Organisations Internationales

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DROIT INTERNATIONAL PUBLIC II :


ORGANISATIONS INTERNATIONALES

Professeur : MAVUNGU MVUMBI Jean-


Pierre
Chef de Travaux : BOONGI EFONDA
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PLAN GENERAL DU COURS

INTRODUCTION GENERALE

I. Naissance et évolution des Organisations Internationales

II. Notion d’Organisation Internationale

III. Organisation Internationale et notions voisines

a. Etablissement public et international


b. Institution internationale
c. Institution internationale spécialisée
d. Organisation non-gouvernementale

IV. Typologie des Organisations Internationales

V. Organisation intergouvernementale comme sujet de droit international

a. De la capacité d’agir selon le Droit International


b. De la possibilité d’engager leur responsabilité en Droit International
c. Du droit de présenter des réclamations internationales
d. De la capacité de conclure des traités
e. De la possibilité d’entretenir des relations diplomatiques avec des Etats-membres

VI. Les moyens financiers et humains des Organisations Internationales

a. Les moyens financiers


b. Les moyens humains

TITRE I : LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES A COMPETENCE UNIVERSELLE

Chapitre I : La Société Des Nations

Chapitre II : L’Organisation des Nations-Unies

TITRE II : LES INSTITUTIONS SPECIALISEES DU SYSTEME DES NATIONS-UNIES ET LES


ORGANISATIONS APPARENTEES

Chapitre I : L’Organisation Mondiale du Commerce


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Chapitre II : Le Fonds Monétaire Internationale

Chapitre III : La Banque Mondiale

Chapitre IV : L’Organisation Internationale du Travail

Chapitre V : L’Organisation Mondiale de la Santé

Chapitre VI : L’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture

TITRE III : LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES AFRICAINES

Chapitre I : L’Union Africaine

Chapitre II : La Banque Africaine de Développement

Chapitre III : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

Chapitre IV : La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale

Chapitre V : La Communauté de Développement de l’Afrique Australe

Chapitre VI : Le Marché Commun des Etats d’Afrique Australe et Orientale

Chapitre VII : L’Union du Maghreb Arabe

TITRE IV : LES ORGANISATIONS INTER-REGIONALES ET REGIONALES

Chapitre I : L’Union Européenne

Chapitre II : Le Groupe des Etats Afrique-Caraïbes-Pacifique

Chapitre III : Le Conseil de l’Europe

Chapitre IV : L’Organisation des Etats Américains

Chapitre V : L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord

Chapitre VI : La Ligue des Etats Arabes


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INTRODUCTION GENERALE

Chaque jour, plusieurs acteurs interviennent sur la scène internationale, notamment les
Etats, les O.I., les sociétés transnationales, les organisations non gouvernementales, les
mouvements de libérations, les personnes privées, etc.

S’agissant des O.I., leur apparition est postérieure à celle des Etats. Elles ont vu le jour après
les Etats car leur naissance est tributaire de la volonté des Etats.

Dans cette partie introductive, nous allons examiner :

1. La naissance et évolution des Organisations Internationales


2. Notions des Organisations Internationales
3. Les Organisations Internationales et notions voisines
4. La typologie
5. Les Organisations Internationales comme sujet de droit international
6. Les moyens financiers et humains des Organisations Internationales

I. Naissance et évolution des Organisations Internationales


La notion des Organisations Internationales a vu le jour en Europe dans les commissions
ou secteurs fluviales.
La société internationale ne cesse d’évoluer. L’un des traits marquants de cette
évolution est l’effort d’institutionnalisation dans le domaine de coopération. Les Etats
restent les principaux acteurs dans l’ordre international. Cependant, les O.I. ont peu à
peu pris davantage d’importance.
A l’époque moderne, le mouvement a pris naissance après le Congrès de Vienne de
1815, surtout dans la deuxième partie du XIXème siècle, notamment avec la création
d’Unions Fluviales et d’Unions Administratives. C’est le cas de la Commission Centrale
du Rhin (1831), de la Commission Européenne du Danube (1856), de l’Union
Télégraphique Internationale (1865), du Bureau International des poids et mesures
(1875), de l’Union postale universelle (1878), de l’Union pour la protection des œuvres
littéraires et artistiques (1883), etc.
Le mouvement s’est développé après la Première Guerre Mondiale avec la création de la
Société des Nations (SdN), dont le Pacte est annexé aux traités de paix de 1919. Ceux-ci
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ont également prévu l’institution de la Cour Permanente de Justice Internationale (CPJI)


et de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
Le phénomène d’institutionnalisation s’est nettement accéléré après la 2 ème Guerre
Mondiale auprès de devenir un point saillant de l’évolution de la société internationale
notamment avec la création de l’ONU en 1945 et de plusieurs institutions spécialisées
du système des Nations-Unies (OIT, OMS, FMI, Banque Mondiale, UNESCO) ainsi que
des organisations apparentées, à titre d’exemple AIEA, OMC, OMT.

D’autres O.I. ont été créé dans un cadre régional ou sous-régional. C’est le cas de la
Communauté Economique Européenne devenue en 1992 avec le traité de Mars, Union
Européenne, du Conseil de l’Europe, de l’Organisation des Etats Américains, de l’OUA
(Union Africaine), la CEEAC, la CDAO, la Ligue des Etats Arabes, l’OTAN, etc.

La diplomatie multilatérale a pris à l’époque contemporaine un essor sans précédent


dans l’histoire et cela pour plusieurs raisons : interdépendance croissante des Etats, le
caractère universel et global des problèmes internationaux, l’accession à l’indépendance
de nombreux Etats pour qui la diplomatie multilatérale est pratiquement le seul moyen
de se faire entendre.

La Communauté Internationale est appelée à résoudre ou à tenter de résoudre les


problèmes internationaux grâce à la collaboration des souverainetés le plus souvent au
sein des O.I.

Ainsi, la préservation de la paix et de la sécurité internationale, la gestion des conflits, la


lutte contre la destruction de la couche d’ozone entraînant des changements
climatiques, la lutte contre les grandes pandémies et le VIH SIDA, la réalisation des
objectifs millénaires pour le développement, la coopération financière et monétaire, la
préservation de l’environnement, la régulation du commerce international ne peuvent
être traités que d’une manière globale, planétaire afin de maximiser les chances
d’atteindre les objectifs assignés.

Les Etats estiment que la démocratie doit se promouvoir par la naissance des O.I.
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II. Notions des O.I.

La doctrine n’est pas unanime sur la définition de l’expression « Organisation


Internationale ». La Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 mai 1969, en son
article 2, la définit comme « une organisation intergouvernementale » mais cette
définition est trop laconique (concise).

Selon le Lexique des Termes Juridiques, c’est « un groupement permanent d’Etats doté
d’organes destinés à exprimer sur des matières d’intérêt commun, une volonté
distincte de celle des Etats membres ».

Le Lexique des Relations Internationales (beaucoup plus explicite) donne la définition


suivante : « Une organisation intergouvernementale ou internationale est une
association d’Etats établie sur base d’un traité interétatique appelé selon le cas
charte, statut ou constitution et doté d’organes permanents chargés de la réalisation
des buts de ladite organisation ». Elle s’oppose à l’ONG qui n’émane pas des Etats. Elle
a une personnalité juridique propre distincte de celle des Etats qui la composent.

Il existe trois traits particuliers qui caractérisent la forme d’agencement des rapports
internationaux dans le cadre d’une O.I. :

- Création par un acte volontaire manifeste et adoption d’un acte fondateur


constitutif : traité, charte, convention, pacte, protocole, etc.
- Exigence d’une matérialité, c’est-à-dire siège permanent, financement et personnel
ou ressources humaines
- Existence d’un mécanisme de coordination

Pour sa part, Sir Gérald FITZMAURICE, rapporteur général de la Commission de Droit


International, avait défini l’Organisation Internationale comme « une association d’Etats
constituée par traité, dotée d’une constitution et d’organes communs et possédant une
personnalité juridique distincte de celle des Etats membres ».

Quatre éléments constituent cette définition : création par la volonté des Etats,
fondement conventionnel, nature institutionnelle, entité distincte.

Ces éléments sont la distinction entre une O.I. et une conférence diplomatique. Ex. :
Conférence de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
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III. Organisation Internationale et notions voisines

Il existe des notions voisines qui sont souvent confondues aux Organisations
Internationales. Elles possèdent des caractéristiques propres qui les distinguent de
celles-ci. C’est le cas notamment des établissements publics internationaux, des
institutions internationales, des institutions internationales spécialisées, des ONG, etc.

1. Etablissement public international


Il est défini comme « une entreprise ou un service public créé par deux ou plusieurs
Etats, indépendamment de toute organisation internationale, ayant pour objet soit
de faire des prestations des particuliers, soit à réglementer l’usage par ses services
du domaine public desdits Etats ». Ex. : Organisation pour la Mise en Valeur du
Fleuve Sénégal (OMVS), créé en 1972, regroupant le Mali, la Mauritanie et le Sénégal,
dont l’acte constitutif fut adopté à Nouakchott ; l’Autorité du Bassin du Niger,
regroupant le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le
Nigéria et le Tchad, dont l’acte constitutif fut signé à Faranah (Guinée), le 21
novembre 1980 ; la Commission internationale des forêts en Afrique Centrale
(COMIFAC), dont l’acte constitutif a été signé à Brazzaville, le 5 février 2005 ;
l’Organisation pour l’aménagement et le développement du bassin de la Kagera,
regroupant le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie ; l’Autorité du Lac Tanganyika, créée
le 12 juin 2003, à Dar-es-Salaam, par les 4 pays riverains (Burundi, RDC, Tanzanie et
Zambie), etc.
La grande différence entre l’O.I. et l’établissement public international réside dans
leur objet.

2. Institution Internationale
La doctrine utilise souvent la notion d’organisation internationale à la place
d’institution internationale et inversement. Plusieurs auteurs emploient
indistinctement les deux concepts mais analysent les mêmes faits. Il y a lieu de citer
BELANGER Michel, COLLIARD Claude – Albert/DUBIS Louis, DE LACHARRIERE Guy.
Dans ce cas, O.I. et institution internationale ont le même sens du fait qu’elles
étudient les mêmes réalités.
Plusieurs textes constitutifs d’organisations internationales ont prévu les institutions
de celles-ci comme organes. La personnalité juridique est reconnue à l’organisation
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internationale et non pas à ses institutions qui ne sont que ses démembrements ou
organes. Ex. : Article 4 de la CDAO, Article 7 de la CEEAC, Article 4 de l’UA.
Point de vue du professeur BALANDA : « Une O.I. peut être différente d’une
institution internationale lorsque celle-ci est un phénomène intellectuelle, une
représentation de l’esprit qui joue un rôle dans les relations internationales et en
droit international. C’est notamment le cas du régime des mandats ou tutelles, de la
responsabilité internationale, de la représentation diplomatique, de la protection
diplomatique. »

3. Institution Internationale Spécialisée


La Charte des Nations-Unies prévoit les conditions dans lesquelles diverses
institutions spécialisées peuvent être créées et reliées à l’ONU (articles 57, 58, 59, 63,
64 et 66).
Ces institutions spécialisées sont « des organisations internationales pourvues
d’attributions déterminées dans les domaines économiques, sociales, culturelles,
sanitaires, techniques et reliées par des accords à l’ONU qui coordonnent leur activité
par l’intermédiaire du conseil économique et social ».
L’accord de coopération entre l’ONU et une institution spécialisée est soumis à la
probation de l’Assemblée Générale.
Les institutions spécialisées de l’ONU : Organisation Internationale du Travail (OIT),
Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO),
Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO),
Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Groupe de la Banque Mondiale (Banque
Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD), Association
Internationale de Développement (AID), Société Financière Internationale (SFI),
Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (AMGI), Centre International
pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI), Fonds
Monétaire International (FMI)), Organisation de l’Aviation Civile Internationale
(OACI), Organisation Maritime Internationale (OMI), Union Internationale de
Télécommunication (UIT), Union Postale Universelle (UPU), Organisation
Météorologique Mondiale (OMM), Organisation Mondiale de la Propriété
Intellectuelle (OMPI), Fonds International de Développement Agricole (FIDA) et
Organisation des Nations-Unies pour le Développement Industriel (ONUDI).
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4. Organisation Non Gouvernementale


Les organisations non gouvernementales (ONG) sont créées par des personnes
physiques et/ou des personnes morales, dans certains cas, par une initiative mixte
entre Etat et personnes privées. Elles sont constituées selon les lois d’un pays donné
et poursuivent généralement un but non lucratif.
La distinction entre organisation internationale et ONG est une distinction d’ordre
juridique fondée tant sur la nature des participants que de l’acte créateur :
- Exclusivement des Etats pour l’O.I., des personnes physiques et/ou des personnes
morales pour l’ONG ;
- Actes constitutifs (statut, charte, convention, pacte…) adoptés par la volonté des
Etats membres d’une part, textes créateurs (statuts) respectant les lois d’un pays
d’autre part.

Les ONG peuvent déployer leurs activités à l’intérieur d’un pays ou par-dessus les
frontières étatiques. Dans ce dernier cas, il s’agit des ONG internationales. C’est le
cas du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), de l’Association des Médecins
sans Frontières (MSF), du Comité International Olympique (CIO), de la Fédération
Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), de la Fédération Internationale des
Syndicats Libres, de l’Ordre Souverain de Malte, d’Amnesty International, d’Africa
Watch, de Human’s Right Watch, de Greenpeace, d’OXFAM, de WWF, de Care, de
Global Witness, de Christian Aid, etc.

Représentant l’opinion publique internationale, plusieurs ONG ont un statut


consultatif auprès des Organisations Internationales (FAO, OMS, OCDE, Conseil des
Droits de l’Homme,…). L’article 71 de la Charte a prévu que les ONG peuvent avoir un
statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC).

Un Etat peut-il créer une ONG ?

La question est controversée en doctrine. Dans la pratique, il n’est pas exclu qu’un
Etat, au nom de sa souveraineté, crée une ONG. Ainsi, la République Démocratique
du Congo a-t-elle créé l’ONG « Solidarité entre Nous », par Décret présidentiel,
chargée de coordonner les questions relatives aux droits de l’homme, avant la
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création du Ministère des Droits humains en date du 1er juin 1998. Seules les
organisations gouvernementales feront l’objet du cours.

IV. Typologie des Organisations Internationales


Des efforts de classification ont été faits, selon des typologies diverses : organisations
gouvernementales et organisations non gouvernementales, distinction quant au
domaine d’activités, distinction quant au rôle assigné.
Les organisations gouvernementales sont constituées par les accords entre Etats. Sauf
exception, les accords interétatiques requis sont contenus dans des Traités, appelés
Actes constitutifs (chartes, pactes, conventions, statuts,…).
Une organisation intergouvernementale se distingue d’une association non-
gouvernementale (ONG) par son acte constitutif. La première est l’œuvre de plusieurs
Etats, alors que la seconde peut être créée par une initiative privée ou mixte (Etat et
personnes privées) à l’exclusion de tout accord intergouvernemental, regroupant des
personnes privées ou publiques, physiques ou morales.
Les organisations internationales peuvent être classées :
1. Quant au domaine d’activités :
a. Organisations à vocation universelle, parmi lesquelles nous avons les
organisations universelles (SDN, ONU) et les organisations régionales (OEA, UA,
UE)
b. Organisations à vocation spéciale, c’est-à-dire poursuivant des buts dans des
domaines donnés. Dans le domaine économique et financier, il y a l’OMC, le FMI,
la Banque Mondiale, l’AELE ; dans le domaine sociale et humanitaire, il ya l’OIT,
l’OACI ; dans le domaine politique et militaire, il y a l’OTAN, le Conseil de
l’Europe ; dans le domaine culturel, il y a l’UNESCO, etc.
2. Quant au rôle général assigné :
a. Organisations de coopération ou de coordination (ONU, OMC)
b. Organisations d’intégration ou d’unification (UE, UA, OEA).

Les organisations internationales contiennent généralement cinq sortes d’organes :

1. Un organe délibératif plénier auquel tous les Etats membres participent. L’organe
adopte les grandes décisions de l’organisation ou sa politique générale. C’est le cas
de l’Assemblée Générale de l’ONU, de la Conférence générale de l’UNESCO, de la
Conférence Générale de l’OIT, etc.
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2. Un organe délibératif restreint auquel ne participent que quelques Etats membres


selon les critères définis par l’acte constitutif de l’organisation. Cet organe adopte
les décisions opérationnelles. C’est le cas du Conseil de Sécurité des Nations Unies,
des Conseils d’Administration du FMI, de l’OIT, de la Banque Africaine de
Développement (BAD), etc.
3. Un organe administratif chargé de la gestion quotidienne de l’organisation. C’est le
cas du Secrétariat Général de l’ONU, du Bureau International du Travail, de la
Commission de l’UA, etc.
4. Des organes techniques et consultatifs qui ne prennent aucune décision mais ne
donnent que leur avis. Il s’agit du Conseil économique et social de l’ONU, du Conseil
économique et social de l’Union Européenne…
5. Des organes juridictionnels chargés de résoudre les différends entre les Etats
membres, entre Etats membres et organisations internationales, entre organisations
internationales et fonctionnaires internationaux. C’est le cas de la Cour
Internationale de Justice, du Tribunal administratif des Nations Unies, de la Cour de
Justice des Communautés Européennes, du Tribunal administratif de l’OIT, etc.
 Pour le moment, une organisation internationale n’est pas justiciable devant le
CIJ mais peut plutôt demander un avis consultatif.

