille
alliance qui avait été contractée par Dieu avec son peuple par
l'intermédiaire de Moïse, et aux paroles qui avaient été prononcées
par Moïse quand, aspergeant, du sang des victimes, d'un côté
l'autel, et de l'autre le peuple, il avait dit : C'est ici le sang
R i b a n . h . l . Matth. de l'alliance que Dieu a contractée avec vous. Il contracte Eui'
une alliance nouvelle et il l'oppose à l'ancienne : arrêtons-nous
donc un moment à considérer les caractères de cette alliance.
DANS L'ALLIANCE Moïse, le grand serviteur de Dieu, avait été comme le médiateur
NOUVELLE J.-C. SEUL
CONTRACTANT
de Palliance ancienne, recevant les promesses de Dieu et prenant
des engagements nu nom du peuple. Jésus est appelé, par S. Paul,
le médiateur rfune alliance meilleure, fondée sur des promesses
meilleures. Kt cependant il ne peut être appelé médiateur, dans Ht*
cette alliance, au sous strict du mot : car c'est lui-même qui 1
contracte l'alliance ; il est la seule partie contractante : ce qui entre
dans cette alliance est si haut que l'homme ne peut rien y apporter
du sien, il ne peut que.recevoir ; tout y est promesse et grâce de
la part de Dieu, comme dans l'alliance qui fut contractée avec
Abraham. C'est pourquoi S.Paul parlant de cette alliance disait:
// nt; a point de médiateur quand un seul promet ; or Dieu était
seul quand il promit à Abraham. GUE
La grande promesse faite à Abraham était celle de lui donner
un fils dans lequel seraient bénies foutes les nations de la terre;
et quand le moment est venu d'accomplir cette promesse, Dieu
lui donne son propre Fils qui vient contracter avec les hommes
une alliance éternelle.
Plus que l'alliance contractée avec Abraham, l'alliance que lo
Fils de Dieu contracte avec les hommes a un caractère gratuit :
c'est pourquoi seul il y parle, il y agit. On peut s'étonner quo
devant des merveilles si hautes, les Apôtres gardent le silence :
LA N O U V E L L E A L L I A N C E 393
s'ils avaient parlé, ils auraient semblé être en face de Jésus parties
contractantes. Il fallait que Jésus seul apparut, annonçantrallianco
nouvelle, comme le lien dans lequel elle était contractée, revêtant
ses Apôtres de leur nouvelle dignité de prêtres, leur enjoignant do
continuer ces mystères, et par eux de rendre présent son souvenir
dans le monde entier, jusqu'à son second avènement.
L'alliance contractée avec Moïse avait été scellée dans le sang. L'ANCIENNE ALLIANCE
SCELLÉE DANS LE SANG
Après avoir offert des hosties pacifiques, il avait d'une part de
leur sang arrosé l'autel, et de l'autre part de ce sang, recueilli
dans des coupes, il avait aspergé douze pyramides élevées autour
de l'autel et représentant les douze tribus. La nouvelle alliance,
dit S. Paul, ne fut confirmée que dans le sang.
Car Moïse ayant récité devant tout le peuple les ordonnances
de la Loi, prit du sang des veaux et des boucs, avec de Veau et
de la laine teinte en êcarlate, et de l'hysope, ct en jeta sur le
livre même et surtout le peuple,
En disant : C'est ici le sang de Valliance que Dieu a faite en
votre faveur.
Il jeta encore du sang sur le tabernacle et sur tons les vases
qui servaient au culte.
Et selon la Loi, presque tout se purifie avec le sang, et il n'y
a pas de rémission des péchés sans effusion de sang.
Il était nécessaire, ajoute S. Paul, que ce qui était la figure des
choses célestes fut purifié par le sang ; mais il fallait que les
choses célestes elles-mêmes le fussent par des victimes plus par-
faites.
Les Apôtres dans l'établissement de l'alliance nouvelle rempla
çaient les douze tribus : c'est sur eux que Jésus répand son sang.
11 fallait donc une effusion réelle de ce sang. Si le calice n'avait
été qu'une figure du sang qui devait être répandu le lendemain,
l'alliance qui se contractait en ce moment aurait été inférieure à
celle de Moïse.
Si ce qui est figure a dû être purifié, à plus forte raison les NÉCESSITÉ D'UN SANG
PLUS PUR POUR LES
réalités célestes, dit S. Paul. « Quelles sont ces réalités? Comment CHOSES CÉLESTES
sont-elles célestes? demande S. Jean Chrysostôme. S'agit-il des
Anges? Non, il s'agit de nous. Comme les Anges qui viennent sur
terre continuent à demeurer dans In ciel, des hommes demeurant
sur terre ont leur vie dans le ciel. Il faut, pour purifier dignement
ces êtres célestes, des victimes meilleures que celles de l'ancienne
Chrys. Homll. 16
alliance. » ID Ep. ad Hebr. n . t .
« La rémission des péchés, qui se faisait par les victimes impar
faites de l'ancienne alliance, était imparfaite. C'est pour la rendre
parfaite que Jésus nous a dit : C'est ici mon sang de Valliance
nouvelle qui sera répandu pour beaucoup, pour la rémission des
péchés. »
« Mais où sont les livres, les vases, le tabernacle qui doivent être
3M CCLXXII — INSTITUTION DE LA SAINTE EUCHARISTIE
calice esl le testament nouveau dans mon sang. Un testament est I. Oc. 3
un acte solennel, irrévocable, parce qu'il est scellé par la mort.
J'onr qu'il ait sa valeur, dit S. Paul, il faut que lu mort du testa-
teur intervienne. Ht le testament de Jésus a été scellé par son iiebr.lt
sang : c'est son sang lui-même, il est irrévocable. « Un testament
se fait au moment de la mort : Jésus, en faisant un testament en
notre faveur, prenait rengagement de mourir pour nous. »
« On aurait pu croire, parce que le Christ était mort, que ses
promesses ne tenaient pas. Celte mort, au contraire, nous dit
S. Paul, nous est un gage de l'accomplissement dos promesses.
C'est, cette mort qui assurait la validité du testament. >»
w l o u l ( o s l a n i e n
TISVANT*VTHER*HGÈ * aboutit à un héritage. Quel est l'héritage
CÉLESTE auquel nous amène le testament du Christ ? Voici ce qu'il dit de
LA NOUVELLE ALLIANCE 395
2NI. XVII.ses héritiers : Je veux, à mon Père, que là on je suis, ils y soient
14. avec moi. » L'héritage que nous assure le testament du Christ, chm. ut supr. n. i .
c'est le ciel.
S'il nous assure le ciel, « s'il fait de nous dès maintenant des
hommes célestes, dit S. Jean Chrysostôme. ne demeurons plus
sur terre : cela est loisible à qui le veut. Vous dites : Comment le
pouvons-nous ? Voyez comme Dieu est au ciel : il n'est absent
d'aucun lieu, il ne laisse point la terre privée de sa présence, mais
il habite le ciel par les rapports qu'il a avec les Anges. Nous
aussi, si nous savons être proches de Dieu, nous serons au ciel.
Que m'importe le ciel matériel quand je vois le Dieu du ciel,
quand lui-même se fait mon ciel V II a dit : Nous viendrons et
nous établirons en lui notre demeure. Faisons de notre Ame elle-
même un ciel. Le ciel est tranquille ot joyeux ; la tempête elle-
même ne le trouble pas : les nuées peuvent en dérober la vue, lui-
même ne change pas. Le ciel a son soleil : notre ciel a pour
l'illuminer le soleil de justice : notre ciel peut être plus beau que
que le ciel matériel. Le ciel est bien haut : nous pouvons nous
élever infiniment plus haut, nous élever au-dessus de toutes les
agitations de la terre, et voir toutes les choses du monde à leur
véritable valeur, c'est-à-dire comme infiniment petites. » ib. n. 3 .
L'appareil dans lequel fut établie l'alliance nouvelle nous en DOUCEUR
montre aussi la perfection. Ce n'est plus, disait S. Paul, la haute DE CETTE ALLIANCE
montagne toute embrasée, le nuage obscur et ténèbreu.v, les tem-
pêtes et les éclairs, le son de la trompette, le bruit d'une voir qui
Mr. XII. était telle que ceu.r qui l'entendirent suppliaient qu'on ne leur
11-19. parlât plus. Non, l'alliance nouvelle se fait dans une chambre
retirée ; de douces paroles sont dites, des promesses sont faites ;
mais dans ces paroles, ces promesses, ces dons sont contenues
toutes les richesses do Dieu. Vous vous êtes approchés de ta mon-
tagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, de. la Jérusalem céleste,
d'une troupe innombrable d'Anges, de l'assemblée des premiers
nés qui sont écrits dans le ciel, de Dieu le juge de tous, des
esprits des justes qui sont dans la gloire, de Jésus qui est le
médiateur de la nouvelle alliance, et de ce sang dont il a fait
sur nous V aspersion, et qui parle avec plus de puissance que
itt-W. celui d'Abel. 11 nous sera permis, dans unepaixqui nous rappellera
celle du cénacle, de savourer toutes les grandeurs de l'alliance nou
velle.
Ce sang répandu par le Fils de Dieu nous dira aussi la gravité SA SAINTETE
de la faille commise par celui qui violera l'alliance. Si celui qui a
violé la loi de Moïse, dit S. Paul, est condamné sans miséricorde
sur la. déposition de deux on trois témoins, quels supplices méri-
tera celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et profané le
. x. 38 sa ng de t alliance par lequel il avait été sanctifié? c Qu'ils
entendent cette parole, dit S. Jean Chrysostôme, ceux qui parti-
396 CCLXXIII — L A M A T I È R E DU S A C R E M E N T :
CCLXXIII
lift m a t i è r e du nncrcmcnt : l e p a i n et le v i n .
Jésus prit du pain,... et il dit: Ceci est mon corps. Et prenant Mtuh.HR
le calice, il dit : Ceci est mon sang. T. îl
Ce ne fut point au hasard que Jésus prit du pain et du vin pour
en faire la matière du sacrement. Celui qui est la sagesse éternelle
ne fait rien sans raison. La matière qu'il a choisie nous donnera
elle-même une lumière sur le sacrement.
L E PAIN D A N S L E S Le pain avait sa place, et une place considérable dans tous les
SACRIFICES MOSAÏQUES ;fi j l'ancienne Loi. Lorsque quelqu'un offrira une obla-
S a c r c e s e
Le paîn et le vin ont été l'oblation unique de ce prêtre qui seul, LE SACRIFICE
lP DE MELCHISÉDECH
avant l'institution du sacerdoce Mosaïque, porto dans la S Ecri
ture le titre de prôtre ; de ce personnage mystérieux, prêtre et roi,
qui nous apparaît sans généalogie, sans descendance, et qui à
cause décela a été une figure si parfaite de J.-C. et de son sacer
doce. « Nous ne pouvons, dit S. Cyprien, douter que Melchisédech
1
ne fût la ligure du Christ; c'est l'Esprit S lui-même qui l'affirme
dans le Psaume où le Père dit au Fils : Vous êtes prêtre pour
Vèternitè selon Vordre de Melchisédech. « Il était la figure du
Christ en ceci qu'il était le prêtre du Très-haut, qu'il offrit du pain
et du vin, qu'il bénit Abraham. Qui fut autant que N.-S. J . - C ,
prêtre du Très-haut ? Comme Melcliisédech. ce prêtre offrit du
pain et du vin, c'est-à-dire son corps et son sang. Cette bénédiction
donnée par Melchisédech à Abraham se rapportait à tout le
peuple des croyants ; ainsi la bénédiction donnée par J . - C s'éten
dra à tous les peuples... Pour pouvoir avec autorité bénir
Abraham, Melchisédech fit précéder sa bénédiction de l'imago du
sacrifice de J . - C dans le pain et le vin qu'il offrit: c'est cette
figure que J . - C réalisait quand il offrait le pain et le calice de vin
Çrprian. E p . 63.
mêlé d'eau. » Ad Caeell.
t C'est une chose remarquable, dit S. Jacques d'Edcssc, qu'au
milieu des sacrifices sanglants qu'offraient les Gentils, Melchi
sédech offre le sacrifice du pain et du vin. » Et c'est une chose Jacob. E d e s s . I o -
t e r . o p . S. Ephrem.
remarquable, qu'au milieu des sacrifices Mosaïques qui étaient Explan, in G s n e a .
offerts avec tant de magnificence à Jérusalem, David célèbre avec o. 21.
CCLXXIV
L'Eucharistie et l a P a s s i o n du Sauveur.
16
L'EUCHARISTIE MÉMO L'Apôtre S. Paul, ayant rappelé l'institution de la S Eucha
RIAL DE LA PASSION ristie et les paroles par lesquelles J.-C. ordonnait à ses Apôtres
DE J.-C.
de perpétuer ce mystère en souvenir de lui* ajoutait cette conclu
sion : Toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que vous
boirez à ce calice* vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à
ce quil revienne. Il voulait que le mémorial du Sauveur fût I. C M .
goire, que celui qui, pour notre délivrance, représente sans cesse
la Passion de J.-C. ! » 11 la représente par l'état de mort où il met Gregor. Dialor.
1 4. c . 5 8 .
le • Christ, son corps paraissant séparé de son sang ; ct il renou
velle pour chacun de nous celte Passion bénie. « Celui qui ressus
cité ne peut plus mourir, dit S. Grégoire, dans son sacrement,
par l'hostie de l'autel, subit encore pour nous sa Passion. Toutes
les fois que nous offrons l'hostie de sa Passion, autant de fois, Gregor. Homii. 37
pour notre délivrance,-nous renouvelons cette Passion. » In E T . n . 7 .
« Quand par votre parole vous faites descendre le Verbe, écri
vait S. Grégoire de Nazianzc à un prêtre de ses amis, quand, par
une opération non sanglante, vous séparez le corps ct le sang du
Sauveur, votre parole devenant le glaive de cette immolation, oh! Greffor. Naz.
à ce moment, priez pour moi. » E p . 171.
408 CCLXXV - L'EUCHARISTIE ET LA PASSION DU S A U V E U R
far. V.
" eux. » Intcrr. 172.
S. Ambroise, se préparant après une instruction faite à son
peuple à célébrer les saints mystères, disait en terminant: « Et
maintenant il est temps de se taire et de pleurer, car nous voici
arrivés au moment où se célèbre la rémission des péchés... Pro
cédons donc au renouvellement de la Passion du Sauveur, de
410 CCLXXVI — LK SACERDOCE DE J . - C .
CCLXXVI
• SA CONSECRATION Choisi de loute éternilé par Dieu pour être son prêtre, Jésus
n'a commencé ses fonctions, il n'a été sacré que dans le temps,
quand l'humanité en lui a été unie à la divinité. C'est l'humanité
qui a été ointe, qui a été consacrée. C'est parce qu'il est homme
qu'il peut offrir à son Père un sacrifice. Des hérétiques, comme
Arius, faisant J.-C. inférieur à Dieu dans sa nature divine, attri
buaient le sacerdoce à la divinité ; la foi chrétienne l'attribuo à
l'humanité. 11 faut que le prêtre soit inférieur au Dieu à qui il sa
crifie.
I/Apôtre S. Paul nous fait entendre cette vérité quand il nous
dit : Tout pontife pris du milieu des hommes, est établi pour les
llêbr
hommes dans les choses qui regardent le culte de Dieu. « Jésus, *
dit S. Augustin, ne possède pas le sacerdoce en tant qu'il est
coéternel à son Père ; il est prêtre à cause de la chair qu'il a assu
Ane;, in P s 133. mée, à cause de l'hostie qu'il a prise afin de l'offrir pour vous. »
« Le Verbe, qui était créateur de toutes choses, est devenu Pontife,
dit S. Athanase. quand il a revêtu le corps qui fut créé pour lui,
quand il s'est offert, et qu'il a ressuscité son corps d'entre les
morts. Et maintenant, tous ceux qui s'approchent de lui, il se les
unit, il les offre à son Père, il les rachète tous, et pour tous il
Athanat. Oral. 3
C. Afian. expie toute offense qu'ils ont commise envers Dieu. »
ï/onction par lequel il a été consacré prêtre, est une onction
unique : c'est l'impression de la divinité sur son humanité,
impression par laquelle la divinité prend pleinement possession
de l'humanité. Cette onction pénètre son humanité tout entière et
lui communique une sainteté foncière.
SA SAINTETE Pondant que les prêtres de la loi Mosaïque étaient dans la
nécessité d'offrir tous les fours des victimes, premièrement pour
leurs propres péchés el ensuite pour ceux du peuple, notre pon- ib. VIL #
tife. à cause de sa sainteté, et c'est là encore une des excellences
de son sacerdoce, n'est pas obligé d'expier pour lui-même. Il con-
venait, dit S. Paul, que eussions un pontife comme celui-ci, saint,
innocent, sans tache, séparé des pêcheurs et plus élevé que les
cieux. ib. « .
TOUS SES MÉRITES Tous les mérites que notre Pontife a acquis, il les a acquis pour
SERONT POUR NOUS
nous. Si ces mérites lui ont acquis quelque chose, par exemple
les gloires de la Résurrection et de l'Ascension, c'était un effet
secondaire qui était mérité, dit S. Thomas d'Aquin, par la dévotion
2.
avec laquelle il accomplissait son sacrifice plutôt quo par son
sacrifice lui-même. Toute l'efficacité de son sacrifice était appli
quée par lui à l'expiation de nos péchés.
Il était séparé des pécheurs et plus élevé que les cieux, et à
cause de cela il n'aurait point dû connaître la souffrance ; mais il
CCLXXVI — L E SACERDOCE DE J . - C . 413
s'est revêtu d'infirmité, afin de pouvoir compatir à ceux qui se
A.V.«. trompent et s'égarent. Aussi l'Apôtre S. Paul s'écriait triompha
lement : Nous n'avons pas un Pontife qui soit insensible à nos
D. IV. 15. faiblesses, car il a connu toutes nos tentations, sauf le péché.
Toutes les faiblesses qu'il a acceptées, toutes les souffrances qu'il
a endurées avaient pour effet de l'unir plus intimement à nous, de le
faire plus complètement nôtre ; et tout ce qu'il méritait était pour
nous. Aussi quand, sur la croix, il offrait son sacrifice avec larmes
et avec un grand cri de supplication, ct qu'à cause du. respect qui
lui était dû, il était pleinement exaucé, tout lo fruit de son sacri
fice était pour nous, et il devenait pour tous ceuxquiluiobéissent
L V. 7-9. la cause du salut éternel.
J . - C , et c'est là une nouvelle excellence de son sacerdoce a J.-C. ATTEINT PLEI-
NENENT LA FIN DU
complètement atteint la fin, et la (in la plus haute que poursuive SACERDOCE
le sacerdoce. Le sacerdoce de la loi ancienne ne pouvait purifier
les consciences, dit S. Paul, car il ne se servait dans son action
L K . f. que de sacrifices matériels, d'ablutions extérieures. Aussi les
prôtres, lorqu'ils exerçaient leurs fonctions n'entraient que dans
le premier tabernacle. Il y avait un voile qui le séparait du taber
nacle que l'on appelait le saint des saints, et le grand pontife
n'entrait en celui-ci qu'une fois par année, non sans y porter du
1
sang pour ses ignorances ct celles du peuple, le S Esprit nous
montrant par tà, dit S. Paul, que la voie du véritable saint des
é. 8 . saints n'était pas encore ouverte.
Mais J.-C, le pontife des biens futurs, est entré, non plus avec
le sang des boucs et des veaux, mais par son propre sang,
dans un tabernacle plus excellent que celui de la Loi,
tabernacle qui n'a pas été fait de main d'homme, ayant conquis
la rédemption éternelle. Kt c'est pourquoi bientôt, quand, rendant
le dernier soupir, il consommera son sacrifice, le voile du temple
se déchirera depuis le haut jusqu'en bas.
Il a abouti au véritable but du sacerdoce en établissant le culte
en esprit et en vérité qu'il annonçai là la Samaritaine, le culte qui
rend vraiment gloire à Dieu, qui sanctifie vraiment l'homme, qui
conduit ct unit l'homme à Dieu.
Il est le prôtre unique ct universel. Le juif Philon, nous décri J.-C. LE VRAI PRÊTRE
UNIVERSEL
vant le costume que revêtait le grand-prêtre dans les fonctions
sacerdotales, nous dit qu'il portait sur lui l'image du monde
entier : il devait porter dans ses fondions le souvenir de toute la Philo. De m o n t r e h.
I. 2.
terre. Combien plus J . - C , le Verbe de Dieu, le Créateur du monde, Christum J P S ara
pouvait dans son sacrifice porter la pensée de tous les hommes, caUiolicum Patris s a
r e r do tem. Terlull. C.
« agir, comme le dit Tcrtullicn, en prêtre universel. » Mareion. I. 1 .
