C Reduc Bilineaire

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Complément

Rédu tion simultanée de deux


20
endomorphismes symétriques
(H-P !)

I LES RÉSULTATS II LA MÉTHODE


Nous allons montrer le résultat suivant : On se donne donc deux matrice A ∈ S++ n (R) et B ∈
Sn (R). On définit, sur E = Mn1 (R), le produit scalaire ϕa
THÉOREME 20.1 Soient A ∈ S++ n (R) et B ∈ Sn (R). Alors ou h·|·ia par la formule :
existe une matrice M ∈ GLn (R) telle que t MAM = In et
t
MBM est diagonale, c’est-à-dire ϕa (X, Y) = hX|Yia := t XAY.
   
1 λ1 On l’appellera le A-produit scalaire. C’est bien un produit
t
MAM = 
 . .. t
 et MBM = 
  . ..  . scalaire puisque A est symétrique définie positive, la forme

bilinéaire ϕa ainsi définie est également définie et positive.
1 λn
Bon, la matrice A nous a permis de définir un produit
Cette manière d’écrire peut sembler étrange (la matrice scalaire. La matrice B va nous permettre de définir une
M n’étant a priori pas orthogonale, il ne s’agit pas de la deuxième forme bilinéaire symétrique (quelconque celle
réduction d’une matrice...) mais est plus naturelle si l’on là) :
change de point de vue et si, au lieu de parler de ma- ψb (X, Y) := t XBY.
trices, on parle d’endomorphismes symétriques ou, mieux, Le fait que ψb est symétrique est immédiat, et cela ne
de formes bilinéaires. dépend pas du choix d’un produit scalaire1.
On reformule donc le premier théorème en un second Maintenant, on va pouvoir utiliser le théorème spectral :
puis un troisième, parfaitement équivalents au premier. il existe une base A-orthonormée de E dans laquelle la
matrice de ψb est diagonale. Cela montre directement les
THÉOREME 20.2 (Version « endomorphismes ») Soit E théorèmes 20.1 et 20.3.
un espace vectoriel euclidien de dimension n. Soient Mais... peut-être le théorème spectral ne vous est-il pas
a ∈ S++ (E) et b ∈ S(E). Alors il existe une base familier sous cette forme ?? On le connaît plutôt sous la
(e1 , e2 , . . . , en ) telle que forme : si u est un endomorphisme symétrique d’un espace
ei a(ej ) = δij et ei b(ej ) = λi δij . vectoriel euclidien E, alors il existe une base orthonormée
diagonalisant u. Mais ça tombe bien : si l’on se donne
(L’équivalence des points de vue est due au fait que, si une forme bilinéaire symétrique ψb , on sait lui associer un
l’on note M = matcan (e1 , e2 , . . . , en ) et si l’on pose A = endomorphisme symétrique u vérifiant
matcan (a) et B = matcan (b), alors ei a(ej ) = (t MAM)ij
et ei b(ej ) = (t MBM)ij ...) ∀X, Y ∈ E ψb (X, Y) = X u(Y) a .

THÉOREME 20.3 (Version « formes bilinéaires ») Soient On « fabrique » un tel endomorphisme u en déterminant
ϕ une forme bilinéaire symétrique définie positive, et sa matrice représentative U dans la base canonique : la
ψ une forme bilinéaire symétrique, toutes deux sur un condition voulue est en effet
espace vectoriel E de dimension finie n. Alors, il existe ∀X, Y ∈ E ψb (X, Y) = X UY a = t X · AUY.
une base (e1 , e2 , . . . , en ) telle que
Or ψb est défini par
ϕ(ei , ej ) = δij et ψ(ei , ej ) = λi δij .
Les matrices représentatives de ϕ et de ψ dans la base ∀X, Y ∈ E ψb (X, Y) = t XBY
E = (e1 , e2 , . . . , en ) sont d’où l’on déduit que AU = B, ou encore U = A−1 B.
   
1 λ1
Φ=
 .. 
et Ψ=
 .. .