V. Les Organisations Internationales comme sujet de droit international


La renaissance de la personnalité juridique des organisations internationales découle de
leur reconnaissance comme sujets de droit. La pratique actuelle établit la
reconnaissance générale de la personnalité juridique des organisations internationales
au regard du droit international.

Les O.I. peuvent être considérées comme sujet de droit international car elles ont la
capacité d’agir dans l’ordre international, elles ont la possibilité d’engager leur
responsabilité au même titre que les Etats, elles ont le droit de présenter des
réclamations, elles peuvent conclure des traités internationaux et enfin, elles ont la
possibilité d’entretenir des relations diplomatiques.
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a) Capacité d’agir dans l’ordre international


L’O.I. s’appuie d’abord sur les textes constitutifs (Charte des Nations Unies) pour tirer sa
capacité à agir dans l’ordre international.
Il y a lieu de noter que la compétence d’une organisation internationale n’est pas
l’expression de la manifestation d’une souveraineté à l’égard d’une population
(compétence personnelle) ou d’un territoire (compétence territoriale) ou encore d’une
compétence originaire mais d’une compétence dérivée de la volonté des Etats.
Les compétences d’une O.I. trouvent leur étendue et leurs limites dans les fonctions
attribuées à l’O.I : il s’agit donc d’une « compétence fonctionnelle » à déterminer pour
chaque organisation selon le texte de la convention constitutive, au besoin interprété. A
défaut du texte, elles sont déterminées selon les compétences implicites, c’est-à-dire
celles qui découlent de la coutume.
Qu’entend-on par « implicite » ? Est implicite, ce qui n’est pas formellement exprimé par
un texte mais qu’on peut en tirer naturellement. En d’autres termes, ce n’est pas
explicitement stipulé dans le texte, mais on peut le déduire du texte. Par exemple, il n’est
écrit nulle part dans la Charte des Nations-Unies que le Secrétaire Général envoie les
représentants spéciaux dans les Etats membres. Cela découle d’une coutume.

Dans son avis consultatif portant sur la Réparation des dommages subis au service des
Nations Unies, la Cour Internationale de Justice a reconnu la personnalité internationale
de l’ONU par rapport aux Etats membres sur base de quatre éléments :
- L’accomplissement des buts de l’ONU, qui nécessite l’attribution de la personnalité
internationale ;
- L’ONU dispose des organes et est investie de tâches spéciales ;
- La relation entre les Etats membres et l’Organisation est définie dans la Charte. Il leur
incombe de lui apporter leur soutien et d’accepter les décisions du Conseil de
Sécurité, conférant ainsi à l’organisation la capacité juridique ainsi que les privilèges
et immunités ;
- Les Nations Unies exercent et jouissent des fonctions et de droits qui ne peuvent être
explicités que sur base de la possession d’une large mesure de personnalité
internationale et de la capacité d’agir sur le plan international.
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La personnalité juridique des Nations Unies est également opposable dans ses relations
avec des Etats non membres.

Pour affirmer une compétence implicite, il faut, en règle générale, pouvoir se fonder sur
une pratique internationale. La CIJ a reconnu des compétences implicites à l’ONU,
notamment dans les cas suivants :
- Dans son avis de 1949, elle a reconnu à l’ONU le droit d’exercer sa protection
fonctionnelle à l’égard de ses agents, même en l’absence d’un tel pouvoir dans la
Charte : « Selon le droit international, l’organisation doit être considérée comme
possédant ces pouvoirs qui, s’ils ne sont pas expressément énoncés dans la Charte
sont, par conséquent nécessaires, conférés à l’organisation en tant qu’essentiels à
l’exercice des fonctions de celle-ci (…). A considérer le caractère des fonctions
confiées à l’organisation, et la nature des missions des agents, il devient évident que
la qualité de l’Organisation pour exercer, dans une certaine mesure, une protection
fonctionnelle de ses agents, est nécessairement impliquée par la Charte ».
- Dans son avis consultatif sur la Namibie, la Cour a justifié la compétence de
l’Assemblée générale pour révoquer le mandat en ces termes : « Il serait inexact de
supposer que, parce qu’elle possède en principe le pouvoir de faire des
recommandations, l’Assemblée générale est empêchée d’obtenir, dans des cas
déterminés relevant de sa compétence, des résolutions ayant le caractère de
décision ou procédant d’une intention d’exécution ».

Comme exemples de la démonstration de l’existence de la personnalité juridique


internationale d’une O.I., nous avons l’affaire qui a opposé l’ONU à la Palestine en 1949,
l’affaire COMTE BERNADOTTE. Il s’agit d’une protection fonctionnelle, c’est-à-dire la
protection qu’effectue une O.I. sur un de ses agents.
 La protection fonctionnelle est à différencier de la protection diplomatique. La
protection diplomatique est une protection effectuée par un Etat sur ses
ressortissants. Ex. : Affaire Mamadou DIALLO.
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b) De la possibilité d’engager leur responsabilité en droit international


Rappel : Les éléments constitutifs de la responsabilité internationale sont la violation
d’une norme internationale et cette violation doit être imputable à un sujet de droit
international (Etats ou O.I.).
Sujets de droit international, les O.I. ont des droits et obligations. Mutatis mutandis, elles
peuvent engager leur responsabilité internationale en cas d’exercice irrégulier et
dommageable de leurs compétences.
L’engagement de la responsabilité internationale des O.I. et la transposition des règles du
droit international relatives à la responsabilité devraient prendre en considération les
caractéristiques liées à celles-ci.
Ainsi, faisant suite à la protestation de l’URSS aux indemnisations payées à certaines
victimes par les Nations-Unies dans le cadre de la mission ONUC au Congo, le Secrétaire
Général s’est prononcé en ces termes : « L’ONU a toujours eu pour politique d’indemniser
les victimes des dommages engageant la responsabilité juridique de l’Organisation. Cette
politique est conforme aux principes généralement reconnus du droit, ainsi qu’à la
Convention sur les privilèges et immunités des Nations-Unies ».
La responsabilité des O.I. pourrait, dans une certaine mesure, entraîner celles des Etats
membres. Dans un arrêt du 18 février 1999 (D. Matthews c/Royaume-Uni), la Cour
Européenne des Droits de l’Homme a considéré que la Convention de Rome portant
sauvegarde des droits de l’home et des libertés fondamentales « n’exclut pas le transfert
de compétences à des organisations internationales pourvu que les droits garantis par la
Convention continuent d’être reconnus. Pareil transfert ne fait donc pas disparaître la
responsabilité des Etats membres ».

c) Droit de présenter des réclamations internationales


Il s’agit de recourir aux méthodes habituelles reconnues par le droit international pour
l’établissement, la présentation et le règlement des réclamations. Parmi ces méthodes,
on peut mentionner la protestation, la demande d’enquête, la négociation et la demande
de soumettre l’affaire à un Tribunal ou à la Cour. Ex. : Avis consultatif de la CIJ du 15
décembre 1989 dans l’affaire de l’Applicabilité de la Section 22 de l’article VI de la
Convention sur les privilèges et immunités des Nations-Unies.
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d) Capacité de conclure des traités

Il peut s’agir de traités signés entre un Etat et une Organisation Internationale ou entre
Organisations Internationales. Le texte qui prévoit cette capacité est la Convention de
Vienne Du 21 mars 1986. Ex. : Le Protocole d’Accord relatif à l’établissement à Kinshasa
d’un Bureau des Droits de l’homme entre la République du Zaïre (RDC) et l’Organisation
des Nations-Unies du 21 août 1996 ; l’Accord entre le Haut Commissariat des Nations-
Unies pour les Réfugiés et la République du Zaïre (RDC) concernant l’établissement d’une
délégation régionale du Haut Commissariat au Zaïre (RDC) du 1er avril 1975 ; l’Accord
entre les Nations-Unies et l’UNESCO, approuvé par la Conférence générale du 6 décembre
1946 et par l’Assemblée générale des Nations-Unies le 14 décembre 1946, etc.

Lorsqu’il s’agit d’un traité signé entre un Etat et une O.I., c’est un traité de siège qui
permet à une O.I. d’étendre ses activités dans le pays.

e) Possibilité d’entretenir des relations diplomatiques avec les Etats membres


Avant, le droit de légation, c’est-à-dire le droit d’envoyer et de recevoir des Ministres
publics, pour reprendre la doctrine classique, était exclusivement réservé aux Etats. A la
faveur du développement des relations internationales, ce droit de légation est désormais
reconnu aux O.I.
Le droit de légation peut être actif ou passif. Il est dit actif lorsqu’il s’agit d’un droit
d’accréditer des agents diplomatiques auprès des Etats étrangers et il est dit passif
lorsqu’il s’agit du droit de recevoir les envoyés des Etats.
S’agissant des relations diplomatiques avec les O.I., il peut s’agir de l’ouverture d’une
mission d’un Etat auprès d’une O.I. ou de l’ouverture d’une représentation de l’O.I. dans
un Etat. Des relations peuvent s’établir également entre deux O.I. : missions ou
délégations permanentes, bureaux régionaux ou sous-régionaux, commissions, etc. Par
exemple, les missions permanentes de la RDC auprès des Nations-Unies (New-York,
Genève), des représentations des Nations-Unies en RDC (PNUD, UNICEF, HCR, Bureau des
Nations-Unies aux Droits de l’Homme, etc.), de la Mission de l’UA à New-York, Genève et
Bruxelles, etc.
 Il y a une nuance entre la représentation permanente et la mission. Il y a
représentation permanente lorsque le pays est membre de l’organisation. Quant à la
mission, elle est dirigée par un ambassadeur, un plénipotentiaire chargé par le Chef de
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l’Etat de le représenter lors de la négociation. La mission, contrairement à la


représentation permanente, provient d’un Etat non membre de l’O.I.
 Dans une représentation non permanente (dans un pays non membre),

VI. Les moyens financiers et humains


Le fonctionnement des O.I. nécessite la mobilisation des fonds financiers et humains
conséquents pour permettre à celles-ci de remplir les missions qui leur sont dévolues
par les Etats membres.

a. Les moyens financiers


Vu le développement de leurs interventions dans plusieurs domaines comme les
opérations de maintien de la paix, les interventions humanitaires, etc., les O.I.
mobilisent des ressources financières très importantes.
Les Etats membres sont en droit d’attendre des O.I. une gestion saine et
responsable des fonds alloués. De même, les O.I. de développement (Banque
Mondiale, FMI, Banque Africaine de Développement,…) exigent des Etats la
transparence dans l’utilisation des fonds qu’elles allouent aux Etats bénéficiaires. La
bonne gouvernance est devenue une condition d’accès à l’aide multilatérale. Elle se
heurte souvent à la souveraineté des Etats.

Le budget d’une O.I. est souvent adopté par l’organe plénier. Selon le cas, il peut
être annuel (ex. : UA), biennal (ex. : ONU, UNESCO), quadriennal (ex. : OMS) ou
pluriannuel (ex. : Union Européenne).

En règle générale, les sources proviennent des Etats membres. On distingue les
ressources ordinaires, obligatoires, des ressources volontaires. Les ressources
ordinaires sont fixées par l’O.I. selon le niveau des Etats alors que les ressources
volontaires sont versées selon la volonté des Etats, c’est-à-dire ils peuvent comme
ils peuvent ne pas donner.

A titre d’exemple, les quotes-parts au sein des Nations-Unies sont déterminés en


fonction du revenu national de chaque pays (PNB par habitant pondéré par le
nombre d’habitants). La part d’un Etat membre dans le budget ne peut dépasser
25%. En 2007, les Etats-Unis avaient une part de 22%, le Japon 16,62%, l’Allemagne
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8,52%, Royaume-Uni 6,64%, la France 6,30%, Italie 5,08%, Espagne 2,97%, Canada
2,93%, Chine 2,67%.

Il n’est pas rare que les contributeurs principaux utilisent l’arme financière pour
tenter d’influencer la politique générale de l’organisation. Cela peut se matérialiser
par le versement conditionné des contributions ou par le versement différé de
celles-ci, paralysant ainsi les moyens d’action de l’O.I. c’est le cas de l’attitude
observée par les Etats-Unis au sein de l’UNESCO ou de l’ONU. Les arriérés de
cotisation à la charge des Etats-Unis s’élèveraient à près de 2 milliards de dollars.

Les O.I. peuvent inviter les Etats-membres à verser des contributions volontaires
pour les aider à faire face à des actions spécifiques. Ex. : Dernièrement, les pays ont
été invités à contribuer à la lutte contre le virus Ebola. Les budgets ordinaires des
O.I. connaissent un développement vertigineux suite à leurs interventions tout
azimut. Ainsi, le budget de l’ONU est passé de 19,39 millions de dollars (1946) à
4.171,359 millions de dollars (2008-2009).

Les O.I. peuvent aussi disposer des ressources propres, notamment par des retenus
opérées sur le traitement des agents, produits ou prestations vendus, les emprunts,
les intérêts bancaires pris des ressources propres dont le montant est fixé par les
Etats-membres.

b. Les moyens humains

Toute O.I. dispose des moyens humains qui lui permettent de s’acquitter de ses
missions : ce sont des fonctionnaires internationaux. Claude Albert COLLIARD définit
le fonctionnaire international comme « une personne recrutée par une O.I.
intergouvernementale et qui exerce, dans le cadre d’un régime juridique particulier
établi par l’Organisation, d’une façon continue et durable, des fonctions, dans
l’intérêt de l’Organisation elle-même ».

Quatre éléments principaux se dégagent de cette définition :

1. Le fonctionnaire international est au service d’une O.I. ;


2. Dans son action, le fonctionnaire international poursuit la réalisation des buts
assignés à l’O.I. ; il doit se préoccuper des intérêts de la communauté
P a g e | 18

internationale et non pas ceux d’un homme ou d’un groupe de membres de


l’O.I. ;
3. Le fonctionnaire international ne doit pas être au service d’un Etat membre ;
4. Le fonctionnaire international doit se consacrer entièrement à ses fonctions au
sein de l’O.I. Il doit observer une certaine neutralité concernant les affaires qui
relèvent de la compétence nationale des Etats membres. Tout en demeurant
citoyen d’un Etat membre, il doit s’abstenir de toute activité politique.

A ce sujet, l’article 17 du Statut du personnel de l’ONU, tel que modifié le 9


décembre 1953 prévoit que : « Les fonctionnaires peuvent exercer le droit de vote,
mais ils ne peuvent se livrer à aucune activité politique qui soit incompatible avec
l’indépendance et l’impartialité qu’exige leur qualité de fonctionnaires
internationaux ou qui puisse en faire douter ».

L’article 100 de la Charte de l’ONU énonce les principes que les fonctionnaires
internationaux, au service des Nations-Unies, se doivent de respecter dans
l’accomplissement de leurs fonctions. Il est demandé aux Etats membres de
respecter le caractère international des fonctions du Secrétaire Général et du
personnel. Cet article a la teneur suivante : « 1. Dans l’accomplissement de leurs
devoirs, le Secrétaire Général et le personnel ne solliciteront ni accepteront
d’instructions d’aucun gouvernement, ni d’aucune autorité extérieure à
l’Organisation. Ils s’abstiendront de tout acte incompatible avec leur situation de
fonctionnaires internationaux et ne sont responsables qu’envers l’Organisation ;
2. Chaque membre de l’Organisation s’engage à respecter le caractère
exclusivement international des fonctions du Secrétaire Général et du personnel
et à ne pas chercher à les influencer dans l’exécution de leur tâche. »

Ces principes s’appliquent dans toutes les O.I.

Il est des personnes, des catégories diverses, qui sont utilisées par des O.I. pour une
période temporaire, de courte durée. Elles n’ont pas la qualité de fonctionnaires
internationaux (experts techniques, membres d’une Commission d’arbitrage ou de
conciliation, membres des tribunaux administratifs, consultants…).

Le pouvoir de nomination des fonctionnaires internationaux est de la compétence


de l’Organisation. Les Etats membres interviennent pour la désignation du
P a g e | 19

fonctionnaire le plus élevé : Secrétaire Général (art. 97 de la Charte de l’ONU) ou


Directeur Général. Le recrutement doit être équitable et doit refléter la diversité
des Etats membres : « La considération dominante dans le recrutement et la
fixation des conditions d’emploi du personnel doit être la nécessité d’assurer à
l’Organisation les services de personnes possédant les plus hautes qualités de
travail, de compétence et d’intégrité. Sera dûment prise en considération
l’importance d’un recrutement effectué sur une base géographique aussi large que
possible » (art. 101, par.3, de la Charte de l’ONU).

La contribution financière (quote-part) des Etats membres est souvent prise en


compte dans la répartition des postes.

Les fonctionnaires internationaux jouissent des droits liés à leurs fonctions


(rémunération substantielle, privilèges et immunités,…). La Convention sur les
privilèges et immunités des Nations-Unies (approuvée par l’Assemblée générale des
Nations-Unies le 13 février 1946 ; cf. l’article V, sections 17 à 21), la Convention sur
les privilèges et immunités des institutions spécialisées (approuvée par l’Assemblée
générale des Nations-Unies le 21 novembre 1947, cf. les articles VI à VIII, sections
18 à 30), les accords de siège… donnent des indications utiles sur les privilèges et
immunités qui sont accordés aux fonctionnaires internationaux.

Les fonctionnaires internationaux ont la faculté d’ester en justice pour défendre


leurs droits contre leur employeur. Des mécanismes divers de règlement des
différends ont été prévus. C’est le cas de la création du Tribunal Administratif des
Nations-Unies (T.A.N.U.), créé par la résolution 351 (IV) du 24 novembre 1949. Cet
organe connaît des différends entre plusieurs institutions internationales (O.I.T,
O.M.S, UNESCO, U.I.T., F.A.O., U.P.U., OMC,…) et leurs fonctionnaires.