Et à cause de toutes ses excellences, parce qu'il aboutit pleine J.-C. PRETRE ÉTERNEL
ment au but du sacerdoce, son sacerdoce a une dernière excel
lence : il doit durer éternellement.
Dieu, dit S. Paul, Va établi par serment, car le Seigneur a
CCLXXVI — L E S A C E R D O C E DE J.-C.
tous les jours un sacriiice ? Oui, mais nous no l'offrons que pour IL LE CONTINUE SUR
rappeler, renouveler le sacrifice de J.-C., car il n'y a qu'une seule TERRE RISTIE
PAR L'EUCHA
hostie qui a été offerte une lois. Nous n'offrons pas aujourd'hui un
agneau et demain un autre, mais toujours le même. De ce qu'on
l'offre en plusieurs endroits, s'cnsuit-îl qu'il y ait plusieurs Jésus-
Christs C'est notre Pontife qui a offert cette victime qui nous
purifie, et nous, nous offrons la même qui ne peut jamais être
épuisée. Nous l'offrons maintenant en souvenir de ce qu'il fit alors,
comme il Pa commandé. Ce n'est pas une immolation différente,
c'est la même que nous faisons, ou plutôt nous faisons perpétuel Chrys. Homil. 17
in E p . ad Hebr.
lement mémoire d'un seul sacrifice. » n . » et 3 .
Quand les prêtres établis par J.-C. accomplissent les rites de son LE PRÊTRE INSTRU
MENT DE J.-C.
sacrifice, ils prononcent les paroles qu'il a prononcées lui-même,
e t i l s l c s p r o n o n c e n t c n . s e mettant on union avec lui, en faisant
pour ainsi dire une seule personne avec lui. c C'est le Christ
lui-même, dit S. Jean Chrysostôme, qui sacrifie et qui immole...
1
Quand vous voyez le prêtre offrir le S sacrifice, ne voyez plus le S. T .JeanautreChrys. texte de
Mé
prêtre, mais la main de J.-C. étendue pour accomplir cette grande d i t . 274.
œuvre : le prêtre ne fait que prêter sa langue pour prononcer les
formules. » La perfection de noire Pontife est si grande qu'elle Chrys. Homil. 87
in J o a n . n. 4 .
couvre toutes les imperfections de ceux qu'il emploie à son œuvre,
et la sainteté du sacrifice ne peut jamais être viciée par l'indi
gnité des instruments.
« Nous avons vu, dit S. Ambroise, le prince des prêtres qui
élait venu jusqu'à nous ; nous l'avons vu cl nous l'avons entendu
offrant pour nous son sang ; nous le suivons, nous prêtres, autant
que nous le pouvons, afin d'offrir le sacrifice pour le peuple,
pauvres par nos mérites, mais dignes de respect à cause du sacri
fice que nous offrons. Car, bien que le Christ ne paraisse plus
offrir son sacrifice, cependant c'est lui qui est offert quand son
corps est offert ; et c'est lui-même qui l'offre en nous, car c'est sa
parole qui sanctifie le sacrifice qui est offert ; et il est notre avocat Ambros. Kn.
auprès de son Père. » in Va. 38. n. Ï 5 .
« 11 est, dit S. Léon, le pontife vrai et le pontife éternel. Ses
fonctions ne peuvent subir aucun changement, et ne peuvent
jamais avoir un terme. Melchisédech en fut la figure, offrant
à Dieu non les victimes judaïques, mais ce sacrifice que J.-C.
amena à sa vérité dans le sacrifice de son corps et de son sang. » l.eo m. serm. !» c. 3 .
11 est le seul pontife véritable; c et c'est lui, ajoute S. Léon, qui
accomplit en nous tout ce que nous faisons do grand. » Ib. c 4.
J . - C . pontife éternel, veul donc jusqu'à la fin du monde, offrir
son sacrifice; il ne peut offrir d'autre victime que celle qu'il a
offerte sur la croix, et c'est celle-là qu'il offre dans l'Eucha
ristie.
Il y a encore comme un sacrifice dans lo ciel, lo trône de J.-C.
est comme un autel, et le sacriiice de l'Eucharistie est le proloii-
416 C C L X X V I — L E SACERDOCE D E J . - C .
veau. J.-C. les accomplit avec une simplicité inouïe. LAQUELLE j.-c. O P E R E
A -i < ' i tA TRANSLATION DU
Aaron avait ete consacre avec une grande pompe ; une onction SACERDOCE 1
abondante d'huile sainte avait été répandue sur sa tête ; ses vête
ments avaient été sanctifiés par l'aspersion du sang des victimes.
Les vêtements qu'il devait porter dans l'exercice de ses fonctions
avaient été déterminés par Dieu lui-même : la tunique de fin lin,
la tunique violette bordée de grenades et de petites sonnettes d'or,
l'Ephod orné des plus riches broderies, le rational orné de douze
pierres précieuses portant Je nom des douze tribus d'Israël, et,
aux angles, de deux pierres plus belles, l'Urim et.le Thummim, et
au front la lame d'or avec cette inscription : Sanctum Domino.
J.-C. consacre ses prêtres par une seule parole : Faites ceci en
mémoire de moi.
Mais cette parole fait plus que les cérémonies les plus solen
nelles. Cette parole est la parole du Verbe par qui toutes choses
ont été créées. 11 avait appelé ses prêtres comme Dieu avait appelé
Aaron, d'une parole qui s'était montrée plus puissante, qui avait
brisé plus de liens et les avait plus complètement séparés du
monde. Par sa parole, il les avait associés à son œuvre, il les
avait rendus participants de son caractère. La pompe extérieure
dans laquelle s'était accompli le sacre d'Aaron était une figure des
effets produits dans leur âme par la parole du Sauveur. L'onction
répandue sur la tête d'Aaron était une figure de cette onction que
Jésus opère dans l'âme de ses prêtres, et les consacre pour
Polomilo. Les ornements que revêtait le grand prèLre figuraient la
pureté et la richesse dont doivent être ornés dans leur âme los
prêtres de J . - C , pureté et richesse que leur procure la grâce de
J . - C . J . - C , de sa seule parole, avait réalisé tout ce que figuraient
les rites extérieurs de la consécration d'Aaron.
H
Le prêtre, nous dît S. Paul, est établi pour offrir des sacrifices. »br.*
Si J.-C. est le prêtre véritable, le pontife suprême, quel est le
sacrifice ofTert par lui ? Nous devons y trouver une excellence qui
le met au-dessus de tous les autres sacrifices.
QU'EST-CE « Le sacrifice, dit S. Augustin, c'est toute œuvre que nous
QUE LE SACRIFICE T
accomplissons en vue d'une sainte union avec Dieu. » Une telle
Aug. de CJr. D.
. 10. c . 6 . œuvre est sainte déjà, et elle amène à la sainteté. C'est de là que
lui vient son nom de sacrifice. « Toute œuvre, si bonne qu'elle
soit, par exemple la miséricorde envers l'homme» qui ne serait
ib. pas accomplie pour Dieu, ne mériterait pas le nom de sacrifice. »
<c [je sacrifice ne peut être offert qu'à Dieu. La Loi ancienne
retranchait sans pitié du peuple de Dieu celui qui sacrifiait à
i b . c . 3 et A . d'autres qu'à Dieu. Le sacrifice est le grand acte de l'adoration. »
pasiim.
Le sacrifice ne peut être offert qu'a celui dans lequel nous pouvons
espérer nous retrouver après nous être immolés. « L'homme qui
se consacre à Dieu, en mourant au monde pour vivre à Dieu,
devient un vrai sacrifice. Kl c'est là la plus grande miséricorde
ib. e. 6 <pie l'homme puisse se procurer à lui-même. »
« Notre corps, quand nous le sanctifions par la tempérance, en
vue de Dieu, et que nous faisons servir nos membres, non plus
comme des armes d'iniquité pour le péché, mais comme des
armes de justice pour Dieu, devient un sacrifice. C'est à cette RML1$
couvre que nous conviait l'Apôtre quand il disait : Je vous supplie,
mes frères, par la miséricorde de Dieu, de faire de vos corps
une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu. C'est là 1 hommage
véritable. » ib. m
« Si le corps, qui n'est qu'un instrument, peut devenir un sacri
fice quand l'àme s'en sert pour Dieu, combien plus l'Ame elle-
même, quand elle se donne à Dieu, et qu'enflammée de l'amour de
Dieu elle se dépouille de toutes les attaches à ce siècle, et se revêt
ib. de lu beauté de Dieu ! »
« Nos premiers parents, au paradis terrestre, dans leur inno
cence et leur intégrité, s'offraient eux-mêmes à Dieu comme des
ib. 1. 20. c 20. victimes très pures. »
LB SACRIFICE DE LA CROIX 419
Mais maintenant que le péché a infecté toute la nature humaine, IMPUISSANCE AC-
1.1. 4. phète. fl s'est offert lui-même pour nos péchés, disait S. Paul. Et
lui-même la veille de sa mort disait : Personne ne m'enlève la vie,
1.18. mais je la donne de moi-même, ci fat la pouvoir de la reprendre.
Et il ajoutait ceci que cette vie il la donnait pour nous. Personne
ne peut avoir un plus grand amour que de donner su vie pour
H. 13. ceux que Ion aime.
« Et ceux qui assistaient à sa mort, dit S. Augustin, remar
queront ceci et s'en étonnèrent, qu'après le cri de désolation qu'il
poussa, cri dans lequel on pouvait reconnaître la voix do nos
péchés, il expira sans plus attendre. Pilate lui-même en était dans
l'étonnoment. » Il avait de lui-même donné sa vie. « Celui rpii ne A ut*, de Trinit.
1
serait pas mort, s'il avait voulu ne pas mourir, n'est mort que par ** ""
ce qu'il l'a voulu. » ib. n. 17.
L'Apôtre disait qu'il s'était livré lui-même, se faisant pour
Y. S. nous obla tion et hostie à Dieu, en odeur de suavité. Quel sacri
fice plus saint que celui qu'offrait ce vrai et éternel pontife sur
l'autel de la croix par l'immolation de sa chair ? La mort des samts
US. 14. est précieuse devant Dieu, disait le Psalmisle; cependant la mort
d'aucun d'eux ne devint la rédemption du monde. Les justes rece
vaient des couronnes, ils ne pouvaient en donner ; leur courage
était un exemple de patience, il ne produisait point la justice. Ils
ne mouraient que pour eux-mêmes, et ne payaient la dette de
personne : seul. N . - S . J.-C. fut cet agneau sans lacbc dans lequel
tous ont été crucifiés, dans lequel ils sont morts, ont été ensevelis
7 1
Léo m. Lj». 1CT»
et sont ressuscites. » ad Léon. au*, e. 5 .
Celte mort du Christ était méritoire parce qu'elle était volon
taire, parce que le Christ mourait pour faire œuvre de justice.
« Nous sommes conduits à la mort par le péché, dit S. Augustin.
42? OCLXXVII — l.K SACRIFICE DE J.-C.
rassemblée des saints devient un immense sacrifice offert À Dieu par Au(f ,,
d e f Tit D
fice ne serait-il pas agréé, puisqu'il était offert au l'ère qui l'avait
envoyé sur terre pour qu'il offrit son sacrifice; puisqu'il était offert
1
À l'Esprit S qui avait un rôle si considérable D A N S la prépa
ration ct l'offrande de la victime, qui au jour de l'Incarnation était
intervenu pour former la sainte humanité du Sauveur, qui, au
témoignage de S. Paul, avait assisté le Sauveur dans l'oblation de
son sacrifice, n'offrant à Dieu comme une victime sans tache, par
1
l'Esprit S P Comment ce sacrilice ne serait-il pas agréé quand
celui qui l'offre À l'auguste Trinité est lui-même une D E S personnes
de la Trinité V Un avec celui À qui il offre son sacrifice, il amène
l'hostie offerte À l'union la plus intime qui se puisse concevoir avec
Dieu : son humanité d'abord, qu'il amène jusqu'À la droite de
Dieu, ct ensuite tous ceux qui sont ses membres, ('estpar lui,
par le sang de sa croix que Dieu a réconcilié avec lui et pacifié
IH.L9D. toutes choses, ce qui est an ciel et ce qui est sur terre.
Ainsi le sacrifice de la croix atteint pleinement le but du sacri
fice, l'union sainte avec Dieu. Et c'est pourquoi ce sacrilice se
continue jusque dans l'éternité. 11 était préfiguré dans les sacri
fices anciens, et c'est lui qui leur donnait toute leur valeur; il
engloba toute la vio du Christ, ct il continue À être offert p a r l e
grand Pontife. Il faut donc participer À ce sacrifice ; il faut
recueillir le sang qui a été répandu pour vous. « Le sang de votre
Maître, dit S. Augustin, a été répandu pour vous, si vous voulez
le recevoir ; et si ne voulez pas le recevoir, il n'existe pas pour s a v a i s cbriiti ™-
VOUS. Le sang D U Christ est le salut P O U R l'homme de bonne I « M | est "im, n o -
. . . y , , . .'. lonll luppllcium. A u g.
volonté; pour les autres c est déjà le supplice. »
a
serm. 314. D . 4 .
« L'homme animal, dit encore S. Augustin, ne comprend pas le
grand mystère de la croix. H y voit tout au plus un exemple À
imiter. Si ces hommes voulaient y voir ce qu'y voient les vrais
croyants, comprenant comment Jésus crucifié est devenu notre
sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption,
afin que celui qui veut se glorifier ne se glorifie qu'en Dieu, avec
amour ils diraient: Je suis à J.-C. » Et puisque J.-C. N O U S a An*. Tr. 98
in Joan 3
offerts avec lui, ils regarderaient comme un devoir de s'immoler * '
sans cesse en union avec le Ponlife suprême. S. Grégoire de
N a / I I A U K G , expliquant les raisons pour lesquelles il avait d'abord
refusé l'épiscopat, disait : « J'avais vu que personne n'est digne de
Dieu, du sacrifice et du Pontife, sinon celui qui s'est offert d'abord
en Dieu en hostie vivante et sainte... Comment n'aurais-je pas
redouté d'offrir le sacrifice extérieur, rempli de si grands mys
tères,... avant d'avoir consacré mes mains P A R les bonnes (; r Nax rftRO
OJUVRCS ? » S n r » . Apol. T.
CCLXXVIIi
Cvprtan. n i O e i l . ot parfait. » J.-C. y fait, et le prêtre fait après lui ce qui s'est
' Ep. 63.
passé dans sa Passion. « Par sa parole, il met son corps à part
et son sang à part, dit S. Grégoire de Naxianze ; ce corps et ce
sang sont comme séparés l'un de l'autre par le glaive de cette pa
Grefjor. >'az. Ei>. 1 7 1 . role : ils sont eu état d'immolation. » 11 y a donc là comme lo
ad Amphiloch.
renouvellement de sa Passion. « Le sacrifice du Sauveur ne serait
point célébré dans sa vérité, dit S. Cyprien, si notre oblation et
Cyprian. nt snpr. notre sacrifice ne répondaient à sa Passion. »
« Devant dérober à nos regards et placer au ciel le corps qu'il
avait pris pour nous, dit S. Jlilaïre d'Arles, il fallait que le Sau
veur nous laissât ce sacrement de son corps et de son sang, afin
que nous pussions honorer atout jamais dans ce mystère celui qui
une fois s'était offert pour notre rachat ; il fallait, puisque la rédemp
tion devait produire sans cesse ses effets, que l'offrande de cette
rédemption fut incessante, que notre esprit gardât sans cesse le
Milar. A r p l a t .
souvenir de la sainte victime, et que notre àme en reçût sans cesse
Homil. 7 ni P a s c . la grâce. »
« Celui qui ressuscité des morts ne peut plus mourir, dit
S. Grégoire, celui-là dans son sacrement continue le mystère de
sa Passion. Toutes les fois que nous offrons la victime de la
G r e g o r . Momil. 37
Passion, nous renouvelons pour notre salut cette Passion pré
in E ' . n. 7 . cieuse. »
De là il appert que J.-C. est le principal agent qui opère dans
ce mystère, le véritable prêtre qui offre ce sacrifice : car lui seul
peut opérer ce changement du pain en son corps cl du vin en son
sang. Par le sacriiice Eucharistique, il est prêtre éternel selon
F ordre de Melchisédech. Les autres prêtres ne sont que ses mi
nistres : mais pour être ses ministres, il faut qu'ils lui appartiennent
par une consécration spéciale.
L'HOSTIE Voulant perpétuer le souvenir du sacrifice de sa croix, voulant
DE CE SACRIFICE
perpétuer ce sacrifice lui-même et en appliquer les fruits à son
peuple. J.-C. après nous avoir choisis, nous met dans les mains
la victime elle-même qui a été immolée au Calvaire, il nous la
donne encore à l'état de victime.
Méditez bien les paroles par lesquelles J.-C. a institué l'Eucha
ristie : Ceci est mon corps livré pour vous; ceci est mon sang
répandu p o u r vous. J.-C. parle au présent. « S. Matthieu parle
ainsi, S. Marc, S. Luc. S.Paul : quatre témoins parfaitement uni
formes afin (pic nous entendissions que ce corps qui allait
être livré et donné pour nous, Pelait déjà par avance dans la consé
cration mystique, cl le serait h chaque fois qu'on célébrerait ce
Ho s su e t . Médit, si<r
l'Kv. l a f.ène Otl* j . sacrifice. »
S. Paul dit : Ceci est mon corps rompu pour vous, « Ce corps
est mis en élat de nous être donné, de nous être distribué, de nous
être rompu dnns l'Eucharistie... Mais ce même terme a aussi son
rapport au corps en croix, au corps froissé de coups et percé de
LB SACRIFICE I>R I/AUTËI, 427
J.-C. est mort pour moi. « Quand les hérétiques nous demandent ' H O S T I E DE LA CROIX
L
faut que dans une conscience pure, une foi sincère, une espérance
ferme, un amour ardent, nous lui offrions les prémices de la
10
création. » O r l a S Eucharistie, par le changement prodigieux u^. c. i>»»r. i. 4 .
e 1 8 , hi,s M
qui s'est fait en elle du pain au corps de J.-C. par la parole do - * ' '
J . - C , affirme d'abord le pouvoir de J.-C. sur la création, affirme
que J.-C. est vraiment le Verbe qui a créé toutes choses. «Comment
pourrait-on croire, dit S. Irénée. que ce pain, dans lequel nous
avons offert nos actions de grAees, est le corps du Sauveur,
et que le calice est le calice de son sang, si on ne le reconnaissait
pas pour le Créateur du monde, le Fils, le Verbe qui fait fructifier
les arbres, couler les fontaines, qui fait sortir de terre l'herbe, et
ensuite l'épi, et qui dans l'épi fait mûrir le froment? » ib.
428 CCLXXVHI — LE SACRIFICE DE J.-C.
mystères. » * «d Vhiiip.Y A.
11 y avait dans la Loi Mosaïque un sacrifice particulièrement
significatif et touchant : c'était celui qui était offert par un lépreux
pour rendre grâce de sa guéri son. Il présentait deux passereaux : l'un
était immolé, et Tantre teint du sang de celui-là était remis en liberté.
Le sang du Sauveur, reçu en nos Ames n'atteste pas seulement leur
guérisun, il y contribue avec une grande efficacité, et il procure la
liberté des enfants de Dieu. S. Justin voit dans le sacrifice de fa
rine de froment «pie le lépreux, dans la Loi ancienne, devait offrir
en signe de sa guérison. une figure du sacrifice Eucharistique
(pic J.-C. nous fait offrir « en mémoire dn la Passion qu'il a j tin. c. Trjph. us
n ,6
soufferte pour laver nos âmes de leurs souillures. » - -
11 possède une valeur infinie d'impétration. Beaucoup des saori- M PUISSANCE
D IMp£TR TI0M
fiecs anciens étaient offerts pour obtenir quelque grâce particulière. *
Il n'est aucune grâce que l'Eglise no demande par l'offrande
de son sacrifice. « Devant celle hostie de propitialion. dit
S. Cyrille de Jérusalem, nous demandons à Dieu la paix des
Eglises, l'établissement de l'ordre dans le monde entier ; nous
prions Dieu pour les empereurs ol les soldats, pour les malades
et les affligés ; et nous offrons celle victime en général pour tous
ID N
ceux qui sont en quelque besoin. » « Et le prêtre qui offre ce W- - - 8.
sacrifice, dit S. Jean Chrysostôme. doit se regarder à l'autel comme c h r y t . de «ncardot.
n
chargé des intérêts du monde entier, » <*• - *•
V L
Pour rendre grâces à Dieu do tous ses bienfaits, les premiers ohré- „™.. / !!!JL
. JT , â i • , • « ' . . i* EUCHARISTIQUE
°ff™- » 1. 1«. c. 6 .