.  .
1 λn 1. C’est juste : ψb (X, Y) = ψb (Y, X) pour tous vecteurs X et Y.

Compléments de Mathématiques, Math Spé MP** Walter Appel /home/walter/LaTeX/MP/Fiches/ReductionSimultaneeBilineaire.tex


 réduction simultanée de deux endomorphismes symétriques

Voici donc maintenant la méthode : l’endomorphisme IV UN POINT DE VUE PUREMENT MATRICIEL


u est A-symétrique, par construction2 ; il est donc dia-
gonalisable dans une base A-orthogonale. Il suffit donc Ce que l’on a fait « géométriquement » peut être fait de
de chercher les sous-espaces propres de u, puis de choi- manière purement matricielle.
sir une base orthonormée de chacun de ces sous-espaces Tout d’abord, pour la recherche d’une base orthonormée
propres, pour obtenir la base (E1 , E2 , . . . , En ) cherchée : pour A, on procède comme suit :
elle diagonalise u, et elle diagonalise ψb . Comme elle est — On diagonalise A au moyen d’une matrice orthogo-
A-orthonormée, elle diagonalise également ϕa . On conca- nale :
tène enfin les vecteurs E1 , E2 , . . . , En pour construire la
 
λ1
matrice M du théorème 20.1. A = t ΩDt Ω D= .. .
 
.
λn
III UN EXEMPLE SIMPLE
Attention, la matrice Ω correspond à un changement
On définit les matrices A et B : de base entre deux bases orthogonales pour le pro-
    duit scalaire canonique.
3 −1 4 −2 — On en déduit la racine carrée symétrique positive
A= et B=
−1 3 −2 1 de A selon la méthode habituelle : en posant
dont on peut vérifier qu’elles sont respectivement symé- √ 
λ1
trique définie positive et symétrique. ..
S = tΩ  ,
 
On cherche ensuite les vecteurs propres de U = A−1 B, .

qui sont, pour les valeurs propres respectives 0 et 11/18 : λn
! ! t
1/2 −5 on a S ∈ S++
n (R) et A = S · S.
U1 = U2 = . Géométriquement, S est la matrice de passage vers
1 1
une base orthonormée pour la forme quadratique
Puisqu’on a deux vecteurs propres associés à deux valeurs ϕa (X, Y) 7→ t XAY. Dans cette base, la matrice de
propres différentes, on a déjà une base U-orthogonale ; il la forme quadratique est l’identité.
ne reste qu’à la normer pour le produit scalaire hX|Yi = — On considère ensuite la matrice
t
XAY :
√ ! √ ! B′ = t S−1 BS−1 .
5
1/ 11 − 44 22
E1 = √ E2 = √ (C’est la matrice de la forme bilinéaire associée à B,
1
2/ 11 44 22 dans la nouvelle base...) C’est une matrice symé-
trique, on peut donc la diagonaliser au moyen d’une
On fabrique ensuite la matrice M par concaténation de ces
matrice orthogonale :
vecteurs : √ √ !
5
1/ 11 − 44 22 t −1
S BS−1 = t P∆P P ∈ On (R).
M= √ √ .
2/ 11 1/44 22
— Si l’on note maintenant M = S−1 P−1 , on a donc
On obtient alors immédiatement
   
t 1 0 t 0 0 t t
MAM = et MBM = MBM = ∆ MAM = In .
0 1 0 11 8

Remarque 1 Pour ceux qui veulent savoir comment j’ai choisi mes
deux matrices A et B, voici : je choisis deux matrices orthogonales
Ω1 et Ω2 et je crée A = Ω1 D1 t Ω1 et B = Ω2 D2 t Ω2 où D1 et D2 sont
diagonales.

2. On pourrait légitimement s’étonner du fait que la matrice re-


présentative de u est A−1 B et n’a pas l’air bien symétrique... mais
il s’agit ici de sa matrice représentative dans la base canonique, qui
n’est pas A-orthogonale. La matrice représentative de u dans une
base A-orthogonale, elle, est symétrique !

Walter Appel Compléments de Mathématiques, Math Spé MP**

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