D’autres organisations ont mis en place des commissions de recours (Conseil de


l’Europe, OCDE, etc.).
P a g e | 20

TITRE I : LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES A COMPETENCE


UNIVERSELLE

Il s’agit des O.I. ayant pour vocation de déployer leurs activités sur l’ensemble du monde.
C’est le cas de la Société des Nations et de l’Organisation des Nations-Unies.

Chapitre I : La Société Des Nations

1. Création de la Société des Nations

La Conférence de paix de 1919 à Versailles a posé deux actes importants :

- La création d’une commission pour l’élaboration d’un projet de pacte (27 janvier
1919)
- L’adoption à l’unanimité de ce pacte sur proposition du Président Woodrow Wilson

Ce pacte faisait partie du Traité de Versailles et la SDN comme institution internationale


devrait s’appuyer sur la trilogie Paix-Désarmement-Arbitrage.

Malgré le rôle moteur joué par le gouvernement américain, les USA ne sont pas devenus
membres de cette O.I. suite au refus du Congrès américain. La non-participation des USA
est considérée comme l’un des éléments ayant justifié l’échec de cette organisation.

2. Particularités de la Société des Nations


L’article 1er prévoyait trois catégories de membres :
- Les membres originaires signataires du pacte
- Les membres originaires invités à signer le pacte
- Les membres admis

Les membres originaires signataires du pacte étaient énumérés dans l’annexe du pacte.
Ils étaient au nombre de 27.

Les membres originaires invités à signer le pacte étaient des Etats qui avaient participé à
la guerre. C’est le cas des Pays-Bas, du Danemark, de la Suisse, de l’Argentine, de
l’Egypte, de l’Ethiopie, de l’Iran…
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Le pacte constatait une notion extensive des membres, c’est-à-dire hormis les Etats,
sujets par excellence du droit international, d’autres collectivités pouvaient être
membres de la SDN (les colonies).

Certains membres étaient admis sans qu’ils aient à remplir certaines conditions telles
que l’engagement d’abolir l’esclavage et l’interdiction de commerce des armes (cas de
l’Ethiopie).

3. Aspects institutionnels
La SDN était dotée de 3 organes : l’Assemblée, le Conseil, le Secrétariat. Le siège se
trouvait à Genève.

a. L’Assemblée
Elle est l’organe plénier composé des représentants de l’ensemble des membres.
Chaque membre représente une voix et pouvait être représenté par au plus 3
personnes.

b. Le Conseil
Il s’agit d’un collège restreint composé de 5 grandes puissances (l’Empire d’Italie, les
USA, la France, l’Italie, le Japon) et de quatre autres membres de la société désignés
par l’Assemblée (Belgique, Brésil, Espagne, Grèce). Le Conseil avait aussi la possibilité
d’élargir les membres.

c. Le Secrétariat
C’est l’organe administratif.

La SDN a laissé comme héritage l’organisation de la fonction publique internationale et la


CPJI a légué sa jurisprudence.

La SDN a échoué pour les raisons suivantes :

- L’absence des USA


- Le processus décisionnel
- Le pacte de la SDN n’interdisait pas formellement le recours à la force
- L’absence de sanctions
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Chapitre II : L’Organisation des Nations-Unies

Après l’échec de la SDN, les pays Alliés (USA, URSS, Belgique, France, Chine) prirent
l’initiative de créer une nouvelle organisation, l’ONU.

En dépit de l’échec de la SDN, la nouvelle organisation devait s’inspirer de ses expériences et


de ses succès (création de l’OIT et de la CPJI, effort de codification du droit international,
tentatives de résoudre en commun des problèmes internationaux, etc.).

De nos jours, l’ONU est l’unique organisation universelle à compétence étendue et


multidimensionnelle.

1. La création de l’ONU

La Charte de l’Atlantique du 14 août 1941 entre Churchill et Roosevelt ainsi que la


Déclaration des Nations Unies du 1er janvier 1942 (signée par 26 Etats en guerre contre
l’Allemagne et le Japon, puis par 21 autres Etats) ont été les premières étapes vers la
création de l’ONU.

La Charte de l’Atlantique, tout en ne faisant pas expressément référence à la création


d’une organisation universelle, énonçait plusieurs principes précurseurs : la sécurité
générale, la renonciation à l’usage de la force, l’égal accès aux matières premières, le
progrès économique et de la sécurité sociale.

C’est la Conférence de Moscou d’octobre 1943 qui lança l’idée de créer une organisation
internationale « fondée sur l’égalité souveraine de tous les Etats pacifiques et ouverte à
tous les Etats grands et petits ». Cette ouverture marque une première différence d’avec
la SDN, dans le sens que cette dernière prônait le principe de l’étroitesse, c’est-à-dire
qu’elle n’acceptait que les grandes puissances.

Les premières mesures concrètes ont été prises à la Conférence de Dumbarton Oaks, du
21 août au 7 octobre 1944, à laquelle furent conviés des juristes des Etats-Unis, de la
Grande-Bretagne, de la Chine et de l’URSS. La Conférence avait pour tâche d’élaborer des
recommandations dites « Propositions de Dumbarton Oaks ». Ces propositions
contiennent la plupart des dispositions relatives aux tâches, aux principes et à la structure
des Nations-Unies. Elles ont été soumises à tous les signataires de la Déclaration des
Nations-Unies.
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Les chefs de gouvernement des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’URSS se


réunirent à Yalta lors de la Conférence politique de Crimée en février 1945 pour
examiner les propositions de Dumbarton Oaks ; ils les complétèrent en plusieurs points,
notamment la procédure de vote au sein du Conseil de sécurité.

Les participants à la Conférence de Yalta prirent également l’initiative de convoquer une


conférence des Nations-Unies, des pays signataires de la Déclaration des Nations-Unies
du 1er janvier 1942. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’URSS et la Chine furent désignés
comme puissances invitantes.

Prévue initialement à Yalta, c’est à San Francisco que la conférence des Nations-Unies eut
lieu, d’avril à juin 1945. La Charte des Nations-Unies fut adoptée le 26 juin 1945, à
l’unanimité et sans réserve par 50 Etats présents. Elle entra en vigueur le 24 octobre 1945
avec le dépôt des instruments de ratification des membres permanents du Conseil de
Sécurité et de la majorité des autres Etats signataires.

L’ONU est devenue une organisation universelle qui compte actuellement 195 membres.
Les derniers membres sont la Suisse, le Timor Oriental et le Monténégro. Tous les Etats
composant la communauté internationale font partie de l’ONU.

Les articles 3 et 4 de la Charte prévoient les catégories de membres des Nations-Unies. Il


y a les membres originaires (les 50 Etats présents lors de la Conférence des Nations-
Unies) et les membres admis (ceux qui ont adhéré après la création de l’ONU).

Tout Etat pacifique peut devenir membre des Nations-Unies. Pour cela, il écrit au
Secrétariat Général de l’ONU qui transmettra le dossier au Conseil de Sécurité qui, à son
tour, recommandera l’Etat à l’Assemblée Générale qui décidera de l’admission. L’Etat doit
préalablement accepter les obligations consignées dans la Charte.

L’ONU étant ouverte à tous les Etats, grands ou petits, l’étroitesse du territoire n’est pas
un handicap à l’admission comme membre des Nations-Unies. Cela est illustré par
l’adhésion d’Andorre, Monaco, Liechtenstein, Nauru, Barbade qui sont des micro-Etats.

Certaines collectivités, organisations internationales et sujets particuliers participent aux


travaux des organes de l’ONU en qualité d’observateurs. Il s’agit de la Palestine, de
l’Union Européenne, de l’Union Africaine, du Saint-Siège, du CICR, etc.
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2. La nature juridique de l’ONU

L’ONU est une organisation internationale composée d’Etats souverains, dotée de la


personnalité juridique dans l’ordre international. A ce titre, elle a la capacité de conclure
des traités internationaux, d’engager sa responsabilité sur le plan international, d’ester en
justice et de faire des réclamations.

L’ONU est une organisation de coopération vu que les membres ne cèdent pas les
attributs de leur souveraineté, sauf en cas de préservation de la paix et de la sécurité
internationale.

Sur les territoires de chacun des Etats membres, elle a la capacité juridique et jouit des
privilèges et immunités nécessaires à atteindre ses buts (articles 104 et 105 de la Charte
et la Convention sur les privilèges et immunités des Nations-Unies du 13 février 1946).

Contrairement à la SDN dont l’acte constitutif faisait partie du Traité de Paix de Versailles,
l’ONU repose sur un traité indépendant, la Charte du 26 juin 1945.

L’ONU n’est pas une organisation supranationale. Il faudrait remplir trois conditions
essentielles pour qu’elle le devienne, à savoir :

- Ses organes doivent être composés de personnes indépendantes, non liées par des
instructions de l’Etat d’origine ;
- Les décisions entrent directement en vigueur et sont immédiatement applicables. Or,
pour l’ONU, il n’y a que le Conseil de Sécurité qui rend les décisions obligatoires et
exécutoires.
- Les attributions matérielles de l’organisation doivent être relativement étendues.

Toutefois, il y a un caractère de supranationalité dans la compétence du Conseil de


Sécurité de décréter des sanctions en vertu du chapitre VII de la Charte.

Autre différence entre la SDN et l’ONU : le recours à la force. Dans la SDN, le recours à la
force était prohibé sauf en cas d’échec de l’arbitrage (articles 10 et 13 du Pacte de la SDN)
alors que dans l’ONU, on ne recourt pas à la force sauf en cas de légitime défense.
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3. Les buts et les principes des Nations-Unies

Les buts sont énoncés à l’article 1er de la Charte. Il s’agit principalement de préserver la
paix et la sécurité internationales non seulement en empêchant les conflits mais aussi en
écartant les causes des conflits. Pour cela, l’ONU utilise les moyens suivants : promouvoir
la dignité et les droits de la personne humaine, résoudre les problèmes économiques,
sociaux, culturels et humanitaires, reconnaître l’égalité de droit des peuples et leur droit à
disposer d’eux-mêmes, instaurer des moyens de règlement pacifique des différends,
développer entre les nations des relations amicales.

Les principes des Nations-Unies sont énoncés à l’article 2 de la Charte et accessoirement


par la résolution 2625 (XXV) de l’Assemblée Générale, du 24 octobre 1970 portant
Déclaration relative aux principes de droit international touchant les relations amicales et
la coopération entre les Etats conformément à la Charte des Nations-Unies.

Les principes énoncés à l’article 2 sont :

a) l’égalité souveraine entre les Etats (limitée aux avantages donnés aux membres
permanents des Nations-Unies dont le droit de veto) : ce principe signifie que tous les
Etats membres sont égaux en droit, que les Etats doivent observer le respect mutuel
de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique, que les Etats doivent
respecter le libre choix du système politique économique, social et culturel.
L’article 27, §3 de la Charte qui consacre le droit de veto au profit des Etats membres
permanents du Conseil de Sécurité est souvent considéré comme antinomique au
principe de l’égalité souveraine entre les Etats.
b) la bonne foi dans les relations internationales : l’article 2, §2 de la Charte demande
aux Etats de remplir de bonne foi les obligations assumées aux termes de la Charte. La
Déclaration ajoute le devoir de remplir de bonne foi les obligations qui incombent à
l’Etat en vertu des principes et des règles généralement reconnus du droit
international (voir articles 26 et 27 de la Convention de Vienne sur le droit des traités
du 23 mai 1969). Elle ajoute aussi une règle de conflit entre les obligations nées
d’accords internationaux et celles qui sont nées de la Charte : celles de la Charte
prévalent (voir article 103 de la Charte). Le non respect de ce principe peut conduire à
l’anarchie, des conflits et une insécurité internationale.
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c) le règlement pacifique des différends internationaux (médiation, négociation) : les


Etats doivent utiliser des moyens pacifiques, notamment ceux énumérés à l’article 33
de la Charte. Ce principe est élevé au rang de norme impérative de valeur absolue.
d) le non recours à la force : il s’agit d’une norme impérative de valeur absolue applicable
à tous les Etats composant la communauté internationale.
Ce principe connaît deux limites : le recours à la force reste licite en cas de légitime
défense (article 51) ou lorsque le Conseil de Sécurité décide d’engager une action
collective en vue de faire face à une menace contre la paix, une rupture de la paix ou
un acte d’agression (articles 42 et 53).
La légitime défense est un droit naturel, c’est-à-dire que même si la Charte ne l’avait
pas prévu, il existerait.
e) l’assistance à l’ONU : les Etats membres ont le devoir de coopérer avec l’Organisation
pour l’accomplissement de ses tâches (application des mesures coercitives, actions
humanitaires, missions de paix, etc.).
f) effets pour les Etats non membres : l’article 2, §6 de la Charte prévoit que
« l’Organisation fait en sorte que les Etats qui ne sont pas membres des Nations-Unies
agissent conformément à ces principes dans la mesure nécessaire au maintien de la
paix et de la sécurité internationales ».
En principe, les Etats non membres ne sont pas liés par les dispositions de la Charte ;
celle-ci est res inter alios acta (article 34 de la Convention de Vienne sur le droit des
traités). Toutefois, la Charte revêt des aspects juridiques opposables à tous les Etats.
Elle recouvre en grande partie les conceptions juridiques qui gouvernent la
communauté des Etats.
Certaines actions des Nations-Unies sont pourvues d’une dimension politique dont il
faut tenir compte. Lors des sanctions contre la Rhodésie et l’Afrique du Sud, le Conseil
de Sécurité s’est aussi adressé aux Etats non-membres.
Dans son avis consultatif sur la Namibie, la CIJ a déclaré « Pour ce qui est des Etats
non-membres, et bien que ces Etats ne soient pas liés par les articles 24 et 25 de la
Charte, les paragraphes 2 et 5 de la résolution 276 (1970) les invitent à s’associer à
l’action des Nations-Unies concernant la Namibie. De l’avis de la Cour, la cessation du
mandat et la déclaration de l’illégalité de la présence sud-africaine en Namibie sont
opposables à tous les Etats.
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Dans sa résolution 661 (1990) relative à la crise du Golfe, le Conseil de Sécurité a


également fait référence aux Etats non membres : « demande à tous les Etats, y
compris aux Etats non membres de l’Organisation des Nations-Unies d’agir de façon
strictement conforme aux dispositions de la présente résolution nonobstant tout
contrat passé ou toute licence accordée avant la date de la présente résolution ».
g) respect du domaine réservé : appartiennent au domaine réservé les activités étatiques
où la compétence de l’Etat n’est pas liée par le droit international.
Cinq remarques sont faites à ce sujet :
- le domaine réservé diminue avec la multiplication des règles de droit international
(droits de l’homme, droit de la mer, droit fluvial international, etc.)
- des résolutions touchant à des questions intérieures ont été fondées directement
sur les buts de la Charte, notamment le droit à l’autodétermination et le respect
des droits de l’homme (résolution 1514 de l’Assemblée Générale du 14 décembre
1960 portant Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples
coloniaux ; résolution 1264 du 15 septembre 1999 sur le Timor oriental,…).
- Pour éviter que l’Etat n’utilise abusivement la notion de domaine réservé afin
d’écarter des interventions internationales, la Charte et la pratique des Nations-
Unies fournissent quelques précisions :
o Le paragraphe 7 de l’article 2 parle « d’affaires qui relèvent essentiellement
de la compétence nationale ». Il ne suffit pas qu’une affaire « intéresse » ou
« concerne » ou soit « relative à la compétence nationale, il faut qu’elle en
relève essentiellement ».
o Le mot « intervenir » est utilisé dans un sens restreint. L’interdiction
d’intervenir ne comporte pas, dans la pratique des Nations-Unies, celle de
débattre de questions touchant les affaires intérieures d’un Etat et d’instituer
une commission d’enquête sur ces questions.
o L’idée du domaine réservé ne doit pas concerner des questions faisant l’objet
de traités internationaux.
- En vertu du paragraphe de l’article 2, un Etat ne saurait invoquer le domaine
réservé pour s’opposer à une intervention décidée par le Conseil de Sécurité en
application du Chapitre VII, mesures prises lors de menace contre la paix, de
rupture de la paix ou d’acte d’agression.
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- La Déclaration sur les relations amicales (résolution 2625) utilise l’expression


« non-intervention ». Elle est affirmée comme une règle de comportement entre
Etats et non seulement entre l’Organisation et les Etats membres. Dans la Charte,
la réserve de la compétence nationale a pour but de délimiter la compétence de
l’ONU par rapport à celle des Etats membres. Dans la Déclaration, le principe de
non-intervention vise toute forme d’ingérence d’un Etat dans les affaires d’un
autre Etat. Il découle donc directement du principe de l’égalité souveraine des
Etats.

La résolution 2625 (XXV) énonce les principes suivants :

- interdiction du recours à la menace ou à l’emploi de la force (exception : légitime


défense)
- règlement pacifique des différends internationaux ;
- non-intervention dans les affaires relevant de la compétence nationale d’un Etat ;
- devoir des Etats de coopérer ;
- égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ;
- égalité souveraine des Etats ;
- bonne foi dans l’observation des obligations imposées par la Charte.

La Déclaration sur les relations amicales, considérée comme texte interprétatif de la


Charte, témoigne de la volonté et du souci de rester dans les limites de la Charte,
d’empêcher toute interprétation qui puisse modifier le sens et la portée de la Charte.