432 CCLXXVIH — L E SACRIFICE DE J . - C .
m
* demandons la grâce d'arriver, en les imitant, au partage de
An*. De C I T I I . D .
l. 8. c. 37. n. i. Jour gloire. »
Quelle sainteté ne faut-il pas apporter à la célébration de ce
sacrifice! « Quelle sainteté, dit S. Jean Chrysostôme, doit être
celle du prêtre qui possède dans ses mains le Maître de toutes
choses ! Quelle doit être sa pureté ! Quelle doit être sa piété !
Quelle doit être la pureté de ses mains qui touchent Dieu, la pureté
de sa langue qui prononce les paroles qui font descendre Dieu
1
sur terre, la pureté de son âme qui doit recevoir l'Esprit S avec
lequel il accomplira ce mystère ! Les Anges assistent nombreux à
ce sacrifice, et entourent l'autel où repose la victime. J'ai connu
un vieillard, ajoutait le grand docteur, homme admirable et favo
risé de révélations fréquentes, qui avait vu l'autel environné
d'Anges vêtus de robes resplendissantes, et s'inclinant devant la
victime comme des soldats devant leur empereur. Et un autre
m'afiirmait. après en avoir acquis lui-même la certitude, que ceux
u
Chrys. De sieerdot. *l * mouraient après avoir participé aux saints mystères, s'en
i. 6. n. A. allaient entourés d'un cortège d'Anges triomphants. •
Si la sainteté du prêtre qui offre le sacrifice doit être grande,
excellentes doivent être les dispositions de ceux qui y assistent.
Quand Jésus offrait le sacrifice de la croix, il rencontra autour de
lui des moqueries, des blasphèmes et des bourreaux : ils repré
sentaient ceux pour qui il s'offrait, les péchés pour lesquels il
mourait, et ils donnaient occasion à la sainteté du prêtre d'appa
raître avec plus d'éclat : la présence des pécheurs au sacrifice de
la croix donnait à .1. C. l'occasion de tuer le péché ; mais si des
moqueurs, des blasphémateurs, des bourreaux se rencontraient
au sacrifice que J.-C. offre sur l'autel, J.-C. y serait moqué, cru
cifié inutilement, et pour la condamnation des insultcurs.
CCLXXIX
•VEiichnrlsOc sacrement.
Dans son Incarnation il s'était uni à la nature humaine: « ici, dit J.-C. Y EST
SOURCE DE VIE
S.Jean Chrysostomc, il vient s'unir Achncun de ses fidèles. Aprèsles
avoir engendrés à la vie. il veut, pour les nourrir, ne les confier à
nul autre qu'à lui-même. Eu nous donnant sa chair, il nous prouve
qu'il a réellement pris la notre. » « El il nous prouve, dit Chrys. Homil. Si
in Matth. n . 6 .
S. Cyrille, puisque cette chair devient source de vie, qu'elle est
véritablement unie au Verbe ; car c'est par le Verbe de vie qu'elle Cyrill. In J o a n .
devient vivifiante : par elle la vie descend en nous. » I. A. c. * 3 .
« Le Dieu dont le pouvoir s'étend partout avait créé toutes
choses immortelles ; le monde à ses origines était plein de vie ;
mais par l'envie du démon, la mort était entrée dans le monde. La
bonté du Créateur voulut remédier aux suites de la faute d'Adam...
Le Fils de Dieu, le Verbe était source de vie : il fallait que noire
chair mortelle pêt participer à la vie du Verbe. Pour se faire notre
Sauveur, le Verbe assuma notre chair de la Vierge Marie : il
rassumn'sujetle à la mort, afin que la ressuscitant de la mort il
frayai à toute chair la voie pour revenir à la vie : il lit de sa
chair une source de vie. Quand vous mette/, du fer dans le feu, ce
fer s'imprègne de toutes les propriétés du feu. ("est ainsi que
le Verbe a fait sa chair source de vie, et qu'il a dit : Si vous ne
mangez la chair du Fils de l'homme, vous n'aurez point la vie en
vous. El c'est pourquoi, en mangeant la chair de noire Sauveur,
nous avons la vie en nous, nous devenons un avec lui, nous
l'avons en nous et nous demeurons en lui. »
c Nous serions effrayés si nous avions à la table sainte sa chair
CCLXXIX — L'EUCHARISTIE SACREMENT
veur, qui vous purifie par le pain que je vous donne, par le don
quo je vous fais de moi dans mon grand sacrement, ('/est moi que le
Prophète voyait approchant de vos lèvres le pain vivant, (les
tenailles c'était ma main; le Séraphin c'était moi : le charbon
ardent était mon corps, el Isaïe c'est vous. » Un conlacl plein de Ephrïrm. nt snpr.
n. 5 .
respect et d'amour avec le Dieu de pureté crée nécessairement la
pureté.
L'Eucharistie est une nourriture: la nourriture est le grand J.-C- NOURRITURE
DE L'AME
moyen d'entretenir la santé, de la défendre contre les déperditions
incessantes, de réparer les fautes. C'est en fortifiant la santé qu'il
faut combattre la maladie, disent les médecins: c'est on fortifiant
la santé de Pâme que nous combattrons ses maladies. C'est pour
te
quoi la S Eucharistie nous esl donnée comme le pain de chaque
jour. « Ce pain quotidien, dit S. Ambroise, se prend comme le
Ambros de Sacram.
remède des infirmités quotidiennes. » 1. 4 . e . 2 8 .
L'Eucharistie va à ces racines du péché qui sont les passions ;
elle en diminue la violence, et y substitue les saintes inclinations.
Elle est une défense contre les attaques du démon. « Appro DtFENSE
CONTRE LE OEMON
chez-vous souvent do l'Eucharistie, écrivait aux Ephésicns
• S. Ignace martyr. La fréquente communion éloigne les assauts
dos puissances infernales et ces Mèches enflammées par lesquelles
Satan nous pousse au péché. » « Rappelez-vous, dit S. Ambroise, Ignat. m. Ad E p b .
l'ordre donné par Moïseaux Hébreux déteindre du sang do l'agneau post. m e d .
vous de lui et soyez absous de toutes vos fautes, car il est la Ambras. In P s . 118.
rémission des péchés. » Serm. 18. n. 27 et 28.
tr
Ce réconfort apporté par la S Eucharistie est souvent accom JOIES
1
pagné de joie. « Qu'il esl beau, dit VEsprit S dans le Psaume,
qu'il esl beau ce calice qui nous enivre ! Oui, il est beau ce calice
qui enivre et qui donne la sobriété, qui amène l'Ame à la sagesse
spirituelle, qui fait prendre en dégoût les délices du siècle et
amène à l'intelligence des choses de Dieu. De même que l'ivresse
ordinaire arrête le mouvement de l'esprit, enlève le souvenir,
chasse la tristesse ; de même le sang du Sauveur, en celui qui le
boit, lui fait oublier toute la vie du vieil homme, chasse par la
pensée de la miséricorde divine toutes les tristesses que le
péché faisait peser sur son cœur. » « Cette ivresse est pour Cyprian. E p . 63
le corps non une cause de chute, mais de résurrection ; au lieu ad C a e i l .
A m b r o i . in Pa. 118.
d'être un trouble pour l'Ame, elle esl une consécration. » serin. 15. n. 18.
" Cette ivresse vient de notre union avec celui qui est notre vie, UNION ET TRANS
notre force, notre joie. « Sous l'apparence du pain, dit S. Cyrille FORMATION EN J.-C.
de Jérusalem, le corps de J.-C. vous est donné, et son sang sous
les apparences du vin, afin qu'en recevant le corps et le sang de
J . - C , vous deveniez un seul et même corps, un seul et môme
sang avec lui. Alors nous devenons des porte-Christ, et se réalise
la parole de l'Apôtre S. Pierre aflirmant notre participation à la
nature divine. » Cyrill. Hier. Calceh.
myttag. 4. o. 3 .
L'Eucharistie opère en nous une œuvre do transformation, elle
nous transforme en celui que nous recevons. « Je suis la nourri-
ture des grandes Urnes, disait Jésus à S. Augustin ; grandis et tu
me mangeras ; et tu ne me transformeras pas en ta substance,
comme tu le fais de ta nourriture habituelle, mais tu seras trans
formé en moi. » a Car, dit S. Léon, la communion au corps et au An?.Confess. 1.7.-10.
sang de J.-C. n'aboutit à rien moins qu'à nous faire passer eu
celui que nous recevons. » Elle nous amène à la participation de L«o m. aurai, i i
do Paas. Dom. e 7 .
la vie divine, c Je me suis fait semblable à vous, nous dit-il, sans
toutefois changer ma nature, afin (pic par moi vous deveniez par
ticipants de la nature divine. Qu'une transformation se fasse donc
en vous, transformation merveilleuse: passez du monde à Dieu,
CyrilI. Alex. Homil.
de la chair à l'esprit. » in m y stic. cœnam.
De cette union avec le Christ l'Ame se revêt d'une beauté qui BEAUTÉ 0E L'AME
EUCHARISTIQUE
est au-dessus de toute beauté humaine.
« C'est avec ces sacrements qui vont fortifier l'Ame jusque dans
sa substance, dit S. Ambroise, que J.-C. nourrit son Eglise; et
voyant le progrès de sa beauté, il s'écrie: Que vous êtes belle, o
ma sœur et mon épouse, belle par le vin que je vous ni donné !
L'odeur de vos vêtements surpasse celle de tous les parfums.
Vos lèvres sont un rat/on de miel; le miel et le lait sont en votre
bouche... Vous êtes un jardin fermé, o ma sœur et mon épouse,
un jardin fermé et une fontaine scellée. Par cette parole vous
440 CCLXXIX — L'EUCHARISTIE SACREMENT
CCLXXX
de l'Ame.
« Pour pouvoir nous unir à Jui, dit S. Augustin, il faut nous I A PURETÉ
« C'est là, dit Pierre de Celle, que Dieu accomplit les actes les
plus grands de sa puissance et de sa honte : c'est là que l'homme Petr.CeU.Ep. Carnot.
doit accomplir les actes les plus grands do foi et d'obéissance. » De paolb. e. 1.
Si vous avez de la foi, vous aurez aussi du respect pour ce grand
mystère, un respect allant jusqu'à la crainte.
« Pense, ô homme, quelle victime tu vas recevoir ; pense que RESPECT & ADORATION
toi, cendre et poussière, tu vas recevoir le corps cl le sang du
Christ. Si le roi vous invilaità sa table, vous vous en approcheriez
avec crainte, vous prendriez silencieusement h\ nourriture qui
vous serait offerte. Dieu vous appelle à sa table, vous présente
son Fils, les Chérubins sont là se voilant la face, los Séraphins
chantent en tremblant : Saint* saint, saint est le Seigneur ! Ml
446 CCLXXX — LA COMMUNION
,c
Âpres l'institution de la S Eucharistie, avant de partir pour le
jardin des Oliviers, Jésus laissa déborder les sentiments do son
cœur en un long discours qui nous a été rapporté par S. Jean.
Les trois premiers Evangélistes n'en ont point parlé : ils consi DISCOURS RAPPORTÉ
PAR S. JEAN SEUL
gnaient par écrit ce qui faisait le thème habituel de la prédication
des Apôtres, et ce discours n'en faisait point partie. 11 était réservé
à S. Jean, recueillant après eux les paroles du Sauveur où trans
pirait davantage sa divinité et aussi sou amour, de nous trans
mettre ce testament doctrinal de Jésus.
S. Augustin disait à ses auditeurs, en en commençant l'expli CARACTÈRE
DE CE DISCOURS
cation : « Que votre bienveillance prête une grande attention à ce
discours que N.-S. adressa à ses disciples avant sa Passion ; car Ane;. Tr. 63
il est d'une grande profondeur, n * Il y a là, disait Bossuet, des in Joan. n . 1.
Bossuet. La Cène.
profondeurs à faire trembler. » 77« j .
« Là où l'interprète est obligé d'apporter un grand travail,
ajoutait S. Augustin, il faut quo les auditeurs soient attentifs. » Ane;, nt s n p r .
Les Apôtres écoutent les paroles du Maître avec grand recueil
lement, y mêlant parfois leurs questions pleines do confiance, ils
se sentent tout pénétrés par la grandeur cl la tendresse de ces
paroles, par la solennité do Thcuro à laquelle elles sont pro
noncées ; entrons dans leurs dispositions.
On a dit que S. Jean, rapportant de mémoire, à si longue
distance, ce discours du Sauveur, ne pouvait en donner que les
sentences qui Pavaient le plus Trappe, sans s'occuper d'y mettre
de Tordre el sans craindre do se répéter.
Cependant, quand on l'étudié, on découvre en ces idées sublimes
qui résument et complètent les enseignements du Sauveur sur
Dieu, son amour pour nous, le bonheur qu'il nous a préparé, les
moyens pour y atteindre, un ordre admirable.
J.-C. nous apparaît complètement maître; de sou sujet, élevant
doucement l'cspril de ses auditeurs vers les hauteurs éternelles,
profilant dos questions qu'ils lui posent pour les conduire plus
haut que ce qui les préoccupe.
ite CCLXXXl — L Ë DISCOURS A P R È S L A CÉNE
v o u s y préparer u n e place.
« Il avait dit à Pierre pour le consoler de ce qu'il ne lui était
point permis de le suivre qu'il le suivrait plus tard. Ils auraient
pu croire que cette promesse n était faite qu'à lui : i l l'élcnd à eux
tOUS. » Chrys. nt i u p r .
La demeure dans la maison du Père, voilà le but où il veut les
conduire. Si cela n'était pas je ne vous Paîtrais pas dit. Je ne
vous aurais pas annoncé l e royaume des cieux comme prochain ;
je ne vous aurais pas chargé de l'annoncer ; je ne vous aurais pas
dit qu'il souiTro violence, et je n'aurais pas réclamé de vous le
travail sans trêve. Quelle sincérité et quel respect de lui-môme on
sent dans ces paroles ! Si nous n'avions n'en à espérer, il nous
le dirait, car il est la vérité. Mais parce que nous avons à espérer
l'inlini, il nous le dit plus volontiers, car il est la bonté.
Et son départ lui-même du milieu de ceux qu'il aimait est une
454 CCLXXXI — L E DISCOURS A P R È S L A C È N E .
partez, ni le lieu d'où vous venez vers nous. Votre départ c'est
quand vous vous cachez, et vous revenez quand vous vous
manifestez. » Id. i b . D. S.
Et un jour il reviendra dans sa gloire. Et quand tous les LA VENUE SUPRÊME
hommes sécheront de frayeur dans Vattentc de ce qui doit
arriver à tout l'univers, vous, dit-il à ses disciples, levez la tête
parce que votre rédemption est proche. 11 ne vient pas pour les
juger : il vient les chercher et les emmener avec lui.
1
Il leur avait dit tout à l'heure en instituant la S" Eucharistie,
en leur présentant le calice : Buvez en tous. Pour moi, je ne boi-
rai plus de ce fruit de la vigne jusqu'à ce que je boive le vin
nouveau du royaume des cieux. « Ce vin nouveau, dit Origène,
il le boira quand les âmes étant délivrées du péché, amenées à la
gloire, il n'y aura plus de larmes, ni le labeur de la rédemption, ct
qu'il n'y aura plus que de la joie. »
« Nous sommes ses membres, mais des membres séparés de la
tète, ou imparfaitement unis à la tête : un moment viendra où se
réalisera le cri du Prophète : Que los se réunisse à tos la join-
eh. ture à la jointure ! Alors ce sera pour J . - C . gloire et joie ; alors
9
m, 7. il fera entendre ce cri : Tous mes os, Seigneur, diront : Qui est
Origen. Hom. 7
semblable à vous ? » In U t i l . n. 1 e t S.
« Avec amour, dit S. Cyprien. voyons venir le jour qui établira
chacun de nous dans sa demeure véritable, qui en nous délivrant
des liens du siècle, nous fera entrer dans le royaume du paradis.
Quel exilé ne se hâterait point, retournant dans sa patrie? Quel
navigateur ne voit arriver avec joie le moment où il pourra
embrasser les siens ? Notre patrie est le paradis : nous y avons
déjà des parents ; une assemblée nombreuse d'amis, de proches,
nous y attend, assurée de son salut, mais encore préoccupée du
nôtre. Quelle joie pour eux ct pour nous que cet embrassement
Cyprin. De n « r U l .
qui nous réunira ! » C'est une joie pour nous de nous savoir e. 16.
456 CCLXXXI — L E DISCOURS A P R È S L A C È N E
attendus par eux, mais par dessus tout ce doit être une joie de
nous savoir attendus par J . - C
R
.»m. rl. ™«ï!Lm.e
D Avant son avènement final, Jésus revient pour chacun de nous
rOUn CHACUN UcnQUS . . . y-,« , ,»
quand arrive lo moment de notre mort. C est sous ce caractère
que, dans ses dernières paraboles, il avait présenté la mort à ses
disciples, r heure à laquelle le Seigneur vient. A l'époque où
S. Jean écrivait ces paroles, tous ses compagnons dans l'apostolat
avaient reçu cette visite du Maître. Et lui-même avait voulu ter
miner le livre de sa Prophétie par cette parole: Venez, Seigneur
Jésus! Comme la mort est consolante pour ceux qui peuvent y
voir Jésus venant au devant d'eux !
LES VISITES SECRÈTES Avant ce grand jour, il vient nous visiter déjà invisiblemcnt : il
vient nous éclairer, nous fortifier, nous former. Il vient nous
prendre avec lui, nous serrant contre lui, suivant le sens du texte
original.
NUI maneis regen-
>
imU8b
Ah ! ils savent bien ce qu'apportent ces visites de Jésus ceux
umKSSf * 1 u i 1 ( 1 8
reçoivent, ces visites sans lesquelles, dit S. Augustin, il
Aug. ut supr. n'y aurait aucun progrès, aucune vie pour les âmes.
Dans tous les événements, dans les joies, dans les souffrances,
dans les maladies, et jusque dans la mort, les disciples de Jésus
surent le reconnaître, et dire comme S. Jean sur le lac de Tibé-
riade : C'est lui ! C'est le Seigneur.
Quelquefois il se fait attendre ; mais ses vrais disciples ne se
lassent pas d'attendre. Il apparaîtra à la fin, car il ne ment
point. S'il retarde, attendez—le, car il viendra certainement, et il
ne tardera pas. Celui qui ne croit pas à sa parole n'a pas Vâme
droite; mais le juste vivra dans la. foi. iiibic XU^
Trente ans après ces promesses de Jésus, S. Paul
écrivant aux Hébreux, leur disait: J.-C. notre avant-coureur
est entré pour nous dans le saint des saints. Il y est entré par
la vertu de son sang, et assis à la droite de la majesté divine, il
y opère sans cesse la rémission de nos péchés. Hebr. X\
Et il concluait: Ayant un pontife qui est entré dans les cieux,
présentons-nous avec confiance devant le trône de la grâce, pour
en être secourus dans nos besoins. J.-C. lui-môme avait mis dans lb. If,
son cœur l'espérance dans laquelle il parlait. Car il est ferme
dans ses paroles, et il ne peut se renier lui-même. u.TtaJL
CCLXXX1I
voie qui y conduit. Cette voie est sûre, facile, e t e l l e touche déjà
au but.
11 avive d'abord leur désir d e savoir où i l va. Là où je v a i s
UT. 4. v o u s le savez.
Pierre dont i l avait réprimé l'empressement à vouloir l e suivre
en lui déclarant l a chose impossible, n'osait plus l'interroger :
maintenant i l les excite lui-mômc à l'interroger, leur faisant en
tendre que c e qui avait été impossible à un moment étaiten réalité
possible et môme nécessaire,
ft. Là où je v a i s v o u s le savez e t v o u s e n savez le chemin.
Ils auraient d û l e savoir après tous les enseignements q u ' i l s
avaient reçus : mais leur esprit ne s'élevait pas encore au-dessus
des grossières espérances d e s Juifs, et les paroles d o Jésus demeu
raient pour eux un mystère.
Thomas lui d i t donc : Seigneur nous n e savons o ù v o u s
S. allez, e t comment en saurions-nous le chemin ?
« Les Juifs l'entendant parler de départ, dans l a joie que leur
causait c e départ, étaient désireux d e savoir o ù il allait : ceux-là
l e désiraient bien plus qui auraient voulu ne jamais être séparés
id ib
d e lui. ils l'interrogent donc, et vous voyez avec quel respect. » - -
« Ils disent q u ' i l s ne savent pas, et Jésus leur affirme q u ' i l s
savent : l'éternelle vérité ne peut mentir. Ils ignoraient donc l e
trésor d e vérité q u ' i l s possédaient. » En éveillant leur attention, i/j! M * i B
r T r
>
W
J..C.lcur fait entendre que les vérités q u ' i l v a leur révéler ne sont
q u e l e développement des vérités q u ' i l leur a déjà fait connaître.
