Chapitre 2. Essai Scissométrique

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Essai in situ 2014/2015

Chapitre II. - Essai au scissomètre de chantier

Essai au scissomètre de chantier


Le scissomètre de chantier ou Vane test est un appareil de prospection en place permettant de mesurer la
cohésion des sols purement cohérent. Il est décrit par la norme française NF P 94-112 (novembre 1991).
Le scissomètre est utilisé dans l’étude à court terme de la stabilité des pentes et du comportement des
remblais sur sols mous.

1. - Domaine d’application
Les essais scissométriques courants sont réalisables dans tous les types de sols fins cohérents dont la
cohésion est ≤ 0,2 MPa (argiles molles, vases, limons).

2. - Description du scissomètre
Le scissomètre est constitué généralement :

 un moulinet qui est constitué essentiellement


de quatre pales rigides en acier, planes et
rectangulaires, ovoïdes ou trapézoïdes, fixées
à 90° sur un axe appelé noyau parfois protégé
par une jupe conique assurant l’étanchéité
(Ex : scissomètre SIMEC) ;
 un train de tubes creux pour foncer le
moulinet dans le sol ;
 un train de tiges qui, placées à l’intérieur du
train de tube, entraîne librement le moulinet
en rotation sans frottement. Afin de limiter
les frottements parasites lors de l’essai, ce
train de tiges est maintenu par des bagues, qui
s’appuient sur l’intérieur des tubes ;
 un dispositif de mesure qui comporte deux
parties distinctes.

- un bâti ancré (figure 1) ou parfois lesté, qui


permet de mobiliser la réaction de fonçage,
et un système de vérin pour exercer cet effort
de fonçage ;
- un couplemètre, système nécessaire pour
exercer et mesurer le couple de torsion et
entraîner en rotation le moulinet par
l’intermédiaire du train de tiges. Fig. 1 - Schéma du scissomètre de chantier

3. - Principe de l’essai
L’essai consiste à foncer dans le terrain (sans avant-trou) au moyen d’un vérin, un moulinet d’acier à
quatre pales orthogonales par l’intermédiaire du train de tubes. Une fois la profondeur d’investigation
atteinte, le moulinet est soumis à un mouvement de rotation depuis la surface par le biais d’un train de
tiges. Cette rotation de la palette, à laquelle on applique un moment de torsion, provoque le cisaillement
du sol au voisinage des pales et une surface de cisaillement se développe à l’interface entre le cylindre

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de sol entraîné par le moulinet et le massif de sol en place. L’essai permet, en ce sens, d’établir la relation
entre la rotation du moulinet et la résistance au cisaillement opposée par le sol.

4. - Réalisation de l’essai
L’essai au scissomètre est très simple à réaliser. Le moulinet est descendu par fonçage sans choc, ni
vibration, ni rotation et à vitesse modérée à la profondeur désirée. Dès que la cote requise est atteinte,
l’opérateur bloque soigneusement le tubage de protection horizontale et impose au couplemètre une
rotation d’environ 18 ° par minute. Celle-ci exerce sur les tiges d’entrainement un couple de torsion qui
se transmet au moulinet. Durant la rotation de ce dernier, on mesure simultanément le moment de torsion
T.l nécessaire en fonction de la rotation ϴ appliquée.

Les lectures sont effectuées à intervalles réguliers de 10 ou 20 secondes jusqu'à quatre lectures après la
valeur maximale du moment de torsion (détermination du pic de résistance τmax) et, ensuite, quatre
lectures sont effectuées après que le moulinet ait fait dix tours dans le sol (détermination de la résistance
résiduelle τr).

À l’issue de cette opération, le moulinet est foncé jusqu’à la cote d’essai suivante, située à au moins à
0,5 m de la précédente. Si l’on opère à vitesse constante, ce qui doit être le cas d’ailleurs, on retrouve
l’allure de la courbe classique de cisaillement (figure 2).

Principe de l’essai Courbe scissométrique

Fig. 2 – Essai au scissométrique

Su = Cu = cohésion non drainée

Le couple de torsion est équilibré par le moment des réactions de cisaillement du sol sur la surface
circonscrit au moulinet. On fait croitre ce moment de torsion jusqu’à ce qu’il équilibre le moment des
contraintes de cisaillement limites du sol, c’est-à-dire jusqu’à la rupture qui se manifeste par une
diminution brutale, puis par une stabilisation de ce moment à une valeur non nulle mais nettement
inférieur au maximum.