Pourtant, la Déclaration vise en général les relations entre tous les Etats et non pas
seulement les relations entre Etats membres, ainsi que les relations entre l’ONU et les
Etats membres.

4. La structure institutionnelle de l’ONU

La structure institutionnelle de l’ONU est composée d’organes (principaux et subsidiaires)


ainsi que d’institutions spécialisées.
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I. Les organes principaux

Aux termes du premier paragraphe de l’article 7, les organes principaux sont les
suivants : l’Assemblée Générale, le Conseil de Sécurité, le Conseil économique et
social, le Conseil de tutelle, la Cour Internationale de Justice et le Secrétariat.

A. L’Assemblée Générale (articles 9 à 22)

Il s’agit de l’organe délibératif plénier de l’ONU qui réunit tous les Etats membres.
Chaque année, en septembre, les Etats membres se réunissent à New-York pour la
session annuelle ordinaire et le débat général. Lorsque les circonstances l’exigent,
ils se réunissent pour des sessions extraordinaires (art. 20).

- Les participants (cinq au plus par Etat membre) sont des représentants de
gouvernements, agissant sur instruction.
- Le règlement intérieur est fixé par l’Assemblée.
- Au début de chaque session, l’Assemblée désigne un Président, assisté de 21
vice-présidents. La présidence de l’Assemblée ne peut être assurée par un
Etat membre permanent du Conseil de Sécurité. Ainsi, le président ne peut
être russe, américain, chinois, britannique ou encore français.
- Au regard de l’article 18, chaque membre dispose d’une voix. Les décisions se
prennent à la majorité simple des membres présents et votants. Cependant,
elles sont prises à la majorité des deux tiers sur les questions dites
importantes.

L’Assemblée comprend six commissions : la Commission des questions de


désarmement et de sécurité internationale, la Commission des questions
économiques et financières, la Commission des questions sociales, humanitaires
et culturelles, la Commission des questions politiques spéciales et de la
décolonisation, la Commission des questions administratives et budgétaires et la
Commission des questions juridiques.

Les travaux au sein de chaque commission sont dirigés par un bureau.

Tout Etat membre a le droit de siéger dans chaque commission. Des Etats non
membres, des collectivités, des organisations internationales, des sujets
particuliers (Saint-Siège, Ordre Souverain de Malte, CICR) et des mouvements de
P a g e | 30

libération peuvent participer aux travaux, y prendre la parole en qualité


d’observateurs. Ils n’ont cependant pas le droit au vote.

L’Assemblée est assistée de deux comités permanents : le comité consultatif pour


les questions administratives et financières, composé de 12 membres et le
comité des contributions, composé de 10 membres. Ceux-ci sont élus pour trois
ans.

B. Le Conseil de Sécurité (art. 23 à 32)

Il s’agit d’un organe délibératif restreint de l’ONU. Il est composé de 15 membres,


dont cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie)
et dix membres non permanents.

Les membres non permanents sont élus pour deux ans par l’Assemblée générale
en tenant compte de la répartition géographique et politique. Dans sa Résolution
1991 (XVIII) du 17 décembre 1963, l’Assemblée générale a décidé de
l’augmentation des sièges des membres non permanents (de six à dix) et a établi
les règles de répartition des sièges : Afrique (3), Asie (2), Amérique latine (2),
Europe occidentale et autres (2), Europe orientale (1).

La présidence est assurée par rotation, chaque mois, aussi bien par les Etats
membres permanents que par les non permanents. En vertu de l’article 27,
chaque membre dispose d’une voix. Les décisions sur les questions de procédure
sont prises à la majorité de neuf voix. En revanche, les décisions sur les autres
questions sont prises par un vote affirmatif de neuf de ses membres dans lequel
sont comprises les voix de tous les membres permanents (§3). Il est loisible à un
membre permanent d’empêcher l’adoption d’une résolution en utilisant son
« droit de veto ».

Selon l’article 24 de la Charte, le Conseil de Sécurité a la responsabilité principale


du maintien de la paix et de la sécurité internationales. En vertu du chapitre VII, il
peut décider d’une action de rétablissement de la paix, en ayant recours aux
moyens non coercitifs ou coercitifs (articles 41 et 42).
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Dans sa Résolution 678 (1990) du 29 novembre 1990, relative à la crise du Golfe


(Irak/Koweït), le Conseil de Sécurité, agissant en application du Chapitre VII de la
Charte, a autorisé « les Etats membres qui coopèrent avec le gouvernement
Koweïtien, si au 15 janvier 1991, l’Irak n’a pas pleinement appliqué les
résolutions (du Conseil), à user de tous les moyens nécessaires pour faire
respecter et appliquer la résolution 660 (1990) et toutes les résolutions
pertinentes ultérieures et pour rétablir la paix et la sécurité internationales dans
la région ».

Le Conseil a également autorisé plusieurs opérations de maintien de la paix à


travers le monde :

- En Afrique : Mission des Nations-Unies en République Centrafricaine


(MINURCA) ; Mission des Nations-Unies pour l’organisation d’un référendum
au Sahara occidental (MINURSO) ; Mission d’observation des Nations-Unies en
Sierra Leone (MONUSIL) ; Mission des Nations-Unies en RDC (MONUC),
aujourd’hui MONUSCO.
- En Amérique : Mission de police civile des Nations-Unies en Haïti (MINOPUH)
- En Asie : Groupe d’observateurs militaires des Nations-Unies dans l’Inde et le
Pakistan (UNMOGIP) ; Mission d’observation des Nations-Unies au Tadjikistan
(MONUT)
- En Europe : Mission des Nations-Unies en Bosnie-Herzégovine (MINUBH) et
Mission d’observation des Nations-Unies à Prevalka (MONUP) en Bosnie-
Herzégovine ; Groupe d’appui des Nations-Unies composé de contrôleurs de
la police civile en Croatie ; Force des Nations-Unies chargée du maintien de la
paix à Chypre (UNFICYP) ; Force de déploiement préventif des Nations-Unies
(FORDEPRENU) en ex-République Yougoslave de Macédoine ; Mission
d’observation des Nations-Unies en Géorgie (MONUG).
- Moyen-Orient : Force des Nations-Unies chargée d’observer le dégagement
(FNUOD) dans les Hauteurs du Golan ; Mission d’observation des Nations-
Unies pour l’Irak et le Koweït (MONUIK) ; Force intérimaire des Nations-Unies
au Liban (FINUL) ; Organisme des Nations-Unies chargé de la surveillance de la
trêve (ONUST) au Moyen-Orient.
P a g e | 32

En 1950, l’Assemblée générale a cherché à accroître ses compétences dans le


domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales en s’attribuant un
droit d’intervention sur ces questions. Elle voulait pouvoir intervenir si l’action du
Conseil de sécurité était bloquée par un veto. Cette intention a été formulée dans
la résolution 377 (V) du 3 novembre 1950 relative à l’union pour le maintien de la
paix (dite Résolution « Dean Acheson »).

Le Conseil de sécurité qui possède le droit exclusif d’ordonner une action


coercitive, les fonctions et pouvoirs de l’Assemblée générale selon la Charte ne
sont pas limités à la discussion, à l’examen, à l’étude et à la recommandation ; ses
attributions ne sont pas simplement de caractère exhortatif.

La validité de la « Résolution Dean Acheson » reste contestée. Elle serait contraire


aux dispositions pertinentes de la Charte sur la répartition des compétences entre
l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité. La pratique actuelle des Nations-
Unies montre que la plupart des opérations de maintien de la paix, sinon toutes,
sont décidées par le Conseil de sécurité. Cet organe entend manifester sa
prééminence dans ce domaine par rapport à d’autres organes de l’ONU.

Le Conseil de sécurité peut adopter des recommandations ou prendre des


décisions. D’une manière générale, les premiers actes sont dépourvus de
caractère obligatoire. Il importe d’examiner chaque résolution pour savoir si elle
comporte une décision à caractère obligatoire.

S’agissant des sanctions militaires, la force obligatoire est tirée de l’article 41,
combiné avec l’article 25. La CIJ a donné une portée très étendue à l’article 25
dans son avis sur la Namibie du 21 juin 1971 : « On a soutenu que l’article 25 ne
s’applique qu’aux mesures coercitives prises en vertu du chapitre VII de la Charte.
Rien dans la Charte ne vient appuyer cette idée. L’article 25 ne se limite pas aux
décisions concernant des mesures coercitives mais s’applique aux décisions du
Conseil de sécurité adoptées conformément à la Charte (…). Il faut soigneusement
analyser le libellé d’une résolution du Conseil de sécurité avant de pouvoir
conclure à son effet obligatoire ».

Les sanctions militaires produiraient difficilement les effets escomptés en


l’absence d’accords spéciaux conclus en application de l’article 43.
P a g e | 33

Hormis le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de


sécurité exerce d’autres fonctions et pouvoirs aux termes de la Charte :

- Enquêter sur tout différend ou toute situation qui pourrait entraîner un


désaccord entre nations ;
- Recommander des moyens d’arranger un tel différend ou les termes d’un
règlement ;
- Elaborer des plans en vue d’établir un système de réglementations des
armements ;
- Constater l’existence d’une menace contre la paix ou d’un acte d’agression et
recommander les mesures à prendre ;
- Inviter les membres à appliquer des sanctions économiques et d’autres
mesures n’impliquant pas l’emploi de la force armée pour prévenir une
agression ou y mettre fin ;
- Prendre des mesures d’ordre militaire contre un agresseur ;
- Recommander l’admission de nouveaux membres ;
- Exercer les fonctions de tutelle des Nations-Unies dans les zones stratégiques ;
- Recommander à l’Assemblée générale la nomination du Secrétaire général et
élire, avec l’Assemblée générale, les membres de la CIJ.

La répartition des sièges au sein du Conseil de sécurité est loin de faire l’unanimité
entre les Etats membres des Nations-Unies. Les pays en voie de développement,
particulièrement, le Mouvement des Pays Non Alignés et les pays membres de
l’UA, revendiquent « la démocratisation du Conseil » sur les aspects qu’ils jugent
essentiels : composition, processus de prise de décisions, aménagement du droit
de veto, etc.

L’Allemagne et le Japon, pour leur part, revendiquent des sièges permanents pour
tenir compte de leurs poids financiers au sein des Nations-Unies. Lors de sa 48ème
session, l’Assemblée générale a décidé dans sa Résolution 48/26 du 3 décembre
1993, de constituer un groupe de travail à composition non limitée afin
d’examiner tous les aspects de la question de l’augmentation du nombre des
membres du Conseil de sécurité, ainsi que d’autres questions ayant trait à la
réforme de celui-ci.
P a g e | 34

Dans la Déclaration de Harare (Zimbabwe) de la Conférence des Chefs d’Etat et de


gouvernement de l’OUA sur la réforme du Conseil de Sécurité, adoptée lors de la
33ème session ordinaire, tenue du 2 au 4 juin 1997, les Etats africains se sont
prononcés pour l’élargissement du Conseil de Sécurité à 26 membres.
L’augmentation des membres du Conseil doit porter sur les deux catégories de
membres, au profit des pays en développement et des pays africains en
particulier. L’Afrique devra disposer d’au moins deux sièges permanents et de cinq
sièges non permanents dans le Conseil de Sécurité élargi. Les sièges permanents
réservés aux pays africains « seront attribués à des pays sur décision des Africains
eux-mêmes, selon un système de rotation basé sur les critères de l’OUA
actuellement en vigueur et sur les éléments qui viendraient ultérieurement
améliorer ces critères ».

Les pays Africains souhaitent que le recours au droit de veto soit progressivement
limité jusqu’à sa suppression. La réforme du Conseil de Sécurité doit avoir pour
résultat de démocratiser cet organe et de le rendre plus efficace et transparent.

Il y a lieu de noter qu’aucune réforme du Conseil n’est envisageable sans la


volonté des membres permanents du Conseil, vu que tout amendement à la
Charte ne peut entrer en vigueur qu’à « la majorité des deux tiers des membres
de l’Assemblée générale et ratifié (…), conformément à leurs règles
constitutionnelles respectives, par les deux tiers des membres de l’Organisation,
y compris tous les membres permanents du Conseil de Sécurité » (article 108).

C. Le Conseil économique et social (articles 61 à 72)

Le Conseil économique et social est composé de 54 membres, élus pour trois ans
par l’Assemblée générale. Le tiers des membres est élu chaque année.

Avant, le Conseil économique et social était composé de 27 membres. C’est à


travers sa Résolution 2847 (XXXVI) du 20 décembre 1971 que l’Assemblée
générale a décidé que le nombre serait élevé à 54.

La répartition des sièges est de l’ordre suivant :

- 6 sièges pour l’Europe orientale


P a g e | 35

- 10 sièges pour l’Amérique


- 11 sièges pour l’Asie
- 13 sièges pour l’Europe occidentale et autres
- 14 sièges pour l’Afrique

Les fonctions et pouvoirs du Conseil économique et social sont les suivants :

- Servir d’instance principale pour l’examen des questions économiques et


sociales internationales et pour l’élaboration de recommandations pratiques
sur ces questions à l’intention des Etats membres et du système des Nations-
Unies dans son ensemble ;
- Réaliser ou faire faire des études et des rapports et formuler des
recommandations sur des questions internationales dans les domaines
économique, social, culturel, éducatif, de la santé publique et d’autres
domaines apparentés ;
- Assurer le respect effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales
pour tous ;
- Apporter son concours pour la préparation et l’organisation des grandes
conférences internationales portant sur les domaines économique et social et
les domaines connexes, et promouvoir le suivi coordonné de ces conférences ;
- Coordonner les activités des institutions spécialisées en ayant avec elles des
consultations et en leur faisant des recommandations ainsi qu’à l’Assemblée
générale.

Le Conseil économique et social est chargé de la direction et de la coordination


des activités de l’ONU et des institutions spécialisées dans les domaines
économique, social et culturel (article 62).

Ainsi, il assure la direction et la coordination des programmes des Nations-Unies


(PNUD, PNUE, UNICEF et FNUAP) ainsi que des institutions comme la FAO, l’OMS,
l’OIT et l’UNESCO. Ces organes et institutions lui font rapport et lui soumettent des
recommandations pour ses sessions.

En matière économique, le rôle du Conseil économique et social s’est rétréci au


profit de l’Assemblée générale, par sa deuxième commission. Toutefois, il joue un
rôle non négligeable par ses liens avec les institutions spécialisées et à travers ses
P a g e | 36

organes subsidiaires (Commissions économiques régionales : Afrique (Addis-


Abeba), Asie et Pacifique (Bangkok), Europe (Genève), Amérique latine et Caraïbes
(Santiago), Asie occidentale (Beyrouth)).

Le Conseil économique et social comprend également en son sein des


Commissions techniques (Commission de la population et du développement,
Commission du développement social, Commission des droits de l’homme,
Commission de la condition de la femme, Commission des stupéfiants,
Commission pour la prévention du crime et de la justice pénale, Commission du
développement durable,…) et des Comités permanents (Comité du programme et
de la coordination, Comité chargé des ONG, Comité de négociation avec les
Institutions intergouvernementales, Comité de l’énergie et des ressources
naturelles au service du développement,…). Les Commissions techniques sont des
organes de délibération.

Conformément à l’article 71 de la Charte, le Conseil économique et social peut


prendre toutes dispositions utiles pour consulter les ONG qui œuvrent dans les
questions relevant de sa compétence. Ainsi, plus de 1600 ONG sont dotées du
statut consultatif auprès du Conseil. Celles-ci sont classées en trois catégories : les
ONG de la catégorie I, qui s’intéressent à la plupart des activités du Conseil ; les
ONG de la catégorie II, qui sont particulièrement compétentes dans certains
domaines ; et les ONG figurant sur une liste en vue de consultations ponctuelles,
pouvant être utiles au Conseil.

D. Le Conseil de Tutelle (articles 86 à 91)

Aux termes de la Charte, le Conseil de Tutelle est chargé de veiller à l’exercice de


la tutelle (régime défini aux articles 75 à 85). Après la création de l’ONU, celle-ci
avait prié les puissances mandataires (régime instauré sous la SDN) de transformer
les mandats en tutelle ou de décoloniser purement et simplement les territoires
placés sous mandat international.

Ainsi, plusieurs Etats membres des Nations-Unies furent chargés d’administrer des
territoires sous tutelle : Australie (Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Irlande, Nouvelle
Bretagne, Iles Salomon, Nauru) ; Belgique (Rwanda-Urundi) ; France (Cameroun,
P a g e | 37

Togo) ; Royaume-Uni (Cameroun, Territoire du Tanganyika, Togo) ; Nouvelle-


Zélande (Samoa occidental) ; Etats-Unis (îles du Pacifique-Micronésie).

Le rôle du Conseil de Tutelle s’est pratiquement effacé après l’accession à


l’indépendance de tous les territoires qui avaient été placés sous tutelle. On peut
raisonnablement considérer que le Chapitre XII de la Charte n’a plus sa raison
d’être.

En 1994, tous les territoires sous tutelle avaient acquis l’autonomie ou


l’indépendance, soit en tant qu’Etat à part entière, soit en devenant partie
intégrante à des Etats voisins. Le dernier en date est le territoire sous tutelle des
Iles Pacifique (Palaos), devenu le 185ème Etat membre de l’ONU.

N’ayant plus de territoire à administrer, le Conseil de Tutelle, composé des cinq


membres permanents du Conseil de Sécurité, a modifié son règlement intérieur et
ne se réunit qu’en cas de nécessité.

