Cours 3

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NANOFILTRATION

I-DÉFINITION

La Nanofiltration (NF) est une technique de séparation


à membrane dont le champ d’application se situe entre
l’osmose inverse (OI) et l’ultrafiltration (UF).
Dans les années 80, elle a été décrite sous le vocable
de ‘hyperfiltration’ et se trouvait englobée par l’OI.
Ces membranes étaient vues comme des membranes
d’ OI présentant des fuites de solutés.
De nos jours, la NF est une technique à part entière,
car les membranes mises en œuvre ont leurs propres
caractéristiques qui les différencient radicalement
des membranes de l’OI ou de l’UF :

- une structure microporeuse avec des pores < 2 nm,


- un matériau membranaire qui dans la plupart des
cas porte des charges ioniques superficielles.
II- PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES
DE LA NANOFILTRATION

II-1 considérations générales


- Les masses moléculaires des solutés retenus se
situent entre 200 et 2000 g/mol (1D = 1 g/mol);
- Les pressions de travail sont plus basses qu’en OI et
les flux de solvant sont supérieurs à ceux obtenus
avec l’OI ;
- Les flux de matière à travers les membranes sont
analysés sur les bases théorique de la solubilisation
- diffusion et de la convection.
Parmi les caractéristiques spécifiques des membranes
de NF par rapport à celles de l’OI et de l’UF :

- Une sélectivité entre les ions monovalents et


bivalents ;

- Une forte différence de perméabilité entre deux


molécules de même taille suivant qu’elles soient
chargées ou non.
- La NF est en pleine expansion depuis l’apparition
des premières membranes dans les années 80.

- En 1998, il y a eu la commercialisation des premiers


nanofiltres en céramique, ce qui a permis d’élargir le
champ d’application de la NF (ces membranes
peuvent travailler dans des conditions que les
membranes organiques ne peuvent pas supporter) :
Température élevée, milieu solvant organique,
produits corrosifs).
II-2 Grandeurs et performances

Alimentation : Débit de fluide à l’entrée du module

Retentât ou concentrât : Débit de fluide à la sortie du


module n’étant pas passé à travers la membrane

Perméat : Débit de fluide à la sortie du module après


passage à travers la membrane
Flux de perméat : Conditionne la surface de
membrane et le nombre de modules à installer ;

Sélectivité : Cette grandeur garantit la qualité du


produit recherché ;

Consommation énergétique : elle est due à la mise


sous pression des modules et à la recirculation du
fluide. L’équipementier doit trouver le compromis
entre flux de perméat et sélectivité.
Il y a aussi un certain nombre de paramètres
(qualitatifs et quantitatifs) à savoir comme dans les
autres procédés :
- Opération de prétraitement du fluide et de post-
traitement du perméat ou du concentrât (selon la
qualité requise)
- Mesure des paramètres opératoires permettant de
déterminer les performances du procédé et leur
comparaison avec les performances espérées.
II-3 Prétraitement

But : amélioration des performances de la NF

Il peut être physique (préfiltration) : éliminer la MES.


Le maximum de turbidité admissible pour les modules
spiralés est 1 NTU.
Pour une turbidité supérieure à 1 NTU, le
prétraitement est obligatoire, il peut être réalisé par :
UF, MF, centrifugation, Chimique avec un ajustement
de pH, ajout d’additifs
II-4 Pos-traitement

Le post-traitement est spécifique au produit


obtenu et à la qualité recherchée. Il est à
définir au cas par cas en fonction du domaine
d’application et de la nature du produit.
II-5 Importance du pH

Le pH de la solution à traiter par Nanofiltration


est très important. En effet, il a une influence
remarquable sur la rétention des espèces
ioniques. Les effets et la gamme de pH optimal
sont différents selon le matériau membranaire
(type de charges) et les ions considérés.
II-6 Paramètres d’entrée/sortie d’un module

Alimentation Rétentât
Module
Pe, Qa, v Ps, Qr

Perméat
Pp, Qp
- La pression de travail (Ptm) caractérisée par la
pression transmembranaire moyenne calculée à
partir de la pression d’entrée (Pe), la pression de
sortie (Ps) du module et la pression du perméat (Pp) :
Ps  Pe
Ptm   Pp
2
- La vitesse de circulation du fluide dans le module
(v) est donnée par :
v = Qa/W
Avec W : section du passage du fluide
- Le facteur de réduction volumique (FRV) est défini
par :
FRV = Qa / Qr

- Le taux de rétention (Robs) des espèces à séparer,


calculé à partir de la concentration initiale (Ca) de
chaque espèce dans la solution d’alimentation et la
concentration finale (Cp) de la même espèce dans le
perméat :
Ca  Cp
R obs 
Ca
Les performances des modules peuvent évoluer au
cours du temps, notamment à cause du régime de
polarisation ou du colmatage des membranes.

