Eléments Pour Lanalyse Linéaire de Nuit Blanche
Eléments Pour Lanalyse Linéaire de Nuit Blanche
Eléments Pour Lanalyse Linéaire de Nuit Blanche
DEVELOPPEMENT
Premier mouvement
Je gis sans mouvement, la tête - verbe gésir - alliance amour/mort : ici gît… (Éros
sur ta douce épaule. - je… tu : jeux pronoms & & Thanatos) : ambigüité de la phrase.
déterminant - Mais à la lecture de la suite, mise en
- douce épaule : sensation du place d’un cadre intime et amoureux
toucher + synecdoque désigne - désignation de l’être aimé : pas
la partie pour le tout. nommé, partiellement anonyme,
même si la dédicace est explicite.
Je vais sûrement, jusqu’à - sûrement : modalisateur - conviction déjouée par le titre et la
demain, descendre au fond suite du récit
d’un noir sommeil, un sommeil - descendre au fond d’un noir - description poétique qui convoque le
si têtu, si fermé, que les ailes sommeil, répété 2X motif de la catabase : du grec
des rêves le viendront battre en katabasis = motif des épopées grecs
vain. - sommeil têtu : descente du héros dans le monde des
personnification Enfers, le monde souterrain et par
- ailes des rêves : métaphore extension un monde imaginaire, spirituel
- métaphore pour exprimer sa
profondeur, son caractère impénétrable,
un sommeil sans rêve.
Tu n’as pas bougé. Tu respires - tu n’as pas bougé : négation - contraste entre les deux partenaires :
à longs traits, mais je sens ton inactivité ≠ activité.
épaule encore éveillée, - respirer à longs traits // boire à - détournement poétique de l’expression :
attentive à se creuser sous ma longs traits = boire lentement en une forme de sensualité
joue… savourant ce qu’on boit, goûter, dans la respiration même.
savourer
- épaule éveillée attentive à se - épaule semble douée de vie propre :
creuser…: synecdoque + importance centrale du corps (épaule,
personnification joue) = reprise du motif du blason.
- jeux des pronoms : chiasme - un enlacement
Dormons. Les nuits de mai - Dormons : impératif - sans cesse déjouer par la phrase qui
sont si courtes. catégorique => injonction. suit car la réalité est : aucune envie de
dormir. Impératif qui semble émaner
de la raison, de l’esprit rationnel,
dicte ce qu’il faudrait faire.
opposition passion ≠ raison.
- justification, tentative
- les nuits de mai sont si d’argumentation interne, se raisonner.
courtes : emploi de l’intensif si Intensif veut donner du poids à
l’argumentaire.
Malgré l’obscurité bleue qui - obscurité bleue : quasi - poéticité de l’aurore, lever du jour :
nous baigne, mes paupières oxymore camaïeu de couleurs (bleue, roses)
sont encore pleines de soleil, qui fait tableau.
de flammes roses, d’ombres - nous - fusion du je et du tu : fusion des
qui bougent, balancées, et je êtres et choses. Perfection du
contemple ma journée les yeux moment.
clos, comme on se penche, - paupières pleines de - détournement poétique de
derrière l’abri d’une persienne, sommeil/soleil l’expression => le jour a clairement
sur un jardin d’été - soleil, flammes rose, ombres chassé la nuit car ombre suppose la
éblouissant… qui bougent : rythme ternaire présence de lumière.
+ allitérations en [b] et [p] : - symbolique du monde fœtal, avant
bleue, baigne, paupières, la naissance. Naissance du monde,
pleines, bougent, balancées, naissance du jour.
penche, persienne. - réminiscence hugolienne : observer
- v. contempler avec attention + méditation.
- comme on se penche… : -jardin d’été éblouissant : d’un clair-
comparaison + crescendo dans obscur, on passe à un envahissement
la longueur des éléments de la de la lumière = échec de la nuit, du
phrase. sommeil. Triomphe annoncé du jour,
vitalité, désir. Lutte symbolique entre
nuit et jour, sommeil et désir.
Deuxième mouvement
Comme mon cœur bat ! Cœur qui bat : cœur, siège des - expression du lyrisme amoureux.
J’entends aussi le tien sous passions traditionnellement
mon oreille. Tu ne dors pas ? - ponctuation expressive.