La situation des territoires non autonomes, dépendants (Sahara occidental, Ceuta


et Melila, Ile de la Réunion, Iles Canaries, etc.) est généralement examinée par la
4ème Commission de l’Assemblée générale. L’OUA, pour sa part, avait proclamé
l’africanité des îles qui bordent le continent africain (Iles Canaries, Mayote,…). Il
est à noter que ces territoires sont encore sous tutelle du Conseil de Tutelle.

E. La Cour Internationale de Justice (articles 92 à 96)

Etant donné que le règlement pacifique des différends internationaux a été élevé
au rang de norme impérative de valeur absolue (ius cogens), les Nations-Unies
devaient prévoir et instaurer les mécanismes de règlement à cet effet. D’où, « le
mécanisme judiciaire occupera une place centrale dans les plans envisagés par les
Nations-Unies pour le règlement pacifique des différends internationaux ».

L’expérience tirée de l’institutionnalisation de la CPJI sous la SDN disposait les


auteurs de la Charte de l’ONU à établir une Cour Internationale de Justice modelée
sur son prédécesseur, tout en apportant des innovations dictées en partie par le
bouleversement de l’équilibre des forces entre les Puissances après la Deuxième
Guerre Mondiale.
P a g e | 38

Le Statut de la Cour fait partie intégrante de la Charte de l’ONU. Cela a pour


conséquence que la CIJ ne peut le modifier. Le Statut ne peut être amendé qu’au
regard des dispositions des articles 108 et 109 de la Charte et des articles 69 et 70
du Statut. Cependant, la Cour a compétence pour établir et amender son
règlement (article 30 du Statut).

A l’inverse de la CPJI, la CIJ est l’organe judiciaire principal des Nations-Unies. A


ce titre, elle concourt à la réalisation des objectifs des Nations-Unies, notamment
le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et à assurer le bon
fonctionnement de l’Organisation. Les relations entre la CIJ et les autres organes
de l’ONU sont fondées sur le principe de coopération mutuelle et sur le principe
d’égalité (voir Interprétation des traités de paix conclus avec la Bulgarie, la Hongrie
et la Roumanie, avis consultatif du 30 mars 1950).

S’il est vrai que l’indépendance de la Cour en tant qu’organe judiciaire ne saurait
être mise en cause, il y a lieu de noter que l’Assemblée générale des Nations-Unies
a eu à examiner, à maintes reprises, le rôle et l’activité de la CIJ.

Autres différences : Sous le régime des Nations-Unies, tous les Etats membres
sont parties ipso facto aux statuts de la CIJ. Ce qui n’était pas le cas avec la Cour
Permanente de Justice. De plus, la compétence de la CIJ n’est pas automatique,
contrairement à la compétence de la CPJI.

En dépit des différences notables entre la CPJI et la CIJ, on peut néanmoins parler
d’une certaine « continuité » entre les deux institutions. Le statut de la CIJ fut
établi sur base du statut de la CPJI. L’article 37 du Statut de la CIJ prévoit
que « lorsqu’un traité ou une convention en vigueur prévoit le renvoi à une
juridiction que devait instituer la Société des Nations ou à la Cour Permanente
de Justice Internationale, la CIJ constituera cette juridiction entre les parties au
présent statut ». Enfin, la CIJ fait sienne la jurisprudence de la CPJI dans la mesure
où celle-ci est compatible avec l’évolution du droit international.

En vertu de l’article 35, §1 du Statut, l’accès à la Cour est en règle générale limité
aux Etats parties au Statut. On peut distinguer trois catégories d’Etats pouvant
ester devant la Cour : les Etats membres des Nations-Unies (qui sont ipso facto
parties au statut de la Cour), les Etats non membres des Nations-Unies parties au
P a g e | 39

statut de la Cour et les Etats non membres des Nations-Unies et qui ne sont pas
parties au statut de la Cour (cas de l’Albanie).

Les Etats non membres des Nations-Unies deviennent parties au Statut en


remplissant les conditions prévues à l’article 93, §2 de la Charte. Il s’agit de :

- L’acceptation des dispositions du Statut de la CIJ


- L’acceptation de toutes les obligations qui découlent pour un membre des
Nations-Unies aux termes de l’article 94 de la Charte
- L’engagement de verser la contribution aux frais de la Cour dont l’Assemblée
générale fixera équitablement le montant (voir Résolutions 91 du 11 décembre
1946, 806 du 9 décembre 1953 et 42/21 du 18 novembre 1987 de l’Assemblée
générale).

L’Etat devient partie au Statut dès la remise de l’instrument d’acceptation de ces


conditions entre les mains du Secrétaire Général des Nations-Unies.

Saint Marin et la Suisse, Etats non membres des Nations-Unies et parties au statut
de la Cour à l’époque, avaient la faculté de participer à l’Assemblée générale des
Nations-Unies, à l’élection des juges de la Cour (voir Résolution 264 de
l’Assemblée générale du 8 octobre 1948) et de présenter des candidats à cette
élection. De plus, ils avaient participé à la procédure d’amendement du Statut de
la Cour (voir Résolution 2520 de l’Assemblée Générale du 4 décembre 1969).

L’article 35, §2 du Statut permet aux Etats non membres des Nations-Unies et non
parties au Statut d’ester devant la Cour en respectant les conditions énoncées
dans la Résolution 9 (1946) du Conseil de sécurité du 15 octobre 1946. Tout Etat
appartenant à cette catégorie devra avoir déposé préalablement au Greffe de la
Cour une déclaration par laquelle il accepte la juridiction de la Cour conformément
à la Charte des Nations-Unies et aux conditions du Statut et du règlement de la
Cour, déclaration par laquelle il s’engage à exécuter de bonne foi la ou les
sentences de la Cour et à accepter toutes les obligations mises à la charge d’un
membre des Nations-Unies par l’article 94 de la Charte.
P a g e | 40

Ex. 1 : L’Albanie qui était ni membre des Nations-Unies ni partie au Statut, était
partie devant la Cour contre le Royaume-Uni dans l’affaire du Détroit de Corfou en
1949.

Ex. 2 : L’Italie était partie contre les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni dans
l’affaire de l’Or monétaire pris à Rome en 1943.

Aux termes de l’article 2 du Statut de la Cour, celle-ci « est un corps de magistrats


indépendants, élus, sans égard à leur nationalité, parmi les personnes jouissant
de la plus haute considération morale, et qui réunissent les conditions requises
pour l’exercice, dans leurs pays respectifs, des plus hautes fonctions judiciaires,
ou qui sont des jurisconsultes possédant une compétence notoire en matière de
droit international ».

La Cour est composée de 15 membres (juges permanents) qui sont élus par
l’Assemblée générale et par le Conseil de sécurité sur une liste de personnes
présentées par les groupes nationaux de la Cour permanente d’arbitrage. A ce
jour, parmi les 15 membres de la Cour, l’on trouve 3 juges africains. Ce qui est une
avancée car avant, il n’y avait qu’un seul juge africain. Pour les Etats qui ne sont
pas représentés à la Cour permanente d’arbitrage, les candidats sont présentés
par des groupes nationaux désignés par leurs gouvernements, en observant les
conditions prescrites à l’article 44 de la Convention de la Haye de 1907 sur le
règlement pacifique des conflits internationaux.

Les juges de la nationalité de chacune des parties conservent le droit de siéger


dans l’affaire dont la Cour est saisie. Pour les Etats qui n’ont pas de juge de leur
nationalité, l’article 31 du statut de la Cour leur donne la possibilité de désigner un
juge ad hoc. Durant son mandat, le juge ad hoc bénéficie des mêmes avantages
que les juges permanents. Toutefois, il est rémunéré en tenant compte du nombre
de jours prestés alors que les juges permanents sont rémunérés de manière
permanente.
Le juge ad hoc, une fois accepté, ne peut recevoir des injonctions du pays dont il
est ressortissant (article 31, §3 du Statut).

La compétence de la Cour s’exerce en matière contentieuse et en matière


consultative. Par compétence, il faut entendre « le pouvoir juridique conféré ou
P a g e | 41

reconnu par le droit international à un Etat, à une institution internationale, à un


organe de celle-ci, éventuellement, à un individu, de connaître d’une affaire, de
prendre une décision, de faire acte, d’accomplir une action ».

La compétence contentieuse de la Cour est le pouvoir qui lui est conféré par les
Etats de connaître des différends et de les régler par des décisions obligatoires
pour les parties, par application du droit international (article 38 du Statut).

La CIJ est ouverte uniquement aux Etats. Les personnes physiques ou morales, les
ONG, etc. ne peuvent ester devant la CIJ.

En procédure contentieuse, toute décision de la Cour est obligatoire.

La compétence consultative de la Cour est prévue par l’article 96 de la Charte,


l’article 65 §1 du Statut et les articles 102 et 109 du Règlement de la Cour du 14
avril 1978. Elle permet aux organes des Nations-Unies et aux institutions
spécialisées autorisées de demander des avis consultatifs à la CIJ sur toute
question juridique. Tous les Etats parties peuvent faire des dépositions et donner
des avis. Quelques avis consultatifs peuvent comprendre des conséquences
juridiques dans une situation donnée.

Etant donné que les organisations internationales ne peuvent ester devant la Cour
en procédure contentieuse, la procédure consultative paraît comme un palliatif à
cette interdiction.

Il est un principe de droit international général qu’aucun Etat ne peut être astreint
devant la Cour par un autre Etat sans son consentement. La Cour a eu l’occasion
de rappeler ce principe dans plusieurs affaires : l’affaire opposant le Royaume Uni
et l’Iran, l’affaire opposant la Grèce et le Royaume-Uni et l’affaire Liechtenstein et
le Guatemala.

Les Etats ont accepté la compétence de la Cour de quatre manières :

 Compromis de règlement judiciaire : traité international conclu entre deux ou


plusieurs parties donnant compétence à la CIJ de régler un différend précis.
Ex. : Différend entre le Tchad et la Lybie, le Cameroun et le Nigéria.
P a g e | 42

 Clause compromissoire : clause ou disposition insérée dans un traité


internationale donnant compétence à la CIJ de connaître tout différend relatif
à l’interprétation ou à l’application dudit traité.
 Traité de règlement judiciaire : traité international conclu entre deux ou
plusieurs Etats ayant pour but le règlement de différend qui pourrait naître
entre les Etats parties à ce traité.
 Déclaration d’acceptation de la juridiction obligatoire de la Cour : voir article
36, §2 : « Le Gouvernement de l’Etat X reconnaît comme obligatoire de plein
droit et sans convention spéciale, à l’égard de tout autre Etat acceptant la
même obligation, la juridiction de la CIJ pour tous les différends d’ordre
juridique ayant pour objet l’interprétation d’un traité, tout point de droit
international, la réalité de tout fait qui, s’il était établi constituerait la
violation d’un engagement international, la nature ou l’étendue de la
réparation due pour la rupture d’un engagement international. Il est
entendu en outre que la présente déclaration restera en vigueur aussi
longtemps qu’avis de sa révocation n’aura pas été donné ».

La R.D.C. a été et est partie devant la Cour dans quatre affaires : R.D.C contre
République de Guinée, R.D.C. contre Belgique, R.D.C. contre Ouganda, R.D.C.
contre Rwanda.

La Cour a la compétence de sa compétence, c’est-à-dire que face à toute affaire


qui lui est présentée, elle vérifie d’abord si elle est compétente (voir article 36, §6
du Statut des Nations-Unies).

F. Le Secrétariat Général (article 97-101 du Statut)

Il comprend un Secrétaire Général et un personnel à la disposition de


l’Organisation. Il siège à New-York et dispose de trois offices à Genève (Suisse), à
Vienne (Autriche) et à Nairobi (Kenya).

Le Secrétaire Général est élu par l’Assemblée Générale sur recommandation du


Conseil de Sécurité. Son mandat est fixé à cinq ans renouvelables. La coutume
actuellement en vigueur est d’attribuer deux mandats successifs par continent.
P a g e | 43

Historique des Secrétaires Généraux de l’ONU :


- Trygve LIE (Norvégien)
- Dag HAMMARSKJOLD (Suédois)
- U. THANT (Birman)
- Kurt WALDEIM (Autrichien)
- Javier PEREZ DE CUELLAR (Péruvien)
- Boutros BOUTROS-GHALI (Egyptien)
- Kofi ANNAN (Ghanéen)
- Ban KI-MOON (Sud-Coréen)

Il y a une certaine rotation dans l’occupation du siège de Secrétaire Général. On


a commencé par l’Europe, ensuite l’Asie, puis encore l’Europe, ensuite
l’Amérique latine, puis l’Afrique et maintenant, on revient à l’Asie.

Le Secrétaire Général des Nations-Unies n’est pas uniquement un responsable


administratif. Il peut aussi intervenir sur la scène internationale, notamment
lorsqu’il s’agit de la résolution des conflits et la conservation de la paix et de la
sécurité internationales (article 99).

Il présente un rapport annuel à l’Assemblée Générale sur l’activité de


l’Organisation, dans lequel il fait le point sur plusieurs problèmes internationaux.

Le cursus du Secrétaire Général : ils sont d’abord ambassadeurs de leur pays à


New-York. Il y a une innovation dans le cas de M. BOUTROS-GHALI qui n’a jamais
été ambassadeur mais Ministre des Affaires Etrangères.

II. Organes subsidiaires

Ils font partie intégrante des Nations-Unies et sont dépourvus de la personnalité


juridique. Ils sont créés par les organes principaux des Nations-Unies et interviennent
dans plusieurs secteurs.

Parmi les organes subsidiaires de l’Assemblée Générale, on peut citer (article 7) :


1. La Commission du droit international (CDI) créé en 1947. Elle est composée de
34 juristes représentant les grands systèmes juridiques du monde. Elle a pour
P a g e | 44

tâche de contribuer au développement progressif du droit international et de sa


codification.
Il y a une différence avec la Commission juridique de l’Assemblée Générale du
fait de sa compétence. De plus, concernant les membres, ceux de la CDI sont
choisis par l’Assemblée Générale alors que dans la Commission juridique, tous
les Etats peuvent y prendre part.
2. La Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et le Développement, créé
en 1964. Elle a son secrétariat à Genève. Elle a pour but d’améliorer la position
de ces pays dans le commerce mondial, par des mesures économiques
appropriées et d’engager un processus générateur de croissance.
3. Le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés, créé en 1950. Il a
son siège à Genève. Il a pour principales fonctions d’apporter une protection
internationale aux réfugiés (qu’ils soient déplacés internes ou externes) de veiller
à leurs droits fondamentaux et de s’assurer du droit de retour volontaire dans le
pays d’origine ainsi que du respect du droit international de réfugiés.
4. Le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement, créé en 1972 et a son
siège à Nairobi. Sa mission est de montrer la voie et encourager le partenariat
dans la protection de l’environnement en permettant aux Etats et aux peuples
d’améliorer leur qualité de vie sans compromettre celle des générations futures.
Il définit les orientations mondiales dans le domaine de l’environnement et
favorise la mise en œuvre des activités relatives à l’environnement dans le cadre
de la stratégie de développement durable.
5. Le Programme des Nations-Unies pour le Développement : il mobilise les aides
et les canalise vers les pays les moins développés avec un budget annuel de 2
milliards de dollars.
6. L’UNICEF qui s’occupe de manière générale de la protection de l’enfant.

Parmi les organes subsidiaires, nous pouvons également citer le Haut Commissariat
des Nations-Unies aux Droits de l’Homme. Il a pour fonctions principales :
promouvoir et protéger la jouissance effective par tous de tous les droits de
l’homme, favoriser la coopération internationale relative aux droits de l’homme,
stimuler et coordonner l’action menée dans ce domaine par le système des Nations-
Unies, contribuer à l’élaboration de nouvelles normes ayant trait aux droits de
l’homme et favoriser la ratification des traités dans ce domaine.
P a g e | 45

TITRE II : LES INSTITUTIONS SPECIALISEES DU SYSTEME DES


NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS APPARENTES

La Communauté Internationale a créé plusieurs institutions à compétence universelle mais


dont les activités sont limitées dans des domaines précis. Selon l’article 57 de la Charte de
l’ONU, les Institutions spécialisées sont des organismes créés par des accords
gouvernementaux et pourvus, aux termes de leurs statuts, d’attributions internationales
étendues dans les domaines économique, social, de la culture intellectuelle et de
l’éducation, de la santé publique et autres domaines connexes.

A l’exception de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), de l’Organisation


Mondiale du Commerce (OMC), de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), de
l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), les institutions spécialisées
sont reliées à l’ONU par l’intermédiaire de l’ECOSOC, sur la base d’accords (article 63 de la
Charte). Les institutions spécialisées sont les organes les plus importants de la coopération
multilatérale. En règle générale, elles sont dotées de la personnalité juridique ; ce ne sont
pas des organes subsidiaires des Nations-Unies.

On dénomme actuellement seize institutions spécialisées (OIT, OMS, FAO, UNESCO, FMI,
BIRD, IDA, SFI, OACI, OMI, UPU, UIT, OMM, OMPI, FIDA, ONUDI) et cinq « organisations
apparentées » à l’ONU (AIEA, OMC, OMT, OIAC, OTICE, Commission préparatoire de
l’organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires). Il est des institutions
qui existaient déjà avant la création de l’ONU et y ont été intégrées. C’est le cas de l’UPU, de
l’OMM, de l’OMPI et de l’OIT. Les autres ont été créées après 194 en application de la
Charte.

Le développement des relations économiques nécessite la création d’institutions à


compétence universelle. Les institutions économiques internationales sont définies comme
« l’ensemble des structures et des mécanismes qui encadrent les activités économiques sur
le plan international ».