Mais on peut dire toutefois, de manière générale, les


problèmes de colmatage sont moins sensibles en
Nanofiltration qu’en Ultrafiltration.
Retentât
SO42-
Cl- Na+

pH basique
Membrane
NF
Perméat
IV- CRITÈRES TECHNICO-ÉCONOMIQUES

Dans un premier temps, il est important de connaître la


qualité que l’on souhaite atteindre pour le
retentât et pour le perméat (concentrations, pureté,
…)
Dans un deuxième temps, le choix de la membrane et
des modules est conditionné par une connaissance
approfondie du fluide à traiter. Une étude
analytique détaillée préalable est plus que
nécessaire.
Enfin, comme avec les autres procédés à membrane,
l’analyse technico-économique d’un procédé est
fondée sur trois critères indissociables :
1- sélectivité et choix des membranes
2- choix des modules et rendement de l’installation
(faible coût p/r aux autres techniques concurrentes)
3- tenue dans le temps et régénération des
membranes.
Les cycles de nettoyage permettent d’éviter les pertes
de performance et d’augmenter la durée de vie des
membranes.
IV-1- Sélectivité et choix des membranes
Les premières données caractéristiques des
membranes sont fournies par le fabricant (matériau
et tenue, rétention des solutés modèles, les pressions
limites, turbidité max admissible…)
En NF, trois essais précis doivent être réalisés :
- Mesure de la perméabilité au solvant pur (eau)
- Rétention des solutions modèles (NaCl, Na2SO4,
MgSO4, CaCl2)
- Rétention de molécules neutres (glucose,
saccharose, …)
IV-2- Choix des modules et rendement de
l’installation
Le choix de la géométrie est dicté par les
caractéristiques du fluide et par la nécessité ou non
d’effectuer un prétraitement.
Par exemple :
- un module spiralé est prohibé par une viscosité ou
une turbidité trop élevées alors qu’un module
tubulaire peut constituer la solution mieux adaptée
qui évite un prétraitement coûteux.
-La mise en place d’un prétraitement autorisera
l’utilisation d’un module spiralé plus compact et
moins consommateur d’énergie que les tubulaires.
IV-3- Tenue dans le temps et régénération des
membranes
Le fonctionnement d’un procédé membranaire est
constitué d’une suite alternée de cycles de
production et de cycles de régénération (retrouver le
débit à l’eau initial). La procédure utilisée est :
- Rinçage de l’installation (éliminer le fluide restant);
- Action chimique cycle acide / base et rinçage
intermédiaire;
- Rinçage final pour éliminer le dernier produit
chimique utilisé.
VI- EXEMPLES D’APPLICATION DE LA
NANOFILTRATION

VI-1- Décoloration par NF des effluents de rinçage


des cuves de fabrication d’encre pour stylos
Waterman (1995)

But : décolorer les effluents de rinçage et abaisser la


charge polluante organique (réduction de la DCO).

Pour une moyenne de 300 l/j d’effluent , module


multitube,
Démarche suivie :
1- définition de la technique : UF, NF, OI
La NF a donné le meilleur compromis flux / sélectivité
2- Test de différentes membranes de NF
3- Essais de longue durée sur pilote pré-industriel
* optimisation des paramètres opératoires ( vitesse,
pression, T, …)
* procédure de nettoyage
* recherche du FRV optimal
Performances obtenues :

-Flux 40 l/h.m2 à 30°C (en moyenne) pour une vitesse


de 2.6 m/s et DP = 26-28 bar.

-Taux de rétention en colorant


Robs = 99.7 à 99.9%

-FRV = 10 à 13
-Cycle de fonctionnement : 30 heures + 1 heure de
nettoyage
VI-2- Déminéralisation et concentration de
lactosérum
Le lactosérum est un sous produit important de l’industrie
laitière. Il pose des problèmes d’environnement mais il est
intéressant de le valoriser du fait de sa teneur élevée e
protéines. Toutefois cela demande une déminéralisation
préalable du produit. Des technologies à membranes
comme l’électrodialyse et plus récemment la NF ont
montré une bonne efficacité pour cette déminéralisation
Nature du produit à traiter : lactosérum acide
Composition : 6% MS + sels
Volume à traiter : 1000 m3/j

But : Concentration et déminéralisation partielle de


lactosérum acide.
Module membranaire : spiralé
Surface de membrane mise en œuvre : 2770 m2
VI-3 Séparation des produits chimiques et recyclage
des eaux de lavage sur les machines de
développement de films cinématographiques

Nature : Eau de procédé


Composition : DCO (10000 mg/l), DBO5 (4400 mg/l),
Thiosulfates (15000 mg/l), Sulfates (9100 mg/l),
Autres ions (1800 mg/l)
Volume à traiter : 21 m3/j
But : recycler l’eau de procédé et récupérer les
produits chimiques après lavage des films.
Module membranaire : spiralé
VI-4 Cas de la station de Méry-sur-Oise (France)
Production de l’eau potable à partir d’une eau de rivière (Oise)
140 000 m3/j, mise en service 1999.
Filière de traitement :
Prétraitement (Coagulation, floculation, décantation)
Ozonisation (casser les grosses molécules carbonées en
petites chaînes carbonées biodégradables (élimination des
pesticides, herbicides, fongicides…)
Filtration sur sable,
Microfiltration,
Nanofiltration,
Dégazage et traitement UV,
Post traitement : une chloration
En conclusion, voici un tableau récapitulatif pour
la comparaison des différentes techniques
baromembranaires :
OI NF UF MF
Diamètre
des pores < 0.5 =1 1 à 100 102 à 103
(nm)
Espèces Sels Petites Macrom Particules
retenues molécules Colloïdes Colloïdes
M ≥ 300
Mécanisme Solu- Solu-diffu Capillaire Capillaire
de diffu capillaire
transfert
Rôle de la
pression Import Moyenne Faible Négligeable
osmotique
OI NF UF MF
Pression
appliquée 30 à 80 10 à 40 2 à 10 0.2 à 2
(105 Pa ou bar)

Débit
volumique 10 à 60 50 à 100 50 à 500 150 à 1500
spécifique
(L.h-1.m-2)

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