Q u e d e fois nous leur ressemblons, négligeant d'cxplorcrletrésor
q u e nous possédons !
Et Jésus lui d i t : Je suis la voie, e t la vérité, e t la vie. J . - C , VOIE, V É R I T É , VIE
(• Personne n e v i e n t a u Père que par moi.
458 CGLXXXII - L E DISCOURS A P R È S LA C È N E .
Mais la haine de la vérité est un des supplices les plus durs que
l'homme puisse connaître, t Et au contraire aimer la vérité
jusqu'à se complaire en tout ce qu'elle affirme, mettre sa joiedans
H M U vît» pst grm-
dm m do vpritate. ih. la vérilé, c'est, dit S. Augustin, la vie bienheureuse. » Si J.-C. a
été haï comme jamais homme ne l'a été par ceux qui haïssaient la
vérité, c'est près de lui qu'ont goûté les plus grandes joies ceux
qui mettent leur joie dans la vérité.
Et la vérité conduit à la vie.
COMMENT Je suis la vie, disait-il. Avec quelle promptitude la vie renaissait
IL EST LA VIE
dans les morts à qui il faisait entendre sa parole. Les Apôtres qui
se nourrissaient de cette parole sentaient naître en eux une vie
supérieure à relie qui était rendue à ces morts. Et maintenant
celte vie nouvelle va se répandre dans le monde entier. Vheure
vient et elle est déjà venue oit les morts entendront la voir du
Fils de Dieu, et eeu.v qui l'entendront vivront. « Il est évident, Jou. t
dit Origène, que ce premier né de toute la création est le principe
d'une vie plus vraie, plus parfaite que toute autre vie ;ct quiconque
participe au Christ vit de la vraie vie ; tandis que ceux qui vivent
en dehors de lui n'ont pas la vraie vie, de même qu'ils n'ont pas
Orijfftn. T. i
in J o a o . a . 28. la vraie lumière. »
« O Jésus, dirai-je avec S. Augustin, si ma vie était remplie de
vous, elle serait vraiment vivante. Si je m'attachais à vous par
tout ce qu'il y a en moi, il n'y aurait plus en moi ni labeur ni
douleur. Jésus soulève au-dessus d'elle-même l'àme qu'il remplit.
Au*. Conf. I. 10
Et c'est parce que je ne suis pas rempli de vous que je suis à
c. 88. n . 1 . charge à moi-même. »
TOUT BIEN EN J.-C. Ainsi Jésus nous n apporté tout bien. Il est la voie par laquelle
o u va au bul. il est la lumière dans laquelle on marche: il est la
force qui empêche de sentir la fatigue, la fore*» qui se renouvelle
sans cesse: « et si vous craignez de rencontrer la mort avant d'être
arrivé au terme, rassurez-vous : il est la vie. Vous marchez par
AIIR. (n 1*3. G6. n. 5 . moi. vous marchez en moi, et en moi vous trouvez votre repos. »
Et si vous voulez le rencontrer sûrement, il n'y a d'autre voie
pour aller à lui que lui-même. « Ce n'est que par le Christ que
l'on va au Christ, dit S. Léon. Celui-là va au Christ par le Christ
qui entre dans la voie de sa patience et de son humilité. Là on
u échappe pas au poids du travail, ni aux nuages de la tristesse,
ni aux tempêtes de la crainte. On y trouve les embûches, les
persécutions, les menaces, les injures. Mais Jésus a supporté tout
Léo m. serai. 67. cela avant nous : et avec lui nous remporterons la victoire. » Si
de P a s s . 16. c. 6 .
nous acceptons l'épreuve avec courage, nous sommes sûrs d'y
trouver J.-C.
J.-C. LA VOIE Nul ne vient au Père que par moi.
POUR ALLER AU PERE
\\ avait dit autrefois : Nul ne vient à moi, si mon Père ne V attire.
En disant aujourd'hui : Nul ne vient au Père que par moi* il se
II. L A VOIE 461
foi vient nous dire que ce Dieu en qui se trouve tout bien, s'est
fait notre Père, et veut se donner à nous, avec quelle ardeur
l'Ame s'écrie : Montrez-nous le Pere et cela suffit.
« Comme il ne paraît point dans l'Evangile de demande plus
haute que celle de S. Philippe, dit Bossuet, il n'y a aussi rien de
id. i b . 84* j . plus haut que la réponse de N. S. »
J.-C. commence sa réponse par une parole d'étonnement et
Aug. Tr. "0
comme de reproche, mais ce reproche a pour but de graver plus
in J o a o . n . î .
J.-C. REVELATION profondément dans leur esprit la leçon qu'il va leur donner. Il y a
DU PERE si l o n g t e m p s q u e je s u i s a v e c v o u s , e t v o u s n e m e connaissez
pas ? v.l
Us l'avaient vu des yeux du corps, mais ils n'avaient pas vu ce
qui était en lui, « puisqu'ils pensaient que le Père était chose dis
id. Ib. tincte du Fils : ils ne connaissaient donc ni le Père ni le Fils. »
11 leursuilisait pour connaître le Père de le connaître lui-même.
« Quand un portrait ressemble parfaitement à l'original, nous
(tisons : C'est bien lui. Fn disant : Celui qui nie voit voit mon
Père. Jésus alïirmait avec la distinction des personnes leur par
ib. faite ressemblance. »
Jésus pouvait se plaindre de ce qu'ils n'avaient pas vu assez,
en lui, la puissance et la majesté du Père. « Quand, dit S. Ililaire,
il marchait sur les eaux, commandait à la tempête, remettait les
péchés, rendait la vie aux morts, il accomplissait des actes divins :
Hilar. De Trinit.
il pouvait se plaindre de ce qu'ils n'avaient pas vu le Père en
1. 7 . n . 3 6 . lui. »
Il pouvait se plaindre de ce qu'ils n'eussent pas assez bien vu
sa sainteté et sa bonté qui étaient la révélation de la sainteté et de
la bonté de Dieu ; car il était le miroir sans tache de Vincom-
préhensible majesté, et l'image de la bonté parfaite. Et s'ils
l'avaient bien connu, ils auraient pu désormais voir partout 1c
Père et le Fils. « Quand je lève les yeux au ciel, dit S. Ambroise,
quand je regarde la mer, quand je ramène mes regards à la terre,
Ambros. In l u e . j'y vois partout Jésus, et j ' y vois aussi le Père. Ses perfections
I. 1 D. T - invisibles // sont rendues visibles par font ce qui a été fait. »
Pour voir le Père dans sa beauté et son éclat, il fallait le voir
avec le Fils. « Le Père ne peut être séparé du Fils : pourquoi ce
Aaff ni «upr. disciple voulait-il voir séparément des personnes inséparables ? »
<( Ils croyaient connaître Jésus. Ils semblaient lui dire à ce
moment : Vous vous êtes révélé à nous; nous vous en rendons
grâces. Mais nous ne connaissons pas encore le Père : nous dési
rons connaître celui qui est la grandeur suprême, et après cela,
nous n'aurons plus rien à désirer. Il y avait là un grand désir,
mais aussi une, intelligence qui ne savait pas voir. Jésus voyant
ces Ames encore petites qui cherchaient la suprême grandeur, se
voyant lui. au milieu de ces petits, à la fois grandeur et petitesse,
dit a Philippe : Je suis depuis si longtemps avec vous, et vous ne
II. LA VOIE 463
pauvreté, et celui-ci s'en était allé tout triste; et plus tard, voilà
que, par ses Apôtres, il conquiert à la pauvreté des multitudes
de riches. Sa parole, annoncée par ceux qui croyaient en lui, a fait
de plus grandes choses que quand il la faisait entendre lui-même. » id. Tr. 7 i . n. i .
« Ceux qui opèrent leur salut avec crainte et tremblement
accomplissent de plus grandes œuvres que les œuvres opérées
par J.-C. : ils accomplissent u n e œuvre plus grande que la création
du ciel et de la terre : le ciel et la terre passeront, mais la justice
des élus demeurera éternellement; les élus créent en e u x l'image
de Dieu, tandis que le ciel et la terre sont une œuvre extérieure do
Dieu. L'œuvre de la justification ne serait-elle pas plus grande
que la création elle-même des Anges ? Y aurait-il plus de puis
sance à créer des justes qu'à justifier des pécheurs? S'il y a là
u n e puissance égale, il y a certainement ici u n e miséricorde plus
grande. C'est ici qu'agit dans toute sa vertu le grand mystère de
piété qui a été manifesté dans la chair, justifié dans l'esprit,
révélé aux Anges, prêché aux nations, objet de la foi dans le
tu*, monde entier, procurant la gloire de Dieu. » Kt c'est ce mystère Au&. Tr. 7 i . n. î.
qui a été confié a u x Apôtres : c'est à e u x qu'il a été donné d'en
répandre la vertu dans lé monde entier.
« Voyez, dit Origène, ce qui se passe chaque jour dans le
monde. Tous les jours des yeux d'aveugles, aveugles dans l'esprit,
s'ouvrent à la lumière; ceux qui étaient devenus sourds à la voix
de la vertu ouvrent leurs oreilles et écoutent avec avidité ce qui
leur est dît de Dieu et de la vie bienheureuse auprès de lui.
D'autres, en qui l'homme intérieur était boiteux, selon le langage
de l'Ecriture, guéris par la vertu de l'Evangile, non seulement
marchent, mais bondissent comme le cerf, et comme lui devien
nent réfractaires au venin de la vipère, et foulent aux pieds les
serpents et les scorpions ot toute la puissance de l'ennemi 0 r j r l > | f
autre prière imprudente est exaucée, cela peut être par un eiïet de
la colère divine. Les Israélites, au désert, ayant pris eu dégoût la
manne, cette nourriture qui leur avait été préparée par la sagesse
divine, ct ayant réclamé des viandes, furent exaucés, mais pour
leur perte. # Quand nous avons pris goût au mal et que nous n'en
avons plus au bien, dit S. Augustin, ce que nous devons demander
à Dieu, ce n'est pas de nous donner la permission du mal, mais AU*. » 7 3
de nous rendre le goût du bien. » 1» J o t o . n . 1 .
J.-C. nous a indiqué lui-même le grand moyen d'être toujours
exaucés dans nos prières, c'est de demander en son nom.
Qu'est-ce que demander au nom de J.-C. ? O I T E S T - C E QUE PRIER
u N 0 M 0 E J c 7
Le nom représente la personne. Ckist dans le nom quo nous * '" '
renfermons la connaissance que nous avons d'une personne, que
nous résumons les ordres, qu'elle a donnés : c'est en invoquant
son nom que nous nous couvrons de son autorité ou de ses
mérites.
a Celui qui se fait do Jésus une idée qui n'est pas la vraie, dit E N T R E R D A N S L E S
P E N S E E S 0 £ J c
S. Augustin, bien qu'il invoque le nom de Jésus, ne demande pas -' -
au nom de Jésus; car il demande au nom d'un Christ qu'il s'est
forgé à lui-même ct qui n'est pas le vrai. » Pour pouvoir vraiment An*. Tr. iOî
in J o , n
prier au nom de Jésus, faites-vous donc d'abord une idée vraie de ' *'
Jésus.
« Jésus veut dire ^Sauveur, ct par conséquent tout ce que nous
demandons de contraire à notre salut, nous ne le demandons pas
au nom du Sauveur. Il est vraiment Sauveur, non seulement quand
il fait, mais encore quand il ne fait pas ce que nous lui demandons :
le médecin sait si ce que désire le malade est utile ou nuisible à
sa santé. Que toutes nos demandes soient donc faites au nom du
Sauveur; » qu'elles se portent sur ce qui est vraiment utile à notre An*. Tr. 73. n. 3 .
salut. Lui-même dans la prière qu'il nous a enseignée, nous pré
munissait contre les demandes téméraires en nous faisant dire ;
Ne nous induisez pus en tentation, <r La prière serait pour
nous une grave tentation, si nous demandions ce qui nous est
nuisible. » ib. n. 1 .
Pour demander au nom de J . - C , il faut entrer dans les inten
tions de J . - C . « Quand vous priez, dit S. Ambroise., demande/, de
grandes choses, demandez les choses éternelles. » Ce sont ces Amhros. in Ps. us.
wr l 9 n
choses qui étaient sans cesse dans la pensée de J . - C . 11 veut qu'à "* ' "
l'occasion des prières faites en son nom, et des grâces qu'elles
obtiendront, le Père soit glorifié dans le /'*7.v;lc Père sera glorifié
si nous avons demandé des choses vraiment digues de lui.
Tout à l'heure il leur dira : Demandez afin que votre joie soit
pleine. 11 veut qu'un jour nous arrivions à la joie parfaite : or
notre cœur ne peut être rempli que quand il possédera les biens
éternels, quand il possédera Dieu.
Demanderai! nom de J . - C , c'est demander en s'appuyaut uni-
CCLXXX1II — LE DISCOURS A P R È S LA CÈNE.
devons comprendre que nos mérites sont trop pauvres pour être
joints aux siens.
Demander au nom de J . - C . c'est demander avec la confiance
que mérite un tel nom, c'est-à-dire avec une confiance infinie.
Tout ce quo vous demanderez en mon nom, je le ferai. * Vous
voyez, dit S. Jean Chrysostôme.. quelle est la puissance de son
nom. puisque n'apparaissant plus, étant seulement invoqué, il
Chr>^Homiiy9 accomplit de si grandes choses. Quand il ne sera plus là, son nom
' "' sera leur protection, et leur inspirera une plus grande coufiance
que quand il était présentjfcQu'ils ne se regardent donc pas comme
abandonnés, » « Et quand le Fils apparaîtra accomplissant de
id Homîi 74 grandes choses par la seule invocation de son nom, le Père sera
in ioan. n'. 2 . glorifié. »
C O M M E N T CES M É R I T E S Nous ne pouvons, quand nous prions au nom de J . - C , faire valoir
SONT A NOUS aucun mérite personnel ; nous devons nous recommander unique
ment des mérites de J . - C ; mais nous devons comprendre combien
ces mérites nous appartiennent, combien ce nom est à nous.
« Dieu, dit S. Augustin, ne pouvait faire aux hommes un don plus
parfait que de leur donner son Verbe, ce Verbe par qui toutes
choses ont été faites ; de le leur donner pour être leur chef, et
pour se los adjoindre comme ses membres ; afin qu'il fût à la fois
Fils de Dieu et fils de l'homme, un avec le Père et un avec les
hommes : de façon que quand nous prions Dieu, nous ne sépa
rions pas le Fils du Père, et quand le corps de J . - C prie, le chef
ne se sépare point de lui ; et que le Fils de Dieu, notre Seigneur
iT.-C. le Sauveur de son corps prie pour nous, prie en nous,
en même temps qu'il est prié par nous. U prie pour nous comme
notre prêtre, il prie en nous comme notre chef, et il est prié par
n o , l s
Ane En in Ps s:» comme notre Dieu. Il faut donc que nous sachions recon-
n. i. naître nos voix en lui et ses voix en nous. »
« A certains moments, l'Ecriture et les Prophètes mettent sur
les lèvres de Jésus des paroles qui semblent indignes de lui : ne
faisons point difficulté de les lui attribuer puisqu'il les a acceptées
lui-même... Nous avons contemplé sa divinité, et voilà que nous
l'entendons gémir, supplier, s'accuser sur la croix, il fait siennes
les paroles du Psalmisto: Mon Dieu, mon Dieu,pourquoi m'avez-
vous abandonné P Sachons comprendre que celui que nous adorions
tout à l'heure comme notre. Dieu a pris notre place, la place du
serviteur, et qu'il prie à notre place. Après l'avoir prié lui-mcine,
nous [trions par lui, nous prions en lui. Nous parlons avec lui et il
parle avec nous. 11 ne dit rien sans nous, ne disons rien sans lui...
Quand au jardin des Olives, pendant sa prière, des grumeaux de
sang découlaient le long de son corps, c'était son corps mystique,
l'Eglise, qui déjà ruisselait du sang des martyrs. 11 subissait
III. hk P R l f t R R AU NOM DE J.-C. 4rt9
toutes ses humiliations parce qu'il était un avec nous. » Sachons ib.
reconnaître notre voix dans tous les cris d'humilité, dans toutes
les demandes de pardon qu'il fait entendre.
« Mais aussi parce que nous sommes un avec lui, nous pouvons,
malgré nos fautes et nos misères, redire en lui ses chants de
triomphe, de reconnaissance, de confiance ; dire avec lui : Gardez
B.V î. mon âme parce qae je nuis saint. Saints, nous le sommes eu celui
qui nous sanctifie. Ce n'est pas là l'enflure de l'orgueil, c'est la
confession joyeuse de la reconnaissance. • ("est là la prière au nom u,, n. i et 4.
de J . - C . Qu'elle est vaste, qu'elle est haute, qu'elle est confiante p«s«im.
la prière faite au nom de J.-C. !
Elle est glorieuse à J . - C . Il y a attaché des promesses qui sont COMBIEN CETTE
infinies dans leur étendue. 11 n'est aucune grâce, aucune vertu, J « J E R E EST GLORIEUSE
aucun bien qui n'aient été enfermés dans ces promesses. Il fallait
pour l'accomplir qu'il eût une puissance sans bornes, plus étendue
que tous les désirs, supérieure à tous les obstacles, maîtresse de
tous les biens.
11 fallait qu'il eut la connaissance de tous les désirs et de tous
les besoins. 11 fallait qu'il fut partout, attentif à tout, agissant
sans cesse. Il fallait qu'il fût Dieu pour exaucer toute prière faite
en son nom.
Il n'y a de prière vraiment grande, bonne, clïicace que celle qui
s e fait au nom d e J . - C ; et celle qui n e se fait point en ce nom,
s'appuyant sur une vaine présomption au lieu de s'appuyer sur les
mérites d e J . - C , « loin de détruire le péché, devient elle-même
r
, , , An*. En. in P s . 108.
un pcclie. » n. 9 .
Un peu plus loin, le Sauveur revenant encore à ce sujet disait : COMBIEN PUISSANTE
xvi.
En vér ité, en vérité, je vous le dis : Tout ce que vous demanderez
à mon Père en mon nom, il vous le donnera.
« C'est à dessein, dit S. Augustin, qu'il diL : Il vous le donnera.
II veut que Ton comprenne que les grâces promises seront
assurées à ceux qui les demandent. La prière des saints sera
sûrement exaucée quand ils prient pour eux-mêmes, mais non
quand ils intercèdent pour les autres. C'est pourquoi il dit : //
vous le donnera, e t non il le donnera en général. » Toutefois des M. Tr. toi
n J o i n n !
exemples nombreux nous prouvent la puissance d e la prière faite " "*
pour les autres.
« Il y aura aussi des moments où nous demanderons en
son nom, e t où nous ne serons pas exaucés. Nous lui demandons
par exemple que son règne arrive, et il semble que notre prière
demeure sans réponse. Parce qu'il ne nous fait pas régner
aussitôt avec lui, il ne repousse pas notre demande ; il diffère
pour l'exaucer quand l u temps sera venu. Ne m a i s lassons pas de
semer par la prière : nous moissonnerons quand le temps sera Au». Tr. 73
in J m b n
venu. » - - *•
Devant l'immensité des biens assurés à la prière, devant la mes-
470 CCLXXXIII — L E DISCOURS A P R È S LA CÈNE
s. * d é m e n t s . COMMANDEMENTS D E
J c
Il veut qu'ils lui donnent cette preuve d'amour qui sera en même '" "
temps pour eux une consolation et une préparation aux grâces les
plus hautes.
« Il les voyait troublés, dit S. Jean Chrysostôme ; et il leur dit
tout d'abord : se troubler, ce n'est pas là de l'amour. Aimer, c'est
faire ce qui a été commandé. » Faire ce qui a été commandé c'est C h r y i . ilomil. 75
nJ o
rendre hommage à celui qui a commandé, c'est entrer dans ses * " " *'
vues ct ses sentiments, c'est s'unir à lui. Nous n'aurions d'autre
consolation sur terre que celle-là, de savoir que nous faisons la
volonté de notre Maître, ne serait-ce pas une grande consolation?
Faire ce qui a été commandé c'est le moyen de donner à l'amour
plus de solidité, il devait leur dire tout à l'heure : Si vous gardez
tv. 10. mes commandements, vous demeurerez dans mon amour. Le
véritable amour n'est pas dans le sentiment ; il n'est pas non plus
dans les hautes spéculations qui pcuvcntnous jeter dans l'illusion.