Au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, la communauté internationale s’est dotée


d’organisations devant régir le système commercial international et le système monétaire
international afin de mettre un terme au désordre qui régnait dans l’économie mondiale. Il
s’agit :
P a g e | 46

- D’une organisation internationale du commerce, sensée garantir le libre-échange par


l’abaissement progressif des droits de douane et la levée des barrières non-tarifaires
(contingentements, mesures administratives,…)  GATT, OMC ;
- D’une organisation aux compétences monétaires et financières ayant pour tâches de
réglementer, de superviser et de promouvoir le libre flux des paiements
internationaux  FMI ;
- D’une organisation dont le rôle serait de venir en aide aux pays gravement touchés
par la guerre et aux pays en voie de développement  Banque Mondiale.

Chapitre I : L’Organisation Mondiale du Commerce (EX.GATT)

1. Naissance et évolution

La période d’entre-deux-guerres fut caractérisée par des difficultés économiques aigues


en raison notamment de la récession et de l’inflation. Celles-ci amenèrent plusieurs pays
à pratiquer le protectionnisme et le « bilatérisme » par l’adoption de mesures
protectionnistes (droits de douane exorbitants, contingentement, interdictions à
l’entrée,…) et de concessions réciproques.

Le protectionnisme eut des effets néfastes sur l’économie mondiale. Après la Deuxième
Guerre Mondiale, plusieurs pays engagèrent des négociations en vue de libéraliser le
commerce international, notamment par l’abaissement des droits de douane.

L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT : General Agreement on
Tariffs and Trade) a été adopté le 30 octobre 1947 et est entré en vigueur le 1er janvier
1948. A l’origine, 23 Etats seulement étaient parties contractantes. En 1994, avant la
disparition du GATT, on a dénombré 115 parties contractantes (dont la R.D.C.).

L’idée de créer une organisation internationale chargée du commerce international


(Organisation Internationale du Commerce) remonte à la fin des années 40. Les premiers
échanges de vue eurent lieu à la conférence des Nations Unies sur le commerce et
l’emploi en 1946. Une commission préparatoire, établie à la Conférence, poursuivit les
travaux lors de différentes réunions tenues à Londres (octobre-novembre 1946), New-
York (janvier-février 1947), Genève (avril-août 1947) et La Havane (novembre 1947-mars
1948).
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La Charte adoptée à La Havane fut un accord global, couvrant plusieurs aspects : l’emploi
et l’activité économique, le développement économique et la reconstruction (y compris
l’investissement international), les pratiques commerciales restrictives et les accords
intergouvernementaux sur les produits de base. Le projet d’instaurer l’OIC fut écarté du
fait de l’opposition du Sénat américain en 1949 lors de la procédure de ratification de la
Charte de La Havane.

Le GATT de 1947 reprenait les dispositions commerciales pertinentes de la Charte de La


Havane en vue de donner une cohérence et une force juridique aux engagements en
matière de réduction tarifaire. Par la suite, plusieurs règles ont été revues et certains
changements y ont été apportés lors de la session de réexamen en 1955.

Le GATT de 1947 a servi de cadre à plusieurs séries d’accords dont ceux du Kennedy
Round (1964-1967), du Tokyo Round (1973-1979) et, tout dernièrement, de l’Uruguay
Round (1986-1994). Parmi ceux-ci, un accord particulier a créé une nouvelle structure
institutionnelle : l’Organisation Mondiale du Commerce qui est opérationnelle depuis le
1er janvier 1995 et a pour tâches principales de gérer les accords résultant du cycle
d’Uruguay. Elle a son siège à Genève.

La création de l’OMC a été rendue possible après l’adoption des Accords issus du cycle de
l’Uruguay. A l’aube du troisième millénaire, la Conférence ministérielle de l’OMC a tenté
de lancer un nouveau cycle lors des assises de Seattle (Etats-Unis d’Amérique). Plusieurs
pays, notamment ceux en voie de développement, s’interrogent sur l’opportunité
d’ouvrir un nouveau cycle, alors que les accords issus du cycle d’Uruguay sont loin d’être
consolidés.

2. Nature et caractéristiques essentielles

Le GATT de 1947 est un accord multilatéral, qui s’est transformé par la suite
informellement en une « organisation » internationale de coopération commerciale entre
les parties contractantes : « le GATT est donc simultanément un cadre de négociation et
de réglementation destiné à développer la coopération commerciale entre les Etats et
entre les intégrations régionales (…). Le cadre que constitue le GATT s’est
progressivement transformé en une véritable organisation du commerce ».
P a g e | 48

Hormis les parties contractantes « originaires », les autres Etats pouvaient adhérer au
GATT par voie de négociation (art. XXXIII) ou par voie de présentation (art. XXVI/5C).

L’article II de l’Accord instituant l’OMC prévoit que l’OMC servira de cadre institutionnel
commun pour la conduite des relations commerciales entre ses membres. C’est donc une
organisation intergouvernementale non supranationale, qui agira sur instruction des Etats
membres, par le biais de leurs représentants. L’OMC est née à Marrakech (Maroc) en
1994 (Accord de Marrakech).

L’article VIII ajoute que l’OMC aura une personnalité juridique et se verra accorder, par
chacun de ses membres, les privilèges et immunités qui seront nécessaires à l’exercice de
ses fonctions.

Aux termes de l’article XI, les membres originels de l’OMC sont les parties contractantes
au GATT de 1947 à la date d’entrée en vigueur de l’Accord sur l’OMC et des Accords
commerciaux multilatéraux. L’adhésion se fait sur décision de la Conférence ministérielle,
adoptée à la majorité de deux tiers des membres de l’OMC (art. XII). En 2008, l’OMC
compte 153 pays membres.

Les membres de l’OMC peuvent se retirer au GATT de 1947, se libérant ainsi des
obligations contenues dans cet Accord. A noter que les parties contractantes du GATT de
1947 ne deviennent pas ipso facto membres de l’OMC. Cette dernière qualité nécessite
l’acceptation de l’Accord instituant l’OMC ainsi que des Accords issus du cycle d’Uruguay.
Il convient de « prévenir les situations dans lesquelles une partie contractante du GATT de
1947 qui renoncerait à devenir membre de l’OMC se prévaudrait de la clause de la nation
la plus favorisée du GATT de 1947 pour obtenir l’octroi des concessions faites dans le
cadre du cycle d’Uruguay, sans assumer les obligations qui en découlent ».

La création de l’OMC poursuit plusieurs objectifs, notamment :

 Offrir une structure institutionnelle adéquate pour la gestion de trois grands accords
issus du Cycle d’Uruguay :
- Accord sur le commerce des marchandises comprenant le GATT de 1994 (le GATT
de 1947 tel que révisé au terme de l’Uruguay Round) et plusieurs accords relatifs
au commerce des marchandises : accords sur l’agriculture, les investissements, les
règles d’origine, les subventions, les mesures antidumping) ;
P a g e | 49

- Accord général sur les aspects de droits de propriété intellectuelle relatif au


commerce (lutte contre la piraterie, par exemple)
 Assurer la reprise simultanée, par tous les Etats membres de l’ensemble des accords
couverts par l’OMC ;
 Donner à l’OMC et à ses membres une structure institutionnelle propre à permettre
une étroite collaboration avec les deux grandes institutions économiques
internationales : le FMI et le groupe de la Banque Mondiale ;
 Permettre une application des accords, y compris en matière de règlement des
différends.

3. Les aspects institutionnels

Les organes principaux du GATT étaient : la Conférence des Parties contractantes, le


Conseil des Représentants et le Secrétariat.

Il était loisible au Conseil de Représentants de créer des organes subsidiaires pour


s’occuper d’affaires précises : groupe de travail, groupe d’experts, Comités (Comité des
restrictions à l’importation, Comité des négociations commerciales, Comité pour le
commerce et le développement,…).

Aux termes de l’article IV de l’Accord instituant l’OMC, celle-ci comprend la Conférence


ministérielle, le Conseil général, les Conseils, les Comités et le Secrétariat.

a) La Conférence ministérielle est composée de représentants de tous les membres. Elle


se réunit au moins une fois tous les deux ans. Elle est habilitée à prendre des décisions
sur toutes les questions relevant de tout Accord commercial multilatéral et à nommer
le Directeur général. Depuis la création de l’OMC en 1995, il y a eu sept conférences
ministérielles : Singapour (9-13 décembre 1996), Genève/Suisse (18-20 mai 1998),
Seattle/USA (30 novembre-3 décembre 1999), Doha/Qatar (9-13 novembre 2001),
Cancun/Mexique (10-14 septembre 2003), Hong/Kong/Chine (13-18 décembre 2005),
Genève (2007).

b) Le Conseil Général est composé de représentants de tous les membres. Il exerce les
fonctions de la Conférence ministérielle dans l’intervalle entre ses réunions. C’est
P a g e | 50

l’organe de règlement des différends et l’organe de mécanisme d’examen des


politiques commerciales.
Il a également compétence sur l’ensemble des questions commerciales gérées par
l’OMC et pour adopter le règlement financier et les préventions budgétaires annuelles
à la majorité de deux tiers des membres de l’OMC.
Il peut instituer des organes subsidiaires pour mieux remplir ses tâches. C’est le cas de
différents conseils : Conseil du commerce des marchandises, Conseil du commerce
des services, Conseil des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
commerce.

c) Les Conseils ont pour tâches principales de superviser le fonctionnement des Accords
commerciaux multilatéraux, de l’Accord général sur le commerce des services et de
l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle relatifs au commerce.

d) La Conférence ministérielle institue différents Comités pour s’occuper des questions


spécifiques : Comité du commerce et du développement, Comité des restrictions à
des fins de balance des paiements, Comité du budget, des finances et de
l’administration.

e) Le Secrétariat de l’OMC comprend le personnel et le Directeur général. Celui-ci est


nommé par la Conférence ministérielle. A son tour, il nomme les Directeurs adjoints
et les membres du personnel, et définit les attribuions et les conditions d’emploi. Le
Directeur et le personnel au service de l’OMC occupent des fonctions de caractère
exclusivement international.

4. Les normes économiques dans le cadre de l’OMC

Les relations commerciales au sein de l’OMC sont régies par le GATT de 1994 et par
plusieurs accords relatifs au commerce des marchandises (accords sur l’agriculture, les
subventions, les mesures antidumping,…) mais également par l’Accord général sur le
commerce des services et l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle
relatifs au commerce.
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Il y a lieu de rappeler que le GATT a été conclu en vue de libéraliser le commerce


international, notamment par l’abaissement des droits de douane et par la libre
concurrence. Deux idées fondamentales ont été à la base du succès du libéralisme des
échanges commerciaux prônés par le GATT :

 Un système commercial international, facteur de prospérité économique, contribue à


la préservation de la paix et à la stabilité internationale. Un ordre économique doit
être le fondement d’un nouveau cadre politique et d’un nouveau cadre en matière de
sécurité.
 La stabilité et la prévisibilité des relations commerciales internationales ne peuvent
être garanties que par le biais d’un ensemble des règles mutuellement convenues qui
s’imposent à tous les gouvernements membres et dont le respect peut être assuré par
un mécanisme de règlement des différends.

Nous examinerons successivement les principes du GATT, les exceptions aux principes, les
nouveaux accords issus du cycle d’Uruguay et les mécanismes de règlement des
différends.

I. Les principes du GATT

Le GATT prône la non-discrimination, la protection par les droits de douane et


l’élimination générale des restrictions quantitatives.

A. La non-discrimination

Ce principe comporte deux volets : le traitement général de la nation la plus


favorisée (TNF) et le traitement national.

Le TNF signifie qu’un membre droit étendre automatiquement aux autres


membres toute facilité douanière, tous avantages, faveurs, privilèges ou
immunités accordés à un membre. Cela concerne les droits de douane et les
impositions de toute nature perçus à l’importation ou à l’exportation, ainsi que
ceux qui frappent les transports internationaux de fonds (article 1).

Par le traitement national, un membre ne peut désavantager des marchandises


importées par rapport à ses produits de même valeur (article III).
P a g e | 52

Le principe de la non-discrimination est le principe cardinal, « matriciel » du GATT.


Il comporte plusieurs avantages :

- Les accords d’exclusivité et les blocs préférentiels ont contribué à alimenter


dans la période d’entre-guerres les rivalités, le climat d’insécurité et les conflits
qui ont engendré une autre guerre mondiale ;
- Le principe de la non-discrimination est censé jouer un rôle important sur le
plan économique. Il est considéré comme un « principe d’efficience car il
garantit l’accès à des sources d’approvisionnement bon marché et permet aux
producteurs de vendre sur les marchés étrangers sans subir par rapport aux
autres fournisseurs un désavantage imposé par l’action gouvernementale ».

B. La protection par les droits de douane

Le but poursuivi par le GATT est l’abaissement des droits de douane, voire de leur
harmonisation par le biais des concessions tarifaires. Faute d’éliminer totalement
les droits de douane, les membres de l’OMC peuvent y avoir recours pour
protéger leurs économies. Dans ce cas, les droits de douane sont utilisés comme
mesures de protection à la frontière (droits de douane spécifiques ou ad valorem).
L’application des droits de douane, connus des autres membres, permet une
transparence du commerce international.

C. L’élimination générale des restrictions quantitatives

En règle générale, les membres de l’OMC s’interdisent de limiter quantitativement


les importations, c’est-à-dire de pratiquer la politique de contingentement : aucun
membre « n’instituera ou ne maintiendra à l’importation d’un produit originaire
du territoire (d’un autre membre), à l’exportation ou à la vente pour l’exportation
d’un produit destiné au territoire (d’un autre membre), des prohibitions ou des
restrictions autres que des droits de douane, taxe ou autres impositions, que
l’application en soit faite au moyen de contingences, de licences d’importation ou
d’exportation ou de tout autre procédé » (article XI).
P a g e | 53

II. Les exceptions au principe

Le GATT connaît quelques exceptions à ses principes. C’est le cas de la non-


application du TNF, de la clause de libération (enable clause), des autorisations
dérogatoires (Walvers), de la clause de protection et des limitations quantitatives des
importations et de l’application de l’Accord multifibre (AMF).

A. Non-application du TNF

La constitution d’unions douanières et de zones de libre-échange a pour


conséquence notable l’inobservation du TNF par les Etats membres de ces entités
dans leurs relations avec des Etats tiers.

La création de ces entités ne contrevient-elle pas au multilatéralisme ? Nous avons


signalé que le commerce international est régi tant par le multilatéralisme que par
le régionalisme, voire le bilatéralisme. Le GATT consacre les unions douanières et
les zones de libre-échange (voir article XXIV et le Mémorandum d’Accord sur
l’interprétation de l’article XXIV de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce de 1994). Le Mémorandum note dans son préambule que « les unions
douanières et les zones de libre-échange se sont grandement accrues en nombre
et en importance depuis la mise en place du GATT de 1947 et représentent
aujourd’hui une proportion significative étroite des économies des parties à de
tels accords peut (contribuer) à l’expansion du commerce mondial ».

Cependant, les Etats parties à une union douanière ou à une zone de libre-
échange ne doivent pas appliquer des droits de douane plus élevés dans leurs
relations avec des Etats tiers qu’avant la création de telles entités.

B. La clause de libération

La partie IV (article 36) du GATT portant sur « le commerce et le développement »


a été adoptée en 1965 en vue d’accorder un traitement spécial et différencié aux
pays en voie de développement, en raison de leur faible participation dans le
commerce international. Les nouvelles dispositions du GATT devaient leur
permettre d’accéder aux marchés internationaux dans des conditions plus
favorables.
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A cet effet, les pays en voie de développement peuvent bénéficier des avantages
commerciaux concédés par des pays développés, sans qu’il y ait de contrepartie.
C’est la non-exigence de la réciprocité. De plus, les concessions tarifaires qu’un
pays développé peut accordé aux pays en voie de développement dans le cadre du
système généralisé de préférence ne doivent pas être étendues aux autres pays
développés. C’est l’exception au TNF qui vise à favoriser les exportations des pays
en voie de développement.

C. Les autorisations dérogatoires

Tout membre a la possibilité de demander des autorisations en vue d’adopter


pour une période déterminée des mesures contraires aux pratiques du GATT.
Celles-ci doivent être justifiées par des conditions économiques difficiles et
approuvées par l’OMC. L’organisation exerce un contrôle pour éviter l’instauration
des pratiques protectionnistes.

« Une demande de dérogation ou de prorogation d’une dérogation existante


contiendra une description des mesures que le Membre se propose de prendre,
des objectifs spécifiques qu’il cherche à atteindre et des raisons qui l’empêchent
de réaliser lesdits objectifs au moyen de mesures compatibles avec les obligations
qui découlent pour lui du GATT en 1994 » (Voir Mémorandum d’Accord
concernant les dérogations découlant du GATT de 1994).

D. La clause de sauvegarde et les limitations quantitatives des importations

Tout Etat membre peut avoir recours à une mesure de sauvegarde pour faire face
à des difficultés liées à la balance des paiements (article XII) ou pour protéger des
produits nationaux contre des produits étrangers particuliers (article XIX).

Pour ce faire, l’Etat membre peut adopter des mesures restrictives à l’importation
(contingents) d’une part ou reprendre ou modifier des concessions douanières
d’autre part. Cependant, il doit observer une application non discriminatoire des
restrictions quantitatives (article XIII).