- mon/je/le/tien/mon/tu : jeux
des pronoms et déterminants
- tu ne dors pas ? question - Ignorance feinte de la narratrice qui
rhétorique. sait très bien à quoi s’en tenir.
Je lève un peu la tête, je devine - allitérations en [v] et en [r] : - visage renversé : position physique,
la pâleur de ton visage devine - pâleur – visage – mais symbolique du désordre : monde
renversé, l’ombre fauve de tes renversé à l’envers, draps renversés,
courts cheveux. - notations visuelles renversement de la norme (amours
dominantes : pâleur, ombre, homosexuelles).
fauve => jeu de clair-obscur - courts cheveux : mode de la
coiffure « à la garçonne » (années 20-
30)
Tes genoux sont frais comme - Comparaison Réminiscence baudelairienne : « Il est
deux oranges… synesthésique des parfums frais comme des chairs
d’enfants », « Correspondances ».
Tourne-toi de mon côté, pour - tourne-toi de mon côté : - demande d’amour.
que les miens leur volent cette adresse à l’être aimé.
lisse fraîcheur… - v. voler : lexique de la - plaisir sensuel de cette
transgression transgression.
- lisse fraîcheur : synesthésie - expression atténuée du plaisir de la
volupté.
- célébration des charmes de l’aimé :
blason.
Ah ! dormons !... Anaphore + ponctuation Forme d’incantation : volonté de se
expressive. convaincre soi-même = faire taire le
désir.
Mille fois mille fourmis - anaphore de mille : hyperbole - exagération comique :
courent avec mon sang sous - lexique des sensations détournement, une fois de plus, d’une
ma peau. corporelles. expression : avoir des fourmis dans
les jambes.
- sang : couleur rouge, symbole de la
passion et de l’intensité du désir.
Les muscles de mes mollets - domination du lexique du omniprésence du corps, choix des
battent, mes oreilles corps sonorités, image des aiguilles de pin :
tressaillent, et notre doux lit, ce - allitérations en [m] et en [r] : expression de l’excitation sexuelle.
soir est-il jonché d’aiguilles de muscles, mes X2, mollets,
pin ? oreilles…, tressaillent
- question rhétorique
Dormons ! Je le veux ! - retour des injonctions assertion de nouveau immédiatement
Je ne puis dormir. -succession démentie : expression de
affirmation/négation l’ambivalence, contradiction du désir.
Troisième mouvement
Mon insomnie heureuse -rythme ternaire - progression dans le texte :
palpite, allègre, et je devine ton -assonance en [i] : insomnie, reconnaissance enfin de la non envie
immobilité, le même palpite, devine, immobilité, de dormir, excitation suggérée par la
accablement frémissant… frémissant l’assonance en [i].
- Insomnie/immobilité : jeu - à l’absence de sommeil répond
d’écho autour du préfixe « in ». l’absence de mouvement, mais pas
absence de désir : une
érotique (accablement frémissant).
Les points de suspension suggestifs.
Tu ne bouges pas. Tu espères - emploi de la négation - faut-il y lire une déception
que je dors. provisoire ?
- tu espères : changement de - adopte celui de sa compagne :
point de vue. hypothèse sur ses pensées ou est-ce sa
propre ambivalence qui s’exprime ?
difficile de trancher.
Ton bras se resserre parfois - parallélisme de construction : - symétrie du désir ?
autour de moi, par tendre ton/moi/tes/miens
habitude, et tes pieds - jeux d’échos, sonorités en [s], - isotopie de l’enlacement
charmants s’enlacent aux lexique : resserrer, enlacer, Isotopie = Redondance sémantique, c'est-à-
miens… autour dire répétitions fréquentes d'éléments dans
- adj. tendre, charmant un récit permettant de comprendre un texte .
Le sommeil s’approche, me - jeux d’échos des sonorités : - le sommeil, un être animé, image du
frôle et me fuit… sommeil/s’approche – frôle/fuit. désir : tantôt actif, tantôt passif.
- verbes à la voix active ≠
narratrice désignée par me : cod
Un texte original à la fois pudique et érotique qui exprime la naissance du désir de manière
métaphorique. La poésie qui s’en dégage, les interpellations fréquentes à l’aimée, l’éloge de
ses charmes et les formulations incantatoires ne sont pas sans rappeler Le Cantique des
cantiques mais dans une version profane et désacralisée d’où la subversion n’est pas absente.