« Prenez donc garde, dit Bossuet, à Pamusoment, j'oserai le dire,
à la séduction des entretiens de piété qui n'aboutissent à rien :
tournez tout à la pratique. i> La pratique des commandements est tiossuet. Médit, sur
t
1- CèBe 4 p
la preuve de l'amour et le moyen de le rendre plus solide, c La s^*]. * * ' '
preuve de l'amour, dit S. Grégoire, c'est le témoignage des
œuvres. Jamais l'amour de Dieu ne demeure oisif : quand il existe,
il opère de grandes choses ; ct quand il se refuse à agir, ce n'est | # G r 6 f 0 r H o m i
c'est par ce Paraclet que la charité est dans les cœurs, et que
nous recevons la force pour observer les commandements ?
T
L amour que nous aurions pour J . - C serait-il un amour prélimi
naire distinct de l'amour que nous avons pour le Père ? Non ce
serait là une erreur. Celui qui croif aimer J . - C et n'aime pas le
Père, en réalité n'aime pas J.-C. : il aime un Christ qu'il s'est forgé AU*. Tr. 74
, n Jo4n D
lui-même. * * *•
Kt au témoignage de l'Apôtre, personne ne peut appeler Jésus
1
le Seigneur, sinon dans l'Esprit S : personne ne peut sans l'assis
1
tance de l'Esprit S dire cette parole comme elle doit é i r e d î l e ,
d'esprit, de cœur et de bouche. Personne ne dit cette parole sans
aimer, et les Apôtres la disaient, et la disaient ainsi : n'avaient-ils
!
point l'Esprit S ? Et J.-C. leur recommande de l'aimer et d'obser
1
ver les commandements pour recevoir l'Esprit S !
• Oui. dit S. Augustin, mais il y a des des degrés dans la
1
possession do l'Esprit S . L'Esprit S' était déjà dans les Apôtres,
1
mais non dans le mode ou J . - C le leur promettait. L'Esprit S peut
agir dans les âmes en secret, ct il peut y agir dans la plénitude
de ses dons et en donnant la conscience de son action. 11 peut être
donné à celui qui ne l'a pas, pour qu'il le possède, ct à celui qui
le possède déjà pour qu'il le possède encore davantage. » b. D. » .
1
« Seul, J.-C. a possédé l'Esprit S sans mesure: c'est de lui que
Jean-Baptiste disait : Dieu ne lui a pas donné l'Esprit avec
mesure. C'était accompagné partout parla grâce deTEspritS^pic
l'homme-Dicu était le médiateur des hommes et de Dieu. Et
lui-même déclarait que l'oracle d'Isaïe. L'Esprit de Dieu est sur
moi, s'était accompli en lui. Que le EilsdeDieu soit égal au l'ère, ce
n'est pas par grâce, mais par le Tait de sa naissance. Que l'homme
ait été assumé par le Eils, dans l'unité de personne, ceci est un
uffel de la grâce, au témoignage de l'Evangile : IS enfant croissait
plein de sagesse, et la grâce de Dieu était en lui. La grâce
lui a été donné sans mesure ; aux autres, elle a été donnée avec
mesure. » ih. n. 3.
Mais la mesure dans laquelle il donnera le Paraclet aux Apôtres L'ESPRIT DE VÉRITÉ
CCLXXXV
Ms'eourtt après la O r n e
V. lia vérltalile m a n i f e s t a t i o n de Jénii».
Pour révéler la Trinité tout entière, il veut donc montrer aussi 10.
l'Esprit Saint enseignant. Cependant parcelle parole, fl vous rap-
pellera, il veut nous apprendre que les enseignements dont il
nous parle appartiennent à l'ordre de la grâce, et que cet ordre
ib. n. t. est attribué à l'Esprit Saint. » La lumière se fera au dedans, et
l'intérieur de l'homme est regardé comme le domaine de l'Esprit St.
La lumière viendra do l'amour, cl l'amour est regardé comme
l'œuvre propre de l'Esprit Saint.
1
L'œuvre accomplie par l'Esprit S ne fera que continuer l'œuvre
du Fils. C'est pourquoi Jésu=î dit que le Père l'enverra en son
nom, « son nom qui révèle sa nature et sa personne. Il est envoyé
au nom du Fils, non comme serviteur du F i l s ; non comme
dissemblable ou séparé du Fils. Moïse avait été envoyé au nom de
relui qui est. au nom du Tout-puissant, Envoyé au nom du Fils,
l'Esprit Saint nous apparaît intimement uni au Fils,* et c'est
V. LA VÉRITABLE MANIFESTATION DE JÉSUS 481
Disc, a p r è s l a C c n c . — VI. Un n o u v e a u m o t i f de j o t e ,
la glorification de J é s u s .
Père: et il s'était anéanti, il avait pris la forme de l'esclave, sans Forma fjolppè t e r
ri accessit, non for
perdre toutefois sa dignité de Fils de Dieu. C'est en raison de ma l'ei recessit: h » e
cette nature dans laquelle il est descendu qu'il dit : Mon Père est e s t issu m p u , non
illa consumpU. Au*.
plus grand que moi. » T r . 78. o. 1.
« Mon-Sauveur, que vous êtes grand ! s'écrie Bossuet, puisque
vous avez besoin d'avertir les hommes que votre Père est plus
grand que vous. Si un autre que vous disait : Dieu est plus grand
que moi, on lui répondrait: Qui en doute ?... Mais comme il y a
en J.-C. une grandeur pareille à celle de Dieu, en sorte qu'il ne
craint pas de ce côté de traiter d'égal avec Dieu, et que dans tout
le discours que nous avons ouï, il montre cette égalité ; il a été
nécessaire de nous faire souvenir aussi de l'endroit par où le Père
est plus grand que lui, de peur qu'on n'oubliât qu'étant Dieu, il
s'était humilié et anéanti jusqu'à prendre non seulement la forme
Bossuet. I.a Cène
d'esclave, mais encore la tigure-du pécheur. » 98* j .
« Le Christ, c'était ces trois choses : le Verbe de Dieu, une àme
raisonnable, un corps humain. Quand nous disons de lui :11a créé
le ciel et la terre, nous parlons de lui en tant que Dieu. Quand
nous disons : II a été crucifié sous Ponce Pilate, nous parlons de
lui en tant qu'homme. Quand nous disons : Dieu ne l'a pas laissé
dans les enfers, nous parlons du Christ dans son Ame. Rt quand
nous disons : Il a reposé trois jours au tombeau, nous parlons du
Christ en son corps. » A a g . Tr. 78. n 3.
« Mais pourquoi, ô hérétique, le Christ étant Dieu et homme,
quand il parle en tant qu'homme, calomnies-tu le Dieu ? Il a voulu
en lui relever la nature humaine ct tu rabaisses en lui la nature
divine. Infidèle, ingrat, tu amoindris celui qui t'a fait, parce qu'il
t'a dit ce qu'il s'était fait par amour pour toi. » i b . n . t.
Pour nous, répondant au vœu du Christ, nous nous réjouissons COMMENT IL SERU
GLORIFIÉ PAR CE RE
de ce que celte nature humaine, dans laquelle lu Verbe s'est humilié, TOUR AU PERE
dans laquelle il a opéré notre salut, soit exaltée et établie dans la
gloire de Dieu ; « que la poussière devenue incorruptible soit mise
à la droite de Dieu. » Avec un saint religieux qui, au milieu de Ib. D. 3 .
cruelles souffrances, disait: Je pense que N.-S. J.-C. est au ciel,
qu'il y est bien, et cette pensée me fait du bien; nous aimons à pen
ser aux gloires de notre Sauveur, ct cette pensée est pour nous une
source de joie. Avec les Anges du ciel qui entourenticSauvcur.nous
aimons à dire : L'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir
puissance, divinité, richesse, sagesse, force, gloire, bénédiction;
T. V. 1 1 action de grâces. C'est là l'acte de la suprême justice, ct nous
nous honorons en nous associant aux Anges pour le célébrer.
Il est juste que nous nous réjouissions de la gloire de J . - C , non
seulement parce qu'il la mérite, mais encore parce que celte gloire
doit être la nôtre. « S'en aller vers son Père, c'était pour Jésus,
dit S. Augustin, rendre immortelle la nature qu'à cause de nous il
avait assumée mortelle. Qui ne pourrait se réjouir de voir la
486 CCLXXXVI — DISCOURS A P R È S LA C È N E .
CCLXXXVII
Justin. DUI. cnm. elle est taillée, plus elle multiplie les branches qui portent du
Trjph. n. 110. Fruit. »
Kn montrant dans son Père, à ses disciples, l'agent de leur
sanctification. J.-C. se montre aussi à eux comme cause de sancti
fication. V o u s ê t e s p u r s , leur dit-il, à c a u s e d e la p a r o l e q u e
je v o u s ai d i t e .
« lis sont purs déjà : mais ils doivent être purifiés toujours
davantage. Ils peuvent porter du fruit, mais il faudra qu'ils soient
An*. Tr. 80. n. 3. taillés pour en porter davantage. » Et il en sera ainsi de toute
Ame qui appartiendra à J.-C. .'jamais elle ne pourra dire: Je suis
assez pure.
Et ils sont purs par la vertu de sa parole qu'ils ont reçue avec
foi : ht foi a purifié leurs cœurs. Celte parole exercera son action
sancliliaute dans tous les sacrements qu'il a institués pour les
purifier. « C'est cette parole, dit S. Augustin, qui donne à l'eau
du baptême sa vertu. Eloignez la parole et Peau n'est plus que de
l'eau. Que la parole vienne se joindre à une substance matérielle
et vous avez un sacrement : le sacrement est lui-même comme une
ib. n. 3 . parole tangible. »
« Cette parole qui appelle la foi est si puissante que par l'inter
médiaire de celui qui croit, qui présente un enfant, qui le bénit,
qui verse l'eau sur lui, elle a la vertu de purifier cet enfant avant
ib. qu'il n'ait l'Age de raison. »
Et l'action de Jésus, la parole de Jésus ont ce pouvoir de vivifier,
parce que Jésus puise sa vertu aux profondeurs infinies de la divi
nité. « II ne serait point la vigne s'il n'était homme, » dit S. Au
gustin : il ne pourrait avoir avec nous cette union intime, cou stan te.
< Mais il n'aurait point cette vertu qu'il communique aux rameaux,
ih. Tr. RI. D 3 . s'il n'était Dieu. «
CONDITION DE LA VIE Pour recevoir cette vertu, il faudra qu'ils se tiennent toujours
L'UNION A J.-C. unis à celui qui est pour eux la source dévie. D e m e u r e z e n m o i ,
e t m o i e n v o u s . G o m m e l e s a r m e n t n e p e u t p o r t e r d e fruit
d e l u i - m ê m e , s'il n e d e m e u r e u n i a u c e p , v o u s n e l e p o u v e z
non p l u s si v o u s n e demeurez e n moi. f. I
« Ces paroles, dit S. Augustin, nous disent ce que c'est que la
id. Tr. 82 n. î . grace et quelle en est la nécessité. » U y a des hommes qui se
croient justes et qui s'attribuent à eux-mêmes leur justice. Mais,
loin de J.-C.. quel fruit digne de la vie éternelle accomplissent-ils?
« Celui qui se figure porter du fruitparlui-même, celui-là n'est pas
uni au cep: celui qui n'est pas uni au cep n'est pas dans le Christ,
Ib, et celui qui n'est pas dans le Christ n'est pas chrétien. » C'est
pourquoi il leur dit : Demeurez en moi, et moi en cous.
J.-C. EN NOUS ET Comment serons-nous en lui, et comment lui sera-t-il en nous ?
NOUS EN LUI Nous serons en lui en nous attachant à lui ; et il sera en nous en
Çloisi agissant en nous.
VII. L'UNION A J.-C.
L'UNION A J.-C. VÉ Connaître que notre vie est entée dans le Christ, qu'il est la
RITÉ CAPITALE
racine où nous puisons sans cesse la vie, la tête qui influe sur tout
le corps, c'est la vérité capitale de notre foi. « Vous qui êtes les
enfants do l'Eglise et de la foi catholique, retenez ceci et fixez-le
dans votre mémoire comme la base de toute science, à savoir
que le Christ est à la fois la tête et le corps, et que le Christ est le
Verbe de Dieu, le Fils unique de Dieu, égal à son Père. Voyez
donc de quelle façon nous touchons Dieu : le Christ a voulu être
un avec nous, en demeurant un avec le Père .. Le Christ et
l'Eglise sont deux, dans une chair unique... Ne nous étonnons
plus si dans les Psaumes bien des choses sont dites dans la per
sonne du chef, et d'autres dans la personne des membres, et cela
comme s'il n'y avait qu'une seule personne. Ne vous étonnez pas
qu'il n'y ait plus qu'une seule voix, puisqu'il n'y a plus qu'une
AUR. la P S . Ut. seule vie. » « C'est là la plus grande grâce que Dieu pouvait faire
n. 3.
aux hommes... Le Verbe demeurant un avec le. Père se fait un
avec nous. Dans les prières que nous adressons à Dieu, nous ne
séparons pas le Fils du Père ; et nous nous tenons unis à celui
qui est notre tete, nous qui sommes ses membres ; en sorte que
notre Sauveur prie pour nous, prie en nous et est prié par nous. 11
prie pour nous comme notre Pontife; il prie en nous comme notre
Id. In P s . 85. Init. tête ; et il est prié par nous comme notre Dieu. » Comme est admi
rable l'unité établie dans le Christ et par le Christ !
FRUITS DE CETTE Et voici quel sera le fruit de cette demeure dans le Christ. Si
UNION : PUISSANCE vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous,
DANS LA PRIERE
v o u s d e m a n d e r e z t o u t c e q u e v o u s v o u d r e z , e t il v o u s sera
accordé.
« Il peut arriver, dit S. Cyrille, que quelqu'un demeure dans le
Christ par une racine de foi qui se conserve en lui, et que les
paroles du Christ no demeurent pas en lui : elles n'entrent ni dans
son àme ni dans sa vie. Celui qui veut jouir de tous les biens que
procure l'union au Christ, doit, comme le Psalmistc, faire péné-
trer ses paroles au plus profond de son cœur, afin de ne pas
pécher contre lui. Cette parole est comme une flamme. Si le Tcu Pi. II»,
enfermé dans un vase d'airain écbaulTc le vase qui le renferme,
la parole de Dieu enfermée dans notre àme Téchauflcra, la soulè
vera, la remplira de désirs célestes; et nous serons sûrs d'obtenir
Cvrlll. h. 1. tout ce que nous demanderons. »
« En demeurant dans le Christ, ils ne demanderont que les
choses qui plaisent au Christ, les choses vraiment bonnes. Nous
avons quelquefois des vouloirs discordants parce que nous sommes
à la fois dans le Christ et dans le siècle. Complètement établis
en J . - C . nous ne demanderons plus que ce qui nous est bon, et
Aug. Tr. 81. n. 4. nous sommes sûrs de l'obtenir. »
Etant entrés dans les pensées de Jésus, ayant reconnu que sans
lui nous ne pouvons rien, que par lui nous pouvons tout, nous
VII. L'UNION A J.-O. 495
sommes sûrs d'obtenir tout ce que nous demanderons : Car, EST |N°TÊRESSÉEG È R E
8# 18r
recevoir. » La tête est faite pour communiquer la vie, et Jésus a P- i-
été envoyé pour se donner à nous. G o m m e m o n P è r e m'a a i m é , ' C E
NÉCES- S T U H E
r
. . . . . i!TÉ POUR LE F I L S
i. a. a i n s i je v o u s a i a i m e s .
Puisque son Père l'a aimé, c'est pour lui une nécessité de nous
aimer. S. Paul dira en parlant de l'amour que le Christ a eu pour
nous et qui le forçait à aimer : L'amour du Christ pèse sur moi et.
me presse d'aimer. Jésus sent sur son cœur le poids de] l'amour
infini de son Père, et ce poids le force à aimer. Il glorifie ainsi,
son Père en nous montrant la source première d'où vient notre
salut. « Nous ne pouvons accomplir des œuvres bonnes sans la
foi qui opère par l'amour. Et comment aimerions-nous Dieu si
nous n'avions été aimés d'abord ? » Au*, ai. supr
Voulant nous dépeindre son amour en même temps qu'il nous
en donne le motif, il nous le montre semblable à l'amour dont sou
CCLXXXVII — DISCOURS A P R È S LA CÉNE.
Père l'a aimé. Le Père se complaît dans le Fils ; il lui dit tout;
il lui rend témoignage; il le glorifie. Ainsi le Fils se complaira
en ceux qui seront à lui : il leur dira ses secrets; il sera avec
eux ; il les exaltera. Le Père l'a aimé d'un amour éternel : ne crai
DEMEURER gnez donc pas qu'il cesse jamais de vous aimer. C'est pourquoi il
DANS SON AMOUR leur dit : D e m e u r e z d a n s m o n a m o u r .
Dans quel amour nous invite-t-îl à demeurer ? Dans celui qu'il
nous porte ? ou dans celui que nous lui portons ? a Tout à l'heure
il nous parlait de l'amour qu'il nous porte. Il s'agit donc do
Au*. Tr. 8 1 D . 3 .
IU f-yrill. Uedt, Tho»
demeurer dans cet amour. » 11 suffit de demeurer dans le rayon
mas. nement de cet amour pour posséder les fruits de cette union si
précieuse : son amour est créateur. Quand un sujet jouit de la
faveur de son souverain, il n'est pas besoin de lui dire : Demeurez
en cette faveur. Pourquoi faut-il que J.-C. ait besoin de nous
dire : Demeure/ dans mon amour ?
Et il nous indique une condition qui nous donnera l'assurance
CONDITION DE CETTE que nous demeurons dans son amour. S i v o u a g a r d e z m e s c o m
DEMEURE DANS L'A
MOUR mandements, v o u s demeurerez dans m o n amour.
« Ne faut-il pas. pour que les commandements soient observés,
que l'amour précède ? Oui, certes; mais en nous disant cela, il
veut nous indiquer non la source de l'amour, mais sa manifesta
tion. Qu'on ne se fasse pas d'illusion et qu'on ne dise pas qu'on
l'aime, si on n'observe pas ses commandements. » Ses commande-
monts ne sont que la révélation de ce qu'il aime. Si nous aimons le
législateur, nous aimerons tout ce qu'il commande.
VA cet amour que nous acceptons devient notre grande force,
f C'est parce qu'il nous aime, dit S. Augustin, que nous avons
ib. la force d'observer ses commandements. »
Si v o u s gardez m e s commandements v o u s demeurerez
d a n s m o n a m o u r , c o m m e j'ai g a r d é m o i - m ê m e l e s c o m m a n
d e m e n t s d e m o n P è r e e t je d e m e u r e dans s o n amour.
« Cet amour dont le Père aimait son Fils élait-il aussi uno
grâce ? Oui, certes, dit S. Augustin, c'était la grâce propre du
Médiateur. J.-C. était médiateur en tant qu'il était homme; et en
tant qu'homme il avait sa grâce : c'était l'amour dont son Père
l'aimait : il demeurait dans cet amour, et les commandements de
id. n. 4. son Père lui devenaient doux. » <• Ces commandements étaient en
eux-mêmes bien durs : il fallait souffrir et mourir : et l'amour do
son Père dont il se sentait enveloppé les lui faisait accomplir avec
Alcnin. joie. »
Ils pourront rencontrer bien des tristesses, o 11 se trouvait lui-
même à un moment bien dur ; et cependant il leur parle d'une
r.hr.ts. Homil. 77 joie qui remplit son cœur, et la joie sera toujours en eux, s'ils
in Joan. n . t .
sont fidèles à celte union à laquelle il les convie. » J e v o u s ai
JOIE OE JÉSUS EN
NOUS ET DE NOUS EN
d i t c e s p a r o l e s , afin q u e m a joie s o i t e n v o u s , e t q u e v o t r e joie
JESUS soit accomplie.
Vir. L ' U N I O N A J.-C.
ainsi devons-nous donner notre vie les uns pour les autres. Car **•
il est écrit au livre des Proverbes : Quand vous vous assoirez à
la table du prince, regardez avec soin quels mets vous sont p,. xx 0T(
service de Dieu. » C'est ce que l'Esprit de Dieu nous fait sentir iren. c. luer.
dans l'amitié que Jésus contracte avec nous. . e. 1 . n. t.
Et enfin pour amener leur amour fraternel à toute sa grandeur, S E S FRUITS
Chrvs. Ane. Cvrill. (t) Plusieurs Pères interprètent cette parole d a n s un sens négatif: P o u r -
Albert. r a i e n t - i N , n y n n t r e p o u s s é m u p a r o l o , u r e « p 1er In v o t r e ? L e p r e m i e r s e n s , p o u r
l e q u e l s e p r o n o n c e S . T h o m a s , e s t le p l u s v r a i s e m b l a b l e .