L’accord sur les sauvegardes fixe les conditions d’application de toute mesure de
sauvegarde. L’article 2 prévoit qu’ « un membre ne pourra appliquer une mesure
de sauvegarde à l’égard d’un produit que si ce membre a déterminé (…) que ce
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produit est importé sur son territoire en quantités tellement accrues, dans l’absolu
ou par rapport à la production nationale, et à des conditions telles qu’il cause ou
menace de causer un dommage grave à la branche de production nationale de
produits alimentaires ou directement concurrents ».

Par « dommage grave », il faut entendre « une dégradation notable de la situation


d’une branche de production nationale » et par « menace de dommage grave », il
faut entendre « l’imminence évidente d’un dommage grave (…). La détermination
d’un dommage grave se fonde sur des faits et non pas seulement sur des
allégations, des conjonctures ou de lointaines possibilités,… » (Article 4).
L’application d’une mesure de sauvegarde ne pourra se faire qu’à la suite d’une
enquête menée par les autorités nationales compétentes conformément à l’article
X du GATT de 1994 (article 3). Le processus de prise de décision et d’application ou
de prorogation de cette décision doit être notifié au Comité de sauvegarde (article
12).

S’agissant des pays en développement, l’article 9 prévoit que « des mesures de


sauvegarde ne seront pas appliquées à l’égard d’un produit originaire d’un pays en
développement membre tant de la part de ce membre dans les importations du
produit considéré du Membre importateur ne dépassera pas 3%, à condition que
les pays en développement membres dont la part dans les importations est
inférieure à 3% ne contribuent pas collectivement pour plus de 9% aux
importations totales du produit considéré ». L’application d’une mesure de
sauvegarde doit être limitée dans le temps (article 7).

E. L’Accord multifibre (AMF)

Le commerce international des textiles et de l’habillement dans le cadre du GATT


est régi par l’Arrangement multifibre (AMF). Ce secteur échappe au GATT vu que
le nouvel Accord sur les textiles et les vêtements conclu dans le cadre du Cycle
d’Uruguay ne sera pleinement intégré dan le GATT de 1994 qu’au terme d’une
période transitoire de 10 ans.

L’AMF permet encore aux pays développés d’appliquer des restrictions


quantitatives aux importations de textiles et de vêtements en provenance de pays
en développement plus compétitifs (Inde, pays du sud-est asiatique,…). Les
P a g e | 56

exportations de textiles en provenance de ces pays seraient soumises à près de


127 mesures protectionnistes, ce qui représenterait un manque à gagner de 24
milliards de dollars par an.

III. Les principaux nouveaux accords

Le Cycle d’Uruguay a abouti à la conclusion de plusieurs accords, notamment l’Accord


général sur le commerce des services, l’Accord sur l’agriculture et l’Accord sur les
aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce.

A. L’Accord général sur le commerce des services (GATS)

Les principes du GATT ont été élargis au commerce des services, en raison de la
part des services au commerce mondial. La libéralisation progressive de ce secteur
a pour objectif d’améliorer l’accès aux marchés et de garantir l’observation du
traitement national.

Le GATS comprend un texte principal (voir annexe 1B de l’Accord instituant l’OMC)


et plusieurs Annexes (Annexe sur le mouvement des personnes physiques
fournissant des services relevant de l’Accord, Annexe sur les services de transport
aérien, Annexe sur les services financiers, Annexe sur les télécommunications,…).
Il contient également les listes d’engagements spécifiques contractés par les Etats
membres en matière d’accès aux marchés.

Le préambule du GATS reconnaît « le droit des membres de réglementer la


fourniture de services sur leur territoire et d’introduire de nouvelles
réglementations à cet égard afin de répondre à des objectifs de politique nationale
(…) ».

Le GATS s’applique à tous les services, c’est-à-dire « tous les services de tous les
secteurs à l’exception des services fournis dans l’exercice du pouvoir
gouvernemental ». Ces derniers s’entendent de tous services qui ne sont
fournis « ni sur une base commerciale, ni en concurrence avec un ou plusieurs
fournisseurs de services » (article 1, §3, let. B et C).

Les services peuvent comprendre les professions libérales (avocats, médecins,


réviseurs, architectes, ingénieurs,…), la location, la recherche, la poste, les
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télécommunications, les services audiovisuels (film, radio, télévision), la


construction, le commerce, les services financiers (banques, assurances, gestion
des fortunes), le tourisme, le transport, etc.

Les principes fondamentaux qui gouvernent le GATS sont :

- Le traitement de la nation la plus favorisée (article II) ;


- La transparence de la législation et des règles ou directives administratives qui
touchent au commerce des services (article III). Il peut s’agir des prescriptions
en matière de qualifications et des normes techniques ainsi que des
dispositions en matière d’autorisations ;
- Les engagements spécifiques sur les libertés de paiement et de transferts de
capitaux, la réglementation intérieure…

Les membres pourront déroger au principe du NTF dans trois cas :

- Lorsqu’ils adoptent des règlements propres aux zones frontières contiguës.


Ceux-ci ne peuvent être étendus à des Etats tiers vu qu’ils concernent des
services qui sont produits et consommés localement ;
- Lorsqu’ils créent des zones d’intégration économique conformément à l’article
V du GATS. Le degré de libéralisation plus élevé en vigueur dans ces zones ne
doit pas être élargi aux Etats tiers. Les Etats membres d’une zone d’intégration
sont en droit de conclure des accords préférentiels, dérogeant ainsi au principe
du TNF ;
- Les membres peuvent être exemptés individuellement, pour certaines mesures
du principe du TNF, dans les domaines spécifiés dans les listes d’exemptions. Il
s’agit de mesures isolées et concrètes.

Les conditions d’application des mesures de sauvegarde seront précisées


ultérieurement après des négociations multilatérales fondées sur le principe de la
non-discrimination (article X).

Les membres sont habilités à adopter des restrictions destinées à protéger


l’équilibre de la balance des paiements, sous certaines conditions (article XII).
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B. L’Accord sur l’agriculture

L’objectif poursuivi par l’Accord sur l’agriculture « est d’établir un système de


commerce des produits agricoles qui soit équitable et axé sur le marché et qu’un
processus de réforme devrait être entrepris dans la négociation d’engagement
concernant le soutien et la protection et par l’établissement de règles et
disciplines du GATT renforcées et rendues plus efficaces dans la pratique ».

L’Accord comprend un texte principal et des Annexes (soutien interne : calcul de la


mesure globale du soutien, calcul de la mesure équivalente du soutien, etc.).

Deux accords connexes font également référence à l’agriculture. Il s’agir de


l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires et de la
Décision sur les mesures concernant les effets négatifs possibles du programme de
réforme sur les pays les moins avancés et les pays en développement
importateurs nets de produits alimentaires.

Les produits agricoles régis par l’Accord sont énumérés à l’Annexe 1 : huiles
essentielles, peaux, laine et poils d’animaux, coton brut, lin brut,… L’Accord
réglemente plusieurs questions, notamment l’accès aux marchés, les conditions
d’application de la clause de sauvegarde agricole spéciale, le soutien interne et les
subventions à l’exportation.

1) L’accès aux marchés


L’article 4, §1 prévoit que « les concessions en matière d’accès aux marchés
(…) se rapportent aux consolidations et aux réductions des tarifs et aux autres
engagements en matière d’accès aux marchés (…) ».
Les membres devront procéder à la tarification de toutes les mesures non
tarifaires (restrictions quantitatives, charges financières,…), c’est-à-dire
transformer ces mesures en droits de douane (article 4, §2). Ceux-ci doivent
être réduits de 36% en moyenne sur une période de 6 ans à partir de 1995.
Les droits de douane seront consolidés, en ce sens qu’ils ne pourront pas être
augmentés sans une contrepartie appropriée sur un autre produit,
conformément à l’article XXVII du GATT. Cette obligation n’est pas applicable
lorsqu’un membre agit en vertu de la cause de sauvegarde agricole spéciale.
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2) La clause de sauvegarde agricole spéciale


La clause de sauvegarde agricole spéciale (article 5) permet un relèvement
temporaire et limité des droits de douane perçus sur les produits agricoles et
transformés. Ce relèvement aura pour conséquence d’augmenter les prix des
produits importés, touchés par cette mesure. L’application de la clause a pour
objectif de limiter les importations de certains produits afin de protéger le
marché intérieur. Le recours à la clause ne peut se faire que dans deux cas :
cause de sauvegarde quantitative et clause de sauvegarde relative aux prix.
L’Etat membre peut appliquer la clause de sauvegarde quantitative, prenant
en compte le critère du volume d’importation. Lorsque le marché intérieur est
inondé par des importations supplémentaires, il peut appliquer un droit de
douane additionnel limité à un tiers de droit de douane maximal sur celles-ci.
Dans le deuxième cas, l’Etat peut se baser sur le critère de l’écart entre le prix
à l’importation et un prix de référence (prix de référence moyen pour la
période 1986 à 1988 du produit considéré) : « lorsque le prix à la frontière du
produit importé tombe de plus de 10% au-dessous du prix moyen (…), l’écart
peut être partiellement compensé par un supplément échelonné sur le droit
de douane ordinaire ».

3) Le soutien interne
Les membres de l’OMC s’engagent à prendre les mesures appropriées en vue
de réduire les subventions accordées à l’agriculture et à la production par un
membre. Il est des mesures de soutien qui ont des effets de distorsion sur les
échanges internationaux. Ce sont des mesures dites de la « catégorie orange ».
Il est d’autres mesures dont les effets sont nuls ou insignifiants sur les
échanges ou la production, telles que les mesures en faveur de la recherche,
de la lutte contre les maladies, de la protection de l’environnement, de la
sécurité alimentaire, etc. Ce sont des mesures dites de « catégorie verte ».
Les subventions de la « catégorie verte » sont autorisées. En revanche, celles
de la « catégorie orange » doivent être réduites progressivement. La réduction
des dépenses doit être en moyenne de 20% en six ans, en dix ans pour les pays
en voie de développement. Aucune obligation de réduction n’a été retenue à
la charge des pays les moins avancés (article 6, §2).
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4) Les subventions à l’exportation


Les membres doivent s’abstenir d’octroyer des subventions à l’exportation si
ce n’est en conformité avec l’Accord et avec les engagements qu’ils ont
souscrits (article 8). Les subventions à l’exportation seront réduites. C’est le
cas (article 9) :
- De l’octroi, par les pouvoirs publics ou leurs organismes, de subventions
directes, y compris des versements en nature ;
- De la vente ou de l’écoulement à l’exportation, par les pouvoirs publics ou
leurs organismes, de stocks de produits agricoles constitués à des fins non
commerciales, à un prix inférieur au prix comparable pour le produit
similaire aux acheteurs sur le marché intérieur ;
- Des versements à l’exportation d’un produit agricole qui sont financés en
vertu d’une mesure des pouvoirs publics ;
- De l’octroi de subventions pour réduire les coûts de la commercialisation
des exportations de produits agricoles, autres que les services de
promotion des exportations et les services consultatifs, etc.

Les membres s’engagent également à ne pas introduire ni réintroduire de


subventions à l’exportation de produits pour lesquels de telles subventions
n’avaient pas été octroyées pendant la période de base (article 3, §3).

C. L’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
commerce (ADPIC)

Vu l’importance des biens commerciaux intellectuels dans le commerce, les


négociateurs du Cycle de l’Uruguay ont réglementé ce secteur en adoptant un
accord spécifique : l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle
qui touchent au commerce (Trade Related Aspects of Intellectual Property Rights –
TRIPS).

Le TRIPS est l’Annexe 1C à l’Accord constituant l’OMC. Les membres reconnaissent


l’applicabilité des principes fondamentaux du GATT de 1994 et des accords ou
conventions internationaux pertinents en matière de propriété intellectuelle. C’est
P a g e | 61

ainsi que le TRIPS consacre les principes du traitement national (article 3) et du


TNF (article 4).

La spécificité des prestations intellectuelles a nécessité l’élaboration des normes


et principes adéquats et de moyens efficaces et appropriés pour faire respecter les
droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce. La propriété
intellectuelle désigne plusieurs secteurs : le droit d’auteur, les marques de
fabrique ou de commerce, les brevets d’inventions, les desseins et modèles
industriels, les indications géographiques,…

Les droits de propriété intellectuelle étant des droits privés, les membres sont
libres de déterminer la méthode appropriée pour mettre en œuvre les dispositions
de l’Accord dans le cadre de leurs propres systèmes et pratiques juridiques (article
1, §1). Toutefois, le TRIPs fixe les règles minima que les membres devront
appliquer pour rendre efficace la protection de la propriété intellectuelle (voir
Partie II, article 9-40).

Les objectifs poursuivis par le TRIPs sont d’assurer la protection et le respect des
droits de propriété intellectuelle en vue de contribuer à la protection de
l’innovation technologique et au transfert et à la diffusion de la technologie, à
l’avantage mutuel de ceux qui génèrent et de ceux qui utilisent des connaissances
techniques (article 7).

IV. Les mécanismes de règlement des différends

A. Observations générales

Le développement des échanges commerciaux peut entraîner la naissance de


différends entre les partenaires.

Parmi les différends économiques dont le GATT a été saisi, on peut mentionner les
restrictions à l’importation de thon (CEE et Pays-Bas au nom des Antilles
néerlandaises contre les Etats-Unis), le régime d’importation applicable aux
bananes (Colombie, Costa Rica, Guatemala, Nicaragua, Venezuela/CEE), les
mesures affectant à la vente de pièces de monnaie en or (Afrique du Sud/Canada).
P a g e | 62

La procédure judiciaire est souvent mal adaptée au règlement des différends


économiques, en raison du caractère généralement précaire et imprécis des règles
de droit ou de leur inexistence, du cadre organique et multilatéral, au sein duquel
naît le différend (inexistence de la fonction contentieuse) et de « l’intériorisation »
des procédures au sein de l’organisation.

Sous le GATT de 1947, le règlement des différends était régi par les articles XXII et
XXIII, ainsi que par les procédures relevant des Accords du Tokyo Round, par le
Mémorandum d’accord de 1979 concernant les notifications, les consultations, le
règlement des différends et la surveillance et par les améliorations de 1989 des
règles et procédures de règlement des différends du GATT. Le système prévoyait
la participation de l’ensemble des Parties contractantes à la procédure. En cas
d’échec des négociations directes entre les parties au différend, l’une d’elles était
en droit de saisir le Directeur Général. Ensuite, la procédure devait se dérouler
devant les Parties contractantes. Il revenait à celles-ci de constituer un ou des
groupes spéciaux (Panels) pour examiner le différend, avant d’adresser des
recommandations aux parties sur la base des rapports établis par les Panels. Les
Parties contractantes pouvaient accorder l’autorisation de suspendre l’application
de toute concession ou autre obligation résultant du GATT au cas où la partie
débitrice n’aurait suivi de recommandations.

Le système GATT de 1947 était défaillant pour deux raisons essentielles :

- Une partie au différend pouvait s’opposer à l’adoption d’une décision par le


Conseil des représentants du GATT en raison de la règle de l’unanimité pour
l’adoption des recommandations des Panels ;
- « Les membres d’un groupe spécial avaient tendance à établir des rapports de
portée plus étroite et plus ciblés sur certains faits particuliers de l’affaire ».

Le système prévu par l’OMC innove en plusieurs points : organisationnel et


procéduraux.

L’OMC institue un seul organe de règlement des différends (ORD) qui sera habilité
à régler tous les différends relatifs à l’interprétation et à l’application des accords
issus du Cycle de l’Uruguay : « le caractère intégré du système nouveau résulte à
titre principal de la possibilité offerte aux (…) membres de l’OMC de fonder leurs
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revendications sur un des accords commerciaux plurilatéraux (pour les Etats qui
en sont parties) ».

Le Mémorandum d’accord sur les règles et procédures régissant le règlement des


différends (Annexe 2 de l’Accord constituant l’OMC) s’applique aux différends
relatifs à l’application ou à l’interprétation des accords commerciaux et aux
différends pouvant naître entre les membres de l’OMC ou entre les membres et
l’OMC, relatifs à l’application et à l’interprétation de l’Accor instituant l’OMC.

B. Organisation et procédures ordinaires

L’organisation de règlement des différends est le rouage central du mécanisme


prévu par l’OCMC en ce qu’il sera seul compétent pour instituer des groupes
spéciaux, adopter les rapports des groupes spéciaux et de l’organe d’appel,
assurer la surveillance de la mise en œuvre des décisions et recommandations et
pour autoriser l’adoption de mesures de rétorsion en cas de non-application des
recommandations (article 2).

Le mécanisme de règlement des différends peut être résumé comme suit : lorsque
surgit un différend entre deux ou plusieurs membres, ceux-ci sont encouragés à
trouver une solution mutuellement acceptable, en conformité avec les
dispositions de l’OMC, par des consultations (article 4).

L’échec des consultations doit les amener à porter le différend devant le Directeur
Général de l’OMC. Celui-ci peut offrir ses bons offices, sa conciliation ou sa
médiation pour régler ou tenter de régler le différend (article 5, §6).

La partie plaignante peut demander à l’ORD l’établissement d’un groupe spécial


lorsque l’autre partie ne répond pas à une demande de consultations dans les dix
jours ou si les consultations ne permettent pas d’aboutir à une solution acceptable
dans les 60 jours (article 6).

Le groupe spécial a pour mandat de « faire des consultations propres à aider l’ORD
à formuler des recommandations ou à statuer sur la question » (article 7, §1). Le
rapport du groupe spécial est d’abord remis aux parties au différend ; ensuite,
trois semaines plus tard, aux membres de l’OMC. Celui-ci doit être adopté par
l’ORD dans un délai de 60 jours suivant la date de sa distribution aux membres à
P a g e | 64

moins qu’une partie ne notifie sa décision de faire appel ou qu’il ne soit décidé par
consensus de ne pas adopter le rapport (article 16).