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5. Interprétation de l’essai scissométrique


Au moment de la rupture, il y a équilibre entre le moment résistant M dû aux forces de cisaillement du
terrain sur les parois du cylindre emprisonné entre les pales et le couple T. l produit par le manipulateur ;
on a donc :
M  T .l

T : effort mesuré au dynamomètre


l : longueur du bras actionné par le manipulateur

Considérons le cas classique d’un essai en milieu argileux saturé. Lors du cisaillement du terrain sur lui-
même, aucun drainage de l’eau interstitielle n’est possible ; cet essai doit être assimilé à un essai non
drainé (   0 ). La résistance au cisaillement mesurée est donc égale à la cohésion non drainée cu du
milieu.

La surface cisaillée est pour l’essentiel constituée par la surface latérale du cylindre, mais comprend
également les deux surfaces horizontales d’extrémité. Le moment résistant du sol M peut se décomposer
en deux termes :

- M 1 : issu de la résistance au cisaillement sur la surface latérale verticale du cylindre ;


- M 2 : issu de la résistance au cisaillement sur les deux faces horizontales du cylindre.

On a en principe :

M  M 1  2M 2  T . l

Considérons le cas du scissomètre à pales rectangulaires, de rayon r et de


hauteur h , le moment résistant sur la résistance latérale du cylindre M1 est
donné par :

M 1  2 . rh. rcu

Pour déterminer le moment résistant sur les deux faces horizontales du


cylindre M2, considérons une couronne de rayon x et d’épaisseur dx
laquelle est cisaillée par mobilisation du couple dM 2 tel que :

dM 2  (2 . xdx) . x cu

On a, pour une face du cylindre :

r
M 2  2 . cu  x 2 dx
0

On peut écrire :

2  2 
M  T  l  2r 2 hcu  2( r 3 cu )  2r 2 h  r  cu
3  3 
La cohésion non drainée est donnée par :

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T l
cu 
 2 
2r 2 h  r 
 3 

Application 1.
Dans lequel on a couramment h  4r ; sur la paroi latérale du cylindre on a :

M 1  2 . rh. r . cu  8 . r 3 cu

M 2  2 . cu  x 2 dx  2 3 .r 3 . cu
r

T .l  8 . r 3 .cu  22 3 .r 3 .cu  28 3. . r 3 .cu

d'où :

3 T .l
cu 
28 r 3

Application 2
A une profondeur de 6 m au-dessous de la surface au sol, un essai au scissomètre de chantier a donné la
valeur suivant 6040 N.cm.Les pales ont des dimensions de 10 cm de hauteur et 7 cm de
diamètre.Calculer la résistance au cisaillement du sol.
Application 3
L’essai au scissomètre réalisé au fond d’un forage, dans une couche argileuse molle donne une résistance
au cisaillement de 37 kN/m2. Le moulinet est formé d’une pale de 11,25 cm de long, et de 7.5 cm de
diamètre. Déterminent le couple de torsion qui a été appliqué.

6. - Expression des résultats


Les résultats sont présentés sous la forme d’un profil qui donne les différentes valeurs de la cohésion en
fonction de la profondeur (figure 3).

7. - Exploitation des résultats


L’examen des facteurs susceptibles d’influencer les résultats de l’essai scissométrique révèle que les
valeurs de la cohésion au scissomètre doivent être corrigées. Bjerrum (1972) fait remarquer que certaines
études de glissements de remblais construits sur des argiles plastiques tendent à montrer que la cohésion
mobilisée sur le terrain serait plus faible que la cohésion mesurée au scissomètre, la différence étant
fonction de la plasticité des argiles.

Il préconise de multiplier la cohésion mesurée au scissomètre (Cu) par un coefficient correcteur μ fonction
de l’indice de plasticité de l’argile (correction dite de Bjerrum), dont les valeurs sont données sur la
figure 4.
cu corr  cu

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Fig. 3. - Profil d’un essai scissomètre de chantier

Fig. 4 – Coefficient correcteur de la cohésion d’après Bjerrum (1972)

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8. - Relation entre la cohésion scissométrique et la capacité portante admissible


Bien qu’il soit possible de déterminer la capacité portante admissible des argiles au moyen d’autres
essais, on utilise pratiquement toujours le scissomètre de chantier. Comme le scissomètre mesure la
résistance au cisaillement non drainé de l’argile Cu, il permet d’évaluer la capacité portante à court terme,
donnée essentielle pour vérifier la stabilité des argiles à l’égard de la rupture. Ainsi, la capacité portante
ultime nette est donnée par :

 B D 
qu  5Cu (1  0.2 )(1  0.2 )   vo 
 L B 

Et la capacité portante admissible est calculé par :

1  B D 
q adm 
Fs 5Cu (1  0.2 L )(1  0.2 B )   vo 

qu : Capacité portante admissible (kPa)


Fs : Facteur de sécurité
μ : Coefficient de correction de la résistance mesurée sur le terrain
Cu : Résistance au cisaillement non drainé
σvo : Contrainte verticale totale due au poids actuel du sol au niveau de la fondation (kPa)
B : largeur, L : longueur, D : profondeur de la fondation.

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