IX. LES ADVERSAIRES : LE MONDE 507
et d'être haïs à cause de Dieu, il révèle combien est grand le crime I E S HAÏSSENT
CETTE HAINE REMONTE « Ils prétendaient soutenir contre Jésus la cause de Dieu, et il
JUSQU'AU PERE
met à jour leur malice secrète qui s'attaquera à Dieu lui-même. »
Cbrys. a t s u p r . Celui qui m e hait, hait aussi mon Père.
11 avait, pour prouver qu'il était l'envoyé de Dieu, donné toutes
les preuves que Dieu avait indiqué à Moïse. Je leur susciterai du
milieu de leurs frères un Prophète semblable à vous; je lui met-
trai mes paroles dans la bouche, et il leur dira tout ce que je lui
ordonnerai. Si quelqu'un ne veut pas entendre les paroles que
ce Prophète prononcera en mon nom, c'est moi qui vengerai cette
révolte. Si vous dites en vous-même : Comment pourrai-je dis-
cerner la parole que le Sauveur n'a point dite ? Voici le signe
auquel vous reconnaîtrez la vérité de ses paroles : Si ce que ce
Prophète a prédit au nom du Seigneur n'arrive point, c'est une
marque que le Seigneur ne r avait point dit, et que ce Prophète
Pavait inventé par orgueil. Jésus avait donné surabondamment
ces preuves. Si je n'avais pas fait parmi e u x des œ u v r e s que
personne n'a faites, ils n'auraient point de péché ; mais
maintenant ils les ont v u e s , ' e t ils m'ont haï, moi et mon
Père.
Et c'est afin que s'accomplisse la parole qui est écrite
dans leur loi : ils m'ont haï sans motif.
INJUSTICE DE LA Le juste haï sans motif, où plutôt à cause de la justice, avait
NAINE DE J.-C.
été un type plusieurs fois représenté dans l'ancien Testament
(v. pj. 34. ut etfia,?;) : ce type devait avoir sa pleine réalisation en
J.-C. : Jésus fut haï ; personne n'a jamais été haï autant que lui.
« Kt qu'y avait-il de haïssable en J . - C ? Etait-ce le fait de les
avoir délivrés de la mort, de la tyrannie du péché ct du démon,
de les avoir appelés à l'adoption des enfants de Dieu, à la commu
nion de la nature divine, à la société des Anges, de leur avoir
Cyrill. h.
ouvert l'entrée du ciel ? Oui, ou la haï à cause de tout cela. » Et
il a été haï parce qu'il est venu accomplir sur terre la grande
œuvre d'amour. On l'a haï et l'on a haï son Père avec lui : on Ta
haï à cause de sa bonté infinie.
C'est là le péché par excellence, o Aimer le péché, dit S. Gré
goire, c'est une faute plus grave encore que de le commettre, et
avoir haï la justice est une faute plus grave que de ne l'avoir pas
accomplie. 11 y a dos hommes qui non seulement ne font pas le
le bien, mais le persécutent, et haïssent dans les autres ce qu'ils
ne veulent pas faire eux-mêmes. Dans cette faute il y a, non plus
Gregor. Moral. 1. 25. seulement ignorance ou faiblesse, mais volonté ; la faute par
c. 11. n. «8. conséquent est plus grave. »
AU MILIEU DE CES Au milieu de cette haine et de ces persécutions, ils accom
HAINES LES DISCIPLES pliront l'œuvre grande et féconde par excellence, l'œuvre contre
RENDRONT T É M O I 1
GNAGE AVEC L'ESPRIT laquelle aucune opposition ne pourra prévaloir : avec l'Esprit S
SAINT ils rendront témoignage à Jésus: Lorsque le Paraclet sera
v e n u , l'Esprit de v é r i t é qui procède d u Père, q u e je v o u s
IX. LES ADVERSAIRES : LE MONDE
e n v e r r a i d e l a p a r t d u P è r e , il r e n d r a t é m o i g n a g e đ e
moi.
Et vous aussi v o u s rendrez témoignage, parce que v o u s
êtes avec moi depuis le commencement.
Admirons la pensée de notre Maître se tenant toujours au milieu
des plus hautes réalités ; en même temps qu'il voit cette haine qui
le poursuit et qui doit continuer à poursuivre ses disciples, il
demeure dans la communion de l'Esprit qui procède du Père, ct
qui procède aussi de lui puisqu'il peut l'envoyer: « il voit cet
Esprit lui rendant témoignage dans les cœurs ; il le montre à ses
Apôtres lui rendant témoignage dans leurs cœurs, pendant qu'eux-
mêmes lui rendront témoignage au dehors ; il sera l'inspirateur,
pendant qu'ils seront la voix ; » au milieu des haines et des per- Aug. Tr. 93. o . i .
1
séculions, ils feront la même œuvre que l'Esprit S , ils seront ses
associés; « et ce double témoignage sera si puissant qu'il amènera,
comme à la Pentecôte, plusieurs de ceux qui haïssaient J.-C. à
croire en J.-C. » M» Tr. 91 D. 1 .
(c Si vous voulez connaître, dit S. Augustin, la puissance de ce
témoignage de l'Esprit Saint venant corroborer le témoignage
des Apôtres, voyez à la Pentecôte cet homme dont les lèvres
tremblantes s'étaient refusées à rendre à J.-C. lo témoignage
qu'il attendait de lui, et qui maintenant, seul, devant une foule
nombreuse, rend témoignage de la Résurrection de J . - C , convertit
autant de fois mille personnes qu'il avait eu de reniements et
amène ceux qui avaient mis à mort J.-C. à mourir pour lui. • ib. o. s.
Aussi le Sauveur ne craint pas de les mettre on face des persé
cutions qui les attendent, persécutions dans lesquelles ils souf
friront avec lui et pour lui, dans lesquelles ils seront soutenus par
l'Esprit Saint. J e v o u s ai d i t c e s c h o s e s p o u r q u e v o u s ne
VI. 1. s o y e z p a s s c a n d a l i s é s .
11 y avait en effet une cause de scandale dans cette haine contre
le Messie et son royaume qui avaient été annoncés par les P r o
phètes en termes si magnifiques.
Ils v o u s chasseront de leurs s y n a g o g u e s ; et m ê m e VIOLENCE
D E u P E R S Ê C U T J o M
l'heure v a v e n i r où q u i c o n q u e v o u s fera mourir croira
t faire œ u v r e a g r é a b l e à D i e u .
L'excommunication était une des peines les plus dures qui
pussent être infligées aux membres de ce peuple qui s'honorait
avant tout d'être le peuple de Dieu. Les disciples du Christ devaient,
avant de mourir, connaître cette peine qui était aussi dure que la
mort, car c'était une mort morale.
Puis il leur faudrait mourir. Et encore s'il ne s'agissait que de
mourir ! La mort les réunirait au Sauveur; mais il leur faudrait >d. Ib. n. 3 .
subir la mort des êtres malfaisants, mort que l'on regarde comme
un bienfait pour la société ct la religion. Paul allirma que perse-
510 CCLXXXIX — LE DISCOURS A P R È S LA CÈNE
vu. n'était pas encore donné) parce que Jésus n avait pus encore été
glorifié. II fallait que Jésus fut établi en sa gloire pour nous
envoyer l'Esprit Saint. 11 fallait que les trois personnes de la
Sainte Trinité coopérassent à cette nuivre de notre salut qui devait
nous amener dans le sein de la Trinité, le Père nous adoptant,
1
l'Esprit S nous sanctifiant, et Jésus remonté dnns la gloire qu'il
1
avait eue avant lous les siècles dans le sein de Dieu. « L'Esprit S ,
dit S. Augustin, ne s'était pas incarné comme le Verbe : il fallait
donc que Jésus, dans cette forme d'esclave qu'il avait prise par
amour pour nous, fut remonté vers son Père, afin d'établir son Au(( U e T r i n [ l L u
1
égalité avec lui, pour que l'Esprit S put descendre en nous. » 9- w.
51Š CCLXXXlX — L K D I S C O U R S Afntrcs L A C K N E .
1
La venue de l'Esprit S sera donc la conséquence du départ de
Jésus. Si fe m'en vais, je vous renverrai. U accomplira une œuvre
merveilleuse de lumière, complétant l'œuvre commencée par JOID. X
Jésus. S i je m ' e n v a i s , je v o u s r e n v e r r a i . '""à."
LE TRIPLE TÉMOI- E t lorsqu'il s e r a v e n u , il c o n v a i n c r a l e m o n d e d e p é c h é ,
E l K P W T d e l a u s t i o e e t d u u m e n t
SAINT ° î J g« :
D e p é c h é p a r c e q u ' i l s n ' o n t p a s c r u e n moi ; Y. 9.
D e la j u s t i c e , p a r c e q u e j e m ' e n v a i s à m o n P è r e e t q u e
vous ne me verrez plus; v . 10.
E t d u j u g e m e n t , p a r c e q u e l e p r i n c e d e c e m o n d e e s t déjà
T
jugé. -
« O s paroles sont pleines de mystère et de profondeur, dit
A OR. Tr. 94. n. G. S. Augustin : Que Dieu nous aide à les comprendre! »
u J.-C. avait convaincu le monde de péché : Si fe n'étais pas
venu, disait-il, ils n'auraient point de péché; et maintenant ils j , . x oin
spirituels ; car mieux que les autres, ils savent ce que la croix de
J.-C. «apporte de grâces. Si les hommes, qui ne veulent être que
des hommes, savaient comment J.-C. crucifié a été fait pour nous,
par Dieu, sagesse, justice, sanctification, rédemption, afin que
quiconque se glorifie ne se glorifie qu'en Dieu, ils ne voudraient Anff. T r . 9 8 . n. l - î - 3 .
plus se glorifier dans l'homme, mais diraient : Je suis à J.-C. » (Summitim).
« La foi catholique doit être exposée à tous, car elle est la même
pour tous ; cependant il ne faut pas exposer à tous les
mystères dans toutes leurs profondeurs, de peur que des intel
ligences insuffisamment préparées ne les prennent en dégoût.
Le symbole, l'Oraison dominicale, c'est du lait pour les enfants ; » ib. n. 5.
et cependant toute la doctrine y est en germe.
« J.-C. le Verbe fait homme, est le lait des enfants ; et il est
aussi la nourriture des plus hautes intelligences, puisqu'il est le
Maître des Anges. C'est pourquoi quand on donne le lait aux
enfants, il no faut pas trop voiler le Dieu ; et quand on veut les
faire participer à la nourriture solide, il ne faut pas eu leur faisant
contempler le Dieu faire disparaître l'homme. • ib. n. 6.
Ainsi il n'y a pour tous les disciples de J.-C. qu'une doctrine ;
mais cette doctrine est vaste, infinie comme Dieu, et on y progresse
1
autant qu'on y est conduit par l'Esprit S .
J.-C. indique lui-môme à l'avance la sphère dans laquelle L'ESPRIT S. DON
NANT L'INTELLIGENCE
s'exercera l'action de l'Esprit S*. Il n e p a r l e r a p a s d e l u i - m ê m e , DE LA DOCTRINE OE
m a i s il v o u s d i r a t o u t ce qu'il a u r a e n t e n d u . J.-C.
« 11 ne dira rien de contraire, ni rien d'étranger à mes paroles,
rien qui lui appartienne en propre : il redira mes paroles. Jésus
avait dit en parlant de lui : Je ne dis rien par moi-même, je ne
dis aucune parole qui me soit propre, aucune parole qui soit étran
gère à mon Père ; jo ne dis que les paroles que j ' a i entendues de
1
mon Père : » en montrant l'Esprit S répétant les paroles qu'il a Chrvi. l i o n . 78.
' D. ï .
entendues du Père et du Fils, tandis que Satan, qui parle de son
propre fonds, ne dit que le mensonge, il donne dans cette unité
une preuve de la vérité de cet enseignement. Ils auront une preuve
de la vérité de ses paroles dans le témoignage que leur rendra
1 1
l'Esprit S , et le témoignage qui lui sera rendu par l'Esprit S sera
le critère auquel ils pourront reconnaître sûrement l'intervention
1
de l'Esprit S . Personne d'après S. Paul, ne pourra reconnaître la
divinité de Jésus, sinon dans l'Esprit S*.
« // ne dira que ce qu'il a ouï; mais il a tout ouï, aussi
cnseignera-t-il toute vérité. Il est dans le conseil où l'on dit tout. Bossuet. \A C è n e .
Le Père dit tout par son Fils ; le Fils dit tout par sa naissance. » «• p 2i« j .
« Mais quelles furent donc, dit Origène, ces vérités que les
Apôtres ne pouvaient encore porter et qui leur furent révélées par
1
l'Esprit S ? Pouvait-on leur dire des vérités plus fortes que celles-ci,
qu'on les haïrait jusqu'à croire servir Dieu en les massacrant,
qu'ils auraient à subir l'exécration de la synagogue ? Oui, ces
518 CCXC — DISCOURS A P R È S LA CÈNE.
même : que le Père seul est par lui-même, que le Fils est né du
:t>. Père, et (pie le S. Esprit procède du Père. »
« Mais si le Fils est engendré, pourquoi le S. Esprit ne l'est-il
p a s ? Ne cherchons point, dit Rossuct, les roisons de cette incom
préhensible différence. Disons seulement: s'il y avait plusieurs
Fils, plusieurs générations, le l'ère serait imparfait, la génération
le serait aussi. Tout ce qui est infini, tout ce qui est parfait est
unique : et le Fils de Dieu est unique, à cause aussi qu'il est
Bossnet. La Cène.
2« p . 7i» parfait. »
« Nous disons que l'Esprit S* procède, et non qu'il est né du
Père et du Fils pour écarter de cette procession, dit S. Augustin,
tout ce qu'il y a d'imperfection dans la génération humaine, où
1
ceux qui engendrent se complètent l'un par l'autre. L'Esprit S
An(r. Tr. 99. n . 9» procède en même temps du Père et du Fils. »
// recevra de ce qui est à moi... « Que personne ne se trouble,
«lit S. Cyrille, en entendant celte parole au futur. Nous parlons
comme nous le pouvons des choses divines : mais il faut sans
cesse nous élever au-dessus des imperfections de notre langage :
1
l'Esprit S reçoit du Père et du Fils, mais sans qu'il y ait eu un
moment où il n'avait pas leur intelligence et leur puissance; tou
jours il possède l'intelligence et la puissance, bien plus il est
C y r i l l . h I. l'intelligence et la puissance mêmes. »
« H recevra de ce qui est à moi, comme je reçois moi-même de
ce qui est à mon Père. Ce lien du Père qui le fait être dans le Fils,
1
dit Tertullien. le lien du Fils qui le fait être dans l'Esprit S , fait
u a
P r a x . °t 'îl y trois personnes unies, procédant l'une de l'autre, qui
Tertsll. ađv.
e. 35. trois sont une môme nature, mais non une seule personne. »
L'ESPRIT S. GLORI Et ayant tout reçu du Fils il le glorifiera. / / le glorifiera, disait
FIANT LE FILS
Jésus. De même que le Fils, ayant tout reçu du Père, l'a glorifié
1
en le faisant connaître au momie. l'Esprit S ayant reçu du Fils
tout ce qu'a le Fils, le glorifiera en faisant connaître à ses dis
ciples les trésors de science qui sont en J . - C
« 11 l'a glorifié, dit S. Augustin, après avoir répandu dans leurs
ereurs la charité et fait d'eux des hommes spirituels, en leur révé
lant comment le Fils est égal au Père, en leur faisant connaître la
divinité de celui qu'ils connaissaient surtout en tant qu'homme ;
en leur donnant, après avoir rempli leurs cœurs d'assurance, de
l'annoncer dans le monde entier. »
« Car la gloire c'est le renom accompagné de louange. C'est
1
par eux, et par l'Esprit S en eux que le nom de Jésus est le plus
célèbre et le plus loué de tous les noms ; et cela non pour l'utilité
du Christ mais pour l'utilité du monde : car louer le bien est plus
avantageux à celui qui loue qu'à ce qui est loué... Connaître
J . - C le connaître dans sa vérité et sa grandeur a été profitable à
An*. Tr. 100. n . i . ceux à qui sa mort avait déjà servi. »
1 16
C'est l'Esprit S , la troisième personne de la S Trinité et qui
X. L'ACTION DU S. ESPRIT DANS LES AMES 521
CCXCl
fit en eJîct, les Apôtres ont été bien puissants par le nom de
Jésus.
Dans son désir de les voir riches et puissants, il leur répète ce
qu'il leur a déjà dit : il les presse de demander en son nom :
Jusqu'ici v o u s n'avez rien demandé e n m o n nom. Demandez
v w
e t v o u s r e c e v r e z , afin q u e v o t r e joie s o i t p l e i n e . * * -
Demander à Dieu par le nom de J.-C. c'est entrer dans toutes
les pensées de J.-C-.. c'est accepter de glorifier Dieu comme lui
par la croix : c'est alors qu'on est puissant : et jusque-là toutes les
l'ois que J . - C avait voulu les élèvera la connaissance de ce
mystère, ce discours leur démettrait caché, et ils craignaient de ( x v ,
l'interroger sur ce sujet. i3.
Je v o u s ai dit c e s choses e n paraboles. Le t e m p s v i e n t où
je n e v o u s e n t r e t i e n d r a i p l u s e n p a r a b o l e s , m a i s o ù je v o u s J o a Q x ;
cette intuition que le Fils n'a pas besoin de prier le Père, mais
qu'il nous exauce avec le Père, l'œil spirituel en a seul le
pouvoir. » ib.
Dieu : C a r i e Père v o u s aime, dit-il, parce que vous m'avez DONS OE OIEU
cette paix qui est le but de la vie chrétienne, cette paix qui est la
fin de tous nos désirs et de tous nos actes ct qui ne doit pas avoir
de fin. » Qu'il était grand celui qui à la veille de mourir promettait ïr- *w« D. 1 .
à ses disciples la victoire et une paix éternelle !
CCXC11
l i a p r i è r e sacerdotale de J . - C *
1. La p r i è r e qu'il f a i t p o u r lui-même.
J é s u s d i t c e s c h o s e s , e t l e v a n t l e s y e u x v e r s l e ciel, il d i t :
Père...
« Après avoir adressé à ses disciples ses instructions, dit RÉVÉLATION
S . Augustin,
A M . n< * •* ' i •
il se tourna vers son Pere, ct se mit a le prier, vou-
DFS
j. C t
DISPOSITIONS OE
D A N S SON SACRI-
rendre à son Pere une gloire égale à celle que le Père lui donne :
celte demande de la gloire qui doit tourner à la gloire du Père,
H i l i r . de Trinit. établit qu'il y a en lui comme en son Père une vertu divine. »
1. 3 . D . 14.
Voilà l'unité parfaite et la parfaite égalité du Père et du Fils
Bossuet. ut supr.
33« j .
établies. « Le Fils glorifie le Père, comme le Père glorifie le Fils. »
Après J.-C. il nous sera permis, à nous, cliétives créatures, de
demander la gloire véritable, la vertu dans la vie présente, la béa
titude dans l'autre.
LA GLOIRE DE JÉSUS Déjà Jésus rend gloire à son Père en déclarant que la gloire
SALUTAIRE AU MONDE
qu'il demande, il la demande pour continuer l'œuvre que son Père
lui a confiée. Afin q u e c o m m e v o u s l u i a v e z d o n n é p u i s s a n c e
s u r toute chair, il donne à tous c e u x que v o u s lui avez
d o n n é s la v i e é t e r n e l l e .
Sur toute choir, prenant de l'homme la partie la plus fragile, où
la mort exerçait ses ravages d'une façon plus marquée ; sa
rédemption s'étendra jusque-là. « Ce n'est plus seulement aux
Juifs qu'il annoncera le salut; c'est à tous les hommes. Toute
choir verra le salut de Dieu, comme l'annonçait le Prophète ; et
Cbrys. nt supr. alors Dieu sera vraiment glorifié. »
Ceux à qui il veut donner le salut, il le rappelle à son Père,
Cyrill. b . l . c'est lui qui les lui a donnés. 11 aimait à rappeler que cette misé
ricorde première venait de lui. Personne ne peut venir à moi si
mon Père qui m'a envoyé ne Vattire vers moi. « Mon Sauveur,
dirai-je avec Bossuet, je me soumets à cette divine et salutaire
puissance que vous avez sur tous les hommes pour les faire vivre.
O Père, donnez-nous à votre Fils de cette manière intime et
secrète, qui fait qu'il demeure en nous, et nous en lui ; en sorte
Bossuet. 30" j . que nous ne nous en séparions jamais. »
LA GLOIRE DE JÉSUS Jésus veut donner au Père la gloire la plus grande : il veut à
AMENANT A LA VIE
ÉTERNELLE ceux que le Père lui a donnés donner ce qu'il y a de plus grand,
la vie éternelle. Kt la vie éternelle, la plus grande chose qui
puisse être donnée l\ l'homme, sera pour Dieu la plus grande
gloire qui puisse lui être rendue. L a v i e é t e r n e l l e c o n s i s t e e n
c e c i qu'ils v o u s c o n n a i s s e n t , v o u s l e s e u l v r a i D i e u , e t c e l u i
q u e v o u s a v e z e n v o y é , J é s u s le Christ.