Un organe permanent d’appel a pour tâche de connaître des appels concernant


des affaires soumises à des groupes spéciaux (article 17). L’organe d’appel est
composé de sept membres, nommés pour quatre ans ; leur mandat est
renouvelable une fois. Il doit être composé de personnes dont l’autorité est
reconnue dans le domaine du droit et du commerce international, et qui n’ont
aucune attache avec une administration nationale (article 17, §2 et 3).

Aux termes de l’article 17, §14, le rapport de l’organe d’appel sera adopté par
l’ORD trente jours après sa distribution aux membres, et accepté sans conditions
par les parties au différend, à moins que l’ORD ne décide par consensus de ne pas
adopter le rapport de l’organe d’appel.

La fin de la procédure sera couronnée par la mise en œuvre des recommandations


d’un groupe spécial ou de l’organe d’appel. Article 21, §1 : « Pour que les
différends soient résolus efficacement dans l’intérêt de tous les membres, il est
indispensable de donner suite dans les moindres détails aux recommandations ou
décisions de l’ORD ».

Si aucune compensation satisfaisante n’a été convenue dans les 20 jours suivant la
date à laquelle le délai raisonnable sera venu à expiration, la partie plaignante
pourra demander à l’ORD l’autorisation de suspendre, à l’égard de l’autre partie,
l’application de concessions ou d’autres obligations (article 22, §2).

Si le membre concerné conteste le niveau de la suspension ou soutient que


certains principes et procédures énoncés par l’article 22, §3 n’ont pas été
respectés, la question est soumise à l’arbitrage. Ce dernier est assuré par le
groupe spécial initial ou par un arbitre désigné par le Directeur Général de l’OMC.
La décision est sans appel : « l’arbitrage ne fera pas l’objet d’un autre arbitrage ».

C. La procédure spéciale d’arbitrage

L’article 25 du Mémorandum d’accord prévoit la procédure d’arbitrage, conçue


« comme un autre moyen de règlement des différends ». Le recours à un arbitrage
se fait alors par l’accord mutuel des parties. Celles-ci doivent notifier les accords
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d’arbitrage à tous les membres de l’OMC avant l’ouverture de la procédure


d’arbitrage.

D’autres membres ont la possibilité d’être parties à une procédure d’arbitrage


avec l’accord des parties avant l’ouverture de la procédure d’arbitrage. Les parties
au différend doivent se conformer à la décision arbitrale. Les décisions arbitrales
sont notifiées à l’ORD et au Conseil ou Comité de tout accord pertinent, où tout
membre peut soulever toute question s’y rapportant (article 25, §3).

Il y a lieu de noter que l’arbitrage rapide prévu par l’article 25 doit se faire dans le
cadre de l’OMC en vue de résoudre des questions clairement définies par les
parties. De plus, les dispositions des articles 21 et 22 s’appliquent mutatis
mutandis aux décisions arbitrales.

Le mécanisme de règlement des différends a été renforcé sous le régime actuel


(Cycle de l’Uruguay) par rapport au GATT. Le développement du commerce
international et la multiplication des règles internationales peuvent engendrer des
différends entre les membres de l’OMC. Les procédures sont devenues plus
automatiques et des délais plus précis ont été fixés à telle enseigne que les parties
intéressées ne peuvent plus s’opposer à l’adoption des constations d’un groupe
spécial ; un organe d’appel a été créé. Les Etats membres de l’OMC accordent un
certain crédit à un nouveau système.

Le commerce international a été élargi aux télécommunications de base, aux


services financiers et aux produits des technologies de l’information. Le
développement du système commercial multilatéral, à travers le processus de
mondialisation, coexiste avec les arrangements régionaux ou la régionalisation des
échanges commerciaux (UE, ALENA, MERCOSUR, APEC, SADEC, COMESA, CEDEAO,
etc.). Les disparités des économies des Etats membres de l’OMC est un autre défi
à relever.
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Chapitre II : Le Fonds Monétaire International

1. Naissance et évolution
Le Fond Monétaire International, à l’instar de la Banque Mondiale, fut créé par les
Accords de Bretton Woods (New-Hampshire).
Signés en juillet 1944 par 44 pays, les statuts du FMI sont entrés en vigueur le 27
décembre 1945 et le Fonds fut opérationnel à partir du 1er mars 1947. Les statuts du FMI
ont été amendés à plusieurs reprises, notamment le 8 juillet 1976 (Accords de Kingston –
Jamaïque) et le 28 juin 1990. En 2014, le FMI compte 188 pays membres. Il a son siège à
Washington, aux Etats-Unis.
Lors de la conférence constitutive de Bretton Woods, du 1 er au 22 juillet 1944, deux
conceptions étaient en présence : certaines délégations prônaient le principe de la
souveraineté de l’Etat en matière monétaire ; tandis que d’autres étaient d’avis qu’il
fallait accorder la priorité à un ordre monétaire international nouveau, géré, garanti et
contrôlé par une organisation internationale dotée de pouvoirs étendus de l’Etat en
matière monétaire.
Les fonctions dévolues au Fonds lui confèrent la qualité d’un organe de consultation et de
coordination, de coopération monétaire internationale : « le Fonds est incompétent pour
proposer le changement de parité d’une monnaie d’un de ses membres ; seul celui-ci
peut le faire mais uniquement en cas de déséquilibre fondamental et après avoir consulté
le Fonds qui ne pourra s’opposer à la modification projetée pour des raisons tenant à la
politique interne du membre en cause ».

2. Nature et fonctions
L’entrée en vigueur des Statuts du FMI a eu trois conséquences notables : la création
d’une institution monétaire internationale ; l’obligation pour les Etats membres d’être
assujettis à de nouvelles règles de droit international dont l’application revient au Fonds ;
l’acquisition par le Fonds des avoirs en or et en monnaie des membres.
Le Fonds est une institution qui possède la personnalité juridique, distincte de celle des
Etats membres. Il a la capacité de contracter, d’acquérir des biens et d’en disposer et
d’ester en justice. Il bénéficie de certains privilèges et immunités sur le territoire de
chaque Etat membre.
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Institution spécialisée des Nations-Unies conformément aux articles 57 et 63 de la Charte,


le FMI a une vocation universelle. La qualité de membre est réservée aux seuls Etats. Les
membres originaires sont ceux qui ont participé à la Conférence constitutive de Bretton
Woods, dont les noms et les quotas sont annexés à la liste A de l’Accord sur le FMI et qui
l’ont accepté ou ratifié avant le 31 décembre 1945. C’est le cas de l’Australie, de la
Belgique, de la Chine, des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni.
Les nouveaux membres sont ceux qui sont admis par le Conseil des gouvernements.
L’appartenance aux Nations-Unies n’est pas une condition nécessaire pour devenir
membre du Fonds. La Suisse, par exemple, était membre du Fonds sans être membre des
Nations-Unies.
Les Statuts du Fonds ne prescrivent pas de conditions spécifiques d’admission de
nouveaux membres. Le candidat doit être un Etat au regard du droit international et être
capable d’assumer ses obligations : « Avant d’accorder à un pays la qualité de membre, le
Fonds s’assure que ce pays est un Etat qui conduit ses propres affaires internationales et
qui est en mesure de faire honneur aux obligations des Statuts ».
Par la suite, le Conseil des gouverneurs a adopté une résolution (Membership resolution)
dans laquelle il a indiqué les conditions d’admission à remplir.
Les conditions d’admission pour être membre du Fonds Monétaire International sont :
- S’acquitter de la quote-part fixée par le Fonds ;
- Accepter les modalités de versement de sa souscription (notamment le mlontant qui
doit être versé en or) ;
- Respecter les délais de versement et les délais de déclaration d’une parité initiale à
déterminer en accord avec le Fonds ;
- Fixer la date à laquelle les transactions de change avec le Fonds pourront
commencer ;
- Signer le texte original de l’accord sur le FMI ;
- Adresser ses instruments d’acceptation ou de ratification au Gouvernement des
Etats-Unis, en sa qualité de dépositaire de l’accord ;
- Le futur membre doit prendre l’engagement de fournir au Fonds tous les
renseignements et informations nécessaires.
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Quant aux fonctions, le FMI en remplit trois principales : fonction de coordination,


fonction régulatrice, fonction financière.

A) Fonction de coordination
L’article 1er des Statuts prévoit que le Fonds a pour fonction de « promouvoir la
coopération monétaire international au moyen d’une institution permanente
fournissant un mécanisme de consultation et de collaboration en ce qui concerne les
problèmes monétaires internationaux ».
La coordination suppose une meilleure collaboration entre le Fonds et les Etats
membres. Ceux-ci ont l’obligation générale de collaborer avec le Fonds en fournissant
des informations sur leurs activités économiques, monétaires et financières. Ils
doivent également promouvoir la stabilité des changes (article 1/IV).

B) Fonction régulatrice
C) Fonction financière
3.

Chapitre III : La Banque Mondiale


P a g e | 69

TITRE II : LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES AFRICAINES

Au lendemain du vaste mouvement de la décolonisation qui permit l’accession à


l’indépendance de plusieurs Etats africains, les Etats nouvellement indépendants
manifestèrent leur volonté de participer au Conseil des Nations en devenant membres des
Nations-Unies et de la plupart des institutions spécialisées.

Par leur participation à l’ordre international, les Etats africains poursuivaient plusieurs
objectifs, notamment :

- Obtenir la reconnaissance internationale


- Bénéficier de la coopération internationale
- Participer à l’élaboration des nouvelles règles internationales

Le phénomène d’institutionnalisation des relations internationales s’est poursuivi également


sur le continent africain. Hormis les relations bilatérales entre pays africains, les relations
interafricaines se déroulent et se développent dans un cadre régional ou sous-régional.

Plusieurs facteurs d’unité ont favorisé la création d’institutions internationales africaines. Au


sortir de l’époque coloniale, les Etats africains sentirent la nécessité de réaliser une unité
politique afin de mieux affirmer leur indépendance à l’égard des blocs entre puissances et
défendre la création de l’organisation de l’unité africaine (OUA), organisation régionale
politique.

Convaincus que l’indépendance politique ne saurait être et consolidée sans acquérir


l’indépendance économique, les Etats africains mirent sur pied plusieurs organisations
d’intégration économique sur base d’affinités historico-culturelles (francophones,
anglophones, lusophones, arabophone), des facteurs géographiques (regroupements par
sous-région : Afrique de l’ouest, Afrique centrale, Afrique de l’est, Afrique australe et Afrique
du nord), d’intérêt commun ou de volonté politique.

Les organisations économiques régionales ont pour vocation de réaliser l’intégration du


continent en attendant la création de la Communauté Economique Africaine (CEA) qui aura
pour finalité la création d’un marché commun, d’une monnaie unique et la mise sur pied de
politiques communes dans plusieurs secteurs tels que le commerce, l’agriculture, la pêche,
les services, etc.
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A travers le Fonds Africain de Développement (FAD), la Banque Africaine de Développement


met à la disposition des Etats membres un instrument de financement des projets de
développement et de promotion de la coopération régionale et sous-régionale ainsi que du
commerce interafricain.

Chapitre I : L’Union Africaine

Elle a succédé à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) comme organisation panafricaine à


caractère politique.

Trois points seront abordés : la naissance et l’évolution (Section I), les organes et leurs
attributions (Section II) et les domaines d’intervention (Section III).

1. Naissance et évolution

Les thèses en présence lors de la création de l’OUA, en 1963, les principes directeurs de
l’OUA et de l’UA ainsi que les conditions d’admission comme membres feront l’objet de
cette section.

A. De l’OUA à l’UA
Plusieurs dirigeants africains militèrent en faveur de l’unité africaine. Cependant, les
avis furent divergents quant aux voies et moyens pour réaliser cette unité.
Les Etats dits progressistes (Ghana, Guinée et Mali) prônèrent la création des Etats
Unis d’Afrique avec une assemblée et un gouvernement fédéral continentaux. A
terme, les Etats membres auraient consenti à l’abandon de leur souveraineté au profit
de la supranationalité (macro-nationalisme). Ce fut la thèse fédéraliste.
A l’opposé, les Etats dits modérés, parmi lesquels plusieurs pays francophones,
défendaient la coopération des souverainetés (Côte d’Ivoire, Sénégal). Ce fut la thèse
confédéraliste.
La Charte de l’OUA, adoptée le 25 mai 1963, est un texte de compromis entre les deux
thèses. L’OUA fut un forum de concertations, une organisation de coopération plutôt
que d’intégration politique ou d’unité politique.
Les déficits organisationnels de l’OUA (absence de parlement panafricain) et ses
défaillances à résoudre les problèmes majeurs du continent africain (règlement des
conflits, intégration régionale, réfugiés, promotions et protection des droits de
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l’homme, instauration de la démocratie et de la bonne gouvernance, etc.) ont décidé


les dirigeants africains à créer une nouvelle organisation panafricaine, à savoir l’Union
Africaine.
L’Acte constitutif de l’UA a été adopté à Lomé (Togo) en juillet 2000 et est entré en
vigueur en mai 2001. La première réunion des Chefs d’Etats et de gouvernement a été
organisée à Durban (Afrique du Sud) en juillet 2002.

B. Principes directeurs
L’article 3 de la Charte de 1963 énonçait les principes de l’OUA : l’égalité souveraine
de tous les Etats membres ; la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats ; le
respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque Etat et de son droit
inaliénable à une existence indépendante ; le règlement pacifique des différends par
voie de négociation, de médiation, de conciliation et d’arbitrage ; la condamnation
sans réserve de l’assassinat politique ainsi que les activités submersibles exercées par
des Etats voisins ou tout autre Etat ; le dévouement sans réserve à la cause de
l’émancipation totale ; l’affirmation d’une politique de non-alignement de tous les
blocs et puissances entre les blocs est et ouest.
Les chefs d’Etats et de gouvernements ont également adopté au Caire (Egypte), le 21
juillet 1964, la résolution sur l’intangibilité des frontières africaines : la Conférence des
Chefs d’Etats et des Gouvernements déclarent solennellement que tous les Etats
membres s’engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accès à
l’indépendance.
L’UA a repris à son actif quelques principes déjà consacrés par l’OUA en y ajoutant
d’autres, considérés comme novateurs par certains aspects.
L’article 4 de l’Acte constitutif dispose : « L’Union Africaine fonctionne conformément
aux principes suivants :
a) Egalité souveraine et interdépendance de tous les Etats membres de l’Union ;
b) Respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance (principe
constitutif et stabilisateur des relations entre pays africains);
c) Participation des peuples africains aux activités de l’Union Africaine ;
d) Mise en place d’une politique de défense commune pour le continent africain ;
e) Règlement pacifique des conflits entre les Etats membres de l’Union par les moyens
appropriés qui peuvent être décidés par la Conférence de l’Union ;
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f) Interdiction de recourir ou de menacer de recourir à l’usage de la force entre les


Etats membres de l’Union ;
g) Non-ingérence d’un Etat membre dans les affaires intérieures d’un autre Etat
membre ;
h) Droit de l’Union d’intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence dans
certaines circonstances graves, à savoir les crimes de guerre, de génocide, et les
crimes contre l’humanité ainsi que les menaces graves de l’ordre légitime afin de
restaurer la paix et la stabilité dans l’Etat membre de l’Union sur la recommandation
du Conseil de Paix et de Sécurité ;
i) Coexistence pacifique entre les Etats membres de l’Union et leur droit de vivre dans
la paix et dans la sécurité ;
j) Droit des Etats membres de solliciter l’intervention de l’Union pour restaurer la paix
et la sécurité ;
k) Promotion de l’auto-dépendance collective dans le cadre de l’Union ;
l) Promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes ;
m) Respect des principes démocratiques, des droits de l’homme, de l’état de droit et de
la bonne gouvernance ;
n) Promotion de la justice sociale pour assurer le développement économique
équilibré ;
o) Respect du caractère sacro-saint de la vie humaine et condamnation et rejet de
l’impunité des assassinats politique, des actes de terrorisme et des activités
submersibles ;
p) Condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels des gouvernements ;
q) Abstention pour tout Etat membre de conclure des traités ou alliances qui sont
incompatibles avec les principes et les objectifs de l’Union ;
r) Interdiction à tout Etat membre d’autoriser l’utilisation de son territoire comme base
de submersion contre tout autre Etat membre. »

Quelles sont les innovations apportées par l’UA sur le plan organisationnel et
fonctionnel ?
En termes de normes, il y a plus de principes dans l’UA que dans l’OUA.
- Le principe de mise en place d’une politique de défense commune pour le
continent africain est un principe novateur.
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- Règlement pacifique des conflits entre les Etats membres de l’Union par les
moyens appropriés qui peuvent être décidés par la Conférence de l’Union : Dans
ce principe, il faut noter que les moyens de règlement ne sont pas cités. On laisse
libre cours aux Chefs d’Etats la liberté de choisir les moyens qu’ils trouvent
appropriés.
- Droit de l’Union d’intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence
dans certaines circonstances graves, à savoir les crimes de guerre, de génocide, et
les crimes contre l’humanité ainsi que les menaces graves de l’ordre légitime afin
de restaurer la paix et la stabilité dans l’Etat membre de l’Union sur la
recommandation du Conseil de Paix et de Sécurité : C’est un principe novateur né
après le génocide au Rwanda.
C.
2.

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