LA CONNAISSANCE Que Dieu soit connu, qu'il soit connu comme le seul vrai Dieu,
DU PERE ET DE JÉSUS au milieu de tous les faux dieux qu'adorait le monde, qu'il soit
PRINCIPE DE LA VIE
ETERNELLE connu dans sa sainteté, qu'il soit connu dans sa bonté, comme
ayant envoyé J.-C. pour racheter l'homme, pour l'adopter et le
Cyrill. b . l . sanctifier, « qu'il soit connu comme le Père de J . - C , » qu'il soit
connu de cette connaissance qui est préconisée dans l'Ecriture, où
le cœur se réunit à l'esprit pour connaître, de cette connaissance
<pii est la préparation de la connaissance de la vie future, < quand
nous connaîtrons Dieu tel qu'il est, et que la louange accompa
gnera cette connaissance : alors ce sera la glorification parfaite
parce que la louange sera parfaite. Si on a défini la gloire un
I. LA PRIÈRE QU'IL PAIT POUR LUI-MÊME 533
CCXCI1I
La p r i è r e sacerdotale de J *C.
II. lia p r i è r e pour les Apôtres.
Jésus esl égal à son Père, tous les hommes étaient à lui aussi
bien qu'au Père ; mais celui qui deftoute éternité possède la puis
sance s'était fait homme, et c'est en tant qu'homme qu'il avait
Aog. nt supr. n . 5 . reçu ces hommes de son Père. »
Jésus leur avait dit: Je vous ai choisis du milieu du monde. Et Joan.xv.
le Père lui avait donné ceux qu'il avait choisis, en les tirant du
milieu du monde. Plus d'une fois il avait adirmé cette vérité, que
personne ne vient à lui qu'à la condition que le Père l'attire vers
fui; il l'affirme à nouveau en ce moment, montrant qu'il est le
but vers lequel convergent tous les desseins et tout l'amour du
II. LA PRIÈRE POUR LES APOTRES 537
Pore, que toute âme qui sera aimée de Dieu sera conduite par le chrys. m gupr.
Père à J . - C .
Si nous nous sentons portés vers J . - C , si nous pouvons avoir
l'assurance d'être à J . - C , réjouissons-nous : nous lui avons été
donnés par l'amour infini du Père. Itéjouissons-nous, il y a
' accord parfait entre le Père et le Fils pour sauver ceux qui leur
appartiennent et qu'ils ont aimés. Ils étaient à vous et vous me
les avez donnés.
Dieu, ayant commencé son œuvre en eux, s'est engagé par là à
la continuer. Jésus réclame cela de son Père au nom de l'amour
qu'il leur porte ct qu'il lui porte à lui-môme : ils étaient à vous
et vous me les avez donnés.
Après ce motif tiré de l'amour du Père, Jésus en invoque un CORRESPONDANCE
DES D I S C I P U S
i. 6 . autre tiré de leur fidélité. E t i l s o n t g a r d é v o t r e p a r o l e .
Ils l'ont gardée au milieu de ternies les occasions d'infidélité dans
lesquelles ils se sont trouvés : cette parole a pris racine en eux ;
il faut qu'elle porte ses fruits. Tout homme qui aura été fidèle à
la parole de Jésus telle qu il la comprend peut avoir la certitude
que la prière que faisait Jésus à ce moment s'étendait jusqu'à lui,
et que cette prière a été exaucée.
Ils ont eu non seulement la fidélité à la parole qui ordonnait ;
ils ont cru à la parole qui enseignait, et ils y ont cru d'une foi
surnaturelle, d'une foi qui remontait jusqu'à Dieu. I l s o n t c o n n u
m a i n t e n a n t que tout ce q u e v o u s m'avez donné vient de
». 7. vous.
P a r c e q u e je l e u r ai d o n n é l e s p a r o l e s q u e v o u s m ' a v e z
d o n n é e s , e t qu'ils l e s o n t r e ç u e s ; e t i l s o n t v é r i t a b l e m e n t
r e c o n n u q u e je s u i s s o r t i d e v o u s , e t i l s o n t c r u q u e v o u s
r. 8. m'aviez e n v o y é .
« Jésus en tant qu'homme avait reçu de son Père la révélation LEUR FOI EN JÉSUS
ib. nous. G
* R 0 £ D A K S
L'UNITÉ
Voilà la grande demande qu'il fait à son Père pour eux. « Il
aurait pu, dit S. Augustin, étant la tète de l'Eglise et l'Eglise
étant son corps, dire : Moi et eux, nous sommes, non pas une
seule et môme chose, mais une seule et même personne, car la
tôle et le corps ne forment qu'un Christ unique ; mais voulant se
tenir dans les régions de la divinité, dans ces régions où il est
égal à son Père, il demande l'unité pour les siens, mais l'unité
en lui : il y avait entre eux tant de causes de division, les jouis
sances, les convoitises, les souillures du péché ; l'union ne pou
vait se faire qu'en lui qui leur apportait la pureté. Et il veut pour
eux une unité qui résulte non pas seulement de la communauté
de nature, mais d'aspirations communes à la même béatitude, et
d'un amour unique qui les pénètre tous, comme eu Dieu il y a non
pas seulement unité de nature, mais encore unité de volonté. » Il Au*. <l« Trint. t. i.
c n
veut que cette unité soit produite en eux par le rayonnement du ' ' '
nom de Dieu.
« Qu'ils soient un comme nous ! c'est-à-dire que nous soyons le
modèle de leur union : non qu'ils puissent jamais atteindre à la
perfection de ce modèle, mais néanmoins qu'ils y tendent ; de
même que lorsqu'on nous dit : Soyez saints comme je suis saint,
540 CCCXIII — L A P R I È R E S A C E R D O T A L E DE J . - C .
moi le Seigneur votre Dieu ; o\, encore: Soyez parfaits, soyez UTILXI.
miséricordieux comme votre Pere céleste est parfait ct miséri-
cordieux, nous entendons bien qu'il ne nous appartient pas d'être Matth v.
saints, d'être bons, d'être parfaits dans la transcendance qui con
vient à la nature divine; mais seulement qu'il nous appartient d'y
tendre, et que nous devons nous proposer ce modèle pour nous
en approcher de plus en plus. Afin qu'ils soient un comme nous,
c'est-à-dire, afin qu'ils soient, s'avançant aujourd'hui et après,
et tous les jours de plus en plus, à cette perfection ; et y avançant
d'autant plus infatigablement, qu'on ne peut jamais atteindre au
sommet. Car plus on avance, plus on connaît la distance ; et elle
Bossuet. L» Cène. parait de plus en plus infinie ; et on s'abaisse, et on s'humilie
*• p . 47* j . jusqu'à l'infini, jusqu'au néant. »
QUE LE PERE CON Revenant encore au motif qu'il a déjà fait valoir auprès de son Père
TINUE L'ŒUVRE QU'IL
A FAITE LUI-MEME pour qu'il les garde, motif dans lequel il semble se complaire, il
dit : Q u a n d j ' é t a i s a v e c e u x . je l e s g a r d a i s m o i - m ê m e e n
v o t r e n o m . J'ai v e i l l é s u r c e u x q u e v o u s m ' a v e z d o n n é s , e t
a u c u n d ' e u x n'a p é r i , s i c e n ' e s t l e fils d e p e r d i t i o n , a f i n q u e
l'Ecriture fut accomplie. T. M.
Afin que l* Ecriture fut accomplie, non que les prédictions de
l'Kcriturc imposent une nécessité, mais l'Ecriture annonce ce qui
Chrys. Homii. 81 se fera avec une telle certitude que les événements y semblent
n. î. imposés par la nécessité.
Ailleurs il avait dit déjà: Je ne perdrai, c'est-à-direje n'éloigne-
rai de moi aucun de ceux que vous m'avez donnés. Ceux-là seuls Joan. V I .
se perdront qui voudront s'éloigner de lui, comme fils de laper-
dition, l'homme qui aimait le péché qui le conduisait à sa perte.
Ib. J.-C. ne sauve personne par force.
Pour établir avec quel soin il veille sur ceux qui sont à lui, tout
à l'heure quand on viendra pour s'emparer de lui. il dira avec
autorité aux soldats : Laissez aller ceux-ci. afin que la parole
qu'il avar't prononcée : Je n'ai perdu aucun de ceux que vous
m'aviez donnés, fut accomplie. « Pour nous montrer, dit Bossuet, Joau. X V
8.
que J.-C. a soin de notre corps et de notre àme... Dans les persé
cutions, dans les travaux, dans les maladies, J.-C. prend soin de
nos corps autant qu'il faut ; et on ne peut rien contre nous, comme
on n'a rien pu contre lui, que lorsque l'heure a été venue. »
« Mais songeons qu'il garde nos corps au prix du sien. C'est en
se livrant à ses ennemis qu'il leur dit : Laissez aller ceux-ci. Sa
mort délivre nos corps comme nos âmes: ct c'est la marque qu'il
Rossurt ut supr.
30-j. les tirera un jour entièrement de la mort. »
E t m a i n t e n a n t je v i e n s v e r s v o u s , T 13.
Avec quelle confiance et quelle joie il dit cette parole : on y sent
la confiance du Fils parlant à son père. « On ne pourrait, dit
Ohrys. ut supr. S. Jean Chrysostôme, amoindrir le Kils sans amoindrir le Père. »
Tout à l'heure, à cause de l'imminence de son retour à son
II. L A P R I È R E POUR L E S APOTRES 541
Quelle est cette joie que J.-C. déclare la sienne, et qu'il veut
voir en sa plénitude dans l'âme de ses disciples ? a C'est, dit
S. Augustin, la paix et la béatitude de la vie future qu'il leur a
méritées et qu'il leur a promises ; et dont il veut leur donner un
avant-goût dès maintenant dans la paix qui les unira. » C'est une A u ; . T r . 107. n . 8 .
joie semblable à la sienne ; et c'est une joie qu'il ressent lui-même
en eux.
Quatre fois, dans ce discours, J.-C. nous rappelle qu'il nous
veut dans la joie, qu'il veut voir en notre cœur toute la joie de son
cœur, et qu'il veut faire de notre joie sa propre joie : comment
pourrait-on se refuser d'entrer dans les joies du Sauveur et de lui
causer de la joie ?
• Sa pensée se reportant aux persécutions qu'ils rencontreront
dans le monde, il insiste auprès de son Père sur les motifs qui
doivent l'amener à veiller sur eux. Je leur ai donné votre parole, CAR ILS ONT ÉTÉ
e t le monde les a haïs parce qu'ils n e sont point du monde, HAIS PAR LE MONDE
A CAUSE DE LUI
comme je n e suis point moi-même d u monde.
« Ces haines du monde ne s'étaient pas encore manifestées :
mais Jésus les voit avec une telle clarté qu'il en parle comme si
elles étaient présentes. » id. T r . 10*. n . 1.
Le monde les haïra parce qu'ils ne seront pas des siens, « Ils
étaient du monde par leur naissance, mais il les avait séparés du
monde par la renaissance à laquelle il les avait appelés, les formant
à son image, à l'image de celui qui n'avait jamais été du monde;
car même dans cette naissance qui l'avait rendu semblable à nous,
1
il venait de l'Esprit S . » ib.
L'Esprit S* descendant en eux les séparera complètement du
monde : et déjà la parole de Dieu, que Jésus leur avait donnée,
avait commencé à les en séparer. « Toutes les fois que nous enten
dons ou que nous lisons la parole de J . - C , c'est cette parole qui
ne nous permet pas de goûter le monde, parce qu'elle nous fait
goûter la vérité que le monde ne connaît pas, ni ne veut connaître,
parce que la vérité le juge... Cette parole fait les chastes délices
des âmes désabusées et dégoûtées du monde. Goûtons donc cette
parole afin que le monde ne nous trompe et ne nous surprenne
Itossuet. nt snpr.
pas. » .'il- j .
Si J . - C les a séparés du monde ctsile monde les hait, il semble QUE DEMEURANT
qu'il n'y ait plus qu'une chose à leur souhaiter, c'est que Dieu les OANS LE MONDE ILS
SOIENT SAUVEGARDES
retire de ce monde: ce n'est pas là la demande que J.-C. fera pour DU MAL
eux: il faut qu'ils accomplissent comme lui leur tâche en ce monde.
Comme il a lui dans le monde étant la lumière du monde, il leur
a dit qu'ils étaient la lumière du monde ; il fallait donc qu'ils y
542 CCXCI1I — L A P R I È R E S A C E R D O T A L E D E J.-C.
D
sacrifice, il les sanctifiait en toute vérité ; il les faisait comme lui -
sacrificateurs et victimes ; il les consacrait réellement à Dieu. c y n i i . h . t . fusnw.
Je me sanctifie pour eux, « c'est-à-dire, je les sanctifie en moi,
puisqu'ils sont mes membres, puisqu'ils sont moi-même. Lo Christ
pouvait parler ainsi, dit S. Augustin, car il y a unité entre la tête
et les membres. » Tout ce qu'il faisait en lui, il le faisait pour Aug. Tr. 108 n. s.
moi.
Mais nous ayant sanctifiés en lui, il demande à son Père de
s'employer à cette œuvre de notre sanctification : pourquoi ?
« Je vois, dit Bossuet, que ce qu'on loue, ce qu'on célèbre prin
cipalement en Dieu dans le ciel, c'est sa sainteté. Les Séraphins,
c'est-à-dire les premiers et les plus sublimes de tous les esprits
célestes, adorant Dieu dans son trône, n'en peuvent dire autre
chose, sinon qu'il est saint, encore une fois qu'il est saint, pour
la troisième fois qu'il est saint, c'est-à-dire qu'il est infiniment
saint... »
« llicn n'est plus excellent dans l e s hommes que la sainteté ;
rien ne les rend si admirables, si vénérables. La sainteté les fait
regarder comme quelque chose d e divin, comme des dieux sur
terre... »
« Dieu est saint par son essence : son essence est la sainteté
profane n'approchez pas, ne touchez pas... »
c Isaïe voit de loin le trône de Dieu, ce trône devant lequel sa
sainteté est célébrée par les Séraphins. J'ai vu, dit-il, le Seigneur
sur un trône haut et élevé : et tout était à ses pieds, et tout trem
blait devant lui : et je vis les bienheureux esprits qui approchent
le plus près du trône ; et je n'entendis autre chose de leur bouche
que cette voix : Saint, saint, saint. El je fus saisi de frayeur. Et
je dis : Malheur à moi, parce que f ai les lèvres souillées, et que
je demeure au milieu d'un peuple dont les lèvres sont souillées
aussi : et j'ai vu le Roi dominateur des armées, de toule l'armée
du ciel, de toutes celles de la t e r r e . La sainteté de Dieu le fait
t r e m b l e r ; saisi à sa v u e d ' u n e s a i n t e et r e l i g i e u s e f r a y e u r , il s ' e n
retire. Je ne m'en étonne pas. Il voit les Séraphins mêmes dans .
l'étonnement.. S'ils ont des ailes pour voler, <;c qui montre la su
blimité de leurs connaissances, ils en ont pour se couvrir les yeux
éblouis de la lumière et de la sainteté de Dieu. Tout embrasés
qu'ils sont du divin amour, ils sentent (pie leur amour est borné,
commet tout ce qui esl créé : et par conséquent, qu'il y a en eux, pour
ainsi dire, plus de non amour que d'amour et le cri qu'ils font
pour se dire l'un à l'autre Saint, Saint, Saint, fait voir tout 1'cfTort
544 CCXCIV — L A P R I È R E S A C E R D O T A L E D E J.-C.
CCXCIV
1>» p r i è r e sacerdotale de J . - C .
111« I j » p r i è r e pour l'Eglise.
et qui nous permet de distribuer les biens infinis que nous avons
revus de Dieu, saus nous appauvrir, et môme en nous enrichissant.
c Quand dirons-nous donc de tout notre cœur à notre frère qui
souffre : Tout ce qui est à moi est à vous ; et à notre frère qui est
dans l'abandon : 'fout ce qui est à vous est à moi ?... C'est pour
tant ce que veut Jésus quand il dit: Comme cous, mon Père,
êtes en moi. et moi que je suis en vous: et que tout ce qui est à
moi est à vous ; et tout ce qui est à vous est à moi: ainsi qu'ils
soient un en nous. Tendons à cette unité divine. Mon Dieu,
j'étends de grands bras à tous mes frères : je leur ouvre mon
sein,... afin de leur être tout, père, mère, frère, sœur, ami,
défenseur, et tout ce dont ils ont besoin. »
Jésus invoque devant son Père un puissant motif pour l'amener
à travailler en faveur de cette unité. « S'il a prié son Père, affir
mant ainsi la vérité de sa nature humaine, il a déjà aussi agi en
Dieu, ct commencé à faire lui-même ce qu'il réclame. » J e l e u r a i
d o n n é l a g l o i r e q u e v o u s m ' a v i e z d o n n é e , afin q u ' i l s s o i e n t
un comme nous sommes un.
J e s u i s e n e u x , e t v o u s ê t e s en m o i .
Quelle est cette gloire que Jésus a déjà communiquée à ses dis
ciples, et qui appelle l'intervention du Père en eux ?
t C'est, dit S. Jean Chrysostôme, la doctrine de la vérité et la
puissance des miracles que J.-C. a confiées à ses Apôtres. »
« C'est, nous dit S. Ambroise s'élevant plus haut, la filiation
divine que Jésus possède par nature et qu'il leur a communiquée
par grâce. »
« C'est, nous dit S. Augustin, l'immortalité que la nature
humaine doit recevoir en lui. Sans doute elle ne la possède pas
encore ; mais le Sauveur en a préparé les germes avec tant de
puissance qu'il voit déjà les hommes en possession de cette
gloire. »
« C'est, nous dit S. Cyrille précisant davantage, cette gloire
que Jésus possède dans son humanité, de son union person
nelle avec le Verbe ; et pour faire part à ses Apôtres de cette
gloire, il leur a donné dans les saints mystères cette humanité unie
au Verbe. C'est pourquoi il dit à son Père : Je suis en eux comme
vous êtes en moi. C'est ainsi qu'il a commencé à les unir avec son
Pure, avec lui-même ct entre eux dans la plus intime unité. »
« Ce sacrement qui lui fait dire: Je suis en eux, et vous
êtes en moi, nous montre, dit S. lïilaire, de quelle façon le Père
est en lui : il est en lui réellement, substantiellement, et non pas
seulement par l'accord des volontés, comme Jésus est en nous
réellement, par son sacrement. » Le sacrement qui nous amène à
l'unité jette un jour merveilleux sur l'unité qui existe entre les
personnes divines. Comme Jésus était en son Père, il sera en ses
III. LA P R I È R E P O U R I / É O L 1 S E 547
ne faites jamais rien sans l'évoque et ses prêtres, que dans l'union
avec eux il y ait une seule prière, un seul esprit, une seule et
même espérance dans la charité et la joie sainte. Venez tous
comme à un temple unique, à un autel unique, à un Christ unique
Id. ib. c. 7 . qui est né d'un Père unique et qui est retourné à lui. »
Si le Père nous aime comme il a aimé son Fils, il lui sera facile
de concéder la seconde demande que Jésus lui fait pour nous.
LE TERME FINAL P è r e , je v e u x q u e l à o ù je s u i s , c e u x q u e v o u s m ' a v e z
LA PARTICIPATION A d o n n é s y s o i e n t a v e c moi, afin q u ' i l s c o n t e m p l e n t la g l o i r e
SA GLOIRE
que v o u s m'avez donnée; parce que v o u s m'avez a i m é
a v a n t la création d u monde. T. M.
F I N DU Ç U A T I t l i î M K VOLUME
TABLE DES MATIÈRES
CCX11. — L a v é r i t a b l e g r a n d e u r .
L a question des disciples. — Son occasion. — L a solution donnée par
Jésus. — Ressembler à des enfants. — Recommandation de
l'enfant p . 1-4.
CCXIU. — L a v r a i e g r a n d e u r : s a r u i n e p a r l e B C a n d a l e .
Châtiment réservé à celui qui donne le scandale. — Puissance du
scandale. — Grandeur de cette faute. — Fréquence du Bcaudale. —
Avec quel soin nous devons nous garder des causes de scandale, — Le
châtiment. — Les exigences de Dieu p. 4-9.
CCX1Y. — L a v r a i e g r a n d e u r : l a c h a r i t é èn l ' h o n n e u r d e s s a i n t s
Anges.
Respect des petits, — à cause de leurs Anges gardiens. — Devoirs à
remplir à l'égard de notre Ange gardion : — le respect; — l'amour; —
la confiance; — l'imitation. — Dévotion aux saints Anges. — Union aux
saints Anges p. 9 - 1 5 .
CCXV. — L a v r a i e g r a n d e u r : l a c h a r i t é à l'exemple d u S a u v e u r .
Nouveau motif de zèle, le zèle du Sauveur. — Gomment nous devons
travailler au salut des âmes. — Une leçon de tolérance. — Celui qui
agit au nom de J . - C . ne dira pas de mal de J.-C. — Celui qui n*est pas
contre les disciples est pour eux. — Celui qui aura fait quelque chose pour
eux aura sa récompense p . 15-19.
CCXV1. — L a v r a i e g r a n d e u r : u n m o y e n d ' y a r r i v e r , l a c o r r e c t i o n
fraternelle.
Jésus veut qu'on travaille à détruire le mal. — L a correction. — Ce
devoir rarement pratiqué. — La correction instrument de charité.
— Comment doit se pratiquer la correction ? — Conduite a l'égard des
réfractairos. — L'avertissement de l'Eglise. — Puissance auprès de Dieu
des âmes unies p . 19-25.
CCXV 11. — L a v r a i e g r a n d e u r : l e p a r d o n .
Combien de fois faut-il pardonner ? — La parabole du serviteur sans
pitié. — Le roi qui demande des comptes. — Un débiteur insolvable. —
Un acte de rigueur. — ' L e cri d'un suppliant. — Honte du créancier. —
Autres mœurs. — Indignation du Maître — Nous serons traités comme
nous aurons traité les autres. — Une leçon au peuple Juif. — Grands
biens du pardon p . 26-32.
CCXV111. — L e s e r v i t e u r i n u t i l e .
Nécessité de la foi pour les grandes œuvres que J.-C. demande a ses
disciples. — L'humilité recommandée. — L'homme essentiellement ser
viteur de Dieu. — Dieu plus maître que tout autre maître. — Différents
actes du service de Dieu p. 32-3(î.
CCX1X. — G u é r i s o n d e d i x l é p r e u x .
La rencontre des dix lépreux. — Leur prière à Jésus. — Jésus les
envoie aux p r ê t r e s . — L e u r guérison. — L e retour de l'un d'eux. —
C'était un Samaritain. —Plainte de Jésus. — La reconnaissance devant
Dieu. — Ses fruits. — L'humilité source de reconnaissance. . p. 36-39.
CCXX. — L ' i n d i s s o l u b i l i t é d u m a r i a g e , l a v i r g i n i t é .
Question au sujet de la répudiation. — Lo calme de Jésus dans sa
réponse. — Le mariage a l'origine. — Lo symbolisme de cette union. —
Insistance des Pharisiens : recours à MoTso. — Réponse de Jésus : le motif
de Moïse. — J.-C. confirme la loi. — Le mariage est-il IV'ta t. le plus heu
reux T — Un état supérieur. — La chasteté volontaire. — Pour la pratiquer
concours de la grâce et do la volonté. — L'union.idéale . . . p. 40-46.
552 TABLE DES MATIÈRES
CCXLV11. — L e g r a n d c o m m a n d e m e n t : l ' a m o u r d u p r o c h a i n .
Le second commandement semblable au premier. — Quel est notre
prochain ? — L'amour humain naturellement égoïste et jaloux. — Cir
constances où il cesse d'être jaloux. — Dieu jaloux à cause de la perfec
tion de son amour. — 11 veut que nous lui amenions notre prochain; —
que nous l'aimions dans notre prochain. — L ' a m o u r de Dieu s'exerçant
. dans l'amour du prochain. — M e s u r e dans laquelle nous devons a i m e r
le prochain. -— Les actes de la charité a l'égard du prochain. — La
charité une dette. — Toute la Loi en ces deux commandements p. 223-224.
DCXLV1II. - G o m m e n t J . - C . e s t - i l fils d e D a v i d ?
Assentiment donné aux paroles de Jésus. — Une question de Jésus. —
Le Messie fils de" David. — Comment David l'appelle-t-il son Seigneur 1
— Lumière contenue dans cette parole. — Dispositions nécessaires pour
la comprendre. — Lumière contenue dans tout le Psaume . p . 219-224.
CXLIX. — D e s G e n t i l s d é s i r e n t v o i r J . - C . : l a m o r t l e c h e m i n d e l a v i e .
Des Gentils désirent voir Jésus. — Gravité de la demande à présenter
a Jésus. — La réponse de Jésus. — La proximité do «a glorification. —
Les conditions de cette glorification. — La mort du grain de froment.
— Invitation aux disciples. — Nécessité de détruire l'égoïsrne. — Un
amour de soi qui fait descendre. — Un amour de la vie qui est raison
nable. — Un autre déraisonnable. — Un acte de folie qui est la
suprême sagesse. — Nécessité de suivre J . - C . — Heureux résultats :
Aboutir au même but que J.- C. ; — Honneur procuré par le P è r e . — Le
vrai service de J . - C . — Un aliment pour traverser la mort. p . 225-231.
CCL. — D e s G e n t i l s . . . : l a g l o r i f i c a t i o n p a r l a P a s s i o n .
Le trouble de Jésus. — Cause de ce trouble. — Fermeté de la volonté
de Jésus. — Une voix du ciel. — La vraie glorification de Jésus. — Le
jugement du monde. — L'expulsion du démon. — La grande œuvre de
J . - C . — Inintelligence des Juifs, — Jésus invitant à venir à la
lumière p. 232-238.
CCLI. — C o u p - d ' œ i l r é t r o s p e c t i f s u r l e f a i t d e l ' i n c r é d u l i t é j u i v e .
Jérusalem incrédule à la parole de J . - C . — Ce fait prédit. — L'aveu
glement. — Un obstacle à la foi, le respect humain. — Elévation de la
foi en J.-C p. 238-248.
CCL11. — J.-G. e t l e s P h a r i s i e n s d e J é r u s a l e m . I . L e c a r a c t è r e d e s
Pharisiens ; caractère opposé des disciples de J é s u s .
Un dernier avis de Jésus au sujet des Scribes et des Pharisiens. — Il
reconnaît d'abord leur autorité. — Autorité plus grande de leurs succes
seurs. — J . - C . prémunit ses' disciples contre leurs exemples. — Combien
coupables les docteurs qui ne font pas ce qu'ils enseignent. — La vanité
chez les Pharisiens principe de leurs œuvres. — Ce que doivent être les
disciples de J . - C . — Tous disciples et tous serviteurs. — Un seul Maître
et un seul Père. — Emulation à descendre p. 243-249.
CCLU1. — J.-G. e t l e s P h a r i s i e n s d e J é r u s a l e m . I I . L e s a n a t h é m e s .
Anathème à ceux qui ferment le royaume des cieux ; — aux avares ; —
au faux zèle; — aux faux caxuistes ; — à ceux qui se préoccupent des
vétilles plutôt que des points importants; — & ceux qui s'occupent de la
pureté extérieure plutôt que de l'intérieure; — à ceux qui accomplissent
des actes de piété pour dissimuler le vice p . 249-256.
CCLIV. — J.-G. e t l e s P h a r i s i e n s . I I I . L a m e s u r e c o m b l é e e t l e
châtiment.
Latitude laissée" au m a l . — Ce que feront les Juifs aux envoyés du
Christ. — Tous les châtiments des fautes d'autrefois venant s'abattre sur
e u x . — Plainte suprême. — Adieu suprême p . 257-262.
CCLV. — L ' a u m ô n e d e l a v e u v e .
Le fait. — Le jugement du Sauveur, — Ce que figure cette femme. —
Les deux oboles p . 263-255.
T A B L E DES MATIÈRES
CCLV1. — L a p r é p a r a t i o n d u d e r n i e r j o u r . I. L ' é p o q u e q u i s u i v r a l e
d é p a r t d e J.-G.
L'adieu au temple. — Un de ses disciples veut l'intéresser au temple.
— Jésus en annonce la destruction. — Question des Apôtres sur les temps.
— La réponse do J . - C . se rapportant a la lin de la nation Juive, a la tin
des temps, à son avènement. — Jésus assis au mont des Oliviers. —
Motif de la destruction du temple. - Les disciples ne seront pas
indemnes. — Le danger des faux prophètes. — J . - C . prémunit contre ce
d a n g e r ; — contre la crainte. — Tribulations propres aux disciples. —
Utilité de ces tribulations. — Calme et confiance au milieu des accusa
tions. — La trahison des proches. —'Les défections. — Encore les faux
prophètes. — Promesses à la persévérance, — a la patience. — Malgré
tout l'Evangile sera prêché dans le monde entier p . 265-276.
. CCLVH. — L a p r é p a r a t i o n d u d e r n i e r j o u r . I I . L a r u i n e d e J é r u s a l e m .
Un signe du dernier jour. — Les signes de la proximité de cette cata
strophe. — Les précautions à prendre : — la fuite. — Grandeur de la
catastrophe. — Jérusalem foulée aux pieds par les Gentils. — Applica
tion morale. — Les faux Christs. — L'apparition du Christ, p . 276-282.
CCLVI11. — L a p r é p a r a t i o n d u d e r n i e r j o u r . I I I . L e d e r n i e r a v è n e m e n t
d e J.-G.
J . - C . unit la tribulatinn finale a celle qui en est la ligure. — L'appa
rition du signe du Fils de l'homme. — La terreur des hommes. — La
venue du Fils de l'homme. — L'envoi des Anges. — J.-C. veut qu'on
regarde ces choses comme prochaines. — Leur certitude . . p. 283-290.
CCL1X. — L a p r é p a r a t i o n d u d e r n i e r j o u r . I V . L ' h e u r e d u j u g e m e n t .
Le jour du jugement est inconnu. — L e s dispositions des hommes au
dernier jour — Les dispositions recommandées par J . - C . — Vigilance.
— La vigilance de celui qui craint les voleurs. — La négligence du
mauvais serviteur . p . 290-294.
CCLX. — IJa p r é p a r a t i o n d u d e r n i e r j o u r . V. L ' i n t e n d a n t fidèle.
La vigilance recommandée surtout aux prélats. — Le prélat fidèle et
prudent. — La récompense. — Le prélat prévaricateur. — La venue
inopinée du Maître. — Autre image : la variété des fonctions. — La vigi
lance recommandée a tous. — Incertitude du moment de la venue du
Maître p. 295-299.
CCLX1. — L a p r é p a r a t i o n d u d e r n i e r j o u r . V I . L e s d i x v i e r g e s .
L'attente du dernier jour doit être joyeuse. — Les dix viergos repré
sentant l'universalité des fidèles. — Caractères disparates. — Quel est le
mariage annoncé ? — La lampe. — Les cinq. — L'huile. — Le sommeil.
— Le retard de l'époux. — Son arrivée. — La préparation de la lampe.
— Le manque d'huile chez les vierges folles. — Leur demande. — La
réponse des vierges sages. — La porte fermée. — Supplication des
vierges folles. — La réponse de l'époux . p. 300-308.
CCLX1I. — L a p r é p a r a t i o n d u d e r n i e r j o u r . V U . L e s c i n q t a l e n t s .
Ce H P parabole continuation de la précédente. — Distincte de la para"
hole. des mines. — L'homme qui part pour un pays lointain. — L a distri
bution des biens. — La richesse des dons reçus. — Les dons en propor
tion de la capacité. — Les gains des serviteurs. — Le serviteur
paresseux. — Le retour du maître. — La remise des gains. — La
récompense. — Les excuses du serviteur paresseux. — L a condamnation.
— Le châtiment. — La leçon de cette parabole p. 309-317.
CCLXI1I. — L a p r é p a r a t i o n d u d e r n i e r j o u r . V I I I . L e j u g e m e n t d e r n i e r .
La venue de ««.-C. dans sa gloire ; — avec les Anges et les justes. — .
Assemblée de toutes les nations. — La séjlaration. — Les paroles do
bénédiction. — C e qui a été fait au Christ. —Malédictions. — Le pourquoi.
— L'éternité des peines. — La vie éternelle la fin des oeuvres de Dieu.
— L'attendre et nous y préparer p . 317-330.
T A B L E DES MATIÈRES 557
CCLXIV. — La P a s s i o n : sa p r é p a r a t i o n .
J.-C arrivant a la plénitude de ses fonctions. — Une pâque nouvelle.
— La Pâque de Jésus. — Jésus livré : par qui ? — Le conseil des princes
des prêtres. — Intervention de Dieu. — Offres de Judas. — Caractères
de cette trahison. — Dessein de J.-C. en supportant cette trahison. —•
Le prix proposé. — Acceptation. — La préparation de Jésus. — Le
premier jour des azymes. — La proposition des disciples. — Les ordres
de Jésus. — Comme il conduit les événements qui paraissent fortuits. —
Le Cénacle 330-339.
CCLXV. — La dernière Pâque : Le lavement des pieds.
Lo moment désiré par J . - C . — L'accomplissement des figures. —
Action de grâces pour ce qui a précédé. — Adieu adressé a la création.
— Un acte préliminaire à l'Eucharistie. — Le prélude de S. Jean. —
L'heure est venue ; — de passer île ce monde a son Père. — L'amour
qui ne finit pas. — La puissance infinie. — Son origine et son terme.
— Jésus lave les pieds de ses disciples. — I*e symbolisme de cet acte. —
Protestation de Pierre. — Menace de Jésus. — Kmpressoment. de
Pierre p . 33y-347.
CCLXVI. — Le lavement des pieds : la leçon.
J.-C. donne a ses Apôtres la signification de son acte. — Les plus
grands seront les serviteurs des autres. — Discussion au sujet de la
prééminence. — L'humilité source do grandeur; — n o u s fait ressembler
IL J . - C . — Le but auquel elle conduit p. 347-352.
CCLXV11. — L'éloignement de Judas.
La présence de Judas à cette scène. — Caractère qu'elle lui donnait.
— Les avertissements de Jésus. — Emotion de J é s u s . — Nature de cette
émotion. — Vertu qu'elle nous procure. — Cause ce cette émotion. —
Inquiétude des disciples. — Interrogation de S. Jean. — La pleine entrée
de Satan en Judas. — J u d a s a-t-il participé a l'Eucharistie? — Le dernier
avis de Jésus. — La sortie de Judas p. 352-360.
CCLXVI11. — L'institution de l'Eucharistie : paroles préliminaires.
Jésus glorifié par son P è r e . — Glorifié dans ses disciples demeurés
fidèles. — Glorilié dans sa Passion. — Dans sa Passion il glorifie son
Père. — L'institution de l'Kuch. commence la Passion. — L a séparation
prochaine. — Le commandement nouveau. — Le signe que l'on est a u
Christ p . 360-367.
CCLXIX. — Prédiction du reniement de S. Pierre.
Pierre veut suivre Jésus. •— Il se déclare prêt a mourir pour lui. —
Jésus lui prédit son triple reniement. — Prédiction du scandale imminent.
— Présomption de Pierre. — Prédiction de l'assaut diabolique. — La
prière de Jésus pour Pierre. — Le changement opéré par la grâce de J.-C.
— Etat de faiblesse où J . - C . laisse ses disciples. — Les deux
épées p. 368-376.
CCLXX..— Institution de la Ste Eucharistie.
Le récit des trois synoptiques. — Le soir ju Jeudi Saint. — La termi
naison du banquet pascal. — J é s u s rend grâces h son Pero. — La béné
diction donnée a u pain. — La fraction du pain. — Sa signification. —
La distribution du pain consacré. — La porreclion de la coupe. — Motif
de la Passion et de l'Eucharistie. — Perpétuité de l'Eucharistie. — Le
mémorial du Christ. — J.-C. ne pouvait être rappelé que par lui-même.
— Le don suprême. — Don harmonisé à noire condition. — L e mémorial
de l'Incarnation. — Le mémorial de toute la vie de J . - C ; — nous en
faisant l'application. — Mémorial de la divinité de J . - C . — Mémorial du
ternie. — Foi avec laquelle l'Euch. a été acceptée. — L'Euch. formant le
peuple chrétien. — La foi a l'Euch. formant le vrai chrétien, p . 376-385.
CCLXX1. — L'agneau pascal figure de l'Eucharistie.
J.-C instituant l'Eucharistie après la Pftque juive. — Il est lui-même
558 T A B L E DES MATIÈRES
CCLXXXV1I. — L e d i s c o u r s a p r è s l a G è n e . V i l . L ' u n i o n à J . - G .
La vigne. Ses ressemblances avec J . - C . . — avec le chrétien. — Le
vigneron. — Comment le vigneron traite la vigne. — L'union a J . - C .
source de vie. — J . - C . en nous et nous en lui, — L'union & J . - C . vérité
capitale. — Fruits de cette union, puissance dans la prière. — La gloire
du Père y est intéressée. — C'est une nécessité pour le F i l s . — D e m e u r e r
dans son amour. — Condition de cette demeure dans l'amour. — Joie
de Jésus en nous et de nous en lui p. 488-497.
CCLXXXVIII. — L e d i s c o u r s a p r è s l a G è n e V l l l . L a c h a r i t é m u t u e l l e .
Son commandement, l'amour mutuel. — Comment il est l'unique
commandemnt. — L'amour de Jésus modèle du nôtre. — La mesure de
cet amour. — Son intimité. — Sa gratuité. — Ses fruits. — La pérennité
de ces fruits p . 498-504.
CCLXXXIX. — L e d i s c o u r s a p r è s l a G è n e . I X . L e s a d v e r s a i r e s : l e m o n d e .
Ils seront haïs a cause de lui. — Cette haine prouve qu'ils ne sont pas
du monde; — qu'ils sont à J . - C - — Crime de ceux qui les haïssent. —
Cette haine remonte jusqu'au Père. — Injustice de cette haine. — Au
1
milieu de ces haines les disciples rendront témoignage avec l'Esprit S .
— Violence de la persécution. — Motifs de consolation : tout a été prévu.
— En aggravant la charge il augmente le secours. — Le triple témoi
1
gnage de l'Esprit S contre le monde p . 505-514.
CCXC. — D i s c , a p r è s l a C è n e . X . L ' a c t i o n d u S . E s p r i t d a n s l e s â m e s .
Une impuissance. —L'enseignement intérieur. — L'Esprit S* donnant
l'intelligence de la doctrine de J . - C . — Révélant l'avenir. — Rapports
1
de l'Esprit S. et de J.-C. — L'Esprit S glorifiant le Fils. . p . 515-522.
CCXCI. — L e d i s c o u r s a p r è s l a G è n e . X L P r é s e n c e d e J é s u s a u x â m e s -
Annonce d'un départ et d'un retour. — Le retour de la Résurrection;
1
— du dernier j o u r . — Les retours invisibles. — Le retour par l'Esprit S .
— La foi et l'amour des disciples attirant en eux les dons de Dieu. —
Foi encore imparfaite. — Jésus abandonné d'eux les soutenant dans la
grande épreuve p. 522-5*9.
CCXCI1. — L a p r i è r e s a c e r d o t a l e d e J . - G . 1. L a p r i è r e p o u r l u i - m ê m e .
Une révélation des sentir i t s d e J . - C . dans son sacrifice. — La gloire
demandée par J é s u s . — L; *. de Jésus procurant la gloire du Père,
— salutaire au monde. — •" iant a la vie éternelle. — 1* vie ôternolle
par la connaissance du Pore et de J.-C. — Titres de J . - C . a la
gloire p. 529-535.
CXCIII. — L a p r i è r e s a c e r d o t a l e d e J.-G. I I . L a p r i è r e p o u r l e s a p ô t r e s .
Connaissance d u Père donnée par J . - C . à ses disciples. — Amour du
Père pour les disciples. — Correspondance des disciples. — Leur foi e n
Jésus. — Ceux que Jésus aime sur terre. —Ceux qu'il laisse dans le monde»
— Que le Père les garde dans l'unité. — Que toutes les joies de Jésus
soient en eux ; — ils ont été haïs à cause de lui ; — que dans le monde ils
soient sauvegardés du m a l . — Jésus demande pour eux la sainteté com
plète, — dérivée de la sienne, — continuant son œ u v r e . . . p . 535-544.
CXCIV. — L a p r i è r e s a c e r d o t a l e d e J . - C . I I I . L a p r i è r e p o u r l ' É g l i s e .
La pensée de J.-C. tournée a l'avenir. — I l demande pour ses disciples
l'unité. — une unité semblable à celle des personnes divines. — Cette
unité commencée par lui. — Preuve de l'amour et de l'action du Père.
— Le terme final : la participation à sa gloire. —• Justice de cette
demande p. 544-550.
N a n c y . — I m p r i m e r i e Universelle Marcel V a g n e r ,